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Le phénomène El Niño GENERALITES Avant de s’intéresser à la manifestation atmosphérique appelée El Niño, il est utile de regarder quelques aspects de la circulation générale de l'atmosphère. Les alizés La chaleur solaire d’une part échauffe la surface du globe et d’autre part provoque une évaporation qui a pour effet de modifier la masse spécifique et la pression de l’air car la vapeur d’eau est plus légère que l’air sec. Les différences de pression qui résultent de ces deux processus engendrent les vents, l’air ayant tendance à s’écouler, comme d’ailleurs les liquides, d’une zone de haute pression vers une zone de basse pression. La chaleur à proximité de l'équateur génère un courant d’altitude qui déplace cet air chaud en direction du pôle. Au cours de ce déplacement il se refroidit et devient plus lourd, donc il s’abaisse. Aux alentours de la latitude 30° il est à faible altitude et revient en direction de l'équateur. Par ailleurs la rotation de la Terre, par suite de la force centrifuge composée, dite force de Coriolis, dévie ces vents vers la droite dans l’hémisphère Nord et vers la gauche dans l’hémisphère Sud. Les vents La répartition des terres et des mers intervient également. Le gradient d’inertie calorique de l’eau est plus important que celui de la terre. C’est pourquoi en été les températures sont plus basses et les pressions plus élevées au-dessus des mers qu’au-dessus du sol, et inversement en hiver. Bien que les vents soient à peu près horizontaux, ils possèdent une légère composante verticale dont l’importance est très grande. Là où cette composante est ascendante, l’air se refroidit en s’élevant et l’humidité qu’il contient se condense, amenant la formation de nuages donc de précipitations. Par contre là où cette composante est dirigée vers le bas, l’air s’échauffe et ne peut donner de nuage donc pas de précipitations. Ces mouvements descendants ont pour autre conséquence de mettre en contact, dans les zones tempérées, les masses d’air venant des pôles donc froides et sèches avec les masses d’air chaud et humide venant de l’équateur. En haute altitude où les différences relatives de pression sont les plus importantes, les vents résultants de ce contact sont très constants et très forts. Ce sont d’immenses fleuves d’air dont la vitesse peut atteindre plusieurs centaines de Km/h, on les appelle les « jet streams ».

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Le phénomène El Niño

GENERALITES Avant de s’intéresser à la manifestation atmosphérique appelée El Niño, il est utile de regarder quelques aspects de la circulation générale de l'atmosphère. Les alizés La chaleur solaire d’une part échauffe la surface du globe et d’autre part provoque une évaporation qui a pour effet de modifier la masse spécifique et la pression de l’air car la vapeur d’eau est plus légère que l’air sec. Les différences de pression qui résultent de ces deux processus engendrent les vents, l’air ayant tendance à s’écouler, comme d’ailleurs les liquides, d’une zone de haute pression vers une zone de basse pression.

La chaleur à proximité de l'équateur génère un courant d’altitude qui déplace cet air chaud en direction du pôle. Au cours de ce déplacement il se refroidit et devient plus lourd, donc il s’abaisse. Aux alentours de la latitude 30° il est à faible altitude et revient en direction de l'équateur. Par ailleurs la rotation de la Terre, par suite de la force centrifuge composée, dite force de Coriolis, dévie ces vents vers la droite dans l’hémisphère Nord et vers la gauche dans l’hémisphère Sud. Les vents La répartition des terres et des mers intervient également. Le gradient d’inertie calorique de l’eau est plus important que celui de la terre. C’est pourquoi en été les températures sont plus basses et les pressions plus élevées au-dessus des mers qu’au-dessus du sol, et inversement en hiver.

Bien que les vents soient à peu près horizontaux, ils possèdent une légère composante verticale dont l’importance est très grande. Là où cette composante est ascendante, l’air se refroidit en s’élevant et l’humidité qu’il contient se condense, amenant la formation de nuages donc de précipitations. Par contre là où cette composante est dirigée vers le bas, l’air s’échauffe et ne peut donner de nuage donc pas de précipitations. Ces mouvements descendants ont pour autre conséquence de mettre en contact, dans les zones tempérées, les masses d’air venant des pôles donc froides et sèches avec les masses d’air chaud et humide venant de l’équateur. En haute altitude où les différences relatives de pression sont les plus importantes, les vents résultants de ce contact sont très constants et très forts. Ce sont d’immenses fleuves d’air dont la vitesse peut atteindre plusieurs centaines de Km/h, on les appelle les « jet streams ».

