Le phénomène des terrains vagues dans les villes en croissance et ...

39
par Marie-Ève Lamarre

Transcript of Le phénomène des terrains vagues dans les villes en croissance et ...

par Marie-Ève Lamarre

La bourse du collège des présidents

Projet de recherche au Japon Contexte du projet7KªPHV�HW�G«ƓQLWLRQV�SULQFLSDOHV� �Approche théorique et méthodologique Format et ordre d’apparition

*«RJUDSKLH��FRQƓJXUDWLRQV�WHUULWRULDOHV�HW�SDUFRXUV�Organisation des îles principales Villes visitées et situation démographique

Espace et lieu en Occident et au Japon '«ƓQLU�OH�WHUUDLQ�YDJXH�7HUUDLQ�YDJXHb��SHUPLVVLRQ�HW�OLEHUW«�Que faire de ces lieux indéterminés? La permanence et le temporaire Principes de beauté et de forme L’espace mouvement

Histoire, société et démographie au Japon Phénomènes de décroissance et croissance 7RN\R��IRUPH�XUEDLQH��FRQƓJXUDWLRQ�ORFDOH�HW�WUDQVLW�7RN\Rb��HVSDFH�SHUVRQQHO��VS«FLƓFLW«�HW�FRPPXQDXW«�

Typologies Débordement Marées humaines Découpage / lotissement Variations dans l’espace-temps Réglementation �GLƓFDWLRQ��

Conclusion

Bibliographie

Notes de bas de page

Remerciements

0. 1. 1.1 1.2 1.3 1.4

2. 2.1 2.2 3. 3.1 3.2 3.3 3.4 3.5 3.6 4. 4.1 4.2 4.3

5. 5.1 5.2 5.3 5.4 5.5 5.6 6. 7. 8. 9.

4

44568

99

10

12121213181922

23232628

30323842465056

64

66

69

72

Table des matières

3

m�7KH�ODQG�ZDVQōW�LPPHGLDWHO\�DSSHDOLQJ��EXW�ZH�EXLOW�LWb3DUWO\�RYHU�ZLWK�IDNH�UXLQV��LQ�WKH�LPDJH�RI�RXUVHOYHV�

An arch that terminates in mid-keystone, a crumbling stone pier)RU�ODXQGUHVVHV��DQ�RSHQ�DLU�WKHDWHU��QHYHU�FRPSOHWHGb$QG�RQO\�SDUWLDOO\�GHVLJQHG��+RZ�DUH�ZH�WR�LQKDELWb

This space from which the fourth wall is invariably missing,As in a stage-set or dollhouse, except by staying as we are,

,Q�ORVW�SURƓOH��IDFLQJ�WKH�VWDUV��ZLWK�GR]HQV�RI�DV�\HW8QUHDOL]HG�SURMHFWV��DQG�D�VWULFW�VHQVHb

2I�WLPH�UXQQLQJ�RXW��RI�HYHQLQJ�SUHVHQWLQJb7KH�WDFWIXOO\�IROGHG�RYHU�ELOO"�$QG�ZH�ƓWb

5DWKHU�WRR�HDVLO\�LQWR�LW��EHFRPH�WUDQVSDUHQW�b$OPRVW�JKRVWV��2QH�GD\b

7KH�ELUGV�DQG�DQLPDOV�LQ�WKH�SDVWXUH�KDYH�DEVRUEHGb7KH�FRORU��WKH�GHQVLW\�RI�WKH�VXUURXQGLQJV�b

7KH�OHDYHV�DUH�DOLYH��DQG�WRR�KHDY\�ZLWK�OLIHb}1

- J. Ashbery

« In everything, no matter what it may be, uniformity is undesirable. Leaving something incomplete makes it interesting,

DQG�JLYHV�RQH�WKH�IHHOLQJ�WKDW�WKHUH�LV�URRP�RU�JURZWK�b}2 - K. Yoshida

4 5

0. La Bourse du Collège des présidentsCette recherche-création a été réalisée dans le cadre de la Bourse du Collège des présidents offerte par l’Ordre des architectes du Québec en 2012-2013. Cette bourse est décernée chaque année GHSXLV������¢�XQ�ƓQLVVDQW�GH�OōXQH�GHV�WURLV�«FROHV�GōDUFKLWHFWXUH�GX�Québec sur la base de son dossier universitaire, de la qualité de ses réalisations durant sa scolarité et du dossier expliquant la recherche qu’il souhaite entreprendre. Le prix en argent rend possible la réalisation d’un voyage d’étude correspondant à la recherche soumise au jury composé de trois membres du Collège des présidents3. À l’issue du voyage, un rapport de recherche doit être soumis à l’Ordre des Architectes du Québec. J’ai proposé un projet de recherche et création sur le phénomène des terrains vagues dans les villes en croissance et en décroissance au Japon. Le livre que YRXV�WHQH]�HQWUH�YRV�PDLQV�IDLW�RIƓFH�GH�UDSSRUW�GH�UHFKHUFKH��LO�D�été soumis à l’Ordre des architectes du Québec comme tel.

Le choix de visiter le Japon s’explique par la situation de décroissance démographique actuelle me permettant de constater une grande variété de terrains vagues et d’étudier leurs conditions GōDSSDULWLRQ��/H�-DSRQ�SRVVªGH�DXVVL�GDQV�VD�WUDGLWLRQ�XQH�DIƓQLW«�avec le vide et l’éphémère, ce qui pouvait favoriser l’existence et la cohabitation avec les lieux d’entre-deux que sont les terrains vagues. Dans ce contexte, deux hypothèses de départ se formulaient comme VXLWb��

Ř� �$��/H�JUDQG�QRPEUH�GH�WHUUDLQV�YDJXHV�TXL�U«VXOWHQW�GHV�]RQHV�en déclin démographique au Japon fait passer le terrain vague d’espace de possibilité actif dans le présent où la créativité peut s’exprimer librement vers un espace passif inopérant témoignant d’un passé révolu et en glissement vers un état sauvage.

Ř� (B) Inversement, en situation de croissance, le terrain vague GLVSDUD°W�SRXU�ODLVVHU�SODFH�¢�GHV�G«YHORSSHPHQWV�SODQLƓ«V�ayant préséance sur ce dernier.

Pour élucider ces questions, j’ai effectué un recensement sensible des terrains vagues en cherchant à cerner leurs conditions d’apparition que j’ai classées en six types. Chacun d’entre eux s’illustre selon deux critères principaux en lien à leur contribution ¢�OD�YLOOHb��OHXU�FDSDFLW«�¢�¬WUH�DSSURSUL«�RX�OHXU�«WDW�GōDEDQGRQ��$X�WHUPH�GH�FHWWH�UHFKHUFKH��LO�HVW�SRVVLEOH�GōDIƓUPHU�OD�SUHPLªUH�K\SRWKªVH�HW�GōLQƓUPHU�OD�VHFRQGH��

Ř� (A) En situation de décroissance démographique importante, le terrain vague souffre de l’effritement de son contexte social. C’est la présence humaine qui connecte ce lieu aux dynamiques de la ville. Ainsi, l’appropriation du terrain vague est un baromètre de la vitalité d’une collectivité. La distinction entre lieu et espace tel que l’entend Yi Tuan est alors primordiale. En HIIHW��XQ�OLHX��FRQWUDLUHPHQW�¢�XQ�HVSDFH��D�XQH�VLJQLƓFDWLRQ�SRXU�XQ�LQGLYLGX�RX�XQH�FROOHFWLYLW«��/H�mbOLHXb}�HVW�DFWLI�DORUV�TXH�mbOōHVSDFHb}�HVW�ODWHQW��/D�YLOOH�HQ�G«FURLVVDQFH�HVW�XQ�V\VWªPH�HQ�SURFHVVXV�GH�VLPSOLƓFDWLRQ�DORUV�TXōXQH�YLOOH�HQ�FURLVVDQFH�HVW�XQ�V\VWªPH�HQ�SURFHVVXV�GH�FRPSOH[LƓFDWLRQ��7HO�TXō«ODERU«�dans les théories de complexité urbaine, les activités humaines sont essentielles à tout système complexe.

Ř� (B) Même lorsqu’une énorme pression foncière est en place, le terrain vague subsiste. Sa présence dépend de la présence humaine et non pas de l’espace disponible. En effet, en situation de croissance, cet espace de liberté prend d’autres formes, mais il ne disparaît pas.

0D�U«ŴH[LRQ�VōDSSXLH�VXU�XQH�PLVH�HQ�FRQWH[WH�GHV�IDLWV�FXOWXUHOV��sociaux, historiques et une exploration des fondements théoriques se rattachant au thème du terrain vague. Les textes sont illustrés SDU�OHV�LPDJHV�TXH�MōDL�UHFXHLOOLHV�DX�ƓO�GH�PHV�H[SORUDWLRQV��L’objectif de ma recherche était de valoriser la contribution des lieux indéterminés à la ville. J’ai cherché à offrir des arguments démontrant l’apport positif à la ville apporté par ces lieux. Au-delà d’un regard contemplatif sur les terrains vagues, je souhaite aborder OD�TXHVWLRQ�GH�G«YHORSSHPHQWV�SODQLƓ«V�VXU�FHV�VLWHV��VRXYHQW�synonymes de leur disparition prochaine. Au moment d’élaborer de nouveaux projets sur ces sites souvent appropriés, serait-il possible que certaines de leurs qualités puissent être prises en compte dans les lignes directrices des nouveaux projets s’y intégrant?

1. Projet de recherche au Japon 1.1 Contexte du projetLes villes touchées par le phénomène de décroissance G«PRJUDSKLTXH�IRQW�IDFH�¢�GHV�G«ƓV�LPSRUWDQWV�TXDQW�¢�OD�réorganisation de leurs communautés. Dans les villes d’Occident, l’environnement bâti est porteur de mémoire et compose l’identité d’une collectivité. Le maintien de cette mémoire se fait par le moyen de politiques patrimoniales ayant pour but de soutenir l’identité locale et l’histoire d’une communauté. Or, en situation de décroissance démographique, plusieurs bâtiments sont laissés à

La Bourse du Collège des présidents

l’abandon et l’on assiste à une multiplication des terrains vagues. Cette réalité force les autorités et les divers acteurs agissant sur la ville à prendre position quant à ces lieux indéterminés. Alors que les bâtiments et les infrastructures tombent en désuétude et que les terrains vagues se multiplient, plusieurs préoccupations d’ordre social, économique et culturel mènent à la démolition ou à la condamnation de secteurs entiers. Ces changements s’opèrent tant dans une perspective de consolidation urbaine que de maintien de l’ordre public. Les changements dans le paysage urbain menacent toutefois la subtile organisation sociale des communautés et risquent de produire une érosion de l’identité d’un lieu et une certaine dissolution des liens entre ville, individu et collectivité; tout particulièrement dans le cas des villes sujettes à une décroissance accélérée. Quoi qu’il en soit, les lieux latents qui résultent de la décroissance sont souvent appropriés de manière informelle et non SODQLƓ«H��3RXU�OHV�DXWRULW«V��OH�G«YHORSSHPHQW�GLW�mbVDXYDJHb}�GH�FHV�]RQHV�XUEDLQHV�QH�FDGUH�SDV�DYHF�OHV�LG«HV�GH�SURJUªV��GōHIƓFDFLW«��de prise en charge et de développement devenues synonymes de ville moderne. Alors que les approches urbanistiques habituelles cherchent à réactiver les lieux indéterminés et à neutraliser le désordre, la multiplication des terrains vagues et les rapports entretenus avec ceux-ci posent plusieurs questions importantes.

Pour cette recherche-création, il a été question d’examiner les WHUUDLQV�YDJXHV�GDQV�OHV�YLOOHV�RX�]RQHV�HQ�FURLVVDQFH�HW�HQ�décroissance dans diverses villes du Japon qui sont spécialement WRXFK«HV�SDU�FH�SK«QRPªQH��/H�-DSRQ�HVW�FRQIURQW«�¢�GHV�G«ƓV�VDQV�précédent quant à la gestion de son territoire. Contrairement à de nombreux pays industrialisés faisant face à une baisse de natalité et un vieillissement de la population, le Japon a choisi de ne pas PHWWUH�HQ�SODFH�GH�VWUDW«JLHV�GōLPPLJUDWLRQ��6HXOHPHQW����b��GH�VD�SRSXODWLRQ�HVW�Q«H�¢�Oō«WUDQJHU�FRPSDUDWLYHPHQW�¢�����b��SRXU�OH�Canada.4 En plus du taux de natalité en baisse, de forts mouvements GH�SRSXODWLRQ�VōRSªUHQW�¢�OōLQW«ULHXU�GX�SD\Vb��OHV�YLOOHV�U«JLRQDOHV�VRQW�G«SHXSO«HV�DX�E«Q«ƓFH�GHV�YLOOHV�SULQFLSDOHV��6ōHQVXLW�XQH�urbanisation extrême de certaines mégalopoles comme Tokyo et sa grande région métropolitaine. Les agglomérations de Tokyo, Nagoya, Osaka, Fukuoka et Sapporo attirent un nombre grandissant de personnes alors que généralement, les villes de province tendent vers une décroissance constante. À titre d’exemple, Sapporo sur l’île Gō+RNNDLGĊ�D�YX�VD�SRSXODWLRQ�FUR°WUH�GH����b��HQWUH������HW�������Inversement, la ville côtière d’Hakodate, autrefois ville principale de Oō�OH�Gō+RNNDLGĊ��FRQQD°W�XQH�LPSRUWDQWH�PLJUDWLRQ�GH�VD�SRSXODWLRQ�vers les villes principales du pays, dont Sapporo.5 Même dans ces conditions de réorganisation des populations et d’exode rural, les

agglomérations principales du pays comme Osaka, Kobe et Nagoya parviennent à peine à conserver une croissance positive. Ainsi, les villes en décroissance adoptent des stratégies de fusion avec les villes voisines, ce qui produit une illusion de croissance ou de stabilité en chiffres. Cette stratégie est pannationale et constitue souvent l’unique stratégie pour gérer la décroissance. Les nouvelles YLOOHV�DJJORP«U«HV�HQJOREHQW�G«VRUPDLV�Gō«QRUPHV�VXSHUƓFLHV�GLIƓFLOHV�¢�J«UHU�FRPPH�GDQV�OH�FDV�Gō2ND]DNL��GH�+DPDPDWVX��de Takamatsu, de Kagoshima et de Hakodate, pour ne nommer que celles-là. Les gouvernements de ces villes n’ont généralement pas recours à des réorganisations visant la consolidation et la U«RUJDQLVDWLRQ�GX�WHUULWRLUH�SRXU�OH�UHQGUH�SOXV�HIƓFDFH��,O�\�D�GRQF�une multiplication des infrastructures à maintenir, une pression grandissante sur les contribuables qui sont, au demeurant, de moins en moins nombreux.

1.2 Thèmes et définitions principalesL’intérêt de cette étude tient du rapport entre le tangible, la mémoire et l‘identité. Si en Occident les bâtiments sont souvent porteurs d’identité et de mémoire, le rapport à l’environnement bâti est bien différent au Japon. Comme le démontre une étude récente, OHV�E¤WLPHQWV�¢�7RN\R�RQW�XQH�GXU«H�GH�YLH�PR\HQQH�GH����DQV�. En RXWUH��OHV�KDELWDWLRQV�VRQW�VRXYHQW�PRGLƓ«HV�SRXU�DFFRPPRGHU�OHV�changements à l’intérieur de la cellule familiale. Le Japon moderne entretient donc avec l’environnement bâti un rapport dynamique HW�K\SHUIRQFWLRQQHO�R»�OH�UHQGHPHQW�HW�OōHIƓFDFLW«�VRQW�GHV�YDOHXUV�fondamentales. En effet, les politiques en place dans les villes admettent aisément la démolition pour mieux servir de nouveaux programmes architecturaux. Il n’est donc pas rare que les bâtiments VRLHQW�G«PROLV�RX�PRGLƓ«V��FH�TXL�IDFLOLWH�OōDMXVWHPHQW�GHV�YLOOHV�face aux phénomènes de croissance et de décroissance. Toutefois, dans toutes les sphères de la société, les éléments traditionnels ne sont jamais totalement évacués. Ces derniers disparaissent WUDQTXLOOHPHQW�DORUV�TXH�OHXUV�DGHSWHV�VH�UDU«ƓHQW��8QH�WHQGDQFH�au maintien des traditions côtoie un grand intérêt pour la QRXYHDXW«��OH�SURJUªV�HW�OD�WHFKQRORJLH��/ōHVSDFH�XUEDLQ�UHŴªWH�FH�rapport complexe de coexistence et de tolérance marqué par la temporalité. Les terrains vagues s’inscrivent dans cette logique où un consensus autour de la non-permanence de ces éléments dans la ville permet d’accepter leur présence de manière temporaire, sans les gérer immédiatement.

Avec une telle attitude envers ces lieux, il est possible qu’un certain désordre émerge. Toutefois, contrairement à l’image négative VRXYHQW�DVVRFL«H�¢�FHV�]RQHV�DEDQGRQQ«HV��LO�DSSDUD°W�TXH�OHV�

Projet de recherche au Japon

6 7

terrains vacants au Japon sont généralement pris en charge par la communauté immédiate, à condition qu’il y ait une communauté en SODFHb��

mb7KH�YRLGV�DUH�PRVWO\�FOHDQ��WKH\�DSSHDU�NHPSW�� ,I�SODQWV�WDNH�over, they would not be noticed by passers by owing to walls and fences. Only vacant spaces in more dilapidated areas may attract trash; in residential neighborhoods, rare liter is removed by residents, who are normally eager to maintain the visual integrity of their environments by sweeping fallen leaves and FROOHFWLQJ�UXEELVKb}7

��OD�OXPLªUH�GH�OD�G«ƓQLWLRQ�GX�FRQFHSW�GōHVSDFH�DX�-DSRQ�WHO�TXō«ODERU«�SDU�,QRXH�0LWVXR�GDQV�OHV�DQQ«HVb������LO�DSSDUD°W�primordial d’élargir la notion de terrain vague à celui d’espace LQG«WHUPLQ«��(Q�HIIHW��OōHVSDFH�MDSRQDLV�VH�G«ƓQLW�GDQV�OD�FRQVFLHQFH�collective et dans les théories architecturales comme un espace mouvement qui se dilate et se contracte dans le temps selon les activités de ses occupants. Les limites d’un espace varient selon la vie qui s’y déroule. La présente étude souhaite faire l’argument que ces espaces indéterminés ont des qualités fondamentales qu’il faut prendre en considération dans le développement très calibré8 de QRV�YLOOHV�RFFLGHQWDOHV��OHVTXHOV�SRXUUDLHQW�E«Q«ƓFLHU�GōXQH�FHUWDLQH�mbWRO«UDQFH�WHPSRUHOOHb}��'ōDLOOHXUV��FHV�HVSDFHV�QRQ�SODQLƓ«V�VRQW�importants pour la ville, car ils garantissent la vitalité créative et la formation d’une appartenance à une communauté9. À ce titre, une approche ascendante10�YRXODQW�TXH�FHV�OLHX[�VH�G«ƓQLVVHQW�GDQV�OH�WHPSV�SDU�XQH�VWUDWLƓFDWLRQ�GHV�RS«UDWLRQV�VXU�OXL�HW�SDU�l’addition du sens qu’il représente pour une personne donnée est privilégiée. C’est donc dire que ces espaces sont déjà aménagés, car déjà appropriés. Les signes d’appropriation et d’abandon deviennent les critères principaux de cette recherche permettant de mesurer le succès ou la faillite des lieux indéterminés comme participant ou non à la vie créative de leur communauté. Quand ils sont appropriés naturellement, ces lieux témoignent de la vitalité d’une FRPPXQDXW«�TXL�HVW�DVVH]�G\QDPLTXH�SRXU�OHV�SUHQGUH�HQ�FKDUJH�et y loger ses besoins particuliers. Dans les situations d’abandon, ces OLHX[�W«PRLJQHQW�GōXQH�FRQƓJXUDWLRQ�WURS�DULGH��GōXQ�FRQWH[WH�HQ�trop grande décroissance et d’un milieu en perte de vitalité.

