Les Cahiers de la Rencontre régionale Débat de clôture … · le thème de l’alimentation par...

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Les Cahiers de la Rencontre régionale Débat de clôture du 24 mai 2011 Les Cahiers de la Rencontre régionale Débat de clôture du 24 mai 2011

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Les Cahiersde la Rencontre régionaleDébat de clôturedu 24 mai 2011

Les Cahiersde la Rencontre régionaleDébat de clôturedu 24 mai 2011

Les Cahiers de la Rencontre régionale Saison 2010-2011 L’alimentation

Sommaire

ÉDITORIAL .................................................................................................................................. p.2

UN PROJET, TROIS PARTENAIRES TERRITORIAUX Communication d’Isabelle This Saint-Jean, Vice-présidente du Conseil régional d’Île-de-France ............................................................. p.5 Communication de Laurent de Mercey, Délégué régional à la DRRT d’Île-de-France .......................................................................... p.6 Communication de David Ros, Vice-président du Conseil général de l’Essonne ................... p.7

LE DISPOSITIF DU DÉBAT : L’ABAQUE DE RÉGNIER ................................................................ p.8

LES ITEMS ET GRANDS THÈMES DU DÉBAT ......................................................................... p.10

LES RÉSULTATS DE LA CONSULTATION ................................................................................. p.12

LE DÉBAT Thème 1 : Nourrir la planète ................................................................................................ p.14 Thème 2 : Notre système alimentaire ................................................................................... p.16 Thème 3 : Le choix du consommateur ................................................................................. p.18 Thème 4 : Culture et santé ................................................................................................... p.20

LES COMMUNICATIONS DES GRANDS TÉMOINS Intervention de Jean-Louis Lambert, sociologue ................................................................. p.22 Intervention de Mehdi Drissi, représentant en France des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation ........................................................................................ p.24

PARTENAIRES DU PROJET ...................................................................................................... p.26REMERCIEMENTS .................................................................................................................... p.27

Éditorial

Le mardi 24 mai 2011, un débat d’ampleur régional a clôturé les huit mois de réflexions menées sur le thème de l’alimentation par 1000 Franciliens issus de tous les horizons. Après avoir participé à près de 300 rencontres avec des spécialistes, ces habitants étaient conviés à venir partager publiquement leurs analyses et points de vues correspondant aux principales pro-blématiques sur lesquelles ils ont enquêté : nourrir la planète, notre système alimentaire, le choix du consommateur, culture et santé.

L’événement, qui s’est tenu dans le grand hémicycle du Conseil régional d’Île-de-France, a réuni 250 membres et représentants des groupes d’habitants. Accompagnés d’éminents spécialistes qui étaient là pour les entendre, ce sont eux qui ont pris la parole, argumenté, fait entendre leurs sensibilités. La richesse de la rencontre est ainsi venue de l’écoute mutuelle dont ont fait preuve les participants : les retraités ont entendu les lycéens, les citadins ont répondu aux ruraux, les artisans, chômeurs et ingénieurs ont discuté les avis des femmes au foyer, journalistes, agriculteurs, universitaires… et inversement ! Ce jour-là, c’est à une expérience d’intelligence collective que tous ont collaboré. Présent durant toute la durée des échanges, Mehdi Drissi, représentant en France de l’Organi-sation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), est ensuite intervenu afin de conclure l’événement.

Les 52 groupes de Franciliens qui se sont impliqués dans cette opération culturelle l’ont fait avec la soif de comprendre et de se forger une opinion sur des questions qui, sous de multiples aspects (scientifique, philosophique, économique, éthique…) concernent chacun d’entre nous. Ils ont fait vivre l’expérience collective de débat qui leur était proposée, manifestant les atouts de cette forme d’expression si vitale pour l’exercice de la démocratie. C’est donc à eux que le projet « Questions de Sciences, Enjeux Citoyens » doit d’avoir construit les bases d’un dialogue où citoyens, spécialistes et politiques partagent leurs points de vue et connais-sances, tout en conservant leur propre rôle et leur propre statut.

Un projet, trois partenaires territoriaux

« Questions de Sciences, Enjeux Citoyens » est, en tant que dispositif permettant de créer un espace de dialogue entre les citoyens, les scientifiques et les politiques, une immense réussite. Il s’agit d’un dialogue souvent difficile à tenir, d’un dialogue où chacun doit rester à sa place tout en se déplaçant de façon à discuter avec l’autre.

Ce projet permet aux citoyens de s’emparer d’un questionnement, et d’avoir accès à ce qui est au cœur de la démarche scientifique. Il leur permet également de rencontrer des scientifiques, en mettant ces derniers dans une obligation de réflexion sur les applications de la recherche. Il permet, enfin, aux politiques, de disposer d’une réflexion sur des enjeux importants, comme pour cette année sur l’alimentation.

«Questions de Sciences, Enjeux Citoyens», avec cette démarche descendante puis ascendante, est donc une opération extrêmement intelligente, et je suis très heureuse de pouvoir manifester le sou-tien majeur que la Région Île-de-France lui apporte. Ce soutien s’inscrit dans une politique beau-coup plus large de la Région en faveur de la culture scientifique, de l’enseignement supérieur et de la recherche. En 2010, la Région Île-de-France consacre plus de 5% de son budget à ce secteur, alors même que celui-ci ne constitue pas l’une de ses compétences obligatoires. Ce n’est que par choix politique que la Région a décidé un tel investissement. Ce choix, il résulte de deux convic-tions très fortes. D’abord, la connaissance, le savoir, sont des valeurs essentielles et émancipatrices sans lesquelles il n’y a pas de liberté ni de justice sociale. Ensuite, pour créer et mettre en place un nouveau modèle économique plus juste, plus solidaire et plus écologique, la recherche joue un rôle absolument essentiel.

Notre engagement se traduit donc par le soutien à ce projet, qui se poursuivra à l’avenir.

Isabelle This Saint-Jean, Vice-présidente du Conseil Régional d’Île-de-France,chargée de l’enseignement supérieur et de la recherche

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Un projet, trois partenaires territoriaux

« Questions de Sciences, Enjeux Citoyens » (QSEC) appartient à cette démarche participative qui consiste à impliquer différents groupes de citoyens dans leur lieu de vie autour d’une thématique scientifique qui se décline en fonction de la sensibilité de chaque groupe. Dans ce type de démarche, le grand public est appelé à rencontrer, non plus des enseignants ou des médiateurs scientifiques, mais plutôt des chercheurs et des ingénieurs impliqués dans des activités de recherche au quotidien. Cette démarche vient se substituer ou compléter les ressources traditionnelles que sont les confé-rences formelles, les expositions, les musées scientifiques, les journaux et revues de vulgarisation, ou encore les documentaires et films scientifiques.QSEC facilite ainsi l’appropriation de la science et des avancées technologiques par le citoyen, ce qui correspond parfaitement au cœur de la politique menée par le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.Pour sa deuxième saison, l’opération a entraîné la mobilisation de groupes présents sur six dépar-tements franciliens autour de la thématique de l’alimentation. La restitution régionale par les diffé-rents groupes, lors du débat de clôture du 24 mai 2011, a montré toute la richesse des approches autour d’une thématique qui, au-delà des aspects techniques de production et de consommation, a conduit les participants à élargir leur vision aux problèmes mondiaux, ainsi qu’à réfléchir sur l’avenir de la planète. La qualité des restitutions et des interventions lors du débat de clôture montre que l’opération QSEC a su atteindre ses objectifs, notamment celui de familiariser les citoyens avec la démarche scientifique.C’est pourquoi la Délégation régionale à la recherche et à la technologie d’Île-de-France est particulièrement heureuse d’être associée, dans le cadre du Contrat de projets État-Région 2007-2013, à cette opération qui participe au maillage du territoire francilien, qui monte réguliè-rement en puissance depuis son lancement, et s’inscrit de façon active dans la durée à l’échelle de l’ensemble du territoire régional.

