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LE

VERITABLE PETIT .. ALBERT

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LE

VERITABLE

PETIT -ALBERT OU

SECRET POUR ACqlJERIR

UN TRESOR SUIVI D'UN

PETIT RECUEIL de quelques-uns des lerveilleoI Secrets de la Nature, de la leduioe, de I'lbduslrie,

des Scieuces el des Arls

DMi~ aUI Classes Laborieuses des Villes et des Campagnes du Bas - Canada

PAR

JOSEPH-NORBERT DUQUET TYPOGRAPHB

QUEBEC Imprime a l'imprimel'ie uu Journal de Quebec.

1861

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Depose.· conform~ment A,I' Acte dO. Parlement Provin­cial, I'an 1S61, par I'nuteur, JOSEPH-NoRBERT DUQlIET, au Bureau du Registrateur de"la Province du Canada.

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A VERTISSEMENT

Voici un petit livre qui fait son apparition dans un temps bien critique, ou les esprit se trouvent presque tous absorbes pat' la terrible pensee de la guerre ! et au momenl meme que notre cher Canada est a la veille de perdre son plus beau tresor: la pa ix !

Quant a ce tresor incomparable, qm pourrait no us donner maliere a .un chapitre tres - inte­res~ant, nous Ie declarons de suile, nous ne pou­voris rien promcttre, soit pOll I' conserver, soit pOlll' acqucrir un tel tresor, C'est au lion brilan­nique it veiller SUI' ce precieux depot con fie it sa gar'de vigilanle,

En livl'ant alljourd'hui, ala curiosile du public, cet olJvrage que nous avons intitu\e : Le l'eritoble Petit-Albert ou secret pour acqwjrir un (resor, Jlotl'e but cst de donner au lectcllr, d'abord un aper~u fidele des prillcipaux livres de secrets meJ'­veilleux qui ont fait tant de viclimes et qui en font encore malheureusement un si grand Ilombre chez presque tous les pellples, Quelques personnes,

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VI A VERTISSEMENT.

qui ignorent tout Ie mal que font plusieurs de ces livres au milieu de· nous, dironl, peut-Mre, que 1I0llS avons ell lort de devoiler la stupidite ot les choses abominables que renferment ces livres trompeurs; et que notre publication pourrait ac­crediter davanta~e I~s .supers~~ion~ parmi Ie peu­pIe. A celles:lil, nous leur dirons de descendre quelque peu les degres de la societe, et de s'infor­mer de ce que l'on pense, parmi un trop gmnd Dombre d'hommes, du Petit-Albert, du Grand­Albert, du Drugon-Rou-ge,du t;rimoi1'e, etq., alors elles seront d'accord avec no US, et reconnaitront la necessite qu'il y a de meUre a nu les mensonges grossiers et ridicules. que renferment ca,s iivres dangereux, mais qui cessen! de l'etre du moment qu'on en fait voir toute I'absurdite. Tel est Ie but que nO,lIs nOus proposons d'alteindre dans Ie pre­mier livre.'

Dans Ie deuxieme livre, nous faisons voir ce que c'est que les lresol's caches, ainsi que les personnes qui s'occnpent ales decouvrir; HOUS rapportons aussi quelques histoires de chercheurs de tresOfl!' qui ont eu pour theatre les villes de Qnebec et de Montreal, I}isloires que nou1\ termi,nons par IIll

chapitre SUI' la canse qni a fail se pmpager ces fausses croyanc\\s jusqn'a Hos,jonrs.

Dans Ie troisieme, nous o/frons aux classes ou­vrieres des moyens tres-propI'esa ameliorer leur condition sociale avec Ie t'eritable secret pour acque­rir un: tresor, etc. Nons ayons eu Ie plaisir de lire cette partie, eocore mannscrite, a plusieurs ou-

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A VEn TISSE~lENT. VII

vrier~, appartenant 11 uifl'er~nts eorps de melier, ellous en ont ete tres-salisfaits. Nous esperons done aujourd'hui que les classes ouvrieres en ge­neral s'interesseront 11 lire surlout ee lI'oisieme livre.

Le qnatrieme est dcdie 11 la classe agricole, et nous llvons lieu d'espercr que les cultivateurs ne liront pas sans lIIteret ceUe partie uans laquelle ils trouveront de qnoi les encourager dans la culture du sol, ainsi que les moyens propres a ameliorer leur sort en leur faisant oblenir uu gouvernement une protection sans egale pour l'induslrie agricole. lis y liront aussi un chapitre sur les miseres et les dangers des proces, si fu­nesles surlout au paysan.

Enfin, dans Ie cinquieme livre, Ie leeteur lroll­vera un « Pelit Recueil de quelques-uns des mer­veilleux Secrets de la Nature, de la Medecine, de l'Industrie, des Sciences et des Arts.)) La plupart de ces secrets sonl extraits u'nn onvrage public recemment 11 Paris par Ie profcsseur Victor Dou­blet, auteur d'un grand nombre d'ouvrages d'his­toire, de morale, de mathCmatiques, de sciences, de lilterature etd'cducation, etc. Quant aux secrets concernant specialp.ment la mcdecine, nous cnga­gp.ons fortement tout lecteur, qui serait dans Ie cas de s'en servir, de lire attcnlivement Ic Secret im­portant pour se guerir soi-mt!1ne, qu'il trouvera 11 la page 123.

En dCdiant co T'eritable l'etit-Albert aux classes laborieuses des villes et des campagnes dll Bas-

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VlIl A VERTISSEMENT.

Canada, -qne nons avons soumis Ii des personnes competentes, - nous osons esperer qlI'elles' ac­cueillel"ont avec plaisir et satisfaction cet ouvrage et qu'elles nous aideront efficaccment Ii en propa­gel" la lecture.

J. N. DUQUET, Typographe.

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LE

VERITABLE PETIT-ALBERT ou

SECRET POUR ACQUERIR UN TRESOR

LIVRE PREMIER •

Introduction. - Les .Admirables Secrets du Grand-Al­bert. - Secrets ~lerveilleux du Petit-Albert. - Le Dragon-Rouge et laPoule-Noire. - I ... es Grimoires. - Les Elements de Chiromancie. - Petit Trait~ de la Baguette Divinatoire. - Le Grand Etteilla; ou I'art dc tirer Jed cartes et de dire la bonne aven­ture. - La Prescience, ou I'interpretation des reves, visions 'nocturnes, etc" etc. - De quelques autres livres merveilleux. - Des Sorciers et des Magiciens, Faust Ie IIIagicien, Sorciers escrocs ou voleurs, Ie type des bons Sorciers.

CHAPITRE r. INTRODUCTION.

Nous n1entreprendrons pas de tniiter au long un sujet aussi complique que l'est celni des diiferents ouvrages a'-e secrets imerveilleux dont nons venons d'indiquer les titres ci~haut. La raison en est bien simple, c'est que pour de­rouler avec avantage, sous toutes ses phases si multiples, une question de ce genre, nous ne possedpns pas les connaissances neces­saires ; d'un autre cote, c'est qu'il y aura it des

A

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LE VERITABLE

volumes a fa ire pour en tracer toute l'histoire, landis que notre but principal est plutot de four­nir des moyens proprcs a ameliorer la condition sociale et materielle des classes laborienses des villes et des campagnes, sous la forme d'un pe­tit livre.

Cependant, comme nous nous sommes pro­pose de signaler et de combattre certaines faus­ses croyances qu'on rencontre encore, plus sou­vent qu'on ne Ie pense, chez un grand nom­bre de personnes, non-seulement de la cam­pagne, mais me me au sein de nos grandes villes, nous croyons qu'iI serait tres a propos de faire connaitre sommairement la cause premiere de ces erreurs populaires qui ont fait tant de victimes dans Ie monde entier et qui en font encore au­jourd'hui un si grand nombre, en depit des pro­gres et des lumieres tant vantes du 1ge siecle.

En consultant I'Histoire de la Sorcellerie, nous y lisons: "L'ignorance, l'extreme im­perfection des connaissances, l'attrait du mys­tere et de l'inconnu, l'ambition de se faire craindre, les malheurs d'une societe grossiere et sans cesse exposee a tous les desastres, telles sont les causes qui contribuerent a propager la magie et la sorcellerie dans I'Europe du moyen­age, et ceUe triste aspiration vers les mysteres du monde infernal prouve alors combien etaient profondes la misere et la barbarie. La croyance est universelle, et la terreur toujours persistante jusqu'au seuiI meme de notre temps."

Comme bien des imaginations se laissent se­duire par les fables, une foule de legendes se fonnerent sur son histoire.

Suivant l'une de ces legendes, Adam au­rait invente la magie ; a ce compte-Ia elle serait aussi ancienne que Ie genre humaib. Suivant d'autres, les descendants dE! Cain s'y seraient

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PETIT-ALBERT.

adonn€ls les premiers, et Cham, au moment du deluge, en aurait €lte Ie depositaire et lepropa­gateur. Mais, pour ne pas se perdre dans Ie ·vague de ces ){~gendes, la plupart toules con­·tradictoires, disons que les magiciens etaient en grand honneur ala cour de Pharaon et qu'i1s poss{'daient deja, Ii ceUe epoque, toutes les sciences occultes: Ie fait est consigne meme dans les !ivres saC'res de l' Ancienne Loi.

Aujourd'hui, qu'on ne trouve plus de ces ma­giciens ou sorciers ce.lf~bres, nous n'avons done pas a craindre leurs malefices et sortilegeS'; mais leurs alUvres ou croyances absurdes et dia­boIiques n'en sont. pas moins arrivees jusqu'a nous. N ous les trouvons imprimees dans des !ivres tres recherches par Ie vu Igaire, et, entre !mlres, Ie Grand-Albert, Ie Petit-Albert, Ie Dra­gon-Rouge et Ie Grimoire.

Comme ces livres sont la cause principale de la propagation des erreurs populaires jusqu'a nous, nons allons essayer de demontrer que ces ouvrages ne renferment, d'un bout Ii l'autre, que 'les mensonges les plus grossiers. Nous nous servirons a cet elfet des meiIleures auto­rites.

Commen<;ons par Ie Grand-Albert.

CHAPITRE n. Les Admirables Secrets du Grand"Albert.

On attribue ce livre a Albert de Groot, savant etpieux dominicain, dont Ie nom fut traduit par celui d'Albert Ie Grand. Cet homme d'un genie extraordinaire, naquit dans la Souabe Ii Lawigen, sur Ie Danube, en 1205, et fut mis 'a tort an nambre des magiciens par les demono-

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LE V.l:RITABLE

graphes. A la suite d'une vision dans IaqueIJe Ia sainte Vierge, qu'il servait tendrement, lui ouvrit Ies yeux de I'esprit, rapportent ses bio­raphes, il devint Pun des plus grands doc­leurs de son siecle. Albert!e Grand fut eve que de Ratisbonne et mourut saintement a Cologne, age de 87 ans. Ses ouvrages, manuscrits, ne furent publies qu'en 1651, c'est-a-dire 359 ans apres sa mort. "En les parconrant, dit Collin de Plancy, dans son Dictionnaire infernal, d'ou nous empruntons ces details, on admire un sa­vant chretien; on ne trouve jamais rien qui ait pu Ie charger de sorcellerie. II ditformelJement, au contraire: "Tous ces contes df> demons " qu'on- voit roder dans Ies airs, et de qui on "tire Ie secret des choses futures, sont des " absurdites que Ia saine raison n'admettra ja­" mais. "

Cependant, on lui attribue, mais a tort, les Admimbles secrets d' Albert te Grand, ou, comm.e on Ie designe en Canada, Ie Grand-Albert.

Ce livre contient plnsieurs traites sur les ver­tus des herbes, des pierres precieuses et des animaux, etc., etc., augmentes d'un preservatif contre la peste, les fievres maJignes, les poisons et Pinfection de Pair, tires et traduits des an­ciens manuscrits de cet homme savant; c'est l'ouvrage qui Ie dit. "Excepte du bon sens, dit Collin de Plancy, on trouve de tout dans ce fatras, jusqu'a un tl'aite des fientes. "

Aussi, la plupart des meilleurs historio­graphes s'accordent a dire qu'Alhert Ie Grand est completement etranger a ce livre, rempli de reveries grossiers et fastidieuses, presque toutes

. absurdes et fort sales. Mais, ce qui doit nous etonner beaucoup,

c'est de voir qu'en Europe, au centre me me de Ia civilisation Ia plus avancee, on vende,encore,

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PETIT-ALBERT.

chaque annee, aux pauvres habitants des cam­pagn'es, des milliers d'exemplaires du G'I'and-' Albert, nonobstant les absurdites dont il est retnpli.

Cetle malheureuse infiuence du mysterieux, apres avoir traverse I'Ocean, s'est repandue for­tement en Amerique ;' mais heureusement qu'tm Canada, nous Ie disons avec un legitime orgueil, on est bien loin de vendre par milliers d'exem­plaires ce livre trompeur aux habitants de nos campagnes, ainsi que cela se pratique en Eu­rope. Nous croyons, au contraire, qu'il serait meme difflcile d'en reunir par tout Ie Bas-Ca­nada de 25 a 30 exemplaires, quoique ce livre, neanmoins, soit tres recherche. Mais, en eel a, nous devons feliciter, et beaucoup, nos libra ires Frallco-canadiens qui se refusent, chaque jour, de se preter aces sortes de speculations pour Ie moins aussi perverses que condamnables.

Nous terminerons ce chapitre par une des plus celebres sorcelleries d'Albert Ie Grand qui eut lieu a Cologne et qui contribua sans doute pour beaucoup a Ie faire passer pour un grand sorcier de son tempi>: .. Un jour, il donnait un banquet, dans son c\oitre, a Guillaume H, cornie de Hollande et roi des Romains. C'etait dans Ie creur de l'hiver, et la salle du festin presenta, a la grande surprise de la cour, la riante parure du printemps ; mais, ajoute-t-on, les fieurs se fietrirent a la fin du repas. A une epoque ou I'on ne connaissait point les serres chaudes, I'elegante prevenance du bon et sa­vant religieux dut surprendre. Ce qu'il appe­lait lui-meme :;:es operations magiques n'etaient ainsi que de Ja magie blanche. "

Volla done a quoi se reduisait toute la sorcel­lerie d'Albert Ie Grand. D'ailleurs, il est prouve

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6 LE VERITABLE

jusqu'a l'evidence que tous les livres de secrets merveilleux qu'on a publies sous Ie nom de ce savant dominicain, ne sont qu'nne supercherie et qu'une reclame, pour mieux inspirer la con­fiance aupres des gens credules a qui on vou­lait les vendre.

Passons maintenant au Petit-Albert.

CIIAPITRE III.

Secrets Merveilleux: du Petit-Albert.

Tel est Ie titre de ce fameux livre que con­voitent encore aujourd'hui un si grand nombre de personnes, et eel a avec la ferme conviction qU'elles peuvent, a l'aide de cet ouvrage, de­couvrir des tresors, se faire airner, se guerir de toutes maladies, voir en songe celie ou celui qu'on devra epom;er un jour, et une foule de choses a peu pres semblables ou pour Ie moins aussi. absurdes.

Or, il est plus que prouve que ce livre est, presque d'un bout a Pautre, un tissu de men­songes grossiers. Voyons plutot ce que nous en disent de savants historiographes :

" Albert Ie Grand est egalement etranger it cet autre recueil d'absurdites (Ie Petit-Albert), PLUS DANGEREUX que Ie premier (Ie Grand-AL­bert), quoiqu'on n'y trouve pas, comme le~ pay­sans se l'imaginent, les moyens d'evoquer Ie diable. On y voit la maniere de nouer et de denouer Paiguillette, la composition de diverses philtres, l'art d't savoir en songe qui on epou­sera, des secrets pour faire danser, pour faire multiplier Ies pigeons, pour gagner au jeu, pour retablir Ie vin gate, pour faire des talismans eabalistiques, decou vrir les tresor~, se servir de la main de gloire, composer l'eau ardente et Ie

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PETIT-ALBERT. 7

feu gregeois, la jarretiere et Ie baton du voya­geur, I'anneau d'invisibilite, la poudre de sym­pathie, I'or artificiel, et en fin les remedes contre les maladies et des gardes pour les troupeaux. "

Un exemple; voici quelques moyens que Ie Petil-Albel·t enseigne pour decouvrir et se saisir d'un tresor :

D'abord, a I'endroit ou I'on pretend qu'il cxiste un tresor, il faut commencer par y faire bruler un parfum, afin de se rendre favorables les esprits (gnomes) qui en sont les gardiens. II y en a un different pour chaque jour de la semaine. En faisant connaitre ici de quoi se compose Ie parfum du jeudi, on se fera une idee de ceux des autres jours de la semaine : ainsi, d'apres Ie Petit-Albert, Ie parfum du jeudi doit etre com­pose de glands de chene, seches au four, de la sciure de bois calcinee, des ongles et des becs d'aigle carbonises, des cosses de vanille rapees, et des plumes de perroquet male brulees. II faut reduire Ie tout en poudre fine et en former une pAte epaisse avec du sang de condor et de la cervelle de lion, de crocodile ou de chat sau­vage. De cette pate on fait des petites boules, qu'on fait secher avant de s'en servir pour qu'elles brulent plus facilement.

Pour bruler Ie parfum 11 la satisfaction des esprits, il faut allumer un feu expres avec Ie caillou d'un petit fU8il; ct il est bon d'ob­server <fne Ie caillou, la meche, l'allumette et la bougie soient nellfs, et qu'ils n'aient servi a aucun usage profane, car les esprits sont extre­mement difficiles, pen de chose les irrite, c'esl Ie Petit-Albert, bien entendu, qui nous Ie dit.

Voila pour les parfums. Maintenant, a. l'en­droit oil se trouve Ie tresor, il faut planter a main droile une branche de laurier vert, et a main gauche une branche de verveine, CrC\l£lel

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ensuite la terre, de hauteur d'homme, entre ces deux branches, puis faire une couronne de ces branc.hes et en entourer son chapeau en y ajou­tant un talisman, petitc plaque d'etain, sur un sens, une figure representant la fortune, et sur l'autre, p-es paroles en gros carap-teres: AMou­ZIN ALBOMATATos.

Le voila donc ce secret merveilleux pour decouvrir les tres,'rs! Avis aux chercheurs d'argent! Vite, qu'ils se halent de se procurer des glands, de la sciure de bois, des ongles et des becs d'aigles, des plumes de perroquet male, du sang de condor, grand oiseau du Perou,-c'est un peu loin, mais qu'importe la distance, quand il s'agit d'un tresor on peut bien aller chercher du sang de cet oiseau au Perou. Ce n'est pas tout, il faut encore de la cervelle de lion, de crocodile et de chat sau­vage. Bah! qU'est-ce que cela fait, rien n'em­p~che, tout en allant chercher du Rang de con­dor all Perou, rie poursuivre jusqu'en Afrique pour y faire un approvisionnement de eervelle de lion. D'un llutre cote, il ne faut pasoublier non plus les branches de lauril'r et de verveine ; la couronne et Ie talisman de la fortune avec leg paroles magiques: Anwuzin albomatatos.

Enfin, Ie Petit-Albelot termine son chapitre Bur les tresors, par la remarque suivante:

" Quand on a des raisons soli des pour croire que ce sont des hommes defunts qui gardent les tresors, il est bon d'avoir des cierges benits au lieu de chand plies communes, et les conjurer de la part de Dieu de declarer 8i Pon pcut faire quelque chose pour les metlre en lieu de bon repos, et il ne' faudra jamais manquer d'e..{e­cuter ce qu'ils auront demande."

Pour donner la mesure de confiance que !'on doit accorder a toutes ces absurdites, il nous

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PETIT-ALBERT. 9

suffira de citer ici ce qu'en disait un savant au­teur fran<;ais, it propos de certaines formules qui se trouvent dans ce livre et d'autres sem­blables : " Ce qu'il' y a d'elonnant, dit-il, c'est qu!' les gens de village croient it de telles for­lllu1es, qu'ils les emploient, et de plus qu'on laisse vendre publiquement en France les livres quiles donnent."

Les hommes de sens s'en rapporteront plutot it ceUe autorite, et nous ne pouvons comprendre qu'il put rester en Canada un seul homme qui croirait aux merveilles du Petit-Albert lorsqu'il voh que ee livre ne contient qu'erreurs et men­songes.

CHAPITRE IV.

Le Dragon-Ronge et la Poule-Noire.

Le Dl'agon-Rllltge traite premierement de l'art de commander les esprits celestes, aeriens, ter­restres, infernaux, puis du vrai secret de faire parler les morts, de gagner toules les fois qu'on met aux loteries, de decouvrir les tresors cacbes; etc., etc. ; la Paule-Noil'e, ou la poule au:c ceufs d'or, de la scienee des talismans et des anneaux magiques, de Part de la necromancie et de la cabale pour conjurer les esprits infemaux, les sylphes, les oadins, les gnomes, de la maniere d'acquerir la connaissance des sciences secretes, etc., etc.

Telles sont les niaiseries toutes incompre­hensibles que contient ce volume, reimprime encore si souvent en France, et dont les igno­rants qui l'achetent sont chaque jour les dupes.

La croyance la plus gtmeralement repandue touchant la poule noire, c'est qu'en la sacrifiallt a minuit, soit it la lisiere d'un bois, ou encore

A*

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10 LE VERITABLE

mieux a la fourche de trois chemins, on engage Ie diable a venir faire un pacte. D'apres ce fameux livre, it faut prononeer une conjuration, ne se point retourner, faire 'un trou en terre, y repandre Ie sang de Ia poule et I'yenterrer. Le me me jOllr, ou neuf jours apres, 'Ie diable vient et donne de l'argent, ou bien il fait present a cclui qui a sacrifie d'une aulre poule noire qui est une poule aux (Bufs d'or. '

" Les doell's, dit un auteur, croient que ceM sortes de ponIes, donnees par Ie diabIe, sont de vrais demons. Le juif Samuel Bernard, banquier de Ia cour de France, mort a quatre­vingt-dix ans, en 1759, et dont on voyait Ia maison a la Place-des-Victoires, a Paris, avait, disait-on, une poule noire qu'il soignait extre­mement ; iI mourul pen de jours apres sa pouIe, laissant trente-trois million~"

Le leeteur comprendra, sans doute, que la fortune immense realisee par eet homml', durant une existence aussi longue, ne fut qne Ie fruit de sa bOlme administration comme banquier a la cour de France, et que sa poule noire n'y fut certainement pour rien. Ainsi que chacun mette de I'ordre et administre bien ses propres af­faires, tout en pratiquant l'economie, et il 5e trouvera en peu de temps possesseur d'une ve­ritable paule aux {£Uf~ d'or.

Nom, terminerons ce chapitre en citant une conjuration (res-forte, dont on se sert speeiale­ment pour decouvrir les tresors caches tant par les hommes que par les esprits; nous la trou­vons dans Ie me me ouvrage, et on peut s'en ser­vir, dit l'auteur, tous les jours et a toute heure du jour et de la nuit. l\Iais voyonsd'abord quelles sont les differentes croyances les plus repandues touch ant ces sorte,S de tresors et comment on les croit gardes. . -, "

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PETIT-ALBERT, 11

D'apres cet ecrivain, par exemple en Ecosse;­on croit qu'i1 y en a sous les mOQtagnes, et qu'i1s sont gardes par des geants et des fees; en Bre­tagne, on croit qu'iJs sont gardes par un vieil­lard, par une vieille, par un serpent, par un chien noir ou par de petits demons, haut d'un pied; dans les tiutres pays, il en est de m~me,' moins quelques variantes, -

Pour se saisir de ces tresors, " il faut, di­sent-Us, apres quelques prieres, faire un gran,d trou sans dire un mot. Puis Ie tonnerre grimde. l

l'eclair brille, des charrettes de feu s'elevenf' dans les airs, un bruit de chaines se fait entendre," et bient6t on decouvre une tonne d'or-, Parvient-­on a l'elever au borddu trou, un mot qui vous' echappe la precipite dans l'ablme a mille pieds de pl'Ofondeur." -

Voici maintenant une des abominables cop­jurations que des hommes, qui se tllrguent d'~tre chtetiens,ont l'audace de prononcer en pareiHe' Circonstance : "

"Je vous commande, demons qui residez en ces Jieux, ou quelque partie du monde que vous soyez, et quelque puissance qui vous aient ete don nee de Dieu et des saints anges sur ce' lieu m~me, je vous envoie au plus profond des abtmes infernaux. Ainsi, allez tous, maudits esprits et damnes, au feu eternel qui vous est prepare et a tous vos compagnnns; si vous m'~tes rebelles et desobeissants, je vous con-' trains et condamne par toutes les puissances de vos superieurs demons, de venir, obeir et re­pandre positivement a ce que je vous ordon­nerai au nom de Jesus-Christ, etc."

Les comment aires deviennent inutile!! apres avoir rapporte de semblables blasphemes, Ie simple bon sens du lecteur saura les repud.ie~ justement,

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t2 LE VERITABLE

CHAPITRE V. Les trois fameux Grimoires.

N ous nous bornerons a signaler ici les trois grimoires les plus connus, en Ics accompagnant de quelques noles. Un bon nombre de gens croient encore, d'apl'es la tradition, qu'on fait venir Ie diable en lisant Ie grimoire; mais qu'il faut avoir soin, de~ qu'il parall, de lui jeter quelque chose a la lete, soit une !lavate, une souris ou un chiffon; car aUlrement, disent-iIs, on risque d'avoir Ie cou tordu. Aussi on avait Ia prudence, des qu'il ,etait saisi, de brlller Ie terrible petit volume connu sous Ie nom de Grimoire, autrefois tenu secret et pour une' bonne cause.

Voici maintenant Ies trois grimoires qui ont ete les plus celebres d'entre tous les autres. Le premier est connu sous Ie nom de Grimuire du pape Honorius. avec un "recucil des plus mres secrets," ornes de figures et de cercles. Une partie de ce volume ne contient que des conju­rations, el l'autre un " recueil de rares secrets."

Le second e~t intitnle: Le vrai Grinwi7·e., et sur Ie revers du titre: "Les veri tables Clavi­cules de Salomon." On y trouve aussi des con­jur'ltions et des formules magiques avec un " recueil de secrets curieux."

Le troisieme est Le Grand Grimoire avec la " Grande Clavicule de Salomon," contenant la magie noire ou les forces infernales du gra,nd Agrippa (1), pour decouvrir les IreSOnl caches et

(I) Henri Corneill. Agrippa clait mOdecin et philosophe et rut l'OB des plus savants hommes 4e son temps. N e a Cologne en 1486 eat mort a Grenoble en 1535, aprea une carriere orageu8d. II pa~~ pour un gra.nd sorcier de son epoque, et comme ayant des relation. '8cr~te8 avec S&tao.

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PETl:r-ALBERT. 13

se faire obeir a tous les esprits, sui vis de "tous les arts magiques et de secrets merveilleux."

Pour donner aces Iivres niais et absurdes,-:­qu'on attribue faussement, Ie premier, au pape aonorius et les deux derniers, a Salomon,-une anlorite plus grande, " on disait, rapporte I'His,­toire de la Sorcellerie, qu'i1 fallait les faire bap­tiser par un pretre, et les nom mer comme un enfant. Le pretre recommandait aux puissances infernales d'etre favorables a ce neophyte; el iI sommait rune de ces puissances de venir, au nom de tontes, apposer son cachet sur Ie volume. Le livre signe et see lie, tout I'enfer se trouvait soumis aux volontes de celui qui s'en servait, et il n'y avait point de diable qui ne se .fit un plaisir et un honneur d'obeil'. "

" Tout ce que l'imagination la plus dereglee peut inventer de plus absurde, tout ce que "im­piete peut revel' de plus sacrilege se trouve reuni dans ces volumes, que I'on peut regarder avec raison comme devant occuper Ie premier rang parmi les monuments de la sottise hu­maine. "

A I'appui de ce qui precede, nous citerqns la conjuration suivante, extraite du GI'imoire qu'on attribue a tort au pape Honorius, et 'ou les noms de la Trinite, de Dieu, de Jesus-Christ, de sa sainte mere, des saints et des martyrs, les versets de I' Ancien et du Nouveau-Testament sont profanes de la maniel'e la plus odieuse. La voici en son entier :

"Moi (on se nomme), je te conjure, esprit (on nomme I'esprit qu'on veut evoquer), au nom du grand Dieu vivant qui a fait Ie ciel et la terre et tout ce qui est contenu en iceux, el en vertu du saint nom de Jesus-Christ, son tres­cher fils, qui a souffert pour nous mort et pas­sion a I'arbre de la croix, et par Ie precieux

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Li: VERITh.BLE

amour du Saint-Esprit, trinite parfaite, que tu aies a m'apparaitre sou, une humaint' et belle forme, ~ans me faire peur, ni bruit, ni frayeur quelconque. Je t'en conjure au nom du grand Dieu, vivant, Adonay, Tetragrammaton, Jehova, Tetragrammaton, Jehova, Telragrammaton, A­donay, Jehova, Otheos, Athanatos, Adonay, Je­hova, Otheos, Athanatos, Ischyros, Athanatos, Adonay, Jehova, Othe:J~, Saday, Saday, Saday, Jehova, Otheos, Athanatos, Tetragrammaton; a· Luceat, Adonay, Ischyros, Athanato:'l, Ischyros, Athanatos, Saday, Saday, Saday, Adonay, Sa­day, Tetragrammaton, Saday, Jehova, Adottay,: Ely, Agla, Ely, Agla, Agla, Agla, Aclonay, Ado­nay, Adonay! Veni (on nomme I'esprit)veni (on nomme l'esprit) veni (on nomme l'esprit).

" Je te conjure de rechef de m'appaiaitre comme dessus dit, en vertu des puissances et sacres noms de Dieu que je viens de reciter presentement, pour aceomplir nies desirs et vo­lontes sans fourbe ni mensonge, sinon saint Michel archange invi~ible te foudroyera dans Ie plus profond des enfers; viens done pour faire Illa volonte. "

Et pour donner plus de force a cette abomi­nable conjuration, on y ajoutait encore certaines forlllalites : tels que les sacrifice:; de chats, de chiens et de poules noires; ou bien encore on portait sur soi de Ja corde de pendu ; Illais, surtout, on cherchait ;'1 se procurer des amfs de coq, pondus dans Je pays de~ infideles.

II suffit, sans doute, d'indiquer ces stupidjh~s inconcevables, pour fairc com prendre de suite qu'elles sont toutes, sans distinction, les ceuvres des ten:ps barbares, ou la plupart des peuples croupissaient dans une ignorance complete de tout principe religieux.

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PETIT-ALDER T •

Nous terminerons ce chapitre en rapportant, a propos uu Grimoire, une anecuote assez plai­sante, extraite de I' Hisloire des fantomes et des Memons:

" Un petit seigneur de village venait d'em­prunter a son berger Ie livre du Grimoire, avec lequel celui-ci se vantait de forcer Ie diable a paraHre. Le seignenr, curieux de voir Ie diable, se retira dans sa chambre ct se mit a Iireles paroles qui obligent l'esprit des tenebres a se montrer. Au moment au il pronon<;ait, avec' agitation, ces syllabes puissantes, la porte qni etait mal fermee, s'ouvre brusquement; Ie diable' paralt, arme de ses longues comes et' tout couvert de poils noirs .•.. Le curieux sei­gneur perdconnaissance et tombe Inourant de peur sur Ie carreau, en faisant Ie ~igne de la croix. II resta longtemps sans que personne vint j,~ relever. Enfin il rouvrit les yeux et se relrouva avec surprise dans sa chambre. II vi­sita les meubles, pour voir s'i! n'y avail rien de degrade: un grand miroir qui etait sur une chaise se trouvait brise, c'etait l'reuvre du diablp. Malheureusement, pour la beaule du conte, on vint dire un instant apres a ce pauvre seigneur que son bC'uc s'etait echappe, el qu'on l'avait repris devant la parle de cetle me me piece ou i! avail si bien represente Ie diable. II avait vu dans Ie miroir un bouc semblable a lui et avait brise la glace en voulanl combatu'e son ombre."

eette antcdote nous donne I'explication d'une foule d'autres apparitions extraordinaires, qui se reduisent, moins les variantes, it celie du sei­gneur et de son bouc.

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Hi LE VERITADLE

CHAPITRE VI. Les El~ments de Chiromancie.

Ce livre cantient l'aft de dire la bonne aven­ture en expliquant l'a venir et Ie caraetere de l'homme et de la femme, par les lignes et les signes de la main. Cette science, que les Bohe­miens ont rendue celebre, est reconnue comme fort ancienne.

II y a dans la main quatre lignes principales, designees d'apres ce traite sous Ie nom dela ligne de la vie; la ligne de la 15ante et de res­prit; la ligne de la fortune et du bonheur ; et la ligne de la jointure. De plus on trouve en outre de ces lignes, sept tuberosites ou montagnes, qui portent Ie nom des sept planetes.

Voila assuremellt une main pleine de bien belles et grandes choses, I"urtout quand il y va de montagnes. Qui aurait cm que chaque in­dividu renferme a la fais dans sa main, la Mon­tagne de Venus; la Montagne de Jupiter; la Montagne de Saturne; la Montagne du Solei!; la Montagne de Mercure; la Montagne de la Lune; et enfin la Montagne de Mars r

QueUes montagnes et quelle main r " Mais, dit-on, l'experience et les faits parlent

ell [aveur de l'art de dil'e la bonne aventure par les ligne;; et les signes de la main. Un Gree predit a Alexandre de Medicis, duc de Toseane, sur l'inspeetion de sa main, qu'it mourrait d'une mort violente; ct il fut en elfet assassine par Laurent de Medicis, son cousin."

A quoi un auteur rbpond: "De tels faits lie prouvent rien, car si un chiromancien (di­seur de bonne aventure) rencontra juste une

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PETIT-ALBERT. 17

fois ou deux, il se trompa ,mille fois. A queI' homme raisonnable persuadera-t-on, en eifet, que lesoleil se me Ie de regler Ie mouvement de son index (comme Ie disent les maitres en chiro­mancie astrologique)? que Venus a soin de son pouce, et Mercure de son petit doigt? Quoi ! Jupiter esteloiglle de vous d'environ cent dn­quante millions de Iieues dans sa moindre Ms­tance ;: il est quatorze cents fois plus gros que Ie petit globe que vous habitez, et decrit dans son' arbite des annees de douze ans,' et vous voulez qu'il s'occupe de votre doigt medium ...... '

C'en ellt assez pour faire com prendre de suite combien est absurde Ie livre qui renferme cette fausse science et combien est ridicule I'homme' qui ose y croire. Nous n'en diron.s pas davan­tage sur ce chapitre.