Les courants de surface Des échanges continus d'énergie thermique et d'énergie mécanique se produisent entre l'atmosphère et l'océan et sont constamment à la recherche d'un état d'équilibre. Par ces échanges, l'océan joue un rôle important sur l'établissement du climat, car il stocke l'énergie solaire de la zone équatoriale, la transporte vers les moyennes et hautes latitudes où il la transfère à l'atmosphère. Il contribue ainsi à atténuer les contrastes climatiques : c'est un puissant régulateur thermique. Ces transports sont effectués par les courants de surface.

Les forces de Coriolis sont faibles près de l'équateur. Les Alizés entraînent donc l'eau dans le sens du vent, c'est à dire vers l'ouest ou elle tend à s’empiler. Au cours de son déplacement vers l'ouest, l'eau se réchauffe et se dilate. Pour ces deux raisons, le niveau de la mer est plus élevé d'environ cinquante centimètres à l'ouest des océans tropicaux. Une partie de cette eau alimente les courants comme le Gulf Stream et le Kuroshivo et une autre partie revient dans le sens de la pente, toujours par suite de la faiblesse des déviations de Coriolis. C'est pourquoi on rencontre des courants de retour vers l'est, appelés contre-courants ou sous-courants équatoriaux (ces derniers circulant sous la surface, le long de l'équateur). Cas de l’Atlantique : Le courant équatorial se prolonge • par le courant des Antilles qui converge avec le courant de Floride sortant du golfe du Mexique pour donner le Gulf Stream, puissant courant dont le flux peut atteindre 130.106 m3/s. Le Gulf Stream tourne autour de l'empilement situé au centre de l'Atlantique nord. Une partie de ce courant s'infléchit vers le sud en formant de nombreux tourbillons, une autre partie continue vers l'est : c'est la dérive nord atlantique. Plus au nord, on rencontre un circuit océanique déformé par la présence du Groenland. La dérive Nord atlantique se prolonge par le courant de Norvège relativement chaud et salé. Au contraire, le long des côtes du Groenland, le courant froid de décharge de l'Arctique transporte icebergs et banquise vers le sud. Enfin, le courant du Labrador transporte vers le sud, le long des côtes canadiennes et américaines des eaux froides et vient converger avec les eaux du Gulf Stream. • par le courant du Brésil, courant de bord ouest, transporte des eaux chaudes jusqu'à la région de confluence avec le courant des Malouines et le courant circumpolaire qui s'écoule vers l'est sans entrave continentale. A l'est, le courant froid de Benguela ferme le circuit de l'hémisphère sud. Cas du Pacifique : Le Pacifique est beaucoup plus large que l'océan atlantique mais on y retrouve une circulation océanique voisine du fait d'une distribution des champs de pression atmosphérique, donc des vents, similaire. Le circuit comprend le courant équatorial nord, puis le Kouroshivo, courant chaud similaire au Gulf Stream. Ce courant se prolonge par la dérive Nord Pacifique qui assure aux côtes américaines un climat semblable à celui de l'Europe de l'ouest. Enfin, le circuit se boucle par le courant de Californie. Au nord se forme une autre circulation sous les basses pressions des Aléoutiennes. Ce circuit est alimenté par le courant de l'Alaska, le courant des Aléoutiennes et vers le sud, par le courant du Kamtchatka et de l'Oyashivo, courants froids qui descendent de la mer de Béring puis convergent avec les eaux chaudes du Kouroshivo. Les hautes pressions subtropicales sud, entraînent une circulation dans le Pacifique Sud : courant Est australien, courant circumpolaire, courant du Pérou et fermeture du circuit par le courant équatorial sud. Cas de l’océan Indien : L'océan Indien est sous l'influence d'une circulation subtropicale anticyclonique semblable à celle des autres bassins océaniques. Le courant équatorial se sépare en deux près de Madagascar : • une branche passe au nord de l'île. En raison de sa fermeture continentale asiatique autour de 20°N, l'océan Indien subit deux fois par an un renversement des vents : c'est le régime des moussons. Comme cet océan se situe en région tropicale où la force de Coriolis est plus faible, la circulation océanique répond rapidement au vent et s'inverse donc aussi deux fois par an : c'est la région du monde qui présente la plus forte variabilité océanique.