Laurent de Mercey, Délégué régional à la DRRT Île-de-France

Un projet, trois partenaires territoriaux

Comment créer des liens entre la science, la technique et le corps social ? Cette question préoccupe depuis longtemps les pouvoirs publics car les enjeux sont de taille. Ils concernent tant la citoyen-neté scientifique que le dynamisme économique. Comment organiser la diffusion de l’information scientifique vers les non-spécialistes ? Comment mieux écouter la parole des citoyens à ce sujet ? De nombreuses collectivités tentent d’apporter une réponse à la mesure de leurs moyens et de leur contexte local.Depuis 2001, le Conseil général de l’Essonne a développé une politique globale de culture scienti-fique et technique dont les deux volets sont le soutien aux projets de culture scientifique et la créa-tion d’un site Internet de vulgarisation et de dialogue consacré à la science : la Banque des savoirs.Dans cette même démarche, le Conseil général de l’Essonne a été partie prenante de la création du projet QSEC et concrétise son engagement dans cette opération en finançant et pilotant le site Internet www.qsec.fr.A l’issue de cette deuxième année, nous réaffirmons notre contentement d’être associé à ce projet francilien innovant. Nous nous réjouissons de l’arrivée, cette saison, de trois nouvelles collectivités, Paris, la Seine-et-Marne le Val-de-Marne, preuve de l’écho rencontré par cette initiative science et société. Et nous pouvons dire que de notre côté, le pari est largement gagné : d’abord, parce que les Essonniens ont répondu plus nombreux à cette proposition de travailler collectivement sur le thème de l’alimentation (10 groupes cette année se sont investis sur des sujets aussi variés que les troubles alimentaires, l’agriculture, l’alimentation technologique…). Ensuite parce que ces citoyens appartiennent à des groupes jusqu’à présent restés relativement à l’écart des opérations de culture scientifique menées en Essonne (retraités, détenus, femmes au foyer). Enfin parce que ces groupes ont répondu présents à la journée de débat de clôture et ont contribué à la richesse des échanges. Souhaitons que la saison prochaine soit aussi riche et foisonnante.

David Ros, Vice-président en charge de l’économie de l’innovation, de la recherche, de l’enseignement supérieur et des relations internationales au Conseil général de l’Essonne.

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Le dispositif du débat : l’abaque de Régnier

L’invention de l’Abaque

La rencontre a été conçue à partir du protocole dénommé Abaque de Régnier. Ce système d’ani-mation de débat a été inventé en 1973 par le docteur François Régnier, alors chargé d’organiser et de piloter des réunions d’experts du monde médical visant à décider du développement ou non de certaines molécules.Devant l’importance des enjeux, François Régnier a imaginé un mode de travail en groupe permet-tant une liberté et une égalité de prise de parole maximales, en évitant d’une part les obstacles liés à la peur de s‘exprimer en groupe ou de se tromper et, d’autre part, les conséquences que fait peser la hiérarchie existante entre les participants. Le principe qui sous-tend cette volonté est que les personnes qui disposent du degré hiérarchique le plus élevé ou qui sont les plus à l’aise à l’oral ne sont pas forcément celles qui émettent les meil-leures idées et les meilleurs avis. Au contraire, l’expression de la pluralité des opinions et leur mise en débat est l’étape clé permettant le développement d’une véritable intelligence collective. Depuis les années 1970, l‘Abaque de Régnier a été utilisée dans de nombreuses grandes entre-prises européennes et collectivités territoriales, dans des cadres aussi divers que l‘aménagement du territoire, la gestion des ressources humaines, le marketing, ou l‘évaluation des programmes de recherche.

Ses étapes et sa mise en œuvre dans le cadre de QSEC

1 Les participants définissent eux-mêmes ce qui est débattu collectivementLors d’un débat conçu au moyen de l’Abaque de Régnier, ce sont les participants qui décident des points mis en discussion et qui formulent leurs libellés. Ceci permet de miser sur les compétences et connaissances des participants tout en évitant de leur imposer, de l’extérieur, les questions qui seront débattues.Dans le cadre de QSEC, les 52 groupes d’habitants ont ainsi été invités à formuler des points de vues et propositions - également appelés items - reflétant l’état de leurs réflexions au terme de leur parcours. Au mois d’avril, ce ne sont pas moins de 80 éléments de ce type qui ont été libellés. Afin d’aboutir à une liste suffisamment restreinte pour être traitée au cours d’un même débat, le comité scientifique de la saison Alimentation a procédé à divers regroupements. Le résultat ? 36 items ras-semblés en quatre thèmes : « Nourrir la planète », « Notre système alimentaire », « Le choix du consom-mateur » et « Culture et santé ».

→ Voir page 10 et 11.

Le dispositif du débat : l’abaque de Régnier

2 Les participants manifestent individuellement leurs avis, matérialisant consensus et dissensions

Les effets de suivisme et d’autocensure disparaissent grâce au vote individuel que chaque par-ticipant réalise avant que le débat ne s’engage. Les résultats de cette consultation sont ensuite divulgés, ce qui permet de déterminer les points de convergence et de divergence d’où naîtront les échanges.La liste des 36 items a été mise en ligne mais aussi communiquée par courrier à l’ensemble des participants. Chacun d’entre eux a donc pu indiquer son degré d’adhésion aux analyses et points de vues répertoriés, en utilisant pour cela l’un des sept choix proposés depuis « je suis tout à fait d’accord » jusqu’à « je ne suis pas du tout d’accord », mais aussi « je ne sais pas répondre » et « je ne veux pas répondre ». De plus, quatre items (un par section du débat) appelaient non pas une réponse d’adhésion mais des remarques textuelles. Pour chacun de ces quatre points de vue et idées, les centaines de commentaires postés ont alors été évoquées par quelques-unes des idées forces révé-latrices et représentatives du foisonnement des avis.Le 24 mai, les résultats de cette consultation ont été projetés sous forme de graphiques.

→ Ils sont reproduits dans ces Cahiers pages 13, 14, 16, 18, 20.

3 Les participants sont les premiers orateurs du débatLe caractère participatif de l’ensemble du dispositif est assuré jusqu’au bout par le fait que ce sont bien, d’abord et avant tout, les participants qui s’expriment durant le débat.Les membres ou représentants des groupes à l’origine des items ont successivement pris la parole pour faire part de leurs arguments et analyses, dans un dialogue ouvert avec le reste de la salle. Les spécialistes de l’alimentation invités pour l’occasion ont également participé à ces échanges, afin d’apporter des compléments d’informations ou de faire rebondir la discussion.

→ Lire pages 15, 17, 19 et 21.

4 Le débat se termine par une synthèse non conclusiveLe respect de la diversité des opinions, de la pluralité des analyses et des arguments contra-dictoires échangés est garanti par l’absence de tentative d’établissement d’un consensus ou de généralisations.À l’issue de la rencontre, Jean Louis Lambert, sociologue spécialiste de l’alimentation, et Mehdi Drissi, représentant en France des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), ont mis en perspective ce qu’ils ont perçu du débat, mais sans volonté de clore celui-ci.

→ Lire pages 22 à 25.

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Les items et grands thèmes abordés

Pour les besoins du débat, les 36 items ont été regroupés en quatre grands thèmes.

Nourrir la planète

1 Réduire la faim dans le monde se fera essentiellement en aidant la petite agriculture paysanne des pays en développement. Les subventions à l’exportation des pays riches vers les pays en développement doivent être supprimées.

2 Il faudrait contrôler les prix et les marges bénéficiaires des intermédiaires pour que les produc-teurs soient mieux rémunérés et que les consommateurs ne payent pas trop cher.

3 L’eau est vitale. Son accès et sa disponibilité doivent être garantie pour tous. Sa fourniture ne doit pas générer de profit.

4 Les préoccupations écologiques doivent se concilier avec la nécessité de nourrir la population, tant à l’échelle des pays qu’à l’échelle mondiale.

5 On devrait interdire la commercialisation des OGM parce qu’on ne connaît pas les conséquences immédiates et à venir.

6 Pour nourrir le monde, il est nécessaire de revoir nos modes de consommation.7 Dans notre société qui maîtrise production et transformation alimentaire, il y a un paradoxe à vivre

une crise alimentaire mondiale. Nous touchons là les limites humaines d’une idéologie fondée sur la performance. La réponse se trouve donc ailleurs : organisation sociale, place de l’individu, etc.

Notre système alimentaire

8 Afin de préserver notre santé nous devons nous diriger vers une alimentation plus simple, plus saine, et privilégier l’agriculture et l’élevage biologiques (qui respectent la nature et qui n’uti-lisent pas de produits chimiques).

9 La production bio ne permet pas de répondre à la demande de la société en termes de quantité et de prix.

10 En matière de production et de commercialisation de denrées alimentaires, il faudrait déve-lopper à l’avenir les marchés régionaux (AMAP par exemple) et privilégier des importations « de proximité ».

11 Créer ou renforcer le lien entre le producteur citoyen et le consommateur citoyen devient indispensable.

12 Il faudrait développer des mesures permettant aux urbains qui le désirent de produire eux-mêmes une partie des aliments qu’ils consomment.

13 En France, l’agriculture a évolué vers davantage de professionnalisme, de respect de l’environ-nement et de recherche d’une production de qualité.

14 Les centrales d’achat, par leur monopole et en ne visant que des objectifs économiques, contri-buent à une dégradation de la qualité alimentaire.

Le choix du consommateur

15 Il n’est pas certain que les consommateurs aient les informations nécessaires concernant l’origine et la qualité des aliments, ni les moyens de les comprendre.

