Les cahiers techniques de Haute-Normandie | Polyculture-élevage n°1

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Les associations céréales-protéagineux ou méteils Grandes cultures cahier n°1 | mai 2014 | www.bio-normandie.org ≈ Directrice de la publication et de la rédaction : Annette FICHTL ≈ Rédaction : Maddalena MORETTI, Stanislas POUDOU, Joseph DUHAMEL, Clara GASSER, Caroline DEGRAVE ≈ Crédit photos : GRAB HN ≈ Conception et création graphique : Agrobio 35 | Studio Graphique ≈ Mise en page : Agrobio 35 ≈ Editeur : GRAB HN - Association loi 1901 siège social situé 9 rue de la Petite Cité, CS 80882 / 27008 Evreux Cedex Tél. 02 32 78 80 46 - Fax 09 53 32 33 16 - [email protected] ≈ Imprimé sur papier recyclé par : Graphelio, P.A.T La Vatine, 7 rue Linus Carl Pauling, 76130 Mont-Saint-Aignan ≈ Tirage : 250 ex ≈ Dépôt légal : à parution ≈ n°ISSN : en cours ≈ Prix de vente indicatif : 5 € Jusque dans les années 1950, les associations céréales-protéagineux avaient une place importante dans les assolements en France. Ils furent progressivement aban- donnés au profit de la culture pure d’espèces sélectionnées. Aujourd’hui l’intérêt agronomique de cette technique s’avère très utile en agriculture biologique. Elle permet d’atteindre des densités importantes et donc une meilleure maitrise des adventices, en limitant leur concurrence. Dans les systèmes de polyculture/élevage ces associations constituent un aliment concentré économique riche en fibres et en protéines. Elles permettent également de sécuriser le système fourrager en cas de sécheresse. Mais ce ne sont là que quelques atouts de cette technique. Les mélanges céréales-protéagineux peuvent trouver des applications dans les sys- tèmes conventionnels, permettant de réduire l’utilisation d’engrais azotés, d’her- bicides et de fongicides. GRAB HN Les Agriculteurs BIO de Haute-Normandie Une publication du : Des Avantages agronomiques, zootechniques et économiques Page 2 Connaître les espèces Page 3 Les associations fourragères Page 4 Les associations récoltées en grains Page 6

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Les associations céréales-protéagineux ou méteils

Grandes cultures cahier n°1 | mai 2014 | www.bio-normandie.org

≈ Directrice de la publication et de la rédaction : Annette FICHTL

≈ Rédaction : Maddalena MORETTI, Stanislas POUDOU, Joseph DUHAMEL, Clara GASSER, Caroline DEGRAVE

≈ Crédit photos : GRAB HN

≈ Conception et création graphique : Agrobio 35 | Studio Graphique ≈ Mise en page : Agrobio 35 ≈ Editeur : GRAB HN - Association loi 1901 siège social situé 9 rue de la Petite Cité, CS 80882 / 27008 Evreux Cedex Tél. 02 32 78 80 46 - Fax 09 53 32 33 16 - [email protected]

≈ Imprimé sur papier recyclé par :Graphelio,P.A.T La Vatine, 7 rue Linus Carl Pauling, 76130 Mont-Saint-Aignan≈ Tirage : 250 ex≈ Dépôt légal : à parution≈ n°ISSN : en cours≈ Prix de vente indicatif : 5 €

Jusque dans les années 1950, les associations céréales-protéagineux avaient une place importante dans les assolements en France. Ils furent progressivement aban-donnés au profit de la culture pure d’espèces sélectionnées. Aujourd’hui l’intérêt agronomique de cette technique s’avère très utile en agriculture biologique. Elle permet d’atteindre des densités importantes et donc une meilleure maitrise des adventices, en limitant leur concurrence.

Dans les systèmes de polyculture/élevage ces associations constituent un aliment concentré économique riche en fibres et en protéines. Elles permettent également de sécuriser le système fourrager en cas de sécheresse. Mais ce ne sont là que quelques atouts de cette technique.

Les mélanges céréales-protéagineux peuvent trouver des applications dans les sys-tèmes conventionnels, permettant de réduire l’utilisation d’engrais azotés, d’her-bicides et de fongicides.

