Le rôle du texte et de l’image pour mieux surprendre le ......Le rôle du texte et de l’image...
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Le rôle du texte et de l’image
pour mieux surprendre le
lecteur
Découvrir l’album sans texte
Cette rencontre était organisée par l’association Mille-feuilles et Petit Lu, en
partenariat avec la Médiathèque Samuel Beckett de Guérande, la Bibliothèque
Départementale, l’Agence Quand les livres relient, la Librairie « L’esprit large » de
Guérande et la Caisse d'Allocations Familiales de Loire Atlantique.
La journée a été animée par
Christine Rosso,
Vice-présidente de l'Agence Quand les livres relient.
Sophie Van der Linden, critique littéraire et
romancière a développé avec conviction
« Le rôle du texte et de l’image pour mieux
surprendre et séduire le lecteur »
Dominique Rateau, orthophoniste
et présidente de l'Agence Quand les livres relient
a traité avec passion
« Lire des livres d’images
à tous les âges de la vie… »
Quand ? Comment ? Avec qui ? Quels livres ?
Junko Nakamura, auteure-illustratrice
a été questionnée
par Sophie Van der Linden à propos de
ses choix et de ses techniques.
Eanswida Aubin, lectrice du réseau de l'Agence Quand les livres relient,
nouvellement arrivée en Loire-Atlantique, nous a lu...
93 participants dont :
57 salariés
40 des médiathèques, bibliothèques, BCD
7 professionnelles de la petite enfance travaillant dans un multi accueil
2 orthophonistes
6 puéricultrices
1 médecin de PMI et 1 interne
38 bénévoles
4 des bibliothèques
9 de « Lire et faire lire »
13 parents, grands-parents, conteuse,
lectrices...
16 Mille-feuilleuses
53 questionnaires de satisfaction nous ont été retournés.
Dans l’ensemble, les participants ont fait part de leur intérêt avec beaucoup
d’enthousiasme pour les conférences qu'ils ont jugées différentes et
complémentaires.
Les lectures d’albums par Dominique RATEAU et Eanswida AUBIN ont été
plébiscitées. Une professionnelle conclut, même, que cette journée remet en cause
sa pratique auprès des jeunes enfants…
Les bibliographies ont été appréciées. (Ci-joint en annexe)
Des réserves sur l’intervention de Junko NAKAMURA ont été mentionnées mais l’un
des participants a conclu en disant « mais peut-on tout expliquer ??? ». Nous avons,
cependant, constaté qu’elle a été très sollicitée pour dédicacer ses albums en fin de
journée !
Sur le plan matériel, 11 participants ont regretté la température trop fraîche de la
salle et le manque de pauses…
Beaucoup ont noté que Christine Rosso est un chef d’orchestre hors norme !
Les choix d’albums de Nadine la libraire, ont passionné tout le monde !
De nombreux et chaleureux remerciements sont adressés aux organisateurs et aux
bénévoles de l’association.
Sophie VAN der LINDEN :
Voici ce que nous retenons de cet apport vivant et passionnant :
L’historique de la place de l’image dans le texte avec le choix de ce
mouvement artistique anglais qui souhaite toucher l’enfant dés1878 dans
le contexte du livre-jeux…
Quelle est la place de l’image dans le texte quand elle n’est pas
redondante ? quels sont ses secrets, ses surprises, ses jeux aussi… ?
Un exemple : l’histoire de Babar de Jean de Brunohff. Dans la page où
Babar se sauve, l’auteur joue avec la perspective du chemin et de la taille
de Babar. Ce chemin fait aussi grandir Babar qui devient adulte.
La lecture du texte par l’adulte ne gêne pas l’enfant qui lit l’image
simultanément.
Certaines traductions peuvent être maladroites :
Un exemple « Rosie’s Walk » de Pat Hutins, la traduction de ce titre
américain, la promenade de Rosie devient « Gare au renard »
Pourquoi ne pas faire confiance à l’enfant qui est capable de découvrir par lui-
même le danger que court la poule…
Dominique RATEAU : passionnante, comme à son habitude,
Dominique propose une métaphore à la lecture de la partition de musique
elle fait allusion à ceux qui pourraient « savoir lire les notes sans entendre
la musique… ».
Elle nous rappelle que :
o le bébé a la capacité de lire le monde avec ses 5 sens en éveil.
o les situations de lectures permettent des rencontres de lecteurs
dont l’un est le Bébé qui lit déjà à sa façon, sans posséder les
mots…Le bébé est porteur de la rencontre avec l’adulte et il est en
demande de découverte…
o chaque lecteur est singulier et que l’adulte ne doit pas choisir à sa
place.
o l’important est de continuer de s’interroger, d’accepter de ne pas
voir la même chose, chaque nouvelle lecture pouvant apporter de
nouvelles découvertes, de cultiver le doute !