Les items et grands thèmes abordés

16 Il faut informer davantage le consommateur sur les conditions sociales et environnementales de production des denrées alimentaires.

17 Les informations relatives aux procédés de fabrication et de composition des aliments devraient être accessibles aux organismes vérifiant leur impact sur la santé des consommateurs. Ainsi, pour les produits contenant des nanoparticules par exemple, le secteur agro-alimentaire ne devrait pas pouvoir invoquer le secret industriel.

18 Les problèmes de santé publique sont sur-médiatisés. Cependant, ces mises en garde, quand elles sont en surnombre ou trop contradictoires, finissent par nous alarmer sans réellement nous aider.

19 Il vaut mieux acheter du non-bio dans une AMAP que du bio ou du non-local au supermarché. 20 Mieux vaut garder son argent pour ses loisirs que d’acheter des produits alimentaires de marque.21 Il vaut mieux mettre des distributeurs de fruits dans les lycées que des distributeurs de friandises.22 Le critère du goût n’est plus autant moteur de consommation que précédemment. L’achat se

fait maintenant davantage sur les critères de prix, de rapidité à préparer, de commodité du lieu de commercialisation, et de l’aspect des produits.

23 On ne peut pas penser qu’il y a une vérité absolue en ce qui concerne le meilleur choix ali-mentaire. Nous choisissons les aliments moins pour leurs qualités nutritionnelles que pour les valeurs culturelles et sociales qu’ils incarnent.

24 Même si le modèle de consommation (grande distribution) qui nous est proposé montre ses limites en terme de « qualité globale », nous avons peu d’alternative nous permettant de manger « sain ».

Culture et santé

25 Manger doit rester un plaisir et non une contrainte.26 Dans l’alimentation, le partage est une chose importante.27 Le modèle alimentaire français est une référence à protéger : alimentation variée et de qualité,

convivialité… 28 La transmission d’une culture de l’alimentation est de moins en moins évidente dans la société

actuelle. Il n’est pas certain que l’éducation et l’information puissent prendre le relais ou rem-placer cette transmission.

29 L’information et la prévention sur l’alimentation doivent être inclues dans les programmes offi-ciels scolaires, mais aussi être réalisées auprès de tous les jeunes parents.

30 Il faut développer les démarches pédagogiques des lieux accueillant des enfants (centre de loisirs par exemple), afin d’améliorer les choix de consommation des familles.

31 Dans les restaurants scolaires, on insiste souvent sur la valeur nutritionnelle des aliments mais pas assez sur les conditions de la prise des repas.

32 L’alimentation est avant tout un moyen de prévenir les problèmes liés à la santé. 33 La consultation chez une diététicienne devrait être obligatoire une fois par an pour lutter contre

l’obésité.34 Les recommandations alimentaires actuelles ne sont plus les mêmes qu’il y a quelques années,

et elles évolueront encore à l’avenir. Il n’est donc pas nécessaire de suivre à la lettre les recom-mandations des nutritionnistes.

35 Les problèmes de poids qui ont pour origine des troubles psychologiques sont la conséquence d’une alimentation qui a perdu son sens premier : se nourrir quand on a faim.

36 Il vaut mieux s’assumer tel que l’on est plutôt que se gâcher la vie à se changer physiquement.

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Items reclassés du plus grand au plus petit nombre de votes favorables

Pour chacun des quatre thèmes abordés, les pages suivantes rendent compte des résultats de la consultation, ainsi que de l’atmosphère de la salle et de la variété des interventions par un texte synthétique.

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Les résultats de la consultationLes résultats de la consultation

36 items appelant une réponse par degré d’adhésion

Le graphique ci-contre, classant l’ensemble des items en fonction du nombre de votes favorables que chacun d’entre eux a obtenus, fait apparaître les consensus et les points de désaccord.À sa lecture, on observe que seuls six items sur les trente-deux soumis à ce régime de réponse n’obtiennent pas une majorité absolue de votes favorables. Il s’agit des items du thème 3 qui invitent les consommateurs à effectuer des choix préférentiels, d’items du thème 4 portant sur des problé-matiques d’ordre médical, et d’un item du thème « Nourrir la planète ». Ce dernier a pour particularité de proposer une réponse précise à une question globale, ce qui le distingue des autres points de vue et proposition du thème 1 qui font l’objet de larges adhésions.Les items se rapportant au thème 2 « Notre système alimentaire » (les circuits de production et de commercialisation) sont eux aussi assez discutés. Reste enfin que, comme l’a laissé apparaître le débat lui-même, des raisons différentes – voire opposées – ont pu conduire les participants à la consultation à répondre par un même degré d’adhésion. Certains des items affichant les scores favorables les plus importants ont ainsi été l’objet d’échanges vifs.

4 items ouverts aux commentaires libres

Pour chacun des quatre grands thèmes du débat, un item a été ouvert afin de recevoir, non pas le degré d’adhésion des répondants, mais leurs commentaires textuels libres.Ainsi, les points de vue et propositions 7, 13, 24 et 28 ont fait l’objet de 420 prises de position et argumentations. Devant l’ampleur des réponses et la nécessité d’en rendre compte d’une manière brève compatible avec le temps du débat, le choix a été de sélectionner un très petit nombre de réactions, à la fois singulières, représentatives et complémentaires entre elles. Ces éléments sont reportés dans les pages suivantes sous les graphiques propres à chaque thème.

Une consultation comme base aux échanges

Les résultats de la consultation ne marquent pas l’aboutissement des réflexions. Ils sont au contraire la base à partir de laquelle le débat a eu lieu. Entre volonté des minorités de faire entendre leurs arguments, souhait d’explicitation des groupes ayant proposé des items qui n’ont pas été compris, ou bien démarche d’échange d’analyses même en cas de consensus, les prises de parole ont été riches.

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Je suis tout à fait d’accord

Je suis d’accord

Je suis mitigé

Je suis contre

Je suis tout à fait contre

Je ne sais pas répondre

Je ne veux pas répondre

Pas de réponse

Items reclassés du plus grand au plus petit nombre de votes favorables

Pour chacun des quatre thèmes abordés, les pages suivantes rendent compte des résultats de la consultation, ainsi que de l’atmosphère de la salle et de la variété des interventions par un texte synthétique.

Les résultats de la consultation

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Je suis tout à fait d’accord

Je suis d’accord

Je suis mitigé

Je suis contre

Je suis tout à fait contre

Je ne sais pas répondre

Je ne veux pas répondre

Pas de réponse

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Le débat

Dans les textes qui suivent, pour rendre compte du débat auquel ont pris part 230 participants, nous avons choisi une sélection de moments et de réflexions qui nous semblent incarner le mieux l’esprit qui anima les échanges : non pas trouver des consensus mais éclairer les opinions dissemblables, les positions singulières, afin de s’enrichir de nos différences…

Dans l’amphi chauffé à blanc, une ombre plane sur les premiers échanges : celle de l’eau. Qu’il soit question de subventions à l’exportation des matières premières, que l’on débatte de surplus de production céréalière (130 kg par humain peuplant la planète – mais où passent-ils donc ?) ou que l’on évoque la suppression des intermédiaires dans la distribution, rien n’y fait : une réflexion, une question ramènent inlassablement les problèmes de l’eau sous les projecteurs.Perché en haut de la salle, l’animateur du groupe de détenus de Fleury-Mérogis qui n’ont évidemment pas pu venir participer au débat, transmet leur parole : « il est absolument scandaleux qu’un élément aussi vital que l’eau soit la proie des marchés privés ». Objection, venue du groupe de Melun : « Nous sommes dans une économie libérale : s’il n’y a pas de profits, il n’y a pas d’investissements. Donc, obligatoirement, il faut des profits mais il faudrait que ces derniers soient raisonnables ». Rabioter la cupidité des actionnaires pour éviter de rationner l’eau, pourquoi pas ? On peut également fonction-ner en régies gérées par les collectivités locales, rappellent avec force les membres de différents groupes, et notamment celui des retraités d’Evry. Au Nord, la dégradation de la qualité de l’eau potable, avec notamment sa pollution par les oestro-gènes ; au Sud, l’eau au compte-goutte et sa gestion soumise aux aléas géopolitiques lorsque les bassins sont victimes de tensions entre États : les soucis de l’Occident ressemblent à des problèmes de riches face aux drames assaillant le Sud. « N’y a-t-il pas une espèce d’indécence à dire « je veux manger bio » alors que d’autres en sont plus simplement à se demander « qu’est-ce que je vais man-ger » » lance une participante membre du café philo de Chelles. Les OGM font alors leur entrée dans les débats : ne faut-il pas en passer par ces cultures pour éradiquer la famine ? Chemise vichy bleue, impeccablement repassée, discours limpide et érudit, un membre du groupe de Saint-Quentin-en-Yvelines rappelle que les débats sur les OGM font la part belle à la partie émer-gée de la problématique : « On s’étripe beaucoup sur les risques sanitaires ou environnementaux des OGM, mais on parle peu des conséquences à breveter le vivant, à privatiser les génomes… On évoque moins l’inféodation des agriculteurs du Sud aux semenciers qui fabriquent les OGM ». Puis il conclut son intervention par un appel à mettre un peu de raison dans la folie économique : « Je pense que le refus des OGM est avant tout un refus de la mainmise de l’économie et une revendication de la reprise en main par la politique. ». Des solutions existent ? Bien sûr qu’elles existent vient appuyer un spécialiste invité, l’agronome Marc Dufumier, en fustigeant l’irrationalité d’une agriculture industrielle et en appelant d’autres modes de culture : « une agriculture moderne qui fera que pas un rayon du soleil ne sera perdu et que pas une goutte d’eau de pluie ne pourra ruisseler et rejoindre directement la mer… ». Nourrir la planète, gérer ses ressources et fournir du travail à 40% de la population, ce sont les trois défis de l’agriculture qu’expose Henri Rouillé d’Orfeuil, économiste également invité à intervenir : « ces trois défis, il faut les prendre tous ensemble. On ne peut pas les séparer, on ne peut pas dire : on va nourrir, puis on va gérer les ressources et après on va créer de l’emploi… ». Pourquoi les politiques n’écoutent-ils pas les experts ? Pourquoi la parole de ces derniers résonne-t-elle dans un tel désert de décisions ? Cheveux courts que grisonnent boucles poivre et boucles sel, un homme, à gauche de l’hémicycle, s’interroge à voix haute. Il n’appartient à aucun groupe, il est venu en curieux et témoigne simplement du succès de QSEC en apportant sa contribution au débat.

