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L’ergonomie. Un facteur de succès pour toutes les entreprises

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L’ergonomie.Un facteur de succès pour toutesles entreprises

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Pourquoi une telle brochure?

Avec cette publication, nous souhaitons vous présenter le monde de l’ergonomie et mettre en évidence, au moyen d’un exemple concret, que l’ergonomie n’est pas un luxe,mais présente bien un intérêt humain et économique indéniable.

Cette brochure s’adresse à toutes les personnes chargées de la planification, de la conception, de l’achat et de l’installation des moyens de production ainsi que de l’aménagement des postes de travail. Bref, cet ouvrage concerne toutes les personnes qui, de près ou de loin, définissent les conditions de travail.

L’utilisation optimale des ressources est plus que jamais nécessaire. Dans ce domaine, les connaissances en ergonomie peuvent vous rendre de grands services.

SuvaCaisse nationale suisse d’assurance en cas d’accidentsProtection de la santé

Renseignements:Case postale, 1001 LausanneTél. 021 310 80 40-42Fax 021 310 80 49

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L’ergonomie. Un facteur de succès pour toutes les entreprises.

Auteur: Dieter Schmitter, Suva, secteur bases de travailDessins: Jals, Küssnacht am Rigi

Reproduction autorisée avec mention de la source.1re édition: septembre 1996Edition revue et corrigée: mars 20036e édition remaniée: octobre 2004, de 15 000 à 21000 exemplaires

Référence: 44061.f

Cette publication a été réalisée en collaboration avec ledocteur Helmut Krueger, EPF Zurich, et des experts de laSuva. L’OFDE (secteur travail: droit et santé) l’a révisée etcomplétée.

Nous remercions les entreprises Waldmann, Atlas Copco,Gruse, GBP, Schindler, Mühlemann, SpanSet, Elesta, Piatti,Scaglia et 4B pour le prêt des photos.

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1 L’ergonomie .................................................................................................. 4

1.1 L’ergonomie: qu’est-ce que c’est?.................................................................... 41.2 L’ergonomie: à quoi sert-elle? ........................................................................... 41.3 L’ergonomie: que coûte-t-elle? ......................................................................... 41.4 L’ergonomie: quand est-elle utilisée? ................................................................ 51.5 L’ergonomie: trouver le juste milieu ................................................................... 61.6 L’ergonomie: choix ou obligation?..................................................................... 61.7 L’ergonomie: les normes, une aide utile............................................................. 6

2 Un exemple d’application ........................................................................... 7

2.1 Les points faibles de l’ancien cycle de fabrication .............................................. 82.2 Les objectifs..................................................................................................... 82.3 Le plan de mesures .......................................................................................... 92.4 L’évaluation des coûts et des économies .......................................................... 92.5 Les économies effectives.................................................................................. 9

3 La roue de l’ergonomie ............................................................................... 10

4 Les facteurs importants de l’ergonomie .................................................. 11

4.1 L’homme.......................................................................................................... 11

4.2 Le poste de travail ............................................................................................ 134.2.1 Position assise ou debout? ............................................................................... 134.2.2 Les dimensions ................................................................................................ 144.2.3 Liberté de mouvement et distances de sécurité................................................. 164.2.4 Les postures forcées ........................................................................................ 164.2.5 Le levage de charges ....................................................................................... 164.2.6 La surveillance et la maintenance des installations............................................. 17

4.3 L’organisation du travail .................................................................................... 184.3.1 Les modes opératoires et les équipements de travail ......................................... 184.3.2 La planification du travail et la formation ............................................................ 184.3.3 Le temps de travail et les pauses ...................................................................... 194.3.4 L’évaluation du travail et la rémunération ........................................................... 194.3.5 La marge de responsabilité et de décision......................................................... 19

4.4 Le contenu du travail ........................................................................................ 204.4.1 La sous-occupation et la monotonie ................................................................. 204.4.2 Le surmenage .................................................................................................. 21

4.5 L’environnement de travail ................................................................................ 22

5 Exigences légales ........................................................................................ 25

6 Résumé ......................................................................................................... 26

7 Publications complémentaires .................................................................. 27

Table des matières

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1 L’ergonomie

du grec:ergon = travail (activité pour atteindre un objectif)nomos = règle, loi

Figure 1: des investissements dans des équipements de travail ergonomiques constituent la condition premièredu bien-être et de la motivation du personnel. Ces deuxfacteurs jouent un rôle positif dans l’amélioration de laqualité et du rendement.

1.2 L’ergonomie: à quoi sert-elle?

Moins de maladies et d’accidents

Les postes de travail mal agencés peuventprovoquer des douleurs physiques. Ce problème concerne toutes les branches et tous les postes de travail, qu’il s’agissedu travail à une machine, dans un bureau, à la chaîne, de montage ou derrière uncomptoir de commerce. Les douleurs physiques modifient fortement le rendementdes travailleurs concernés et occasionnentdes jours d’absence. Dans les cas extrê-mes, un agencement inadéquat du posteou du travail peut conduire à une incapacitéde travail et à une invalidité, ce qui pèse surles comptes de l’entreprise comme sur lasociété dans son ensemble.

L’ergonomie ne sert pas qu’à éviter les douleurs physiques et les sursollicitations.Des postes de travail correctement agencéspermettent en effet de réduire le nombred’accidents. Des solutions globales auxproblèmes de sécurité au travail ne peuventêtre trouvées qu’en tenant compte des aspects ergonomiques.

Amélioration du bien-être et de la productivité

Des postes de travail et des processus de travail ergonomiques constituent lesconditions premières du bien-être des travailleurs durant l’exercice de leur activitéprofessionnelle. Un agencement du travailadapté aux capacités et aux besoins du travailleur réduit les sollicitations physiques,ralentit l’apparition de la fatigue et augmentela motivation. Tous ces éléments ont une influence positive sur la qualité, le rende-ment et la productivité du personnel.

1.3 L’ergonomie: que coûte-t-elle?

Il faut tenir compte de l’ergonomie dès la planification!

Lorsque l’ergonomie est prise en comptedès la phase de planification et d’installationdes postes de travail, les surcoûts sont en général inexistants ou très faibles. En revanche, lorsqu’il est nécessaire d’amélio-rer ultérieurement les équipements et lespostes de travail sur le plan ergonomique, il faut souvent s’attendre à des coûts et àdes pertes d’exploitation. Toutefois, mêmedans ce cas-là, les investissements requissont amortis rapidement dans la plupartdes cas. En effet, un aménagement ergono-mique du travail occasionne en général des économies importantes réalisées grâceà la baisse du nombre des accidents et desmaladies et à l’augmentation de la produc-tivité fournie par un personnel en meilleuresanté et plus motivé.

