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GRATUIT 30 NOUVEAUTÉS BD CHRONIQUÉES & NOTRE SÉLECTION LIVRES, CD, FILMS, DVD, JEUX, EXPOS ... N°4 Janvier-Février 2006 w w w . z o o l e m a g . c o m le premier culturel BD © fibd/wolinski

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30 NOUVEAUTÉS BD CHRONIQUÉES

& NOTRE SÉLECTION LIVRES, CD,

FILMS, DVD, JEUX, EXPOS ...

N°4 Janvier-Février 2006

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i vous avez ce journal en mains il y a defortes chances que vous aimiez la BD, plutôtà la folie qu'un peu, et où que vous logiez enFrance vous êtes à coup sûr à moins d'une

demi-journée à vol de pipit d'un endroit plus mer-veilleux encore que la fête à Neuneu, celle de la bièreet du mouton réunies... Vite, vite, quel est ce lieusupermégagénial ? Mais Angoulême bien sûr ! Ahbon, vous y êtes déjà ? Alors passez l'intro ! Trop tardvous l'avez lue.Avant de passer au programme officiel, certesréjouissant, nous pouvons vous annoncer, en totaleexculsivité (euh désolé, c'est une couille, ah zutencore une coquille), qu'en honneur à Wolinski pré-sident cette année, toutes les hôtesses des standsd'éditeurs seront nues (les hôtesses hommes aussimesdames, j'emploie le seul féminin en réponse àM. Druon de l'Académie), mais cette nudité voussera offerte seulement 33 secondes pendant tout leFestival... Il faudra donc venir tous les jours si vousvoulez vous rincer l'oeil, et plus si affinités. Bon,comme toute info exclusive, on n'a pas eu le tempsde la vérifier et on vous la livre donc à l'état brut,mais attention si vous passez au stand Mycose, placeNew York !Les organisateurs du Festival et son Directeur artis-tique Benoît Mouchard sortent à nouveau cetteannée des sentiers battus de la sempiternelle expode planches et offrent à la BD des horizons nou-veaux, en la mariant à la musique, au cinéma et à lafête aussi, pour les plus jeunes.

Des expos, il y en aura bien sûr, notamment celleconsacrée à Wolinski qui comportera, outre un pano-rama complet et thématique - la politique, l'érotis-me et la presse - sur son œuvre immense de 1960 ànos jours, quelques raretés de taille : dessins d'en-fance, tableaux à l'huile (dont un portrait de Reiser !)et un projet de dessin animé inabouti... Également très attendue, l'exposition consacrée àKotobuki Shiriagari, dessinateur japonais totalementinconnu en France qui se singularise par un stylegraphique très particulier, proche de l'esquisse.Artiste prolifique et protéiforme, il passe du dessinde presse à l'illustration, du manga feuilletonesqueau design, du court métrage à l'installation. Il a ainsientièrement repeint du sol au plafond toute unegalerie d'art d'un monde de son invention...

Créés et plebiscités l'année dernière, les concerts dedessins seront à nouveau à l'honneur cette année.Sur une nouvelle partition d'Areski Belkacem, com-

Dites « 33 » !

Consécutivement au succès de l'exposition «10 millionsd'images» en 1972, la Mairie décida de faire d'Angoulêmela capitale de la BD en créant un festival récurrent.Depuis sa 1ère édition en 1974, le festivala pris du galon et la BD à Angoulême exis-te désormais au-delà des quelques jour-nées hivernales de festivités, au traversnotamment d'un musée et d'une écoledédiés à la bande dessinée. O.P.

A comme Angoulême

DOSSIER

SZOO est édité parMédiabandes sarl17, rue Beaumarchais93100 MontreuilTél : 01 48 58 39 41email : [email protected]

Directeur de la publication &Rédacteur en Chef : Éric Borg.

Rédaction :Jérémy Fraise, Thierry Lemaire,Clarisse Bouillet, Olivier Pisella,Boris Jeanne, Louisa Amara, JulienFoussereau, Stéphane Urth, Fanch,Emma Deleva, Yvang.

Direction artistique & maquette :Éric Borg.

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Dépôt légal à parution. Imprimé en France par SIB.

Les documents reçus ne pourrontêtre retournés. Tous droits dereproduction réservés.

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édito

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Le 33ème Festival international de la Bande Dessinée se tient du 26 au29 janvier 2006, et le menu est alléchant !

a BD est de retour à laBibliothèque du CentrePompidou ! Présente àson ouverture en 1977,

elle fut vite supprimée, les albumsayant été mis en pièces au bout desix mois, victimes de leur succès...Le comble du bonheur des biblio-thécaires serait-il de ne disposerque de livres assommants, afin deles conserver intacts ? Il aura falluattendre près de 30 ans pour quel’on réfléchisse à une solution plusconstructive : renforcer les reliuresdes ouvrages... Il suffisait d’y pen-ser ! Le Festival d’Angoulême ser-vira de guide, puisque à partir dece mois de janvier 2006 toute lasélection officielle (les 42 albums)rejoindra chaque année les éta-gères de la BPI. Outre la Biblio-thèque, le Centre Pompidou sou-haite accorder plus d’attention à laBD par des rencontres et des expo-sitions plus fréquentes, notammentcelle consacrée à Hergé pour soncentenaire en 2007 ! Le métro pari-sien met aussi la BD et Angoulêmeà l’honneur en transformant plu-sieurs de ses stations (Saint-Germain, Bercy, Pyramides,Madeleine...) en petits musées du9ème art, et ce jusqu’à fin février.Les auteurs de BD ont donc lacote, pourvu que ça dure... Leursplanches aussi d’ailleurs, elless’arrachent dans les galeries auprix de toiles de maîtres !Certaines, plus abordables, ne vouscoûteront que quelques centainesd’euros - pour l’instant... avis auxinvestisseurs en herbe ! Et auxdessinateurs en herbe aussi, lemétier a de l’avenir on dirait...

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positeur entre autres de Brigitte Fontaine, les musiciens (cordes etsampler) feront danser les plumes d'une brochette de dessinateursprestigieux dont Blutch, Dupuy, Berbérian, Tanquerelle, Chauzy,Pourquier et, sous réserves, Loisel, Zep, Mathieu Bonhomme, FlorenceCestac et... Mœbius ! Ces dessins seront projetés sur grand écran dansle Théâtre d'Angoulême qui pourra accueillir 800 spectateurs (la salleétait seulement de 300 places l'an dernier). Enfin, sans dévoiler le nou-veau scénario on peut vous révéler qu'on y croisera une célèbre petitesouris...

Pour la première fois, le Festival produit un film de fiction, Entre 4planches, court métrage de 26 minutes écrit et réalisé par l'équipe desRequins Marteaux, une sombre histoire devengeance décapante entre un jeune fanzi-neux boutonneux et un dessinateur

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Au vitriol ?Président d'Angoulême 2006, GeorgesWolinski a beaucoup officié dans le dessinde presse, un art issu de la caricature voué,depuis presque toujours, à bousculer etpasticher la vie politique ou sociale.

râce à un style reconnaissable entre tous, faisant la partbelle au double sens, et à la création de personnagespopulaires (le Roi des Cons), Wolinski est une figurereconnue du dessin de presse satirique. En plus de 30

années de carrière, avec comme point de départ sa révélation aupublic lors de mai 68, Wolinski a notamment exercé ses talentsdans Action, France Soir, Hara-Kiri, Charlie Hebdo, l'Humanité,Libération, Le Nouvel Observateur et Paris-Match.

À l'origine était la caricature, dont le dessin de presse est un héri-tier. Difficile de dater son apparition. Le récent ouvrage intitulé À laCharge ! la situe au XIXe siècle, et rappelle l'étymologie et le sensde «caricature» : «charger, donner du poids - carico en italien - oudu relief, alourdir ou appuyer, insister ou exagérer.». On se sou-vient des travaux de Daumier qui, ayant représenté le Roi Louis-Philippe sous les traits de Gargantua en 1832, écopa de 6 mois deprison. Annie Duprat, auteur de Histoire de France par laCaricature, remonte quant à elle à 1589, où, raconte-t-elle, unecampagne contre Henri III fut menée par divers satiristes.

Baudelaire écrivait en 1863 que ce procédé consiste à «dégager dela mode ce qu'elle peut contenir de poétique dans l'historique, [à]

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du magazine Ferraille. Le spectacle seraaussi dans la salle puisque chaque pro-jection du film se verra «perturbée pardes surprises grand-guignolesques».

Les 8 à 12 ans seront à la fête dans l'expoCapsule Cosmique conçue comme unekermesse avec marionnettes, chamboul-tout, spectacles, jeux... Les personnagesvedettes de ce magazine pour enfantstrès novateur - qui vient de souffler sapremière bougie - seront présents enchair et en os : Tête noire, Jojo et Yvan, etpourquoi pas un Pipit Farlouse exécutantquelques figures aériennes au-dessus denos têtes... Enfin, on pourra voir des des-sins animés inédits issus des séries dumagazine et réalisés par leurs auteursdont Riad Sattouf et Lisa Mandel.Rassurez-vous, les plus de douze ansseront admis, avec une autorisation deleurs enfants...

Il y aura bien des choses encore à Angoulême et le mieux, comme ondit, est de venir le constater par vous-mêmes !

ÉRIC BORG

Exposition Wolinski au CNBDI du 26 janvier au 28 mai 2006Exposition Kotobuki Shiriagari à l’Hôtel St-Simon du 26 au 29 janvier 2006Exposition Capsule Cosmique, place Francis Louvel du 26 au 29 janvier 2006Concerts de dessins au Théâtre d’Angoulême les 27 et 28 janvier à 19 H et le 29 janvier à 14 HEntre 4 planches, au Théâtre d’Angoulême les 27 et 28 janvier à 11 H et 17 H, le 29 janvier à 11 H

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«TÊTE NOIRE»CAPSULE COSMIQUE

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tirer l'éternel du transitoire.» .Une reconnaissance précoce de lacaricature en tant que pratique artis-tique, véritable contre-pouvoir faceaux instances en place. À quoi res-semble la caricature aujourd'hui ? En1993, l'Humanité affirmait : «Qu'onaime ou qu'on n'aime pas, le fait estlà : le trait acéré du dessinateur depresse contribue de manière souventplus efficace, incisive et souventgrinçante que maints «pavés» écritsà «faire passer» le point de vue etl'identité d'un journal.» .

Par sa créativité, le dessin de pressea marqué de grands moments d'his-toire, et accompagné les évolutionsde la société en créant d'inoubliablessociotypes, tel le beauf de Cabu. Unepièce historique incontournable qui,malgré la censure, a fait son cheminau travers des siècles. Assimilé par

les médias dominants, il constitue de nos jours une chroniquerécurrente, au même titre que l'horoscope et la météo.

Serge Dassault déclarait récemment chercher pour le Figaro «undessinateur politique gentil», en remplacement de JacquesFaizant. N'est-ce pas là un cruel aveu ? En témoigne le parcours deWolinski, de Hara-Kiri à Paris-Match, la caricature fait désormaispartie intégrante de la politique éditoriale d'un journal, lui-mêmevitrine de puissants groupes . Au risque que le vitriol ne se diluedans un bain de complaisance.