CHAPITRE VII.

Petit Traite de la Baguette Divinatoire.

Ce petit livre nous explique comment on peut decouvrir les metaux, les sources cachees, les tr~sors, I('s malefices et les volimrs, it l'aide de la baguette di vinatoire, rameau fourehu, soit de coudrier, d'aune, de hetre ou de pom­mier.

Ce fut en 1692 que la baguette divinatoire fut mise en grande vogue, par un paysan du nom de Jacques Aymar, habitant une des pro~ vinees de France, et qui, a cette epoque, fit del5 merveilles it Paide de cette baguette,' et sensation dans toute I'Europe.

Cct homme fit tant de prodiges, disent les his­toribgraphcs, qu'on publia des Iivres sur sa ba­guette et ses operations. Un M. de Vigny, procureur dll roi a Grenoble, fit imprimer une

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18 LE VERITABLE

relation intitulee : " Histoire merveilleuse d'un .. ma<;on qui, conduit· par la baguette divina­.. toire, a suivi un meurtrier pendant quarante­.. cinq heures sur la terre, et plus de trente sur " I'eau." Aussi, inutile de dire que ce paysan devint Ie sujet de tous les entretiens_

Mais, malheureusement pOUl" Aymar, qui jouissait d'une si grande reputation, avec sa baguette divinatoire, on rapporte qu'il arriva un jour que Ie fils du grand Conde, frappe du bruit de tant de merveilles, fit venir ce paysan a Paris, afin de lui faire decouvrir, a l'aide de sa fameuse baguette, deux petits flambea)lx d'argent qu'on avait voles a Mademoiselle de Conde. Aymar pareourut quelques rues de Paris en faisant tourner la baguette; il s'arrela a la boutique' d'un orfevre, qui nia Ie vol el se troUva Ires offense de I'aeeusation. Mais Ie lendemain on remit a l'hotel, Ie prix des flam­beaux; quelques personnes dicent que Ie paysan l'avait envoye pour se donner du credit. Mais dans de nouvelles epreuves il fut Ires bien constate que la baguette prit des pierres flour de I'argent; elle indiqua de I'm'gent ou il n'y en avait point. En un mot, eUe opera avec si peu de sueees qu'elle perdit son renom. Dans d'autres experiences la baguette resta immobile quand illui fallait tourner. Aymar, un peu confondu, avoua enfin qu'il n'etait qu'un im­posteur adroit, que la baguette n'avait aucun pouvoil", et qu'il avait cherche a gagner de I'argent par ce petit charlatanismE"'. (1)

Cependant la baguette divinatoire continua encore a avoil" de nombreux adeptes, et des savants firent imprimer des centaines de vo­lumes pour l'expliquer. Meme de nos Jours,

(I) IJictionnaire Infernal.

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PETIT-ALBERT. 19

on s'en sert encore, au milieu de nos campa­gnes, surtout POUI' decouvrir les sources q'eau., Durant l'ete de 1859, dans une paroisse tout pres de Quebec, nous avons vu nous-meme une perSOnile qui jouissait d'une grande re­putatjon com me trouveur de cours d'eau sou­terrains II l'aide de 1a baguette divinatoire, mais elle nous avoua avec franchise que sa baguette ne lui disait pas toujours la verite et que son imagination la dirigeait plut6t que la vertu de sa baguette, chaque fois qu'on i'engageait II de­couvrir une source d'eau.

Pour reduire II neant ceUe pratique ridicule, nous ~e croyons pas devoir mieux faire que de citer ici les remarques suivantes, faites par Sal­gues, dans son ouvrage traitan! des erreurs et des prejuges populaires :

"Faut-il rassembler, dit-il, des arguments pour prouver l'impuissance de la baguette di­vinatoire ?-Que I'on dise quel rapport il peut y avoir entre un voleur, une s,Ource d'eau, une piece de metal et un Mtlln de caudrie,·. On pretend que la baguette tourne en vertu dl' l'at­traction. Mais par quelle 'lertu d'alll'action les. emanations qui s'echappent d'une fontaine, d'une piece d'argent ou du corps d'un meurtrier,' tordent-elles une branche dc coudrier qu'un homme robuste tient fortement entre seg mains? D'ailleurs, pourquoi Ie meme homme trouve-t-il des fontaines, des metaux, des assassins et des voleurs, quand il est dans son pays, et ne trouve, toil plus rien quand iI cst II Paris? Tout (,lela n'est que charlatanisme. Et ce qui detruit tout Ie merveilleux dH la baguette, c'est que tout Ie monde, avec un peu d'adresse, peut la faire tourner II volonte. lIne s'agit que de tenir les extremites de la fourche un peu ecartees,' de

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20 I.E VERITABLE

maniere a faire ressort. C'est alors la force' d'e­lasticite qui opere Ie prodige. "

Ainsi donc, Ie " Petit Traite de la Baguette Divinatoire" n'est, lui aussi, qu'un livre trom­peur et absurde, bon tout au plus a duper les gens credules qui I'achetent.

CHAPITRE VIII.

Le Grand Etteilla, ou la bonne aventure.'

Ce livre traite de l'art de tirer les cartes et oe dire la bonne aventure, par "une methode au moyen de laquelle on peut, dit l'auteur, ap­prendre soi-meme sa destinee et a dire la bonne aventure, " et de bien d'autres choses encore, toujours cn rapport avec les cartes. '

On croit generalement que les cartes furent inventees pour amuser la folie de Charles VI; mais, d'apres l'auteur du Grand EtteiIla, la c.ar­tomancie, qui est l'art de tirer les cartes, serait bien plus ancienne. Cela nous importe peu, dans tous les cas. Mais ce qui nous etonne beaucoup, c'est de voir encore de nos jours tant de personneR, - de femmes de tout age, de meres de famille surtout, - s'exercer Ii Ii­rer les cartes, et l'on sait pourquoi : c'est l'a­venir que Pon pretend devoiler, en consultant des morceaux de cartons sur lesquel8 se trouvent des figures, des caJun, deR trijies, des carr~au?; et des piques. Quelles niaiseries ! et dire qu'on " rencontre des dames, a dit un auteur, qui con­" suitent leurs cartes et qui doulent de Dieu. " Cependant nou, les prierons d'observer, aiou­" te-t-il, que ~e grand moyen de lever Ie rideau " qui nous cache l'avenir s'est trouve souvent " en defuut. Une des plus fameuses tireuses " de cartes fit Ie jeu pour un jeune homme sans

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" barbe qui s'etait deguise en fille. Elle)~i " promit un epoux ric he et bien fait, trois gar­"9ons, une fille et des couches heureuses. "

En voici encore une autre: ." Une dame qui commen<;ait a Msiter dans

sa confiance aux cartes 5e fit un jour une rlms­site pour savoir si elle avait dfjeune. Elle etait encore a table devant les plats vides, elle avait l'estomac bien garni ; toutefois les cartes

'lui apprirent qu'elle etait a jeun, car la reussite ne· put avoir lieu. "

Que les jeunes filles, ainsi que celles qui sont arrivees a cet age qU'elIes n'osent plus dire, comptent encore maintenant sur l'exactitude et la verite des cartes, pour connaltre l'avenir!

CHAPITRE IX .

.1.08. rreSClence, ou interpretation des songes.

, Ce livre contient la " Grande interpretation des songes, des reves, des apparitions et des vi­sions nocturnes. " D'apres l'auteur de cet ou­wage, songer a la mort, annon{'e mariage ; son­ger des Heurs, prosperite; songer des tresors, peines et soucis; songer qu'on devient aveugle, perte d'enfants, et ainsi de suite; il y en a de toutes les couleurs et pour tous les gOiHs.

Mais nous pouvons. reduil'e tous ces songes, reves et vj~ions nocturnes, a des causes bien simples, qui tiennent a la nature des differents temperaments, ainsi que nous Ie demontre si b'ien Pencer, dans l'extrait suivant : .'

"Les songes natuff~ls, dit-il, viennent des emotions de,lajournee et dutemperameLlt. ~es pel'sonnes d'un temperament sanguin sOI\ge~t

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LE VERITABLE

les {estins, les danses, Ies diverti~semenls, Ies plaisirs, les jardins et Ies fleuTS. Les tempera­ments bilieux songent Ie" disputes, les que· relies, les combats, les incendie!', les couleurs jaunes, etc. Les melancoliques !>ongent l'ob­scurite, les tenebres, la fumee, les promenades nocturnes, les spectres et leO' choses trisles. Les temperaments pituiteux ou fiegmatiques songent la mer, les rivieres, les bains, les navigations, les naufrages, les fardeaux pesants, etc. Les temperaments meles, comme les sanguins-me­lancoliques, les sanguins-flegmatiqiIes, les bi­lieux-melancoliques, etc., ont des reves qui tiennent des deux temperaments. "

Telle est a peu pres Ia veritable interpretation des songes, reves et visions nocturnes. Au moins, celle-ci a pour base la veritable science: c'est-a-dire l'experience du temps et l'etude eonstante du genre humain. Ainsi, lorsqu'une personne fait un mauvais r€ve,-on l'entend dire tous les jours,-qu'elle etudie bien son.tempera­ment, et se rappelle aussi ses impressions du jour precedant son mauvais reve, et elle com­prendra de suite '1ue les reves, songes et vi­sions nocturnes tiennent plutO! aux differents temperaments et aux emotions du passe qu'a l'interpretation des choses de l'avenir.

CHAPITRE X.

De quelques autres livres de secrets merveilleux.

Nous nous contenterons, dans ee ehapitre, de signaler quelques-uns des livres qui peuvent encore induire en erreur certaines personnes par tryp credules, bien convaincu que, d'apres ce que nous avons deja dit dans les chapi-

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PETIT-ALBERT. 23

tres precedents, il nous euffira de mention­ner ici les diiferents titres de ces ouvrages pour mettre en garde tous ceux qui auraieht encore une tendance a croire aux choses ridicules qu'ils renferment.

La ~[agie Rouge.

Ce livre est designe ... par .l'auteur bien en­tendu, comme " la creme des sciences occultes, naturelles et divinatoires, avec des recettes et. remedes pour la conservation de la sante et pour Ja guerison assuree d'un grand nombre de maladies." Mensonge ; et d'un.

Le grand jeu des 78 Tarots-Egyptiens.

Livre de Thot. Ce jeu a ele fabrique et ve­rifie par Zlismon, pour servir a la metbode. du Grand Etteilla, ou Part de tirer les cartes et de dire la bonne aventure. Ce que nous avons deja dit au cbapitre VIII, a propos du Grand Etteilla, expliql1e Ja valeur de ce grand jeu. Mensonge ; et de deux.

Ph'Ylacteres ou preseroati{s contre les maladies. Ce livre comprend les malefices et les en­

chantements, ensemble les pratiques et lee croyances populaires les plus repandl1es; de plus il est accompagne d'une notice sur la Pltylo­te~e, ou sur l'ancien usage de se saluer a table et de 8'1 exciter a boire. Pour Ie coup en voila un qui est frugal et l'ami de la temperance, dllns Ic boire .au moins!· Mensonge absurde et de trois.

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LE I"ER1T.\BU

lIIanuel complet du Dbnonomane. Enfin, ce dernier livre contient, ni plus ni

moins, n'en soyez pas surpris, les ruses de l'enfer devoilees. (:a promet beaucoup', n'est-ce pas? Ie diable-a-quatre en un mot, y compris la stupiditL Mensonge; et de quatre enfin.

En voila assez comme 9a; baissons Ie rideau pour nous permettre main tenant de pre parer la mise en scene de nos sorciers et de nos magi­ciens.

CHAPlTRE XI.

Des Sorciers et des Magiciens.

N ous allons, maintenant, entretenir Ie lec­teur specialement sur la phalange innombra­ble des sorciers qU'on rencontre dans tous les temps, et dans tous les lieux, dans Ie Nou­veau comme dans l' Ancien-Monde. D'abord, on a crn generalement avec raison que les sor­ciers peuvent, a l'aide des puissances infernales, operer des choses surnaturelles en consequence d'un pacte fait avec Ie diable.

Mais en consultant leur histoire, nous y voyons que ces gens n'etaient la plupart que des imposteurs, des charlatans, des fourbes. des. maniaques, des fous, des hypocondres, ou ,des vauriens, qui cherchaient a se rendre remar­quables par les terreurs qu'ils inspiraient.

Selon Bodin, les sorciers se rendaient cou­pables de quinze crimes, dont il donne toute la nomenclature, mais ce n'est qu'un fatras de stupidites dans lequel satan joue, bien entendu, Ie premier role. Inutile de Ies mentionner ici. Parmi ces crimes, Bodin en a omis plusieurs qui ont leur cote fantastique, car seion d'autres

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PETIT-.\tBtRt.

historiographes, Ie!! sorciers operaient it volonte lSur les elements, et produisaicnt alors, soit Ie beau temps, la pluie, le froid ou Ie chaud ; et, qu'animes de l'esprit du mal, ils excitaient Ie plus sou vent des ouragans et des temp~tes pour !!Ic venger de quelqu'un.

Le demonographe de Lancre rapporte qu'un roi des Goths n'avait, pour exciter un orage, qu'a tourner 80n bonnet du c6te au il voulai,t qu'e Ie vent'soumat. M. Marmier, dans ses Souve­nirs de Voyages) rapporte Ie fait suivant :

.. Un respectable voyageur allemand, qui ex­plora Ie nord vers la fin du dix-huitieme siecle, raconte qu'il acheta d'un Finlandais un mou­choir, ou iI y avait trois nreuds qui renfer­maient Ie vent. Quand il fut en pleine mer, Ie premier nreud lui donna un delicieux petit vent d'ouest-sud-ouest, qui etait precisement celui dont il avait besoin. Un peu plus loin, comme il changeait de direction, il ouvrit Ie second hreud, et it survint un vertt moins favorable; mais Ie troi!!ieme nreud prodtiiliit une horrible temp~te, et c'etait sans doute, dit Ie naIf con­tl!ur, une punition de Dieu que nous avions irrite en faisant un pacte avec des hommes re­prouves."

Les Borciers se vantaient de plus d'ar~ter Ie cours des fleuves et de les faire remonter vers leur ;ource, de trat\sporter aussi Ies moissons d'un champ dans un. autre. " Mais, pour s'em­parer des produits d'un champ quelconque, il fallait, dit une legende ecossaise, Ie labourer avec un attelage de crapauds; que te diable conduisit Jui-m~me Ja charrue; que les cordes de cette charrue fussent de chiendent, etc., etc., que ce singulier labourage, une fois termine, tous lee fruits passaient d'eux-m~mes dans la'

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26 LE VEIUT ABLE

grange des sorcieres, et qu'il ne restait au pro­prietaire que des epines et des ronces. "

II y aurait encore beaucoup de choses a dire touchant d'autres puissances dont 5e vanlaient Ies sorciers du moyen age et des temps modernes, mais nous croyons que cela suffit pour demon­trer com bien alorf!, etaient malheureuses II's generations qui se courbaient ainsi sous l'in­tluence d'une pareille superstition.

Pour avoir une idee du grand nombre de 80r­

ciers repandus en Europe, dans Iesderniers siecles, iI nous suffira de dire ici, d'apresi des autorites irrecusabhos, qu'on chassa de la ville de Paris, sous Charles IX, plus de trente mille sorciers : ce qui n'empilcha pas neanmoins Ia fameuse Catherine de Medicis, mere du roi, d'aller consulter, chaque jour, son s()rcier-asf,ro,~ logue., bien paye par elle, et de se Iivrer elle­meme aces pratiques absurdes. Sous Henri Ill, 8uccesseur de Charles IX, on comptait plus de cent mille sorciers en France. " Chaque ville, dit Collin de Plancy, chaque bourg, chaqu~ village, chaque hameau avait les siens. On II'S pour­suivit sous Henri IV et sous Louis XIII; Ie nombre de cel:! miserables ne commen<;a a dimi­nuer que sous Louis XIV. L'Angleterre n'en etait pas moins infestee. Le roi Jacques ler, qui leur faisait Ia chasse tres-durement, ccrivit contre eux un gros Ii vre, sans eclairer Ia ques­tion. "

Des ecrivains Ires-bien renseignes etablissent qu'il a ete brule, en Europe, plus de cent mille personnes pour cause de sorcellerie. Selon d'au­tres, ce nombre serait meme bien au-dessous d.e la realjte. Cela parai!, de prime abord, tenir de Ia fable, mais quand on connalt Ies motifs sur lesquels un juge se fpndait quand il avail a condamner un prete,pdu sorcier, on n'est

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PET?f-UBERT. 21 plus etorine du grand nombre de victimes qu'on fit passer par Ie feu, durant plusieurs siecles. _ Par exemple, d'arres un ouvrage de Boguet,

avocat, dans lequel se twuve: ~, Vne instruc­tiort pour un juge en fait de sorcellerie," pu­blie en 1601, it suffisait, pour condamner un sorcier a etre brftle, que sa contenance fftt in­quiete ; de ne point jeter de Iarmes; de fixer If'S yeux en terre; avoir Ie regard effare; de batbotter a part; de blasphemer; tout cela etait indice. De plu~, ~i l'accuse flait triste, taci­trimI', s'it portail sur Ie corps quelfJue marque, slit flail sai~i de graisse, (il ne faisait pas bon (:I'etre gras a cette fpoque) tout ccla indiquait un sorcier dont la peine etait Ie ~uRl)lice du feu; mais d'abol'd Ie sorcier devait etre etran­gle, car' il n'y avail que les loups-garous qui fussent brftles vifs. Tel est en resllme Ie " chef-, d'/:euvre d~ jurisprudence etd'humanite de l'a., vdcat Boguet qui rf'9ut dans Ie temps le~ suf­frages des barreaux. "

Aussi, nons pouvons dire en tonte sftrete, qu'a celte' epoque les tribnnallX judiciaires ant, en grande partie enfante les sorciers et contribue pour beaucoup a repandre cctte fausse croyance chez tou~ les peuplcs, meme II'S plus civilises. e'est une tache qui ne s'effacera jamais de l'histoire judiciaire du moyen age, meme des temps ITiodernes.

Nous'admettrons volontiers, qu'a part Ies vic­times innocenles, trouvees coupables de sorcel­Ierie slIr les indices ridicules qu'on vient de lire, que les tribunaux judiciaires condam­naiert parfois au supplice du feu des hommes qui Ie meritaient bien; mais dans ces cas on avait tort de les faire mourir comme sorciers, plutot que comme de fiers, gueux; car, "un fait est certain, - a dit un auteur, - c'est que

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28 1E VERITAIILE

presque tous les sorciers .etaie.nt des bandit.s qui prenaient un masque dlabohque pour fane Ie mal; c'est que la plupart de leurs sortileges etaient des err.poisonnements et leurs sabbats d'aifreuses orgies. Ces sorciers etaient encore des restes de bandes heretiques, conduits d'aberrations en aberrations 8 l'adoration toule crne du <lemon."

Cependant, comme on a mis au rang des sor­ciers des hommes qui n'etaiettt point des ban­dits, mais bien pin tot des genies d'une haute portee dans la connaissahce des difl"erentes sciences humaines, surtout dans la magie, il est bon, croyons-nous, d'en dire quelques mots ici.

La croyance aux sorciers fnt tellement gene­rale dans les derniers siecies, qu'on en voyait dans toute chose. La moindre decouverte valait de snite a son auteur Ie titre de sorcier. Par exemple, qui ignore que l'inventeur de l'im­primerie fut persecute en compagnie de ses associes, Faust et Sh<:eifer, des l'apparition du premier livre imprime par eux Yers Ie milieu du XVe siecie? En France, dans la ville capi­tale, Paris, les personnes qui avaient achete la bible, imprimee en encre rouge par Faust, ne virent dans l'impression de cel ouvrage que l'<:euvre du diable. Faust fut accuse com me sorcier, et, sans la protection de Louis XI, alors regnant, cel imprimeur aurait subit inevitable­men! Ie supplice du feu.

En un mot, disons qu'il suffisait alms, pour etre designe comme sorcier, qu'un homme, par sa science, s'eleva: quelque peu au-dessus du commun des mortels. C'est ainsi qu'on a mis sou vent a lort au nombre des sorciers, meme des papes, des eveques, des lOis, des hommes de lettres, des inventeurs, des magiciens, enfin

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l'ETIT-ALBERT. 29

111 plupart des hommesqui se livraient a l'etudl! des diverses sciences humaines.

Faust Ie Magicien. Faust, Ie farne'lx magicien, qu'on a confondu

avec Faust, l'associe de Gutenberg, l'inventeur de l'imprimerie, est, entre les autres magi­ciens, celui qui a Ie plus etonne Ie monde de ses merveilles. Aussi, on lui fait jouer un role dans sa ){~gende qui tient a tout ce qu'il y a de plus infernal. En voici les principaux traits, que nous empruntons a differents auteurs:

Faust, ne a Weimar, en Allemagne, au commenc::ment du XVle siecle, etait un genie f>lein d'audace,-disent les Iegendaires,-anime d'une curiosite indomptabIe, avec un immense desir de tout sa voir, il apprit Ia medecine, la Jurisprudence, la theologie ; it approfondit Ia science des astrologues, et, quand iI eut epuise les sciences natQ.telles, it se jeta dans la magie, et devint pour les Allemands I'ideal du sorcier. Faust avait asservi a ses ordres, par un pacte de vingt-quatre ans, un demon qui avait nom l\fephis!opheles, Ie second des archanges de­chuB, et, apres Satan, Ie plus redoutable chef des legions infernales.

On ajoute qu'a l'aide de ce demon, Faust des­cendit aux enCers, parcourut les spheres ce­lestes et toutes les regions du monde sublu­Daire.

Widman, dans son histoire de Faust, rap­porte les conditions du paete fait entre Satan et ce magicien qui Ie signa de son sang, sur parchemin, et dont on assure qu'on trouva Ie double parmi les papiers du docteur; iI portait: 10. que l'esprit viendrait toujoul's au comman­dement de Faust, lui apparaitrait sous une Ji-

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30 LI; VERITABL~

gure sensible, et prend.it ceUe 9u'illu.i ord~ nerait de revetir; .20. que l'espnt feralt tout ce que Faust lui commanderait; 30. qu'il serait exact et soumis COmme un serviteur; 40. qu'il arriverait 11 quelque heure qU'om l'appelat ; 50. qu'a la maison il ne serait vu ni reconnuque1de lui. De son cOte, Faust s'abandonna audiabl'ii? Sans reserve d'aucundroit 11 la redempiion.nl de secours futur a la misericorde divine. Le demon lui donna,' en retourde ce traitep ,un ,coffre plein d'or; des lors, Faust, futmaitrJl,~,u monde, qu'il parcourut avec eclat. Ji:t"POUf terminer convenabler,nent son infernale exis~ tellCe', il eut a l'expiration de son pacte Ie con tordu par Ie <liable.

Inutile de dire que toute ,cette hilltoire n'e,s~ qu'une fable ridicule, et que jamais teUe C;,hR~ n'eut lieu a I'egard decet hom,me: c'est la".au reste, tout ce que les auteurs serieux S'&ccoi'!i~nt 11 dire. ' ,

A propos du pouvoir surnaturel dont j()uissait Faust, ses historiens rapportent l'anecdote sui­vante, qui a bien son cote risible:

" Un jour, se ren~ontrant a table dans un cabaret avec douze ou quinze buveurs q!Ji avaient entendu parler de ses prestiges, ayant tous la tete echaufIee, its lui demander,~nt una­l)imement qu'il leur fit voir une vigne char­gee de raisins murs. lis pensaipnt que, comme on etait alors en decembre, it ne pourrait pro .. duire un tel prodige. Faust leur annon9a qU'a l'instant, sans sorlir de table, ils allaient ,voir un,e -vigne telle ql,l'ils la souhaitaient; mais a condition que tous i]s resteraient a, lews places, et attendraient, pour couper les grap. pes de raisin, qu'ill,e leur commandat, les assu­rant que quiconque,desobeirait courrait risqJle de ~ v~e.:.\'ousayantpronlis ,<l.'obeir, Ie rnagiciell

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PJ>TIT-ALBERT. 3i

fascina si bien les yeux de ces gens, ,qui etaie!l.t ivres, qu'il leur sembla voir une t,'es-belle vigne char~ee d'autant de longues grappes de raisin qu'i1s etaient de convives. Cette vue les ravj~ ; ilsprirent leurs couteaux et se mir~nt en devoi~ de !louper les grappes au premier signal de Faust. Il se fit un plaisir de les tenir quelque tei'nps dans cette posture, puis, tout a coup, il fit disparaitre la vigne et les raisins; et chacun de' ces b.uveurs, penJant avoir en main sa grappe pour.la couper, se trouva tenant d'une main le ne~ ,de s,on voisin, et de Pantre Ie COUleau leve" de, sorte que s'ils eussent coupe les grappe~ sans attendre Pordre de Faust, ils se seraien,t co,upe Ie nez les uns aux autres. " .

II est facile de s'expliquer comment un pareil prod,ige, opere dans un temps ou Ie magne, tisme et la biologie etaient compliltement in­connll,s, pouvait faire tourner la Ulte des peu­pl~s de cette epQque; e'en etait assez pour leur faire C)'oire, dans des circonstances 111011-

vent toutes naturelles, aux puissances infer­nales agissant par I'entremise des hommes ex­tl'aordinaires, qui furent plutot la terreur que, les bienfaiteurs des sieeles qui les vi rent nailre, tant leur science des secrets de la nature etait incompatible avec l'esprit borne des generations d'alors, Du moment qu'une personne s'ele­va.it. au-dessus ,du COlUmua des hommes, .de suite ,on la designait comllle sorciere, ct comme ayant fait pacte avec Satan; enfin tout ce qui depassait la sphere de leurs connai~ances etait regarde comme magique et surnatul'el. i

Dans cette disposition des esprits, il devenait, souvent facilea,des fourbes adroits d'abu!!~r de la credulite pubJiqup par des jo.ngleries qq.;ils appuyaient de !'aulorite I;le l'Ecritun~~Sainte et des antiques traditions, ~~urluut a.une epo-

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32 1£ VERITABLE

que ou les prejuges' et l'ignorance Ie parta­geaient l'empire du monde.

Mais aujourtl'hui, comme Ie remarque un auteur, les progres de la civilisation, les lu­mieres de la philosophie, les faits extraordi­naires expliques par les progres des sciences et des -arts, nous ont entin delivre de tout!;S ces visions de magiciens, de sorciers, luups­garous, lutins, feu-folet, etc., etc. Ce n'est plus que dans les campagnes eioignees des grandes villes, et parmi la classe la moins eclairee du peuple, qu'on trouve des traces de ces prejuges et de ces superstitions que les pro­gres des lumieres ne tarderont point a faire dis­paraitre. Penser autrement serait blasphemer Dieu; ce serait croire qu'H abandonne sa toute puissance aux demons, et que ceux-ci la com­muniquent aux hommes pour qu'ils la fassent servir a corrompre, pervertir et faire Ie malheur eternel de l'espece humaine. 11 est au oontraire bien plus juste d'attribuer au progres des scien­ces les efiets merveilleux qU'elies enfantent et dont plusieurs, reunis a Padresse, constituent la magie blanche.

Sarcil!rs escrocs ou valeurs.

N OUS rapporterons ici que Iques faits concernant de pretendus Borciers .appartenant a notre siecle, lesquels nous ferunt blen connaitre ceux de l'an­cien temps.

En 1820, Ie tribunal correctionnel de Marseille fOUt a se prononcer 8ur une cause de sor('ellerie entre une demoiselle abandonnee par un homme qui devait Pepouser, et un docteur qui passait pour sorcier, a qui elle avait demande un se. cret pour ramener son ingrat et infidele amant

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PETIT-ALBERT. 33

et nuire a une rivale, A cet eifet Ie sorcier com­menqa par se fair!' donner de l'argent, puis une poule noire, puis un ccelll" dc bceuf, puis des clous. Mais il fallait que la poule, Ie cceur et les clous fussent voles. Cependant, tout fut inu­tile, et la demoiselle ne put retrouver Ie cceur de son amant. De la un proces qui se termina par la condamnation du sorcier a l'amende et a deux mois de prison com me escroc.

En 1841,-la nate est bien rapprochee de nou~, -des sorciers, au nombre de sept, to us de la meme famille, elaient traduits devant Ie tribunal correctionnel de Valognes, France, pour divers delits d'escroquerie a l'aide de manceuvres frau­duleuses employees au pres de pauvres igno­rants qui se eroyaient ensorceles. C'est toute une longue histoire que Ie proct~s de ceUe fa­mille de sorciers qui furent tous condamnes Ii paycr l'amende et Ii subir la prison, comme voleurs, pour plusieurs annees.

Durant l'ete de 1858, - la date est presque d'hier,-Ia justice faisait encore main-basse sur une famille de sorciers: Ie sieGr M. • •• et ses fils, domicilies Ii Saint-Etienne, France. Nous trouvons, a ce sujet, dans un journal fran<;ais, Ie Memorial de la Loire, des revelations qui attes­lent a quel point Ie" masses se laissent encore egarer, meme en France, par Ie plus grossier charlatanisme, lequel n'est rien autre chose qu'une transformatltm de la sorcellerie des temps passes. Voici quelques extraits de ces revela­tions:

"Appeles aupresd'un malade, Ie sieur M .••• et ses fils, qui avaient la reputation de commu­niquer directement avec II's esprits celestes, et de guerir, par leur intervention, toutes les infir­mites humaines, commenqaient par lui faire comprendre qu'i1 n'etait atteint d'aucune aifec-

B*

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34 U VtR1TABL!

tion dangereuse: que e"e~it simplement' un malhenr qu'un de ses ennemis avait 'jete, sur lui. Pour conjurer ce malh,eur, les sieurs M .• '. ~ ordonnaient de placer dans 'un vase de ten'e de l'urine, de la l'aclure d'ongles;une m~" che de cheveux et de barbe et de' quetques gouttes de sueur des pieds, Ie tout proven ant de l'ensorcele; enfin, d'ajouter a ce melange de I'huile, dn villaigl'e et dix clous de la lon­gueur de 4 a 5 pouces, et de faire bouillir Ie tout jusqu'a parfaite evaporation du liquide.

"Pendant cette operation, qui ne pouvai~ pas durer moins de villgt-quatre heures, I'indi-, vidu qui avait jete Ie sort SUI" Ie malade devait se presenter dans la chambre m~me ou elle a vait lieu et reprendre a son compte Ie malheur.

" Les dous devaient ~tre enfonces dans une planche destinee a cet usage et n'ayant jamais sel'vi a aucun autre.

,,' Si la guerison n'etait pas obtenue (et elle ne l'etait jamais), Ie malade deva:it prendre un baton de la longueur de 36 pouces, d'un egal diametl'e dans toutes ses partie~, Ie couper' en douze portions egalcs, les placer dans la poche droile de .son pantalon et Ie suspendre a la porte! de sa chambre a concber; puis Ie lendemain ces douze bouts de baton "!levaient ~tre coup!!!! dans lem' longueur et ~trll rellnis tous ensemble de maniei'e a reformer Ie bafim SUI' une surface unie~

" Les sieurs M, ••• pere et fils ne se conten~ taient point de ces moyen!,! absurdes pour enle­ver de l'argent a leur clientele, cal' tous ces procedes ridicules etaient assez chei'ement pa­yes; i1s prescrivaient, ahn d'obtenir l'enleve1 ment des mallJeuJs pour lesquels on les consul­tail, de fair'e 'bouillir, apres 'les avoir (,loupb;

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PETIT-ALBERT. 35

dans une . marmite remplie d'huile, Ie!! v~te· ments d.umalade .

. " Quelquefois I'un des fils M. • .• se rendait ou. feignait de se I'endre Ii la Louvesc pour in­terceder aupl'es de Saint-Fran<;ois-Regis afin d'obtenir la guerison du malade.

" Enfin lorsque tOllS ces moyens avaient ete reconnus inutiles, un fa isait lier avec des cordes les jambes et les bras du malade et on lui pres­erivait de l'ester dans son lit pendant au moins trente-eix heures. .

"Qui Ie croirait? toutes ces momeries ab­surdes ont trouve creances aupres de certains esprits et I'on pretend que la maison des !<ieurs Moo.. ne desemplissait pas de gens qbi ve­naient les consulter. "

Le type des bons Sorciet·s. NOllS terminerons ce chapitl'e, deja bien long,

par une anecdote assez recente qui nous fera admettre I'existence d'une c1asse de sorciers exemplaires, Ie,; seuls que nou:> voulons bien reconnaitre, et dont Mme Lenormand est Ie vrai type. Cette dame, morle a Paris dans Ie moos d'aoOt 1851, a I'age avanet' de 90 ans, etait la femme de I'imprimeur qlli fonda Ie Journal des Dtbats, avec M. Bertin aine, en 1797.

En' consultant sa bIOgraph ie, nous voyons qu'apres s'elre retiree du commeree de Iibl'airie furaine, ou elle rt-ussit a creer une des plus importantes maisons de Paris, Mme Lenormand eut un salon ou beau coup de sommites politi­ques etacademiques se donnerent rendez-vous. Plus tard, se senlant faliguee de cettc societe, elle alia se fixer dans une propriete situee. dans Ie m~me qual'tierque ilon homonyme, Mile Lenor~

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36 LE VERITABLE

mand, la devineresse fameuse a laquelle I'Empe­reur Napoleon ler preta I'oreille et donna cent mille francs. La parite des noms, la proximite des demeures firent souvent na1tre des qui pro­quos. En voici un qui merite d'iHre mentionne :

" Un jour, une jeune fille troublee, eperdue, entre chez elle.

-Madame, s'ecrie l'inconnue, vous lisez dit­on dans l'avenir •••• secourez-moi.

Mme Lenormand examinela jeune fille, juge a son exterieur, a ses manif~res, a qui elle peut avoir affaire, et apres quelques vagues inter­rogations qui la fixent dans ses soupc;ons, elle repond:

- Vaus avez abandonne la maison paternelle ? -~ui! -V ous cedez a un amour passionne ? -~ui! -It vous a decide a le suivre ? -~ui! Voila Ie present, mon enfant •••• -Mais l'avenir, l'avenir, madame •••• ? -L'avenir! Ie voici •••• II vous deshono-

rera •••• II vous abandonnera •••• Vous perirez dans Ia misere, dans les Iarmes. • •• V otre vieux pere en mourra de honte et de desespoir •••• Voila l'avenir!

