Les Bâuls, ivres d’amour divin et de folie

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Parvathy Bâul incarne magnifiquement la tradition pluriséculaire des Bâuls, les musiciens mystiques du Bengale que le célèbre poète Rabindranath Tagore a fait connaître. Voyageant autrefois en barque, et aujourd’hui souvent en train, ils chantent des chants dévotionnels et mendient pour assurer leur subsistance. Leurs pratiques et leur philosophie mêlent les yogas de la bhakti et du tantrisme au soufisme. Éléments de rapprochement entre les communautés, ils vénèrent la seule divinité qui se trouve dans le temple intérieur de chacun. Parvathy Bâul, qui se produit à travers le Bengale, l’Inde, et maintenant en Occident, chante et danse depuis l’enfance, mais sa rencontre à l’adolescence avec la tradition vivante des Bâuls a changé sa vie. Depuis, elle chante et danse en s’accompagnant de l’ektara, petit instrument monocorde, d’un petit tambour fixé à la ceinture et de bracelets de cheville. Elle explique ici la façon dont elle expérimente cette démarche à la fois artistique et mystique, ainsi que sa relation avec ses gourous. Les Bâuls, ivres d’amour divin et de folie Entretien avec Parvathy Bâul extrait de la revue Sources n°23 www.terre-du-ciel.org

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Parvathy Bâul incarne magnifiquement latradition pluriséculaire des Bâuls, les musiciensmystiques du Bengale que le célèbre poèteRabindranath Tagore a fait connaître. Voyageantautrefois en barque, et aujourd’hui souvent entrain, ils chantent des chants dévotionnels etmendient pour assurer leur subsistance. Leurspratiques et leur philosophie mêlent les yogas dela bhakti et du tantrisme au soufisme. Élémentsde rapprochement entre les communautés,ils vénèrent la seule divinité qui se trouve dansle temple intérieur de chacun. Parvathy Bâul,qui se produit à travers le Bengale, l’Inde, etmaintenant en Occident, chante et danse depuisl’enfance, mais sa rencontre à l’adolescence avecla tradition vivante des Bâuls a changé sa vie.Depuis, elle chante et danse en s’accompagnantde l’ektara, petit instrument monocorde, d’unpetit tambour fixé à la ceinture et de braceletsde cheville. Elle explique ici la façon dont elleexpérimente cette démarche à la fois artistique etmystique, ainsi que sa relation avec ses gourous.

Les Bâuls,ivres d’amour divinet de folieEntretien avec Parvathy Bâul

extrait de la revue Sources n°23www.terre-du-ciel.org

Plus tard, lorsque j’ai vu et entendu le gourou ShriSanatan Das Bâul, j’ai été émerveillée de voir com-ment il dansait, chantait et jouait de l’ektara, du bama(un petit tambour d’argile accroché à la hanche duchanteur) et de ses nupurs (bracelets de cheville).J’avais déjà entendu des chanteurs auparavant, maisla voix bâule émanait du plus profond de son cœur, deson corps ; c’était une voix ouverte au ciel. J’ai ob-servé les pratiquants bâuls et j’ai compris que la mu-sique bâule était une musique vivante : la philosophieet la pratique bâules vont de pair. Il y avait beaucoupà découvrir sur le mode de vie bâul, même après la findu concert : une chanson peut vous entraîner dans levoyage d’une vie, vous pouvez vivre la chanson jouret nuit, méditer et vous transcender petit à petit. Jen’avais jamais ressenti quelque chose d’aussi entierauparavant. Tout au long de mon parcours pour de-venir artiste, j’ai recherché cette forme d’entièreté.

