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Les biterrois au front Sur l’ensemble du territoire national, la mobilisation est annoncée officiellement le samedi 1er août 1914 et débute le lendemain dimanche 2 août. Les Biterrois sont prévenus par des télégrammes qui arrivent en mairie de Béziers, des affiches ou bien encore par le tocsin, c’est-à-dire la sonnerie des cloches de la ville (églises, hôtel de ville) à coups répétés et prolongés pour donner l’alarme de la mobilisation générale. Cette mobilisation s'effectue en plusieurs étapes. D'une part, l’armée d'active, composée de soldats âgés de 21 à 23 ans donc nés entre 1891 et 1893, ensuite l'armée de réserve avec des soldats âgés de 24 a 33 ans donc nés entre 1881 et 1890, puis l'armée territoriale composée de soldat âgés de 34 à 39 ans donc nés entre 1875 et 1879. Certains s’engagent par choix, ce sont les engagés volontaires ou les devancements d'appel, soit par patriotisme, soit pour pouvoir choisir leur arme. Il est à noter qu'il y a eu très peu de critiques contre la mobilisation et très peu de refus d’obéissance. En quelques heures la ville s'agite, des centaines de jeunes hommes quittent leurs familles, leurs quartiers et laissent ainsi un vide important autour d'eux. Ils affluent à la gare du Midi à Béziers qui devient le principal lieu de départ pour rejoindre leur corps d'armée et ainsi se rendre à la guerre. A partir de 1915, des permissions ont été octroyées et permettent parfois aux soldats de retrouver leurs familles, leurs amis, leurs voisins… Les hommes revenus du front ont permis d'aider aux tâches agricoles et autres travaux, ils se reposent, informent, donnent des nouvelles du front. Toutefois, beaucoup d'entre eux ne reviennent pas, ils sont morts au combat, d'autres reviennent blessés ou malades et pratiquement tout le temps ils reviennent choqués mentalement et psychologiquement. Télégramme officiel de l’ordre de mobilisation générale du Ministre de la guerre à monsieur le maire de Béziers, Archives municipales de Béziers série 4H2 Appel aux volontaires, Archives municipales de Béziers 3D1952

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Les biterrois au frontSur l’ensemble du territoire national, la mobilisation est annoncée officiellement le samedi 1er août 1914 et débute le lendemain dimanche 2 août.

Les Biterrois sont prévenus par des télégrammes qui arrivent en mairie de Béziers, des affiches ou bien encore par le tocsin, c’est-à-dire la sonnerie des cloches de la ville (églises, hôtel de ville) à coups répétés et prolongés pour donner l’alarme de la mobilisation générale.

Cette mobilisation s'effectue en plusieurs étapes. D'une part, l’armée d'active, composée de soldats âgés de 21 à 23 ans donc nés entre 1891 et 1893, ensuite l'armée de réserve avec des soldats âgés de 24 a 33 ans donc nés entre 1881 et 1890, puis l'armée territoriale composée de soldat âgés de 34 à 39 ans donc nés entre 1875 et 1879. Certains s’engagent par choix, ce sont les engagés volontaires ou les devancements d'appel, soit par patriotisme, soit pour pouvoir choisir leur arme. Il est à noter qu'il y a eu très peu de critiques contre la mobilisation et très peu de refus d’obéissance.

En quelques heures la ville s'agite, des centaines de jeunes hommes quittent leurs familles, leurs quartiers et laissent ainsi un vide important autour d'eux. Ils affluent à la gare du Midi à Béziers qui devient le principal lieu de départ pour rejoindre leur corps d'armée et ainsi se rendre à la guerre.

A partir de 1915, des permissions ont été octroyées et permettent parfois aux soldats de retrouver leurs familles, leurs amis, leurs voisins… Les hommes revenus du front ont permis d'aider aux tâches agricoles et autres travaux, ils se reposent, informent, donnent des nouvelles du front. Toutefois, beaucoup d'entre eux ne reviennent pas, ils sont morts au combat, d'autres reviennent blessés ou malades et pratiquement tout le temps ils reviennent choqués mentalement et psychologiquement.

Télégramme officiel de l’ordre de mobilisation générale du Ministre de la guerre à monsieur le maire de Béziers, Archives municipales de Béziers série 4H2

Appel aux volontaires, Archives municipales de Béziers 3D1952

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La vie quotidienne à l’arrière

A l’arrière, malgré les dysfonctionnements, la vie continue, la vie doit continuer. Tout le monde a un père, un frère, un fils, un oncle, un ami parti sous les drapeaux et il faut faire face à leur absence, dans les familles, les exploitations viticoles, les entreprises.

Les familles (femmes mais aussi parfois enfants) doivent assumer les rôles et tâches des hommes partis à la guerre que ce soit pour les travaux manuels, l’agriculture, l’industrie, les commerces, les corvées quotidiennes, l’école, les transports, les hôpitaux... Dès août 1914, le Président du Conseil invite les femmes à terminer les moissons à la place des hommes mobilisés : « Remplacez sur le champ du travail ceux qui sont sur les champs de bataille ».

Avec la guerre, les femmes prennent la place des hommes en tant que chef de famille et perçoivent une allocation octroyée par l’Etat pour combler l’absence de revenu du conjoint. En plus de la séparation et du deuil des hommes morts à la guerre, elles doivent progressivement affronter les réquisitions1, les difficultés de ravitaillement2, et les pénuries3 notamment à partir de 1916 ce qui entraîna le rationnement4 des denrées et l’inflation.La hausse du coût de la vie devient ainsi de plus en plus préoccupante, ainsi entre septembre 1917 et juin 1918 le prix du kilo de pommes de terre passa de 0.38 franc à 0.90 franc.

