Les ataxies spinocérébelleuses - edimark.fr · 236 | La Lettre du Neurologue • Vol. XVII - no8...

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Signe clinique : ataxie cérébelleuse IRM : atrophie cérébelleuse + Mode de transmission Autosomique dominant (= 2 générations atteintes) Apparemment autosomique récessif (= 2 sujets atteints dans la même fratrie) Cas sporadique Âge début ≤ 25 ans Âge début > 25 ans Tester SCA1, 2, 3, 6, 7, 17 ± DRPLA Tester SCA1, 2, 3, 6, 7, 17 ± DRPLA Tester les ataxies récessives Ne justifie pas d’analyse génétique de routine Sauf 3 cas : 1/ Censure familiale = patient adopté ou père ou mère décédé avant l’âge de début + 10 ans tester SCA1, 2, 3, 6, 7, 17 ± DRPLA 2/ Début tardif (> 50 ans) tester SCA6 3/ Dystrophie rétinienne associée tester SCA7 Figure. Algorithme des tests diagnostiques moléculaires des SCA (1). 234 | La Lettre du Neurologue • Vol. XVII - n o 8 - octobre 2013 MISE AU POINT Les ataxies spinocérébelleuses Spinocerebellar ataxias C. Thauvin-Robinet 1, 2 , L. Faivre 1, 2 , C. Cazeneuve 3 , A. Dürr 4, 5 1 EA4271 GAD, génétique des ano- malies du développement, IFR Santé STIC, université de Bourgogne, Dijon. 2 Centre de référence des maladies rares “anomalies du développement et syndromes malformatifs” de l’Est, centre de génétique, hôpital d’en- fants, CHU de Dijon. 3 Département de génétique et de cytogénétique, unité fonctionnelle de neurogénétique moléculaire et cellulaire, hôpital de la Pitié-Salpê- trière, Paris. 4 Département de génétique et de cytogénétique, hôpital de la Pitié- Salpêtrière, et Centre de référence des maladies neurogénétiques de l’enfant et de l’adulte (www.crng. org), Paris. 5 Institut du cerveau et de la moelle épinière (icm-institute.org/), Inserm, UMR S975, UPMC université Paris-VI, UMR S975, CNRS UMR 7225, Paris. L es ataxies spinocérébelleuses ( SpinoCe- rebellar Ataxias [SCA]) sont un groupe de maladies neurologiques évolutives rares, cliniquement et génétiquement très hétéro- gènes (1-3), caractérisées par l’association d’un syndrome cérébelleux et d’un syndrome pyramidal et, éventuellement, d’une atteinte du système nerveux périphérique (SNP). Le terme d’“ataxie” ou “atrophie spinocérébelleuse” est souvent utilisé pour les ataxies héréditaires de transmission autosomique dominante, qui débutent le plus souvent à l’âge adulte et qui feront l’objet de cet article. L’atteinte cérébelleuse peut être pure ou s’associer à une ophtalmoplégie, une atrophie optique, une dystrophie maculaire, des signes extrapyramidaux, des mouvements anormaux, une polyneuropathie, une amyotrophie, une épilepsie, une atteinte cognitive et/ou un retard mental. L’IRM cérébrale montre la présence d’une atrophie cérébelleuse, souvent exclusivement vermienne, et/ou d’une atteinte du tronc cérébral, mais l’atrophie peut être discrète et interprétée comme normale au début de la maladie. Une atteinte supratentorielle peut également être associée. Le diagnostic est fondé sur l’atteinte clinique et l’interprétation de l’arbre généa- logique, l’âge de début et les signes associés. La préva- lence des SCA varie de 2 à 4 pour 100 000 habitants en Europe (4). Actuellement, une trentaine de formes différentes sont décrites, numérotées dans l’ordre d’identification des loci avec 24 gènes identifiés (tableau I, p. 236). Selon leur mécanisme moléculaire, les SCA se divisent en 3 sous-groupes (figure) [5-7] : les maladies à polyglutamine, causées par des répétitions d’expansions CAG à polyglutamine (SCA1, 2, 3, 6, 7, 17, et l’atrophie dentato-rubro-pallido- luysienne [DRPLA]), qui sont les plus fréquentes ; les maladies à expansions de triplet, situées en dehors de la région codante des gènes (SCA8, 10, 12, 31, 36) ; les maladies causées par des mutations conven- tionnelles ou des réarrangements (SCA5, 11, 13, 14, 15/16, 19/22, 20, 23, 26, 27, 28, 35). La SCA3 est la plus fréquente dans la plupart des populations (2). La prévalence des autres formes peut s’avérer très variable d’une population à l’autre, et dépend principalement d’ un effet fondateur (8-10). En France, la SCA1 représente environ 8 % des cas, la SCA2, 10 %, et la SCA3, 20 %. Les formes sans amplification à polyglutamine avec une cause génétique connue constituent environ 6 % des SCA, chacune d’entre elles étant très rare : moins de 1 % (4). Bien qu’une vingtaine de gènes soient actuellement identifiés (tableau I, p. 236), environ 30 à 45 % des patients demeurent encore génétiquement non diagnostiqués. Cet article a pour objectif de présenter les différentes formes de SCA, les corrélations entre leur phénotype et leur génotype et la stratégie diagnostique.