1.3 Approche théorique et méthodologiquePour cette recherche, j’ai privilégié une approche perceptuelle parce que celle-ci correspond à la manière courante de vivre l’espace XUEDLQ�TXL�VH�FDUDFW«ULVH�FRPPH�XQ�HQVHPEOH�GH�ŴX[�VXSHUSRV«V�en relation d’interdépendance. J’admets donc une vision de l’espace urbain répondant aux théories de complexité urbaine. En outre,

il semble qu’une approche basée sur les perceptions permette de se distancier de la question des différences entre les cultures, le cas échéant, entre l’Orient et l’Occident, parce qu’elle reconnaît que la perception d’un lieu peut varier d’une personne à l’autre, même au sein de la même communauté culturelle. À l’étude de la méthode d‘analyse urbaine élaborée par le professeur Darko 5DGRY¯F�HW�VRQ�ODERUDWRLUH�FROODER�ODE�GH�OōXQLYHUVLW«�.HLĊ�GH�7RN\R��LO�apparaît que les méthodologies d’analyses urbaines traditionnelles développées en Occident s’adresseraient mieux à la réalité des villes occidentales et à ses modes de pensée11. À ce sujet, Radovíc s’interroge sur l’applicabilité réelle de ces méthodes en Orient et SOXV�VS«FLƓTXHPHQW�DX�-DSRQb�

mb$UH�:HVWHUQ�ZD\V�RI� WKLQNLQJ��LQFOXGLQJ�DQDO\VLV�DQG�GHVLJQ�methods) directly applicable to the East? To what extent do educational, design and design research methods belong to the cultural contexts that have shaped them? Does the otherness of 2ULHQWDO�FXOWXUHV�GHPDQG�QHZ�DSSURFKHV"b}12

Par ailleurs, il souligne que même dans les villes occidentales, ces P«WKRGHV�SRXUUDLHQW�¬WUH�G«ƓFLHQWHV�VHORQ�OHV�LG«HV�DYDQF«HV�GDQV�OHV�WK«RULHV�GH�FRPSOH[LW«�XUEDLQH��8QH�IRLV�TXH�OD�YLOOH�HVW�G«ƓQLH�FRPPH�XQ�HQVHPEOH�GH�ŴX[��LO�GHYLHQW�GLIƓFLOH�GōLVROHU�FHUWDLQV�«O«PHQWV�HQ�SU«WH[WDQW�TXōLOV�VRQW�SOXV�IDFLOHV�¢�TXDQWLƓHU13. Un système dit complexe inclut un grand nombre d’éléments qui LQWHUDJLVVHQW�HW�VōDIIHFWHQW�HQWUH�HX[��,O�VHUDLW�GRQF�GLIƓFLOH�GH�IDLUH�l’étude d’un tel système en utilisant des outils traditionnels linéaires TXL�VRQW�TXDOLƓ«V�GH�U«GXFWHXUV14. Une des avenues proposées par certains théoriciens de la complexité dont Juval Portugali, Han Meyer, Egbert Stolk et Ekim Tan, est l’étude des systèmes complexes SDU�OōLGHQWLƓFDWLRQ�GH�PRGªOHV�DƓQ�Gō«WDEOLU�GōXQ�SULQFLSH�XQLƓFDWHXUb��

mb&RPSOH[�V\VWHPV�DUH�V\VWHPV�WKDW�GHI\�GHƓQLWLRQ��2XU�VFLHQFH�that attempts to understand such systems is incomplete in the sense that a complex system behaves in ways that are unpredictable. Unpredictability does not mean that these systems are disordered or chaotic but that defy complete GHƓQLWLRQb}15

8QH�YLOOH�QōHVW�SDV�XQ�V\VWªPH�ƓQL��P¬PH�VHV�«O«PHQWV�HQ�apparence inertes évoluent dans le temps. Dans cet ordre d’idée, une méthode de terrain interactive est plus adaptée à l’étude des systèmes urbains. Une perspective de complexité admet que la ville est partie prenante du citadin tout comme le citadin est partie prenante de la ville��. L’environnement est alors considéré non pas comme un contexte unique dans lequel s’emboîtent tous les

êtres, mais plutôt comme le produit de l’interaction entre l’individu HW�VRQ�PLOLHX��&HOD�VLJQLƓH�TXH�SOXVLHXUV�LQGLYLGXV�SHXYHQW�VH�trouver dans un même lieu tout en expérimentant ce lieu de manières différentes17. Le concept d’Umwelt18 et la phénoménologie environnementale de Jakob von Uexküll se trouvent à la base de cette idée voulant que chaque espèce vivante possède son univers propre auquel elle donne un sens et impose des déterminations. /ōHQYLURQQHPHQW�HVW�GRQF�HQ�GLDORJXH�DYHF�OHV�ŴX[�GōDFWLYLW«V��,O�existe comme lieu physique, mais aussi comme lieu vécu. Des qualités lui sont attribuées, lesquelles varient d’une personne à OōDXWUH��5DGRY¯F�SURSRVH�GRQF�TXH�OHV�DSSURFKHV�ŴH[LEOHV�TXL�PLVHQW�sur la perception permettent d’apprécier la superposition complexe des systèmes en place et leurs implications sociales pour en venir à XQH�DSSU«FLDWLRQ�UDIƓQ«H�HW�TXDOLWDWLYH�GHV�HQYLURQQHPHQWV�XUEDLQV�dans leur dimension humaine. Pour cette recherche, la méthode employée s’apparente aux méthodes d’observation directe mises en place lors des dérives urbaines élaborées par Debord et les situationnistes, également reprises par Radovíc à l’occasion de ses recherches sur la ville de Tokyo.

mb 2QH� RI� WKH� EDVLF� 6LWXDWLRQLVW� SUDFWLFH� LV� WKH� G«ULYH�� D�technique of rapid passage through varried ambiance. Dérives involve playful-constructive behavior and awareness of psychogeographical effects, and are thus quite different from the classic notions of journey or stroll. In a dérive one or more persons during a certain period drop their relations, their work and leisure activities, and all their other usual motives for movement and action and let themselves be drawn by the DWWUDFWLRQV� RI� WKH� WHUUDLQ� DQG� WKH� HQFRXQWHUV� WKH\�ƓQG� WKHUH��The dérive includes both this letting go and its necessary FRQWUDGLFWLRQ�� WKH� GRPLQDWLRQ� RI� WKH� SV\FKRJHRJUDSKLFDO�variations by the knowledge and calculation of their SRVVLELOLWLHV�}19

/HV�WK«RULHV�VRFLDOHV�Gō+HQUL�/HIHEYUH�TXDQW�¢�OD�G«ƓQLWLRQ�GōXQ�lieu sont cruciales. Il propose que les pratiques humaines sont IRQGDPHQWDOHVb��mb/ōHVVHQWLHO��OH�IRQGHPHQW��OH�VHQV�YLHQQHQW�GH�OōKDELWHUb}��GLW�LO20. Il admet la complexité urbaine qu’il considère comme un chaos urbain et social dissimulant pourtant un certain ordre. Comme le précise Sylvain Sangla dans sa dissertation de doctorat portant sur les conceptions sociales et urbaines de Lefebvre, les structures sociales ont un effet sur l’aliénation spatiale, mais elles VRQW�HQ�UHODWLRQ�GōLQWHUG«SHQGDQFH�DYHF�FHOOHV�FLb�

mb )DFH� ¢� FH� FKDRV� VRFLDO� HW� XUEDLQ�� TXL� GLVVLPXOH� HW� U«YªOH� HQ�même temps un ordre fondé sur des ségrégations multiples, XQ�GLOHPPH�VXUJLWb��OōDOL«QDWLRQ�VSDWLDOH�QH�SRXUUD�VH�FRPEDWWUH�que dans la mesure où l’on pourra également changer

l’ensemble des structures sociales, mais la transformation de ces dernières dépend de changements spatiaux préliminaires. Cette apparente aporie (qui condamne par exemple l’architecture à n’être que le jouet des intérêts régnants) n’est rédhibitoire que si l’on décompose le processus révolutionnaire en étapes diachroniques désarticulées, alors que les transformations SHXYHQW�¬WUH�V\QFKURQLTXHV�HW�HQ�LQWHUDFWLRQ�U«FLSURTXHb}21

Les idées de Lefebvre trouvent écho dans plusieurs concepts avancés en psychogéographie. À ce titre, les notions empiriques et phénoménologiques 22 d’espace et de lieux développées par $XJ«��1RUEHUJ�6FKXO]��5HOSK��6HDPRQ��2OGHQEHUJ�HW�<L�7XDQ�VRQW�particulièrement appropriées pour mon étude. Je m’interroge sur ce qui compose un lieu et ce qui le distingue d’un simple espace.

Les différents articles écrits par ces auteurs cadrent le sujet de l’espace et du lieu selon différents angles. Augé propose une conception du lieu en l’opposant à son antonyme, le non-lieu. Relph, quant à lui, propose l’idée d’une conception de l’espace tripartite, c’est-à-dire composé de ses attributs physiques, de ses activités et fonctions observables et des symboles et du sens qui lui sont associés. Par opposition, le non-lieu est dénué de sens pour ses usagers. Dans la création d’espace, il sera impératif de générer des opportunités permettant l’apparition de sens. À ce sujet, Norberg-6FKXO]�DERUGH�OD�TXHVWLRQ�GōLQWHUYHQWLRQ�HW�SURSRVH�XQH�DSSURFKH�GX�GHVLJQ�TXL�VRLW�VS«FLƓTXH�DX�OLHX��FH�TXL�IDFLOLWHUD�OH�G«JDJHPHQW�GH�VHQV�HWbOD�FRQVWUXFWLRQ�GōXQH�LGHQWLW«�IRUWH��&HWWH�LG«H�GH�FDUDFWªUH�GX�OLHX�HVW�GLIƓFLOH�¢�LGHQWLƓHU�GH�PDQLªUH�XQLYRTXH��4XRL�TXōLO�HQ�VRLW��VHORQ�1RUEHUJ�6FKXO]��FHUWDLQV�OLHX[�IDYRULVHQW�PLHX[�l’apparition de telles ou telles qualités que d’autres. Ainsi, l’on REVHUYHUD�GDQV�OD�YLOOH�GHV�]RQHV�DSSURSUL«HV�HW�GōDXWUHV�UHMHW«HV�par les citadins. Oldenburg s’intéresse à la question de non-lieu et suggère que le déclin des espaces urbains modernes est attribuable notamment au développement de la banlieue, à la dépendance à l’automobile et à la ségrégation des fonctions urbaines qui participe GX�]RQDJH�XQLTXH�HW�LPSHUP«DEOH��&HV�«O«PHQWV�VHUDLHQW�HQ�SDUWLH�responsables de la disparition progressive des espaces dits autres où il est possible de socialiser de manière impromptue. Il souligne OōLPSRUWDQFH�GHV�LQWHUDFWLRQV�OLEUHV�GDQV�OD�G«ƓQLWLRQ�GX�FDUDFWªUH�d’un lieu et situe ces dernières à l’extérieur de l’espace privé, de l’espace domestique et de l’espace des lieux de travail, voire des bars où la socialisation est encadrée. C’est là l’amorce d’une U«ŴH[LRQ�TXDQW�DX[�HVSDFHV�LQIRUPHOV�HW�LQG«WHUPLQ«V�FRPPH�HVSDFH�GH�OLEHUW«��(QƓQ��<L�7XDQ�SURSRVH�TXH�OōHVSDFH�GHYLHQW�SURJUHVVLYHPHQW�mbOLHXb}�¢�PHVXUH�TXōLO�VH�G«ƓQLW�HW�DFTXLHUW�XQ�VHQV�dans la conscience de chacun. Les qualités de ce lieu sont façonnées

8 9

par la somme des actes d’appropriation et des expériences qui y SUHQQHQW�SODFH��XQH�VWUDWLƓFDWLRQ�¢�J«RP«WULH�YDULDEOH�TXL�VH�YLW�au rythme des jours, avec des éléments qui s’additionnent et se soustraient constamment. Somme toute, il faut retenir que l’idée du lieu comprend des qualités du domaine du sensible. Dans la SODQLƓFDWLRQ�GHV�HVSDFHV�XUEDLQV�SDU�OHV�SURPRWHXUV�LPPRELOLHUV�et les urbanistes, l’apparition de ces qualités dépend d’une préoccupation consciente pour ce qui existe déjà.

Pour la présente recherche-création, les idées avancées par Roland Barthes constituent en quelque sorte une synthèse des concepts mentionnés ci-haut. À l’occasion de son séjour au Japon et tel que UHODW«�GDQV�VRQ�HVVDL�Oō(PSLUH�GHV�VLJQHV��LO�DIƓUPH�TXH�GDQV�XQ�RF«DQ�GH�VLJQLƓFDWLRQ��FōHVW�OD�UHQFRQWUH�GH�OōDXWUH�TXL�FRPSWH�SRXU�se forger une expérience et cesser de percevoir l’autre comme une réalité qui nous échappe. Il suggère une approche basée principalement sur l’accumulation d’expériences. En expérimentant une variété d’espaces et de situations sans discrimination, il est possible de valoriser un échantillonnage d’espaces indéterminés plus vaste et d’en faire ressortir des spécimens tantôt représentatifs et banals, tantôt exceptionnels et parfois exemplaires. Aussi, l’acquisition d’une expérience fait contrepoids à la barrière de la langue et admet la différence de perception, une réalité particulièrement ressentie par l’étranger (que je suis) s’exprimant dans la langue d’usage (le japonais) de manière parcellaire et ne saisissant qu’une petite partie des dynamiques et discussions en place. Cela permet de se sortir de l’incompréhension et de ne plus être qu’un simple étranger. À force de s’exposer, il devient possible GōLGHQWLƓHU�XQ�PRGªOH�HW�GH�FLEOHU�OHV�OLHX[�UHSU«VHQWDWLIV�RX�exceptionnels, rares ou communs.

De manière concrète, j’ai recensé les espaces indéterminés UHQFRQWU«V�DX�ƓO�GH�PHV�G«ULYHV��-H�OHV�DL�FRPSLO«V�¢�OōDLGH�GōXQH�technique de géolocalisation, positionnant chaque site sur une carte interactive selon ses coordonnées géographiques. Puis, je les DL�QRPP«V�HW�G«FULWV�HW�MōDL�Y«ULƓ«�OHXU�DSSDULWLRQ�VHORQ�OD�GHQVLW«�en place et sa tendance à la croissance ou à la décroissance. J’ai ensuite élaboré un découpage typologique à partir du critère GōDSSURSULDWLRQ�DEDQGRQ��-ōDL�FKHUFK«�¢�FHUQHU�OD�FRPSOH[LW«�GHV�ŴX[�en place en posant un regard novateur sur les espaces indéterminés que constituent les terrains vagues. À force d’aborder ces lieux, MōDL�LGHQWLƓ«�VL[�GLII«UHQWHV�FRQGLWLRQV�GōDSSDULWLRQ��GRQF�VL[�W\SHV�GōHVSDFHV�LQG«WHUPLQ«Vb��

t1. débordement; t2. marées humaines;t3. découpage / lotissement;t4. variation espace-temps;t5. réglementation;W���«GLƓFDWLRQ�

Bien que ces types aient été élaborés à partir de données recueillies au Japon et qu’ils soient très caractéristiques des lieux qui les ont inspirées, ils pourraient aussi décrire les lieux indéterminés ailleurs dans le monde parce qu’ils renvoient aux forces permettant leur émergence. Il est certain que la liste typologique présentée ici QH�FRQVWLWXH�SDV�XQ�HQVHPEOH�ƓQL��GōDXWUHV�W\SHV�SRXUUDLHQW�Vō\�ajouter. La recension que j’ai effectuée avait pour but de valoriser la contribution des lieux indéterminés à la ville et de mettre en lumière leur importance dans la construction du caractère d’un OLHX����OōRFFDVLRQ�GH�G«YHORSSHPHQWV�SODQLƓ«V�VH�VXSHUSRVDQW�¢�FHV�lieux indéterminés, est-il possible d’en conserver certains aspects? Par exemple, pourrions-nous en conserver les tracés, la géométrie YDULDEOH�HW�OD�ŴH[LELOLW«�TXL�OHV�UHQGHQW�VL�DFFHVVLEOHV"�&HUWDLQHV�GHV�qualités des lieux indéterminés peuvent-elles être prises en compte dans les lignes directrices des nouveaux projets s’intégrant à ces sites?

1.4 Format et ordre d’apparition Le format de livre permet de contenir la recherche et de lui donner plusieurs vies. Dans un premier temps, il m’est apparu important de SU«VHQWHU�XQH�V«ULH�GH�SHWLWV�WH[WHV�EDOLVDQW�PD�U«ŴH[LRQ�HW�RIIUDQW�des outils pour l’appréciation des typologies de terrains vagues. Ces textes offrent une connaissance de la situation au Japon tant en ce qui a trait aux faits historiques, urbains et culturels qu’aux idées avancées par certains théoriciens. Puis, les types élaborés sont présentés en situation positive et négative23 à l’aide d’exemples observés à Tokyo et ailleurs au Japon. En lien avec chaque typologie, un texte éditorial s’insère pour rendre compte plus en profondeur des découvertes, des discussions, des faits fascinants et des thèmes tangentiels se rattachant à chaque type de manière plus intime. Tout au long de la lecture, il est possible de se référer à un glossaire des idées mises de l’avant, ce qui permet de s’adresser à un public SOXV�J«Q«UDO��GH�VLWXHU�OD�U«ŴH[LRQ�DX�QLYHDX�WK«RULTXH�HQ�SOXV�GH�IDLUH�U«I«UHQFH�¢�GHV�VRXUFHV�D\DQW�JXLG«�OD�U«ŴH[LRQ24��(QƓQ��cette recherche servira de base pour des explorations à Montréal et ailleurs.

2. Géographie, configuration territoriale, parcours25

2.1 Organisation des îles principales7URLV�«O«PHQWV�SULQFLSDX[�H[SOLTXHQW�OHV�FRQƓgurations territoriales MDSRQDLVHV��OōRUJDQLVDWLRQ�I«RGDOH��OH�FDUDFWªUH�LQVXODLUH�HW�OH�UHOLHI�DFFLGHQW«�GX�SD\V��&HV�FDUDFW«ULVWLTXHV�RQW�ODUJHPHQW�LQŴXHQF«�OD�répartition serrée des villes sur le territoire, la position des axes de transit ainsi que les dynamiques régionales toujours en place. Le passé féodal s’échelonne sur une période de 700 ans alors que le Japon n’est pas encore un pays uni. Le territoire est alors divisé en VHSW�U«JLRQV�HW����SURYLQFHV��/D�PDMRULW«�GHV�WHUULWRLUHV�RFFXS«V�VH�trouvent dans les plaines, au pied des reliefs accidentés composant l’intérieur des terres. Un grand nombre de communautés se trouvent isolées par les éléments topographiques, ce qui favorise le maintien de régionalismes et les contacts limités dans le temps. À cette époque, les montagnes sont des lieux sacrés procurant des U«VHUYHV�GōHDX�IUD°FKH�QRWDPPHQW�SRXU�OD�FXOWXUH�GX�UL]��(OOHV�VRQW�peu fréquentées sauf par les pèlerins visitant les temples shintô qui y sont construits en hauteur au coeur de forêts majestueuses. Encore aujourd’hui, le plus clair de la population japonaise s’entasse le long GHV�F¶WHV�HW�OD�IRU¬W�UHFRXYUH�SUªV�GHV�GHX[�WLHUV�GH�OD�VXSHUƓFLH�GX�SD\V��/D�ORJLTXH�DJUDLUH�HVW�EDV«H�VXU�OD�FXOWXUH�GX�UL]��&HWWH�stratégiede développement a eu comme répercussion de laisser YLGHV�OHV�]RQHV�PRQWDJQHXVHV�TXL�QōRQW�SDV�P¬PH�«W«�XWLOLV«HV�pour l’élevage du bétail. ��

À la base, les villes et villages se sont organisés selon les lignes de partage des eaux et des bassins versants, éléments essentiels SRXU�OōDOLPHQWDWLRQ�HQ�HDX�GHV�UL]LªUHV��&HWWH�OLPLWH�QDWXUHOOH�HVW�encore aujourd’hui un découpage administratif entre localités et a pour but la distribution équitable de cette richesse essentielle DX�G«YHORSSHPHQW��/D�GLIƓFXOW«�¢�UHOLHU�SDU�OōLQW«ULHXU�GHV�WHUUHV�les villes situées en contrebas des montagnes explique les rares liens routiers traversant les montagnes et la préférence pour les connections maritimes ou le long du littoral. Comme l’organisation féodale favorisait l’introversion de chacun des daimyo27, les échanges entre les seigneuries étaient peu fréquents. Chaque daimyo avait une dynamique intérieure forte où les ressources de son territoire revenaient en partie au seigneur. En échange d’une redevance, le seigneur offrait une protection à ses sujets, la proximité des villes ne posait aucun problème, sauf dans les cas de JXHUUHV�GH�FRQTX¬WH�HW�GH�FRQŴLW�VXU�OH�SDUWDJH�GH�OōHDX��/RUVTXH�OH�V\VWªPH�I«RGDO�HVW�DEROL�����������VXLYDQW�OD�UHVWDXUDWLRQ�GH�0HLML��les villes en place émergent avec de nouvelles relations les unes par rapport aux autres.

À l’aube de la restauration, le territoire et les villes répondent à trois ORJLTXHV�GLII«UHQWHV��FH�TXL�LQŴXHQFHUD�JUDQGHPHQW�OD�UDSLGLW«�de leur développement et la conservation d’attributs locaux. Il y a GRQF�OHV�WHUULWRLUHV�GLUHFWHPHQW�JRXYHUQ«V�SDU�OH�VKRJ½Q��OHV�ƓHIV�indépendants du shogûn et les seigneuries indépendantes. Après la destitution du shogûn, les territoires anciennement gouvernés tombent sous la responsabilité du gouvernement de Meiji et E«Q«ƓFLHQW�SOXV�UDSLGHPHQW�GōXQH�OLEHUW«�SRXU�FRQVWUXLUH�GHV�installations portuaires et des usines. Ces villes ont donc eu une longueur d’avance sur les autre villes du pays, ce qui leur a permis de prospérer rapidement. C’est le cas de Tokyo, Osaka, Yokohama, Kobe, Kyoto et de Nagoya. Les villes portuaires d’Hakodate, Nîgata, Yokohama, Shimoda, Osaka et Nagasaki seront les premiers SRUWV�RXYHUWV�DX�FRPPHUFH�LQWHUQDWLRQDO�HW�E«Q«ƓFLHURQW�GōXQ�foisonnement d’activités économiques et recevront en premier GHV�LQŴXHQFHV�LQWHUQDWLRQDOHV�DX[�QLYHDX[�FXOWXUHO�HW�VFLHQWLƓTXH��Localement, cela stimule l’émergence de villes voisines qui E«Q«ƓFLHQW�GH�FHWWH�SUR[LPLW«�DX[�YLOOHV�«PDQFLS«HV��&HV�dernières deviendront éventuellement des concurrentes aux villes originalement avantagées.

Si la proximité des villes prospères peut parfois nuire à l’une ou l’autre d’entre elles, elle offre aussi certains avantages. Par exemple, certains désastres ont parfois touché une ville tellement durement que le prochain centre à proximité prend le relais (Nagasaki et Fukuoka). À d’autres occasions, cette proximité produit des situations de codépendance où chaque ville conserve les spécialités qui sont complémentaires à celles de sa voisine (Tokyo et Yokohama).

Géographie, configuration territoriale et parcours25

10 11

2.2 Villes visitées et situation démographiqueUne tendance vers la décroissance démographique s’observe dans la majorité des villes visitées. À la lumière des recherches effectuées, il semble que la majorité des villes à faible croissance positive utilisent des stratégies de fusions avec les villes et les villages environnants pour conserver un chiffre positif. D’autre part, la région de Tokyo reçoit une partie de la population rurale en exode, ce qui lui permet de conserver sa croissance avec toutefois un certain ralentissement déjà amorcé.

1.

2.

3.

4.

5.6.

7.

8.

9.

10.11.

12.13.14.15. 16.

17.

18.

19.20.

21.23.

25.

24.

26.27.

28.

29.

30.

31.

32.

33.

22.

34.

36.

35.

