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André Mayengo (Entreprendre-Cedita)& Jean Macaire MUNZELE Munzimi

(OCIV – M&D)

“Guide pratique pour uneexploitation agricole“

située à Kinshasa et sa périphérie

Rédaction finale par Anton VAN ASSCHE

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OCIV- Migration & Développement est un département ausein de Vluchtelingenwerk Vlaanderen. Il existe depuis l’an2000. Ce département s’adresse essentiellement aux migrantsqui désirent développer des initiatives de créationd’entreprises et de développement en faveur des populationslocales de leurs pays d’origine.

OCIV- Migration et DéveloppementDépartement de Vluchtelingenwerk Vlaanderen

Rue Gaucheret 164, B - 1030 BruxellesTél. 00.32.2.274.00.20 – fax : 00.32.2.201.03.76.

E-mail : [email protected]

www.vluchtelingenwerk.be

Entreprendre- Cedita, en sigle « EDD– Cedita /R.D.C. »ONGD - Entreprendre pour un Développement Durable enRépublique Démocratique du Congo (Conseils, Entreprise,Développement – Intégré, Transferts, Accompagnement) a étécréé en 2003. Les expériences de l’association sont basées sur letravail fait au sein de Cedita depuis 1989. L’organisations’adresse aux petits entrepreneurs et artisans, ainsi qu’auxgroupements de base et associations. L’objectif est de lesappuyer dans leurs initiatives de développement local etcommunautaire. Il est devenu un point de référence dans ledomaine de Migration & Développement à Kinshasa.

Entreprendre – Cedita : Rue de la Rivière 57, Quartier de Mososo,Commune de Limete, Kinshasa

Vodacom : 00.243.8181.20.313 – Celtel : 00.243.98.26.91.21.E-mail : [email protected]

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TABLE DES MATIÈRES

REMERCIEMENTS............................................................11

INTRODUCTION GENERALE.........................................16

PREMIÈRE PARTIE : QUELQUES ÉLÉMENTS POURUNE EXPLOITATION AGRICOLE.................................20

CHAPITRE 1 - LE PROGRAMME VALEPRO ..............22

1. 1. ANALYSE DE LA PROBLÉMATIQUE ..................221. 2. OBJECTIFS DU PROGRAMME ..............................241. 3. LA MÉTHODOLOGIE APPLIQUÉE .......................26

1. 3.1. La transnationalité ..............................................261. 3. 2. Le dispositif transnational entre la Belgique et laRD Congo.......................................................................30

CHAPITRE II - PLAN POUR UNE EXPLOITATIONAGRICOLE ..........................................................................34

2. 1. KINSHASA : CLIMAT, VÉGÉTATION ET SOL.... 352. 2. TYPOLOGIE DE FACTEURS..................................38

2. 2.1. Facteurs techniques .............................................392. 2. 2. Facteurs économiques.........................................422. 2. 3. Facteurs politiques..............................................432. 2. 4. Facteurs sociaux .................................................432. 2. 5. Facteurs juridiques.............................................44

2.3. ANALYSE D’UNE EXPLOITATION AGRICOLE ......................................................................51

II. 3. 1. Type de présentation d’une exploitation agricole........................................................................................51II. 3. 2. Etapes du développement d’une exploitationagricole ...........................................................................57

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CHAPITRE III : PRESENTATION DE QUELQUESEXPLOITATIONS DE CULTURES TYPES ET D’UNECARBONISATION..............................................................68

III. 1. EXPLOITATION DE LA CULTURE DU MAÏS ... 70II. 1. 1. Identification de l’exploitation...........................70III. 1. 2. Rendement (Qp/ha Qculture/ha) .....................71III. 1. 3. Technologie utilisée ..........................................73III. 1. 4. Système d’écoulement et de conservation.........73III. 1. 5. Grandes étapes culturales pour le maïs ............74III. 1. 6. Leçons à tirer pour une exploitation du maïs ...75

III. 2. EXPLOITATION D’UNE RIZICULTUREPLUVIALE ........................................................................78

III. 2. 1. Identification de l’exploitation..........................78III. 2. 2. Rendement........................................................78III. 2. 3. Technologie utilisée ..........................................78III. 2. 4. Système d’écoulement et de conservation.........79III. 2. 5. Grandes étapes culturales du riz pluvial..........80

III. 3. EXPLOITATION DU MANIOC .............................85III. 3. 1. Identification de l’exploitation..........................85III. 3. 2. Rendement (Qp/ha Qcultivé/ha) ......................85III. 3. 3. Technologie utilisée ..........................................86III. 3. 4. Système d’écoulement et de conservation.........86III. 3. 5. Grandes étapes culturales du manioc...............86III. 3. 6. Leçons à tirer pour une exploitation de manioc90

III. 4. EXPLOITATION DE LA CULTURED’ARACHIDE ...................................................................92

III. 4. 1. Identification de l’exploitation..........................92III. 4. 2. Rendement (Qp/ha Qcultivé/ha) ......................92III. 4. 2 Technologie utilisée ...........................................92III. 4. 3. Système d’écoulement et conservation .............93III. 4. 4. Grandes étapes culturales pour l’arachide........94III. 4. 5. Leçons à tirer pour une exploitation d’arachide97

III. 5. EXPLOITATION D’UNE CARBONISATION......99III. 5. 1. Identification de l’exploitation..........................99

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III. 5. 2. Le rendement ..................................................100III. 5. 3. Technologie utilisée ........................................101III. 5. 4. Système d’écoulement et techniques deconservation .................................................................101III. 5. 5. Grandes étapes à suivre pour une exploitation decarbonisation ................................................................102III. 5. 6. Leçons à tirer pour une exploitation decarbonisation ................................................................105

DEUXIÈME PARTIE : RAPPORT DES ECHANGESENTRE PROMOTEURS AGRICOLES ET EXPERTSUNIVERSITAIRES............................................................108

CHAPITRE IV : LA PROBLEMATIQUE DEL’EXPLOITATION AGRICOLE EN RDC : VERSQUELLE DYNAMIQUE DE DEVELOPPEMENT ? ....110

IV. 1. INTRODUCTION..................................................110IV. 2. LE CADRE SPATIAL DE L’EXPLOITATIONAGRICOLE EN RDC ......................................................111

IV. 2.1. La diversité des conditions naturelles ethumaines : les renseignements tirés des cartesgéographiques ...............................................................111IV. 2. 2. Les dynamiques spatiales : tendances majeurescaractéristiques du monde rural ........................................congolais .......................................................................114

IV. 2. LES CARACTÉRISTIQUES DEL’EXPLOITATION AGRICOLE EN RDC ....................115

IV. 2. 1. Une faible part de la population active agricoledans la population totale ? ...........................................115IV. 2. 2. Un régime foncier traditionnel etcommunautaire marqué par de timides évolutionsintroduites par la loi Bakajika et la loi foncière (1966-1973).............................................................................116

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IV. 2. 3. Les faiblesses économiques de l’agriculturecongolaise et le déclin du secteur agricole ....................117

IV. 3. VERS QUELLE DYNAMIQUE DEDÉVELOPPEMENT AGRICOLE EN RDC ? ................119

IV. 3. 1. Les difficultés de la commercialisation desproduits agricoles et la question de l'exiguïté des terroirsagricoles........................................................................120IV. 3. 2. Les perspectives du monde rural : « Vers unestratégie de développement agricole, base solide dudécollage économique en RDC ? » ...............................121

IV. 3. CONCLUSION.....................................................124

CHAPITRE V : LES DEFIS DE L’AGRICULTURECONGOLAISE...................................................................126

V. 1. APPROCHE SECTORIELLE.................................129V. 2. LES PRINCIPAUX LEVIERS DEDÉVELOPPEMENT AGRICOLE...................................130

V. 2. 1. L'importance des infrastructures rurales ........130V. 2. 2. Les semences améliorées ..................................131V. 2. 3. Les engrais chimiques......................................131V. 2. 4. Le crédit agricole..............................................133V. 2. 5. La recherche agronomique ...............................134V. 2. 6. La vulgarisation agricole .................................134

V. 3. LES CULTURES VIVRIÈRES...............................135V. 3. 1. Généralités.......................................................135V. 3. 2. Le Manioc ........................................................136V. 3. 3. Le Maïs ............................................................137V. 3. 4. Le Riz...............................................................138V. 3. 5. Les Légumineuses à graines: arachide, haricot,niébé et soja...................................................................139V. 3. 6. Les bananes et plantains..................................140V. 3. 7. Les cultures maraîchères .................................140

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V. 4. LA COMPÉTITIVITÉ DE L’AGRICULTURECONGOLAISE ET LA FISCALITÉ ...............................142

CHAPITRE VI - L’AGRICULTURE CONGOLAISEFACE AU DÉFI DE LA MONDIALISATIONCONTEMPORAINE..........................................................148

VI. 1. QUELQUES CARACTÉRISTIQUES DE LAMONDIALISATION. ......................................................148VI. 2. LES MUTATIONS DE L’AGRICULTURECONGOLAISE EN PÉRIODE POST-COLONIALE. .......................................................151

VI. 2. 1. Quelques caractéristiques de l’héritage colonial .........................................................................151VI. 2. 2. Les mutations post-coloniales. .......................154

VI. 3. L’INTÉGRATION DE L’AGRICULTURECONGOLAISE DANS LA MONDIALISATION ET LESRAPPORTS QUI EN RÉSULTENT................................157VI. 4. QUELLES PERSPECTIVES POURL’AGRICULTURE CONGOLAISE FACE AU DÉFI DELA MONDIALISATION.................................................160

VI. 4. 1. Quelques hypothèses de travail. .....................160VI. 4. 2. Quelques pistes pour la mobilisation du potentielproductif des paysans. ..................................................161VI. 4. 3. Pourquoi les paysans et l’agriculture vivrière ? ......................................................................162VI. 4. 4. Les chantiers de la mobilisation des capacitésproductives paysanne dans l’agriculture vivrière. .......163

CONCLUSION GÉNÉRALE ...........................................166

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES .........................170

SIGLES ET ABREVIATIONS .........................................174

ANNEXE : CONTRAT FONCIER …………………….175

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REMERCIEMENTS

Cet ouvrage est l’un des résultats du programmeVALEPRO. Débuté le 1èr janvier 2004, il avait commeobjectif d’accompagner les initiatives de création desmicro-projets agricoles des migrants congolais vers leurpays d’origine afin de participer au développementfamilial et communautaire.

Cette oeuvre est une capitalisation des expériences despromoteurs disposés à travailler en réseaux sans lesquelsils est difficile d’entreprendre. A travers ce livre, nousvoulons témoigner toute notre reconnaissance d’abordaux membres du département de OCIV-M&D. Il s’agitde Madame Nadine MUTETA, de Messieurs AntonVAN ASSCHE, Jean-Macaire MUNZELE-Munzimi etStephan HENAU qui ont travaillé sans relâche à laréalisation de cet ouvrage. Ensuite, que toute l’équipe del’organisation Vluchtelingenwerk Vlaanderen trouve icil’expression de notre profonde amitié.

A Kinshasa en République Démocratique du Congo,nous remercions monsieur André Mayengocoordonnateur de Entreprendre-CEDITA, notrepartenaire local dont la contribution a été appréciable.

Nos remerciements s’adressent aux promoteurs agricolesqui nous ont constamment soutenus dans l’élaborationde ce guide. Leur présence à toutes les manifestationsorganisées par OCIV-M&D témoigne de cette volontésans faille d’aller toujours de l’avant. Cet ouvrage est lefruit des efforts partagés.

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Que toutes les personnes qui ont contribué de près ou deloin à l’élaboration de ce livre trouve un motif desatisfaction.

Anton Van AsscheCoordonnateur du programme OCIV-Migration etDéveloppement

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INTRODUCTION GENERALE

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INTRODUCTION GENERALE

La grande majorité des Africains vit en milieu rural oùelle a pour principale occupation, l’agriculture. Celle-cireprésente, pour cette population, une ressourceimportante pour sa subsistance. Elle lui fournitpratiquement tout ce dont elle a besoin pour sonalimentation. Les deux tiers de la population activeafricaine vivent grâce à elle. Elle dégage une bonne partdu produit national brut du continent et rapporte desrecettes en devises.

Forts de ce constat, les différents acteurs dudéveloppement estiment que les économies africainesdevraient se développer à partir de l’agriculture. Il suffitpour cela, d’y consacrer des investissements nécessaires(crédits, infrastructures de base, etc.) afin que lespaysans « s’autonomisent » et prennent une part activedans l’économie nationale. Ils seront ainsi capables dedépasser le simple niveau de subsistance, ce qui leurpermettra de dégager des excédents commercialisables,facteur d’un revenu sûr.

La République Démocratique du Congo, dotée d’unimmense territoire au sol très fertile, est une chance pourl’Afrique. Sa situation géographique de part et d’autrede l’Equateur en fait un pays à vocation agricole parexcellence. Pour ainsi dire, son développement devraitreposer sur l’agriculture parce que l’investissement dansce domaine est moins coûteux que dans celui des mines.C’est pour approfondir et orienter la réflexion dans cesens que OCIV-Migration et Développement et sonpartenaire Entreprendre-Cedita ont élaboré ce guide.

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Ce guide est la suite logique d’une série de tables rondesorganisées tant à Kinshasa qu’à Bruxelles par lesdifférents partenaires (exploitants et promoteursagricoles, groupes locaux de bénéficiaires) et experts. Ilcomprend deux grandes parties. La partie initialepropose quelques éléments pour une exploitationagricole et s’articule autour de trois chapitres. Lepremier chapitre souligne l’importance des transfertsfinanciers effectués par les migrants en vue de soutenirles exploitations agricoles dans leur pays d’origine (laRDC). Le programme Valépro, dont cette oeuvre est undes résultats est brièvement présenté. Le second chapitreattire l’attention sur les facteurs à prendre enconsidération lors d’une exploitation agricole et présenteun plan d’accompagnement. Le troisième traite dequelques exploitations de cultures types choisies enraison de leur intérêt nutritionnel et commercial.

La deuxième partie résulte d’un échange entrescientifiques et experts de haut niveau d’une part,promoteurs agricoles et groupes locaux de bénéficiairesd’autre part. Cette partie se structure également autourde trois chapitres. Le premier porte sur une analyse del’organisation d’une exploitation agricole et en retraceles grandes lignes du cadre spatial. Il met en exergue sescaractéristiques. L’analyse s’interroge sur la mise envaleur de la dynamique du développement en milieurural et esquisse quelques problèmes qu’on y rencontre.

Le deuxième chapitre se penche sur les défis del’agriculture congolaise. Face au problème de la sécuritéalimentaire, quelle démarche privilégier pour aborder

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cette problématique ? Doit-on s’appuyer sur uneapproche sectorielle ou par projet ? Sont égalementdécortiqués les grands leviers et les infrastructures debase qui doivent soutenir la relève de l’agriculturecongolaise.

Le chapitre trois s’appesantit sur le défi de lamondialisation contemporaine. Il fournit quelquescaractéristiques de celle-ci et enchaîne avec les mutationsstructurelles qui affectent l’agriculture congolaise.Quelques perspectives clorent ce chapitre.

De ce qui précède, les différents partenaires et acteursdemeurent optimistes quant à l’amélioration desconditions de vie en milieu rural. Ils conviennent que lespaysans devront accroître leur productivité et réinvestirdans l’agriculture tout en entreprenant d’autres activitésnon liées au secteur agricole. Suivant cette perspective,ils pourront augmenter leurs revenus, détenir uneépargne et un investissement accrus. C’est de cettemanière, soutiennent les experts, que les régions ruralesseront intégrées dans l’économie nationale et pourrontainsi influencer le cours des événements au lieu de lessubir. Les paysans pourront ainsi être prospères maisaussi autonomes. Cela leur permettra d’entrevoir uneéconomie durable génératrice des richesses.

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Première partie :

QUELQUES ÉLÉMENTS POUR UNEEXPLOITATION AGRICOLE

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CHAPITRE 1 - LE PROGRAMME VALEPRO

Le mot Valépro signifie en fait « Valorisation del’épargne des migrants résidant en France et en Belgiquepar l’appui à des activités productives au Bénin, auCameroun, en Guinée Conakry, en RépubliqueDémocratique du Congo et au Togo ». Ce programme,financé par la Commission Européenne et la DGCDBelgique a mis en commun les expériences et les activitésd’une organisation en France, le pS-Eau (et leurprogramme PMIE : Programme Migrations et InitiativesEconomiques) et OCIV–Migration et Développement enBelgique.

Cette publication est en effet une capitalisation de ceprogramme intitulé Valépro, développé dans la périodejanvier 2004 - juin 2005 pour le volet RD Congo.

1. 1. ANALYSE DE LA PROBLÉMATIQUE

Les migrants ont toujours contribué au développementde leur pays d’origine (via le transfert de fonds, dematériel et d’équipement, de compétences, etc.). Levolume de ces transferts est souvent bien supérieur auxbudgets d’aides publiques au développement octroyéspar les pays Européens. Aujourd’hui, si ces flux sontdestinés en majorité à des besoins de consommationcourante, une partie de plus en plus importante estdirigée vers des initiatives productives dans des secteursaussi divers que le petit commerce, les transports,l’artisanat, la production agricole et la transformation dematières premières.

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Ces transferts ont alors un impact direct et positif surl’amélioration des conditions de vie des familles. Ilsbénéficient largement à l’économie des pays en voie dedéveloppement.

Pourtant, dans la pratique, on a pu observer plusieurseffets pervers de ces actions de solidarité :

La forte dépendance du Sud vis-à-vis de la« rente »migratoire : la majorité des actions de solidaritédes migrants vers leur pays d’origine couvrent lesbesoins de consommation des familles. Ainsi, cettedynamique ne débouche pas sur un investissement demoyen ou long terme ou un développement localdurable. Elle ne participe pas à la prise d’autonomie desbénéficiaires car les fonds sont consommés plusqu’investis : la dépendance vis à vis des migrants duNord s’accentue et la migration s’auto-entretient.

La faible durabilité des initiatives productives : si une partiesignificative des flux d’argent est dirigée vers desinitiatives de type productif, le démarrage et ledéveloppement de ces projets sont souvent compromispour plusieurs raisons :

- une mauvaise élaboration du projet (souventbasée sur des informations subjectives plutôtqu’objectives) due à une absence d’étude defaisabilité ;

- une absence de planification des activités et desinvestissements ;

- une mauvaise connaissance du marché et dumilieu ;

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- la difficulté à accéder au système bancaireclassique ;

- des technologies et pratiques pas toujoursadaptées ;

- des difficultés de gestion en ce qui concerne unedissociation des revenus de l’entreprise et ceuxde la famille ;

- une concertation et collaboration tendues avec lepersonnel et les associés locaux ;

- une sous capitalisation ; - un manque de suivi des activités.

1. 2. OBJECTIFS DU PROGRAMME

Ce programme se propose de favoriser l’autonomie desfamilles et des communautés locales et de rendre plusdurables les initiatives des migrants.

L’objectif général est d’augmenter l’impact et ladurabilité des transferts financiers des migrants.L’objectif spécifique est le renforcement des capacitésdes migrants et des groupes locaux de bénéficiaires àdévelopper des activités productives durables dans lespays d’origine.

Les résultats intermédiaires et activités peuvent êtrerésumés comme suit :

a. Les transferts sont orientés vers des activitésproductives.

- Accueillir et orienter les porteurs de projetspotentiels

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- Accompagner les porteurs dans l’élaborationde leur idée de projet et leur besoin en appui(avant-plan d’entreprise)

- Faire un bilan avec les porteurs sur lafaisabilité du projet

b. La durabilité et l’impact des activités sont améliorés.

L’opérateur du programme en Belgique :

- Organiser des séminaires de formation etd’échange d’expérience en matière demontage de projet.

- Assurer un accompagnement individualisépour planifier les actions d’étude defaisabilité et de montage.

- Consulter les opérateurs d’appui au Sud surla faisabilité des projets

- Rédiger l’accord quadripartite decollaboration entre promoteur et groupelocal de bénéficiaires et opérateurs d’appuiau Nord et au Sud

- Assurer le suivi des porteurs de projet

Les partenaires d’appui local en RD Congo

- Collecter et valider des information, donnerun avis sur la faisabilité des projets ;

- Guider les porteurs de projets et leur équipelocale dans leurs prospections et étude defaisabilité ;

- Définir avec les porteurs de projets leursbesoins en conseil, formation et suivi ;

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- Assurer ou coordonner les formationsd’appoint dispensées sur le terrain ;

- Orienter les promoteurs dans leurs besoins definancement ou de réseaux ;

- Rédiger et faire signer les contrats de suivi - Suivre, diagnostiquer les problèmes et

prodiguer des conseils dans la mise en placeet le développement des activités (conseilstechniques et de gestion) ;

- Communiquer régulièrement avec lespartenaires du Nord et les informer del’évolution des projets.

1. 3. LA MÉTHODOLOGIE APPLIQUÉE

Le dispositif d’appui qui est offert dans le cadre duprogramme Valépro est basé sur la notion du citoyentransnational. Il essaie de répondre au mieux auxbesoins en accompagnement de ce type de citoyen. Cedispositif est opérationnel depuis l’an 2000. Il peut faireprévaloir une somme d’expériences enrichissantes.

Ci-dessous, nous expliquons d’abord la notion detransnationalité et après le rôle de différents éléments dudispositif.

1. 3.1. La transnationalité

L’histoire de la migration est souvent celle de la lutte despeuples pour survivre, échapper à la pauvreté et àl’insécurité, pour se déplacer en fonction desopportunités et pour prospérer. La migration estdevenue une caractéristique importante et croissante

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dans la mondialisation actuelle, où de plus en plus depeuples sont en mouvement.

Le rôle de la migration entre Pays Développés et Pays enDéveloppement est devenu une question politiqueimportante en termes de développement mondial,réduction de la pauvreté et atteinte des MillenniumDevelopment Goals des Nations-Unies. La migrationn’est pas la panacée pour résoudre les problèmes dedéveloppement mais quand elle est bien gérée, elle peutdonner des bénéfices importants en termes dedéveloppement et de réduction de la pauvreté1.

Un élément frappant à ce propos est la taillephénoménale et le taux de croissance des transfertsfinanciers des migrants vers leurs pays d’origine, c’est-à-dire l’envoi de fonds des migrants à leurs familles ourelations restées au pays. Selon la Banque Mondiale, lestransferts financiers des migrants ont représenté 80milliards en 2002 et 100 milliards de dollars en 2003.

Il en résulte un style de vie transnational, caractérisé pardes nouvelles opportunités pour des changementséconomiques et sociaux dans plusieurs domaines, maisaussi des épreuves, des souffrances causées notammentpar la séparation et l’éloignement de la famille ou de lanation.

1 House of Commons, International Development Committee,(29/06/ 2004). Migration & Development: How to make migration workfor poverty reduction. London

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La notion de transnationalité est une vieille réalité maispeu exploitée. Elle peut concerner plusieurs pays. Pourmieux la comprendre, on se limite par exemple à unepersonne qui a des attaches dans deux pays, son paysd’origine et son pays d’accueil.

La personne transnationale n'a pas d’espacegéographique unique, mais elle oscille entre au moinsdeux espaces. Comme un homme ne peut se trouverqu’à un endroit à la fois, sa présence à l’autre endroitn’est donc pas physique, mais mentale. Bien sûr, par lescontacts familiaux, les médias et les réseaux, la personnereste informée et s’informe sur les évènements qui sepassent à l’endroit où elle ne se trouve pas.

