LE RÉCHAUFFEMENT PER OPÉRATOIRE : Analyse des pratiques …
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ÉCOLE D'INFIRMIER(E)S ANESTHÉSISTES DIPLOMÉ(E)S D'ETAT
LE RÉCHAUFFEMENT PER OPÉRATOIRE :
Analyse des pratiques au sein du CHU de Poitiers
Par
Marion SAID
Sous la Direction
Docteur DUBOIS Marie-Cécile
Médecin Anesthésiste Réanimateur – CHU de Poitiers
Monsieur FOULONNEAU Stéphane
Infirmier Anesthésiste Diplômé d'Etat- CHU de Poitiers
Septembre 2020
UE9 : MÉMOIRE PROFESSIONNEL
En vue de l'obtention du diplôme d’État d'Infirmier(e) Anesthésiste
PRÉFET DE LA RÉGION NOUVELLE-AQUITAINE Charte anti-plagiat de la Direction régionale et départementale de la jeunesse, des sports et de
la cohésion sociale Nouvelle-Aquitaine La Direction régionale et départementale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale Nouvelle-Aquitaine délivre sous l’autorité du Préfet de région les diplômes du travail social et des auxiliaires médicaux et sous l’autorité du Ministre chargé des sports les diplômes du sport et de l’animation. Elle est également garante de la qualité des enseignements délivrés dans les dispositifs de formation préparant à l’obtention de ces diplômes. C’est dans le but de garantir la valeur des diplômes qu’elle délivre et la qualité des dispositifs de formation qu’elle évalue que les directives suivantes sont formulées à l’endroit des étudiants et stagiaires en formation. Article 1 : Tout étudiant et stagiaire s’engage à faire figurer et à signer sur chacun de ses travaux, deuxième de couverture, l’engagement suivant :
Je soussigné Marion SAID
atteste avoir pris connaissance de la charte anti-plagiat élaborée par la DRDJSCS Nouvelle-Aquitaine et de m’y être conformé.
et certifie que le mémoire/dossier présenté étant le fruit de mon travail personnel, il ne pourra être cité sans
respect des principes de cette charte
Fait à Poitiers Le 22/07/20 Suivi de la signature. Article 2 : « Le plagiat consiste à insérer dans tout travail, écrit ou oral, des formulations, phrases, passages, images en les faisant passer pour siens. Le plagiat est réalisé de la part de l’auteur du travail (devenu le plagiaire) par l’omission de la référence correcte aux textes ou aux idées d’autrui et à leur source »
1.
Article 3 : Tout étudiant, tout stagiaire s’engage à encadrer par des guillemets tout texte ou partie de texte emprunté(e) ; et à faire figurer explicitement dans l’ensemble de ses travaux les références des sources de cet emprunt. Ce référencement doit permettre au lecteur et correcteur de vérifier l’exactitude des informations rapportées par consultation des sources utilisées. Article 4 : Le plagiaire s’expose aux procédures disciplinaires prévues au règlement intérieur de l’établissement de formation. En application du Code de l’éducation
2 et du Code pénal
3, il s’expose également aux poursuites et peines
pénales que la DRDJSCS Nouvelle-Aquitaine est en droit d’engager. Cette exposition vaut également pour tout complice du délit. _____________ 1 Site Université de Genève http://www.unige.ch/ses/telecharger/unige/directive-PLAGIAT-19092011.pdf
2 Article L. 331-3 du Code de l’éducation : « les fraudes commises dans les examens et les concours publics qui ont pour objet l’acquisition d’un
diplôme délivré par l’Etat sont réprimées dans les conditions fixées par la loi du 23 décembre 1901 réprimant les fraudes dans les examens et concours publics ». 3 Articles 121-6 et 121-7 du Code pénal.
REMERCIEMENTS
J'adresse mes sincères remerciements à toutes les personnes qui m'ont apporté de l'aide et
du soutien durant ces deux années et dans la réalisation de ce travail de recherche, en
particulier :
Le Docteur Marie Cécile Dubois, Médecin Anesthésiste Réanimateur au CHU de
Poitiers, pour son aide précieuse, ses conseils éclairés et sa disponibilité. En tant que
Directeur de mémoire, elle m'a guidé dans l'orientation de mon travail et m’a apporté
les notions et visions nécessaires à la réalisation de ce travail de recherche.
Monsieur Stéphane Foulonneau, Infirmier Anesthésiste Diplômé d’État au CHU de
Poitiers, pour sa grande implication tout au long de la réalisation de ce mémoire, pour
ses conseils précieux et le temps qu'il m'a gentiment consacré.
L'équipe encadrante de l'école d'infirmier(e) anesthésiste
Les équipes ayant permis le recueil des données (IADE et SSPI)
Mon Mari, mon fils et ma petite sœur pour leurs soutiens indéfectibles ainsi que les
bénévoles de la Croix-Rouge française sans qui je ne serais pas là aujourd’hui.
Mes collègues de promotion. Merci pour ces beaux moments de camaraderie et
d'accompagnement tout au long de cette aventure qu'est la formation d'infirmier(e)
anesthésiste.
GLOSSAIRE
AG: Anesthésie Générale
ASA: American Society of Anesthesiologists
ALR : Anesthésie Locorégionale
CHU : Centre Hospitalier Universitaire
CNIL : Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés
CPP : Comité de Protection des Personnes
CAP : Couverture à Air Pulsée
DL : Décubitus Latéral
DV : Décubitus Ventral
IADE : Infirmier(e) Anesthésiste Diplômé(e) d’État
IMC : Indice de Masse Corporelle
SFAR : Société Française d'Anesthésie Réanimation
SSPI : Salle de Surveillance Post Interventionnelle
RFE : Recommandations Formalisées d’Experts
Sommaire
I. Introduction ................................................................................................................................1
II. Rappels : .....................................................................................................................................2
III. Objectifs de l’étude : ...............................................................................................................6
IV. Étude :.....................................................................................................................................7
V. Résultats .....................................................................................................................................9
VI. Analyse et discussion ............................................................................................................. 17
VII. Limites de l’étude .................................................................................................................. 20
VIII. Propositions et perspectives .................................................................................................. 21
IX. Conclusion............................................................................................................................. 23
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ...................................................................................................... 24
ANNEXES .......................................................................................................................................... 25
1
I. Introduction
Mon premier stage dans le milieu de l’anesthésie fut une découverte et a suscité de
nombreuses interrogations face aux situations rencontrées. Le réchauffement per opératoire
des patients anesthésiés est utilisé quotidiennement par les différents professionnels mais
chacun y porte une attention différente. La réalisation de ce travail est parti de ce constat.
