Le Scandaleux Mag' X

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LE MAGAZINE DES ETUDIANTS LILLOIS WWW.LESCANDALEUXMAG.FR « TOUTE PERSONNE QUI PENSE FORTEMENT FAIT SCANDALE » BALZAC #10 - AUTOMNE 2010 NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE Dossier Spécial : Carnets de voyage Rencontre : Bernard Hislaire Médias : Les Robin Des Bois du Net Musique : Music Revolution Part II Mode : Elie Saab, Grand couturier

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Le nouveau numéro du Scandaleux Mag', dixième du nom, est arrivé ! Voyagez avec nous dans des contrées aussi diverses que l'Inde ou New York, apprenez la politesse partout dans le monde à la lecture de ce numéro... Amateur(e) de BD ? Vous retrouverez une interview exclusive de Bernard Hislaire, alias Yslaire, créateur de la série "Sambre". Retrouvez enfin notre point de vue décalé sur l'actualité culturelle, médiatique, littéraire de ces derniers mois.

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LE MAGAZINE DES ETUDIANTS LILLOIS

WWW.LESCANDALEUXMAG.FR

« TOUTE PERSONNE QUI PENSE FORTEMENT FAIT SCANDALE » BALZAC

#10 - AUTOMNE 2010

NE

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Dossier Spécial : Carnets de voyage

Rencontre :BernardHislaire

Médias :Les Robin Des

Bois du Net

Musique :Music Revolution

Part II

Mode :Elie Saab, Grand

couturier

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ouverture

nouveau ca

mpus edhec

* Offre valable uniquement au SOGOOD EDHEC et auxétudiants EDHEC munis d'un badge pré-payé bénéficiantd'une remise immédiate de 10%.

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De v a n t nous la F r a n c e b o u g e .

Les syndicats se révoltent, la jeu-nesse est dans la rue. Réforme des retraites, « Travailler plus pour gagner plus », scandales politico-finan-ciers… On ne peut plus se fier à per-sonne, même aux têtes d’honnêtes hommes. Comme des marionnettes qui font trois petits tours et puis s’en vont, nous sommes lâchés dans le grand inconnu. Nous savons que nul n’est prophète en son pays, et nous partons chercher notre aven-ture ailleurs. La sirène fait entendre son appel et nous prenons le large. Un petit tour à l’est d’Eden, pour voir si la vie est aussi rose à l’autre bout du monde. Un petit tour, et puis s’en aller en Inde visiter les temples et sentir l’encens. Un deuxième petit tour, et puis grimper au sommet de l’Empire State Building. Un dernier, et puis s’en revenir.

■ AMANDINE SENET

EN BREF 5

média 6Ces Robin des bois du net

Que va devenir France inter? 7

dOSSiER 8 CaRNETS dE VOYaGE

aspirations et inspirations d’horizons lointains 9

On The Road again 10

Cap sur l’inde 12

New York, New York 14

CULTURE 16Guide de survie

a modern family 17

mUSiQUE 18music Révolution Part ii

iNTERViEw 20BERNaRd HiSLaiRE

LiTTERaTURE 23marie N’diaye, Trois femmes puissantes, Joseph O’Connor, L’étoile des mers.

mOdE 24Elie Saab , grand couturier

LiLLE 25 Lille dans le temps, au coeur des cultures

RECETTE 26Tourment d’amour

diVERTiSSEmENT 27mots croisés... de l’impossible ?

Horoscope et lettres qu’on pétrit

#10/ automne 2010

Le scandaLeux mag’ #10 - HIVeR 2010-2011dIRecTeuR de L a PuBLIcaTIOn : auDE LIgnEREux RedacTeuR en cHeF : angELa FaCHE RedacTeuR en cHeF magazIne: amanDInE SEnEt RedacTeuR en cHeF weB :vaLEntIn FLutEauResPOnsaBLe cOmmunIcaTIOn : CHLOé maSSuEL ResPOnsaBLe demaRcHage : SEgOLènE pHam mIse en Page : CHLOé maSSuEL / auDE LIgnEREuxn° sIRen : 519318745dePôT LégaL : W595008653 ISSn 1961 - 0262

ouverture

nouveau ca

mpus edhec

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16/20 Place de Béthune59000 LILLE

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4� LE�SCANDALEUX�MAG’�-�N°10-�HIVER�2010-2011

� en�bref

Mr CRU et la Cruauté

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LE�SCANDALEUX�MAG’�-�N°10�-�HIVER�2010-2011� 5

� en�bref

En BREF.� .en�bref

« Je VOuLaIs FaIRe une Bd dans LaqueLLe Je me RecOnnaIs, aVec un suPPLémenT d’âme, Pas un sImPLe PROduIT de cOnsOmmaTIOn. (...) Je ne VOuLaIs Pas TOm-BeR dans un sysTème de PROducTIOn. »

> ELIE SAAB hA-BILLE LES fEmmES cOmmE PEU dE cRéATEURS PEU-VENT LE fAIRE. cE fILS d’ ARTISAN LIBANAIS A TOUT APPRIS SEUL EN VéRITABLE AUTOdIdAcTE.

> L’améRIquE Du SuD n’ESt paS L’unIquE ELDO-RaDO DES vOyagEuRS En quêtE D’avEntuRE. nOn, DanS unE tOutE autRE DI-RECtIOn, IL ExIStE un payS myStIquE, tELLEmEnt puIS-Sant qu’unE patHOLOgIE pSyCHIquE pORtE SOn nOm : L’InDE.

« Joseph O’connor revient sur un épi-sode tragique de l’histoire de l’Ir-lande: la grande Fa-mine de 1845-1850 » L’etoile des mersJ o s e p h O’connor

dOssIeR P.14

mOde P.24 musIque P.19

> OUTRE LE décOR AdéQUAT à L’éPA-NOUISSEmENT dE NOUVEAUx gROUPES décALéS, LA RégION EST AUSSI cONNUE POUR cERTAINS dE SES gROUPES, BEAU-cOUP PLUS BRUyANTS QUE LEURS hOmOLO-gUES NEw-yORkAIS.

> EN chINE, cE QUI VOUS PA-RAîTRA RELEVER dE LA fLATTE-RIE LA PLUS dégOULINANTE, N’EST PARfOIS PAS dE TROP.

> Il est bon de partir à la rencontre des quartiers de New York, et de respi-rer l’excitation ambiante d’une ville sans cesse éveillée.

« un sac sur le dos et voici des explorateurs qui sillo-nent le monde à la recherche de cet idéal aperçu au dé-tour d’une photo, d’un paysage »

dOssIeR P.12 LITTeRaTuRe P.23

InTeRVIew P.21

cuLTuRe P.16

Bernard Hislaire

eVasIOn P.9

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6� LE�SCANDALEUX�MAG’�-�N°10-�HIVER�2010-2011

Médias� Médias

Bien loin de la petite fièvre passagère, le streaming s’affirme comme une ten-dance lourde au sein de la

communauté des internautes. La po-pulation touchée par le phénomène est certes en majorité composée de jeunes, plus familiers des ressources qu’offre Internet, mais l’on constate un intérêt croissant des autres classes d’âge pour cet outil. Documentaires rarissimes, vieilles séries télévisées introuvables dans le commerce (...), mais surtout films et derniers épi-sodes des séries américaines ac-tuelles.

Si l’on se penche sur la question des séries en particu-lier, il est vrai que la mise à disposition en streaming règle un grand nombre de soucis : finie, l’attente indéfinie qui précède l’arrivée d’un petit bijou sur les chaînes françaises ; finie, la dépendance aux décideurs de ces mêmes chaînes, qui en choisissent certaines au détriment d’autres ; fini, le suspense insoutenable qui sépare la fin d’une saison et le début d’une autre ! L’on se met à l’heure améri-caine.

C’est ici qu’apparaissent ces robins des bois du divertissement, traduc-teurs travaillant incognito, pour le bien commun. Ces communautés de

sous-titreurs passionnés de séries en tous genres tentent de démocratiser l’accès à la culture audiovisuelle mon-diale, suivant le credo du «tout, tout de suite, et partout».Etonnamment, l’on se soucie peu de ces bénévoles, en solo ou en équipe, qui mettent à notre disposition des sous-titres, de qualité variable, cela va de soi, et qui encouragent le système actuel. C’est à peine si l’on remarque, lors du générique, leurs pseudos et rôles, les remerciements spéciaux, le nom de leur équipe, voire l’adresse de leur site.Ils recrutent sur les forums des sites consacrés, pour des postes bien pré-cis (traduire, incruster, synchroniser,

relire,...), ont leur propre page Face-book (la Wisteria Team, pour n’en citer qu’une, qui se charge de la tra-duction de Despe-rate Housewives), sont plus ou moins reconnus par leur

pairs, et plus ou moins accessibles.

D’aucuns leur reprocheront de par-ticiper à ce vaste vol de la propriété intellectuelle et d’encourager l’atti-tude irrespectueuse et consumériste des spectateurs. Mais qu’est-ce qui inciterait les spectateurs à rester fidèles à la diffusion habituelle et consacrée ? Des traductions parfois très médiocres, des épisodes diffu-sés dans le désordre (l’on se souvient

des protestations des téléspectateurs, surtout après la fin de la publicité et le démarrage des programmes de soi-rée à 20h30 !), et une maigre volonté d’adaptation (M6 et TF1 ont certes tenté de timides rediffusions sur leurs sites respectifs, mais c’est une goutte d’eau face à l’acharnement de la Warner, pour ne citer qu’elle), non, les grandes chaînes ne nous incitent guère à changer. Alors rendons un petit hommage, bien mérité, à ceux qui nous permettront, cette rentrée encore, de suivre Damages, Docteur House, Glee, Fringe et bien d’autres encore.