1.1 L’ergonomie: qu’est-ce que c’est?

L’ergonomie traite de l’adaptation des conditions de travail aux capacités et caractéristiques de la personne active, et des capacités d’adaptation de cette personne à sa fonction.

L’ergonomie ne se préoccupe pas seule-ment de l’adaptation des équipements de travail aux dimensions corporelles; elle s’intéresse aussi à une organisation du travail à mesure humaine ainsi qu’aucontenu et à l’environnement du travail.

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1.4 L’ergonomie: quand est-elle utilisée?

Il est clair qu’il faut tenir compte des capa-cités, des caractéristiques et des besoinsdu personnel dès la phase de planificationdes équipements et des méthodes de travail. Les planificateurs ne doivent pas se limiter à la résolution des problèmestechniques, qu’il s’agisse d’un poste de travail manuel ou de machines partiellementou totalement automatisées, mais se pré-occuper également des aspects ergono-miques. Pour les postes de travail manuel,cet aspect concerne tout d’abord, le plussouvent, l’agencement ergonomique deséléments de commande, alors que pour les installations entièrement automatiques,le travail porte plutôt sur la surveillance des processus et la maintenance rapide et aisée. Qu’apporte une économie de dixièmes de secondes dans un processusde production lorsque la maintenance desparties de l’installation difficilement acces-sibles nécessite toujours par exemple unarrêt assez long de production?

En cas de systèmes non rentables ou aufonctionnement peu satisfaisant, un con-trôle ergonomique permet de détecter lespoints faibles et d’envisager des solutions.

Par la suite, on dresse une liste des situa-tions pour lesquelles des améliorations ergonomiques s’avèrent indispensables, urgentes ou judicieuses.

Prise en compte indispensable de l’ergonomie lors de la planification, del’agencement et de la mise en place de:

nouveaux équipements de travail;nouvelles méthodes de travail;nouvelles installations de fabrication et,en général, denouveaux postes de travail.

Recourir à l’ergonomie est recommandélorsque:

la sécurité du travail doit être améliorée,le nombre d’heures d’absence dues à une maladie est élevé,l’on cherche à augmenter la motivation,le bien-être du personnel doit être amélioré.

Un contrôle ergonomique est indiqué lorsque:

les coûts de fabrication sont trop élevés,les coûts de maintenance ou de réparation sont trop élevés,la qualité de la fabrication est insuffisante,les moyens de production sont peu fiables (dysfonctionnements répétés),les délais sont difficiles à respecter,la satisfaction de la clientèle est faible,le changement de personnel est fréquent.

Figure 2: de telles estrades réglables en hauteur ont permis d’améliorer l’ergonomie et d’augmenter la productivité de 10%.

1.5 L’ergonomie: trouver le juste milieu

L’expérience montre qu’il vaut la peine de tenir compte de l’ergonomie lors de lafabrication des équipements et de l’aména-gement des postes de travail. Où se trouvecependant le juste milieu? Il est importantd’évaluer la situation sans privilégier cer-tains aspects (gains rapides, confort maxi-mal du personnel, etc.).

En effet, ne viser qu’un profit immédiat réduira considérablement la satisfaction du personnel et, à la longue, la productivitéet la rentabilité de l’entreprise. A l’inverse,donner la priorité à la satisfaction du per-sonnel nuit à la rentabilité et affaiblit les bases des postes de travail respectueuxdes travailleurs.

En principe, il faudrait toujours suivre leprincipe suivant:

Figure 3: tout est une question d’équilibre.

1.6 L’ergonomie: choix ou obligation?

Recourir à l’ergonomie lors de la planifi-cation et l’aménagement des équipementset des postes de travail n’est pas, commeon le croit souvent, un geste de bonnevolonté ou d’amabilité envers le personnel,mais bien une obligation. La Loi sur letravail (LTr), l’Ordonnance 3 de la LTr etl’Ordonnance sur la prévention des accidents et des maladies profession-nelles (OPA) fixent clairement des exi-gences en matière d’ergonomie et deprotection de la santé au travail.

En outre, conformément à la Loi fédé-rale sur la sécurité des installations et des appareils techniques (LSIT), seules des machines satisfaisant aux prescriptions essentielles en matière de sécurité et de protection de la santéde la Directive européenne «Machines»(98 /37/CE) peuvent être mises en circulation. Ces exigences ont été précisées dans de nombreuses normesergonomiques.

1.7 L’ergonomie: les normes, une aide utile

De nombreuses aides pour la planificationet l’aménagement des machines, installa-tions, engins et postes de travail sont dis-ponibles. Outre une littérature spécialisée(cf. chapitre 7), il existe des directives etdes normes afférentes à différents aspectsde l’ergonomie. La norme SN EN 614-1«Sécurité des machines – Principes ergonomiques de conception – Partie 1:terminologie et principes généraux», par exemple, fournit de nombreuses informa-tions et références à d’autres normes ergonomiques.

Même si elles n’ont pas la même valeur que les ordonnances et les lois, les normesmontrent les moyens et les possibilités derespecter les prescriptions légales. Lorsqueles concepteurs et les planificateurs res-pectent les normes, on peut en général endéduire que les exigences légales sont respectées.

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Les efforts menés doivent avoir pour but de permettre au travailleur de développer au mieux ses capacités au cours deson travail et d’obtenir un poste de travail satisfaisant, sûr etne nuisant pas à sa santé ainsi qu’un bon rendement.

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100%

Zone 1Presses2 équipes

Zone 2Recuit

Ebavurage(travail à domicile)

Zone 3Contrôle1 équipePostes de contrôle

Délai d'exécution, contrôle compris: 2,5 semaines Quantité de pièces dans le processus: 225 000

100% 100%91%

Four

24 h/charge

Presse1

Presse2

Presse3

Pièces bonnes

9%

Rebut

Nombrede pièces

Nombrede pièces

Nombrede pièces

Figure 4: le cycle de fabrication avant optimisation.