Cette information ne reste pas sans suite. Souvent, unmigrant au Nord s’est engagé, vis-à-vis de sa famille

Paysd’origine

Paysd’accueil

Citoyentransnational

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restée au Sud, pour des raisons diverses, à collaborerdans différentes activités. Souvent, il a un réseau decontacts qu’il désire entretenir. Vu cet engagement, lesactivités que la personne développe dans l’espace où ellese trouve physiquement, seront influencées par lesinformations, les demandes (la pression), les ambitionsdans l’autre espace. Sa façon de vivre dans le paysd’accueil (étudier, travailler, être heureux,…) estinfluencée par ce qui arrive dans le pays d’origine.

En d’autres mots, ce qui se passe là-bas a desimplications sur l’intégration de la personne ici. De lamême façon, son bien-être dans le pays d’accueil a uneinfluence directe sur ses capacités et ses démarches enfaveur du pays d’origine. Bien sûr, sa contribution à lasociété du pays d’accueil peut être renforcée par lesréussites et les succès réalisés dans le pays d’origine. Cequi donne satisfaction dans un espace, pourra la rendreheureuse dans l’autre espace, et vice-versa.

Parlons donc d’un citoyen transnational avec desréseaux et contacts, des activités, des ambitions et desengagements dans au moins deux espacesgéographiques. Il établit des contacts permanents etcontinus entre ces deux espaces, ce qui mène à uneinteraction durable. Il est évident que ces activités ontune influence mutuelle sur les deux espaces, mais aussiun effet pluridimensionnel sur la vie de ce citoyen. Lephénomène n’est pas nouveau, cependant, avec lesnouvelles technologies (technologie satellitaire, internet,…), le mouvement et la communication entre desgrandes distances peuvent se faire plus rapidement etplus fréquemment que dans le passé.

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Pour faire jouer pleinement les atouts de cettetransnationalité, une migration circulaire s’impose. Lapersonne transnationale a la volonté, même le besoin dechanger régulièrement d’endroit. En fonction desactivités et des engagements, elle veut se trouver à unendroit ou à l’autre. Une vision unidirectionnelle sur lamigration conduit les gens, une fois arrivés au Nord, soità rester et à s’intégrer, soit à ne pas avoir accès auterritoire et donc à retourner. Cette politique résulte enune forte limitation de plusieurs groupes de citoyenstransnationaux, qui n’ont pas la possibilité de voyagerentre leurs deux espaces, dès lors, ils ne peuvent pasvaloriser pleinement les atouts de leur citoyennetétransnationale.

1. 3. 2. Le dispositif transnational entre la Belgiqueet la RD Congo

La collaboration OCIV – Migration & Développement etENTREPRENDRE – Cedita pourrait se définir comme undispositif et/ou un réseau transnational entre laBelgique et la R.D.Congo.

Ce dispositif transnational OCIV - Migration a pourobjectifs de viser essentiellement à augmenterrespectivement :

- l’impact des efforts tant des migrants que desgroupes locaux des bénéficiaires ;

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- la durabilité de ces efforts en faveur dudéveloppement de la R.D. Congo en général et detous ceux qui sont impliqués dans les différentsprojets des migrants en particulier ;

- l’insertion des micro – projets des migrants ou deleurs groupes locaux des bénéficiaires dans lesplans globaux ou réseaux locaux ;

- la visualisation des efforts réciproques dans lesdeux pays ;

- la promotion et la recherche dans le domaineMigration et Développement.

La plupart des membres du réseau, bénéficiaires desservices du dispositif transnational OCIV – Migration &Développement et ENTREPRENDRE – Cedita, peuventbénéficier des avantages de la migration circulaire, cequi assure une grande flexibilité dans le travail etgarantit des effets et résultats plus durables.

Concernant ces services et les activités du dispositiftransnational OCIV – Migration & Développement etENTREPRENDRE – Cedita, ils consistent notamment à :

- orienter – informer les migrants au nord sur lesopportunités dans leur pays d’origine etdemandant leur implication et au sud sur lesactions rentables et durables à développer ;

- évaluer les capacités des migrants à gérer et àrenforcer des projets dans leur pays d’origine ;

- établir les liens avec les acteurs locaux (ONG –partenaires) bénéficiaires ou non des appuisd’OCIV – Migration & Développement. Ces liensrenforcent le partenariat et leur permettent

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d’effectuer un échange de servicescomplémentaires à moindre frais ;

- étudier la faisabilité technique et économique deprojets de migrants ou de leurs groupes locauxdes bénéficiaires. Cette étude vise à assurer lacohérence technique et financière des projets;

- organiser l’échange des expériences entre lespromoteurs ou groupes locaux des bénéficiairesqui interviennent dans un même domaine. C’estle cas du groupe des agriculteurs dont l’objectifest de produire un guide pratique pourl’exploitation agricole en R.D.Congo etparticulièrement à Kinshasa.

Cette publication est basée sur les activités et lesrésultats de ce dispositif transnational.

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CHAPITRE II - PLAN POUR UNEEXPLOITATION AGRICOLE

Introduction

Pour s’engager dans une exploitation agricole, il estessentiel de connaître la pratique, les coutumes et lesfacteurs qui conditionnent sa réussite. L’agriculture enRDC repose sur l’exploitation de petites surfaces surlesquelles des groupements familiaux ou individuelsproduisent des produits vivriers après un longprocessus. Ce dernier va de l’abattage à la récolte enpassant par le sarclage, le labourage et les semailles. Surces surfaces, il y a alternance de cultures. Le traitementdu sol exige constamment une mise en jachère.Cependant, la demande croissante du marché et lapression démographique contribuent à la réduction dutemps de jachère. Ce qui entraîne l’appauvrissement dusol, et donc des rendements. L'étendue des terrescultivées nécessite en outre l'utilisation d'une main-d’œuvre importante.

De nos jours, grâce à la mécanisation, il est possible dedoubler, voire de quadrupler le rendement agricole surdes étendues de terre parfois minuscules. Cettemodernisation fait de la rentabilité la priorité despriorités, un impératif absolu. Suivant cette nécessité, laterre reste l'élément primordial sans lequel aucuneexploitation agricole n’est envisageable. Les agriculteursdoivent s'adapter au contexte changeant de leur milieus'ils veulent améliorer leur production et répondre ainsiaux besoins du marché.

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Dans ce contexte évolutif, comment faut-il concilier laconjonction des principaux facteurs de production avecles pratiques administratives et législatives afind’assurer une exploitation en connaissance de cause ? Ilest question, dans ce chapitre, de présenter la régionconcernée par l’exploitation agricole, de s’appesantir surla typologie des facteurs, d’exposer un plan d’uneexploitation agricole. Bref, comment envisager lepassage de l’autosubsistance pour aboutir à larentabilisation du projet envisagé.

2. 1. KINSHASA : CLIMAT, VÉGÉTATION ETSOL

La région concernée par ce plan d’exploitation est la villede Kinshasa et sa périphérie. Cette ville est bâtie le longdu fleuve Congo. Au point de vue juridique, Kinshasaest la capitale de la RDC et reste un centre administratif,économique et culturel important. Sa superficie est de9.965 km2. Kinshasa est limitée au nord et à l’est par laprovince de Bandundu, au sud par la province du Bas-Congo et à l'ouest par la République du Congo-Brazzaville dont elle est séparée par le fleuve Congo.L'altitude moyenne de la ville est de 300 m. Sapopulation totale est estimée à 6.500.000 habitants(Statistiques de l’Eglise Catholique : 2003). La ville estsurtout une concentration de services.

Kinshasa a un climat tropical sec avec une végétation desavane herbeuse, parsemée d’arbustes et très propice àl’agriculture et à l’élevage de bovins. Cette métropole

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connaît l’alternance de deux saisons : une saison despluies qui couvre pratiquement une grande partie del’année. Elle débute approximativement à la fin du moisd’août et prend fin à la mi-mai. Les températures sontélevées (autour de 30°C) et l'humidité ambiante crée uneatmosphère lourde, parfois étouffante. Cette grandesaison des pluies est intercalée par une petite saisonsèche que les Kinois appellent la petite saison sèche ou «elanga moke » en lingala. Elle intervient entre les moisde janvier et février et dure trois à quatre semaines. Lasaison sèche commence à la mi-mai et se termine aumois d’août. Elle se caractérise par l'absence de pluies,des températures plus fraîches et un ciel généralementcouvert. Dans le domaine agricole, cet intermède despluies et de non-pluies est subdivisé en saisons A et B.

a) La saison A

C’est la saison de culture par excellence en raison de larégularité des pluies. Elle commence au mois d’août et setermine au mois de mai. Les cultures vivrières (manioc,maïs, patate douce, arachide, riz, etc.) et fruitières commeles agrumes (oranger, citronnier, bigaradier, safoutier,ananas, avocatier, etc.) sont exploitées pendant cettesaison. Ces cultures sont faites à une petite échelle.

b) La saison B

C’est la saison sèche. Elle dure plus au moins quatre mois(mai, juin, juillet, août). Elle se caractérise par une absencede pluies. Cette saison est tout indiquée pour les culturesmaraîchères (cultures à contre saison) comme le chou,

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l’oignon, l’amarante, les ciboules, le piment, la tomate, lepoivron, etc.

c) Le calendrier agricole

La connaissance de la pluviométrie est essentielle pourétablir un calendrier agricole. Ce qui permet auxagriculteurs de mieux organiser leurs travaux champêtreset d’en assurer une exploitation efficiente. Les différentstravaux agricoles tels que le défrichage, le labour, le semis,l’entretien, la récolte, etc. (qui sont développés plus loin)se font à des moments précis du calendrier. Celui-ci estétabli en fonction des types des champs et de périodes aucours desquelles il est nécessaire d’y travailler. Il prend enconsidération les facteurs ci-dessous :

- Les différents types de champs, selon leurposition dans le terroir (plateau, pente, bas-fond,etc.) ; selon les caractéristiques du sol et de sonhumidité; selon les associations culturales qui s’ytrouvent et selon les pratiques agricoles (labour àplat, billonnage, buttage, confection de planches).

- L’observation du temps de travail descultivateurs et le moment précis où les différentstravaux se réalisent (principalement : défrichage,labour, semis, entretien et sarclage, récolte,parfois le buttage et secondairement lesopérations spécifiques à chaque culture,notamment la taille, la fumure, le traitementphyto-sanitaire, le tuteurage, etc.).

- Le cultivateur kinois a une connaissanceempirique du travail agricole. Il sait parempirisme qu’une sécheresse persistante de 8 ou10 jours peut avoir des effets néfastes sur les

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cultures, surtout au moment de la germination,de la croissance et de la moisson. Il est doncintéressant de connaître le cycle végétatif desplantes et la pluviométrie.

d) Les disponibilités en travail :

De l’observation du travail agricole au plateau des Bateke,il est évident que celui-ci (temps) est tributaire du cyclevégétatif des plantes. Le travail agricole est parconséquent dépendant de la pluviométrie. A certainespériodes de l’année, il n’y a donc aucune activité agricole.Ce moment est mis à profit pour réaliser des activités telsque la pêche, la réparation des maisons, les fêtes, lesvoyages, les travaux collectifs, etc.

Retenons que :- L’activité agricole est un perpétuel

recommencement. Chaque année, à une périodedéterminée, l’agriculteur est amené à refaire lesmêmes travaux de défrichage, de labour, desemis, d’entretien, de récolte, etc.

- Le cycle végétatif (germination, levée, montaison,floraison, nouaison, maturation, etc.) estdépendant du cycle des saisons et mérite uneattention particulière.

2. 2. TYPOLOGIE DE FACTEURS

De nombreux facteurs aussi bien géographiques2 (lerelief, le climat, la nature des sols, la végétation, les 2 Voir à ce sujet l’aperçu sur Kinshasa : climat, végétation et sol..

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réserves en eau, etc.), techniques, économiques quesociaux déterminent le choix et le développement desactivités agricoles. Ces facteurs influent surl’organisation d’une exploitation agricole.

2. 2.1. Facteurs techniques

Par facteurs techniques, il faut sous-entendre lestechniques et les outils utilisés pour rendreopérationnelle une exploitation agricole. Les techniquesadoptées dépendent du type de végétation suivant qu’ils’agit de la forêt ou de la savane. Pour ainsi dire, lesprincipales techniques auxquelles les paysans recourentsont les suivantes : le désherbage, le labour, la rotation,l’assolement, le buttage, le billonnage, l’association descultures, la culture pure, le semis, le bouturage, lesarclage.

Le labour consiste à retourner le sol, à enfouir les herbeset le fumier. La rotation consiste à produire sur unemême surface des cultures différentes. Par exemple, lemanioc, le maïs et l’arachide peuvent être cultivés sur unmême champ dans une perspective de mise en jachère.En savane par exemple, le sol étant riche, on procède àdes rotations coton/maïs , coton/arachide, manioc/coton, maïs/arachide, manioc/arachide, coton/maïs,coton/manioc, etc.

L’assolement est un procédé de culture par succession etalternance sur un même terrain pour conserver lafertilité du sol. Il s’agit de la répartition des terres del’exploitation entre diverses cultures. Chaque portion deterre est appelée sole.

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Le buttage est la formation à la houe d’un petitmonticule de terre au pied du plant. Il permet deconcentrer le ruissellement en filets d'eau qui ont tôt faitde creuser des rigoles sur de fortes pentes. Cettetechnique est propice également aux aménagements depetites buttes aux pieds de maïs en vue de faire face à laverse. L’assolement et le buttage présentent quelquesinconvénients notamment les risques d’érosion suite auxpentes qu’ils nécessitent, favorisant ainsi l’incohérencedu sol (niveau). L’association des cultures exploite surun même champ plusieurs cultures. On pourrait ycultiver du maïs, du manioc et de la patate douce. Quantà la culture pure ou la monoculture, elle exploite sur unseul champ une seule culture.

Le billonnage élève la hauteur des plantes cultivées parrapport aux mauvaises herbes (adventices). Il est utiliséaussi pour enfouir les résidus de culture. Cependant,c’est en fonction de la périodicité des travaux qu’il estpossible de faire le labour en plein, le billonnage avantsemis, le billonnage à fort écartement après semis ou lelabour par tracteurs. Il est envisageable d’accroître lesrendements en recourant au tracteur. Ce qui permettraitde réduire le temps de travaux des paysans. Maisl’utilisation de cet engin motorisé augmente plusfacilement les risques de détérioration du sol. Le buttageet le billonnage ont l’avantage d’assurer une bonnecroissance des racines (igname, manioc). Un bondrainage dans les zones temporairement humides estune manière de rassembler les terres humides autour desplantes cultivées sur les sols les plus dégradés. Le

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sarclage consiste à éliminer les mauvaises herbes enutilisant la houe. A côté de ces techniques, il y a d’abord l’outillageagricole (houes, machettes, haches, etc.) qui est unélément déterminant dans la productivité. Mais cet outilest rudimentaire. Son rendement est fort limité.L’introduction de nouveaux instruments susceptiblesd’améliorer quantitativement et qualitativement laproduction doit être adaptée au terrain et à la végétation.A titre indicatif sont repris ici les prix des principauxoutils agricoles mais aussi pour le labourage et/ou laproduction.

Tableau 1 : Prix des principaux outils agricoles (prixactualisé au marché Bayaka en mars 2005)

N° Matériel Prix( en FC)

Prix ($us) Observation

01 Brouette 16000 32.9896 Tx :1$us=485 Fc02 Bêche 1500 3.09 + manche

compris03 Hache 3500 7.216 +manche04 Râteau 1500 3.09 + manche06 Houe (le coq n°2) 1800 3.7113 + manche07 Houe (le coq n°3) 2500 5.15 + manche08 Machette Tramotina 1800 3.7109 Pioche 4500 9.278 + manche10 Fil nilon pour traçage 2500 2.1511 Mètre ruban(50m) 13500 27.83512 Binette 2000 4.123

Ensuite, les semences agricoles ne parviennent pastoujours à fertiliser le sol du fait d’une utilisationintensive de celui-ci et du non-respect du temps dejachère pour les cultures. L’insuffisance de l’utilisation

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des engrais et les connaissances techniques limitées toutcomme l’accès difficile aux circuits de commercialisationprécarisent les paysans. Ces facteurs ne garantissent pasune production régulière aux producteurs locaux. Euégard à ce qui précède, l’utilisation d’une technologieappropriée comme l’emploi de la traction animalepourrait déjà soulager les paysans dans le transport deleurs produits agricoles.

Face aux innovations techniques qui privilégient dehauts rendements, les paysans semblent dépassés. Lesefforts qu’ils déploient afin de les assimiler et de lesintégrer dans leur logistique en vue d’améliorer laproductivité de leur exploitation sont comme une goutted’eau dans l’océan. Cependant, il est possibled’introduire des semences améliorées et des intrants quisolidifient le sol, éliminent les rongeurs qui détruisentles cultures, pour que les paysans améliorentqualitativement et quantitativement leur travail ainsique leurs rendements.

2. 2. 2. Facteurs économiques

Par facteurs économiques, il faut sous-entendre lesmoyens de production qui sont la terre, le travail et lesinvestissements agricoles. Dans le traitement qui suit, cetordre n’est pas respecté. Il s’agit de montrer plus loin(cfr. gestion économique, durabilité et rentabilité) demanière concrète comment le paysan doit effectuer uncalcul de rentabilité s’il veut rendre son exploitationrentable.

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2. 2. 3. Facteurs politiques

L’histoire politique récente de la RDC est trèsmouvementée. Depuis son accession à l’indépendancepolitique formelle en 1960, le pays a connu unemultitude de rebellions qui rendent toujours difficiles sagestion. Cette instabilité a des origines aussi bieninternes qu’externes. La RDC est aujourd’hui victime desguerres par procuration menées par des pays voisins eteux-mêmes instrumentalisés par le grand capitalinternational. Cette instabilité politique quasi chroniqueest un obstacle de premier ordre pour la conduite desaffaires de l’Etat. Elle entraîne une spirale de la violencequi ne permet aucune planification. La situationpolitique détermine la stabilité de l’Etat dans tous lesautres domaines.

2. 2. 4. Facteurs sociaux

Les facteurs sociaux influencent fondamentalement laperception et la vision que chaque société a de son bien-être, de son organisation et de son développement. Atravers toute la RDC, si vous permettez cettegénéralisation, le métier d’agriculteur jouit de peu deconsidération. Il n’est pas valorisé socialement.Comment faut-il le valoriser ?

A côté de cette question récurrente vient se greffer unproblème tout aussi important lié à la culture du travail.En effet, le travail agricole mobilise un nombre

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important de saisonniers. Ce qui implique unesurveillance accrue de ces derniers. Une défaillance dansle système de contrôle peut être l’occasion d’unrelâchement de la part de certains ouvriers, notammentle non-respect de l’horaire de travail, l’exécution lente ouanormale des tâches, etc. Une manière de répondre àl’indélicatesse de ces saisonniers est d’avoir sur le sited’exploitation une main-d’œuvre permanente.

2. 2. 5. Facteurs juridiques

Ces éléments s’appliquent, comme tous les autreséléments sur la périphérie de Kinshasa.

a) Le droit coutumier

Pour organiser une exploitation agricole, la connaissancedu droit coutumier est impérative. Il s’agit d’unensemble de règles, de pratiques qui obéissent à lacoutume et régissent l’organisation, l’exploitation etl’attribution de l’espace. Comprendre leur logique et leurdynamique propres est essentiel pour une meilleureapproche de l’exploitation agricole. De nombreuxconflits fonciers ont cours en Afrique à la suite d’unedualité de législation (coutumière et étatique). En RDC,les sociétés rurales et mêmes urbaines considèrent laterre comme un bien inaliénable, c’est-à-dire unpatrimoine familial qui appartient au clan ou au lignage.

o La logique traditionnelle de la gestion desespaces

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Une triple relation (espace - autorité locale - groupelocalisé) traduit le fondement de la logique traditionnellede la gestion de l’espace. La terre appartient auxgroupements familiaux (clan, lignage). Cette perceptionest ancrée dans l’imaginaire collectif et dans la pratique àtelle enseigne que même la juxtaposition du droitétatique au droit coutumier ne peut la modifierfondamentalement du jour au lendemain. Le sol revienttoujours à la communauté locale (clan ou lignage) qui endispose suivant les besoins sociaux. C'est un bieninaliénable qui fait l'objet d'une appropriation collective.Ce qui implique que même les autorités étatiques seréférent à l’autorité lignagère. Pour les citoyens, « C’estun devoir de protéger sa terre, preuve de sonattachement au sol qui a fini par s'identifier aux ancêtresqu'elle abrite et qu'on respecte…» (CROUSSE B : 202). Fortde cette idée, il n’est pas évident de se débarrasser de laterre ancestrale et ce, malgré le fait colonial et laprésence de nouveaux Etats issus de la fragmentationdes anciennes sociétés précoloniales. Cette philosophiede la gestion du sol n’a pas changé.

o Dispositions sociales d’accès à la terre

Dans l’organisation sociale rurale, il convient dedistinguer les différentes hiérarchies de pouvoir. Demanière succincte, il y a le chef de village, le chef de clanou de lignage et le chef de terre. Cette structurationdépend de la configuration de la société suivant qu’elleest étatique ou segmentaire. Il revient au chef de terred’opérer la redistribution selon les besoins de chacun.Cette gestion de la terre s'enracine dans une logique

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ancestrale de la non-cession de ce bien. Il en est de mêmedu système de l’héritage qui se fait au niveau familial.

o L’autorisation d’occuper ou d’exploiter

L’autorisation d’occuper ou d’exploiter la terre s’assimileà un parcours de combattant. Il est indispensable desécuriser le site d’exploitation. Pour cela, il faut avoir uncontrat signé avec le chef coutumier ou le chef de terre,un constat du procès verbal établi par l’autoritécommunale et un certificat d’enregistrement établi par leconservateur des titres fonciers et immobiliers.

o La location et la concession du droit d’usufruit

Dans toutes les communautés humaines, l’accès au sol atoujours été réglementé. En Afrique, sa gestion relève dudroit coutumier. Les membres du lignage pouvaientcultiver la terre lignagère sans en vendre une portion. Ilsont le droit d’usage et non la propriété. Ils pouvaienttirer du sol les produits utiles pour subvenir à leursbesoins. Ils étaient propriétaires de leurs produits maispas des terres. Cette exploitation du sol se faisait enrespectant les limites territoriales de leurs champs.

b) Le régime foncier étatique

La plupart des Etats d’Afrique noire ont acquis leurindépendance dans les années 1960. Les nouveauxdirigeants n’ont nullement cherché à remettre en cause lalégislation foncière héritée de la période coloniale. En

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RDC par exemple, par la loi Bakajika de 1966, l’Etatdevenait le seul propriétaire du sol et du sous-sol.

Appropriation purement formelle, car en pratique, lescitoyens recourent d’abord au droit coutumier et ensuite,ils s’adressent aux services étatiques. Il y a donc, unedualité qui coexiste dans la gestion de l’espace foncier.Faute d’asseoir sa propre législation, il arrive que l’Etatsoit obligé de négocier l’achat d’un terrain auprès del’autorité coutumière.

o Les démarches à suivre pour acquérir unesuperficie de terrain agricole à Kinshasa

- S’informer auprès du chef coutumier. Le prixpar hectare est de 150 $us (à N’sele) ; àMaluku, il oscille autour de 100 $us l’hectare.Les prix sont discutables ;

- Etablir une fiche parcellaire ou du terrain ;- Obtenir l’attestation de droit d’occupation (la

commune donne l’attestation deconfirmation).

o Les démarches au niveau du ministère desaffaires foncières :

- Ouverture du dossier en commençant parl’achat du formulaire : demande de terre,demande des travaux aux services ducadastre avec deux fardes chemises. Ledemandeur paie 5.000 Fc. Le dossier estconfié à un géomètre à qui il faut payer deshonoraires (frais de déplacements). Les prix

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varient suivant qu’il s’agit d’une concessiond’un hectare (qui revient à 50 $ us ou de plusd’un hectare le montant peut atteindre 100 $us.