12 13

Fig.1Carte des villes japonaises visitées selon leur situation

démographique actuelle de croissance ou de décroissance

1. Tokyo +2. Fukuoka 3. Nagasaki — +4. Kagoshima + 5. Miyakonojo — + 6. Miyazaki — 7. Kumamoto — + 8. Beppu — 9. Kitakyûshû — 10. Yawatahama 11. Matsuyama + 12. Kobe — + 13. Osaka — + 14. Okayama — + 15. Ôno — 16. Naoshima — 17. Takamatsu — + 18. Tokushima — +19. Yokohama + 20. Kamakura — + 21. Fuji — + 22. Hamamatsu — + 23. Okazaki — 24. Nagoya — +25. Saitama + 26. Mito — 27. Hitachi — + 28. Kitaibaraki — 29.Sapporo — + 30. Muruoran — 31. Hakodate — 32. Niseko — + 33. Otaru —34. Machida +35.Chiba + 36. Nagano — +

+ —

3. Espace et lieu en occident et au Japon3.1 Définir le terrain vague

YLGH� XUEDLQ�� HQWUH�GHX[�� ]RQH� JULVH�� ]RQH� LQG«WHUPLQ«H��espace intérimaire, interstice, espace résiduel, espace libre, espace non bâti, friche urbaine, terrain inoccupé, terrain YDFDQW��WHUUH�LQFXOWH��]RQH�XUEDLQH�QRQ�FRQVWUXLWH��WDEXOD�UDVD��]RQHV� DXWRQRPHV�� G«VHUWV� XUEDLQV�� OLHX[� DQRQ\PHV�� OLHX[�GōLQFHUWLWXGH��]RQHV�DXWRQRPHV��WHUUDLQ�FRQWDPLQ«��YDFXXP28

Les termes énumérés ci-haut sont souvent utilisés de manière LQWHUFKDQJHDEOH�SRXU�IDLUH�U«I«UHQFH�¢�OōHVSDFH�GX�mbWHUUDLQ�YDJXHb}�et sont tirés d’un article écrit par Gil Doron, dans lequel il traite de l’ambiguïté du terrain vague, non seulement quant à son aspect physique, mais aussi par rapport à sa dénomination. Par exemple, le GLFWLRQQDLUH�/DURXVVH�G«ƓQLW�OH�WHUUDLQ�YDJXH�FRPPH�XQ�mbWHUUDLQ�¢�SUR[LPLW«�GōXQH�DJJORP«UDWLRQ�TXL�QōHVW�QL�FXOWLY«�QL�FRQVWUXLWb}29.

Dans la littérature, le terrain vague réfère généralement à une friche ou un lieu marginal, abandonné ou semi-abandonné, sans SU«VHQFH�KXPDLQH�RIƓFLHOOH�HW�VLWX«�GDQV�GHV�]RQHV�HQ�G«FOLQ�RX�en périphérie de centres importants d’activités. Il est intéressant de QRWHU�GDQV�OD�G«ƓQLWLRQ�GX�/DURXVVH�OōDVSHFW�QRQ�FRQVWUXLW�HW�QRQ�FXOWLY«��&HWWH�G«ƓQLWLRQ�VXSSRVH�TXH�OHV�WHUUDLQV�YDJXHV�VRQW�GHV�espaces désactivés et passifs, en marge des dynamiques sociales. Pour qu’un terrain vague conserve sa dénomination, il faudrait qu’il GHPHXUH�QRQ�E¤WL�HW�QRQ�FXOWLY«��7RXMRXUV�VHORQ�FHWWH�G«ƓQLWLRQ��OD�seule présence d’une construction en ferait soudainement un lieu GōXQ�DXWUH�UHJLVWUH��SOXV�IDFLOHPHQW�FODVVLƓDEOH��0DLV�TXōHQ�HVW�LO�YUDLPHQW"�6HORQ�6RO¢�0RUDOHV�HW�/XF�/«YHVTXH��OD�G«ƓQLWLRQ�GX�terrain vague se précise et s’enrichit d’une dimension conceptuelle qui renvoie à l’imaginaire et à sa potentialité comme espace de liberté. Solà-Morales remarque leur apparition massive dans les HVVDLV�SKRWRJUDSKLTXHV�LVVXV�GHV�DQQ«HVb������,O�VōDJLW�SRXU�OXL�d’une forme de documentation de la période de désordre qui a VXLYL�OD�6HFRQGH�*XHUUH�PRQGLDOH��VS«FLƓTXHPHQW�GDQV�FHUWDLQHV�grandes capitales, comme Tokyo, fracturées par les bombardements. ,O�TXDOLƓH�FHWWH�GRFXPHQWDWLRQ�GH�mbQRXYHOOH�FDUWRJUDSKLH�GHV�HVSDFHV�XUEDLQVb}��&HV�HVSDFHV�R»�UªJQH�OōLQG«WHUPLQ«�QH�IRQW�DORUV�SDV�H[FHSWLRQ�HW�VRQW�ELHQ�SOXV�TXH�GHV�]RQHV�QRQ�E¤WLHV��&KRVH�FHUWDLQH��FH�VRQW�GHV�]RQHV�LQW«ULPDLUHV�

D’un point de vue linguistique, les racines étymologiques de mbWHUUDLQ�YDJXHb}�VRQW�«FODLUDQWHV�¢�FH�VXMHW��/H�PRW�mbWHUUDLQb}�SRVVªGH�davantage de qualités urbaines que son équivalent anglais land. Le terrain déborde des limites d’un site et suggère un lieu moins

l’objet d’une recherche par le groupe d’architectes new-yorkais Interboro partners intitulée Arsenal of Inclusion and Exclusion. Dans cette recherche, ils dénombrent les éléments créant la ségrégation dans l’espace urbain. Par exemple, une clôture, un garde, un mur auront tendance à repousser un visiteur cherchant s’approprier un site alors qu’une fontaine, une corde à linge, un trottoir, une échelle HW�XQH�SDQFDUWH�mb¢�YHQGUHb}�DXURQW�OōHIIHW�LQYHUVH���JDOHPHQW��OHV�forces de l’ordre viennent souvent changer le potentiel d’un site en le rendant inhospitalier.

3.3 Que faire de ces lieux indéterminés?6RO¢�0RUDOHV�VRXOLJQH�XQ�DVSHFW�FUXFLDO�GH�OōHVSDFH�XUEDLQb��FHOXL�ci témoigne des dynamiques socio-économiques en place. Alors TXH�OHV�QRXYHOOHV�LQWHUYHQWLRQV�SODQLƓ«HV�VRQW�FRQVWUXLWHV�SRXU�répondre à des besoins anticipés ou formulés dans le passé, les terrains vagues s’inscrivent, eux, dans l’hyperprésent, ils s’adaptent DX[�ŴX[�XUEDLQV�HW�DX[�EHVRLQV�FKDQJHDQWV�HQ�WHPSV�U«HO��'DQV�FHWWH�SHUVSHFWLYH��OHV�WHUUDLQV�YDJXHV�VRQW�GHV�LQWHUIDFHV�UHŴ«WDQW�en simultané l’état d’un lieu et l’état global de la ville. Toutefois, la nature imprécise et souvent chaotique des terrains vagues donne à ceux-ci une connotation négative. Ils constituent un terreau fertile pour les peurs et les insécurités associées à la ville post-industrielle en déclin, mais élargissent également le domaine du possible en stimulant l’imaginaire. Au-delà de leur capacité à nourrir l’imaginaire collectif, ces lieux temporaires ont-ils un rôle à jouer? Que faire de ces lieux au moment de leur prise en charge?

La nature fondamentalement temporaire des terrains vagues fait en sorte qu’on ne cherche pas à les consolider, mais leurs qualités pourraient bien se révéler utiles à la collectivité. Plus encore, ces espaces de liberté sont importants dans la ville et doivent être maintenus, non pas dans une logique immobiliste, mais précisément dans la reconnaissance de leur nature imprécise qui DSSHOOH�QDWXUHOOHPHQW�¢�OōH[S«ULPHQWDWLRQ��6RO¢�0RUDOHV�DIƓUPH�que les architectes, trop préoccupés par le besoin d’introduire dans le monde des espaces acceptables, stables et limpides, parviennent mal à rendre justice à la potentialité des terrains vagues. Selon lui, l’architecture en tant que discipline a comme mandat de créer l’ordre, sans considération pour les particularités d’un lieu. Ce constat l’amène à proposer que les spécialistes de l’architecture et du design se repositionnent de manière critique en étudiant d’abord la contribution qualitative positive des lieux indéterminés à OD�YLOOH��SRXU�HQVXLWH�YDORULVHU�FHV�OLHX[bmbDXWUHVb}�FRPPH�FDWDO\VHXUV�de créativité. Il faudrait alors résister à une approche privilégiant l’expérience visuelle cherchant à donner forme à tout prix et viser

G«ƓQL��HQ�DWWHQWH�GōXQ�G«YHORSSHPHQW�RX�GōXQH�TXDOLƓFDWLRQ��/H�mot vague est pour sa part plus ambigu. Il renvoie à une série de concepts multiples et proches dans leur sens. La racine latine vacuus de vague en français rappelle l’idée de vide et de disponibilité alors que vagus du latin introduit l’idée de l’indéterminé, de l’imprécision HW�GH�OōLQFHUWLWXGH��/D�ULFKHVVH�FRQFHSWXHOOH�GH�OōH[SUHVVLRQ�mbWHUUDLQ�YDJXHb}�WLHQW�GH�OD�GXDOLW«�GH�VD�G«ƓQLWLRQb��MX[WDSRVDQW�OD�VSDWLDOLW«�d’un lieu déterminé physiquement à l’imprécision de son usage HW�GH�VRQ�U¶OH�GDQV�OD�YLOOH��/HV�WHUUDLQV�YDJXHV�VRQW�GHV�]RQHV�indéterminées certes, mais pas elles ne sont pas nécessairement étrangères aux dynamiques urbaines et à la vie des collectivités DYRLVLQDQWHV��&HV�HVSDFHV�VH�VLWXHQW�HQWUH�GHX[�«O«PHQWV�TXDOLƓ«V�RX�DX[�OLPLWHV�GōXQH�]RQH��/HXU�LQW«ULRULW«�WUDQVJUHVVH�OHV�QRWLRQV�du public et du privé et déborde de la notion de l’ouvert/fermé; ils VH�WURXYHQW�GDQV�XQH�]RQH�JULVH�WDQW�FRQFHSWXHOOH�TXH�IRUPHOOH��Sur le plan fonctionnel, ils ne présentent pas de programme DUFKLWHFWXUDO�RX�GōXVDJH�RIƓFLHOV��LOV�QH�VHPEOHQW�SDV�U«JLV�SDU�une réglementation claire. S’ils sont appropriés, c’est de manière informelle pour abriter des activités ne cadrant pas avec l’identité originale du lieu. Ils sont en rupture temporelle de manière FRQWLQXH�RX�GH�PDQLªUH�LQWHUPLWWHQWH�HW�QH�E«Q«ƓFLHQW�SDV�GōXQ�statut historique comme dans le cas d’une ruine ou d’un bâtiment historique. Plus encore, leur futur est incertain et ils sont sujets à des changements constants. Leur esthétique est celle du désordre et de OōRUGLQDLUH�HW�VōRSSRVH�DX�JUDQGLRVH�HW�DX�SODQLƓ«��/HXU�FRQƓJXUDWLRQ�VSDWLDOH�YDULHb��LO�SHXW�VōDJLU�GōXQ�HVSDFH�RXYHUW��GōXQ�WHUUDLQ�YDFDQW��d’une infrastructure abandonnée, d’espaces à peine accessibles ou d’espaces hyper accessibles, mais ambigus dans leur rôle. Ils sont parfois le résultat d’un découpage des terres ou d’une superposition d’infrastructures ayant produit des espaces résiduels aux géométries marginales. Bien que les terrains vagues soient vus par plusieurs comme des lieux latents attirant un certain désordre public, d’autres encore reconnaissent leur potentiel lorsqu’ils se trouvent en marge d’un contexte standardisé et d’environnements bâtis contrôlés.

3.2 Terrain vague : permission et libertéLa question de permission, de réglementation et de liberté est primordiale dans le cas des terrains vagues. Il s’agit de la liberté que l’on s’accorde vis-à-vis d’un lieu indéterminé. Alors que ce dernier semble délaissé par son propriétaire, il est en quelque sorte offert à la ville et à ses citadins temporairement. Un espace visiblement vacant n’est pourtant pas toujours approprié, car il est possible que son contexte n’inspire pas la liberté. Certains dispositifs d’inclusion ou d’exclusion sont présents partout dans la ville et modulent le caractère accueillant d’un terrain vague. Ces dispositifs font d’ailleurs

plutôt une approche basée sur l’expérience et englobant tous les VHQVb�

mb :KHQ� DUFKLWHFWXUH� DQG� XUEDQ� GHVLJQ� SURMHFW� WKHLU� GHVLUH�onto a vacant space, a terrain vague, they seem incapable of doing anything other than introducing violent transformations, FKDQJLQJ� HVWUDQJHPHQW� LQWR� FLWL]HQVKLS�� DQG� VWULYLQJ� DW� DOO�costs to dissolve the uncontaminated magic of the obsolete in WKH�UHDOLVP�RI�HIƓFDF\��7R�HPSOR\�D�WHUPLQRORJ\�FXUUHQW�LQ�WKH�DHVWKHWLFV�XQGHUO\LQJ�*LOOHV�'HOHX]HōV�WKLQNLQJ��DUFKLWHFWXUH�LV�forever on the side of forms, of the distant, of the optical and WKH�ƓJXUDWLYH��ZKLOH�WKH�GLYLGHG�LQGLYLGXDO�RI�WKH�FRQWHPSRUDU\�city looks for forces instead of forms, for the incorporated instead of the distant, for the haptic instead of the optic, the UKL]RPDWLF�LQVWHDG�RI�WKH�ƓJXUDWLYHb}30

Plus encore, Solà-Morales propose que les terrains vagues soient respectés pour les îlots précieux qu’ils forment au cœur GōHQYLURQQHPHQWV�RSSUHVVDQWV�VXUSODQLƓ«V��,O�LQVLVWH�VXU�OH�IDLW�TXH�la perte de ces vides urbains est l’événement le plus regrettable des villes en croissance. Cette position suggère l’émergence de QRXYHDX[�SDUDGLJPHV�GDQV�OHV�SUDWLTXHV�GH�SODQLƓFDWLRQ�XUEDLQH��Dans le même ordre d’idée, Gil Doron suggère de concevoir les terrains vagues comme des paysages transgressifs où la nature aurait elle-même amorcé la reconstruction. Pour Luc Lévesque qui a étudié la question des terrains vagues et mis en place des interventions urbaines en collaboration avec son collectif SYN, les terrains vagues constituent des espaces de liberté, de spontanéité et de créativité où l’appropriation informelle peut offrir une option alternative à l’expérience rigide de la ville. Comme fait urbain, le terrain vague réfère à l’interstice dont la principale caractéristique HVW�GH�VH�WURXYHU�HQWUH�GHX[�FKRVHVb��HQWUH�GHX[�YRFDWLRQV��GRQF�temporaire, mais aussi entre deux espaces davantage standardisés HW�FRQWU¶O«V��&HWWH�G«ƓQLWLRQ�GX�WHUUDLQ�YDJXH�HQJOREH�OōLG«H�GH�OōHVSDFH�WHPSV�HW�GHV�YDULDWLRQV�GH�ŴX[��3RXU�OXL��OH�WHUUDLQ�YDJXH�G«SHQG�GHV�ŴXFWXDWLRQV�GX�PDUFK«�HW�HVW�DX[�SUHPLªUHV�ORJHV�GHV�pressions sociales, foncières, climatiques et légales. Le rôle qu’il joue dans la ville est celui d’un écosystème se liant au paysage par sa nature relative, fuyante et changeante. Deux attitudes polarisent DFWXHOOHPHQW�OH�G«EDW�VXU�FHV�OLHX[�mbDXWUHVb}b��mbOD�SUHPLªUH�FRQVLVWH�à s’insurger contre le désordre qu’ils représentent dans la ville; la seconde souligne au contraire leur intérêt potentiel comme espace de liberté au sein d’un environnement urbain de plus en plus QRUPDOLV«�HW�SROLF«b}�31 Encapsuler les terrains vagues en réserves protégées compromettrait leur potentiel créatif et aurait aussitôt raison de leur identité sauvage. La question des terrains vagues

Espace et lieu en occident et au Japon

14 15

16 17

Fig. 2Terrain vague à Osaka

18 19

Fig. 3$UEUH�HQ�ŴHXU��FXOWXUH�GH�Oō«SK«PªUH�

GDQV�XQ�FRQWH[WH�GH�SODQLƓFDWLRQ�XUEDLQH�HVW�GRQF�SUREO«PDWLTXH��Comme le notent Patrick Barron et Manuela Mariani dans leur ouvrage Spatial Dynamics and Cultural Manifestations of Residual Spaces, cette problématique encore non résolue par la profession DUFKLWHFWXUDOH�SHUPHW�WRXW�GH�P¬PH�GōDPRUFHU�XQH�U«ŴH[LRQ�VXU�OD�valeur de l’intermédiaire et de souligner l’importance des espaces marginaux pour la créativité.

3.4 La permanence et le temporaire Une grande différence existe entre l’Occident et le Japon quant aux approches en conservation architecturale. Comme le souligne Murielle Hladik, architecte et docteure en philosophie, l’Occident privilégie une approche de conservation en regard de l’éventuelle GLVSDULWLRQ�GH�OD�mbVXEVWDQFH�PDW«ULHOOHb}��&HWWH�GHUQLªUH�HVW�considérée comme étant le témoin de l’identité et de l’histoire d’une FLYLOLVDWLRQ��$X�-DSRQ��OD�QRQ�SHUPDQHQFH�HVW�SULYLO«JL«Hb�

mb7DQGLV�TXH�OH�YHVWLJH�GHV�PRQXPHQWV�HQ�SLHUUH�D�«W«�YDORULV«�dans les cultures occidentales, donnant naissance à un véritable culte des ruines (Der modern Denkmalkultus, Alois 5LHJO�� ������� GDQV� OD� FXOWXUH� MDSRQDLVH�� OHV� «GLƓFHV� HQ� ERLV�(temples, sanctuaires et habitations) ont été très régulièrement entretenus et démontés. L’absence de vestiges n’est pas seulement structurelle – liées aux techniques de constructions traditionnelles et aux matériaux, le bois qui se détériore UDSLGHPHQW� Ŋ�� PDLV� VXUWRXW�� IRQGDPHQWDOHPHQW�� FXOWXUHOOHb ��OōDFFHQW�HVW�SODF«�DYDQW�WRXW�VXU�OD�QRQ�VXEVWDQWLDOLW«�b}32

Cette tendance à voir en toute chose son aspect éphémère favorise au Japon une culture de la mémoire soutenue notamment par les éléments intangibles de la tradition orale et de la poésie. Comme l’indique Hladik, l’héritage bouddhiste japonais a favorisé l’émergence d’une pensée acceptant le temporaire. Cette approche est représentée dans l’un des grands classiques de la littérature MDSRQDLVH�P«GL«YDOHb��+HLNH�PRQRJDWDUL33, un texte issu de la WUDGLWLRQ�RUDOH�MDSRQDLVH�HW�UHFXHLOOL�YHUV�����b��mb'X�PRQDVWªUH�GH�Gion le son de la cloche, de l’impermanence de toutes choses est OD�U«VRQDQFHb}34. Ainsi, même si la cloche du monastère a disparu de son emplacement depuis des centaines d’années, la trace du son résonne encore dans la mémoire des habitants. Son absence déclenche une commémoration et se fait présence. De même, OōKLVWRLUH�UDFRQWH�TXōDORUV�TXH�OH�SRªWH�HW�SHQVHXU�.DPR�QR�&KĊPHL�s’exile de la capitale pour vivre en ermite dans les montagnes, il WURXYH�ORJLV�GDQV�XQ�OLHX�WHPSRUDLUHb��

mb>ř@�VD�GHUQLªUH�GHPHXUH�QōHVW�TXōXQ�HUPLWDJH�DX[�GLPHQVLRQV�WUªV� U«GXLWHV�� 3RV«� VXU� OH� VRO�� VDQV� IRQGDWLRQV�� Oō«GLƓFH� HVW�

tandis que Kuma Kengo retrouve un intérêt pour des matériaux fragiles et éphémères. Les architectes contemporains japonais sont donc particulièrement sensibles et attentifs à faire ressurgir dans leurs œuvres, les questions de passage du temps, d’éphémère, de reconstruction périodique, voire des processus de patine qui sont intégrés dès le départ dans le processus de conception. Si ces questions de cycle de vie des matériaux et de durabilité sont aujourd’hui, d’une manière internationale, des questions totalement d’actualité, la notion d’éphémère apparaît FRPPH� XQH� QRWLRQ� SOXV� VS«FLƓTXHPHQW� G«YHORSS«H� VXU� OD�VFªQH�MDSRQDLVHb}37

$X�FRXUV�GX���H�VLªFOH��OōLPSHUPDQHQFH�FRQWLQXH�¢�G«ƓQLU�OH�paysage des villes japonaises, mais suivant d’autres impératifs. Comme le souligne professeur Hidenobu Jinnai de l’université Hosei, Tokyo est en constante restructuration. Elle s’est reconstruite de manières successives à la suite de plusieurs événements-chocs qui ont bouleversé le pays et la ville. Le grand tremblement de terre de Kantô en septembre 1923 a eu raison d’un grand nombre de constructions. Un grand feu, parmi plusieurs autres dans l’histoire, a alors ravagé la région de Tokyo et de Yokohama et a eu raison d’un grand nombre de constructions de bois. Puis, en 1945, la situation devient critique. La destruction résultant des bombardements durant la Seconde Guerre mondiale nécessite la reconstruction d’immenses secteurs de nombreuses villes japonaises. En plus de Hiroshima et Nagasaki qui ont été complètement détruites, tout le territoire japonais est fracturé par les bombardements. Tokyo HVW�G«WUXLWH�¢���b���<RNRKDPD�¢���b���'L[�VHSW�DXWUHV�YLOOHV�VRQW�WRXFK«HV�HQWUH����HW���b���HQ�SOXV�GH�GL]DLQHV�GH�YLOOHV�UDYDJ«HV�¢�PRLQV�GH���b��39

mb7RN\R�DSSHDUV�WRGD\�DV�D�FLW\�WKDW��OLNH�WKH�SKHRQL[�UHFRQVWUXFWHG�itself from the ashes. Although its high-tech image provoques futuristic sensations when seen from the surface, the city keeps DQ�XUEDQ�VWUXFWXUH�FRPLQJ�IURP�WKH�(GR�3HULRGb}40

De plus, les règles en matière sismique sont strictes et ont mené à des vagues de démolitions de nombreux bâtiments d’à peine 40 ans jugés non sécuritaires. En outre, la valeur foncière étant très haute, LO�GHYLHQW�GLIƓFLOH�GH�MXVWLƓHU�OH�PDLQWLHQ�GōXQH�LQIUDVWUXFWXUH�MXJ«H�inadéquate. En plus des traits culturels et des mesures liées au risque sismique, plusieurs raisons expliquent ce phénomène radical de constant renouveau parce que le statut de capitale moderne que possède Tokyo pousse la ville à correspondre à une identité empreinte de changement et de progrès.

mb >ř@� FRPSDUHG� WR� *HUPDQ\�� IRU� H[DPSOH�� ZKHUH� JUHDW�emphasis is placed on preserving the architectural fabric

SHQV«� FRPPH� S«ULVVDEOHb �� XQ� DVVHPEODJH� GH� SLªFHV� TXL�� WHO�un jeu de construction potentiellement démontable, pourrait très facilement être déplacé pour être remonté dans un autre HQGURLW�� /D� FRQVFLHQFH� GH� OōLPSHUPDQHQFH� �PXMĊ�� HW� GōXQ�habiter provisoire qui caractérise le pavillon d’ermitage isolé à l’écart du monde trouvera ensuite son aboutissement dans la VREUL«W«�HW�Oō«FKHOOH�U«GXLWH�GX�SDYLOORQ�GH�WK«b}35

&RPPH�Oō«FORVLRQ�GH�OD�ŴHXU�VXSSRVH�VD�GLVSDULWLRQ�SURFKDLQH��OD�culture japonaise possède la conscience que le présent n’est qu’une succession d’événements temporaires. Cette notion s’illustre avec l’exemple du célèbre sanctuaire d‘Ise, démoli puis reconstruit tous les vingt ans. En plus d’une approche favorisant la temporalité, on constate au Japon une logique hyperfonctionelle et hyperréaliste. La convention occidentale voulant que le bâtiment survive à son SURJUDPPH�LQLWLDO�HVW�LQYHUV«Hb��XQ�FKDQJHPHQW�GH�SURJUDPPH�MXVWLƓH�VRXYHQW�XQH�G«PROLWLRQ�FRPSOªWH�SRXU�GHV�UDLVRQV�GH�FR½WV��de standards sismiques et d’efforts à fournir pour maintenir un bâtiment en état. D’ailleurs, les démolitions fréquentes remplacées par de nouvelles constructions composent une ville avec une moyenne d’âge de moins de trente ans. Malgré tout, certains éléments du passé subsistent. Les nouveaux bâtiments composant la ville se soumettent à un tissu urbain complexe qui provient d’aussi loin que de l’époque d’Édo.

