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202 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret Sommaire Lecture et littérature A. Les grands genres : RÉCIT 66. Le roman 67. Le conte et la nouvelle 68. Les récits de vie et l’autobiographie 69. La fable aux frontières des genres POÉSIE 70. La versification 71. Le lyrisme 72. La poésie engagée THÉATRE 73. La comédie 74. La tragédie 75. Le drame TROIS GRANDS MOUVEMENTS 76. Le Romantisme 77. Le Classicisme 78. Le Réalisme B. Repères littéraires : 79. L’Antiquité : Homère, Phèdre, Esope, Ovide 80. Le Moyen Âge : Chrétien de Troyes, Charles d’Orléans, François Villon, Le Roman de Renart 81. La Renaissance : Rabelais, Ronsart, Du Bellay, Montaigne 82. Le XVII e : Molière, La Fontaine, Corneille, Perrault 83. Le XVIII e : Voltaire, Beaumarchais, Rousseau, Marivaux 84. Le XIX e : Hugo, Maupassant, Verne, Rimbaud 85. Le XX e : Apollinaire, Eluard, Gary, Anouilh

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202 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret

LEcTuRE ET LITTéRATuRE Sommaire

Lecture et littérature

A. Les grands genres : RÉCIT

66. Le roman

67. Le conte et la nouvelle

68. Les récits de vie et l’autobiographie

69. La fable aux frontières des genres

POÉSIE

70. La versification

71. Le lyrisme

72. La poésie engagée

THÉATRE

73. La comédie

74. La tragédie

75. Le drame

TROIS GRANDS MOUVEMENTS

76. Le Romantisme

77. Le Classicisme

78. Le Réalisme

B. Repères littéraires : 79. L’Antiquité : Homère, Phèdre, Esope, Ovide

80. Le Moyen Âge : Chrétien de Troyes, Charles d’Orléans, François Villon, Le Roman de Renart

81. La Renaissance : Rabelais, Ronsart, Du Bellay, Montaigne

82. Le XVIIe : Molière, La Fontaine, Corneille, Perrault

83. Le XVIIIe : Voltaire, Beaumarchais, Rousseau, Marivaux

84. Le XIXe : Hugo, Maupassant, Verne, Rimbaud

85. Le XXe : Apollinaire, Eluard, Gary, Anouilh

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A. Les Grands GenresLEcTuRE ET

LITTéRATuRE

66. Le roman

Le roman est le genre littéraire dominant aujourd’hui mais il est très récent.

Le roman apparaît au Moyen Âge mais il représente alors un choix de langue plus que de contenu. En effet, le romansz, la langue romane, est la langue parlée, vulgaire, par opposition à la langue latine. Au XIIe siècle, le terme désigne ainsi un récit directement écrit en langue romane, c’est-à-dire un récit raconté en français.

Puis apparaît le roman courtois, car les femmes entrent dans le récit. Le héros est patient, aimant, fidèle, et accomplit pour sa dame de véritables prouesses. Ce récit est écrit en vers et le plus souvent en octosyllabes, comme Lancelot ou le Chevalier à la charrette (1175-1181), ou Perceval ou le Conte du Graal (1182-1190) de Chrétien de Troyes.

Le Roman de la Rose de Guillaume de Lorris et plus tard celui de Jean Renart donnent une nouvelle orientation au roman. Le merveilleux est rejeté, les lieux deviennent familiers aux lecteurs, des personnages fictifs rencontrent des personnages historiques réels. Mais ces types de récits réalistes sont encore écrits en vers et vont disparaître pro-gressivement devant le succès croissant des récits en prose : la lecture collective et orale est remplacée par la lecture individuelle.

Plus tard, au XVIe siècle, le roman devient un genre littéraire pour désigner une œuvre fictive écrite en prose racontant la vie de person-nages qui évoluent dans un monde réel. C’est le cas en France avec Pantagruel (1532) et Gargantua (1534) de François Rabelais.

Au XVIIe siècle, les romans baroques sont des romans sentimentaux et d’aventure. Ils sont le plus souvent très volumineux et racontent les aventures de deux amants séparés par le destin qui se re-trouvent à la fin.

Dans la deuxièmee moitié du XVIIe siècle, un nouveau type de roman s’oppose au roman baroque. Il s’agit de récits beaucoup plus courts et réalistes : c’est la sphère privée et intime qui est au centre du récit. Ils marquent la naissance du roman tel que nous le connaissons encore aujourd’hui. Ainsi, La Princesse de Clèves (1678) de Mme de La Fayette, est considéré comme le premier roman moderne car il comporte une véritable analyse psychologique des personnages.

C’est au XVIIIe siècle que le roman prend une place centrale dans la littérature. Partis d’Angleterre, les premiers romans à succès apparaissent : Robinson Crusoé (1719) de Daniel Defoe, Les Voyages de Gulliver (1726) de Jonathan Swift. Le roman offre une très grande variété de formes. Il devient le véhicule des idées des philosophes avec Candide (1759) de Voltaire avec le roman philosophique, voit la naissance du roman épistolaire (écrit sous forme de lettres) avec Montesquieu et Les Lettres persanes (1721) et plus tard, La Religieuse (1760) de Diderot. Il véhicule également les idées des libertins où la séduction est un art entrepris par défi et amour-propre avec Les Liaisons dangereuses (1782) de Choderlos de Laclos, qui est un roman libertin.

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A. Les Grands GenresLecture et Littérature

En tout, ce sont près de 3000 romans qui sont écrits et publiés en France pendant le siècle des Lumières.

Le XIXe siècle est l’âge d’or du roman. Les succès sont portés par le mouvement romantique avec Le Rouge et le Noir (1830) de Stendhal, Les Misérables (1862) de Victor Hugo. Ces succès sont portés aussi par le mouvement réaliste avec Bel-Ami (1885) de Guy de Maupassant et l’œuvre entière d’Honoré de Balzac, La Comédie Humaine (1830-1856), ainsi que par le mouvement naturaliste représenté par Gustave Flaubert avec Madame Bovary (1857) et Émile Zola avec Les Rougon-Macquart (1871-1893). La société devient le sujet central du roman.

Le XXe siècle est l’héritier des succès du siècle précédent. Marcel Proust publie À la recherche du temps perdu (1913-1927), œuvre constituée de sept tomes. Mais la remise en cause du modernisme, consé-quence des deux guerres mondiales, entraîne un bouleversement du roman qui se fait critique et plus pessimiste.

Dans les années 1950, tous les codes sont bouleversés : c’est la naissance du Nouveau Roman, incarné notamment par Nathalie Sarraute, qui en est une des initiatrices avec Tropismes (1939), et, plus tard, Marguerite Duras avec Moderato Cantabile (1958). Les auteurs refusent la chronologie linéaire et le personnage classique.

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A. Les Grands GenresLecture et

Littérature

67. Le conte et la nouvelle

I. LE CONTE

Le conte est à l’origine un genre oral : les conteurs, lors de soirées racontaient ces petits récits à leur auditoire. Il obéit aux règles de tout récit, c’est-à-dire qu’il suit les étapes du schéma narratif.

Le conte merveilleux est appelé également conte de fées. Il commence généralement par une formule figée comme « il était une fois », et se termine par une expression comme « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ». Les personnages sont souvent peu décrits, on les désigne par des surnoms. Ce sont des personnages-types, comme le roi, la princesse, le bûcheron, l’ogre, la fée... Les contes se déroulent dans un passé lointain, et dans un lieu souvent indéterminé.

Si le but premier d’un conte est de divertir, il peut aussi donner un enseignement, une leçon de vie. Par exemple, il apprend au lecteur que les méchants sont toujours punis (« Hansel et Gretel »). Un conte peut mettre en garde sur les dangers de la vie, comme dans « le Petit Chaperon Rouge ».

Les contes se sont répandus en littérature française à partir du XVIIe siècle. Charles Perrault écrit les Histoires ou Contes du Temps passé. À la même époque, Antoine Galland traduit les Contes des Mille et Une nuits, où l’on peut lire les histoires d’Ali Baba ou Aladin.

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A. Les Grands GenresLecture et Littérature

Au XVIIIe siècle le conte philosophique apparaît. Ce bref récit amusant est structuré comme un conte merveilleux. Il favorise la réflexion sur des sujets d’ordres moraux, religieux, philosophiques. Voltaire est le grand représentant du conte philosophique français.

II. LA NOUVELLE

Une nouvelle est faite « pour être lue d’un coup, en une fois » selon André Gide, d'où le fait que sa longueur ne dépasse pas quelques dizaines de pages. Sa brièveté implique donc une construction dramatique dense et resserrée, centrée sur un événement unique. Les personnages sont caractérisés rapidement, sans longue description, les lieux sont peu nombreux, et l’action se déroule dans un laps de temps restreint.

Très souvent, l’histoire, est racontée dans l’ordre chronologique, mais le temps peut s’écouler de différentes façons.

Trois types de fins sont possibles :

• La fin fermée, où le sort des personnages est définitif.

Exemple : « La Bande Mouchetée » de Conan Doyle, où le mystère est résolu.

• La fin ouverte qui laisse au lecteur la possibilité d’imaginer ce que deviennent les personnages.

Exemple : dans « Aux Champs » de Maupassant, on ne sait pas ce que va devenir Charlot.

• La chute du récit, élément surprenant qui renverse la situation.

Exemple : « Le Reflet » de Didier Daeninckx, où le vieil homme a une révélation sur son identité.

Les premières nouvelles datent du XVIe siècle, quand Marguerite de Navarre rédige l’Heptaméron. Mais c’est au XIXe siècle que le genre prend toute son ampleur, avec le développement du journalisme. Les nouvelles sont publiées dans les gazettes, et sont parfois nommées « contes », en particulier par Maupassant. Généralement, les nouvelles sont regroupées dans des livres qu’on appelle des recueils.

La nouvelle se décompose en plusieurs sous-genres :

La nouvelle...

réalisteprésente la vie quotidienne du XIXe siècle

auteurs majeurs : Maupassant, Balzac, Zola

la chute dévoile l’identité du criminel

auteurs majeurs : Poe, Christie, Doyle

prend place dans un monde surnaturel ou futuriste.

auteurs majeurs : Villiers de L’Isle-Adam, Brown, Mérimée

permet une réflexion sur les valeurs morales

auteurs majeurs : Voltaire, Diderot, Swift

policière

fantastique ou de science-fiction.

le conte philosophique

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A. Les Grands GenresLecture et

Littérature

68. Les récits de vie et l’autobiographie

I. DÉFINITION

II. LES CARACTÉRISTIQUES DU RÉCIT AUTOBIOGRAPHIQUE

A Auteur, narrateur et personnage

• L’auteur, le narrateur et le personnage principal d’une autobiographie sont la même personne. Dans tout texte autobiographique, il y a identité auteur = narrateur = personnage ;

• Le point de vue est subjectif, donc interne car c’est celui de l’auteur qui raconte les souvenirs de sa propre vie ;

• Le récit est obligatoirement fait à la 1e personne ;

• Deux je vont coexister : le je du moment de l’événement raconté, du souvenir, du passé, souvent de l’enfance, et le je du moment de l’écriture, du présent ;

• L’autobiographie a un double destinataire : l'auteur et son lecteur.