• GRAB HN •Les Agriculteurs BIO de Haute-Normandie

Une publication du :

Des Avantages agronomiques,

zootechniques et économiques

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•Les associations

récoltées en grains

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De nombreux avantages agronomiques, zootechniques et économiquesLes mélanges céréales-protéagineux offrent de nombreux avantages d’ordre agro-nomique, zootechnique et économique.

un rendement plus régulier et supérieur à celui des cultures en pure

Architecture complémentaires des systèmes foliaires

Couverture plus dense et donc maîtrise des adventices

de protéines dans les céréales

Tuteurage des légumineuses à tiges volubiles

Protection contre les maladies :• Effet barrière• Effet densité• Effet alerte

de pucerons sur les légumineuses

Architecture Complémentaires des systèmes racinaires : • Masse racinaire importante et structuration du sol.• Optimisation de la nutrition

Fixation de l’azote :• Absence de compétition avec la céréale• Reliquats pour la culture suivante.

• L’association avec une céréale permet de sécuriser la culture de la légumineuse. Cette dernière, cultivée en pure, donne des résultats souvent aléatoires.

• Le LER (Land Equivalent Ratio), défini comme la surface relative nécessaire en culture pure pour avoir la même produc-tion que l’association, est en moyenne de 1,2 (on peut arriver à 1,5). C’est-à-dire qu’il faudrait une surface de 12 à 15% plus importante pour avoir le même rende-ment en culture pure.

• Les espèces d’un mélange se com-portent différemment face aux aléas cli-matiques. Ainsi la proportion de chaque espèce s’ajuste en fonction de ses apti-tudes d’adaptation et permet d’atteindre un rendement moyen satisfaisant et stable. De la même façon, les propor-tions des différentes espèces au semis sont rarement retrouvées à la récolte.

Des similitudes dans les cycles mais des besoins différentsPour que l’association soit efficace, les espèces présentes dans le mélange doivent avoir :

• Des similitudes dans les cycles, afin être semées et récoltées au même moment,

• Des besoins différents pour limiter le phénomène de concurrence.

C’est dans l’association entre céréales et protéagineux que l’on trouve la meilleure complémentarité : pas de maladies et de ravageurs communs, architecture com-plémentaire du système racinaire et de la partie aérienne, stratégie de nutrition minérale différente, surtout par rapport à l’azote. Le choix des espèces de chaque famille se fera en fonction de l’usage re-cherché et du contexte pédoclimatique.

Place dans la rotationLes mélanges céréales-protéagineux sont de bonnes têtes de rotation mais leurs intérêts agronomiques en font aussi des relais intéressants en fin de rotation. L’apport d’azote du mélange à la culture suivante dépend de la proportion et du développement végétatif des protéa-gineux. Le pouvoir étouffant des asso-ciations leur permet de s’adapter à cette position dans la rotation, où générale-ment la pression adventices recommence à devenir problématique. Les céréales majoritairement choisies pour les méteils (blé, triticale) en font des cultures d’hiver.

Désherbage et fertilisationEn agriculture biologique la maîtrise des adventices repose essentiellement sur une rotation longue, équilibrée et diversifiée ; le désherbage mécanique représentant une solution de rattrapage. Grâce à la densité de la couverture végétale des associations, il est généralement possible de s’en passer. En cas de recours au désherbage méca-nique, pois et vesce sont sensibles à partir de la formation des vrilles. Il faut donc in-tervenir, avec la herse étrille, relativement tôt à la sortie de l’hiver.

La fertilisation azotée influence de façon directe la proportion de légumineuses dans le produit final. Les résultats du projet CASDAR 8058* montrent qu’un apport de 50 UN au stade épis 1 cm augmente le ren-dement en triticale et baisse celui du pois. Un apport d’azote tardif, au stade dernière feuille de la céréale, influence peu la pro-portion de chaque espèce mais augmente la teneur en matière azotée totale (MAT) de la céréale et ainsi du fourrage récolté.

un concentré de production équilibréLes mélanges céréales-protéagineux représentent un levier intéressant pour développer l’autonomie en protéines des fermes d’élevages. Les mélanges obte-nus fournissent un concentré de produc-tion plus équilibré qu’une céréale pure. Si le mélange est ensilé, le fourrage obtenu est fibreux et équilibré en protéines, mais de faible densité énergétique.

La récolte en ensilage permet de diver-sifier le système fourrager pour plus de sécurité face aux aléas climatiques. Le mélange fait son cycle végétatif en dehors des périodes de déficit hydrique estival, contrairement au maïs. En outre la parcelle est libérée tôt, ce qui permet l’implantation de cultures dérobées qui diversifient également la ration et le sys-tème fourrager.