Cette étude fait suite aux recommandations 2018 de la Société Française d’Anesthésie
Réanimation (SFAR) concernant la prévention de l’hypothermie. Celle-ci insiste sur la
nécessité d’effectuer un réchauffement per opératoire des patients anesthésiés. L’utilisation
de moyens de réchauffements per opératoire est connue de tous, les méthodes permettant
de lutter contre l’hypothermie per opératoire étant enseignées lors de nos deux années de
spécialisation1. Celle-ci comprend un enseignement théorique et pratique dispensé par les
différents professionnels. La physiopathologie de l’hypothermie per opératoire, l’impact des
thérapeutiques sur l’autorégulation thermique et les conséquences de cette hypothermie
pour le patient sont ainsi abordés à l’école. La mise en place des sondes thermométriques,
l’utilisation des réchauffeurs de perfusion et des réchauffeurs à air pulsé sont, eux, vus sur les
terrains de stage.
La mise en place de la couverture à air pulsé (CAP) est un geste courant dans les blocs
opératoires. Le CHU de Poitiers en a consommé 180602 pour l’année 2019. Il existe de
nombreux modèles de CAP en fonction des fournisseurs, des nouveautés étant par ailleurs
régulièrement apportées à ce système de réchauffement. Chaque modèle de CAP possède
des indications spécifiques et doit s’utiliser avec le moteur adéquat3. Actuellement, cinq
modèles sont référencés au sein de l’établissement. Le modèle le plus utilisé est le « haut de
corps » (9120 couvertures utilisées en 2019), les modèles « bas de corps » et « corps entier »
sont utilisé en quantité identique (3930 en 2019), enfin les couvertures « tube » (900) et les
dessous de corps (180) représentent une petite part de cette utilisation. Le coût annuel était,
pour l’année 2019, de 97228,8 €.
1 Unité d’enseignement 2.2 Physiologie intégrée et physiopathologie. Régulation de la température corporelle
2 Chiffre fournis par le gestionnaire en charge du matériel du CHU
3 Indications fournisseur
2
II. Rappels :
1. Définition hypothermie :
D’après la Recommandation Formulée d’Expert (RFE) de la SFAR portant sur la prévention de
l’hypothermie per-opératoire, remise à jour en 2018, la normothermie se situe, par
convention, dans une fourchette entre 36.5°C et 37.5°C. Chaque individu aillant sa propre
valeur de référence et des variations qui lui sont propres. Cette définition s’applique à tout
individu sain, non anesthésié, ne prenant aucun traitement. La SFAR fixe un seuil de 36°C pour
l’hypothermie per opératoire.
L’hypothermie y est également définie avec des stades en fonction de sa sévérité :
Légère : individu présentant une température interne comprise entre 35,9°C et 35°C
Modérée : lorsque la température est comprise entre 34.9°C et 34° C
Sévère : lorsqu’elle est inférieure à 33,9°C.
2. Rappels physiologiques et physiopathologiques de la thermorégulation per
opératoire :
La régulation de la température interne est nécessaire face à la différence entre la
température externe (de l’environnement) et interne, nécessaire au bon fonctionnement de
l’organisme.
L’organisme régule sa température par l’activation de mécanismes relevant de l’homéostasie
en association avec la production de chaleur grâce aux mécanismes oxydatifs. Le système
nerveux autonome s’active en fonction de valeurs seuils, permettant l’élimination de la
chaleur (vasodilatation, sueur) ou au contraire en limitant les pertes (vasoconstriction,
frisson). Ce système repose sur un rythme nycthéméral (alternance veille sommeil) et la
variation de paramètres internes (glycémie, cycle hormonal) et variant en fonction de
l’activité physique (effort intense).
Le métabolisme oxydatif de chaque individu est régulé par l’évacuation cutanée de la chaleur
excédentaire.
3
L’anesthésie, qu’elle soit générale ou neuro-axiale, va perturber cet équilibre et favoriser
l’hypothermie. Les agents anesthésiques modifient la réponse de l’organisme face à
l’agression thermique du fait de l’inhibition des réponses neuro-végétatives et de la
diminution des mécanismes oxydatifs. Ces effets sont majorés par l’exposition du corps nu à
l’environnement - froid, du bloc opératoire.
Cette hypothermie est classiquement décrite en 3 phases :
Figure 1 : schéma illustrant la variation thermique per opératoire 4
1. Une perte dite « rapide » due au phénomène de répartition de la chaleur dans les
différents compartiments.
2. Après cette première heure : perte « lente », celle-ci est alors de quelques dixièmes de
degrés par heure d’anesthésie.
3. La phase de « plateau » : une vasoconstriction musculaire et des phanères, la
température reste constante associée à une température périphérique qui diminue.
L’hypothermie est principalement liée à l’abolition des barrières physiologiques entre la partie
centrale et la partie périphérique ce qui crée un phénomène de redistribution interne. A cela
s’ajoute les pertes cutanées liées à la radiation thermique, principalement dans la deuxième
phase.
4 https://legazier.com/hypothermie-peroperatoire/
4
Le schéma des chronobiologistes Aschoff
et Wever représente la répartition des
températures corporelles lorsque l’individu
se trouve dans une « zone froide » (à
gauche) ou dans une zone « à température
confortable » (à droite). Ce schéma permet
de bien se représenter les pertes par
répartition de la première phase de
l’anesthésie.
confortable
3. Facteurs de risques de l’hypothermie per opératoire :
La RFE de la SFAR pointe des facteurs de risque :
Liés au patient comme :
o un indice de masse corporel (IMC) bas,
o une dénutrition,
o la préexistence d’une pathologie (ASA>1) ou une pathologie altérant la
thermorégulation (polyneuropathie diabétique, hypothyroïdie),
o la consommation de médicaments sédatifs ou psychoactif
o l’hypothermie préopératoire.
Liés aux techniques médicales :
o Chirurgicales :
le type d’ouverture et sa taille,
la durée d’intervention,
l’utilisation de grande quantité de produit d’irrigation non réchauffée.
Figure 2 Répartition température corporelle selon modèle de Aschoff et Weber
5
o Anesthésiques :
la durée d’anesthésie supérieure à 2 heures,
le type (AG ou neuro-axial),
l’administration d’une grande quantité de solutés non réchauffés ou de
transfusion,
certains hypnotiques et antalgiques peuvent abolir les réflexes de
thermorégulation.
Liés à l’environnement.
o La température de la salle d’intervention n’a pas prouvé son action sur
l’hypothermie péri opératoire. Pour autant plusieurs sociétés savantes
étrangères fixent des températures minimales au sein des blocs. Si cette
température descend en dessous d’un seuil, fixé par chaque centre, la mise en
place d’un réchauffement per opératoire est alors systématique.