Réquisition des vins de la récolte 1916, Archives municipales de Béziers, 4H3

La mobilisation entraîne des difficultés de ravitaillementA la suite de la mobilisation générale de l'Armée toutes les voies de communication sont affectées au service des transports des troupes, de sorte que les marchandises ou objet de consommations n'arrivent plus dans notre Ville.Dans ces conditions, il y a lieu de redouter, pour un délai très restreint – peut-être 4 ou 5 jours – que la Ville vienne à manquer de vivres et notam-ment de farine.Il est donc indispensable de prendre toutes les mesures utiles pour parer à cette pénible éventualité. Déjà la Commission extra-Municipale de ravitaillement que nous avons désignée par notre arrêté du 4 août courant s’est préoccupée de cette situation et elle a décidé qu’il convenait de se rendre à Marseille ou ailleurs pour se procurer de la farine et la faire transporter à Béziers.Mais pour cela, il s’agit de voter les crédits nécessaires pour opérer le paiement comptant de la marchandise achetée. D’autre part, M. Sévérac représentant en farines, honorablement connu sur la Place de Béziers, offre d’être l’intermédiaire de la Ville pour faire ces achats.Nous vous proposons de lui confier cette mission en compagnie de M. le Préposé en Chef des Régies municipales.Une avance de fonds lui serait remise par la Recette Municipale qui les récupérerait aussitôt que la marchandise serait vendue.En conséquence, nous vous proposons de voter un crédit de 25 000 francs qui sera inscrit en recette et en dépense aux autorisations spéciales de 1914.Cette somme sera allouée au nom de M. Sévérac négociant à Béziers qui donnera toutes les justifications utiles et la remboursera à la Recette Municipale.Le Conseil approuve.

Ravitaillement de la ville, Délibération du conseil municipal, séance extraordinaire du 04 août 1914, Archives municipales de Béziers, ID103

1réquisition : le fait de prendre aux citoyens les matières nécessaires pour le front.

2ravitaillement : Mise à la disposition des troupes des ressources matérielles qui leur sont nécessaires.

3pénuries : Le manque de produits et de matières premières dans les familles.

4rationnement : L’Etat limite la quantité de produits (lait, essence, charbon…).

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La vie quotidienne à l’arrière

La rigueur du travail, les restrictions alimentaires, la hausse constante des prix et un conflit qui s’éternise provoquent des grèves en 1917 comme par exemple celle des couturières de Béziers qui réclamaient une indemnité de vie chère de 1 franc par jour, indemnité obtenue après à peine trois jours de conflit. Malgré la guerre, les distractions - aller au théâtre, assister à des concerts en plein air dans les jardins ou les kiosques à musique ou dans des salles de spectacle, à des projections de film, assister à des rencontres sportives (rugby, foot, boxe), sortir au café malgré le contrôle des débits de boissons, se promener sur les allées, dans le Jardin des Poètes - se poursuivent et sont souvent l’occasion de montrer sa solidarité avec le front (recettes reversées à des œuvres). La population se retrouve aussi lors de fêtes ponctuelles comme par exemple le 14 juillet.

Accords entre patrons couturiers et ouvrières couturières, Béziers, 14 juin 1917, extrait de Béziers et la Grande Guerre, Service éducatif

des Archives municipales

Carte individuelle d’alimentation, Collection du Musée du Biterrois - Béziers

Carte de rationnement, Collection du Musée du Biterrois - Béziers

Face à ces difficultés, les autorités décident de réagir et mettent en place le rationnement

face à l’amoindrissement des ressources et pour garantir une certaine équité. Il faut dire que l’enjeu est de taille, il faut garder le soutien de l’Arrière pour que le Front puisse tenir. Les autorités (État, départements, communes) se substituent alors au système de distribution libéral afin de garantir l’équilibre entre les besoins des troupes et ceux des civils, fixent les prix et encouragent à la mise en culture. Par ailleurs, dans les champs, les usines, les femmes sont parfois secondées par de la main d’œuvre scolaire, des soldats mobilisés pour l’occasion, des convalescents mais aussi des réfugiés (Alsaciens, Lorrains, Belges), des prisonniers de guerre (Allemands ou Turcs le plus souvent) et des étrangers, Espagnols mais aussi hommes des colonies dont beaucoup ne retourneront pas chez eux après l’armistice.

Carte de rationnement en pain, Collection Musée du Bitterois

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Béziers pendant la guerreHôpitaux temporaires

En 1914, au moment du déclenchement du conflit, nul ne peut imaginer l’ampleur de la guerre qui démarre et l’impact que ce conflit va avoir sur des soldats qui pour beaucoup seront blessés à plusieurs reprises. De toute évidence, le service de Santé des armées n’était pas adapté à ce conflit d’un genre nouveau (nombre de soldats mobilisés et donc de blessés ou mutilés potentiels, nouvelles armes et donc nouvelles blessures...) et a dû vite s’adapter.

Dès le début de la guerre, la mairie de Béziers réquisitionne ou loue des bâtiments publics (écoles,...), des immeubles ou encore des magasins, pour les transformer en hôpitaux afin de recevoir les blessés évacuables ou bien d’offrir des lieux de convalescence. C’est le cas par exemple des immeubles Blaquière, Hüe, Gensou Jules ou même le collège des jeunes filles ainsi que le collège de garçons qui a eu besoin de travaux d’appropriation comme un agrandissement ou un aménagement des salles pour accueillir le matériel hospitalier. Ce sont en tout plus d’une dizaine d’hôpitaux à Béziers.

En septembre 1914, en raison du grand nombre de blessés arrivant à Béziers le Maire fait un appel à ses concitoyens pour loger chez eux les militaires légèrement blessés. Afin de faire face à cet afflux de blessés, il y a besoin de plus en plus de personnel de santé et de nombreuses femmes notamment vont se porter volontaires pour soigner ces blessés y compris de l’étranger.