- Travaux techniques : préparation d’un ordrede mission au nom d’un géomètre,préparation des matériels qu’il faut pourdescendre sur le terrain et les moyensfinanciers (par le demandeur des services),les frais de mesurage et du bornage (à chargedu demandeur), établissement de procès-verbal, l’attribution du numéro cadastral parle chef de division du cadastre, mise à jourdu plan général de la ville de Kinshasa, letirage (croquis), signature du croquis par lechef de division du cadastre ;

- Etablissement du contrat :

• Calcul sur base de la superficie duterrain ou de la parcelle. Le prix varieselon les catégories : catégorie A etcatégorie B. Catégorie A : Lemba,Limete, Gombe, Kasa-Vubu, Bandal.Catégorie B : Masina, Maluku,N’sele…Les indications concernant lesprix sont à la libre appréciation dugéomètre du ministère des affairesfoncières.

• La première signature par leconservateur de titre immobilier qui vainviter l’occupant d’aller payer à laBanque. Mais avant d’y aller, il faut

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passer à la DGRAD pour l’établissementde la note de perception.

• Au retour de la banque, passer auxfinances chez le comptable pourcontresignature afin de valider lepaiement effectué à la banque ;

• Acquisition du contrat.

o Les démarches au niveau de la division urbainedes affaires foncières (voir conservation deTshangu Masina sans fil)

- Contrat de location : contrat précaire, contratprovisoire, transfert de bail ;

- Contrat de concession perpétuelle : pour lespersonnes physiques, on donne le certificatd’enregistrement ; pour les personnesmorales, on donne le registre contratordinaire (R.C.O., en sigle) ; pour uneparcelle à usage agricole : obtenir le certificatd’amphithéose : l’arrêté ministériel sur lescommunes dépend de la catégorie A ou B.

A titre illustratif, les démarches concernant la catégorieB s’effectue de la manière suivante : 0.025 x la superficie x taux du jour du dollar = prix deréférence (0.025 : indice).Les taxes fixes pour les services rendus pourl’occupation d’un contrat :Taxes du contrat : 2.4 x taux du jour du dollarFrais de procès verbal (P.V) = 1.6 x taux du jour dudollarFrais du croquis : 0.50 x 5 x taux du jour du dollar

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Pour un certificat d’enregistrement = 4.5 x taux du jourdu dollar :

• Prix de référence,• Taxe de contrat,• Procès verbal,• Note d’usage (N.U.)• Procès verbal du mesurage et bornage =

6 x taux du jour du dollar,• Croquis.

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2.3. ANALYSE D’UNE EXPLOITATIONAGRICOLE

II. 3. 1. Type de présentation d’une exploitationagricole3

Chaque exploitation agricole a ses particularités. C’est àl’occasion de la préparation qu’il convient, en fait, dedéterminer la démarche d’étude, de mise en œuvre, desuivi et d’évaluation en prévoyant les points à aborderen priorité, selon la nature et le contexte del’exploitation. Ce type de présentation est avant tout unoutil de travail et de visualisation pour les promoteursagricoles. Il permet à quiconque de se forger une idéesur une exploitation agricole et de trouver des réponsessur la productivité, la rentabilité, les perspectives et lepotentiel que recèlent une telle activité.

La présentation pourra donc reprendre les élémentssuivants :

3 Le présent plan type de présentation et d’analyse d’une exploitationconcerne les activités du secteur agricole (agriculture, élevage, pêche,…). Beaucoup d’autres schémas sont cependant envisageablescompte tenu de la spécificité de chaque projet. Le modèle repris ici estle résultat de nos propres recherches. C’est une lecture d’une dizained’ouvrages (repris dans les références bibliographique) et deformations pratiques qui ont conduit à cette formulation.

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a) Historique de l’exploitation

Dans une historique, il est important de mentionner lesdates des évènements importants ou cruciaux dans ledéveloppement de l’activité.

o Depuis combien d’années êtes-vous engagédans l’exploitation ?

o L’action s’est développée comment ? D’où vientl’idée ?

o Comment l’idée s’est matérialisée ? o Quels sont les moyens investis (données

concrètes !!)o Quelles ont été les évolutions importantes au

niveau des résultats de l’exploitation (quantitésproduites,…), nombre de personnes impliquées,investissements,… ?

o Quels ont été les partenariats importants(gestionnaires, investisseurs, fournisseurs,clients,…)

o Quelle est l’évolution du cadre juridique ?

b) Cadre de l’exploitation

Les facteurs ci-après doivent servir à circonscrirel’exploitation dans son contexte géographique,économique et social, de façon à déterminer leurinfluence directe ou indirecte sur la bonne marche decelle-ci. Il s’agit donc

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- De la localisation géographique del’exploitation (région, localité … en yjoignant une carte éventuelle)

- Du climat, sol et végétation, hydrographie dela région (zone d’action de l’exploitation)

- Des systèmes de production : assolements,rotations (jachères/cultures), techniquesculturales, niveaux de production, typed’élevage

- Des structures agraires : structure foncière(répartition des terres) ; division du travail(homme–femme) et structure de décision,équipement, main-d’œuvre (populationactive, exode…)

- Des éléments d’infrastructures : équipementset infrastructures sociaux publics et privésexistants : praticabilité des routes, réseaufluvial et ferroviaire, infrastructuresportuaires, télécommunications, servicestechniques (service de vulgarisationagricole), fourniture d’énergie, etc.

Essayez de répondre entre autre aux questionssuivantes :

o Où se trouve votre exploitation ?o L’exploitation est-elle accessible ? Comment ?o Quelle est la distance qui relie l’exploitation à la

route principale ?o Existe-t-il un point d’eau proche de

l’exploitation ?o Quel est l’outillage mis à la disposition de la

personne ressource ?

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o Quels sont les produits possibles d’êtrecultivés (ou possible de cultiver) ?

o Quel est le statut juridique de l’organisation del’exploitation ? Existe-t-il une structure d’asblou de sprl ou autre ?

c) Etat actuel de l’exploitation

Il s’agit maintenant de décrire le point de départpour le développement de l’exploitation.L’information recherchée porte sur :

- la responsabilité, les compétences des et lesrelations entre les personnes impliquées

- les activités et résultats actuels del’exploitation

- les expériences positives et négatives, lesleçons apprises

- les forces et les faiblesses de l’exploitation

Les questions suivantes peuvent orienter :

o Qui est le promoteur/réalisateur (nom, post-nom, adresse, téléphone, e-mail ) ?

o Quelles sont ses expériences, compétences dansle domaine ?

o Quelle est la composition de l’équipe locale(personnel permanent, personnel saisonnier)

o Quelles sont leurs compétences, rémunérations(régulières) ?

o Les personnes ressources disposent-t-elles de laformation appropriée ?

o Comment se fait la prise de décisionsimportantes ?

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o Qui sont les partenaires actuels et les autresacteurs impliqués (stakeholders) ?

o Quel est leur rôle concret ? Quel type et naturede collaboration ?

o Quelle est la taille de l’exploitation ? Nombred’hectares ? Production ? Nombre detravailleurs ?

o Quelle est la production actuelle ?o La production est-elle auto-suffisante ou

commercialisable ?o Quels sont les résultats de l’exploitation (en

termes financiers, en termes de production,…) ?o Quelles sont les expériences acquises en

matière de gestion de l’exploitation ?o Qu’est-ce qui a bien marché ? Qu’est-ce qui n’a

pas marché ?o Quelles sont les sources de revenus principales

de l’exploitation ?o Quelles sont les dépenses principales

(investissements, fonctionnement, matièrespremières,…)

o Existe-t-il un système d’enregistrement desrésultats ?

d) Perspectives et objectifs de l’exploitation

Il s’agit de décrire brièvement l’exploitation enindiquant sa finalité, le public cible, les grandes optionstechniques, les objectifs, le coût des investissements, lesmoyens à mettre en œuvre, les résultats attendus etl’impact de l’exploitation sur la communautéconcernée.

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Ce n’est que lorsque l’on dispose de l’information, quel’on serait intéressé à considérer une collaborationéventuelle dans le cadre d’un projet. La questionprincipale est de savoir ce que l’on doit faire avant des’engager dans une exploitation agricole ?

Il s’agit de l’information sur :

- le public visé (catégories, nombre,caractéristiques, activités principales, niveaud’instruction et de revenus …)

- l’impact et la viabilité de l’exploitation - les objectifs à atteindre - les activités à réaliser pour les atteindre - les résultats attendus (indicateurs de suivi-

évaluation) - le calendrier d’exécution (activités - date –

qui - …) - le budget disponible et nécessaire

Sous forme de questions, nous pourrions formuler :

- Quels sont les objectifs à court et à long termes del’exploitation ?- Quelles sont les activités à entreprendre pour atteindreles résultats ?- Comment va-t-on évaluer les résultats intermédiaires ?

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II. 3. 2. Etapes du développement d’une exploitationagricole

a) Formation et Gestion du personnel

Les paysans qui s’adonnent aux travaux champêtrespossèdent une connaissance empirique qu’il fautvaloriser, capitaliser et enrichir. Mais cette expérience estfort limitée face à la demande croissante et à l’évolutiontechnologique. Les paysans sont invités à suivre uneformation agricole qui leur permet de maîtriser lestechniques nouvelles en vue d’accroître leur rendementet satisfaire ainsi à leurs besoins essentiels. Cetteformation inclue aussi la maîtrise des règles de gestionmoderne des stocks et des flux (main-d’œuvre, produitsagricoles et intrants, etc.). La gérance des produitsagricoles permet de quantifier les besoins pour l’usagedomestique et ceux pour l’usage commercial. Unpersonnel formé est donc nécessaire afin de bien gérerune exploitation agricole.

b) Dépasser le niveau de l’autosubsistance

Le dépassement du niveau de l’autosubsistanceimplique des changements radicaux dans le paysageagricole et mental en Afrique. Il s'agit de créer un cadrepropice au développement des activités agricoles. Parexemple, disposer d’infrastructures nécessaires tels quedes routes de dessertes agricoles, un accès au crédit, àl'eau et aux technologies appropriées. Viendrontégalement en appui les semences améliorées, les engrais,les voies d'irrigation et l'usage de la traction animale. La

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réalisation de ces conditions pourrait permettre àl’agriculture paysanne de franchir un pas important versle dépassement de l’autosubsistance. Elle devra bienentendu aussi faire face à de nombreuses contraintesextérieures (barrières commerciales, droits de douane,etc.).

c) Gestion économique, durabilité et rentabilité

Pour ce qui est de la gestion économique, trois élémentssont déterminants dans la rentabilité d’une exploitationagricole. Il s’agit de l’accessibilité du site par rapport à lavoie principale d’écoulement des produits, de ladimension et du personnel (main-d’œuvre). Il estimportant de s’assurer que l’exploitation reste accessible,se situe proche d’un axe principal facilitant le transportdes produits agricoles. Par essence, ces derniers sontpérissables et donc la distance à parcourir jusqu’au lieud’écoulement doit être étudiée. Aussi la dimension del’exploitation intervient-elle dans les quantités estimées àrécolter. L’exemple ci-dessous (voir calcul de rentabilitéplus bas) suffit à démontrer la pertinence de ces propos. La question de la durabilité et de la rentabilité d’uneexploitation agricole s’inscrit dans une triple logique.Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela signifie que trois axesdoivent être privilégiés : environnemental, économiqueet social.

Pour ce qui est de l’axe environnemental, toutedéforestation intensive doit être évitée. On le sait déjà,les cultures sur brûlis ont besoin de grandes étendues àcultiver pour un rendement souvent inférieur aux efforts

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consentis. Il en résulte un épuisement du sol suite à uneutilisation intensive qui ne le laisse pas reposer.

La viabilité économique d’une exploitation est liée à sacapacité à générer des bénéfices. Sinon, c’est un travail àperte et l’exploitation est condamnée à disparaître.Autrement dit, les dépenses ne doivent pas êtresupérieures aux recettes. Pour rentabiliser uneexploitation, il convient au gestionnaire de disposer d’uncahier dans lequel sont mentionnés les dépenses et lesrecettes.

Quant à la rentabilité d’une exploitation agricole, lespromoteurs doivent inclure tous les frais d’exploitation(récolte, sarclage, le prix des semences, le tempsd’attente et le prix de vente) et de gestion (l’habitationdu personnel permanent, le salaire, l’accessibilité, unnombre d’hectare élevé est indispensable) que nécessitel’activité. De manière succincte et suivant les constatsfaits lors des visites sur le terrain, la faisabilité financièred’une exploitation agricole peut se résumer comme suit :

o Frais d’exploitation

Il est question de l’achat de semences et d’intrants, del’achat de l’emballage et du paiement des salaires de lamain-d’œuvre (semer, sarcler, récolter). Bien sûr, le prixdes différentes semences, la période de croissance etaussi l’utilisation ou non d’un tracteur peut faire varierce montant. Qu’il s’agisse d’un champ de manioc,d’arachides, de maïs ou de patates douces (agriculturedonc pas de maraîchage), les frais par hectare varient

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entre 150 et 200 $ US. En général, un hectare peut êtremis en exploitation avec les montants mentionnés.

o Frais de gestion

Il s’agit des frais de la main-d’œuvre permanente, desinvestissements de mise en exploitation (constructiond’une habitation, un accès,…) et ceux de déplacement dumanagement (à partir de Kinshasa). Le niveau de cesdépenses qui sont fixes pour une exploitation de 1 àenviron 20 hectares, va déterminer le nombre minimumd’hectares à exploiter pour en tirer un bénéfice.

o Calcul de la rentabilité

La rentabilité des différentes cultures est plus ou moinsfixe. Elle est d’environ 100 % (prix de vente est environ300-400 $ Us par hectare). Bien sûr, le prix de vente estégalement influencé par la distance et l’accès du terrain(voir tableau 2 : effet sur le prix de vente – compris dansles frais). Eventuellement, pour réduire cet effet, on peutjouer sur la qualité des produits vendus (emballage,transformation,…), mais il y a bien sûr aussi les frais liésà cette manipulation.

Exemple : prix en $ US – un terrain qui se situe à 100 kmde Kinshasa

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Pour être rentables, les engins motorisés (tracteurs)doivent faire l’objet d’un calcul de rentabilité tel queprésenté dans l’exemple ci-dessus. Cela dit, troiséléments d’appréciation seront privilégiés, enl’occurrence la surface à exploiter, la fertilité du sol et lavoie d’écoulement. La motorisation est un processus delongue haleine qui nécessite la réorganisation de toute laprofession agricole. Sinon, à quoi servirait un tracteur siles pièces de rechange et le carburant font constammentdéfaut ? Il n’est pas un parachutage de matériel. Suivantla même perspective, il convient de s’interroger si lespromoteurs au Congo ou en Belgique peuvent collaborerafin d’être doté d’un tracteur. Il faut être pragmatique. Ilest difficile dans un contexte où les exploitations desdifférents promoteurs se trouvent éloignées les unes desautres pour envisager une telle solution. Cette situationn’est pas propice à l’utilisation d’un tracteur. Lespromoteurs qui y tiennent doivent le chercher dans leurenvironnement immédiat, c’est-à-dire le plus prèspossible de leur exploitation.

Il convient également d’utiliser une technologieappropriée. En recourant aux outils rudimentaires, lespaysans ne peuvent espérer des rendements quantitatifsimportants. Enfin, au point de vue de l’axe social,l’exploitation est censée répondre aux besoins de lapopulation cible. Celle-ci devra être formée pours’impliquer davantage en vue de se l’approprier.

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d) Suivi d’une exploitation agricole ou commentprévoir le futur

Au moment de la planification, les activités ont étédéfinies sur base d'une connaissance incomplète de laréalité. Même si on a fait tout ce qui est possible il y atoujours des facteurs qu'on a sous ou surestimés. Enoutre, le contexte change. Au moment de l’exécution, laréalité n'est plus nécessairement la même que lors de laplanification des activités. Beaucoup d'hypothèses ontété formulées au départ.

Le suivi compare l'évolution d’une exploitation avec laplanification afin d'identifier des mesures correctives. Ilmet l'accent sur l'utilisation des ressources, les activités,les 'outputs' et les ‘inputs’ ou les résultats de cesactivités.

En terme de cycle de l’exploitation : les évaluations desexploitations doivent influencer les programmations oula définition des politiques de développement. Ce qui apour intérêt d’augmenter les capacités d'analyse et deréflexion de l'équipe et des responsables du projet. Uneévaluation peut devenir un moment précieux deformation.

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e) Critères de qualité et de réussite d’une exploitationagricole4

Les critères de qualité ci-dessous ont pour but depermettre aux agriculteurs et aux gestionnaires d’avoirun meilleur suivi de leurs activités champêtres. Il s’agitde : la pertinence, la faisabilité, la viabilité,l’organisation, l’efficience, l’efficacité et l’impact. Dèslors les responsables de l’exploitation et les évaluateursdoivent surveiller leur évolution.

o La pertinence

La pertinence concerne la raison d’être d’uneexploitation, le lien entre celle-ci et son environnement(économique, social, politique et technologique,culturel...) dans son intégralité. Elle indique sil’exploitation répond à un problème réellementexistant et assez important dans le cadre du combatcontre la pauvreté ou du développement : choix dusecteur, thèmes, public cible, etc.

o La faisabilité

La faisabilité indique si les objectifs de l’exploitationproposée peuvent être réellement atteints en tenantcompte du contexte, des moyens de celle-ci ainsi quedes objectifs prévus dans le plan.

4 Le lecteur intéressé par cette problématique peut se référer à lalittérature existante ou à la liste bibliographique reprise en fin depage.

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o La viabilité

La viabilité est la capacité d’un projet de continuer àgénérer des profits une fois que l’appui extérieur auracessé. Si une exploitation est limitée dans le temps, sesbénéfices doivent continuer une fois qu’elle aura étéachevée.

o L’organisation, la logistique et le réseau

Il est impératif de vérifier, régulièrement, sil’organisation chargée de l’exécution de l’exploitationdispose des capacités et des ressources nécessaires. Ilest également recommandé de rendre compte si lemode d’organisation et le style de managementrépondent aux exigences du moment et sontcontinuellement réajustés (si nécessaire) en fonctiondes changements qui surviennent dans le contexte del’exploitation. La question relative à la logistique estaussi primordiale. Car, elle permet de visualiserl’équipement dont dispose l’organisation pour bienfonctionner. Il en est de même de celle liée au réseau etautres sources de financements de l’exploitation.

o L’efficience

L’efficience d’une exploitation se mesure par la balanceentre le coût des investissements et les profits obtenus.Ainsi, le management est dit efficient s’il parvient àmener le maximum d’activités avec le minimum demoyens.

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o L’efficacité

L’efficacité détermine la mesure dans laquelle uneexploitation atteint ses objectifs, en qualité et enquantité.

o L’impact

Il s'agit du changement, positif ou négatif, direct ouindirect, prévu ou imprévu, voulu ou pas voulu,produit par la réalisation d'une intervention. Il peutégalement être considéré comme un critèred'évaluation qui indique tous les effets d'uneintervention dans différents domaines : financier,économique, social, culturel, institutionnel,environnemental.

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Conclusion

La prise en compte des facteurs climatiques, édaphiques,techniques, économiques, politiques, sociaux estessentielle pour la mise en œuvre d’une exploitationagricole. Du fait de leur interdépendance, il estimpossible de négliger certains facteurs au profitd’autres. Leur approche nécessite une visionmultidimensionnelle qui prenne en compte tous lesaspects sous-jacents.

Puisque impérative, une évaluation vient consolider larelation de confiance, de qualité et augmente lacrédibilité du partenariat. Elle n’est pas comme onpourrait l’imaginer, un simple contrôle tendant àfragiliser un partenariat. Elle vise la qualité, l’efficience,l’opportunité de la continuité ou non, le réajustement ounon, etc. Elle recherche en effet l’optimalisation deressources (humaines, économiques, sociales,techniques…).

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CHAPITRE III : PRESENTATION DEQUELQUES EXPLOITATIONS DE CULTURES

TYPES ET D’UNE CARBONISATION

Introduction

Ce chapitre présente cinq exploitations de cultures typesà Kinshasa et dans sa périphérie. Cette présentation suitle schéma ci-dessous : l’identification de l’exploitation, lerendement, la technologie utilisée, le systèmed’écoulement de la production et de conservation, lesdifférentes étapes à suivre pour exploiter une culture etles leçons à tirer pour réussir une exploitation.

Il s’agit, principalement de présenter une carbonisationet quelques exploitations de cultures en l’occurrence lemaïs, le riz, l’arachide et le manioc. Le choix de cesproduits se justifie par leur importance alimentaire etcommerciale dans la région de Kinshasa et de sapériphérie. Le développement qui suit met en lumièreles systèmes de culture tels que pratiqués par lesexploitants agricoles dans la région sus-indiquée.

Cette présentation rend compte d’un savoir-faire, d’unsavoir vécu et d’un savoir senti de la pratique agricole àKinshasa et de sa périphérie. Aux dires de certainsexploitants agricoles et des constats des visites effectuéessur le terrain, nombre d’entre eux ignorent lestechniques culturales adaptées à la nature des sols deleurs exploitations. Ils font l’agriculture paropportunisme. Cette ignorance contribue à la baisseconstante de leur rendement. Ainsi, la période de la mise

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en jachère qui jadis était de 5 à 10 ans se voit réduitedans certains cas à 1 ou 2 ans. Cela en raison notammentde la pression démographique et de l’exode rural quidiminuent la main-d’œuvre agricole. A cette réductionqui accentue la pauvreté du sol s’ajoutent des problèmesde tout genre qui rendent l’exercice d’une activitéagricole difficile voire impossible. Ce qui explique leséchecs enregistrés par bon nombre d’exploitants.

L’étude des exploitations de cultures types révèle uncatalogue de problèmes d’ordre juridique (s’agit-il d’unelocation ou d’un achat de lopin de terre ?), politique(insécurité des biens et des personnes), économique(absence de politique et d’un cadre macro-économiquestable), social (une perception négative de l’activitéagricole, une mauvaise gestion du personnel, manque deformation), technique (un outillage rudimentaire qui nepermet pas d’accroître le rendement), etc. Desproblèmes, somme toute, non pas insolubles mais quidemandent beaucoup d’imagination et de tacts de la partdes promoteurs locaux.

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III. 1. EXPLOITATION DE LA CULTURE DUMAÏS

Originaire d’Amérique centrale, le maïs est l’une desgrandes graminées la plus connue dans le monde. Sesgraines interviennent dans l’alimentation humaine sousforme d’épis ou de farine. En effet, ses multiples usagesen font une céréale de grande importance.

II. 1. 1. Identification de l’exploitation

Plante exigeante, le maïs s’accommode bien de la chaleuret du sol riche en éléments nutritifs. Les sols acides ousalés qui ne sont pas chaulés limitent fortement sonrendement. Le maïs est cultivé sans une véritableutilisation des fertilisants. Et pourtant une fertilisationsur un sol à texture argilo-limoneuse est idéale pourcette culture. Un apport de 40 à 50 kg/ha de fertilisantsau moment du semis est toujours rentable.

Sécurisation sur le plan juridique

Il est impératif de se procurer les documentsadministratifs nécessaires ou du moins les plusimportants. Il s’agit du contrat avec le chef coutumier,du procès verbal de constat de lieu établi par lacommune et du certificat d’enregistrement émis par leconservateur des titres fonciers et immobiliers.

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III. 1. 2. Rendement (Qp/ha Qculture/ha)

Les exploitations agricoles situées à Kinshasa et dans sapériphérie accusent un rendement déficitaire du maïs.Ainsi, par exemple, pour 1 hectare cultivé, on a purécolter seulement 1250 kg. Et pourtant, le rendementnormal du maïs avoisine les 2 tonnes par hectare. Denombreuses difficultés expliquent cet état de fait. Eneffet, les travaux de sarclage et de récolte sont trèséprouvants donc peu d’ouvriers se bousculent. Ceux quis’y attèlent doivent être suffisamment motivés. Commeleur nombre est souvent élevé, il est nécessaire d’assurerun minimum de surveillance. Ce qui entraîne égalementun surcroît de coût.