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J’ai ensuite recherché mon gourou, Shri SanatanDas Bâul de Bankura, et j’ai été amenée dans sonashram, à Khayerbani. Je suis arrivée un après-midide printemps et l’ai trouvé, grand et grave, se tenantbien droit, les cheveux ramenés sur le haut du crâneen chignon. Il était en train de sécher ses vêtements,et il m’a regardée avec beaucoup de compassion. Entant que jeune étudiante, j’avais des milliers dechoses à lui demander, mais il s’est contenté de mesourire et de me demander si j’avais déjeuné. Ayantrépondu « non », ses deux belles-filles, Gita et Moni,m’ont servi de délicieux plats chauds. Il m’a ensuitedit de me reposer et m’a promis de me parler plustard. J’ai passé quinze jours à ses côtés, sous le mêmepetit porche, et il ne m’a même pas demandé monnom. Le quinzième jour, alors que je l’accompagnaisau marché, sur le chemin, il a commencé à chanter,m’a regardé et m’a dit : « Idiote, pourquoi ne m’ac-

Parvathy avec Shri Sanatan Das Bâul, peu de temps après son initiation.

Commençons par la question la plus difficile :qu’est-ce que la musique et d’où vient-elle ?

Il est en effet très difficile de répondre à cette ques-tion (je ne sais pas s’il existe une réponse absolue),mais, comme nous, Bâuls, avons l’habitude de dire,nous cherchons, et le chemin de la recherche est larecherche elle-même, ainsi que la réponse à ce quenous cherchons. La « musique » existe dans la créa-tion, dans la vie et dans la mort.

Les Bâuls disent que quand l’univers a été créé, iln’existait que le son « OM ». C’est le son que pro-duit l’ektara (un instrument à une seule corde de latradition spirituelle bâule). Le chanteur bâul tientl’ektara dans sa main droite, très près de son oreille,qui lui prodigue ainsi le son « OM » en permanence.C’est à partir de cette base que la voix du chanteurbâul peut voyager.

La musique ouvre le cœur ; elle peut être unmoyen de transcender, de transformer, elle peut éga-lement entraîner un véritable phénomène d’expé-rience interne ici et maintenant. En sanskrit, il y a unvers qui dit : « Sheelpena sangeetha sreshthaha »(« la musique est le plus haut degré de l’art et de l’ex-pression »). Un Bâul dirait : « Je chante et je dansepour impressionner ma bien-aimée, afin qu’ellevienne et réside dans mon cœur. »

Dans toute notre tradition musicale, la plupart desmusiciens étaient des upasakas, c’est-à-dire des per-sonnes qui pratiquent la spiritualité, et plus précisé-ment des naad upasakas, naad signifiant « son ». EnInde, la musique n’est pas qu’un simple divertisse-

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ment. D’ailleurs, les grands maîtres de musiquen’étaient pas considérés comme de simples artistes,parce que l’on pense que la musique offre uneconnexion directe avec le divin.

Comment êtes-vous devenue une chanteusebâule ? Qu’est-ce qui vous a attirée vers cettemusique ?

J’avais seize ans lorsque l’on m’a initiée pour lapremière fois à la tradition spirituelle bâule (param-para). À ce sujet, je mentionne toujours une ren-contre qui a réellement ouvert mon esprit à lamusique bâule, et qui m’a encouragée à aller à sasource en parcourant le chemin spirituel bâul. Je metrouvais en compagnie de mon frère à bord d’un trainvers Shantiniketan, où je me rendais pour m’inscrireen tant qu’étudiante. Quelque part au milieu duvoyage, un chanteur bâul est entré dans notre com-partiment. Il était aveugle et portait une longue kurtaorange, dont la couleur semblait fanée, et un dhotiblanc. Il avait une ektara en étain. Ses longs doigts etses longs ongles ont frappé la corde de l’ektara, et leson produit m’a immédiatement rappelé ce que je sa-vais depuis longtemps, ce son m’a transportée dansune autre réalité. Quand il s’est mis à chanter, tousles gens dans le train et dans le compartiment ont dis-paru de ma vue. Même si je ne pouvais pas com-prendre le sens de cette chanson en bengali, elle m’alaissé la marque de quelque chose de profond, ellem’a amenée sur un chemin inconnu et vers un mondeà découvrir.

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Votre musique véhicule-t-elle un message par-ticulier ? Cherchez-vous à inspirer les personnesqui écoutent votre musique ?