L’ouverture du Japon à une économie mondiale et son entrée dans la modernité aurait eu pour effet une certaine dissolution du sens de l’impermanence. À ce sujet, un essai datant de 1942 du philosophe Kobayashi Hideo intitulé Qu’est-ce que l’impermanence�� examine cette question. Il propose que les changements apportés par la modernité ont eu pour effet une perte du sens de ce qui est temporaire37. Cet effritement annoncé n’aurait toutefois pas encore eu raison de cette approche, comme le suggère Muriel Hladik. Plus encore, ils constituent en quelque sorte l’essence de l’approche MDSRQDLVHb�

mb 3URIRQG«PHQW� LQW«JU«H� GDQV� OōHVWK«WLTXH� MDSRQDLVH�� FHWWH�notion bouddhique d’impermanence va trouver un écho renouvelé dans la pratique des artistes, architectes, designers et paysagistes contemporains. Les architectes contemporains se réfèrent directement à ces notions d’impermanence et d’immatérialité, mais aussi de légèreté et de fragilité, notions TXL� U«DSSDUDLVVHQW� GDQV� OHV� ĐXYUHV� GH� 6HMLPD� HW� 1LVKL]DZD��,VKLJDPL� -XQ� HW� ELHQ� GōDXWUHV�� 'ªV� OHV� DQQ«HVb ������ ,WĊ� 7R\Ċ�faisait de la notion d’éphémère un leitmotiv de son architecture. Ban Shigeru réactualise une architecture modulaire et transportable faite à partir d’éléments préfabriqués et DVVHPEO«V��U«DFWXDOLVDWLRQ�GH�OōDUFK«W\SH�GH�.DPR�QR�&KĊPHL��

of cities and as a result the image of the city, the Japanese approach to architecture and urban planning is marked by a tendency to radically modernise urban space – the same as in China, as is shown by the spectacular restructuring of Shanghai and Beijing. In the past few decades innumerable residential areas full of traditionally built wooden houses have been replaced by apartment blocks and large-scale construction projects that have added a concrete architectural note to Tokyo’s LPDJH�DV�D�JOREDO�FLW\�b}�41

Plusieurs projets de renouvellement sont également stimulés par l’effet tabula rasa des destructions de la Seconde Guerre mondiale. 4XRL�TXōLO�HQ�VRLW��OHV�G«PROLWLRQV�HW�UHFRQƓJXUDWLRQV�QōRQW�SDV�totalement effacé les tracés urbains hérités du 17e et 18e siècle. Ceux-ci se caractérisent par des rues étroites et non linéaires, par de nombreux canaux apportant l’eau au cœur de la ville et structurant la forme urbaine. Le développement par collectivités est privilégié. Cela se traduit par une logique organisant la ville de manière parcellaire et sectorielle plutôt que de manière uniforme et univoque. Concrètement, cette attitude permet le maintien de certaines saveurs locales. Cela témoigne d’une approche de l’urbanisme favorisant les petites actions plutôt que les grandes réorganisations, ce qui rend GLIƓFLOH�OD�SODQLƓFDWLRQ�HW�OōXQLƓFDWLRQ�GH�OD�YLOOH��GōDXWDQW�SOXV�TXH�chaque district est régi par une mairie différente.

Somme toute, les villes d’Occident diffèrent des villes japonaises en ce qui concerne le caractère temporaire des habitations. Bien souvent en Occident, les bâtiments sont perçus comme des biens permanents porteurs de mémoire et d’identité. Cet a priori devient évident en situation de décroissance où d’abandon puisque la mémoire d’une communauté est supportée par le maintien des infrastructures jugées VLJQLƓFDWLYHV��&HOD�PªQH�¢�GHV�FDPSDJQHV�FKHUFKDQW�¢�UDOOLHU�OD�SRSXODWLRQ�SRXU�VDXYHJDUGHU�GHV�LQIUDVWUXFWXUHV�MXJ«HV�VLJQLƓDQWHV�

3.5 Principes de beauté et de forme Les principes de beauté et de forme dans l’architecture japonaise trouveraient leurs fondements dans les sanctuaires, temples et bâtiments résidentiels traditionnels. Selon le professeur Teruaki 0DWVX]DNL�GH�OōXQLYHUVLW«�0HLML�¢�7RN\R��WURLV�«léments sont constants HW�G«ƓQLVVHQW�OHV�IRQGHPHQWV�GH�OōDUFKLWHFWXUH�MDSRQDLVH��,O�VōDJLW�GX�FRQFHSW�GH�bP¤��GH�OōDPELJX±W«�WHPSRUHOOH�HW�GH�OōDIƓQLW«�DYHF�OD�nature. Ici, mâ demande à être exploré plus avant, non seulement HVW�LO�GLIƓFLOH�¢�FRPSUHQGUH��PDLV�LO�IRUPH�DXVVL�XQ�FRQFHSW�primordial. En art, il fait référence à des principes régissant une composition esthétique obtenue par soustraction. Une attention

20 21

22 23

Fig. 4 & 5$UUDQJHPHQWV�GH�ŴHXU�GDQV�XQH�YLWULQH�WHPSRUDLUH�SRXU�G«FRUHU�XQ�FKDQWLHU�GH�construction à Osaka

est portée aux relations entre objets architecturaux plutôt qu’une attention aux objets eux-mêmes. Concrètement, c’est l’action de retirer un élément à une composition pour lui donner plus d’importance. Le vide est ressenti parce que sans lui, l’ensemble QōHVW�SDV�FRPSOHW��(Q�DUFKLWHFWXUH��VD�VLJQLƓFDWLRQ�SHXW�VōDSSDUHQWHU�à l’idée de pause ou d’espace négatif. Donc, mbPDb}�IDLW�U«I«UHQFH�au vide (silence, durée, espace, intervalle, distance) reliant deux éléments et créant parfois une tension intangible. Chacun est alors libre d’interpréter la nature de l’élément manquant.

3.6 L’espace mouvementTel que rapporté dans l’Anthologie critique de la théorie architecturale japonaise par Yann Naussume42, le concept d’espace QōHVW�SDV�XQLYHUVHO��LO�VōDSSOLTXH�VS«FLƓTXHPHQW�¢�OD�FXOWXUH�RFFLGHQWDOH�GH�ODTXHOOH�LO�HVW�LVVX��HW�TXōLPSRUWH�OD�G«ƓQLWLRQ�TXōRQ�en donne, il ne s’applique pas au Japon. Son apparition dans le domaine de l’architecture y est tardive et n’est pas abordée avant OD�6HFRQGH�*XHUUH�PRQGLDOH��$XVVL��VRQ�VHQV�HW�VD�G«ƓQLWLRQ�GDQV�OH�FRQWH[WH�MDSRQDLV�QH�IRQW�SDV�OōXQDQLPLW«�FKH]�OHV�GLII«UHQWV�théoriciens s’y étant intéressés. C’est Inoue Mitsuo qui amorce OD�U«ŴH[LRQ�DYHF�VRQ�RXYUDJH�SXEOL«�HQ�����43. Il explique que mbP¬PH�VL�OH�OLYUH�GH�6LHJIULHG�*LHGLRQ�(VSDFH��7HPSV�HW�$UFKLWHFWXUH�était traduit et accessible au Japon, l’espace continuait à être perçu comme une notion propre à l’architecture moderne et à Oō2FFLGHQWřb}44. L’espace dans la conscience collective au Japon prend la forme d’une superposition en couches rendue possible par la mise en place de différents mécanismes d’ouverture et de fermeture. L’espace n’est donc pas délimité clairement. Contrairement à l’espace rationnel géométrique occidental, l’espace japonais se déploie selon des géométries variables et intègre une quatrième dimension. Inoue Mitsuo nomme cet espace non VWDWLTXH�mbHVSDFH�PRXYHPHQWb}��(Q�SOXV�GH�SUHQGUH�VRQ�VHQV�VHORQ�OHV�XVDJHV�HW�OHV�G«SODFHPHQWV��OōHVSDFH�ŴXFWXH�GDQV�OH�WHPSV��/H�SRVLWLRQQHPHQW�GX�G«EXW�HW�OD�ƓQ�GōXQ�HVSDFH�VRQW�DPELJXV��LO�QōD�pas de forme précise et stable. Cela implique que les programmes architecturaux se chevauchent à l’occasion. L’espace se dessine de manière irrégulière, non hiérarchique, asymétrique et se combine de manière organique et changeante. La nécessité serait à la source de la forme dans le temps45. Les mécanismes en place dans les espaces japonais concrétisent cette attitude en établissant tantôt des relations avec l’extérieur, en s’adaptant au climat changeant et en variant le degré d’intimité requis selon les situations. Concrètement, ce serait l’usage de systèmes constructifs légers en bois qui rend RS«UDWLYHV�OHV�FRQƓJXUDWLRQV�ŴH[LEOHV�VōH[SULPDQW�SDU�OōH[WHQVLRQ�

4. Histoire, société et démographie au Japon 4.1 Phénomènes de décroissance et croissanceLe phénomène de décroissance touche directement les activités d’appropriation des terrains vagues. En situation stable ou de FURLVVDQFH��OH�UDWLR�SRSXODWLRQ�WHUUDLQ�YDJXH�HVW�VXIƓVDQW�SRXU�TXH�ces lieux soient intégrés aux activités des collectivités. À mesure que OHV�YLOOHV�VH�YLGHQW�GH�OHXU�SRSXODWLRQ��OD�PXOWLSOLFDWLRQ�GHV�]RQHV�indéterminées d’une part et la perte d’une base démographique pour les approprier d’autre part entraînent l’abandon. C’est donc dire que le terrain vague contribue positivement à la ville tant qu’il n’est pas surreprésenté.

En 1974, les métabolistes Shimokobe et Kurokawa ont réalisé une analyse diachronique des perspectives de distribution démographique pour le territoire du Japon49. Le mouvement métaboliste composé d’architectes et d’urbanistes propose dès 1959 une réorganisation systématique du territoire japonais nourrie par des prédictions démographiques annonçant une croissance effrénée pour le pays. Ils souhaitent miser sur les avancées technologiques, révolutionner les modes d’habitation traditionnels et maximiser la connectivité du pays pour assurer un avenir prospère. Selon OH�UHFHQVHPHQW�QDWLRQDO�GH���������b��GH�OD�SRSXODWLRQ�U«VLGH�dans les trois plus grandes villes du pays. En utilisant des modèles statistiques et en consultant divers spécialistes de l’histoire du Japon, les métabolistes recomposent différentes époques en terme GōRFFXSDWLRQ�GX�WHUULWRLUH��'DQV�XQH�HQWUHYXH��6KLPRNREH�DIƓUPH�que la tendance générale à vivre en congestion dans les métropoles GDWHUDLW�GH�OōDQb����HW�SHUGXUHUDLW�MXVTXō¢�OōDQb������7RXWHIRLV��il croit que ce modèle atteindra une limite et que la population SRXUUDLW�ELHQ�FKRLVLU�GH�Vō«WDEOLU�HQ�]RQH�UXUDOH�GH�PDQLªUH�SOXV�marquée. Quoi qu’il en soit, ces modèles ne présentent aucun indice de décroissance démographique importante, au moment de ces prédictions, les autorités se préparaient plutôt à affronter une situation de surpopulation critique50.

De nos jours, le Japon présente pourtant des signes de décroissance démographique importante due au vieillissement de la population et au taux de natalité très bas ne permettant pas au Japon de renouveler sa population ou de la garder stable. Le taux de QDWDOLW«�DFWXHOOH�HVW�GH�����b��SDU�IHPPH��FH�TXL�SODFH�OH�-DSRQ�DX����e rang mondial avec une croissance démographique pour �����GH�����b��HW������QDLVVDQFHV�SDU�WUDQFKH�GH������KDELWDQWV������bG«FªV������KDELWDQWV�51. Cette situation est exacerbée par les mouvements démographiques à l’intérieur du pays, lesquels créent des croissances positives en certains points, mais laissent la majorité

GH�OōLQW«ULHXU�YHUV�OōH[W«ULHXU�FDUDFW«ULV«HV�SDU�OD�ŴXLGLW«�DYHF�ODTXHOOH�OōDLU�HW�OHV�SHUVRQQHV�VōLQƓOWUHQW�GDQV�OHV�E¤WLPHQWV��&HV�ŴX[�EURXLOOHQW�OD�QRWLRQ�GH�OLPLWH�HW�GH�VHXLO��$XVVL��LO�GHYLHQW�GLIƓFLOH�GH�IDLUH�FRUUHVSRQGUH�OD�WHPSRUDOLW«�¢�OōHVSDFHb��OH�PRPHQW�R»�OōRQ�VH�WURXYH�¢�OōLQW«ULHXU�YDULH�VHORQ�OHV�FRQƓJXUDWLRQV�HQ�SODFH�HW�OHV�SHUFHSWLRQVb�

mb WKH� -DSDQHVH� VSDFH� LV� EXLOW� WKURXJK� RYHUODSSLQJ� VHYHUDO� EL�GLPHQVLRQDO� SODQHV�� :KLOVW� LQ� :HVWHUQ� DUFKLWHFWXUH� VSDFH� LV�limited by tick heavy walls, in Japanese architecture the space IRU�SHRSOH�LV�REWDLQHG�E\�XVLQJ�mbVKRMLb}��PRELOH�WKLQ�DQG�OLJKW�SDUWLWLRQV�IRUPHG�E\�ZRRG�DQG�SDSHU�IUDPHV�>ř@�,W�GHULYHV�IURP�the need for living in a limited territory - such as the Japanese one - which is poor in raw materials. This approach has improved over time, permitting thus to live confortable also in limited energy saving spaces. It is thanks to this method that the Japanese average residential area is smaller compared with the :HVWHUQ�RQH��,Q�VSLUH�RI�VPDOOHU�GLPHQVLRQV��WKH�XVH�RI�OD\HULQJ�succedes in giving Japanese architecture a sense of opening DQG�ZHOO�RUJDQL]HG�VSDFHb}���

Dans une certaine mesure, les mêmes dispositifs sont présents dans l’espace urbain. Bien que de nombreux éléments statiques aient été bâtis grâce au développement des techniques de mise HQ�IRUPH�GX�E«WRQ��OHV�«O«PHQWV�WUDGLWLRQQHOV�O«JHUV�HW�ŴH[LEOHV�sont toujours perceptibles tandis que d’autres encore s’ajoutent. L’attitude privilégiant les relations entre les espaces n’a pas disparu ni, d’ailleurs, l’intégration de la nature dans les interventions architecturales contemporaines. Ces traits caractéristiques se PDQLIHVWHQW�HQ�VLWXDWLRQ�XUEDLQH�GLWH�mbRUGLQDLUHb}��3DU�H[HPSOH��OD�ŴXLGLW«�HW�OD�FRQWLQXLW«�VRQW�DVVXU«HV�SDU�GHV�PDUJHV�GH���bFP�qui sont souvent obligatoires entre les bâtiments. Ces marges ont pour effet de maintenir un contact visuel entre l’avant et l’arrière d’un lot. La végétation est également toujours présente sous la forme de nombreux jardins en pots disposés sur les voies publiques secondaires qui se poursuivent jusque dans les demeures, élément FRQQHFWHXU�IDLVDQW�Ɠ�GHV�OLPLWHV�GXUHV���'ōDLOOHXUV��+HQUL�/HIHEYUH�s’est prononcé à ce sujet à l’occasion d’un voyage au Japon47. Selon lui, le Japon diffère de l’Occident quant aux pratiques spatiales. Il n’y aurait pas de limites claires entre les espaces privés et publics, OHVTXHOV�RQW�GHV�UHODWLRQV�SOXV�ŴXLGHV��,O�REVHUYH�TXH�mbOD�VRFL«W«�japonaise privatise ce qui semble public à l’esprit occidental (une prière dans un temple, par exemple) et rend symétriquement public ce qui peut sembler privé (les bains publics, si importants dans la VRFL«W«�QLSSRQH�b}48��/D�FRQƓJXUDWLRQ�VSDWLDOH�HVW�DPELJX­�HW�OHV�]RQHV�SXEOLTXHV�SULY«HV�HW�FXOWXUHOOHV�QDWXUHOOHV�QH�VH�GLVWLQJXHQW�pas les unes des autres.

Histoire, société et démographie au Japon

du pays dans un état de décroissance. Également, le Japon a fait le choix de ne pas stimuler la croissance par l’immigration comme l’ont fait plusieurs pays industrialisés. Il ne fait aujourd’hui aucun doute que la grande chute démographique s’opérant partout au Japon a favorisé la croissance de Tokyo.

Malgré la tendance générale à la décroissance, Tokyo compte ��b��GH�OD�SRSXODWLRQ�WRWDOH�GX�SD\V�FRQWUH���b��HQ�������XQ�signe clair d’un changement de paradigme. Or, si la ville de Tokyo présente toujours une croissance positive due aux mouvements de population, des projections démographiques indiquent que le phénomène de décroissance démographique atteindra la mégalopole plus sérieusement dans les années à venir. Selon les projections actuelles, cette décroissance sera toutefois moins accentuée que dans le reste du Japon avec une perte entre 2010 et �����GH����bPLOOLRQV�GōKDELWDQWV��FRQWUH�����bPLOOLRQV�GōKDELWDQWV�pour le reste de la nation nippone52. Comme l’indique une étude réalisée par le laboratoire Ohno dirigé par le professeur Hidetoshi Ohno53, Tokyo aurait déjà amorcé sa décroissance dans certains quartiers. De plus, selon les prédictions actuelles, la ville devrait perdre près d’un quart de sa population d’ici 2050. Cela laisse supposer que le reste du pays connaîtra une décroissance plus prononcée alors que les régions se vident actuellement à la faveur des grandes villes comme Tokyo.

mb 7KH� FRQGLWLRQV� RI� -DSDQHVH� FLWLHV� KDYH� EHJXQ� WR� XQGHUJR�JUHDW� FKDQJHV�� 7KH� ƓUVW� LV� WKH� SRSXODWLRQ� SUREOHP�� ,Q� ������the Japanese population peaked and a long-term population decrease began. In 2050, the population will almost certainly GHFUHDVH� WR� ���� RI� WKH� FXUUHQW� OHYHO��0RUHRYHU�� VHQLRU� FLWL]HQV����� \HDUV� ROG� RU� PRUH�� ZLOO� WKHQ� FRQVWLWXWH� ���� RI� WKH� HQWLUH�population. The dependent population (children and the elderly) ZLOO�LQFUHDVH�IURP�������LQ������XS�WR�������LQ�������)URP�DQ�international viewpoint, shrinking cities are becoming a global reality, and this has become one of the hottest topics in urban design. It is believed that even regions maintaining population growth will sooner or later suffer from population decrease, such DV�&KLQD�ZLWK�LWV�RQH�FKLOG�SROLF\b}54

(QƓQ��OD�SRSXODWLRQ�HQ�H[RGH�YHUV�OHV�JUDQGHV�YLOOHV�HVW�majoritairement jeune et souhaite accéder à la métropole hypermédiatisée qu’est Tokyo. Fascinante, Tokyo symbolise le progrès et offre un marché du travail varié et en essor. L’exode rural QōHVW�SDV�VHXOHPHQW�MXVWLƓ«�SDU�GHV�UDLVRQV�«FRQRPLTXHV��(Q�HIIHW��Tokyo fait entrer ses nouveaux venus dans l’anonymat, ce qui leur permet du même coup de fuir les restrictions sociales des milieux

24 25

ŌTA

SHINAGAWA

MINATO

KŌTŌ

EDOGAWA

KATSUSHIKA

ADACHI

ARAKAWA

TAITŌ

SUMIDA

CHIYO

DA

MEGUROSETAGAYA

SUGINAMI

NERIMANAKANO

BUNKYŌ

SHINJUKU

TOSHIMA

ITABASHIKITA

CHŪŌ

AKIRUNO

SHIBUYA

AKISHIMA

CHŌFU

FUCHŪ

FUSSA

HACHIŌJI

HAMURA

HIGASHI-

KURU

ME

HIGA

SHI-M

URAYAM

A

KIYOSE

HINO

INAGI

KODAIRA

KOGANEI

KOKUBUNJI

KOMAEKUNITACHI

MITAKA

MACHIDA

TAMA

NISHIT

ŌKYŌ

ŌME

HIGA

SHI-YAM

ATO

MUSASHI-MUR

AYAM

A

TACHIKAWA

MUSASHINO

SAITAMA

CHIBA

KANAGAWA

YAMANASHI

HINODE

OKUTAMA

HINOHARA

MIZUH

O

YÛTENJI

JYUGAOKA

KITAMI

5km

26 27

Fig. 6Grande région métropolitaine de Tokyo, Stations de Kitami, Yûtenji et Jyugaoka

plus traditionnels des petites communautés dont ils sont issus. Les régions ainsi dépeuplées font face seules et avec un nombre réduit d’effectifs à la décroissance alors que les habitants de Tokyo ont toujours l’impression de vivre dans une logique de croissance.