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III. 1. 3. Technologie utilisée

Pour réaliser les travaux d’hersage, de labour et debillonnage, l’utilisation d’un tracteur est nécessaire. Car,la mécanisation est le seul moyen d’assurer une mise envaleur d’étendues importantes. Cependant, faute dedisposer d’engins motorisés, ces travaux sont effectuésmanuellement par une main-d’œuvre saisonnière. Lesexpériences démontrent qu’il faut en moyenne 5 heurespar jour pour 40 à 50 personnes travaillant sur unhectare. Ces chiffres sont confirmés par l’OMS et la FAO.

III. 1. 4. Système d’écoulement et de conservation

Les agriculteurs écoulent leur maïs sur le lieu de leurproduction. Ils peuvent aussi les vendre aux différentspoints de vente (marchés) de la capitale. Les sociétésbrassicoles et textiles, l’armée congolaise, les centresnutritionnels, les biscuiteries, les aviculteurs, etc. serendent sur place pour acheter des sacs de 10 kg. Pour cequi est de sa conservation, il est nécessaire d’aménagerun local suffisamment ventilé et le plus près possible descentres de consommation. L’arteric est un produit qui esttrès utilisé du fait de sa grande capacité de conservationdes semences et de sa faible toxicité. Les clients issus dedivers horizons peuvent s’en procurer.

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III. 1. 5. Grandes étapes culturales pour le maïs

a) La préparation du sol (le labour)

Les débris des cultures antérieures sont dégagés etbrûlés dans les 15 jours qui suivent la récolte de maïsafin d’éviter la contamination de la culture suivante. Lesol est ameubli à une profondeur d’une vingtaine decentimètres avant d’être enfoui par la fumure organique.Il s’ensuit un nouveau labour préparatif au lit dessemences à effectuer avant le semis.

b) Le semis

C’est par le semis direct des graines que le maïs semultiplie. Son cycle végétatif varie de 90 à 130 jours.Cette variation est liée à la qualité et à la nature du sol.La profondeur du semis étant de 3 à 6 cm. Le semis sefait en ligne avec les écartements variables de 80 x 50cm.En général, il a lieu après les premières grandes pluiesannonciatrices de la saison.

c) L’entretien de la culture

L’entretien comprend le regarnissage (qui consiste àcombler le vide, c’est-à-dire combler les poquets quin’ont pas germé), le demariage, (éliminer le sujetexcédentaire : 2 plants/poquet au lieu de 3 plants demaïs/poquet), le sarclage et le buttage (se fait lorsque lesplants atteignent 40 – 50 cm de hauteur et permet ledéveloppement des racines adventices et consolide lesplants de maïs, lutte contre la verse). En zone de savane,les sarclages réguliers déterminent la croissance, la

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qualité et le rendement du maïs. Les opérations desarclage peuvent être répétées deux à trois fois suivant lebesoin. Elles resteront superficielles pour éviter dedétériorer le système radiculaire du maïs. A la suite deces opérations intervient le gardiennage (surveillance dela culture pour faire face aux oiseaux, rongeurs etvoleurs).

d) La récolte

Les épis de maïs sont récoltés à la main. Cette opérationde récolte nécessite une main-d’œuvre importantesuivant la taille de l’exploitation. Le maïs est récolté enen retirant les enveloppes de l’épi lorsque celles-cicommencent à jaunir. Ce qui constitue naturellement unsigne de maturité physiologique.

e) Le séchage

Les épis sont séchés dans des greniers ou à l’air libre.Après le séchage intervient l’égrenage qui s’accompagnede l’emballage des grains de maïs en sacs. Le séchage etla conservation peuvent se faire sur bâche ou claie deséchage.

III. 1. 6. Leçons à tirer pour une exploitation du maïs

Améliorer les moyens de production à l’hectare enutilisant des engrais, des herbicides et des insecticidesest primordial pour toute exploitation qui veut êtrerentable. En outre, un environnement macro-économique serein et un cadre juridique favorable à

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l’initiative privée sont les indicateurs les plus efficacespour entrevoir un travail dans des conditions normales. En effet, si des services publics comme le SENASEM, leSENAMA, le SENAV et bien d’autres disposaient demoyens nécessaires à leur bon fonctionnement, si lestracasseries administratives qui découlent de l’absencede textes juridiques clairs sur l’encadrement desopérateurs agricoles pouvaient enfin cesser, lesrendements des exploitations agricoles pourraientaccroître. Ce qui serait une plus value pour le pays toutentier et surtout pour la ville de Kinshasa. Ce quipermettrait aussi d’augmenter la productivité. Dans cetordre d’idées, il est important de veillerscrupuleusement au respect de différentes étapes et detenir compte :

a) de précédent cultural : c’est la culture qui aprécédé le maïs, soit la végétation trouvée avantl’installation de maïs ;

b) de la végétation de départ : végétation trouvéeavant la culture du maïs ;

c) du temps de repos du sol : temps qui s’écouledepuis les dernières opérations de la cultureprécédente jusqu’au jour de la mise en place de laculture du maïs :

d) Structure et texture du sol ;e) des plantes indicatrices : sol pauvre et acide.

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III. 2. EXPLOITATION D’UNE RIZICULTUREPLUVIALE

III. 2. 1. Identification de l’exploitation

La variabilité du riz fait qu’elle soit une plante quis’adapte à divers éco-systèmes. Pour ainsi dire, saclassification se base tantôt sur le régime hydrique,tantôt sur la topographie du site. On distingue alors troisespèces de rizicultures : la riziculture pluviale, lariziculture irriguée et la riziculture avec maîtriseincomplète de l’eau. Ces espèces se différencient par leniveau d’alimentation en eau. La description qui suitporte essentiellement sur la riziculture pluviale.

III. 2. 2. Rendement

La riziculture se prête bien à l’ensoleiment. Car, il joueun rôle crucial sur la croissance et le rendement enfavorisant le tallage et en augmentant le nombred’épillets par panicule et le poids de grains. Avec uncycle végétatif de 80 à 110 jours qui varie suivant lesvariétés de montage ou pluviales et des variétés de bas-fond. Dans tous les cas, les deux catégories sontirrigables.

III. 2. 3. Technologie utilisée

Les agriculteurs recourent principalement àl’enfouissement et au semis. L’enfouissement d’engraisverts est une technique traditionnelle simple bien

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connue des petits exploitants qui pratiquent l’agriculturesur brûlis. Elle a le désavantage de détruire la forêt (pourla coupe de bois de chauffage et la fabrication ducharbon de bois) et de réduire le temps de jachère. Lesemis se fait au début de la culture lorsque l’eau seraréfie.

III. 2. 4. Système d’écoulement et de conservation

La commercialisation du riz pose d’énormes problèmesaux riziculteurs. En effet, la concurrence étrangère estassez forte avec le riz en provenance de Thaïlande et del’Union européenne. Ce riz est de qualité supérieure etrevient moins cher que celui produit localement. Lesagriculteurs locaux ne sont ni outillés ni organisés pouraffronter une telle concurrence. Ils se contentent deventes au détail auprès des tiers. Il arriveoccasionnellement que le Service National des Semences(SENASEM) achète ce riz et les semences pour lesredistribuer à ses propres cultivateurs. Ce qui se faitaussi avec la semence. Les grands consommateurspotentiels du riz sont les sociétés brassicoles etcommerciales de la place (Bracongo, Bralima) et ainsique les Forces armées de la RDC. Quant à laconservation, deux systèmes sont utilisés : celui dugrenier et celui du fumage. La conservation du paddyest mieux indiquée que celle du riz décortiqué.

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III. 2. 5. Grandes étapes culturales du riz pluvial

Les étapes ou techniques culturales sont déterminées parle type de mécanisation choisie. On distingue la culturemanuelle, la culture attelée, la culture avec petitemotorisation et la culture motorisée. A Kinshasa et danssa périphérie, les agriculteurs pratiquent une culturemanuelle qui est très exigeante en temps et eninvestissement humain. Mais elle ne requiert pas unegrande technicité. Les étapes reprises ici s’inscriventdans une logique du travail manuel.

a) La préparation du sol

La phase initiale est le défrichement s’il n’est pas encorefait. Suit alors la préparation du sol dont les buts sontd’améliorer la qualité du sol, de maîtriser les mauvaisesherbes, de créer un périmètre permettant l’utilisation desemoirs. Cette préparation impose une surcharge detravail aux agriculteurs qui doivent préalablementeffectuer un labour profond avec ou sans retournement,un affinage du lit de semence. Un labour même moinsprofond contribue à ameublir le sol, enfouir les pailles,les fumiers, les composts et le contrôle des adventices.

b) La fertilisation

Une importante fertilisation permet d'accroître lerendement, notamment avec les variétés modernes semi-naines ou à haut potentiel de rendement issu de laRévolution Verte. On utilise les engrais minéraux etorganiques ainsi que les engrais verts. En adoptantcertaines technologies modernes, les rendements

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peuvent atteindre 5 tonnes par hectare pendant la saisonpluvieuse et plus de 10 tonnes en saison sèche.

c) Le semis

Les agriculteurs font un tri des grains à la main ou avecdes fongicides et des insecticides avant de semer.Cependant, ils ne savent pas toujours si ceux-cicorrespondent à la nature de leur produit. Ils affirmentégalement que tout retard pris dans le semis se ressentsur le rendement. La profondeur du semis varie de 1 à 4cm. Le semis doit intervenir au moment opportun afinde permettre aux plantes d’avoir un bon développementracinaire lorsque l’eau fait défaut.

d) Le désherbage

Les mauvaises herbes sont arrachées à la main pendantqu’il fait sec. Le premier sarclage intervient lorsque lesadventices atteignent une taille de plus au moins 4 cm.Le second sarclage a lieu avant le tallage du riz.

e) La récolte, le battage et le séchage

La récolte est effectuée manuellement à l’aide d’uncouteau. L’agriculteur prélève les panicules assembléesen bottillons. C’est un travail pénible. Il faut en moyenne15 à 20 kg de riz par personne et par heure. Pour rendremoins pénible leur travail, l’agriculteur doit échelonnerles dates de semis et différencier les variétés enchoisissant surtout celles qui sont de grande taille.Parvenu à maturité, les graines de riz sont moissonnéesdans les 2 ou 3 jours qui suivent avant qu’elles ne

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commencent à se détacher des panicules mûres. Cettedécision ne doit être hâtive ou tardive. Elle doitintervenir au moment propice. Une décisioninopportune occasionne des pertes importantes aumoment de l’égrenage. Il est déconseillé de recueillir leriz prématurément.

f) Le séchage

Le séchage a pour but d’éliminer l’eau qui se trouvedans le paddy (humidité). Il est naturel et se fait ausoleil. Le riz est étalé sur des bâches ou à même le sol.Cependant, il est nécessaire de veiller sur les averses quipeuvent à nouveau humidifier les grains. Le séchagevarie selon la manière dont le riz a été récolté. Lesbottillons de panicules issus de la récolte manuelle : onpeut les faire sécher suspendus sous un abri aéré ; lesgerbes provenant de la récolte à la faucille.

g) Le battage

Une fois le riz récolté et séché, les agriculteurs procèdentau battage des panicules. Cette opération consiste àséparer le paddy de la paille qui se trouve dans lapanicule du riz. Les agriculteurs utilisent les bâtons oudes fléaux (dépiquage).

h) Leçons à tirer pour une exploitation du riz pluvial

Compte tenu des contraintes et d’imprévus de toutgenre, il est essentiel de s’atteler aux tâches suivantes :- s’assurer d’un bon encadrement technique ;

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- acheter des insecticides pour une meilleureconservation ; - acheter des semences sélectionnées;- payer la main-d’œuvre aux moments de semis, dusarclage et de la récolte ;- louer un tracteur au moment de labour afin d’accroîtrela production en faisant un labour profond.

i) Le calendrier agricole du riz pluvial

Le calendrier agricole à Kinshasa se divise en deuxsaisons : la saison A va de septembre à janvier et févrierde l’année suivante. Le semis se fait durant le mois deseptembre. Il est difficile de le faire en octobre, car celaperturbe le rythme de germination et de croissance de laplante. La récolte se fait au mois de janvier et février del’année suivante.

La saison B va de janvier – février en mai – juin de lamême année. Durant cette saison, la récolte intervientvers la fin du mois de mai puisque au mois de février etau début du mois de mars il y a une petite saison sèche.

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III. 3. EXPLOITATION DU MANIOC

III. 3. 1. Identification de l’exploitation

Le manioc fait partie de la famille des Euphorbiacées.Ses diverses variétés proviennent de deux groupes : lemanioc amer et le manioc doux. Plante arbustive, semi-ligneuse, pluriannuelle, elle atteint des dimensionsdépassant parfois le mètre. C’est un végétal riche enamidon occupant une place importante dansl’alimentation des Kinois qui le consomment sous formede farine avec laquelle ils préparent le fufu ou lachikwange. Ses feuilles « pondu » servent de légume fortapprécié dans l’ensemble du pays.

III. 3. 2. Rendement (Qp/ha Qcultivé/ha)

Le rendement du manioc est très variable, car il dépenddu climat, du type de sol et de la variété du produitmême. D’une manière générale, la production se situe àenviron 10 tonnes à l’hectare (RAEMAEKERS. H. R : 211).Blanchâtre et ne dégageant aucune odeur, la qualité dumanioc en provenance du plateau de Bateke est fortappréciée. Mais la population locale a tendance à fixer leprix de son travail en se référant à celui du tracteur.Ainsi, lorsque le propriétaire d’un tracteur exige 25$us/ha pour un simple labour, le paysan en fait demême.

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III. 3. 3. Technologie utilisée

La réalisation des travaux (de préparation du terrain, delabour, d’hersage, de sarclage et de récolte) se faitmanuellement par la main-d’œuvre locale. Certainsagriculteurs recourent au tracteur en vue de couvrir desgrandes étendues.

III. 3. 4. Système d’écoulement et de conservation

Les cossettes de manioc sont vendues sur le lieu de leurproduction dans des sacs de 25 ou 50 kg. Lescommerçants ambulants en transportent à bord devéhicules de location afin de les vendre au détail sur lesmarchés. Les sociétés textiles comme UTEXCO, TISSAKINen ont un grand besoin pour leurs activités. Comme lieude stockage de leurs produits, les agriculteurs utilisentdes greniers ou des hangars de fortune aménagés à ceteffet. Cependant, pourquoi ne serait-il pas possibled’envisager des sacs d’emballage (de 5-10-20 kg) debonne qualité à disponibiliser dans les points de vente ? :alimentation, boutique, etc.

III. 3. 5. Grandes étapes culturales du manioc

Le manioc est capable de tirer partie des sols les plusdivers et, en culture traditionnelle, il arrive en find’assolement, juste avant la jachère. Il peut être installépendant la deuxième partie de la saison des pluies dansla culture en place (par exemple le maïs, l’arachide…) aucours d’un sarclage ou de la récolte en évitant unombrage.

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a) Multiplication

Le manioc se multiplie par boutures. Dans les champs deforêt, aucune préparation particulière n’est requise. Onfait un labour localisé, soit un aménagement de buttes.

o Préparation du sol

Sur un terrain déjà cultivé, le manioc est précédé d’unengrais vert laissé par l’exploitation antérieure tandisque sur celui en défriche, il faut creuser à 60 cm. Lesagriculteurs recourent à la houe pour meubler le sol etceux qui le peuvent utilisent le tracteur.

o Choix des boutures

Il est important de choisir les variétés qui s’adaptent lemieux au terrain. L’âge des boutures conditionne leurchoix. Les agriculteurs choisissent celles qui sont solideset qui présentent de nombreux nœuds. En tout état decause, les paysans qui possèdent un hectare de pépinièreont l’avantage de planter 5 à 6 hectares.

o Préparation des boutures

La période de bouturage ne correspond pasnécessairement à celle de la plantation. Le labour esteffectué avec la houe mais parfois les agriculteursrecourent au tracteur pour meubler le sol. Il faut aumoins 10.000 boutures/ha avec l’écartement de 1 x 1m.

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o Regarnissage : remplacer les boutures qui n’ontpas manifesté la reprise.

b) Plantation

Les agriculteurs Kinois plantent les boutures de maniocau début de la saison des pluies et ce en position oblique,horizontale, ou verticale à raison de deux paremplacement. En culture pure, les écartementsrecommandés sont de l’ordre de 1 x 1 m et en culturemixte, ils varient de 2 à 3 m. Dans les conditions deculture difficiles comme au plateau de Bateke qui est unezone de savane et où le problème d’eau est récurrent, lesagriculteurs augmentent facilement le nombre deboutures qui peut atteindre 30 par hectare Par contre,dans la périphérie de Kinshasa où il y a la forêt, laquantité varie de 70 à 100 par hectare. Les boutures quiprésentent des difficultés de croissance sontimmédiatement remplacées par d’autres réservées à ceteffet.

c) Fertilisation

La périphérie de Kinshasa est connue pour être une zoneinadaptée à l’agriculture à cause des sols sablonneux,pauvres en matière organique, à faible capacité derétention d’eau. Au plateau de Bateke, par exemple, lespaysans utilisent de la bouse de vache et des buttesrecouvertes des plantes adventices afin d’améliorer lafertilité du sol. Tous ces travaux se font manuellement.

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d) Entretien

Le travail d’entretien se résume au remplacement desboutures manquantes, au binage, au sarclage, au buttageet à l’écimage. Le choix des boutures ne suffit pas àempêcher les adventices de pousser. Le sarclages’impose aux agriculteurs qui le font manuellement. Ilpeut être répété en fonction de la présence ou nond’adventices. Pendant les 3 ou 4 premiers mois, 2 à 3sarclages sont nécessaires. Par la suite, le manioc résistemieux aux mauvaises herbes. Il est aussi possible derecourir aux désherbants pour faire face aux adventicesles plus envahissants.

e) Récolte

La période de récolte n’a pas beaucoup d’importancepour le manioc comme cela est le cas pour d’autrescultures. Cependant un temps de maturation estsouhaitable. Celui-ci peut s’étaler sur 10 à 16 ou 18 moisselon les variétés. L’arrachage du manioc est déterminéen partie par la destination des produits. Cette opérationconsiste en la coupe des tiges (boutures), l’arrachage destubercules ou des racines, le chargement et le transport.Le moment le plus propice pour la moisson est la saisonsèche.

o Rouissage : les racines de manioc (épluchées ounon) amères sont trempées dans l’eau durant 3 à 5 jourspour éliminer l’acide cyanhydrique. Cela se fait dans unlieu précis appelé routoir ou rouissoir. Après cetraitement, l’écorce et les fibres se détachent facilement.

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Ils sont alors séchés puis réduits en farine devant servir àla préparation du fufu ou de la chikwangue. o Séchage : le but est d’inactiver la linamarase etd’éliminer l’eau pour avoir la cossette de manioc.

III. 3. 6. Leçons à tirer pour une exploitation de manioc

Le respect des techniques culturales et du calendrieragricole sont un gage pour obtenir de bons résultats. Ilen est de même de l’attention que requièrent les variétésqui résistent le mieux aux maladies notamment laMosaïque africaine du manioc (MAM) et autresbactérioses qui attaquent ce produit vivrier.

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III. 4. EXPLOITATION DE LA CULTURED’ARACHIDE

III. 4. 1. Identification de l’exploitation

Appartenant à la grande famille des favacées, l’arachideest une plante annuelle rampante, autogame, àcroissance continue qui a un mode de fructificationparticulier. En effet, ses gousses se forment dans le sol.Partant de ces caractéristiques, il est possible de dresserun portrait de ses techniques culturales à Kinshasa etdans sa périphérie.

III. 4. 2. Rendement (Qp/ha Qcultivé/ha)

Le rendement de cette légumineuse varie avec les typesd’arachides. Il est fonction du poids et du nombre degousses par pieds. Cette variation est de l’ordre de 750 à1000 kg de gousses sèches donnant lieu à 60 – 65 % degraines triées.

III. 4. 2 Technologie utilisée

Le tracteur est l’instrument adapté aux grandes étenduesde terrain. Car le sol doit être bien labouré. Son apportdans les travaux de préparation du sol (labour, hersage)est fort utile. Mais les petits exploitants familiaux ontrarement recours à ce moyen faute de moyens financiers.Ils doivent effectuer manuellement les travaux desarclage, de buttage, d’épandage d’engrais. Les

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instruments aratoires tels que la houe, la machette, lacoupe-coupe et la binette occupent une place de choixdans le déroulement de ces travaux.

III. 4. 3. Système d’écoulement et conservation

Les arachides sont vendues dans des bols ou des verresappelés « sakombi ». Elles sont consommées sous formede graines grillées, de pâte, etc. Emballé dans des sacs(de 25 ou 50 kg), les arachides sont vendues décortiquéesou non. Les paysans conservent les arachides de deuxmanières : en gousses et en graines. La première manièreest la plus répandue et la plus sûre. Les grainesd’arachides sont gardées dans leurs gousses. Celad’autant plus que la coque est une protection naturelleoù la graine se conserve à l’abri des rongeurs et d’autresinsectes. La deuxième manière est la conservation engraines. Indispensables, les graines ainsi conservéesservent de semences pour la future saison. Dans lapratique, les agriculteurs peinent à mieux les conserver.Ceci a pour conséquence de provoquer des moisissuresqui vont détériorer le produit. D’où la nécessité deprendre des précautions afin d’éviter des pertesimportantes. En tout état de cause, les arachides nondécortiquées se conservent mieux que les arachidesdécortiquées. Cependant, celles-ci gardent toute leurimportance dans la perspective de la future saisonculturale.

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III. 4. 4. Grandes étapes culturales pour l’arachide

Les indications reprises ci-dessous participent de lavolonté d’orienter l’agriculteur sur la manière dont letravail s’effectue sur le terrain. L’ordre de présentationqu’elles requièrent ici peut être inversé sans que cela neremette en cause le contenu du travail à accomplir.

a) Préparation du terrain des semences

Les semences d’arachide doivent être maniées avec leplus grand soin possible car elles sont très fragiles. Lapréparation des semences implique trois opérationsimportantes, à savoir ; le décorticage, le triage ou lasélection, etc. Une indélicatesse peut entraîner des pertesénormes. Le décorticage se fait soit à la main afin deséparer les graines des téguments ou les agriculteursutilisent des décortiqueuses motorisées. Avec le tri, lesgraines brisées, dépelliculées, moisies ou necorrespondant pas à la forme variétale sont éliminées.Suit enfin l’enrobage qui est effectué soit à la main dansune calebasse ou dans une bassine, soit dans un tambourmélangeur (fut disposé sur un trépied à partir duquelune manivelle est actionnée pour servir d’axe décentréafin d’opérer un bon brassage.

b) Préparation du sol

La préparation du sol vise à l’ameublir, à enlever lesrésidus susceptibles de contaminer la culture et àretarder la présence des adventices afin de permettreune germination et une croissance harmonieuse. Ce

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travail de préparation suppose trois momentsimportants :

D’abord, le paysan qui habite la savane choisit un terrainmis en jachère. Les débris et les résidus végétaux diverssont brûlés avant le début de la saison des pluies. Cetravail préliminaire de nettoyage prépare le sol àrecevoir la semence. Ensuite, le labour qui suit cepremier nettoyage retarde l’arrivée des adventices.Enfin, le billonnage est réalisé à la main afin depermettre l’enfouissement des débris végétaux.

c) Semis

Tous les agriculteurs affirment faire le semis avant depenser à la fertilisation du sol. Le semis permet de calerau mieux le cycle de la plante en fonction des paramètresclimatiques, de favoriser une meilleure germination,d’assurer une croissance, de concourir à un bonenracinement de la plante, d’optimaliser les actionsfutures susceptibles d’augmenter la productivité.Cependant, la fixation des dates de semis dépendentièrement des facteurs climatiques.