Et tirant parti de l'etfroi et de la credulite de Ia jeune fille, elle l'amena peu a peu a des sentiments moins exaltes, la calma,Ia persuada qU'elle pouvait encore echapper a cet avenir si {uneste, et la faisant monter en voiture, Ia ra­mena a ses parents.

-Ah! madame, vous etes done soreiere pour avoir su deviner.... dit la jeune fille sauvee.

-Non, mon enfant. • •• mais je suis mere !" .........................................

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PB'lJlF-ollBIRT. 37

C'est ainsi que nous rencontrons par fois de bons sorciers, dans des personnes qui connais­sent assez bien les differentes phases de la nature humaine, par l'experience des annees, et l'e­tude constante du cceur de l'homme, pour pou­voir, avec a propos, influencer un jeune esprit, surtout en proie a une de ces passions violentes capable de tous les sacrifices, et savoir l'arreter au moment me me que cette jeune personne allait se precipiter corps et arne dans un centre de demoralisation infame.

Soyons sorcier comme l'etait Mme Lenor­mand et nous serons de bons sorciers. Que de jeunes personnes tombees qui ne Ie seraient point aujourd'hui si elles eussent rencontre, avant leur chute, une sorciere du genre de Mme Lenormand ? •••

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38 LE VERIUBLE

LIVRE DEUXIE:\1E

.. Les Tresors caches. - Les Chercheurs de treoors. -

Histoiro de six chercheurs de tresors, pres de la Clite a ~au\·ageau. Quebec. - Histoire de trois chercheurs de tresors. pr~b du Chiiteau-:.\lactavish, u, la i.\lon­tagne de :lIolltreal. - Histoire de cin'l chcrchcurs de tr<'surs. dans Ie jardin de l'ancienne residence de feu }I. Perraull, Quebec. - Cause principale de la propagation des fausscs croyances du peuple sur l'existcnce des tr<'slJrs caches, jusqu'u, nosjours.

CIIAPITRE I.

Les Tresors caches.

Comme il se trou ve encore, en Canada, bon nombre de gens qui croient a l'existence de tre­SOl'S caches, soit sous des montagnes, dans des souterrains, lIlasures, 'ou dans tout autre lieu imaginaire ; et que ces td'sors sont gardes soit par un vieilJard, une vieille fl'mme, un sef­pent, un chien noil' ou des esprits matins, et qu'on ne peut s'en saisir qu'a l'aide de cer­taines formules ou conjurations qui Be trouvent dans les differents ouvrages de sortileges, male­fices, etc., que nous avons fait I:onnaitre dans Ie livre precedent, nous tacherons de delllOn­trer ici com bien se trompent grossierement les personnes qui entrdiennent des idees aussi absurdes. D'abord, parce qu'on net rouvli nulle

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part ;;l.ucul1e preuv6l, :aUCllncas qui naps gao rantissentll·exist~nce. ou· ladecouverte de tre· sors ·(laches dans dec teU~if candititms, c',est~3.· dire ga-rdes 'par des .peJfsonnaget:! mysterieux on esprits maHaisants, quit,iennent taus de I'autre monde. C'~.l!1 ,la.assurement ·une· fa1ale erreUl populaire qui ne peut- trotter que' dans l'imagi· nation de personnes pat' tropsuperstitieuse:s., .

, Cependant;:nous vou:!dns'bien adrnettre qu'en cepays il peut se' 'troilver des tresors enfouis queique' part, ainsi que cela s'est vu en Europe, Startout dans les pays qui' ant ele' tant ' de fois houleversespar des guerres au des te.vdll'ltidns;· car il est reconnu que/dans ces moinents critiques plusieurs p-ersonnes, possedant de . grandes' 'ri­chesses, en or au en argent, les deposent au sein de la terre au dans tout autre lieu sur, avec l'es­perance de les retrouver une fois la templlte des guerres au des revolutions passee; et, com me il arrive assez sou>{ent qllP. ces personnes aban­donnent leur patrie, et voh.t' moul'il' en pays etrangers, aim'!! il peut se fa ire que des fortunes, plus au mains· grandes, restent cachees dans les entrailles de la terre.

Toutefois, si,: jamais all parvient ales decou •. vl'ir,-ce qui est arriv(i deja en -Canada, qui a e~suye lui aUBsi, 3." diffeTentes, epoques, des· luttes sanglanles,-qu'on reste bien conv.aincu que ce ne serli' jam!l>is a' ,I'aided'aucull livre magique.; que: ce ,SeF8I toujour:s, au contl"dire,_par. unecirconslance :.inatte~dlJle; un coup du h8i8ud~ une cause 'toutel naturelle·.enGn,,: au moment. m~me qll'on s'y. attendra ,Ie mains, et.cela S!lns avoir i3. combatt-re au aeonjl1l'er aueuns demoD,1 serpent, ehiennoir, vieille ou.vieillard,-y compritt tout ;ce' qu'une foUe imagination. peut inventer de· semblable .

. Mais, COlUUlIil lei dUCOUIvertelil 'de "eli tr~IiI"r ..

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40 LE VERITABLE

sont bien rares et bien incertaines, c'est toujours un grand malheur pour celui qui se livre a cel! recherches, Ie plus sou vent ephemeres, parce que l'homme perd ainsi chaque jour un veritable tresor, qui se trouve dans Ie bon emploi du temps, la vigilance, Ie travail assidu, et surtout dans la pratique de l'economie.

Dans ce dernier cas on est toujours certain de la fortune, ou du moins d'un peu d'aisance accompagnee de bonheur. Dans Ie premier, on fouille sans cesse les entrailles de la terre, on Ja boule verse en tous sens; on y trouve beaucoup de pierres, d'argent point: la misere la plus abjecte seule en cst la fatale con. equence; et finalement, denue de tout, on va mourir a Phe,­pita!.

CHAPITRE II.

Les Chercheurs de Tr~sors.

On compte deux classes d'hommes parmi les chercheurs de treson! caches; mais leur idee est it peu pres la meme quant a leur existence et aux moyens qu'ils doivent employer pour les decouvrir: tous croient que des esprit~ malfai­sants, suppots de l'enfer, en sont les gardiens fideles.

Dans la premiere classe, nous placerons tous ceux qui, tout en croyant a l'existence de ces tresors, ne poussent point neanmoins leurs perquisitions noctnrnes au point d'abandonner leur travail manuel, et de mettre ainsi leurs families dans la misere. Aus8i, nons avons la ferme conviction qu'il nous suffira de leur prouver, pour leur faire abandonner cette voie qui aboutit toujours aux deceptions et it l'in­iiOmnie, que c'est nne fatale erreur d'.entre-

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PETIT-ALBERT. 4t

tenir une pareille croyance, qui n'a fait partout que des dupes et des malheureux.

Dans Ia seconde classe, nous placerons tous ceux qui sont ennemis du travail, et les desceu­vres, qui, ayant rejete tout principe qui carae. terise Ie veritable chretien, Ie bon pere de famille et l'utile citoyen, cherchent, jour et nuit, quelque tresor imaginaire, a l'aide des moyens enseignes dans Ies livres trompeurs, deja men­tionnes, sans s'occuper, Ie moins du monde, des horribles bla!lphemes qu'ils proferent par­fois contre la MajesU~ Divine, en recitant, qans ces circonstances, certaines conjurations ou {or­mqle~ de prieres qes plus impies, non plus que q~s miseres de tout genre qu'ils amoncelent sur leur tete coupable.

Quant a ceux-Ia, nous l'avouerons, il faudrait presque un miracle pour leur faire abandon ncr (lette fausse croyance et pour Ies gagner a Ia verite. Genfralement, lorllque vous parlez a l'un de ces chercheurs de tresors, de ses devoirs comme chretien, comme pere et comme ci­toyen, il restera sourd a ce Iangage qui frappe ses oreilles inutilement. Mais, au contraire, parlelll-lui de tre80r8; dites-Iui que vous avez Ie Petit-Albert, ou tout autre livre de secrets mer­veilleux, alors vous serez certain de faire vibrer chell cet homme la corqe sensible de toutes ties convoitises. Yous verrez sa figure s'epanouir de bonheur, se8 yeux s'enflammer, et, la bouche be ante, de sa poitrine haletante, s'echappera un soupir suivi de cette supplication:

- Ah ! monsieur, si vous etiez assez bon que de me procurer Ie Petit-Albert, ou Ie Dragon­Rouge ou bien encore Ie Grimoire, vous me lendriez mille fois heureux, car, a l'aide de l'un de ces !ivres, je pourrais conjurer et chasser les esprits malins qui gardent un certain tresor

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42 LE V,£RlTABLE

dont je connais seul l'existence, et je devi drais rich .. '

Pauvre homme, il ne sait pas qu'il soul apres un livre qui ne pellt que l'induire en reur; car il est une chose certaine, c'est ( tous les ouvrages de ce genre, n'ont ete inspi e! ecrits que pour tromper des gens ignora et par trop credules. Tous ces ouvrages, en qu'on reganle alljourd'hui comme autant monuments eleves en I'!wnneur de la sot! hnmaine des temps passes, n'ont en pour autel que des hommes a l'esprit pervers, anin du desir de faire fortune, en repandant, pal Ie reuple, des milliers d'exemplaires de Iel publications toujours mensongeres quand el ne sont pas d'un bout a ['autre un blasphel horrible conlre la Foi chretienne et catholiqu1

Ans~i, ne voit·on que des hommes deprav sans principe religieux, ou du moins d'u ignorance et d'une credulite impardonnab qui osent eroire encore a de pareilles absnrditj

Les tristes resultats Je ce~ fausses eroyanc1 sont que les chercllE'urs de tresors trainent prl que tous une exi"tenee vide et malhenreuse, d( Ie terme senl met fin a leurs folies esperanci TelJe est, n'en clontons pas, la cl.:!rlorable c( clition inevitablement rbervee a tous ceux q coure'll! ,\ la recherche de trewrs ephemtm avec Ie Grand ou Ie Petit.ALbert, Ie Grimoire Ie Dragon·Rouge en main .•••

A ce propos, nons rapporterons iei Ie tr: snivant:

II y a une qninzaine d'annees, nne person de celie ville, qne nons avons tres bien eonn~ se livrait depuis deja longtemp~ a Ia recherc de tresors cache,:. Cet homme etait telJeme imbu dr ceUe fatale penst·e qu'il fut IOlljo~ impossible de Ie desabnser. Chaque annt

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PETIT-ALBERT. 43

on Ie voyait apparailre, tantOt a l'imprimerie, tantot chez le~ libralfes, tan tot dans nos in­stitutions religieuses: inutile de dire que Ie Petit,Atbert tHail Ie seul objet de ses vlsites, qui lui avait toujours valu de severes remon­trances, tant a cause de son ignorance que par rapport aux niaiseries contenues dans Ie livre qu'il tenait tant a se procurer.

Neanmoins, Ie malheureux ne se tenait jamais pour battu. Au contraire, toutes 81'S

pensees, tous ses desirs, toutes se~ esperan­ces tendaient vers un seul but: c'est-a-dire, qu'a Paide du Petit-A/bed, iltrouverait infJil­liblement un trbor. Enfin, illui arriva un Jour de faire la connaissance d~n etre semblable a lui, mais plus heureux, car ce dernier posse­dait Ie livre tant dbire. II avait en outre Ie Dragon-Ruuge! Quelle trouvaifle! disait-il. Puis de 8e mettre a faire des perquisitions a droite et a gauche, pour troUV('f son fameux tresor.

Dlx annees plu8 tard, - il Y a de cela a peine vingt mois, - un corbillard cheminait sur la rue Saint-Jean vers Ie nuuveau cilt1etiere catholique, a Sainte-Fui. Dans ce chariut, dont la forme pcrasee et la nudite 'complete nous faisai<>nt reconnaltre de suite celui appartenant a l'Hotel-Dieu, se trouvait Ie corps c!'un mal­heureux 'Iue la derniere des llliseres avait force d'aller mOUl·ir it cet hopital, apres avoir passe plus de la moitie de sa vie a la recherche d'un tresur. Ces l'estes morlel::;, un l'a deja compris, etaient c('ux de eet hOlllme qu'on a vu tantot s'allier au possesseur du Petit,Alber·t et du Dragoil-Ruuge, •••

Un artiste humanitaire a peint quelque' part Ie tfiste spectacle d u cunvui du pauvre, sui vi

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LE VERITABLJ:

q'»n seul ami fidele : son chien! Eh bien! Ie convoi de eet infortune ne se composait seu­lement pas de cet ami fidele de l'holIlme ! .....

Apres cela les commentaires deviennent inu­tiles; chacun peut les faire soi-meme.

CHAPITRE III.

Hiatoire de six Chercheurs de Tusorl, QulSbec.

Alin de demontrer tout Ie ridicule dont se couvrent les chercheurs de tresors, nous ne voyons rien de mieux que de rapporter ici quelques histoires,. chacunt! sous son titre res­pectif, louchant ces sortes de recherches. Nous les livrerons 11 la curiosite du lecteur telles qu'elles nous ont ete racontees par des temoins Qculaires: c'est 11 ce titre seul que nous en garantissons l'authenticite.

II y a quelques annees, une personne de ceUe ville, laquelle avait ete alliee a une bande de chercheurs de tresors, nous fit Ie recit d'une des perquisitions nocturnes de celie bande. Jl va sans dire qu'on ne fait de pareilles demarches que de nuit, surtout 11 cette heure si solennelle qui voit tant de crimes se commellre, depuis les vols les plus audacieux jusqu'aux meurtres les plus abominables: MINUIT !....... C'est Pheure de predilection de ces fou~ malheureux.

Un soir, dit-elle, c'etait en juillet, vers onl!;e heures, nous j>artlmes du faubourg St-Jean six de notre bande, tous bien determines Ii nous saisir, coute que coute, d'un tresor considerable, dont Pexistence n'etait connue que de celui qui nous conduisait au port assure de la fortune. Apres quelques minutes de marche, nous nous trou­varnes au bas d'un champ servant de paturage Ii un troupeau de betes Ii cornes, tout pres de la

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f>EtIT-ALBERT.

C6te-~-Sauvageau. .Arrives a I'endroit du tre­sor, 110tre chef, qui connaissait tous les secrets du Petit-Albert et de bien d'autres livres mer­-~'" ~IlX, commen<;a par faire un grand cercle

avec une baguette de coudrier, afin de nous mettre en garde contre les t'sprit8 mal ins qui gardaient ce tresor, puis recita une conjura­tion (I) que nous repetames apres lui. Minuit venait de 80nner et de gros nuages, s'elevant vers l'oue~t, s'approchaient majestueusemeilt, avec toute la perspective d'une tempete pro­chaine, On entendait deja, dans Ie lointain, gronder 80urdement Ie tonnerre. Je ne sail.' ce qui se passa alors en moi, mais il me semblait voir des spectres hideux sortir des entrailles de la terre... la peur s'empara de moi et je trem­blais de tous mel.' membres •••• Cependant,la pensee du tresor me remit un peu, et nous nous mimes hardiment a I'amvre.

Ell moins d'une demi-heure, munis que nous etiol1s de beches et de piques, on avait deja pra­tique un trou de plusieurs pieds carre, lorsque tout a coup une masse solide fait rebondir nos pique! ! .... C'etait un cotfre-fort ! Aussitot notre chef fait des signes cabalistiques, et recite une houvelle formule de priere que nous repetons tous; mais au meme instant un hurlement si­nistre se fait entendre dans Ie lointain, suivi de

I beuglements epouvaniables venant dans notre direction.

Nous restons tous frappes de terreur; et, a la pensee de voir apparaitre Ie diablt> avec toute sa suite, je me signe aus8itot, la frayeur me faisant oublier qu'il ne fallait jamais faire en pareille circonstance aucune action ou signe religieux.

(1) Voir au ehapitro de. Grimoiro., pour cette coDjuratiOD.

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·Hi LE vERITABLE

-Miserable lache! s'exdama avec rage nolttl chef, lout est maintenant perdu par ta faute.

En effet, a peine avait-il prononce ces mots que la fomlre en enormes serpents de feu vint s'abimer sur no'.1~, la terre trembla ~ous nos pieds et Ic coffrc-fort s'enfon<;:a a d('~ mille picds ,de profondeur. Ah! je n'oublierai de nia vie cetle nnil d'horrcur ! ...........................................

Comme lui, nou~ croyons qu'il n'ollbliera ja­mais ccltc nuit d'hoffl'llT; surtout quand on re­fiechie ;t la condamnable action dont ces eher­cheurs de tresors s'':·t'lit'nt rendu coup'ables, en allant prononcer ainsi, avec la pl'rspeclive d'ac­querir un peu d'or, (h'8 conjurations dans les­que lies se lrouvent les blaspheme~ les plus re­voltants.

Maintpnant, disons qlie leur coffre-fort n'etait rien autre chose qu'une large pierre plate qu'on avait pris pour un coffre, ainsi ql1e cela fllt veri fie apres exampn sur les liellx memes. Quant anx hurlements el bpllglements epouvan­tablps qu'on avait en1endus, rien de plus na­turel; attendn qne personne n'ignore qu'a Pap­proche d'nn ol1l'agan, les animanx sont frappes de 1erreur par Je triste a~pect de Ja nature. Ainsi done, rien d'etonnanl d'entendre, dans ces mo­ments sinistres, des chiens hurler et des bete,s a comes beugler. Puis on sait aussi qne la foudre eclate pn'sque toujours durant un fort orage, rien done encore d'e1onnant que la foudre soit tombee aux pieds memes de ces miserablet', qni ne virenl, dans celte connl),ion de la na­ture, qne les IJllissances de I'enfer dechainees contre eux. C'est ainsi qlle des hommes, dans leur fatal ignorance, osent attribner a Satan dps pouvoirs qu'il n'a jamai~ eus: pouvoirs' qni' n'appartiennent qu'a Dien sen!.

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PETIT.!ALBERT. 47

CHAPITRE IV.

Histoire de trois Chercheurs de Tresors,MontreaI.

En 1846, residant alors a MontTt'al, on nous mconta, a propos de chercheurs d'argent, une ~d~np bien amusante, qui eut lieu durani I'au­tomne de 1843 pres du fameux Chi'tteau-Mac­t"vigh, all pied de la Montagne s'elevant imme­"iatement en a\'l'ierE' dE' la ville de Montreal.

N(lus d:irons d'abord quelques mots sur ce vieux chaleau, qui n'a jamais l·te acheve et qui II fou rni tant de sujets a la legellde et de terreur )inur II's enfants.

La superstition a toujours fait croire chez Ie vnlgaire que Ie Chateau-Mactavish etait hante p'lr des esprits, des fantomes et des revenants d,~ loute espece ; et qu'aucun etre humain n'a­"'lit pu y demeurer a cause du tintarnarre, deH bruits de chaines et des lamentations qu'on y eutendait chaque nuit, de Ii! cave au grenier. f ~untes d'enfa,uts que tout celn. Si rt-eJlement on ait vu 'parf6is des lumieres et entpndu du lImit et des'lamentations, partant de l'interieur <If! ce chatean inhabite, on peut etre certain que ee ne fut 1;\ que re fait de quelques desreu­vres sans glte, qui trouvaient bon,d'aller faire la noce dans un lieu ou ils ne craignaient nulle­ment d'etre inquietes par quelques autres per­sonnes.

Ce chateau, qu'on a demoli Ie printemps der­nier (1861). a Jaisse encore, en disparaissant,,' un nouveau, mais triste souvenir. Un Canadien, c1u nOf!! de George Chartrand, l'un des mll<;ons (J-CCUpe.~ a en demolir les murailles, rut ecrase par un 'pan qui s'affaissa tout it coup sur lui; et

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4S it VERITABLE

il mourut peu d'heures apres en avoir ete retir6, Quelques commeres ont dd, sans doute, attri'

buer ce fatal accident aux esprits ou fantOmes, mecontents de ce qu'on leur enlevait ainsi leur ancienne demeure? •••

Trois individus, habitants du fauboug Saint· Antoine, pretendaient done qu'il se trouvait un tresor cache tout prell de ce chateau; mais que pour s'en saisir, disaient-ils, iI leur manquait les moyens propre8 a conjurer les esprits qui Ie gardaient. •

lis s'adresserent un joura la personne qui nous raconta cette anecdote, croyanl qU'elle possedait Ie Petit·Afbel·t, pour lui demander si elle ne pourrait pas leur donner une conjuration on formule de priere indillpensable, croyaient-iIs, pour s'emparer de ce tresor.

Curieuse de savoir, dit-elle, ce qu'ils vou­Iaient en faire, je leur repondis affirmativement ; mais je leur dis que, pour reciter avec eifel la conjuration que j'allais leur donner, illeur fau­drait jeuner toute une journee, et faire en outre, a l'endroit ou se lrouvait Ie tresor, Ie sacrifice de deux chats noirs, en se servant d'un couteau dont la lame fdt encore vierge (1). Inutile de dire qu'iIs p.'y engagerent tous. De suite je tra<;ai sur nne feuille de papier une foule de mots qui ne pouvaient ~tre'" compris dans au­cune langue; et, en leur donnant ce papier precieu:t;, je leur fis promettre solennellement d'en garder Ie secret pour eux seuls.

Quelques jours plus tard, c'etait un vendredi soir, voici ce qui se pasl!ait au pied de Ia Mon­tagne de Monteal, a quelques pas du ChAteau­Mactavish:

(I) Dan. tont saerifice oil I'on repand I. sang, iI Cant que 1. eOIl­naa, ou autre! instruments, dont 00 Ie lIert .. cet efret .,it Deaf. L .. livr .. de ooDjilration; "oEijplll' toni. Qael1. aboardi" t

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PETIT-ALDERT. 49

Trois hotnmes, blottis dans une petite cavitt:, se preparaient a faire Ie sacrifice de deux matol:ls noirs, qu'its maitrisaient difficilement. L'un des trois aiguisait it eet effet un long con-leau encore tout neuf.... ..

A ee moment, minuit sonna aux eadrans de l'e.glise anglieane et les douze coups argentins furent apportes jusqu'it euxpar une brise d'ltu­tomne, assez forte et continue, qui fa~sait mugi,J: sourdement les grands arbres de la montagne en en agitant leo> branches et les feuilles, deja jaunies, avec un bruit semblable a la pluie qui tombe durant un fort orage. Le Saint-Laurent m~lait aus~i, it ce concert nocturne de la na­ture, sa voix si puissante qui roule, en gron· dant, ses eaux avec tant de for"e et tant de ra­pidite vers la Pointe Saint-Charles, en Se i()l'lU­rant sur un lit de milliers de cailloux.

Alors Ie sacrificateur immola Pun des .c4ats, et;;& l'inlltant, la viotime couvrit !QuS le1\ alen­toursAe. ·ses 6inislres miaulemenl~ .. C~' qu'~n­tenda,n/ son carnarade, qui comprit de sui~e Ie sort q!ij I':j.ttend..,il, se met aus~itOl a jouer des dentg' et des grilles, si bien qu'il filit 1a<;her prise it l'homme qui Ie retena)t captif, et il disparait dans la Montagne~ .••

-Voila une affairc manquee, dit l'un d'eux, et je crains fort maintenant que ce chat donne l'eveil it tous les espril. du 'voisinagel.,. , " If

En effet, it peine avait·il prononce ces mots que de grandes fiammes, surgi~sant tout-a.-coup de la montagne, s'approcherent dans leur di­rection, aC(loiri'pagnees d'un bruit epouvantable de chaines et de chaudieres ; et, en moins de dix minutes, tous haletants, les cheveux hi'~rlsses, plus morts que vifs de frayeur, nos trois cher­cheul's "de tresors se retrouvaient dans Ie faubourg Saint-Antoine, ayant parcouru une distance it

c

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LE VERITABLE

{aite {remir les meilleurs coursiers du monde. ees pauvres diables se complerent encore heu· reux de s'iHre retires de la, en y lais~ant, deux, leurs couvre-chefs, et l'autre, la queue de SOil

habit, restee en Irophee sur un piquet de clO· ture! . . .... . . . . . ............................ .

Voici maintenant l'explica~ion de tout Ie myslere. La personne, de qui nos trois in­dividus avaient obtenu une conjuration, ayant appris a'eux, la nult, I'heure et Ie lieu aU it" devaient se rendre a la Montagne, a la· re­cherche du pretendu tresor, communiqua aus­sitf>t cette farce a plusieurs de ses arnie, et ill! s'engagerent, au nombre de buit, d'aller ce soir-Ia, a quelque distance de l'endroit ou, de­vaient se rendre nos cherchenrs, tous munis de torches enflammables, d'un paquet de clHrines et d'une chaudiere,' afin de leur jouer un man­vais tour. On sait quel en fnt Ie resultat. Voila a quoi se reduisent, glmeralement, toutes ces visions infernales, esprit3, fantomes ou: reve­nants, qu'on pretend voir, et qn'dn dit garder les tresors diches.

CHAPITRE V. Histoire de ciJlq Chercheurl de Tr&ora, Qu6bec .

. Assez souvent it arrive que les chercheurs d'ar­gent decouvrent de curieux tresors dans leurs perquisitions nocturnes,et dont les especes qu'ils renferment 80nt paTfois plutot liquides et cou­lantes, que solides et sonnantes; aussi nous croyons tres a propos de rapporler ici un fait de eEl genre qui se pas~a, il y a quelque vingt ans, a Quebec, entre les denx cilernes que nous voyons encore aujourd'hui, quoiqu'en partie

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PETIT-ALBERT. 51

detrnites, sur Ie terrain de l'ancienne residence de feu M. Perrault (I), rue et faubourg Saint­Louis. Ce fut pres de la citerne qui se trouve il. l'ouest de ce terrain, rue Claire-Fontaine, en face du Clos de La 7'our (2), que la scene 8uivante se passa.

La personne de qui nous tenons cette histoire faisait eUe-meme partie de cette excur8ion noc­turne, ou plutot de cette peche aux tresors, mais c'etait plus par curiosite qu'autrement, disait-elle. Laissons-lil. parler:

.(1) M. Joseph-FraD~oi. Perrault, ne .. Quoboc Ie ler juin 1753, fit. Ie commerce des pelletcries durant plusieura annees pour SOD

pen qui avait ere 8'etablir aur: Illinois npres 18 prise du Canada p<\r las armees brita.nDique~. Revenu en Canada, M. Perrault s'eta.blit .. Montrea.I, ou. it etudia.le clroit j at en 1795, lord Dor· cbester Ie DQmmu. Greffier de 1110 Cour du Bane du Rai pour Je die­triot de Quebec: cha.rge q,-,'il De CBSSa. de remplir avec distinction j u8qu'en 1844. M. Perrault expira. Ie 5 a.vril de cette IDeme a.nnee, Il. J'age po.triarcld de pres de 91 aDS, o.pre~ &,"oir consacre presque toute sa fortuue t\. 1'6ducation de la. jeunesse. II de­bouf8a. pre~ de $8,000 pour l'erection at l'entretien de deux mai­sons dJ 6cole, en 1830 et 31, dans Ie fallhourg Saint-Louis, dont l'aM etah pour lee gar90ns et l'autre pour les filles, et dau les­~u81le8 on emeignait DI?n-seulewent a. lire et ecrire maia meme 1 iudustrie et.I'agriculture pratiques. It depensn, en outre, plus de 86,000 pour ~tablir une forme-modele pres de 1& Petite-Riviere Saint-Charles; mais iI cut la douleur de voir tomber cet etablisse­maDt d'etude pra.tique, a.pros qUt'lquee aooses d'exi8tenc8, faute d'encourn.gement. 11 dota aU8si Ie pays d'ouvrages clussiquos q,,'il redigea. at fit imprilUar a sas propres frais, tel:t que gram­waires angla.iaes, fra.n~3ises et latines; des vocabulll.ires; des mllnuels pour les institute Drs et les institutrices; un ab'~ge do l' Hi8toire du Canada. j un traits de grande et petite 0 ulture ; un traite de ~edecina veterioaire, etc, etc. Cependa.nt, qui Ie croi· ra.it, Ie nom et les bonnes rouvres de cet hommG si devoue ii. redo­cation et au bien·etre de ses compa.triotcs, paraissent etta deja pasees a. 1'6tRt d'un oubli complat. Est-ce ainai que 1e paya doit reconnaitre at recompen~ar dlgnement Ie devouement de ceux qui CODaRore::lt lellr fortune ;l. repaodre l'edueation parmi Ie peuple 1 .... Indifference at oubli! quelle roooDoai~sa.nce ! ....

(2) Terrain appartenant au gouvernoment militaire 01\ se trouve origae une tour de der"Dse. On compte en Hgne droite, 8. l'onest de la ville, depujlle cuteau Sainte-Genevieve ju.&qu'nux Plaine8 d' A ... braham, quatre tours erigees par Ie gou\"ernernent militn.ue. SOU8 l'administration de ~irJn.mes Henry Craig, de 1807 a. 1811. L'im­porto.nc" do 0138 toun eat de garantir 1& Ville, en temps de gu.err8, d'uno invasion de l'armce enaomio de ce cute: etaot celui qui peut mett·re 1& vilte Ie plue en da.nger devllDt une armoe coDsiderable.

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LE VERlT ABLE

Le printemps demier, -·nous disait en 184-cette personne, ~ je m'associai a quatre de mes amis, parmi lesqueJs sc trouvait un vieil­lard qui comptait deja plus de quarante annees passees a la recherche d'un tresor, ·.a l'aide du Petit-Albert, qu'il conservait comme la prunelJe de ses .yeux. Mais, it l'epoque ou se passe oetle scene, notre homme n'avait pu encore obtenir aucun bon resultat, car toujours il avait ete trompe dans ses esperances.

Or, cette [ois, il etait pLus que jamai-s con­vaincu de trouver lin tresor cache dans un-cer­certain lieu a lui seul connu, et il s'enga.­geait a Ie partager avec I}o,us' si nous voulions l'aider dans cette derniere tentative. Les con­ditions etan! Caciles, nc)us les acceptames. Nous etions donc cinq personnes de notre hallde le. jour .que nous arretames ce proj'et tout dore !

A quelque temps de la,-c'etait ~ans Ie moil! de mai,-durant une nuit pluvieuse et naturelle­ment bien sombre, guides par notre'vieillard, nous nous rendimes, un peu avant minuit, a l'ehdroit Oll se trouvait Ie pretendu Iresor; ,

Arrives sur les Heux fortunes, on planta a droite une branche de laurier, a gauche nne' branche de verveine, car, scion Ie Petit.-A/bert, la verveine et Ie laurier sont d'un bon usage' pour empecher que les esprits (gnomes) ne nuisent au travail de ceux qui sont occupes it ehercher des richesses enfouies sous terre ~ puis on fit bruler un certain parfum compose d'apres une recetle enseignee aussi dans Ie meme livre.

-Main tenant, dil notre vieillard, ces precau­tions seront cause que les esprits! gardiens uu tresor, ne nous seront point nuisibtes, et, si mon Petit-Albert dit vrai, i1s nous aideront meme dans notre entreprise.

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PETIT~ALBERT • 53

Sur ce, on se met a creuser activement la terre, entre les branches de laurier et de verveine, et en moins d'une demi-heure, par unepluie liatlante qui nous fouettait la. figure en tOilS

sens, on decouvre, a quelques 'pied!! du sol, un large coffre de bois..... C'etait Ie tresor ! il ·n'y avait pas a en douter. Tous trausportes de joie, nous en brisons Ie couvercle, et c'estia qui y plongera la main· Ie premier pour en re­tirer les richellses; mais, par .deftlrence, il fut convenu que ce privilege appartenait de droit"1't notre chef it qui nous elions redevables d1nne: de~ouverte aussi precieuse. II faltait .nousyoir inspecte.l les goussets et les poches de -ilosviHements pour s'assurer de leur solidite et Noir s'il ne s'en trouvait point de troues .

. Mais la decepLion fit bientot place 11 notre folie .jole, car en plongeant Ie bras dans Ie coffre, notre vieillard Ie retire aussitot en jetant une excla­mation de surprise indescriptible accompagnee 'cil.'un juron epouvantable, puis au meme instant deux enormes chiens lerneu\'iens arrivent su!' nous en aboyant et hurlant 11 faire tremble!' la \erre .••..... Le diable! tel fut Ie cri general. Et cha~un de pr.endre ses jambes a son cou, et SilU ve qui peut. Quant 11 moi je vous assure que je ne fus .pointle demie!', et je me trouvai transporte sur la rue Saint-Je.an, sans savoir comment et. par ou j'y etais descendu si rapidement.

Revenu un peu de rna premiere frayeur, je commen~ai a m'inquieter sur Ie sort de mes as­socifs que je. fie voyais point reparaitre, et la cu­rio.site de savoir ce qui avail pu leur arriver me determina de retourner sur mes pas, en ayant soin, toutefois, d'epier a travers les tenebres Ie moiudre signe de danger, et en me tenant cons­tamment SUI' Ie qui-vive. Arrive aux coins des rues Prevost et Claire-Fontaine, j'apel'{;us trois

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54 LE VEruUBLt

de mes camarades occupes, pres d'une mare d'eau buurbeuse, a faire la lessive a notre mal. heureux plongeur, qu'ils avail'nt retire par leiS -oreilles du fond d'un grand canal rempli de saletes les plusordurierll8, et dans lequel il etait tombe, en voulant se dHendre contre Ies chienll qu'on avait pris it tort pou\' Ie diable, cllr Ie leI»­demain je pusm 'as:mrer qu'ils appal.'tenaient a un bourgeois anglais dont la residence attenait prt!cisement au terrain sur lequel nous avioDs fait nos recherches.

II fallait voir quelle drole de mine faisait notre homme au Petit-Albert, et je ne 'pus m'em. pecher de lui dire, au milieu de sa coofmioa, que son fameux livre, avec ses secrets merve,ii­leux, ses branches de laurier,et de verveine"y compris ses parfums, nous avait fait decouvrir un curieux tresor liquefie d'ou s'echappaient des odenrs qui etaient bien loin dc sentir la rose, et je les quittai, tout en risnt de notre me8aventule. en leur faisant abandon bien entendu de mapallt de butin. ' ........................................................................... '.

Le lecteur nous pardonnera sans doute, de rapporter une pareille scene, attendu que notTe unique but est de faire sai$ir tout ('.e qu'il y a i.t la fois dp depiorable, d'absurde et de degradlln't chez l'homme qui se livre ainsi par son ignorance a de telles actions. '

II Y aurait des centaines d'histoires a racOllter a propos des chercheurs d'argent, rnais comm1!J nous croyons les avoir toules re8Um~PS, moiM quelques varianles, par cl·lIes qui precedeut, nous nous en tiendrons 18. pour ne nous oocupel' main tenant que de la cause principale qui a fait se propager jusqu'a nous de pareilles croyanoos, entachees de tant d'absurdit8s.