Pour la poursuite des études des collégiens, les classes sont transférées à l’Hôtel de ville, la bibliothèque municipale, le Palais de Justice ou bien encore à la sous-préfecture. Les locaux publics ne sont pas suffisants, il est nécessaire de rechercher des locaux privés. Les écoles manquent de professeurs, des femmes profitent alors de l'absence des hommes pour devenir enseignantes alors qu’elles n’avaient pas jusqu’ici droit d’accès aux établissements de garçons. Mais la guerre n’est jamais loin pour les élèves, on fait appel à eux régulièrement pour participer aux œuvres de guerre et la culture patriotique est omniprésente.

Groupe d’infirmières australiennes volontaires surnommées les Bluebirds dans un hôpital temporaire de Béziers, Australian War Memorial

Les écoles visitent l’exposition de la Section photographique de l’Armée (SPCA). Le Front français, juin 1917 - 1917.06 ©Ministère de la Culture (France) - Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine -

Diffusion RMN

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Béziers pendant la guerreUne solidarité sans borne

Les Biterrois, tout comme bon nombre de Français, vont manifester leur solidarité, leur générosité et leur soutien aux victimes de la guerre (prisonniers, réfugiés, blessés et mutilés, veuves et orphelins). Ainsi, des Biterrois ouvrent leur bourse pour secourir les poilus et versent leur or notamment lors du grand emprunt pour la Défense nationale lancé chaque année à partir de 1915.

Cette solidarité s’exprime aussi au travers d’actions collectives de solidarité le plus souvent encouragées par l’Etat et mises en œuvre par les communes avec l’organisation de journées caritatives comme par exemple celles de l'orphelinat des armées, de l’Hérault ou encore de l'armée d'Afrique. La journée de l’Hérault, le 15 octobre 1916, a ainsi permis de collecter plus de 10 000 francs.

Ces actions permettent aussi de collecter des vêtements chauds ou des jeux divertissants pour les soldats, des colis pour les prisonniers.La solidarité s’exprime également au travers des œuvres de guerre comme par exemple à Béziers le Comité de l’œuvre des Vêtements chauds pour les Soldats aux Armées, le Comité de charité, le Comité de secours aux soldats blessés ou bien encore celui des Réfugiés. L’œuvre des vêtements chauds consiste par exemple à rassembler des vêtements, des tricots, couvertures pour ensuite les envoyer à différents régiments.

A Béziers, l’exposition des trophées de guerre - principalement des matériels pris aux Allemands ou des œuvres faites par des blessés des hôpitaux temporaires - organisée place de la Citadelle au printemps 1916 permet aussi de récolter des fonds pour les blessés de guerre.

Cette solidarité rapprochait ainsi l’arrière et le front.

Réfugiés et prisonniers

Pendant la guerre, la ville de Béziers accueille de nombreux réfugiés et prisonniers. Les civils n'ayant pas été épargnés pendant le conflit, surtout dans les régions du front, beaucoup doivent fuir les combats et trouver refuge à l’arrière. C’est ainsi que Béziers va accueillir de nombreux réfugiés de la ville de Noyon en Picardie et parrainera cette ville pour sa reconstruction après 1918. Un hymne à la ville de Noyon a même été composé par le comité de l’arrondissement de Béziers pour l’assistance aux villes martyres. Ce lien est encore inscrit dans l’histoire de cette ville puisque qu’une place, sur laquelle a été érigé le monument aux morts de Noyon, porte le nom de Béziers.

Outre des réfugiés, la ville a aussi accueilli des prisonniers, principalement turcs et allemands, ainsi que des Alsaciens et Lorrains. L’Alsace et la Moselle étant devenues allemandes, les autorités françaises se sont donc interrogées dès 1914 sur le sort de ces populations et ont décidé de rafler plusieurs milliers d’entre eux. Certains, suspectés de fidélité à l’Empire allemand, vont être enfermés notamment à Béziers dans les soubassements des anciennes arènes avant d’être déplacés à Plaisance.

Affiche Emprunt de la Défense Nationale 1915, Archives municipales de Béziers, 3D1994

Hymne à la ville de Noyon par le comité de l’arrondissement de Béziers pour l’assistance aux villes martyres, Collection du Musée du Biterrois - Béziers

Affiche pour la journée de l’Hérault 15 octobre 1916 au profit exclusif des oeuvres de guerre du département

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La Fin de la Guerre

En avril 1917, l’entrée en guerre des États-Unis marque un tournant important pour les pays de la Triple Entente. A Béziers à l’initiative du conseil municipal, un hommage à l’allié américain, a lieu le 04 juillet 1918, jour anniversaire de leur indépendance.

Dès l’annonce de l’armistice le 11 novembre 1918, les populations célèbrent la victoire le plus souvent dans le « calme et le recueillement » en mémoire des victimes du conflit.

Un concert est organisé le 12 novembre à Béziers sur la place de la Citadelle. Quelques jours plus tard, le maire de Béziers, dans un discours prononcé lors de la séance du conseil municipal du 29 novembre 1918, félicite les autorités et les biterrois pour l’issue de ce conflit même si les problèmes persistent (ravitaillement, transports désorganisés...) et que la victoire ne peut être pleinement satisfaisante compte tenu du nombre important de soldats morts (1272 biterrois ne sont pas revenus soit 2.5% de la population dont 106 n’ont jamais été retrouvés), de blessés, mutilés, invalides, veuves, orphelins...