OLIVIER PISELLA

1 Bertrand Tillier, À la Charge ! La Caricature en France de 1789 à 2000, Éditions de l'Amateur,2005.2 Annie Duprat, Histoire de France par la Caricature, Larousse, 1999.3 Charles Baudelaire, Le Peintre de la Vie Moderne, Curiosités esthétiques, 1863, in B. Tillierop. cit.4 À l'occasion d'une exposition : Traits d'Impertinence, Le dessin d'humour de 1914 à nosjours, Centre Pompidou, 1993.5 L'Humanité, Traits d'Humour à Beaubourg, 26 juin 1993.6 Le Figaro appartient à Socpresse (70 titres), groupe racheté par Dassault en 2004. Dassaultfait aussi dans l'armement. (source : Acrimed)

LIBRIO 2 €.S’ESCLAFFER

À DONFPOUR

PAS CHERC’EST

GIGA COOL.

À noter : rencontre «dessin de presse» autour de Wolinski le 27 janvier de 14h30à 16h à l’Espace Franquin, salle Bunuel.

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5 NOVEMBRE 1983 : MORT DE REISER, PAR PLANTU (LE MONDE)

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«À la Charge» de Bertrand Tillier©Éditions de l’amateur

DOSSIER 6 N°4 jan-fév 2006

‘ est l'Espace Jeunes Talentsqui regroupe toutes les actionsdu Festival en faveur de la jeu-nesse et ce en partenariat

(depuis 22 ans !) avec la Caisse d'É-pargne. Concours, expositions, tablesrondes, rencontres avec des profession-nels et des écoles spécialisées... Prèsde 30 000 visiteurs seront encore reçuscette année !

Les concours de BDDeux expositions seront présentées,celle des «Jeunes Talents» et celle duconcours de la «BD scolaire». Leconcours «Jeunes Talents» créé en 2000se déroule entre la fin septembre et findécembre. Ce concours est internatio-nal mais le scénario doit être obligatoi-rement en français. Trois lauréats sont désignés parmi 20 sélectionnés(sur plus de 500 participants !), ils se verront remettre chacun unebourse de 1500 euros. Le premier prix («Prix Jeunes Talents») a étéattribué à Karine Bernadou, ses planches seront publiées par le maga-zine Bang ! et elle sera partie prenante de l'organisation du Festival en2007 (illustrations, scénographie...). Le concours de la BD scolaire 2006 a lui démarré le 10 octobre dernier

pour s'achever le 1er mars prochain. Les œuvres des 40 lauréats del'édition 2005 seront exposées à Angoulême.Ces concours sont donc de véritables tremplins pour les jeunesauteurs sélectionnés dont certains ont pu déjà signer chez un éditeur.

La formationAlors qu'il existe en France de nombreuses formations aux métiers del'animation, rares sont celles qui enseignent spécifiquement la bandedessinée. Deux écoles sortent du lot : l'ESI et AtelierBD.com.L'Ecole Supérieure de l'IMage (ESI) à Angoulême existe depuis 1983, ladurée des études est de 3 ans, l'admission se fait sur concours aprèsle Bac et son coût est de 540 euros par an. C'est la seule formationfrançaise en bande dessinée sanctionnée par un diplôme national.Le site-école AtelierBD.com a été créé en 2001 par Joseph Béhé, des-sinateur de BD et professeur à l'École Supérieure des Arts Décoratifsde Strasbourg, et Thierry Mary, ancien chroniqueur de BD. C'est un for-midable outil pédagogique sur la BD (graphisme et scénario), alliantune pédagogie de groupe (les forums qui permettent aux étudiantsd'échanger des avis contradictoires sur leurs travaux) à un suivi per-sonnalisé de chaque élève par un responsable pédagogique et desauteurs-relais, tous professionnels de la BD ou de l'illustration.Souplesse et accessibilité sont les principaux avantages de cet ensei-gnement : ouvert au plus grand nombre, à toute heure, à tout momentde l'année et à la carte ! Le coût est particulièrement attractif : de 90 à180 euros par trimestre en fonction des options choisies, comprenanten plus un abonnement à Making-of le webmagazine d'AtelierBd.Après seulement quatre ans d'existence cinq étudiants ont déjà signéavec des éditeurs. Le site édite également Les cahiers de l'image nar-rative, publication à la fois théorique et pratique dont 4 numéros sontdéjà disponibles.L'ESI et AtelierBD.com seront présents à Angoulême dans l'EspaceJeunes Talents.

Concernant l'animation numérique, deux écoles se distinguent :Sup'infocom (Valenciennes et Arles) et Sup'infograph (Paris, Rennes etNice). Cette dernière, créée en 1997, est une section du groupe ESRA.L'ESRA forme à l'audiovisuel depuis 1972 et compte aujourd'hui plusde 2000 professionnels en exercice issus de l'école (très utile pourtrouver des stages...). Quelques «stars» parmi eux, comme Florent Siri(promotion 1988) réalisateur de Nid de Guêpe et Otage qui poursuit sacarrière à Hollywood ou Pascal Laugier (promo 93) réalisateur de

Angoul'aime les jeunes !Par son programme «Place aux Jeunes... Talents», le Festival est une manne pour lesjeunes qui veulent faire de la BD ou de l'animation leur futur métier.

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«LE DESSINATEUR, LA COLLINE ET LE COSMOS» PAR JÉRÔME ANFRÉ, ÉLÈVE D’ATELIERBD.COM

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Malheureusement ces écoles d'animation ne seront pas présentes àAngoulême, mais vous pourrez les rencontrer aux Festivals d'Annecyou Imagina.

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Site Web de l’ESRA : www.esra.edu

Saint-Ange. Actuellement, cinqanciens élèves de l'école collaborentau long métrage 3D Renaissance deChristian Volckman et une dizained'autres au film Arthur, premier longmétrage d'animation de Luc Besson.Sup'infograph prépare à la réalisationd'images de synthèse en 3D pour l'ani-mation, les jeux vidéo, les effets spé-ciaux cinéma et l'habillage télé.L'admission est ouverte aux bachelierssur concours et la durée des étudesest de 3 ans. Une admission sur titreou sur expérience est possible directe-ment en deuxième ou troisième année. L'enseignement comprend des coursthéoriques (scénario, mise en scène,dessin, production, anglais tech-nique...), des travaux dirigés pour l'ap-prentissage des logiciels profession-nels comme 3DS Max, Media StudioPro, Character Studio, Maya... ainsique la réalisation d'un court métraged'animation chaque année (de 3 à 7mn), par groupe de 3 à 5 élèves. Lesétudiants disposent sur place de tous les équipements les plus per-formants (réactualisés chaque année) et en nombre suffisant (1 sta-tion par élève en TD). Des personnalités prestigieuses sont régulière-ment invitées à l'école, comme Jean-Pierre Jeunet tout récemment.Évidemment tout ceci a un coût, 6500 euros par an, mais il faut voirceci plutôt comme un investissement... de plus crédits étudiants etbourses pour certains peuvent aider à financer cette formation.

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«LE CHANT DU CYGNE» COURT RÉALISÉ PAR DES ÉLÈVES DE SUP’INFOGRAPH RENNES

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a mutation commence en 1998,lorsque Tome et Janry arrêtentSpirou et Fantasio après 14 ans et 14albums. Le choix des remplaçants

se porte alors sur le scénariste Jean-DavidMorvan et le dessinateur José-LuisMunuera. Le duo entre en piste en 2004avec Paris-sous-Seine, accueilli avec cir-conspection, comme à chaque changementde style. Le deuxième épisode, L'homme quine voulait pas mourir, sort fin 2005 et peineégalement à trouver ses marques face àl'attente passionnée des fans. En attendantla prochaine aventure au Japon (pour unhommage à JC Fournier) et la suivante à

Champignac (pour un hommage à l'en-semble des personnages de la série),Dimitri Kennes, directeur général des édi-tions Dupuis, sort alors de son chapeau unearme secrète.Peut-être inspiré par les très réussisDonjon Monsters chez Delcourt, il annoncela création d'une série parallèle d'albumsde Spirou et Fantasio. La recherche de rem-plaçants à Tome et Janry avait permis decontacter divers auteurs, réticents àreprendre la série mais intéressés par unecollaboration unique. Fabien Vehlmann etYoann (janvier 2006), Yann et Fabrice Tarrin(juin 2006), et Franck Le Gall (janvier 2007)sont donc les premiers à se lancer dansl'aventure du one-shot Spirou et Fantasio.Et les albums risquent fort de faire mouche,portés par l'enthousiasme de leurs auteurs.Pris dans cette frénésie, le magazine Spiroului-même fait sa mue le 25 janvier.Rebaptisé Spirou heBDo, il passe de 48 à 68pages, met l'accent sur les séries jeunesse,republie certains classiques du catalogueDupuis et propose en postpublication(curieusement) des albums sortis depuispeu. Si on ajoute à cela la troisième saison

du dessin animé Spirou et Fantasio (26 épi-sodes de 26 minutes), une exposition d'ori-ginaux des différents auteurs de la série,l'émission de timbres à l'effigie du jeunegroom et la sortie d'un nouveau PetitSpirou, l'année 2006 est particulièrementfaste pour le héros créé par Rob-Vel.Étrange coïncidence ? Loin de là. Cebouillonnement créatif est lié à un événe-ment majeur : le retour de Dupuis àAngoulême après 19 ans d'absence !L'éditeur de Marcinelle veut frapper lesesprits et multiplie ainsi les projets. Unsacré coup de fouet pour le poids lourd deséditeurs européens, sac à papier !

THIERRY LEMAIRE

Spirou change de peauDepuis 2004 et le rachat des éditions Dupuis par Média-Participations (déjà propriétairede Dargaud et du Lombard !), Spirou fait feu de tout bois. Nouveaux auteurs, nouveau ma-gazine, retour de Dupuis à Angoulême, les annonces ne manquent pas depuis deux ans.L'année 2006 verra la concrétisation de ces nombreux projets.

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Créé en 1975 par José Muñoz et Carlos Sampayo,tous deux argentins, Alack Sinner est un ancienflic new-yorkais écœuré par sa profession recon-verti en détective privé. Apparue pour la premièrefois en France dans Charlie Mensuel, puis ayantvécu un temps dans (À suivre…), cette série noirefut gratifiée du prix du meilleur album àAngoulême en 1983. Un nouvel albumd'Alack Sinner, «L'Affaire USA»,paraît en ce mois de janvier 2006.(Casterman, 80 P. N&B, 14,75 €). O.P.