B Le pacte autobiographique

Le pacte autobiographique est un accord, explicite ou implicite, qui lie l’auteur et son lecteur. L’auteur s’engage à dire la vérité, ou du moins ce qu’il croit l’être car les souvenirs peuvent se déformer ou s’estomper. En retour, le lecteur s’engage à le croire sur parole : il part dans l'idée qu'il a à faire à un témoignage authentique et sincère.

C Chronologie du récit autobiographique

Le plus souvent, le récit autobiographique se fait de manière chronologique. Il commence par le récit des souvenirs d’enfance par s’achever sur le récit de moments présents. Cependant, l’auteur peut faire une sélection de ses souvenirs et peut décider de ne pas raconter certaines périodes et moments de sa vie, selon l’image qu’il veut donner de lui : c’est ce que l’on appelle le projet autobiographique.

Une autobiographie (des mots grecs autos : soi-même ; bios : la vie ; graphein : écrire) est le récit de sa propre vie par une personne ayant réellement existé. L’auteur est ainsi le narrateur et le protagoniste de son récit.

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A. Les Grands GenresLecture et Littérature

D Le rapport au passé

Le récit autobiographique alterne récit et analyse. L’auteur reconstitue son passé mais analyse aussi ce qu’il a été, il prend du recul et peut avoir ainsi une vision critique du souvenir qu’il raconte.

E Le jeu des temps

Il faut distinguer les temps qui racontent les événements passés et les temps qui correspondent au moment de l’écriture.

Le temps de l’écriture est ancré dans la situation d’énonciation : l’auteur utilise le présent, qui est le temps de base, pour faire ses commentaires et faire ses analyses ;

Le temps du souvenir peut être plus ou moins éloigné de la situation d’énonciation : l’auteur utilise alors les temps du passé que sont l’imparfait et le passé simple.

Les verbes correspondant au moment de l’écriture sont au présent d’énonciation : je me souviens...

III. LE PROJET AUTOBIOGRAPHIQUE

Les récits autobiographiques abordent très souvent les mêmes thèmes : récit d’enfance, récit d’une vocation, portraits des membres de la famille, premières rencontres...

A Un regard sur soi

Écrire son autobiographie,

• témoigne de l’envie de laisser une trace de son passage derrière soi, non seulement en tant qu’auteur mais aussi en tant qu’homme ;

• permet de mieux se connaître en analysant son propre parcours, sa propre évolution dans la vie ;

• donne de la cohérence à sa vie en l’écrivant et en lui donnant la forme d’un récit ;

• permet de se justifier de ce qu’on a fait et de ce qu’on a été ;

• permet de se confesser pour soulager sa conscience.

B Un témoignage pour les autres

Écrire son autobiographie permet de témoigner de son expérience : l’auteur considère qu’elle est assez importante pour apprendre quelque chose aux autres hommes. Il peut vouloir informer ou dénoncer.

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A. Les Grands GenresLecture et

Littérature

IV. QUELQUES AUTRES GENRES AUTOBIOGRAPHIQUES

A Récit ancré dans la situation d’énonciation

Je constate J’en déduis

Le texte fait partie d’une série de textes écrits au jour le jour.

Il s’agit d’un journal intime si n’y est consigné que ce qui touche le narrateur de près (les événements de sa vie personnelle, ses sentiments, ses pensées), ou d’un journal de voyage, d’un journal de bord, de carnets...

10 juillet [1894]

J’écrirai un livre qui étonnera mes amis. Je ne me croirai pas supérieur aux autres, comme Goncourt. Je ne dirai pas de mal de moi pour qu’on m’excuse, comme Rousseau. Je tâcherai seulement de voir clair, de faire en moi la lumière pour les autres et pour moi. J’ai trente ans.

Comment ai-je vécu jusqu’ici ? Et maintenant, que ferai-je ? Me laisserai-je aller ? Chercherai-je à me rendre utile ? Je crois que, une fois qu’on m’a bien vu, l’on ne m’oublie plus. Je suis d’une vanité qui me stupéfie, quand je la considère, l’attaque passée. Si Paris m’offrait de me couronner de lauriers, comme autrefois Pétrarque, par une démonstration officielle, je ne serais pas étonné et je saurais bien justifier cette faveur.

Jules Renard, Journal (1887-1910)

B Récit coupé de la situation d’énonciation

Je constate J’en déduis

Le narrateur raconte, pour les faire connaître, des évé-nements précis dont il a été spectateur ou qu’il a vécus avec d’autres, mais dont il n’a pas été le protagoniste.

Il s’agit d’un témoignage.

Et brusquement ce fut le dénouement. La portière s’ouvrit avec fracas ; l’obscurité retentit d’ordres hurlés dans une langue étrangère, et de ces aboiements barbares naturels aux Allemands quand ils commandent, et qui semblent libérer une hargne séculaire. Nous découvrîmes un large quai, éclairé par des projecteurs. Un peu plus loin, une file de camions. Puis tout se tut à nouveau. Quelqu’un traduisit les ordres : il fallait descendre avec les bagages et les déposer le long du train. En un instant, le quai fourmillait d’ombres ; mais nous avions peur de rompre le silence, et tous s’affairaient autour des bagages, se cherchaient, s’interpellaient, mais timidement, à mi-voix. Une dizaine de SS, plantés sur leurs jambes écartées, se tenaient à distance, l’air indifférent. À un moment donné, ils s’approchèrent, et sans élever la voix, le visage impassible, ils se mirent à interroger certains d’entre nous en les prenant à part, rapidement : « Quel âge ? En bonne santé ou malade ? » et selon la réponse, ils nous indiquaient deux directions différentes.

Primo Levi, Si c’est un homme (1947)

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A. Les Grands GenresLecture et Littérature

69. La fable aux frontières des genres

I. QU’EST-CE QU’UNE FABLE ?

Une fable est un court récit amusant, souvent en vers. Elle est composée de 2 strophes. La plus longue est consacrée à l’histoire, et la plus courte contient la morale.

La morale est placée au début ou à la fin du texte. Longue de quelques vers, elle donne au lecteur une leçon de vie, des conseils. Grâce à cette morale, le fabuliste instruit le lecteur sur la nature humaine. La morale est rédigée au présent de l’indicatif, ce qui lui donne une valeur de vérité générale. Attention, la morale n’est pas toujours écrite, c’est parfois au lecteur de la déduire de la fable. On dit alors qu’elle est implicite.

Très souvent, les personnages des fables sont des animaux doués de qualités humaines. Grâce à ces animaux, le fabuliste peut critiquer les défauts humains, tout en mettant à distance les situations. Certains animaux très caractérisés sont entrés dans l’imaginaire collectif : le roi est représenté par le Lion, le Renard est l’incarnation de la ruse... On dit dans ce cas que les animaux sont personnifiés.

C’est vrai, je suis le plus malin !

On peut donc dire que la devise de la fable est plaire à son lecteur tout en l’instruisant.

II. LA FABLE DE L’ANTIQUITÉ À NOS JOURS

Le genre de la fable trouve ses origines dans l’Antiquité, il y plus de 2500 ans.

Esope a écrit des fables en prose au VIe siècle avant J.-C. Il a eu un très grand succès, et des générations de Grecs se sont transmis ces récits.

La Fontaine s’est inspiré de ces fabulistes au XVIIe siècle pour l’écriture de ses fables. Depuis, les fables de Jean de la Fontaine connaissent toujours un grand succès.

Au XXe siècle, de nouveaux fabulistes se font connaître, comme Charpentreau et Queneau.

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A. Les Grands GenresLecture et

Littérature

70. La versificationLa versification est l’étude de la forme d’un poème.

I. LE POÈME, UN TEXTE EN VERS

Le vers n’occupe qu’une seule ligne et ne correspond pas forcément à une phrase complète ; on peut donc trouver, à la fin d'un vers, un espace blanc. Il commence le plus souvent, notamment dans la poésie classique (jusqu'au XIXe siècle), par une majuscule.

Le vers est basé sur le rythme. C’est le nombre et l’accentuation des syllabes qui vont définir ce rythme.

Un vers comporte un nombre précis de syllabes. C’est ce que l’on appelle le mètre. Pour trouver le mètre d’un vers, il faut compter les syllabes des mots que contient ce vers.

Les vers les plus connus sont :

• l’hexasyllabe : vers de six syllabes : Mon enfant, ma sœur,

Songe à la douceur

(Baudelaire, « L’invitation au voyage », 1859)

• l’octosyllabe : vers de huit syllabes : Mignonne allons voir si la rose,

Qui se matin avait déclose

(Ronsard, « A Cassandre », 1545)

• le décasyllabe : vers de dix syllabes : Maître Corbeau sur un arbre perché

(La Fontaine, « Le Corbeau et le Renard », 1668)

• l’alexandrin : vers de douze syllabes : Oh ! combien de marins, combien de capitaines

Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines, Dans ce morne horizon se sont évanouis !

(Hugo, « Oceano nox », 1840)

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A. Les Grands GenresLecture et Littérature

Il arrive parfois qu’on prononce séparément deux voyelles qui se suivent dans un mot : on dit alors que l’on fait une diérèse.

Exemple : Comme la vie est lente

Et comme l’Espérance est violente. (Apollinaire, « Sous le Pont Mirabeau », 1913)

Dans le 2e vers qui est un décasyllabe, on n’obtient les dix syllabes que si l’on prononce vi/o/lente en trois syllabes, avec une diérèse. Ce procédé permet d’obtenir le bon décompte, mais il permet surtout d’insister sur un mot en l’allongeant.

II. LES RIMES

Une rime, c’est la répétition d’un son à la fin de plusieurs vers.

Les rimes peuvent être disposées de trois façons différentes :

• Elles peuvent être embrassées. Une paire de rimes en englobe une autre. Le schéma est donc en ABBA.

Le temps a laissé son manteau (A)

De vent, de froidure et de pluie (B)

Et s’est vêtu de broderie (B)

De soleil luisant, clair et beau. (A)

(Charles d’Orléans, « Rondeau », 1450)

Pour compter les syllabes, il faut faire attention au -e muet :

• Il compte dans un vers quand il est suivi par un mot commençant par une consonne ;

• Il ne compte pas quand il est suivi par un mot commençant par une voyelle ;

• Il ne compte pas quand il est suivi par un mot commençant par un h muet ;

• Il ne compte pas à la fin d’un vers.

Exemple : « Par la Natur(e), -heureux comm(e) avec une femm(e) » (Rimbaud, « Sensation », 1870)

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A. Les Grands GenresLecture et

Littérature

• Elles peuvent être croisées. Elles s’entrecroisent. Le schéma est donc en ABAB.

Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, (A) Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends. (B) J’irai par la forêt, j’irai par la montagne, (A) Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. (B)

(Victor Hugo, « Demain, dès l’aube... », 1856)

• Enfin, les rimes peuvent être plates ou suivies. Elles se suivent deux à deux. Le schéma est en AABB.

Attention : Jusqu’au XIXe siècle, la poésie était en vers fixes et rimés. Au XIXe siècle, certains poètes se libèrent des contraintes : c’est l’invention du vers libre, ce qui signifie que les poèmes ne contiennent pas de rimes. On parle de poèmes en prose.

On juge la valeur des rimes au nombre de sons qui sont repris : chaque son est codifié par un signe de l’Alphabet Phonétique International.