Quand on écoute de la musique bâule, on écouteune musique liée à une tradition spirituelle qui dé-passe toutes les limites. C’est faire l’expérience de laliberté et d’un amour profond. Les maîtres bâuls di-sent souvent qu’ils ont été « blessés » par une chan-son, et cela arrive à beaucoup de gens d’entendre parhasard une chanson bâule et d’en être profondémenttouché et transformé. Exactement de la même ma-nière que j’ai été moi-même transformée par la chan-son bâule que j’avais entendue dans le train pourShantiniketan.

Y a-t-il un moment en particulier parmi tousvos voyages qui vous ait marquée plus qu’unautre ? Un instant ou un lieu ?

Nous voyageons sans arrêt et rencontronsconstamment de nouvelles personnes, et, bien sûr,il y a des instants, des personnes ou des événe-ments qui m’ont émue profondément. Si je repenseaux voyages que j’ai entrepris pour rencontrer desmaîtres et apprendre auprès d’eux, je me rappelleavoir été profondément touchée par mon autregourou, Shri Shashanko Goshai. Je l’ai rencontréquand il avait quatre-vingt-dix-sept ans. Il était trèshésitant à prendre une disciple féminine. Pourm’esquiver, il n’arrêtait pas de changer de lieu,mais finalement je l’ai traqué et l’ai trouvé. Il

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n’était pas heureux de me voir, mais je suis restéeinflexible. Contre son gré, je lui ai chanté un chantque j’avais appris avec Sanatan Bâul. Après cela,il ne pouvait plus franchement me dire de partir,parce qu’il connaissait Sanatan Baba et avaitchanté avec lui. Cependant, pour casser mon es-prit, il a rendu les choses difficiles. Il refusa que jeloge chez lui, je dormis donc dans la cour. C’étaitl’hiver et je n’avais pas de couverture. Le lende-main, je m’achetai donc une couverture, mais aumilieu de la nuit suivante, je l’entendis se plaindre: « Oh ! Mon Dieu, il fait si froid. » Aussi j’entraichez lui et le recouvris de ma couverture. Il ne s’enplaignit pas. Ce genre de situations un peu durescontinuèrent plus ou moins pendant un mois. Unjour, découragée, je décidai d’abandonner. Cemême jour, il décida de me prendre sous sa tutelle.Alors il n’y eut plus aucun désir d’un quelconqueretour en arrière.

Personne ne m’a jamais enseigné avec un telamour. Certains jours, il m’enseignait jusqu’à qua-rante chants. Il m’aida à comprendre la profondeuret la grandeur de cette tradition et m’inspira àprendre le chemin de solitude que nous ont montréles grands maîtres, que ce soit dans le domaine dela musique ou de la vie intérieure. Sa patience et saconfiance m’ont aidée à devenir ce que je suis au-jourd’hui. Il a quitté son corps à l’âge de cent ans.Il a lui-même choisi de quitter son corps. La der-nière fois que je l’ai vu, il m’a dit que ce serait notredernière rencontre. J’étais allée le voir car il

Avec Shashanko Goshai

du but de ce corps. Chanter une chanson bâule pen-dant une heure est une manière de se rechargerd’énergie positive, parce que le corps, l’esprit etl’âme se concentrent uniquement sur les pensées po-sitives et le son. Ensemble, le son et la respiration ai-dent à éveiller l’énergie des chakras. Un chanteurbâul peut clairement constater la transformation deson corps après quelques années de sadhana. CommeRamakrishna Paramahamsa l’a dit, la vérité et la dif-ficulté du yoga ne sont pas faciles à maîtriser parl’homme moderne, puisque son corps et son espritsont rapides et faibles, mais s’il prononce le nom del’Être Aimé avec une pure dévotion, il pourra maîtri-ser le yoga sans effort. Chanter et danser dansl’amour divin nous aide à nous libérer des inhibitionsquotidiennes et dirige nos émotions vers l’Être Aimé.