Elle nous lit « Canard ! Lapin ! »
d’Amy Brosse Rosenthal et de
Tom Lichtenheld
(Kaléidoscope)
o la lecture individualisée et les choix de livres à proposer font partie
des priorités… Nous n’avons pas à décider de ce qui doit intéresser
les Bébés. Nous devons cultiver chez le petit ses capacités à
découvrir le monde en développant sa pensée qui fonctionne par
associations d’idées.
o Il n'y a pas de hiérarchie pour acquérir des connaissances.
o Il n'y a pas d’objectifs à atteindre mais des moments intenses à
partager dans le moment présent… En effet, les artistes nous
emmènent dans des ambiances indicibles et variées. Ils
réinterprètent le monde, ils nourrissent l’imaginaire de l’enfant
comme celui de l’adulte et leur capacité de création…
o il ne faut pas oublier de prendre le livre, de l’ouvrir, le fermer, y
revenir car la répétition est aussi source de création…
Exemple « Pomme, pomme, Pomme » de Corine Dreyfuss chez Thierry
Magnier. « Pommier. Pomme. Poum ! Tombée. Croc ! Croquée… » Ne
reste que la graine, qui une fois arrosée, donnera à son tour un
pommier…. Pour tout recommencer.
Échanges entre Sophie Van Der Laden et Dominique Rateau :
Pourquoi l’album sans texte ? A qui s’adresse-t-il ?
La rencontre n’est possible entre l’enfant et l’adulte que si le lecteur trouve
le rythme de l’enfant…
La lecture de l’album sans texte (narratif cependant) se fait dans le silence.
L’adulte ne transmet pas ses émotions à l’enfant, il ne prive pas l’enfant de
sa découverte de l’histoire. L’adulte peut disparaître derrière le livre pour
que l’enfant puisse vivre pleinement ses émotions, l’adulte reste témoin et
disponible pour continuer la lecture au rythme de l’enfant
C’est l’enfant qui guide l’adulte à condition que l’adulte connaisse l’album
(sinon, il dira simplement à l’enfant qu’il ne connaît pas ce livre…)
Il arrive que l’adulte ait perdu la lecture de l’image, de l’album sans texte…
Cette lecture est bien plus difficile que celle du texte !
Avant 3 ans, la lecture individuelle s’impose (pas de lectures collectives) et
c‘est l’enfant qui choisit son livre.
Il est important de faire confiance à l’enfant mais aussi à l’artiste qui
fait lui-même confiance à l’enfant.
Retour d’Adeline, lectrice de Mille-feuilles : « J’ai acheté l’album La visite de
Junko. Je l’ai présenté à ma fille qui m’a d’abord demandé pourquoi il n’y avait rien
d’écrit ? Quand je lui ai dit qu’elle pouvait imaginer l’histoire comme elle voulait, elle a
pris le livre, exploré les pages dans tous les sens sans chronologie, promené le livre
dans toute la maison, laissé de côté, revenue vérifier une page, répartie... etc. Puis
elle a commencé l’histoire : sur la première page s’est instauré un long dialogue
entre les 2 enfants. Sur la page où le chat blanc entre dans la maison : c’est un chat
qui est venu demander des bonbons ou un sort mais comme le chat noir n’avait pas
de bonbons, il lui « offra » le thé (j’ai adoré voir ma fille utiliser des temps de
narration, parfois maladroitement aussi ! ». Puis la page vers les 3/4 du livre où le
chat noir regarde par la fenêtre les 2 enfants qui entrent à la maison : pour elle le
chat regarde le sapin, car c’est un très beau sapin et c’est un chat qui aime les belles
choses...
Je pense que j’ai maintenant beaucoup de nouvelles belles expériences à vivre avec les albums sans texte ...
A la maison, au travail ou à la coulée verte ! »
Entretien de Junko Nakamura : Pourquoi ce choix d’absence de texte ?
Délicatement questionnée par Sophie Vander Linden, Junko évoque son
enfance, partage ses techniques d’illustrations mais reste discrète sur ses
sources d’inspirations…
Elle affectionne la gravure, le noir et le blanc.
Elle superpose aussi les
couleurs
en couches séparées
à l’aide de pochoirs.
Mais elle aime varier les techniques et utilise aussi les feutres, outil préféré
des enfants…
Junko, est repartie avec ses secrets, nous laissant enthousiastes devant ses
œuvres…