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  • Signe clinique :ataxie crbelleuse

    IRM :atrophie crbelleuse+

    Mode de transmission

    Autosomique dominant(= 2 gnrations atteintes)

    Apparemment autosomique rcessif(= 2 sujets atteints dans la mme fratrie)

    Cas sporadique

    ge dbut 25 ans

    ge dbut> 25 ans

    Tester SCA1, 2, 3, 6, 7, 17 DRPLA

    Tester SCA1, 2, 3, 6, 7, 17 DRPLA

    Tester les ataxiesrcessives

    Ne justifie pas danalysegntique de routine

    Sauf 3 cas :1/ Censure familiale= patient adopt ou pre ou mre dcd avant lge de dbut + 10 ans tester SCA1, 2, 3, 6, 7, 17 DRPLA2/ Dbut tardif (> 50 ans) tester SCA63/ Dystrophie rtinienne associe tester SCA7

    Figure. Algorithme des tests diagnostiques molculaires des SCA (1).

    234 | La Lettre du Neurologue Vol. XVII - no 8 - octobre 2013

    MISE AU POINT

    Les ataxies spinocrbelleusesSpinocerebellar ataxias

    C. Thauvin-Robinet1, 2, L. Faivre1, 2, C. Cazeneuve3, A. Drr4, 5

    1 EA4271 GAD, gntique des ano-malies du dveloppement, IFR Sant STIC, universit de Bourgogne, Dijon.2 Centre de rfrence des maladies rares anomalies du dveloppement et syndromes malformatifs de lEst, centre de gntique, hpital den-fants, CHU de Dijon.3 Dpartement de gntique et de cytogntique, unit fonctionnelle de neurogntique molculaire et cellulaire, hpital de la Piti-Salp-trire, Paris.4 Dpartement de gntique et de cytogntique, hpital de la Piti-Salptrire, et Centre de rfrence des maladies neurogntiques de lenfant et de ladulte (www.crng.org), Paris.5 Institut du cerveau et de la moelle pinire (icm-institute.org/), Inserm, UMR S975, UPMC universit Paris-VI, UMR S975, CNRS UMR 7225, Paris.

    Les ataxies spinocrbelleuses (SpinoCe-rebellar Ataxias [SCA]) sont un groupe de maladies neurologiques volutives rares, cliniquement et gntiquement trs htro-gnes (1-3), caractrises par lassociation dun syndrome crbelleux et dun syndrome pyramidal et, ventuellement, dune atteinte du systme nerveux priphrique (SNP). Le terme dataxie ou atrophie spinocrbelleuse est souvent utilis pour les ataxies hrditaires de transmission autosomique dominante, qui dbutent le plus souvent lge adulte et qui feront lobjet de cet article. Latteinte crbelleuse peut tre pure ou sassocier une ophtalmoplgie, une atrophie optique, une dystrophie maculaire, des signes extrapyramidaux, des mouvements anormaux, une polyneuropathie, une amyotrophie, une pilepsie, une atteinte cognitive et/ou un retard mental.