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PETlT-~BERT • 55

CHAPITRE VI. La cause de la propagation de cesf'ausses croyancell

. jusqu'a nOB joura. II Depuisia. venue de Jeso8~(jhrititt

tous les enfants de Bon Eglise, ra. PtVldue sur toute la terre, I, couDa., sent et Ie eomprennent. Cependo.nt, encore ehez nOU8 cOmma ch'ez 'Ies aD· CiODS jui£.;, les abus l!Iuperstitieu n'opt pas tous disparu." (COLLIN D.s P.L4NCY.)

D'abord nous dirons que les fausses croyancell des peuple~ d'autrcfois sur l'existence des tresors cache8, gardes par des esprits myste­rieux, ont eu pour mere la superstition, et qu'une telle mere ne pouvait enfanter et multi­plier autre chose que la superstition; el, chose deplorable, ces filles de l'erreur ont trouve pour epoux une grande partie du genre humain. Aussi, de toutes ces alliances, marquees {)u signe de la folie, on vit naitre des legions de creatures qui se developperent rapidement sous l'intluence de toutes ces superstitions, lesquelles out POIU bases principales l'ignorance, 1'0r­gueil, Ie fanatisme et la peur ; quatre causes que les docteurs chretiens n'ontjamais cesse de combattre, car, "q\loique les philosophes Be

Y'lUltent,-dit un auteur diiltingue,-il est bien etaWi que c'ast I'Eglise qui a toujours fait Ie plus- pour extirper les superstitions."

Mais, en de pit des efforts constants qu'Elie ait ·pu faire, dans tous les temps, pour de­raciner et detruire les superstitions, la fa­tille croyance aux trellors oaohes et gardes par del esprits, chiens ou chats noirs, etc., est eD­core de nos jours tres repandue, surtout parmi les populations des campagnes; et tout hom me

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56 LE yjtllT.UlLE

de bon sens est frappe d'elonnement de voir que de pareilles sotlises se soien! propagees a travers tant de siecles pour arriver jusqu'a nous aussi vivaces que jan'lai8, en' ill-pit des lumieres regelleral~·i.ces ?u X1Xf sie~le.,. "i'. ,

Comment donc exphquer lacause pnnclpale d'un,e persistance aus~i ten ace chez les peu­ples, meme Les plus civilises? La cause de celte malhellreilse propagation. est pourtant Le fait, it n'y a pas a en donter, d'hommes qui se vantent d'etre dans la voie <iu progres, et qui, connais­sant tous Les rouages de ['ambition et de La cre­dulite hurnaines, repandent chaque ann~e., en Europe, des milliers d'exemplaires de ces !ivres mensoogers au milieu des classes laborieutl6,s, 6t cela dans I'unique but de faire uoe sptiCI1-­lation lucrative, au grand detriment ,de la v.e,­rite, du bonheur de la sooiete et de tout :senti­ment honnete qui distingne Ie veritable chretien el Ie bon choyeo.

Par exell.ple, la France,-elle n'est pas J.a seule, mais, comme elle ",e trouve Ii la tete de la civilisation la plus avaneee, nous la uitons de prHerence,-compte pour beaucoup dans la propagation de. ces reveries allsul'des, puisqu'on y vend encQre, chaque annee, anx habitants des campagnes des milliersd'exemplaires du Grand-dlbert. Dans presque tousles pays de I' Ancien-Monde, en Anglelerre, en Eeosse, en Allemagne et aillenrs, on y imprime et on y vend encore tous les jours de .ces !lortes de livrb ..

Apres cela, II ne laut plns,s'etonner Sl nous trouvons encore en .grande voglUl'cliez .nous, les. faus~e8 croyances qui faisaient, ,daDs: Les temps anciens, l'apanage des peuples devoyils; car il est une chose certaine, c'est qu'aussi longtemp" qu'i1 se trouvera de:! hommes a l'cspl'it assez

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PETIT-ALBERT. 57

petvers pour exploiter la curiosite toujours si avide et .l'ignorance d'nne partie du genre hu­main, par l'appat seduisant de la reproduction de ces livres, qui promettent tant de merveilles irrealisables, de meme aussi i1 se trouvera tou­joms.des ,'sprits assez credules pour eroire aux fecrets 1Iterveille!t3; que renferment ces Ii vres, et qui ne manqueront pas de les acheter ehaque fois que l'occasion s'en presentel'a, au risque Ill.eme d'en faire souffrir leurs familles.

L'Eglise n'a cesse de s'tdever contre ces livres et Elle a fait tout ce qui btait en son pouvoir pour extirper les fausses croyances que ces ou­vrages ont semees chez tous les peuples chre­tiens. Comme catholique, nous l'applaudis­sons de tout notre camr d'avoir ainsi sans cesse oppose la verite chretienne aux erreurs po­pulaires enfantees par la cupidite et l'esprit du mal. Cependant, il faut bien Ie dire, l'Eglise n'a pu atteindre la source de cette plaie hideuse de la societe, c'esHl-dire qU'elle n'a pu, malgre sa vigilance, empecher la reproduction de ces livres dangereux. A.ussi, nous sommes ferme­ment convaincu, que c'est a cela que ceUe fa­tale aberration du genre humain doit de s'etre perpetuee jusqu'a nos jours.

A ce mal, puisqu'il existe, nous croyons que Ie specifique semit de publier des cOlltre-Petit­Albert, Gmn'l-Albe·rt, Grillloires, etc., etc., afin de devoiler toutes II's absurdites que renferment ces livres si recherches, et qui faussent si gra­vement l'esprit des gens par trop credules.

Nous ne voulons pas dire que l'ouvrage que nous publions atteindl'a ce noble hut; car, par lui, nous n'avons voulu qu'att~rer l'attention de nos bons ecrivains, et les engager a traiter dans toute son etendue Ie sujet important qne nous efHeurons aujourd'hui d'une maniere si impar-

~*

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58 LE VERITABLE

faite. Mais en attendant que d'an/res, plus Ila­biles que nous a combattre les erreurs popu­laires, s'cngagent dans la voie que nons par­courons avec une certaine inquietude, quant an succes, nous poursuivrons l'amvre que nous avons commencee dans l'unique but de servir Ia cause des classes laborieuses des villes et des campagnes.

Nous passerons maintenant des tresors ephe­meres aux tresors veri tables que peuvent ac­querir les classes ouvrieres.

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IiTIT-A.LURT. 59

LIVUE TUOISIEME

AUK claeses ouvrieres. - Etre riche I La. Cigale- et.lp. Fourmi.-Posseder des richesses.-La perseverance. - Le desir et la volont.;. - VouloiT c'est.pouvQU:. - Secret pour acqnerir uu tr6,oc. - Le tableau des economies. - Les Caisses ou Banques d'Eparsu.e. - Sociews de secours mutuels et de protection, o~c ganisees dans chaque corps de metier; des boDs· et des mauvais rapports entre les maitres et les ou­vriers; la construction navale et les Cbarperitiers, a Quebec; Ie moyen d'ameliorer la condition soelale des classes ouvricres.

CHAPITRE J. Au Classes Ouvrieres.

II Calni qui pouvait nom mer se8 an­e8trea depuis s& mere jusqu'll, Dian i celui qui 6tait avant Abraham, .JeSUI, notre ~~gn~ur, 0. voulu nattre ouvrier at se 'fa.ire charpentier, afin d'etre :~C:,,;~ l~rho~::. f,lu. humble. de.

N ous eprouvons en ee moment une bien douce satisfaction a la seule pen see de eontribuer, dans une eertaine mesure, a I 'am{dioration des c1a,ses ouvrieres, au point de vue de leur bien-~tre materiel, et eela en leur proposant de mettre en prl\tique tes moyens que nous .llons leW" sug­gerer a eet effet.

N ous aeons esperer qu'eHes nous sauroot gre de nos bonnes intentions, quand bien ~~me

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60 LE 'VtRITABLI

nous ne pOUl'rions atteindre efficacement ce noble 001; car, nous I'avouons avec francbise,-nou8 sommes loin de posseder les connaissances re­quises pour traiter a fond un sujet de celie j~portance.~ajeure,. ';1 Fi les .. (j'1e!ques consi­derations qUI vont SUI vre rencontrUJent l'appro­bation d'un certain nombre d'ouvriers, notre but serait doublemcnt atteillt et notre allente plus que satisfaite.

On dil'a peut-etre que nous n'inventons lien; que nous ne faisons que repeter une verite aussi ancienne que Ie monde; qu'on savait toutes ces choses bien avant nous; soit, nous I'admettons de suite; mais en meme temps nous dirons que s'it y a des verites qui ne sont pas tou­jours bonnes a dire on ne pourra contester I'efficacite de repeter sans cesse, dans tow,; les temps et sous toutes les formes possibles, celie grande verite de I'economie domestique; car c'est en s'impreignant d'elle fortement et en la mettant en pratique que les classes ou­vrieres pourront obtenir un ~urcrolt d'aisance qui les rendra plus ou moins heureuses au milieu de leurs rudes et penibles travaux.

CHAPITRE II. Etre l'iche ! La Cigale et la Fourmi.

" Regier sa. depenseosur SOD ~,eDU, c'est 8llgess8; depenser tout BOD re­venu,. c'est imprudence j depeueer plul que 80n rev8nu, c'eat folie.H.

I! 11 est heureux d'atro fiehe j maia tort peu de riches sont heureux."

Etre riche! tel est l'ardent desir de presque tous les hommes.

-Ah ! si j'etais riche, je serais heureux ! dit souvent l'homme ..

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PETIT-UDERY. 61

Eh bien! 'sivousvoulez Petre raisonnable­ment, vous Ie ponvez sans aucun 'doute; car nous entendons par 'etre fiche raisonnabJement, celui qui peut vivre dans une cerlaine ai~ance, selon son etat, sans etre oblige de s'endetter, et dont les uepenses journalieres ne depassent jamais ses revenus. Ainsi, pour eire a la fois riche et heureux it faut n'avoir jamais de dettes: ne rien devoir equivaut a la richesse.

Partant de ce principe, l'homme se convain­cra bicntOt de lanecessite qu'it y a, pour lui et sa famille, de s'assurer, contre les mauvais jours de, ,l'avenir, d'une certaine somme d'ai­sance !it de 'bonheur, en faisant de!! economies pendant qu'il en est encore capable.' , \

,Nous lui proposons, comme modele, la sage prevoyance . de la Fourmi, ce petit insecte que Ie bon Lafontaine a dorine pour exempJe au genre humain, dans la premiere de ses Fables.

Dans cette fable, que nous reproduis.ons cj­dessous, on verra aussi, dans Ja Cigale, l'his­toire de tous Jes hommes qui vivent sans pre­voyance, sans S'oecQper ,du lendemain et qui n'amassent rieri' pour faire face aux jours cri­t!que~ que 1'on rencontrc si souvent durant la vie. La voici; qu'on la medite bien, car eUe est pleine d'enseignements :

La Oigtille et la Fourm):,

La cig!lle, :tyant chltnts , Tout rete,

Se tI'ouva fort depourvue Quandla bise fut venue: 'Pas un .senl petit morceau De mouche ou de vermisseau I

Elle alia orier famine Chez la fourmi sa voisine, La priant de lui preter

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62 LE VERITABLE

Quelque grain pour 8ubsister JutKJ.u'a.la aaison nouvelle: Je vous pairai, lui liit-elle, Avant l'oilt, foi d'animal, Interet ~t principal. . La fourD;li n' est pas prete use ; C' est I", son moindre defaut : Que faisiez-vous au temps chaud ? Dit-elle a cette emprunteuse.­Nuit et jour a tout venant . Je chantais, ne vons deplaise.­v ous chan tiez ! j' en Buis fort aise. He bien! dansez maintel1ant.

Plusieurs, sans doute, se reconnaitront dans Ia Fourmi; mais aussi comhien ne se reconnai­tront-ils pas dans la Cigale ? Et s'i! nous fallait executer la danse de cette malheureuse cigal,e

t i! y aura it de quoi donner un bien grand ba d'affames!

CHAPITRE III.

PossMer des Richesses. "HeurEluse In. f~Dlille qui nfa POol

trop de richesse, at qui ne souffre pas de 1s. pauvret6."

II Pierre qui roule 'a'.tause PD.S da mOQsse."

La soif de l'or estlellement violente chez la plupart des hommes, que la seule perspective de posseder un tresor suffit g€meralement pour les engager it. tou t quitter: patrie, families, arnie, et leur faire braver toutes sortes de dangers.

Cependant, on peut acquerir des richesses avec beaucoup pIu!! de certitude sans s'eloigner pour cela de sa patrie et sans conrir aucuns pe­rils. V oyons comment:

-Mais je voudrais posseder un certain capi-

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PETIT-ALBERT. 63

tal, un petit tresor, enfin, dit encore .l'homme, pour me mettre a l'abri des mauvais jours, ame­nes soit par Ie manque de travail, soit par la maladie.

-Tres·biell, et vous avez doublement raison ; de plus vous Ie pouvez encore. Mais, pour cela, it vous faut faire d'abord Ie sacri1ice de toute depense inutile ou frivole; puis econo. miser sur vos gages de chaque jour, une petite somme, ne serait-ce qu 'un sou; que vous placerez en reserve; et, lIJuand vous aurez ainsi, durant quelques annees, accumule economie sur eco­nomie, vous vous trouverf'Z possesseur d'un joti petit capital. Alors vous serez riche an. dela de vos besoins journaliers, et vous aurez Ie commencement d'un tresor qui ne pourraque s'accroifre de jour en jour.

Lorsqu'un ouvrier est possesseur d'un ca­pital, si petit qu'il :wit, il participe de ce mo­ment meme a lous les bienfuits de l'ordre so­cial. .. Une premier" economie, dit un auteur, encourage a des economies nouvelles; ces pla­cements Ie rassurent (l'ouvtier) contre les infir­mites de la vieilIesse, eontre les accidents de Ia vie et contre les cbanC':es d'un travail qui n'es! pas, dans tous les temps, egalement retribue."

Au contraire, " l'ouvrier qui n'epargne pas est sans excuse de necessite, sans prevoyance de la maladie et de la vieillesse, sallS tendresse pour sa famille, sans pitie pour lui-meme."

CHAPITRE IV. La Peraeverance.

II Petit I. petit, l'oiseau fait son Did."

- C'est vrai ! et je comprends parfaitement bien tout cela,-dit encore notre homme ;~mais

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64 LIl VER1TADLE

je voudrais, ajoute-t-il, devenir riche immedia.i tement; c'est trop long d'allendre ainsi des an­nees, et il faut trop de perseverance pour faire ces economies.

C'est pourtant la 8eule voie qui reste ouverte aux classes ouvrieres, et c'est en 1a suivarit qil'elles peuvent parvenir Ie plus suremeD! a I'aisance et au bonheur. Au reste, tout cequi nous entoure dans la nature nous en donne une preuve chaque jour.

Par exemple, I'oiseau, cette 0harrnante et frele creature, n'est-ce pas loujour~ petit a petit qu'i! fait son nid, pour y elever sa petite famille ailee et la mettre a l'abri de l'intemperiedes sai­sons?

L'enfant au berceau n'a-t-il pas mille et une vicissitudes a essuyer a van I que de devenir homme?

Les grandes villps qui etonnent Ie plus les peuples par leurs richesses et leurs merveilles; D'ont-elles pas commence d'abord par la cons­truction d'une ou de quelques habitations de la plus panvre apparence, elevees dans Ie temps au milieu d'une fore I ou d'un de:;!ert? Ce­pendant qupl progres et quelle per8everance dans Ie developpement de cos grandes villes !

La terre!· n'a-t-elle pas toujours suivi la meme marche que Dieu lui illlflrirua apres l'a­voir creee? Et les annees, le~ saisolls; lfls jours et les nuits? Quelle admirable regularitl; dans ('et enchainement perpetuel de la nature! QueUe perseverance!

Et de dire que l'homme ~t11l1, Ie chef-d'reuvre de la creation, voudrait se soustraire aux lois divines et naturel/es qui regi~sent si bien tout ce qui se meut autour de nous!...... Erreur fatale! oui !. fatale popr un grand nombre d'hom-mell ••••••

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rETIT-ALBERT. 65

CHAPlTRE-V

.L.e. J}~8ir Ilt' la. Volllnt~. " II n', II. que ie premier pas qui

coute. "

Beaucoup de desir, et peu de volonte. Or, pour faire des eco'pomies~! .acquerir un tresor, iI ne suffit pas de Ie desirer; plus que cela, il faut Ie v0'1wirtmergiquemeut; et, comme dit Ie proverbe: " 11 n'y a que Ie premier pas qui cottle.') . ' ,

Entre desirer une chose et la vouloir acque­rir,- il y aloute la difference du jour a la nuit.

On pcut desirer beaucoup de choses et ne jamais les obtenir. Pourq'loi? -parce quI' gene­ralement i'homme se .borne ales desirer, et qu'il n'adopte aucun moyen pour les accomplir : c'cllt-a-dire qu'i1 n'en a pas la volonte. .

Voila la veritable cause qui empilche la plu­part. des h<'mmes, parmi le~ classes ouvrieres, d:"acquerir, si non destre:mls, au moins l'ai~ sance et.lebonbeur au >lein de leurs families.

d)our. demontrer la sup{;~iorite de la"voionte sur Ie desir, nous fel'Ons la comparaison sui­vante, tonte vulgahe qu'elle 'puisse etre.:

• SUpPMons par exemple un jeune homme qui, brQlant du desir de se.marier, ne ferait aucune demarche pour realiser seOl VCllUX, at meme fuirait toojours la presence du beau sexe. Evi­demment, dirait"on avec raison,ce jeune homme vieillira et mourra eeJibataire, car avec tout son desir, il manque totalement de V'olonte.

·~d;ppelons - nous donc toujours qu'en toute choselO1'8q!le Ie .desir n'est pas aecompagne, cbaque fois, d'ilne volonte e-nergique, il n'est

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66 LE VtRITABLE

plus alors qu'une lellre morte, un mot vide de sens, et l'on peut ~tre fermement convaincu que tous ceux qui soupirent apres des richesses, sans prendre les moyt'l1s de les obtenir, n'en ont que Ie desir et jamais la volonte; elles se conten­tent, comme on Ie dii d'ordinmre, de batir des chateaux en Espagne ••••••

eRAPITRE VI.

Vouloir c'est PouvoiJ

Vouloir c'est pou.voir! C't'st la un principe admis pour tout, ceo qui est rais.onnable et. Jen harmonie avec Jes doctrines que nous enseigl1fl notre sainte religion.

Cependant, beaucoup disent :-" C'est im­possible, je ne. puis faiIe des economies."­C'est impossible, qnand on ne veut jamais faire quelque sacrifice de ses desirs desordonnes, et nous en savons malheureusement quelque chose par notre pwpre experience.; mais cela devient possible, meme facile,.du moment que ron s'abs­tient de faire toute depense inutile on frivole, et qu'on nc se donne que, bien juste Ie slrictene­cessaire.

Alors, seulement, on pourra, en Ie vou;lant serieusement, acquel'ir un tresor plus ou moins considerable, selon qu'on aura economise.cha­que jour, en. prenant sur lesb{meiices, pen ou beancoup, en proportion de ce que Pon gagne. L'oUl'rier, meme Ie moins retribue, pellt ·aisement mettre de cote un.. cinq ou dix centins par jour; et,.a.la fin de l'annee, on de plnsieurs anoees, it se trouvera possesseur d~nne somme a8sez .ronde qui apportera l'ai­sance ausein de sa famille. Que c1laque ou-

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PETIT-ALBERT. 67

vr!er Ie v~ui1le donc serieusement et Hie pourra tres-c{,11amement.

CHAPITRE VII. Secret pour acqutlrir un Tresor.

Pour entrer dans Ie chemin de )'" fortuDe it faut'1 apporter Ie tra.va.il et l'ecoDomie.

P~ur acqu{rir et p03seder un tresor nOllS pro­poserons ici aux classes ouvrieres un moyen que nous voulons faire connaitre dans toute son etendue, convaincu d'avance que tous ceux qui Ie mettront. en pratiqile nous sauront gre de Ie leur avoir indique, vu qu'ils se trouverOlit bientot riehes, sans meme 's'en douler.

Ce moyen, au plutot ce secret infaillible pour acquel'ir un tresor, en usan! d'un ppu d'eco­nomie, est aussi facile qu'il est efficace; il suffit, pour I'employer, de choisir dans 16 -tableau suivanl la somme ou Ie petit tresor que I'on veut posseder au bout d'une au de plusieurs annecs ; et gurtout d'etre REG{) LIER a de­pose.r chaque jour ou a la fin de chaque se­maine, Ie nombre de centins qu'on aura decide d'epargner.

Alors on se persuadera que, pour decou vrir un tresor, ce moyen vauI, a lui seul, plus que tous les Grand et Petil-Albert, les Grimuin's at Ie DmfJon-Roug·e., et enfin tons les livres clu meme genre, qui promettent monls et merveilles, mais n'ont jamais ete d'aucnne utilite.

Dans Ie Tableau snivant nons avonscru de­voir adoptcr de preference Ie nouveau conr~ monetairc plutot que I'ancien. Le lecteur qui ne serai-t pas encore familier avec celle ·uurniere de compter tronvera a la fin dn volume nne me­thode simple et facile, pour s'en rendre oompte.

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I

'~n P)~aflll On aura par en

jour. - 1 an.

On aura en

6 an ..

On aura On aura On aura On aura On aura en en en en en

10 aDS. IS aIlS. 20 ans. 2S ans. 30 anB.

'--'--.--1--1--1--1----

$ cis. I $ cts. $ ct,. $ cis. $ cts. $ cts. $ cts. 1 centin. 3 65 18 25 36 50 54 75 73 00 91 25 109 50

, 2 " I 7 30 36 50 73 00 109 50 146 (Ill I 182 50 219 00 3" 10 95 54 75 109 50 164 25 219 00 I 273 75 328 50 414 60 73 00 146 00 219 00 292 00 365 00 438 00 5" 18 25 91 25 182 50 273 75 365 00 456 25 547 50 6" 21 90' 109 50 219 (10 328 50 4::18 00 1>47 50 657 00 7" 25 55 127 75 255 50 383 25 511 00 638 75 766 50 8" 29 20 146 00 292 00 438 00 584 00 730 00 876 00

'I 9" 32 851161 25 328 50 492 75 657 00 821 25 985 50 '10" 36 50 182 50 365 00 547 50 730 00 912· 50 !O95 00 ~ 12" 43 80 '2-19 00 43S 00 657 00 87600 1095 00 1314 00 ! 15" 54 75 273 751 .'547 50 I 821 25 1095 00 I 1368· 75 1642 50 : 20" 73 00 I 365 00 730 00 1095 00 _ 1460 00 1825 00 219Q 00 I 2$" 91 25 456 25 912 50 1368 75 1825.00 2281 25 2737 50 I 30" 109 -50 547 50 11095 00 ll642 50 219000 21117 50 3285 (10 I 40" 146 00 730 fiO 1460 _ 00 ~2190. 00 2920 00" 3050~ 00 4380 00 I i 50" 182 1)0 912 50 1825.: 00 .2737 50 - 3650 - ()(j 456Z' 50 5475 00. , • - I

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PETIT -ALBERT. 69

CHAPITRE VIII.

Les Caisses on Banqnes d'Epargne. "ene ca.isse d'epargne est une

imtitution eS5entiellement anti-ri. 'Dolutionnaire. IJ

Maintenant, si l'ouvrier ajoute l'interet que lui'rapporteront sea economies deposees dans une caisse ou banque d'epargne offrant, bien pn­tenull, tOlltes les garanties d'une bonne admi­nistration (t), it verra Hon petit capital grossir encore bien plus vite t car l'argent place a in­teret fait des petits, dit Franklin, c'est-a-dire que l'argent engendre l'argent.

Par exemple, toute somme d'argent, deposee dInts une Banque d'Epargne n'olfrant meme que 5 pollr toO, ~e double a peu pres 10u,~ les seize aIis,sell}ement par'les'interiHs : d'un petit capi­tal de vingt-cinq piastres, on en obtiendra ein­quante au bout da'16 ans; et ainsi de suite.

Aussi l'importan~'>, d'nne caissed't-pargne est incitlcl,:llable pour les classes ouvrieres. Comme Ie dit Cormenin,' cet~e institution "permet 11 l'ouvrier de deveni'r maitre Ull jour, en aclietant, avec ses petits capitaux amasses, un fonds de boutique acbalande, ou:de faire les frais et aebats

(l) Nalls ne pouvons nous empecher ici de deplorer 3merement, -8ans vouloir'blltmer pcraonne !ndividuellement,-la. maJheureuse chute de' 1& ~. Caisse d' Economie de ~aint-L(oeh, JJ qUi a, par sa mauVll,iss. admini,stration, porte une profonde at gra.ve atteints ~u credit do tOutes ces institution's en cette ville. Mais hatons .. nous de dire que 1& H Caisli:e d' J!:eonomie Notr~·Dame" et III. It Han que de Prevoyance ~~ d' Epargno de Quebec," soot he~reQsement h\. pour nous prouvor touto l'efficaeite et, toute l'importance de C8S Institu.· tiOD!!!, qui,-comma l'a tlit Eli justenient un auteur,-Bont anti rt"o· lutio1Lnaj.r~8, surtou.t qlu\gd elles Boot dirig6es par des hammas auasi integros que catU que nous vayoos A 10. tete de nos deux Cais8es d'Beonomie actuelles, iesql1ela ant juEttement droit a l'bstime et 1\ la. ,oonfianoe des CitoY8D6 de ijuebec.

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70 LE VERITABLE

d'un premier etablissemenl, ou de consacrer plus lard, s'it est actif, ingenieux, entre pre­nant, a quelque entreprise plus ~ructue?,se que Ie gain retreci d'une manualite Journahere, des capitaux qui, epargnes, ne suffiraient pas II cela."

" La frugalite, la prevoyance, l'esprit d'or­dre, a dit un autre auteur, telles sont les qua­lites dont les caisses d'epargne leront bientot conlracter l'habitude II l'ounier. Longtemps courbe sous Ie poids de l'infortune, son arne se releve; iI commence II s'estimer avec justice; puisqu'i1 tient ce qu'i1 possede du travail et de la sagesse. Ses mceurs s'ameliorent, son carac­ters s'adoucit, son interieur est plus calme, sa famille plus affectionnee ct plus heureut'e; en devenant proprietaire, il devient un membre pluil. actif de la societe; i1possede, il a intfmH de conserver; il goute les bienfait .. de l'ordre general, iI s'y affectionne et iI en sent la ntces­site. "

Profonde et admirable verite; aussi les cia!!-. ses ouvrieres ne devraient jamais la perdre· de vue, car c'est la Ie veritable moyen que l'o\tvrier doil adopter et mettre en pratique, s'il vellt se mettre lui et sa famille a l'abti des infortunl's ou des infirmites, amenee8 inevitablement par un age avance. Alors il verra sa carriere ee terminer avec beaucoup moins d'amertume, parce que ses economies constantes du passe lui permettront de finir ses jours, apres un rude labeur, au sein de sa famille bien-aimee, qui lui prodiguera ses soins emprt'sses, sans avoir la douleur, toujours bien amere a ce mo­ment supreme, soit de recourir it l'assistance de personnes amies ou bien etrangeres, ou en. core d'aller mourir a l'hopital. Aussi cet heu­reux ouvrier emportera avec lui, au-dela du

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PETIT-ALBERT. 71

tombeau, la bien douce consolation qu'il lai!lse it ses enfants cheris et it sa famille Ie bel exem­pIe de l'economie, accompagnee de quelques­uns de ses bons fruits!

CHAPITRE IX.

Soci6t6s de Secour. mutuels et de Protection, dans chaque Corps de M6tier.

" La. bjenfaisa.nce est Ie bvoheor do 180 vertu j it n'y en a point de plua grand sur la torre."

" II raut ~tre utile anx hommC8' pour etra grand d.a.ns l'opiniou dee hommes,"

L'efficacite des societes de bienfaisance et de protection comme corps est un sujet de la plus haute importance, pour toutes les classes ou­meres, lant sous Ie rapport des secours mutuels qu'eUes peuvent en retirer, que sous celui de la protection et de l'avanr.emcnt de leurs metiers rf'!spectifs, et cela pour Ie plus grand avantage des maitres ou entrepreneurs en general que tim; ouvriers en partieulier.

Des boIlS et des maut'tlis rapports entre les Jlailres et les Ouvriers.

En consultant l'histoire de la vie sociale des peuplescivilises de tous les temps, on reCOD­Datlra facilement que c'est toujours des bons rapports et de la bonne intelligence qui existent entre Ie mattre et I'ouvrier que decoulent inva­riablement Ie progres des differents corps de m~Iier, ainsi que Ie bien-eIre moral et mate­riel donI jooissent Pun et I'autre.

De fail, quand cel etat de chose existe, c'est qu'il y a reciprooitti de sympathie entre cux, et

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72 LE vtRIT!BLE

que l'ouvrier re<;oit uue juste et equitable. retri· butiou de son travail quotidien, tout en lalssant au lIlaitre un profit digne de la pOMilion supe­rieure qu'il occupe.

Mais, au contraire, quand il y a mesintelli· gence sur celie grave question entre Je maitre et I'ouvrier, il arrive sou vent qll'une luue ine­gale s'engage ent~e eux. L'ouvrier se met en greve, et on Ie voit parfois triomphersur les empietements injustes de son 'patron et. Ie forcer a capituler tout a son avantage. Dans Ie moment, tout est bien pour Ie vainqueur j mais iI n'a pas compte sur It·s mauvais jours a venir: une medaille a toujours son revers. Alors arrive un autre ordre de choses ; l'ouvrier .. e voit tout-a.ooup oblige de subir a son tour la condition du vaineu;, et scm maitre, ueant de represailles, lui fail payer bien, cher et bien ameremenl son triompbe, epheme~e. Voila ce­pendantce qui arrive ,·generalement clans de semblables cas.

Au nom du simple QOo. sens, nou," demandons a quoi servent ces scene!! de <Iesordre, oon­nueB sous Ie nom de greve? L'ex-perience no~ fournit trop d'exemples pour hhiter un seul instant a proclamer hautement que ces lulles de­plorables toument 'invariablement, contre l'ou­vrier, et que celui-et finit ·toujditrs par suc­comber IQrsqu'il n'a pi u.s de pain a donner a :sa famille qui en demande a grands '.:ri8 ••••

Que faire done, dira-t-on, dans de pareiiIell circonslances ? , '

A ceUe question, t(lute grosse d'inquietudes, nO!Js repondons: L'ouvrier doit s'appljquer d'abord, par tous les moyens equitable~ a Caire disparaitre cetle mesintelligence, ces mauvais rapports, quand iI en existe entre lui et son patron; puis travailler ardemment a agrandir

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I'ET1T-UBERT, 13 ia Bphere dc ses connaissances dans I'art ou Ie metier qu'il cxerce ; de se livrer aussi, durant ses heme ... de loisir, 11 I'etude de choses propres 11 ameliorer sa conditioll sociele.

Mais pour obtenir un pareil resultat a l'avan­tage du plus ?,rand nombre, parmi les classes ouvrieres, it n existe qu'un moyen, etce moyen, c'est l'esprit d'as.50ciation. Aussi, la {ormation et l'existence de bonnes societt~8 de secours mutuels ct de protection comme corps,-dont Ie but senJ.it aussi de stimuler la fraternite parmi les ouvriers, de leur mcltre devant les yeux l'iclee morale et I'idee economique, de leur faire comprendre les d"Yoirs d'un peuple ap­pele a vivre au milieu de race~ diiferentes et de leur faire voir la necessite· pour £lUX d'etre toujours unis et de ne jamai~ se divisl'T,-ces societes, disons-nous, ain~i constituee~, peuvent senles relever la dignite des arts £It metiers en Canada, ct amc'liorer ellieacement la condition social£l des classes on vrieres.

C'est h\ la seule planche de salut qui reste aux ollvriers s'ils veulent entretenir de bons rapports avec leurs patrons, et s'ils tiennent a se secourir mutuellement et 11 se proteger com me corps, contre la fatale concurrencc qui se pratique entre les maitres: concurrence qui tourue toujours all desavantage des nns et des autres.

De pi u~, ces societes auraient aussi pour eifel, sinon d'arreter, au moins d'amoindrir l'envahis­sement des villes par un si grand nombre de per­sonnes qui desertent Ie,; campagnes pour venit travaitler a viis prix a des metiers qu'ils n'ont pom la plupart jamais appl'i8, et forcer par ]a Ie !:Ion ouvrier des eites a aller chercher en pays etl'alJUers une retribution pins raisonnable de I'On lJ~vail, sa patrie la lui refusant.

D

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74 LE VERITABLE

La Construction de, Nat'ires IJt iell Charpentier,. a Qufbec.

Nons citeronl'l ici, comme preuve de ce qne DOUS avaDqon~, la cla~8e nombrcuse des char­pentier" de navire de Quebec, qui ~'est vue re­dnite depuis plusieurs annh's.1 s'expatrier par centaine;>, fante de construction ou de gages as­l!ez elevt'i'I pour ~nbveDir aux be,;oin!! Ie>! plus pressants de leurs families.

La veritable cause de ce tri"te elat de chose, - et nous ne croyons pas nOllO' tromper, - ce fut Ie resultat d'une lrop grande ambition de la part de quelques maltres-coDl~tructeur~, on plutot de quelques speculateurs ignorant com­pletement l'art du charpentier de navirP, mais qui tentimmt neanmoins de reali~er d'enorme!< fortunes, durant les annees extraordinaires de 1854 a 1856, epoque 011 lee navires 8e vendaient en Angleterre a des prix presque fabuleux.

Mais, qu'arriva-t-il? c'ei'lt que la plupart des navires, construits par ees speculateurs qui s'etaient jete!! tete baissee dans eeUe grande entreprise, furent presque tous condamnes, une fois rend us a Londres, comme etant de tre~­mauvaise construction, tant sous Ie rapport de la mauvaise qualite de leur bois, que lSOUS celui de leur peu de solidite : ees batiments n'ayant pu traverser l'Ocean une premiere fois sans avoir e1e considerablement pndommages.

De la, depreciation complete a Londres de la grande renommee que s'etait acquise la cite de Quebec pour ses cbantiprs de construction de premier ordre, ·puis, refus de la part des mar­cbands de Londres d'acheter les navires sortis de n<?s chantip.r~ canadiens. La consequence fut. la rume de plusleurs maitres-con~tructcurs, qu'il n'y eut presque plus de construction dans nos

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I'ETIT-ALBEl\T. 75

cha~tiers, que la misere devint generale parmi la 'nomhreuse classe des cbarpentiers, dont un grand npOlQre fut contraint d'emigrer.