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UNE AVENTUREDE SPIROU ET FANTASIO PAR...LES GÉANTS PÉTRIFIÉSVEHLMANN (SCÉNARIO)YOANN (DESSIN)64 P. COULEURSDUPUIS 13,00

And the winners are ...DOSSIERN°4 jan-fév 2006 9

Voici réunies les 42 couvertures de la sélection officielle d’Angoulême 2006. Excellente, subjective et (forcément) incomplète. Et nos avis tout aussi subjectifs, concis et incomplets.*

anté de Philippe Dupuy (CORNÉLIUS). Uncurieux opus de petites histoires, surpre-nantes et bizarres, au dessin rapide, par l'undes auteurs de Monsieur Jean. OliviaSturgess 1914-2004 de Floc'h et Rivière

(DARGAUD). Floc'h et Rivière rendent un dernier hommageoriginal à la célèbre romancière britannique : un reportageTV en bande dessinée. On en oublierait presque qu'OliviaSturgess n'a jamais existé. Notes pour une histoire deguerre de Gipi (ACTES SUD BD). Sur une terre de non droitdévastée par un conflit, trois jeunes compères liés par uneamitié farouche trouvent un protecteur, apprennent à sur-vivre et à tuer. L'atmosphère créée par Gipi est impitoyable,son talent de narration indéniable et ses encres grises detoute beauté. Les Damnés de Nanterre de ChantalMontellier (DENOËL GRAPHIC). Un très bel album, rouge etnoir, consacré au fait divers qui marqua les esprits à l'au-tomne 94 : le raid meurtrier d'Audry Maupin et FlorenceRey. Montellier réinterprète le drame, pointe les insuffi-sances de l'enquête, et dénonce la récupération sécuritaired'alors. Mitchum de Blutch (CORNÉLIUS). Récits, dessins etesquisses en vrac, Mitchum est une compilation derecherches graphiques sensibles et étonnantes, preuveéclatante de la maestria de Blutch. Le vol du Corbeau t.2 deJean-Pierre Gibrat (DUPUIS). Paris, juin 1944. Jeanne, unejeune et belle résistante, s'échappe de prison en compagnied'un voleur que le destin met sans cesse sur son chemin.Un passionnant récit dans Paris occupée, porté par un des-sin lumineux et plein de grâce. Prestige de l'uniformed'Hugues Micol et Loo Hui Phang (DUPUIS). Variation végé-tale sur le thème de l'anti-héros qui devient super-héros. Letrait épais et torturé sied parfaitement à cette histoiresombre subilement menée. À quand l'adaptation parCronenberg ? The autobiography of me too two deGuillaume Bouzard (LES REQUINS MARTEAUX). Il vit dansles Deux-Sèvres, dessine (presque) toute la journée et sedétend grâce à de bonnes murges avec ses copains. C'esttout et c'est extraordinairement drôle ! Car dans le petitmonde de Bouzard, l'achat des croquettes de Flopi se trans-forme en épopée et l'anodine brocante en véritable safari…Irrésistible. Les mauvaises gens d'Etienne Davodeau(DELCOURT). Documentaire autobiographique sur lagauche chrétienne militante de la libération à l'élection deMitterrand en 81. Original et attachant. Dans la prison deKazuichi Hanawa (EGO COMME X). Que fait un auteur de BDquand il se retrouve en prison ? Il la dessine. Dans tous sesdétails, dans toute sa cruauté. Une observation hyper-réa-liste et fascinante du système carcéral nippon. Hemingwayde Jason (CARABAS). Version libre et animalière de Parisest une fête, dans laquelle on croise, outre Hemingway,Joyce, Fitzgerald… dans le Paris de Jean-Paul Sartre où lesgrands écrivains peinent à gagner leur pain. Le Roi desMouches T.1 Hallorave de Mezzo et Pirus (ALBIN MICHEL).Par la structure et le ton du récit, cette BD rappelle la jeu-nesse paumée que décrivait Brett Easton Ellis dans Les Loisde l'Attraction. Un monde étroit où le cynisme prévaut, lesexe et la défonce comme seuls échappatoires, des trou-vailles graphiques et d'improbables élans poétiques. Leblog de Frantico (ALBIN MICHEL). C'est le phénomène blogBD de l'année ! Ou comment Frantico a su conquérir desmilliers d'internautes - et finalement une maison d'édition -par le récit de sa misère sexuelle. Un prodige d'humour etd'autodérision, pas consensuel pour un sou. Âmes roman-tiques s'abstenir. Cornigule de Takashi Kurihara(CORNÉLIUS). C'est l'histoire touchante d'un ninja atteintpar une étrange maladie de la Cornigule. Récit minimaliste, trait enfantin et monde absurde. Intriguant et beaucoup moins simple qu'il ne paraît. Aya de Yopougon T.1 de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie (GALLIMARDJEUNESSE). Coup de cœur total ! Autant pour le dessin, l'histoire, les dialogues (en v.o. trucculente) que pour le regard, digne des meilleures études sociologiques - l'humour en plus - sur la côte d'Ivoire de 1978. Des person-nages hauts en couleurs (également magnifiques au sens propre). On s'y croirait ! En bonus : un lexique, des recettes, le langage des pagnes... Ca décale trop bien , vivement la suite, dêh ! À la lettre près de Cyrille Pomès(ALBIN MICHEL). Sous la forme d'une lettre envoyée à lui-même lorsqu'il avait 17 ans, un homme redécouvre ses rêves de jeunesse. Subtile et sensible, une première BD réussie dans le registre de l'intime. The Goon T.1 d'EricPowell (DELCOURT). Véritable joyau du Gore déjanté aux héros aussi immoraux que leurs adversaires. Powell s'en donne à coeur joie en dessinant des zombies et monstres dégueus à souhait dans un scénario d'une inventi-vité et d'un humour débordants. Avis aux amateurs. Hypocrite. Comment décoder l'Étircopyh de J.C. Forest (L'ASSOCIATION). Hypocrite a des mœurs décidément très libres et n'a pas la langue dans sa poche. Digne petitesœur psychédélique de Barbarella, mais injustement moins connue, elle méritait bien une réédition. Popeye de E.C. Segar (DENOËL GRAPHIC). Quel bonheur de retrouver ces personnages inoubliables : Popeye, Olive, Wimpy,Brutus, la Sorcière des Mers, le Jeep... véritable mythologie moderne et délirante, dans des aventures loufoques et palpitantes, et pour la première fois en couleurs ! Pas dégoûtationnant du tout ! L'école emportée de KazuoUmezu (GLÉNAT). Des écoliers et leurs professeurs se retrouvent livrés à eux-mêmes au milieu de nulle part. Peurs, luttes de pouvoir et trahisons, la réalité de l'enfance se montre sous son vrai jour : cruel. Un grand clas-sique de l'angoisse des années 70 au Japon. Black Hole (DELCOURT). Charles Burns conclut une série glauque à souhait. En scellant le destin tragique d'une bande d'adolescents atteints d'une maladie étrange et dérangean-te qui les transforme en êtres difformes, il peint sans douceur une jeunesse en pleine déliquescence, reflet brouillé d'une société américaine malmenée. Une merveille ! Théodore Poussin T.12. Les Jalousies de Franck Le Gall(DUPUIS). Les aventures maritimes de Théodore Poussin, né en 1902 à Dunkerque, l'emmènent sur toutes les mers du globe. Une série qui ressemble à son héros toute en douceur et en poésie. Lupus T.3 de Frederik Peeters(ATRABILE). Peeters crée un univers SF très personnel d'une fluidité étonnante dans cette série aux allures de road-movie contemplatif, jonglant avec les différents genres : romance, drame, comédie, merveilleux, polar... letout servi par un dessin noir et blanc remarquable. Pascin. La Java bleue de Joann Sfar (L'ASSOCIATION). Septième volume - en couleurs cette fois-ci - des aventures artistiques et érotiques du peintre Jules Pascin. Une super-be évocation du Paris du début du siècle et peut-être l'une des meilleures séries de Sfar. Bone t.11. La couronne d'aiguilles de Jeff Smith (DELCOURT). Mêler humour et heroic fantasy ne donne pas forcément Lanfeust de Troy.Bone en est la preuve avec cette série fleuve qui alterne burlesque, onirisme et moments sombres sur un rythme qui ressemble plutôt à celui d'un manga. Atypique et fascinant. C.B., E.D., THL, O.P., J.F & E.B

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*Pour certains albums déjà chroniqués dans ZOO reportez-vous à nos précédents numéros (pieusement conservés). Pour les 3 ou 4 autres manquants,adressez toute réclamation à Mehdi Fopa’ Pousseh, avec enveloppe timbrée pour la réponse.

zoom cinéle 18 janvier

Le secret de Brokeback Mountain de Ang LeeAprès s'être égaré avec sa soporifiqueadaptation de Hulk, Ang Lee revientvers le drame réaliste et parvient à bou-leverser durablement avec cette histoired'amour impossible entre deux cow-boys. Sur plusieurs décennies, Ang Leeévoque sans ambages la difficulté d'as-sumer son homosexualité dans leMidwest... Brokeback Mountain adécroché le Lion d'or à Venise en sep-tembre dernier, son infinie délicatesse,ainsi que les remarquables interpréta-tions de Heath Ledger et JakeGyllenhaal y sont pour beaucoup.

JULIEN FOUSSEREAU

Pompoko de Isao TakahataLa France découvre depuis plusieursannées les chefs-d'œuvre de Miyazakiet de l'animation japonaise. Cofonda-teur des légendaires Studios Ghibli,Takahata développe dans Pompoko sesthèmes favoris : la nature, l'écologie, lecombat des animaux pour préserverleur territoire naturel. Techniquementmaîtrisé, original, ce film datant de1994 choisit l'angle de la facétie, deschansons, pour traiter de sujets impor-tants. On regrettera quelques longueursmais l'ensemble est frais et plus pro-fond qu'il n'y paraît…

LOUISA AMARA

le 25 janvier

Munich de Steven SpielbegEn 1972, un commando palestinienassassina 11 athlètes israëliens lorsdes Olympiades de Munich.Spielberg a choisi de raconter l'opéra-tion secrète visant à traquer et éliminerles terroristes. Aidé par une reconstitu-tion impressionnante, Spielberg ques-tionne judicieusement le bien-fondé dela vengeance à travers les méthodes duMossad décrites comme étant aussiexpéditives que celles des terroristes.Dommage que sa vision géopolitiquetrop limitée atténue ce constat aggravépar un final frôlant le ridicule.

J.FO.

Le 8 février

Brothers de Susanne BierLes cinéastes danois semblent cultiverun goût particulier pour les chroniquesfamiliales amères au détriment parfoisdu rythme. L'intelligence de la réalisa-trice et co-scénariste est de donner unpoint de départ fort et ne jamais faireretomber la tension dramatique. Servipar une distribution au jeu sobre etjuste, une réalisation énergique,Brothers réussit sur tous les plans. Quia dit que seuls les Américains savaientfilmer la guerre et les traumatismesqu'elle engendre ?

L.A.