Le débat

Thème 1 : Nourrir la planète

Ce thème regroupe sept items qui abordent un même problème d’échelle mondiale : celui de l’accès de tous à l’alimentation.Question d’ordre économique, technologique ou de mode de vie, c’est sous ces nombreux aspects que le débat a lieu.

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Je suis tout à fait d’accord

Je suis d’accord

Je suis mitigé

Je suis contre

Je suis tout à fait contre

Je ne sais pas répondre

Je ne veux pas répondre

Pas de réponse

Réduire la faim dans le monde se fera essentiellement en aidant la petite agriculture paysanne des pays en développement. Les sub-ventions à l’exportation des pays riches vers les pays en développement doivent être supprimées.

Il faudrait contrôler les prix et les marges bénéficiaires des intermédiaires pour que les producteurs soient mieux rémunérés et que les consommateurs ne payent pas trop cher.

L’eau est vitale. Son accès et sa disponibilité doivent être garantie pour tous. Sa fourniture ne doit pas générer de profit.

Les préoccupations écologiques doivent se concilier avec la nécessité de nourrir la population, tant à l’échelle des pays qu’à l’échelle mondiale.

On devrait interdire la commercialisation des OGM parce qu’on ne connaît pas les conséquences immédiates et à venir.

Pour nourrir le monde, il est nécessaire de revoir nos modes de consommation.

7 Dans notre société qui maîtrise production et transformation alimentaire, il y a un paradoxe à vivre une crise alimentaire mondiale. Nous touchons là les limites humaines d’une idéologie fondée sur la performance. La réponse se trouve donc ailleurs : organisa-tion sociale, place de l’individu, etc.

Quelques-unes des réactions postées en ligne : - Notre société cherche le profit, non le bien-être de ceux qui la constituent ; - La réponse passe par l’information, l’éducation et la responsabilisation de chaque individu ; - Un organisme mondial doit contrôler et légiférer autour de certaines valeurs communes ; - C’est aussi aux chercheurs de trouver des solutions pour aider la planète.

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Le débat

Thème 1 : Nourrir la planète

Ce thème regroupe sept items qui abordent un même problème d’échelle mondiale : celui de l’accès de tous à l’alimentation.Question d’ordre économique, technologique ou de mode de vie, c’est sous ces nombreux aspects que le débat a lieu.

Je suis tout à fait d’accord

Je suis d’accord

Je suis mitigé

Je suis contre

Je suis tout à fait contre

Je ne sais pas répondre

Je ne veux pas répondre

Pas de réponse

Réduire la faim dans le monde se fera essentiellement en aidant la petite agriculture paysanne des pays en développement. Les sub-ventions à l’exportation des pays riches vers les pays en développement doivent être supprimées.

Il faudrait contrôler les prix et les marges bénéficiaires des intermédiaires pour que les producteurs soient mieux rémunérés et que les consommateurs ne payent pas trop cher.

L’eau est vitale. Son accès et sa disponibilité doivent être garantie pour tous. Sa fourniture ne doit pas générer de profit.

Les préoccupations écologiques doivent se concilier avec la nécessité de nourrir la population, tant à l’échelle des pays qu’à l’échelle mondiale.

On devrait interdire la commercialisation des OGM parce qu’on ne connaît pas les conséquences immédiates et à venir.

Pour nourrir le monde, il est nécessaire de revoir nos modes de consommation.

7 Dans notre société qui maîtrise production et transformation alimentaire, il y a un paradoxe à vivre une crise alimentaire mondiale. Nous touchons là les limites humaines d’une idéologie fondée sur la performance. La réponse se trouve donc ailleurs : organisa-tion sociale, place de l’individu, etc.

Quelques-unes des réactions postées en ligne : - Notre société cherche le profit, non le bien-être de ceux qui la constituent ; - La réponse passe par l’information, l’éducation et la responsabilisation de chaque individu ; - Un organisme mondial doit contrôler et légiférer autour de certaines valeurs communes ; - C’est aussi aux chercheurs de trouver des solutions pour aider la planète.

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Le débat

Cravates ou sweats à capuche, chemisiers ou t-shirts à slogan, durant la pause les générations se mêlent en une cohue chaleureuse. Larges sourires… Chacun fait un peu plus connaissance avec l’autre, prolongeant le débat précédent ou anticipant le prochain.

Les participants revenus dans l’amphi, les discussions reprennent avec vigueur. En alimentation, le « bio » paraît jouir d’une côte de sympathie très élevée, mais « pour tempérer un peu l’item proposé à notre réflexion, je voudrais faire remarquer que l’agriculture bio est faite pour être bonne pour l’envi-ronnement avant d’être bonne pour la santé de l’homme », remarque avec finesse une participante. Une enseignante de Limay intervient pour rendre compte du parcours suivi par ses élèves : un peu de temps suffit, un peu de temps pris à sélectionner des marchandises et à les transformer. Appe-lons cela cuisiner et constatons-en les bénéfices : le « fait maison » enchante les papilles bien plus que les plats industriellement préparés ; de plus, il est moins cher et bien meilleur pour la santé ! Cuisiner soi-même, en prendre le temps, cela paraît de bon sens, mais combien conservent ce bon sens des réalités ? Il faut retourner sur les marchés, intervient l’une des membres du groupe des retraités d’Evry. Et pour privilégier les circuits courts dans une distribution écologiquement cohérente, il y a les AMAP (Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne). Pour Martine François, respon-sable du programme environnement filière agriculture familiale au GRET (Groupe de Recherche et d’Échanges Technologiques), le succès des AMAP signe une reprise en main de leur alimentation par des consommateurs citoyens. Attention toutefois, l’enfer peut être pavé de bonnes intentions : ainsi, Marc Dufumier explique que privilégier les circuits courts de distribution pour préserver la planète peut se révéler contre-productif, car « si tout le monde prend sa voiture pour aller cueillir des fraises dans un champ, le camion qui aura apporté des tonnes de fraises dans un supermarché aura, à l’arrivée, moins pollué ». Dans le même esprit, le groupe de Poissy s’est livré à quelques comparatifs entre des produits de la grande distribution et ceux d’une biocoop. Passé l’étonnement de constater que les emballages ne sont pas plus recyclables dans un commerce que dans l’autre, Christophe Denis, l’animateur de ce groupe, raconte ses déconvenues avec des bretzels apéritifs : « ceux provenant du magasin bio contenaient de l’huile de palme, produite sur un autre continent, alors que les bretzels du supermar-ché contenaient de l’huile produite localement ».« Y a-t-il un industriel dans la salle ? » demande l’animateur des débats. Silence. En France, un enfant sur cinq est affligé d’obésité ou de surpoids et l’industrie agroalimentaire continue à fabriquer des addictions à grand coup de sel, de sucre et de gras. « Vendre moins cher, cela permet à de nom-breuses personnes de se nourrir, c’est vrai, mais les produits vendus mènent à un problème de santé publique » s’indigne un participant, « nous allons tous payer les dégâts d’une politique agroalimen-taire uniquement basée sur les profits financiers». Deux jeunes femmes, membres du groupe du quartier parisien de la Goutte d’or, racontent alors leur expérience : elles ont produit, en pleine ville, des champignons (de Paris, les bien nommés). Elles prolongent cette expérimentation par la réflexion : «Nos modes de production et de consommation doivent également entraîner une interrogation sur l’urbanisme. Pourquoi ne pas multiplier les jardins partagés et les ruches sur les toits, en ville ? Et puis : promouvoir les jardins ouvrier à la périphérie, cultiver les nombreuses friches, prendre des mesures pour conserver des agriculteurs proches des grands centres urbains… » Les politiques d’aménagement sont effectivement à questionner. Et si toutes les questions sont bonnes à être posées, le bio ne doit pas y échapper. Une intervenante déplore le maquis des labels où les initiatives venues « du terrain » se brouillent avec les directives et les appellations des commissions européennes. Le débat à venir, concernant l’information des consommateurs, est déjà lancé…

Le débat

Thème 2 : Notre système alimentaire

Le deuxième thème regroupe sept items qui interrogent les circuits de production et de commercia-lisation du secteur de l’alimentation. A travers eux, c’est du lien entre consommateurs et produits alimentaires dont il est question.