• l'autre banche, le courant Est malgache se dirige vers le sud et se prolonge le long de la côte africaine par le courant des Aiguilles. Ce courant d'origine tropical, rencontre à la pointe sud de l'Afrique, le puissant courant circumpolaire qui entraîne une grande partie de ses eaux vers l'est provoquant de nombreux tourbillons. Le long des côtes australiennes, le courant portant au nord se détache de la côte sous l'influence d'un courant côtier sud (courant de Leeuwin).

Cas de l’océan Antarctique : Entraîné par les violents vents d'ouest (quarantièmes rugissants et cinquantièmes hurlants), le courant circumpolaire est le courant le plus puissant du globe. Il se développe sans entrave continentale à l'exception du resserrement entre la pointe de l'Amérique du Sud et la péninsule antarctique.

Petits détails : A une latitude donnée, le flux d'eau transporté par les courants ne dépend pas de la pente de la topographie dynamique mais de la différence de niveau de la surface de la mer de part et d'autre du courant. En effet, un courant intense d'une centaine de kilomètres de large ne transporte pas plus d'eau qu'un courant faible réparti sur plusieurs milliers de kilomètres. Par exemple, le transport

d'eau vers le nord effectué par le courant de Floride est proche de celui qui retourne vers le sud dans le reste du bassin. Les quantités d'eau ainsi transportées sont considérables. Pour mesurer leur flux, on utilise comme unité le Sverdrup (Sv), qui vaut un million de m3/s. Pour fixer les ordres de grandeur : l'ensemble des rivières du monde forme un flux de 1 Sv et les précipitations au-dessus des océans sont de l'ordre de 10 Sv. Le courant de Floride transporte 30 Sv. Au sud des bancs de Terre-Neuve, le Gulf Stream atteint 130 Sv. Le courant antarctique circumpolaire transporte par endroit jusqu'à 180 Sv. Ce volume est d'autant plus impressionnant que la quantité d'eau déplacée directement par le vent est assez faible. Ainsi, dans l'océan Atlantique Nord, la quantité d'eau poussée vers le sud par les vents tempérés et empilée au centre du bassin n'est que de 5 Sv. L'énergie des grands courants est au moins cinq fois supérieure à celle fournie par les vents. Les courants profonds En profondeur, les masses d'eau se déplacent sous l'effet de variations de densité dues aux modifications de la température et de la salinité en surface; cette circulation des courants profonds est appelée circulation thermohaline. Cette circulation est mal connue car difficile à mesurer directement. Elle est surtout déduite de la distribution de "traceurs" tels que la température, la salinité, la teneur en oxygène. On suit également depuis peu l'évolution de nouveaux traceurs tels que les fréons (chlorofluorocarbones) rejetés depuis une cinquantaine d'années par les bombes aérosols et les réfrigérateurs, le tritium et l'isotope carbone 14 (14C) injectés dans l'atmosphère lors des essais nucléaires des années 1960. La vitesse moyenne des courants profonds est très faible. La durée du trajet de l'eau nord-atlantique profonde jusque dans les océans Pacifique et Indien serait de l'ordre de cinq cents ans. On a également montré que les eaux profondes de l'océan Pacifique ont environ mille cinq cents ans, tandis que celles de l'océan Atlantique n'ont que trente ans. Les flux d'eau profonde sont plus difficiles à évaluer que ceux des courants de surface, mais ils sont du même ordre de grandeur. On admet actuellement que le transport d'eau nord-atlantique profonde vers le sud est de 18 Sv. Le transport d'eau antarctique intermédiaire dans les trois océans serait de l'ordre de 30 Sv. Quant à celui de l'eau antarctique de fond, il semble beaucoup plus faible (environ 5 Sv).