Délai d'exécution, contrôle compris: 24 h

20% 20%

77,5% 97,5%

Presse1

Presse2

Compte-renduqualité Poste de

contrôle

Nombrede pièces

Nombrede pièces

Presse3

Pièces bonnes

Rotation des tâches

Segment fabrication2 équipes

Ebavurage(travail à domicile)

Zone 2Recuit

Four

24 h/charge

Rebut

2,5%

Nombre de pièces

Figure 5: le cycle de fabrication après optimisation.

2 Un exemple d’application

Un exemple pratique convient sans doute le mieux pour mettre en évidencel’importance de l’ergonomie dans l’organi-sation du travail. L’exemple choisi est celui d’une entreprise moyenne fabriquantdes éléments de joints de précision ensous-traitance.

Pendant des années, cette entreprise a dû lutter contre des coûts élevés de fabrica-tion, de contrôle et de rebut. Entre-temps,elle a entièrement réorganisé sa production,et ce avec succès. Les raisons de cette réorganisation étaient indéniablement de

nature économique. Mais cet exemple montre qu’il existe un lien direct entre l’ergonomie et la productivité.

Ci-dessous figure d’abord l’ancien, puis lenouveau cycle de fabrication (cf. fig. 4 et 5).

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Comment est-on arrivé à ce nouveau cycle de fabrication?

Dans un premier temps, les points faibles ont été relevés et analysés. Ensuite, on a formulé les objectifs et mis au point un plan de mesures, et, finalement, les investissements nécessaires ont été calculés.

Un calcul comparatif a mis en évidence qu’un investissement relativement modeste permettrait de faire des économies importantes.

2.1 Les points faibles de l’ancien cycle de fabrication

2.2 Les objectifs

Les objectifs suivants d’amélioration de laproduction ont été mis au point sur la basede valeurs empiriques dans des branchescomparables:

abaissement du taux de rebut de 9 à 3%réduction du coût par pièce de 25%augmentation de la production de 25%.

Points faibles Causes d’origine

technique organisationnelle humaine

Taux élevé de rebut 9 % x x

Taux peu élevé d’utilisation des presses 65% x x x

Long délai de réalisation des pièces (2,5 semaines), d’où un nombre élevé de pièces en circulation (225 000) x

Charges administratives élevées x

Charges logistiques élevées x

Bruit, fumée et odeurs dans l’environnement de travail x x

Chaises inappropriées dans la zone de contrôle x

Eclairage insuffisant dans la zone de contrôle x

Cas fréquents d’inflammation du poignet chez le personnel de contrôle. 5 jours d’absence / mois x

35 minutes de pause supplémentaire par personne et par jour (pour le repos des yeux dans la zone de contrôle) x

Activités monotones dans toutes les zones de travail. Manque de stimulation au rendement x

Nombre de points faibles par type de cause 4 9 2

Ces objectifs devaient être atteints en tenant compte des principes directeurs del’entreprise:

TQM (Total Quality Management)un maximum de responsabilité pour lesexécutantsl’homme est au centre (auparavant:«l’homme n’est qu’un moyen»).

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2.3 Le plan de mesures

Regroupement de la fabrication (presses)et du contrôle en un segment de fabri-cation responsable du résultat. C’est-à-dire, regroupement de tous les postes de travail qui influent directement sur les coûts de fabrication et de qualité.Déplacement du recuit en fin de pro-duction; il n’influe pas sur la qualité desproduits.Transfert du segment de fabrication versun secteur de production dit propre.Acquisition de dispositifs d’insertion pourles trois presses.Installation de postes de travail ergo-nomiques aux presses et aux tables de contrôle, avec prise en compte durendement des machines.Introduction de la rotation des tâches(job rotation) dans le segment de fabrication.Affichage des données de production.

2.4 L’évaluation des coûts et des économies

Coût unique de l’ensemble des mesures CHF 59 000.–Economies annuelles CHF 240 000.–Retour sur investissement au bout d’environ

3 mois

2.5 Les économies effectives

Du point de vue de l’ergonomie et de laphysionomie du travail, l’intérêt majeur de laréorganisation est d’avoir enrichi le contenudu travail et supprimé l’activité monotonede contrôle en posture forcée, grâce à la rotation des tâches.

De plus, les pauses supplémentaires pourle repos des yeux ont pu être supprimées etles plaintes pour maux de tête, malaises etdouleurs dorsales ont diminué. Il en a résul-té une diminution des journées d’absence.

Le résultat, du point de vue de l’employeur:

Un an après l’optimisation, les mesures mises en œuvre ont conduit à des écono-mies globales annuelles de CHF 440 000.–.Les économies réalisées sont donc presquedeux fois plus élevées que ce qui était initialement prévu.

A la suite de l’amélioration de la qualité de production, le client a confié à cette entreprise des contrats supplémentairespour d’autres pièces de précision. Le personnel libéré a pu être intégré dans les nouvelles lignes de production.

Les améliorations de notre exemple sontlargement dues à l’application de principesergonomiques. L’approche globale du pro-blème, telle que nous l’avons déjà évoquéeau point 1.5, a été déterminante pour atteindre ce bon résultat.

Ci-dessous figurent les points qui ont été améliorés après avoir été relevés par l’analyse du système:

contenu du travailsous-occupation, manque de responsabili-sation et de diversité

organisation du travailtrop fractionné, trop coûteux, trop de risques (rebut)

environnement de travailfumée, bruit, mauvais éclairage

poste de travailmobilier, appareils et équipements insatisfaisants.

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■ ■

Homme

Poste de travail

Organisationdu travail

Contenudu travail

Environ-nement de travail

Homme/Tâche

Bien-être auposte de travail

Bon résultatd’exploitation

Cercle de l’actionCercle de la réaction

Séc

urité

autra

vailRentabilité

Motivation

Protection dela

sant

é

Figure 6: la roue de l’ergonomie.

3 La roue de l’ergonomie

La fonction de l’ergonomie peut être miseen évidence à l’aide d’une représentationsimple.

La roue de l’ergonomie est subdivisée en trois parties: le centre, le cercle de l’actionet le cercle de la réaction.

Au centre se trouvent l’homme et la tâche.Il faut adapter le travail aux capacités et aux caractéristiques de l’être humain. Maisl’homme possède aussi une certaine capa-cité d’adaptation à la tâche à effectuer.Pour cette raison, nous trouvons égalementl’homme dans le cercle de l’action, qui estle domaine de l’ergonomie, en compagniedes facteurs poste de travail, organisationdu travail, environnement de travail et con-tenu du travail. Tous ces facteurs influentsur les éléments du cercle de la réaction qui doit impérativement être puissant etéquilibré si on veut obtenir le bien-être au poste de travail et un bon résultat d’exploitation. Ces deux notions sont inséparables dès qu’il s’agit d’assurer unsuccès durable.