4.2 Tokyo, forme urbaine, configuration et transitTokyo est une ville à la fois insaisissable par sa taille et extrêmement VS«FLƓTXH�ORFDOHPHQW��(OOH�VH�FRPSRVH�GōXQ�HQVHPEOH�GH�FRPPXQDXW«V�DUUDQJ«HV�KRUL]RQWDOHPHQW�VHORQ�XQ�FRHIƓFLHQW�d’occupation du sol très bas. Conséquemment, la ville occupe une VXSHUƓFLH�WUªV�JUDQGH�TXL�G«SHQG�ODUJHPHQW�GH�WUDQVSRUWV�HIƓFDFHV�pour relier les divers points nodaux. Compte tenu de la rapidité GHV�FRQQH[LRQV��XQH�IRLV�HQJRXIIU«�GDQV�OH�U«VHDX��LO�HVW�GLIƓFLOH�GH�VōRULHQWHU�HW�GH�SHUFHYRLU�GH�PDQLªUH�UDIƓQ«H�OHV�GLVWDQFHV�parcourues. Comme la ville ne dépasse généralement pas trois ou quatre étages, il y a peu de repères se détachant des constructions à basse densité, particulièrement dans les quartiers résidentiels où une impression de déjà vu conjuguée à la désorientation poursuit le visiteur. L’absence de repère empêche de mesurer l’étendue de la ville et de se situer. À défaut d’avoir des éléments phares dans la YLOOH��FōHVW�OD�VWDWLRQ�GH�P«WUR�HW�GH�WUDLQ�TXL�RUJDQLVHb�

mb6FHQH��DQ\�VWUHHW��7RN\R�ODFNV�D�YLVLEOH�SODQ��RI�WKH�NLQG�WKDW�ZH�FKRRVH� WR�ƓQG� UHDVVXULQJ� LQ�/RQGRQ��3DULV��RU�9LHQQD��7RN\R� LV�the paradigm of the modern de-centred metropolis. It’s not so PXFK�WKDW�LW�GLVRULHQWV�\RX�Ŋ�\RX�QHYHU�JHW�RULHQWHG�LQ�WKH�ƓUVW�place. Tokyo is a place-by-place place – how location relates to the last remains obscure. Lacking vistas, and grand plans, you KDYH�QR�VHQVH�RI� WUDYHO�EHWZHHQ�SRLQWV�� UDWKHU��\RX� OHDYH�RQH�experience, and start another somewhere else. The intervening PRWLRQ�LV�RXW�RI�SODFH�DQG�WLPHb}55

Les activités commerciales s’articulent autour de la station de train de manière concentrique.�� Dans le cercle le plus rapproché de la gare, on retrouve les commerces et services tels que la cordonnerie, le serrurier, l’épicerie et la banque, dans le second cercle, les UHVWDXUDQWV��L]DND\DV�HW�FRPPHUFHV�GH�VHFRQGH�LPSRUWDQFH�HW�dans un troisième cercle, la portion résidentielle du quartier. Ces développements concentriques se rencontrent à l’occasion créant des situations locales d’intensité57�RX�GHV�FRQƓJXUDWLRQV�particulières. La grande région métropolitaine de Tokyo est une conurbation qui comprend 35 millions de résidents et qui s’étend VXU������NLORPªWUHV�FDUU«V��&HWWH�VXSHUƓFLH�HQJOREH�RQ]H�IRLV�Oō°OH�GH�0RQWU«DO�GRQW�OH�WHUULWRLUH�FRXYUH������bNP�FDUU«V��3OXV�FRQFUªWHPHQW��OD�VXSHUƓFLH�GH�OD�U«JLRQ�GH�7RN\R�SRXUUDLW�IRUPHU�XQ�

FRUULGRU�GōHQYLURQ���bNP�GH�ODUJH�Vō«WHQGDQW�GH�0RQWU«DO�¢�2WWDZD��Or, la grande région métropolitaine est à géométrie variable et LQFOXW�RX�H[FOXW��VHORQ�OD�VRXUFH�FRQVXOW«H��FHUWDLQHV�]RQHV��

Ces variations contribuent à la confusion régnant et mérite d’être soulignée. En plus de la ville de Tokyo, la grande région de Tokyo inclut Yokohama, Kawasaki, Saitama, Chiba et s’étend donc sur les préfectures de Tokyo, Chiba, Kanagawa et Saitama. La ville de Tokyo dans sa plus simple expression compte 23 districts qui totalisent ���bPLOOLRQV�GōKDELWDQWV�VH�SDUWDJHDQW����bNP�FDUU«V��(Q�SOXV�GH�ces districts, Tokyo comprend vingt-six grandes villes (市shi), cinq villes (町FKĊ�RX�PDFKL���KXLW�YLOODJHV�(村 son ou mura). Chacun de ces districts, villes et villages possède sa mairie, ses règlements et sa logique interne. La périurbanisation de Tokyo et ses réformes DGPLQLVWUDWLYHV�RQW�«W«�GHV�IDFWHXUV�G«WHUPLQDQWV�GDQV�OD�ŴXFWXDWLRQ�de sa forme urbaine qui est constamment redessinée58. Tokyo est un exemple unique de ville multinodale. Son expansion fulgurante SURGXLW�XQH�UHG«ƓQLWLRQ�FRQVWDQWH�GH�VRQ�WLVVX�XUEDLQ�HW�UHSRXVVH�ses limites toujours plus loin. La ville semble changer tant en son cœur que sur sa périphérie. Si la ville de Tokyo est souvent citée comme une mégalopole à haute densité, la réalité est tout autre, Tokyo n’est pas dense59, elle arrive au 50e rang des villes mondiales en termes de densité. Cette impression de densité faisant la réputation de Tokyo pourrait être attribuable aux marées humaines en période d’achalandage, à son énorme territoire, à l’étroitesse des HVSDFHV�LQW«ULHXUV�HW�¢�GHV�FRQƓJXUDWLRQV�XUEDLQHV�FRQWLJX­V��$YHF�une densité d’environ 4300 habitants par kilomètre carré, Tokyo est moins dense que Londres (5300), un sixième de la densité de +RQJ�.RQJ����b�����HW�XQ�GL[LªPH�GH�OD�GHQVLW«�GH�OD�YLOOH�GH�'KDND����b������� La région métropolitaine dans son ensemble n’a pas de centres à haute densité, même les 23 districts centraux de la ville de 7RN\R�RQW�XQH�GHQVLW«�HQ�GH©¢�GH�FHOOH�GH�0DQKDWWDQ����b�����HW�GH�3DULV����b������DYHF���b����KDELWDQWV�SDU�NLORPªWUH�FDUU«��� Plusieurs raisons expliquent la faible densité de Tokyo. La ville n’est pas KDXWH��OH�PRGªOH�GH�G«YHORSSHPHQW�HVW�KRUL]RQWDO��J«Q«UDOHPHQW�de 2 à 3 étages en secteur résidentiel et de 4 à 8 étage en secteur commercial. Tokyo est une ville où l’air circule et où la pollution est balayée. La ville est un exemple fascinant d’étalement urbain à coups de petits bâtiments. Tokyo possède un parc immobilier FRPSRV«�SULQFLSDOHPHQW�GH�PDLVRQV�G«WDFK«HV����b��DX�WRWDO��avec un tiers des demeures dans un rayon de 30 kilomètres du centre et une majorité de maisons détachées à l’extérieur de ce UD\RQ��¢�SUªV�GH���bNP�GX�FHQWUH��7RN\R�SU«VHQWH�OD�SOXV�JUDQGH�région suburbaine de toutes les métropoles mondiales avec près de

28 29

Fig. 7/HV�FRQŵJXUDWLRQV��FRQFHQWULTXHV�DXWRXU�GHV�VWDWLRQV�

Yûtenji, Jyugaoka et Kitami

Petit magasins et résidencesBars, restaurants, pachinkoCommerces grande surface et utilitaires

Légende

����bPLOOLRQV�GōKDELWDQWV����b��GH�OōDJJORP«UDWLRQ���'HSXLV�������FHWWH�U«JLRQ�VXEXUEDLQH�G«SDVVH�HQ�QRPEUH�OHV�]RQHV�VXEXUEDLQHV�GH�1HZ�<RUN��/RV�$QJHOHV�HW�3DULV�FRPELQ«HV��(QƓQ��OōHIƓFDFLW«��OD�rapidité et la popularité des transports collectifs rendent possible la connectivité sur de très longues distances. Ainsi, la ville possède une densité qui varie selon les périodes de la journée. Cette variation dans les marées humaines est supportée par les transports collectifs hyper-développés, élément central dans l’expérience de la ville. La majorité des habitants se résignent à faire de longs trajets de la maison au travail. Les heures de service du système de transit régissent la vie de tout un chacun alors qu’il n’existe aucune autre solution abordable pour rentrer à la maison en dehors des heures de service. Somme toute, Tokyo est une ville complexe où se mélangent la tradition et l’innovation. Les quartiers intérieurs sont régis par des dynamiques héritées du passé, l’organisation urbaine suit une logique locale où chaque secteur possède une dynamique FRPPH�RQ�OHV�UHWURXYH�GDQV�OHV�YLOODJHV����OōRSSRV«��SOXVLHXUV�]RQHV�d’intensité comprennent des secteurs d’activités contemporains caractérisés par une esthétique de l’excès

4.3 Espace personnel, spécificité, communautéComme vu précédemment, le parc immobilier à Tokyo consiste principalement en un ensemble de petites constructions de basse densité entassées et très rapprochées les unes par rapport aux autres, avec ici et là des îlots de haute densité. Si à première vue ces deux W\SHV�FRQWUDVWHQW�HQ�YROXP«WULH��LOV�SDUWDJHQW�XQH�G«ƓQLWLRQ�VLPLODLUH�des espaces intérieurs et des espaces personnels. Quelques éléments sont presque toujours présents. Les demeures japonaises présentent J«Q«UDOHPHQW�XQH�JUDQGH�LQWURYHUVLRQ��&HUWDLQHV�FRQƓJXUDWLRQV�W\SLTXHV�FRQWULEXHQW�¢�FH�UHSOLb��FKDQJHPHQW�GH�QLYHDX�GDQV�OōHQWU«H��économie des connexions visuelles avec l’extérieur, ameublement près du sol ne favorisant pas les vues vers l’extérieur, organisation spatiale tendant vers la succession d’espaces enveloppés les uns dans les autres, SDQQHDX[�FRXOLVVDQWV�SHUPHWWDQW�GH�YDULHU�OH�QLYHDX�GōLQWLPLW«���mb>ř@�besides shoji and giangji panels are various kinds of adjustable space dividers, as folded screens (byobu) cloth curtains (noren), and bamboo RU�UHHG�VKXWWHUV��VXGDUH���>ř@�VOLGLQJ�HOHPHQWV�WKDW�KDYH�SDSHU�RQ�both sides (fusuma) as well as the latticed areas above the openings �UDQPD�b}��� Ces espaces introvertis et leur caractère changeant ne supportent pas toujours la présence de visiteurs, car les espaces de jour et les espaces de repos sont souvent reliés. Alors que les demeures européennes et américaines ont tendance à privilégier l’ouverture, la lumière naturelle et la compartimentalisation des programmes, les espaces japonais privilégient plutôt le cloisonnement et ils admettent

la pénombre, y trouvant de nombreuses qualités poétiques����(QƓQ��une approche multifonctionnelle est de mise. Sur la question de la succession d’espace, les propos de Fumihiko Maki, architecte phare du Japon moderne, sont révélateurs. Sa vision prend en compte les développements des villes contemporaines tout comme celui de l’espace personnel qui s’opèrent selon lui de manière centripète, tel un RLJQRQ�GRQW�OH�FHQWUH�YLGH�HVW�HQYHORSS«�GH�FRXFKHV�VXFFHVVLYHVb�

� mb 7KH� -DSDQHVH� KDYH� DOZD\V� SRVWXODWHG� WKH� H[LVWHQFH� RI� ZKDW�is called oku (innermost area) at the core of this high density VSDFH�RUJDQL]HG�LQWR�PXOWLSOH�OD\HUV� OLNH�DQ�RQLRQ��7KH�ZRUG�RNX��expressing a distinctive Japanese sense of space, has long been a part of the vocabulary of daily life. It is interesting to note that the use of the term with respect to space is invariably premised on the idea of okuyuki, or depth, signifying relative distance or the sense of distance within a given space. The Japanese, long accustumed to a fairly high population density, must have conceived space as VRPHWKLQJ�ƓQLWH�DQG�GHQVH�DQG��LQ�FRQVHTXHQFH��GHYHORSHG�IURP�HDUO\�LQ�WKHLU�KLVWRU\�D�VHQVLWLYLW\�ƓQHO\�DWWXQHG�WR�UHODWLYH�GLVWDQFH�ZLWKLQ�D�GHOLPLWHG�DUHD��b}���

3XLV��HQ�WHUPH�GH�VS«FLƓFLW«�GōXQH�KDELWDWLRQ�SDU�UDSSRUW�¢�VRQ�FRQWH[WH��une tendance à la monotonie semble prévaloir, surtout en ce qui a trait aux développements récents. Tel que relaté dans un ouvrage compilé GDQV�OH�FDGUH�GōXQ�DWHOLHU�GH�GHVLJQ�RUJDQLV«�SDU�.D]X\R�6HMLPD�HW�5\XH�1LVKL]DZD��6$1$$��VXU�OōHVSDFH�XUEDLQ��OHV�FRQVWUXFWLRQV�U«FHQWHV�HQ�béton composent la majorité des villes et forment un cadre homogène JULV�EHLJH�HW�VDQV�H[SUHVVLRQb��

mb %R[HG� LQ� E\� LGHQWLFDO� SODVWHU�PDVNHG� DSDUWPHQWV� ZLQGRZV�here and there must mean someone lives inside those tiny expressionless quarters, but to look up from the street every opening is curtained against straying eyes, betraying no sign of life. Any outsider would surely lose their way here. The occasional delivery truck passes by, but it’s a wonder how they manage to navigate successfully though these tiny streets. Tokyo is surrounded by these sprawling residential suburban scapes, largely populated by singles or couples with no real connection to the place. Theirs are perfectly anonymous interior spaces, the city shut out behind a VLQJOH�WKLFNQHVV�ZDOO�SODVWHUHG�RYHU�ŴLPV\�ZRRGHQ�IUDPHVb}���

Parfois, une maison au revêtement de bois transparaît et semble rescapée du passé, n’ayant fait l’objet d’aucune rénovation récente. 6L�OōDUFKLWHFWXUH�QōD�SDV�VRXYHQW�GH�VS«FLƓFLW«��OD�VDYHXU�HW�OōLGHQWLW«�GHV�TXDUWLHUV�WUDQVSDUDLVVHQW�WRXW�GH�P¬PH��/D�FU«DWLYLW«�VōLQƓOWUH�GDQV�OHV�LQWHUVWLFHV�GLVSRQLEOHV��GDQV�OHV�HQWUH�GHX[�HW�GDQV�OHV�]RQHV�GLWHV�mbLQG«WHUPLQ«HVb}��/D�Q«FHVVLW«�HVW�OD�PªUH�GH�OōLQYHQWLRQb��FHV�

DSSURSULDWLRQV�VS«FLƓTXHV�VHPEOHQW�VXUWRXW�U«SRQGUH�¢�GHV�EHVRLQV�utilitaires, esthétiques ou spirituels. Des appropriations personnelles RX�FRPPXQDXWDLUHV�VRQW�IU«TXHQWHV�GDQV�OHV�]RQHV�LQG«WHUPLQ«HV�GH�l’espace urbain et se déploient selon des motivations de natures variées. L’exiguïté des espaces intérieurs pousse vers un certain débordement DƓQ�GH�ORJHU�FHUWDLQHV�DFWLYLW«V�RX�FHUWDLQV�REMHWV�QH�WURXYDQW�SDV�OHXU�place à l’intérieur.

6XU�OH�SODQ�XWLOLWDLUH��OHV�]RQHV�LQG«WHUPLQ«HV�RX�GōHQWUH�GHX[�VRQW�SULVHV�GōDVVDXW�SDU�GLYHUV�EHVRLQVb��V«FKDJH��HQWUHSRVDJH��VWDWLRQQHPHQW�de bicyclette. Sur le plan esthétique, on distingue une constante non seulement à Tokyo, mais partout au Japon, autant dans les situations de croissance que de décroissance, laquelle prend la forme de jardins informels et des bricolages artistiques. Sur le plan spirituel, on constate que la communauté se rallie derrière certaines pratiques communes. L’on aperçoit de nombreux Hokora (祠) ou Jinko (神庫) entretenus et visités par plusieurs membres de la communauté. Ce sont des sanctuaires shintos miniatures qui sont dédiés à un Kami dit mbSRSXODLUHb}�HW�QH�VRQW�SDV�VRXV�OōDXWRULW«�GōXQ�JUDQG�VDQFWXDLUH�GH�renom. Ils sont souvent positionnés en bordure des routes et visités par le voisinage��.

30 31

Fig. 8, 9 & 10Cadre urbain homogène

Espace personnel avec plancher tatami et avec panneaux coulissantsHoKora dans un terrain vague

5. Typologie $X�ƓO�GH�PHV�G«ULYHV��MōDL�FKHUFK«�¢�LGHQWLƓHU�GHV�OLHX[�LQG«WHUPLQ«V�à la fois exemplaires et typiques du Japon. J’ai recensé plus de deux cents lieux que j’ai catalogués au moyen d’outils de géolocalisation. Je les ai ensuite décrits qualitativement. Cette méthode a mené à une banque de terrains à partir de laquelle j’ai élaboré une typologie des terrains vagues selon leur contexte d’apparition. Dans sa formulation, il m’est apparu important que la typologie révèle l’identité particulière du Japon. Par ailleurs, j’ai élaboré les types GH�PDQLªUH�¢�FH�TXH�FHX[�FL�VRLHQW�DVVH]�J«Q«UDX[�SRXU�SHUPHWWUH�d’éventuelles comparaisons avec les terrains vagues d’autres villes. /D�W\SRORJLH�TXH�MH�SURSRVH�HVW�GRQF�XQH�FODVVLƓFDWLRQ�J«Q«UDOH�illustrée par des exemples qui permettent de mesurer la saveur particulière du Japon. Utilisée comme base comparative, elle permettra d’apprécier les similarités et différences entre plusieurs villes et la contribution des lieux indéterminés aux espaces urbains de manière qualitative. Cette typologie des lieux indéterminés FRPSUHQG�SRXU�OōLQVWDQW�VL[�W\SHVb��SDU�G«ERUGHPHQW��SDU�PDU«H�humaine, par lotissement, par variations dans l’espace-temps, par U«JOHPHQWDWLRQ�HW�SDU�«GLƓFDWLRQ��&KDFXQ�GHV�VL[�W\SHV�FRPSUHQG�deux sous-types déterminés à partir du caractère plus ou moins approprié du spécimen de terrain vague étudié.

Bien que les exemples d’abandon correspondent généralement aux contextes en décroissance, ces situations apparaissent aussi de façon LQDWWHQGXH�GDQV�OHV�]RQHV�VWDEOHV�HW�HQ�FURLVVDQFH��7RXWHIRLV��LO�HVW�certain que bien que la décroissance démographique conduise à XQH�PXOWLSOLFDWLRQ�GH�]RQHV�LQG«WHUPLQ«H��HOOH�QH�FRQVWLWXH�SDV�XQ�facteur favorable à l’appropriation de ces derniers. L’abandon s’opère sans considération pour les qualités des sites et leur capacité à être DSSURSUL«��,O�Qō\�D�VLPSOHPHQW�SDV�DVVH]�GH�SHUVRQQHV�HQ�SODFH�pour qu’ils aient raison d’être. Dans la section qui suit, chacun des VL[�W\SHV�HVW�GōDERUG�G«ƓQL��SXLV��LO�HVW�LOOXVWU«�SDU�GHX[�H[HPSOHV��l’un en situation d’appropriation et l’autre en situation d’abandon. (QƓQ��XQ�WH[WH�SOXV�SHUVRQQHO�UHODWH�XQH�VLWXDWLRQ�REVHUY«H�TXL�VH�rapporte à chacun des six types.

Typologie

t1. débordement

t2. marées humaines

t3. découpage / lotissement

t4. variation espace-temps

t5. réglementation

W���«GLƓFDWLRQ

t1. débordement

t2. marées humaines

t3. découpage / lotissement

t4. variation espace-temps

t5. réglementation

W���«GLƓFDWLRQ

32 33

Légende+ situation d’appropriation — situation d’abandon ŏ��� VLWXDWLRQ�ŶXFWXDQWH��FKDQJHDQWH

+ —

Fig. 11&ODVVLƓFDWLRQ�GHV�W\SHV�VHORQ�OHV�FULWªUHV�

d’appropriation et d’abandon

5.1 DébordementSituation selon laquelle certains espaces sont assujettis par un élément d’infrastructure ou un élément naturel qui les borde. Ces derniers résonnent sur leur environnement. En exemple, citons les marges d’autoroutes et les berges des rivières. Dans une situation de débordement, l’élément d’infrastructurerend ambigus les espaces qui lui sont immédiats parce que sa présence dans la ville est forte et dépasse ses limites physiques. Ainsi, les marges composent une plage propice à l’appropriation, car rien d’autre n’y sera construit. Or, comme mentionné plus tôt, certaines compositions, situations et éléments présents conduisent à l’exclusion de l’activité humaine.