Conclusion En situation climatique normale les vents, températures, pluies et courants sont tels que représentés sur les annexes 1 et 2 Downwelling et upwelling Les courants de surface rassemblent les eaux en des points de convergence où elles se mélangent et s'enfoncent en fonction de leur densité et forment les courants de downwelling. Localement, des eaux profondes remontent à la surface (courant d'upwelling) sous l'effet d’une part de la venue de nouvelles masses d'eau froide et de l'action de la force de Coriolis d’autre part. Ces deux phénomènes dévient les courants longeant les côtes ouest vers le large. Les eaux s'accumulent ainsi vers l'Ouest, le déficit à l'Est est comblé par la remontée des eaux profondes, même sous l'équateur. Dans ce circuit le rôle joué par les eaux polaires froides est fondamental pour la vie car ce sont elles qui apportent l'oxygène en profondeur. Un réchauffement climatique peut entraîner l'arrêt de cette circulation profonde, la stratification des eaux et l'anoxie. Les courants d'upwelling remontent en surface des eaux froides riches en éléments minéraux nutritifs et favorisent la prolifération du plancton et donc des poissons.

EL NINO Origine du nom L’expression El Niño (signifiant “l’Enfant Jésus” en espagnol) était utilisé à l’origine par les pêcheurs le long des côtes de l’Équateur et du Pérou et s’appliquait à un courant océanique chaud qui apparaît habituellement au moment de Noël pour ne disparaître que quelques mois plus tard. Les poissons sont alors moins abondants pendant ces intervalles chauds, et les pêcheurs souvent en profitent pour réparer leur équipement de pêche et rester avec leurs familles. Certaines années, cependant, l’eau est particulièrement chaude, et l’arrêt de la saison de pêche s’éternise jusqu’à mai ou quelquefois juin. Avec le temps, l’utilisation de l’expression “El Niño” a été réservée à ces intervalles exceptionnellement chauds et marqués, qui non seulement perturbent les vies de ces pêcheurs sud-américains, mais également, apportent des pluies intenses. Qu’est-ce ? Ce grand changement climatique, le plus important après les saisons, fut découvert au cours des années 20, par un scientifique britannique, Sir Gilbert Walker qui a établi une corrélation entre la pression barométrique aux stations météorologiques à l'ouest et à l'est du Pacifique. Il a remarqué un effet de balance : si la pression augmentait à l'est, elle diminuait à l'ouest et vice et versa. Ce phénomène est également appelé ENSO – El Niño Southern Oscillation. Vers les années 60, un autre scientifique, Jacob Bjerknes, fut le premier à remarquer un lien entre les températures superficielles anormalement chaudes de l'océan, les alizés qui diminuent et les précipitations abondantes. Il a finalement reconnu que les eaux chaudes du El Niño et le jeu des pressions atmosphériques de Walker faisaient partie du même phénomène. Cette interaction entre l'océan et l'atmosphère touche particulièrement le climat en Australie, en Afrique, dans l'Asie du Sud et dans les régions tropicales de l'Amérique.

Comment ça marche ? ( cf annexe 3) Situation normale

Les hautes pressions sont situées en bordure des côtes Sud américaines et les basses pressions coté Indonésie. Plus cet écart de pression est important, plus les alizés, balayant le Pacifique tropical de l'est vers l'ouest, sont puissants. Ces vents "accumulent" de l'eau chaude à la surface du Pacifique ouest, à un tel point que la surface de la mer est d'environ 50 cm plus haute près de l'Indonésie qu'en Équateur. Par opposition, l'eau du Pacifique, près des côtes de l'Amérique du Sud, est presque 8°C plus froide, à cause de l’upwelling qui remonte les eaux froides des profondeurs à la surface du Pacifique est et central. L'eau froide le long de l'équateur, refroidit l'air au-dessus, le rendant trop dense pour qu'il puisse s'élever et ainsi causer de la convection. La partie Est de l'océan demeure donc sans nuage, alors que l'eau chaude, située dans l'Ouest de cet océan, fournit énormément d'énergie et d'humidité pour créer une large zone d'intenses orages, près de l'Indonésie.

Année El niño Lorsque la différence de pression devient moins importante les alizés commencent à perdre de leur vigueur dans le centre et l'ouest du Pacifique ; à la limite, ils pourraient même changer de direction. L'eau chaude de l'ouest se déplace alors vers les côtes du Pérou. Le centre et l'est de l'océan se réchauffent donc, chauffant ainsi l'air humide qui le surplombe, créant de la convection et formant des nuages et de la pluie. Résultat : cette zone de précipitations et d'orages s'étend alors plus à l'est qu'habituellement. Ces orages, fournissant à la haute atmosphère de l'humidité et des vents, influencent le courant-jet. Ces forts vents en altitude, qui entraînent les systèmes météorologiques, sont déviés, modifiant ainsi la trajectoire des tempêtes. L'atmosphère continue de s'ajuster en provoquant une baisse barométrique sur le centre et l'est du Pacifique, alors que sur l'Australie et l'Indonésie, la pression augmente. Ces changements de pression jouent sur la force des alizés qui continuent encore à faiblir et à se retirer vers l'est

Les vents et leurs conséquences

Les courants

Les températures de la surface de l’océan

Plus l'eau et le vent s'"obstinent" ainsi, plus le El Niño devient important. Il est alors très difficile de dire qui, du vent ou de la mer, a initié ce phénomène, ni qui le fera se renverser.