Exemples : enflammée / fumée : [e] 1 son commun -> rime pauvre ;

âme / femme : [am] 2 sons communs -> rime suffisante ;

capitaine / lointaine : [ten] 3 sons communs -> rime riche.

Les rimes ont elles aussi un genre : une rime est dite féminine lorsqu’elle se termine par un e muet. Toutes les autres terminaisons donnent des rimes masculines.

III. LES RYTHMES

A La césure 

Une césure est une pause dans un vers. Une des plus utilisées est la césure à l’hémistiche dans l’alexandrin : elle sépare le vers en deux moitiés égales ou hémistiches (du grec hémi- : moitié et -stiche : vers).

Exemple : La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme (Baudelaire, « L’homme et la mer », 1859)

B Les répétitions de sons

L’assonance : répétition d’un même son voyelle.

Exemple : Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant (Verlaine, « Mon rêve familier », 1866)

L’allitération : répétition d’un même son consonne.

Exemple : Ils vont, de l’aube au soir, faire éternellement Dans la même prison le même mouvement. (Hugo, « Melancholia », 1856)

214 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret

A. Les Grands GenresLecture et Littérature

C Les propositions dans le vers

L’enjambement : la proposition commencée dans un vers continue dans le suivant.

Exemple : Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme

Sourirait un enfant malade, il fait un somme.

(Rimbaud, « Le Dormeur du Val », 1870)

Le rejet : on rejette au vers suivant un mot ou un court groupe de mots de la proposition.

Exemple : Il dort dans le soleil la main sur sa poitrine,

Tranquille.

(Rimbaud, « Le Dormeur du Val », 1870)

Le contre-rejet : un mot ou un court groupe de mots est seul en fin de vers alors que le reste de la proposition est au vers suivant.

Exemple : Voilà le souvenir enivrant qui voltige Dans l’air troublé ; les yeux se ferment ; le Vertige Saisit l’âme vaincue et la pousse à deux mains Vers un gouffre obscurci de miasmes humains

(Baudelaire, « Le Flacon », 1859)

IV. LES STROPHES

Une strophe regroupe plusieurs vers entre deux espaces. Il en existe plusieurs :

• Une strophe qui contient deux vers s’appelle un distique.

• Une strophe qui contient trois vers s’appelle un tercet.

• Une strophe qui contient quatre vers s’appelle un quatrain.

• Une strophe qui contient cinq vers s’appelle un quintil.

• Une strophe qui contient six vers s’appelle un sizain.

• Une strophe qui contient dix vers s’appelle un dizain.

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A. Les Grands GenresLecture et

Littérature

V. QUELQUES POÈMES À FORME FIXE

• La ballade comporte trois strophes d’un même nombre de vers, fondées sur les mêmes rimes, et une strophe plus courte (Le plus souvent, elle est formée de trois huitains d’octosyllabes et d’un qua-train) ;

• Le rondeau se compose de trois strophes : un quintil, un tercet, un autre quintil ; chaque strophe est formée sur deux rimes seulement ;

• Le sonnet est la forme qui a connu le plus de succès à partir de la Renaissance. Il se compose de deux quatrains et deux tercets fondés sur deux autres rimes. Le schéma des rimes du sonnet est : ABBA ABBA CCD EDE.

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A. Les Grands GenresLecture et Littérature

71. Le lyrisme

I. DÉFINITION DU LYRISME

La légende raconte que le Dieu Apollon a offert au poète Orphée un instrument de musique, une lyre, afin qu’il puisse chanter ses poèmes.

Le lyrisme est donc un chant, des mots mis en poème de façon presque musicale. Cette musique des mots met en valeur l’expression des sentiments.

II. LES PROCÉDÉS D’ÉCRITURE

A Les formes de poèmes lyriques

B Les procédés d’écriture

Les poèmes sont écrits à la première personne, qui représente le poète, et prennent en compte un destinataire, désigné par la deuxième personne. Le poète, afin d’affirmer ses sentiments, utilise des interjections, des phrases exclamatives ou traduit son hésitation par des points de suspension.

Les figures de style sont nombreuses : métaphore, comparaison, personnification, anaphore, hyperbole...

Le poète prend un soin tout particulier aux rythmes et aux sonorités qui composent son poème.

C’est grâce à un méticuleux travail sur la langue que le poète peut communiquer au lecteur ses émotions. Le lyrisme est donc un hommage aux sentiments, mais aussi à la façon de les exprimer.

La complainte

La ballade

Le rondeauLe poème en prose

L’ode

Le sonnet

Composée de deux quatrains et deux tercets, cette forme de poème est la plus populaire au XVIe et XIXe siècle.

Ce poème assez court met en avant la musicalité de la langue, et insiste sur la présence d’un locuteur exprimant ses états d’âme.

C’est une chanson chantée sur un air connu, qui raconte les malheurs d’un personnage. Elle est devenue ensuite la chanson populaire.

Elle se compose de trois strophes qui utilisent les mêmes rimes. Ces strophes sont terminées par un refrain, et un envoi. En perdant son caractère chanté la ballade développe des thèmes de plus en plus profonds.

Il est en rapport avec la danse, la ronde. Ce court poème comporte à l’origine huit vers, dont deux qui forment le refrain.

Certains poètes abandonnent à partir de la deuxième partie du XIXe siècle la poésie formelle, la disposition en vers, I’utilisation des rimes.

La poésie lyrique

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 217

A. Les Grands GenresLecture et

Littérature

III. LE LYRISME AU FIL DES SIÈCLES

• Au Moyen Âge, la poésie amoureuse naît avec le mouvement des troubadours et des trouvères. La poésie était alors mise en musique et récitée lors de veillées.

• Au XVIe siècle, la Renaissance met en évidence un renouveau de la poésie française sous l’influence de la poésie italienne. L’introduction du sonnet favorise la création poétique de poètes de la Pléiade. Le lyrisme poétique tombe en désuétude à la fin de cette période.

• Mais il fait son retour au XIXe siècle avec le mouvement romantique, puis avec la poésie symboliste. Lamartine, Hugo, Musset, Nerval, Desbordes-Valmore entre autres poètes, mettent l’individu et ses sentiments au cœur de leur poésie. Par la suite, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud insistent sur la  musicalité de la poésie, son pouvoir de suggestion, sa puissance évocatrice : les Symbolistes sont en cela des poètes lyriques.

• Au XXe siècle, le lyrisme et la poésie engagée cohabitent, et se font souvent écho. Le mouvement surréaliste met l’amour et la femme au cœur de la poésie. Il ne faut par ailleurs pas négliger un aspect essentiel du lyrisme : la chanson. Par un retour aux sources du lyrisme, c’est désormais accompagnés par la musique que les sentiments s’expriment, par exemple dans les chansons de Jacques Brel, Georges Moustaki, Serge Lama ...

218 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret

A. Les Grands GenresLecture et Littérature

72. La poésie engagée

I. DÉFINITION

Depuis le XXe siècle, s’engager signifie qu’on participe à la vie sociale, politique, intellectuelle ou religieuse de son temps en suivant ses convictions profondes et en assumant les risques de l’action.

Elle est d’une grande force argumentative car elle cherche à convaincre le lecteur.

II. UNE POÉSIE DE CIRCONSTANCE

Dans un contexte historique précis, comme des guerres, comme des atteintes à la liberté, l’oppression sous toutes ses formes, le poète peut décider de s’engager, de mettre son art au service d’une cause. Cette poésie est donc liée à des périodes de bouleversements historiques.

La poésie engagée est donc une poésie de circonstance.

L’engagement poétique des poètes est souvent accompagné d’un engagement personnel.

• Dès le Moyen Âge, le poème La Ballade des pendus (1462) de François Villon fait entendre la voix des nécessiteux.

• Le XVIIe siècle se caractérise par une dénonciation souvent orientée vers la Cour. L’engagement prend la forme non pas de poèmes mais de fables ou de pièces de théâtre. Jean de La fontaine dépeint dans ses Fables (1668) les hypocrisies, les abus de pouvoir de la Cour de Louis XIV, les injustices de l’Ancien Régime.

• Au XVIIIe siècle, le philosophe se fait un devoir de servir et d’améliorer la société. Il dénonce l’into-lérance (Voltaire), l’esclavage (Montesquieu)... sous d’autres formes littéraires que la forme poétique, comme les textes philosophiques ou le théâtre par exemple.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 219

A. Les Grands GenresLecture et

Littérature

• Au XIXe siècle, Victor Hugo exprime dans ses œuvres son engagement social en faveur des miséreux, des déshérités (Melancholia, Les Contemplations 1856) ou son engagement politique, notamment son opposition à Napoléon III, dans Les Châtiments (1853).

• Au XXe siècle, Guillaume Apollinaire dénonce les horreurs de la Première Guerre mondiale dans son recueil Calligrammes (1918). De nombreux poètes s’engagent dans la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale : Robert Desnos, Paul Eluard, Louis Aragon... . Le Chant des partisans (1943), de Joseph Kessel et Maurice Druon, devient l’hymne de la Résistance.

III. LA POÉSIE COMME DEVOIR DE MÉMOIRE

La poésie engagée a pour vocation première de dénoncer les injustices et horreurs du monde mais éga-lement d’en témoigner pour qu’elles ne se reproduisent plus. Elle a ainsi pour visée d’empêcher que ces bouleversements historiques tragiques ne sombrent dans l’oubli. Elle permet d’honorer la mémoire de ceux et celles qui se sont sacrifiés.

Par exemple, lorsque Louis Aragon écrit le poème Strophes pour se souvenir en 1955, il rend hommage au groupe Manouchian, un groupe de Résistants fusillés en 1944.

220 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret

A. Les Grands GenresLecture et Littérature

73. La comédie

I. DÉFINITION

Le terme comédie a désigné dans un premier temps le théâtre en général. La comédie s’oppose à la tragédie. Elle cherche à amuser, à faire rire par la légèreté des intrigues et la peinture des personnages. Au contraire de la tragédie dont les personnages sont des dieux ou issus de la noblesse, la comédie met en scène des bourgeois et des gens du peuple.

II. NAISSANCE ET ÉVOLUTION DE LA COMÉDIE

A La comédie dans l’Antiquité

Le mot comédie vient du grec komos (= procession) et odè (= chant). En Grèce, dans les processions des fêtes de Dionysos (Bacchus en latin), dieu du vin et de la fête, les premiers acteurs en effet se battent, apostrophent les spectateurs. La comédie se développe, à Athènes, pendant le Ve siècle avant J.-C.

La comédie se fait d’abord la critique de la politique et de la morale avec Aristophane, pour se faire ensuite comédie de mœurs avec une intrigue (souvent un mariage arrangé).

B La comédie au Moyen Âge

Le théâtre du Moyen Âge est avant tout d’origine religieuse : les pièces sont jouées devant les églises, sur le parvis, d’abord en latin, puis en langue régionale. Le théâtre comique est indépendant de ce théâtre religieux. On assiste alors à des soties, dans lesquelles les acteurs se déguisent en sots, en fous ; ce sont des pièces satiriques, faites pour se moquer. Des farces également sont représentées : elles mettent en scène des gens du peuple et de moyenne condition dans leur vie quotidienne. Le style est souvent grossier.

Tout en continuant d’être satirique, la comédie s’inspire de la Commedia Dell’arte, comédie italienne, qui est basée sur l’improvisation.