Ces Robin Des Bois du net

■ MANDELA VERDEAU

■ ADRIEN MASSARI

Petit hommage à ceux qui traduisent, incrustent et synchronisent, pour notre plus grand plaisir...

> C’est iCi qu’appa-raissent Ces robins des bois du divertis-sement, traduCteurs travaillant inCogni-to, pour le bien Com-mun.

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LE�SCANDALEUX�MAG’�-�N°10�-�HIVER�2010-2011� 7

Les deux humoristes Didier Porte et Stéphane Guillon priés de prendre la porte, Nicolas Demo-rand qui la claque, et France Inter perd ses trois têtes de gondole. La station va sûrement en pâtir, même si ce n’est que la conséquence d’une gestion discutable de la station depuis 1 an.

Mais que va devenirJEAN AYISSI / AFP

■ VALENTIN FLUTEAU

Médias� Médias

> porte et guillon virés, val Croyait avoir les mains libres pour réfor-mer la grille.

Ca y est, Philippe Val, le di-recteur de France Inter, a frappé ! Enfin, me direz-vous. Vous ne voyez pas pourquoi ?

Petit retour en arrière, je m’explique.

En avril 2009, Jean-Luc Hees est nom-mé PDG de Radio France par le Prési-dent Sarkozy. Mais avant même la no-mination de Hees, il se murmure que Philippe Val, à l’époque directeur de Charlie Hebdo, pourrait diriger la pre-mière station publique, à savoir France Inter. Branle-bas de combat, car Val est connu pour ses méthodes quelque peu autoritaires : à Charlie, les évictions brutales du sociologue Philippe Cor-cuff et des dessinateurs Lefred-Thou-ron et Siné en ont été les meilleurs exemples. Mais, effectivement nommé en juin, il ne touche que très peu à la grille 2009-2010 concoctée par son prédécesseur. Il conserve notamment deux trublions, qu’on disait dans sa ligne de mire : Stéphane Guillon et Didier Porte, qui officient dans la ma-tinale (à 7h55), le second étant même la star du Fou du roi (l’émission de Sté-phane Bern, diffusée de 11h à 12h30).

Les temps passent, et puis… rien. Phi-lippe Val n’intervient pas dans la grille. Guillon et Porte, régulièrement inter-rogés dans la presse, disent n’avoir jamais eu de remarque sur leur tra-vail par leur directeur – et pour cause, puisqu’ils assurent aussi ne l’avoir jamais rencontré… Mais ce n’était que partie remise : en janvier, Val se fait remarquer en avançant la mati-

nale à 6h30, contre 7h auparavant, sans prévenir personne. Surtout pas l’animatrice de l’émission pré-cédente, Patricia Martin, qui voit sa présence à l’antenne réduite. Rentré de vacances, Guillon charge son patron à l’antenne. Pas de réaction. Mais des signes : en avril, interrogé dans Le Monde, Val met en doute la pertinence d’une pastille d’hu-mour dans une matinale consacrée à l’information. Mais dit n’avoir pris aucune décision. Et puis un dé-rapage, celui de Porte qui, dans sa chronique du 20 mai, imagine Ville-pin prononcer les mots « J’encule Sarkozy ». Sans soutien, l’humoriste se fait même charger en direct dans le Grand Journal par trois pontes de la matinale d’Inter, dont l’animateur Nicolas Demo-rand. Et enfin, la sanction : le 23 juin, Hees déclare au Monde qu’« il n’y aura pas de changement d’ho-raire ni de rempla-çant » à l’humour sur Inter. Fermez le ban.

Porte et Guillon virés, Val croyait avoir les mains libres pour réfor-

mer la grille et annonce le 25 juin un grand show culturel animé par Demo-rand... et une pastille d’humour dans la matinale. Double ratage : Demorand largue Inter pour Europe 1 le 7 juillet,

et les deux nouveaux hu-moristes de la matinale, Raphaël Mezrahi et Gé-rald Dahan, ont depuis été remerciés à leur tour pour incompétence. À savoir : leurs chroniques n’étaient pas drôles. En-fin, sans figure de proue,

les audiences de la station ont baissé en septembre et octobre, et la matinale a perdu sa place de leader au profit de celle de RTL. On en viendrait presque à souhaiter “bon courage” à Val et Hees pour redresser la barre.

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8� LE�SCANDALEUX�MAG’�-�N°10-�HIVER�2010-2011

dossier -�CARNETS DE VoyAGE� CARNETS DE VoyAGE -�dossier�

Carnets de voyage

on a tous un côté baroudeur au fond de nous. Qui n’a pas rêvé de découvrir la Big Apple, les étendues glacées de Russie ou les traditions indiennes ? Alors ouvrez grand vos yeux pour un tour du monde, laissez vos sens être envahis, et devenez le Routard le temps d’un voyage dans nos pages.

Page 9: Le Scandaleux Mag' X

LE�SCANDALEUX�MAG’�-�N°10�-�HIVER�2010-2011� 9

dossier -�CARNETS DE VoyAGE� CARNETS DE VoyAGE -�dossier� Aspirations et

inspirations d’horizons lointains

Le désir de nouveauté est inhérent à l’homme, as-pirant à découvrir ces territoires inconnus tant

terrifiants qu’édifiants. Admirer un coucher de soleil et nous voici à fan-tasmer sur ces plages immenses, sous un soleil de plomb à proximité d’une mer plus bleue que le bleu de tes yeux, je ne vois rien de mieux. Certains ne font qu’y penser, faute de

moyens ou encore du fait de cette peur paradoxale de l’inconnu. D’autres au contraire ont cédé nonchalamment à cette soif de découverte. Un sac sur le dos et voici des explorateurs qui sillonnent le monde à la recherche de cet idéal aperçu au détour d’une pho-to, d’un paysage. C’est le cas notam-ment d’Antoine de Maximy et Frédéric Chesneau qui ont réussi, comme une infime partie de ces rêveurs invétérés.

Frédéric Chesneau ou la sublima-tion des frontières culinaires.

Le célèbre globe-cooker voyage à tra-vers le monde pour faire vivre sa pas-sion pour l’art culinaire. Il était l’ani-mateur d’une émission «Les recettes du Globe-Cooker» proposée sur Canal Plus, dont le concept l’a mené aux quatre coins du monde pour révéler les véritables traditions culinaires de nombreux pays. Vous l’avez peut-être déjà aperçu admirer une délicieuse aubergine rencontrée par hasard sur un marché grec; ou courageux et vaillant, lors de son voyage au Japon, face à une huître géante qu’il finit par gober. Il s’invitait lui aussi chez les habitants de tous horizons pour dé-couvrir les saveurs atypiques de mets succulents avec leur his-toire et leurs particularités. Après avoir évolué de nom-breuses années dans le monde de l’audiovisuel, ce grand chef reconnu a décidé de déposer bagages sur Paris pour y ouvrir un atelier de cuisine. Cette mis-sion a toujours le même objectif, per-mettre au plus grand nombre d’ap-précier à sa juste mesure le fait de cuisiner des plats à la fois simples et originaux. Plus encore, c’est l’occasion pour lui de partager les nombreuses découvertes qu’il a faites en Europe, en Asie, en Amérique ou en Afrique.

Antoine de Maximy : un Ba-roudeur et sa caméra.

Ce globe-trotter a déjà fait le tour du monde, muni de sa caméra sur l’épaule et son sac sur le dos. Le pro-gramme qui l’a fait connaître et que d’aucuns connaissent bien à présent est «J’irai dormir chez vous». Il se plonge au sein des populations locales des pays qu’il visite, communique avec ses membres même s’il ren-contre parfois des cultures hostiles. Nous découvrons un tout autre por-trait de l’étranger, bien loin du cliché touristico-touristique. Il désire nous révéler la vraie face du monde, des in-dividus lambda en toute humilité qui s’offrent à la caméra de cet étranger. Ce personnage tant farfelu qu’extra-

verti découvre l’art audiovisuel alors qu’il s’engage dans l’armée. C’est au cours d’une mis-sion à Beyrouth, en

pleine guerre civile, que le déclic sur-vient. Réalisant un documentaire sur les Casques Bleus, il prend conscience que l’exploration de nouveaux hori-zons, de nouvelles cultures l’attire.

> un saC sur le dos et voiCi des explorateurs qui sillonnent le monde à la re-CherChe de Cet idéal aperçu au détour d’une pho-to, d’un paysage

> il désire nous révéler la vraie faCe du monde

■ ADRIEN MASSARI

Halle Berry (Oscars 2002)

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10� LE�SCANDALEUX�MAG’�-�N°10-�HIVER�2010-2011

oN THE RoAD AGAIN

LE 23 OCTOBRE 2009, Axel Du-roux annonce sa démission de la direction générale de TF1, cinq semaines seulement après sa nomination. Pourquoi

un homme de talent (la façon avec la-quelle il a redressé RTL entre 2005 et 2009 le prouve) est-il parti si vite ? La

presse (Le Monde, 24 octobre) évoque les différends avec le P.-D.G., Nonce Paolini. Ceux-ci ont certainement joué, mais à la marge. Dans le fond, Duroux a été victime

de l’incapacité des grands médias à se renouveler, à retrouver une ambition. Ceux-ci souffrent d’une vé-ritable sclérose.

Aseptisation et recyclage

Première tendance : l’aseptisation.