CINÉ & BD

ien au chaud dans son laboratoire de lapolice scientifique, le professeur Winsteinfait une découverte sensationnelle : la«pilule de la chance», mais pour la tester

il faut trouver un individu ayant déjà certaines dis-positions et de surcroît porteur du «chromosomeparamorphopsycoïdal». Inutile de préciser qu'untel client ne court pas les rues, et pourtant lecommandant Brouillard tombe dessus ! Il s'agitd'Olivier Branco, allias Baraka, qui devient malgrélui le cobaye dont la police a besoin. Sa formationdoit faire de lui un super flic. Au début de ce deuxième épisode, on retrouveOlivier à la poursuite d'un dangereux malfrat. Lebleu fait tout de travers, ce qui donne lieu à desscènes désopilantes, et comble de l'absurde,Baraka s'en sort bien. De hasards en ma-ladresses - accordons-lui néanmoins un certain

courage et de beaux gestes ! - la mission estaccomplie mais l'affaire n'est pas pour autantclassée, surtout lorsque Baraka apprend de labouche d'une belle italienne que la fameuse pilu-le ne sert pas à soigner un prétendu problèmeartériel… Rythme soutenu, situations invraisemblables,bourdes, jolies plantes, pétards en action,répliques qui font mouche, tous les ingrédients dupolar parodique façon Lautner sont réunis. Ledessin sobre et réaliste de Wilmaury s'accordeparfaitement à l'univers du cinéaste. La séancedébute, ne zappez pas !

JÉRÉMY FRAISE

Lautner casse la baraque !!!Le réalisateur des tontons qui flinguent et le dessinateur Wilmaurynous entraînent dans une parodie policière qui ne manque pas desouffle. Avez-vous le chromosome «paramorphopsycoïdal» pourentrer dans la danse ?!

10 N°4 jan-fév 2006

B

Enfer et Paradis de Toshifumi Kawase, vol.1 Kaze, 25,76 €Adapté du manga à succès Tenjo Tenge de Itoh Ogure (Oh Great !), cet animé nous dépeint les conflits (ultra-violents) et les amours (torrides) au sein de l'Institut Tôdô d'arts martiaux où s'affrontent plusieurs clans. L'und'eux est dirigé par Maya qui a la particularité de revêtir deux apparences, celles d'une petite fille et d'unebombe atomique à la poitrine gonflée à l'hélium (comme toutes les charmantes demoiselles de la série). Éro-tisme, combats très soignés, humour, scénario plein de rebondissements, graphisme et animation d'excellent

niveau (la série est produite par le prestigieux studio Madhouse). Vite la suite !

Le village des damnés de Wolf Rilla, Warner, 19,82 €Un village entier est plongé dans une étrange léthargie. À leur réveil, douze femmes se retrouvent enceintes.Les nouveau-nés sont tous blonds, surdoués mais dénués de sentiments. Dès qu'ils peuvent marcher ils ne sedéplacent qu'en bande... Le film joue sur le contraste entre la simplicité champêtre du décor (le noir et blancaccentue cet effet aujourd'hui) et l'extraordinaire et terrifiant événement, réussissant à installer un malaisegrandissant au fil d'une intrigue minutieusement distillée. Quarante ans après sa sortie ce film n'a pas pris une

ride, fait assez rare dans le cinéma de SF. Grosse déception en revanche : pas de bonus digne de ce nom. ÉRIC BORGzoom

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D

BARAKAT.2 «LA CHANCE AUX TROUSSES»GEORGES LAUTNER (SCÉNARIO)WILMAURY (DESSIN)48 P. COULEURSEMMANUEL PROUSTCOLLECTION CINÉS 11,70

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ZIC & BD

part l'inévitable morceau de J-pop quiclôture chaque film japonais, la France apeu de contact avec la musiquerock venant de l'archipel. Il y a

pourtant à Tokyo une scène rock trèsdynamique, un réseau de petitessalles où défilent les Fender et lesGibson dans la sueur et les larsen.Harold Sakuishi y a placé l'histoirede son manga phénoménal, en sui-vant la découverte de ce milieu parun ado un peu coincé à la voix d'or.On y retrouve tous les ingrédientsqui font le roman d'éducation :timide et renfermé au début del'histoire, Koyuki apprend la gui-tare pour plaire aux filles et à sonidole Ryusuke, un type vraimenttrop cool qui a vécu aux States. Ils vontfonder un groupe, s'affronter avec desméchants à l'école et sur scène, se retrou-ver face à un gros producteur véreux, etconnaître des histoires d'amour plus ou moinsabouties, avant de participer à un gros festival. Surle fond, rien de bien neuf, la trame est la mêmeque celle de Dragon Ball, bienvenue dans le purshonen !Mais Sakuishi ne s'interdit pas d'insérer des élé-ments de l'étrange, comme un improbable chienrapiécé qui donne son nom au groupe et au manga.Son trait de crayon donne un beau volume à despersonnages bien individualisés, inspirés d'unmusicien réel (le chanteur de Beck est un clone deZack De La Rocha). Il se permet des déformationspour ajouter au comique, mais reste très intensedans les scènes de concert où il s'applique à trans-mettre l'énergie de ces groupes qui défilentchaque soir à six à la suite dans la même salle.Surtout, il a le génie de la couverture (chaque volu-me de Beck s'orne d'un Koyuki rock-star), ethabille tout le monde avec ces fameux T-shirtsalternatifs qui font que tous ces rockers, sur scèneou dans la fosse, se reconnaissent immédiate-ment.Évidemment, sur le papier il est facile de faire sepâmer le public devant une chanson aussi génialequ'imaginaire. Quand Beck a été adapté en animé,

il a fallu les enre-gistrer, lesdites

chansons, et cela futproblématique de donner du

son à ce manga mélomane. Ledécalage est en effet très impor-

tant entre la musique défendue etillustrée par Sakuishi, et la musique écoutée par lepublic de masse de son manga.Delcourt a donc la bonne idée de joindre un CD àsa 9ème livraison : la programmation se veutdiverse dans les styles, le trait d'union de cesgroupes (dont les 5.6.7.8's aperçues dans laMaison Bleue de Kill Bill vol.1) se trouvant plutôtdans la démarche indépendante. Au final on senttout de même l'énorme poids du grunge 1990 :Nirvana période Bleach, Soundgarden, voire der-niers relents de Guns'n'Roses, ce n'est pas undisque très up to date pour le public occidentalplutôt branché sur un retour du rock 1980 et desgroupes en «The» (Strokes, White Stripes, Killers,etc.).Il n'empêche que le manga est très bon et que l'ex-périence de le lire en écoutant le disque n'est pasmauvaise. Les chansons s'impriment et aident àpénétrer le festival Greatful Sounds, énormeBarnum du rock japonais où débarque notre jeuneguitariste. Batailles de cœurs, de guitares et depoings au programme : pour voter Beck tapez 9 !

BORIS JEANNE

Kid rocks !

À

zoom cdGilles Peterson «The BBCSessions» Ether Records

Chef-d'œuvred'un DJ réputééclectique etambiteux ? Trois fois oui !Peterson aconvié une flopée

d'artistes aussi variés que talen-tueux : Beck, Bjork, Roots Manuva,Beth Gibbons de Portishead, NitinSawhney, The Roots, Amp Fiddler…La liste est longue et tant mieux,cet album riche et profond ne quit-tera plus vos oreilles.

Maxence Cyrin «Modern Rhapsodies» F.Com

Une signaturebougrement ori-ginale, voireinsolite, sur lelabel françaiselectro qui necesse d'étonner.

C'est tout naturellement queMaxence Cyrin a repris les grandsstandards de la musique électro-nique au piano, et en solo ! Tout ypasse ; même les morceaux que lespuristes ne pouvaient entendredeviennent attrayants !

Bauchklang « Many People »Klein Records / Nocturne

Les six autri-chiens deBauchklang (leson du ventre)sont des vir-tuoses vocaux,uniques, avant-

gardistes, et mélodiques. Leurscompositions, electro, dub, ragga,hip hop, sont entièrement jouées àla bouche ! Et l'audition de cetalbum extraordinaire confirme qu'ils'agit d'une prouesse. Totalementbluffant.

JÉRÉMY FRAISE

The Strokes «First Impressions ofEarth» RCA/SONY BMG

Cheveux quipoussent à l'in-térieur plutôtqu'à l'extérieurdu crâne ?Haleine de repti-le ? Mental de

rat ? Quel meilleur remède, en cedébut d'année, que le nouvel albumdes Strokes - le 3ème des fab - fiveNew-yorkais ? Ces 14 nouveauxtitres, toujours empreints d'élégan-ce, laissent une impression dedouche au papier émeri face à unéventuel mont Fuji nimbé d'unelumière ontogénétique (après l'ora-ge). Du rock rugueux, mélodique-ment exaltant, catchy et tourmenté.Atterrissage réussi.

OLIVIER PISELLA

12 N°4 jan-fév 2006

Jacques Martin, père d'Alix, fit ses débuts dans leJournal de Tintin en 1948 et collabora à plusieursalbums de Tintin. Mais son poulain c'est Alix, hérosblond couramment qualifié d'intrépide, évoluantdans des aventures ayant pour décor l'HistoireAntique. Après avoir œuvré en Chine, en Gaule, enMésopotamie, Alix se frotte aux Romains dans un nou-vel album, «Roma, Roma» paru en novembre, toujoursdans la tradition de la ligne claire. Ça fleure bon la nostal-gie. (Casterman, 48 P. COUL., 9,50 €). O.P.

A comme Alix

Dans la plus pure tradition du manga d'éducation, Harold Sakuishi envoie du gros son pour une série qui

connaît déjà 23 volumes au Japon accompagné d'un CD de rocknippon pour le 9ème tome français.

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BECKT. 9 DÉJÀ PARU(T.10 À PARAÎTRE EN FÉVRIER)BONUS DU T.9 : 1 CD DE ROCK JAPONAIS !HAROLD SAKUISHI224 p. NBDELCOURTAKATA 8,50

ranz Kafka (1883-1924) devient doc-teur en droit à vingttrois ans, et rentre

ensuite dans une grandecompagnie d'assurances.De nature solitaire, sa vied'écrivain est très discrète,sa gloire posthume ; hormisLa Métamorphose parue en1915, ses grands textes nefurent pas publiés de sonvivant. La Grande Guerre estpour une lui une périoded'écriture intense ; il com-pose notamment Le Procèset Le Chauffeur (début deL'Amérique). Ces quelqueséléments biographiquesnous renseignent sur lamatière des œuvres : l'insti-tution judiciaire, la morne etanti-naturelle vie de bureau,la solitude, les contraintes… Le Procès et L'Amériquemettent en scène un per-sonnage condamné, traqué,répudié sans raison valable.Et tout le talent de Kafka estde montrer les consé-quences paroxystiques de l'absurde : le tragique etle comique. Les méandres obscurs de l'adminis-tration, des institutions, et l'incompréhensionmutuelle, voilà ce que subissent Joseph K. et KarlRossmann.Dans Le Procès, K. est arrêté un matin sans motifapparent ; débute alors un entrelacs de situationspernicieuses qui, s'il fait pouffer de rire la person-ne extérieure, est terrifiant pour qui s'y égare.D'espoirs en désillusions, K. est forcé de constaterque le combat était perdu d'avance. Le jeune hérosde L'Amérique, Karl, a seize ans lorsqu'il est exiléen Amérique par ses parents après avoir engrosséune servante ! Réaction parentale excessive, sansdoute, mais grosse bourde du jeunot néanmoins !À bord du navire qui le conduit vers de nouvellescôtes, le hasard place son oncle sur son chemin,un riche sénateur qui le prend sous sa protection,mais cet oncle de prime abord providentielcondamnera lui aussi son neveu à l'exil. Kafka

fataliste ou réaliste ? Il est troublant de constater une certaine similitu-de dans la représentation des traits du héros chezClod et Casanave, et l'adaptation, de Céka ou deRobert Cara, se réapproprie le rythme parfait de lanarration et les tournures savoureuses qui font laqualité des textes originaux, à croire que Kafkarassemble autant qu'il inspire. Chez Clod, Prague est une ville empreinte de dou-ceur, bâtie de courbes, tandis que les intérieurs oùse joue l'avenir de K. sont biscornus, à l'instar desaléas de son ridicule procès. Chez Casanave, lamenace est constante, la condamnation insidieusedu jeune Karl se dessine case après case, de larigidité géométrique des tours outre-Atlantiqueaux traits nerveux voire tourmentés qui pimententl'expression des personnages.Deux magnifiques albums, deux adaptations talen-tueuses et fidèles de textes majeurs qui n'endemandaient pas moins.