4. Recommandations de la SFAR :
Ne seront citées ici que les recommandations aillant fait d’un objet d’accord fort de grade 1 et
2 :
« GRADE 1 :
Il est recommandé de lutter contre l’hypothermie per opératoire pour diminuer les
complications infectieuses, cardio-vasculaires et hémorragiques chez le patient
anesthésié.
Il est recommandé d’utiliser le réchauffement cutané actif pour diminuer les
complications de l’hypothermie chez le patient anesthésié.
Il est recommandé de réchauffer les fluides iv et produits sanguins labiles avec un
matériel dédié et toujours en association avec un réchauffement cutané actif, afin de
limiter la chute de la température chez le patient anesthésié.
6
GRADE 2 :
Il est probablement recommandé de maintenir la température supérieure ou égale à
36.5°C afin de limiter les complications hémorragiques chez le patient anesthésié.
Il est probablement recommandé d’effectuer un réchauffement actif avant l’induction
de l’anesthésie pour prévenir l’hypothermie et/ou de diminuer la fréquence des
complications infectieuses
Il est probablement recommandé de privilégier le réchauffement actif cutané au
réchauffement passif par l’isolation cutanée avec des vêtements ou des couvertures
réfléchissantes pour maintenir la température chez le patient anesthésié. »
III. Objectifs de l’étude :
1. Objectif principal :
S’assurer d’un réchauffement per opératoire adapté selon les recommandations des
patients anesthésiés.
2. Objectifs secondaires :
Evaluer le pourcentage de temps de réchauffement per opératoire et ses
conséquences.
Vérifier l’efficacité des méthodes de réchauffement utilisées.
Comparer les groupes de patients hypothermes et normothermes à leur arrivée en
SSPI.
Observer :
le type de réchauffements utilisés et leurs techniques d’utilisations,
la réalisation de la traçabilité per-opératoire,
le temps et les motifs d’arrêts de la couverture en cours d’intervention.
7
IV. Étude :
1. Type d’étude :
Il s’agit d’une étude prospective, monocentrique, réalisée sous la forme d’une évaluation des
pratiques professionnelles. Elle a été menée du 09 Novembre 2019 au 13 Mars 2020 au sein
du CHU de Poitiers.
2. Matériels et méthodes :
a. Critères d’inclusion :
Tout patient adulte, >18 ans, ayant nécessité une anesthésie au sein du CHU durant la
période étudiée.
b. Critères de non inclusion :
Patient mineur (âge inférieur à 18 ans) ;
Patient ayant nécessité l’utilisation de la circulation extra corporelle ;
Patient hypertherme à leur arrivée au bloc opératoire (température > 38°C) ;
Patient bénéficiant d’une Chimiothérapie Hyperthermique Intra-Péritonéale.
Secteur « Hors Bloc ».
Patient bénéficiant d’une surveillance anesthésique lors d’une anesthésie locale.
c. Traitement et recueil des données :
Nous avons utilisé le logiciel Excel pour le traitement des données recueillis grâce aux grilles
d’observation.
Une grille observationnelle, validée par mes directeurs de mémoires (annexe 3), a permis de
mettre en avant le monitorage de la température utilisé ainsi que le matériel de
réchauffement choisit. Certains facteurs de risque majorant l’hypothermie y sont également
détaillés.
8
Un thermomètre infrarouge marque Thermofina ® (marque retenue par le CHU
pour l’utilisation en SSPI) a été utilisé pour la prise des températures avant
l’arrivée en salle d’opération et à l ’arrivée en SSPI (uniquement à partir du 20
Janvier 2020). Sinon, au bloc opératoire, utilisation des thermomètres digitaux
disponible et sonde thermométrique util isées au sein du CHU.
d. Méthode :
Les patients étaient vus en salle de pré-anesthésie des différents secteurs du bloc opératoire,
leur température était relevée avec le thermomètre infrarouge. La grille de recueil était
annexée au dossier d’anesthésie et en partie complétée par l’investigateur avec les
informations figurants sur le dossier d’anesthésie. La température relevée y était indiquée. En
salle d’intervention, le personnel présent indiquait les horaires, le type de réchauffement
utilisé ainsi que le monitorage effectué. Il reportait la température de la salle d’opération ainsi
que les relevés de température prise après induction et avant extubation. A l’arrivée en SSPI,
l’équipe infirmière notait la température et récupérait le document.
e. Outils statistiques :
Malgré 292 dossiers recueillis pour cette étude, aucun test n’a validé que la loi normale
pouvait s’appliquer, des tests de Mann Whitney ont donc été réalisés sur les données
quantitatives.
Des tests ANOVA ont été utilisés concernant les relevés de températures en fonction de
différents critères (IMC, sexe).
Pour l’analyse des données qualitatives, des groupes hypothermes et normothermes à
l’arrivée en SSPI, des tests exact de Fisher (utilisation des réchauffeurs de perfusion ; du type
d’anesthésie ; de la position opératoire ; du type de CAP utilisée et du type d’ouverture
chirurgicale) et des Khi2 (utilisation des méthodes de monitorages et comparaison des
groupes fonction du sexe) ont été réalisés en fonctions des critères d’utilisations de chacun
de ces tests.
9
V. Résultats
Caractéristiques de la population étudiée
292 patients ont été inclus dans cette étude, 139 hommes et 153 femmes.
Certains facteurs de risque d’hypothermie ont pu être étudiés grâce aux relevés effectués :
Les facteurs liés au patient :
o Plus la population vieillie, plus les comorbidités sont élevées (ASA>1) La moyenne
d’âge des patients opérés est de 58,2 ans avec une médiane de 60 ans. La moitié des
patients est donc à risque de comorbidités.
o Les moyennes d’IMC sont assez proches (26,57 kg/m² chez les femmes contre 26,96
kg/m² pour les hommes) mais la répartition selon les catégories de la classification de
l’Organisation Mondiale de la Santé5 . varie selon le sexe. Un IMC bas (risque de
dénutrition) est un facteur reconnu comme plus à risque d’hypothermie.
5 https://www.euro.who.int/en/health-topics/disease-prevention/nutrition/a-healthy-lifestyle/body-mass-
index-bmi
10
Concernant les facteurs médicaux :
o Concernant la chirurgie, nous avons relevé les types d’ouverture en raison de leur
implication dans les mécanismes de l’hypothermie. En effet, la laparotomie, du fait
de la mise en contact direct des viscères avec l’environnement froid et de
l’évaporation qui en résulte et la cœlioscopie avec l’utilisation de gaz froid sont des
techniques qui aggravent l’hypothermie, contrairement à l’ouverture périphérique
qui expose peu l’organisme au contact de substances froides dans des zones où les
échanges thermiques sont importants. Ces techniques à risque sont ici peu
représentées.
o Dans notre étude, nous avons analysé 283 anesthésies générales et 9
rachianesthésies. Aucun patient n’avait bénéficié d’une ALR ou d’une péridurale
obstétrique. Le circuit des patients ayant ce type d’anesthésie ne comprenant pas de
passage en SSPI, les documents n’ont pu être retrouvés.
o La durée de l’anesthésie est
un des facteurs à risque dans
l’hypothermie per opératoire.