Le saviez-vous ?

Le méteil est une culture éligible aux DPU. Pour la déclaration PAC, il faut alors mentionner l’espèce majoritaire du mélange.

* Casdar 8058 : Concilier productivité et services écologiques par des associations céréales-légumineuses multiservices en agriculture biologique et conventionnelle

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Connaitre les caractéristiques de chaque espèce pour bien les choisir

Céréales Atouts Contraintes

Triticale

Productif • Bon rendement en paille • Supporte les milieux diffi ciles (sols hydro-morphes, froids, acides) • Rustique • Tuteur solide• Étouffant.

• Effets des barbes sur l’in-gestion.

• Risque d’acidose pour les ruminants.

Blé

• Productif en situation favo-rable.

• Haute valeur énergétique.

Exigence de sol • Sensible aux maladies et à l’hydro-morphie (selon les variétés) • Moins rigide que le triticale (selon les variétés) • Peu couvrant • Peu adapté à l’en-silage • Risque d’acidose im-portant pour les ruminants.

Avoine

Bonne production de paille • Adaptée aux sols diffi ciles en conditions humides • Adap-tée à l’ensilage • Fort pou-voir couvrant, bon tuteur • Faible risque d’acidose.

Sensible à la rouille • Ca-ractère étouffant pour les autres espèces • tuteur plus fragile que le triticale • Faible valeur énergétique.

Orge

• Résistance aux maladies du pied.

• Tolérant à la sècheresse.

• Faible risque d’acidose

Maturité précoce, sensible à la verse, peu couvrant • Sen-sible aux maladies foliaires et à l’hydromorphie • Peu productif • Exigeant en sol • Valeur alimentaire moyenne • Peu adaptée à l’ensilage • Très sensible à la jaunisse nannissante

Seigle

Très bon rendement en paille • Rustique et adapté aux sols acides et aux petites terres • Excellent tuteur.

• Ne supporte pas l’hydro-morphie.

Protéagineux Atouts Contraintes

Pois fourrager

• Bonne production,

• Bonne appétence.

• Nécessité d’un tuteur solide car volubile* • Pourcentage limité dans les mélanges à cause de la verse • Taux de protéine du mélange limité.

Pois protéagineux

Tige plus solide, moins ver-sant • Proportion non pla-fonnée dans les mélanges. Taux de protéines du mé-lange élevé.

Nécessité d’un tuteur solide car volubile* • Production de biomasse moins importante • Moins adapté à l’ensilage.

Vesce

Bonne productivité et appé-tence • Bon taux de pro-téines • Adapté à l’ensilage.

Nécessité d’un tuteur solide car volubile* • Pourcentage limité dans les mélanges à cause de la verse • Alerte repousses.

Féverole

Tige rigide, pas besoin de tu-teur • Bon taux de protéines.

Grosse graine • Semis des mélanges en deux passages • Salissant • Pas très adapté à l‘ensilage.

LupinTige rigide, pas besoin de tuteur • Très bon taux de protéines.

Peu compétitif, salissant, peu de références en Haute Normandie.

Sources : Tech&Bio 2010, Chambre d’agriculture des Pays de Loire.

Quelques propositions de variétés

Espèces Variétéspréconisées

Trit

ica

le

Critères de choix :Résistance à la verse et rusticité

Variété :Kortégo • Amarillo • Gandval • Wilfried • Bienvenu

Avo

ine

Critères de choix :Résistance à la verse

Variété :Gérald • SW Dalguise • Grafton • Evora

Po

isfo

ur

ra

ge

r Critères de choix :[Choix restreint]

Variété :Assas • Arkta • Picar(à préférer dans les zones à hiver rigoureux)

Ve

sce

Critères de choix :Variétés testées en Normandie

Variété :Pépite • Corail • Rubis

Un produit final à la composition imprévisibleLa proportion de céréales et de protéa-gineux, dans le produit récolté, varie en fonction de plusieurs facteurs :

Favorable aux protéagineux

Favorable aux céréales

PrécoceFaiblePois FourragerPrintemps chaud et humide

Date de semisDisponibilité en azote dans le solAgressivité des espècesMétéo

TardifélevéAvoine, triticalePrintemps froid et humide

* adjectif qui qualifie une tige qui s’enroule autour d’un support. Pour limiter la verse on limite l’implantation des légumineuses volubiles à 20-30 graines / m�.