    LIRM crbrale montre la prsence dune atrophie crbelleuse, souvent exclusivement vermienne, et/ ou dune atteinte du tronc crbral, mais latrophie peut tre discrte et interprte comme normale au dbut de la maladie. Une atteinte supratentorielle peut galement tre associe. Le diagnostic est fond sur latteinte clinique et linterprtation de larbre gna-logique, lge de dbut et les signes associs. La prva-lence des SCA varie de 2 4 pour 100 000 habitants en Europe (4). Actuellement, une trentaine de formes diffrentes sont dcrites, numrotes dans lordre didentification des loci avec 24 gnes identifis (tableau I, p. 236). Selon leur mcanisme molculaire, les SCA se divisent en 3 sous-groupes (figure) [5-7] :

    les maladies polyglutamine, causes par des rptitions dexpansions CAG polyglutamine (SCA1, 2, 3, 6, 7, 17, et latrophie dentato-rubro-pallido-luysienne [DRPLA]), qui sont les plus frquentes ;

    les maladies expansions de triplet, situes en dehors de la rgion codante des gnes (SCA8, 10, 12, 31, 36) ;

    les maladies causes par des mutations conven-tionnelles ou des rarrangements (SCA5, 11, 13, 14, 15/16, 19/22, 20, 23, 26, 27, 28, 35).

    La SCA3 est la plus frquente dans la plupart des populations (2). La prvalence des autres formes peut savrer trs variable dune population lautre, et dpend principalement d un effet fondateur (8-10). En France, la SCA1 reprsente environ 8 % des cas, la SCA2, 10 %, et la SCA3, 20 %. Les formes sans amplification polyglutamine avec une cause gntique connue constituent environ 6 % des SCA, chacune dentre elles tant trs rare : moins de 1 % (4). Bien quune vingtaine de gnes soient actuellement identifis (tableau I, p. 236), environ 30 45 % des patients demeurent encore gntiquement non diagnostiqus.

    Cet article a pour objectif de prsenter les diffrentes formes de SCA, les corrlations entre leur phnotype et leur gnotype et la stratgie diagnostique.

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    RsumLa prsence dune ataxie crbelleuse associe un syndrome pyramidal doit faire rechercher une cause gntique, ce dautant plus quil existe un mode dhrdit autosomique dominant. Un nombre de plus en plus grand de gnes sont impliqus. Lanalyse gntique permet didentifier le gne responsable dans 55 70 % des cas de transmission autosomique dominante. Seules les recherches de SCA1-3, 6, 7, 17 sont accessibles en diagnostic de routine en France. Lorigine ethnique, le type datteinte et lvolution peuvent guider le diagnostic gntique. Les mutations les plus frquemment identifies consistent en une expansion de polyglutamine(50 60 % des cas), avec une volution progressive et fatale des symptmes dans la plupart des cas, une corrlation inverse entre le nombre de rptitions et lge de dbut de la maladie, et un possible phnomne danticipation. Dans le cas des expansions anormales autres que de triplets CAG et des mutations ponctuelles, lvolution est en gnral plus lente et ne menace pas le pronostic vital.