Flore, 21 ans, étudiante, ex khâgneuse, et backpackeuse compulsive. Boute-en-train responsable mais volontaire, elle a la bougeotte et plein de projets en tête. Entre la Lorraine, le Luxembourg et l’Allemagne, quand elle n’est pas en voyage. Un bel exemple de débrouillardise et d’intelligence.

Alors que son frère et sa sœur rentrent à peine d’un an en Amérique du Sud, et que la cadette de

10 ans s’apprête à partir en famille d’accueil en Allemagne pour les six mois à venir, Flore pose son vélo le temps de partager avec nous un petit bout d’expérience hors du commun et riche en découvertes…et nous confier quelques bons tuyaux.

Ton premier voyage, c’est… ?

Mon premier voyage a eu lieu après ma première année de prépa. Je devais passer au moins un mois en Allemagne pour valider ma spécialité. Mais je vou-lais faire quelque chose d’enrichissant, qui m’intéresse vraiment ; pas seule-ment travailler en tant que serveuse ou

jeune fille au pair. J’ai donc décidé de monter un projet sur le théâtre alle-mand et de partir un mois pour com-parer le théâtre français et le théâtre allemand. Comme je n’avais pas d’ar-gent, j’ai présenté ce projet à l’office franco-allemand pour la jeunesse, qui m’a octroyé une bourse. Mais cette bourse ne suffisait pas pour payer tout mon voyage. Je n’avais pas d’argent pour aller à l’hôtel alors j’ai décidé d’utiliser Couchsurfing, un site internet d’entraide aux voyageurs, dont j’avais entendu parler à la télévision. A Ham-bourg, j’ai dormi grâce à Couchsurfing chez Julien, qui m’a entre autres appris à faire du stop et m’a fait rencontrer plein de voyageurs. C’est à ce moment-là que le voyage a

pris un sens pour moi. J’ai d’abord voya-gé avec Julien avant de me lancer seule.

Italie, Russie, Grèce, Espagne… Même en backpack, ça reste un certain in-vestissement pour une étudiante… non ?

Aujourd’hui, pour voyager je n’ai pas be-soin de plus d’argent qu’à l’ordinaire :

je ne paye pas le transport puisque je me déplace en stop. Je ne paye pas l’hé-bergement puisque je dors chez des gens grâce à di-verses associations comme Couchsurfing, Bewelcome, Hospitalityclub ou simple-ment chez des connais-

sances, ou encore en demandant aux gens dans la rue de m’héberger (à la manière de « J’irai dormir chez vous »).

> J’ai donC déCidé de partir un mois pour Comparer le théâtre fran-çais et le théâtre allemand.

dossier -�CARNETS DE VoyAGE� CARNETS DE VoyAGE -�dossier�

Page 11: Le Scandaleux Mag' X

LE�SCANDALEUX�MAG’�-�N°10�-�HIVER�2010-2011� 11

Au cours de ces voyages, j’ai rencontré énormément de gens qui m’ont appris à vivre de manière autonome, c’est-à-dire sans argent : je sais où manger, comment me déplacer, comment dormir, comment m’ha-biller sans argent. Et l’autonomie, c’est ce qui me permet de voyager autant, de m’ouvrir à autant d’ho-rizons sans être limitée par les contingences matérielles.

Et comment tu t’organises ?

J’ai plusieurs types de voyages : les voyages week-ends que je fais sou-vent seule car j’ai besoin d’aller très vite (une femme seule avance très vite en stop […, ndla]). Par exemple, j’ai fait Trêves-Prague en un week-end. Il y a les voyages-se-maine où je voyage plus souvent accompagnée et pendant lesquels je fais de nombreuses pauses et prends le temps de découvrir les endroits par lesquels je passe. Je suis allée en Espagne avec un ami de cette façon et nous nous sommes arrêtés à Lyon, Montpellier, Perpignan, Reus,... Enfin, je fais des voyages-projets. Ce sont des voyages construits pour lesquels j’essaye d’obtenir aides et subventions. Ce fut le cas pour mon voyage en Allemagne avec l’OFAJ ou encore pour mon voyage en Grèce, subventionné par Zellidja, qui m’a permis de me pencher sur la musique tradition-nelle, et de monter un blog-carnet de voyage.

Tu n’arrêtes plus ces derniers temps, toujours sur la route, toujours un projet en tête…

Chaque voyage m’apprend quelque chose et m’enrichit. Les grands voyages en particulier ont un but, je veux apprendre. Par exemple en Grèce mon but était de réussir à dormir trois semaines chez des personnes rencontrées dans la rue, en changeant presque chaque jour d’hébergement. Là je viens de démarrer un trip en vélo et je veux savoir si je réussirai. C’est un défi physique car je ne suis pas du tout

sportive. Je vais également me rendre au Portugal et j’ai comme défi de faire de

l’avion-stop.

Avion-stop ??

Bien sûr ! Il existe pleins d’en-gins que tu peux stopper. J’ai déjà fait du péniche-stop, du yacht-stop, de l’autostop, du train-stop mais il existe aussi l’avion-stop,... Tout moyen de transport est sus-ceptible d’être stoppé. Ce qui est génial en stop c’est que chaque voiture ou chaque véhicule est un voyage, une rencontre, une aventure. Quand tu rentres dans une voiture, tu découvres une ou des personnes que tu n’aurais peut-être sûrement jamais ren-contré dans la vie. Dans ta vie quotidienne, tes rencontres sont organisées autour de tes activi-tés. Autour de ton lieu d’étude, des endroits où tu sors, de ta famille,... En stop, tu tombes sur des gens très éloignés de ton

milieu : des riches, des pauvres, des très jeunes, des vieux,

des familles, des immigrés, des gens qui connaissent la région par cœur, des pilotes d’avion, des recru-teurs sportifs, des militaires,... Même si tu ne t’entends pas for-cément avec chaque personne qui te prend, chaque personne peut t’apprendre quelque chose sur elle, sur ce qu’elle est, ce qu’elle vit et ainsi tu te débar-rasses de tes œillères.

Pour moi le voyage c’est accéder à une vraie liberté de pensée. Plus tu voyages, plus tu sors de ton pe-tit cocon et tu t’ouvres des pers-pectives de pensée que tu n’au-rais pas imaginées. Tu découvres des gens, des endroits totalement inconnus et qui changent la route que tu t’étais au départ fixée.

■ MANDELA VERDEAU

> J’ai Comme défi de faire de l’avion-stop.

dossier -�CARNETS DE VoyAGE� CARNETS DE VoyAGE -�dossier�

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12� LE�SCANDALEUX�MAG’�-�N°10-�HIVER�2010-2011

L’Amérique du Sud n’est pas l’unique Eldorado des voyageurs en quête d’aventure. Non, dans une toute autre direction, il existe un pays mystique, tellement puissant qu’une patholo-gie psychique porte son nom : l’Inde. Le syndrome indien est dû à un excès de dépaysement. Comment en effet ne pas être touché au plus profond de soi par ce pays où tout bouleverse : la foule, les odeurs, la force du climat, l’omniprésence du religieux, de la mort et de l’étrange.

Des plaines du Gange, au désert du Rajasthan en passant par les bords de l’Himalaya, l’Inde est un

pays qu’il faut découvrir tant qu’on est jeune et fauché. Et surtout, tant qu’on a encore soif de conquêtes, d’inconnu et d’aventure. Récit d’une expérience.

On pénètre dans le pays par l’aéroport Indira Gandhi. L’immersion est instan-tanée. Aux touristes occidentaux par-tis à l’assaut du pays en sac à dos, se confrontent quelques Sikhs coiffés de leur grand turban et même des moines bouddhistes, portable à l’oreille, en train d’attendre leur correspondance. Au bar de l’aéroport, on découvre avec curiosité que la marque qui produit la bière natio-nale, la Kingfisher, est aussi une compagnie d’aviation. Delhi n’est pas loin mais sa cacophonie ambulante ne donne pas envie d’y rester longtemps. La rusticité est partout et il n’est pas rare de croiser encore une vache solitaire perdue dans le dédale labyrinthique

des vieilles rues. La splendeur d’un passé grandiloquent s’exprime à travers des monuments gigantesques tels que la grande mosquée de Delhi ou le Fort Rouge. Dans la vieille ville, des marchés à ciel ouvert approvi-sionnent la population en tissus, en épices et en aliments. Même un pâle touriste fraichement débarqué s’en-fonce dans la foule en passant inaper-çu tant l’ambiance est en ébullition. Non loin de là, on prend aisément un métro ultramoderne pour consom-mer un Mac Maharaja dans un des nombreux McDonald’s de la ville. Mac Maharaja car tous les menus ont

été adaptés à ce pays qui compte à lui seul plus de végétariens que dans le reste du monde. On lève le bras et un rick shaw (voiturette à trois roues) nous conduit à la gare en pas-

sant devant la Connaught Place, les Champs Elysées indiens, où les riches

indiennes en sari pénètrent dans les boutiques des magasins Zara.

Il n’y a pas de meilleure façon de voyager à tra-vers l’Inde que par le train. Certes c’est un peu long et on met envi-ron douze heures pour faire six cent kilomètres. Mais à ce rythme, on a

le temps de voir passer le paysage en laissant tranquillement balloter ses jambes par la porte du wagon. Les gares sont une attraction en elle-même et les valises nous tombent des mains quand on découvre une nuée d’Indiens allongés à même le sol, en train d’attendre leur train. L’agitation et le bruit sont plus forts que dans une salle de marché, mais malgré l’apparente pagaille, on parvient toujours à décrocher son ticket de train pour une pre-mière classe qui concurrence à peine la seconde classe en France.