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"L'implantation de triticale et d'avoine avec pois

fourrager et vesce commune sera privilégiée"

Les associations fourragères : récolte en ensilage

Les associations céréales-protéagineux récoltées en ensilage ont de multiples atouts :

• Ce sont des cultures fourragères qui complètent leur cycle en dehors des pé-riodes de déficit hydrique estival.

• Les méteils ensilés obtiennent de bons rendements : de 8 à 12 TMS/ha en Haute-Normandie.

- Le produit obtenu est un fourrage fibreux, équilibré en protéines mais de faible densité énergétique (environ 0,7 UFL). Il sera utilisé en complément du pâturage ou du maïs pour les vaches lai-tières, ou bien pour des animaux à plus faibles besoins.

Densité de semis : raisonnons en grains/m2

En céréales, compter une dose pleine, cependant la demi dose donne le même rendement avec une proportion de protéagineux améliorée. Attention à ne pas mettre en œuvre dans une parcelle salissante, ou bien sur semis tardif. Ne pas incorporer l’avoine à plus de 25 % de la dose de céréale, car elle est très étouffante, c’est un tuteur moins solide et sensible au gel.

Pour les protéagineux volubiles limiter à 20-30 graines/m2 pour éviter la verse.

Pour calculer la dose de semis : kg/ha = grains/m2 x PMG / 100

Mélange 1* Mélange 2 Mélange 3

Triticale Pois Vesce Triticale Pois Vesce Triticale Avoine Pois Vesce

Grains / m2 300 20 300 10 10 225 75 10 10

PMG 45 190/65 45 190 65 45 35 190 65

Kg/ha 100 35/15 100 20 7 75 20 20 7

*Mélange 1 : triticale associé avec pois OU vesce.

Quelles espèces associer ?Dans la pratique les mélanges contiennent 2 à 6 espèces. L’implanta-tion de triticale et d’avoine avec pois fourrager et vesce commune sera privi-légiée. Ces légumineuses ont des carac-téristiques fourragères intéressantes en termes de volume et d’appétence.

Valoriser l’herbe d’automne

« Un apport de l’ordre de 3 à 4 kg de MS associé au pâturage permet une production d’environ 18 litres/VL/jour sans pics d’urée »

• Mathieu Grenier, éleveur biolo-gique de Normandes en Seine-Mari-time.

Des retours d’expériences d’éle-veurs bretons et haut-normands montrent qu’un apport de méteil ensilé associé au pâturage d’au-tomne permet de mieux valoriser l’herbe. Le taux d’urée du lait, qui peut monter jusqu’à 500 à 600 mg/l à cette période, s’est main-tenu entre 300 et 350 mg/l dans ces élevages.

L’orge, le seigle, l’épeautre ainsi que la féverole ou le pois protéagineux sont moins couramment utilisés pour l’élabo-ration des mélanges ensilés.

Le pois protéagineux risque d’être étouffé par le triticale. Sa maturité est plus précoce que le pois fourrager.

Quand récolter ?Le critère déterminant pour la récolte est le taux de matière sèche (MS) du fourrage : objectif 30-35 % de MS. Dans la région ce stade est atteint fin juin-début juillet, en année moyenne.

Cela correspond au stade fin laiteux dé-but pâteux pour la céréale. Les grains sont à moitié remplis et la paille encore verte autour des nœuds. Il faudra être vigilant car le taux de MS de la céréale évolue rapidement en juin.

Quand les protéagineux dominent, le taux de MS du mélange augmente plus lentement que celui de la céréale, il faut donc attendre que la céréale atteigne 35-40% MS (récolte plus tardive). Une récolte précoce améliore la digestibilité, pénalise le rendement et ne dégrade pas la MAT (Matière Azotée Totale) sans pour autant l’améliorer systématique-ment.

Comment récolter et stocker ?Pour la récolte en ensilage, préférer la coupe directe, soit avec une ensileuse à barre de coupe (à section ou rotative), soit avec un bec maïs rotatif type Kem-per. Une fauche sans ressuyage peut être envisagée (sauf si récolte précoce) suivie d’un ramassage à l’ensileuse avec pick up herbe classique. Attention à la

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densité du mélange pour l’utilisation du pick up.