    Mots-clsAtaxies spinocrbelleusesAtaxies crbelleuses dominantes autosomiquesAtrophies crbelleusesExpansions polyglutamine

    SummarySpinocerebellar ataxias (SCA) are rare progressive neuro-logical diseases characterized by cerebellar degeneration with an autosomal dominant mode of inheritance. The associa-tion of cerebellar ataxia and pyramidal syndrome should suggest spinocerebellar ataxia, even more so in cases with autosomal dominant inheri-tance. Degenerative changes in the brainstem, basal ganglia, cerebral cortex, spinal cord and peripheral nervous system are often found together, but the brain MRI can also be normal at the beginning of the disease. To date, 24 genes that explain 55 to 70% of the cases have been identified: the SCA are frequently caused by translated CAG repeat expansions or an excessively long polyglutamine tract (SCA1-3, 6, 7, 17, DRPLA) and more rarely by non-coding repeat expansions, conven-tional mutations or large rearrangements in genes with different functions. In polyglu-tamine disease, phenotype-genotype correlations show that repeat size influences the severity and the progression of the disease, as well as the clin-ical variability among patients. In other forms, the evolution appears more slowly and is less severe. In France, the diagnosis of only SCA1-3, 6, 7, 17, DRPLA is available in routine practice.

    KeywordsSpinocerebellar ataxias

    Autosomal dominant cerebellar ataxias

    Cerebellar atrophy

    Polyglutamine repeat

    Caractristiques cliniques et molculairesUne classification clinique en 4 groupes a t propose en fonction des signes associs lataxie crbelleuse (11) :

    type I : possibilit de rencontrer un syndrome extrapyramidal, un trouble de la sensibilit profonde, une ophtalmoplgie, une atrophie optique, une amyotrophie et des troubles cognitifs ;

    type II : dgnrescence maculaire progressive ; type III : syndrome crbelleux pur avec parfois

    des troubles de la sensibilit profonde ; type IV : retard mental, polyneuropathie et

    pilepsie.Cette classification est surtout adapte aux SCA polyglutamine, et savre inutile pour les autres formes.

    SCA expansions de polyglutamine

    Sept SCA (SCA1-3, 6, 7, 17, DRPLA) sont secondaires des expansions de rptition CAG/polyglutamine, appeles communment maladies polyglu-tamine. Elles sont les plus frquentes, repr-sentant 50 60 % des SCA. En dehors de la SCA6, elles apparaissent cliniquement diffrentes des autres formes. Le dbut de la maladie commence gnralement entre 30 et 40 ans avec une atteinte svre, souvent multisystmique, et une volution plus rapide, entranant une neurodgnrescence importante et le dcs dans la plupart des cas (12). La pntrance est presque complte. La SCA7 est principalement caractrise par latteinte rtinienne, et la SCA17, par des mouvements anormaux de type dystoniques ou choriques. Une certaine corrlation entre phnotype et gnotype a pu tre dcrite. Il existe une corrlation ngative importante entre le nombre anormal de rptitions CAG et lge de dbut, pouvant expliquer la variabilit de lge de dbut (13). Cependant, cette donne ne peut pas tre utilise titre individuel pour le conseil gntique. Le nombre de rptitions influence non seulement lge de dbut mais aussi la svrit des signes cliniques (tableau II, p. 237) [14]. Un phnomne dantici-pation (la maladie commence de plus en plus tt au fur et mesure des gnrations) a galement

    t dcrit, particulirement en cas de transmission paternelle, en lien avec linstabilit de lexpansion de polyglutamine et laugmentation possible du nombre de rptitions lors de leur transmission au travers des gnrations. Les images neuroradio logiques montrent typiquement une atteinte du tronc crbral possiblement svre, associe un degr variable datrophie crbelleuse. Ces atteintes ne permettent pas dorienter ltude gntique vers un sous-type de SCA polyglutamine, et la svrit de latrophie crbelleuse nest pas corrle au nombre de rptitions CAG. Une atrophie corticale (SCA2, 17, DRPLA), des hypersignaux en T2 du pont (SCA1-3, 7) et des anomalies de la substance blanche (DRPLA) peuvent galement tre prsents.