Arrivé dans son compartiment, on comprend enfin la force du pays. Une famille indienne qui partage l’espace

> il n’y a pas de meilleure façon de voyager à travers l’inde que par le train.

> l’agitation et le bruit sont plus forts que dans une salle de marChé

Carnet de voyage : Cap sur l’Inde

dossier -�CARNETS DE VoyAGE� CARNETS DE VoyAGE -�dossier�

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avec vous, engage la conversation dans un anglais hasardeux. L’amitié se crée et gé-néreusement elle vous propose de parta-ger un bout de repas. Proposition que vous acceptez à contrecœur, sachant la quan-tité d’épices qui va vous brûler la bouche.

Quatorze heures de train vous condui-sent de Delhi à Bénarès, la ville sacrée au bord du Gange. Bénarès est la ville la plus

intense d’Inde car la religion y est omniprésente, la mort aussi. Mourir à Bénarès est un privilège, car qui s’y éteint échappe au cycle infernal de la réincarna-tion. Le long des rives du Gange, des vieillards sou-

riants vous jettent des regards doux. Ils viennent de tous les coins du pays, sen-tant que leur heure ne tardera pas à arriver. Dans une des nom-breuses Guest Houses qui longent le fleuve, on peut prendre le temps de rencontrer quelques visiteurs internationaux. Com-bien d’amis ne se fait-on pas en Inde dans ces petits hôtels où la chambre ne coûte pas plus de trois eu-ros la nuit. Sur la ter-rasse du restaurant, le petit déjeuner s’in-terrompt quand une odeur suspecte nous interpelle. Plus tard, on comprendra en voyant un corbillard passer que l’odeur de ce matin n’était pas

celle d’un barbecue. A quoi bon s’écœurer ? On relativise la mort

et on profite des nombreuses bou-tiques de soie pour acheter des souvenirs. Echarpes, fou-lards, vestes… Bénarès est aussi la ville

de la soie et on achèterait des magasins entiers si on n’ou-bliait qu’un lourd sac à dos nous attend déjà à l’auberge. Ceci n’est qu’une des nom-breuses histoires qu’on peut vivre dans le sous-continent. Partir rencontrer les commu-nautés tibétaines exilées à Dha-ramshala, traverser le désert du Thar en chameau, gravir les pentes de l’Himalaya, explorer la splendeur des plantations du Darjeeling ou encore partir sur les traces du tigre blanc… l’Inde ne pose aucune limite. Le pays compte l’un des taux de délinquance des plus faibles au monde et les euros valent de l’or face à une roupie sous-évaluée. Dépaysement garanti, l’Inde est une destination de choix.

■ EDGAR MARTIN

> bénarès est la ville la plus intense d’inde Car la reli-gion y est omnipré-sente, la mort aussi.

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Je passe l’été à New York en tant que stagiaire pour la Present Theatre Com-pany, qui produit le New

York Fringe Festival, ayant lieu fin août dans le Lower Side de Manhattan.

A mon arrivée, j’ai été frappée par la sa-leté repoussante de la ville et du subway. Il semble dater d’une autre époque et il règne une cha-leur étouffante dans les rames. Euh ...Je ravale tout de même mes critiques en pensant à l’air conditionné dont sont équipés les wagons, je m’y re-fuge et le temps du trajet, oublie la chaleur torride des rues de New York. Cher subway, je caresse du regard les personnes et cultures, différentes et variées qui cohabitent ensemble et partagent ce wagon. Je suis fasci-née par le melting-pot de cette ville.

La ligne 3 me conduit à Kings-ton avenue : je séjourne à Crown Heights, Brooklyn, un des quar-tiers juifs hassidiques de New York. Chaque quartier a son histoire. Dans

ce dernier a résidé, jusque dans les années 1990, une des grandes figures du hassidisme juif. Celui qu’on appelle le Rabbi de Loubavitch fit de ce ghetto, lieu de refuge des juifs immigrés d’Europe de l’Est, un fief où affluent encore chaque année des dizaines de milliers de juifs, venant de tous les horizons intellectuels et géogra-

phiques. L’anniversaire de sa mort a eu lieu en Juin der-nier. A cette occasion, Crown Heights a accueilli des fi-dèles du monde entier ve-nus pèleriner sur sa tombe,

et dans les rues, j’entendais par-ler Russe, Portugais, Hébreu, Yid-dish, Espagnol, Anglais et Français.Le Jeudi soir, les commerces restent ouverts jusque tard dans la soirée afin que tous puissent faire leurs courses pour préparer Shabbat, jour de repos et de fête hebdomadaire dans le ju-daïsme. Vendredi soir et samedi, en habits de fêtes, les habitants de Crown Heights se souhaitent un Good Shabbos (shabbos : prononciation ashké-nase du mot shabbat), et une ambiance particu-lière règne dans les rues. A un block du lieu où je réside, un

Cleaner reste ouvert 24h sur 24. Dans la chaleur des machines qui tournent, je reprends ma monnaie après avoir dropped off mon linge pour moins de 7$, la balance utili-sée semble avoir l’âge du vieil Afro-Américain qui me rend la monnaie.

Melting–pot. Contrastes sociaux. Pauvreté et Démesure. Welcome to New York. Les homeless sont par-tie prenante de la ville. Le regard hagard, adossés contre les murs des buildings, ils jurent avec les lumières de Times Square et l’ex-citation qui règne dans ce quartier bondé de touristes. Les inégalités sont le lot des grandes villes et New York n’échappe pas à la règle.

Retour dans le métro newyorkais : trois Afro-Améri-cains entonnent un air de gospel alors que le train me conduit vers le Fringe Central-heart of the New York Internatio-nal Fringe Festival. Ce festival, qui pro-

duit 200 shows, programme avec

> Je suis fasCinée par le melting-pot de Cette ville.

> les inégalités sont le lot des grandes villes et new york n’éChappe pas à la règle.

New york,

Mon été à New York, Juin-Août 2010.

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près de 1200 représentations dans une vingtaine de théâtres du Lower Side de Manhattan. Dans le quartier, les bâtiments d’un rouge brique ont ces esca-liers de secours par lesquels Richard Gere rejoint Julia Roberts dans Pretty Woman. Les rues ombragées regorgent de char-mants petits théâtres, et les extraits de journaux, affichés sur les murs, laissent deviner leur histoire.

Bien qu’il soit facile de se repérer dans cette ville découpée en avenues et streets, mon sens de l’orientation me fait défaut et il m’arrive de m’y perdre. J’explore alors la city. Il est bon de par-tir à la rencontre des quartiers de New York, et de respirer l’excitation am-biante d’une ville sans cesse éveillée. Je goûte à ce mélange de cultures et y respire la liberté… Elle flotte dans l’air ambiant avec un zeste de melting-pot et son arôme a une senteur particulière.

Je prends un ticket Greyhound à à Port Authority, 9th ave, 42nd street et me

voilà partie pour Washington, qui se situe à moins de cinq heures de

car de New York. Départ à 1 :30 a.m, arrivée à 5 :50 a.m, le temps de prendre un Starbucks, je me retrouve devant la Maison Blanche. La verdure fait ressor-tir le blanc éclatant des monuments, et la pureté du matin

illumine le tableau. La propreté des lieux contraste avec la saleté de New York, et le style architectural rappelle beaucoup Pa-ris. J’ai d’ailleurs l’im-pression de traverser le jardin des Tuileries alors que je marche vers le Capitole

Retour à New York : je m’engouffre dans un Starbucks à la sor-tie du métro, puis mon café à la main, remonte les blocks pour aller au travail. A l’idée que mes trois

mois de stage touchent à leur fin, la nostalgie me prend à la gorge. Je ne suis pas prête d’oublier la plage de Coney Island, ni la vue du toit de Brooklyn depuis lequel je n’ai rien raté des feux d’artifices du 4th July, ni le barbecue à cette oc-casion…J’avale une gorgée de café sans cesser de regarder autour de moi. Je ne veux rien perdre du spec-tacle de cette ville qui m’a conquise.

One thing I’m sure of, I’ll come back.

> il est bon de partir à la renContre des quartiers de new york, et de respirer l’exCitation ambiante d’une ville sans Cesse éveillée.

New york,New york

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■ SHoSHANA NACASS

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« Je n’ai pas entendu le mot magique ! » Combien de fois n’avons-nous pas entendu cette phrase ! Pourtant les Français ont la réputation de faire partie du hit-parade des touristes les plus malpolis. La politesse n’est-elle qu’une affaire de gamin ? Petit tour d’horizon.

vous offrez, afin de montrer votre ma-gnanimité et le peu d’importance que vous accordez aux choses matérielles. Evidemment, plus le cadeau aura de la valeur, plus votre effet sera réussi. Tou-jours dans la catégorie feinte et langue de bois, n’acceptez jamais un cadeau du premier coup en Grèce ; vous passe-riez immanquablement pour un indéli-cat. Au Japon, ne vous avisez pas non plus de déchirer votre cadeau en pré-sence de celui qui vous l’a offert, et re-partez sagement avec.

Ménager la hiérarchie et l’ad-ministration est l’arme fa-tale de l’honnête homme en vadrouille, quels que soient vos positions ou l’abrutisse-ment de votre interlocuteur. En Chine ce qui vous parai-tra relever de la flatterie la plus dégoulinante, n’est par-fois pas de trop : sachez dé-gainer à bon escient titres, grades et dignités. De même vous avez intérêt à porter une grande attention aux an-ciens, pour qui l’âge est en général plu-tôt synonyme de respectabilité que de chirurgie esthétique. Comme le dit si bien Paul Valéry, la politesse c’est aussi « l’indifférence organisée ».