Afin de pouvoir en analyser la
variation nous avons calculé
le temps de présence en salle
du patient. Celui-ci est
directement corrélé à la durée de la chirurgie et de l’anesthésie, ce facteur nous a
donc semblé plus pertinent pour comparer les patients entre eux. La durée
moyenne de présence du patient en salle est de 2h53 et la médiane est de 2h19
[0h38 ; 11h22]. Soit une durée assez courte.
58
125
87 20 2
moins de1h30
entre 1h30et 3h
entre 3h et6h
entre 6h et9h
entre 9h et12h
Durée de présence en salle
11
o Les positions opératoires, dont
dépendent l’exposition au froid des
surfaces corporelles et celles
disponibles pour l’utilisation des
CAP, ont été étudiées. Le
réchauffement cutané actif a pour
objectif de diminuer l’effet de la
redistribution de la chaleur vers les
zones périphériques en augmentant la température dans ces zones. Les positions
telles que les bras en croix ou les deux bras le long du corps entrainent un
réchauffement parcellaire et non homogène des zones périphériques et diminuent
l’efficacité de la technique.
o Le relevé des températures des salles d’opération montre une moyenne de 20.4°C
[16°C; 24°C], proche de la médiane à 20.46°C. Ce qui respecte les recommandations
nationales qui recommandent une température de 20°C.
1. Résultat de l’objectif principal :
Les patients sont-ils réchauffés en per opératoire ?
Les résultats de cette étude sont variables selon la source d’information. Nous avons dû
consulter le logiciel DIANE afin de compléter des informations manquantes (horaires), selon
les informations du logiciel 12,37% des patients n’ont pas bénéficiés d’un réchauffement
peropératoire. Les équipes ont indiqué sur la grille « aucune CAP utilisé » dans 23,63%. Cette
différence traduit un problème de traçabilité, l’utilisation d’une saisie multiple qui valide un
ensemble d’acte peut expliquer cette différence. Ces chiffres restent faible mais ne sont pas
en accord avec les recommandations notamment chez ces patients ayant bénéficiés d’une
anesthésie générale dans la grande majorité.
133
7
93
25
28
5
bras en croix
1bras long du corps
2bras long du corps
DL
DV
assis
Position opératoire
12
2. Résultats des objectifs secondaires :
a. Evaluer le pourcentage de temps de réchauffement per opératoire et ses
conséquences.
Les anesthésiques sont responsables de l’abolition des mécanismes de thermorégulation. La
durée d’anesthésie a été calculé à partir de l’injection du premier anesthésique utilisé pour
l’induction jusqu’à l’heure noté d’extubation ou de sortie de salle en cas de rachianesthésie.
Un temps d’anesthésie supérieur à 100% du temps de présence en salle indique que le
patient n’a pas été réveillé dans les suites immédiates de l’intervention et que l’extubation a
été réalisée en SSPI. 2,72% des patients ont dû être maintenu sous anesthésie dû fait d’une
hypothermie profonde ou incompatible avec l’état de santé du patient (antécédent de
coronaropathie).
La majorité des couvertures sont en place entre 76% et 100% du temps de présence en salle
avec une moyenne de 88,57% et une médiane de 91,38%. Nous avons mis en évidence que la
mise en place de la CAP est souvent effectuée dans les suites de l’induction. Celle-ci étant
ensuite retirée en fin de chirurgie.
13
On constate une majorité d’utilisation
optimale de la CAP avec une durée
d’utilisation entre 75 et 100% du temps de
présence en salle. La moyenne de ce
temps d’utilisation des CAP est de 67,86%,
la médiane étant supérieur à 79,3%.
76,71% des anesthésies que nous avons étudiés ont un temps d’utilisation de la
CAP optimale (supérieure à 75% du temps passé en salle d’opération) . La
technique est donc correctement utilisée par les équipes qui mettent rapidement
le réchauffement en place.
b. Vérifier l’efficacité des méthodes de réchauffement utilisé e grâce aux
différents relevés des températures.
Les relevés de température des patients ont permis de constater la répartition en fonction
des stades d’hypothermie tels que définies par la RFE ou en normothermie. Cette répartition
montre la différence entre la température relevée avant l’entrée au bloc opératoire, celle à
l’issue du bloc à l’arrivée du patient en SSPI. 67,49% des patients arrivent en SSPI avec une
température inférieure à 36,5°C contre 54.14% avant leur entrée au bloc. Le nombre de
patients hypotherme augmente, malgré une utilisation optimale de la CAP.
14
Les relevés ont permis de comparer les
températures à différents moments « clés »
de l’anesthésie. Les moyennes de chaque
groupe sont assez proches de 36,5°C [36,50 ;
36,94] donc supérieur au seuil de
l’hypothermie fixé par la SFAR à 36°C. Le test
ANOVA réalisé sur l’ensemble des groupes
montre portant une différence significative
entre eux (p =0.0017). Chaque groupe est
réparti différemment, le minimum le plus bas
étant en post induction avec une
température de 33,7°C soit une hypothermie
sévère
La mise en place du réchauffement per opératoire permet donc de maintenir la température
lors des différentes phases et de l’améliorer dans certaines situations comme les chirurgies de
longue durée ou l’association avec un réchauffeur de perfusion.
T°en
trée
salle
T°in
duct
ion
T°ex
tuba
tion
T°ar
rivé
e SSPI
33.0
33.5
34.0
34.5
35.0
35.5
36.0
36.5
37.0
37.5
38.0
38.5
39.0
39.5
40.0
Tem
pératu
re p
ati
en
t (°
C)
15
c. Comparer les groupes de patients hypothermes et les normothermes à leur
arrivée en SSPI.
Sur les 17 critères analysés seuls 6 ont un
p<0.05, soit avec une différence
significativement différentes. Ils font tous
partie des facteurs de risque d’hypothermie.
Les températures à l’arrivée en SSPI sont
significativement différentes puisque c’est le
critère de différenciation des groupes. Celles
prisent avant extubation sont ici différentes
mais la valeur du p est supérieure à celle prise
en SSPI, la différence reste significative mais
elle est moins forte qu’en SSPI. La prise de
température entre ces deux moments se fait
dans un intervalle court (quelques minutes)
mais on constate une baisse de la
température entre ces prises.