C La comédie au XVIIe siècle

Le XVIIe siècle est le siècle de la comédie. Thomas Corneille (1606-1684), Rotrou (1609-1650), et Scarron (1610-1660) s’éloignent de la farce et la rendent plus subtile et moins grossière. (Corneille, Mélite, 1629).

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A. Les Grands GenresLecture et

Littérature

Pour Molière, la comédie a pour but de corriger les défauts humains par le rire, en les dénonçant.

Il s’impose dans la comédie de mœurs et de caractère en singeant d’abord la Commedia Dell’arte avec Le Dépit amoureux (1655), puis en s’en détachant et en créant des personnages auxquels s’identifient les spectateurs : il fait la peinture fidèle, drôle mais aussi grave, de la société de son époque avec Dom Juan (1665), L’ Avare (1668) ou encore Le Malade imaginaire (1673).

Après la comédie de caractère qui peint les caractères, la comédie de mœurs qui inscrit les personnages dans leur milieu social, la comédie d’intrigue qui complique l’histoire pour le plaisir, la comédie-ballet, inventée par Molière, fait son apparition : elle est une comédie qui inclut des danses, accompagnées d’un orchestre.

D La comédie au XVIIIe siècle

Certains auteurs du Siècle des Lumières estiment que le théâtre est non seulement un divertissement, mais aussi un outil pédagogique qui agit comme un révélateur des défauts pour mieux en prendre conscience, et, idéalement, les corriger.

Marivaux dans L’Ile des Esclaves (1725), rêve d’une société idéale et critique les abus de la société de son temps.

E La comédie au XIXe siècle

Les règles des trois unités (unité de temps / de lieu / d’action) est abandonnée car trop contraignante, mais la comédie d’intrigue et de mœurs, très appréciée, perdure : elle s’attaque aux travers de la société avec Le Voyage de Monsieur Perrichon (1860) d’Eugène Labiche, par exemple.

La comédie romantique fait son apparition : elle met en scène avec finesse et légèreté la complexité des sentiments amoureux (On ne badine pas avec l’amour, 1834, Alfred de Musset).

F La comédie au XXe siècle

La gravité de la situation politique au XXe siècle conduit les auteurs de théâtre à s’engager. Ils s’interrogent sur les rapports entre les individus et le pouvoir, affirment le caractère inévitable de la guerre et montrent combien il est important de s’engager. On assiste alors à un retour de la tragédie et des grands mythes.

C’est Alfred Jarry qui annonce, avec le comique de l’absurde, un renouveau dans la comédie. Avec Eugène Ionesco dans La Cantatrice chauve en 1954, des répliques souvent dénuées de sens s’enchaînent pour donner une image drôle mais aussi effrayante de l’humanité.

222 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret

A. Les Grands GenresLecture et Littérature

74. La tragédie

I. LA NAISSANCE DE LA TRAGÉDIE

Le théâtre est né en Grèce. Les premières tragédies ont eu lieu lors de fêtes religieuses. C’était alors un groupe d’hommes (le chœur) qui chantait des poèmes sur la vie des Dieux. À partir du VIe siècle avant J.-C, les acteurs sont masqués, et évoluent sur une estrade, qui est donc l’ancêtre de la scène. Ces comédiens sont chaussés de cothurnes (sandales à semelles compensées) pour paraître plus grands. Peu à peu, les acteurs ne récitent plus un poème, mais incarnent des personnages qui se donnent la réplique. Au Ve siècle avant J.-C, la tragédie est née.

II. UN GENRE CODIFIÉ

A Terreur et pitié

La tragédie est le genre théâtral qui met les personnages de haut rang (roi, princesse, noble) dans une situation de conflit, dans laquelle ils tentent de résister face au destin ou face aux Dieux. Mais le héros peut également être en situation de conflit intérieur, ce qui explique la présence de longues tirades ou monologues dans lesquels il délibère, c’est-à-dire s’interroge à haute voix avant de prendre une décision.

Le philosophe grec Aristote a défini les règles fondamentales de la tragédie :

- L’action doit former un tout, c’est-à-dire avoir un début, un milieu et une fin.

- La bienséance : on ne doit pas représenter sur scène d’actions violentes. Il ne peut pas y avoir de sang ou de meurtre sur scène. La violence se déroule en coulisses, et le récit en est fait par les témoins.

- La vraisemblance : il faut que l’on puisse croire aux actions représentées sur scène.

- Une tragédie doit provoquer la terreur et la pitié chez le spectateur, afin qu’il se libère de ses pas-sions en regardant la pièce.

B La règle des trois unités

L’Académie Française impose la règle des trois unités, résumée par Boileau dans la formule : « Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli/ Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli ».

- Unité de temps : l’action doit se dérouler en moins de vingt-quatre heures.

- Unité de lieu : l’action se déroule au même endroit du début à la fin de la pièce.

- Unité d’action : on se limite à une seule histoire. Il peut y avoir des intrigues secondaires, mais elles n’ont pas d’influence sur l’intrigue principale.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 223

A. Les Grands GenresLecture et

Littérature

C Structure d’une tragédie

Tragédie classique

Acte I

Acte II

Acte III

Acte IV

Acte V

L’exposition : présentation des personnageset de leur situation.

Le noeud de l’action : la situation atteintson paroxysme.

L’action.

Le suspens : le dénouement est retardé.

Le dénouement : la situation est résolue,de façon malheureuse.

III. LA TRAGÉDIE AU FIL DES SIÈCLES

A L’Antiquité

Eschyle est le premier auteur à avoir introduit deux acteurs sur scène. Sophocle a favorisé l’émergence du dialogue, il a écrit Antigone (442 avant J.-C). Euripide a composé Andromaque (426 avant J.-C). Le genre s’essouffle et tombe dans l’oubli pendant des siècles, avant de renaître en Angleterre sous la plume de Shakespeare.

B William Shakespeare

Le britannique Shakespeare a vécu de 1564 à 1616 et a laissé des chefs-d’œuvre universels tels que Roméo et Juliette, Macbeth, Hamlet. Ses personnages subissent une succession d’événements qui les conduit à une fin tragique, et souvent très sanglante.

C La tragédie classique française

Les auteurs du XVIIe siècle en France utilisent à nouveau les figures antiques pour créer leurs personnages, qui sont des nobles en proie à des événements exceptionnels. Cette fois, le devoir (souvent politique) qui s’oppose aux passions est au cœur de la problématique. Racine développe le thème dans Andromaque, Britannicus, Bérénice . Corneille dans Horace, Médée, le Cid, met en avant des qualités morales qui permettent aux héros de devenir meilleurs.

Les tragédies du XVIIe siècle sont rimées en cinq actes, et respectent les règles des trois unités.

D Le tragique moderne

Au XXe siècle, les dramaturges inspirés par l’actualité prennent la plume pour moderniser les mythes antiques, et montrer que, quelle que soit l’époque, l’homme ne peut pas échapper à son destin tragique. Les auteurs mettent surtout en avant l’engrenage qui mène vers une catastrophe annoncée. C’est ce que montre Cocteau dans La Machine Infernale.

224 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret

A. Les Grands GenresLecture et Littérature

75. Le drame

I. DÉFINITION

II. ÉVOLUTION DU DRAME

A Au XVIIIe siècle : le drame bourgeois

Pendant la deuxième moitié du Siècle des Lumières, le théâtre voit naître un genre nouveau, intermédiaire entre la comédie et la tragédie : le drame bourgeois. Il ressemble à la comédie car il peint de manière réaliste les milieux bourgeois mais il ressemble aussi à la tragédie par le ton sérieux et la gravité des malheurs que traversent les personnages. L’issue du drame est heureuse, comme dans la comédie. Diderot, le créateur de ce genre, écrit et fait jouer deux drames : Le Fils naturel ou Les épreuves de la vertu en 1757 et Le Père de famille en 1758.

B Le drame au XIXe siècle

a. Le drame romantique n’a couvert que quelques années du XIXe siècle (1827-1843) et ne concerne en fait que quatre auteurs : Victor Hugo avec Hernani (1831) ou Ruy Blas (1838), Alfred de Vigny avec Chatterton (1835), Alfred de Musset avec Lorenzaccio (1834) et Alexandre Dumas avec Henri III et sa cour en 1829. Cependant, il marque une véritable révolution dans le genre théâtral :

• Une révolution historique : l'histoire récente devient le thème préféré. Toutes les couches de la société sont peintes, et le roi, avant figure intouchable, voit son autorité contestée ;

• Une révolution philosophique : le héros est un être tourmenté et amoureux, figure du romantisme ;

• Une révolution technique : les règles des trois unités sont abolies, les tons sont mélangés et les intrigues plus nombreuses.

b. Le drame symboliste fait son apparition entre 1885 et 1914. Ce drame à la tonalité lyrique, refuse la légèreté des comédies de mœurs. Il est illustré notamment par Paul Claudel avec La Ville (1893).

Du grec drama (= action), le drame est un pièce de théâtre de ton moins élevé que la tragédie, qui elle, représente une action violente ou douloureuse. Dans le drame, le drama-turge joue sur l’opposition du sérieux et du comique, de la destinée individuelle et de l’Histoire. Le comique se mêle ainsi au tragique.

Le drame se distingue alors des deux grands genres drama-tiques traditionnels, que sont la tragédie et la comédie.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 225

A. Les Grands GenresLecture et

Littérature

76. Le Romantisme

I. UN VASTE MOUVEMENT EUROPÉEN

A La naissance du mouvement

Si ce mouvement apparaît, c’est qu’il est lié à la politique. Artistiquement, le Romantisme se veut en rupture avec le Classicisme du XVIIe siècle, et la philosophie des Lumières, car il privilégie des thèmes différents.

B Les thèmes privilégiés

- De nouvelles inspirations. Afin de marquer sa différence avec le Classicisme, le Romantisme exploite de nouvelles sources. Abandonnant les références antiques, les auteurs mettent en valeur le Moyen Âge, redécouvrent Shakespeare et la Renaissance, et s’inspirent des légendes orientales. Certains puisent également une nouvelle inspiration dans la Bible.

- L’importance du « moi ». Le Romantisme, c’est le culte de la subjectivité. Les écrivains mettent en valeur leurs émotions, leurs sentiments, leurs doutes de leurs personnages, face à une société en mutation, et qui ne les comprend pas.

- La mélancolie et l’expression des sentiments. L’amour a une place importante dans les écrits romantiques, mais n’en est pas l’unique thème. « Le Mal du Siècle », autrement dit la mélancolie se manifeste dans de nombreuses œuvres. Il est d’autant plus renforcé que l’amour peut apporter plus de tourments que de joie au poète romantique. Le mouvement est donc fortement marqué par le lyrisme.

- Le désir d’évasion et l’attrait de la nature. Pour fuir la réalité, pour se consoler de ses déboires amoureux, le Romantique se réfugie dans la nature, lieu qui favorise la méditation, la contemplation, le rêve.

Tous ces thèmes débouchent sur la création du héros romantique, être complexe, tourmenté et passionné, en décalage avec son temps.

Le Romantisme est un courant artistique et culturel qui s’est développé dans toute l’Europe dès la fin du XVIIIe siècle et qui s’achève à la fin du XIXe siècle. Les prémices du Romantisme

se trouvent dans le Sturm und Drang allemand, dont le nom signifie « tempête et passion ». Les précurseurs en France sont  Rousseau, Mme de Staël et Chateaubriand.