Les mesures effectuées au fil des ans

Les conséquences Le climat Les à-coups du dialogue qui s’établit entre l’océan et l’atmosphère dans le Pacifique peuvent affecter par ondes de choc les conditions climatiques dans les régions les plus éloignées du globe. Ce message d’échelle planétaire est convoyé par des déplacements de pluies tropicales, qui affectent ensuite les structures de vent sur toute la planète.

(les lettres indiquent les mois au cours desquels ces dérèglements sont constatés)

Les nuages tropicaux porteurs de pluie déforment l’air qui les surplombe jusqu’à 8 à 16 km au dessus du niveau de la mer. Les ondes qui sont formées dans l’air au dessus de ces nuages vont déterminer les positions des moussons et les routes des cyclones et jet streams qui les surplombent, séparant les régions chaudes et froides à la surface de la Terre. Pendant les

années El Niño, quand la zone de pluie habituellement centrée sur l’Indonésie se déplace vers l’est vers le Pacifique central, les ondes présentes dans les couches hautes de l’atmosphère sont affectées, causant des anomalies climatiques sur de nombreuses régions du globe.

Incidence sur :

le jet stream … et … les vents Nord Américains Les impacts de El Niño sur le climat aux latitudes tempérées sont les plus évidents pendant l’hiver. Par exemple, la plupart des hivers El Niño sont doux sur les régions du nord-ouest des Etats-Unis, et pluvieux sur le sud (du Texas à la Floride). El Niño affecte également les climats tempérés durant les autres saisons. Les conditions El Niño créent aussi un environnement favorable pour le développement d’orages dans le Golfe du Mexique, apportant des pluies intenses. Un phénomène analogue de renforcement des vents d’ouest se produit dans l’hémisphère sud pendant son hiver, apportant de fortes pluies à des régions du sud du Brésil, et du nord du Chili et de l’Argentine. Mais, même pendant l’hiver, El Niño n’est qu’un des nombreux facteurs qui influencent le climat des régions tempérées. Les années El Niño ne sont donc pas toujours marquées par des conditions aussi typiques que celles répertoriées dans les tropiques. La faune Le long des côtes du Pérou et de l’Équateur, comme il n’y a pas d’upwelling, l’eau chaude est pauvre en nutriments et ne contient que peu de phytoplancton. Comme ces éléments forment la base de la chaîne alimentaire il est nécessaire que les poissons, otaries et autres animaux marins plongent plus profondément dans l’océan pour chercher de la nourriture et s’éloignent de la côte ou se déplacent vers les eaux polaires. Il en résulte que les oiseaux de mer se dispersent sur l’océan, abandonnant ainsi leurs petits. Le courant chaud apporté par un El Niño à l'est du Pacifique et les marées basses de l'ouest de cet océan peuvent causer d'immenses dommages aux récifs de corail tropicaux. Quand la température de l'eau est trop élevée, le corail expulse de ses tissus, une algue symbiotique (zooxanthellae) et devient blanc. Une fois blanc, le corail perd la nourriture que lui fournit normalement cette algue. Malgré le fait que les coraux récupèrent souvent leurs zooxanthellae et qu'ils survivent à ces événements "blanchissants", il se peut aussi qu'ils en meurent à cause du stress qui est trop sévère ou trop long. L’événement de 1982-83 Avant ce fameux El Niño, les scientifiques n'avaient vraiment pas assez de données pour prouver qu'un tel phénomène était en préparation. Les seules informations dont ils disposaient alors, parvenaient des quelques bateaux postés dans le Pacifique et des satellites qui fournissaient une vue globale de l'océan. Mais, comble de malchance, en avril 1982, le volcan mexicain El Chichon, fit éruption, provoquant une brume dans la haute atmosphère embrouillant la vue des satellites. Pour ajouter à la confusion, le pire El Niño du siècle a pris les scientifiques par surprise parce que contrairement à ceux des 30 années précédentes, il n'a pas été précédé par une période durant laquelle les alizés, le long de l'équateur, étaient très forts; en plus, il a commencé plus tard dans l'année. À cause d'un manque de données, il n'a pu être prévu, voire reconnu, lors de ses premiers effets. On a réalisé sa venue quand les alizés se sont mis à diminuer, en mai 1982. Au lieu de souffler des Iles Galapagos jusqu'en Indonésie, ils changeaient de direction pour venir de l'ouest, et ce, aussitôt rendus à la ligne de changement de date (175 / 180° longitude Ouest). Il n'a fallu que quelques semaines pour que l'océan réagisse aux changements de vent. Près de l'Ile Christmas, dans le milieu du Pacifique, le niveau de la mer avait augmenté de plusieurs centimètres. En octobre, le niveau de l'eau sur l’équateur était à près de 30 cm plus haut jusqu'à 9000 km à l'est. Ceci a causé une baisse à l'ouest occasionnant des dommages aux récifs de corail de la