D'un autre cbte~ I'inqualifiable fr(mesie de ces : li:peculateurs de faire construire leuTI! na­vires. sipromptement, m~me sans SOiM,. pour realiser plus vite des profits considerables, fut ·Ia cause qU,'/lll grand nombre de gens des campa-. gn8.\l ~nvahirent nps chantioers, attires a la ville par l'appat seduisant des gages eleves que 1M. cl!l~ses ouvrieres, surtout celle des oharpe)ltiers, gagnaient alors; ce qui amena de suite une reaction de favorable dans lesprix de la main­d'muvre. Ajoutez acela, comme nous venons de Ie ({ire, la plupar .. des navires condamnes a LOlldrc5 comme elant mal construits; la de­preciation en Europe de nos chantiers de coIJ.s. tru;ction navale; la ruine de plusieurs de nos maitres constructeurs; presque plus de construc­tion depuis, cette peri ode, et vous aurez l'expli­cation de la chute de cette importante industrie a Quebec et du grand nombre de charpentiers sans travaux.

Voila la triste et deplorable oondition, a la­quelle se trouvent reduits, dcpuis plusieurs annees, ... les charpentiers de navire a Quebec. Cependant, rien np se fait pour operer un chan­gement en favellr de I'importante cause de la construction navale en Canada.

Ne devrait-il pas ~tre pris des mesures pour relever lao grande rt;.nompI.e.e doptjouissajent na­guere en Europe nos. chantiers de c.onstructi?n, et leur donner toute la v;igueur des temps passes?

Par exemple, ne serait-ilpas a pl'oposque notre legis~ature ,nommat un inspecteur de:la construction navale, surtout a Quebec, pour veil­ler a ce qu'eUe so it faite autant. que possible sanll r~proches? 11 est bien ,Vl'lli que no us avons

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76 LE VEnITABL£

deja a Qt1ebec, depuis quelques annGes, un ins­pecteur nomme it cet eltet par de grands capi­talistes de Londres; mai~ celte ~l1rveillance, nOllS Ie disons d'apre~ des autorites irrefutabIes, 11'e8t pas encore suffisante pour ret'lblir en Eu­rope la reputation de nos chantiers de construc­tion, et Ia raison en est bien simple, c'e~t qu'eHe se trouve sous Ie controle d'hommes nullement intere~s(~, it la prosperit€' de notre pays. Celte surveillance, au reste, ne S't'tend pa~ au·dela d'une assurance des capitaux places par Ies in­teres;.t-s, dans cette industrie.

A ce sujet, nous nous bornons a attirer Patten­tion de notre gouvernement sur ce qu'il pour­rait faire en faveur de celte importante induB~ lrie pour Ie Canada en general et pour Quebec en. particulier.

Si nous mention nons ici particulierement la classe des eharpentiers de navire, c'est que .celle-ci se trouve, par son grand nombre, plus frappee et plus maltraitee que les autres, quoique celles·ci Boufirent aussi beaucoup sous ie rap­port des gages et sous celui du peu de protection dont elles sont entouree, pour exercer avec avan­tage et satisfaction leurs differents mGtiers.

Le moyen que les Ouvriers do/vent adopter pour arne/iorer leur condition.

Pour obvier it l'entrainement des differents corps de metier vers une decadence plus com­plete, nous ne voyons pas de moyen plus cf­ficace, nous Ie repeton~ encore, que celui des societes de sec ours mutuels et de protection comme corps, bien organisees dans chaque corps de metier respeclif, l'olDposees d'h,lm­mes ayant sincerement a cceur I'avaneernent ct

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PETIT-ALBERT. 77

Ie progres des arts et metiers, et dont Ie but 88-rait aussi d'arriver it. une entente cordiale entre les llIaltres et les ou vriers, afin de reglee et dldinir,-a\ltant que possible it. l'av:lntage, de, toua,-la question des gages ainsi que celie de l'appreutissage it. faire pour exercer,un metier. quelconque au sein de chaque ville. lYun autfe cOte, .ces societes, ayant poue base invariable la bie!1faisance, seraient aussi un baume des plus salutaiee ·pour cbacun de leurs membres qui serait frappe d'une maladie plu3 ou illoins grave.

C'est dans un de ces moments critiques, el it. Ia fois douloureux, qu'il devient consolant pour un malade de se voir enloure de la sympathie d\l tous ses confreres, accompag,lilee en me me temps d'un secours legitime, et non pas de l'au­mone, pouvant I'aider it. subvenir aux besoins II'S plus pressants de sa famille. Ce seul motif de, vrait me me engager de !luite toutes les classes ouvrieres it. organiser au milieu d'elles des 80-

cieles de ce genre. Comme bon nombre de pecsonncs pourraient

mettre en doute Ie succes, meme la possibilite., de fondee ces societes dans chaque corps de me,tier, nous donnerons pour exemplI' Ia So­ciete T!Jpograp/tique de Quebec, composee exclu~. sivement de typographes, et dont Ie but est it. la fois philanthropiqup., Iitteraire et de protection.

Cette societe compte auJourd'hqi, apIeS seu­Iement .. ix annees d'eltistenoe" les plus beaux Jesultats qu'it soit possible de d~sirer: ayant. it. ~a disposition, outre son fonds de secours, un <liabinet de Lecture oil la plupart des journa,ux d~ la Province sont relfus chaque jour; aussi1 nIle magnifique Bibliotheque" reunissant pres de .. mille volumes dus en grande partie it. la ge­netpsite de plusieurs citoyells de Quebec el de

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78 LE vtRITAIlLE

Montrea I, parmi lesquels des membres dn clerge c{)mpten,~ pour nne bonne part.

Cependant cette societe a eu de bien mauvais jours 11 tr;lVer:;:er, et de Tudes l'preuves 11 snbir; mais cela. ne I'a pas arrelee dans t'a marche progressive, et elle est aujourd'hui plus floris­sante que jamais.

Est-ce que I'existence de ces societes serait impussible parmi les autres corps de metier, lorsqu'eJle est possible pour les Typographes ? Est-ce qu'il ne se trouve pas autant d'intelli­gence et d'l'flprit de corps parmi les premiers que chez les autres? Oui ! egalement; nOUf> sommes tous doue~ d'intelligence, possedant a peu pres la rneme education, acquise dans nos> ecoles communes, et nous sornmes tons, sars: distinction, des onvriers.

Or, ce qui se fait com me societe parmi lese Typographes peut se faire egalement parmi Ic8' Charpentiers de navire, les Mennisiers, Ilts Menbliers, les TaiJlenrs de pierre, les Maqolls, les Charrons, les Forgerons, les Peintres en biltiment, les Cordonniers, entin, par tous les autres corps de metier.

Tout Ie secret pour fonder et faire reul;lsir ces societes consiste, d'abord, dans la bonne volonte de~ ouvrins en general, puis dans Ie devouement et l'aetivite de quelques hommes seulemel1t, qui se rnettent a la tete du mouvement.

Nous sommes fermcment convaincu que les maltrl!s ou entrepreneurs verraient la formation de ces sodetes d'un tres-bon mil, surtout quando ils a'.lraient acquis la certitude qU'clles ne leu', seraient point hostiles; c'est-a-dire des qu'ils san raient que Ie but de ces societes de secou IS

mutuels et de protection, est non-senlement ;Ie fail'e rena1tre en Canada des jours meilleul'~ P(lIll"

le~ arts et metiers en general, mais surtout en

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PETIT-ALBERT. 79

faveur des mailres et des ouvriers en particu­lie/,".

Pour obtenir ces beaux resqitats,---:'il ne faut pal!! se Caire illusiqn,~il faudra sans doute de,g a:~nees d'une grand!! Pl1rseverl!-nce. . Mai8, d'un a.utre cote, quel ,~$t celui qui ignore que Ie trav~il ~onstant triomp4e .de tqut! L'immo~tel Fral!klin,-lui qui a dote Ie monde de!li belles et de 8i .utiles choses, entr'autres l'ele~t.ricite, qui, par Ie moyen des telegraphes, eommu-' nique aujourd'hui, a."la minute, la pensee hu~. maine Ii des mille lieues de distanee,-eh bien! eet hom me de genie a .dit quelque part: que la goutle d'eau, tant petite qU'elle soit, .nnit toujours, en tombant sans eesse une Ii une, pal' creuser la pierre la plus dure. Or, supposons qUI! ees societe;; ne soienl que. ces gOllttes d'eau et 'qu'elles travaiUent avec constance dans cette nouvelle mission, eUes nniront certainement par imprimer Ie cachet inetfac;ablc de leurperseve­ranee et de leur energie:

C'est enC(lre au sein de ces soeietes que les classes 011 vrVlres pourraient adopte~ des moycns afin de s'entendre avec. nos legls]atellrs sur l~urgence de lit passation d'unidoi ayant pour but de reeler getieralement ;\ l'avantage de tous. Iii. question des gages dans les differents corpli de metie~, ainsi quel'apprentissage Ii faire pour exercer un metier quelconque, et de ,proteger ees differentes classes plus e.flicacement en pa­ralysant en partie l'envahissement des cites par un trop grand nombre d'ouvriers etrangers.

Personne, sans do ute, ne niera au peuple Ie droit qu'il ad'exiger de ses deputes l'accom­plissement, si non de toules, au moins d'une partie des promesses faites par eux avant ella­eune des elections generales?

Malheui'ensement, nne Cois les elections ter-

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80 LE yf:RlTABLF.

minees, plu~ieuTs de ces representants du peuple, deviennerrt aussitol d'une inditfereJjce impardOllnable Ii l'egard de leur~ commet1ants, et ne paraissent pas plus s'oep-nper d!) leurs electeurs que des habitants dc la fune. Cepcn­dant, quelques jours avant la "Votation, on avait YU ces memes hommes s'evertuer beanconp 11 faile de belles promesses : rien moins que mers el monde 1.. •• sans compler les grands mots de prosperite ! de Iiberle! d'egalite! de fralt'r­nite ! de peuple-I'oi ! ! ! ..••.•• , et qui, nne fois elus, paraissent se moquer de ce me me peuple-

"r 101, •••• ••••

Or, qu'on n'oublie pas eeci: avec I'existence des societes dont nous venons de pader, Ie regne de tons les representanls, qui ne s'en tiennent qu'aux prornesses, dena finir, et Ie peuple ne pourra qu'y gagner tres-certainement.

Pour terminer ce chapitre, nous engageons fortement, eneore une {ois, les Guvri!)rs a se mettre immediatement Ii etablir au milieu d'eux des ~ocietes de secours mutueTs et de protec­tion comme corps, car iI y va de leurs plus grands interets, tant au point de vue du bien­etr!) mate rid qu'ii c!)lui de leur condition su­ciale ; de plus, que l'union soit toujours leur eri de ralliement; que leur respect et leur attache­ment Ii nos institutions religieuses e\ nationales soient plus vivaees que jamais; qu'ils :ravail­lent aussi en eommun ii Hlire disparanre toutes les causes, ou du moins les prineipales, qui cn­tretiennent el fomentenl ehaque jbnr ces hai­nes personnelles qui semenl la desunion parmi Ie peuple; car, pour nous ~ervir des refiexions admirables d!) I'un de nos premiers journalistes franco - eanadiens: "lei comme aux Etat;:­Unis, comme en Europe, le~ signes des temps sonl incerlains, el dans ce eiel sombre et hl'u-

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PETIl-ALBERT. Sf menx, les penple~ marchent en tatonnant vers lenr!! destineeB. Si nous VOUIOllB echapper au danger, tenons-nous tous par la main, et, pour nons reconnaitre dans la nuit qui se fait au lour de nons, pqU3,SOIlS. tOQS Ie meme crt de rallie­ment." (1) UNION!!!

(I) Journal de Quibec, Dumero dll 30 m~ro 1861, dan. un article Bur 10. necessite de l'union des Bas~Co.nadiens entr'eux, p:u l'hono .. ra.ble M. CauchoD, aujonrd'hui ministre des 'I'ra.vaux Publics.

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82 LE VERITABLE

LIVRE QUATRIE.'I E

Aux Cultivateurs: L' .\e:riculture ct la Colonisation.­Le Clerp;e ef la Coloni"ation. - J,,, llouvemement doit accorder une protection ,all' e.~·ale i11'Industrie A~Ticole. - Les ('ultivateurs et leurs Deputes au Parlement.-La Culture const'lIIte; Ie Laboureur cot Res Enfants. - VEriucalion c\.~·ricole; deux I,ivres utiles a meuiter. - On doit cmindre les-Procos et fuir les COllrs de Justice; I' Huitre et les Plaideurs. - L'Intcmpcrance amene la Folic ct la :.\lurt. -Uonelusion.

CHAPITRE I.

L'Agriculture et la Colonisation,

te ~olda.t qui verse son !IIong pour dHcndre sa. patrie, et Ie cuitivatellT qui en arro&o Ie ~ol de fle8 ~ueurs IJour la. nourrir, rcmpli-~eDt tOUg les deux une mis~ioll sublime! * ••

U C'est parmi les cultivn.tcuril que nai:-;sent les moiJleurl:1 citoyeoB at les meillcurs 8uldatt!."

L'agriculture! quelle mine inepuisable a ex­ploiler! que de richesses, que de tresors a de­couvrir au sein des campagnes par Ie seul moyen de l'agricuhure bien comprise et bien faite. Elle est la base solide sur laquelle rt'pose toule l'existence plus au mains heureuse des peuples civilises.

L'agriculture, c'est lout l'avenir d'un pays; eUe est pour lui comme un coffre-fort san~ cesse

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l'ET1'l'-ALBEIlT. 83

rempli d'abondantes richesse~, servant a alimen­ter ses milliers d'habitanh.

Vagriculture! c'est encore Ie principe vital tit Ie developpement de toutes les autres indus­tries. Sans agriculture, point de civilisation: c'est un peuple a l'etat sauvage, ne vivant que de chasse et de peche !

Dison~ avec Mgr. I'eveque d'Or/bans, (France) dans son discours sur cet art:

" L'agricu!ture est Ie [ondement meme de la vie humaine: I'agriculture est la noui'riciere du genre humain. Ah! si la veritable grandeur, si la reelle noblesse, c'est de servir it qllelque chose ici-bas, c'e~t d'etre utile, qu'y a-t-il de plus noble et de plus grand que de donner au genre humain sa nourriture et sa vie? "

En tel'minan! son discours, Ie meme eveque ajoute :

" Honneur donc a la culture quelque nom qu'elle porte, a quelques travaux qU'elle s'ap­plique, quelques pmduits qui sortent de 8es mains! Honneur aux hommes qui, la compre­nant et l'appreciant, dans sa dignite et ses ser­vices, se devouent et I'encouragent, lui appor­tent soit leurs bras, soit leurs capitaux, soit leur ;;cience et leurs methodes, soit Ie glorieux en­couragement de leurs prix et de leurs recom­penses ! Honneur it ces fetes, ,[ ces concours qui coumnnent, qui stimulent, qui assurent les pm­grb par ceUe merw'illeuse exposition des pro­cedes, de ces methodes, de ces instrument" par celt,· mise en commun si noble et ~i chrl·tienne aussi des lumieres et de l'experience de cha­cun et de tOllS. Ah! qu'il t1eurisse parmi nous, cet art antique et divin, source inepuisabJe de richesses nationalps, qui donne it la patrie de robustes "nfants, de forts soldats, et a la soc iet~ des citoyens honnetes et surs: barriere contre

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84 u: Vi:nlTABUl

Ie desordre, garantie de la paix sociale; que tout I'encourage el ie favorise, que lout en pro­voq,ue la diffusion, Ie progre~ et la pratique ..... "

Quant it la belle canse de la colonisation, nous resumeron5 tonte son importance en qnelquel! mots.

La coJonil'lation! c'est conquerir de nou­velles possessions! c'est etendre les limites d'un pays! c'est livrer bataille anx grands arbres seculaires de nos immense", forl!ls! c'est mettre sur pied une armee de jeunes et vigoureux co­lons tous munis de provisions; de haches, dc pioches et de beches, et les en voyer prendre d'assaut eet ennemi immoMle qui couvre de son ombre un sol fertile, et qui tiechira sous les seuls coups de la cognee du bucheron !

La colonisation! c'est encore repandrc Ie bien-eire materiel au sein des populations! c'est multiplier les revenus d'un Etal ! c'est enfin, augmenter du meme coup la puissance des gou­vernements el Ie bonheur des peuples !

Aussi Ie bifm-l!lre et la prosperite de notre belle patrie dependent enlierement de I'agriculture et de la colonisation. Il faut donc de toute neces­site que la legislature vienne au secoul's de I'a­griculteur et du nouveau colon si I'on tien! sin­cerement it Ia prosperite de notre pays en general et au bouheur du people en particulier.

CHAPITnE II.

Le C1erg4§ et la Colonisation.

Si, d'un cote, notre gouvernement a pres­que toujours ete d'une trop grande indifference quant a l'importante question de I'agriculture de l'autre, nous Ie disons avec bonheur, notJ·~

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PETIT-ALBERT. 85

venerable clerge s'est montre ~ans cesse a Ia hauteur de sa noble mission en ~e con~tituant a la fois l'apotre de Ia civilisation et de la co­lonisation. Aussi a lui, pour une bunne part, sont dUB tous les progres et Ie developpement de l'agriculture canadienne, et il y aurait de nombreuses pages a ecrire a la louange d'un grand nombre de nos missionnaires qui se sont voues et se vouent encore actuellement a la co­lonisation, uniquement dans l'interet de leurs ouailles et de notre patrie.

De nos jours comme dans Ie moyen age, Ie clerge a fait beaucoup pour Ie progres de l'agri­culture et de la colonisation. Chateaubriand, dans son Genie du Cltristianisme, consacre une belle page au c1erge seculier et regulier du moyen age, a propos de cettc industrie. En voici quelques extraits que nous nous plaisons a re­produire :

" C'est au clerge seculier et rC'gulier, dit cet auteur, que nous devons pncore Ie renouvelle­ment de I'agriculture en Europe, comme nous lui devons la fondation des colleges et des hopi­taux. Defrichements des terres, ouverture des chemins, agrimdisscment des hameaux et des villes, etablissement des messageries, arts et metiers, manufacture" commerce interieur el exterieur, lois civiles et politiques; tout enfin nous vient originairement de FEglise. Nos peres (·taient des barbares a qui Ie christianisme ctait oblige d'enseigner jusqu'a Part de se nourrir."

Apres avoir enum~re l'etendue des terres incultes, colonisees et cultivees a cette epoque par des religieux, Chateaubriand ajoute :

" De plus, l'exemple qui est son vent pen de chose en morale, paree que les passions en de-

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86 LE VERITABLE

trni"ent le~ bons effets, exeree une grande pui~­sance sur Ie core mall'riel de la vie. Le spec­tacle de plu"ieurs milliers de religienx cllitivant la terre, mina peu a peu ces prejuges barbares, qui attachaient Ie mepris a Part qUi nourrit les hommes. Le paysan apprit, dans II's monaslere~, a retourner la glebe 1'1 a fertiliser Ie sillon. Le baron commen<;a a chprcher dans son champ dcs n'esors plus certains que cpux qu'il se pro­curai! par les armes. Les llloines furen! donc reellement le~ peres de I'agricultme, PI com me laboureurs eux-memes, el comme les premiers maitres de nos laboureurs."

Si en Europe Ie c1erge fut Ie renovateur de i'agricultme, et que les moines en furent les peres, en Canada Ie clerge fut It- premier a co­loniser et a culti ver, 1'I les Recollet" el les J e­suites fment ciJez nous les peres de l'agricul­lure: comme laboureurs eux-memt·s el comme les premiers maitres de nos labomeurs.

~ous pOllvons dire que l'ceuvre de ces pre­miers missionnaires a ele continuee depuis, sans subir aueune. interruption, par Ie clerge canadien, de concert avec quelques laiques, zt!les defensems de la colonisation des town­ships de I' Est, de la Vallee du Saguenay, elc.

Cependant, en depit du devouement et de i'initiative con stante du clerge et de quelques laiques, l'agricuJtme dans Ie Bas-Canada souf­fre generalement, et la colonisation pst presque toujours paralysee des son debut. OU se trouve done la source du mal qui en empeche Ie dC've­loppement, puisque Ie c1erge nra eesse de la favoriser de toutes ~es forces? Le mal vient de ,:otre legislature, et C!'est aux ~eputes du peuple a y apporter un prompt et effieace remede car la plaie menace de tlevenir incurable. '

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PETIT-ALBEIIT. 87

Voyons (!onc ce que Ie goU\'ernempnt n'a pa" fait et devrait fairp pour fa voriser efficacement la colonisation en Bas-Canada.

CHAl'lTRE III.

Le Gouvernement do it accorder une protection sans egale a l'Industrie Agricole.

De tout temps on a vu des monarqlles et des empereurs s'attacher uniqllement a conquerir de nouvelles possessions, a foree d'argent et de sang hllmain, sacrifiant de.; milliers de leurs Illeilleurs sujels pour la ,ellie gloriole (l'a­jouter quelques centaines de lieues de plus ~l leurs dornailws, sans Ips doter pour tout ccla d'une plus grande somme de bonheur. Au conlraire, car il en est des gllt'rres eomme des proces, de meme qne Ie meille-ur des proci~s nc vaut pas Ie plus mauvais accommodt'ment, de meme aussi la meillenre des !.:LH'l'l'l'S 11e vaut pas la plus mauvaise entente entre deux puissances eunemies. Cepcndant, l'orgLleil el l'ambition des "o11qu~ra11ts sont presque toujours leurs seuls conseillcrs en pareill,'s cilconslanees, et la sagesse cl Ie bien-eIre dont ils doivent eu­tourer les peLlples qn'ils gouvernent, vienncnt rarement leur servir de coutrppoids.

Aussi les resnltats de la ph::part de ces gner­res, soulevees pour des raisons in~ignifiantes, ~ont d'abol'd l'epni;;ement du tl't~SOl' public, puis la creation d,' lourds impots preleves parmi Ie peuple, qui en paie la fa<;on, sans compter les nombrcuses victimes, Ie grand nombl'e d'orpne­Iius, et la desolation qU'elles sement dans tons les rangs de la soci'ete,

Or, si les grands de la terre peuvent tout se

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88 LE ytRrrABLE

permettre pour [a ire la guerre a leurs voisins, au prix de tou~ le~ sacrifil'l'~ d'argf'nt d de sang humain, que ne devrait pas faire un bouver­nemenl pour dbvelopper avanlagl'usement I'agri­culture et faciJiter la colonisation de la grande "·tendue de terrains fertiles, (lui abonde autour de nous, et qui n'attend que la hache du co­Ion pour praduirc d'abondantes moissons et augmenter du meme coup les revenus de notre jeune pays? surtout quand on reconnalt loute la verite de la maxime suivanle, que" Ie labou­rage et Ie paturage sont les deux mamelles d'un Etat !" ou, comme dit I'Ecriture-Sainte," Ie roijuste chen' he la prosperite de ses domaines." Proverbes, 29. 4.

Ces grandes verile~ furent tres-bien compri8es au XVle siecle par Henri IV, roi de France. A cetle epoque, la France presentait Ie plu~ ailli­geant spectacle et les champs oHi-aient d'im· mellses friches. Ce qui fesait dire au bon rai Henri: " Les vexation", auxquelles ant cte en " butte les laboureurs, leur Ollt fait abandonner " non-seulement leur labour et vacation ordi­" na.ire,. mais aus,i leurs maisons ; se twuvant " maintenant les fermes censes et quasi tous les " villages inhabitez et deserts." De plus" Ie commerce et I'industrie, selon un auteur, etaient dans une stagllation complete; enfin, la misere s'elendait de la chaumiere du pauvre au palais du riche, et les finances se trouvaient dans Petat Ie plus deplorable.

" Sully, (ministre de Henri IV), qui portait un vif interet a Pagrieulture, - ajoute Ie meme auteur,-pensa avec raison qu'il sufIirait de Pencour~ger pour rele'ler la France de ses lon­gues humiliations, pour accroltre Ie bien-etre public et la richesse nationalc. II ne se trompa pas! Au bout de quelques annees, avec une

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PETIT-ALBERT. 89

vo!ofolte unique, constante et energique, il re­media aux abus, soumit toutes ll~s depenses a un controle sevet-e, et, accordant une protection sans egale a l'industrie agricole, il prouva a tous la verite de cette maxime: "Le labouraae " et Ie paturage sont les deux mamelles d'~n " Etat ! "

Voila ce que doit faire notre gouvernement a I'exemple de Sully, s'il veut accroltre Ie bien­etre public et la richesse nationale du Canada, et voila aussi ce qu'il n'a jamais fait, au moins pour ce qui est d'avoir accorde 1I11e prutection sans egate lll'industrie agricole, si indispensable au developpement t'flicace de l'agriculture et de la colonisation, surtout d'un pays comme Ie nOtre et dont Ie sol est d'llne si grande fertilite.

"Voulez-vous reussir dans Ie gouvernement des Etats, a dit Chateaubriand, etudil'z Ie genie des peuples: pour toute science, favorisez ce genie. "

Ell bien! quel est Ie genie dominant du peu­pIe Canadien? N'est-ce pas I'indus[rie agricole ? N'est-il pas doue generalement de dispositions de premier ordre pour exereer cette premiere des industries? Qui! mais ce qui lui manque pour obtenir de meilleurs resultats dans la cul­ture, surtout !lans la colonisation des nouvt'lles terres, c'est, n'en doutons pas, ,'ette proteetion sans ega Ie, a la Henri IV, de la part dn gOllyer­nement.

Que notre gonvernt'ment nous accorde, a l'avenir, cette protection san,; egale pour l'in­dustrie agrieole ; qu'il favorise la colonisalion des townships,ete., en fournissant aux nouveaux colons les moyens les plus indispensables pour leur pernU'ttre d'aller s'y etablir ct attendre une premiere recolte; qu'il fasse faire de bon, che­mins, pour faciliter Ie colon a aller vendre sur

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90 LE rElllTAllLE

les man:lies Ie, pIns voisins Ie surplus ue ses prouuits; qu'il adopte a cet elfet un bon Sys­teme de Voierie, car il ne suffit pas d'avoir des chemin" ou routes publiqUt·s, il faut encore veil­Icr a ce qu'ils soient tous entretenus en bon etat. Alors nons venons sans aucun doute s'ac­croitre rapidement Ie bien-etre public et Ia RI­

CHESSE NATION ALE ! En bonne justice, nous devons dire ici que,

de puis quelques annees, Ie gouvernement a re­connu eniin la necessite de favori,;er un peu plus Ie developpement de ['agriculture et de Ia colonisation dans Ie Bas-Canada, qu'il ne I'a­vait fait par Ie passe; et qu'i1 paraH decide au­jourd'hui a entrer d'un pas plus ferme dans cette nouvelle voie de progre~ dans laquelle se trouve tout l'avenir de notre patrie!

Tout en felicitant Ie gouvernement sur ce qu'il a pu faire l't promet surtout de faire a I'a­venir en faveur de la belle cause de la colonisa­tion, en Bas-Canada, nous sommes d'opinion qu'illui faut encore beaucoup s'en occuper s'j) veut gincerement Ie prosres de l'agricnlture et de la colonisation de notre pays; car i\ n'en est, pour ainsi dire, qn'au debut, et il lui reste, dans Ie Bas-Canada seulement, plus de trois millions d'acres de terre a disposer! QueUe mine a exploiter, pour un gouvernement qui veut accroilre Ie bien-etre public et la richesse na-tionale! !.... .

Esperons donc, encore une' fois, que Ie gou­vernement accordera a l'avenir une protection sans egale a I'indll",trie agricole, puisqu'il est du devoir d'un gouvernement sage, a dit un de nos bons eerivains, de lout faire pour prote­ger a"ant tout la classe agricolc, nourrieiere du pafs, mere du commerce et de I'industrie, toute pUlssante en quelque sorte, mais nullement a

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PETIT-ALBERT. 91

eraindre tant qu'on 'lui lalssera sa fOi, ses mmurs, SE"S habitudes pacifique:;; et ses ttadi~ tions llOnn.~les. (1)

CHAPITRE IV . . Les Gultivateurs et leurs Deputes au Parlement.

Le cultivateur au l'habitant,-ainsi qu'on Ie designe generalement dans Ie Bas-Canada, par­fois par mepris a cause de son etat rustique, au encore pour Ie tourner en ridicule par rapport a son langage, ses manieres humbles et modesles ou son costume d'etoffe du pays,-Ie cultivateur, disons-nous, peut bien se passer de tout Ie monde, mais personne ne peut se passer de lui.

Si, parfois, notre paysan excite Ie dedain au l'hilarite d'un certain nombre de mal-appris au d'orgneiIlertx qui peuplent les cites, c'est du, sans donte, a l'ignorance de ces derniers ton­chant l'importance de l'agriculture.

Le cuitivatenr est de fait Ie senl homme veri­tablementindependant, et Ie seul qui puisse dire avec verite: "Je peux me passer de tont l'e inonde, mai:;; personne ne peut se passer de moi."

'J amais les rois, les em perellrs, et les con­querants les plus pniss<ints du mandl', ne pour­rorit tenir uri langage aussi imposant; cal' taus ces "'rands de la terre ne Ie sont reellement que par la volonte 011 Ie concours des peuples qil'ils gonvernent. Au oontralre, Ie cultivateur actif ct laborieux ne doit sa granaeur et tonte son inde­pendance qu'a la oulture et ala reoondite du sol, lorsque la divine Providence veut faire fructi-

(1) Considera.tions Bur l' A~ricult'lre Canadienne, n.u point. do vue religiellz , na.tional et du bien-Citra ma.teriel, pa.r HUn Auu de l' .Ili<tuc~tiQII."

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92 LE VERITABLE

fier les spmences qu'il jette ehaque annee dan~ son sein. Le eultivateur est ainsi Ie veritable roi de la terre, et, it la /'oi", Ie plus heureux et Ie plus independant des rois du mande, quoi­<lu'il n'ait pour tout blason que l'epi, c'est-a-dire Ie paill, dont Dieu gratifia Ie genre humain d~ns Ie personne d'Adam, Ie premier noble et Ie pre­mier roi du monde, de qui nous deseendons tous, pi'lits eomme gralld~, pauvres eomme riches, et it qui Dieu dit: " Tu gagneras ton pain " it la sueur de ton front! "

En obligeant noIre premier pere, et en lui toute Ia race hldnaine, it gagner son pain a la sueur de son front, Dieu confirma davant age la fondalion de I'industrie agricole, comme etant la premiere et la plus importante source qui devai! alimenter et assurer I'existence de l'hu­manite tout entiere.

En disant que Dieu eonfirma davantage la fondation de l'industrie agrieole, nous voulons dire que la culture remonte encore plus haut qu'a la chUIc d'Adam, et nous sommes appuye de l'Ecrilure-Sainte qui dit au ch. II de la Ge­nese : " Le Seigneur Dieu prit done l'homme, et Ie mit dans Ie paradis de delices, atin qu'il Ie ('Iiltil'ut el qu'il Ie gardat." .

Ainsi done Ie. eultivatem peut dire avec un legitime orgueil que la profession qu'i1 exerce lui vient direCll'ment de Dieu, landis que toutes les autres indu~tries, ainsi que 10Ules les insti­tutions civiles ne sont que de creation humaine.

Que Ie paysan soit done fier dc son etat ; qu'il s'y attache davantage; qu'il r,e se laisse jamais aller au decouragement )1i it l'indifference pour la culture du sol; car sa mission est des plus nobles et des plus sublimes; qu'a l'avenir il prenne en pitie ces orgueilleux et ces mal­appri~, qui cherchent a Ie mepriser et a Je

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i'ETlT-.UBtlt't . 93

tOtlrller en ridicule mllme lor;qu'il se monlre humble et modeste. Quant a son costume, que Ie paysan s'enorgueilli~8e d'en porter un ton­jours d'une etof!',. mannfacturee dans Ie pays, plutot que d'un fin lis;m, importe dc I'etranger, el quelqut'fois use en grande partie avant meme que la valeur n'en ait ele payee.

Si nou" avons cssaye de faire ressortir ici toute I'importance dn eultivaleur par son indus­trie, c'est afin de demontrcr que les dest inees d'un Etat reposent invariablcment sur cette classe laborieuse d'hommes dt's champs, que nos legislatcurs doivent enloun'r de toule leur protection. C'psl 'mlonl aux rppresentants de la clas,,~ agricole du Ba,-Canada a prendre l'initiative anpres d1\ gonvel'l1emcnt pour obtenir ccttc proteclion. Pour eng'lger serieusement Ips deputes a deft'ndre sa cause dans Ie Parlemenl, la classe agricole d()it prendre sans plu; larder les· mesures necessaircs ii. cette fin.

Or, pour atteindrc ce but, il cst un mO~'('n clont nous g,uantissnns I'infaillibilite, dn mo­mcnt que les cuitivatems l'adopteront avec en­tente.; mais a\'ant de Ie lellr sUQ:!.("rer, nOlls leur rappelJerous que Ie Parlellll'nt Provincial sc compose en grande partie de Inemore, l'I'prespn­tant la cia"", agl·icole. Les vilJes duBa.--Canadll, par exemple, n'ont pour les rt'l'rh,'ntl'r que Illlit deplltt~S, pendant qll" les eomtes en ont pri's de soixantl'. C'est donc au sein des campagnes que se recrute toutf' la forcc du gonve,.,wll1cnt ! Cepcndant, presq lie tOlljonrs on a semble me­connaltre ceUe verite.

Voici Ito moyen que nons olfrons aux cultiva­teurs :

Chaque fois qnc vailS ame7- a faire Ie choix d'lln candidat, ayez s()in dl' YoUS asslln'r d'abord d'uu hotllllle possedant ks qualitt's n';l't"saires

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94 LE yi:I\ITADLE

pour defendre volre cause avec avanlage dans Ie Parlement j et ne lui accordez vo~ ~ulfragel! qu'apres un engagement solennel de sa part, qu'il veiJIcra san~ cesse en Parlement a sauve­garder nu~ instilutions, noIre langue et nos lois, et qu'il travaillera energiquerr.ent a obtenir du gouvcrnement une pwtection ~ans egale pour l'industrie agricole, en favorisant surtout la co\oni"alion par tout Ie Bas-Canada.