226 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret

A. Les Grands GenresLecture et Littérature

II. LES ÉCRIVAINS ROMANTIQUES

A Dans la littérature française

• Alfred de Musset (1810–1857) écrit la Confession d’un Enfant du Siècle (1836), où il raconte sous une forme de roman son histoire d’amour avec sa maîtresse George Sand, et la pièce Lorenzaccio (1834).

• Gérard de Nerval (1808–1855), dans ses poèmes, exprime son mal-être et son impression d’être incompris, comme dans « El Desdichado ».

• Alfred de Vigny (1797–1863) suit les préceptes du drame romantique dans ses pièces Cinq-Mars (1826) et Chatterton (1835).

• Benjamin Constant (1767–1830) invente une figure majeure du héros romantique, Adolphe, dans le roman du même nom en 1816.

• Stendhal (1783–1842) écrit deux romans majeurs, mettant en scène l’archétype du héros romantique : Le Rouge et le Noir, (1830) et la Chartreuse de Parme (1839).

• Alexandre Dumas (1802–1870) affirme son goût romantique du roman historique avec la Reine Margot (1845) ou les Trois Mousquetaires (1844), et crée au théâtre le personnage d’Antony en 1831.

B Dans les autres pays européens

En Allemagne : Goethe (1749–1832) met en avant les émotions dans le roman épistolaire les Souffrances du Jeune Werther. Hoffmann (1776–1822) publie des contes qui seront parfois adaptés en opéra ou en ballet.

En Angleterre : Shelley (1792–1822), Keats (1795–1821) et Byron (1788–1837), explorent les thèmes romantiques dans leurs poèmes. Deux sœurs romancières, Charlotte Brontë (1816–1855) et Emily Brontë (1818–1848) font la part belle aux sentiments dans leurs romans Jane Eyre et Les Hauts de Hurlevents.

• Victor Hugo (1802-1885) s’est imposé comme le chef de file du mouvement. Sa pièce Hernani (1830).

• Alphonse de Lamartine (1790-1869) développe les thèmes romantiques dans son recueil de poèmes Les Méditations poétiques (1820).

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 227

A. Les Grands GenresLecture et

Littérature

III. LE ROMANTISME DANS LES AUTRES FORMES D’ART

A En peinture

Eugène Delacroix (1798–1863), Autoportrait

Johann Heinrich Füssli (1741–1825), Le Cauchemar

Caspar David Friedrich (1774–1840), L’abbaye dans une forêt de chênes

Théodore Géricault (1791–1824),Le Radeau de la Méduse

Francisco de Goya (1746–1828), Tres de Mayo

228 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret

A. Les Grands GenresLecture et Littérature

B En musique

Le terme de « romantisme » est moins clair en musique. On considère généralement qu’il couvre tout le XIXe siècle.

Les symphonies apparaissent vers 1750, et deviennent le genre privilégié pour la musique d'orchestre. Ludwig von Beethoven, Johannes Brahms, Richard Wagner, Antonin Dvorak s’en emparent et composent des symphonies considérées comme romantiques.

En 1820, le clavecin cède sa place à un nouvel instrument, le piano. Des pièces pour piano sont composées par Frédéric Chopin ou Franz Schubert.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 229

A. Les Grands GenresLecture et

Littérature

77. Le classicisme

Le classicisme représente la période artistique française qui s’étend globalement de 1660 à 1680. Cette période correspond à la toute-puissance de la monarchie absolue : c’est le règne de Louis XIV et la France est alors à l’apogée de sa puissance, d’un point de vue politique et culturel.

Le classicisme n’est pas un mouvement littéraire. Il réunit des artistes qui ont les mêmes idéaux, notamment celui d’atteindre la beauté des œuvres antiques. Pour atteindre cet idéal, ils vont obéir à des règles communes, quelle que soit l’expression de leur art : imitation des Anciens, imitation de la nature, clarté du style, sobriété, volonté de plaire et d’instruire.

I. LE CLASSICISME DANS LA LITTÉRATURE

L’idéal proposé par le classicisme est préparé au début du XVIIe siècle par le cardinal Richelieu, qui, en 1635, crée l’Académie française, dont les membres ont pour charge d’introduire de l’ordre et de la rigueur dans la langue et dans la littérature. Pour cela, vont être créés un dictionnaire, une grammaire et une poétique. Ainsi, de nouvelles règles sont posées.

L’idéal classique est idéalement un idéal humain, celui de l’honnête homme, qui doit maîtriser ses émotions, être cultivé, modeste, tolérant et avoir bon goût. Cette communauté d’auteurs au goût et à l’idéal communs donne à Boileau matière à écrire dans son Art poétique (1674). C’est dans le théâtre que le classicisme se manifeste le plus.

A La langue

Les auteurs classiques cherchent à atteindre une langue pure et claire et le style doit être élégant.

Avant donc que d’écrire, apprenez à penser.

Selon que notre idée est plus ou moins obscure,

L’expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.

Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement

Et les mots pour le dire arrivent aisément.

Boileau, L’Art poétique (1674), Chant I

230 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret

A. Les Grands GenresLecture et Littérature

B La raison

Les auteurs classiques ont le souci de l’équilibre et de la mesure, contrairement aux auteurs baroques : c’est au nom de cette raison que les auteurs de théâtre respectent la règle des 3 unités (action / lieu / temps) et de la bienséance. L’artiste peut représenter des scènes de violence, de cruauté, mais il doit proscrire l’horreur.

Il s’agit d’éviter toute fascination pour le morbide par le public et créer de l’empathie pour les victimes. C’est Corneille avec Le Cid (1636) qui applique pour la première fois un code théâtral, à partir duquel les autres dramaturges vont élaborer des règles communes.

Quelque sujet qu’on traite, ou plaisant, ou sublime,

Que toujours le bon sens s’accorde avec la rime […]

Aimez donc la raison : que toujours vos écrits

Empruntent d’elle seule et leur lustre et leur prix.

Boileau, L’Art poétique (1674), Chant I

C Plaire et instruire

Les auteurs classiques mêlent l’utile et l’agréable : il faut plaire au public et le divertir mais l’art doit atteindre un autre but : l’instruire.

La Fontaine écrit dans sa Dédicace au Roi, Fables (1668) : « Je me sers d’animaux pour instruire les hommes ». Pour Molière, « L’emploi de la comédie est de corriger les vices des hommes », Le Tartuffe (1669). Il fait de la comédie un révélateur des défauts des hommes et de la société de son époque, comme dans L’École des femmes (1662), Dom Juan (1665), ou Le Misanthrope (1666).

D Imiter les Anciens et la nature

L’imitation est essentielle aux auteurs classiques. Il leur faut imiter la nature car elle est pure et objective : « Lorsque vous peignez les hommes, il faut peindre d’après nature » (Molière, L’École des femmes, 1663), mais il faut aussi admirer les chefs-d’œuvre des Anciens en les imitant, c’est-à-dire imiter les thèmes abordés par les écrivains de l’Antiquité gréco-romaine. C’est ainsi que les pièces de Racine s’inspirent du modèle antique : Andromaque (1667), Britannicus (1669), ou encore la très célèbre Phèdre (1677).

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 231

A. Les Grands GenresLecture et

Littérature

II. LE CLASSICISME DANS LES BEAUX-ARTS

Le goût du faste, du grandiose et du luxe de Louis XIV sont également propices à l’épanouissement des beaux-arts, symboles de sa magnificence à travers le monde. Les règles sont les mêmes que celles de la littérature.

A La sculpture

Avec Girardon et Coysevox, la sculpture traduit cette même aspiration à la noblesse. La sculpture classique privilégie les attitudes élégantes et simples, sans manières. Ainsi, François Girardon (1628–1715) réalise une grande partie des sculptures du Palais de Versailles et de ses jardins. Antoine Coysevox (1640–1720), de son côté, réalise des sculptures similaires.

Apollon servi par les nymphes, Girardon (1666)Grotte de Téthys

Château de Versailles

Mercure sur Pégase, Coysevox (1701)Jardin des Tuileries en 1986

B La peinture

La peinture classique puise son inspiration dans les œuvres de l’italien Raphaël (1483–1520). Elle aspire à un idéal de perfection, à travers des sujets nobles inspirés de l’Antiquité, comme les victoires, les figures mythologiques et héroïques.

C’est Nicolas Poussin (1594–1665) qui est la figure majeure de cette peinture : la composition de ses œuvres est pure, claire et ordonnée mathématiquement ; la symétrie et le respect des proportions sont essentiels. Les personnages sont pâles et font penser à des statues antiques.

Leur posture est fière et majestueuse. La lumière est claire, et les contrastes doux. Le Lorrain (1600–1682) suit la même conception de l’art, en peignant principalement des paysages, qui feront de lui un maître de la lumière. Charles Le Brun (1619–1690), peintre officiel de la cour de Louis XIV, fonde en 1648, sous la protection de Mazarin, l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture. C’est lui qui est chargé de décorer le Louvre et les châteaux de Vaux-le-Vicomte et de Versailles.

232 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret

A. Les Grands GenresLecture et Littérature

Orphée et Eurydice, Poussin (1650–1653)Le Louvre, Paris

La fureur des duels arrêtée, Charles Le Brun (1662)

Plafond de la Galerie des GlacesChâteau de Versailles

Le débarquement de Cléopâtre à Tarse,Le Lorrain (1642)Le Louvre, Paris

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 233

A. Les Grands GenresLecture et

Littérature

C L’architecture

Les bâtiments aussi recherchent la symétrie et la rigueur géométrique. Jules Hardouin-Mansart (1646-1708) est chargé de la réalisation de la Galerie des Glaces, les Grande et petite Écuries, l’Orangerie, le Grand Trianon, et plus encore, à Versailles. Louis Le Vau (1612-1670) est le créateur du Château de Vaux-le-Vicomte, intendant et ordonnateur des bâtiments royaux en 1654. Il participe notamment aux travaux d’aménagement du Louvre et des Tuileries. En ce qui concerne les jardins, on peut mentionner André Le Nôtre (1613-1700), jardinier de Louis XIV, qui aménage le parc et les jardins de Versailles, ainsi que ceux de Vaux-le-Vicomte et de Chantilly. Il est le maître des parterres de fleurs et des jets d’eau du château.

La Galerie des Glaces, 1678Jules Hardouin-Mansart

La fontaine du Bosquet des Rocailles, 1680-1683André Le Nôtre

Château de Versailles

Château de Vaux-le-Vicomte, 1656-1661Charles Le Vau

D La musique

Enfin, c’est le compositeur Lully, florentin formé à Paris, qui représente le classicisme en poésie et qui domine l’ensemble de la vie musicale en France à l’époque de Louis XIV.

234 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret

A. Les Grands GenresLecture et Littérature

78. Le réalisme et le naturalisme

I. LE RÉALISME EN PEINTURE

Le réalisme apparaît dans un premier temps en peinture.

Les peintres réalistes rejettent l’idée du conformisme, de devoir traiter de sujets académiques de façon codifiée. Ils partent à la recherche de paysages authentiques, en ville ou à la campagne et y représentent des sujets empruntés à la vie quotidienne. Ils abandonnent ainsi les sujets mythologiques ou la représentation de scènes historiques.

Les Glaneuses (1857) L’Angélus (1857–1859)

Millet (1814 – 1875) introduit le peuple dans ses tableaux, et peint en particulier le monde paysan.