JÉRÉMY FRAISE

LIVRE & BD

Kafka plutôt deux fois qu'une«Le Procès» et «L'Amérique», deux chefs-d'œuvre de la littératureen passe de devenir deux grands classiques BD.

F

zoom livresEugène Onéguine, de Pouchkine,traduit du russe par AndréMarkowicz, Actes Sud, 320 P., 23 €

Le roman en vers dePouchkine, composéentre 1823 et 1830, estun des plus grandstextes de la littératurejamais produit, traduitici de main de maître.Onéguine et sonmeilleur ami rencon-

trent deux sœurs ; l'idylle aurait puêtre parfait, mais le héros en décideautrement… L'amitié, le duel, l'ab-sence, le rejet marquent cette histoi-re d'amour multiple devenue culte.

Le plombier kidnappé, de StephenLeacock, traduit par Thierry Beau-champ, Le Dilettante, 160 P., 14 €

Drôle, loufoque etterriblement absur-de : voici le portraitsommaire du génialLeacock et de sesnouvelles humoris-tiques à dormirdehors, et debout !Ses bonnes vieilles

histoires, de détective raté, de nau-frage pathétique, de maison han-tée… mettent en scène de joyeuxahuris non conscients de l'être, etc'est horriblement délicieux !Vivement conseillé aux amis deTwain et Benchley.

Teddy, de Franz Bartelt, dessins deBlutch, Liber Niger, 56 P., 14 €

Tout le mondecherche Teddy, sonlycée professionnelde province est enémoi. Ses profs etproches s'interro-gent : a-t-il fugué,est-il mort ? Bartelt

plonge dans les esprits, en exposeles aspects les plus troubles, oucomment un fait divers d'apparencebanale va révéler les travers de cha-cun. Les dessins épurés de Blutchrépondent à ce petit texte sombrequi égratigne tous ses personnages.

Contrefort, de Laurence WernerDavid, Verticales, 288 P., 19,90 €

Bonne nouvelle,Verticales, label d'au-dace et de qualitérécemment malme-né, ressuscite. Auprogramme notam-ment, le deuxièmeroman de Laurence

Werner David, huis clos mystérieuxet sensible sur un îlot norvégien,mettant en scène trois personnesque tout sépare et rapproche, entrefiction et réalité, autour d'un manus-crit énigmatique. Un roman hypno-tique qui traite des abîmes et desliens infimes entre les êtres.

JÉRÉMY FRAISE

Conçu alors qu'il avait 8 ans, l'As de Pique est un justiciermasqué, le premier personnage d'Hugo Pratt. C'est aussile nom de la revue de comics qu'il crée avecAlberto Ongaro après la seconde guerre mon-diale, et une BD en un seul volume parue auxHumanoïdes Associés en 1982. Le numéro dedécembre 2005 de Bang !, entièrement consa-cré à Hugo Pratt, offre des planches inéditesdu vénitien, notamment «Kidnappé», inspiréede Stevenson. (En kiosques, 7,50 €). O.P.

A comme As de pique

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14 N°4 jan-fév 2006

L'AMÉRIQUET.1DANIEL CASANAVE ROBERT CARAD’APRÈS KAFKA80 P. NB6 PIEDS SOUS TERRE

€22,50

LE PROCÈS

CLODCÉKAD’APRÈS KAFKA48 P. COULEURSAKILEOS

€13,50

ART & BD

zoom expos

hristian Desbois, Frédéric Bosser, la Galerie 9e art ouencore Daniel Maghen. Des lieux consacrés à la vented'originaux de BD, avec leurs artistes attitrés,leurs stocks d'originaux et des accrochages qui

changent tous les mois. Chez Frédéric Bosser, les prixvont de 30 € le crayonné de Crisse à 25 000 € la planchede Gaston Lagaffe par Franquin ! «Mais la moyenne desplanches se situe le plus souvent entre 500 et 1200 €» pré-cise celui-ci. Depuis une dizaine d'années, la vente d'origi-naux est une affaire qui marche. «De plus en plus de jeunesauteurs de BD commencent à intégrer la vente de leursplanches comme une source de revenus possible» souligneFrédéric Bosser. Daniel Maghen, autre galeriste spécialisé,confirme : «on vend en moyenne 2000 à 3000 planches par an.Pour certains auteurs, ça peut représenter 30 à 50 % de leursrevenus !»D'une galerie à une autre, on cultive sa spécificité. La galerie9e art est détenue par un collectionneur, Bernard Mahé, dont

BD en stock !Les galeries spécialisées À Paris, quelques galeries ont fait de labande dessinée leur spécialité. Parfois àpeine plus chers qu'un album, croquis,planches ou peintures sont exposés et ven-dus à prix plus ou moins doux.

C

Photo : Christer StrömholmUne photographie forte, à la poésiesombre et romantique, c'est ce quiressort des 100 clichés de ce grandphotographe scandinave, mortrécemment en 2002. L'expositionreconstitue notamment un accrocha-ge réalisé en 1965 par l'artiste et quiavait à l'époque fortement déplu parses aspects étranges et engagés.Rigueur, éthique, caractérisent eneffet l'œuvre et la personne deChrister Strömholm, artiste fascinépar la mort et la marginalité. Paris, Jeu de Paume. Jusqu'au 19mars 2006.

Art et propagande communiste :Gustav GlucisFigure majeure des avant-gardesrusses, cet élève de Malévitch a misla leçon constructiviste au service duParti. Pratiquant le collage et le pho-tomontage, il réalise affiches, impri-més et livres glorifiant le socialisme.La centaine d'œuvres exposéetémoigne de son originalité et de sacréativité dans le cadre restreint duréalisme socialiste. Un talent qui finitpar déranger les autorités : GustavGlucis réalise ses dernières œuvresemprisonné dans un camp. Strasbourg, Musée d'Art moderne etcontemporain. Jusqu'au 26 février.

16 N°4 jan-fév 2006

Cri

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DESSIN DE CRISSE (120 €)

les expositions reflètent les goûts éclectiques :Loisel, Marini, Rossi. Christian Desbois, précur-seur des galeries de BD, s'est spécialisé quant àlui dans l'original de luxe : peintures de Bilal,aquarelles de Guarnido. Mais les deux galeriesles plus dynamiques sont celles de FrédéricBosser et de Daniel Maghen. Frédéric Bosserpropose de nombreux auteurs mais tient particu-lièrement à mettre en avant les jeunes talents :«On tente de faire un compromis entre les têtesd'affiches, Dany, Delaby, Mirallès et les jeunescomme Frédérik Peeters, Tarek, Brüno,Bonhomme…» explique ce passionné qui vient delancer sa propre revue BD, Bulldozer. Chez DanielMaghen, même éclectisme, même si on joue iciplutôt la carte de la couleur : «On travaille avecdes auteurs qui font des planches en couleursdirectes tels que Ledroit ou Smudja. Je demandeaussi à des auteurs de BD de faire des illustra-tions couleurs. Du coup je vends à des gens qui nesont pas forcément fans de séries BD mais quicraquent sur le dessin» explique Daniel Maghenqui propose aussi des éditions - art books et bien-tôt BD - de ses auteurs préférés. Mais, au fait, qui achète ? Daniel Maghen : «Il n'ya pas de règle, même si le gros de la clientèle estjeune, 30-40 ans, passionnée de BD et très mas-culine». Et une clientèle amatrice de BD euro-péenne uniquement. Car aucune de ces galeriesne propose des originaux de comics ou de man-gas. «Là, il faut voir sur le Web. C'est un marchédifférent» explique Frédéric Bosser. Mais pour le

reste, si vous vous sentez l'âme d'un amateur -acheteur potentiel ou non - foncez voir ces gale-ries dont les accrochages changent régulière-ment. Une occasion en or de voir des originaux.

CLARISSE BOUILLET

Frédéric Bosser, 4 rue Dante, 75005 Paris.Christian Desbois, 14 avenue de la Bourdonnais, 75007 Paris.Daniel Maghen, 47 quai des Grands Augustins, 75006 Paris.Galerie 9e art, 4 rue Crétet, 75009 Paris.

Figuration narrative : JacquesMonoryEnviron cinquante œuvres de cetartiste majeur de la Figuration narra-tive sont exposées dans le tout nou-veau musée d'art contemporain de larégion parisienne. Conçues entre1962 et 2002, les peintures exposéesont été peu montrées jusqu'à présentet ont fait l'objet d'un accrochage ori-ginal de l'artiste. Juxtapositionsd'images, cadrages décalés, tonsfroids. Mi-peintures, mi-photos, cesoeuvres évoquent un univers moder-ne poétique et inquiétant. Vitry-sur-Seine, Mac/Val. Jusqu’au26 mars.

Portraits photos : Henri Cartier-BressonHenri Cartier-Bresson a photogra-phié avec talent de nombreuses per-sonnalités des arts, lettres etsciences, et bien des anonymes, pri-vilégiant toujours le naturel et laspontanéité. Aux détours de la cen-taine de portraits réalisée entre 1931et 1999 présentée ici, on reconnaîtSartre, Marilyn Monroe, Matisse etbien d'autres… Un voyage historiquetout autant qu'esthétique.Passionnant.Paris, Fondation Henri Cartier-Bresson. Jusqu'au 9 avril .

CLARISSE BOUILLET

N°4 jan-fév 2006 17

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DESSIN DE VUILLEMIN (160 €)

ART & BD

La BD est-elle soluble

zoom

jeu

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ournaliste, conférencier et expert sur lesusages des nouveaux médias, StéphaneMalagnac fut rédacteur en chef des maga-zines Pixel et Création Numérique. Le 27 jan-

vier, il sera modérateur d'une rencontre «BD et jeuvidéo» à Angoulême, autour notamment du jeu XIII.