Mainlenant, pour faire rl'wp\ir plus sttrement l'engagement qu'alJra contracte votre candidat, qu'un eorriile permanent soit organise dans cha­que comte, compose des prineipaux electeurs de chaque paroisse, qui devront se reunir deux fois par annee, c'est-;l-dire avant et apres cha­cune des se~.,i{)ns du Parh'ment Provincial. La premiere reunion aurait pour but de prendre en consideration les besoins du comh~ et de [aire une demande, s'il y avait !it'll, a la legisla­ture, par l'entremise de votre depute. La se­conde reunion serait a l'elfet de s'enqul'rir de la conduite du gouvernemcnt durant la session ecoulee par rapport a la delllunde de votre comte, ct, de plus, de vous assurer si votre candidat s'est acquitte de son devuir convenablement it votre egard. Nalls savons que plusieurs depu­tes ant pour regie de visiter leur comte avant chaque session pour avoir l'npinion de leurs commettants sur les grandes questions, et de parcourir de nouveau les paroisscs apres la ses­sion pour leur rendre compte de ce qui a ete fait dans l'interet general.

. ~es bans [rui!" ciue produira ce moyen si ju­dlCleux serout mcaleulables j et Ie succes en est d'autant plus certain, qu'il 8uffira a Ia cla~se agricole de Ie vouloir s0rieusemcnt pour qu'elle l'ubtie nne.

Quant it ceux qui douteraicnt encore de celie

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PETIT-ALBERT. 95

verite nous les engageons fortement a la mettre en pratique et ils resteront. convaincus de loute son efficacite.

Mais il va sans dire que pour assurer la rea­lisation d'un progres au"i desirable, il faudra que l'amour de la Religion et de la Patrie soit plus vivace que jamais nu milieu de la cla~se agricole, et que toutc sa politiqne repose sur ceUe base fondamenlale ; et alors, seulement alors, elle aura la certitnde dc snivre une politique toujours en harmonie avec nos devoirs religieux P.t nos droits comme pen pic.

Voila Ic secrf't infaillible qui peut senl ame­Iiorer la condition sociale d('~ cllliivateurs, et amener a la {ois Ie bonhenr, l'aisance et meme I'abondancc des richl'sscs all scin de leurs fa­milies, sans avoir besoin, pOll I' tont. ('('Ia, des livrcs de Sf'crets merveillPllx qne nons avons designes ailleurs tont en d('montrant le, falls­setes grossieres qu'i1s l'enfermcnl.

CIIAPITHE V.

La Culture constante ; Ie Laboureur et ses enfants.

On comprendra f:wilcmenl quc les moycns qne nons vcnons de snggerer ne sont tont au pins qne la base soli de sm laqnelle doit re­poser Ie grand principe de l'indns~rie agl'icol~.

De me me qne tout edifice pubhc peut aVOIr des proportions plus on moins grantl}oses, el reunir a la {ois plus on moins de bf'antes el de richesses dans sa structure, selon Ie plus on moins de talent el de goul que l'arcbitecte aura apportes ; de meme anssi I'indnstrie agri­cole exige beaucoup de savoir et d~ goth de !a part dn cnitivatellr qui vellt en fatre ressorttr tontcs les beautes et toutcs les richc~s!Cs.

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96 LE VERITABLE

C'est hi, nous Ie savons, une etude pratique et raison nee toute speciale a faire, et nuus n'entre­ptendrons pas de l'exposer ici sous toutes se~ faces si multiples; nuus laissons a d'autres ceUe tache pour nous trap difficile; mais, dans tous les ca", nous suggerons aux cultivateurs comme un des moyens gtmeraux, bien propre a obtenir d'heureux resultats, Ie conseil donne par un laboureur a ses enfants, quelques mo· menls avant sa mort.

Ce n'e~t qu'une fable, il est vrai, rnais c'es! une fable pleine dc verit~, comme savait en faire Ie bon Lafontaine, et contre laque\le l'ex­perience de tous les temp~ n'a pu donner encore un dellH'nti . .Madam~ de Sevigne disait, pal'lant un jour

des F'Zbfes de Lafontaine: " C'est un panier de ceris('~ (d~ France), on veut choisir les plu~ belles et Ie panier ne,te vide. "

En voici nne excellente a goliter :

Le Lf(l)01lrrur ct 8e.~ En/ants.

Travaillez, prenez de la peine: ("cst Ie fonds qui manque Ie moins.

11,n ric~e labourel1r, sentant sa mort proehainc, Fit vemr sos enfants, leur parla Sans telnoins. Gardcz-vous, leur dit-il, de vendre l'heritage

Que nous ont laisse nos parents: Un tresor est cacbe dedans.

Je ne sais pas I'endroit: mais un peu de courage Yous Ie fera trouver; vous en "iendrez a bout. Rcmuez "otre champ des qu'on aura fait I'out : (1) Creusez, fouillez, Mcbez, ne laissez nullo place

Ou b main ne passe et repasse. Le p~re mO,rt, les fils vo~s ;etournent Ie champ, n,· ~'a, de la, partout; Sl bien 'lu'au bout de I'an

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PETIT-ALBEnr.

11 en rapporta davantagc. D'argent, point de caohe. ~lais Ie pere fut sage

De leur montrer, avant sa mort, Que Ie travail cst un tresor.

97

Cette fable, ou plntot ce secret infaillible pour decouvrir ct acquerir un tre~or, denait etre gravee dans la memoire de tons les cllltiva­teurs j elle devrait aussi se trouver au aein de chaque Camille de la campagne, meme cncadree et suspendue dans un endroit bien apparent dc la maison. Elle serait a Ia. fois une belle legon et un salutaire exemple a donner, surtout aux jeunes enfants; car personne n'ignore que c'est durant Ie jeune age que les bons principes et les vives impressions se gravent assez pro­fondement dans l'esprit pour ne jamais s'effa­cer ! .•.•.

CHAPITRE VI.

I.'Educatlon Agricole; deux Livres utiles il. mediter. CI Lea !ivrea Bont 1\ l'awo ce que lao

nourriturc cst au corps." H II faut lire pour s'instrulro, pour

S6 corriger et POllf se co080Ier."

" It fa.ut, daDB Ie sn.voir, pr6ferOl' l'utilo au brill ant."

Nous nOUR ocnuperons maintenant ici d'une question de la plus haute importance, celie de l'e~ll{)atioll agricole. C'est par elle que les oul­tivuteurs pourront. acquerir les nouvelles COIl­

nais8unces qui leur deviennent de nos jours pI us que jamais indispensables, surtout s'iIs veuLent lutter avec avantage contre l'epuise­ment du sol, qui a besoin d'etre ameliore et beaucoup si all veut lui redonner sa fertilit~ premiere.

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it vERITABLE

C'esl pourquoi nous engageons fortement oIl's cultivateurs a mettre en pratique taus II's moycos propres a developpcr II's ressources incalculables de I'agriculture, particulierement ceux qui peu­vent leur eIre suggeres par des hommes compe­tents qui ant deja ecrit sur cet art. Certes, on ne peut pas i5e plaindre que ces derniers nous font decaut ; nous en complons plusieurs au­jourd'hui qui ant dote notre pays, depuis quel­ques annees, d'admirables et d'uliles enseigne­ments sur I'avenir et II's immenses ressources de l'agriculture canadienne; san~ compter en outre deux publications periodiques, consa­crees tout specialement a I'industrie agricole: la Revue Agricole, publiee a Montreal par M. Perrault, sous II's auspices du gouvernement ; et la Ga'Zette des Campagnes, qui vient de pa­r:;l.itre a Saint-Louis de Kamouraska, et dont 1\1:. E. Dumais est Ie redaeteur-proprietairc. Inu­tile de dire que ces feuilles devraient elrc entre les mains de ehaque cultivateur.

Mais, nous Ie disons a regret, il existe mal­heureusement un defaut capital parmi nous : c'est Ie manque de gOilt pour la lecture de cha­ses propres a nous inslruire et a nous renseigner sur tout ce qui doit nous interessl'r. Ce sonl done les lecteurs qui font dHaut par leur indiffe­rence impardonnable a l'egard de l'instruetion agrieole, I't non II'S ouvrages traitant sur eel art ! .... Chose bien deplorable, helas ! .....

11 serait done beaucoup a desirer que les cullivateurs se livrasserit un peu plus it la lec­ture des prineipaux ouvrages se rattaehant a. leur industrie. A cet elfe!", nous tnentionnerons une brochure, entre plusieurs aut res, que les cultivateurs devraient tous 81' procurer. Elle est en vente chez les principaux libraires de celie ville sous Ie titre: Considerations sur l'agricul-

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PETIT-ALBERT. 99

ture canadiennp, au point de vue religieu:l:, n'Z­tional et du bil'll-etre materiel, et {'lie repond pa..raitement aux importantes questions qui y sont traitees par l'autem: Un ami de l'Education.

En empruntant quelques extrai!s, a propos de cette broehnre, d'nn article trb-jndiciE'ux qui fut publie l'allDee derniere dans un jonrnal de celie ville, (I) nous nous compterions henreux s'ils avaient Ie bon eifet d'engager plusienrs cultiva­teurs a se procmer et a mediter ce petit livre, rempli d'enseignements "i utiles pour eux, tant au point de vue religieux et national que sous celui du bien-eIre materiel.

" On ne saurait trap Ie re peter, dit eet eeri­vain, Ie bien-eIre general du peuplc, apr''.s la religion qui Ie rend sur ]a terre hcnreux par les vertus d'nne bonne conscience, consiste, en Ca­nada, dans la culture raisonnee du sol. C'est ponrquoi la brochure dont nons parions a ete in­titulee: "Considerations 8m l'agriculture ca­" nadienne, au point de vue rcligicux, national " et dn bien-eire mall'rid "

" Ces trois idees resument Ie vrai bonhcur temporel dn penple ca:1ad,icn, si on veut se donner la peine de les mediler lant soit peu. Au .point de vue rcligieux, l'agricultur~ ea~u~­diennc mise en honnem par tous eenx a qUI Il ap,partient, aide pui's:llllrtlcnt les famille~ it con­server les princ'ipcs de la foi et les bonnes lll<l'lUS.

Elle atta~he au sol les membrcs de la famille dans un pays encore heureux de p05seder un peuple religieux et moral. Sous ce rapport inappreciable, il est mieux, quoiqu'on en ait pu dire quelque part, qhe Ie peuple canadien soit casanier 'pIUIM qu'avenfurier . .... .... .... .... ..... .... .... ..... , ....... .

(11 Journal d. Quebec, 3 DOV. 1861.

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100 LE VERITABLE

" Mai~, comme Ie peuple ne se fait jamai8 mal a lui-me me, ou negligte de :;e porler vers son bien, plUlol par absence de lumii:re que par par­ti-pris ou par mechancele, inslruison~ Ie peuple avant tout snr Ie mal qu'il a a eviter et sur Ie bien qu'il a a poursuivl'e. Pour cela, en ma­tiere d'agriculture, puisque c'est ici la question, prenons ICI> moyens que Ie peuple Ile puisse lever les yeux, en quelque sorte, sans qu'il voie des livres, des champs, des objets tie toute Ilature qui lui parle des bienfaits et tie l'honlleur tie ce premier dl'~ arts. Et si on Ie lui presente, cel art, a la hauteur veritable qu'il com porte, c'est­a-tlire au point du vue 1'e/igil'u;c national et du bien-etre mate7"iel, on finira peut-elJ'e plus tot qu'on ne pense, a ouvrir les yeux aux moins clairvoyants et a faire entendre quelques-ulls meme d'entre les plus sourds, "

Quell> beaux sentiments exprimes dans lout ce qui precede! It n'y a qu'un veritable patriote et un ami sincere de son pays capable de parler ainsi; nous disons tlone a vee bonheut et j u,­tiee, que celui qui a diete ccs lignes cst bit'n digne de toutc la reconnaissance du peup/e ca­nadien en general et de la classe agricolc en particulier. " .

Que les cultivateurs se hiltent done de se pro­curer et de lire Ie petit line qui a su inspirer a cet eerivain de si noble~ sentiments, et, cn eet ouvrage, ils pourront eompter sur un veritable ami de leurs interets les plus ehers et le~ plus saeres.

A l'appui de ce que nous venons de dire, qu'on lise plutot \'extrait suivant que nou~ empl'llntons maintcnant a la conclusion du livre tie cet Ami de I' Education:

"Un plan agricole et de ('olonisation qui reu­nil'ait, comllle 1lI0yens, I 'utilite de:; clwmins de

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PETIT-ALBERT. 101

fer; des associations de secours a la fa<;on de M. Drapeau; des ecoles e":'mentaires el secon. daires ou l'enseignement agricole serait de ri. gueur; des ecoles speeiales, telles qu'a Sainte. Anne, cJes fermes-modeles et des expositions a la maniere de ]\1. Casgrain; un enseignem~nt "imple, tel que celui de feu M. Perrault et au­tres que nous avons cites; des joumaux clairs et pratiques dans leurs renseignements; une loi d'usure sage et chretienne; un.concours puis. sant prete par Ie gou vernement et Ie clerge ; des chemins ouverts partout au sein de~ forets ; des terres a bas prix et des secours de tout genre aux premiers colons; un tel plan, n'en doutons point, ferait a jamais la force ct l'bonneur du pays. Et sous Ie rapport matl'riel et moral, chose inseparable dans tout pays chretien, un tel plan, mis en ceuvre serieusement, consen'c­rait n'JS mceurs, la simpJicite de nos gout~ ct de 110S usages, l'esprit de foi et d'bonnelete ; de­tournerait les ravages du luxe et de la vie molle; ranimerait les santes delf'tbres et les corps mines par la vie des chantiers et de leurs vices; fer­merait la plaie de l'emigration chez nos voi­sins, si funeste a la foi dc nos peres; donnerait au pauvre son pain de tOllS les joms et coupe­rait toute issue au paup('risme el aux insurrec­tions suscitees par In faim ou par I'oisivete. "

Tel ("t Ie resume dn petit livre intitule : " Considerations sur l'agriculture canadienne, au point de vue rehgieux, national et dn bien­etl'e luateriel, " que nOll . ...: sll~g·{·rons aux agri­culteurs de se procurer et de lire attentivement: la lecture seule produira au milieu d'eux d'a­bondants fruits.

" Le Con,yeillel' dlt Pel1ple ou reflex ions adres­ReeS aux Canadiens-Franc;ais, par un Compa-

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102 LE vtRITAIlLE

triote," tel e8t Ie titre d'un livre,-publie del'­nieremenl a Montreal, et en yentc chez tous les libraires,-que nous voudrions aU8~i voir enlre II's mains de taus les Canadiens, :;.urtout des cultivateurs, quoiqu'il traite de questiolls cn dehors de l'education agricole,

L'auteur nous dit, dans son inlroduction: " Ce petit ouvrage n'est dirige contre aucun parti politique en particulier, de meme que son objet n'est d'en servir aucun, Jc censure It' mal parlout ou je Ie rencontre, sans egaI'd pour Ie:;. opinions politiqul's de qui que ce soil. Aussi ai-je re<;u l'expression de la 8ympathie et de l'approbation de eitoyens distingups qui, fout en diiferant d'opinions sur Ie terrain de ia po­litique, se rencoutrent sur celui des bans prin­cipes,"

Nous n'entreprendrons pas la lache difficile de faire ressortir iei toute I'importance de cct ou­vrage ecrit pour Ie peuple. N ous nous conten­ferons seulement de mettre sous les yeux du lecleur les titres des difierents chapitres qui di­vi sent ce petit livre, pour en Caire saisir tont l'interet: 10 Le peuple et 8es amis; 20 Ie peuple et 8es ennemis ; 30 Ie peuple et la poli­tique; 40 Ie peuple et les elections; 50 Ie penple et Ie journal; 60 Ie peuple et la reli­gion; 70 Ie peuple et la colonisation; 80 Ie peuple et son avenir,

Ajoutez a eela Ie caraetere sacre dont cst re­vetn l'auteur, et son amour sans borne, pour tout ee qni se rattache au bien-elre religieux, materiel et national des classes laborieu,l's, sm'lout ties eampagne~, et I'on se convaincra de la neees· site qu'il ya de se procurer irnmediatement Ie Carlseiller du Peuple, et de Ie mediler avec loute l'attenlion possible.

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PETIT-ALBERT. 103

CIIAPlTnE VII.

CraignoDs les Proces; l'Huitre et les Plaideurs.

"Le meilleur proces no va.ut pas Ie plus mall\'n.is n.ccommodement. "

II paraHra peut-etre etrange de donner place ici a un chapilre de ce genre, qui n'a nullement rapport a I'intiustrie agricole. Mais cette ques­tion touche de trap pres les classes laborieuses en general, surtout celie dcs call1pagnes, pour nous abstenir de mettre en gal'de taus ceux qui pre­fi~rent entrer en proces, plutot que de regler leurs diificultes entre eux, quand bien meme il y aura!! de grandes conceosions a faire de part au d'autre, surtout lor~qu'on connait la maxime suivante, si pleine de verite, que" Ie meilleur proce" ne vaul pas Ie pluti mauvais ac-coml11odement. " ,

Nous ne craignons pas d'avaneer qu'une Cour de justice est genemlement-pour les hOl11l11eg a proct~s ou a chicane, ce qui revient au meme, -un gOllffre sans fond Oll vont s'engloutir a

,jamais le~ biens de la plupal't de' ceux qui y mellen! nne fois les pieds, On a Vll assez sou­vent des personnes entl'er en PWct-s pour dcs chases pl'esqu'insignifiantes, dl'S bagatelles, en­fin, ct en sortil', apres bien des peripeties, to­talcment ruinees, ••••

Par exemple, voici une personne qui pretend que son voisin a empiete sur sa terre de quel­'lues pouces, en renou\'elnnt une cloture tombee de vetuste, pendant que Ie demier soutiellt de son cote tout Ie contrail'e. La difficulte aug­mente petit a petit; on se chicane, on se dit d~s injures, [luis vite on prend I~ chemin de la

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i04 u: VERITABLE

ville, pour aller consulter un avoeal. Inutile de dire que Ia cause de noIre homme a proces esl trouvee eXl'ellentc : " Vous gagnerez votre proct~s, lui dit l'homme de loi, eI je m'en charge." Uu autre avocat en dit autanl au defendeur,-altendu que toules les callS"" sonl excellenles d'apres certains avoeats,-el voi[;\ la IUlte engagec. Ell~ dure des mois, souv~nt des annees, et se !ermine cntin par un jugement disons favorable au demandeur: ce dernier entre, il est vrai, en possession de sp,: quelqups pouces de terrain; mai,:, pour en payer la fa<;on a madame la Conr, il lui faul trouvcr une somme, en bel argent, valant vingt, meme qua­rante fois plus que ce qu'il a outenu, el sans delai, car en cour : poiltt de credit!

Quant a l'infortune qui a perdu son proces, it nous semble l'entendre faire Ie reproche que fai­sait un jour un parisien it. son avocat, qui venait de perdre sa cause:

LE PLA.IDEuR.-Perdu, monsieur... perdn sur taus les points .••• el vous me disiez encore ce matin que ma cause etail excellente ! ....

L'AvocA.T.-Parbleu ..•• je lmis encore tout pret a Ie soutenir si vous voulez en aplwler .•.• mais je vous previens qn'en Cour royaJe je ne Ie soutiens pas a mains de cent ecus ! ..... (Les Gens de Justice).

Nom; avons lu en')ore quelque part: Un plai­deur se presente un jour chez nn et'leure avoca!, a Paris, et Ie prie de se charger de ~a cause: ., Volre affaire ('51 excellenle, lui dit I'avocal, mais je suis mche que vous veniez si tard, je me ,mis engage ce malin a pI aider pour volre adversairc. - Mais si ma "ause est bonne, re­marque Ie plaideur, la sienne ne peut I'£-Irp. __ C'esl ee que nous verrous a I'audienee," repond l'avocat. .

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PETIT-.I.LDEnT. 105

AUHsi, Bal'geton, ce\(~bl'e avoeat de Paris, aVllit bien raison lorsqu'il di~ait un jour it 1\1. de Trudaine: " Deux lois gouvernent Ie monde: la loi dn plus furt, et In loi du plus fin." Et que les lois sont encore, COll1ll1e l'a dit un grand penseUl', "des toiles d'araign~e: les petites mouches y sont prises, les grosses brisent la toile."

N'oublions done jall1ais que si les guerres et les epidemies ne sement sur leurs passages que la mort et la desolation, de leur cOte, les procE~s et les COUl'S de justice ne laissent Ie plus sou­vent que mine et misere a (:es plaideurs qui en­trent a tout propos dans cetle voie tortueuse et toujours si inecrtaine.

Ah ! s'i! n'y avait de retribues que les avo­cats gagnunt leurs causes, on ne verl"3it pas autant de proCt·s! et COlIlbil!n de querclles am'­tees! .••••• JYai 11 CUI''' , pOlUquoi n'en serait-il pas d'une cause perdlle, eOll1mc il en esl de tout contrat ou engagement nun rcmpli, ponl' les chose" ordinairt's de la vit'.! Par exemple, ne crierait-un pas, avec raison, ,\ I'injusticc s'i! nons fClllait payer tout. de meme If' COllt de travaux qnelconqnes non ex('cutes ou d'ou­jets aclwt(,s dont all ne pourrait obtenir la P'''­Ht'sHion? Les av()cals ne s('raient-il, pas les premiers a tOllner de toutc la forcE' de leurs pou­mons contl'e un actc all>'si illegal?.,.

Aussi, Napoleon-Ie-Grand avait bien compl'is tout Ie " Heau des proces, qu'il disait ell'e unc verilable lepre, un vrai cancer social. " Ce qn i lui faisait dirc un jam, tlmanl son exil;l Sainte­Helene, ccs paroles si judicieuses que nous re­produisons ici: "Deja mon Code les avait (Ies proci;)s) singulierement dimillul', en mettant une fonle dc causes <1 la portee de chacun; mais il reslait encore beal1co111~}' faire an legislatellr,

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106 LE VERITADLE

non qu'il dllt ~e flatter d'empechcr ICE< homml's de se querelle~ : ce devait etre de tout temps. Mais il fallait cmpecllcr un tiers de vivre des querelles des deux autres, empecher qu'il II's excitat meme, afin de mieux vivre encore. J'aurais donc voulu etablir qu'il n'y ellt d'a­voue~ ni d'avocat~ retribues que ceux qui ga­gneraient leurs cau~('~. Par la, que de fJllerelles arretees! car il est bien evidellt qll'il n'en serair pas un seul qui, du premier examen d'une cause, ne la repoussat si elle lui semblait douleu~e. On nc saurait craindre qu'un homme vivant de son travail voulul s'ell charger pour Ie seul plaisir de bavarder; et meme, dans ce cas en­core, Ie tra I'('r~ ne serait nuisible qu'a lui senl. Mais avec les praticiens, observait l'Empereur, les choses k8 pins simples 8e compliquenl tout aussitot. On me presenta une foule d'objec­tions, une mullitude d'inconvenienls ;. ct moi, qui n'avais P:lS de temps a perdre, j'ajournai rna penseI'. l\Iais, encore aujourd'hui, jc reete convaincn qU'elle ,'st luminensc, et qu'en la creusant, la retonmant ou la modifiant, on pour­rait en tirer grand parti. " (1)

Voila qui est parle en veritable ami du peuple ! e'est bien hI, assurement, une pensee lumillellse, commll I'a elit Ie grand homme, et qni merite­rait d'Hre creusee, retournee on modillec afin d'en tirer parti !

ADieu ne plaisc que nons venillons adresser ici quelqnes reprocllf's a nos avocats plus parti­culierement, car, nOllS devons Ie dire pour Icur honnenr, nons sommes au contraire fcrmement convaincn que tous les hommes de loi conscien­c.ieux,-et n'~lls nOll' fta~tons ~l'e~l ?onnaitre pIn­SleUI'S,-Seralent tous d18JloSes a cpouser celie

(I) Mim<>rial de 8ainl,·He~ne.

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PETIT-ALBERT. 107

pensee Tumineuse dp. K apoleon ler, pour Ie bien­etre du plus grand nombre.

Esperons qu'un jour cptte question sera re­glee, si pmais nos legislateurs viennpnt it re­connaitre les immenses avantages qu'elle pour­rait produire dans tous le~ rangs de la Societe.

Mais, en attcndant, il n'est pas mal de se rappeler sans eesse la fable: L'huUre et les plai­deurs du bon Lafontainc que nous rcproduisons ici dans son entier :

L'H,,'ilre clles Plaideurs.

Un jour deux: pelerins sur Ie sable reneontrent Une hUltre, que Ie flot y venait d'apportcr: lis l'av"lent des yenx, dll 'lni,c;t ils se la lllontrent; A regard de la dent il fallut cout,'slcr. L'un se baisilrtit deja. pour "masser la proie ; L'autre Ie pousse, et dit: II est bon de savoir

Qui de nous deux: cn aura lajoie, Celui qui Ie premier a ]>lll'apercevoir En sera Ie gobeur; I'anlre Ie verra fa ire.

Si p:lrla. ron jUf!c I'affaire, Reprit "'JIl compagnon, j'ai I'ceil bon, Dien merei.

Je ne l'ai pas mau\·ai:-; aussi 1

Dit l'autre, ct je l'ai vue aYLIIlt VOllS, :-'llf rna vie. Eh bien! vous I'avez yue; et moi je l'ai ,clltie.

Pendant tout ce bel incident, Penin Danclitl arrive: ils Ie prennent pour jnge. Perrin, fort gravemcn!, ouvrc I'hultre, et Ill. gruge,

Nos deux messieurs Ie regardant. Co repas fait, il dit, d'un ton de prc~ident: 'fenez, b COUl' vous donne" chacnn une ceaille Sans depens; et 4u'cn paix chacun chez soi s'en aille.

l\IAttez cc qu'il en COl,te :\ plaider nujourd'ht~i ; C()mptez ce qu'il en re"Ic' i bcnuconp de f"lllliles : Your vorrez 'I"" Perrin tire I'ar)!:ent :l, lui, Et ne. laisse :lUX plaideurs quo Ie sac et les quilles.

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108 LE YERITABU

ellAP1TRE VJIl.

L'Intemperance amime la Folie et la Mort. II L'intempesaocc en n. tuo plusieurl'l;

mlLis Phomme sobre prOiIJ!JIr6 MJS joars "

L'intemperance, cette lepre hideuse, ce can­cer social, Imine ,\ sa suite tOilS les vices du genre humain ; non contente de cela, elle con­duit encore I'homme, udonlle !lUX boissons eni­nantes avec exce~, a cet etat d('plorable qui a nom folie, c'est-,'t-u ire la perte de l'intelligence : ce don precieux, cette res",crnblance de Dieu, qui seule distinL';ue les hommes el les rend su­perieurs a toutes les aull't's creatures!

Rien d'etonnant, en effet, de voir un ivrogr.e finir par perdl'c totalement I'intelligence, lol's­qu'il l'avait deja perdue momentanement tant de fnis pendant ~e~ libations sans frein ; ain~i, d'une folie partielle il arrive a une folie complete et permanente.

Voici un exemple a l'appui de ce que nous avan~ons. X ous lision~ dernierement dans Ie Journ.al de III societe de la morale cliretien.ne, pu­blic en France, qu'i1 est entre a l'hoflpice de Bicetre, (hopital des fous) a Paris, dans l'espac:c de cinq an~, 126 hommes qui avaient perdu Pin­telligence par suite de l'intemperance.

Dans i'hospice de la Salpetriere (hopitai des folies), au"si Ii Paris, 134 femmes ont ete ad­mises en moins de sept ans par suite encore de l'intemperance.

Le Dr. Bayle, en examinant ces terribles re­sultats, a etc conduit a atlirmer que Ie tiel's de 10us les cas de folie en France, doit etre at­tribne nux e,ce~ de boi8son.

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PETIT-ALBERT. 109

En Angletcrrc, OU Pon fait grand usage de genievre et d'eau-de-vie, la proportion est ell­core plus forte: elle s'eleve a la moilie.

On calcule, ajoute la feuille a laquelle nous empruntons ces faits, que les exces de boisson tuent annuellement, en moyenne, trente mille individus aux Etats-Unis, et cinqnante mille en Angleterre; la gncrre. la fievre jaune el Ie cho­lera n'en tuent pas davantage.

Selon d'aulres autorites, on a constate que sur 480 alienes admis a l'hopital des fous a Li­verpool, 257 s'etaient aHire cctte maladie par l'intemperance.

Nons !l'onvons ailleurs, qn'(Jn emprisonne chaque annee, ell Angleterre, <I pen pres qninze mille hommes et dix mille femmes, pn tout vingt-cinq mille personnes, par suite d'ivre'~l·. Qll'on nous vienne dire apres cela que Ie dieu­Bacchus n'est pas en grand honneur dans l'clll­pire britannique !

En addition ant, senlement pour I'Angleterre, Ie nombre de fous a l'hopital de Liverpool, 237; Ie nombre de personncs emprisonnees chaque annee, 25,000 ; et Ie Hombre de per· sonnes tuees annuellel11ent, 50,000 par les ex­ces de boisson; on obtiel1Llm Ie chim'e epou­vantable de 75,277 ivrognes !

Si on ajoute les 30,000 personnes tuees chaque annee aux Etats-Unis par l'intemperance ; et les 260 personnt's admises dans les deux hos­pices de fous, a Paris; on obtiendra en tout, 105,518 victimes des exces de boisson! .•• ,

Un auteur, qui a etudie toutes les fatales con­sequences de !'intemperance, s'exprime ainsi :

" Les ivrognes gont sujets a de frequentes in­flammations de poi trine, a des pletm~sies qui ~oUl'ent les emportent a la llcur de leur age,

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110 LE YEl\ITADLE

s'Us yechappent, pins tal'd Us tombent, long­temps avant la \'ieille"c, dans toutes Il''' intir­mites, et surtout dans l'asthme, qui Ie!:! conduit a I'hydropisie de poitrine, Heureusement la societ~ ne perd rien en perdant des sujets qui la deshonorent, et dont l'amc est, en quelque fa«;on, morte longtemps avant Ie corps. "

Nons ne demandons qu'une chose a celui qui serait encore tente, iI I'avenir, de boire avE'C exces, c'est de lire de temps a autre ce petit chapilre, ct de faire 80uvenl une cOUTte r€dlexion sur la misere et les malheurs de tout genre produits pa,r I'internpt·rance. En retour, nous lui promettons bonheur et prosperitf', surlout !-i'i! sait s'appnyer sur Celui qui soutient les fai­bles ! ••••••

CHAPITRE IX.

Conclusion.

~ ous resumerons ce petit livre en tres-pE'u de mots. D'abord, nons repeterons :lUX cla"~p~ ouvrieres d'avoir toujours pour principe celui d'user de Ia plus grande economie possible et d'adopter a cet eifel les mesures qne nons leur avons sll!S~el'l'es dans cet ouvrage; d'etublir dans chaque corp~ de metier une societe a la fois de bienfaisance et dc protection, car c'est Iii Ie moyen Ie plus Sllr d'ameliorer leur con­dition sociale; de travailler sans ccsse a faire disparaitre surtont les prineipales cau~es qui se­ment et entretiennent les haines personnelles et la desunion parmi Ie peuple; de cuns:t<"'l'er au­tant que possible quelque8 heures a Pelude de choses propres Ii leur fail'e acquerir de nou vellc8

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PETIT~ALBERT • Hi

connaissances dans l'art ou Ie metier qn'elles exercent.

Ala classe agricole, nous lui dirons de s'ap­pliquer activement a mettre en pratique tons les moyen!'; reputes avantageux qui lui ont ele et lui. sont suggeres chaque jour par des per­sonnes qui se devouent specialemcnt a la belle cause de I'agriculture, en ce pays; qU'elle se hale d'organiser dans chaque paroisse des asso­ciations de secours dans Ie genre de celles de M. Drapean, a qni nons devons ceUe hemeuse idee si pleine d'avenir, de prosperite et de bon­henr ponr l'etablissement de nos jeunes colons canadiens; qU'elle lise pI relise souven! les Considerations Sill I'arrriculture canadicnne, au point de vue reli!!,'icII'/;, national ('/ dlt bien-etre 'IT/aUdel, par" Un Ami de l'Education, " ain~i que Ie Conseiller dlt Peuple, par" Un Compa­triole ; " qU'clle se rappelle souvent Ie cons('il donne par Ie laboureur a Bes enfants avant sa mort, tire des Fables de L{t{ontaine ; cju'inva­riablement elle n'elise pom la representer all Parh'ment, que des homrr,es sincerement atta­ches a notre devise nalionale : " :\ os institntions, notre langue el nos lois!" et tons bien disposes a employer toute Ic-ur inflLll'nc(' aupres du gou­vernement pour oLtenir de lui, 'line protectiun san' egale pour l'in£iustrie agricole !

Entin, a tous, nons dirons de pcscr vingt fois une difficulte quelconque avant que d'aller ~e jeter entre les bras d'nne Com de justice pour en obtenir une ~olution, puisqn'i1 est reeonnn partout que Ie l1willenr proct~s nc vant pas Ie plus mall vais aceommodement; qnant a I'in­temperance, cbacnn sait. ql1'elle l',t la mere de tons les vices et qu'elle fait de tenibles ravages partout Oll elle "implante ('( qu'ellc porte tou­jOl1l'S dan~ ses flanc~ rnenrlri~, la misere, la de-

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LE yF.R1TARLE

gradation, la (oli" et la mort, - que ron relise plntot Ic chapitre consacrc a CP sujet, - plmdant que l'hommc sobre ct prevoyant prolonge H'~ jours et moissonne sur la route de la vie une grande somme de bonheur !

C'est a la generation, deja penchant vcrs le declin de la vie, de !'oumer dans l'esprit de celie encore a son printemps, tous ces grands prin­cipes de vl'rite, Ce sem la, assurement, Ie plus bel heritage qU'elle pouna leguer a ses nom­breux enfants !

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PETIT-ALBERT. 113

LIVRE CINQUIEME

APPENDICE.

Petit Recueil de quelques-uns des Merveilleux Secrets de h Nature, de la: Med~cine,

de l'Industrie, des Sciences et des Arts.

PRElHlimE PARTIE.

Secrets pOllr se {aire aimer, s' embellir, se rajellllir et se 911crir soi·meme.

Afin de donner pIns d'interet a n?tre petit livrE', nons avons em it propos d'y uJonter un choix de quelques-uns des merveilJenx secff'ts de la nature, de la medecine, de l'indnstrie, des sciences et des arts, que nons a vons re­cneillis dans dilferents auteurs dont la veracite ne pent eIre mise en doute.