Béziers se réjouit : la guerre est finieDepuis notre dernière séance publique se sont produits les événements glorieux que vous connaissez et qui ont rempli de joie d’espérance, de fierté et de juste orgueil nos cœurs de français.Après quatre années d’anxiété, angoisse et de réelles souffrances, nous avons connu les inoubliables journées d’apothéose.Il y a quelque mois seulement personne n’aurait osé escompter un résultat aussi rapide aussi décisif, bien que jamais on n’eut désespéré de la Patrie. L’ennemi dans un suprême effort était parvenu aux portes de la Capitale […]. L’heure était tragique. Soudain, […] nos admirables soldats conduits par des Chefs incomparables, se jetèrent sur l’ennemi présomptueux et, volant de victoire en victoire le chassèrent de notre territoire, l’obligeant à capituler et à accepter nos conditions. Le 11 novembre l’armistice était signé. L’affreuse tuerie prenait fin.

C’est le cœur débordant de joie que j’ai annoncé officiellement a notre vaillante population cette heureuse nouvelle et c’est le cœur profondément ému que nous avons tous assisté ensuite au spectacle grandiose impressionnant d’une foule immense telle que Béziers n’en avait jamais vu palpitante de bonheur les yeux remplis d’allégresse, mais gardant toutefois un calme et un recueillement qui rehaussaient la magnificence d’une telle minute.[...]

Béziers qui durant cette longue guerre a fait largement son devoir ; Béziers qu’aucune œuvre de guerre ne trouvera jamais insensible et qui justifiant son antique renom de cité douce et hospitalière a accueilli avec tant d’empressent et de cordialité nos malheureux refugiés et soigné, honoré, gâté nos blessés héroïques ; Béziers que sa générosité a placé au premier rang dans les emprunts de la Défense Nationale ;

Béziers, qui pleure un millier de ses enfants ; Béziers, se montra dans le triomphe digne de son passé digne de la France immortelle.[…]

Vous avez adressé vos félicitations et votre témoignage d’admiration reconnaissante à eux qui, tout particulièrement, ont bien mérité de la Patrie : […] aux Maréchaux Foch et Joffre, nos gloires militaires ; aux armées de la République ; à nos soldats dont l’extraordinaire valeur a fait l’admiration du monde ; à nos morts ; à nos Alliés.

Permettez-moi, Messieurs, de rendre aussi justice à l’attitude de l’arrière.[...] Que serait-il advenu si le découragement, la lassitude, le désarroi et l’anarchie s’étaient emparés des Civils ? Eh bien ! en France ils ont tenu. Ils ont tenu au moment des revers douloureux ; ils ont tenu malgré les deuils innombrables ; ils ont tenu malgré des restrictions pénibles ; ils ont tenu parce qu’ils ont gardé jusqu’au bout la foi en la justice de leur cause. Et c’est grâce à ce moral splendide qu’on a pu attendre patiemment l’heure des revanches et le triomphe de nos armes.Messieurs, il faut tenir encore.Contrairement à ce que beaucoup pensent l’ère des difficultés n’est pas encore close. Pendant quelques temps encore nous subirons le contrecoup de l’affreux cataclysme. Le ravitaillement s’améliorera mais pas instantanément comme sous un coup de baguette magique. La crise des transports, en grande partie cause du mal, n’est pas tout à fait conjurée. Il faut rapatrier nos prisonniers, nos réfugiés ; démobiliser ; attendre les wagons allemands...

Discours patriotique, extrait des délibérations du conseil municipal, séance du 29 novembre 1918, Archives municipales de Béziers, ID105

Béziers rend hommage à l’allié américain, Archives municipales de Béziers 3D2027

Affiche de la célébration de la Victoire, 14 novembre 1918, Archives municipales de Béziers 3D2038

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Le 14 juillet 1919, à Béziers comme partout en France suite à la décision de Clémenceau, est à la fois la fête nationale et le jour de la commémoration de la victoire.

Pour les familles, le travail de deuil est souvent difficile et ce depuis que les autorités ont interdit dès le 19 novembre 1914 l’exhumation et le transfert des corps des militaires morts au front. Dès la fin du conflit, de nombreuses familles recherchent activement les corps et les lieux où ils sont enterrés afin de pouvoir se recueillir et vont demander le rapatriement des dépouilles. Ce n’est qu’en septembre 1920 que l’autorisation est donnée aux familles de faire rapatrier les dépouilles mortelles. A Béziers, les 11 premiers corps restitués ont été célébrés sous l’impulsion de la municipalité le 31 mars 1921. Des milliers de personnes ont assisté à l’événement et accompagné les 11 corps de la gare du Midi au carré militaire du nouveau cimetière.

Malgré l’attachement de nombreuses familles biterroises au cimetière vieux, un carré militaire, comprenant notamment un carré musulman, a été aménagé au cimetière neuf suite à la délibération du Conseil Municipal du 15 décembre 1920 afin d’accueillir les corps des soldats «Morts pour la France».

Le retour des hommes de la guerre suscite souvent de l'incompréhension notamment pour les femmes qui s'interrogent sur leur place dans la société et ce d'autant plus que dès la signature de l’Armistice, le ministre de l’Armement, Louis Loucheur, exhorte les ouvrières à laisser leur emploi aux soldats de retour du front et à reprendre leur place à la maison. Contrairement à certains voisins européens, la France n’en profite pas pour accorder le droit de vote aux femmes au sortir de la guerre.

Le traité de paix, signé le 28 juin 1919 à Versailles, marque officiellement la fin du conflit.

14 juillet 1919, « Les Allées Paul Riquet fêtent la victoire » d’après M. Viala, Béziers, Mémoire en images, Tome 2

Carte d’invitation distribuée aux familles, Archives municipales de Béziers, 4H2

Tombes musulmanes du carré militaire du cimetière neuf de Béziers en hommage aux morts du premier conflit mondial

Tombes chrétiennes du carré militaire du cimetière neuf de Béziers en hommage aux morts du premier conflit mondial

La Fin de la Guerre

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Béziers, capitale du vinBéziers est une ville riche et en plein développement tout au long du XIXème siècle.