Les agriculteurs sèment l’arachide dans toutes lespositions (horizontale, verticale) avec des écartements de30 à 50 cm. Par poquet, ils utilisent une graine d’arachidedont la profondeur varie de 3 à 5 cm.

d) Fertilisation

La fertilisation reste soumise aux aléas climatiques.L’arachide est souvent cultivée en association avec des

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plantes céréalières telles que le maïs, le millet, etc. Auplateau de Bateke par exemple, les agriculteurs laissententendre qu’ils utilisent régulièrement de la fumureorganique, du fumier et de l’engrais vert.

e) Entretien des cultures

Entretenir l’arachide signifie pour les agriculteurs,sarcler quand il le faut, parce que les adventicesoccasionnent d’importantes pertes, arroser la plantuleparce qu’elle a un grand besoin d’eau au début de soncycle végétatif pour bien germer. Il y a enfin le binage.Nombre d’agriculteurs assistent impuissants àl’envahissement de leurs cultures par les adventices. Enétant attentif au début du cycle végétatif pour permettreà l’arachide de bien germer. Les agriculteurs pensentplus facilement aux herbicides pour lesquels ils nedisposent pas d’assez de moyens qu’au simple respectdu cycle végétatif de l’arachide. Face à l’impossibilité dese procurer ces herbicides, les agriculteurs semblentprendre conscience de l’intérêt qu’il y a, à réaliser un bonentretien en partant des travaux du labour et dubillonnage.

f) Récolte et séchage

Trois opérations résument le déroulement de la récolte.Il s’agit de l’arrachage (soulevage), du séchage et dubattage (égoussage). La récolte se fait au moment où lesfeuilles jaunissent (régions tropicales). Les pieds sontsoulevés, retournés et séchés sur le champ durant deuxou trois jours en lignes ou en petits tas (moyettes). Les

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gousses sont séparées des pieds soit par égoussage à lamain, soit par battage avec un bâton.

III. 4. 5. Leçons à tirer pour une exploitation d’arachide

La culture d’arachide est assez exigeante. Parconséquent, il importe de bien choisir l’emplacement, lesvariétés (rampantes = tardives, dressées= hâtives) lesplus résistantes à la rosette et à la cercosporiose, derespecter non seulement le calendrier pour que la plantepuisse profiter au maximum de la saison culturale maiségalement le temps de la récolte, sinon les arachidesrisquent de germer et perdre leur valeur marchande, delutter contre les mauvaises herbes pendant la culture. Lasélection des arachides vise l’obtention des gousseslongues, résistantes aux maladies (cercosporiose etrosette) et riches en teneur lipide. Ce qu’il faut éviter :

- d’arracher des plantes encore vertes ;- de mettre en tas des plantes mouillées par la pluie ;- de laisser des tas en place après une forte pluie.

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III. 5. EXPLOITATION D’UNE CARBONISATION

La carbonisation peut être définie comme un processus quiconduit à produire de la braise par combustion de bois.Jusqu’à présent, cette activité s’effectue en amont del’exploitation agricole (là où il y a la forêt, c'est-à-dire uneprésence d’arbres) puisque ses recettes servent à en financerd’autres. Les arbres sont abattus puis carbonisés avant d’enproduire la braise (qui constitue une source de revenus) pourenfin laisser la place à une exploitation agricole classique. Lasaison pluvieuse est la période indiquée pour lacarbonisation parce que la braise ne se transforme pas encendre.

III. 5. 1. Identification de l’exploitation

Il s’agit d’un boisement de 8.000 ha appartenant au Ministèrede l’Environnement, Conservation de la Nature, Eaux etForêts et à la Fondation Hanns Seidel .Débuté en 1988, plusde 10 ans après, le terrain qui était savané est devenu uneforêt grâce à l’Acacia auriculiformis, une légumineuse quifertilise le sol. La pratique de l’agroforesterie exclue enprincipe toute intervention d’engrais chimiques dans laculture. Seul l’engrais vert, c’est-à-dire l’enfouissement de la« biomasse » est utilisé. C’est le seul traitement appliquédans la périphérie de Kinshasa. Généralement, aucuntraitement mécanique n’y est appliqué. Il n’y a même pas delabour mécanique.

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a) Sécurisation sur le plan juridique

Ce reboisement a été financé par l’Union Européenne dans lecadre du projet « Reboisement 8.000 ha Bateke ». Après lamaturité des essences plantées, le Ministère del’Environnement, Conservation de la Nature, Eaux et Forêtset la Fondation Hanns Seidel à qui la gestion des plantationsavait été confiée, ont jugé bon d’y installer des fermiers envue d’une meilleure protection et d’une exploitation plusefficiente des superficies boisées. Actuellement, le processusd’acquisition des titres fonciers est en cours au niveau duMinistère des Affaires Foncières. Le bornage a déjà étéeffectué et un contrat d’emphytéose a été signé par chaquefermier.

b) Le reboisement

Dans la pratique de l’agroforesterie, le paysan est tenu dereboiser pendant que la culture vivrière est encore en placeen vue de faire bénéficier à la jeune plantule des soinsculturaux appliqués à la culture. Ainsi, donc, les fermierssont tenus d’introduire l’Acacia auriculiformis dans leschamps de manioc de telle manière que l’Acacia restera enjachère après la récolte. La forêt se reconstituera ainsi grâce àcette pratique.

III. 5. 2. Le rendement

Le rendement qui est obtenu en forêt est différent de celuiissu de la savane. Il apparaît que l’abandon du labourmécanique, même superficiel, en forêt et l’utilisation descultivars moins productifs et moins résistants aux attaques,

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notamment de la mosaïque et de l’anthracnose réduisent lerendement de manière significative.

III. 5. 3. Technologie utilisée

Dans leur grande majorité, les fermiers font encore usage dumatériel aratoire traditionnel (hache, houe, machette, …). Lelabour est pratiquement inexistant et la carbonisation se faità l’aide d’une meule traditionnelle à faible rendement,difficile à monter et lente à conduire. Rares sont ceux quirecourent au nouveau type de four appelé la « meulecasamançaise » employant une technologie améliorée.

III. 5. 4. Système d’écoulement et techniques deconservation

L’évacuation de la production vers le centre deconsommation s’effectue généralement à bord de camions delocation. Les agriculteurs perçoivent en principe leurpayement par colis et directement après la vente. Cependant,ils ne sont pas toujours tenus de faire transporter leursproduits qui peuvent se vendre directement sur le lieu deproduction.

Une bonne partie de la récolte est souvent détruite par lesrongeurs qui pullulent les champs et les cases. Le systèmedes silos ou des greniers appropriés réduirait sûrement lespertes. Quant à la conservation, le séchage se fait au soleil.Le produit récolté est étalé à même le sol ou sur une bâchede fortune et quelquefois sur des clefs de séchage à cielouvert. Comme le séchage est souvent incomplet, lesproduits se détériorent vite.

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III. 5. 5. Grandes étapes à suivre pour une exploitation decarbonisation

a) L'abattage : tout commence par l'abattage desessences d'acacias. Au cours de cette opération, les arbres dela concession sont abattus en vue de créer de l’espacecultivable pour les prochaines cultures.

b) Le débardage (rassemblage) : cette opérationconsiste au rangement des troncs d’arbres coupés en petitstas pour faciliter leur mise dans le four. Il est question defaire un choix judicieux du bois à utiliser, de sa longueur etde la largeur du four. Il est important également de connaîtrele type de four qu’on utilise. S’agit-il d’un four avec destechniques améliorées appelé la Meule casamançaise ou d’unfour traditionnel (construit avec du matériel essentiellementvégétal) ?

o Le choix du bois

Il existe deux types de bois utilisés pour la production de labraise. Il y a le bois léger comme le parasolier servant à lafabrication de pirogues et de tam-tams, et les vrais boisutilisés pour la carbonisation. Une nette distinction est faiteentre la braise légère (qui provient d’un bois léger comme lemanguier) et la braise lourde (qui provient des bois lourdscomme le bois noir - milletia laurentiir). Il arrive aussi quel’on utilise n’importe quel bois.

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o L’Etat du bois

La préférence est accordée au bois non sec pour la qualité deses braises. Celles-ci craquent par rapport aux braises issuesdes bois secs. L’humidité dont on a besoin consiste à garderle bois tel quel, non transformé en poussière. Si c’est sec, il ya confusion avec le bois de chauffage.

o La longueur du bois et la largeur du four

La longueur est généralement de 4 ou 5 m. Rarement elleatteint les 6 ou 7m. Mais elle est variable. Elle dépend d’unindividu à l’autre, d’une contrée à l’autre et selon la quantitéde bois disponible. Cette longueur du bois deviendrapendant le classement, la largeur du four.

c) La longueur du four : la longueur du four dépenddu type de terrain (plat ou colline). Pour un terrain plat, ilfaut au moins 1.5 à 2 m de hauteur et la largeur du fourdépend de la quantité et de la qualité de bois disponible. Elleest donc variable.

d) L'enfournement (l’habillage) : les essencesdéboisées sont placées dans des fours mesurant deux mètressur deux et d’une hauteur de 1, 80 m. Ceux-ci peuventparfois atteindre une dimension de 4 mètres sur 4 selon lacapacité de production que l'on souhaite. Ils sont recouvertsde feuilles et carbonisent le bois durant deux jours ou plusselon la quantité.

L’enfournement se fait de deux façons : dans un trou ou àmême le sol. La profondeur du four varie selon qu’il est dansun trou ou à même le sol. Elle diffère aussi d’un individu à

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l’autre, d’une contrée à l’autre et selon la quantité de boisdisponible. La profondeur des trous qui peut être mesuréetourne autour de 1 ou 2 m selon la quantité du boisdisponible. Ce qui détermine la largeur et la longueur destrous. Les deux méthodes ne présentent aucune différencedu point de vu aménagement des fours, c’est-à-dire, leclassement des bois (qui débute par la mise en place de raildonc de 2 ou 3 bois qui occupent une position longitudinaleà peu près de 10 cm de diamètre). Le bois coupé est classédans le sens contraire de rail. La longueur des bois coupésdevient la largeur du four. Installation de bois desoutènement, couverture des bois classés au moyen de lapaille ou des rameaux, eux-mêmes couverts de la terre,aménagement de trous de sortie de la fumée, mise à feu auniveau du moteur et du gardiennage.

Il convient de noter que l’installation du moteur suit le sensdu vent. On y insère des brindilles et des petits bois pourfaciliter la mise à feu. Suit alors l’installation des bois desoutènement qui a pour but de soutenir les bois pendant leclassement jusqu’au moment où le four a une forme voulue.La couverture des bois classés au moyen de la paille ou desrameaux (rameau mieux indiqué) s’y ajoute et est complétéepar la terre. Il est également indispensable d’aménager destrous de sortie de la fumée avant d’asperger du pétrole et lamise à feu au niveau du foyer. Cette dernière opération sedéroule le soir.

La mise à feu consacre le début de la carbonisation. Elle estsuivie immédiatement par le gardiennage qui consiste àsurveiller le four, car il peut y avoir une explosionprovoquée par la chaleur et le gaz. Si un tel cas se présente, ilfaut rapidement couvrir le rameau avec la terre. Cependant

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quelques précautions sont nécessaires avant (il faut tenircompte de l’orientation du four), pendant (prendre soin dugardiennage) et après la carbonisation (bien étendre la braisependant le défournement). Tout au long de la carbonisation,il faut éviter qu’il y ait des échappements de fumée quirisqueraient de réduire la braise en cendres. Dès que lacarbonisation est terminée, on passe au défournement.

e) Le défournement : une fois le délai de deux jourspassé, le charbon de bois est sorti des fours et laissé refroidir.L’extinction de la braise se fait à l’aide de la terre humide etnon de l’eau puisque le feu peut s’enflammer et provoquerdes dégâts importants qui pourraient détruire tout le lot.C'est ce que l’on appelle le défournement.

f) L'emballage : c'est la dernière étape qui consiste enla mise en sacs du charbon de bois. Aussitôt qu’il est sousemballage, il est prêt à la distribution.

III. 5. 6. Leçons à tirer pour une exploitation decarbonisation

Avant l’installation du four, l’état du moteur doit êtreexaminé avec minutie car, il conditionne le succès de lacarbonisation. Le classement commence au niveau du foyer.Durant ce processus, il est conseillé de bien serrer les joints,c'est-à-dire l’espace compris entre les bois classés. Parailleurs, le temps et l’organisation sont deux facteursindissociables qui conditionnent l’échec ou la réussite d’uneexploitation de ce genre. Le temps détermine la quantité debois et de la braise à produire. Plus la durée est courte(respecté), plus les chances de bien travailler sont grandes.Par contre, une durée très longue n’augure pas un

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aboutissement heureux du travail entrepris. Quant àl’organisation, il convient de canaliser les aspirations desdifférents producteurs de braise (association, coopérative,etc.), il est intéressant aussi d’envisager la création d’uneassociation des membres de ce corps de métier. Dans lamême perspective, les bûcherons seront motivés (on leur sertla nourriture, le sucre, le café, le tabac, la bière, etc.) pourbien travailler.

Pour une bonne exploitation de la carbonisation, leprocessus qui va du choix du bois jusqu’à la mise à feu dufour en passant par l’enfournement mérite une attentionparticulière. En outre, il est urgent et impérieux pour lesbûcherons de recourir aux technologies améliorées comme lameule casamançaise afin d’accroître leur rendement(synonyme d’augmentation des revenus) et de réduire leurdébauche d’énergie pour ce genre de travail.

Conclusion

Il est essentiel de disposer d’un grand nombred’entrepreneurs agricoles conscients de leur travail et résolusà conduire les paysans sur la voie de l’autonomisation. Enlieu et place de produits agricoles rudimentaires, ceux-cidevront organiser les paysans afin de produire des produitsvivriers de haute qualité et compétitifs. Il est important deformer à la campagne des pionniers engagés dans ledéveloppement et l’organisation agricoles. En amont, l’Etat doit mettre en place des structures quidéfendent les petits producteurs locaux face aux grandsproducteurs qui bénéficient des subventions de leurs Etats.Des importations massives et parfois abusives de produits

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dont la nécessité n’est toujours pas prouvée. Il fautégalement envisager l’achat des surplus agricoles despaysans. Ce qui a le mérite de stimuler la production et laréduction des importations. En aval, il est important de souligner que l’augmentation durendement agricole est aussi fonction du développement dessecteurs non agricoles. Développer des secteurs nonagricoles telles que les entreprises rurales, concentrer leschamps entre les mains d’un petit nombre de personnes etréaliser l’exploitation sur une grande échelle peut nonseulement favoriser la généralisation de nouvellestechniques agricoles mais aussi augmenter la qualité et lacompétitivité des produits agricoles. La professionnalisationde l’agriculture qui implique une approchemultidimensionnelle est à ce prix.L’agriculture Kinoise doit quitter l’échelle de subsistancepour celle de production proprement dite vu les étenduesdisponibles. Pour ce faire, la mécanisation de l’agriculturereste un défi à relever et un objectif à atteindre afin de fairede ce secteur « une véritable priorité des priorités » et devisibiliser son impact dans le cadre de la souveraineté etsécurité alimentaires. Il en est de même de la nécessitéd’assurer un encadrement technique et financier efficientauprès des paysans.

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Deuxième partie :

RAPPORT DES ECHANGES ENTRE PROMOTEURSAGRICOLES ET EXPERTS UNIVERSITAIRES

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CHAPITRE IV : LA PROBLEMATIQUE DEL’EXPLOITATION AGRICOLE EN RDC : VERS QUELLE

DYNAMIQUE DE DEVELOPPEMENT ?5

IV. 1. INTRODUCTION

Le présent texte situe la problématique de l’exploitationagricole en République Démocratique du Congo (RDC) surtrois niveaux successifs d’analyse :

- Le niveau géographique retraçant le cadre del’exploitation agricole au travers notammentdes dynamiques spatiales, elles-mêmesgénératrices des dynamiques rurales et/oupaysannes.

- Le niveau économique situant l’exploitationagricole par rapport à la mise en valeur despaysages et dégageant, d’une part, lescaractéristiques de l’espace agricole, d’autrepart, les traits principaux de l’exploitationagricole.

- Le niveau territorial et social posant laproblématique globale du développement enmilieu rural et s’interrogeant tant sur lesperspectives d’avenir que sur les stratégies dedéveloppement agricole à mettre en place.

5 Jean-Claude MASHINI MBITA, est Docteur en sciences géographiquesde l’Université libre de Bruxelles.

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IV. 2. LE CADRE SPATIAL DE L’EXPLOITATIONAGRICOLE EN RDC

Il s'agit ici d’indiquer, à grands traits, les facteurs delocalisation et de redéploiement de l’activité agricole àtravers l’espace congolais, ce qui permet de cerner lesdifférentes dynamiques connues par le monde rural et decomprendre les multiples mutations qui accompagnentl’exploitation agricole.

IV. 2.1. La diversité des conditions naturelles et humaines :les renseignements tirés des cartes géographiques

L’activité agricole évolue au Congo dans un environnementmarqué par une diversité des situations humaines(démographiques), écologiques et économiques (MASHINIet al., Organisation de l’espace et Infrastructure urbaine enRDC, 2001).

a) Faiblesse généralisée de densités de population rurale

Dans son ensemble, l’espace congolais est peu densémentpeuplé. La densité moyenne de la population est de l’ordrede 13 habitants par km² (INS : 1984, 1994), alors que celle del’Afrique subsaharienne tourne autour de 21 habitants parkm² (DUBRESSON et al., 1994). La carte démographiquedégage quelques axes de peuplement plus denses : lepremier est oriental, longeant les hautes terres du Kivu avecdes plus fortes densités à l’échelle du pays (entre 30 et plusde 220 habitants par km²) ; le deuxième est intérieur, allantde l’océan Atlantique aux régions centrales du Kwilu-Kasaï,avec des densités moyennes variant entre 10 et 30 habitants

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par km² ; le troisième, situé au Nord-Ouest du pays, sestructure autour d’un noyau de 30 habitants par km². Quandon observe la répartition de la population rurale, la tendanceprofonde du territoire congolais demeure l’impressiongénéralisée de vide. Ceci montre dans quel environnementde faiblesse de densités de population se déploie l’activitéagricole.

b) Diversité des régions écologiques

Le Congo est marqué par une diversité des milieux naturelsdont le déploiement conditionne l’activité agricole. Lesécorégions se répartissent en plusieurs classes (d’après leWorld Wildlife Fund (1998), regroupant diverses variantesécologiques : variabilité des forêts (forêt centrale,marécageuse ; forêts côtières et riveraines ; forêtsmontagneuses) ; savanes herbeuses et miombo ; mosaïqueforêt/ savane, etc. Cette diversité des milieux écologiquesinduit ici et là des contraintes environnementales, avec laprésence des parcs nationaux, des réserves de la biosphère,des réserves et domaines de chasse, etc.). Cette situation a unimpact certain sur l’agriculture congolaise, dont notammentla rareté des terres cultivables autour des villes, entraînantles difficultés d’approvisionnement en produits vivriers.

c) Importance relative de la population active agricole,variabilité des surfaces cultivées et importancedifférenciée des productions agricoles vivrières

La carte de la population active dans le secteur primairemontre une disparité de l’activité agricole à travers lesrégions du Congo. Les taux varient entre moins de 10 %(notamment à Kinshasa et dans certaines régions entourant

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les villes) et 45 à 65 % (régions orientale et centrale, certainesétendues dans le Bas-Congo, etc.). Cette répartition estlargement influencée par la présence des activitéssecondaires et tertiaires, elles-même étant déterminées par ladistribution spatiale des ressources naturelles et minières. Ladistribution des surfaces cultivées par territoire épouse, pourune large part, la trame des densités rurales ; les zonesprincipales de production agricole correspondent en effetaux zones des plus fortes densités de population. Le maniocet le maïs, bases de l’alimentation congolaise, sont desproductions omniprésentes à l’échelle du pays. Lesproductions de riz paddy et de banane plantain sont, quant àelles, plus spécifiquement localisées dans certaines régions. Ilressort des données disponibles que les paysans congolaisexploitent une part faible de la surface totale de leursterroirs. En effet, les surfaces occupées par les principalescultures agricoles font en moyenne un peu moins de 10 % dela surface totale, avec des pics de l'ordre de 60 % danscertaines régions (Kwilu central, hautes terres du Kivu, etc.).L’emprise de l’activité agricole à travers le paysage congolaisreste donc faible et différenciée.

d) Dépendance alimentaire

L’indicateur de dépendance alimentaire, calculé sur base desdonnées de la FAO, est souvent inférieur au seuil de 2200kcal/jour/personne pour une bonne partie de la RDC(PNUD/UNOPS, 1998). La situation la plus aiguë paraît êtrecelle des villes, l’indicateur d’autosuffisance alimentaire yétant partout inférieur à 1000 kcal/jour/personne. Mêmedans les provinces où la production agricole paraîtrelativement excédentaire, on constate que celle-ci augmentemoins vite que la population. Rappelons que le taux de

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croissance démographique est de l’ordre de 3,3 % (contre 4,2% de taux moyen de croissance urbaine). Parallèlement, lesautres indicateurs de développement humain sont lessuivants : 80 % de la population vivent avec moins de 1 $US/jour/tête ; 73 % de la population sont considérés commemalnutris (FAO, 2004). En conséquence, la situation dedépendance alimentaire risque, à terme, de devenirpréoccupante.

IV. 2. 2. Les dynamiques spatiales : tendances majeurescaractéristiques du monde rural congolais

A la lumière des éléments qui se sont combinésparticulièrement depuis la fin de la colonisation, on peutépingler les manifestations suivantes en ce qui concernel’espace rural congolais :

- d’une part, les dynamiques rurales qui ont introduitd’importants bouleversements dans l’arrière-pays. On noteraainsi le phénomène de rurbanisation avec l’émergence desvilles moyennes et petites et les mouvements de retour à lacampagne ;

- d’autre part, les dynamiques paysannes avec l’avènementde nouvelles pratiques, lesquelles se manifestent parl’abandon progressif des « paysannats agricoles », lesfaiblesses d’imposition des cultures et d’encadrementagricole, consécutives à la faillite de l’Etat, l’émergence quasigénéralisée des organisations associatives villageoises et/oucommunautaires, etc.

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IV. 2. LES CARACTÉRISTIQUES DE L’EXPLOITATIONAGRICOLE EN RDC

Les techniques d'exploitation agricole en territoire congolaisappartiennent à une catégorie commune à toute l'Afriquetropicale. Il s’agit d’une agriculture itinérante sur brûlis, avecses étapes successives du défrichement, de la mise à feu etdes semailles. Un des traits généraux de ces techniques estqu’elles relèvent d’une agriculture manuelle dont l'outillageest fort sommaire. D’où une série de faiblesses à la foisd’ordre économique et socio-juridique.

IV. 2. 1. Une faible part de la population active agricoledans la population totale ?

Les chiffres liés à la population agricole sont bien connus : 70% de la population rurale et 63 % de la population activeagricole par rapport à la population totale du Congo.Toutefois, des enquêtes détaillées ont révélé que lesproportions de la population active agricole varientfortement en fonction des milieux. Dans certaines régions,les chiffres baissent entre 12 et 18 % de la population totale(MASHINI, 1983). Il s'agit dans ces estimations des hommesou femmes "imposés" c'est-à-dire enregistrés parl’administration et qui sont tenus d'entretenir un ouplusieurs champs dans les finages villageois. Sont éliminésde cette catégorie tous ceux que l'âge ou l'infirmité écartentdu travail agricole ; ce sont les "non imposés".