5.1.1 + Pots de fleurs Débordement > appropriationTokyo est composée de rues étroites qui sillonnent les quartiers sans VXLYUH�XQH�WUDPH�U«JXOLªUH��(Q�J«Q«UDO��GDQV�OHV�]RQHV�U«VLGHQWLHOOHV��il n’y a pas de trottoirs. Les maisons sont généralement basses, XQLIDPLOLDOHV��HW�FRQVWUXLWHV�DYHF�GHV�PDUJHV�PLQLPDOHV�GH���bFP�mises en place pour des raisons sismiques. Les propriétés sont souvent entourées par des murets de béton directement campés à la limite des voies publiques ou directement construites sur cette limite. Les marges latérales sont instrumentalisées et deviennent l’extension de la maison en servant de rangement pour de longs objets ou, par exemple, en devenant un espace de séchage. Devant, on remarque un débordement de la demeure vers l’espace de la rue. Ce débordement prend la forme de jardins en pots disposés en pleine rue qui empêchent souvent la libre circulation des Y«KLFXOHV��0¬PH�HQ�]RQH�SDVVDQWH��RQ�REVHUYH�GHV�SRWV�VXU�OHV�marges de trottoirs et dans les espaces trop petits pour être utilisés. Ces éléments récurrents dans l’espace urbain sont observés partout au Japon et donnent l’impression que l’intérieur se propulse vers l’extérieur, comme pour adoucir les limites statiques en béton. &HUWDLQV�RFFXSDQWV�VRUWHQW�HW�HQWUHQW�OHXUV�SRWV�GH�ŴHXUV�GH�PDQLªUH�quotidienne, en les disposant soigneusement dans les espaces libres sur les trottoirs, dans les rues ou dans les coins formés par deux bâtiments qui se rencontrent.

5.1.2 — AutoroutesDébordement > abandonEn bordure des autoroutes, de longues bandes sont acquises ou réservées par le gouvernement pour permettre un élargissement futur ou pour conserver un vide permettant d’effectuer l’entretien. &HV�HVSDFHV�VRQW�FULEO«V�Gō«O«PHQWV�IDYRULVDQW�OōH[FOXVLRQb��FO¶WXUHV��gardiens de sécurité, pavage, ombre, déchets. Puis, entre les voies,

GHV�]RQHV�VRQW�SDUIRLV�FRQQHFW«HV�YLVXHOOHPHQW�DX�UHVWH�GH�OD�YLOOH�sans pour autant être facilement accessibles. Elles forment en TXHOTXH�VRUWH�GHV�OLHX[�SHUGXV��LVRO«V��PDLV�WRXW�SUªVb��YLFWLPHV�FROODW«UDOHV�GH�OōXUEDQLVDWLRQ��°OHV�G«VHUWHV�GDQV�XQ�RF«DQ�GH�ŴX[�transitoires.

Ce n’est pas seulement le manque d’accès qui explique ces vides. Ils seraient aussi victimes de leur trop grande surface de contact aux infrastructures routières ou ferroviaires. Cette situation annihile la tranquillité et la sécurité. Sur ces îlots de verdure ou de béton au FĐXU�GōHQYLURQQHPHQW�U\WKP«V�SDU�OHV�ŴX[�GHV�DXWRPRELOHV�HW�GHV�trains, il n’y a pas moyen de se cacher ou de tourner le dos contre un élément statique. Ce serait là l’élément le plus important. En effet, en situation où ces marges offrent la possibilité de s’adosser contre XQ�«O«PHQW�VWDWLTXH��FHV�]RQHV��ELHQ�TXōDULGHV��VRQWbDSSURSUL«HV��(OOHV�SRVVªGHQW�XQH�FRQƓJXUDWLRQ�TXL�SHUPHW�GH�Vō«YDGHU�TXHOTXH�peu. Par exemple, la forme résiduelle sous la voie constitue un abri en retrait de la voie publique tel qu’observé sous les rails liant la station Shibuya à Harajuku.

5.1.3 Tamagawa, espace de libertéTokyo est une ville avec de nombreux canaux et rivières. Ces «O«PHQWV�LQŴXHQFHQW�OHV�OLPLWHV�GHV�TXDUWLHUV�HW�OHV�DFWLYLW«V��Contrairement à plusieurs villes modernes de son ampleur, Tokyo n’a pas pris le parti de valoriser cet aspect pourtant déterminant. À ce sujet, les recherches du professeur Hidenobu Jinnai sont IDVFLQDQWHVb��LO�D�UHWUDF«�OD�FXOWXUH�GH�OōHDX�¢�7RN\R��Oō«WDW�GHV�infrastructures et l’organisation urbaine qui en résulte. Il propose que le réseau de canaux et de rivières est toujours sous-valorisé dans la ville de Tokyo. Il pourrait bien offrir une structure aux développements urbains, répondre au besoin de nature des habitants de la ville tout en prolongeant une tradition et un rapport à l’eau ancestral.

mb 7KH� IDFW� WKDW� ZDWHUZD\V� UHSUHVHQW� D� W\SRORJ\� RI� OLQHDU�development typical to Japanese urban development and expansion, renforces their power as connectors to Japanese culture and Tokyo’s past as a city. Their editable linearity represents a type of urban assets that can be edited, transformed and improved in order to serve as connectors, of mbƓEHUV}bLQ�WKH�FLW\��7KH�IDFW�WKDW�ZDWHUZD\V�DUH�VSDFHV�LQ�ZKLFK�WKH�QDWXUDO�DQG�WKH�DUWLƓFLDO�FRPH�WRJHWKHU�SURYLGHV�WKHP�ZLWK�a hybrid character in which a new kind of symbiosis can be achieved. They represent boundaries in the city but they also represent a kind of intermidiate space in which several urban DFWLYLWLHV�DUH�SRVVLEOHb}��

34 35

Fig. 12, 13, 14 & 153RWV�GH�ŶHXU�VXU�XQH�ERUGXUH�GX�WURWWRLU�GDQV�OH�TXDUWLHU�'DLNDQ\DPD�¢�7RN\R

6ªFKDJH�¢�6DSSRUR(QWUHSRVDJH�¢�7RN\R

%RUGXUH�XWLOLWDLUH�¢��.XUDVKLNL

36 37

Fig. 17'«ERUGHPHQW�GH�YHUGXUH��7RN\R

Fig. 16Sous une autoroute près de Futako Tamagawa, Tokyo

La rivière Tama�� parcourt les préfectures de Yamanashi, Kanagawa et Tokyo, du nord-ouest de la ville à la baie de Tokyo au sud-est et Vō«WHQG�VXU����bNP��6HV�EHUJHV�GHPHXUHQW�QRQ�FRQVWUXLWHV�SDUFH�TXH�OH�OLW�GH�OD�ULYLªUH�JRQŴH�«QRUP«PHQW�GXUDQW�OD�VDLVRQ�GHV�pluies. En plus d’être sujets aux inondations, plusieurs canaux récoltant l’eau de pluie dans les quartiers s’écoulent dans la rivière, qui elle-même se déverse dans la baie de Tokyo. Sur ses berges se G«SORLH�XQH�SDQRSOLH�GōHVSDFHV�GH�U«FU«DWLRQ�SODQLƓ«V�SHUPHWWDQW�¢�la population de pratiquer des sports et de relaxer le jour de congé venu.

Entre ces îlots récréatifs formels s’insèrent des espaces de possibilités informels. En plein cœur de la ville, un dimanche comme les autres, je rejoins un ami pour une partie de pêche à la mouche alors que des hordes d’enfants s’amusent à grimper les blocs de béton et à créer des barrages entre les bancs de graviers HW�OHV�ERXTXHWV�GōDUEUHV�HQ�EURXVVDLOOH��,FL��OD�ƓJXUH�GX�KDUDSSD�� �VLJQLƓDQW�FKDPS�RXYHUW��WHUUDLQ�YDJXH��VōRIIUH�DX�MHX�GHV�HQIDQWV��particulièrement créatifs face à ces lieux indéterminés. Kayakistes, pêcheurs, pic-niqueurs et bohémiens se côtoient.

On ne sait plus exactement où on se trouve par rapport à la ville. Les gens se sont donné le droit d’approprier le sol pour planter un petit jardin. On y voit des indices clairs d’une utilisation répétée, l’état exceptionnel du jardin, les légumes frais, un tapis perse aux motifs ŴHXULV�SRV«�VXU�OH�VRO�SRXU�HPS¬FKHU�OD�FURLVVDQFH�GHV�PDXYDLVHV�herbes, la construction d’un banc à l’ombre d’un arbre, plus loin, un petit regroupement de maisons de toile bleue soigneusement construites. C’est une communauté marginale qui se permet d’y vivre.

&HUWHV��OHV�UDLVRQV�GH�VRQ�DSSDULWLRQ�QH�VRQW�SDV�URVHVb��FR½W�GH�OD�vie trop élevé, perte d’emploi, effritement de la cellule familiale TXL�DXUDLW�DXWUHIRLV�VRXWHQX�OHV�LQGLYLGXV�HQ�GLIƓFXOW«��0DLV�FH�TXL�étonne le plus, c’est que ces lieux sont appropriés parce qu’ils sont en marge de la rivière, l’effet de débordement produit une situation de potentialité qui assure que personne ne sera dérangé par cette présence impromptue. On se place là où personne ne nous voit, dans un site inondable, car c’est la meilleure façon de ne pas être une nuisance pour les autres.

3938

Fig. 185LYLªUH�7DPD��HQ�SOHLQ�FRHXU�GX�TXDUWLHU�6HWDJD\D��7RN\R

5.2 Marées humaines 6LWXDWLRQ�VHORQ�ODTXHOOH�XQ�OLHX�HVW�TXDOLƓ«�SULQFLSDOHPHQW�SDU�OD�SU«VHQFH�KXPDLQH�SK\VLTXH��H[b��SHUVRQQHV�VDQV�YRLWXUHV���&HV�OLHX[�VRQW�SDUIRLV�HQ�UHODWLRQ�GH�G«SHQGDQFH�¢�XQ�ŴX[�LPSRUWDQW�GH�YLVLWHXUV��7RXWHIRLV��FHWWH�SU«VHQFH�ŴXFWXH�HW�SHXW�«YHQWXHOOHPHQW�VH�WDULU��8Q�OLHX�HQ�«WDW�GH�PDU«H�EDVVH�VH�WURXYH�HQ�G«ƓFLW�GōLGHQWLW«��perd sa raison d’être alors qu’un lieu à marée haute gagne une raison d’être et une forte identité. Ce type se caractérise par le rôle prépondérant de l’activité transitoire humaine comme moteur. Étrangement, certains espaces conçus pour recevoir l’activité humaine sont désertés alors que d’autres n’étant pas ainsi conçus sont pris d’assaut sans qu’il n’y ait eu d’événement appelant ce FKDQJHPHQW�GōXVDJH��(Q�U«DOLW«��OHV�FRQƓJXUDWLRQV�SK\VLTXHV�GX�lieu ont peu de portée sur la marée humaine, c’est surtout une question de volonté ou d’indifférence de la part d’une masse critique qui fait varier l’intensité du lieu.

5.2.1 + Pop up partyMarée humaine > appropriationLa tendance aux appropriations de type pop up, permet un nouveau genre de relation aux espaces de la ville. On cherchera des qualités physiques ou symboliques particulières pour s’approprier la ville. Les manifestations pop up prennent souvent la forme de commerces temporaires montés et démontés selon l’achalandage et cherchant ¢�FDSLWDOLVHU�VXU�OōDIŴXHQFH�GH�SHUVRQQHV��7RXWHIRLV��LO�Qō\�D�SDV�TXH�des commerces qui envahissent l’espace urbain de la sorte. Des rassemblements festifs en apparence spontanés prennent d’assaut l’espace ouvert d’un parc ou d’une rue sans aucune motivation mercantile. Ces manifestations ne s’insèrent pas nécessairement dans un espace indéterminé, c’est plutôt leur présence qui rend le lieu ambigu. Soudainement, un espace extérieur reçoit les attributs d’une salle de spectacle ou d’une boîte de danse à n’importe quel moment de la journée.

La potentialité de ce type réside dans sa nature imprévisible et dans la capacité que possède un grand nombre d’individus à s’organiser, se rencontrer à un moment précis et pour une activité précise. Dans le cas de l’apparition de fêtes spontanées, l’on observera l’émergence d’un ou plusieurs leaders ayant orchestré l’événement HW�DVVXU«�OD�FRRUGLQDWLRQ�GHV�EHVRLQV�PDW«ULHOVb��PXVLTXH��V\VWªPH�de son, costumes. À noter que l’émergence des réseaux sociaux a exacerbé ce genre de manifestations.

5.2.2 — Shōtengai Marée humaine > abandon/H�VKĊWHQJDL70 est une rue commerçante en bordure des stations de WUDLQV�TXL�VH�G«ƓQLW�FRPPH�«WDQW�XQ�UHJURXSHPHQW�GH�FRPPHU©DQWV�SOXW¶W�TXōXQ�OLHX��,O�\�DXUDLW�SOXV�GH���b����VKĊWHQJDL�DX�-DSRQ��/HXU�«PHUJHQFH�UHPRQWH�DX���e siècle alors que les marchands reçoivent la permission d’opérer selon une économie de marché libérale avec l’abolition du monopole et du contrôle des guildes.

Cette nouvelle forme de commerce particulière se caractérise par une rue commerçante linéaire, souvent couverte et composée GōDUFKHV��6HORQ�OH�SURIHVVHXU�7HUXKLNR�0RFKL]XNL71, ces lieux sont aussi des supports pour les activités communautaires, jouant un rôle important au niveau du bien-être et de la sécurité du quartier puisqu’ils accueillent souvent les postes de police du quartier, les diverses associations communautaires et les bureaux de médecin. /HV�VKĊWHQJDL�VRQW�DXVVL�GHV�OLHX[�GH�ORLVLU�HW�GH�GLYHUWLVVHPHQW��RQ�\�retrouve des restaurants, des cafés, des épiceries, des pharmacies et GHV�EDUV��L]DND\D��SDFKLQNR��HW�EDUV�GōK¶WHVVHV��

Ces lieux sont aménagés pour recevoir un large volume de YLVLWHXUV��2U��RQ�REVHUYH�GHSXLV�TXLQ]H�¢�YLQJW�DQV�XQH�EDLVVH�GH�IU«TXHQWDWLRQ�SURJUHVVLYH��'DQV�FHUWDLQV�FDV��OHV�VKĊWHQJDL�ne comptent plus que quelques magasins encore en activité. &HV�HVSDFHV�G«VRO«V�VHPEOHQW�WRXW�GURLW�VRUWLV�GHV�DQQ«HVb������ayant reçu très peu d’attention, même la musique qu’on y entend renvoie à un monde révolu. Un manque d’enthousiasme de la part des propriétaires des magasins pourrait aussi être responsable de la baisse d’activité de ces lieux. Ils auraient failli à leur devoir GōDFWXDOLVDWLRQb�

�m7KH�WUDGHUV�LQ�WKLV�VKĊWHQJDL�KDYH�EHHQ�UHVWLQJ�RQ�WKH�ODXUHOV�of their shops’ glory days, and many have failed to keep pace with the drastic changes in the environment,” he said. “Most crucially, this shopping center has lost its energy because UHWDLOHUV�IRUJRW�WKH�SKLORVRSK\�WKDW�D�VKĊWHQJDL�LV�WKHUH�QRW�MXVW�IRU�UHWDLOHUV�WKHPVHOYHV�WR�PDNH�D�SURƓW�ŋ�EXW�IRU�WKH�VHUYLFHV�LW�DOVR�RIIHUV�WKH�FRPPXQLW\�}72

Dans les villes secondaires en décroissance marquée comme 0DWVX\DPD��%HSSX��+DNRGDWH��Oō«WDW�GHV�VKĊWHQJDL�UHŴªWH�Oō«WDW�GH�OD�ville au grand complet. Dans d’autres cas, tel qu’observé à Nagoya, c’est plutôt une question de perte de popularité qui explique OōDEDQGRQ�GHV�VKĊWHQJDL��DORUV�TXH�FHV�OLHX[�SHXYHQW�DFFRPPRGHU�un grand nombre d’usagers, plusieurs leur préfèrent aujourd’hui les magasins grande surface.

40 41

Fig. 22 & 236KĊWHQJDL�¢�6DSSRUR6KĊWHQJDL�¢�7RN\R��YDULDQWH�VRXSOH

Fig. 19, 20 & 21Pop up party, Tokyo

Magasin Pop up le long du canal de Meguro, Tokyo�YªQHPHQW�LWLQ«UDQW�GőDGRSWLRQ�GH�FKLHQ�VH�WHQDQW�VRXV�XQ�SRQW��6HWDJD\D��7RN\R

mb$V�ZLWK�VR�PXFK�WUDGLWLRQ�LQ�VRFLHW\��WKRXJK��OLIHVW\OH�FKDQJHV�RQJRLQJ� VLQFH�:RUOG�:DU� ,,� DUH� QRZ� D� VHULRXV� WKUHDW� WR� WKH�IXWXUH�RI� VKĊWHQJDL��:LWK� ODUJH�� FKDLQ� UHWDLOHUV�� VXSHUPDUNHWV�and shopping centers often able to buy cheaply in bulk, and many people’s lives also becoming ever-busier, fewer shoppers now make daily trips to their local tofu or vegetable shops, or browse through the wares at small shops selling utensils, instead opting for one-stop shopping at competitively priced supermarkets or visiting department stores on weekends. Indeed, a survey by the Small and Medium Enterprise Agency ODVW�\HDU�IRXQG�WKDW�DERXW����SHUFHQW�RI�WKH�������VKĊWHQJDL�that replied to a poll said their business was stagnant or GHFOLQLQJb}72

Ce ralentissement coïncide avec le vieillissement de la population, DORUV�TXH�OHV�XVDJHUV�UHFRQQDLVVDQW�OH�PRGªOH�GX�VKĊWHQJDL�FRPPH�SDUWLH�SUHQDQWH�GH�OHXU�H[S«ULHQFH�TXRWLGLHQQH�VH�UDU«ƓHQW��/HXU�FRQƓJXUDWLRQ�HVW�WHOOHPHQW�W\SLTXH�TXōHOOH�UHQG�GLIƓFLOH�OD�UHTXDOLƓFDWLRQ�GH�FHV�HVSDFHV�HW�OH�UHQRXYHOOHPHQW�GH�OHXUV�fonctions.

5.2.3 Commerce capsuleUn dimanche, j’aperçois non loin du canal Meguro des pancartes annonçant la présence de commerces temporaires. Ces commerces alternatifs se superposent à l’espace de la ville. Ils se situent à des endroits présentant un achalandage marqué. Conçus pour être nomades, facilement transportables et démontables, ces commerces s’insèrent dans les marges entre les commerces en activité ou dans GHV�]RQHV�DPELJX­V�GH�OōHVSDFH�SXEOLF��,OV�WLUHQW�SURƓW�GHV�]RQHV�indéterminées, des espaces libres propices à l’appropriation.

Ce jour-là, il y avait des ventes partout insérées entre deux bâtiments et soigneusement étudiées pour mieux se démonter le soir venu. L’exemple qui retient mon attention est celui d’un petit café stationné dans une capsule positionné sur le parterre d’un autre commerce fermé les dimanches. Il semble installé de manière permanente tant il est aménagé avec soin. On y prépare des cafés dans une petite remorque au toit ouvrant telle une boîte à surprise. La remorque est connectée au réseau d’électricité du commerce, OHV�ƓOV�VRQW�GLVVLPXO«V��/H�F¶W«�GH�OD�URXORWWH�FDSVXOH�HVW�U«VHUY«�¢�la vente d’objets artistiques, on peut aussi y lire plusieurs articles GH�PDJD]LQHV�IDLVDQW�U«I«UHQFH�DX�FRPPHUFH��-H�PōLQVWDOOH�DYHF�un café concocté par le commerçant qui se joint à moi le temps d’une conversation. Je m’étonne de sa présence par-dessus l’autre

commerce. Il m’explique qu’il loue un droit d’exploitation une fois la semaine à l’autre commerçant à qui il paie également une redevance pour la consommation d’électricité. Bien que l’idée de posséder un local permanent soit séduisante, OH�FRPPHU©DQW�PōH[SOLTXH�TXōLO�HVW�WUªV�GLIƓFLOH�Gō¬WUH�ELHQ�VLWX«�GDQV�XQ�OLHX�Ɠ[H�SRXU�OH�P¬PH�SUL[��,O�VXIƓUD�GH�GHPDQGHU�DX�commerçant nomade où il se trouvera et à quel moment pour UHWURXYHU�OH�FRPPHUFH��/H�FRPPHUFH�FKDQJH�HW�VH�UHG«ƓQLW�selon son site, le moment de la journée et les contraintes en SODFH��&HW�H[HPSOH�W«PRLJQH�GōXQ�WUDLW�SDUWLFXOLHU�DX�-DSRQb��OHV�appropriations sont préméditées, organisées et civilisées. Disposant des droits nécessaires pour s’installer l’espace d’une journée, le commerçant temporaire peut poursuivre ses activités sans tracas et construire sa clientèle.