Mais tout n’est pas si rose au doux pays des bonnes manières. Malgré un en-trainement intensif aux us et coutumes du pays vous pouvez toujours être dé-contenancé par les attitudes qui vont à l’encontre de vos réflexes les plus mé-caniques. En Inde comme en Grèce, un

«La politesse c’était mieux avant !». C’est bien connu, les jeunes ne savent plus les bonnes

manières, ils ont perdu le sens de la courtoisie et n’ont que faire du res-pect des ainés. Autant d’idées toutes faites tenaces, qui malgré un fond de vérité, sont comme de sempiternelles maximes auxquelles on accorde du crédit, et que l’on transpose à chaque génération. La Rochefoucauld ne nous avait pas attendus : «La plupart des jeunes gens croient être naturels, lorsqu’ils ne sont que malpolis et gros-siers». Autant d’idées reçues qui ont néanmoins le mérite de nous rappeler l’importance du savoir-vivre, qu’il soit sincère ou hypocrite.

A l’étranger, être poli s’impose comme une nécessité vitale si vous souhaitez séjourner sans accroc. Encore faut-il savoir que la politesse est souvent une affaire nationale, du moins si vous ne voulez pas passer pour un grossier personnage. Car même si vous avez lu tout les livres de Nadine de Rothschild et que vous en êtes ressorti indemne, cela ne suffira pas.

Il est amusant de considérer qu’il y a des faux-semblants qui servent inva-riablement. Dire le contraire de ce que l’on pense, notamment en matière de cadeaux, fait évidemment partie des fi-gures imposées. Ainsi au Japon où les occasions de s’offrir des cadeaux ne manquent pas, vous serez bien avisé de toujours dévaloriser le présent que

mouvement incliné de la tête vers le haut ou vers le bas sera synonyme de refus.

Par ailleurs, le dépaysement est par-fois si violent, que l’on se retrouve face à certains cas du « syndrome du voya-geur ». Ce sont ces bouleversements provoqués par la différence entre la réalité et les aspirations du touriste, qui peuvent aller jusqu’aux troubles psychiques - pour peu que votre nature s’y prête ou que vous ayez des antécé-

dents : extase, délire de persécution, ver-tige, confusion, hallu-cinations... En ce qui concerne les chocs relatifs au savoir-vivre, le syndrome de Paris concerne les déçus des bonnes manières idéali-sées à la française,

telles qu’elles sont censés se déployer dans un Paris fantasmé regorgeant de jeunes gens courtois. Il touche tout particulièrement les jeunes Japonaises et peut aller jusqu’à l’hospitalisation ! Au moins un danger qui ne risque pas de concerner le touriste moyen.

> en Chine Ce qui vous paraitra relever de la flatterie la plus d é g o u l i n a n t e , n’est parfois pas de trop.

Guide de survie

■ ANGELA FACHE

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culture� culture�

A modern family, comme son nom l’indique, s’intéresse à une famille d’aujourd’hui, une famille pas comme les autres, loin d’être parfaite, et tout ça pour le plus grand plaisir des téléspectateurs.

Le pitch est simple : une équipe de télévision suit le quotidien de la famille de Jay Pritchett. Récemment séparé de sa pre-

mière femme, il a épousé en secondes noces Gloria, une bombe latine. Co-lombienne, elle a un tem-pérament de feu et un fils, Manny, issu de son pre-mier mariage avec un éta-lon colombien à qui elle a tendance de tout rappor-ter. Le documentaire suit également la vie quoti-dienne de la fille de Jay et de son fils homosexuel, Mitchell, l’oc-casion pour le spectateur de suivre le quotidien d’une famille complètement barrée !

La fille de Jay, Claire, a épousé Phil Dunphy. La famille Dunphy est en ap-parence une famille comme les autres. Le père, Phil, est agent immobilier, sa femme Claire est femme au foyer et s’occupe de leurs trois enfants : Haley, Alex et Luke. Seulement voilà, la fa-mille est loin d’être tout à fait conven-tionnelle. Phil, le père, éternel ado-lescent et fou de technologie est plus soucieux d’être l’ami de ses enfants que leur père. Quant à Claire, difficile de s’imposer en tant que mère face à ces trois enfants. L’aînée, Haley, est le stéréotype de l’adolescente débile et désorientée vivant en permanence ac-crochée à son téléphone portable, pro-longement naturel de son bras. Sa ca-dette et le cerveau de la famille, Alex, voue son existence à ruiner celle de

sa famille avec au programme moque-ries sur sa grande sœur et tentatives de meurtres sur son petit frère. Quant à Luke, le petit dernier... disons qu’il a du mal à garder son pantalon…

Mitchell est lui le sté-réotype de l’homo-sexuel discret sur sa vie privée, il aimerait vivre une vie normale loin des clichés persis-tants sur les homos. Seulement, c’était sans compter sur Ca-

meron, son partenaire ; bruyant, décom-plexé, loufoque, il assume totalement son homosexualité et le revendique haut et fort. Ils sont tous les deux papas d’une petit Lili qu’ils viennent d’adopter. Vous suivez ?

Pour faire simple et vous donner envie de suivre les aventures de cette joyeuse tribu, sachez que la sé-rie qui a débuté à la ren-trée 2009 sur ABC a été dé-signée par de nombreux média comme étant « la meilleure comédie de l’an-née ». La série est sans au-cun doute une des plus belles réussites de la saison 2009/2010. Elle est certai-nement promise à un bel avenir et dans tous les cas elle offre une belle alterna-tive aux autres sitcoms qui ne se bonifient guère avec

le temps (cf. la dernière saison pous-sive de HIMYM).

Créé par Steve Levitan et Christophe Lloyd, la série démontre avec succès qu’il n’est pas de famille parfaite ni de modèle familial parfait. Dans une so-ciété où le noyau familial traditionnel a tendance à disparaitre, le fait de mon-trer une famille qui vit une expérience qui ressemble finalement à la famille d’aujourd’hui réconforte et attire de plus en plus de téléspectateurs outre-Atlantique. Quant aux spectateurs français, ils pourront découvrir la série lors de sa prochaine diffusion sur M6.

> l’oCCasion pour le speCtateur de suivre le quoti-dien d’une famille Complètement bar-rée

A modern Family

■ MERyEM MRHAR

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Music RevolutionPart II

MusiQue� � � � � � � MusiQue

Après un bref passage par Brooklyn, ses petites rues sombres, ses bâtiments de brique rouge, nous traver-

sons les Etats-Unis pour nous plon-ger au cœur de l’actualité musicale mondiale et atterrir à Los Angeles, terre d’accueil de nombreux artistes, lassés par la tournure qu’ont pris les choses à New York. La Cité des Anges, c’est l’antithèse de la Grande Pomme. Ensoleillée, horizontale et à archi-tecture chaotique, elle s’oppose radi-calement à New-York, verticale, à la fois élancée et excessivement dense.

Eh oui, ça y est ! Après le départ du groupe TV on the radio, leur produc-teur David Sitek a déjà mis les voiles il y a de cela quelques mois. A savoir qu’il est aussi le producteur des non moins connus Yeah Yeah Yeahs, de Telepathe et Scarlett Johansson. Ce-dernier, considéré comme l’un des plus brillants et des plus excentriques, a attiré l’attention de tous quant à son héliotropisme soudain. Après avoir ani-mé la scène de Brooklyn, il a été attiré par cette ex-plosion musicale de Los Angeles et sa région. Plus encore, c’est la dégradation de la situation de New York, exaspérante, qui l’avait convain-cu. On assiste en effet depuis quelques temps à un embourgeoisement de ces quartiers autrefois squattés par des musiciens sans le sous, n’ayant rien d’autre à proposer que leur musique. Et ce changement de décor semble lui réussir plutôt bien. Dès son arrivée, il s’est plongé dans un projet actuel-lement abouti, parmi tant d’autres, Maximum Balloon. Les premiers ex-traits disponibles sont réellement détonants, des morceaux électro tout

aussi délurés que les clips vi-déos qui les accompagnent.

Autre figure importante de la scène Newyorkaise et ancien membre des Strokes, Julian Casablancas a décidé de s’exi-ler à Los Angeles, cependant pour des raisons différentes – trop d’alcool et trop énervant... Et il faut dire que cela ne lui a pas desservi. Cela fait déjà plu-sieurs mois que son premier al-bum solo Phrazes for the Young est sorti. Certes on apprécie assez ce son, on voit qu’il a laissé un peu de côté ses vieux démons, mais ce n’est pas non plus grisant, parce qu’on n’est pas non plus en face du roc-ker du siècle. C’est un mec, chanteur dans un groupe d’im-berbes huppés, créateur non

pas de tendances mais d’inepties, qui avait l’habitude de jouer des morceaux avec trois ac-cords, un peu de synthé pour combler les trous. Présent notamment lors du Main Square Festival d’Arras, il nous

inonde de ses créations califor-niennes, et sublime la foule un instant, nous faisant partager ses découvertes et petits plai-sirs quotidiens dans son nouvel el-dorado. Tout comme Brooklyn l’était il y a encore quelques années, Los Angeles est la scène d’un essor ra-pide, brutal de créations musicales d’exception ! Et les Français ne me contrediront pas, tant ils aiment se plonger dans cette ambiance joint en bouche. Pour appuyer de tels dires, il y a le Festival Ooh la L.A., dont la réputation n’est plus à faire, qui ac-

> il a été atti-ré par Cette e x p l o s i o n musiCale de los angeles et sa région

cueille cette année Sébastien Tellier ou encore Revolver. Comme quoi, cet Eden réussit à tout le monde.