Les Cribleuses de Blé (1855) Les Casseurs de pierre (1849)

Courbet (1819–1877) refuse de suivre les règles de la bienséance, et reproduit ses sujets avec fidélité. Il affiche sa rupture par la dimension gigantesque de ses toiles, qui n’est habituellement pas utilisée pour représenter le monde des travailleurs.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 235

A. Les Grands GenresLecture et

Littérature

L’Absinthe (1875) Les Blanchisseuses (1884)

Degas (1834–1917). Quoique classé parmi les peintres impressionnistes, il se définissait lui-même comme réaliste ou naturaliste. En effet, il représente des scènes de la vie ordinaire, sans dissimuler la réalité de son époque.

Le Linge (1875) Un Bar aux Folies-Bergères (1881)

Manet (1832–1883) . Exclu des Salons, des expositions officielles et de l’Exposition Universelle de Paris à cause de la modernité de son style, il influence toute une génération d’artistes qui se réclamera de lui : les Impressionnistes.

236 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret

A. Les Grands GenresLecture et Littérature

II. RÉALISME ET NATURALISME EN LITTÉRATURE

A Définition

Le nom réalisme est formé à partir de l’adjectif réel. Le  mouvement apparaît à la deuxième moitié du XIXe siècle. Selon Maupassant, cela « consiste donc à donner l’illusion complète du vrai » (préface de Pierre et Jean, 1887).

Dans ce but, les écrivains réalistes se documentent longuement sur leur sujet avant d’entreprendre l’écriture de leurs romans, ils adoptent une posture de scientifique, observant et analysant le réel pour mieux le décrire.

Pour qu’un roman ou une nouvelle réaliste présente l’illusion du vrai, il faut que les personnages appartiennent à des milieux sociaux bien définis tels que le monde paysan (« Pierrot » de Maupassant), les employés ou ouvriers (Au Bonheur des Dames de Zola), les petits bourgeois de Paris ou de province (Madame Bovary de Flaubert).

En littérature, pour parler du mouvement réaliste de la fin du XIXe siècle, on utilise le terme de Naturalisme, qui a été créé par Émile Zola. L’École naturaliste voit le jour en 1860.

B Les écrivains naturalistes et réalistes.

Selon Émile Zola, c’est Flaubert qui invente ce nouveau genre d’écriture. Son excès d’analyse sans compromis de la société lui vaudra des ennuis avec la justice : son roman Madame Bovary (1857) est condamné pour outrage à la morale et à la religion.

Émile Zola est en effet le grand auteur naturaliste de son temps. Dans ses œuvres, s’il dresse un portrait sans complaisance de toutes les classes sociales, c’est pour mieux prendre le parti des déshérités. Son roman Germinal (1885) en est l’exemple le plus célèbre, dans lequel il raconte la dure vie des mineurs de fond qui mènent une grève désespérée pour améliorer leurs conditions de vie.

Il est par ailleurs l’instigateur de soirées littéraires qui débouchent sur la publication du recueil des Soirées de Médan (1880), où un groupe d’écrivains rédige des nouvelles sur la guerre de 1870, en appliquant les principes du naturalisme. C’est à cette occasion que Maupassant écrit « Boule-de-Suif ».

Les autres auteurs considérés comme naturalistes sont Jules Renard (1864-1610) qui écrit Poil de Carotte en 1894 , Jules Vallès (1832 – 1885) qui rédige l’Enfant en 1879, ou Alphonse Daudet (1840 – 1897) et son Petit Chose en 1868.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 237

B. Repères littérairesLecture et

Littérature

79. L’Antiquité

I. HOMÈRE

Homère est un poète épique grec qui aurait vécu au VIIIe siècle avant J.-C. Il est l’auteur le plus célèbre de l’Antiquité.

La tradition le représente sous les traits d’un vieil aède (un artiste qui chante des épopées) aveugle, qui parcourait le monde en déclamant ses vers et en racontant ses histoires. On sait bien peu de choses sur lui et sa vie est entou-rée de mystères.

Toutefois, il laisse au monde deux longs poèmes qui totalisent 27800 vers.

Son premier poème, L’Iliade, raconte une partie de la guerre qui a opposé des Grecs et les Troyens. (Ilion = Troie)

L’Odyssée, son second poème, raconte le retour d’Ulysse, après la guerre, sur son île d’Ithaque (Odysseus = Ulysse).

Ces deux poèmes servaient aux enfants grecs de premiers livres de lecture à l’école et les Grecs les connaissaient par cœur.

D’abord tu rencontreras les Sirènes, séductrices de tous les hommes qui s’approchent d’elles : celui qui, poussé par son imprudence, écoutera la voix des Sirènes, ne verra plus son épouse ni ses enfants chéris qui seraient cependant charmés de son retour ; [...] Fuis ces bords et bouche les oreilles de tes compagnons avec de la cire molle, de peur qu’aucun d’eux ne les entende. Toi-même, si tu le désires, tu pourras écouter les Sirènes, mais laisse-toi auparavant attacher les pieds et les mains au mât de ton navire rapide.

L’Odyssée, Chant XII

II. ESOPE

Esope est un fabuliste grec qui aurait vécu aux VIIe et VIe siècles avant J.-C.

On raconte de lui qu’il est un esclave boîteux (aisopos en grec signifie le  boîteux) et bossu. Une fois affranchi, il voyage beaucoup. On lui attribue plus de 300 fables qui racontent les aventures d’animaux aux comportements très humains. Ses fables sont le fruit de la tradition orale.

238 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret

B. Repères littérairesLecture et Littérature

III. OVIDE

Ovide, de son nom complet Publius Ovidius Naso, est un poète latin qui est né en 43 avant J.-C et mort en 17 après J.-C.

Il vit la naissance de l’Empire Romain : il naît un an après l’assassinat de Jules César.

Ovide naît dans une famille aisée et s’intéresse très tôt à la poésie, mais étudie le métier d’avocat qu’il exerce à Rome.

Il publie en 15 avant J.-C. un recueil de poèmes, Les Amours, et Les Héroïdes, un recueil de lettres écrites en vers. Toutefois, il est surtout connu pour être l’auteur des Métamorphoses, un poème de 230 fables qui racontent des transformations d’êtres humains en plantes, en animaux...

IV. PHÈDRE

Phèdre, de son nom complet Caius Julius Phaedrus est un fabuliste latin qui serait né en 14 avant J.-C et mort en 50 après J.-C.

Il écrit des fables qui lui sont inspirées d’Ésope pour certaines, mais pas la majorité. Comme celles d’Ésope, ses fables mettent en scène des animaux aux comportements humains.

Disgracié parce que soupçonné d’avoir fait des allusions politiques dans certaines fables, c’est en exil qu’il écrit ses œuvres. On lui attribue 5 recueils, soit environ 130 fables.

Il demeure dans l’oubli quasiment jusqu’au XVIe siècle. Au XVIIe, il va à son tour inspirer Jean de La Fontaine.

C’est Ésope qui, le premier, a trouvé ces matériaux : moi, je les ai façonnés en vers iambiques. Ce petit livre a un double mérite : il fait rire et il donne de sages conseils pour la conduite de la vie. À celui qui viendrait me reprocher injustement de faire parler non seulement les animaux, mais même les arbres, je rappellerai que je m’amuse ici à de pures fictions.

Prologue des Fables

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 239

B. Repères littérairesLecture et

Littérature

80. Le Moyen Âge

I. CHRÉTIEN DE TROYES

On sait très peu de choses sur la vie de Chrétien de Troyes, les éléments connus sont ceux que l’on peut déduire du contenu de ses préfaces.

Il a été au service de Marie de Champagne et de Philippe d’Alsace, et est certainement mort en 1195.

Il est un auteur majeur du Moyen Âge, puisqu’il a écrit cinq récits en octosyllabes entre 1170 et 1185 : Érec et Énide, Cligès, Lancelot, ou le Chevalier de la charrette, Yvain, ou le Chevalier au lion, et Perceval, ou le Conte du Graal.

Puis que ma dame de Chanpaigne

Vialt que romans a feire anpraigne,

Je l’anprendrai mout volentiers,

Come cil qui est suens antiers

De quanqu’il puet el monde feire,

Sanz rien de losange avant treire.

Lancelot ou le Chevalier de la charrette

II. CHARLES D’ORLÉANS

Charles d’Orléans est né à Paris en 1394 ; il appartient à la famille royale des Valois. Il a participé à la bataille d’Azincourt en 1415, qui a vu la défaite des Français face aux Anglais lors de la guerre de Cent ans, et a été fait prisonnier. Charles d’Orléans est resté en captivité pendant vingt-cinq ans.

C’est pendant ces vingt-cinq années qu’il a composé ses poèmes, bal-lades et rondeaux. Il y parle de l’amour, de la guerre, et du désarroi d’être loin de son pays.

Une fois rentré en France, en 1440, il s’installe à Blois, où il continue de composer de la littérature. Il meurt en 1465 à Amboise.

240 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret

B. Repères littérairesLecture et Littérature

III. FRANÇOIS VILLON

François de Montcorbier est né probablement en 1431. Orphelin de père, il est recueilli par le Chanoine Guillaume de Villon, à qui il emprunte son nom. François Villon se fait également appeler François des Loges, ou Michel Mouton.

François Villon fait des études à la Sorbonne, mais il est aussi amené à fréquenter la pègre, ce qui lui vaut des ennuis avec la justice. Il a même été obligé de fuir Paris en 1455, après avoir tué un prêtre lors d’une bagarre. Il a également cambriolé le collège de Navarre. Il alterne les séjours en prison et les voyages en province. En 1461 il rentre à Paris et entame la rédaction du « Testament ».

Une fois de plus, il participe à une rixe, et est condamné à être pendu. C’est à cette occasion qu’il écrit « La Ballade des Pendus ». En 1463, sa condamnation à mort est annulée, et Villon disparaît : on ne sait pas ce qu'il est devenu à la fin de sa vie.

IV. LE ROMAN DE RENART

Le Roman de Renart est composé de vingt-sept branches, c’est-à-dire des contes écrits en octosyllabes. Entre 1170 et 1250, différents auteurs, souvent anomynes, enrichissent ce recueil.

Si ce livre s’appelle «roman», cela signifie qu’il est écrit dans la langue de tous les jours, la langue romane, et non en latin.

Ce recueil raconte les aventures d’un goupil nommé Renart, qui est rusé, menteur, parfois cruel avec les autres animaux. Cette société animale pleine de fantaisie est le reflet de la vie de tous les jours au Moyen Âge, et permet une critique parfois féroce des dérives des trois ordres médiévaux. Ainsi, le clergé est-il parodié, tout comme l’idéal chevaleresque et courtois.

Jean de la Fontaine s’est souvenu des aventures de Renart quand il

à composé sa fable « le Corbeau et le Renard ».

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 241

B. Repères littérairesLecture et

Littérature

81. La Renaissance

I. RABELAIS

François Rabelais est un écrivain français né vers 1494 et mort en 1553.

Il reçoit une éducation qui le conduit à devenir prêtre. Contre les enseignements chrétiens, il étudie la médecine. Il publie alors sa première œuvre, Pantagruel, en 1532, puis Gargantua, en 1534, chroniques amusantes et joyeuses de la vie de géants insatiables.