Quelles sont les difficultés d'adaptation d'une BDen jeu vidéo ?Il faut naturellement rester fidèle à la licence.L'objectif de l'éditeur de jeu vidéo et de celui de laBD est commun : générer des ventes. Faire du jeuvidéo un Hit et, par ricochet, augmenter les ventesde la BD.

Le jeu XIII (Ubisoft, 2005) est-il une bonne adapta-tion de la BD ? Est-ce un bon jeu ?À mon sens, oui. Cela tient surtout à son parti pris.Ubisoft ne s'est pas contenté de retranscrire en 3Dun univers 2D. Ils sont parvenus à conserver ce côtéplanche de BD, avec les vignettes, et même lesonomatopées. Cela peut parfois choquer les amateurs de jeux vidéos'classiques' mais cette fidélité au trait, jusque dans le trait juste-ment, est un bel hommage. Et je pense que le jeu est intéressant.

Qu'est-ce que le cel-shading et quels sont ses apports ?Le cel-shading est le fait d'appliquer un cerné noir autour des per-sonnages, comme en BD. Ubisoft en a fait usage dans XIII, avec réus-site, mais la technique est aussi de plus en plus utilisée dans lesséries d'animation. C'est un style qui a pris tout son sens avec XIII.

Par quel phénomène étrange les adaptations de BD aboutissent-elles souvent à des jeux médiocres ?Ils ne sont peut-être médiocres que pour les fans de la BD. On sesent toujours trahi par une adaptation. Si on pense aux jeux vidéosMarvel, forcément les fans de la première heure des X-Men, qui lesont connu à l'époque Stan Lee et Jack Kirby, ont dû s'arracher lescheveux. Idem pour la série Ultimate qui remet à plat toute la genè-se des héros. Maintenant, il est vrai que les adaptations sont souventbâclées pour des raisons économiques. On négocie très cher unelicence et, du coup, il reste peu pour investir dans un jeu de qualité.Mais qu'importe, se dit-on parfois, car cette licence est tellementforte qu'il se vendra sans souci. Un cercle vicieux qui ne peut qu'êtrenégatif pour le reste.

JEUX & BD

Le passage de la 2D (BD) à la 3D (jeuvidéo) permet-il de conserver l'âmede l'univers dessiné ? Autrementdit, comment gagner une dimen-sion sans en perdre une ?

18 N°4 jan-fév 2006

J

Kirby et le pinceau du pouvoirpour Nintendo DS, 40€ env.Kirby, la boule rose et guimauve est fâchée etdoit poursuivre sur une vingtaine de niveauxcolorés la sorcière qui l'a privée de ses pieds.Equipé d'un pinceau et de peinture magiques,le joueur guide Kirby en dessinant au styletponts et toboggans arc-en-ciel sur lesquelsroule la boulette. Attention à ne pas s'emmêler

trop les pinceaux, la chute est fatale. De par son concept 2d, Kirby perdun peu en spectaculaire (le deuxième écran ne sert qu'afficher une cartepauvre en renseignement) ce qu'il gagne en finesse et fraîcheur : traver-ser l'espace en traçant ses propres aires de jeu. STÉPHANE URTH

dans le jeu vidéo ?

N°4 jan-fév 2006 19

L'acquisition d'une licence BD est-elle rentable ?À de très rares exceptions près, je ne pense pas. La part des fans dela BD qui achètent le jeu ne constitue pas, au final, la majeure partiedes consommateurs. Le but n'est donc pas de rentabiliser à tout prixun jeu mais de pérenniser un accord pour toute une série. On est ducoup dans une économie d'échelle, ce qui devient alors plus rentable.Une licence se pense pour tous les médias, afin de ratisser au pluslarge. Entre BD et jeu vidéo, on peut dire que l'un est profitable àl'autre, mais j'évoquerais plutôt une relation symbiotique, où l'un estle parasite de l'autre.

PROPOS RECUEILLIS PAR OLIVIER PISELLA

zoom

jeu

x Lost in blue, pour Nintendo DS, 40€ env.Avant de partir sur une île déserte, tentezl'aventure avec Keith et Skye fraîchement nau-fragés. On y meurt beaucoup les premiersjours, il faudra constamment veiller le niveaudes jauges de vie (hydratation, repos et faim).Au début la survie des robinsons dépend de cequ'apporte océan, pluie, cueillette et prome-nades. À mi-chemin du jeu de rôle et du jeu de

gestion type Sims, l'aventure se développe dans un univers naturalistelié à l'invention d'outils et d'armes. On pêche et chasse, souffle sur lefeu, découvre des recettes, jusqu'à trouver une issue, peut-être dans lesruines d'un temple. S.U.

XIIIACTION / DOOM-LIKENOV 2003PC, PS2, XBOX, GAMECUBE1 À 4 JOUEURSUBISOFTXIII-THEGAME.COM

15 - 25

XIII, LE JEU D’UBISOFT D’APRÈS LA CÉLÈBRE BD DE DARGAUD

BD

zoom bdRussel Chase, T.2, de Nolane et delVecchio, HUMANOIDES ASSOCIES,48 P., COULEURS, 10,40 €

Avis de blizzard pourRussel Chase et ladivine Jade. Toujoursen quête du yéti pourl'un, et des assassinsde son père pourl'autre, il se rendent

au Tibet et s'aperçoivent dans quelpanier de crabe ils ont mis les pieds.Pris entre une triade chinoise et unex-général du KGB, ils risqueront àmaintes reprises d'être mis au frais.Puisant son originalité dans la cryp-tozoologie, cette série au dessin élé-gant est toujours aussi enlevée.

O.P.

Donjons Monsters, T. 10, de JoannSfar, Lewis Trondheim et Bézian,DELCOURT, 48 P., COULEURS, 9,80 €

Görg et Krak, deuxdragons frères, gar-dent la porte d'undonjon que personnene franchit jamais. Unjour, un dragonaveugle se présenteet parvient à passer.

Grosse erreur : condamné à expiercette faute, Krak doit désormaismourir des mains de son frère.L'histoire, bien qu'un peu lugu-

La main qui étranglera Dieu

edhand débute par une tabula rasa.Toute une civilisation du futur anéantieen 4 pages muettes. Le monde quenous découvrons par la suite n'a plus

rien du caractère technologique évoqué dans cetincipit : des guerriers chevauchant des reptiles,des tribus barbares, de la quincaillerie en veux-tuen voilà (lances, épées, haches…), des ensorce-leurs… un univers d'Heroïc Fantasy a germé surles ruines d'une société ultramoderne.Et puis le héros fait son apparition. Dans des cir-constances mystérieuses. Sitôt surgit du néant, ils'emploie à mettre une branlée aux assaillantsde guerriers en déroute. Une boucherie sansnom. L'inconnu se bat comme personne, visage

placide et geste précis. Une fois son forfaitaccompli, il se retrouve Grosjean comme devant,les bras manifestement ballants, ne sachant plusque faire. Il est nu, comme Terminator en sontemps, et porte la barbe et les cheveux longs, unstyle prisé jadis par Ulysse et Jésus (contraire-ment à la comparaison précédente, celle-ci n'estpas gratuite). Ses mains sont couvertes de sang ;il aura pour nom Redhand.La spécificité de Redhand, son «plus produit» enquelque sorte, c'est son absence totale de passé.Il n'a aucun souvenir, ne sait pas parler, et sedemande sans doute dans quelle aventure il s'estencore fourré. Au sein du village où il estrecueilli, Redhand apprend la langue locale et

Redhand n'est pas exactement une série pour filles. Mais ce n'estpas non plus une ode à la barbarie pour jeunes belliqueux. Maisalors quoi ? Il existe des nuances ?

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bre, a la richesse et la profon-deur auxquelles Sfar et Trondheimnous ont habitué. Et le dessin dutalentueux Bézian, au graphismeminutieux, porte magnifiquement cerécit d'une fin annoncée. Superbe.

C.B.

Ingmar, T.1, de Spiessert et Bou-rhis, DUPUIS, 48 P., COUL., 9,80 €

Ingmar est un Viking,euh… différent. Tropfreluquet pour sebattre, émotif à la vuedu sang, coureur dejupons délaissés lorsdes croisades, et sur-tout fils aîné de

Patrüll, chef du village gravementmalade. La succession lui est contes-tée par son cadet, un authentiqueViking lui, sanguinaire et tout. Unehistoire parsemée d'innombrablespunchlines, parfaitement loufoque etinattendue. Beaucoup plus drôle quele plus drôle de tes copains.

O.P.

Valbert, T.2, de Gabus et Reuti-mann, PAQUET, 48 P., COUL. 11 €Valbert a du fil à retordre, entre lepetit Jacquot qui ne tient plus enplace, le Magister et le cardinal dePeyssac tous deux très énervés ! Cedeuxième tome est mouvementé :

découvre la culture de ses hôtes, polythéistes, viesimple, faite de chasse, de poteries (réalisées pardes femmes aux seins nus), et de cultes ésoté-riques dans des temples prévus à cet effet.Mais une rumeur court dans le village : Redhandserait un démon. Les Dieux n'ont aucun effet surlui ! Et s'il était celui de la prophétie, le «messie-inverse», celui qui est configuré pour tuer lesDieux ? Trop de signes trahissent un destinfuneste : ces éclats de métal incrustés dans sonvisage, et puis cet oiseau de feu tatoué surl'épaule… Les divinités elles-mêmes paraissent«détourner leur regard de lui».De sauveur, Redhand devient paria, lui qui aspiresimplement à trouver sa place dans ce monde oùil a ouvert les yeux, lui qui montre de l'intérêtpour la poterie (ainsi qu'aux femmes qui la luienseignent). Les dés sont jetés. S'il veut menerune vie tranquille, il devra faire taire les bruits quil'accusent d'être un déicide.Résultat de la collaboration inattendue entrel'italien Mario Alberti, dessinateur virtuose deMorgana, et Kurt Busiek, scénariste américain de

comics, Redhand est une BD riche en surprises.Alliance singulière du fantastique et de la SF, dela brute épaisse et de l'amateur de poterie, dechairs ternes et de sang écarlate, du pistoletnucléaire et de la magie, de l'obstétricien et dutrancheur de tête, Redhand, prévu pour consti-tuer, à terme, une collection d'une dizaine d'al-bums, s'annonce comme une série phare desHumanos.

OLIVIER PISELLA

Redhand, T. 1, Le Prix de l'OubliRedhand, T.2, L'Arme des Dieux

zoom bd

REDHAND

T.2 : L'ARME DES DIEUX

KURT BUSIEK (SCÉNARIO)

MARIO ALBERTI (DESSIN)

48 P. COULEURS

HUMANOÏDES ASSOCIÉS 12,60

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zoom bdbatailles, révé-

lations, insurrec-tion… Le réalisme dudessin, très inspiré,contribue à l'illusionde véracité de cettehistoire de quasimousquetaires très

attachants. En bref, une série qui adu corps et du rythme, drôle ettendre, que l'on aurait souhaité voirsélectionnée à Angoulême…

J.F.