17

Je suis tout à fait d’accord

Je suis d’accord

Je suis mitigé

Je suis contre

Je suis tout à fait contre

Je ne sais pas répondre

Je ne veux pas répondre

Pas de réponse

Afin de préserver notre santé nous devons nous diriger vers une alimentation plus simple, plus saine, et privilégier l’agriculture et l’élevage biologiques (qui respectent la nature et qui n’utilisent pas de produits chimiques).

La production bio ne permet pas de répondre à la demande de la société en termes de quantité et de prix.

En matière de production et de commercialisation de denrées alimentaires, il faudrait développer à l’avenir les marchés régionaux (AMAP par exemple) et privilégier des importations « de proximité ».

Créer ou renforcer le lien entre le producteur citoyen et le consommateur citoyen devient indispensable.

Il faudrait développer des mesures permettant aux urbains qui le désirent de produire eux-mêmes une partie des aliments qu’ils consomment.

Les centrales d’achat, par leur monopole et en ne visant que des objectifs économiques, contribuent à une dégradation de la qualité alimentaire.

13 En France, l’agriculture a évolué vers davantage de professionnalisme, de respect de l’environnement et de recherche d’une pro-

duction de qualité.

Quelques-unes des réactions postées en ligne : - Oui, mais au détriment de la qualité et du goût des produits cultivés ; - Il y a de plus en plus d’initiatives, mais il reste beaucoup à faire ; - Les agriculteurs, comme tout entrepreneur, visent les rendements avant tout. L’environnement et la qualité viennent ensuite ; - Les agriculteurs dépendent des sociétés de semences et des centrales d’achat. Leurs marges de manœuvre sont faibles.

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Le débat

Thème 2 : Notre système alimentaire

Le deuxième thème regroupe sept items qui interrogent les circuits de production et de commercia-lisation du secteur de l’alimentation. A travers eux, c’est du lien entre consommateurs et produits alimentaires dont il est question.

Je suis tout à fait d’accord

Je suis d’accord

Je suis mitigé

Je suis contre

Je suis tout à fait contre

Je ne sais pas répondre

Je ne veux pas répondre

Pas de réponse

Afin de préserver notre santé nous devons nous diriger vers une alimentation plus simple, plus saine, et privilégier l’agriculture et l’élevage biologiques (qui respectent la nature et qui n’utilisent pas de produits chimiques).

La production bio ne permet pas de répondre à la demande de la société en termes de quantité et de prix.

En matière de production et de commercialisation de denrées alimentaires, il faudrait développer à l’avenir les marchés régionaux (AMAP par exemple) et privilégier des importations «de proximité».

Créer ou renforcer le lien entre le producteur citoyen et le consommateur citoyen devient indispensable.

Il faudrait développer des mesures permettant aux urbains qui le désirent de produire eux-mêmes une partie des aliments qu’ils consomment.

Les centrales d’achat, par leur monopole et en ne visant que des objectifs économiques, contribuent à une dégradation de la qualité alimentaire.

13 En France, l’agriculture a évolué vers davantage de professionnalisme, de respect de l’environnement et de recherche d’une pro-duction de qualité.

Quelques-unes des réactions postées en ligne : - Oui, mais au détriment de la qualité et du goût des produits cultivés ; - Il y a de plus en plus d’initiatives, mais il reste beaucoup à faire ; - Les agriculteurs, comme tout entrepreneur, visent les rendements avant tout. L’environnement et la qualité viennent ensuite ; - Les agriculteurs dépendent des sociétés de semences et des centrales d’achat. Leurs marges de manœuvre sont faibles.

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Le débat

En France, un consommateur sur quatre ne sait absolument pas ce que sont les protéines, les glucides et les lipides révèle Pascale Hebel, Directrice du département consommation au CREDOC (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie). « Concernant la connais-sance sur la nutrition, nous sommes les plus mauvais élèves de l’Europe. Peut-être parce que la France est culturellement beaucoup plus axée sur la notion de plaisir ou de partage que sur une alimentation fonctionnelle… » poursuit la spécialiste. Dès lors, faut-il multiplier les informations sur les étiquettes sachant que, hors date limite de consommation, seuls 25% des Français les détaillent en faisant leurs courses ? Et l’information n’est pas gratuite : la production de renseignements sup-plémentaires entraînera un surcoût pour les acheteurs. De plus, la multiplication des mentions peut avoir un effet pervers : par exemple, les traces de produits avec lesquels une préparation a pu être en contact sont censés informer et rassurer le consommateur mais, exprimés sous forme chimique, elles peuvent être inquiétantes… Qu’importe, estime une participante : « La complexité des informations sur l’étiquette correspond à la complexité des processus de fabrication industriels. Si l’énoncé des édulcorants, émulsifiants, colorants, exhausteurs de goût, etc. est alarmant, tant mieux ! À l’arrivée, nous avons tout cela dans nos assiettes. » Rebondissant sur cette prise de position, une autre participante défend avec vigueur le principe d’information : « lorsque les informations sont apparues sur les étiquettes, nous étions probablement moins de 25% à les lire. Aujourd’hui, nous avons atteint ce chiffre, mais demain nous serons plus nombreux à scruter les étiquettes ! ». Effectivement, si l’on supprime les informations apposées sur les produits, ou si l’on hésite à les augmenter, nous serons alors 100% à ne plus pouvoir les lire puisqu’elles n’existeront plus… La salle bruisse de réactions  ; depuis les fauteuils aux oreillettes mauves de l’amphithéâtre, les doigts se lèvent pour demander la parole. « Ce qui est ici en jeu, c’est encore et toujours l’éducation. Et pas seulement celle des lecteurs de magazines de consommation, mais celle de tous, à l’école et dès le plus jeune âge » martèle un participant. Approuvant ses propos, une diététicienne précise : « j’interviens dans les écoles et je peux vous dire que, du primaire au lycée, il y a de plus en plus de choses qui sont faites pour l’éducation nutritionnelle. Maintenant, il faudrait peut-être éduquer les parents qui n’ont pas eu accès à ces enseignements… ». Question d’éducation toujours, une femme se lève et distingue l’information qui culpabilise et/ou normalise par rapport à une « transmission qui passe par l’émotion ». « Je parle de la transmission du goût par la famille, de cette première éducation qui consiste à donner à manger à un bébé en lui expliquant ce qui est bon, en lui faisant partager tout un univers de sensations. C’est sur cette éducation là qui n’est pas une éducation « froide », mais qui est de l’ordre émotionnel, qu’il faut également se pencher » détaille-t-elle joliment. Autre sujet, générateur de bien des angoisses : les nano particules. Sur ce sujet également, l’infor-mation est primordiale afin de démêler les fantasmes de la réalité ; une participante s’y emploie avec conviction : « On ne peut pas généraliser à propos des produits chimiques et jeter l’opprobre sur tous. Après tout, le sel est un produit chimique ! Et c’est la même chose pour les nano particules : comme il existe différentes sortes de pommes, il existe des nano particules de différentes espèces… ». Là encore, un effort l’éducation sera essentiel.

Le débat

Thème 3 : Le choix du consommateur

Ce thème aborde, au moyen de dix items, deux problématiques : celle de l’information qui est propo-sée aux consommateurs, puis celle des marges de manœuvre de ces derniers en termes de décision concernant la qualité de leur propre alimentation.

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Je suis tout à fait d’accord

Je suis d’accord

Je suis mitigé

Je suis contre

Je suis tout à fait contre

Je ne sais pas répondre

Je ne veux pas répondre

Pas de réponse

Il n’est pas certain que les consommateurs aient les informations nécessaires concernant l’origine et la qualité des aliments, ni les moyens de les comprendre.