Soit dit en passant, cela ne m’étonne pas. Les prix sont abordables, le so-leil fait acte de présence toute l’an-née lui aussi, et les soirées branchées y pullulent à vue d’œil. Alors, à part des loyers exorbitants, je ne vois pas ce qui les retient à Brooklyn. Partez !

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MusiQue� � � � � � � MusiQue

■ ADRIEN MASSARI

L’herbe est bien plus verte à L.A. avec cet amas de jeunes gens bronzés, dé-contractés et bien sûr cultivés, parti-sans invétérés du mouvement écolo pour la plupart (ou pas au vu des 4*4 qui arpentent par milliers les routes californiennes). Eh oui, tout ce petit monde branché s’est donné le mot et l’on se retrouve avec une nouvelle communauté complètement fermée aux intrusions extérieures, telle une

gated community prête à défendre ce qu’elle a construit au cours du temps.

Ces aventuriers des temps modernes se mettent en route. Après avoir chargé leurs voitures à ras bord avec quelques fringues de seconde main trouvées dans des friperies hup-pées qui jonchent les rues de Brooklyn, et surtout leurs instru-ments usés à force de concerts et de buffs interminables, ils traversent le pays en imaginant déjà le soleil radieux les accueillant à leur ar-rivée. On rêve tous un peu de ce coin de paradis à vrai dire…

Tout a été prévu pour accueillir ces jeunes musiciens à la re-cherche d’air pur. Eh oui, il y a à cet effet le Williamsburg de L.A. ou Williamsburg

of the West : Silverlake ! Petit village vallonné de Californie, il est depuis la fin des années 90, le foyer des scènes alternative et Indie Rock amé-ricaines. Malgré un léger déclin il y a quelques années, nous assistons de-puis près de deux ans au renouveau de ce repère de musiciens fortunés. De plus, l’aubaine pour les artistes, c’est la profusion de producteurs de qualité tels que Switch et Diplo, et la quantité astronomique de studios d’enregistrements à leur disposition.

Outre le décor adéquat à l’épanouisse-ment de nouveaux groupes décalés, la région est aussi connue pour certains de ses groupes tels que No Age, the Ohsees ou encore Health, beaucoup plus bruyants que leurs homologues new-yorkais ! Des groupes novateurs, à écouter les Cold War Kids et leurs petits morceaux fort sympathiques…

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EntrEtiEn avEc :

auteur de la BD culte Sambre, Bernard Hislaire, plus connu sous l’alias d’Ys-laire, est l’un des derniers représentants de l’école belge de la BD. De 0doulle et viollette à Sambre en passant par XXe ciel.com, il est l’un des auteurs les plus originaux de

BERNARD

HISLAIRE

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Comment cette passion pour la BD est-elle née ?

J’étais comme tous les enfants, je dessinais quand j’étais petit, sauf que là j’y insérais des histoires. C’était vraiment naturel pour moi. J’avais le choix entre être ingénieur en aéronautique ou dessinateur, et j’ai choisi dessinateur (même si mes premiers des-sins représentaient des fusées partant dans l’espace). Ensuite, j’ai rencontré J.M Brou-yère, dessinateur du Journal de Spirou. Ce fut la chance de ma vie. Il m’a pris sous son aile, il m’a emmené dans son atelier. Je suis ainsi rentré dans un groupe de hippies avec lesquels j’ai vécu des tas de choses, notam-ment quand le rédacteur en chef de Spirou m’a ramené chez moi alors que j’étais à moitié bourré. (rires) C’était une ambiance très particulière à l’époque et très difficile à imaginer en ce moment. Il faut savoir que la rédaction de Spirou s’était installée dans le bistro du coin. La BD, c’était d’abord une bande de copains, de hippies ou de gens étranges. C’était vraiment une époque étrange. Ca n’a aucune commune mesure avec ce qui peut se passer maintenant.

À 13 ans, je faisais déjà un fanzine, dans lequel je faisais des interviews d’auteurs et mes propres BDs. Je correspondais avec Jacques Glénat à l’époque. Puis on s’est ren-contré à Paris, il était à peu près aussi dé-calé que nous, puisqu’il venait de Grenoble et nous de Bruxelles. C’était un tout autre monde.

Que pensez-vous de l’évolution du monde de la BD ?

Ha, c’est une question vaste. J’ai un peu tout vu, j’ai connu à peu près tous les éditeurs personnellement, certains que j’aivus commencer, comme Delcourt et Glénat.

La bande dessinée a une longue histoire, mais je retiens qu’elle était belgo-française, qu’elle est devenue franco-belge, et qu’elle ne sera bientôt plus que française. Il y a une évolution économique qui fait que les grands acteurs, comme Dupuis, Lombart, Casterman ont été rachetés par des Fran-çais. Et pour un éditeur parisien, Bruxelles paraît très très loin. La Belgique est un pays étranger, alors que quand j’ai commencé la BD, il n’y avait pas de frontière entre la Belgique, la France et la Suisse. On aimait tous la même chose, on écoutait tous la même musique. Désormais, le nationalisme a gagné du terrain. J’ai même entendu qu’à Angoulême, il voulait faire un prix spécial pour les Belges. Mais ces mouvements n’empêcheront jamais un auteur de tra-vailler. Moi, par exemple, j’étais chez Spirou et désormais, je suis chez Futuropolis, un éditeur très parisien. En réalité, il y a des mouvements de balancier. À une certaine époque, la rédaction de Spirou était l’avant-garde, puis ça s’est déplacé à Paris. Au dé-but, c’était presque anti-belge. Il y avait une fracture entre la BD commerciale belge et la BD adulte, où l’on représentait majoritai-rement des femmes nues. Tout s’est pacifié il y a une quinzaine d’années avec l’émer-gence d’une nouvelle génération, la mienne. Et puis, il y a ensuite eu un mouvement de groupes indépendants qui rejetaient la BD traditionnelle, mais bien qu’ils fussent ra-dicaux, ils ont vraiment apporté quelque chose. Mais je trouve dommage qu’ils aient rejeté une partie du monde de la BD.

Que pensez-vous du nombre croissant d’adaptations de BDs au cinéma ? Sou-haiteriez-vous que Sambre soit adapté ?

L’adaptation n’est pas un but ultime. Il y a un scénariste de cinéma, Gérard Brach qui a dit: « adapter un livre au cinéma, c’est

Bienvenue dans le monde de Bernard Hislaire

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comme faire une sculpture de la Joconde », donc quel est l’intérêt ? À moins peut-être d’avoir un Rodin pour la faire. Le pouvoir d’adaptation est très relatif. Néanmoins, il y a un enjeu financier énorme. Dans mon cas, sous certaines conditions et dans le cas où je serais le metteur en scène, ça pourrait être intéressant. Sauf bien sûr, si je tombe sur un metteur en scène qui me séduit par sa vision et qui arriverait à me convaincre de l’utilité d’en faire un film. Autant, j’aime le cinéma et j’aimerais en faire, autant je me méfie de ces adaptations que l’on peut faire en Europe. Aux Etats-Unis, la BD est différente. Par exemple, Spiderman a été fait par des dizaines d’auteurs, donc le film n’est qu’un épisode en plus parmi d’autres, donc ça choque beaucoup moins. En Eu-rope, on est quasiment assuré d’un échec artistique. À mes yeux, la seule réussite est le deuxième Astérix. Alain Chabat a réussi à transmettre l’esprit de la BD originale.

Je pense que l’un n’est pas fait pour l’autre. Il faut quand même préciser que c’est une bonne chose pour la BD au niveau du mar-ché économique. Cela valorise la BD, ça lui offre plus d’audience. Ha, mais j’ai oublié un

« Je voulais faire une BD dans laquelle je me reconnais, avec un supplément d’âme, pas un simple produit de consommation. (...) Je ne voulais pas tomber dans un système de production. »

cas exceptionnel: Persépolis. C’est un cas où l’auteur adapte son oeuvre et pour moi, le film est presque supérieur à la BD. L’uni-vers est tellement fort et comme graphi-quement la BD n’était pas un chef-d’oeuvre, elle ne pouvait que gagner, car c’est l’his-toire qui est puissante dans son cas. Je peux beaucoup plus imaginer des adaptations dans le cinéma d’animation, surtout quand on voit l’échec d’un Blueberry.

Votre série culte, Sambre, a réussi à cas-ser les codes d’une série traditionnelle en évitant une sortie régulière. Pen-sez-vous que ce modèle soit unique à Sambre ?

Sambre est un modèle rare. Quand j’étais petit, il y avait Blake et Mortimer, qui sor-tait de manière extrêmement rare. La carrière s’étend sur 25 ans et les albums étaient extrêmement rares. C’est un peu ce qu’on appelle « l’école belge ». Moi, je n’ai pas calculé, je n’ai pas pu faire autrement, parce que j’ai pris le chemin de faire une BD qui se voulait sincère, sur un thème archi connu, qui est une histoire d’amour dans un contexte historique. C’est ultra-rabattu,

donc je voulais faire une BD dans laquelle je me reconnais, avec un supplément d’âme, pas un simple produit de consommation. J’ai toujours essayé de rester sincère, de ne pas faire l’album de trop et je ne voulais pas tomber dans un système de production. Je suis un héritier des 70’s, et le commercial est quelque chose qui me fait horreur et j’ai toujours voulu faire à chaque fois le plus beau livre que je puisse faire. Pour le mo-ment, le public m’a suivi. Il faut savoir que le public de Sambre est un peu différent. D’habitude, le public est à majorité mascu-line, alors que pour Sambre, c’est à majorité féminine.