L’objectif est d’obtenir un hachage fin de type ensilage d’herbe (2 à 4 cm) pour favoriser une bonne conservation. En effet, les tiges de céréales sont creuses et augmentent le volume d’air emma-gasiné dans le silo. Le tassement devra donc être irréprochable afin de rendre disponibles les sucres solubles pour les fermentations anaérobies. La richesse en azote du fourrage peut freiner l’aci-dification et donc une bonne conser-vation. L’avancement devra être rapide pour éviter l’échauffement du front d’attaque. Compter au moins 15 cm/j en hiver et 25 cm/j aux périodes chaudes.

Des rendements surprenantsEn Haute-Normandie les mélanges cé-réales-protéagineux donnent de bons rendements (de 8 à 12 TMS/ha). Une dérobée fourragère peut être implan-tée après récolte pour laquelle on peut atteindre entre 2 et 5 TMS/ha. Soit environ 10 à 17 TMS/ha récoltées dans l’année !

Valorisation par les animauxL’ensilage de méteil est un fourrage fi-breux et équilibré mais de faible densité énergétique. Il risque de déconcentrer la ration des vaches laitières (VL).

"En Haute-Normandie, les mélanges céréales-

protéagineux donnent de bons rendements"

On retiendra des valeurs alimentaires moyennes d’environ 0,70 à 0,80 UFL et 50 à 75 PDI.

Il est distribué en fourrage principal aux génisses laitières ou viandes, ainsi qu’aux vaches taries, vaches allaitantes ou bœufs. Pour les vaches laitières, il sera utilisé en fourrage associé à hau-teur de 3 à 4 Kg MS/VL/jour maximum. Les autres fourrages de la ration devront être plus riches : herbe pâturée ou maïs ensilage par exemple.

Une souplesse dans la récolte

L’association triticale, avoine, pois fourrager et vesce est composée d’espèces qui peuvent se récolter en ensilage ou en grains en fonction de l’état des stocks fourragers.

« Il y a trois ans j’ai introduit des associations dans mon assolement. J’ai suivi le conseil de plusieurs collègues, qui avaient expérimenté cette pratique avec beau-coup de satisfaction. J’ai essayé les mélanges blé-triticale-avoine-pois et triticale-féverole. Le grand avantage de cette pratique est sa souplesse. Selon les conditions climatiques de l’année, je peux choisir de récolter en grains ou en ensilage. Le mé-lange récolté en grains me donne un concentré de production tout prêt, à condition d’avoir un broyeur si la taille des différentes espèces ne permet pas d’utiliser un aplatisseur. Le produit que j’obtiens suite à l’ensilage est appétant et fibreux avec une valeur alimentaire équilibrée».

• Jacques Follet, polyculteur-éleveur en Seine Maritime

Analyse des valeurs alimentaires, pas d’indicateurs UF et PDIL’analyse du taux de matière sèche, la teneur en matière azotée totale (MAT), en cellulose brute (CB) et en amidon seront les seuls indicateurs de la valeur alimentaire. En effet, il n’existe pas, en région, d’équations INRA permettant de calculer les valeurs UF et PDI des ensi-lages de mélanges céréales-protéagi-neux.

Ration des vaches laitièresPoints forts

• Riche en fibre

• Pauvre en amidon

• Equilibré en protéines

• Diversification de la ration (synergie alimentaire)

Points faibles

• Faible teneur en énergie

• Valeur alimentaire imprécise

• Encombrement important

• Echauffement rapide

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Les associations récoltées en grains

Le choix des espèces du mélange se fait en fonction de la destination : autocon-sommation par les animaux ou triage et valorisation en filière longue.

Quelles espèces associer ?Pour une récolte en grains, la coïnci-dence des cycles devient fondamentale. Cela conditionne le choix des espèces et parfois même des variétés (la récolte en fourrage étant, de ce point de vue, plus souple). La facilité de triage est aussi un facteur primordial à prendre en compte. Les mélanges ne dépassent jamais deux espèces.

Les associations récoltées en grains sont souvent à base de triticale, blé, avoine et orge pour la céréale, et de pois, féve-role et vesce pour la légumineuse. Les associations à base de lentille (avec du seigle pour les variétés d’hiver ou de la cameline pour celles de printemps) se-mées en Haute-Normandie ces dernières

Exemple de mélanges.