Pourquoi désigne-t-on Béziers « capitale du vin » ?

La principale activité économique de la ville est la viticulture, ainsi que les activités qui y sont liées (outils, engrais...).Des aménagements vont permettre de vendre le vin produit partout en France et à l’étranger : le Canal du Midi, avec le port Neuf (1858), qui permet l’accès au port de Sète ou bien encore la construction du chemin de fer, avec la gare du Midi (1857).

Ce dynamisme s’accompagne d’une augmentation de la population et du développement de la ville vers l’est. La population a ainsi triplé, voire quadruplé en cent ans (14566 habitants en 1801 et 52910 en 1901).

Des aménagements transforment et agrémentent la ville : les allées Paul Riquet (tout au long du XIXème siècle), le Plateau des poètes (1867), les arènes (1906), les Halles (1890), le percement des rues Nationale et de la République (fin XIXème siècle)… mais aussi le chemin de fer qui permet de transporter le vin et qui pendant la guerre permettra de mener les soldats et le vin sur les lieux de combat, de ravitailler Béziers via les lignes Bordeaux-Cette ou Béziers-Neussargues.

Plan de Béziers 1868, Services techniques municipaux

Plan de Béziers 1928, Services techniques municipaux

Quai de remplissage wagons-foudres, Michel Viala, Béziers, Mémoire en Images, Tome 1

Le wagon-foudre est un wagon constitué d’un foudre, tonneau de grande capacité, permettant le transport du vin. Il est en bois au début du XXème siècle, et a une contenance d’environ 180 hl. Le wagon-foudre facilite le chargement et le déchargement du vin. Les tonneaux sont transportés jusqu’au convoi, mais il n’est plus nécessaire de les charger sur les wagons, des pompes transvasent le vin directement dans le wagon-foudre.

Béziers, la gare de marchandises, Michel Viala, Béziers, Mémoire en Images, Tome 1

Béziers, Port Neuf, Michel Viala, Béziers, Mémoire en Images, Tome 1

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Le vin pendant la guerreLes vendanges de 1914

En raison de la mobilisation pour la guerre, il y a moins d’ouvriers agricoles et il faut faire un appel à la veille des vendanges.Le maire de Béziers fait afficher cet avis pour informer les propriétaires qu’ils peuvent aller à la mairie faire connaître leurs besoins en main d’œuvre pour les vendanges, les hommes étant réquisitionnés depuis le 2 août.

Le vin pour les soldatsLe vin, que les Poilus appellent « Pinard », a une place importante dans la vie au front. Depuis le XIXème siècle, l’armée est un des clients les plus importants du vin languedocien. Dès 1914 les soldats ont une ration normale journalière de 1/4 de litre. En 1916 elle passe à 1/2 litre. Cela représente près d’un million de litres par jour à acheminer vers le front.

L’approvisionnement en vin des armées : les réquisitions et les donsEn 1915 on assiste à la mise en place du système des réquisitions. Les réquisitions concernent le 1/4 de la récolte en 1915, puis le 1/3 en 1917. Seuls les propriétaires ayant une récolte de plus de 10hl sont concernés. Le prix du vin est fixé par des commissions départementales.

Lettre du préfet de l’Hérault du 17 novembre 1914 :« Les enfants du Midi, en dépit de certaines légendes désormais abolies, attestent chaque jour l’héroïsme et la vigueur de votre race, trop de morts glorieuses dont vous êtes fiers, en fournissent le témoignage incessamment renouvelé. Le vin a retrouvé son antique renommée. Demain, si vous voulez, il ira vers le front soutenir l’ardeur de nos soldats, ceux du Nord, d’Angleterre et de Belgique apprendront à le connaître, ceux du Midi seront joyeux de le reconnaître. Le triomphe du vin accompagnera la victoire de la France. »

Avis important pour les vendanges, Archives Municipales de Béziers, 3D1958

Les dons furent destinés aux troupes du XVIe corps d’armée dans lequel sont engagés les soldats biterrois. La quantité des dons fut très diverse, allant de 20 litres à 130 hectolitres.Les dons du vin du midi et notamment celui du biterrois eut de l’importance pour les soldats et les propriétaires.

Le vin rapporte-t-il toujours autant ?Le vin continue à rapporter autant car le prix de base était de 12 à 15 Francs par hl en 1914 - 1915. En 1916, il passera à 40 francs et en 1917 à plus de 100 francs. Cette augmentation est due à la demande militaire mais aussi à la demande civile. Le commerce du vin est donc rentable pendant la guerre. Des commerçants de vin en gros vont ainsi réaliser durant la guerre des acquisitions immobilières qui impressionnent, comme par exemple Marquié, par ailleurs élu municipal, qui achète un immeuble et, avec un partenaire, le cinéma l’Excelsior.

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L’information

Carte de correspondance fournie par l’armée Collection Musée du Biterrois

Carte postale Quand les baisers refleuriront Collection Musée du Biterrois

Carte postale Quand les baisers refleurirontCollection Musée du Biterrois

Affiche concernant les nouvelles alarmantes diffusées dans la ville, 6 septembre 1914, AMB, 3D1964

L’information parvient à l’Arrière par les lettres de soldats, les journaux, grâce aux permissionnaires et aux blessés. Elle peut être orale mais la plupart du temps elle est écrite.L’information est un enjeu crucial pour gagner la guerre. L’autorité militaire a le contrôle de l’information dès août 1914. Ce contrôle combine censure et propagande, et concerne l’ensemble des moyens de diffusion de l’information, à l’arrière comme au front.