Sambre VI sortirait entre la fin de l’année prochaine et le début de l’année qui suit.

Pour la Guerre des Sambre, vous colla-borez avec la nouvelle génération de dessinateur. Que pensez-vous de cette génération ? Qu’a-t-elle de différent par rapport à la vôtre ?

Sambre est une histoire de famille, donc de plusieurs générations. J’avais envie de raconter la genèse de l’histoire de Bernard

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et Julie et montrer que la folie des Sambre remontait très loin dans l’arbre généalo-gique. Mais cette histoire représentait tel-lement de matière que je me sentais bien incapable de la dessiner tout seul. Donc j’ai décidé de faire appel à d’autres gens. J’ai eu de la chance de rencontrer Bastide et Mezil pour le premier cycle, il y en aura d’autres. Ils ont l’âge d’être mes enfants. Ce sont des virtuoses et ils se mettent au service d’un univers qui n’est pas le leur. C’est une col-laboration très respectueuse, mais pas tra-ditionnelle. Je suis le metteur en scène, je fais les esquisses, le storyboard, le scénario. Je suis un peu le chef d’orchestre et eux les artistes solistes, et ils interprètent leur par-tition avec énormément de brio. En plus, ils sont un peu contrario de la vague actuelle qu’on appelle “la nouvelle BD”. Ils sont en décalage, c’est-à-dire que la fabrication est très importante, ils aiment beaucoup le dessin figuratif.

Pour le deuxième cycle, je travaille avec Marc Antoine Boidin, qui est très différent des 2 premiers, et c’est ça qui est passion-nant, de créer une collaboration nouvelle. Ce ne sont pas des ouvriers, et c’est pour cela que je prends l’image du chef d’or-chestre. J’ai une partition à faire jouer, mais un soliste n’est pas l’autre. Et on connaît en musique l’importance de la qualité de l’interprète. Et j’espère que cela va donner une couleur différente, pour ne pas faire un sous-produit. C’est un peu comme une histoire de famille qui aurait traversé plu-sieurs générations, et comme si plusieurs peintres avaient fait le portrait d’une géné-ration. On reconnaît un air de famille, bien que les tableaux soient différents.

Hormis Sambre, la Guerre des Sambre et le Ciel au dessus du Louvre, avez-vous d’autres projets en préparation ?

J’ai un projet assez important de décoration de la gare centrale de Bruxelles, qui est un projet public d’animation virtuelle.

Pensez-vous arrêter un jour la BD ?

Evidemment, nul ne peut prévoir. Je n’ai jamais rien fait d’autres que de raconter des histoires avec des images. Je me suis rendu compte avec les années, que la BD était un lieu de grande liberté d’expres-sion en comparaison à d’autres arts. J’ai fait beaucoup de choses, notamment dans le théâtre et le cinéma, et dans tous ces milieux la liberté est nettement moindre. C’est très différent, on manque de moyen, on est moins reconnu que si l’on faisait du cinéma par exemple, mais il n’y a personne pour nous dire ce qu’il faut faire, et on a une relation privilégiée et de confidence avec le public. On est le seul maître d’œuvre. C’est nous qui choisissons. Et cette liberté est très précieuse dans notre monde actuel, et quand on a la chance d’avoir un public suffisamment fidèle pour en vivre. Donc pourquoi changer ? Mais je suis un auteur

qui a constamment évolué. Entre Bidoulle et Violette, Sambre et XXème ciel.com, c’est très différent. Je ne crois pas pouvoir arrê-ter. Peut-être qu’un jour je raconterai des histoires sous d’autres formes comme le ci-

néma par exemple. Mais le livre reste pour moi la base.

BIDOUILLE ET VIOLETTE 1. Les Premiers Mots, 1981, 2. Les Jours sombres, 1982, 3. La Reine des glaces, 1984, 4. La Ville de tous les jours, 1986

SAMBRE 1. Plus ne m’est rien, avec Balac, 1986, réédité en 2003 2. Je sais que tu viendras, 1990, réédité en 2003 3. Liberté, liberté..., 1993, réédité en 2003 4. Faut-il que nous mourrions ensemble ?, 1996, réédité en 2003 5. Maudit soit le fruit de ses entrailles, 2003

LA GUERRE DES SAMBRE, LIVRE I : HUGO & IRIS 1. Le mariage d’Hugo, 2007 2. La passion selon Iris, 2008

XXE CIEL.COM 1. Mémoires 98, 2000, 2. Mémoires 99, 2001, 3. Mémoires <19>00, 2004, 4. Mémoires <20>00, 2004,

LE CIEL AU-DESSUS DE BRUXELLES 1. Avant..., 2006, 2. ...Après, 2007

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■ BENoÎT LIMARE

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LE�SCANDALEUX�MAG’�-�N°10�-�HIVER�2010-2011� 23

BIDOUILLE ET VIOLETTE 1. Les Premiers Mots, 1981, 2. Les Jours sombres, 1982, 3. La Reine des glaces, 1984, 4. La Ville de tous les jours, 1986

SAMBRE 1. Plus ne m’est rien, avec Balac, 1986, réédité en 2003 2. Je sais que tu viendras, 1990, réédité en 2003 3. Liberté, liberté..., 1993, réédité en 2003 4. Faut-il que nous mourrions ensemble ?, 1996, réédité en 2003 5. Maudit soit le fruit de ses entrailles, 2003

LA GUERRE DES SAMBRE, LIVRE I : HUGO & IRIS 1. Le mariage d’Hugo, 2007 2. La passion selon Iris, 2008

XXE CIEL.COM 1. Mémoires 98, 2000, 2. Mémoires 99, 2001, 3. Mémoires <19>00, 2004, 4. Mémoires <20>00, 2004,

LE CIEL AU-DESSUS DE BRUXELLES 1. Avant..., 2006, 2. ...Après, 2007

Au cours d’un voyage entre l’Irlande et New-York lors du printemps 1847, Jo-seph O’Connor revient sur

un épisode tragique de l’histoire de l’Irlande: la Grande Famine de 1845-1850. Son peuple est essentielle-ment composé de métayers payant de lourds fermages aux riches pro-priétaires anglais. L’arrivée de la maladie du mildiou va contraindre les Irlandais à la famine, et au dé-part pour les Amériques dans l’es-

Trois femmes, trois récits. Entre la France, terre d’émigration, et l’Afrique, pays captif et captivant,

les destins de Norah, Fanta et Khady Demba s’entremêlent au rythme des humiliations. Norah se pisse dessus encore à 40 ans lorsqu’elle pense à son père ; Fanta végète dans un vil-lage, prise au piège par l’amour d’un mari faible ; Khady se prostitue pour tenter de gagner un jour le territoire

Marie N’Diaye,Trois femmes puissantes

Joseph o’Connor L’étoile des Mers

■ AMANDINE SENET

� culture�

européen. Histoires de trois ascensions qui entraînent ces femmes vers une chute vertigineuse et fatale, dont l’is-sue restera pourtant inconnue au lec-teur. On tente de comprendre, on espère sans oser y croire vraiment. On se perd dans les méandres d’une conscience bouleversée par la vie et le passé qui les prend à la gorge. Et on finit par s’atta-cher à elles. « Malgré les difficultés de leur vie […], elle gardent au fond d’elles une force intérieure inaltérable.[…]

poir de survivre et de faire fortune. Un bâteau vétuste, l’Etoile des Mers, prend à son bord son lot d’exilés, fuyant l’hor-reur de l’île. Une quinzaine de privilégiés voisinent avec 400 Irlandais entassés dans l’entrepont et ravagés par le ty-phus. Malgré les différences de milieu, les liens ne sont pas aussi distendus qu’il n’y paraît entre la famille de proprié-taires anglais récemment ruinés, leur servante à la vie détruite par la bruta-lité des hommes, un journaliste new-yorkais méprisant la gentry du Vieux

Continent, et un homme boiteux errant la nuit sur le pont, stipendié par un groupe d’extrémistes, lâche tueur. La complexité de ces relations est peu à peu mise à jour, à travers les différents points de vue et les fréquents flashbacks. Néanmoins, ce n’est pas tellement le voyage qui attire l’attention. La peinture de l’Ir-lande en proie à la famine est tracée avec un pinceau terrible qui ne nous épargne aucun détail sur les souf-frances du peuple de la verte Erin.

C’est en ce sens qu’elles sont puis-santes », déclare Marie N’Diaye . Elles ont conscience de leur humani-té unique et s’accrochent à ce radeau emporté par les dérives de la vie.

■ AMANDINE SENET

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Elie Saab,grand couturier

Elie Saab habille les femmes comme peu de créateurs peu-vent le faire. Ce fils d’artisan libanais a tout appris seul en véritable autodidacte et s’est imposé comme l’une des griffes les plus en vue de la planète couture. Re-tour sur le parcours de l’enfant prodige du pays du Cèdre.