Agripinne / Agrippine prend vapeur,de Brétécher, Librio, 48 P., N&B, 2 €

Après Les Frustrés,Librio fait doublelivraison de cetteadorable peste qu'estAgrippine ! Cespetites chroniques duquotidien, cyniques etdésabusées, peu-plées de dépressifs

hilarants, raviront les connaisseursde longue date et ignares notoires,au prix imbattable d'un café en ter-rasse !

J.F.

Mister Plumb, T.1, «CarottesBoogie», de Hautière et Dillies,PAQUET, 48 P., COULEURS, 11 €

Mister Plumb est unplombier deChicagogo dans lesannées 30, il seréveille un matintransformé en lapinblanc et rien ne vaplus ! Au programme

de cette première aventure truculen-te, une enquête loufoque façon car-toon, une équipe de bras cassés et lasublime Baby line, sur fond de citémafieuse et de tripots enfumés où lamusique bat son plein. Les ingré-dients qui caractérisent l'univers dutalentueux Renaud Dillies (BettyBlues, Sumato) allié ici au nonmoins doué Régis Hautière pour lescénario sont réunis. Une formidableréussite !

J.F.

Le Tsar fou, T.1, de Tarek et LionelChouin, EMMANUEL PROUST, 48 P.,COULEURS, 12,60 €

Le Tsar veut en avoirle cœur net ; malgréles rapports opti-mistes, il se méfied'un éventuel com-plot et décide de par-courir incognito lesrues de Saint

Petersbourg à la rencontre de sonpeuple. À peine a-t-il constaté l'étatlamentable des sujets de la grandeRussie qu'il est enlevé. Les conspi-rateurs décident de miser sur safolle ressemblance avec le tsar !Pour le vrai-faux souverain com-mence alors une rocambolesquereconquête du pouvoir. Une paro-

Peyraud fait sa révolutionUne révolution n'a que faire des individus. Elle joue avec eux, lestord, les broie. Tenter de résister à ce maelström est pure folie. Maisl'amour n'est-il pas la plus douce des folies ?

st-ce la Russie éternelle, théâtre d'inces-sants pogroms ? Est-ce Samarkand, point depassage obligé des caravanes aux pré-cieuses cargaisons ? Est-ce la mer d'Aral,

étendue d'eau à l'agonie qui disparaît devant nosyeux ? Un peu de tout cela certainement. LeDésespoir du singe, imaginé par Peyraud et Alfred,mêle diverses influences pour créer ce port sur lamer d'Edel, havre de paix dans la main de fer d'unrégime autoritaire. Josef Setznar, peintre à la carriè-re avortée, y navigue entre son amie Joliette, profon-dément amoureuse de lui, sa cousine Edith, peintreaux mœurs dissolues, et son père, patron d'unefabrique d'éponges que Josef décide contre touteattente de reprendre. La guerre civile couve, orches-trée par les francs-battants, et pousse le gouverne-ment à un nouveau tour de vis. Setznar père parled'exil. Josef se rallie à cette idée mais rencontreVespérine, un modèle d'Edith, et en tombe éperdu-ment amoureux. Le grand bal de la ville, soirée fré-

nétique attendue par toute la population, risque fortde marquer les esprits…Le dessinateur Lionel Papagelli, alias Alfred, nousavait habitué avec les très bons La digue et Abraxas(avec à chaque fois Éric Corbeyran au scénario) à uneambiance oppressante, mêlant absurde et totalitaris-me, parfaitement mise en image par son trait lamede rasoir. Le scénariste (et dessinateur) Jean-Philippe Peyraud excellait plutôt dans la comédie demœurs à la Friends, décortiquant dans sa sériePremières chaleurs une galerie de trentenaires

BD 22 N°4 jan-fév 2006

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LE DÉSESPOIR DU SINGE

T.1 : LA NUIT DES LUCIOLES

JEAN-PHILIPPE PEYRAUD (SCÉNARIO)

ALFRED (DESSIN)

48 P. COULEURS

DELCOURT 12,90

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N°4 jan-fév 2006 23 BD

die singulière servie par undessin minutieux et très expressif.

J.F.

Messire Guillaume T.1, de Bonnevalet Bonhomme, DUPUIS, 48 P., COU-LEURS, 9,80 €

Matthieu Bonhommen'en finit pas demontrer son talent. Ilnous avait enchantéen fin d'année der-nière avec Esteban,le jeune harponneurde baleine. Il revient

aujourd'hui avec une histoire médié-vale scénarisée par Gwen deBonneval, le rédacteur en chef dumagazine Capsule Cosmique. Fuyantles manigances du bailli qui épousesa mère, le jeune Guillaume deSaunhac part à la recherche de sonpère alchimiste, pourtant décédé.Moyen Âge, violence et surnaturel, letout servi par un dessin parfait.

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Basil & Victoria, T. 4, «Pearl», deYann et Edith, LES HUMANOIDESASSOCIES, 48 P. COULEURS, 12,60 €

Dans le précédentalbum, Basil etVictoria faisaientnaufrage. On lesretrouve échoués surune île au large del'Écosse et partant àla recherche d'un

trésor ! Et ce ne sont pas les curieuxhabitants - ou plutôt habitantes - decette île qui vont les arrêter… MaisPearl, une petite fille solitaire auxétranges pouvoirs, ne pourrait-ellepas les aider ? Charme, humour…On retrouve avec plaisir les ingré-dients qui ont fait le succès de cettesérie récompensée à Angoulême en1993 par le prix du meilleur album. Àlire sans hésiter et sans limite d'âge.

C.B.

Les Cœurs solitaires, de Cyril Pe-drosa, DUPUIS, 56 P., COUL., 9,80 €

Jean-Paul est uncœur à prendre…depuis trop long-temps. Pas encoresorti de son coconmalgré son âge,étouffé par sa mère,il surprend un jour

tout son monde en s'inscrivant à unecroisière pour célibataires. Révélépar la poétique série Ring Circusscénarisée par David Chauvel, CyrilPedrosa a choisi cette fois de réali-ser seul cette chronique douceamère d'un cœur solitaire quicherche l'amour et va trouver laliberté. Un scénario tout en petitestouches et un dessin d'une grandesensibilité.

THL

Les Voisins du 109, T.1, Vendredi,de Coyote et Nini Bombardier,LOMBARD, 48 P., COUL., 9,80 €Nouvelle recrue du Lombard, Coyoterevient avec son nouveau projet,

urbains encombrés de questionnements métaphy-siques. Le mélange des deux additionne les talents etfusionne les styles. Alfred lorgne sur le dessin dePeyraud pour quelques-uns de ses personnages,comme Vespérine ou Lazlo. Peyraud, fin observateurde la superficialité de ses contemporains, surprendson monde en adaptant son message à un roman his-torique. La profondeur psychologique et l'étudesociologique gardent toute leur importance (le hérosqui se remet en cause et décide de tromper son amie,

la peintre libérée, la modèle engagée) mais changentde contexte et prennent un tour plus dramatique.Ces amoureux de la BD, tout deux créateurs d'unemaison d'édition (La comédie illustrée pour Peyraudet Ciel Ether pour Alfred), signent avec Le Désespoirdu singe une histoire qui zigzague allègrement durécit épique à l'étude de caractère, sur le modèle desgrands écrivains russes. Le premier tome d'unetétralogie qui promet d'être passionnante.

THIERRY LEMAIRE

«De Cape et de Crocs» de Ayrolles & Masbou

DE CAPE ET DE CROCS T.7 «CHASSEURS DE CHIMÈRES» (PLANCHE 2)

Mike Mignola, connaissiez-vous le festivald'Angoulême avant d'y être invité ? Ça fait des années que j'entends parler du festivald'Angoulême. Et j'ai même été invité plusieurs fois à yparticiper. Je pense que le moment est venu pour allervoir ça par moi-même !

Quelle vision avez-vous du marché et des auteursfrançais ?J'ai connu les dessinateurs de BD français grâce aumagazine Heavy Metal qui reprenait des histoires deMoebius et de quelques autres. Mais je n'ai véritable-ment ouvert les yeux sur cette production quequelques années plus tard, au milieu des années 80,quand j'ai découvert un rayon entier de BD françaisesdans une librairie à Toronto.

Vous avez dit que beaucoup de vos influencesmajeures viennent de la BD non américaine. Quellessont-elles ?Je pourrais citer Tardi, Toppi, Hermann, ClaireWendling et Joann Sfar, par exemple. Je dois direqu'un certain nombre de dessinateurs de BD euro-péens m'a réellement fait une grande impression.

Et de manière plus globale, quels sont les artistes

qui vous inspirent ?Je suis très influencé par les peintres. D'abord, pardes artistes contemporains, comme Frank Frazetta etJeff Jones qui explorent le fantastique. Ou bien enco-re par N.C. Wyeth, un illustrateur américain de la pre-mière moitié du XXe siècle. Plus récemment, j'aidécouvert des classiques comme Goya, Van Gogh etHopper.

Vous adorez dessiner des monstres, vous aimez lescontes, le folklore, la mythologie. Quels sont vosauteurs de prédilection ? Les classiques : Edgar Poe,Bram Stoker, H.P. Lovecraft, Mary Shelley, … ?J'adore les écrivains de la fin de l'époque victoriennecomme M.R. James, Algernon Blackwood, E.F.Benson, John Kendrick Bangs ou Sheridan le Fanu.Tous écrivaient des histoires de fantômes !

Vous dessinez Hellboy depuis plus de dix ans etcontrairement à beaucoup de comics américains, iln'a pas une parution régulière. Est-ce par manquede temps ou par philosophie que vous préférez uneparution plus espacée ?J'ai toujours su que je ne dessinerais pas suffisam-ment rapidement pour sortir Hellboy sous le formatd'un périodique. Mon sentiment, c'est qu'il est tou-

BD

zoom bden collabora-

tion avec la scéna-riste NiniBombardier. Apparuspour la première foisdans Fluide, LesVoisins sont les habi-tants singuliers d'un

immeuble de banlieue. Un couplegothique, de vieux hippies, un artistehomosexuel… autant de person-nages qui se côtoient malgré eux etmalgré tout. L'histoire se déroule sur3 jours, ce «Vendredi» est le premiervolume du triptyque.

O.P.

Seuls T.1, de Vehlmann et Gazzotti,DUPUIS, 56 P. COULEURS, 8,50 €

Bruno Gazzotti peutdonc enfin échapperà Soda ! Et pour fêtercette nouvelle, il metson talent de dessi-nateur au serviced'une histoire de l'ex-cellent Fabien

Vehlmann (Green Manor, Le marquisd'Anaon). Une histoire d'anticipationoù cinq gamins se réveillent un beaumatin dans une ville entièrementdésertée par ses habitants. Il ne leurreste plus alors qu'à explorer la citépour tenter de résoudre l'angoissantmystère.