    SCA expansions non codantes

    Ces formes (SCA8, 10, 12, 31, 36) prsentent en gnral une atteinte crbelleuse pure, dge de dbut trs variable (de lenfance plus de 60 ans). Lvolution est lentement progressive, avec une esprance de vie normale et une pntrance incomplte. Cependant, dans la SCA12, des signes associs ont t rapports aprs des annes dvolution : syndrome parkinsonien, dystonie focale, troubles psychiatriques et dmence. Il nexiste pas de corrlation entre lge de dbut de la maladie et le nombre de rptitions pathologiques, ni de phnomne danticipation. La SCA8 est trs frquente en Finlande ; la SCA10 est exclusivement retrouve dans des familles dorigine mexicaine, brsi-lienne ou argentine ; la SCA12 est observe dans des familles dorigine indienne ; la SCA31 est, quant elle, constate au Japon, probablement du fait deffets fondateurs. Les images neuroradiologiques montrent en gnral une atteinte crbelleuse isole. Les expansions pathologiques peuvent tre des triplets, des penta-nuclotides ou des hexanuclotides localiss dans les introns ou dans les rgions rgulatrices de gnes 5.

    SCA mutation conventionnelle ou rarrangements

    Ces SCA (SCA5, 11, 13, 14, 15/16, 19/22, 20, 23, 26, 27, 28, 35) sont beaucoup plus rares que les

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    Les ataxies spinocrbelleusesMISE AU POINT

    Tableau I. Description clinique et classification molculaire des formes avec gne identifi (1).

    Nom de la maladie Localisation Gne Type de mutations Principaux symptmes associs lataxie crbelleuse

    Expansions polyglutamine

    SCA1 6q23 ATXN1 Rptitions CAG Spasticit

    SCA2 12q24 ATXN2 Rptitions CAG Atteinte multisystmique : saccades lentes, neuropathie priphrique, tremblement de repos, myoclonies, dmence

    SCA3 14q24.3-q31 ATXN3 Rptitions CAG Atteinte multisystmique : diplopie, nystagmus, neuropathie priphrique, signes pyramidaux, extrapyramidaux, dystonie, rigidit, douleurs des membres

    SCA6 19p13 CACNA1A Rptitions CAG Principalement pure

    SCA7 3p21.1-p12 ATXN7 Rptitions CAG Dgnrescence rtinienne, signes pyramidaux

    SCA17 6q27 TBP Rptitions CAG Atteinte multisystmique : dmence, troubles ducomportement, troubles psychiatriques, spasticit, signesextrapyramidaux, dystonie, chore

    DRPLA 12p13.31 ATN1 Rptitions CAG Atteinte multisystmique : dmences, convulsions, myoclonies, chore, dystonie

    SCA8 13q21 ATXN8OS/ATXN8

    Rptitions CTG et CAG transcrites en bidirectionnel

    Pure

    Expansions non traduites

    SCA10 22q13 E46L ATTCT intronique Pure ou associe des convulsions

    SCA12 5q31-33 PPP2R2B Rptitions CAG sur la rgion 5UTR Atteinte multisystmique : tremblement daction, signespyramidaux, extrapyramidaux, dmence

    SCA31 16q21 BEAN-TK2 Rptitions TGGAA introniques Pure, dbut tardif

    SCA36 20p13 NOP56 Rptitions GGCCTG introniques Atteinte motoneuronale avec fasciculations et atrophie musculaire, troubles auditifs

    Mutations conventionnelles

    SCA5 11q13 SPTBN2 Faux-sens, dltion en phase Pure

    SCA11 15q15.2 TTBK2 Dcalage du cadre de lecture Pure, dysarthrie et troubles de la dglutition, svrit variable

    SCA13 19q13.3-q13.4 KCNC3 Faux-sens Retard mental

    SCA14 19q13.4 PKCG Faux-sens Pure, quelquefois, myoclonies, tremblements et troubles cognitifs

    SCA15/16 3p26-25 ITPR1 Faux-sens Pure, quelquefois, signes pyramidaux et troubles cognitifs

    SCA19/22 1p21-q21 KCND3 Faux-sens, dltion en phase Myoclonies, tremblement postural et troubles cognitifs

    SCA23 20p13 PDYN Faux-sens Neuropathie priphrique, tremblements, troubles cognitifs