La durée d’anesthésie (en heures) ou sa fraction ramenée au temps de présence en salle, de
même que la durée d’utilisation des CAP (en heure ou en fraction), le type de CAP ou
monitorage, ne sont pas significativement différents entre les deux groupes. Les moyens mis
en place pour diminuer la prévalence de l’hypothermie ne diffèrent pas non plus entre les
groupes.
Données analysées Résultat du test ;
p=
Temps d’anesthésie 0,988 Temps d’utilisation des CAP 0,107 Temps de présence en salle 0,614
Utilisation du Ranger 0,161 Température d’arrivée en SSPI <0,0001 Température avant extubation 0,028 Température après induction 0,182
Temps d’anesthésie par rapport temps de présence en salle
0,217
Temps d’utilisation de la CAP par rapport au temps de présence en salle
0,241
Age 0,511 IMC 0,010
Type de monitorage 0,451 Sexe 0,021
Type anesthésie 0,020 Position opératoire 0,702
Type de CAP 0,250 Type d’ouverture 0,025
16
d. Observer le type de réchauffements uti lisés et leurs uti lisations, la
traçabilité per opératoire, ainsi que les motifs d’arrêts de la couverture en
cours d’intervention.
Concernant le type de couvertures utilisées, nous retrouvons une répartition différente à la
consommation annuelle du CHU. En effet la CAP la plus utilisée est le haut de corps qui
représente 42,46% des CAP consommées (vs 50,50% en 2019) suivie par le bas de corps avec
15,75% de la consommation (vs 21,76% en 2019). Dans de plus faibles proportions, le corps
entier était utilisé dans 8,56% des cas (vs 21,76% en 2019) de même que la couverture
tubulaire 2,74% (vs 4,98% en 2019). Les corps entiers restent à la marge de la consommation
générale avec 1,03% (vs 1% en 2019). Un petit nombre d’interventions soit 5,82% de l’étude
ont nécessité l’utilisation de plusieurs CAP en association ou en alternance.
L’arrêt du réchauffement en cours d’intervention concerne 26,84% des interventions
observées, cependant la fiabilité de ce relevé est discutable puisque 32,72% des dossiers sont
revenus sans réponses concernant cette partie. Les motifs de cet arrêt sont le changement de
position du patient dans 10,29% des cas, le champage pour 7,72% des cas. Ces motifs
d’interruption sont conjugués dans 3,31% des interventions. Le monitorage par sonde
thermométrique a justifié 2,94% de l’interruption du réchauffement avec une température du
patient jugé trop importante.
La traçabilité de l’utilisation des CAP se fait majoritairement par l’utilisation de la saisie
multiple dans le logiciel (74,40%) mais 48,24% de ces saisies sont incorrects. Ces résultats
sont à nuancer puisque 13,5% des dossiers n’ont pas été complétés.
La mise en place du réchauffeur de solutés est plus faible puisque seul 18,34% des patients en
ont bénéficiés. L’utilisation de ce dispositif et ses modalités d’utilisation ne sont pas détaillés
dans notre étude. Nous nous focalisons sur l’utilisation du réchauffement cutanée actif.
L’utilisation des moyens de monitorage de la température reste majoritaire car il a été
effectué pour 83,9% des cas mais 16,10% des patients sous anesthésie n’ont pas du tout vu
leur température vérifiée durant l’intervention.
Le thermomètre positionné en buccal reste la technique majoritairement utilisée (57,88%). La
prise de la température s’effectuant juste après l’induction et avant l’intubation, quel que soit
17
la durée de l’intervention, ne permet pas d’adapter le réchauffement utilisé. Les
températures d’utilisation du moteur sont d’ailleurs peu modifiées en cours d’intervention
(2,73%).
VI. Analyse et discussion
Le CHU de Poitiers a réalisé 29061 interventions chirurgicales au cours de l’année 2019 selon
le logiciel DIANE. Dans le détail ce logiciel indique un nombre plus important d’anesthésies
soit 30446 AG, 873 rachianesthésies, 926 ALR, 1349 péridurales et 3404 anesthésies locales.
Avec des doublons puisque le logiciel recense 1405 « type d’anesthésie », ce qui repose le
problème de l’utilisation du logiciel. Le nombre de CAP utilisé pour cette période est de
18060. Si on compte une CAP par patient cela représente 53.74% des patients ayant bénéficié
d’un réchauffement par CAP parmi les patients ayants bénéficié d’une AG, ALR,
Rachianesthésie ou péridurale au sein de la structure. Les résultats dans cette étude sont bien
supérieurs puisque 76,37% des patients ont bénéficié d’un réchauffement peropératoire.
Néanmoins l’absence de résultats concernant les patients bénéficiant d’une ALR, ou d’une
péridurale obstétricale, peut expliquer cette différence ainsi que le faible nombre de patients
sous rachianesthésie dans notre étude. Ces chiffres certes très différent reflètent aussi une
réalité, les patients sous AG sont très majoritairement réchauffés, les autres types
d’anesthésie ne bénéficient pas de la même attention et l’utilisation des moyens de
réchauffement est très faible. Pourtant la RFE le rappelle, la physiopathologie de
l’hypothermie également, les anesthésies neuro-axiales entrainent aussi une baisse de la
température voir une hypothermie. Une étude similaire, centrée sur ce type d’anesthésie
permettrait de mieux en appréhender les répercussions.
60,62% des patients arrivent hypothermes (inférieur à 36°C) en SSPI et 2,72% ont dû être
maintenus sous anesthésie du fait d’une hypothermie profonde ou incompatible avec l’état
de santé du patient (antécédent de coronaropathie) dans l’objectif d’atteindre la
normothermie avant l’extubation du patient. Ce chiffre est très élevé en dépit de l’utilisation
optimale et importante du réchauffement per-opératoire.
18
Nous faisons également le constat qu’un grand nombre de patients se présente au bloc
opératoire avec une température déjà basse (inférieur à 36.5°C), ce qui est un facteur de
risque supplémentaire d’hypothermie. D’après la RFE, « la dette thermique contractée
pendant la période péri-opératoire devra être restituée en rétablissant le gradient entre les 2
compartiments et en compensant les pertes cutanées ». Cette « dette thermique » étant déjà
présente chez 54,14% des patients avant leur entrée au bloc, la compensation de cette dette
pré-opératoire devrait s’ajouter à la perte de température liée à l’anesthésie et à
l’intervention. Lorsque la présence du patient en salle d’intervention est courte (inférieur à 1
heure 30) soit 19.86% des patients, l’efficacité du réchauffement per-opératoire ne
permettrait pas de compenser les pertes thermiques per-opératoire mais s’ajoutant à celles
pré opératoires.