L’histoire d’Elie Saab est belle comme une saga de l’été. Le petit Elie nait en 1964 à Beyrouth, capitale

du Liban ; ce fils d’un marchand de bois et d’une mère au foyer est atti-ré très jeune par la couture. Enfant, il dessine déjà des robes pour ses sœurs, des robes qu’il confectionne en recyclant les rideaux de sa mère ! A 18 ans, le prodige rejoint une école de couture à Beyrouth et devient rapide-ment le chouchou du gotha libanais. Le talent d’Elie lui ouvre rapidement les portes de la Ca-mera Nazionale de la Moda de Rome où il se frotte aux plus grands créa-teurs Italiens. Beyrouth, Rome puis enfin Paris, saint des saints pour cet amoureux de la mode. C’est précisé-ment dans la capitale française que le créateur s’impose comme une des fi-gures incontournables de la mode. En 2002, il s’installe au cœur du triangle

d’or où il ouvre un salon de couture où une clientèle venue du monde en-tier s’arrache ses créations chics et élégantes. Depuis, le créateur a ou-vert des boutiques aux quatre coins du monde.C’est durant l’année 2002 que le talent du créateur est révélé au grand jour. Lors de la 72ème céré-monie des Oscars, Halle Berry porte une robe du styliste. L’image marque-ra la presse mode pour longtemps : l’actrice se présente à la cérémonie dans une sublime robe lie de vin au buste rebrodé. Halle Berry reçoit l’Oscar et le créateur bénéfi-cie d’une publicité sans précédent. L’image fait le tour du monde et le créateur se voit propulsé dans la

cour des grands noms de la mode. Depuis Elie Saab est devenu le chou-chou des plus grandes stars. Parmi les admi-ratrices du styliste, on retrouve certaines des it girls les plus en vues du moment : Marion Cotillard, Sarah Jessica Parker ou encore Kirsten

Stewart font partie des presti-gieuses amatrices du couturier. Le secret d’un tel succès : ses ra-cines libanaises et son expérience au contact des grands noms de la cou-ture européenne marquent un style inimitable. Le style Saab est une véri-table invitation au voyage, au carre-

four entre Orient et Occident, l’artiste libanais décline son talent au fil des collections. Chez ce génie de la mode, les matières nobles valsent avec les

tissus les plus fluides. Matériaux riches, brode-ries, pierres précieuses épousent les modèles du créateur pour sublimer la silhouette féminine. Le perfectionnisme d’Eli Saab le pousse à voyager autour du monde pour trouver les plus beaux

tissus. Couture ou prêt-à-porter, le style Saab, variation autour de l’élé-gance, est devenu un incontournable des red carpets et de la garde robe des amatrices de mode aguerries.

> enfant, il dessine déJà des robes pour ses sœurs, des robes qu’il ConfeCtionne en reCyClant les ri-deaux de sa mère !

> le style saab est une véri-table invitation au voyage, au C a r r e f o u r entre orient et o C C i d e n t .

■ MERyEM MRHAR

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Lille, “capitale de la Flandre” ? Si cette expression peut surprendre, elle en révèle le statut frontalier. Ville disputée, elle n’est française que depuis 1667, date de sa prise par Vauban. Son architecture, pour le moins... éclectique, est le signe de cette histoire mouvementée.

Déjà, pourquoi “Lille” ? Parce que “l’île” bien sûr. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, mais il y a au départ plu-

sieurs cours d’eau (dont la Haute et la Basse Deûle), qui en se joignant ont créé une île, sur laquelle se sont ins-tallés les premiers Lillois, autour du XIe siècle. Elle fait tout d’abord partie du Comté de Flandre, et de-vient un carrefour commer-cial, comme en témoigne la foire aux draps de Lille (XIIe siècle). Malgré la vic-toire de la France à la guerre opposant la Flandre, l’An-gleterre et le Saint Empire Germanique à la France, Lille reste gouvernée par une Flamande, Jeanne de Flandre. Elle fonde alors l’hôpi-tal Comtesse en 1236, encore debout aujourd’hui, rue de la Monnaie. Sous tutelle française entre 1304 et 1369, Lille devient bourguignonne ensuite : forte de 25 000 habitants, Philippe Le Bon en fait la capitale administrative et financière du duché en 1445 ! Mais ce n’est pas fini car en 1477, Marie de Bourgogne, héritière de Charles le Téméraire, se marie avec Maximi-lien d’Autriche : Lille tombe alors aux mains des Habsbourg, et devient es-pagnole, sous le contrôle d’abord de Charles Quint, jusqu’à Philippe IV d’Espagne.

Son histoire mouvementée ne cesse pas : entre 1560 et 1582, les calvinistes locaux, entraînés par la ré-volte des protestants bataves, tentent en vain de reprendre la ville. Dernier

souvenir de la domination flamande, la Vieille Bourse est bâtie en 1652-1653.

C’est en juillet 1667 que le destin de Lille bascule : Vauban parvient à reprendre la ville pour le compte de la France. Nommé gouverneur par Louis XIV, il modernise la ville : c’est ain-

si que sont créés la Cita-delle, mais aussi les quar-tiers de Saint-André et la Madeleine ! Lille com-mence à prendre l’aspect que nous lui connaissons. En 1792, Lille parvient à résister aux assauts au-

trichiens, et en guise de récompense, voit s’ériger la “colonne de la Déesse”, sur la Grand’Place.

Au XIXe siècle, et sous la pression de l’industrie minière, la canalisation de la Deûle se termine, pour prendre l’aspect qu’on lui connaît aujourd’hui. Or, ces travaux avaient débuté sous Jeanne de Flandre ! Profitant à plein de la Révolution Industrielle, la pré-fecture du Nord devient opulente, mais entre en mutation : Lille la ca-tholique devient ouvrière - elle élit le premier maire socialiste de France en 1896.

C’est enfin sous l’impulsion de Pierre Mauroy, maire de 1974 à 2001, que Lille se renouvelle. La liste est im-posante : rénovation du Vieux-Lille (aujourd’hui quartier chic, ce qu’il était loin d’être dans les années 70), construction du quartier d’affaires Euralille, installation du premier mé-tro automatique au monde, de la pre-mière ligne de TGV et mise en place de la communauté urbaine. C’est grâce à tous ces travaux qu’elle a l’as-pect qu’on lui connaît aujourd’hui, fruit d’une histoire riche, complexe et mouvementée sur tous les plans.

> pourquoi “ l i l l e ” ? p a r C e que “l’île”bien sûr.

Lille dans le temps, au coeur des cultures

■ VALENTIN FLUTEAU

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Préparation : 25 minutes Cuisson : 45 minutes

INGREDIENTS (pour 8 personnes) 200g de confiture de coco 250g de pâte brisée250g de sucre de canne

PREPARATION

Foncez un moule à tarte avec la pâte brisée. Mélangez la confiture de coco refroidie et la crème patissière. Versez sur le fond de tarte cru. Battez les oeufs entiers avec le sucre puis ajoutez la farine. Ajoutez cette préparation dans le moule, jusqu'à 1,5cm du bord. Passez au four et laissez cuire 45 minutes à 160°C.

LE ToURMENT D’AMoUR

250g de farine50cl de crème pâtissière6 oeufs

n O s P a R T e n a I R e s

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ILs nOus FOnT cOnFIance, FaITes nOus cOnFIance aussI !

enVOyez un maIL à [email protected]

La recette de ce délicieux petit gâteau, au nom si particulier, nous vient de l’archipel des Saintes, dans la Caraïbe.

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LE�SCANDALEUX�MAG’�-�N°10�-�HIVER�2010-2011� 27

Horizontalement

1. Genre pour grands voyageurs.2. Au cœur du problème et de la solution.3. De canalisations pour évacua-tion.4. Violemment saisie.5. Molécule de biochimiste.6. Pour vocatif latin. Unité de comptabilité.7. Pour expliciter. Coulée de lave. Habille la jambe.8. Occultera.9. Souvent lassant.

Verticalement

A. Bien embarqué.B. Aime contes et comtes. Nomme la rose.C. Après le pain. Un gourmand l’aime petit.D. Créait des liens.E. Tranche pour poissonnier. Pour ma pomme…F. Barre bien au Brésil. Etain à formule.G. Parfois passés sous le nez. Respecté la direction (a)H. Transformées. Pour lopin.I. Anneau à pied marin. A vu rouge à sa roulette.

MoTS CRoISéS...de L’IMPoSSIBLE ?

A B C D E F G H I

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9

HoRoSCoPE et lettres qu’on pétrit...

La solution sur www.lescandaleuxmag.fr

BélierAllant en forme, ne courez pas tant de buts divers, vous en perdriez votre belle mine.

Taureau Vous saurez distinguer des vers à l’envi dans nos colonnes déchirantes.

Gémeaux Pensez à lui, être proche est émouvant mais l’attente offre des plaisirs qu’on ne fait qu’un instant.

Cancer Blessée par un sureau serait un comble, prenez gare, les plants sont glaçants !

Lion Vous faites mander trop de confrères de Paris sans qu’on les batte, tentez à Beaumont le Vicomte.

ViergeVous goûtez les farces grecques et avez jolie ouïe, mais restez trop acculé à l’an-tique.

BalanceAux sites de Bologne, votre compagne préfère les mines de Pompéi, jugez votre mie en taclant.

ScorpionAssis sur un banc l’air bou-deur et mutin, vous songerez à passer la berge du grand ravin

aux congés prochains.

SagittaireContente de votre sort, votre femme peu déçue vous fera brûler d’envie et pistera la lune reluisante.

CapricorneButé, vous luttez pour une bonne culture, alors apprenez que le Var ne se déverse pas dans l’Oder.

VerseauGénéreux, c’est à l’ami que vous offrez le vin, mais vous avez omis ces hommes, agis-sez fortement, assez vite.

PoissonsLa tenue de votre copine sera très « mode » en hiver. Soyez d’avis de la montrer et voya-gez, votre muse aimera les beaux châteaux.

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ILs nOus FOnT cOnFIance, FaITes nOus cOnFIance aussI !

enVOyez un maIL à [email protected]

■ JTP

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