Le cercle de l’action peut être comparé àun film d’huile dans un roulement. Si l’huileest absente à un endroit, il se produit desfrottements et de la chaleur. Sans apport de lubrifiant, le roulement se détériore. Leschoses se passent de manière analoguedans le monde du travail: l’ergonomie doitlubrifier le roulement et permettre à la roued’avancer en évitant au mieux les pertesdues aux frottements.

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4 Les facteurs importants de l’ergonomie

Ce chapitre présente les cinq domaines du cercle de l’action. Il veut inciter à laréflexion et à une évaluation globale des postes de travail. Si vous souhaitezdes informations plus précises concer-nant l’un des sujets abordés, nous vousinvitons à consulter les publications indiquées au chapitre 7.

4.1 L’homme

Nous distinguons les caractéristiquespréétablies, qui ne sont pas ou seulementdifficilement modifiables, telles que:

le sexel’âgeles dimensions corporelles (anthropométrie)la constitutionles caractéristiques physiques et fonc-tionnelles de l’organisme (physiologie);

des caractéristiques qui sont plus oumoins modifiables, telles que:

le niveau de formationla dextéritél’expériencela condition physique.

Dans la roue de l’ergonomie, les caracté-ristiques difficilement modifiables sont à attribuer au centre, tandis que les caracté-ristiques modifiables sont plutôt à attribuerau cercle de l’action.

L’anthropométrie (mensuration du corps humain) est un élément particulièrement important des caractéristiques non modifia-bles. Elle tient un rôle prépondérant lors de la conception de machines, d’appareils,d’outils et de mobilier, et, d’une manièregénérale, dans des postes de travail (cf. aussi point 4.2.2 page 14).

Dans ce contexte, la physiologie humaine(musculature, squelette, appareil locomo-teur, consommation d’énergie, biorythme)revêt une importance similaire.

Anthropométrie et physiologie sont deuxdomaines d’une grande importance pourles concepteurs, les architectes, les créa-teurs et les ingénieurs. Le rendement, la fatigue et l’usure sont déterminés dans une large mesure par la conception de l’équipement et des procédés de travail.Les activités qui demandent beaucoup d’efforts doivent être planifiées de façon précise et correctement dosées.

HommeHomme

Poste detravail

Tâche

Organisationdu travail

Contenudu travail

Environ-nementde travail

Figure 7: les caractéristiques «humaines».

a des caractéristiquespréétablies, telles que:

le sexel’âgela masse corporellela constitutionla physiologie.

a des caractéristiques modifiables, telles que:

le niveau de formationla dextéritél’expériencela condition physique

influençables par:l’entraînement / l’exercicela formation la formation au travail.

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Figure 8: avoir un bon équilibre et ne pas souffrir du vertige sont des conditions nécessaires pour effectuer des travaux à une hauteur élevée.

D’un autre côté, l’homme est à certainségards très flexible et capable de s’adapter.Il arrive souvent qu’en début d’activité unepersonne ne réponde qu’en partie aux exi-gences d’une tâche. Mais dans la mesureoù les principales conditions d’un exercicesatisfaisant du travail sont remplies et que la capacité, la volonté ainsi que l’occasiond’une préparation et d’une formation cibléesont données, la personne se sera adaptéeaprès un certain temps aux exigences de la tâche, sans qu’il y ait surmenage.

Il existe toutefois de nombreuses activitésqui demandent des caractéristiques, descapacités et des talents physiques, intellec-tuels ou créatifs sur lesquels il n’est prati-quement pas possible d’influer au moyende la formation ou de l’apprentissage (cf. fig. 8). Dans de pareils cas, il faut bien entendu chercher la personne adaptée à la tâche.

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Figure 9: poste de travail: critères d’un aménagement adapté à l’homme.

Environ-nementde travail

Organisationdu travail

Contenudu travail

Poste detravail Homme/

Tâche

Homme

sont à considérer:

– la position assise/debout– les dimensions– la liberté de mouvement– les distances de sécurité– les postures forcées– le levage, le port de charges– l’angle de vision– l’affichage, les dispositifs de

commande, les poignées– la maintenance.

4.2 Le poste de travail

Nous allons maintenant présenter quelquesaspects importants de l’aménagement duposte de travail.

Figures 10 et 11: les postes de travail doivent permettrent d’alterner les positions assise et debout, comme ici pour lemontage de précision.

4.2.1 Position assise ou debout?

Cette question est fondamentale pourl’aménagement des postes de travail. Lesactivités en position assise existent surtoutdans les bureaux et dans les ateliers demontage de précision ou de petites pièces,alors que celles effectuées debout sontdans l’industrie et la vente.

Un poste de travail optimal combine les positions assise et debout, ce qui s’avèretrès bon pour la circulation, la musculatureet l’appareil locomoteur. Un tel poste con-tribue fortement au bien-être du personnel.L’alternance entre les positions assise etdebout au cours de l’exécution du travailempêche l’apparition de sollicitations duesà des positions statiques. En outre, les stations debout et assise sollicitent desgroupes de muscles différents.

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Mensurations d’une personne (homme) Centiledebout 5. 50. 95.

a) Taille 162,9 173,3 184,1

b) Hauteur des épaules 134,9 144,5 154,2

c) Longueur des jambes 75,2 81,6 88,6

d) Portée vers l’avant jusqu’à l’axe de prise de la main 66,2 72,2 78,7

e) Hauteur des yeux 150,9 161,3 172,1

f) Portée vers le haut, bras levés, jusqu’à l’axe de prise des mains 191,0 205,1 221,0

g) Largeur des hanches 31,0 34,4 36,8

h) Hauteur de l’axe de prise de la mainpar rapport au plan d’appui 72,8 76,7 82,8

Mensurations d’une personne (femme) Centiledebout 5. 50. 95.

a) Taille 151,0 161,9 172,5

b) Hauteur des épaules 123,4 133,9 143,6

c) Longueur des jambes *)

d) Portée vers l’avant jusqu’à l’axe de prise de la main 61,6 69,0 76,2

e) Hauteur des yeux 140,2 150,2 159,6

f) Portée vers le haut, bras levés, jusqu’à l’axe de prise des mains 174,8 187,0 200,0

g) Largeur des hanches 31,4 35,8 40,5

h) Hauteur de l’axe de prise de la mainpar rapport au plan d’appui 66,4 73,8 80,3

*) pas de valeurs significatives disponibles

Figure 12: mensurations d’une personne debout (d’après norme DIN 33402, valeurs moyennes pour des personnesentre 16 et 60 ans).