Comme il va sans dire que de jAnnes amon­reux s'attendent a ce qne Ie Veritable Petil­Albert devra lell!' faire connaltre Ie secret de se faire aimer, nous allons donc commeneer par celui-hl. II nons semble deja entendre pal­piter Ie comr dn jenne homme ct de la jeune fille ala seul pensee d'obtenil' un pareil secret. Le voici :

Secret ponl' se /<til'e ai""'J'.-Le seul, l'unique, Ie v~l'itable beer"t ponr se fail'e aimer est loin de con sister daM les philtres plus ou llloins bizarres que tant de Jlilt-

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114 LE Y £IUTABLE

giciens ont enscig-ne:l. composer avec des herbes ou d'au­treo substances dil""r,e,; ce secret cnnsiste tout simple­ment :l. savoir mettre en pratique Ie veritable art de plaire qui lui-memc renferllle plm;ienl's conditions, telles que Ie soin de S/I. persouue, la bonne cond!lite et I'amour dn travail. En cffet. toutes Ie,; foi,; qu'on pourra dire d'un jeune hOlllme: it est propre, il se tient /,i"II, it ut bon /MI'((illcllr, il est "allg", ecollome, ric., il piaira in­failliblement. et il ne sera jaman.. repollsse d'une Illaison hunnell', s'il s'y l'rescllte en vue de eontracter une al­liance.

II en sera de meme d'une jeune fille : 'si elle est douce, In,,,!,,,te, la],orieu.", et '1'1'elle ait soin de se teuir pro­prement, avec uue ele,~'autc simplicite, sans coquetterie, elle attirent plus sun",}cnt les' regards et captivera lea creura. U ne telle persoune ne manquera pas de trouver de bonne heure un excellent parti, et Hi elle sait a'atta­cher it un homme qui 1"""',,1c les qualites que nous avons indiquces, elle cst siLrC ,rHre henreuse en menage.

POl/'r g,ui,-ir 1-, p<lssio1t de l'amour.-Si vous ressentez nn fol et yiolent amour ct que vous ayez reellement la ferme volonte de YOUS en dcbarrasser, eloignez-vous d'a­bord de votre passion, chassez J'oi,il'cte, occupez-vous scrieusement de travaux penibles ou s.;ricux; veillaz, suez, fati:cuez et pur~('z·YOU,' deux ou trois fois. En a~iS5ant ain,i VOllS aurez bien tOt oubli.! votre amour et votre esprit recouvrera Ie calme et la paix.

Pour rewIre les joups ,'crmPIl/ps et colorles.-On les frictionne avec de la racine fl'aiehement eueillic de gre, lIuuilkt, plante qu'on nomme sccau de Salomon.

SC<'rPl pour U,lItchir Ie visage. - Prenez un blanc d'oouf, battez-Ie dans un vase de ferblanc jusq~'a ce qu'il "cume et se tourne en eau; delayez dedans nnc demi­once de miel fi!l, melez-y deux grains de .if-argent pul­Yerise, Le SOIf, au moment de vous coucher, prenez de cette eau avec la main ut f'r<,ttel.-\'Ous-cn Ie visa!!e. Le lendemaiu matin vous YOUS la.cn·z avec de l'eau de fontaine, et vou. aurez Ie Yisage trc:;.-blanc et tri:s-bril­lant.

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PETIT-ALBERT. 115

POUI' rend,.e le visflge ct le" mains d'"ne eel"I'lllte bhmclteur et J/une dU/fccllr agrcaule. - Faiteq macerer de la mie de pain dans du lait; ajoutez-y quelques tranches de citron, un blanc d\J.'uf battu, un peu de camphre et un peu d'alun pulveri;", et lavez-vous avec cette enu.

Pou'/' j'aJeunil' Ie I'iSllgc. - Prcnez cau-de-vie deux onccs, eau de fieur" de fe\'c, 'Iuatl'e onces, eau de roses quatre onces; mGlez Ie tout en a!!itunt iortemcnl la bou­teille, et chaque matin mcttez un dellli-verre de ccltc liq1\eur dans un velTe d' eau, pour vous en laver trois Ibis de suite Ie vi,a"e.

POltJ" jaire (ZiSP(ffO/tI'C lr:s rilles duo ,;i;';(fge ct 1,'s inU/,­

qlles de III pet ill; ,.,!/,01", - Fait"s fundre un peu de cire blanche de baleine, melez-y unc deUli-once d'eau de rose8 et quelques gouttcs de buume de Tolu, et etcndez-eu Bur Ie visage en vous couchant. Lc lendemaill essuyez legeremcnt.

POlLr fa ire rlisprn·(('ltrc le,r; rmISSCll}'.<) rlu I'i.-;n!lf'.-TIat­tez deux oouf.q aYee Ie jus d'un e;tmn, ".i,mt('z . .\" un tant soit peu de vif argent sublime et I"vez-ell les taehes.

rour 9ulll'il'1(lj(fnnisse lli,plo, .. iJ1I'airee.-Prcnez des feuilles de lIoyer "echees et rc'.]"il,," en poudre, int'usees pendant une lIuit dans un petit Yene de vin blane 'lue vous prendrez Ie matin Ii. jean.

]>oHr se trlfllsj'ol'mo' lc visage.-Faites lnacerer pen­dant quatre Oll ':;11,/ jours. dall" du \'inai~Te, des "corces do nOlx Ycrtes et des ~rcnadesl frottc:&-vou~'-en Ie \'i~a,!.!.'e, et, pendant I'Ju';"lII:'~ jours, vous ressemhlcrez Ii. un n~l,(re ou it UIl muliitre.

Pour fuire tlfIt't'lI/I' les cltetCIlX 1I0ll'S et tre.<.:.-lu'Tlgs.­Prenez un lezal'll vert., Mez-Iui la 10te et la queue, faites­Ic ouire dans I'huilc et oi~llez-\'ous-ell les ~heveux.

Pour arreter ,,, chute dls clll'rnr.1'. - Fnit('~ rotir sur des charbons ardents de la niclle 'Inc vous pilel'ez et passel'cz au tamis; puis vous la meleroz avec de I'cau et vous VOliS cn laverc~ la tete.

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H6 I.E VERITABLE

lJ,wi' j:lI"re derrn/r les rhrl'ell,"C ('1'fpus I'f fi~;s;s-On 'e fa",' 1:1 tHe et on I'enduit d'unc piite COIlI!,"":C de cendres de chataignes et de miel.

PUIII' changer a volo,,'. l" CQul,ur des chereux, - En se les frottant aycc de I'huile de micl YOUS les aurez blouds' en les iayant avec de Ia lessiye dans laqucllc YOUS faites fondre de la litharge, YOUS les aurez noirs,

POll I' empecher Ie. ('he!'ell:e tT" b['lIlchil'. - Millez un peu de lithar~e ou dc !oulfate de fer avec de l'huile l't lavez-vous-en la tete tous les soir~ pendant une semaine.

Pour flire croilre promptem"nt l" burl,,, el lei 1110'118-

tacl,,",,-FrictiollneZ-YOus avec de l'eau de miel et de Itt [(raisse d'anguilles. On se sert aussi dc ce proccde pour faire croitre les cheveux,

Pour ('nlmer l'int/antmalion des yellx et fortifier la vile. - ~I,'k7, :\ une chopine d'eau de riviere quinze gouttes de sulfate de zinc ou couperose blanche et cinq prises d'iris en poudre; secouez-en la bouteille, laissez reposer deux jours, passez au tamis de ,oie et baignez I'reil malade dans ccttc eau ; vous serez promptement gucri.

Secret pour 911frir la faiblesse de la 'vue, - ~rett.,z dans une bouteille de verre des foies ou des intestins de gougeon. de ri"iere; exposez :l. une douce chaleur du solei!; ils se cooYertiront en une liqueur jaune et bui­leusc qui cst un rculI,dc excellent pour la faible",e de la vue, lorsqu'on I'applique sur les yaux,

POllr guerir "l rh:ife iljl·lIlIIl)l'~/",.-Pl'Cnez deux cuil­leree, d'buile d'oli\,ci; et une cuillerce de "in"i~re de "in distill':; battez·bien p"ur en fairc un lillimen't; prellez­en :wee un pineeau en poil de blaireau et passez-en quatre fois Ie. jour ,ur les yeux en e(:~rtant les panpieres. (l'e remMe a etc prescrit par une >ulIlllanbule.)

Pour rendr. les dents "'une 1,/",,,1',"r lela/onle ct dOn1lPr it If I Louclu! nne SUfl/'t' odeui'. - Faite~ brfHer la Illie d'un pain d'ol'ge que vous aurez sale et dans lequel

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PETIT-ALBERT. 117

vous aurez petri du miel, vous vous frotterez leR den t8 avec cette poudre qui leur fera aequerir une eclatante blancheur, en me me temps qu'elle vous connnuni,!uera une haleine d'uue agreable odeur.

Pour gue.·ir a l'illslallt meme les maux ou rages de dents.-l'renez des feuilles fi'aiches d'eclair ou cheli­doine (plante tres-ColUlllune), frottez-en les dents et les gencives, machez-en ; failes plusieurs fois cette me me operation; et vous serez gucri. Les dents g-:ttees tom­beront par la suite, et les saines seront garanties de la carie.

Secret merveilleux pour gue.·ir les IIIflllX de dellis par Ie sc"Z attoltchement. - Prenez un ver qui \"it dans la tete du chardon, ecrasez-Ie dans \"os doigts, entre Ie pouee et l'index; laissez secher \"os doigts avant de 1,8 laver. Vous eonservereZ' longtemps la propriet,; de guerir Ie !Ual aux dents en les touehant avec ces deux doigts. (Ce Hecret vient d'un vieil ermite.)

Pour guerir Z'ceO/,lement pllrulent des oreillcs.-Ins­til!ez dans I'oreille purulente de I'urine chaude d'un en­fant. Ou bien encore appli,!ucz sur l"orcille une pomme mure cuite et lin pell ouverte a son SODlmet, Ie soir ell vons couchant, et Ie matin VOllS y trouverez un ver.

Po",,. g1l6,.ir les lIUWX c/'oreillcs.-F"ilr" fonure dans Itt bouche du sel de cuisine, inclinez la tete dll maladc tantOt d'~n cote, tantOt de I'autre, instillez dans Ic, oreilles votre saliye sa lee ; il rendra, par les oreillc, ct par Ie nez une (I"antite de matieres qui Ie soulageront tont de suite, et il sera promptement guel~.

POWI' guerir la surdite.-Instillez tous les soirs dans l'oreille deux a trois gouttes d'huile d'amandcs aUl~res, jusqu'iL parfaite guerilOOn. Ce remMe tait sortir la pollr­riture gui obstrue I" membrane du tympan, ct Ie rctablit duns EOIl etat normal.

Pour (aire sortir des oreille.9 les ·illseelcs 'lui s!J 80llt ilftroduits. - Lorsqu'tln illsecte quelcollque s'est intro­duit dans l'oreille, il faut y injecter de ouite de l"huile

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118 LE VERITABLE

chaude; ce 'lui fait sortir auseitOt I'inseetc qui serait cau'e de graves neeidcnt.~,

Pour gucr,:r tUlff de suite III migrffinr.-Prenez nes marro,,,-u'l,,de (hlo-u'lnue) ",tis et red"its en poud,'e, en guise de tabae, une priso Ie matin, et une autre Ie soir,

Pour !J""rir 1'I'oml""'''tl1t le "hu'r"e de cervC<lIf,­Prencz suiI' de chandelle, rhum ct lIoix llIuscade, faites fondre sur Ie feu Ia chandelle dall" Ie rhulU, ajoutez la lIoix r:q)ee et [lites du tllut ulle pOIDmude dOllt vous oill­drez: lOla poitrine que YOUS I'l'COUVl""'cZ dO' papier brouillard; fl'oltcz en,uitt' tonte la 1 .. 1" d I" fi"nre "n'C ce remede chand, et cllveloppez, Cela fhit trall'pirer, moucher et cracher; Ie lendelllain, on ~e trouye extr;)­melnent soulage, si l'on n'(',-.;t pas gueri.

POllr .9/tl,rir 1es r/umerc., de 1fl figure.- (-cor .. t qui a coo.te :~,(!OO fralles :\ un reli~ieux.)-l\.rN'"ie ell Iloudre cinq ."rai"s, cinabre vin~t-cin(l grains, savaHe bruIee une pincec. On fait rougir un peu Ie cinabre ell I'expo­sant au fcu dans une cuillere de fer; on ajoute en suite rar.'cnic et une I",mne pincee de savatte brillee. Lorsque Ie tout est bien mel" on Ie consorye dans un fbenIl bien bouche pour <:11 bassiiIer Ie challcrc 01 en mettre dessus par compresses cluatre au cincl foislc jour_

Pour 9uerir f,> m·,l dr gorg".-Faitf'-"': 1;af,!!ariRcr Jp ma­lade avec Ja dcrortinn de rouille. rJ,. chevrc-feuilltl' j on j njoutc un IWIl de miellor:iqu'i1 y a ulcl!ration.

}>'JIU 9puir et ({n·aU" le cr((d~eIlH"nt de ""'"/1q.-l~I:­duisez en poudl'c des cOfluiiles de noisettcs ,~d,,:e, au soleil, I'asi'l'z-I",; au tam is de soie et conservez-Ies dans un flacon rt i'abri de toute humidite. La dose t'.<t d'un groB qu'on prend'dans un bouillon ou de I'eau pUre, On la renouvclle chaque fois qu'on voil Ie sang revenir_

PUll/' guerir Z,l poitJ'ine grrtsse d l'.a...,.t7ttnc. - Faitc8 bouillir dans quatre verres d'eau, que vous lai<.,crez re­duire it t!'Oi" six onees de sncre eandi jaulle, Prpnr'z un verre Ic ,nir, un Ie matin, ct Ie tl'oisielllc, Ie i'eeond soir en vous couchau L

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PETIT-ALBERT. 119

Ponr guer;,·lr., m,,"x d'eR/omoc. - Le malade doit prendre une forte infnsion de ehieoree amere Ie matin Ie midi et Ie soir. '

Secret ponr supporter longtemp8 la /uim et h, soif Bans en nre illcolI/llwde. - Prenez de l'ail ou du bit eaille de jument, on de l'oirynou marin que l'on nomme squilJe, I'nn ou I'antre a la ~ncme eflieaeit<i. Cette me­thode a souvent ete employee dans les siMes des villes pendant des temps de famine. " ,

Pour gucrir promptement ", coqnelllclte.-Battcz en­semble plusienrs blancs d' (('uE;, ajontez une once de sncre ponr chaqne blanc d'ami; laissez reposer; il en re8ul­tera un sirop dont vons donnercz nne cuillerec it l'enfant apres chaqne r[ninte. Le malade sera gucri en moins de troiM ou quatre jonrs.

POn'1" guirir 1('..; concltlsif)HS ()c('(fs;onu/rs par l(,3 1'('l's.

-Imbibcz d'cs,,"cncc de thCrebenthine les barbes d'unc plume, couvrez la bonche de l' enfan t avec un linge et passez la plume sous charlue narine, Irottez cnsuite Ie creux de l'estomuc avcc la memc plume; l'cnlunt 1'e­viendra anssitot et les convnlsions cesseront.

Pou'r guo .. ir lo f,n,i" on I'N solitail'e-Pendant deux JOUl'S Ie malade nc sc nourl'ira que d'ulle petitc ,[ualltitC de soupe Clairc; Ie troisieme jour, Ie matin, dans J'es­pace d'une au deux heurDs, il boil''' abolldummcnt d'une decoction d'ecorce f'miche de racincs de grenadier dans deux livres u'cau reuuite :1 une livre .

. Pour 911crir promptcmcnt lcs rrdi'L/(I's.-Pl'cncz ,une (!uantite suflisantc d'herbes appclce vulgaircllIcnt heruc nOllee, enveloppez·\'ous-cn les pieds, ct la colli'lue ces­sera aussiWt.

Pour gllerir la constipation (! rillsf",,! memc.­Quand la constipation est opiniiitre, iT faut appliqner un sinapisme au bas de la colonne epiniere :1 la region lombaire; Ie malade evaeucra deux hcures "pres, ct il sera gueri.

Pour guerir les doulcurs de ,·huTltatisme. - Prellez

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120 LE YERITABLE

deux onees de beurre frais, avec un dcmi-\-errc de honne ean-de-vie; incorporez I'un avec I'Dutre, frottez la partie donloureu,c avec cettc pommade en VOUB tenant del-ant Ie teu; enveloppez cnsuitc avec une f1anclle chaude, et la douleur disparaitra.

POllr 911erir les rII1LJJUlfiSJ}l('.s cltroniqllcs.-Prencz des feuille~ de fougere de quoi taire un matelas sur lequel vous concherez jURqU':l. votre guel'ison qui ne se laissera pas lon,,-lL'lIlp.- atteodre.

S"ad pOll I' g,"'rir 1'1 . .luII·al!!"ie en quelqlles "clIl'es.­Prenez de bonne cau-de-yie et du sayon :l. hl\'er; faites chauffcr l'eau-t1c-yic; byez·en bien les articulations et la partie paralysee, frottez aveC du savon jUSf!u'a cc 'Iue la partie soit couvcrte d'une mousse savonneU8e; trempez en suite une f1anelle dans cette ean-de-vie, ap­pli,!uez et reoouvelez ce~te application au bout dc deux heures.

POllr g""l'il' la effurt., d(ms lesl'eills, remede prompt rt i"f,,·Uible.-Prenez de la filasoC', deux ou trois blancs d'reufs que YOUS Hendez sur ]a fila",", soupoudrez ayec de rencens pulverise, arrosez d'un peu d'eau-de-vie et appliquez sur la region lombaire.

POlll' gltel'ir la brulures tres-graves. - Prenez du blanc d'Bspagne passe au tamis de soie et de I'huiJe d'olives en quantite suffisante; faites une pommade ou liniment clont vous oindrez, av('c les barbes d'une plume, la partie brflIee. ('e remede a gueri des brularcs tres­graves que des medecins n'avaient pu gucrir.

Pour flire di"p(lwilre les /,crrue.,.-I! faut lesfrotter avec du sue de joubarbe ou avec des feuilles de sarrasiu ou ble noir.

Pour 9"irir la te'gllc.-Prenez un pain rond tres­chaud, sortant du four; coupez-Ie en deu~ par Ie cote' appli'{uez une des moitie.; en forme de calotte sur I~ te~e du .malade. Yous lai"crez ce pain jus'lu';" 'ce f!u'il "(,,t froId.

rOUT glU!rir leo cnVJf;;G,; des pilei.; OU del; mains.-En-

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PUll-UDElll. 121

ve10ppez la partie maladc d'un cataplasme de persil qu'on allra fait cuir dans I'llrine. C'est un tres-excel. lent remMe.

Pour gutrir la con ... ,tX pied3.-Faites bouillir uno pressme de veau et lavez·vous-en Ies pieds plusieurs jours de suite, apres avoir coupe vos corso

Pour gutrir res durillon. et les cors.-Faites macerer de la queue de poireau ou des feuilles de lierre dans de fort v.inaigre; appliquez-en matin et soir pendant plu. sieurs jO'lll'S sllr lea cors ou durillons, etils seront bientOt deracines.

Secret pour 911,,1"1' les panaris.-Enveleppez Ie mat avec un ver de terre vivant, que vous laisserez jusqu'a ce qu'il soit entierement de.seeM et Ie mal sera gueri.

Pour guerir les cleus ou furoncles.-Delaym: de la fa· rine ordinaire avec de l'eau jusqll'a, consistance de pate molle, etendez de cette pate sur un morceau de toile assez large pour recouvrir toute la partie enflammee; oignez la .p6.te avec de I'huile d'olives et mettez au mi· lieu un peu de floor de Bafran; appliquez sur Ie mal, VOIlS eprouverez uu prompt soulagement. Changez rem. platre deB qu'il a durci.

Pour de/ruire le cl/l,troon et ie cancer.-Faites sur la pustule maligne une Iegere incision crusiale Bans I't!· tendre plus loin. On fait em suite dissoudre du sel dans du fort vinaigre et on lave la plaie avec la solution. Cette lotion enlilve tout Ie venia, la plaie ceBSe d'etro noire, elle devien t nette et se cicatrise en fort pell de temps.

Pour gutrir prornpfement les engelu1'e& avec creva8S1'S. -Lavez·les avec du lait doux dans lequel vous avez fait fondre un peu de sel blan{l en poudre.

Secret merveilleux contre la rage.-Faites bouillir et cuire dans une pinte de lait une grande tasse de fcuilles de rkue une tasse de feuilles de buis et neuf feuilles de Bauge. 'Cette boisson cause des malaises, des vertiges, des tremblements et provoquc nne sueur froide de deux a trois heures, apreb laquelle Ie malade sera gueri.

F

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122 LE vtlllTABLE

Secret admirable pour gllerir l'hyJropi'ie a l' ;n$lant ---Faites infuser dans un verre de bon vin blanc nn bou· quet dc feuilles d'artemi,c, gros comme un bouquet dE violettes. Coulez et faites boire au malade. Au boui de quelques minutes iI rendra toute I'eau qui Ie gene. II ne faudra lui donner i manger que deux heurcs apris, iI sera entieremen t gueri.

,'I,cret me:rveilleux pour arqnirir 1a In,j,,ance de gulrir tOllteo 1 .. dOllle:ur8 en genera1.-Au mois de scp­tembre, prenez une taupe vivantc, etouffez-Ia. dans vos mains, ouvrez·li en dcux et frottez·vous les mains de son sang; mettez ensuite des gants de peau que vous conserverez pendant vingt-quatre beures, sans laver vos mains. Ce temps eeouIe, vous pourrez oter VOB gants et vous laver les mains. Par ce moyen vous aurez acquis la puissancc de guerir toutes sortes de douleurs en appliquant la main dcssus. On conserve cette fa. culte un an ou deux; il faut reuouveler la merne opera­tion tous les ans. (Ce remede est rnagnetique.)

RemMe inJailliblc con Ire l'ivrognerie. - Ne servez A un ivrogne que des aliments impregnes d'eau-de-vie, mais dans une proportion sullisante pour que I'odeur et Ie go(lt en soient prononces; apres lui avoir £~it Bubir un pareil regime pendant quntre ou einq jours conB4!cu­tifs, I'ivrogne Ie plus entett! deviendra forcement d'une sohnete complete et constante; ne pouvant plus alors supporter I'odeur des boissons alcooliques sans eprouver un profond dego(lt. Que les Cours de Recorder eB8aien' plutOt de ce remMe aupres des nombreux enfants de Bacchus qui les visitent cbaque jour. (Le Veritable Petit-Albert. )

Secret pOllr jcruir toujOllr8 d'une bonne ,anli.-On de­mandait i un medecin octogenaire qui jouissait encore ~e l.a meiIIeure.sante, comment il faisait.P?nr se porter 81 bien: «Je VIS de mes remedes, repondlt-t1 et je n'en prends pas. ~ Nous ajouterons, nous eomr:,e comple­ment: Soyons toujours d'une grande' sobriet6 en toute chOllC et ne permeUQns jamais a I'ennui aux peines et MUcis de resider au mi)ieu de nous. '(Le Veritable Petit-Albert. )

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PETIT-ALBERT. 123

Secret po,,,' bien envisager la 1lwrt et 8e familiariser allec eUe. - Voici comment CMteaubriand defiuit les deux points de vue differents sous lesquels I'inseuse et Ie sage envisagent la mort: •

(II Y a deux points de vue d'ou b mort se montro bien differente. De r Ull de ces point~ vous apercevez la mort au bout de la vie, comme un f'antOme a l'extremite d'une lon~e avenue: elle vous semble petite dans I'eloi­gnement; mais a mesure que vous en approchez elle grandit; Ie spectre demesure fin it par etendre sur vous ses mains froides et par vous etouffer,

» De I'autre point de TUe la mort parait enorme au fond de la vie; mais a mesure que vous marchez sur elle, elle diminuc, et quand vous ctes au moment de la toucher, elle s'evanouit. L'insense et Ie sage, Ie pol­tron et Ie brave, I'esprit impie et l'esprit religieux, l'homme de plaisir et I'!tomme dc vertu, voicnt ainsi differemment la mort dans la perspective. »

Le lecteur sense comprendra de suite quel est celui de ces deux points de vue qu'illui reste a choisir pour bien envisage .. In mort et se familiariser avec elle. (Le Veritable Petit-Albert.)

Secret important ponr 8e gull'i,' soi-mhne.-Quoique toutes les recettes qu'ou vient de lire, concel'llant la me­decine, aient "te extraites des reuvres des meilleurs pra­ticiens, entr' autres des note" ruanuscrites du docteur Gardey, ancien Chirurgien-Major dc la Marine et des Colonies, du gouvcl'llement fran~,ais, par Ie professeur Victor Doublet, auteur d'un grand nombre d'ouvrages d'histoirc, de morale, de mathematiques, de sciences, de litterature et d'cducation, nonobstant eel a, nous croyons devoir dire il. toute personne qui scrait dans Ie cas de se servir de la plupart de ces recettes d'user toujours de la plus grande prudence.

Par exemple, un remMe peut etfe tres-efficace pour guerir certaine rualadie, lorsqu'il est employe il. propos, tandis que Ie meme remede peut devenir dangereux en l'employant soit trop tOt soit trop tard, Ou bien encore une personne se croira atteinte d'une maladie qui en sera une toutc autre que celle supposee; alors, elle pren­dra un remMe tout a. fait contl:aire U. sa veritable lIlala-

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12~ LE VERITABLE

die, et les effets d'un .pareil traitement peuvent etre encore tres-fatals au patIent.

Pour obvier a cet inconvenient, il sera donc toujoura sage et pruden t 'tie consulter un bou medecin pour con" naitre d'abord Ie veritable caraclerc d'une maladie quel­conque, et ~avoir ensuite it quoi s'cn tenir sur les reeettea qu'on devra employer. Ainsi tout Ie secret pour se guerir soi-mcme comiste a savoir user avec :l. propos des remedes indiqu~s dans cct ouvrage.

Toutes ces recette., d'ailleurs, ont eW expcrimentees et soumises au cren,et de la science a Paris, avant que d'etre livrees a la publicite par Ie professeur Victor Dou­blet, et elles sont pour la plupart reconnues comme effi­eaces par les hommes de \'art, tant du Nouveau que de I'Ancien-l\Ionde. (Le ririt"bl~ Pctit-Albert.)

Secret pOllr Iwnnnrritre le$ medccincs dcs ch"rl"tfl/l$. -Chaque fois qu'on lit dans les journaux ou gazettes, soit parmi leurs annonces ou leurs matieres it nouvelles, qu'un remMe guerit de tous maux, depuis Ie cholera, la constipation, les maux d'intestine, la diarrhee, les he­morrhoides, l'indigestion, les maux de poi trine, la dy8' pepsie, les douleurs du foie, les maux de tete, la toux, Ie rhume, l'influenza, l'inflammation, les maladies des femmes,la goutte,les fievres, jusqu'it ressusciter presque les morts, etc., etc., defions-nous toujours de ces reeettea qui promettent ainsi de guerir toutes les maladies du genre humain, fussent-ellcs memes toutes reunies dans \'ctre d'un seul individu.

Qu'on se rappelle sans ce~se que Ie but de la plupart de ces charlatans n'est pas tant de guerir ces maladies que de s'enrichir. D'ailleurs, peu importe ,\ tes h5.bleurs la gucrison de leurs dupes pourvu (IU'ils debitent leurs drogues et qu'ils moissonnent deM pia&tres en abondance. Aussi quand un Yankee veut realiser une fortune 00108-sale a~x .Etats-Uni", et qu'il a a. sa disposition lea capi­taux lDdlspensables pour annoncer a grands frais une pretendue decouverte merveilleuse, il invente un ra­mede que!conque qu'il offr~ comme pouvant guerir toutes lee maladIes en general; tl fera r';peter un pareil men. songe a son de trompette, surtout par la presse ameri­caine, puis vogue la galere vers Ie port do la fortune.

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PETIT-ALBERT. 125

Si I'Americain ne reussit pas suffisamment dans son coup d'essai, il n'a souvent qu'a chann-er Ie nom de ses drogues po,!r obtenir un succes fouo: Bucces qui est pre~que touJours dil aux nombrcux puffs publics dans les Journaux, plutot qu'a l'efficacite des medecines de ces charlatans americains. Est-ce Ill. un des produits des lumieres regeneratrices tant vanWes du XIXe siecle? Si I'on ItVuit a juger de I'etat sunitaire des peuples de nos jours, d' apres les annonces de medecines de tout genre qu'on rencontre i1 la quatrieme page de la piupart des journaux, ne pourrait-on pas conclure que l'huruanite tout entiere est en souffrance et qu'elle marche a grands paJ! vers son aneantissement? (Le Veritable Petit­Albert.)

DEUXIEME PARTIE.

Secrets pOllr se recreer et s'inslruire sur des clloses concernant les differents metiers, l'indlistrie

agricoie, elc., etc., etc.

Pour f,dre de 1'01' sans or.-Prenez du suc de f1eurs de safran sec en poudre, uutunt d'orpiment; jaune non terreux; broyez Ie tout ensemble, mettez-Ie en digestion dans un fumier et trois semaines aprcs servez-vous-en pour dorer.

Pour fa,-,.e 1'01' "wte a l'huile sans or. - Prenez de l'ocre jaune, un peu de terre d'ombre, du blanc de plomb et de la mine; broyez Ie tout avec de l'huile gras&e, et vous pourrez dorer ce qu'il vous plaira.

Pour dorer sans or.-Pulyeriscz et incorporez avec un jaune d'reuf deux onces de mercure, une once de sel ammoniac, et mettez Ie tout dans un vaisseau bouche au fumier chaud pendant vingt-quatre jours. Vous pourrez, avec cette substance, dorcr des cadres ct tout ce que vous voudrez.

POllr netto.ver et blanchir l'argenterie. - Prc~ez quatre onces de sayon blanc, ritpez-Ie dans une chopmc d'eau chaude i dans un. autre vase, mettez pour quel.-

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t26 L E Vf;RITABLE

ques sous de lie de vin en pain, avec une autre chopine d'eau chaude; et dans un autre plat enc~re, pour q~el­ques sous de cendres gravclees avec aU"l une choplDe d'eau chaude j ensuite, prenez une brosse que vous tremperez' 1° dans la lie de vin; ~o dans la grave!ee j 3° dans I~ sa von; vous en frotterez l' argen terie que VOUB laverez ensuite dans l'eau chaude et essuierez avec un linge sec. Elle sera comme neuve.

POUT nettoyer le Clli"re el I,' mellr" It 'le1(f. ~Il·lez et agitez dans un flacon deux gros tl'n"ide sulfurique, un groB de noir d'ivoire, un gros d'alull el trois onces et demie d'eau filtree. On mouille un linge de ce mt!­lange et 1'011 frotte Iegerement I'objet qu'on veut net­toyer, puis on l' essuie fortemen t.

Pour argenter 1e cuivre.-Reduisez en poudre une once de zinc, un gros et un tiers de gros de mercure su­blime j poudrez-en et frottez ce que vous voulez ar­genter.

j.\j/~n·ef pour tremper l'acier, de 11lflr1.ierp qu',a pui~~e rouper le }·r comme Ie plmnb.-Tirez par l'alambic l'eau d'une certaine quantite de vers de terre; melez:L cette eau autunt de sue de raifort, et vous y cteindrez quatre :.. cinq fois l'acier bien embrase. L'acier ainsi tremp.! sert it faire des couteaux, de, epees et d'autres instru­ments avec lequel on peut couper Ie fer aussi aisement <i lie du plomb.

Pour am"llir et adouci,. ['acier.-Prenez du fiel de beeuf, melez·y autant d'mine et autant de jus d'orties, faites rougir l'acier au feu et eteignez.le einq ou six fois dans cette !iciueur, il s' amollira comme du plomb.

POllr convertir 1e fer en (lr;a de Damas. - II faut d'abord Illi uter son aigreur ordinaire Ie mettre en li­maille, Ie rougir dans un creuset ct l'eteindre plusieurs f?is dan~ l'huile d'ulin,; oul'on aura deja eteint plu­sleurs fOIB du plomb fondu j on couvrir .. Ie vaisseau aUBsitOt, de peur que J'huile ne s'enflamme,

PO'IIT com'ert;r 1e fer en cuivrr.-:llettcz du vitriol en poudre, distillez-en l'esprit pa\' la cornue, relevez lea eo­llrits sur Ill. tete morte, plongez-y et etcigne& des II\-

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PETIT-ALBERT. 127

mines de fer ou de la limaille rougies au feu j peu A. peu Ie fer se eonvertira en cuivre.

POU1' preserver lefer de 1a rouille.-Faites-Ie chauffer jusqu'a ce qu'on ne puisse Ie toucher sans se bruler, puib frottez-Ie de eire blanche neuve et remettez-Ie au feu pour lui f"ire absorber la eire. Essuyez en suite avec un morceau de serge, et jamais il ne se rouillera.

Pour rendre 1e fer auss; blanc et alt •• ; brillant que l'm·gent.-Miilez dans I'eau fl'Oide egales parties de sel ammoniac en poudre et de chaux vive, faites rougir voke fer i la forge et faites-Ie "teindre plusieurs foia daus cette eau; il deviendra blanc comme l' argent et vous lui donnerez Ie poli.

POllr faire une ealt qui dore parfaitement le rnivre et l'airain. - Dissolvez dans du vinaigre distilJe egales quantile de vitriol vert et de sel ammoniac; evaporez Ie vinaigre et mettez a la cornue pour distiller; con­servez Ie proJuit de b distillation et eteignez dans cette liqueur Ie cuivre bien poli, vous I'en retirerez admira­blement bien dore.

Pour fa ire ulle ealt qui dore 1e fa.-Prenez une once de couperose blanche, une once d'alun blane, deuxgros de verdet, autant de sel commun; mettez Ie tout Jans une houteille de verre bien luttle avec chopine d'eau de ri­viere; faites bouillir et rcduire it moitie et bouchez bien la boutcille de peur que I'eau ne s'evente. On fait rougir Ie fer et on I' eteint dans cette eau.

Pour oonserver l' eclat des m'mes-Frottez-Ies de moelle de cerf; ou bien detrempez de la poudre d' alun dana du fort yinai,:;re et frottez-en les armes, elles He conser­veront toujour; tres-Iuisantes.

POItr donnel'au:eamu:s ulletl'empe I,·es-dure.-Prenez sue d'orties, fiel de boouf, urine d'enfant ou vinaigre tl·es.fort avec un peu Je sel; incorporcz Ie tout ell­Remble et trempez-y Ie fer.