    SCA26 19p13.3 EF2 Faux-sens Pure

    SCA27 13q34 FGF14 Faux-sens, dcalage du cadre de lecture Dbut dans lenfance, tremblement postural, dyskinsies orofaciales, polyneuropathie axonale, troubles cognitifs

    SCA28 18p11 AFG3L2 Faux-sens Ophtalmoplgie, ptosis, signes pyramidaux

    SCA35 20p13 TGM6 Faux-sens Pure, tremblements

    Rarrangements

    SCA15/16 3p26-25 ITPR1 Dltion Pure, quelquefois, signes pyramidaux et troubles cognitifs

    SCA20 11p13-q11 DAGLA* Duplication Pure, une dysarthrie peut tre le symptme de dpart, dysphonie spasmodique et tremblements possibles

    * Grande duplication de 2,6 Mb incluant la sous-unit de la diacylglycrol lipase.

  • La Lettre du Neurologue Vol. XVII - no 8 - octobre 2013 | 237

    MISE AU POINT

    SCA expansions de polyglutamine. Elles dbutent le plus souvent dans lenfance, bien que lge de dbut puisse tre trs variable (jusqu 70 ans), mme au sein dune mme famille (4). Latteinte crbelleuse est en gnral pure ; cependant, la SCA13 peut entraner un retard mental ; la SCA14 et la SCA19/22, des myoclonies ou une dystonie,

    et la SCA27, des troubles cognitifs et une neuro-pathie axonale. En gnral, lvolution est trs lente, sans consquence sur lesprance de vie. Les images neuroradiologiques montrent une atteinte crbelleuse isole de svrit variable. Ces SCA sont moins svres que les SCA polyglutamine (tableau III).

    Tableau II. Corrlation phnotype-gnotype des SCA par rptitions de polyglutamine.

    Locus Taille des expansions CAG

    PetiteDbut tardif

    MoyenneDbut lge adulte

    GrandeDbut prcoce

    Trs grandeDbut juvnile

    SCA1 Ataxie crbelleuse, rflexes augments

    Pseudosclrose latrale amyotrophique

    SCA2 Tremblement postural Ataxie crbelleuse, rflexes diminus

    Ataxie crbelleuse, chore, dmence

    Fasciculations, myokymies, myoclonies, dystonie, dfaillance cardiaque, dgnrescence rtinienne

    SCA3 Neuropathie axonale, parkinsonisme dopasensible

    Ataxie crbelleuse, nystagmus

    Dystonie, signes pyramidaux

    SCA6 Ataxie pisodique Ataxie crbelleuse pure

    Quelques signes associs aprs 10 ans dvolution

    SCA7 Ataxie crbelleuse sans perte de vision

    Ataxie crbelleuse, dystrophie rtinienne

    Perte de vision avant le syndrome crbelleux

    Dfaillance cardiaque svre

    SCA17 Phnotype ressemblant la maladie de Huntington, parkinsonisme

    Ataxie, dmence, chore, dystonie, signes pyramidaux

    Ataxie, dmence, spasticit et pilepsie

    DRPLA Choro-athtose, ataxie et manifestations psychiatriques

    Myoclonies progressives, pilepsie, retard dedveloppement etataxie modre

    pilepsie myoclonique, chore, troubles cognitifs

    Tableau III. Diffrences phnotypiques entre les SCA par rptitions de polyglutamine et par mutation conventionnelle (1, 4).

    SCA par rptitions de polyglutamine SCA par mutation conventionnelleAutres SCA polyglutamine SCA6

    ge de dbut Variable dune gnration lautreAnticipationCorrlation ngative avec lenombre de rptitions CAG

    Plus tardive que les autres SCA polyglutaminePas danticipationPas de corrlation avec lenombre de rptitions CAG

    Extrmement variable dans la mme gnrationPas danticipationPas de corrlation entre phnotype et gnotype

    volution ProgressiveFatale

    Lentement progressiveEsprance de vie normale

    Lentement progressiveEsprance de vie gnralement normale

    Signes cliniques Atteinte multisystmique Atteinte crbelleuse relativement pureAtteinte extracrbelleuse modre possible