Cet exemple témoigne aussi d’un phénomène de plus en plus FRXUDQWb��OōRQ�U«LQYHQWH�OH�PRGªOH�GX�FRPPHUFH�SRXU�VH�SHUPHWWUH�GH�VH�ODQFHU�HQ�DIIDLUH��'ōDLOOHXUV��OD�ƓJXUH�GH�OD�FDSVXOH�HVW�récurrente alors qu’elle est considérée comme étant l’unité de base du mouvement métaboliste. Kurokawa présente en 1970 une remorque de petite taille équipée d’une cuisine et d’une toilette GRQW�LO�YDQWH�OD�PRELOLW«b��mb(QMR\�\RXU�RZQ�LQVWDQW�KRXVH��ZKLFK�EULQJV�\RX�WR�WKH�VWDUWV��WKH�VXQ��WKH�ULYHU��DQG�WKH�WUHHVb}73. Cette remorque ressemble en tous points aux commerces ambulants G«ƓQLVVDQW�DXMRXUGōKXL�OD�YLOOH��&XULHXVHPHQW��HOOH�UHIDLW�DSSDULWLRQ�GH�PDQLªUH�DOWHUQDWLYH��'«M¢�HQ�������.XURNDZD�DIƓUPHb��mbWKH�capsule stands for an emancipation of the building in relation to the JURXQG�DQG�KHUDOGV�WKH�HUD�RI�PRYLQJ�DUFKLWHFWXUHb�>ř@b}�74

42 43

Fig. 24Commerces de type capsule près du canal de Meguro, Tokyo

5.3 Découpage / lotissementSituation selon laquelle certains espaces sont créés à la suite d’une série d’opérations de lotissement. Cette situation est liée aux pressions foncières en place, des règles entourant l’acquisition de propriétés et des règlements d’urbanisme régissant les reculs, les hauteurs, l’écoulement de l’eau et l’ensoleillement pour ne nommer que ceux-là. Dans le processus de découpage et de lotissement, certains lieux ne peuvent pas être construits ou exploités pour des UDLVRQV�O«JDOHV�HQ�OLHQ�DYHF�OHXU�FRQƓJXUDWLRQ�RX�OHXU�IRQFWLRQ��S’ensuit une appropriation ou un abandon selon leur situation dans la ville.

mb 7KH� SDUWLFXODULW\� RI� 7RN\RōV� YRLGV� LV� URRWHG� LQ� FRQWH[W� DQG�culture and in the unpredictable and complex nature of the city. Here, some of the vague space are rooted in mechanisms of reconstruction and development, and others exist outside of the FLW\ōV�mbHIIHFWLYHb}�FLUFXLWV�DQG�SURGXFWLYH�VWUXFWXUHVb}75

5.3.1 Recomposition de lotsLotissement > abandon/HV�SOXV�JUDQGHV�]RQHV�LQG«WHUPLQ«HV�U«VXOWHQW�GH�OD�FRQVWUXFWLRQ�avortée de systèmes de grande ampleur, souvent issus des années 1980 ainsi que des opérations d’acquisition de lots en bordure des autoroutes pour les transformer en espaces d’accès pour l’entretien. Dans une perspective de développement anticipé, les terrains sont acquis un par un pendant plusieurs années pour recomposer un plus grand lot. Les constructions sur ces sites sont alors démolies. Ce processus d’acquisition est ardu parce qu’il demande l’accord GH�FKDTXH�SURSUL«WDLUH�SRVV«GDQW�XQ�ORW�GDQV�OD�]RQH�FLEO«H��3DU�exemple, la consolidation des lots pour le développement de Roppongi Hills aura pris dix-sept ans.

6L�OD�SOXSDUW�GHV�SURMHWV�VRQW�PHQ«V�¢�ELHQ��GōDXWUHV�VōHVVRXIŴHQW�dans ce processus complexe laissant derrière des sites indéterminés. Ces sites de grande ampleur vont à l’inverse de l’organisation typique de Tokyo, ils sont étrangers à la ville. Si d’une part, ils SU«VHQWHQW�GHV�FRQƓJXUDWLRQV�IDYRULVDQW�OōH[FOXVLRQ�WHOOHV�GHV�clôtures, des caméras de surveillance, ou l’absence d’éléments permettant de se cacher, ils sont aussi trop grands pour être appropriés.5.3.2 Décomposition de lotsLotissement > appropriationOn observe à Tokyo une tendance marquée vers le morcellement des lots en plus petit lot. Les lots de petite taille résultent de l’application de certaines lois imposant d’énormes taxes foncières lors de VXFFHVVLRQV�WHVWDPHQWDLUHV��&HV�GHUQLªUHV�SHXYHQW�Vō«OHYHU�¢���b��

de la valeur du terrain. Ainsi, à chaque génération, on constate une fragmentation des terrains vers des tailles de plus en plus petites, augmentant du même coup le nombre de propriétaires fonciers. Les lots présentent également des formes de plus en plus irrégulières à force d’être divisés. Un grand nombre de lots dénombrés sont désormais très étroits ou encore en forme de drapeau, c’est-à-dire composé d’une bande étroite reliée à un lot un peu plus généreux en retrait de la rue. Pour payer les taxes de succession, le propriétaire est forcé de découper son lot tout en tentant de respecter les lois en vigueur pour l’intégration urbaine. La réglementation en vigueur balise notamment les reculs par rapport à la voie publique et aux voisins, le ratio d’occupation du sol et le degré d’ensoleillement, ce qui fait en sorte que certains terrains ne sont pas développés parce qu’ils sont simplement trop petits pour respecter les règlements.�� Ces lots non développés sont couramment activés par le voisinage comme espace pouvant accueillir certaines activités temporaires. Dans la plupart des situations observées, l’on empiète sur ces lieux pour l’entreposage, le séchage et le stationnement de bicyclettes.

Dans plusieurs autres situations, le terrain est laissé totalement vide et les seuls signes d’appropriation sont l’absence de déchets signalant que le site est entretenu par quelqu’un et, à l’occasion, une FKD°QH�mbIHUPDQWb}�OōHVSDFH�HW�VLJQDODQW�TXōLO�QH�IDXW�SDV�S«Q«WUHU���WRQQDPPHQW��OHV�VLWHV�mbYLGHVb}�R»�OH�SURSUL«WDLUH�¢�SULV�OH�VRLQ�d’indiquer l’interdiction de passage sont généralement laissés non appropriés, un exemple d’une certaine propension collective à se conformer aux règles.

5.3.3 JachèreLe long du canal me menant à mon travail, j’ai été surprise de découvrir d’innombrables champs ouverts, on se croirait à la campagne. Leur localisation est idéale, et je m’interroge à savoir pourquoi ils sont toujours non développés et non cultivés. Situé en plein cœur de la ville, le quartier de Setagaya est le plus peuplé des 23 districts.

On ne s’imagine pas qu’il peut y avoir un aussi grand nombre de terrains disponibles pour desservir la population locale en nourriture. Ces terrains sont prêts à être cultivés, mais seuls les terrains aux formes les plus irrégulières semblent être appropriés et cultivés. Et encore, cette appropriation n’est en rien standardisée. Il n’est pas question d’une production vouée à la vente, même à petite échelle. Dans les meilleurs sites, des tracteurs, des erses et des pelles sont abandonnés ou rangés depuis très longtemps.

J’apprends avec stupéfaction que le gouvernement municipal est responsable des terres laissées en jachère. Alors que les villes les plus avancées en matière de développement durable favorisent l’agriculture urbaine et les stratégies de proximité, la ville de Tokyo a mis un arrêt à ces pratiques artisanales. À la suite d’un interview avec OōDUFKLWHFWH�:LOO�*DOORZD\�GH�)URQW�2IƓFH�¢�7RN\R��LO�DSSDUD°W�TXH�OD�situation de ces terrains est contrôlée par la municipalité qui donne tantôt des incitatifs pour arrêter les cultures et tantôt des instructions pour privilégier un type de culture plutôt qu’un autre.

La forme urbaine existant à Tokyo est héritée de la période Edo. À cette époque, une distribution hiérarchique des terres était en place. Le territoire actuel de la ville se superpose à d’anciens domaines cultivés par des familles d’agriculteurs. À mesure que la ville s’est étendue, les terres ont été subdivisées et morcelées, ce qui a tranquillement dissous une base importante de production agraire dans la ville. On observe toutefois encore quelques fragments de ces domaines là où certaines familles ont tenu à conserver une part de leurs terres cultivables. Selon plusieurs personnes interrogées, cela expliquerait la présence de lots aux formes atypiques qui sont cultivés de manière informelle ou laissés à l’abandon. Par contre, comme les familles tiennent à conserver leurs terrains et leur statut, ceux-ci ne sont pas liquidés ni développés et restent donc en jachère. À l’occasion, l’on observe des jardins cultivés de manière informelle. Ces jardins n’ont rien d’une production moderne et rationnelle. Ils présentent les caractéristiques d’un collage d’éléments trouvés en guise de mobilier de jardin ou de bacs de plantation. Impossible de savoir si les cultivateurs sont bel et bien les propriétaires.

Chose certaine, leur exploitation est anecdotique. Pour chaque WHUUDLQ�FXOWLY«�GH�PDQLªUH�LQIRUPHOOH��GHV�GL]DLQHV�GH�WHUUDLQV�VRQW�ODLVV«V�YLGHV��VDQV�DXFXQH�WUDFH�GH�FKDQJHPHQWV�DX�ƓO�GHV�PRLV�TXL�passent. De longues toiles sont dressées pour empêcher que les mauvaises herbes ne poussent, et rien ne s’y passe. Jour après jour, je constate que ces lieux n’existent pas dans le présent. Ils sont en attente d’une action future ou demeurent enracinés dans le passé.

44 45

Fig. 25 & 263HWLW�MDUGLQ�WULDQJXODLUH�OH�ORQJ�GőXQ�FDQDO�¢�6HWDJD\D��7RN\R�

/RW�WUªV�«WURLW�¢�6HWDJD\D��7RN\R

46 47

Fig. 27&KDPSV�FXOWLY«�GH�PDQLªUH�LQIRUPHOOH�¢�6HWDJD\D��7RN\R

5.4 Variations dans l’espace-tempsSituation selon laquelle des espaces sont tantôt ouverts, tantôt fermés, tantôt investis, tantôt abandonnés, tantôt en croissance et tantôt en décroissance. Cette variation dans le temps change totalement la dynamique en place de façon cyclique ou ponctuelle. L’investissement du lieu s’organise selon un horaire régissant les activités du lieu ou selon les besoins des occupants. Puis, deux types GH�ŴX[�GōDFWLYLW«V�SHXYHQW�FRH[LVWHU��FōHVW�¢�GLUH�TXōXQH�YLOOH�SHXW�être à la fois en croissance et en décroissance selon le moment. C’est le cas de certaines villes régionales qui perdent de manière importante leur base d’habitants, mais qui continuent à recevoir un ŴX[�LPSRUWDQW�GH�WRXULVWHV�5.4.1 Métro de TokyoVariations dans l’espace-temps > abandon + appropriationSi la ville est hyperconnectée de jour, elle est totalement déconnectée la nuit venue pour une période d’environ quatre heures 77 durant laquelle les services de transport collectif sont LQWHUURPSXV��&ōHVW�FH�TXH�&KULVWLDQ�'LPPHU��%ULDQ�0RUULV�HW�(UH]�Golani Salomon, architectes et professeurs à l’université de Tokyo ont QRPP«�WKH���KRXUV�7LPH�6SDFH�9RLG��,OV�LGHQWLƓHQW�FH�SK«QRPªQH�comme générant des conditions uniques dans les villes japonaises. Les auteurs proposent de revisiter les concepts de vide urbain en lui donnant une quatrième dimension, ce concept étant déjà présent dans les concepts d’espace mouvement et de mâ. Cette inversion de SDUDGLJPH�UHG«ƓQLW�TXRWLGLHQQHPHQW�OHV�HVSDFHV�GH�OD�YLOOH��OHXUV�XVDJHV�HW�OōKRUL]RQ�GHV�SRVVLELOLW«V�

Comme on reconnaît aux terrains vagues et aux espaces indéterminés la qualité d’inspirer des actions d’appropriation, de subversion ou de création, pourrait-on reconnaître à l’entre-deux temporel que constitue l’interruption de service du métro cette même qualité? Dans le cas des villes japonaises, cet entre-deux peut être compris comme un espace de liberté généré par une entité extérieure à chacun.

Seulement quelques villes dans le monde offrent un service 24 heures. Cela indique que l’arrêt nocturne n’est pas unique à Tokyo. Toutefois, Tokyo pourrait bien être l’exemple où ce renversement entre la condition de jour et de nuit se fait sentir avec le plus d’acuité. Plus encore, la culture du travail au Japon est très normée, LO�QōHVW�SDV�UDUH�TXōRQ�WUDYDLOOH�MXVTXō¢���bK�SRXU�HQVXLWH�UHQWUHU�¢�la maison, sortir manger ou boire. D’ailleurs, la majorité s’oppose ¢�XQ�VHUYLFH���bK�H[SOLTXDQW�TXH�OōLQWHUUXSWLRQ�GH�VHUYLFH�GX�

métro constitue un moment de liberté nécessaire. La fermeture du métro est souvent la seule raison pour s’extirper du travail, ce qui l’empêcherait de prendre littéralement toute la place. Cette culture du travail assidu de jour se renverse le soir venu en une situation de laisser-aller débridé. Soudainement, Tokyo est à la fois trop grande et trop petite. Elle devient inaccessible et déconnectée; pour l’individu, tout ce qui existe désormais est son environnement et les quelques heures qu’il a devant lui.

5.4.2 Poteaux rétractablesVariations dans l’espace-temps > abandon et appropriation/D�OLPLWH�HQWUH�OHV�]RQHV�SULY«HV�HW�SXEOLTXHV�HVW�DXVVL�¢�J«RP«WULH�variable. En effet, partout dans la ville se déploient des clôtures rétractables permettant de fermer un espace ou de l’ouvrir sur demande. Intégrés à la ville tel un mobilier urbain, les poteaux rétractables sont installés à l’initiative des divers propriétaires à même le sol. En situation d’ouverture, ils sont escamotés dans le sol, et seules les chaînes les reliant sont perceptibles, disposées contre le sol de manière à ne pas empêcher le passage. Au besoin, il sera possible de refermer l’espace en déployant les poteaux à l’extérieur du sol. Ce mécanisme simple illustre bien la souplesse avec laquelle l’espace urbain se dessine. Loin d’être une mesure appliquée partout dans la ville, les clôtures rétractables sont généralement le fruit d’initiatives privées qui visent la protection de l’espace personnel.

5.4.3 Hakodate : ville à deux vitessesÀ la lumière des recherches sur les villes en décroissance menées par la Federal Cultural Foundation en Allemagne78, une ressource souvent consultée en préparation au voyage, il m’est apparu Q«FHVVDLUH�GōDOOHU�YLVLWHU�OD�YLOOH�Gō+DNRGDWH�VXU�Oō°OH�Gō+RNNDLG�Ċ�FDU�cette ville est en état de décroissance critique démographique tout en demeurant une destination touristique de première importance. Sa population est en baisse, mais la ville parvient à attirer plus de 5 millions de touristes annuellement. Hakodate est l’un des paysages urbains les plus connus du Japon. La vue à partir de la montagne HQ�U«YªOH�OD�IRUPH�SDUWLFXOLªUHb��XQ�EUDV�GH�WHUUH�VHPEODEOH�¢�XQ�tombolo.

Situé sur la côte sud, il s’agit du premier port de l’île ouvert au commerce en 1854. La ville devient un centre de commerce important en sa qualité d’unique port d’entrée de l’île et restera le SRUW�SULQFLSDO�GH�Oō°OH�MXVTXōDX[�DQQ«HVb������PRPHQW�R»�OD�YLOOH�DWWHLQW�XQ�VRPPHW�G«PRJUDSKLTXH�DYHF�HQYLURQ����b����KDELWDQWV��

Ce nombre n’a cessé de dégringoler depuis. De nombreux habitants de la ville choisissent de quitter le centre de la ville pour les banlieues, contribuant à une décroissance de près de la moitié du nombre d’habitants. Aussi, la vue nocturne ayant fait la renommée GH�OD�YLOOH�FKDQJHb��OHV�OXPLªUHV�Vō«WHLJQHQW�GDQV�OH�FHQWUH�KLVWRULTXH�DX�SURƓW�GH�OD�PDUJH�ORLQWDLQH�GHV�EDQOLHXHV��&H�FKDQJHPHQW�GH�densité entraîne l’abandon/la désaffectation d’un grand nombre de bâtiments.

Alors que j’arpente les rues principales, je me demande où se trouvent désormais les activités de la ville. Plusieurs sites en plein cœur de la ville restent vides, non développés. Comme la ville fait face aux mêmes problèmes que le reste du Japon avec un taux de natalité très bas, Hakodate a adopté une stratégie de fusion urbaine. Cela lui a permis de réduire sa décroissance, sur papier à tout le moins, et de rentabiliser les effectifs municipaux. Le centre-ville a été visé par plusieurs campagnes de réhabilitation, mais seule la ]RQH�KLVWRULTXH�HVW�UHG«YHORSS«H�DYHF�VXFFªV�HW�VRXWLHQW�OHV�DFWLYLW«V�touristiques de la ville.

$X�ƓO�GH�PHV�G«ULYHV�HW�HQ�DUSHQWDQW�ƓQDOHPHQW�OD�IDPHXVH�montagne il m’apparaît que la ville est en voie de se résorber vers son essence. En son centre, ce qui survit à la décroissance est ce TXL�FRQVWLWXH�OōLGHQWLW«�LQLWLDOH�GH�OD�YLOOHb��OH�SRUW��OH�PDUFK«��OD�montagne et la vue nocturne mettant en valeur la forme de sablier constituée par les deux baies cintrant la ville, et ce sont d’ailleurs les seuls éléments intéressant les touristes. Hakodate revient à un «WDW�VLPSOLƓ«��¢�VRQ�HVVHQFH�RULJLQDOH��PDLV�UHVWH�DX[�SULVHV�DYHF�l’héritage de l’exode de ses habitants vers la banlieue.

Cette observation pourrait constituer une stratégie pour les FRPPXQDXW«V�DX[�SULVHV�DYHF�OD�G«FURLVVDQFHb��PDLQWHQLU�HW�PLVHU�sur ce qui fait l’intérêt et la renommée de la ville. Toutefois, la dépendance au tourisme est inquiétante. Puisque personne ne vient s’établir durablement, les habitants restants dépendants de la venue GHV�WRXULVWHV�WDQGLV�TXH�OHV�]RQHV�GH�OD�YLOOH�TXL�QH�VRQW�SDV�XWLOHV�aux touristes sont laissées à l’abandon.

48 49

Fig. 28Poteau rétractable

50 51

Fig. 29&«OªEUH�YXH�QRFWXUQH�¢�+DNRGDWH

Fig. 30, 31, 32, 33(VSDFHV�LQDFWLIV�¢�+DNRGDWH�

5.5 RéglementationSituation selon laquelle des espaces sont réglementés par des lois, lesquelles sont mises en application ou non. Les règles en place permettent de baliser l’usage de l’espace et d’assurer le maintien de l’ordre. Ces espaces sont aussi surveillés par les forces de l’ordre, comme c’est les cas d’espaces publics ou encore par des gardiens ou dispositifs de surveillance dans les lieux privés. Alors que l’espace public est le théâtre des médiations entre les individus formant une collectivité, il se prête rarement à des appropriations durables, car il doit rester disponible pour la majorité. L’espace public s’offre comme OLHX�G«PRFUDWLTXH��PDLV�LO�FRQWLHQW�XQH�SDQRSOLH�GH�FRQƓJXUDWLRQV�IRUPDQW�GHV�]RQHV�LQG«WHUPLQ«HV��2U��ELHQ�TXH�OH�SRWHQWLHO�d’appropriation soit grand, il est rare que de telles actions soient tolérées, car cet espace a depuis longtemps été instrumentalisé par la justice.79 À ce sujet, le concept de justice spatiale tel qu’élaboré par (GZDUG�6RMD�HVW�XWLOHb��

mb/HV�GLVFULPLQDWLRQV�OL«HV�DX[�ORFDOLVDWLRQV��U«VXOWDW�GX�WUDLWHPHQW�inégal fait à certaines catégories de population en raison de leur localisation géographique, s’avèrent fondamentales dans la production d’injustice spatiale et dans la création de structures spatiales pérennes, fondées sur des privilèges et des avantages. Les trois forces les plus connues qui agissent pour produire de la discrimination localisationnelle et spatiale sont la classe sociale, la race et le genre, mais leurs effets ne doivent pas être réduits à OD�VHXOH�V«JU«JDWLRQb}�80

5.5.1 Le centre vide du palais impérial 81

Réglementation > abandonmb 7RXWH� OD� YLOOH� WRXUQH� DXWRXU� GōXQ� OLHX� ¢� OD� IRLV� LQWHUGLW� HW�LQGLII«UHQW��GHPHXUH�PDVTX«H�VRXV�OD�YHUGXUHb}82

Le Palais impérial est situé dans le quartier Chiyoda à proximité de la gare de Tokyo. Il s’agit de l’ancien château du shôgun, devenu la résidence de l’Empereur et de sa famille après la restauration de Meiji. Le pays était alors très divisé sur le choix de l’emplacement de la demeure de l’Empereur à Edo. Tokyo symbolise l’idée de UHQRXYHDX�TXH�OōRQ�VRXKDLWH�PHWWUH�GH�OōDYDQWb��mbOD�G«FLVLRQ�QōHVW�SDV�IDFLOHb��HOOH�P«FRQWHQWH�OHV�SDUWLVDQV�GX�PDLQWLHQ�¢�.\RWR�HW�ceux d’un déplacement à Osaka. Mais elle s’appuie sur la logique de ses adversaires. Kyoto serait trop le symbole d’un statu quo pour un U«JLPH�TXL�VH�YHXW�QRXYHDX��HW�2VDND�HVW�VXIƓVDPPHQW�ŴRULVVDQWH�SRXU�PDLQWHQLU�VRQ�DFWLYLW«�VDQV�GHYHQLU�FDSLWDOHb}�83 Aujourd’hui encore, le Palais impérial est un écrin au centre de la ville. Ses WHUUDLQV�FRPSRVHQW�XQH�]RQH�YHUGR\DQWH�HW�VHFUªWH�GH�SUªV�GH�����hectares, soit la même taille que le parc du Mont-Royal. Cet endroit

empreint de calme et de mystère est gardé secret des habitants de la ville. Ces derniers possèdent bien une représentation mentale de l’endroit, mais celle-ci est vague et varie d’une personne à l’autre. Le palais demeure quasi inaccessible sauf lors des festivités pour l’anniversaire de l’empereur, le 23 décembre, et des festivités du Nouvel An, le 2 janvier. À ces deux occasions, la famille impériale peut être vue sur un balcon du palais à partir d’une section en périphérie accueillant les visiteurs. Le reste du temps, les visiteurs doivent s’inscrire en personne pour des visites guidées de certaines ]RQHV��7RXV�VRQW�WHQXV�¢�GLVWDQFH�GDQV�GHV�MDUGLQV�G«VLJQ«V��8Q�grand nombre de règlements assurent le maintien de l’ordre et le reste du domaine demeure impénétrable. Dans la ville, le palais est maintenu à l’écart des activités urbaines. Toutefois, la ville entière est organisée par la présence de ce lieu au centre de la ville. Ce centre demeure pourtant masqué par des murailles et de la végétation. Roland Barthes y voit une présence qui s’immisce dans l’imaginaire collectif par soustraction, rythmant la ville par l’interdiction d’y S«Q«WUHUb��

mb7RN\R�SRVVªGH�ELHQ�XQ�FHQWUH��PDLV�FH�FHQWUH�HVW�YLGH��7RXWH�OD�ville tourne autour d’un lieu à la fois interdit, indifférent, défendu par des fossés d’eau, habité par un empereur que l’on ne voit jamais, c’est à dire, à la lettre par on ne sait qui. Journellement, de leur conduite preste, énergique, expéditive comme la ligne d’un tir, les taxis évitent ce cercle, dont la crête base forme visible de l’invisibilité, cache le “rien” sacré. L’une des deux villes les plus puissantes de la modernité est donc construite autour d’un anneau opaque de muraille, d’eaux, de toits, et d’arbre, dont le centre lui-même n’est plus qu’une idée évaporée, subsistant là non pour irradier quelque pouvoir, mais pour donner à tout le mouvement urbain l’appui de son vide central, obligeant la circulation à un perpétuel dévoiement. De cette manière, nous dit-on, l’imaginaire se déploie circulairement, par détour et UHWRXUV�OH�ORQJ�GōXQ�VXMHW�YLGHb}�84

/H�SURIHVVHXU�0DWVX]DNL�GH�OōXQLYHUVLW«�0HLML�¢�7RN\R�H[SOLTXH�TXōLO�VōDJLW�O¢�GōXQ�«O«PHQW�LOOXVWUDQW�OH�FRQFHSW�GH�mbPDb}��FōHVW�¢�GLUH�GōXQ�jeu formel et spirituel où l’élément le plus important, ici le Palais impérial, est délibérément enlevé. Comme examiné précédemment, FH�VHUDLW�O¢�XQ�GHV�SULQFLSHV�LPSRUWDQWV�U«JLVVDQW�OHV�FRQƓJXUDWLRQV�spatiales de l’architecture japonaise.