La structure démographique et sociale fait apparaître uneproportion relativement importante de la population àcharge du monde agricole. Le Congo est en présence d’unestructure essentiellement jeune de la population. Toutefois,

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les écarts à la pyramide moyenne indiquent différents typesde structure démographique. En milieu urbain, les tranchesd’âges adultes sont surreprésentées qu’en moyenne, lasituation étant l’inverse en milieu rural. C’est le cas desrégions traditionnelles, à déficit démographique, peupeuplées et économiquement peu attractives où les jeunessont partis en ville tandis que les personnes plus âgées sontrestées au village.

IV. 2. 2. Un régime foncier traditionnel et communautairemarqué par de timides évolutions introduites par la loiBakajika et la loi foncière (1966-1973)

Dans la majeure partie du monde rural congolais,l'appropriation individuelle des terres pour les cultures n'estque passagère, juste le temps que durent les cultures sur leschamps. Aussitôt que le terrain est abandonné à la jachère, ilretourne à la propriété communautaire villageoise. Si lerégime foncier traditionnel est resté quasi le même partout,une évolution est à noter depuis la première décennie del’indépendance, avec la promulgation tour à tour de la "LoiBakajika" et de la loi foncière : "le sol est la propriétéexclusive, inaliénable et imprescriptible de l'Etat…" (Article22 de la loi foncière). Il n'y a plus dès lors des terres grevéesde droits indigènes : tout est devenu "domanial" c'est-à-direappartenant au domaine public (PALUKU, 1982). Dans cetteperspective, on comprend que des fermes agricoles oud'élevage soient concédées à des individus ou à des famillesqui se comportent par la suite comme de véritablespossesseurs fonciers.

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Malgré l'uniformité apparente observée dans la périodicitédu cycle des travaux agricoles, la population congolaise aaujourd’hui tendance à toujours écourter la période dematuration des cultures, procédant souvent à des récoltesprécoces. A côté du fait que les jachères sont de plus encourtes, l'avenir de l'activité agricole villageoise s'en trouvede ce fait menacé.

IV. 2. 3. Les faiblesses économiques de l’agriculturecongolaise et le déclin du secteur agricole

On peut épingler ici les faiblesses essentielles de l’agriculturecongolaise, lesquelles se manifestent par la baisseprogressive du PIB du secteur agricole, la faiblesse relativedes rendements agricoles et le déclin du secteur agricole.

a) La baisse progressive du PIB du secteur agricole

La production vivrière est quasi-entièrement entre les mainsde petits exploitants pratiquant une agriculturetraditionnelle sur des superficies de dimensions réduites. Lesentreprises modernes ont dû être abandonnées lors despillages et des guerres successives. Le PIB du secteuragricole a baissé de 3.4 milliards de $ US en 1990 à 2.1milliards en 2000, soit une diminution de 38 % (FAO, 2004).En outre, depuis plus d’une décennie, la détérioration desinfrastructures économiques et sociales en milieu rural aengendré la diminution des superficies cultivées et le retourà l’agriculture de subsistance dans plusieurs zones enclavéesdu pays.

b) L’énorme potentiel agricole en opposition avec lafaiblesse relative des rendements agricoles

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Au stade actuel, on estime que moins de 10 % des terresagricoles du pays sont mises en valeur. Et pourtant, lepotentiel agricole de la RDC reste énorme :

- 80 % d’hectares des terres arables avec un bonpotentiel de fertilité en général ;

- 4 millions d’hectares des terres irrigables ;- la diversité climatique et l’importance du

réseau hydrographique permettent depratiquer une gamme variée de cultures ;

- 125 millions d’hectares de forêts tropicalesconstituent une réserve de la biodiversité, desterres aménageables pour l’agriculture et pourle bois, et de produits forestiers non ligneux(FAO, 2004).

Les rendements moyens observés au niveau national sont de7 tonnes à l’hectare pour le manioc ; 0,8 t/ha pour le maïs etle riz ; et 4,5 t/ha pour la banane plantain. Il n’existe pas dedifférences significatives entre les rendements en zoneurbaine et en zone rurale, bien que ces derniers soientlégèrement supérieurs. Cette situation de faiblesse relativedes rendements reste due à plusieurs facteurs, parmilesquels on peut épingler :

- l'utilisation d'un outillage rudimentaire etvétuste et le caractère extensif des techniquesagricoles ;

- la faible part du temps consacré aux activitésagricoles dans le temps total des paysans, lebilan horaire consacré annuellement au travailagricole étant faible. Sur base d'une étude desménages ruraux, FRESCO (1982, p. 22) avancele chiffre de 1.560 heures par ménage moyen

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soit 111 journées de 7 heures par personne etpar an ;

- les rythmes des travaux agricoles restentintermittents, les paysans devant chaque foisstopper leur besogne pour accomplir d'autresobligations ;

- le poids de travaux agricoles laissés le plussouvent à la paysanne seule.

c) Le déclin du secteur agricole

Malgré son potentiel, le secteur agricole congolais est endéclin. La production agricole accuse une tendance à labaisse depuis 1998 : -20 % pour les céréales ; -12 % pour lesracines et tubercules ; -6 % pour les légumes, etc. Le cas leplus frappant est celui du manioc, aliment de base quicouvre 70 à 80 % des apports nutritionnels des Congolais,mais dont la production a chuté de 20 % à cause desmaladies et des ravageurs. C’est donc dire que cetteagriculture paysanne, utilisant très peu d’intrants externes,ne peut pas soutenir une production suffisante pour couvrirles besoins croissants de la demande alimentaire.

IV. 3. VERS QUELLE DYNAMIQUE DEDÉVELOPPEMENT AGRICOLE EN RDC ?

Les problèmes de développement agricole sont multiples,intégrant divers aspects : problèmes d'exploitation et de miseen valeur, difficultés de commercialisation, problèmes deséquipements sociaux, etc. D’une manière générale, lesinfrastructures rurales (transport, communication, santé,énergie, éducation, etc.) se sont détériorées avec la crisesocio-économique.

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IV. 3. 1. Les difficultés de la commercialisation desproduits agricoles et la question de l'exiguïté des terroirsagricoles

Du fait de l'augmentation démographique, la productionagricole ne correspond pas à des besoins alimentairesconstants de la population. Malgré la présence des routes dedesserte agricole, dont l'accessibilité est souvent aléatoire, lacommercialisation des produits agricoles ne semble pas êtrebien organisée sur le territoire congolais. Dans un autreregistre, les prix des produits agricoles s'avèrent partoutinférieurs par rapport aux prix des produits semis élaborésou manufacturés. Les paysans s'en trouvent en permanencelésés.

La politique instaurant la concession des fermes agricoles oud'élevage à des particuliers contribue peu à peu à renforcerl'exiguïté des terroirs agricoles surtout dans la périphérie desvilles. Les communautés villageoises se voient privées desbonnes terres pour les activités agricoles, les fermiers secomportant comme de véritables possesseurs fonciers. A lalongue, après l'éloignement de leurs champs dans des coinsde plus en plus éloignés de leurs finages, on en arriveraitainsi à l'instabilité voire à la dispersion de l'habitat rural,avec tous les bouleversements socio-économiquesenvisageables dans un milieu déjà en perte de vitesse. Ilfaudrait endiguer tout type de féodalité qui tend às’implanter en milieu rural congolais.

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IV. 3. 2. Les perspectives du monde rural : « Vers unestratégie de développement agricole, base solide dudécollage économique en RDC ? »

Les pistes stratégiques reprises ici sont le fruit des réflexionsde la « Table Ronde sur l’Agriculture » organisée par la FAOsous le titre Mission à moyen terme de la FAO : les grandsenjeux pour la République Démocratique du Congo enmatière de production alimentaire, (Kinshasa, 19-20 mars2004). Le document précité souligne qu’en dépit de lanécessité justifiée de poursuivre en RDC l’aide alimentaire etle programme agricole d’urgence dans des zones dont laplupart sont encore en sécurisation, il devient urgent deconsidérer la mise en place des stratégies pour undéveloppement agricole suffisamment rapide pour leredécollage de l’économie du pays.

Ainsi, pour la FAO (2004), les faiblesses institutionnelles etpolitiques du monde agricole congolais sont bien connues.Toutefois, les priorités d’investissement pour les secteursagricole et rural doivent s’inscrire dans des axes stratégiqueset domaines prioritaires ci-après énumérés :

a) Réhabilitation des infrastructures et pistes rurales

• Appui au désenclavement des zones rurales àfort potentiel agricole (y compris transportfluvial).

• Mobilisation des moyens pour la mise en œuvrede la stratégie d’entretien et de réhabilitation desroutes et pistes rurales.

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• Appui aux PME locales spécialisées dansl’entretien routier et promotion des moyensintermédiaires de transport en milieu rural.

b) Amélioration de la productivité et modernisation del’appareil de production

• Développement des services d’appui pour lavulgarisation et les intrants, notammentsemences (Champs Ecoles paysannes, Rechercheagricole …).

• Promotion des activités de transformation desdifférentes productions végétales, animales etforestières, ainsi que de la professionnalisation etl’interprofession au sein des filières.

• Appui au développement de la microfinance.

c) Amélioration des circuits de commercialisation et dela mise en marché des produits agricoles

• Appui à la reconstitution des circuitscommerciaux et des opérateurs privés.

• Appui au développement des produitsbénéficiant d’avantages comparatifs etrenforcement de la promotion de ces produitssur les marchés cibles.

• Amélioration des systèmes d’information sur lesprix et marchés avec établissementd’observatoires régionaux des filières.

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• Renforcement des capacités et de la structurationdes organisations rurales

• Appui au développement communautaire à labase.

• Appui à la professionnalisation et à lastructuration des filières.

• Renforcement des capacités et formation desOrganisations Paysannes et groupements.

• Gestions durables des ressources

• Promotion des programmes d’amélioration et degestion durable de la fertilité des sols.

• Appui aux programmes de développement destechniques anti-érosives et de conservation deseaux du sol dans le cadre d’aménagement desterroirs et périmètres.

• Appui à la gestion durable des ressourcesforestières (bois d’œuvre).

d) Renforcement général des capacités humaines (demanière transversale aux autres domaines)

• Prévision d’un volet recyclage des personnelsdans chaque projet/programme dedéveloppement.

• Appui au développement à long terme desressources humaines, particulièrement danscertains secteurs-clefs (recherche, vulgarisation,gestion des ressources naturelles…).

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IV. 3. CONCLUSION

De toute évidence, pour arriver en RDC à une réorganisationdu milieu rural, on devrait pouvoir définir une « bonne »stratégie de développement. Cette politique appellel'observation de nombreux préalables, ce qui exige :

o D’abord, de rechercher une persuasion lente et sûrede la population ainsi qu’une large participation dedifférents acteurs évoluant en milieu rural ;

o Ensuite, d'asseoir une préparation morale etmatérielle de cette entreprise, avec l’instauration devéritables structures d’appui au développement ;

o Enfin, et par ricochet, de rechercher une conjugaisondes efforts des agriculteurs eux-mêmes, des rurauxainsi que des structures d’encadrement évoluantdans le monde rural (MASHINI, 2004).

Tout compte fait, en dépit des difficultés du moment et de lacrise multiforme que traverse la RDC, l'optimisme devraanimer toutes les recherches de solutions aux diversproblèmes qui se posent aujourd’hui avec acuité dans cetterégion d’Afrique subsaharienne.

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CHAPITRE V : LES DEFIS DE L’AGRICULTURECONGOLAISE6.

Le moment est venu pour la RDC d'envisager ledéveloppement du secteur agricole à moyen et long terme.L'insécurité alimentaire reste préoccupante: elle toucheenviron 70% des personnes. C'est pour cette raison que lePRSP (DSPR) constitue le cadre opérationnel de la TableRonde, car la lutte contre la pauvreté constitue en mêmetemps un moyen de lutte contre la pauvreté. Quoiqu'à longterme "l'approche sectorielle" puisse être indispensable pourrenforcer le fonctionnement du gouvernement et pourfavoriser la durabilité des actions entreprises, il faudra, àcourt et moyen termes, recourir à "l'approche projet" pourpallier la faiblesse de la fonction publique agricole et lemanque de décentralisation.

Cette contribution souligne l'importance du rôle de l'Etatdans le développement agricole. Au stade actuel dudéveloppement économique de la RDC, l'agriculture est leseul secteur qui puisse, avec équité, mettre au travail desmilliers de personnes, leur procurer un revenu et créer desplus-values substantielles tout en touchant les couches lesplus pauvres de la population. La RDC a d'énormespotentialités agricoles et peut devenir un grenier pour lereste du continent. Les chefs d'Etat africains se sont engagésau sein du NEPAD à consacrer 10% des dépenses publiques àl'agriculture et au développement rural dans les cinq années 6 Eric TOLLENS, Professeur à l’Université de Louvain. Ce texte est unextrait de la table ronde de Kinshasa consacrée à l’agriculture congolaise(du 19 au 20 mars 2004). Les aspects retenus ici ont fait également l’objetd’un débat entre l’auteur et les promoteurs agricoles au cours de laconférence organisée par OCIV-M&D le 26 novembre 2004 à Bruxelles.

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à venir et d'arriver à un taux de croissance agricole annuelde 6% à l'échéance 2015. En 2003, la part de l'agriculture dansle budget national de la RDC était seulement de 1,44%. Uneffort national très important reste donc à faire et lesbailleurs de fonds ne peuvent pas se substituer à l'Etat, maisils doivent eux aussi respecter l’engagement de 10% de leurfinancement propre.

Le Plan Directeur de 1990 est rappelé comme modèle depolitique agricole globale et de cohérence à l'intérieur delaquelle devraient s'articuler différentes actions. Ce cadre deréférence, qui a fait l'objet d'une concertation nationale entable ronde, avait obtenu un large consensus. Il avait déjàdébouché sur l'élaboration des plans d'actions régionaux surtrois ans. Malheureusement, leur réalisation a été empêchéepar les pillages de 1991et 1993 ainsi que par les soubresautsde la fausse transition et les deux grandes guerres de 1996 à2002. Heureusement, son actualisation a été annoncée par leChef de l'Etat en décembre 2003. Ceci est très important.

Le développement qui suit tend à démontrer que le secteuragricole offre les meilleures perspectives pour uneagriculture génératrice des revenus à ses promoteurs.

Les grands leviers du développement agricole sont ensuitepassés en revue. Il y a tout d'abord les grandesinfrastructures rurales qui permettent le désenclavement deszones rurales (la connexion avec les villes) et déterminentdans une large mesure les coûts de commercialisation. C'estdans les routes de desserte agricole, les grands axes routiers,les voies fluviales, les ponts et les bacs que doit aller le grosdes investissements. La demande des semences et plantsaméliorés est actuellement très forte. Cela requiert également

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une recherche agronomique performante. Il est préconisé defaire d'abord de la recherche d'emprunt en partenariat avecles centres du CGIAR et des SNRAS d'Afrique à travers lesassociations régionales de recherche (CORAF, ASARECA,SACCAR). Mais pour emprunter intelligemment, il fautdisposer d'une capacité de recherche appliquée minimale,surtout lors des essais en milieu paysan. Les engraischimiques, très tributaires des coûts d'importation et detransport, ne sont actuellement pas prioritaires, sauf pour lescultures industrielles et maraîchères. Le crédit agricole, etplus généralement les institutions de micro financement,peut être un instrument principal pour l'investissementagricole. L'expérience acquise par COOPEC et COOCEC auCongo peut maintenant être mise à profit. La vulgarisationagricole constitue l'aval de la recherche agronomique et doitdevenir un puissant instrument d'innovation et dechangement technologiques. Mais il faut procéder parétapes, surtout dans le cadre des projets de développementagricole et dans le contexte de la décentralisation.

Les principales cultures vivrières sont ensuite discutéesbrièvement. Le manioc semble diminuer en importance enfaveur des céréales (maïs, riz). Les effets du "projet multidonateurs manioc" sont en train de sortir maintenant, mais ladiffusion de boutures améliorées est une opération lente quipourra prendre encore une dizaine d'années. Des progrèssont aussi à réaliser dans le domaine de la transformation dumanioc (le gari?). Le maïs est de loin la principale céréale etmérite plus d'attention. Le riz semble être une cultured'avenir pour laquelle le Congo dispose d'un potentiel deproduction très grand, aussi bien en culture pluviale qu'enculture irriguée. On attend beaucoup de nouvelles variétésNERICA. Les légumineuses à grains sont importantes du

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point de vue nutritionnel, genre et durabilité des systèmesde production. Les bananes et les plantains sont lesprincipales cultures vivrières en zone forestière et sur leshautes collines du Kivu. Les cultures maraîchères dominenten rurbanisation, en agriculture urbaine et péri urbaine. Lesefforts d'appui à ces cultures devraient couvrir tout le payset être prolongés dans le temps.

V. 1. APPROCHE SECTORIELLE

Actuellement, l'approche sectorielle est favorisée par laplupart des bailleurs dont la Banque Mondiale. Mais cetteapproche suppose un cadre sectoriel clairement défini et uneadministration publique sectorielle forte et performante. Cen'est nullement le cas aujourd'hui en RDC; la réforme et lerenforcement de l'administration publique de l'agricultureprendront beaucoup de temps.

Il faut également tenir compte de la décentralisationenvisagée de l'administration au Congo. Cettedécentralisation est le cheval de bataille de certains partispolitiques et est une évidence, vu la dimension du pays et lesdifficultés à rapprocher les services de l'Etat auprès de lapopulation, surtout en milieu rural. De plus, les bailleursfavorisent également la décentralisation. Lors de la 1ère et dela 2ième République, la centralisation du pouvoir était unobjectif en soi, favorisant la classe politique au pouvoirvivant à Kinshasa. Etant donné cette situation, on est obligéde privilégier l'approche projet pour l'exécution des actionsen milieu rural, malgré le risque de manque de durabilité etde pérennité. Le préalable à l'approche sectorielle est donc laréforme de la fonction publique, son renforcement et la

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décentralisation, qui sont tous prévus dans l'Accord Globalet Inclusif qui régit la transition.

V. 2. LES PRINCIPAUX LEVIERS DE DÉVELOPPEMENTAGRICOLE

Ci-après une description sommaire des principaux leviers(mesures politiques, intrants, facteurs d'appui à laproduction) à utiliser pour augmenter la production agricoleet ainsi améliorer la sécurité alimentaire et les revenus. Laréforme de l'administration du Ministère de l'Agriculture, dela Pêche et de l’Elevage, et celle de la fonction publiqueagricole n'est pas abordée ici. C'est un sujet tellementimportant et difficile dont le traitement dépasserait le cadrerestreint de ce papier. C’est également le cas pour lesproblèmes fonciers, qui demandent une attentionparticulière et urgente, mais qui ne peuvent pas être abordésici.

V. 2. 1. L'importance des infrastructures rurales

Il est à remarquer que la production agricole pour le marchéou pour l’exportation est très tributaire des infrastructuresrurales et du désenclavement (routes de desserte agricole,grands axes routiers, voies fluviales et ferrées, ponts, bacs etpassages à niveau). Le rôle essentiel de l'Etat et desstructures décentralisées de l'Etat est de maintenir etd'améliorer ces infrastructures, ce qui requiert unfinancement important. La réduction des marges decommercialisation dépend surtout de la réduction des coûtsde transport. Et pour les produits non périssables, il faut au

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maximum utiliser la voie fluviale, car elle est de loin lemoyen de transport le moins cher.

V. 2. 2. Les semences améliorées

Actuellement, on constate en RDC une très forte demande ensemences et plants améliorés. La production de ces semencesdevra surtout se faire par l'intermédiaire des fermiers dans lecadre des relations contractuelles avec le SENASEM. Laproduction en régie par le SENASEM se limitera auxpremières multiplications des semences de base, car c'est uneopération coûteuse et onéreuse. Depuis toujours, la qualitédes semences et des plants en RDC a toujours été unepréoccupation majeure. Bien sûr, la production des semencesaméliorées requiert une recherche agronomique performantesuivie d'une sélection des variétés améliorées ayant fait leurpreuve en champ chez les paysans.

V. 2. 3. Les engrais chimiques

La question des engrais chimiques a été étudiée pendantplus de dix ans dans les années 1980 par le ProgrammeNational Engrais (PNE) soutenu par la FAO (sur financementbelge) et le SENAFIC. Pour la plupart des cultures, une bonneréponse aux applications d'engrais a été trouvée. Mais lecoût des engrais chimiques pose des problèmes. Leurimportation au Congo ainsi que leur acheminement auprèsdes utilisateurs sont très onéreux. D'autre part, le secteurprivé est peu ou pas intéressé par ce commerce, le marchéétant trop restreint et trop instable. Dans le passé, l'instabilitépolitique et monétaire constituait une contrainte principale.Aujourd'hui, la stabilité macro-économique est de nouveaupropice à l'importation des engrais chimiques. Pour certaines

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cultures à haute valeur, comme les cultures industrielles (enplantation), les cultures maraîchères et peut-être le coton,l'application d'engrais pourrait s’avérer rentable.

Mais on peut déjà avancer beaucoup en pratiquant unejachère améliorée à légumineuses ou à arbustes commeSesbania, Tephrosia, Glyricidia, Cajanus, Crotolaria, enutilisant le mulch venant d'ailleurs (bords des champs,brousse) (p.ex. Tithonia diversifolia) et en utilisant lephosphate naturel finement moulu. (SANCHEZ, 2002). En bref,une gestion intégrée de la fertilité des sols s'impose. Dansl'avenir, l'utilisation des engrais chimiques va de plus enplus s'imposer, étant donné la nécessité d'intensifier laproduction agricole et de préserver la forêt équatoriale et lesressources naturelles.

Il faut noter que d'importantes réserves de phosphatenaturel se trouvent dans le sous-sol du Bas Fleuve, près deMoanda, que d'importantes réserves d’engrais organiques(guano) se trouvent dans les grottes du Mont Hoyo dans laprovince du Nord Kivu, et que d'énormes réserves de gazméthane sous le lac Kivu pourraient donner lieu à laproduction d'urée synthétique. A long terme, le Congopourrait devenir un important producteur d'engraischimiques. Seuls les engrais potassiques devraient êtreimportés.

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V. 2. 4. Le crédit agricole

L'expérience avec le crédit agricole en RDC n'a pas étépositive, surtout à cause de l'instabilité politique etéconomique. Aussi bien la SOFIDE que sa branche agricole, laSOFIDAG n'existent plus. La Banque de Crédit Agricole a faitfaillite. Les coopératives d'épargne et de crédit (COOPEC,COOCEC) se sont développées rapidement pendant les années1980 (Hirsch, 1971 ; Müller, 1987), notamment au Bandunduet au Bas Congo. Dans les années 1970, l'USAID a financéavec un succès mitigé un système de crédit agricole au BasCongo (Projet Crédit Agricole Contrôlé). Tout le mondes'accorde aujourd'hui pour dire que les institutions de microfinance sont importantes en RDC; c'est ainsi que le microcrédit de type informel est aujourd'hui promu parpratiquement toutes les ONGs, les banques dedéveloppement et les projets agricoles. Avec la stabilitémacro-économique, la "micro finance" a de nouveau sa placeen RDC et devrait faire partie intégrante de tout projet ouaction de développement. C'est un levier très important pourmobiliser des investissements agricoles productifs.

Le défi est vraiment de drainer l'épargne - même les pluspauvres épargnent de temps à autre - vers desinvestissements agricoles productifs. L'expérience nousenseigne qu’en Afrique, la plupart du temps, l'épargnerurale peut être très importante et est drainée vers les villespour des besoins de consommation directe. Mais il y a unmanque important de spécialisation et deprofessionnalisation des personnes travaillant dans lesecteur (TRIAS, 2003). La rentabilité et la pérennité sontimportantes mais souvent négligées. Le groupe cible attend

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souvent des ONGs des dons et n’est pas prêt à rembourser lescrédits octroyés. A noter que la Banque Centrale a entamé unprocessus d’assainissement (e.a. le cadre légal) dans cedomaine, ce qui parait nécessaire.