région. La température de la surface de la mer près des Galapagos et le long de la côte de l'Équateur est passée d'environ 22C à 28C. La vie marine, puis ensuite la faune ont alors réagi : suite à la hausse du niveau d'eau à l'île Christmas, les oiseaux de mer ont abandonné leurs petits pour partir désespérément à la recherche de nourriture. Quand la situation est revenue à la normale vers le milieu de l'année 1983, le quart de la population des phoques et des lions de mer du Pérou, ainsi que tous les bébés étaient sans vie. Cet El Niño a aussi causé des dégâts terrestres. Dans le nord du Pérou et dans l'Equateur, plus de 2500 mm de pluie sont tombés pendant 6 mois transformant les déserts en champs d'herbes hautes pigmentés de lacs. La végétation a fait naître une immense colonie de sauterelles qui elles, ont attirés les crapauds et les oiseaux. Des poissons sont devenus prisonniers des lacs suite aux inondations, la population de crevettes a atteint des records, mais celle aussi des moustiques qui sèment la malaria. L'industrie de la pêche a souffert énormément de la migration des sardines vers le sud, dans les eaux chiliennes. Sur les régions plus occidentales, la trajectoire des typhons ayant été déviée, ils ont frappé des îles Hawaii et Tahiti non habituées à leur visite. La mousson s'est abattue sur le centre du Pacifique au lieu de l'ouest, causant de la sécheresse et des feux de forêts en Indonésie et en Australie. Les stations de ski du nord des Etats-Unis ont déploré l'hiver, car la neige manquait et le temps était doux. Il a empiré la sécheresse en Afrique, a causé d'importantes tempêtes hivernales en Californie et des inondations en Louisiane, Floride et Cuba. Les tempêtes de cet hiver-là, ont détruit 33 maisons situées sur les plages californiennes. En août 1983, de forts vents et des pluies abondantes dans le désert de l'Arizona ont inondé des maisons et transformé les rues en torrents. Les neiges et pluies record en Californie ont causé des inondations et des glissements de terrains qui se sont chiffrés à environ 200 millions de dollars de dégâts. Aux États-Unis, le passage de ce courant chaud a coûté 2 milliards de dollars en dommages dûs aux tempêtes et aux innondations sur la côte Pacifique, dans les montagnes Rocheuses et dans les états du Golfe. Mais, par contre, il a permis d'économiser 500 millions de dollars en chauffage, puisque c'était l'hiver le plus chaud dans l'Est depuis 25 ans. À l'échelle mondiale, les pertes économiques dues au El Niño de 1982-83 sont estimées à plusieurs milliards de dollars et à plus d'un millier de morts. Vu du ciel (cf. annexe 4) Entre février et avril 1997, les observations Topex/Poséidon mettent en évidence un gonflement important des eaux dans le Pacifique central (une élevation du niveau de la mer de plus de 10 centimètres), se déplaçant vers l'est. Le phénomène se développe au fil des mois, avec un maximum d'amplitude au niveau de la côte. En juillet 1997, la signature d'El Niño est claire. Cette anomalie positive, en rouge sur la carte, couvre l'équivalent de 1,5 fois la surface des Etats-Unis, et représente une accumulation d'eaux chaudes. Une sécheresse anormale se déclare sur l'Asie du sud-est. Topex/Poséidon a permis de suivre l'évolution du phénomène et de mesurer son niveau exceptionnel pendant l'hiver boréal, plus de 20 centimètres d'anomalie. En juin 1998, la surface de la mer retrouve son niveau normal, et en juillet 1998, Topex/Poséidon décèle des conditions favorables à un événement de type La Niña, qui se développe en 1999. Et en 2000, l'océan retrouve à nouveau son niveau normal. Prévision et surveillance du phénomène Les conséquences néfastes des perturbations climatiques engendrées par El Niño sont tellement importantes qu’un système d’observation a été déployé afin de permettre sa prévision.