Il faut informer davantage le consommateur sur les conditions sociales et environnementales de production des denrées alimentaires.

Les informations relatives aux procédés de fabrication et à la composition des aliments devraient être accessibles aux organismes vérifiant leur impact sur la santé des consommateurs. Ainsi, pour les produits contenant des nanoparticules par exemple, le secteur agro-alimentaire ne devrait pas pouvoir invoquer le secret industriel.

Les problèmes de santé publique sont sur-médiatisés. Cependant, ces mises en garde, quand elles sont en surnombre ou trop contra-dictoires, finissent par nous alarmer sans réellement nous aider.

Il vaut mieux acheter du non-bio dans une AMAP que du bio ou du non-local au supermarché.

Mieux vaut garder son argent pour ses loisirs que d’acheter des produits alimentaires de marque.

Il vaut mieux mettre des distributeurs de fruits dans les lycées que des distributeurs de friandises.

Le critère du goût n’est plus autant moteur de consommation que précédemment. L’achat se fait maintenant davantage sur les cri-tères de prix, de rapidité à préparer, de commodité du lieu de commercialisation et de l’aspect des produits.

On ne peut pas penser qu’il y a une vérité absolue en ce qui concerne le meilleur choix alimentaire. Nous choisissons les aliments moins pour leurs qualités nutritionnelles que pour les valeurs culturelles et sociales qu’ils incarnent.

24 Même si le modèle de consommation (grande distribution) qui nous est proposé montre ses limites en termes de « qualité glo-bale », nous avons peu d’alternatives nous permettant de manger « sain ».

Quelques-unes des réactions postées en ligne : - C’est vrai, les produits sains sont trop chers ; - Non. Même dans les supermarchés on peut faire des choix ; - L’acte d’achat est un acte volontaire. Une partie du pouvoir demeure entre les mains du consommateur averti ; - Paradoxalement, le poids social des consommateurs est insignifiant alors que leurs choix économiques sont déterminants.

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Le débat

Thème 3 : Le choix du consommateur

Ce thème aborde, au moyen de dix items, deux problématiques : celle de l’information qui est propo-sée aux consommateurs, puis celle des marges de manœuvre de ces derniers en termes de décision concernant la qualité de leur propre alimentation.

Je suis tout à fait d’accord

Je suis d’accord

Je suis mitigé

Je suis contre

Je suis tout à fait contre

Je ne sais pas répondre

Je ne veux pas répondre

Pas de réponse

Il n’est pas certain que les consommateurs aient les informations nécessaires concernant l’origine et la qualité des aliments, ni les moyens de les comprendre.

Il faut informer davantage le consommateur sur les conditions sociales et environnementales de production des denrées alimentaires.

Les informations relatives aux procédés de fabrication et à la composition des aliments devraient être accessibles aux organismes vérifiant leur impact sur la santé des consommateurs. Ainsi, pour les produits contenant des nanoparticules par exemple, le secteur agro-alimentaire ne devrait pas pouvoir invoquer le secret industriel.

Les problèmes de santé publique sont sur-médiatisés. Cependant, ces mises en garde, quand elles sont en surnombre ou trop contra-dictoires, finissent par nous alarmer sans réellement nous aider.

Il vaut mieux acheter du non-bio dans une AMAP que du bio ou du non-local au supermarché.

Mieux vaut garder son argent pour ses loisirs que d’acheter des produits alimentaires de marque.

Il vaut mieux mettre des distributeurs de fruits dans les lycées que des distributeurs de friandises.

Le critère du goût n’est plus autant moteur de consommation que précédemment. L’achat se fait maintenant davantage sur les cri-tères de prix, de rapidité à préparer, de commodité du lieu de commercialisation et de l’aspect des produits.

On ne peut pas penser qu’il y a une vérité absolue en ce qui concerne le meilleur choix alimentaire. Nous choisissons les aliments moins pour leurs qualités nutritionnelles que pour les valeurs culturelles et sociales qu’ils incarnent.

24 Même si le modèle de consommation (grande distribution) qui nous est proposé montre ses limites en termes de « qualité glo-bale», nous avons peu d’alternatives nous permettant de manger «sain».

Quelques-unes des réactions postées en ligne : - C’est vrai, les produits sains sont trop chers ; - Non. Même dans les supermarchés on peut faire des choix ; - L’acte d’achat est un acte volontaire. Une partie du pouvoir demeure entre les mains du consommateur averti ; - Paradoxalement, le poids social des consommateurs est insignifiant alors que leurs choix économiques sont déterminants.

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Le débat

BPMM, vous connaissez ? Bougez Plus Mangez Mieux. Manger Bouger : les publicités qui intègrent slogans et informations nutritionnelles ont été adoptées par les enfants et les adolescents. Autre type d’information susceptible de marquer les esprits : les reportages et documentaires. Une élève du lycée Liberté de Romainville, raconte l’effroi de sa classe au visionnage du film « Super size me » de Morgan Spurlock. « Dans ce film, le journaliste-réalisateur a pris trois repas par jour dans un Mac-Do durant un mois. On suit alors sa prise de poids et, surtout, tous les problèmes de santé qui l’accompagnent : problèmes cardiaques, hépatiques, diabète, cholestérol… Puis ses bilans sanguins s’améliorent dès qu’il cesse de s’alimenter au fast-food ». Pour sa part, en enquêtant dans sa classe, cette jeune fille a pu mettre en évidence le nombre de repas négligés, notamment le petit déjeuner, et des tendances fort répandues au grignotage… La jeune génération tournerait-elle le dos aux traditions et au fameux modèle français d’alimen-tation, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco ? Un membre du groupe de Melun détaille avec gourmandise nos us et coutumes en la matière : « Le week-end, nous avons la chance de manger assis, en famille ou entre amis, mais cette chance se prolonge la semaine : contrairement aux Etats-Unis ou à l’Angleterre où les gens mangent en général seuls, debout, et sur de courtes durées, en France nous mangeons assis, souvent dans des restaurants d’entreprise. ». Alimentation variée et élaborée, convivialité, partage : le « modèle français » se porterait encore mieux si les industriels de la « malbouffe » ne s’ingéniaient à le miner. Une participante du groupe parisien composé de jour-nalistes européens dénonce : « les industries agroalimentaires nous proposent des goûts totalement tronqués : puisque leur objectif est de vendre au plus grand nombre, de ne surtout pas déplaire, ces industries mettent l’accent sur les goûts faciles, comme le sucré ou le salé, et suppriment les deux autres goûts, l’acide et l’amer… ». Après qu’un jeune participant a courageusement témoigné de ses problèmes de surpoids, une dié-téticienne lance un cri d’alarme sur un problème parallèle à l’obésité et qui touche de plus en plus les jeunes générations : le diabète. Et ne lui parlez pas de régime, elle préfère de loin évoquer « l’équi-libre alimentaire » et ne pas enlever – interdire - certains plaisirs gustatifs à ses patients. Non, plutôt les éduquer à la tempérance. Une autre participante insiste sur les relations étroites entre nutrition et santé, puis dénonce les modes sans cesse renouvelées des régimes « miracles »  : « ils peuvent faire de l’effet sur le moment, mais les gens qui s’y soumettent reprennent immanquablement du poids par la suite ». Au Moyen âge, les traités de cuisine étaient également des traités de bonne santé rapporte une autre participante (de fait, les hommes semblent bizarrement silencieux lors de ce débat…). Une psychothérapeute confirme l’intérêt de la prévention de la santé par l’alimentation et enjoint de replacer l’être humain dans son environnement : « autrefois, notre connaissance sur les herbes et les légumes, par exemple, était bien plus répandue. Se couper de ce lien avec la Terre, de ce rapport à la Nature, peut être une cause supplémentaire de stress ». Allons, il est peut-être temps de se remettre à cultiver notre jardin, comme le conseillait déjà Voltaire. Mais, avec la « mondialisation », notre jardin influe sur l’ensemble de la planète et, comme l’ont illustré les débats de QSEC, l’alimentation trouve des échos dans de nombreux domaines : convi-vialité, plaisir mais aussi écologie, économie ou santé publique. Nous avons aujourd’hui affaire à un jardin global.

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Le débat

Thème 4 : Culture et santé

Ce dernier thème réfère aux manières d’envisager notre rapport à la nourriture, entre pratiques culturelles et considérations médicales. Bien entendu, les douze items retenus invitent à discuter de toutes les hybridations possibles.

Je suis tout à fait d’accord

Je suis d’accord

Je suis mitigé

Je suis contre

Je suis tout à fait contre

Je ne sais pas répondre

Je ne veux pas répondre

Pas de réponse

Manger doit rester un plaisir et non une contrainte.

Dans l’alimentation, le partage est une chose importante.