Les poèmes des gourous bâuls, comme HaureGoshai, Podo, Jadubindu, Lalan Fakir, Panju Shah,sont chantés depuis des siècles. Quand on écouteune chanson bâule, on peut ressentir la présence dela vérité, sans que le poème dise « ceci est la vé-rité ». On doit méditer sur le poème pendant des an-nées, et les couches de sens caché vont apparaître.Cette façon particulière d’utiliser le langage estconnue sous le nom de Sandhya Basha, aussiconnue sous le nom de « langage caché ». Il est es-sentiel pour le chanteur bâul de mémoriser lepoème, et, après quelques années, le poème devientl’esprit et le corps du chanteur.

Tous les mystiques à travers le monde, particuliè-rement ceux qui restent proches du monde et qui in-teragissent de manière égale avec la nature et lesgens, choisissent la musique comme moteur.

En quoi pensez-vous qu’être un chanteur bâulactuellement est différent de l’avoir été il y a centou deux cents ans ?

J’aimerais tellement vivre cent ou même deuxcents ans en arrière, au moins je n’aurais pas l’im-pression d’être surchargée d’informations à proposde tout, même de la spiritualité ! Dans le passé, toutpouvait être partagé, et rien n’était considéré par rap-port à l’économie. Le concept de travail lié au tempsn’existait pas, ni d’ailleurs le concept de succès. LesBâuls voyageaient, ils ne se posaient jamais, mais leschangements socio-politiques et économiques ont en-traîné la création de nombreux ashrams. La philoso-phie bâule s’est éloignée de sa sphère rurale, s’estétendue à travers le monde et s’est adaptée aux condi-tions de vie des milieux urbains.

compagnes-tu pas ? » J’ai donc commencé à chanteravec lui, et ce fut le début des longues leçons qu’ilme prodigue depuis presque vingt ans. C’est un no-nagénaire à présent.

Considérez-vous votre musique comme un vé-ritable spectacle, à l’instar des concerts de mu-sique classique ou de rock, à Londres ou à NewYork ?

À la base, les chansons bâules étaient interprétéesau sein de l’ashram lors du satsang, un rassemble-ment où tout le monde écoute un enseignement parléou chanté, ou qui consiste à se remémorer les ensei-gnement des maîtres bâuls en chantant ou en dansant.J’ai entendu de très belles histoires de la part de mesgourous, Shri Sanatan Das Bâul et Shri ShashankoGoshai, à propos de concerts donnés pas de grandsmaîtres tels que Vrindavan Goshai et Nitai Khepa. Lepublic était divisé selon la manière traditionnelle,c’est-à-dire que les sadhus et les yogis se trouvaientaux premiers rangs, au plus près du chanteur, lesrangs suivants étant occupés par des connaisseurs dela musique bâule. Au dernier rang se trouvaient desimples amateurs, venus là par simple curiosité oupar amour de la musique.

C’est grâce à Tagore que la philosophie bâule estsortie du satsang à l’ashram. Il a présenté la philoso-phie bâule à l’intelligentsia urbaine par le biais de fes-tivals, comme le Poush Mela, qu’il créa àShantiniketan. Peu après, la philosophie bâule a dé-passé les frontières du Bengale et s’est répandue àtravers le monde. Les chansons bâules sont le refletdes expériences spirituelles suprêmes de gourousbâuls, qui créent un lien entre les cœurs grâce à leurschansons d’amour. On va à un concert de musiquebâule pour se connecter à cette expérience. Un chan-teur bâul ne pourra chanter correctement une chansonbâule que s’il est complètement impliqué dans ce qu’ilchante, et s’il se consacre entièrement à la sadhana(cheminement spirituel pratiqué seul) bâule pour lavie.

Que pensez-vous de la relation entre la musiqueet la spiritualité ?