La majorité des interventions recensées impliquent une présence en salle inférieur à trois
heures (62,67%). Le réchauffement mis en place, même s’il était utilisé de façon optimale,
compenserait les pertes liées à l’intervention mais ne permettrait pas l’obtention d’une
normothermie à l’arrivée en SSPI. Ce qui permettrait d’expliquer l’augmentation du nombre
de patients hypothermes entre leur arrivée au bloc opératoire (54,14%) et celle en SSPI
(67,49%). De plus, 26,84% des CAP ont été stoppées durant l’intervention portant leurs
durées d’utilisation à moins de 75% du temps de présence en salle pour 39,86% des patients.
Lors de la comparaison des groupes patients hypothermes et normothermes, le type de CAP,
sa durée d’utilisation (optimale ou non), de même que l’utilisation d’un réchauffeur de
solutés, ne ressortent pas comme étant significativement différents d’un groupe à l’autre.
Nous pouvons donc nous interroger sur l’amélioration du réchauffement per-opératoire.
Le thermomètre, utilisé en prise buccale, est le moyen de monitorage de la température
utilisé en majorité (57,88%). L’utilisation de ce type de monitorage se rapproche du nombre
d’intervention avec une présence en salle inférieur à trois heures (62,67%) et ne justifiant pas,
pour les professionnels, l’utilisation d’un monitorage, plus invasif, comme une sonde
thermométrique. L’utilisation du monitorage invasif, plus précis, se retrouve plus dans les
chirurgies de longues durées.
19
Dans l’étude 16,10% des patients ne sont pas monitorés durant leur intervention, ce chiffre
est en corrélation avec le nombre d’intervention où le patient reste moins d’1h30 en salle
d’intervention (19,86%).
L’utilisation des moyens de monitorage est dépendante de nombreuses variables. Leurs
techniques d’utilisation rendent leurs interprétations moins fiables. Le type de monitorage ne
ressort pas comme significativement différent d’un groupe à l’autre. Ceci nous interroge sur
son utilisation faite par les équipes.
La traçabilité des moyens de réchauffement s’effectue en majorité (74,40%) par la saisie
multiple mise en place dans le logiciel institutionnel pour l’intubation et l’extubation. Mais
l’importance des saisies incorrectes (48,24%) remettent en question cette utilisation de la
saisie multiple. En effet, très pratique et moins chronophage pour la traçabilité, elle n’est pas
corrigée de façon systématique, concernant les horaires mais également l’utilisation réelle du
matériel. Ce que la différence entre le nombre de CAP utilisée (76,37%) et celle validée
(87,63%) confirme dans l’analyse de l’objectif principale de notre étude.
20
VII. Limites de l’étude
Plusieurs biais ont pu être relevés :
L’utilisation de différents matériels pour le recueil des températures notamment avec
la mise en place de thermomètres de marques différentes entre les différents services
(bloc opératoire et SSPI). Lorsque le thermomètre est utilisé en buccale ou une
axillaire, la correction de la température obtenue ne se fait pas de façon homogène
(de 0.5° à 1°C) en fonction du personnel présent. La prise de températures de façon
différentes : prise axillaire en SSPI jusqu’au 19/01/2020, positionnement buccal ou
sonde thermométrique œsophagienne ou rectal en per opératoire, thermomètre
infrarouge avec mesure niveau temporal en pré opératoire et en SSPI à partir du
20/01/2020.
Recueil des informations sur la grille par le personnel mettant en place les
techniques .La présence du questionnaire pouvant modifier les pratiques par la
présence de la grille et la focalisation sur cette technique qu’elle entraine. Le
remplissage de la grille peut être influencé en fonction de ce que le personnel pense
devoir remplir.
Les données non notées sur la fiche de recueil ont été récupérées à postériori dans le
logiciel DIANE lorsque l’information est présente. Concernant la saisie multiple, les
horaires indiqués sont considérés comme non conforme à la réalité notamment les
heures de mise et arrêt de la CAP du fait d’une chronologie pré déterminée par
l’ordinateur avec des horaires parfois identiques à la seconde près avec d’autres actes
(extubation, sortie vers SSPI). Les données non indiquées dans le logiciel (type de
couverture, température réglée, arrêt temporaire) ne sont pas notées dans le fichier.
Inclusion des patients dépendant du planning des investigateurs. De ce fait on note
une distribution non homogène dans les différentes spécialités chirurgicales. Ainsi que
l’absence de données dans certaines spécialités (obstétrique), ou dans certaines
pratiques (cœlioscopie thoracique).
21
VIII. Propositions et perspectives
Suite à cette étude, le constat est que de nombreux patients arrivent au bloc opératoire avec
une température déjà basse. Elle confirme également l’étude réalisée par la SFAR et publiée
en 2019 concernant la prévalence de l’hypothermie à l’arrivée en SSPI6. Cette étude préconise
l’utilisation d’un réchauffement pré opératoire, celui-ci permettant de combler la dette
thermique préexistante en limitant les pertes par redistribution responsables de la première
phase de perte thermique.
Nous proposons donc un protocole de réchauffement pré opératoire applicable au sein des
différents blocs opératoires (en nous inspirant du protocole institutionnel de l’établissement7):
Lors de la consultation d’anesthésie le patient serait informé que sa température sera
prise à son arrivé au bloc et que, si besoin, il sera réchauffé afin de limiter le risque
d’hypothermie. Une plaquette explicative est proposée en annexe (5), celle-ci peut
être rajoutée aux documents fournies au patients et/ou affichée dans les services
(salles d’attente des consultations d’anesthésie, SAS d’attente au bloc opératoire…)
L’aide-soignant de l’accueil du bloc prendrait la température du patient à son arrivée
avec un thermomètre infrarouge au niveau de la tempe du patient.
Si cette température se situe en dessous de 37°C, le réchauffement est mis en place
dès les secteurs de pré-anesthésie. La couverture ainsi utilisée suit le patient jusqu’au
bloc et peut être utilisé pour poursuivre le réchauffement au cours de l’intervention,
ce qui n’entrainera pas de surcoût de CAP pour la structure.
Il sera alors nécessaire de modifier le protocole d’accueil du patient au bloc opératoire de
2016, une proposition de cette modification est en annexe 6. De plus un arbre décisionnel
est proposé (annexe 7), il pourrait être affiché dans la zone d’accueil des différents blocs.
Le coût de ce protocole est donc celui de l’achat de nouveau moteur de CAP, ou la
négociation de nouveaux moteurs en prêt comme cela se fait actuellement avec la
société prestataire (ce qui n’impliquerait aucun surcout).