Les recommandations alimentaires actuelles ne sont plus les mêmes qu’il y a quelques années et elles évolueront encore à l’avenir. Il n’est donc pas nécessaire de suivre à la lettre les recommandations des nutritionnistes.

Le modèle alimentaire français est une référence à protéger : alimentation variée et de qualité, convivialité…

L’information et la prévention sur l’alimentation doivent être inclues dans les programmes officiels scolaires, mais aussi être réalisées auprès de tous les jeunes parents.

Il faut développer les démarches pédagogiques des lieux accueillant des enfants (centres de loisirs par exemple), afin d’améliorer les choix de consommation des familles.

Dans les restaurants scolaires, on insiste souvent sur la valeur nutritionnelle des aliments mais pas assez sur les conditions de la prise des repas.

L’alimentation est avant tout un moyen de prévenir les problèmes liés à la santé.

Les problèmes de poids qui ont pour origine des troubles psychologiques sont la conséquence d’une alimentation qui a perdu son sens premier : se nourrir quand on a faim.

Il vaut mieux s’assumer tel que l’on est plutôt que se gâcher la vie à se changer physiquement.

La consultation chez une diététicienne devrait être obligatoire une fois par an pour lutter contre l’obésité.

28 La transmission d’une culture de l’alimentation est de moins en moins évidente dans la société actuelle. Il n’est pas certain que l’éducation et l’information puissent prendre le relais ou remplacer cette transmission.

Quelques-unes des réactions postées en ligne : - Education et information ont pris le relais, grâce aux émissions télé, à Internet et aux livres ; - C’est le rôle de la famille de réaliser cette transmission ; - Non, c’est avant tout une question de plaisir et de goût à retrouver ; - C’est inutile, nous possédons tous une culture propre.

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Le débat

Thème 4 : Culture et santé

Ce dernier thème réfère aux manières d’envisager notre rapport à la nourriture, entre pratiques culturelles et considérations médicales. Bien entendu, les douze items retenus invitent à discuter de toutes les hybridations possibles.

Je suis tout à fait d’accord

Je suis d’accord

Je suis mitigé

Je suis contre

Je suis tout à fait contre

Je ne sais pas répondre

Je ne veux pas répondre

Pas de réponse

Manger doit rester un plaisir et non une contrainte.

Dans l’alimentation, le partage est une chose importante.

Les recommandations alimentaires actuelles ne sont plus les mêmes qu’il y a quelques années et elles évolueront encore à l’avenir. Il n’est donc pas nécessaire de suivre à la lettre les recommandations des nutritionnistes.

Le modèle alimentaire français est une référence à protéger : alimentation variée et de qualité, convivialité…

L’information et la prévention sur l’alimentation doivent être inclues dans les programmes officiels scolaires, mais aussi être réalisées auprès de tous les jeunes parents.

Il faut développer les démarches pédagogiques des lieux accueillant des enfants (centres de loisirs par exemple), afin d’améliorer les choix de consommation des familles.

Dans les restaurants scolaires, on insiste souvent sur la valeur nutritionnelle des aliments mais pas assez sur les conditions de la prise des repas.

L’alimentation est avant tout un moyen de prévenir les problèmes liés à la santé.

Les problèmes de poids qui ont pour origine des troubles psychologiques sont la conséquence d’une alimentation qui a perdu son sens premier : se nourrir quand on a faim.

Il vaut mieux s’assumer tel que l’on est plutôt que se gâcher la vie à se changer physiquement.

La consultation chez une diététicienne devrait être obligatoire une fois par an pour lutter contre l’obésité.

28 La transmission d’une culture de l’alimentation est de moins en moins évidente dans la société actuelle. Il n’est pas certain que l’éducation et l’information puissent prendre le relais ou remplacer cette transmission.

Quelques-unes des réactions postées en ligne : - Education et information ont pris le relais, grâce aux émissions télé, à Internet et aux livres ; - C’est le rôle de la famille de réaliser cette transmission ; - Non, c’est avant tout une question de plaisir et de goût à retrouver ; - C’est inutile, nous possédons tous une culture propre.

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Communications des grands témoinsCommunications des grands témoins

Pour conclure les échanges de l’après-midi sans clore le débat, la parole a été donnée à deux « grands témoins ». Présents durant toute la durée de l’événement, ils sont revenus sur les points forts des discussions afin de livrer leurs réactions.

Extrait de l’intervention de Jean-Louis LAMBERT, sociologue

C’est un exercice difficile qui nous est demandé, aussi me limiterai-je à quelques réflexions. La première porte, non pas sur le fond du débat, mais sur sa forme. Sur trente-six items qui ont été sélectionnés, j’en ai compté dix-neuf ou vingt qui sont exprimés de manière très normative, c’est-à-dire « il faut », « on devrait », « on doit », etc. C’est un phénomène assez général quand on parle d’alimentation, car les normes, pour ne pas dire la morale, sont souvent assez proches. Bien sûr, toute société fonctionne avec des normes, mais quelle est l’origine sociale de ces normes ? Par qui sont-elles diffusées ? En général, c’est plutôt par les classes aisées dominantes, en fonction de leurs propres préoccupations. Ces normes renvoient donc, on l’a bien vu lors du premier débat, aux questions de gouvernance. Cela pose ainsi de sérieux problèmes, surtout quand on raisonne non seulement à l’échelle locale mais aussi à l’échelle mondiale. Prenons la dernière problématique évoquée ici, « Culture et santé », que j’écrirais pour ma part au pluriel. Le terme de santé : est-ce que c’est se nourrir pour survivre, c’est-à-dire avoir assez sur le plan quantitatif ? Est-ce que c’est la santé des nutritionnistes, c’est à dire une prévention sur le long terme ? Et peut-on privilégier la même chose pour tout le monde ? Et que privilégier ? Le plaisir sensoriel immédiat, pré-ingestif, gustatif, et post-ingestif ? Est-ce qu’on privilégie cela par rapport aux promesses d’une alimentation équilibrée qui nous maintiendrait en bonne santé très longtemps ? J’attire fortement votre attention là-dessus : est-ce que ça a le même sens ? (…)

Autre point que j’évoquerai ici : le besoin de lien social que l’on semble manifester à travers l’ali-mentation. On a beaucoup insisté, lors du débat, sur l’importance du partage et de la convivialité du modèle français. Mais ce n’est pas propre au modèle français ! Puis on a retrouvé ce besoin de manière sous-jacente lorsqu’on a parlé des Amap, et du lien nécessaire entre le « consommateur-ci-toyen » et le « producteur-citoyen ». Ce n’est pas seulement, dans ce cas-là, un besoin d’information dont il est question. Très vraisemblablement, la prise alimentaire nous rappelle, sans qu’on en soit conscient, que notre premier fournisseur d’aliments a été notre mère, dans un lien de très forte intimité, de très forte proximité. Nos premiers apprentissages alimentaires ayant été faits dans ce contexte social de confiance, peut-être a t-on tendance par la suite à vouloir retrouver des formes de lien social fort autour de l’alimentation, lien social qui irait bien au-delà des attentes en matière de qualité sanitaire, de qualité gustative ou de qualité nutritionnelle.

Cela m’amène à évoquer un dernier point, à savoir le rôle de l’information et surtout des apprentis-sages. Les mangeurs commencent à apprendre à manger avant même la naissance, dans les der-niers mois avant la naissance. Ce n’est qu’ensuite qu’ils vont apprendre les autres apprentissages élémentaires qui assurent la survie, comme parler - donc communiquer - et comme marcher. Cela met en exergue le rôle des apprentissages alimentaires lors de la petite enfance, et particulière-ment le rôle important de la mère, pour ne pas dire des parents au sens large du terme (y compris de la fratrie). Se pose donc la question des acteurs qui doivent faire la transmission de ces appren-tissages alimentaires. Or, comme cela a été évoqué durant le débat, ce que l’on observe c’est une tendance à l’abandon du rôle des parents pour renvoyer la balle, en la matière, aux éducateurs de l’école. Peut-être peut-on expliquer ce phénomène par la cacophonie ambiante qui règne sur l’alimentation, cacophonie ambiante liée aux nombreuses controverses entre nutritionnistes (entre

autres). C’est celle-ci qui conduirait les parents, qui s‘interrogent sur ce qu’il est bien de manger ou de ne pas manger, à se dire « on ne sait plus que faire pour nous-mêmes et on ne sait plus que dire à nos enfants, donc que l’école se débrouille avec ça ». Et on commence donc à voir un transfert de charge vers la restauration, et notamment vers la restauration scolaire. Cela pose donc une ques-tion sociale. Je pense pour ma part qu’il ne faudrait pas que cette transmission soit faite désormais uniquement à l’école, ou dans des structures périphériques de l’école. C’étaient les quelques réflexions qui me venaient à l’esprit. Je vous remercie de votre attention.