La communication oraleLes premiers mois de la guerre, la population n’a pas accès à l’information et les rumeurs les plus folles circulent. L’information fut dans un premier temps orale, chacun essayant de transmettre les informations qu’il avait à sa disposition. Le problème de cette communication est le risque fréquent d’avoir des informations erronées ou des rumeurs. C’est pourquoi, à Béziers, dès le mois de septembre 1914, le général commandant d’armes fait un appel à toute la population pour signaler ou arrêter elle-même les colporteurs et propagateurs de fausses nouvelles. Dans son avertissement, le Général commandant d’armes dit qu’il est du devoir de chacun de prêter la main à l’autorité militaire dans les circonstances actuelles. Ce type d’ordre était aussi un moyen pour les autorités de contrôler l’opinion publique.

Les lettres de soldatsLes soldats envoient des lettres ou des cartes postales pour informer et réconforter leurs familles, leurs proches et leurs fiancées. Dans leurs lettres, les soldats racontent leurs conditions de vie et décrivent les batailles. Cependant le Ministère de l’intérieur s’y oppose et met en place, en janvier 1915, 3 commissions de contrôle postal (elles seront 9 de fin 1916 à décembre 1917). Elles ont pour but la surveillance de la correspondance des soldats, n’hésitant pas à censurer les lettres pouvant démoraliser l’arrière.L’armée fournit des cartes postales que les soldats peuvent utiliser. Ces cartes présentent une vision enjolivée du quotidien des soldats.

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Les journaux

A Béziers, il y a 3 journaux que les habitants lisent couramment (dont un en occitan, Lou Gal), ces journaux sont destinés à informer les habitants de la situation au front. Des bureaux de censure sont créés et l’on dénombre 5 000 censeurs pendant la durée de la guerre, qui contrôlent les journaux diffusés sur le front mais aussi à l’arrière. Le moral des troupes et de la population constitue un objectif important de la censure car les autorités militaires craignent la diffusion de certaines idées sur le front et à l’arrière. Ainsi, lors de la bataille de Verdun, l’Etat contrôle la presse pour ne pas décourager l’arrière, certaines informations ne sont pas données au sujet de la situation pour ne pas démoraliser la population et éviter la panique générale. Il arrive même souvent que des informations mensongères soient diffusées.

Extrait de L’Eclair, 23 février 1916« Dans la région de Verdun, les Allemands ont attaqué, hier, en fin de journée nos positions. Ils ont pris pied dans quelques tranchées avancées.Nos contre-attaques les ont rejetées de ces dernières. Nous avons fait une cinquantaine de prisonniers. »

Cet extrait prouve la diffusion d’informations relativisées afin de ne pas décourager l’Arrière puisque dans les faits, depuis le 21 février à 7h00, la zone de Verdun subit d’intenses bombardements allemands. Le journal insiste lui sur les contre-attaques, et les suggèrent victorieuses avec des soldats allemands faits prisonniers. Dès son commencement, la bataille de Verdun revêt une dimension symbolique qui n’échappe à personne. L’ampleur de l’offensive allemande, lancée le 21 février 1916, n’est révélée dans la presse que le 24 février. Et encore, sa portée doit en être atténuée.

La propagandeLa manipulation de l’information est une arme dont le gouvernement use et abuse, au point que, très vite, on parle de « bourrage de crâne ».Caricatures, représentations des ruines des bâtiments emblématiques détruits par les troupes allemandes alimentent cette construction de l’image d’un ennemi cruel et sauvage. Ce discours donne une justification à la guerre, la présentant comme une lutte pour la civilisation, une guerre de défense du territoire national qui doit permettre de recouvrer l’Alsace et la Lorraine.

Les affichesPendant la guerre, les affiches sont aussi un moyen de communication important pour les autorités militaires et civiles. A Béziers les dépêches officielles sont affichées à la mairie, au théâtre, à l’hôpital et au Faubourg du pont. C’est l’occasion pour les Biterrois de se regrouper, d’en parler et d’en débattre. C’est donc pour ça que les autorités militaires veulent contrôler cette communication afin de choisir quelles informations sont divulguées, ce sont souvent des informations positives ou relativisées.

L’information

Lou Gal. - Annada 03, n°37 (janvier 1917),” Occitanica - Mediatèca Enciclopedica Occitana

Affiche ville de Béziers, appel et remerciementsà la population suite à l’ordre de mobilisation

générale, 3 août 1914.Archives municipales de Béziers 3D1947

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Place de la Victoire, centre-ville de Béziers

Les Mémoires de la GuerreLa guerre est finie, la guerre est gagnée, la France et ses alliés en sont sortis vainqueurs mais ces 4 années meurtrières ont marqué à jamais les citoyens et la nation. Après la joie de la victoire, le soulagement de la fin des combats, le besoin se fait sentir, au sein de chaque famille, de chaque municipalité et jusqu’à la tête de l’Etat de rendre hommage aux poilus morts sur le front, morts pour la patrie, de glorifier le sacrifice des soldats et des civils pour la France. Mais comment rendre cet hommage, comment transmettre aux générations futures le sens de ce sacrifice ?

Après le conflit, les monuments aux morts mais aussi des plaques de toute nature vont venir témoigner de la reconnaissance des citoyens envers les disparus. La République entend aussi affirmer face à l’Eglise ses valeurs en honorant ses enfants perdus.