    Atteinte crbelleuse relativement pure

    Pntrance Complte, dpendante de lge Complte, dpendante de lge Peut tre incomplte

    Signes radiologiques Tronc crbral > atrophie crbelleuse

    Atrophie crbelleuse uniquement

    Atrophie crbelleuse uniquement

  • 238 | La Lettre du Neurologue Vol. XVII - no 8 - octobre 2013

    Les ataxies spinocrbelleusesMISE AU POINT

    Diagnostic diffrentiel

    Certaines pathologies prsentant des signes cliniques proches de ceux des SCA doivent tre considres en fonction du mode de transmission, de lge de dbut et des signes cliniques associs.

    Maladies autosomiques dominantes

    Il sagit de la maladie de Gerstmann-Strussler, des paraparsies spastiques, de la maladie de Huntington, des neuropathies priphriques, du tremblement essentiel, et de certains sous-types de migraine hmiplgique familiale.

    Cas sporadiques

    Dans les cas sporadiques, le diagnostic diffrentiel concerne latrophie systmatise multiple de type crbelleux (MSA-C) avec les critres de consensus publis (15).

    Maladies rcessives autosomiques, rcessives lies lX ou mitochondriales

    Il sagit des leucodystrophies, notamment ladrno-leucodystrophie/adrnomyloneuropathie, des cytopathies mitochondriales, de lataxie de Friedreich, de lataxie tlangiectasie, des ataxies-apraxies oculomotrices, etc.

    Stratgie diagnostique

    En pratique clinique, la situation la plus frquente concerne les cas sporadiques. Ces derniers sont rarement dus des mutations dans les gnes de SCA (16). Les patients porteurs de SCA poly glutamine prsentent en gnral des antc-dents familiaux. Cependant, limplication de la SCA6 est possible dans les formes isoles de dbut tardif, et des expansions de novo de SCA7 ont t dcrites chez des enfants qui prsentaient des atteintes visuelles et crbelleuses impor-tantes (17). Malgr tout, ltude systmatique des SCA ne doit pas tre la premire tape du bilan dans les formes sporadiques. Des recom-mandations de consensus ont t labores pour la prescription des tudes gntiques dans les SCA (figure, p. 234) [18, 19]. Les tests diagnostiques

    des SCA1-3, 6, 7, 17 et DRPLA sont disponibles en routine. Dans la SCA7, la recherche de grandes amplifications peut galement tre utile dans les formes prcoces associes des troubles visuels. Les analyses molculaires de la plupart des SCA ne sont disponibles que pour des travaux de recherche et non pour des diagnostics en routine. Mais les nouvelles techniques danalyse molculaire haut dbit vont faire voluer ces pratiques. Cette situation est justifie par la raret des SCA non lies aux expansions polyglutamine, labsence de signes pathognomoniques de chacune des formes, et la lourdeur et le cot de ces analyses avec les techniques actuelles de gntique molculaire.La prsence dune atrophie crbelleuse et/ou du tronc crbral est un argument important pour une SCA polyglutamine, mais elle napparat pas essentielle, car, au dbut de la maladie, limagerie crbrale peut tre normale. La stratgie peut galement tre modifie en fonction de lorigine ethnique des patients. En gnral, on recherchera donc les causes gntiques dune ataxie crbelleuse autosomique dominante chez les patients prsentant la triade suivante :

    ataxie crbelleuse clinique ; IRM crbrale anormale : atrophie crbelleuse,

    vermienne et/ou du tronc crbral ; mode de transmission autosomique dominant ou

    existence dune censure dans larbre gnalogique du patient (cest--dire : patient adopt ou au moins 1 des 2 parents dcds un ge infrieur lge de dbut + 10 ans ; cela ne permet pas dexclure une transmission dominante du phnotype, le parent pouvant alors tre dcd avant de dvelopper des signes cliniques).