V. 2. 5. La recherche agronomique

Concernant la recherche agronomique, les études sont encours pour la relance de l'INERA sur financement de l’UnionEuropéenne. A court terme, on doit surtout emprunter desvariétés et des technologies aux centres CGIAR (IITA enparticulier) et aux SNRAs des pays de la région. Despartenariats sont indiqués avec ces centres. Afin deprogresser rapidement, la sélection variétale par les paysanseux-mêmes (PVS) est préconisée. Mais à moyen terme,l'INERA doit de nouveau devenir capable de créer desvariétés et des technologies améliorées. Cela n'empêche pasd'emprunter au maximum aux autres SNRAs, l'INERA étant leseul SNRA membre des trois associations régionales derecherche agronomique en Afrique (CORAF, ASARECA,SACCAR). On ne peut qu'insister sur l'importance de larecherche d'emprunt, mais un emprunt intelligent. Les tigresasiatiques sont les champions de la recherche d'emprunt,aussi bien dans le domaine industriel qu'agricole, mais ilsdeviennent rapidement des créateurs de nouvellestechnologies.

V. 2. 6. La vulgarisation agricole

Pendant les années 1980, le Service National deVulgarisation (SNV) fonctionnait convenablement, surtoutdans le cadre des projets de développement agricole. Onsuivait plus ou moins l'approche Benor (formation et visites).

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Avec le départ de presque toutes les coopérations bi- etmultilatérales en 1991, les pillages généralisés et le manquede financement national, le SNV devait arrêter sonfonctionnement. Entre-temps, les approches de vulgarisationont changé: le système Benor a été abandonné, l'approcheécole paysanne prônée par la FAO poursuit son chemin et laplupart des ONGs adoptent leur propre approcheparticipative. La tâche est énorme et on ne saura pas couvrirtout le pays. Ainsi, on est pratiquement obligé de suivrel'approche projet pour focaliser les efforts sur un nombre dethèmes limité.

Mais la vulgarisation est importante dans la diffusion desacquis technologiques et surtout pour la promotion desnouvelles variétés et pratiques culturales. La relance du SNVreste un défi et on sera obligé de procéder par étapes et dansle contexte de la décentralisation. A noter également que laradio rurale de proximité, promue par la FAO, peut être uninstrument puissant de vulgarisation agricole, et pluslargement, d'information rurale.

V. 3. LES CULTURES VIVRIÈRES

V. 3. 1. Généralités

Il va de soi qu'à court et moyen termes, les cultures vivrièresdemanderont encore toute l'attention nécessaire dans lecadre de la lutte contre l'insécurité alimentaire. Il faut que laproduction vivrière augmente, que la productivité agricoles'améliore (rendement à l'hectare, rémunération de lajournée de travail) et que la durabilité des systèmes deproduction soit assurée. A court terme, des progrèsconsidérables sont attendus par l'introduction de meilleures

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variétés et des semences et plants améliorés. A moyen terme,l'amélioration de la fertilité des sols (par la gestion intégrée)et la lutte intégrée contre les maladies et insectes doiventprocurer des gains de productivité importants. Ceci requiertune recherche agronomique performante, une production àgrande échelle de plants et semences améliorés et unmeilleur encadrement agricole. L'information agricole, enutilisant surtout la radio rurale et de proximité, estégalement importante. N'oublions pas qu'il y a des efforts àfaire également dans la réduction des pertes après récolte,dans la transformation des produits au niveau del'exploitation agricole, et dans la commercialisation (créationd’infrastructures de marchés et d'un système d’informationdes marchés).

V. 3. 2. Le Manioc

Le manioc reste de loin la principale culture vivrière enRDC. Mais son importance semble diminuer au profit descéréales, notamment le maïs et le riz. Mais en 2000, le Kinoisconsommait encore l'équivalent de 145 kg de tuberculesfrais. Le "programme multi donateur manioc" commence àsortir ses effets positifs; cependant, la diffusion de bouturesaméliorées est lente (le facteur de multiplication est de 10 à12) et prendra inévitablement encore du temps avant depouvoir couvrir tout le territoire national. Une nouvellevague de variétés améliorées est dans le "pipe-line" àl'INERA, avec l'appui de l'IITA. Il faut donc que leprogramme manioc continue et soit même amplifié dans letemps. En même temps, il faudra que plus d'attention soitaccordée à l'amélioration des technologies de transformationet de conservation du manioc; par exemple faire du gari aulieu ou en plus des cossettes. On sait que changer les

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habitudes alimentaires est difficile mais pas impossible. Desessais à l'échelle pilote méritent d'être conduits.

V. 3. 3. Le Maïs

Le maïs est la principale céréale en RDC, elle a gagné enimportance ces dernières années (TOLLENS, 2003). A Kinshasapar exemple, la consommation annuelle (kg/tête) de maïsgrains est passée de 2,84 kg en 1975 à 6,68 kg en 2000, soitune augmentation de 235%. Il faut noter qu'on importe peude maïs à Kinshasa, à part une petite quantité reçue sousforme d'aide alimentaire. Il est actuellement courant àKinshasa d'acheter la farine de maïs au même prix que lemanioc, phénomène jamais constaté dans le passé. Onmélange de plus en plus de farine de maïs avec celle demanioc lors de la préparation du "fufu".

L'importance actuelle du maïs sur le marché national seraiten fait due à l'impact des variétés hautement productivesdéveloppées dans les années 1980 par le PNM (financé parl'USAID). Les variétés Kasaï-1 et Salongo sont plantées unpeu partout. Le maïs est aussi la culture qui répond le mieuxaux engrais chimiques et aux rotations et associationsjudicieuses avec des plantes améliorantes comme le niébé etle soja. Plus d'attention devrait donc être consacrée à cestechnologies.

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V. 3. 4. Le Riz

A Kinshasa, la consommation de riz local a progressé de 4,91kg/capita en 1975 à 13,09 kg en 2000, soit une hausse de270%; celle du riz importé est passée de 3,50 kg à 8,42kg, soitune augmentation de 240%. La consommation du riz afortement augmenté en importance. On peut donc affirmerque le riz est une culture d'avenir. Heureusement que la RDCse prête parfaitement bien à la riziculture, aussi bien pluviale(Bumba, Maniema), irriguée (vallée de la Ruzizi, poolMalebo, etc.) que de bas-fonds (toutes les provinces). Lepotentiel en riziculture pluviale (ou de montagne) estparticulièrement important dans la cuvette centrale; lesnouvelles variétés 38 NERICA de l'ADRAO devraient, enprincipe, y être très performantes (précocité, suppression demauvaises herbes, rendement élevé, haute teneur enprotéines).

Dans le cadre de la préparation du projet PRAPE(financement FIDA) à Bumba, un important volet concernel'introduction et la sélection variétale par les paysans desvariétés NERICA de l'ADRAO, avec l'appui de cette dernière. Ilest à noter que depuis quelques mois, les prix du riz sur lemarché mondial, après des années de baisse, sont enaugmentation constante. Il en résulte une augmentation de lacompétitivité de la production locale face aux importations.

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V. 3. 5. Les Légumineuses à graines: arachide, haricot,niébé et soja.

L'arachide est cultivée dans toutes les provinces de la RDC.En 2000, sa consommation à Kinshasa (0,85 kg/capita) adiminué de 70% par rapport à 1975. Ceci est dû toutsimplement au fait que les arachides coûtent cher. C'est laprincipale culture des femmes; elle apporte protéines etgraisses dans l'alimentation humaine. Dans le passé, larecherche sur l'arachide a été un peu négligée, elle devraitmériter un peu plus d'attention. Les haricots sont trèsimportants localement, notamment au Bas Congo et surtoutau Kivu. En 2000, leur consommation à Kinshasa étaitestimée à 3 kg/capita, donc bien plus importante quel'arachide. La recherche sur le haricot se fait particulièrementà l'INERA (station Mulungu dans le Kivu); elle devrait y êtrerenforcée en collaboration avec le CIAT.

Le niébé et le soja sont actuellement des cultures de moindreimportance en RDC, mais ils progressent et se répandentrapidement un peu partout. Ils sont très importants du pointde vue nutritionnel et du point de vue de la durabilité dessystèmes de production (associations ou rotations). AuNigeria, le niébé et le soja jouent un rôle très important dansla stabilisation des systèmes de culture. Avec un léger apportd'engrais (organique et chimique), on parvient à pratiquer ensavane une culture continue de maïs et de sorgho, enrotation avec ces légumineuses. Dans les années 1980, le PNLavait mis au point et diffusé plusieurs nouvelles variétés delégumineuses à graines.

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V. 3. 6. Les bananes et plantains

La consommation des plantains à Kinshasa a beaucoupaugmenté (de 3,85 kg à 8,89 kg/tête) par rapport à 1975,tandis que celle des bananes (douces) a diminué de 1,91 kg à1,12 kg. Les problèmes de production des bananes etplantains se situent surtout au niveau des maladies (Sigatokanoire), les insectes et les nématodes. Le transport et laconservation des bananes et des plantains constituentégalement un problème très important étant donné qu'ilssont très périssables. Les bananes et les plantains coûtentrelativement cher pour les consommateurs et ont uneélasticité revenu élevée. Heureusement, de nouvellesvariétés hautement productives sont disponibles (vial'INIBAP) et sont à l'essai à la station INERA-Mvuazi. Mais lamultiplication végétative est toujours très lente. Il fautrappeler que jadis on exportait des bananes ("Gros Michel")du Bas Congo vers l'Europe.

V. 3. 7. Les cultures maraîchères

Cultures maraîchères Avec la rurbanisation (ruralisation dela ville), une bonne partie de la population citadine vitpratiquement de l’agriculture comme dans les campagnes(Tollens, 2003). Les cultures maraîchères sont trèsimportantes en culture urbaine et périurbaine et en volumeconsommé (24,35 kg/capita en 2000 à Kinshasa, comme en1975). Ce sont surtout les feuilles fraîches qui sontconsommées: feuilles de manioc, de patate douce,d'amarantes. C'est une très importante source de protéinesvégétales, de vitamines et de minéraux. Les projets d'appuiau maraîchage en zone urbaine et périurbaine conduits par

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la FAO (financés par la Belgique) devraient être étendus àtoutes les villes du pays; ces projets apportent unecontribution substantielle tant du point de vue de la luttecontre la pauvreté et la malnutrition que celui de la créationd'emplois. La production des semences ainsi quel'encadrement des associations et groupements demaraîchers sont indispensables pour promouvoir lemaraîchage. Il faut noter qu'une action d'appui à laproduction fruitière serait également importante, car laconsommation des fruits est très basse en RDC. En ville, lesfruits sont rares et coûtent beaucoup trop cher. Autresproductions vivrières Il s'agit des cultures de moindreimportance sur le plan national mais qui ont parfois unecertaine importance localement.

La canne à sucre est surtout cultivée au Bas Congo commeculture industrielle, mais la production de sucre ne couvrepas les besoins du pays. La consommation du sucre adiminué de 41% depuis 1975. En effet, pour la plupart deshabitants de Kinshasa, le sucre est un produit très cher et deluxe. La canne à sucre se consomme à l'état frais partoutdans le pays. Le sucre au Congo souffre aussi d’un manquede compétitivité face aux importations (sauvages etbénéficiant d’importants subsides à l’exportation dansl’Union Européenne).

La patate douce est également importante et se cultiveactuellement un peu partout comme culture de bas-fonds ouen maraîchage. Ses feuilles (matembele) sont très appréciéescomme légume bon marché, notamment à Kinshasa.L'igname se trouve un peu partout, mais surtout en savanearborée. A ma connaissance, il n'y a jamais eu de programmed'amélioration ou de diffusion de variétés améliorées de

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cette culture. Elle est très peu commercialisée en ville et sertsurtout à l'autoconsommation en milieu rural.

V. 4. LA COMPÉTITIVITÉ DE L’AGRICULTURECONGOLAISE ET LA FISCALITÉ

Ce sujet important est abordé ici à la lumière desconnaissances du passé; il se justifie par le fait que le secteurprivé congolais qui a investi en agriculture se plaintbeaucoup d'une fiscalité très lourde et du manque decompétitivité internationale. Nous ne disposonsmalheureusement pas d’études récentes à ce sujet. En 1986-1987, la compétitivité de l'agriculture congolaise face auxproduits agricoles importés a été étudiée par le consortiumZTE-Groupe COGEPAR (1987). C'était une étude enprofondeur basée sur des enquêtes fouillées dans chaqueprovince auprès des grandes entreprises agro-industrielles.

La principale mesure qui a été utilisée est le coût enressources domestiques (CRD) (en anglais: domestic resourcecost). Ce paramètre indique la compétitivité d'uneproduction donnée face à l'importation ou à l'exportation. Ilindique également dans quelle mesure une production estapte à gagner des devises à l'exportation en comparaisonavec le taux de change. Ainsi, un CRD<1 indique toujoursune bonne compétitivité face aux importations (et pour lesexportations). Bien sûr, cet indice varie beaucoup d'uneprovince à une autre, car une production au Nord Kivu estévidemment mieux protégée contre les importations à causede son enclavement (l'éloignement d'un port maritime). Ilfaut noter que cet indicateur dépend également des prix envigueur sur le marché mondial. Il change donc avec un

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changement du taux de change ou avec une hausse ou baissedes prix sur le marché mondial.

On peut conclure qu'à cette époque, l'agriculture congolaiseétait généralement compétitive face aux importations. Maisles variations entre provinces sont relativement grandes.C'est surtout le Kasaï Oriental qui était le moins compétitif,et dans une moindre mesure le Katanga, probablement àcause du manque de main d’œuvre agricole attirée par lesactivités minières (formelles et informelles) plus lucratives. Ilfaut faire remarquer la bonne compétitivité de l'huile depalme, de la viande bovine et du riz. On ignore bien sûr sicela tient encore aujourd'hui.

En 1987 également, l'étude Z.T.E.-SOCFINCO a démontré queles niveaux relatifs de taxation totale (inputs + outputs) parrapport au prix FOB sont importants et d'un ordre degrandeur comparable à d'autres pays africains (Côted'Ivoire) ou asiatiques (Indonésie). Mais dans ces pays, l'étatgénéral des infrastructures de transport et sociales, et lesrendements techniques des cultures concernées étaientnettement meilleurs. Il faut donc que la fiscalité soitfavorable au développement des cultures pérennes. C’estune question majeure en RDC où l’Etat est toujours à larecherche des revenus supplémentaires (comme presquetous les Etats).

La politique fiscale du Congo doit devenir plus transparente,plus équitable et plus en rapport avec la capacité des sociétésagricoles à payer des impôts. Le secteur privé (formel etinformel) se plaint amèrement des tracasseries, duparasitisme, et de l’arbitraire en matière de taxation. On al’impression que la privatisation de l’économie s’est étendue

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au domaine fiscal. C’est un des freins les plus importants àl’investissement et à la création de richesses. Il faut donc,pour rester dans la terminologie locale, «sécuriser lepaysan», petit et grand, et stopper les prélèvementsarbitraires «pour nourrir les enfants». Toutes ces questionsméritent toute l’attention dans le contexte actuel de larelance de l’agriculture congolaise.

Conclusion

Cette contribution peut être considérée comme un état deslieux. Ensemble avec le papier sur la sécurité alimentaire enRDC présenté en février 2003, on peut voir plus clair dans lecadre des engagements concrets des bailleurs de fonds et dugouvernement. Il faut d'abord qu'on respecte l'engagementpris au sein du NEPAD de consacrer 10% des dépensespubliques à l'agriculture et au développement rural. C'est laseule chance de réaliser l'objectif d'augmentation de laproductivité agricole et d'atteindre un taux de croissanceagricole annuel de 6% à l'échéance de 2015. Ceci est unengagement africain; s'il n'est pas respecté (pays africains etbailleurs), la situation agricole ne changera sans doute pasfondamentalement. Ensuite, le processus PRSP (DSRP) et sesgroupes de travail sectoriels sont importants, car sans unelutte concertée contre la pauvreté, l'insécurité alimentairepersistera, même si l'agriculture d'exportation se développerapidement. Et le Congo a tous les atouts et avantagescomparatifs pour développer les cultures vivrières etd'exportation, comme l'a suggéré ce papier. Ce seraessentiellement le secteur privé, national et international, quiinvestira dans les cultures pérennes, si le cadre

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macroéconomique et politique reste stable et si desd'incitations suffisantes sont offertes.

Il est clair que l'Etat a un rôle essentiel à jouer dans ledéveloppement agricole. Pareillement, il faut rappelerqu'aucun pays au monde ne s'est industrialisé sans avoir, aupréalable, connu un développement agricole soutenu. Lacréation d'un surplus agricole ou d'une rente agricole est unecondition sine qua none pour le développementéconomique. Tout comme aucun pays démocratique aumonde n'a connu la famine, comme Amartya Sen aime ledire. On peut être me qualifier de "fondamentaliste" agricole,mais tout ce qui est affirmé à ce sujet est soutenu par unelittérature scientifique abondante. Et l’exemple de l’Asie duSud et du Sud Est sont tellement éloquents à ce sujet.

L'erreur que beaucoup commettent est de ne pas considérerle stade du développement économique dans lequel un paysse trouve. Dans le premier stade qui va de 1.000 à 2.000 USDde revenu par capita/an, stade actuel de développement dela RDC, l'agriculture doit nécessairement jouer le rôle demoteur de l'économie. Cela n'a pas été différent au Japon (au19e siècle), en Chine (à partir de 1978) ou au Brésil (années1990). De tout point de vue, et surtout au vu de sesressources naturelles et humaines, le Congo peut devenir ungéant agricole («un Brésil africain») au cœur de l'AfriqueCentrale. Et il le sera ou ne le sera pas selon que lespolitiques nationales, le cadre institutionnel et ledéveloppement des ressources humaines seront cohérents eten équilibre avec le stade de développement économique, lesressources propres engagées dans ce processus et lesambitions de chacun.

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Comme les économistes aiment l'affirmer aujourd'hui, aucunpays ne s'est développé par la volonté des bailleurs de fondset des donateurs; mais il reste quand même vrai que l'Europes'est très rapidement remise de la deuxième guerre mondialeentre autres grâce au plan Marshall américain. Mais ce plann'a fait qu'appuyer et financer une volonté nationale de seremettre rapidement d'une situation intolérable. Le Congopeut faire de même et pourquoi pas mieux.

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CHAPITRE VI - L’AGRICULTURE CONGOLAISE FACEAU DÉFI DE LA MONDIALISATION

CONTEMPORAINE7.

Les développements de notre propos ont pour objet,d’analyser quelques rapports que l’agriculture congolaisedans ses différentes composantes entretient avec lamondialisation contemporaine. Ils esquissent à la fin desperspectives de réaménagement de ces rapports pour lesrendre moins nocifs ou plus propices à l’essor del’agriculture congolaise, principalement dans sa composantepaysanne. Pour ce faire, nous développerons notre proposcomme suit :

o Quelques caractéristiques de la mondialisation, danssa dimension agricole,

o Les mutations structurelles de l’agriculturecongolaise dans la période post-coloniale,

o L’intégration de l’agriculture congolaise dans lamondialisation et les rapports qui en résultent,

o Les perspectives de l’agriculture congolaise face audéfi de la mondialisation du commerce agricole.

VI. 1. QUELQUES CARACTÉRISTIQUES DE LAMONDIALISATION.

Contrairement aux idées reçues, la mondialisation est unpuissant mouvement en cours plutôt qu’une réalité achevée,ayant des caractéristiques fixées une fois pour toutes. Ce

7 Clément KAZADI Tshamala est, Professeur à l’Université deLubumbashi et de Mbuji-Maji. Il a animé une conférence débat sur cettethématique en mars dernier dans les locaux de OCIV-M&D.

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puissant processus est très ancien (de plusieurs siècles). Maisdepuis environ 25 ans, il a connu une forte accélération qui lemet sous tous les projecteurs. Il vise à rendre le monde, unespace économique unique, intégré, où circulent librementles capitaux, les biens et services, dans la logique del’économie capitaliste qui désenclave la planète à partir deses centres originels occidentaux.

Sous la houlette des firmes transnationales, il se forme aussiun nouveau système productif mondial fonctionnant enréseaux. Les déréglementations accélérées et le désarmementdouanier progressif donnent ainsi un libre champ à desactivités libérées des contraintes géographiques etpolitiques. Evidemment, le processus a été renforcé par leprodigieux développement des transports, des technologiesde l’information et de la communication, ainsi quel’implosion du bloc soviétique.

Cependant, ce processus d’ouverture et d’interpénétrationdes économies, se réalise de manière inégale, selon lesdifférentes parties du monde et les marchés considérés. Ainsiles mouvements des capitaux, des biens et services, laconstitution d’un nouveau système productif fonctionnanten réseaux, se concentrent pour l’essentiel, sur et entre lespôles les plus performants de l’économie mondiale qui sont :l’Amérique du nord, l’Union européenne et l’Asie du sud etde l’est. L’Afrique subsaharienne occupe le bas de l’échelle,ne participant que de manière fort marginale à ces flux. Parailleurs, la transnationalisation des capitaux, portéeprincipalement par les banques, les entreprises, lesassurances et les investisseurs institutionnels est bien plusavancée que celle des biens et services. Le marché du travail,lui demeure encore fort contrôlé.

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Comme on le voit donc, la mondialisation qui est àgéométrie variable, et qui opère aussi selon la logique desélection/exclusion, dans un contexte de concurrenceexacerbée, crée une économie mondiale fort inégalitaire. Surle marché mondial qui tend à s’unifier, la compétitivité seral’arme recherchée par tous les participants pour gagner dansla concurrence généralisée. La concurrence et lacompétitivité qu’elle exige sont plus que jamais à l’ordre dujour dans le commerce mondial des produits agricoles.

On le constate dans de multiples conflits entre les Etats-Uniset L’Union européenne qui ont pourtant des niveaux dedéveloppements comparables, notamment en ce quiconcerne la compétitivité. Le même constat peut être faitégalement dans les rapports entre les pays endéveloppement et les pays développés. Ici on peut l’illustrerpar le dernier conflit concernant le coton américainsubventionné qui fait une concurrence déloyale au coton despays en développement, surtout africain et latino-américain.Enfin, le 14 mars dernier (14-03-05) des ONGs en Europe et enAfrique, ont remis au commissaire européen, Mr Mandelson,une pétition portant 62000 signatures. Cette pétitionstigmatisait « les effets dévastateurs pour l’agricultureafricaine des exportations de poulets européens versl’Afrique, à des prix très bas « mettant hors jeu lesproducteurs africains peu compétitifs ».

Globalement donc, les agricultures européennes etaméricaines sont protégées (malgré les incantations sur lelibre-échange), alors que l’on exige de l’Afrique, l’ouverturetotale des frontières commerciales et le renoncement à toutesubvention de la sienne. Pour l’Union européenne par

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exemple, on sait que malgré le mouvement engagé vers labaisse, les subventions à l’agriculture, dans le cadre de lapolitique agricole commune, représentent encore plus de40% du budget de la commission.

VI. 2. LES MUTATIONS DE L’AGRICULTURECONGOLAISE EN PÉRIODE POST-COLONIALE.

Ces mutations, sous la forme d’une recomposition profondedu système productif agricole hérité de la colonisation, ontporté principalement sur les produits, sur leur destination, lanature sociale des producteurs et sur la spécialisationinterrégionale. Un petit détour par l’héritage colonial qui vamuter nous a donc semblé nécessaire.