A Béziers, lors de ce même Conseil Municipal du 29 novembre 1918, le conseiller municipal Marquié proposa d’ériger un monument commémoratif de la victoire et des morts de la grande guerre.L’idée fut longuement débattue, finalement acceptée, le monument sera construit mais reste à le financer, le concevoir, le réaliser et décider de son emplacement dans la ville.Le 17 mars 1920 le Conseil Municipal propose de recourir à une souscription publique dans l’idée d’associer tous les habitants à cet hommage patriotique. La somme totale recueillie entre les souscriptions, la contribution de la ville et la subvention de l’Etat atteindra 250 000 francs de l’époque.

Deux questions importantes restent à régler : qui pour concevoir et réaliser ce monument et quel est le meilleur endroit à Béziers pour un tel monument ?C’est finalement Jean-Antoine Injalbert, membre de l’Institut et surtout biterrois, qui est choisi pour la partie statuaire du monument, Victor Laloux et Antoine Cassagne pour la conception architecturale.Après de nombreux débats, le conseil municipal décide de l’édifier, à la sortie de la gare, dès la grille du plateau des Poètes franchie. Le monument sera inauguré le 11 novembre 1925 en présence du maréchal Joffre.Un second monument aux morts, une stèle dans le cimetière neuf de Béziers, sera érigé quelques années plus tard. L’inauguration aura lieu le 1er novembre 1937. Des plaques commémoratives citant le nom de tous les morts biterrois pour la France seront aussi apposées dans divers lieux de la ville, dans la cour de l’hôtel de ville, dans la cathédrale Saint Nazaire, devant l’Eglise Saint Jude dans le quartier du Faubourg.

A Béziers, dès le mois de novembre 1918, le maire et le conseil municipal souhaitent rebaptiser certaines rues en leur donnant des noms évoquant les hauts lieux de la guerre, des noms de batailles,d’officiers.Lors de ce conseil municipal du 29 novembre 1918, il est donc décidé que certaines rues seraient rebaptisées.

Monument aux morts de Béziers, Plateau des poètes

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Les Mémoires de la Guerre

Le livre d’or est un livre où sont inscrits des noms héroïques ou des faits mémorables. Le Conseil municipal entreprend la rédaction de ce livre comme un hommage de la ville de Béziers à ses enfants morts pour la patrie. Les noms, prénoms, dates et lieux de naissance de tous les Biterrois morts pour la patrie y sont inscrits

Couverture Livre d’or de la Ville de Béziers, AMB

La rampe des poilus, 14 juillet 1919, d’après M.Viala

Ceci est le versant institutionnel de la reconnaissance et de l’aide aux anciens combattants. De nombreuses associations et amicales vont aussi se créer, regroupant les combattants par arme, régiment… L’amicale des mutilés de Béziers voit ainsi le jour en 1918. Ces associations répondent à un besoin de défense de leurs intérêts (voyages, congrès, organisation des cérémonies collectives...) et permettront de conserver des liens indispensables pour tenter de se reconstruire car le retour à la vie civile est difficile pour beaucoup. Elles portent des revendications liées aux difficultés de logement, à l’absence d’emplois et luttent pour le pouvoir d’achat des anciens soldats. La carte de combattant permet de bénéficier de toutes sortes de facilités (retraite, soins, logement, colonies de vacances,...) et l’adhésion permet aussi une grande sociabilité.

Cérémonie de remise du drapeau, 12 mai 1918, Collection du Musée du Biterrois

La situation est beaucoup plus complexe pour les prisonniers de guerre et la reconnaissance de leur engagement sera bien moindre sans compter le soupçon qui plane sur eux de s’être rendus à l’ennemi voire d’être des traîtres.Ces associations joueront un rôle important pour les anciens combattants, socialement en mettant en avant la solidarité, mais aussi pour la mémoire et le souvenir. C’est grâce à l’insistance des associations par exemple que sera instauré un jour du souvenir, le 11 novembre, ou que des monuments en mémoire des morts de la guerre seront érigés, comme à Béziers, au cimetière neuf.

Le 11 novembre devint un jour férié en France en 1922 (jour de Souvenir pour fête de la victoire et de la paix depuis la loi du 24 octobre 1922). Une cérémonie fut dès lors organisée dans chaque commune, le 11 novembre devenant ainsi le jour où la Nation entière rend hommage au sacrifice des Poilus et promet qu’il ne sera pas inutile.

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Rue des Anciens Combattants, centre-ville de Béziers

Les Mémoires de la Guerre

Un homme incarne cet engagement pour la patrie et pour la reconnaissance des anciens combattants, André Maginot. Sous-secrétaire d’Etat à la guerre depuis 1913, il s’engage dès le début du conflit mais est blessé grièvement en novembre 1914. Longtemps hospitalisé il quitte l’armée et poursuit sa carrière politique, en 1918 il participe à la création de l’office national des mutilés, l’année suivante il est l’instigateur de la loi reconnaissant le droit à réparation de toutes les catégories d’anciens combattants et victimes de guerre , puis il crée et administre le ministère des pensions. Parallèlement à ce parcours il était devenu en 1918 président de la "Fédération nationale des anciens militaires blessés, gratifiés de réformés n° 1 " qui deviendra en 1961, 29 ans après sa mort, Fédération nationale André Maginot.Le 11 novembre 1923, alors qu’il était ministre des pensions, c’est lui qui alluma la flamme éternelle du souvenir sur la dalle sacrée du soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe.

En mai 1937, le Comité d’entente des associations d’anciens combattants et victimes de guerre des arrondissements de Béziers-Saint-Pons, alloue à Paul Dardé 6 000 francs, représentant la moitié du prix forfaitaire consenti « pour l’édification d’une stèle au cimetière neuf, suivant plan et dessin acceptés. »

André Maginot en 1924

Carré musulman - cimetière neuf.

Stèle Paul Dardé - cimetière neuf.

Carré chrétien - cimetière neuf.

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Remerciements

«Béziers, une ville de l’arrière durant la Première Guerre mondiale.»