4.2.2 Les dimensions

La conception des équipements de travailet l’aménagement des postes se font d’après les lois de l’anthropométrie et de la physiologie tant que le mode opératoireou le processus de production n’imposentpas de dimensions particulières.

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Les travailleurs n’ont pas tous les mêmesmensurations. Il est le plus souvent impos-sible de créer des postes de travail adaptésà la fois aux personnes de très petite tailleet de très grande taille. Lors de la concep-tion, il faudrait prendre en compte, selon les possibilités, les mensurations de près de 95 % des hommes et des femmes. Onappelle ce domaine sélectionné «intervallede confiance» et les limites «centiles». Globalement, il s’agit de couvrir une pro-

portion de tailles se situant entre le 5e

centile des femmes (seules 5 % des femmessont plus petites) et le 95e centile des hommes (seuls 5 % des hommes sont plusgrands). Pour les travailleurs n’entrant pas dans cet intervalle, il faut trouver dessolutions spéciales.

Là où c’est possible, il faut employer des équipements de travail réglableset adaptés aux mensurations de la personne. Dans les bureaux, de nombreuxpostes de travail répondent déjà à cette exigence, du moins en partie (sièges, tables, écrans, etc. réglables). Il est cependant essentiel que le matériel ergonomique soit correctement réglé.

Les installations de production et les machines sont hélas très rarement adapta-bles à différentes mensurations. Lorsquedes possibilités de réglage existent, il s’agiten général du réglage en hauteur du plande travail, du siège et des dispositifs demontage, ou alors du positionnement d’appareils de contrôle et d’éléments de visualisation ou de commande.

La liste de contrôle «Posture de travail correcte», réf. 67090.f, aide à déceler et à résoudre les lacunes en matière d’ergonomie (cf. chapitre 7).

Figures 14 à 16: la hauteur de cet établi est modulable en fonction des tâches à effectuer.

Figure 13: les personnes de taille différente ont besoin de postes et d’équipementsde travail de taille différente ou réglables.

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Figures 17 et 18: ces machines ne laissent pas assez de liberté de mouvement aux jambes.

4.2.3 Liberté de mouvement et distances de sécurité

Les machines et les appareils doivent êtreconçus de telle manière que leur utilisation,leur surveillance et leur maintenance soientfaciles. Les postes de travail respectueuxdu corps humain offrent suffisamment de liberté de mouvements et présentent les distances de sécurité requises. Un élémentfréquemment négligé est la liberté de mouvement des jambes sous les tables de travail, à proximité des chaînes de montage et des machines de petites dimensions.Voir aussi «Prescriptions anthropométriquesrelatives à la conception des postes de tra-vail sur les machines» d’après NF EN ISO14738 et «Internationaler anthropometri-

1) Postures défavorables imposées par le poste de travail.Pas de changements de position, absence de liberté demouvement pour le corps.

Figure 19: inclinateur de conteneurs. Figure 20: poignée aimantée pour lespanneaux d’acier.

Figure 21: citerne métallique.

scher Datenatlas» du Bundesanstalt für Arbeitsschutz Dortmund (Office fédéral de la sécurité au travail de Dortmund), ISBN 3-88 314-910-1.

4.2.4 Les postures forcées1

Dans la mesure du possible, les posturesforcées sont à éviter. En cas de travail prolongé au même poste, du mobilier adapté doit permettre le changement deposition. Il faut chercher à alterner les stations debout et assise. Il convient nonseulement de tolérer la pratique d’exercicesd’étirement et d’assouplissement durant le travail, mais aussi de les promouvoir.

4.2.5 Le levage de charges

L’être humain n’est pas fait pour servir demoyen de levage ou de transport. Le levagefréquent de charges doit être soit remplacépar un transport partiellement ou totalementautomatisé, soit facilité par des équipementsde manutention appropriés. Une conceptionet un choix adéquats aident à alléger lescharges. En outre, la présence de diversespoignées adaptées sur une charge rendpossible son port par plusieurs personnes.

Il existe pour la plupart des conteneurs habituels des moyens de transport et, pourde nombreux types de charge, des équipe-ments de manutention ou d’aide appropriés (cf. figures 19 à 21).

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Il n’existe malheureusement pas de valeurslimites de poids ou de levage, bien qu’ellessoient souhaitées par l’industrie, le com-merce et l’artisanat. En fait, de telles valeursne peuvent pas exister, car chaque opéra-tion de levage et de port est unique en songenre en raison des nombreuses conditionset influences qui l’accompagnent. Lesdonnées du tableau ci-après, repris par leseco en 1995 dans le Commentaire des Ordonnances 3 et 4 relatives à la Loi sur letravail, restent valables. Elles s’appliquent àdes «personnes ordinaires» en bonne santén’ayant pas reçu d’entraînement spécial et disposant d’une dextérité normale. Cesindications supposent que les charges sontportées le plus près possible du corps. Enpratique, ces valeurs doivent être minoréesen fonction des caractéristiques de la charge(forme, volume, centre de gravité, stabilité,maniabilité, etc.) et de la situation (distanceet fréquence de levage et de transport,équipements auxiliaires, climat, etc.).

Valeurs indicatives pour la détermina-tion d’un poids limite pouvant être portéet soulevé occasionnellement, sanstechnique de levage particulière

Âge Homme Femme

de 16 à 18 ans 19 kg 12 kg

de 18 à 20 ans 23 kg 14 kg

de 20 à 35 ans 25 kg 15 kg

de 35 à 50 ans 21 kg 13 kg

plus de 50 ans 16 kg 10 kg

Figure 22: l’équilibreur de charges permet de déplacer des charges avec unminimum d’efforts.

Un moyen simple et efficace d’évaluer ladifficulté du port et du levage d’une chargeest de suivre la méthode des critères direc-teurs. Cette méthode permet de savoir s’il existe des sursollicitations et si des mesures sont requises (cf. Publicationscomplémentaires, chapitre 7).