Je pense que les deux sont inséparables. Les yogisindiens ont toujours insisté sur le fait que le chant estune manière de s’abandonner à l’amour divin. En réa-lité, en invoquant la beauté et la pensée de l’être aimé,on invoque l’être aimé à l’intérieur de soi, c’est unemanière de se rappeler de son corps et de se rappeler

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m’avait dit de venir immédiatement. J’ai passé troisjours avec lui à réciter toutes les chansons qu’ilm’avait apprises, pour s’assurer que je les avaisbien retenues et que je les récitais correctement. Letroisième soir, il m’a appelée auprès de lui et il m’adit qu’il allait quitter son corps. Et cette nuit-là il estparti, en me laissant seule avec les chansons ap-prises et que j’allais devoir conserver avec moi jus-qu’à mon dernier souffle… un cadeau et unsouvenir marquant.

Quel est le rôle du gourou dans la vie d’un dis-ciple bâul ?

C’est la personne la plus importante. C’est le gou-rou qui vous initie à ce chemin qui, de toute façon, neserait pas possible sans lui. C’est le gourou qui infusela grâce et l’amour dans le disciple, transformant lefer en or. C’est avec la grâce du gourou que le cœurdu disciple s’ouvre comme une fleur de lotus, et faitl’expérience du pur bonheur. Une fleur de lotuss’ouvre naturellement le matin, mais ce sont lesrayons du soleil qui touchent le cœur de la fleur et lanourrisent. La grâce du gourou connecte votre âmeau Divin.

C’est grâce à la bénédiction du gourou que cer-tains aspirants adhèrent fortement à cette tradition,et empruntent ce chemin jusqu’à la fin, tandis qued’autres le quittent au milieu. Pour avoir la forcede suivre ce chemin, l’élève doit être guidé par ungourou.

Est-ce que les gourous donnent un enseigne-ment musical ?

Non (rires), non, il n’y a pas besoin d’un tel en-seignement. Le chemin se fait à travers un amour etun abandon total. Tant qu’il n’y a pas cet abandon,on n’est pas un vrai bâul. Quand vous commencez àchanter, vous vous abandonnez complètement dansla béatitude du moment, vous devenez un avec lechant. C’est le chemin pour atteindre le Bien-Aimé.Quand vous vous abandonnez au Divin, où est le be-soin d’une mélodie et d’un rythme ?

Un fakir avait l’habitude de chanter à la porte deMirabaï. Il n’avait aucun sens de la musique etchantait faux. Les gens se plaignaient à Mirabaï.« Pourquoi ne lui dites-vous pas d’arrêter ? » Ellesouriait. « Bien qu’il chante faux, son chant est pleind’amour et de dévotion. C’est pourquoi j’aimel’écouter. »

On dit que le mot « bâul » vient du sanskrit etsignifie « possédé » ou « fou ». Pensez-vous qu’unepart de folie est nécessaire pour être un chanteurbâul ?

Une très belle chanson bâule dit :« Fou, fou, tout le monde dit que je suis fou !Mais parfois je demandeSi c’est le monde ou moi-même qui suis fou. »Il y a aussi cette chanson interprétée par les grands

Bâuls du Bengale :« Ô mère ! Fais-moi fou,Je n’ai plus que faire du bon sens ou du savoir.Tous les fous sont rassemblés au paradis : Jésus,Moïse, ou Chaitanya,Ils sont ivres d’amour divin.Mère, quand vais-je les rejoindre ? Eux qui dansentet chantent entourés de folie divine ? »Ou vous pouvez également écouter celle-ci…« Ô mon cœur fou !Je n’ai pas trouvé d’âme véritablement folle,Donc, je ne suis pas devenu fou.Certains sont fous de cet attachement terrestrequ’on appelle amour,Certains sont fous de gloire et de fierté,Certains sont fous de toutes les matérialités,d’autres sont fous de célébrité et de pouvoir.Ils ne savent pas ce qu’ils cherchent, puisqu’ilssont sous l’emprise de leurs désirs fous.Ils ne font pas la différence entre le vrai et le faux.Shiva, lui, était un vrai fou, qui a quitté son palaisd’orPour s’installer dans les lieux de crémation descorps,Toujours ivre d’une conscience suprême,Intoxiqué d’amour divin et de folie… »

Propos recueillis par Martin Harrispour Sufi (sufijournal.org),

traduits de l’anglais par Constance Faure.

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Pour aller plus loin :parvathybaul.sirjan.asia/