6 Alfonsi P, Bekka S, Aegerter P, Prevalence of Hypothermia on Admission to Recovery Room Remains High Despite a Large Use of Forced-Air Warming Devices: Findings of a Non-Randomized Observational Multicenter and Pragmatic Study on Perioperative Hypothermia Prevalence in France. SFAR Research Network investigators. 2019 Dec 23 doi: 10.1371/journal.pone.0226038. eCollection 2019 7 Protocole institutionnel du CHU de Poitiers : « Accueil du patient au bloc opératoire »
22
L’utilisation d’un monitorage commun, par le thermomètre infrarouge, permettrait
également de ne plus avoir de décalage de température. Selon le travail d’intérêt
professionnel de V. Morin en 2011 ce type de thermomètre « s’avère être plus performant
que les méthodes axillaires et buccales, mais toutefois moins que les températures rectale et
œsophagienne ». De plus, c’est une mesure simple, rapide, non invasive, sa facilité
d’utilisation permettrait une utilisation plus large du monitorage, par exemple, auprès des
patients conscients ou ayant bénéficié d’un masque laryngé (engendrant une difficulté
d’introduction du thermomètre en intrabuccale). Cette mesure ne nécessitant pas l’utilisation
de protection plastique jetable est donc également plus écologique.
L’objet ne nécessite pas d’entretien particulier et n’entre pas en contact avec le patient. Le
seul coût reste l’achat et le renouvellement des piles. Ainsi avoir ce type de thermomètre
dans chaque salle d’opération, ainsi qu’au niveau de l’accueil des blocs, permettrait un
monitorage plus aisé de la température. L’achat de ce matériel, d’un total de 928,2 euros,
impliquerait un coût de 3,2 centimes par intervention8 la première année.
La mise en place de formations internes est également envisageable : la formation des
professionnels utilisant déjà les CAP afin de diminuer les mauvaises utilisations et limiter les
arrêts en cours d’intervention, limitant de ce fait l’efficacité de la technique, mais également
la formation à l’utilisation du nouveau matériel (thermomètre) et, dans le cadre de la mise en
place du nouveau protocole, former les équipes concernées sur le choix des CAP en fonction
du type de chirurgie, leur mise en place et l’utilisation des moteurs.
Cette étude n’a pas pu relever les complications liées à l’hypothermie :
Le risque de majoration des saignements,
Le nombre d’infections post opératoire,
Les difficultés de cicatrisation.
La réalisation d’une étude complémentaire serait alors nécessaire avec une modification des
pratiques. En effet l’évaluation des saignements per opératoire varie d’un secteur chirurgical
à l’autre (pesée plus complète des compresses, relevé régulier des saignements per et post
opératoire), il n’existe pas actuellement de suivi institutionnel des infections post opératoires,
ni de suivi de la cicatrisation (hors protocole de certains services).
8 23,8€ TTC par thermomètre (prix fournis par référent matériel) x 39(nombre de salles+ SAS d’accueil)/nombre
d’intervention (29000)
23
IX. Conclusion
Le taux de réchauffement per opératoire au sein du CHU de Poitiers, tous blocs confondus,
est assez haut puisque la moyenne est de 67,86% des patients pris en charge durant cette
étude.
Malgré cela, le taux de patients hypothermes à leur arrivée en SSPI est de 67,49%.
L’importance des patients ayant une faible température avant le bloc (54,14%) peut expliquer
en partie ce résultat. Car de fait la durée moyenne d’intervention est relativement courte. La
compensation de la dette thermique pré opératoire, s’ajoutant aux pertes liées à
l’intervention, ne peut être effectuée sur une durée aussi restreinte.
Dans notre étude 12,37% des patients n’ont pas été réchauffés. Le monitorage de la
température n’a pas été effectué pour 16,10% des interventions.
La modification des pratiques professionnelles, en accord avec les nouvelles
recommandations de la SFAR, pourrait permettre de diminuer la prévalence de l’hypothermie
post-opératoire.
24
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Alfonsi P, Bekka S, Aegerter P, Prevalence of Hypothermia on Admission to Recovery Room Remains High Despite a Large Use of Forced-Air Warming Devices: Findings of a Non-Randomized Observational Multicenter and Pragmatic Study on Perioperative Hypothermia Prevalence in France. SFAR Research Network investigators. 2019 Dec 23 doi: 10.1371/journal.pone.0226038. eCollection 2019
Alfonsi P., Espitalier F., Bonnet MP, Bekka S., Brocker L., Garnier F., Louis M., Macquer I., Pilloy P., Hallynck C., Camus Y. Prévention de l’hypothermie peropératoire accidentelle au bloc opératoire chez l’adulte. RFE SFAR 2018
Bekka SB, Aegerter P, Saidji NY, Alfonsi P. Enquête Hypothermie. Enquête sur la prévalence de l’hypothermie périopératoire en France, les facteurs de risque et les moyens de prévention. SFAR Le Congrès Paris 2016 ; p. R-025.
Madrid E, Urrutia G, Roqué i Figuls M, Pardo-Hernandez H, Campos JM, Paniagua P, Maestre L, Alonso-Coello P. Active body surface warming system for preventing complication caused by inadvertent perioperative hypothermia in adults (Review). Cochrane Database Syst Rev 2016; 4: CD009016. 2-
Torossian A, Braüer A, Höcker J, Bein B, Wulf H, Horn EP. Preventing inadvertent perioperative hypothermia. Dtsch Arztebl Int 2015; 112: 166-72.
Morin V. Comparaison de différents thermomètres. TIP 2011
Galvao CM, Marck PB, Sawada NO, Clark AM. A systematic review of the effectiveness of cutaneous warming systems to prevent hypothermia. J Clin Nurs 2009; 18: 627-36.