Les points noirs correspondent à des relevés automatiques du niveau de la mer. Les carrés jaunes et les losanges bruns montrent l’emplacement de bouées fixes (ancrées au fond de la mer) assurant le contrôle des vents de surface et d’autres données atmosphériques, ainsi que la mesure de la température de l’océan à différents niveaux. Elles fonctionnent en continu pendant des mois sans intervention humaine. Les flèches décrivent les trajectoires de bouées

dérivantes, mesurant la température de l’océan et renseignant sur le mouvement des eaux de surface. Les traits bleus représentent les lignes des navires marchands qui sont disposés à effectuer des profils verticaux dans l’océan à l’aide de sondes bathythermographes jetables. Ces observations sont envoyées directement par satellite aux centres de prévision

météorologiques disséminés sur le globe. Il faut cependant préciser que les modèles numériques de El Niño ne sont pas encore aussi performants que ceux utilisés dans la prévision du temps, mais ils sont maintenant capables de reproduire les caractéristiques d’un événement typique. Plusieurs groupes de recherche se sont investis dans l’utilisation de ces modèles pour prévoir le déclenchement et l’évolution d’El Niño et leurs effets sur les structures météorologiques à travers le monde, avant même qu’ils ne se produisent effectivement. Les résultats, bien qu’imparfaits jusqu’à présent, donnent une meilleure indication des conditions climatiques qui prévaudront pendant la ou les saisons suivantes.

Indications fournies par des bouées du centre du Pacifique (170° de lattitude ouest) au Nord, sur l’équateur et au Sud

Le Pérou est l’un des nombreux pays qui utilise déjà avec succès les prévisions de El Niño, en liaison avec une planification de l’agriculture. Les autres pays qui ont pris des initiatives similaires sont notamment l’Australie, le Brésil, l’Éthiopie et l’Inde. Ce n’est pas par hasard que tous ces pays se situent au moins partiellement dans les tropiques. Les états tropicaux ont énormément à gagner de prévisions réussies d’El Niño parce qu’ils sont concernés par une fraction majeure des impacts que l’on a résumés plus haut, et parce qu’ils occupent les régions du monde où la précision des modèles de prévision du climat est justement la meilleure. Mais pour d’autres pays en dehors des tropiques, comme le Japon et les États-Unis, des prévisions plus précises d’El Niño aideront la planification stratégique dans des secteurs comme l’agriculture ou la gestion des ressources en eau ou encore les réserves de blé et de pétrole utilisé à des fins de chauffage. La Niña De temps en temps il se passe un autre phénomène, qui est à peu près l’inverse d’El Niño et qui se nomme La Niña. Mais cela c’est une autre histoire …

Pour la réalisation de cette étude j’ai obtenu l’autorisation d’utiliser des extraits de texte et des images de la part de :

• Jean-Marc Charel pour le site http://perso.wanadoo.fr/jean-marc.charel/courants/lecourant.htm

• Jean-Marc Jancovici pour le site http://www.manicore.com/documentation/serre/courants.html

• Alain Laponche pour le site http://www.ifremer.fr/lpo/vulgarisation/elnino/elnino.html#up

• Christoph Amman pour le site http://www.elnino.info/impressum.php

• Tony Barston pour le site http://iri.columbia.edu/climate/ENSO/background/basics.html

• Monique Gasc pour les sites http://www-aviso.cnes.fr et http://www.jason.oceanobs.com/html/applications/enso/welcome_fr.html

• WW2010 pour le site http://ww2010.atmos.uiuc.edu/(Gh)/guides/mtr/eln/home.rxml

Je les en remercie vivement

DH 8/05