Pour augmenlel' 1a force et la portee des balles.-I1 faut lea tremper dans I'huile avant de les introduire dans l'arme ;I, feu. On II tlprouvtl aussi que les balles

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128 LE VERITABLE

graissees aveo du lard percent les cuirasses les plus so­lides.

Pour appliquer l'or et l'argent our 1e bois.-Teignez Ie bois en noir, mettez un peu de gomme adrngante dans une assez grandc quantite d'eau, detrempez-y I'or.ou I'ar­gent en coquille, couchez de cette eau un peu claire In'elt un pinceau sur les endroits des jours de votre ouvrage, et ponr les ombres prenez un peu d'iDde broye avec de l'eau de !!:omme arabique tres-claire. Ensnite passez un vernis siccatif d'huile d'aspic et de sandarac, et faites votre application.

Pour rendre Ie 1,oi. incombustible. - Peignez-Ie avec une couleur verte :1 I'huile dans laquelle vous aurez melt! de I' alun de plume pul verise et de III eendre de plom b blanc. l\Iettez de chacuDc de ces deux substances Ie quart du poids de la pciDture.

Pour colorer Ie boi. en 110ir poli - Broyez sur Ie marbre ou pierre du noir de lampe avec de reau gommee, mettez-Ie dans un vaisseau de terre, couchez-en sur Ie bois avec un pinceau et polissez avec la dent, (petit ins­trument en fer.)

Pour eontrefaire l'lbene.-Faites infuser des noix de galle dans dn vinaigre ou. auront trempe des clous de fer rouilles, frottez-en Ie bois et polissez.

Pour colorer Ie bois en or, en argent 0" en cuivre 7'Ouge.-Pilez dans un mortier du cristal de roehe, puis broyez sur Ie marbre avec de I' eau claire; faites-Ie chanffer dans un pot neuf, en y ajoutant un pen de colle claire, faites sec her et frottez avec un morceau d'or, d'argent ou de cuivre, puis polissez avec Ill. dent.

Pour onder Ie bois de noya ou de poirier.-Eteiguez de Ill. chaux vive dans )'urine, trempez-y une brosse avec laquelle vous ferez les ondes sur Ie bois. Quand Ie bois sera sec, frottez-Ie avec une couenne de lard.

Pour contrefuire u. )'(lcinc de noyer.-Passez sur votre boi~ sept ou huit couches de colle forte, jusqu'a ce qu'il deVienne luisant, puis donnez :1 confusion avec Ill. brosse, des. coups .de bistre bien broyes nve~ de I'eau

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PETIT-ALBERT. 129

commune. Appliquez en suite Ie vernis de la Chine.

POllr rnarln'a /" bois.-Donncz au bois deux couches de noir :1 n?ircir dctrempcz avec du vernis, polissez, es-8uyez et fUites ehauffer pour y mettrc du blanc dctrempe dans un vernis blanc fait avec la laque et Ie sandarac blancs. Couchcz Ie blanc sur Ie noir,suivant les figures que vous voulez f\tire; laiiisez Secller, prelcz ICgercment, essuyez, vernissez d'un beau wrnis clair, afin de con­server au blanc tout son ecbt; laissez secher et polissez.

Pour faire Ie rn"rbre blanc Sill' le oois. - Prencz du marbre Ie plus blanc et Ie plus be~u que vous pourrez trouver, ca~sez-le par morceaux et calc inez-Ie au feu j

broyez-le sur une pierre de marbrc blanc et eclaircissez­Ie avec de la ('ulle. Donnez-en deux couches, laissez secher, polissez; rnai,; passez un linge blanc dessus avant de polir.

Ponr fILin Ie ""'I'I'Te 110'-)' SlIr lc oois.-Faites bruler sur une pelle rouge du noir de fumee 'Iue vous broierez avec de I'eau-dc-vie, ei "'" ht grosseur d'un H-'U!' de uoir vous mettrez la i!ro,scur d'un petit pois de plomb eu grain, autant de suif de chandelle at autant de savon . .Millez Ie tout ensemble et broyez bien, puis eclaireissez avec de la colle bien claire; vuus en donnercz quatre couches et YOUS polin:z.

Po III" frrir(~ un tl'f$-fort Ci1l1CHf prop1'e a ,'ncrommoder lrs pots CIISS{ .... -Prenez l'ef.:inc une once, tuilc broyt-c demi-once, ma<;tic quatre onces, failes fondre Ie tout en­semble et chauffez les pieces avant d'appliqucr Ie ciment.

PonT jfl.i1'e 1l1t cirnent qui rcsiste it l'CIfU pour 'rt:.­joindre Ie,. vases orisc •. - ~Iclez bien enscmble chaux­vive, tcre~enthine et from age mou, clont vous prendrcz avec b pomte d'un couteau, pour mettre sur les bords du vase que vous voulez rcjoilldre.

Pour fa'ire blanchir 111 cire.-On la fait fondre sans bouillir dans un poclon, on prend ensuite un poe Ion de bois que l'ou trompe dans la eire, jusqu':1la hauteur de deux doigts et que rOll trempe aussitu( dans l'eau fraiche pour en detacher la eire. Quancl ~on a fait pasEer aimi pur l'eau tuute la eire, on la recueille, on l'expose sur

F*

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f30 LE VERITABLE

l'herbe t\ la rosee jusqu't\ ce qu'elle soit blanche, et on 1& fait fondre.

Pour allgmenlrr 1e po;ds de In c;re.-On y njoute de la farine de f~ye;; bicn fine. D'autres y ajoutent du suif purifie par Ie vinaigre, mais la pn''<'llcc du suif se re­connait aiscment quaud on goute]a eire avec les dcnt~.

POllr l"i" des clwndcllcs de su(fpurijie '1"i semUc­ront all8si ~f'n·s d sl'Ion/ IIwi ... i dU'l'able~ que la cirt,.­Jetez de la chaux-yivc en poudre subtile dans du .uif fondu, la ehaux tambera au fond et Ie suifsera purge ct aussi beau que la eire.

Pour faire un ctrapc·l'(:rllis pour leI c]"au88ures pi les harnais, - Prenez quatre onecs de noir d'i\'oire, deux onees de eire ,ier~c, une once d'cssencc de citron deux gros d'e»CIlCC d~ tcrebent"inc. J?aites bouillir pendant dix minutes,

Pour produire des I"";",,, /,lanches sur la pem, d'un cheval,-Les maquignons be' servent de certains cosme­tiques pour faire paraitre sur la penu des chevaux des taches blanches au front, a la jamLe gauche, au picd droit, etc" et leur donner plus de prix; mais ces taches ne sont pas durables, On reIllarque que quand un cheval a <'te gl1"ri ,rune bh-,"ure Ie poil qui renait :t cette place cst blauc. II sullit. donc pour oLtenir des taches blanches de raser Ie poil et dc meurtrir legcrement la pcau du cheyal :t i'endroit ou l'on ycut obtenir du poil blanc.

Pour rnJrunir un che'vnl.-Les Dlaquignons commen­cent d'abord par ~onfler Ic~ sallieres d'un vieux cheyal en les souffiaut ,\ l'aide d'un tuyau de plume apres avoir fait une legere incision :'t la cuisse pour y introduirc un bout de chalumeau, ensuite ib lui liment les dents. ~Iais ils ont soin de faire cette operation quelques jours nv:,nt de m~ttr~ Ie cheva~ en vente, parcequ'il ne pour­ralt broyer I aVOlDe en pre,,'uc,' des achewurs 8i ses dents etaient trop fraichement limces.

POllr dompler" r i,lsl,wl i, ,."c .. "iTe I"lls /ullguellx et ie reHlln' alls~itut 170//,( fl ·inoJfellsi/: - Faitcs-lui man!:"r de i' orge dan. la'luelle vous aurez m.IQ Un peu

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rETlT-ALBERT. t3t

de jusquiame. Si apres cela Ie cheval vous semble Un peu trop reveur ou trop abattu, frottcz-Iui les naseaux avec du vinaigre, il reprendru. sa iougue et sa vigueur primitive.

Pour faire paraltre tre.'-grfls un b(13'~f "w.igre.-On lui fait ala cuisse une legere incisiou, de manicre a ne lui ouvrir que la peau j on passe l'extremite d'uu tuyau de plume ou de paille par cette ouverture, on souffle fortement ,\ l'autre extrelnite du chalurueau, et quand on a fait cctte operation aux qualre cuisses de l'animal, on lui donne abondamment it manger. (Cet avis est im­portant pour les acheteurs de bestiaux gras.)

Secret assure pour g1terir l'enflure on la tympanite des besti(lllx.-Tous les habitants des camp"gnes con­naissent I'enflure subite qui Hurvieut souventaux breuf.~ et aux vaches lorsque ces animaux paissent de l'herhe eneore mouillee par la rosee, ou qn'ils mangent trop avi­dement ou en trop grande quantite des plantcs substan­tielles telles que la luzerne, Ie lI'c,fle, Ie sainfoin, etc. L'air ct l'humidittS que contiennent ce., herbes et ces plantes degages par la chaleur interne se developpent avec une precipitation effrayaute: l'animal cnfle sensi­blemellt j la meteorisutioll gagne biento(' tout son corps j et, s'illl'est promptemellt Breouru, il ~uccombe ,ur Ie piturage meme. Voici Ie remede qU'il faut employer; il n'ofhe aueuu danger, il se tl'ouve faeilemcllt 80UB la maiu et l'cffieacite en c.,t I':arantie par de nombl'cuses experiences. Des que l'on s'aper~oit qu'un booufou une vache est attaqu6 de cette muhtdie, on lui fait avaler une demi-bouteille de bit dans Icrlucl on millc de la poudre de chasse antantqu'il en peut entr;n- daps un d6 a coudre; puis I'on met dans sa bouchc Ull petit billot que l'on mailltient comme un mors en l'attachant aux cornes; on fait ensuite llJarcher l'animal qui desenfle bientOt sans autre secours.

POllr 9"e'l'i"l' promptement et infailliblement k pieti'l des moutons.-Nettoyez tout de suite Ie pied malade, amojndrissez la corne, vous apercevrez l'abces; il s'in­dique par une blancheur qui se prolonge dans Ie sens de la 101!~ueuf 4e I~ corne. On passi! une ou ue)lX fois,

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132 LE vtRIHnLE

sur cette place blanche. lea barbes d'une plume imbi­bees d'acide nitrique ou d'eau forte du commerce. Lors de cettc application, il s'echappe une I6gere fumlle, l'eau forte parait pcnctrer la corne, et quelques heures apres la bete est gucrie et ne boite plus.

S,'rrPi admirable pour laire iclnre 'ps _Is sa", poltle.-Placez vus reut's daus une bolte, sur un peu de foin ; entretencz dans cette boite une lampe assez ar­dente pour y entretenir constamment, pendant Ie jour et la nuit, une chaleur toujours egale de trente-un a trente-deux degres Reaumur, la'luelle est Ie degre de la chaleur humaine; et ap"I" Ie .ingtieme jour, vous V4'rrez vos poulets eclore_ II faut avoir soin de renmer les mufs de temps en temps.

POlt" recnnnalli'es les males el 7e .• lemelles ,u,ns les reuls d" pOille.-Les reut:. bien nrrondis des deux bouts ne produisent que II," poules; les 'cut;; dont I'une ues extremitCs s'allonge en pointe renferment toujours des eoqs.

Pour animer les coqs alt combal.-Melez de I'ail pile a la nourriture que vous leur donnerez,

Secret I'mo' ""'pecher fa poule de gratter fa terre et ."';" au jardinagc. - Chaussez-In de bas et elle Eera forece de pieoter flue du bec; alors elle tera une guerre acharnce aux inseetes surtout les cloportes.

Pour gll"!'i!' l"l"'jJie ,les 1'J)l"illes de basse-cour.-On enleve avee In puinte d'un couteau la pellicule blan­ch1>tre qui reeou\'re la langue de l'animal on lave la plaie avec un peu de viuaig"e; on fait av~ du beurre frais ella pellicule qu'on vicnt d'arracher une pilule que 1'0n fait a.aler al'oiseau, et il se trouve aussitot gucri,

Pour conserver Irai. Ip gibicr et lps I'Olrtille .•. -On lea vide sans Ie" plumer ni leo dcpouiller' nn 6te aussi Ie jabot, on lea relllplit de ble et on lea 'entouit dans un tas de bIe,

Pour laire l'".<srr un !YIII par Ie goulnt etroit d'une bOllleillc '''<lillO/iN: sans Ie msser. -lIIettez tremper un Qluf pendant troIS Jours dans du fort Yinaigre; I'etirez-Ie

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PETIT-ALBERT. 133

alors ~t vous trou~erez que la coque est comme du par­chemm. IntrodUlsez-le dans une bouteille' versez-y de l'eau, et roouf ne tardera pas a. prendre ~a forme na­turelle.

Secret pour preserver le. legumes des 1imaces et lima­~ons.-Peuplez un jardin de crapauds, et i1s debarras­seront les legumes de tous les insectes qui leur sont nui­sibles. II se fait depuis quelques annees en Europe un commerce assez considerable de crapauds pour les em­ployer a. cet usage. A I.ondreR, on les vend jusqu'a. six chelin. la douzaine; a Paris, un ecu. Cela en de­montre toute l'ellicacite.

Pour detruire tOlltes sortes d'insectes dansles potagers. -Repnndez sur les couches et tout autour des planches de In cendre melee de suie.

Secret pOl;r glll1'i,. 1a maladie des arbres. - Des que I'on s'aper<;oit que les feuilles jaunissent et que Ia vege­tation laisse II desirer, il faut Mcher la terre a environ cinq pieds autour de I'arbre pour que les racines maladcs puissent recevoir la composition suivante: d~layez dans dix gallons d'eau, une livre et deux onces de sulfate de fer pulverise, trois livre de sel commun, une livre et deux onces d'alun de roche; quand Ie (,out est fondu vous arrosez pres du trone de I' arbre malade, deux fois Ie ler jour et une troisieme fois Ie lendemain. La Yege­tation raprendra en peu de jours toute sa vigueur.

Pour qu'ltn arbre de/lt, vieltx porte des fruits en abon,za.1Ice. - Pereez-Ie en divers endroits avec un tar­riere ou un autre instrument, enduisez de terebenthine des chevilles de bois que vous enfoncerez a. foroe dans les trous que vous aurez faits, et vous serez surpris de I'a­bondance de la recolte que vous aurez a faire.

Pour obtenir des fruits d'"ne grosseur extraordinaire. -II faut greffer I'arbre fruitier et avoir soin de detacher de I'arbre fruitier, au moment de la formation des fruits, tous ceux qui paraissent peu vigoureux, afiu que la seve nourrissiere ait plus de vigueur et se repande dans les fruits qui promettent de venir a maturite. On doit aussi, pendant Ill. croissance des fruits, oter soigneuse­ment tous ceux qui sont piqut!s,

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t3t U: VERITABLE

POllr ditrllire 1u in,.-t'"' qui ntfaqumt le8 arlwn fruitt'en-U n moyen de Ics extermine~ est de faire .U~Cl infusion de tabae avec la'luelle, lorsqu elle est refrOldle et passec au tam is, on arrose les branches. Cette ope­ration les nettoient des iDsectes qui les devoreDt, sans qU'elles eD souffreDt aucun dommage.

R""rel pou,. dllrll1·,.p 1es fOIl)·mis. - La Auie de cbe­minee mise au pied des arbres empeche les fourmis d'en approcher.

Alllre nW/fPll.-T' ne eau char~ce d'unc forte decoction de feuillcR de noyer, versee daDS la fourruilliere, lait perir les fourmis.

Puur preserver lea sel/ultces rl,',< ills~ctes rt des oi.eaux lo,.qu'on 1ps a mises en terre.-l<'aites tremper vos 8e­menees dans Ie suc de joubarbe quelque temps avant de les semer.

rOllr priserrer le.. ricoltes des diga.ts que Cfmsmt leo mulots et les Tats.-On place dans les meules de ble ou de fbin des tii!es de men the sauvage qui est Ull poison violen t pour cette vermine.

rOllr conselover 11' bll pr"d"lIt pZ,,,ie>()'s annlu.-Il faut I\'nt",,(']' dans ncs grelliers expo,es a tous les vents, de peur f[u'il ne s'';ehautre, Ie reeouvrir de paille et avoir soin de Ie remuer "ouvent. Commc I'humid·ita scule peut Ie faire I!:ernlcr d pourrir, 00 11 soin de l'ellposer autant que possible !lUX rayoos du solei!. Les aociens, en usant hahilement de ces moyens, ont conserve du ble pendant plus de cioqullnte aos .

. JfJllw,ze p",mpte ct .heile pour f'nlll'''''fir tcmleesptce d'llerbe en fltmie1·. - Elle Be reduit a decomposer une production Yef!'etale reccnte a I'aide de la .haux; pour eela au f"it uo lit d'herbes fraiches d'ellviroD un pied d'epaisseur, sur lequel on etend une eouche tres-mince de ohaux vive broyee, ct ron continue de faire plusieurtl couches alternatives dans Ie meme ordre. Lorsque ees deux substances ainsi disposees ont ete en contact durant quelques heures, la deoomposition eommeDce a Be /1Ia­nifester .. II f~ut mc";,e uyujr win de s'opposer :l. l'in. lIammahon qUl "n seralt la 'Ulte. en jetao~ .'.lr In m~

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PETIT-ALBERT. t35

quelques mottes de terre ou une brassee d'herbe. Dans l'espace de vingt-quatre heures Ia decomposition est par. faite, et la cendre qui en· resulte posssede les qualites d'un excellent fumier. Tous les vegetaux peuvent servir a. eet usage, pourvu qu'ils soient recents; eette Ilondition est absolument necessaire, et Ie filmier est d'autant meilleur que I'herbe est plus nouvellement cueillie et la chaux plus recemment faite.

Pour enivrer les poissons et les prend·l'e it, la main • ..., PJ:enez de la noix de galles orient:lle, quatre onces, une once de fromage, trois onces de farine de feves; melez Ie tout avec de I'ean·de·vie j faites·en des boulettes grosses comme des petits pois. Le matin, avant rau· rore, jetez cet appat dans I'eau. Trois hemes apres vous revenez a I'endroit ou vous avez appaM, et vous trouvez une multitude de poissons qui flottent sur I'eau et que vous pouvez prendre avec la main. Quand lenr ivresse sera passee, ils seront aussi gaillard qu'aup". ravant.

Pour .attil'el' tOllte sorte de poissons au meme endroit. ":"'Broyez et melangez ensemble de la fleur de souci, de l!\ marjolaiue, de J.t farine de froment, du vieux beurre, de la graisse de chevre et des vers de terre.

Secret pour garder 1e poi .. on long temps frais.-On conservera Ie poisson frais pendant une annce entiere, ai, apres I'avoir.vide et nettoye, on Ie met dan. un vaisseau de terre rempli d'huile d'olive, et exacteUlent bouche.

Secret de familles pour disinfecter 1a viande la plus puante.-Prencz de la lessive faite avec de In cendre fil· tree, faites·y bouiIIir Ia viande .troi~ ou quatre miuutes et personue ne pourra d6couv1'lr 81 elle a ettl puante et pourrie.

Pour disinfecter la viande saUB.-On jette quelques seaux de dissolution de pota6se sur un baril de viande salee p~ante. Cette operation lui donne la meme qua· lite que si elle n'avaitjamais etC alteree,

Pour empocller la viande de se gi1ter pendant lll$ grandes c7talem's.-On la met tout simplement tl·emper d.ans d u lai t caillt;;.

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136 LE VERlHBLE

Pour oler a /" 1';I111(/e so "tIl!tV";,,, odeur q.wnd clle ~()mmence a se 9"I,r.-On la fait bouillir dans nne mar­mite ou l'on a jete un morcean de charbon ardent que I'on rctire au bout de dix minutes.

Pml!' rle.<sa/er /" "i"nd, ,./ I"~ rendre lrafche.-Faite~­)a bouillir dans du lait, et en.uite faite ... la euire dans l'eau.

S,.,Tel pour attendr;r lei! jl1mbons.-On les envp)oppe dans un Iin.~e et on Ie, tient enterres pendant une heure dans un endroit 'lui ne soit ni trop see ni trop humide.

Pour COllStTI'CI' le brurre. - On emploie deux nla~ ni~res: 10 cn Ie ,alant; 20 cn Ie fondant. Puur saler Ie beurre on Ie petrit avec du sel fin, on passe )e rouleau dessus pour ell exprimer tout Ie petit lait et on Ie met dan" un va8C cn Ie pressant fortement de peur 'lne I'air y penetre. Qnand Ie vase cst rcmpli, on Ie couvre ct on Ie place dans nn lieu sec. Pour faire Ie beurre fondu on Ie fait bouillir sur un fpu clair, 011 l'~cume (·t on Ie vcrse dans un vase. On reeonnait 'Iue Ie benrre est suflisamment cuit quand il est transparent comme l'hnile.

,"'I"'ret ire.1f - import(l11t pOllr rerulre farinrvs{'s les pommcs dl' hr,'c (pI,t"te,,) UqllCUSfS ct de 111/WI'lli", gnut. Lor'sLlue les pOOl Illes de telTe sont a'lueuses et de mauvais gOllt, il faut ne les faire cuire que dans l'eau bouil­Innte, c'est-a-dire, ne le~ jeter dans la marmite que quand l'eau bout bien j',rt.

Pour cu"s!,,,,,,, /,,"I,'s sorteS de peUeteries et les PI"­UTV,'r des verso - Des Ie mois de tnai on doit battre les fourrures et les manchons avec une baguette, puis )C8

envelopper . dans du linge sans les presser, et mettre e~tre les phs u'!e once de camphre grossierementpulv6-rise, apres qUOI en les enferme dans une armoire,

Seeret pour rompn.,,," une paudre propre a luire mourirla l'ermine.-Reduisez en poudre de la racine de sous-safran, frouez-en la tete de I'enfant infeete de ver­mine, et pendant la nuit tous les poux "'r(,n t detruitR pourvu que vou~ ayez eu soin de lui en velopper la reU: avec un Illoucholr.

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PETIT-AL1IERT. 137

Pour detTuire les punaisel. - Acide nitrique deux onces, tiel de bamf trois onces, chaux-vive en poudre trois onces. Millez exactement et oignez avec ce mllJange lea lieux de leur retraite. L'huile de charbon, q·u'on se sert depuis quelques annees en Canada pour l'eclai­rage, detruit aussi promptement les punaises; il suffit d'en introduire quelques gouttes partout OU elle ~ejour­nept.

. Pour empecher que les mouches ne s' attachent allX ta­bleaua;. - Faites tremper, pendant cinq ou six jours, une botte de poireaux dans un demi-seau d' eau, et lavez­en les tableaux et autres objets que vous voudrez preser­ver du contact des mouches.

Secret pour prendre les renards.-On porte une poule dans I'epdroit oil l'on sait qu'il y a des rejlards, on passe dans I'une de ses pattes un fil qui soit assez long ponr I' ';tendre :\, plusieurs pas; apres l' avoir attache :\, un buisson, de dessus un arbre Oll Ie chasseur se met, il tire de temps en temps Ie til pour faire crier la poule ; les renards accourent a ce bruit, et Ie chasseur peut alors les tuer.

Pour qu'un chien.'attache a un nouveau 11taUre.-Le nouveau maitre prend du beurre frais dans sa main, il en frotte Ie chien depuis la tete jusqu'il. la queux, en passant sur l'echine, et illui donne sa maiu a lecher.

Prodde pour relever le poil du velours coucM et Im­

lever les tachel de eire. - On fait chaulfer un fer sur lequel on place un Iinge mouill6 ; Ie fer etant en eet etat, on l'applique sous Ie velours: la vapeur de I'eau peniltl'e a travers Ie velours, et Iamollit Ie poil que I'on rl!leve avec la brosse. On sc sert du meme procl!de peur enlever les taches de eire qui se trouvent sur Ie velours; la vapeur dl!tache la eire qui s'enleve ensnite aisi!ment.

Pour enlevel' des taches d'huile ou de graiue sur 1e drap.-Mettez de l'huile de tartre sur la tache, lavez auaBitOt avec de i' cau tiede, puis deux ou trois fois avec de I'eau froide, et Ie drap sera nettoy!!.

Pour enlever lei taches de rouille ,ur le linge.-Faites

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138 LE vtruTADLE

dissoudre du sel d'oseilledans de l'eau. tion a la propricw de fairc disparaitre, sans retour, les taches de rouille.

('.-tte diSBOlu­abMoluJllent et

Pour faire un bcm, '!IeNl is ponr I"U",...",. - Prenez ean-de-vie, sucre eandi ot blancs d'reufs bien battus en­semble, et versez de l'eau dessuR.

Pour faire lin verni$ admirable. - Prenez huile de lin, huile de mastic blanc parties "J"ales, un peu de w­rebenthine, du verre pile bieu broy~, du vert de gris brule, de l'ambre bien battu; faile, bouillir et fondre Ie tout ensemble danM un pot de terre neuf, et vous aurez un vernis admirable.

POllr rnanier le fell sans Sf' brfill>T les 1naius.-Lavez­vous les mains avec du sue de guimauve ou de mauve, du blanc d'reuf et de I'alun, et vous pourrez manier Ie feu sans vous bruler les mains,

Secrrf ponr manipuhr le plomb fondu ofln, Ie bralfl' lCl "u, ins, - Prenez deux oneed de bol d' Ar­menic; une once de vif-argent, demi-onee de camphre ct deux onces d'eau-de-vie; melez Ie tout ensemble danB un mortier de eui\Te; vous pouvez, en vous frottant les mains avec celte composition, les tremper dans du plomb fondu sans quelles Boient bruMes.

Secret ponr rendre inrombn.tiUes les mousselines, les denlcUes et toute~ ulllre •• toffes Iigeres.-IIsuffitpour rendre incombustibles, selon un savant chimiste fl'an~aiB, de meier ... I' amidon 'lui sert :l. les empescr la moitie de son poids de carbonate de chaux, vulgairemcnt appe\e craie ou blanc d'Espagne. On procede en.uite au re­passage comme :l. I' ordinaire, Cette adjonction de blanc d'Espagne ne l('.1te rien, ni l'apparence, ni InquaiiM, ni la blancheur de l'.:toffe. (Journuux/rall~ui8 de 1861.)

P()ur tail/er fucilem""t le caillou. - II raut Ie faire bo.uillir <juel'jue temps dans du suif de mouton, on Ie talllera alBement.

Secret pour mpier sur-le-champ un portrait ou une eslampe.-)Iouillez une toile ou un papier avec de I'eau d'aluD ct du savon, appliljuez la toile ou Ie papier sur

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PETIT-ALBERT. t39

l'e~tampe ou Ie portrait: mcttez cela sous presse; en Ie retlrant, vous aurez une a~sez belle copie de l'estampe ou du portrait.

Pour reproduire sur un manuscrit les letlres que le telnps en a <:.ffitcee.,.-Paites bouillir de Ia noix de galles dans du vin blanc, trempez une eponge dans ce vin, passez-Ie sur Ie papier et les Iettres effacces reparaitFont.

Pour acquerir promptelltent une lIL611Wire prodigieuse. --Jetez sur des charbons ardents de l'encens en poudre j respirez-en Ia vapeur en ayant soin de fermer la bouche, tout en vous tenanL a une petite distance du foyer.

Moye" d' eviter toute discussion inutile et deplacee m sociiti.-La discussion n'est excusable en societe que lorsqu'elle est moderee et peut interesser tous ceux qui en sont temoins. l\Iais pour ces disputeurs acerbes, qui sont prets:l. soutenir sur toute question Ie pour et Ie contre, par esprit de contradiction, il sont deplaces dans toute reunion dont I'objet est l'amusement et Ie plaisir. Si vous elevez ou sontonez une discussion, faites·Ie avec fermete, mais en meme temps avec politesse. C'est Ie moyen Ie plus sur de prouver a votre adversaire et de fairc reconnaitre par lui que vous avez raison. Lors­que VOUE voyez que vous avez affaire a un de ces etres dont Ie seul bonbeur est de n'etre jamais de l'avis de personne, fuites retraite devant un pareil homme, en lui laissant apercevoir que ce ne bont pas ses arguments qui vous y obligent, mais l'inutiJite et Ie degout d'une telle discussion. (L'art de briller en societe.)

Methode facile pour collvertir les pences, les sous 011

les farthings ell cell tins et vice versa.

Pour con vertir les pences en centins, muitipliez vos pences par Ie chiffl'e 5, et divisez Ie produit par Ie chilfre 3.

Pour convel'tir les sous en centins, multiplicz aussi vos sous par Ie chifl're 5, et divisez Ie produit par Ie chiffre 6.

Enlin, pour convertir les farthings en centina, multi-

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no LE vtRIT,\DLE PETIT-ALDERT.

pliez encore ,os farthings par Ie chiffrc 5, et divisez Ie produit par Ie ehiffre 1~,

Pour obtenir Ie reAultat contraire, il suffit seuleDlent de changer Ie chiffl'~ multiplicatcur avec Ie chiffre divi-seur,

Pencel, 15

5

EXElII'LE:

Sous. Farllting.s. 30 60 5 5

SOU!.

45 5

3175 GI15tl 1:q300 61~:?5

~;; cts. ~5 cts. ~;; cts. :17 ~ cts.

Methode facile pOllr cOllnaitre l'ill/eret d'une somme qllelcolllJlle.

~Iultipliez invariablement tout capital en piastres par Ie tnux de I'interet et Ie produit vous donnera en piastres et ccntins I'illteri't pour un an. S'il se trouve de~ cen­tins au capital place II interet, alors les deux premiers chitfres du produit sont ll" milliemes; les troisicme et quatricllle, les centins; et Ie reste, les piastres. S'il ne se trouve point de centins au capital, les deux premiers chiffres du produit sont toujours les ccutins, et les sui­vauts les piastres.

EXEMPLE:

A 5 p. 100. A 6p.100. A 7 p, 100.

$438 88,357 $15,642 75 5 6 7

---- -----li:H 90 $501 42 51,094 99 25

C.'est--l-dire que l'int.eret du dernier capital, de 15,642 pJastres et 7" centins :. 7 p, 1UO, cst de 1,094 piastres 99 eentin, et ~" milliemes par an. '

Pour trouver l'interet d'une partie d'annee, divise! l'.interet an~uel ~ar l~ ~raction qui reprtlsente cette par­tle: pour SIX mo", d,VlSCZ par 2: pour quatre mois di­Yis~z P?r.a ; pour trois.m~is, dll'is"z par 4 j pour deul: mOIS, ulvlsez par 6, et 3lDsI de suite.

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TABLE DES

MATIERES CONTENUES DA~S CE VOLUME

PAGES AVERTISSE!IENT......................................... V

LIVRE PRE;\IJER.

CHAP. I.-Introduction...................... ......... 1 II.-Les Admirables Secrets du Grand·Al-

bert...................................... 3 IlL-Secrets Merveillcux du Petit-Albert... 6 IV.-Le Dragon-Rouge et la Poule-Noire... 9 V.-Les trois fameux Grimoires............. 12

VI.-Lea Elements de Chiromancie.......... 16 VII.-Petit Traite de la Baguette divinatoire. 17

VrII.-Le Grand Etteilla, ou la bonne aven-tnre ................... ................. 20

IX.-La Prescience, ou interprl!tation des songell .................... ,....... ........ 21

X.-De quelques autres Livres de Seorets Merveilleux ............................ 22

La Magie Rouge......................... 23 Le Grand Jeu des 78 Tarots-Egyp-

tiens ..................................... ib. Pbylacteres ou preservatifs contre lea

maladies ................................ ib. IUanuel complet du Demonomane...... 24

XL-Des Borciers et des Magiciens.......... ib. Faust Ie Magicien- .... ,...... ........... 29 Sorciers escrocs au voleurs.............. 32 Le type des bons sorcicrs... ....... ..... 35

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142 TABLE DE5 MATltRES.

LIYRE DEl·XIE)IE. PAGES

CHAP. I.-Les Trcsors caches........................ 38 I L-I.e, Chercheurs de treBors............... 40

IlL-Histoire de six cbercheurs de tresors, a Quebec................................. 44

IY.-Histoire de trois chercheurs de treliOrS, a )lontreal.... .......................... 47

V.-Histoire de cinq chercheurs de tresors, a Quebec................ ................. 50

YL-La CaUSe de Is propagation de ces fausses croyances jusqu'a nos Jours. 55

Llnm TROISJE:llE.

CHAP. 1.-Aux Classes Ouvrit)res.............. ..... 59 H.-Etrc riche I La ('i'l"le et la Fourmi.. 6U

IlL-Possedcr des riche;ses.................... 62 1V.-La perseverancp ................ ..... ...... 63 V.-Le desir at la volontc..................... 65

YI.-Vouloir c'cst pouvoir..................... 66 YII.-Secret pour acquerir un tresor......... 67

Tableau des Economies...... ........... 68 VII1.-Les Caisses ou Banqucs d·Epargne.... 69

1X.-Societes de Secours mutuel. et de Pro­tection, dans chaque corps de metier. 71

Des bons et des mauvais rapports entre les .'!aitres et les Ouvrier............. ib.

La Construction deB Davires et les Charpentiere, il. Quebec...... ........ 74

Le moyen que leB Ouvriers doiveDt adopter pour ameliorer leur condi· tion sociale.............................. 76

LIVRE QUATRIE)1E.

CHAP. 1.-Aux Cultivateurs: I' Agriculture et la Colonisation............................ 82

I1.-Le Clerge et 1& Colonisation............ 84 IlL-Le gouvernement doit accorder une

protection san8 egale a. l'Industrie Agricole .......... .............. .. ....... 87

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TABLE DES JlATIERES. 143 PAGES

IV.-Les Cultivateurs et leurs DtlpuMs au Parlement ........... .... ............... 91

V.-La Culture con stante j le Laboureur ct ses En/ants........................... 95

VI.-L'cducation agricole j deux !ivrea utiles & mediter..................... ........... 97

VII.-Craignons les Proces j l'Huitre et le3 Plaideurs ................................ 103

VIII.-L'intemperance amene la folie et la mort ..................................... 108

IX.-Conclusion .................................. 110

LIVRE CINQUIEME.

PRElllERE PARTIE.-Secrets pour se faire aimer, s'embellir, se rajeunir et se guerir Boi-meme ................................ 113 :\ 125

DEUXIElIE PARTIE.-Secrets pour acquerir des oonnaissances dans les metiers, I'agri-culture, etc., etc .................... 125 a 139

·Methode pour convertir les pences, les sous ou les farthings en centins, et vice versa, etc ............................ 139 a 140