4.2.6 La surveillance et la maintenance des installations

La productivité d’une installation n’est pas seulement influencée par la facilité d’utilisation, mais aussi par la qualité de lasurveillance et de la maintenance. La qualitéde la surveillance est avant tout déterminéepar la présentation appropriée des états de fonctionnement (affichage) et par le bonfonctionnement des éléments de commande(dispositifs de réglage, poignées) disposésde manière cohérente et fonctionnelle dansle système.

La disponibilité d’une installation est dansune large mesure fonction de la maintenance.C’est pourquoi il est important que les installations soient facilement accessiblespour des travaux de maintenance et que lepersonnel dispose de suffisamment de place.La disponibilité immédiate des élémentssuivants est également déterminante: équipements de manutention, moyens detransport, outils, appareils de contrôle etpièces de rechange.

18

Figure 23: organisation du travail: critères d’une organisation adaptée à l’homme.

Environ-nementde travail

Contenudu travail

Poste detravail Homme/

Tâche

Homme

Organisationdu travail

comprend:

– le mode opératoire et les équipements de travail

– la planification du travail et les instructions

– l’horaire de travail et les pauses

– l’évaluation du travail et la rémunération

– la marge de responsabilité et de décision.

Figures 24 et 25: l’utilisation d’équipements de travail adaptés ralentit l’apparition de la fatigue et a une influence positive sur le rendement et les absences.

4.3 L’organisation du travail

Une organisation du travail adaptée à lasituation et à l’être humain influence nota-blement le climat d’entreprise, le rendementdes employés et la rentabilité du processusde travail. La figure 23 montre ce qui fait partie d’une telle organisation.

4.3.1 Les modes opératoires et les équipements de travail

Pour obtenir une production économique,il est indispensable de choisir des modesopératoires et des équipements de travailappropriés. Ils influent fortement sur le degré de fatigue et sa vitesse d’apparition(cf. figures 24 et 25).

Les modes opératoires qui demandent unedépense physique fréquente et répétitivedevraient, si possible, être mécanisés et au-tomatisés. Des efforts physiques importantssur une période prolongée causent de la fatigue ainsi qu’une baisse de la concen-tration et du rendement, avec des effets négatifs directs sur la rentabilité, la sécuritéet la santé.

4.3.2 La planification du travail et la formation

Un travail efficace et sûr, sans risques d’accident, passe par une bonne formation.Les informations concernant les risques et les instructions d’utilisation sont tout aussi importantes que les explications concernant la qualité et les délais. Si lespersonnes, les machines ou les méthodessont nouvelles, la formation doit être particulièrement poussée et soignée

19

(cf. feuillet d’information «Les nouveaux»,chapitre 7). Dans tous les cas de figure, ilfaut la répéter de temps en temps et sur-veiller sa mise en pratique.

4.3.3 Le temps de travail et les pauses

L’horaire flexible garantit une certaine marge de manœuvre qui permet d’adapterl’horaire de travail aux besoins personnels.Pour des raisons organisationnelles, techni-ques ou économiques, il n’est pas toujourspossible d’introduire ce type d’horaire.

L’utilisation économique et la durée d’exploitation des moyens de productionsont d’une grande importance. Et le fonc-tionnement avec deux ou trois équipes est souvent indispensable pour rentabiliserune machine. Nous savons aujourd’hui quemême après plusieurs semaines d’équipede nuit, les rythmes biologiques restent déphasés. C’est-à-dire que le sommeil enjournée n’atteint pas la qualité et la quantitédu sommeil nocturne normal. Là où il n’estpas possible d’éviter le travail de nuit, lesmêmes personnes ne devraient pas êtred’équipe de nuit pendant une périodeprolongée et il faudrait organiser le travailde manière à ce qu’il y ait un roulement fréquent des équipes.

Les pauses servent à se reposer, à se détendre, à se nourrir et à régénérer ses capacités physiques et intellectuelles. Lespauses devraient être adaptées au typed’activité et avoir lieu avant que les réservesen énergie ne soient trop entamées.

Des recherches en physiologie du travail ont établi que la fatigue n’augmente pas de façon linéaire, mais qu’elle croît d’autantplus rapidement que la personne fatiguéetravaille longtemps. De même, la récupé-ration est maximale en début de pause et l’accroissement de la récupération ne fait que diminuer à mesure que la pauses’allonge. Il en résulte que, pour une duréetotale équivalente, de nombreuses pausesbrèves permettent d’obtenir une meil-leure récupération et ralentissent davantagela progression de la fatigue que des pausesmoins nombreuses mais plus longues.

4.3.4 L’évaluation du travail et la rémunération

L’évaluation claire et précise du travail et une rémunération correspondant au rendement sont (avec les compliments, lareconnaissance et l’estime de la personne)les conditions du bien-être, de la motivationet de la volonté de rendement. Cette façonde diriger le personnel s’est avérée plus efficace, même en temps de crise, que lapression et les remarques fortes.

4.3.5 La marge de responsabilité et de décision

Pour ne pas entraver la créativité et le sensdes responsabilités par une organisationtrop lourde du travail, il convient de rem-placer toutes les contraintes qui ne sontpas absolument nécessaires par la possibi-lité de prendre des décisions. Tant que cela ne porte pas préjudice à d’autres postes de production, à la qualité ou aux délais, lapersonne devrait pouvoir définir elle-mêmele déroulement du travail en fonction de ses moyens et de ses capacités.

Dans de nombreux cas, le regroupementdes travaux de planification, d’exécution etde contrôle représente un enrichissementdu travail avec un effet positif sur le proces-sus de production (cf. exemple d’applica-tion du chapitre 2). L’exécution de plusieurstâches par rotation périodique à l’intérieurd’un groupe contribue à diversifier le travailet encourage l’esprit d’équipe et la coopé-ration.

Figure 26: le thème des risques et des dangers du poste de travail doit être régulièrement abordé.

20

Figure 27: critères d’un contenu de travail adapté à l’homme.

Environ-nementde travail

Contenudu travail

Poste detravail Homme/

Tâche

Homme

Organisationdu travail

sont à éviter:

– la sous-occupation – la monotonie – le surmenage.

Figure 28: la monotonie.

4.4.1 La sous-occupation et la monotonie

La sous-occupation réduit la motivation etla satisfaction au travail. On rencontre avanttout la sous-occupation dans des activitésmonotones, peu stimulantes et peu exigean-tes. De telles activités sont souvent le résultat d’une division extrême du travail(taylorisme) qui a tendance à subdiviser les tâches complexes en de nombreusesétapes intermédiaires (par ex. le travail à la chaîne).