Mélange 1 Mélange 2 Mélange 3 Mélange 4 Mélange 5 Mélange 6 Mélange 7

Triticale Pois f. Orge Pois p. Blé Féverole Triticale Féverole Blé Pois p. Lentillon Seigle Lentille verte Cameline

Grains / m2 300 20 300 55 260 20 170 25 110 65 280 120 - -

PMG 45 110 45 220 45 450 45 450 45 220 28.5 37.5 - -

Kg/ha 135 22 135 120 120 90 80 110 50 145 80 45 100 3

années donnent de bons résultats.

Depuis plusieurs années, les essais sur les associations mis en place à la ferme expérimentale de Thorigné d’Anjou (Maine-et-Loire) montrent que, pour cinq années sur huit, le rendement du triticale est significativement supérieur à celui du blé. Dans les autres cas, au-cune différence n’est observée. Le triti-cale présente avant tout des avantages en termes de résistance aux maladies, de pouvoir couvrant et de résistance à la verse.

Le pois fourrager s’associe bien avec le triticale, qui est un bon tuteur. Par contre, ce dernier n’est pas adapté aux mélanges avec le pois protéagineux qui risque d’être étouffé par cette céréale trop vigoureuse. Dans ce cas, il vaut mieux l’associer à du blé ou de l’orge.

Quelle valeur alimentaire pour les ruminants ?La valeur alimentaire du mélange est estimée à partir de la proportion de chacune des espèces, et de leurs valeurs INRA . Le pois fourrager contribue peu à l’augmentation des MAT dans le concen-tré récolté, étant donné le plafonne-ment que sa sensibilité à la verse impose dans la préparation des mélanges. Le pois protéagineux, moins contraignant de ce point de vue, est plus adapté à cette pratique. La féverole reste tou-jours une bonne alternative, à condition de bien maitriser le semis en mélange avec une céréale, qui nécessite une pro-fondeur de semis moins importante.

Le lupin a un taux de protéines très inté-ressant, mais les rendements sont sou-vent décevants et le salissement en fin de cycle, même dans les associations, demeure difficile à maitriser.

Il est préférable de remplacer le pois fourrager par de la féverole ou de la vesce pour atteindre une valeur en MAT comprise entre 15 et 20%. Pour la féve-role, la différence de maturité n’est pas gênante et peut être supportée par le triticale. Pour la vesce, en association avec du triticale, la conduite est la même qu’avec du pois. Cependant, il faudra veiller à positionner le mélange avant une prairie, car les repousses dans la culture suivante peuvent être gênantes.

Valeur approximative en MAT et hiérarchisation des différents protéagineux

Lupin [35%] >

Fèverole vesce [30%] >

Pois [20%]

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Quelle valeur alimentaire pour les monogastriques ?Le pois protéagineux présente une meil-leure valeur nutritive pour les monogas-triques que le pois fourrager car il ne contient pas de tanins.

Chez les volatiles, la féverole et le pois sont intéressants pour leur apport en lysine. Cependant, leur teneur en acides aminés soufrés (AAS) est limité. Leur proportion dans la ration sera donc d’autant plus importante que les be-soins en méthionine seront faibles ou compensés par des matières premières riches en AAS. La teneur en vicine-convi-cine des variétés de féverole est égale-ment à prendre en compte chez la poule pondeuse (facteur anti-nutritionnel qui influence la taille des œufs).

Les mélanges céréales-protéagineux sont intéressants en élevage de porcs, surtout dans les fermes qui visent l’au-tosuffisance alimentaire. Ils peuvent

être intégrés en l’état dans les formules en estimant la proportion relative de céréales et légumineuses à la récolte, ou triés à la récolte et incorporés sous formes de deux matières premières. Cette solution est à privilégier car elle permet une meilleure maîtrise de la formulation de l’aliment complet. Les associations à base de triticale sont à privilégier pour les porcs car cette cé-réale est plus riche que le blé en lysine, première acide aminé limitant pour la croissance des animaux. L’association triticale-pois est la plus courante mais il est également possible d’associer du tri-ticale et de la féverole. Les associations à base d’orge peuvent également être intéressantes car l’orge est une céréale riche en fibre qui convient bien dans les formules des truies et des porcelets.

Sources : AlterAgri juillet-août 2013, Techn’ITAB Pro-duire des œufs et du poulet de chair en AB, Technique ITAB - La culture des associations céréales/protéagi-neux en AB.