Il devient docteur en médecine en 1537.

Rabelais est tout en opposition : il est tour à tour ecclésiastique et anti-clérical (contre le clergé), chrétien et libre penseur, médecin et bon vivant. Il luttera par les mots toute sa vie pour la tolérance et la paix et sera un des membres fondateurs de l’humanisme, mouvement artistique

et culturel de la Renaissance, qui se caractérise par sa foi en l’homme et par l’intérêt pour toutes les formes de la connaissance, et par la redécouverte de la culture de l’Antiquité.

II. RONSARD

Pierre de Ronsard, issu d’une vieille famille noble, est une figure majeure de la poésie de la Renaissance. Il naît en 1524 et meurt en 1585, à l’âge de 61 ans.

Il est le page de nombreux aristocrates, dont le fils du roi François Ier. Il se destine à la carrière de diplomate mais une grave maladie le rend presque sourd. Il se consacre alors entièrement à la poésie.

C’est à Paris qu’il contribue à former la Pléiade, groupe d’écrivains qui se donnent comme mission d’enrichir la langue française et de créer une véritable littérature française. Il devient alors le poète le plus important du

groupe avec son ami Joachim du Bellay. Il est reconnu unanimement comme le «Prince des poètes». Ses recueils sont imités, des poèmes lui sont dédiés.

Il est l’auteur d’une œuvre vaste qui, en plus de trente ans, s’est porté aussi bien sur la poésie engagée dans les guerres de religion (Les Hymnes, 1555), que sur l’épopée avec La Franciade (1572).

242 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret

B. Repères littérairesLecture et Littérature

III. DU BELLAY

Joachim du Bellay naît en 1522 dans son château familial près de Liré, en Anjou et meurt à Paris en 1560, à l’âge de 37 ans.

À Paris, en 1547, il rencontre Ronsard, et va, avec lui, s’initier à la culture de l’Antiquité gréco-latine avec l’humaniste Jean Dorat. Membre actif du groupe de la Pléiade, il signe la célèbre Défense et illustration de la langue française, en 1549.

De 1553 à 1557, il part accompagner son cousin en mission diplo-matique à Rome. De retour en France, il fait publier ses œuvres en 1558, écrites pendant son exil de quatre ans : Les Antiquités de Rome, Les divers Jeux rustiques et son recueil le plus célèbre, Les Regrets (1558), qui exprime sa nostalgie de la France mais également ses doutes et ses espoirs.

IV. MONTAIGNE

Montaigne, de son véritable nom Michel Eyquem, est né en 1533 au château de Montaigne dans le Périgord. Il meurt en 1592, alors âgé de 59 ans.

Son père s’attache à lui inculquer une bonne éducation et une bonne instruction. À treize ans, il apprend le droit mais sa rencontre avec La Boétie va lui permettre de s’orienter vers la littérature.

Montaigne fréquente la cour jusqu’en 1568, et, en 1571, il se retire dans le château de son enfance. Dès 1572, il y entreprend la rédaction des Essais, dont la première édition paraît en 1580.

Dans ses Essais, Montaigne parle de lui-même, sans se cacher, en toute franchise. Souvent, ses pensées sont empreintes de pessimisme. Sa devise est « Que sais-je ? ». Pour lui, le savoir et la connaissance de soi sont les seules voies qui mènent à la sagesse pour vivre en accord avec la nature, en se préparant à la mort. Jusqu’à celle-ci, en 1592, il ne cessera de modifier et d’enrichir ses Essais.

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B. Repères littérairesLecture et

Littérature

82. Le XVIIe siècle

I. MOLIÈRE

Molière est le pseudonyme de Jean-Baptiste Poquelin. Il est né en 1622.

Son père est tapissier du roi, mais le jeune homme refuse de suivre sa voie: il sera dramaturge. Il rencontre la famille Béjart, part avec elle en province pour peaufiner son jeu et son style littéraire et fonde la troupe de l’Illustre-Théâtre. Il a vingt et un ans. Après avoir passé quinze ans sur les routes, il rentre à Paris et bénéficie de la protection de Monsieur, Frère du Roi, puis du Roi lui -même. Louis XIV lui donne alors la possibilité de jouer dans la Salle du Petit-Bourbon. En 1669, il est nommé pourvoyeur des divertissements royaux, et collabore avec Lully.

Pour Molière, la règle la plus importante est de plaire à son public, en l’amusant et en le faisant rire. Il se moque des défauts de ses

contemporains (Les Précieuses Ridicules, l’Avare, Le Bourgeois Gentihomme), et n’oublie pas de critiquer son époque.

Malgré une maladie qui l’affaiblit, Molière monte sur scène pour jouer Le Malade Imaginaire. Il s’effondre sur scène lors de la quatrième représentation, et meurt chez lui en 1673. Il faut l’intervention de Louis XIV pour que le comédien soit enterré, de nuit, en terre chrétienne.

II. JEAN DE LA FONTAINE

Jean de la Fontaine est né à Château-Thierry en 1621, et meurt en 1695. Il fait de longues études, qui le mènent à Paris en 1645, et devient en 1652 Maître des Eaux et Forêts de Château-Thierry. Il publie une première œuvre en 1656, une comédie. C’est en fréquentant le Surintendant Nicolas Fouquet qu’il sympathise avec Racine, Perrault, Molière.

Dès 1664, La Fontaine écrit des œuvres courtes, des nouvelles, des contes, et surtout des fables. C’est tout l’héritage antique de Phèdre ou d’Ésope que le fabuliste développe dans une écriture gaie et enjouée lors de 241 fables. Si son but est de distraire son lecteur, il souhaite également l’instruire. Sous chaque animal, le poète dissimule un homme, un défaut, une idée, et permet ainsi la réflexion.

Contrairement à Molière, La Fontaine ne sera jamais protégé par le Roi, qui lui fera payer toute sa vie son amitié avec Fouquet.

244 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret

B. Repères littérairesLecture et Littérature

III. PIERRE CORNEILLE

Pierre Corneille est né à Rouen en 1606.

Il suit des études qui le mènent à acheter deux offices d’avocat, charge qu’il abandonne en 1650. Sa première comédie est jouée en 1629, mais c’est le registre plus grave de la tragi-comédie qui le propulse vers la gloire : Le Cid est un véritable succès dès 1636. La pièce narre les amours contrariées de Rodrigue et de Chimène, sur fond d’héroïsme, valeur chère à l’auteur, et fait de Corneille un auteur reconnu. Par la suite, Corneille s’intéresse à l’histoire romaine, et rédige Horace et Cinna en 1640. Le dramaturge entre à l’Académie Française en 1647.

Corneille écrit en 1660 les Trois Discours, dans lesquels il analyse l’écriture dramatique. Par la suite, le succès grandissant de Racine jette un voile sur la fin de la carrière de Corneille. L’auteur meurt en 1684.

IV. CHARLES PERRAULT

Perrault voit le jour à Paris en 1628, dans une famille de parlementaires.

Il devient avocat à Orléans, et publie dès 1653 un premier poème. En 1663, il entre au service de Colbert, auprès duquel il travaille pendant vingt ans.

Perrault s’engage dans la Querelle des Anciens et des Modernes pendant de longues années, et écrit à ce sujet Le Siècle de Louis le Grand.

Dès 1691, afin de s’opposer aux Contes de La Fontaine, Perrault publie « Grisélidis », « Les Souhaits ridicules » et « Peau-d’Âne ». Par la suite, il regroupe de nouveaux textes dans un recueil intitulé les Contes de Ma mère l’Oye, directement inspirés par les contes populaires en vogue dans les campagnes. Il n’est pas certain que Perrault ait écrit seul ces textes, il est possible que ce livre soit le fruit d’une collaboration avec son fils Pierre. Perrault décède en 1703

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 245

B. Repères littérairesLecture et

Littérature

83. Le XVIIIe siècle

I. VOLTAIRE

Voltaire, de son nom véritable François-Marie Arouet, couvre la quasi totalité du XVIIIe siècle. Il est né en 1694 et mort à 83 ans, en 1778. Ses cendres reposent depuis 1791 au Panthéon.

À partir de 1715, il fréquente les salons littéraires et compose des écrits satiriques qui le conduisent à la Bastille, qui est à l’époque une prison, et vit même l’exil en Angleterre, en 1726.

Sa vie mouvementée est marquée par l’engagement au service de la liberté. Il est un travailleur infatigable et pratique presque tous les genres littéraires : il est à la fois dramaturge, poète, historien, pamphlétaire, journaliste, philosophe et conteur.

Il lutte contre l’intolérance et le fanatisme religieux qu’il nomme «l’infâme», en publiant en 1734 Les Lettres philosophiques, et le Traité sur la Tolérance en 1768, Zadig en 1748, et Candide en 1759. Il est une figure emblématique de la philosophie des Lumières qui tire son nom de la volonté des philosophes de ce siècle de combattre les ténèbres de l’ignorance par la diffusion du savoir.

II. BEAUMARCHAIS

Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, ou Beaumarchais, est né en 1732 et mort en 1799, à l’âge de 67 ans.

Il vit une enfance heureuse et matériellement aisée. Il devient célèbre par ses procès et son immense fortune qu’il acquiert dans le commerce avec l’Amérique.

Écrivain, musicien, poète, pamphlétaire, politique, dramaturge, il est surtout connu pour sa trilogie théâtrale : Le Barbier de Séville (1735), Le Mariage de Figaro (1784) et La Mère coupable (1792).

Sa vie est marquée par le combat contre l’injustice et l’iniquité. Il souhaite une société fondée sur le mérite et le travail et se fait le critique, annonciateur de la Révolution en 1789, de la société française d’Ancien régime.

246 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret

B. Repères littérairesLecture et Littérature

III. ROUSSEAU

Jean-Jacques Rousseau est né à Genève, en Suisse, en 1712 et mort en 1778, à l’âge de 66 ans. Ses cendres se trouvent au Panthéon depuis 1794.

Orphelin de mère dès sa naissance, il acquiert sa grande culture en autodidacte : il est tour à tour romancier, dramaturge, philosophe, moraliste, sans oublier compositeur.

Il s’installe à Paris en 1742 et mène des activités dans les domaines de la musique et de l’écriture, notamment la philosophie. C’est en 1750, avec le Discours sur les sciences et les arts qu’il connaît son premier grand succès qui fait de lui un auteur à la mode. Mais il est aussi connu pour être le père du roman épistolaire Julie et la nouvelle Héloïse (1761), de Du Contrat social (1762) et de Émile ou de l’Éducation (1762). Ces deux dernières œuvres seront condamnées par le Parlement de Paris et lui coûteront l’exil pendant plusieurs années.

Ses dernières années, loin de tous, seront consacrées à l’écriture de soi : les Confessions (1765–1770) publiées en 1782, mais encore ses Rêveries du promeneur solitaire (1776–1778). C’est par cette abondante œuvre autobiographique que la vie de Rousseau nous est surtout connue.

IV. MARIVAUX

Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux naît à Paris en 1688 et meurt, à Paris, en 1763, à 75 ans.