Jean Louis Lambert est économiste et sociologue, spécialiste des comportements alimentaires, des représentations sociales de l’alimentation, ainsi que du marketing et de la gestion de l’innovation dans le domaine alimentaire.

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Communications des grands témoinsCommunications des grands témoins

Extrait de l’intervention de Monsieur Mehdi DRISSI, représentant en France des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO)

Je suis très honoré d’intervenir et de livrer le sentiment de la FAO en clôture de cette rencontre. Je dois également dire que je suis admiratif devant la richesse de la réflexion que j’ai pu voir ici, qui s’exprime notamment à travers une forte adéquation entre la liste des analyses et points de vue que vous avez produits et les positions de la FAO. Je suis tout aussi admiratif de ce qui a été dit durant le débat par des intervenants de tous âges qui ont beaucoup apporté à ce dialogue et à cette ren-contre. Beaucoup des choses qui ont été dites ici, pour ne pas dire l’essentiel, sont ou pourraient être soutenues par la FAO. D’autres éléments me semblent davantage soumis à caution ou à discussion.

Tout d’abord, il faut constater que l’alimentation est une préoccupation constante affligée d’un triple fardeau : celui de la sous-nutrition, de la malnutrition, mais aussi de l’obésité. Cela, on le retrouve dans ce que vous avez indiqué dans les items 6, 7, 33, 32, 36 et 34.Aujourd’hui, on doit aller vers une consommation alimentaire adéquate, en zone rurale comme en zone urbaine, ce que l’on retrouve dans les points 22 et 14, qui sont particulièrement pertinents. Par ailleurs, vous avez parfaitement relevé, en matière de consommation alimentaire, qu‘il y a des pratiques traditionnelles qu’il faut conserver, qu’il y en a d’autres qui sont en évolution par rapport à l’économie de marché, à la libéralisation et à la globalisation, mais aussi qu’il faut tenir compte des disponibilités locales et saisonnières, des paramètres d’accès aux aliments et à leur préparation.Vous avez relevé, souvent dans des analyses croisées, de nombreux éléments relatifs aux causes et conditions locales que sont l’information des consommateurs et leur temps disponible, tout autant que l’hygiène et la santé des populations. Vous avez avancé qu’il faut des réponses locales intégrées, c’est le point 24. Composante importante pour nous, à la FAO, c’est l’appui à l’agriculture familiale. On la retrouve sous différents angles dans les points 17, 30, 28 et 29. Il faut quand même que l’on sache qu’aujourd’hui c’est près d’un milliard de personnes qui souffrent chroniquement de la faim dans le monde, et que 70 à 75% d’entre elles sont des paysans des pays en développement. Petit sujet à caution, c’est le point n°2 : « il faudrait que les producteurs soient mieux rémunérés et que les consommateurs ne paient pas trop chers ». Il faut discuter ici de la méthode, du contrôle des prix et des marges bénéficiaires des intermédiaires, le défi étant de gérer la complexité. De même, nous sommes moins d’accord avec le point de vue consistant à dire que « l’alimentation est avant tout un moyen de prévenir les problèmes de santé ». L’alimentation a des conséquences très importantes sur la santé, mais ce n’est à proprement parler un moyen de prévention, ou pas le seul. (…)

De manière plus générale, je dirai que vous étiez davantage dans une approche hexagonale que mondiale, à l’exception du premier volet du débat. Cela est bien normal puisque c’était, je crois, le sens de votre réflexion. A la FAO, bien entendu, nous travaillons davantage dans une perspective mondiale. En conséquence toutefois, il a manqué parfois dans vos réflexions trois éléments fon-damentaux, apparus seulement en filigrane. Ces éléments sont le changement climatique, l’urba-nisation, et la relativité des prix. Surtout, ce qui n’est pas du tout apparu, c’est la vulnérabilité des populations les plus pauvres. La malnutrition reflète la répartition des moyens d’existence. Les plus pauvres sont donc les plus mal nourris. Je parle donc ici des paysans sans terre, des migrants démunis et déplacés. Il y a également une féminisation de la pauvreté et de plus en plus de pauvres urbains. Les mal nourris sont également les populations les plus exposées aux risques. Ce sont celles qui sont victimes des crises économiques, des conflits armés, des catastrophes naturelles et des fléaux tels que le sida.

Je terminerai par ce qui a été la première partie de ce débat : « Nourrir la planète ». Si on veut nourrir la planète, il faut des financements en matière agricole, il faut investir dans l’agriculture et dans les infrastructures rurales. Or, ce n’est pas le cas. En 1980, près de 18% de l’aide publique au dévelop-pement était consacrée à l’agriculture. Aujourd’hui, c’est seulement 3%. On ne peut donc pas faire de miracle ! Les grands de ce monde doivent tenir leurs engagements, mais il faut aussi arrêter de jeter la pierre uniquement au G8, au G20, et aux bailleurs de fonds comme le FMI ou les banques régionales de développement. En effet, en Afrique par exemple, les gouvernements des pays subsa-hariens devraient consacrer au moins 10% de leurs budgets à l’agriculture. A l’heure actuelle, ils ne le font qu’à hauteur de 3 à 4%. Enfin, il faut que le secteur privé investisse davantage.La FAO a montré que 45 milliards de dollars par an sont nécessaires pour éradiquer la pauvreté. Pour vous donner une idée, 45 milliards c’est moins d’un mois de guerre en Afghanistan. On peut de même considérer ce chiffre par rapport aux 1500 milliards consacrés officiellement à l’armement chaque année, chiffre que vous pouvez largement augmenter de tout ce qui n’est pas officiel en ce domaine. Vous le voyez, on aurait largement de quoi nourrir tout le monde d’ici à 2050, mais il faut simplement que ceux qui ont les pouvoirs décisionnels le veuillent.

Je vous remercie.

La FAO (Food and Agriculture Organization) est l’organisation qui, au sein des Nations unies, concentre les efforts mondiaux contre la faim dans le monde.

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Partenaires du projet

Les financeurs de l’opération

La Région Île-de-France, la Délégation régionale à la recherche et à la technologie - Ministère de la Recherche, ainsi que le Conseil général de l’Essonne (sous la forme d’une prestation technique), soutiennent activement et financent cette opération.www.iledefrance.frwww.drrt-Île-de-France.frwww.essonne.frwww.savoirs.essonne.fr

Les acteurs culturels de terrain

La saison 2010-2011 a été mise en œuvre par six structures franciliennes spécialisées dans la médiation culturelle :

Paris-Montagne (pour Paris)École normale supérieure - 45, rue d’Ulm - 75005 Paris - www.paris-montagne.orgContact : Cathy Oualian / [email protected] / Tél : 01 44 32 28 84

Terre avenir (pour la Seine-et-Marne)7, Hameau de Brasseaux - 77560 Villiers Saint Georges - www.terre-avenir.frContact : Marie-Christine Garnot et Sophie Ferté / [email protected] / Tél : 01 64 00 13 58

Le Parc aux Etoiles (pour les Yvelines)2, rue de la Chapelle - 78510 Triel-sur-Seine - www.parcauxetoiles.com Contact : Claire Le Moigne / [email protected] / Tél : 01 30 74 75 98

Planète Sciences Île-de-France (pour l’Essonne)6, rue Emmanuel Pastré - 91000 Evry - www.planete-sciences.orgContact : Karine Clessienne / [email protected] / Tél : 01 64 97 82 34

F93 (pour la Seine-Saint-Denis)70, rue Douy-Delcupe - 93100 Montreuil - www.f93.frContact : Mathieu Marion / [email protected] / Tél : 01 49 88 66 33

Association Science Technologie Société (pour le Val-de-Marne)33, boulevard Kellermann - 75013 Paris - www.asts.asso.frContact : Juana Réjany / [email protected] / Tél : 01 44 89 82 87

Coordination régionale du projet

QSEC70, rue Douy Delcupe - 93100 Montreuil - www.qsec.frContact : Nicolas Blémus / [email protected] / Tél: 01 49 88 66 33

Remerciements

Les partenaires remercient les habitants, chercheurs, professionnels du secteur alimentaire et du secteur hospitalier, laboratoires de recherche, universités, associations et villes qui ont participé à la deuxième année de l’opération QSEC.

Ils saluent tout particulièrement l’implication et l’aide que leur ont apporté Bernard Chevassus-au-Louis, Henri Rouillé d’Orfeuil et Sébastien Czernichow dans la mise en œuvre de cette saison consa-crée à l’alimentation, ainsi que le comité scientifique permanent composé de Julie Clarini, Baudouin Jurdant et Roland Schaer.

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70 rue Douy-Delcupe93100 Montreuil

t 01 49 88 66 33f 01 49 88 66 55

[email protected]

www.qsec.fr

Questions de Sciences, Enjeux Citoyens