Des pratiques qui ne datent pas d’hier…

« Il y a trente-cinq ans j’associais déjà du pois fourrager et du triticale. A cette époque le produit était inven-dable puisque les fabricants ne l’ac-ceptaient pas. Chez Biocer on accepte les mélanges, mais il faut toujours que le coût du triage ne soit pas supé-rieur à l’intérêt de l’association. Les mélanges qui semblent le plus inté-ressants pour la récolte en grain sont triticale-pois fourragers et orge-pois protéagineux».

• Pierre De Conte, agriculteur dans l’Eure et directeur de Biocer, coopéra-tive céréalière biologique.

mélange céréalier sur les veaux, attention danger !

Au sevrage le jeune herbivore passe d’un statut de monogastrique bu-vant seulement du lait à celui de ruminant. L’adaptation de son sys-tème digestif à ce nouveau régime alimentaire le rend encore plus sen-sible aux variations de pH. Selon Marine Lemasson (Manche Conseil Elevage) « donner 2 kg de mélange céréalier au sevrage, correspond à distribuer plus de 10 kg de blé à une vache ». Ce type de mélange est par conséquent totalement à proscrire dans cette situation.

Sources : Symbiose, avril 2012.

Céréales et acidose

Pour optimiser le fonctionnement du rumen, l’éleveur doit agir pour proposer un milieu de vie adapté aux milliards de microorganismes qui réalisent le travail de digestion. Les variations de pH sont, dans ce sens, très dangereuses et doivent être limitées.

Le blé, le triticale et le seigle sont des céréales très acidogènes. Les chutes de pH qu’elles engendrent sont préjudiciables à la valorisation de la ration et, dans certains cas, à la santé des animaux. Loin d’être idéales pour les adultes, il est même impératif de les supprimer pour les jeunes veaux !

Sources : Symbiose, octobre 2013.

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La récolteLe choix des espèces et des variétés se fait, entre autre, en tenant compte de la synchronisation des époques de récolte. Le réglage de la moissonneuse batteuse se fait sur l’espèce la moins facile à battre pour les associations destinées à l’autoconsommation. Dans ce cas la casse des graines n’entraine pas une perte de valeur du produit.

Les associations destinées au triage sont les moins faciles à battre, puisque les espèces sont sélectionnées pour leur différence de taille entre les graines. La casse est alors limitée grâce à un réglage pointu des organes de battage. Ce réglage doit être fait en fonction de la graine la plus grosse ou la plus fragile. Le bon compromis doit être trouvé pour

Mélange féverole grand épeautre

Pour un concentré de production plus riche et surtout beaucoup moins acidogène que le traditionnel triticale pois fourrager, le mélange grand épeautre et féverole semble très prometteur. Des agriculteurs biologiques bretons l’ont testé pendant la campagne 2012-2013.

Dose de semis Semis Battage Rendement Préparation

• 140-150 kg d’épeautre

• 130-140 kg de féve-role

• Féverole semée à la volée

• Suivi d’un labour à 10-15 cm

• Puis semis d’épeautre par-dessus

• Réduire la vitesse du batteur

• Ouvrir le contre bat-teur

• Diminuer la ventilation

• 30 à 60 q/ha en Ille et Vilaine

• Broyeur ou lamineur

Sources : Symbiose, octobre 2013.

Sources :

• AlterAgri, juillet-août 2013

• Formation sur les mélanges céréales-protéagineux, intervenant Thierry Métivier

• Réussir ses cultures bio en Normandie, juin 2011 - CRAN

• Dossier Chambr’Agri 14, avril 2013, n° 246 Association céréales-légumineuses.

• AlterAgri n°120, juillet-août 2013 Associations céréales-protéagineux pour l’alimentation animale

éviter la casse sans perdre d’efficacité sur le battage de la céréale. Pour facili-ter la tâche il vaut mieux récolter quand la céréale est bien mûre et éviter des es-pèces ou des variétés difficiles à battre.

Triage et valorisation en filière longueLes associations récoltées en grains sont bien valorisées en autoconsommation, ce qui n’engendre pas de surcoût de triage. Dans le cas contraire, ces coûts varient de 25 €/t par passage de sépa-rateur (1 seul passage peut être suffisant si on a bien choisi les espèces) à 300 €/t pour le passage au trieur optique. Il est évident que l’intérêt de l’association doit être supérieur au coût de triage.

Ils nous soutiennent :