Très tôt, il mène une carrière triple : journaliste d’abord, puis romancier avec La vie de Marianne (1731–1742, inachevé) ou Le Paysan parvenu (1734, inachevé), et enfin auteur dramatique fécond avec des comédies basées sur les sentiments comme La Surprise de l’Amour en 1722, La double Inconstance en 1723 ou encore Le Jeu de l’Amour et du Hasard en 1730 ; des comédies de mœurs avec L’École des Mères en 1732 ; ou encore des comédies sociales qui posent des problèmes fondamentaux : la liberté et l’égalité entre les individus, avec L’Ile des Esclaves en 1725.

Considéré comme un brillant moraliste, il est, par ses oeuvres, un témoin essentiel de la société et des usages de son temps.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 247

B. Repères littérairesLecture et

Littérature

84. Le XIXe siècle

I. VICTOR HUGO

Victor Hugo est né en 1802 et décède en 1885. Il montre très tôt des ambitions littéraires, et compose dès seize ans son premier poème, salué par la critique.

Il est le chef de file du mouvement romantique français, dès 1830 et la pièce Hernani, qui a déchaîné les passions de toute une génération d’écrivains et peintres. Cette même année, Hugo publie le roman Notre-Dame de Paris, et devient un écrivain reconnu.

Hugo a vécu des drames qui ont influencé sa création littéraire. Par exemple, en 1843, sa fille Léopoldine se noie dans la Seine : il publiera à sa mémoire les Contemplations.

Par ailleurs, Hugo s’engage en politique dès 1848. Il s’oppose à Louis Napoléon Bonaparte lors de son coup d’état, et est contraint de quitter

clandestinement la France. Lors de cette période de dix-neuf ans, il écrit notamment les Misérables (1862), Les Châtiments (1853). En 1870, l’Empereur chute et Hugo rentre triomphalement à Paris, où il reprend son engagement politique et littéraire. À sa mort un grand deuil national est décidé, et un million de Français défilent devant sa dépouille exposée sous l’Arc de Triomphe.

II. GUY DE MAUPASSANT

C’est en 1850, près de la ville de Dieppe, que Guy de Maupassant voit le jour. Son premier travail est commis au Ministère de la Marine, et il s’engage en 1870 comme garde mobile. Ces deux expériences

l’inspireront grandement lors de la rédaction de ses nouvelles.

Maupassant fréquente les grands romanciers de la deuxième moitié du XIXe siècle : Flaubert, Zola, les frères Goncourt. Sa nouvelle « Boule de Suif » le fait entrer dans la catégorie des écrivains naturalistes, et il exploite cette veine dans nombre de ses nouvelles, comme « la Maison Tellier », « Une Partie de Campagne » ou « la Parure ». Maupassant publie au total plus de 300 nouvelles. Dans son roman Bel-Ami (1885), il dresse le portrait d’un jeune homme ambitieux et manipulateur qui veut faire son chemin dans le milieu du journalisme.

Mais la fin de sa vie est marquée par la maladie. Sa production se teinte de plus en plus de pessimisme, et l’auteur montre dans « le Horla » sa hantise de devenir fou, comme son frère. Après une tentative de suicide

manquée en 1891, Maupassant est interné. Il meurt en 1893 dans la clinique du Docteur Blanche.

248 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret

B. Repères littérairesLecture et Littérature

III. JULES VERNE

Jules Verne est né à Nantes en 1828, et meurt en 1905 à Amiens. Le premier roman de Verne, Cinq Semaines en Ballon (1863), est refusé par quinze éditeurs différents. Le seizième éditeur, Hetzel, offre sa chance à Verne, qui explore alors le genre nouveau de la science-fiction, avec par exemple Voyage au centre de la Terre (1864), Vingt Mille Lieues sous les mers (1869).

Verne écrit également des romans d’aventure, qui emmènent ses lecteurs vers des contrées sauvages et éloignées : Le Tour du Monde en quatre-vingt jours (1873), Deux ans de vacances (1888), Michel Strogoff (1876).

Verne vit heureux jusqu’en 1886, où il subit l’agression d’un membre de sa famille. Il se retire de la vie mondaine, et ses livres se teintent alors de pessimisme. Il s’investit dans la vie politique locale, à Amiens. Il perd peu à peu la vue, et meurt en 1905 d’une crise de diabète.

IV. ARTHUR RIMBAUD

Celui que Paul Verlaine surnomme « l’Homme aux semelles de vent » est né à Charleville en 1854. Ce brillant élève est encouragé par son professeur Izambart à écrire de la poésie. Mais il est aussi indiscipliné, et fugue dès l’âge de quinze ans. Sa grande ambition est de fréquenter les poètes, aussi envoie-t-il à Banville des vers dans l’espoir d’être publié.

La Guerre de 1870 et les évènements de la Commune de Paris en 1871 marquent fortement l’œuvre de Rimbaud. À seize ans, il a déjà écrit des chefs d’œuvres comme « le Dormeur du Val », « Ma Bohème », et à dix-sept ans, il compose le long poème « le Bateau Ivre » dans lequel il exprime son désir de rompre avec son quotidien pour explorer de nouvelles voies poétiques.

C’est ce poème qu’il envoie à Verlaine, qui, ébloui, l’invite à le rejoindre à Paris. Les deux poètes errent à travers l’Europe pendant plusieurs mois, au terme desquels Verlaine blesse son ami d’un coup de revolver, après une dispute. Verlaine termine sa course en prison, et Rimbaud écrit en 1873 Une Saison en Enfer, puis les Illuminations. En 1875, il abandonne la poésie, laissant à Verlaine ses derniers écrits.

Il quitte tout, et voyage de nouveau en Europe. À partir de 1880, il s’installe en Afrique, où il vit de trafics, mène des expéditions. En 1891, Rimbaud est rapatrié à Marseille pour y subir une amputation de la jambe. Il meurt la même année d’un cancer généralisé : il a 37 ans.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 249

B. Repères littérairesLecture et

Littérature

85. Le XXe siècle

I. GUILLAUME APOLLINAIRE

Wilhelm Apollinaris de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire, naît à Rome en 1880, sujet polonais de l’empire russe, d’une mère polonaise et d’un père officier italien. Il meurt à Paris en 1918, de la grippe espagnole, à l’âge de 38 ans.

Son enfance et son adolescence se trouvent sous l’emprise de sa mère fantasque. C’est en 1890, à Monaco, qu’il s’initie aux mythes antiques et aux légendes médiévales. En 1899, sa famille s’installe à Paris, après avoir écumé tous les casinos d’Europe, et Apollinaire est obligé de travailler. Il commence à écrire, publie L’Hérésiarque et Cie en 1910, et se lie d’amitié avec de nombreux artistes, dont Picasso, grâce auquel il rencontre le peintre Marie Laurencin. Leur relation passionnée dure jusqu’en 1912. Ses poèmes paraissent dans de nom-

breuses revues. En 1913, il connaît le succès avec son recueil Alcools, qui les réunit tous.

Dès 1914, alors citoyen russe, il demande à être incorporé dans l’armée française ; il est affecté dans l’artillerie, en tant que brigadier. En 1916, il est naturalisé mais un éclat d’obus le blesse à la tempe. Pour lui, la guerre est terminée et il revient à Paris. Il fait publier un recueil de contes Le poète assassiné en 1916 et son dernier recueil de poèmes à la disposition typographique originale, Calligrammes, en 1918.

« Salut monde dont je suis la langue

éloquente que sa bouche O Paris tire

et tirera toujours aux Allemands »

Calligrammes

250 CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret

B. Repères littérairesLecture et Littérature

II. PAUL ELUARD

Paul Eluard, de son vrai nom Eugène Grindel, est né en 1895 et mort en 1952, à 57 ans.

Dès le début de la Grande Guerre en 1914, il est mobilisé et envoyé sur le front en tant qu’infirmier dans un hôpital militaire. En 1916, alors au front, il fait publier un recueil de poèmes, Le Devoir, dans lequel il exprime son horreur de la guerre. Celle-ci terminée, grâce au recueil Les Poèmes pour la paix (1918), il fait la rencontre d’André Breton, Louis Aragon, Philippe Soupault et devient avec eux, un membre actif du groupe surréaliste.

En 1926, il adhère avec ses amis surréalistes au parti communiste. Comme eux, à cause de divergences politiques, il s’en fera exclure en 1933, date à laquelle il publie Capitale de la douleur, dans lequel il exprime sa totale liberté d’expression.

Il écrit, pendant la seconde Guerre mondiale, dans la France occupée, de nombreux textes de réconfort et de lutte et fait partie de la résistance. Il fait publier clandestinement en 1942 Poésie et Vérité qui contient le célèbre poème « Liberté » que la Royal Air Force parachutera dans les maquis. Son  engagement fait de lui le symbole d’un idéal de fraternité et de liberté.

En 1952, deux mois avant sa mort, il publie Les sentiers et les routes de la Poésie.

III. ROMAIN GARY

Né Romain Kacew, Romain Gary est né à Vilnius en Lituanie (alors sous l’empire russe) en 1914 et mort en 1980 à Paris, à l’âge de 66 ans.

Romain Gary âgé, de 14 ans, arrive à Nice avec sa mère, qui place en lui de grands espoirs. Il est naturalisé français en 1935 et il est appelé à faire son service militaire. En 1938, il est incorporé dans l’aviation. Il rejoint l’Angleterre et les Forces aériennes françaises libres en 1940. Il fait ses débuts dans la diplomatie au service de la France après la guerre, en 1945, et devient secrétaire d’ambassade à Sofia (Bulgarie) puis à Berne (Suisse), et attaché de presse de l’ONU à New-York. Parallèlement à ses activités de diplomate, il publie en 1956 Les Racines du Ciel grâce auquel il gagne le Prix Goncourt. Il se détache du Ministères des Affaires étrangères en 1960.

Ce n’est qu’après son suicide en 1980 que l’on découvre que Romain Gary a écrit d’autres romans sous le pseudonyme d’Emile Ajar. C’est sous ce même pseudonyme qu’il a signé La Vie devant soi (1975), son œuvre la plus connue, et obtenu un autre prix Goncourt.

CNED LES ESSENTIELS FRANÇAIS – livret 251

B. Repères littérairesLecture et

Littérature

IV. JEAN ANOUILH

Jean Anouilh naît en 1910 et meurt en 1987, à l’âge de 77 ans.

C’est très jeune qu’Anouilh se découvre une passion pour le théâtre. Il devient le secrétaire de Louis Jouvet en 1929 et commence à cette date à écrire. Sa première pièce, L’Hermine, jouée en 1932 connaît un succès plutôt mitigé. Il doit attendre Le Voyageur sans bagages en 1937 pour enfin se faire un nom. Le succès en 1938 de La Sauvage et de Le Bal des Voleurs confirme sa notoriété.

En 1939 éclate la seconde Guerre mondiale. Anouilh est le secrétaire d’un commandant à Auxerre. Il continue d’écrire malgré l’occupation

allemande ; il ne prend position ni pour la résistance ni pour la collaboration. Sa neutralité provoque la colère de certains.

Anouilh organise sa composition théâtrale en plusieurs périodes : avant la guerre, il écrit la série des Pièces roses, marquées par la fantaisie. Pendant la guerre, il écrit des Pièces noires, qu’il fera jouer à Paris en pleine Occupation allemande, pièces graves qui prennent appui sur des mythes antiques : Antigone (1944), réécriture du mythe de Sophocle, ou Médée (1946).

Après la guerre, il écrit encore des Pièces brillantes, des Pièces grinçantes, ainsi que des Pièces costumées. Son œuvre est abondante et variée.