VI. 2. 1. Quelques caractéristiques de l’héritage colonial

En ce qui concerne les produits, l’agriculture congolaise étaitrelativement plus diversifiée que la moyenne des autresagricultures coloniales en Afrique subsaharienne. Cela étaitvrai à la fois pour les produits d’exportation que pour ceuxdestinés au marché intérieur, industriel et de consommationde la population.

A l’exportation, la gamme des produits était bien large .Dansl’ordre décroissant de leur importance, le pays exportait lesproduits du palmier (huile et tourteaux), qui rapportaient30% des devises provenant de toutes les exportationsagricoles .Le Congo colonial et le Nigeria étaient alors lespremiers exportateurs mondiaux de ces produits .Ensuitevenait le café qui rapportait environ 25% des recettes endevises des exportations agricoles .Puis venait le coton –

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culture entièrement dévolue à la paysannerie -fortementencadrée-, qui rapportait environ 15%.

Les autres produits étaient : le caoutchouc, le cacao, le thé,l’huile d’arachide, etc. L’importance des exportationsagricoles était telle qu’elles représentaient environ 40% desrecettes en devises, tous les produits d’exportationconfondus. Pour le marché intérieur, les principaux produitsétaient : le manioc, le maïs, le riz-paddy, le haricot, la patatedouce, l’arachide, la banane, l’igname et plusieurs sortes delégumes et de fruits, la canne à sucre, etc. L’élevage desbovins, des caprins, et de la volaille, auquel il faut ajouter lapêche fluviale, et lacustre, la chasse et le ramassage dechenilles et de certains insectes comestibles, fournissait desprotéines animales.

En gros le pays connaissait un degré élevé d’autosuffisancealimentaire, sauf pour la viande bovine, le poisson, le sucre,le lait et les aliments pour la population d’origineeuropéenne. Il faut cependant ajouter que la productionvivrière commercialisée satisfaisait globalement les besoinsdes populations urbaines, en partie, grâce au faible tauxd’urbanisation dû au contrôle des mouvements de lapopulation, au maintien des infrastructures de transport etaux prix plus ou moins administrés. A la campagne même,les paysans étaient fortement encadrés, administrativementet agronomiquement.

En ce qui concerne le statut des producteurs, on peut direpour les cultures d’exportation sauf le coton qu’ellesrelevaient essentiellement de l’action de grandes entreprisesagro-industrielles et du petit capital du colonat.

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Les paysans cotonniers et les cueilleurs des fruits du palmierétaient appelés « travailleurs libres » (+-1million). C’est–à-dire que, sans avoir un statut des salariés stricto sensu, ilstravaillaient sur une base contractuelle au profit desentreprises agro-industrielles. L’exécution du contrat étaitgarantie par l’intervention autoritaire de l’Etat colonial. Cedernier intervenait également pour octroyer un monopoled’achat de certains produits des paysans dans certainesrégions (ex :le riz, dans les zones où il était produit). Pour cequi est de la spécialisation entre les régions, on constate queglobalement, la plus grande partie des cultures d’exportationétaient localisées dans la partie nord et est du pays(Equateur, Haut-Congo, Kivu), alors beaucoup moinsurbanisée que la partie sud.

Dans la bande sud du pays (les anciennes provinces deLéopoldville, du Kasaï et du Katanga), plus urbanisées, setrouvaient surtout des cultures vivrières. L’ancienneprovince de Léopoldville par exemple, était surtoutspécialisée dans la production vivrière commercialiséedestinée à la population urbaine de la région. C’est pourquoion n’y trouvait pas des cultures imposées comme le coton. Ilfaut signaler cependant que l’essentiel de l’élevage bovinétait situé dans le haut Congo, au Kivu et au Katanga.L’ancienne province du Kasaï jouait le rôle de grenier et deréserve de main d’œuvre pour les villes minières duKatanga. Ainsi, villes et camps des travailleurs étaientquasiment les seuls marchés de la production vivrièrecommercialisée des paysans. La demande marchande devivres à la campagne même était très faible, étant donné quepresque tout le monde valide s’adonnait à des culturesvivrières.

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VI. 2. 2. Les mutations post-coloniales.

Ces mutations ont à la fois la forme de recomposition del’héritage colonial et de son démantèlement. Dans larecomposition qui passe par deux moments (1960-1965 et1966-1974), on trouve déjà les germes du démantèlement despans entiers de l’héritage colonial. Pendant les cinqpremières années post-coloniales, les troubles politiques etl’insécurité généralisée réduisent à peu de chose le pouvoirde l’Etat. Celui-ci arrête les interventions d’ensemble qui,soutenaient le modèle colonial du développement agricole. Ilen résulte une baisse générale de la production, toutes lescultures confondues.

Mais cette crise de la production frappe plus les culturesd’exportation que les cultures vivrières. Au sein des culturesd’exportation, elle frappe plus les cultures des colons quecelles des grandes entreprises agro-industrielles. D’unemanière plus remarquable encore, la production qui baisse leplus est celle des cultures qui faisaient appel à destravailleurs dits libres (coton, produits du palmier) et pourlesquelles les interventions de l’Etat jouaient un rôledéterminant.

Enfin si presque toutes les provinces voient leur productionbaisser (surtout celles de l’Est du pays), le Bas-Congo, moinstouché par les troubles et fort sollicité par la demandeurbaine de Kinshasa, a très fortement augmenté saproduction vivrière commercialisée. Les enquêtes de l’IRES(Université de Kinshasa), ont montré que pendant cettepériode, le Bas-Congo a multiplié par quatre ses envois des

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vivres commercialisés vers la ville de Kinshasa. Et cela sansinnovation technique significative. On assiste à uneinversion de dynamique. Pendant la période coloniale, lescultures vivrières s’inscrivaient en sous ordre des culturesd’exportation dont les taux de croissance étaient bien plusélevés. Cette période montre donc l’amorce du déclin descultures d’exportation, qui se fera pour un temps en faveurdes cultures vivrières.

Pendant la période de 1966 à 1974, le rétablissement dupouvoir de l’Etat et de la sécurité, permet la relance de toutesles cultures. Mais cette relance est bien plus forte pour lescultures vivrières (qui augmentent de plus de 50% parrapport à 1958) que pour celles d’exportation (quin’atteignent même pas leur niveau de 1958). Les produits dupalmier et le coton, l’apanage des fameux travailleurs libres,se relèvent à peine.

Le gonflement de la population urbaine notamment parl’exode rural, l’apparition d’une demande marchande devivres dans les régions rurales où se développent d’autressources de revenu que l’agriculture (Kasaï) font que mêmeen forte croissance, la production des vivres commercialisésdemeure insuffisante pour satisfaire les besoins desconsommateurs. Le Kasaï par exemple, jadis grenier duKatanga, devient dépendant d’autres régions du pays pourl’alimentation de sa population urbaine en croissance rapide.C’est aussi pendant cette période que l’on assiste audéveloppement de l’agriculture, principalement maraîchèredans les villes comme Kinshasa.

Il faut également dire qu’à cause de la détérioration desinfrastructures de transport, les centres de consommation ne

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sont plus approvisionnés que par des campagnes proches,jouissant d’une certaine rente de localisation. Ces centres etleurs hinterlands aspirent aussi l’essentiel des produitsmanufacturés de consommation. Des régions entières sontenclavées et condamnées à la production d’autosubsistance.Cela contribue à rendre insuffisante, l’offre globale desvivres commercialisés.

A partir de 1973, les célèbres mesures de zaïrianisation et deradicalisation vont donner un coup de fouet à l’accélérationdu processus de démantèlement de l’héritage colonial. Dansce processus de démantèlement, on voit progressivement ladisparition de l’agriculture d’exportation (les produits dupalmier et le coton plus particulièrement). Les pans entiersde l’agriculture capitaliste d’exportation vont ainsidisparaître. La gamme des produits se réduit au point que lecafé, à lui seul, finira par représenter entre 80 et 90% desexportations agricoles en valeur .Ce démantèlement est quasiachevé au début des années 90.

La période de guerre qui court depuis 1996, avec son cortègede destructions, d’insécurité et des déplacements despopulations, a évidemment provoqué la chute de laproduction agricole en général et celle des vivres enparticulier sur une grande échelle. Pourtant, lespaysans « libérés » des cultures d’exportation, gardent unpotentiel mobilisable important pour la production desvivres commercialisés.

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VI. 3. L’INTÉGRATION DE L’AGRICULTURECONGOLAISE DANS LA MONDIALISATION ET LESRAPPORTS QUI EN RÉSULTENT.

L’intégration la plus ancienne est évidemment celle descultures d’exportation. En effet, dans la mise en valeuragricole du Congo colonial, il n’existait pas de demandelocale pour les produits tels que le café, le coton, lecaoutchouc, et le cacao. Donc, au départ, la demandeextérieure constituait le seul marché pour ces produits. Ilsseront ainsi développés au Congo, en fonction de la fameuseloi des avantages comparatifs de Ricardo. Ces mêmesproduits ont été développés dans d’autres pays africains, enAsie et en Amérique latine. Il en résulte que ces pays sontdans une forte concurrence entre eux sur les marchésmondiaux .Comme on le sait, lorsque la concurrence estforte, cela tire les prix vers le bas, au gré des variations de lademande.

Ainsi, ces produits sont soumis à une forte fluctuation descours dont la tendance à long terme est baissière. Le manqueà gagner pour les producteurs est d’autant plus accentué queles fluctuations s’accompagnent de la détérioration destermes de l’échange des exportateurs de ces produitsprimaires. Pour le Congo post-colonial, la crise del’agriculture d’exportation s’est traduite aussi par undésinvestissement massif des grosses entreprises du secteurqui son allés investir ailleurs (particulièrement en Thaïlande,Malaisie et en Indonésie). D’autre part, devenu mono-exportateur d’un seul produit, le café, le Congo devientextrêmement vulnérable aux fluctuations des cours de ceseul produit.

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Enfin, jadis exportateur de plus de 80% de sa production : decoton, le pays est devenu aujourd’hui importateur de ceproduit, notamment des USA. Les prix subventionnés de ceproduit dans ce dernier pays sont tels qu’aucune productionintérieure au Congo, dans les conditions actuelles, ne peutlui faire face. Il faut également dire à ce sujet quecontrairement à l’Afrique de l’ouest qui connaît un grandessor de la culture paysanne du coton, toutes les tentativesfaites pour relancer cette culture au Congo se sont soldéespar des échecs.

Il faut cependant reconnaître que le potentiel dudéveloppement de l’ensemble des cultures tropicalesd’exportation demeure considérable. Il serait cependantdifficile, dans les circonstances actuelles d’égaler ou de battreen compétitivité les producteurs est-asiatiques quibénéficient des retombées de la recherche agronomiquemoderne.

Pour les cultures vivrières, l’intégration au marché mondials’est faite de manière indirecte. Elle a consisté en lafourniture des vivres à bas prix pour approvisionner lestravailleurs des mines et des plantations capitalistes (surtoutsi ces derniers ne sont pas de la région). Cela permettait deréduire les coûts salariaux des produits miniers et agricolesdestinés à l’exportation. Ainsi ces derniers pouvaient êtrecompétitifs sur les marchés mondiaux. Le second rapportque l’agriculture vivrière entretient avec la mondialisationest l’importation massive, sous forme d’aide ou d’achats desproduits vivriers en provenance de l’occident et de l’Asie dusud est. Pendant la période de fonctionnement plus oumoins normal de l’économie congolaise (les années 80),l’achat des produits alimentaires importés représentaient

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environ 20% de la valeur de toutes les importationsannuelles du pays.

Les principaux produits importés sont : le blé et la farine deblé, le maïs, le riz, la viande bovine, le poisson et la volaille.Ces produits sont consommés principalement dans lescentres urbains. Les pays d’où proviennent ces produits sonten surcapacité et doivent constituer des stocks dont lagestion coûte cher .Ils ont besoin des marchés sur lesquels laconcurrence est féroce entre les producteurs.

Alors pour être compétitifs, c’est-à-dire pour garder leur partdu marché ou conquérir des parts au détriment desconcurrents, les producteurs se livrent une guerre farouchedes prix. C’est ici que les subventions à leurs produitsexportés servent à éliminer les concurrents de l’extérieur etde l’intérieur du pays cible. Au Congo, comme dans d’autrespays africains partageant les mêmes conditions, cesimportations étouffent la mobilisation du potentiel local dudéveloppement de ces produits qui seraient ainsi noncompétitifs. Le Congo vit ainsi dans une dépendanceextérieure pour l’alimentation de sa population et est soumisà tous les aléas qui peuvent affecter ses relations avec sesfournisseurs étrangers.

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VI. 4. QUELLES PERSPECTIVES POURL’AGRICULTURE CONGOLAISE FACE AU DÉFI DE LAMONDIALISATION

VI. 4. 1. Quelques hypothèses de travail.

Dans la perspective de la pérennisation des tendancesactuellement à l’œuvre, nous allons nous trouver devanttrois problèmes. D’abord, les produits importés, bon marché,font l’affaire des populations des villes, majoritairement àfaible revenu. Cette population urbaine représenteraitaujourd’hui plus de 40% de la population du pays. L’arrêt oula réduction de ces importations, provoquerait à court termeune importante détérioration de l’alimentation de beaucoupde petites gens.

Ensuite, le maintien des ces importations étouffe et exclut lesproducteurs locaux, urbains et surtout ruraux des marchéslocaux. Et ces gens exclus ou étouffés sont encore plusnombreux que ceux qui bénéficient des importations. Enfin,nous ne pouvons perdre de vue les aléas et la précarité de ladépendance alimentaire. Plus d’une fois d’ailleurs, il a étéconstaté que certains produits importés étaient déjà périméset impropres à la consommation.

La solution structurelle au problème serait d’aider lesproducteurs du pays principalement les paysans, à produirel’essentiel de vivres pour le pays, en mobilisant le potentiellocal par des incitants appropriés. En rapport direct avec lesimportations des vivres bon marché, les incitants peuventêtre, soit la protection douanière, soit le recours à dessubventions (notamment aux intrants).

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La première solution se heurte à la dynamique en cours, celledu désarmement douanier cher à l’Organisation mondialedu commerce (OMC) et à la Banque mondiale. La secondesolution se heurte à la faiblesse des moyens de l’Etat et auxexigences du Fonds Monétaire International. Le poids de laBanque Mondiale et du Fonds monétaire est énorme, étantdonné que ce sont ces organisations qui parrainent lesréformes de l’économie congolaise et sont incontournablespour l’accès à l’aide financière ou à des emprunts.

VI. 4. 2. Quelques pistes pour la mobilisation du potentielproductif des paysans.

Nous venons de voir combien l’insertion de l’agriculturecongolaise dans la mondialisation nous impose descontraintes dont le pays est appelé à tenir compte. Mais nousdevons aussi savoir que les initiatives pour desserrer cescontraintes sont en grande partie tributaires des politiquesinternes de mobilisation de la production agricole, del’organisation de sa commercialisation et des possibilitésd’accès de la population à la consommation .

La perspective que nous nous donnons est de mettre enavant le rôle des principaux acteurs de la production agricolevivrière du pays que sont les paysans .C’est pourquoi nousdevons d’abord passer par la justification de cette option,avant de donner un aperçu sommaire de quelques actionssusceptibles de mobiliser sur une grande échelle, le potentielexistant de la production agricole vivrière du pays.

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VI. 4. 3. Pourquoi les paysans et l’agriculture vivrière ?

Plusieurs raisons militent en faveur de notre choix. Pour desraisons historiques que nous avons données dans lesdéveloppements précédents de ce texte, la part de laproduction agricole capitaliste est devenue fort dérisoire.L’essentiel de la production agricole au Congo estaujourd’hui, assuré par les paysans. « Libérés » desinjonctions de l’Etat et des entreprises agro-industrielleshéritées de la colonisation, les paysans ont massivementsubstitué de leur propre initiative les cultures vivrières auxcultures d’exportation, sur la quasi-totalité du territoirenational.

Plus d’une fois, pendant la période postcoloniale, même sansgrandes innovations technologiques, les paysans ont montréune grande capacité à répondre à la demande marchandedes centres de consommation. La demande marchande elle-même s’est fortement accrue, en rapport avecl’accroissement de la population urbaine, et l’apparitiond’une demande marchande à la campagne, engendrée par ledéveloppement d’autres sources de revenu que l’agriculturedans la plupart des régions du pays (l’exploitation artisanalede l’or, du diamant, du coltan, du zinc, de l’uranium…).

Alors que les besoins de consommation s’accroissent sifortement, les capacités productives de la paysannerie sontaujourd’hui, manifestement sous utilisées. La section qui suitpasse sommairement en revue, les incitants qui permettentde relever le niveau d’utilisation des capacités productivesdes paysans pour que la production réponde mieux à la

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demande dans des conditions satisfaisantes, à la fois pour lesproducteurs et pour les consommateurs.

Le développement de l’agriculture vivrière paysanne dans lavision qui est la nôtre ici, permettra de faire correspondre lemodèle de production agricole avec le modèle deconsommation du pays. On constate à ce sujet d’ailleurs quemalgré le développement de la consommation des produitsimportés, les Congolais préfèrent consommer les produitslocaux quand ils le peuvent.

VI. 4. 4. Les chantiers de la mobilisation des capacitésproductives paysanne dans l’agriculture vivrière.

Comme nous l’avons dit ci-dessus, nous n’allons pasdévelopper ici les différents points constitutifs de ceschantiers. Nous allons tout juste les énumérer en lesrapportant à la production, à la commercialisation et à laconsommation. Mais cette distinction a quelque chosed’arbitraire, dans la mesure où nombre de ces points(incitants) sont simultanément liés et à la production, et lacommercialisation. (les prix, les transports, le stockage,…).

Pour inciter les paysans à produire, il faut savoir qu’iln’existe pas de méthode plus efficace que l’intéressement deces producteurs aux résultats de leur activité. Dans le Congod’aujourd’hui, ce qu’il faut réaliser en tout premier lieu estl’instauration de la sécurité sur toute l’étendue du territoirenational et assurer le retour des populations sur leurs terresagricoles, sur leurs lieux d’élevage, de pêche et de chasse.

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Ensuite, il faudra désenclaver les régions enclavées, enréparant les infrastructures routières reliant les zones deproduction à celles de consommation. Et puis, il estnécessaire de faire disparaître toutes les tracasseries desforces de l’ordre et la multitude de taxes illégales.L’encadrement administratif et agronomique devra être desplus souples. Ce qu’il faut aussi faire, c’est organiser lesmarchés de manière souple et laisser les prix d’achat auproducteur se former au gré des mécanismes de marché. A lalimite, on peut fixer comme dans le temps, les prix minimaau producteur (pour les protéger), en veillant à ce que lescommerçants et les autorités locales ne les transforment pasen prix maxima. Le travail agricole exige que les paysanssoient en bonne santé. Il sera donc nécessaire de réactiver lescentres de santé là où ils existent et d’en créer là où ilsn’existent pas. De même, un réseau de l’enseignement debase devra s’ouvrir pour l’éducation des enfants despaysans. En produisant pour le marché, les paysans devrontavoir la possibilité d’acheter des biens manufacturés depremière nécessité et des produits alimentaires autres queceux qu’ils produisent. Dans le jargon de l’économieagricole, on appelle ces biens « biens d’appel ».

L’agriculture paysanne aura besoin de bénéficier desrésultats de la recherche agronomique et de leurvulgarisation. Dans les régions où les terres sont déjà tropsollicitées, il faudra envisager l’apport d’intrants appropriéspour élever les rendements à l’hectare. Enfin, il seraindispensable d’inciter les paysans à s’organiser pour qu’ilspuissent mieux être informés et qu’ils soient capables dedéfendre leurs intérêts face à leurs divers partenaires.

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En ce qui concerne la commercialisation, nombre des pointscités ci-dessus, comme la restauration des voies de transport,l’organisation des marchés, la politique des prix sont aussinécessaires pour la promotion du commerce des produitsagricoles. Les prix aux consommateurs devront peut-êtredéfinir une marge raisonnable de distribution qui nepénaliserait ni les producteurs ni les consommateurs.

Mais, il est important d’insister ici sur la suppression demultiples barrages, des tracasseries et des rançonnementsdans le chef des forces de l’ordre. Une politiqued’aménagement d’infrastructures de stockage sur lesmarchés aux producteurs et sur ceux aux consommateurspermettra de réduire les pertes et la détérioration desproduits. Du coté de la consommation, nous savons quel’élément déterminant est le pouvoir d’achat auquel il fautajouter la possibilité physique d’accéder aux produitsrecherchés, à des prix qui ne soient pas prohibitifs pour lesconsommateurs.

Ici la santé générale de l’économie intervient dans la créationd’ emplois et dans la distribution des revenus. Mais sansattendre les progrès de l’économie formelle, il est nécessairede soutenir l’économie dite populaire (terme que nouspréférons à celui d’économie informelle) qui fait vivreaujourd’hui, la majorité écrasante de la population. Cesoutien pourrait bien s’intégrer dans le fameux programmede lutte contre la pauvreté. La priorité de l’agriculture tantclamée dans le passé, n’a pas de sens tant qu’elle ne setraduit pas par un dégagement conséquent des ressourcespubliques envers ce secteur.

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CONCLUSION GÉNÉRALE

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CONCLUSION GENERALE

La mise en route de ce guide, on l’aura senti au fil de salecture, obéit à un seul objectif prégnant : fournir les outilsde compréhension, d’analyse et de rentabilité desexploitations agricoles dans les zones rurales de laRépublique Démocratique du Congo. Pour ce faire, nousavons basé l’essentiel de notre propos sur la région deKinshasa et sa périphérie qui a servi de point de référence.

Une telle initiative, il convient de le souligner, ne pourraporter du fruit que dans la mesure où tous ceux qui aurontce guide entre leurs mains seront capables d’opérer unchangement d’approche et d’attitudes dans leur façond’envisager les exploitations agricoles dans les zones rurales.C’est en vertu de cela que nous avons essayé d’établir unesorte de vas-et- vient entre les techniques agricoles commetelles et les problèmes de commercialisation des produitsagricoles. Ceci signifie que la préoccupation reste de sortir del’agriculture de subsistance à celle de marché. Pour cela, il ya un ensemble des règles qu’il faut respecter, qu’il s’agisse del’identification de l’exploitation, du calendrier agricole, destechniques culturales, des systèmes de culture, etc.

La question récurrente reste celle de savoir comment faire ensorte que les petits exploitants améliorent leurs méthodes detravail en s’inspirant des techniques récentes (nonsophistiquées) qui permettent d’accroître le rendement.Répondre à cette interrogation revient à mettre sur piedtoute une pédagogie de travail qui implique une formationadaptée au contexte mésologique. C’est le travail que OCIV-M&D laisse aux différents partenaires impliqués dans la

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problématique du monde rural et surtout dans la gestion deleurs micro-projets agricoles.

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SIGLES ET ABREVIATIONS

ASARECA : Association for Strengthening ofAgricultural Research in Eastern and Central AfricaCGIAR : Consultative Group on InternationalAgricultural Research COOPEC : Coopérative d’Epargne et de CréditCOOCEC : Coopérative Centrale d’Epargne et deCréditCORAF: Conseil Ouest et Centre Africain pourla Recherche et le Développement AgricoleFAO : Fonds des Nations Unies pourl’alimentation et l’agricultureIITA: International Institute of TropicalAgricultureINERA : Institut National pour l’Etude et laRecherche AgronomiquesOMC : Organisation Mondiale pour leCommerceSACCARA : Southern African Centre forCooperation in Agricultural and Naturel Resources Researchand Training SENASEM: Service National des SemencesSENAFIC: Service National de Fertilisants etIntrants ConnexesSOFIDE: Société Financière de DéveloppementSOFIDAG: Société Financière de DéveloppementAgricoleSNRA : Système National de RechercheAgronomiqueSNRAS : PVS : Participatory Variety Selection

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ANNEXE : CONTRAT FONCIER

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ISBN – 9077577017

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