Ce projet, labellisé par la Mission Centenaire 14-18, part de l’envie de « faire de l’histoire », de la recherche historique avec des élèves et notamment de l’histoire sociale qui montre les conséquences de l’ordre de mobilisation sur la vie des poilus, la vie à l’arrière dans une ville éloignée du front (rationnements, réquisi-tions, contrôle de l’information, impact sur l’économie locale) et les traces que cette Grande Guerre a laissée dans la ville de Béziers.

Au-delà des objectifs propres à la commémoration du centenaire de la Grande Guerre, il s’agit, à partir d’un patrimoine local auquel les élèves sont attachés, de leur faire comprendre qu’il s’inscrit dans une histoire nationale, méditerranéenne, européenne, mondiale, commune et partagée. Le choix de réaliser une expo-sition itinérante, nomade (collège, école, médiathèque, lieux institutionnels, autres...) par des élèves du réseau d’éducation prioritaire K. et M. Krafft et visible par le plus grand nombre (élèves, parents, personnels, habitants de Béziers….) s’inscrit dans cette même volonté de cohésion sociale, cette volonté de faire (re)découvrir à nos élèves un patrimoine qui est le leur, cette volonté de montrer à tous qu’ils en sont les dignes récepteurs :

• Mahi Benattia• Celia Bacha• Imane Boumazouz• Gaëlle Folgado• Dounia Hamzaoui

• Azhar Ismaili• Emeline Petitcolin• Amelia Toledo• Aleksandra Calmy• Yasmine Lafdjah• Kassandra Meier

• Chayan Meyer• Guillaume Cabrol• Bilal Jardini• Clément Theron• Badr Douich

Un grand merci aussi à toutes celles et tous ceux qui ont contribué à ce que cette exposition voit le jour : - M. Malvis et Mme Vanroelen, ancien et nouvelle principale du collège Krafft pour leur confiance dans le projet.- Olivier Guiral et Irène Poutier de la Délégation académique à l’éducation artistique et culturelle pour le suivi et le soutien du projet- Michel Texier et Henri Maurel des Archives Municipales de Béziers pour leur disponibilité et leur aide précieuse- Peggy Albert, la directrice du Musée du Biterrois pour ses conseils, sa disponibilité et les documents transmis- Toute l’équipe de la section MMI de l’IUT de Béziers, les étudiants qui ont pris en charge la mise en forme des panneaux, ainsi que Luc Jaecklé, Nelly Dumas et Eric Benedet pour leur confiance et la qualité du partenariat pédagogique mis en place.- Les enseignants du collège Krafft qui ont donné de leur temps et de leurs idées pour que le projet aboutisse et plus particulièrement M. Laviron et M. Hurion- Sébastien Fouquenelle pour sa réactivité et ses conseils techniques- L’équipe de la Médiathèque André Malraux et notamment Sylvie Goupille, Gilles Moraton, Cécile Mahé, Emmanuelle Boyer, Patrick Lopez et Célia Galland pour avoir rendu possible le fait d’exposer ce travail à la MAM- Michel Viala pour son aimable autorisation à publier les photos de ses ouvrages Béziers, Mémoire en images, - Julien Mary et Sylvain Bertschy, pour leur aide dans la conception et la faisabilité du projet.

Enfin, nous souhaitons remercier celles et ceux qui ont permis l’itinérance de cette exposition, en nous permettant de l’emporter à Suippes : le Conseil Général de l’Hérault, Monsieur le Lieutenant-colonel Jean-Pierre Orsini, Président d’Honneur de la Section Fédérale André Maginot de l’Hérault, le Foyer Social Educatif du collège, l’ensemble des familles pour leur soutien au projet.

Notre œuvre Le fond de panneau de cet exposé a été réalisé par nos soins. Nous avons voulu rappeler, à travers Notre œuvre, la violence du conflit, les couleurs du vin et du sang (allu-sions à la guerre) mais aussi avec le blanc et le bleu, le drapeau tricolore. Nous avons spécialement créé des nuances à partir de couleurs pri-maires en rapport avec notre thème en essayant de les accorder et avons utilisé la technique du « dripping ».

Célia Bacha, Dounia Hamzaoui, Imane Boumazouz et Kassandra Meier

Sources et bibliographieR.-M. Fouet, Béziers et la Grande Guerre, Service éducatif des archives municipales, juin 2004B. Pau, Des vignes aux tranchées, La Grande Guerre en pays biterrois, Editions du Mont, Cazouls-les-Béziers, 2013 L., J.-L. et G. Secondy, Les Héraultais dans la Guerre de 14-18, Editions Le Papillon Rouge, 2014M. Viala, Béziers, Collection Mémoire en images, Alan Sutton, 2001 (Cartes postales classées par quartiers)Béziers, capitale du vin (1850-1950), Cahiers du Musée du Biterrois – n°3, 2008 Le Bras S., « Le négoce des vins languedociens face à la mise en guerre de l’État (1914-1920). Opportunités, résistances et engagements », Colloque du CRID 14-18, 2014, Paris-Laon-Craonne, oct. 2014Archives municipales de Béziers, séries 1H47, 1J17, 4H2, 4H3, IIID20, IIID21, 1D103, 1D104, 1D105, 1D106, 3D (affiches)Exposition « Vivre en temps de guerre. L’Aude de 1914 à 1918 », Service éducatif des archives départementales de l’AudeCollection du Musée du Biterrois, BéziersL’Eclair

SitographieAustralian War Memorial, http://www.awm.gov.au/Mission Centenaire 14-18, http://centenaire.org/Médiathèque numérique du patrimoine occitan : http://occitanica.eu/

Collège Katia et Maurice

KraftBéziers