    Physiopathologie

    Des dysfonctions dans lexpression des gnes, la trans-mission synaptique et dautres voies de signalisation intracellulaire ont t impliques dans les SCA. Dans les SCA polyglutamine, les expansions pathologiques entranent une drgulation de lexpression des gnes par altration de la transcription et de lpissage. De nombreux gnes responsables de SCA sont impliqus dans la transmission synaptique crbelleuse et parti-culirement dans les voies du glutamate et du calcium (SCA5, SCA15). Dautres patterns sont galement mis en cause, comme des voies intracellulaires dpendantes de la phosphorylation (SCA11, 12, 14), le mta bolisme de lARN (SCA8), la structure de la chromatine (SCA10), la ciliogense (SCA11) et les altrations mitochondriales (SCA12, 28).

    Rfrences bibliographiques

    1. Marelli C, Cazeneuve C, Brice A et al. Autosomal dominant cere-bellar ataxias. Rev Neurol (Paris) 2011;167(5):385-400.2. Schls L, Bauer P, Schmidt T et al. Autosomal dominant cere-bellar ataxias: clinical features, genetics, and pathogenesis. Lancet Neurol 2004;3(5):291-304.3. Matilla-Duenas A, Corral-Juan M, Volpini V et al. The spinoce-rebellar ataxias: clinical aspects and molecular genetics. Adv Exp Med Biol 2012;724:351-74.4. Durr A. Autosomal dominant cerebellar ataxias: polyglutamine expansions and beyond. Lancet Neurol 2010;9(9):885-94.5. Soong BW, Paulson HL. Spinocerebellar ataxias: an update. Curr Opin Neurol 2007;20(4):438-46.6. Trott A, Houenou LJ. Mini-review: spinocerebellar ataxias: a n u p d a t e o f S C A g e n e s . Recent Pat DNA Gene Seq 2012;6(2):115-21.7. V e r b e e k D S , v a n d e Warrenburg BP. Genetics of the dominant ataxias. Semin Neurol 2011;31(5):461-9.8. Orozco G, Estrada R, Perry TL et al. Dominantly inherited olivopontocerebellar atrophy from eastern Cuba. Clinical, neuropathological, and bioche-mical findings. J Neurol Sci 1989;93(1):37-50.9. Vale J, Bugalho P, Silveira I et al. Autosomal dominant cere-bellar ataxia: frequency analysis and clinical characterization of 45 families from Portugal. Eur J Neurol 2010;17(1):124-8.10. Almeida T, Alonso I, Martins S et al. Ancestral origin of the ATT CT repeat expan -sion in spinocerebellar ataxia type 10 (SCA10). PLoS One 2009;4(2):e4553.

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  • UN PEU PLUS

    PRS DE VOUS

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    N O U S FA I S O N S D E V O S S P C I A L I T S N OT R E S P C I A L I T

    La Lettre du Gyncologue

    La Lettre du Psychiatre

    La Lettre du Rhumatologue

    MISE AU POINT

    Traitement et prise en chargeActuellement, le diagnostic gntique des SCA ne permet pas encore dorienter vers un traitement spcifique. La prise en charge repose sur la kinsi-thrapie, lorthophonie et la prise en charge psycho-logique. Le conseil gntique pour la famille doit tre fait dans le cadre dune consultation gntique spcifique comprenant une discussion des diff-rentes possibilits de diagnostic prsymptomatique et prnatal.

    Conclusion

    La diversit gntique des SCA ne cesse de crotre, ce qui rend le diagnostic gntique de plus en plus difficile. Cependant, les formes polyglutamine sont en gnral familiales et les autres formes restent rares, souvent ethniques. Ainsi, le test gntique des expansions polyglutamine ne doit pas tre ralis en premire intention dans les cas sporadiques. En effet, le bilan gntique doit systmatiquement prendre en compte lorigine ethnique, lhistoire familiale, lge de dbut, les signes associs et limagerie crbrale.

    C. Thauvin-Robinet dclare ne pas avoir de liens dintrts.