25
ANNEXES
Annexe 1 : Déclaration CNIL
I
Annexe 2 : Tableau de consommation des CAP au CHU
II
Annexe 3 : Courrier adressé aux MAR et IADE
III
Annexe 4 : Grille d’observation
IV
Annexe 5 : Plaquette explicative
V
Annexe 6: Proposition de modification du protocole d’accueil des patients au bloc
opératoire
VI
Annexe 7 : Arbre décisionnel mise en place CPA à l’accueil au bloc opératoire VII
I
ANNEXE 1
II
ANNEXE 2
Moyenne Annuelle 2019 de consommation en couverture et matelas au CHU de Poitiers
Nature Quantité annuelle
Couverture Adulte standard 3930
Couverture tube 900
Couverture Bas de corps 3930
Couverture Haut de corps 9120
Matelas 180
Total 18060
III
ANNEXE 3
IV
ANNEXE 4
V
ANNEXE 5
VI
Annexe 6 : Proposition de protocole d’accueil du patient au bloc opératoire
Qui
(Personnes responsables)
Fait Quoi Et
(Enchainement des actions)
Comment
(Support
pour la
réalisation)
Vérifier l’identité du
patient brancardé
Vérifier l’identité du patient s’il est
conscient
Patient
inconscient =
vérification
auprès équipe
qui le transfert
Accueil programmé au bloc opératoire Accueil au bloc d’urgence
Contrôler l’identité
du patient (si
autonome)
Contrôle
l’identité
(si lucide)
Pas d’identité = création dossier « patient inconnu »
Prise de la température
Mise en place de la couverture adaptée à la chirurgie,
Début du réchauffement
Transférer le patient sur
la table d’opération en
appliquant les bonnes
pratiques (respect de
l’intimité, etc…)
Réaliser une évaluation préopératoire
d’anesthésie et valider transfert patient
vers la salle de bloc opératoire
Transférer le patient sur la table
d’opération en appliquant les bonnes
pratiques (respect de l’intimité), ou si
risque vital, transférer le patient sur la
table dans le bloc
Remettre la CAP sur le patient
Expliquer au patient qu’il est emmené en salle d’opération,
le rassurer si besoin
Installer le patient en salle d’opération,
Rebrancher le réchauffement et le remettre en route
Vérifier l’installation du patient
PRISE EN CHARGE DU PATIENT AU BLOC OPÉRATOIRE
Questionner le patient sur la connaissance de l’intitulé de l’intervention
+
Demander (si nécessaire) le coté à opérer et vérifier la réalisation du marquage (hors BU)
Thermomètre
infrarouge
CAP + moteur
Arbre décisionnel
AS d’accueil
AS/IDE
+
MAR/IADE
AS et/ou IDE
AS/IDE
+
MAR/IADE
MAR
AS
AS
AS
AS
IDE+IADE
MAR+CHIRURGIEN
Oralement
+ présence
bracelet+
vérification
du
bracelet
Question orale+
bracelet patient+ dossier+
programmation ou OPERA (urgence)
Oralement
Oralement
+dossier
VII
ANNEXE 7
Ecole d’Infirmier(e)s Anesthésistes Diplômé(e)s d’Etat
UE 7 - MEMOIRE PROFESSIONNEL
En vue de l’obtention du diplôme d'Etat d'infirmier anesthésiste
2018-2020
LE RÉCHAUFFEMENT PER-OPÉRATOIRE : ANALYSE DES PRATIQUES AU SEIN
DU CHU DE POITIERS
Contexte : Suite à la publication de la RFE de la SFAR en 2018 concernant la prévention de
l’hypothermie per-opératoire, nous avons effectué une évaluation des pratiques professionnelles
concernant l’utilisation des couvertures à air pulsée(CAP) au bloc opératoire au sein du CHU de
POITIERS.
Matériel et Méthode : Une grille d’observation permettant le recueil des informations permettant
d’analyser les facteurs de risque d’hypothermie, l’âge, l’IMC, le type d’anesthésie, l’ouverture
chirurgicale ont ainsi été relevés de même que la durée de présence en salle, de l’anesthésie et
d’utilisation des CAP. Le type de CAP, ses modalités d’utilisations, la traçabilité ainsi que le
monitorage de la température ont été analysés. Les différents relevés ont permis d’observer la
cinétique de la température et de comparer l’efficacité du réchauffement per-opératoire en
comparant les groupes de patient hypothermes vs normothermes à l’arrivée en SSPI.
Résultats : 67,86% des 292 patients inclus dans cette étude ont bénéficiés d’un réchauffement
per-opératoire par CAP. L’utilisation de cette technique est optimale avec une médiane d’utilisation
de 91,38% du temps de présence en salle du patient. Néanmoins 60,8% des patients arrivent
hypothermes en SSPI. 54,14% des patients sont hypothermes avant leur entrée en salle d’opération.
La majorité des interventions relevées sont de courtes et moyennes durées (moins de 3h), le
réchauffement per-opératoire effectué ne permet pas de compenser la dette thermique cumulée
entre le pré et le per opératoire.
Conclusion : La modification des pratiques professionnelles concernant le réchauffement per-
opératoire semble nécessaire afin de mettre en place le réchauffement pré-opératoire des patients
comme le propose la RFE de la SFAR. Cette évolution des pratiques devrait s’accompagner d’une
modification du matériel de monitorage et de la formation des professionnels impliqués.
Mots clés : réchauffement per-opératoire ; hypothermie per opératoire ; analyse des pratiques
Auteur : SAID Marion
Directeur de mémoire : Docteur DUBOIS M.C
Ecole d’Infirmier(e)s Anesthésistes Diplômé(e)s d’Etat
PROFESSIONAL DISSERTATION
To obtain the National Diploma in Anaesthetic Nursing
2018-2020
PER-OPERATIVE WARMING:
Evaluation of professional practices in Poitiers university hospital.
Context: Following the publication of the French Anesthesiology Society Recommendation in
2018 concerning the prevention of per-operative hypothermia, we carried out an evaluation of
professional practices concerning the use of pulsed air blankets (PAB) in the operating room within
the Poitiers University Hospital.
Method: A questionnaire allowing data collection was used to analyze risk factors for
hypothermia. Age, BMI, type of anesthesia and surgical opening were noted as well as the time in the
operating room, anesthesia duration and use of PAB. Types of the PAB, its methods of use
traceability as well as temperature monitoring were analyzed. The different readings made it
possible to observe the kinetics of the temperature and to compare the efficiency of intraoperative
warming by comparing hypothermic vs normothermic patients on arrival in the Post-Operative
Room.
Results: 67.86% of the 292 patients included in this study underwent intraoperative
warming by PAB. This technique is optimal because the median of use is 91.38% of the patient's time
in the operating room. Nevertheless, 60.8% of patients arrive hypothermic in the Post-Operative
Room. 54.14% of patients are hypothermic before entering the operating room. The majority of
interventions were of short and medium duration (less than 3 hours), therefore the per-operative
warming carried out does not allow for the compensation of the thermal debt accumulation between
preoperative and intraoperative periods.
Conclusion: The modification of professional practices concerning intraoperative warming
seems necessary in order to set up the preoperative warming of patients as proposed by the the
French Anesthesiology Society Recommendation. This evolution of practices should be accompanied
by a modification of the monitoring equipment and training of the professionals involved
Keywords : Per-opérative warming; per-operative hypothermia; evaluation of professional practices
Author: SAID Marion
Supervisor: DUBOIS M.C, MD