THL

Je suis Légion, T.2, «Vlad», de Nuryet Cassaday, HUMANOIDES ASSO-CIES, 54 P., COULEURS, 12,60 €

En 1942, alors que lapuissance Nazi estplus que jamaismenaçante, unejeune roumaine, AnaAnslea, fait l'objetd'enjeux qui pour-raient déterminer

l'issue de la guerre. Commandité parle pouvoir allemand, le projet«Légion» consiste à inoculer le sangd'Ana à des soldats qui, dès lors, seretrouvent sous la volonté de lafillette. Intrigue complexe et dimen-sion fantastique approfondie, ce 2etome confirme Je suis Légioncomme une série captivante.

O.P.

De cape et de crocs, T.7, de Ayroleset Masbou, DELCOURT, 48 P. COU-LEURS, 12,90 €

Où l'on retrouveArmand Raynalde deMaupertuis et DonLope de Villalobos ySangrin sur la lune,à la recherche dumaître d'armes. Levers facile et la rime

riche, nos deux héros s'élancent versla face cachée de l'astre de la nuitpour affronter des chimères. Pourpeu que l'on soit réceptif à la doucefolie et à l'absurde qui habitent

26 N°4 jan-fév 2006

Mignola, auteur du fameux et peu commode Hellboy, est invité auxRencontres internationales d’Angoulême. Au même titre que Bilal ouRalf König, il nous fera part de son expérience. Révélé au grand pub-lic en 2004 par le film «Hellboy», il est considéré aux États-Uniscomme l'un des plus grands auteurs de comics. Sous le feu de l'ac-tualité avec la parution du tome 3 de «B.P.R.D.», il ne pouvait retour-ner à New York sans répondre à quelques-unes de nos questions.

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Mike Mignola,monstre sacré des comics

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zoom bdjours préférable de faire

quelque chose correctement plutôtque rapidement. Maintenant, avecDuncan Fegredo qui dessine à maplace, je pense que nous allons pou-voir produire Hellboy plus souvent[Darkness Calls, l'épisode de Hellboydessiné par Duncan Fegredo sortiraen septembre 2006].

Comment vous est venue l'idée d'unhéros aussi imposant et pourtantaussi peu bavard ?Je dois avouer que la personnalitéde Hellboy est en grande partie lamienne. Mais sa force de caractèreet son calme lui viennent plutôt demon père, un ébéniste qui passaitbeaucoup de temps dans les bois. Entout cas, Hellboy est le seul person-nage que je maîtrise parfaitementparce que je sais exactement ce qu'ilva dire. Hellboy s'exprime commemoi je m'exprimerais.

Parlons maintenant de la sérieB.P.R.D. Bien qu'elle se dérouledans l'univers Hellboy, vous ne ladessinez pas. Qu'est-ce que ça faitde confier ses héros à un autre des-sinateur ?C'est un peu effrayant et très exci-tant. Je suis très difficile sur le choixde mes collaborateurs et j'ai sentique John Arcudi était la bonne per-sonne pour conserver à la fois l'hor-reur et l'humour teinté d'ironie quicaractérisent B.P.R.D. Il est bienmeilleur que moi sur certaineschoses et nous travaillons parfaite-ment ensemble. Je pense que lasérie est entre de très bonnesmains.

Vous avez participé au dessin animéAtlantis comme conseiller artis-tique, car les studios Disney avaientchoisi pour ce film de s'inspirer for-tement de votre style. Parlez-nousde cette expérience. Etes-vous prêtà refaire quelque chose dans l'ani-mation ?J'ai adoré travailler sur le film Atlantis. C'était trèsintéressant. Je n'ai pas passé beaucoup de temps des-sus et finalement je n'ai pas fait énormément dechoses, mais c'était une bonne expérience, la possibi-lité de pénétrer un monde complètement différent decelui des comics. J'ai adoré faire des études de per-sonnage pour l'animation et il n'est pas impossibleque je m'investisse plus dans cette voie un jour pro-chain. Mais aujourd'hui je me concentre surtout surles comics.

Etes-vous satisfait du résultat du film Hellboy ?Avez-vous participé au script de Hellboy 2 ?J'ai vraiment fait confiance au réalisateur, Guillermodel Toro, mais j'ai quand même donné mon avis sur lescript. Je ferai de même pour Hellboy 2. Après le pre-

mier qui comportait des monstresà la Lovecraft, des nazis et desscientifiques fous, ce deuxièmeépisode sera plus «classique»,plus proche des contes, du folklo-re irlandais ou japonais.

Vous qui êtes proche de FrankMiller, qu'avez-vous pensé del'adaptation de sa BD, Sin City,en film ? Le film Sin City ne m'a pas vrai-ment convaincu. Je ne suis paspartisan d'une adaptation aussifidèle d'une BD.

Vous avez dit que vous dessiniezde plus en plus lentement.Imaginez-vous ne plus dessinerpour vous concentrer sur lesscénarios ?Je ne pourrai jamais complète-ment arrêter de dessiner, mais ilest vrai qu'aujourd'hui j'écrisénormément pour d'autres. Çame permet de me libérer dutemps pour pratiquer le dessin,pour la première fois depuis denombreuses années. J'entendspar là un dessin sans but, qui neraconte pas une histoire. Justepour le plaisir.

Souhaitez-vous aborder desthèmes qui ne soient pas du fan-tastique ? Si oui, lesquels ? Avez-vous des projets dans ce sens ?Je suis très heureux de continuerà travailler sur l'étrange et le sur-naturel. Je ne m'en lasse pas etj'ai encore une tonne d'idées àcreuser dans cette veine.

Quels sont vos projets pour 2006 ?Je vais continuer à écrire Hellboyet à coécrire B.P.R.D. et j'espèreannoncer avant la fin de l'annéed'autres projets liés à l'universHellboy. Parallèlement, je coécriset j'illustre un roman de vampiresavec Christopher Golden (qui aécrit les deux premiers romans

Hellboy) et ça me plaît beaucoup. C'est une histoire quej'ai imaginée il y a plusieurs années et que nous allonsbientôt commencer. Elle sera publiée par BantamBooks à l'automne 2007.

RÉALISÉ PAR THIERRY LEMAIRE

cette série, De capes et decrocs est tout simplement en passede devenir un classique.

THL

Monstrueuse Parade, de MurielBlondeau et Philippe Foerster, CASTERMAN, 48 P., COUL., 12,75 €

Miquet et son frèreGus posent bien desproblèmes à leursparents pauvres :l'un, chétif, ne faitrien sinon dessiner,et l'autre a une têtede poisson. Grâce à

ce dernier, les deux enfants sontconfiés/vendus au Dr Balibar, unmontreur de monstres (homme-tronc, siamois…). Comme dansFreaks de Tod Browning, la solidaritéentre phénomènes de foire révèlel'inhumanité des gens normaux. Unconte tendre et narquois.

O.P.

Clumsy, de Jeffrey Brown, EGOCOMME X, 232 P., N&B, 20 €

Jeffrey et Thérésavivent une relation àdistance, et traver-sent plusieurs fois lesÉtats-Unis, duMichigan à la Floride,pour se retrouver,ceci durant une

année. Les tourteaux sont jeunes,maladroits, souvent mal à l'aise.Avec justesse, humour et nostalgie,Jeffrey Brown se souvient et parvientà attiser par la même occasion nospropres souvenirs.

J.F.

Safari plage, de Mawil, SIX PIEDSSOUS TERRE, 80 P., N&B, 13 €

Un lapin échoue surune plage, il a peurde tout. Il faut direque l'assaut desvagues, des poules,des méduses et desmouettes ne contri-buent pas à faire du

lieu une terre hospitalière ! Sa ren-contre avec trois jeunes et joliesvacancières aux seins nus change ladonne ! Mais pour combien detemps ? Le facétieux Mawil récidiveavec un trait et un humour tendre quin'appartiennent qu'à lui.

J.F.

Demi-course et casquette Motul T.1,de Christophe Gaultier, DUPUIS, 56 P., COULEURS, 9,80 €

Christophe Gaultier(Le cirque aléatoire)a été jeune àChâteauroux dansles années 70. On nepeut donc décem-ment pas lui repro-cher de vouloir exor-

ciser ses années terribles en

28 N°4 jan-fév 2006

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B.P.R.D.

T.3 : LE FLÉAU DES GRENOUILLES

MIKE MIGNOLA (SCÉNARIO)

GUY DAVIS (DESSIN)

152 P. COULEURS

DELCOURT 12,90

Gagnez 10 albums de B.P.R.D. sur wwww.zoolemag.com !

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B.P.R.D.

N°4 jan-fév 2006 29 BD

racontant sa vie. Les petits giletssans manches et les pantalons pattesd'eph côtoient la mort de ClaudeFrançois et même un vélo créé parJacques Anquetil. Une plongée dansl'Histoire et dans la tête d'un garçonde dix ans qui n'a pas encore tout àfait la classe américaine.

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Hanashippanashi, T.1, de IgarashiDaisuké, SAKKA, 300 P., N&B, 10,95 €

Parfois le mangan'est que pure poé-sie, se met à l'écoutedes drôles de mys-tères de la nature, etinvite les enfants ànous servir de guidesdans ces mondes

invisibles (on pense aux productionsGhibli, ou au magnifique Mari Iyagi).Hanashippanashi est dans cette lignemerveilleuse, mais ose une certainecruauté que s'interdirait unMiyazaki : 23 petites histoires intem-porelles, un volume à offrir si onhésite entre un talisman ou unmicroscope.

B.J.

Kirihito, T.1 à 3, de Tezuka Osamu,DELCOURT, 226 P., N&B, 7,5 €Les éditeurs français continuent denous déverser l'intégralité du patri-moine Tezuka après des décenniesd'ignorance - et tant mieux pour le

� docteur Kirihito,jeune médecin ambi-tieux confronté à unemaladie qui le trans-forme en chien, dansun village d'une îlereculée de l'archipeldu Japon. Le génie

du premier tome, outre le mélanged'une écriture très adulte et d'untrait souvent enfantin, est de poserplus de questions qu'il n'apporte deréponses. Et quand la suite arrive,l'intrigue se complexifie, passe parTaïwan et l'Afrique du Sud pour reve-nir à Tokyo au cœur de la guilde desmédecins…

B.J.

Keishicho 24, T. 2, de OhwadaHideki, KUROKAWA, 200 P. N&B + 4 P. COUL., 6,50€

Parmi les nom-breuses productionsde Kurokawa pour lepublic ado, il en estune particulièrementdéjantée qui parodieles fantasmes detous ordres (violence

gratuite, sexe, déguisements…) etdont l'intrigue - un commissariat depolice abrite une «brigade de lamort» de super-agents - sert de pré-texte à la fantaisie débridée du man-gaka, garante de la suite de cettesérie en 6 volumes.

B.J.

Collector Avant de devenir le premier culturel BD gratuit,ZOO était en vente en kiosques au prix de 1,90 €

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30 N°4 jan-fév 2006«Julie et Auguste» par Yvang

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200 dépositaires en France !

Et s’il n’en reste plus chez eux, il en restera encore sur ...

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