La monotonie conduit rapidement à de l’indifférence et à une baisse de l’attention.Ces deux facteurs ont une influence néga-tive tant sur le comportement en matière de sécurité que sur le rendement.

La sous-occupation et la monotonie peuvent être réduites, voire supprimées par les mesures suivantes:

la rotation des tâches (job rotation)l’élargissement des tâches (job enlargement).

Les effets positifs de ces mesures ont déjà été décrits dans l’exemple pratique au chapitre 2.

Le contenu du travail est en fait un sujet faisant partie du chapitre sur l’organisationdu travail. Mais comme ce sujet gagne deplus en plus en importance, il est justifié de le traiter à part et de façon détaillée.

Le contenu du travail peut aussi bien êtretrop limité que trop important. Ceci peutentraîner la sous-occupation ou le surme-nage en rapport avec la quantité ou la qualité du travail. L’idéal est qu’une personne puisse utiliser

au maximum ses capacités et ses talentsau cours de l’exécution de son travail.

4.4 Le contenu du travail

21

Figure 29: le surmenage.

4.4.2 Le surmenage

Les limites entre sous-occupation, activitééquilibrée et surmenage varient d’une personne à l’autre. Telle activité sera jugéeenrichissante par une personne, alors quepour une autre, elle sera synonyme de mauvais stress et de surmenage.

En plus des facteurs de stress de la vieprofessionnelle, il faut aussi tenir compte de ceux de la sphère privée (famille, vie associative, sport, circulation routière, etc.).La somme de tous ces facteurs ne doit pasatteindre le niveau, variable d’une personneà l’autre, du mauvais stress.

On parle de mauvais stress professionnellorsque les exigences de travail sont con-stamment supérieures aux capacités dontdispose la personne pour y faire face. Cetétat se manifeste par diverses sensations(peur, colère, fatigue, ennui, maux de tête et douleurs dorsales, etc.).

Des réunions régulières du personnelservent, entre autres, à mettre en évidenced’éventuelles disparités entre les exigenceset les capacités, de manière à pouvoir yremédier.

22

Figure 30: critères concernant l’environnement de travail.

Poste detravail Homme/

Tâche

Homme

Organisationdu travail

Contenudu travail

Environ-nementde travail

L’homme a besoin:

– d’un climat et d’un éclairage adaptés à la tâche à accomplir

– de couleurs comme moyens de repérage, d’avertissement et d’expression de sentiments

– de bonnes conditions d’hygiène

– d’un bon climat social.

Les équipements de travail et le travail créent:

– de la chaleur– des déplacements d’air climat– de l’humidité– de l’éblouissement– du bruit– des vibrations– des rayonnements– des substances dangereuses– des odeurs– de la saleté– de la poussière.

Ces facteurs ont à la fois une influence sur la per-sonne qui les a causés et sur les postes de travail voisins.

}

4.5 L’environnement de travail

L’environnement de travail influence dansune large mesure les conditions de travailet, par conséquent, le bien-être, la sécurité,la satisfaction au travail, la fatigue, la santéet, en fin de compte, le rendement.

L’environnement de travail se compose desconditions:

imposées par l’exécution du travailrésultant de l’exécution du travail ou modifiées par cette exécutionprovenant de «l’extérieur», c’est-à-diredes postes de travail voisins.

Conditions imposées par l’exécution du travail

Font partie de ces conditions, le climatadapté à l’activité et à la personne ainsiqu’un éclairage correct. Le climat est déterminé par la température de l’air, sondéplacement et son humidité ainsi que par la température de surface des locaux et des installations. Le climat dit «de bien-être» dépend aussi de l’importance desmouvements physiques et du travail mus-culaire. Ce climat idéal varie avec l’âge, lesexe, la constitution, la santé, l’alimentationet l’habillement.

Le type d’éclairage, l’intensité lumineuseet l’angle d’incidence de la lumière doiventêtre adaptés aux besoins visuels.

Avec des couleurs, il est possible d’influersur l’ambiance et sur la sensation de latempérature et des distances.

En complément de ce qui précède, il con-vient de souligner l’importance de l’ordre et de la propreté dans l’environnement de travail, car ils influencent l’ordre et lapropreté au poste de travail et contribuentde façon non négligeable à la qualité du travail, au rendement ainsi qu’à la sécuritéet à la santé.

Il importe aussi de tenir compte des facteurspsychologiques et de la culture d’entre-prise. Ce sujet est néanmoins trop complexepour être abordé d’une façon appropriéedans le cadre de cette publication.

23

Figure 31: un éclairage correct et le grossissement des objets sont indispensables à ce poste de travail.

Figure 32: un rayonnement solaire direct exige une protection contrel’éblouissement.

Autres facteurs environnementaux

De bonnes conditions à un poste de travailpeuvent brusquement se détériorer à la suite d’une modification de l’environnement de travail, par exemple avec l’introductionde nouvelles machines, de nouveaux pro-cédés, de transformations ou de nouveauxréglages, etc. Pour que cela ne se produisepas, il faut évaluer, dès la planification, l’effet de nouveaux postes de travail sur les zones avoisinantes. Il est plus simple et moins coûteux de faire d’emblée une planification correcte plutôt que de chercherà améliorer une situation insatisfaisante enprenant des mesures correctrices.

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Evaluation des facteurs environnementaux

Ci-dessous figure une liste des facteurs environnementaux avec les caractéristiques d’évaluation correspondantes.

x ces facteurs doivent être adaptés à la tâche

❋ l’homme doit être protégé contre ces facteurs

Facteurs environnementaux Caractéristiques d’évaluation

Climat x température de l’airmouvement de l’airhumidité de l’airtempérature de surface des murs, sols, plafonds et installations

Lumière x éclairage naturel (lumière du jour)éclairageluminancelimitation de l’éblouissementdirection de la lumière, ombrescouleur de la lumière et rendu des couleurs

Couleur x effet de distanceeffet de températureambiance psychiquefonction de sécurité

Ordre/propreté x sentiment personnelbesoins liés à l’activitésécurité

Bruit (son) ❋ fréquenceniveau de pression acoustiquedurée d’actionvariation dans le temps

Vibrations ❋ amplitude d’oscillation(vibrations mécaniques) fréquence des oscillations

variation dans le temps (oscillations périodiques et apériodiques)direction des oscillationsdurée d’exposition

Substances dangereuses ❋ type de substance(poussière, fumée, brouillard, taille des particulesgaz, vapeurs, liquides, effet spécifique des substances dangereusessolides) concentration maximale au poste de travail (VME)

durée d’exposition

Rayonnements ❋ ionisantsnon ionisantsintensitédosedurée d’exposition

En cas de dépassement des valeurs limites autorisées, les quatre facteurs citésen dernier (❋) peuvent nuire à la santé oucauser des maladies professionnelles. Pouréviter cela, il est impératif que des mesuresappropriées soient prises et que les moyensnécessaires soient mis à disposition. Il s’agiten premier lieu de solutions techniques, qui sont indépendantes des mesures orga-nisationnelles et du comportement humain.Si des dépenses raisonnables ne per-mettent pas la mise en œuvre de solutionstechniques, on envisagera des mesures

organisationnelles ou comportementales(pour des renseignements à ce sujet, veuillez vous adresser à la Suva).

Outre ces facteurs environnementaux classiques, il faut bien entendu veiller lorsde la conception et de l’aménagement del’environnement à prendre en compte lesrisques d’accidents: risques de chute, defaux pas, de coincement, objets «volants»,etc.

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5 Exigences légales

Comme l’indique le point 1.6, le recours aux principes ergonomiques lors de la planificationet de l’aménagement des équipements et des postes de travail est obligatoire. Ci-aprèsune liste des textes d’ordonnance valables.

Ordonnance 3 relative à la Loi sur le travail (OLT 3):

art. 2 Principeart. 10 Obligations des travailleursart. 12 Volume d’airart. 15 Eclairageart. 16 Climat des locauxart. 17 Ventilationart. 20 Ensoleillement et rayonnement calorifiqueart. 21 Travail dans des locaux non chauffés ou en plein airart. 22 Bruit et vibrationsart. 23 Exigences généralesart. 24 Exigences particulièresart. 25 Charges

Ordonnance sur la prévention des accidents et des maladies professionnelles (OPA):

art. 24 Principeart. 27 Accessibilitéart. 30 Dispositifs de commandeart. 32a Utilisation des équipements de travailart. 33 Aérationart. 34 Bruit et vibrationsart. 35 Eclairageart. 41 Transport et entreposage

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Figure 33: trouver les bonnes solutions ergonomiques nécessite la participation de tous.

6 Résumé

Le recours aux principes ergonomiques lors de la planification, de la mise en placeet de l’aménagement des équipements et des postes de travail est non seulementobligatoire de par la loi, mais aussi indis-pensable pour toutes les entreprises raisonnant en termes de rentabilité.

L’ergonomie ne se contente pas de tenircompte des dimensions corporelles pour la conception de machines, d’appareils etde mobilier. Elle a aussi des exigences enmatière d’environnement, d’organisation et de contenu du travail. Penser et agir de façon ergonomique impliquent une considération globale des relations entrel’homme et son travail sous les aspects suivants:

satisfaction au travail la meilleure possiblerisques d’accident et risques pour lasanté les plus minimes possibleintérêt économique le plus élevé possible.

Des exemples pratiques montrent qu’uneapplication optimale des principes ergo-nomiques permet à la fois d’obtenir desconditions de travail mieux adaptées àl’homme et des processus de productionplus économiques. L’ergonomie ne s’op-pose donc pas à la rentabilité. Au contraire,puisque des postes et des processus detravail ergonomiques permettent d’améliorerla motivation du personnel et d’obtenir desaugmentations notables de rendement.

La sécurité au travail et la protection de lasanté en bénéficient également. En effet, il y a moins d’accidents et de maladies, et,par conséquent, moins de journées d’ab-sence aux postes de travail ergonomiques.

Au chapitre 4, cette publication présenteune vue d’ensemble concise des principauxfacteurs ergonomiques à considérer lors del’installation et de la vérification des postesde travail. Cette brochure indique d’autrepart des ouvrages de référence ainsi qued’autre publications sur différents aspectset applications de l’ergonomie.

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7 Publications complémentaires

Ouvrages de référence

Grandjean, Etienne: Physiologische Arbeitsgestaltung. Ott-Verlag Thun 1991, 388 pagesLaurig, Wolfgang: Grundzüge der Ergonomie. Beuth Verlag Köln 1992, 305 pages

Publications de la Suva concernant différents aspects de l’ergonomie

Soulever et porter correctement une charge, feuillet d’information de 8 pages, réf. 44018.fEvaluation des sollicitations lors du levage et du transport manuel de charges: «Méthode des critères directeurs», instructions de 4 pages, réf. 88190.fListe de contrôle «Manutention de charges», 4 pages, réf. 67089.fListe de contrôle «Posture de travail correcte», 4 pages, réf. 67090.fLe travail à l’écran de visualisation. Informations détaillées pour les spécialistes et les personnes intéressées, 120 pages, réf. 44022.fTravail à l’écran de visualisation. Informations importantes pour votre bien-être, 32 pages, réf. 44034.fDidacticiel «Maîtrisez le danger» (à partir de février 2005) sur Internet (www.suva.ch/formation-en-ligne). Cours de base sur la sécurité au travail pour le personnel de l’industrie et de l’artisanat (sans le secteur principal de la construction) et les écoles professionnellesDangers du bruit pour l’ouïe à l’emplacement de travail, 95 pages, réf. 44057.fNuisances sonores à l’emplacement de travail, 52 pages, réf. 66058.fValeurs limites d’exposition aux postes de travail, 148 pages, réf. 1903.fTroubles de santé dus aux vibrations (médecine du travail), 32 pages, réf. 2869/16.fLes nouveaux. Renseignements pour les chefs concernant l’initiation et l’instruction des nouveaux collaborateurs, 8 pages, réf. 66094.f

Publications du seco

Santé au travailCommentaire des Ordonnances 3 et 4 relatives à la Loi sur le travail.Commandes: OFCL, Office fédéral des constructions et de la logistique, Diffusion publications, 3003 Berne, tél. 031 325 50 50, réf. 710.250.f

Ergonomie Feuillet d’information destiné aux employeurs, aux travailleurs et aux travailleuses. Commandes: seco-Direction du travail (conditions de travail), Gurtengasse 3, 3003 Berne,tél. 031 322 29 48, réf. 710.067.f

Référence: 44061.f