5.5.2 Les maisons bleues du parc YoyogiRéglementation > appropriationLe parc Yoyogi est un des plus grands espaces verts de la métropole et couvre 55 hectares entre Shibuya et Shinjuku. Il contient le sanctuaire de Meiji au nord-est. De nombreux équipements

5.5.3 Interdiction de danserLa danse crée un espace de liberté et de créativité en ouvrant un univers de nouvelles potentialités et d’expression. Plusieurs y voient un droit fondamental qui ne peut être retiré à qui que ce soit. Or, il VHPEOH�TXH�SRXU�DYRLU�OH�GURLW�GH�GDQVHU�DSUªV���bK�GDQV�FHUWDLQV�établissements des villes du Japon, il faille obtenir un permis selon la loi fueiho sur le contrôle des établissements commerciaux de divertissement. Cette loi85, qui existe depuis 1948, a été mise en place pour remettre l’ordre dans les villes dans un contexte d’après-guerre. Elle permettait alors de garder un certain contrôle sur les établissements de jeux et de prostitution, mais aussi sur OHV�GLVFRWKªTXHV�HW�OHV�EDUV��(Q�������OH�-DSRQ�G«SHQG�GōXQH�DLGH�internationale pour nourrir sa population et est occupé par un grand nombre de militaires américains. On y enregistre alors une hausse GH�YLROV��$ƓQ�GH�SDOOLHU�OH�SUREOªPH��OH�JRXYHUQHPHQW�MDSRQDLV�met en place des institutions de prostitution par la création du Recreation and Amusement Association. Ces établissements sont cependant rapidement fermés suite à la propagation de maladies vénériennes dans la population militaire. C’est dans ce contexte que la loi de 1948 est instaurée. Plusieurs types et tailles de commerces VRQW�DORUV�YLV«V��QRWDPPHQW�OHV�«WDEOLVVHPHQWV�DYHF�XQH�VXSHUƓFLH�GH�SLVWH�GH�GDQVH�LQI«ULHXUH�¢����PªWUHV�FDUU«V��FH�TXL�HVW�LPPHQVH��considérant les standards japonais. De ce fait, il est généralement impossible pour les commerçants d’obtenir le permis de danser puisque leurs installations sont tout simplement trop petites���

mb7KDWōV�DERXW� WKH� VL]H�RI�ƓYH�SDUNLQJ�VSDFHV�� VDQV�EDU�� WDEOHV��speakers, or light posts. If that seems small, you haven’t been to -DSDQ�Ŋ�LWōV�WKH�VL]H�RI����WDWDPL�PDWV��ZKLOH�D�W\SLFDO�-DSDQHVH�ORIW�DSDUWPHQW�ZRXOG�EH�DERXW�����D�W\SLFDO�-DSDQHVHb�ŋ�URRP�KRXVH� LV� RQO\� DERXWb���UG� ODUJHU� >ř@�6R� YHQXHV� LQ�-DSDQ�JHW�a simple liquor license and hope the cops don’t show up just as some head-bobbing scoundrel busts into the Electric Slide in ŴDJUDQW�GLVUHJDUG�IRU�WUDGLWLRQDO�-DSDQHVH�YDOXHV�b}�87

Ces institutions ne possèdent généralement qu’un seul des huit types de permis disponibles (celui qui permet de boire après ��bK���%LHQ�TXH�OD�ORL�IXHLKR�DLW�«W«�LJQRU«H�SDU�OHV�IRUFHV�GH�OōRUGUH�pendant des décennies, elle connaît actuellement un regain de popularité. Depuis 2011, les forces policières de plusieurs villes principales comme Osaka, Fukuoka et Tokyo et de nombreuses villes secondaires telles que Kyoto, Kumamoto et Kagoshima ont recommencé à appliquer la loi. Les propriétaires de discothèques HW�GH�EDUV�WHQWHQW�GH�GLVVXDGHU�OHV�FOLHQWV�GH�GDQVHU�HQ�DIƓFKDQW�des pancartes d’interdiction, en remplissant les pistes de danse de mobilier et en ajoutant à leurs employés des gardes de sécurité

collectifs sont érigés dans le parc, pour la plupart au sud et dans la portion nord-ouest. Plusieurs bâtiments ont été construits à OōRFFDVLRQ�GHV�2O\PSLTXHV�GH�������

(QWUH�FHV�]RQHV�G«GL«HV��XQ�JUDQG�QRPEUH�GH�VHQWLHUV�VHUSHQWHQW�dans le parc, offrant un trajet pittoresque au cœur des cerisiers, le long de fontaines et d’arbres matures. De grandes pelouses permettent aux badauds de faire des pique-niques ou d’observer OHV�ŴHXUV�GH�FHULVLHUV�OD�VDLVRQ�YHQXH��'DQV�OD�SRUWLRQ�RXHVW�GX�parc, non loin de la station Yoyogi Koen, on aperçoit un village de tentes bleues, insérées entre les sentiers dans les sous-bois. Ce sont GHV�KDELWDWLRQV�WHPSRUDLUHV�TXL�WLUHQW�SURƓW�GōXQH�SRUWLRQ�PRLQV�populaire du parc, adossées contre la limite clôturée à l’ouest. La dénivellation importante par rapport à la rue plus bas rend propice l’appropriation, car elle a pour effet de créer une enclave dans le SDUF��3OXVLHXUV�«O«PHQWV�«WRQQHQWb��OD�SURSUHW«�GHV�OLHX[��OH�KDXW�niveau d’appropriation et la tolérance des autorités et des passants ayant permis à cette collectivité de demeurer en place. En effet, plusieurs des constructions sont habilement entretenues, les toiles sont tendues et propres, les souliers sont rangés près de la porte et protégés des intempéries. Certains ont des vélos stationnés et non verrouillés et des cuisines extérieures, des jardins et des décorations. D’autres encore ont soigneusement organisé les montagnes de canettes vides qui restent posées là sans surveillance. Il semble que ce soit bel et bien une petite collectivité. Certes, on raconte que de tels villages sont le symptôme d’une société éclatée où les moins nantis ne sont plus soutenus par la cellule familiale. Quoi qu’il en soit, un grand respect règne de part HW�GōDXWUHb��OHV�KDELWDQWV�UHVSHFWHQW�OHV�OLHX[��OHV�SDVVDQWV�HW�OHV�policiers aussi. Ce savoir-vivre permet aux individus de ces petites FROOHFWLYLW«V�GH�SURƓWHU�GōXQ�DVLOH�VWDEOH�

Quelques discussions à ce propos avec des habitants de la ville mettent en lumière une piste expliquant la dynamique en place. Il y aurait un certain vide juridique en regard de ces installations dites mbWHPSRUDLUHVb}��/HV�IRUFHV�GH�OōRUGUH�WROªUHQW�FHV�UHJURXSHPHQWV�¢�défaut de pouvoir appliquer des règles claires qui en interdiraient la présence. Ce genre d’habitations est présent à d’autres endroits dans la ville, mais leur positionnement dans le parc est surprenant puisqu’il s’agit d’un parc ayant beaucoup d’importance dans la ville. Il abrite le sanctuaire de Meiji, l’un des hauts lieux de la religion shintô, en plus d’accueillir un très grand nombre de touristes.

52 53

chargés d’empêcher les danseurs de prendre place sur la piste. Plusieurs sont d’avis que le maintien de ce type de lois jugées Y«WXVWHV�HW�DPELJX­V�GDQV�OHXUV�G«ƓQLWLRQV�D�SRXU�EXW�GōDVVXUHU�XQ�FRQWU¶OH�VXU�OHV�DFWLYLW«V�UHOL«HV�DX�WUDƓF�GH�GURJXH�HW�¢�OD�SURVWLWXWLRQb�

mb+DYLQJ�ORRVH�GHƓQLWLRQV�RI�WKH�ODZV�JLYH�SROLFH�VRPH�OHHZD\��but also prevent the clubs from going totally underground. :KHUHDV�QRZ�� WKH�SROLFH�DQG�WKH�VH[� LQGXVWU\�ZRUN�DURXQG�WKH�loopholes in the laws to co-exist, stricter enforcement paves the ZD\�WR�VOHD]LHU�DQG�PRUH�VHULRXV�LVVXHV�VXFK�DV�KXPDQ�WUDIƓFNLQJ��6LQFH�WKH�VDPH�KD]\�ODZV�DSSO\�WR�GDQFH�FOXEV��LI�SROLFH�VXVSHFW�a club of regularly having drugs on the premises, or serving alcohol to minors, or if even neighbors are just complaining about the noise too much – they can go in after 11 p.m., look for GDQFLQJ�DQG�VKXW�WKH�SODFH�GRZQb}88

Plusieurs groupes de pression donc Let’s Dance, qui est dirigé par des avocats, cherchent à faire invalider la loi, mais il semble que la tâche soit ardue, car elle s’attaque au statu quo voulant que des lois désuètes soient maintenues dans la Constitution. De plus, comme le problème affecte davantage les villes secondaires que la ville GH�7RN\R��OHV�JURXSHV�RQW�GH�OD�GLIƓFXOW«�¢�UDOOLHU�OHV�SURSUL«WDLUHV�LQŴXHQWV�GHV�EDUV�HW�GHV�GLVFRWKªTXHV�GH�7RN\R��(Q�DWWHQGDQW��plusieurs commencent à ouvrir de nouveaux types de commerces pour danser le jour, ces derniers permettraient à une clientèle composée de mineurs et de nombreuses femmes à la maison d’aller danser en toute légalité.89

54 55

Fig. 34 & 35/H��YLGH�ODLVV«�SDU�OH�0RQW�5R\DO�¢�0RQWU«DO/H��YLGH�ODLVV«�SDU�OH�SDODLV�LPS«ULDO�¢�7RN\R

56 57

Fig. 36 Quartier alternatif dans le parc Yoyogi, Tokyo

5.6 Édification6LWXDWLRQ�VHORQ�ODTXHOOH�Oō«GLƓFDWLRQ�GōXQH�LQIUDVWUXFWXUH�FKDQJH�OHV�UDSSRUWV�SU««WDEOLV�HW�FU«H�XQH�]RQH�LQG«WHUPLQ«H��&HWWH�«GLƓFDWLRQ�ajoute parfois au potentiel du lieu en permettant de nouvelles relations et possibilités d’appropriation. Toutefois, elle peut aussi causer une perte de valeur en déstabilisant les liens préétablis entre les éléments en place, allant jusqu’à créer des vides conceptuels et relationnels néfastes tant pour les activités de la communauté que pour les liens que cette dernière entretient avec son environnement.

5.6.1 + Beach houses �GLƓFDWLRQ�!�DSSURSULDWLRQEn situation d’appropriation, un exemple intéressant est celui des beach houses construites durant le mois de juin sur les plages les plus fréquentées au Japon, notamment à Kamakura et Zushi, stations balnéaires favorites des Tokyoïtes. Leur ouverture est prévue pour le premier juillet chaque année, et elles demeurent ouvertes jusqu’au 31 août. Certaines beach house reviennent chaque année depuis plus de quarante ans, d’autres s’ajoutent ou disparaissent selon les années. La construction saisonnière permet de désencombrer la plage durant les saisons non touristiques. /ō«GLƓFDWLRQ�QRQ�SHUPDQHQWH�IDYRULVH�XQH�DSSURFKH�OXGLTXH��expérimentale et humble de l’architecture, ce qui est bon cette année n’est pas nécessairement souhaitable l’an prochain. Cette stratégie permet de construire de manière légère, en utilisant des matériaux renouvelables et en mettant de l’avant des assemblages simples et des idées éclatées.Ces constructions temporaires rendent possibles de nouvelles interactions et appropriations, et ce, sans hypothéquer la plage à longueur d’année. Elles constituent un événement en soit. Par ces mesures tenant de l’éphémère, on admet l’importance d’une offre de services sur la plage et on répond au besoin d’abriter des événements à proximité de l’océan. Toutefois, dix mois par année, la plage peut se régénérer et accueillir la biodiversité propre à son écosystème. Les beach houses catalysent la rencontre entre les gens HW�OD�QDWXUH��/HXU�«GLƓFDWLRQ�FKDQJH�FRPSOªWHPHQW�OHV�G\QDPLTXHV�en place. Cette approche crée un événement autour du changement de saison, une approche ancrée dans les pratiques japonaises de l’éphémère.

5.6.2 Mur océanique de béton�GLƓFDWLRQ�!�DEDQGRQPour ce qui est de la situation d’abandon, l’exemple le plus fascinant est celui de l’énorme mur océanique de béton consolidant les côtes

japonaises. Ce mur de béton très massif est souvent accompagné de tetrapods (des unités de béton à trois têtes empilées les unes sur les autres pour briser les vagues). Ces mécanismes ont pour but de protéger les villages et les côtes exposés aux tsunamis. À l’heure DFWXHOOH��FH�PXU�FRXYULUDLW�SUªV�GH���b��GHV�F¶WHV�MDSRQDLVHV90. Or, OD�FRQVWUXFWLRQ�LQŴH[LEOH�GH�FH�PXU�FU«H�V\VW«PDWLTXHPHQW�GHV�]RQHV�LQG«WHUPLQ«HV�VHPDQW�OD�G«VRODWLRQ�HW�OōDEDQGRQ��,O�HPSLªWH�VXU�GHV�OLHX[�DXWUHIRLV�VLJQLƓFDWLIV��LO�HIIDFH��FRXSH��G«ƓJXUH�HW�anéantit. Plusieurs y voient un acte insensible. Selon Yoshiharu 7VXNDPRWR�GH�OōDWHOLHU�%RZ�:RZ91, il s’agit là d’une approche rigide hyperfonctionelle qui cherche à prémunir les communautés des risques reliés aux tsunamis dans l’immédiat, mais sans vision à long WHUPH��(Q�SOXV�GH�QH�SDV�VōDGDSWHU�¢�OD�VS«FLƓFLW«�GH�FKDTXH�U«JLRQ��voire de chaque village, cette mesure responsabilise l’infrastructure plutôt que les personnes. Le mur brise les liens traditionnels entre les villages de pêcheurs et la mer. En coupant les liens visuels, il devient impossible pour les habitants de constater un retrait des eaux et d’ainsi voir venir un tsunami. Plus encore, le béton risque de craquer et d’exposer les armatures bien avant le prochain tsunami de grande ampleur, ce qui aura tôt fait d’exposer les communautés. Selon plusieurs spécialistes, cette approche univoque est nuisible alors que la mise en place de stratégies92 organisationnelles et des FRQƓJXUDWLRQV�ŴH[LEOHV�VRQW�SRVVLEOHV��&HOOHV�FL�TXL�LPSOLTXHUDLHQW�les principaux intéressés, s’adapteraient dans le temps aux besoins GHV�FRPPXQDXW«V�GH�PDQLªUH�UDIƓQ«H�HW�VS«FLƓTXH��/H�FRQFUHWH�VHD�wall stimule l’exode. Il exacerbe la décroissance des communautés HQ�DJJUDYDQW�OD�VLWXDWLRQ�«FRQRPLTXH�HQ�SODFH��6RQ�LQŴH[LELOLW«�crée un vide et oblitère ce sur quoi il est construit en bloquant OōKRUL]RQ��,O�IDYRULVH�OōDEDQGRQ�GX�OLHX�HQ�UHQGDQW�LPSRVVLEOH�VRQ�appropriation. Ce n’est pas seulement l’homme qui souffre de cette mesure, les écosystèmes en sont également troublés alors que les cycles naturels sont interrompus93.

5.6.3 Suivre le cours des choses, une alternative flexible à la décroissance et aux tsunamis6XU�OD�TXHVWLRQ�GH�Oō«GLƓFDWLRQ�HW�GHV�]RQHV�LQG«WHUPLQ«HV��une discussion avec mon patron et ami Daisuke Sanada m’a particulièrement éclairée. Nous étions de retour d’une journée passée dans sa préfecture natale d’Ibaraki où nous étions allés sur la côte faire du surf. Comme la vaste majorité des personnes rencontrées, la catastrophe du tremblement de terre de 2011 l’a ébranlé profondément. À ce sujet, son attitude est particulièrement OXFLGH��VLPSOH�HW�U«Ŵ«FKLHb��mbJR�ZLWK�WKH�ŴRZ��UHVSHFW�WKH�ORFDOV�DQG�UHVSHFW�WKH�QDWXUHb}��3RXU�OXL��OD�G«YDVWDWLRQ�HQ�OLHQ�DYHF�OHV�tsunamis est pernicieuse, car elle se poursuit bien au-delà de

58 59

Fig. 37%¤WLPHQWV�WHPSRUDLUHV�VXU�OD�SODJH�¢�.DPDNXUD

l’événement-choc. Voilà des années que le gouvernement central s’affaire à ériger un mur océanique sur la majorité des côtes du pays. En plus du grand mur océanique de béton recouvrant plus de ��b��GHV�F¶WHV�MDSRQDLVHV��GHV�EORFV�¢�WURLV�W¬WHV�QRPP«V�WHWUDSRGV�sont empilés dans les baies, le long les plages pour agir en qualité de brises vagues. À force d’interventions, les paysages côtiers sont GHYHQXV�GHV�]RQHV�GH�G«VRODWLRQ��HW�FH�DYDQW�P¬PH�OHV�«Y«QHPHQWV�de 2011. Il est évident que nul ne peut s’opposer à l’importance de sauver et protéger des vies humaines. Toutefois, la solution radicale choisie par les autorités ne semble pas avoir tenu compte des besoins des communautés, de leurs activités traditionnelles et les écosystèmes en place.

mb,Q�WKH�\HDUV�OHDGLQJ�XS�WR�WKH�PDVVLYH�WVXQDPL�RI�0DUFK�����2011, it seemed that Japan’s coastal ecosystems could hardly decline in health any further. Decades of coastal engineering had divided land from ocean, turned quaint seaside towns grey with concrete, and pushed once-familiar species like loggerhead sea turtles and common orient clams towards extinction. Nearly KDOI�RI�WKH�LVODQG�QDWLRQōV�SHULPHWHU�ZDV�PRGLƓHG�LQ�VRPH�ZD\��cliffs comprised most of what remained untouched. Even within the government, a sense had begun to spread that in a country where the sea has shaped culture and cuisine for millennia, coastal land management had taken a wrong turn. Then came WKH�RQFH�LQ�D�WKRXVDQG�\HDU�WVXQDPL��:DOOV�RI�ZDWHU�VZHSW�RYHU�the coast of northeastern Japan, claiming more than 15,000 lives and destroying hundreds of thousands of buildings, together ZLWK� ��� SHUFHQW� RI� VHDZDOOV�� ,Q� WKH� UXEEOH�FRYHUHG� ZDVWHODQG�WKDW� UHPDLQHG�� VFKRODUV�� DFWLYLVWV�� DQG� ƓVKHUPHQ� DOLNH� VDZ� D�chance to rethink how people live on the coast. Instead, national and regional government bodies are moving to recreate the concrete coastline that existed before. Reconstruction plans in heavily damaged Iwate, Miyagi, and Fukushima prefectures call IRU�D�VWULQJ�RI�VWXQQLQJO\�WDOO�DQG�ZLGH�VHDZDOOVb}94

Si l’objectif du Concrete sea wall est de protéger les collectivités et les infrastructures, il a eu de nombreux effets négatifs sur les lieux que l’on cherche à protéger. Le mur a radicalement transformé la relation des gens à leur environnement, il a endommagé le lien intemporel entretenu avec l’océan. La connexion physique et visuelle est désormais perdue alors que ce lien est essentiel à l’identité MDSRQDLVH��&RPPH�OōH[SOLTXH�OH�SURIHVVHXU�0DWVX]DNL��LO�\�D�WURLV�FRQGLWLRQV�GōRFFXSDWLRQ�GHV�WHUUHV�DX�-DSRQb��¢�ŴDQF�GH�PRQWDJQH��sur plateau et sur l’eau. Chaque condition existe en dialogue avec son contexte. Les historiens et les ethnogéographes tout comme les membres des collectivités touchées ont depuis longtemps reconnu le rôle particulier qu’a joué l’environnement et le paysage singulier japonais dans la mise en place de l’identité et des comportements.

Puis, la majorité des agglomérations urbaines du pays sont établies sur les côtes. Il semble donc ironique que les mesures préventives PLVHV�HQ�SODFH�QōDLHQW�SDV�«W«�SODQLƓ«HV�GDQV�OH�UHVSHFW�GH�OD�connexion vitale entre l’homme et son environnement. Les habitants GHV�]RQHV�F¶WLªUHV�RQW�HX�¢�IDLUH�IDFH�¢�OD�IRUFH�GH�OD�QDWXUH�GHSXLV�des générations, et les risques liés à la proximité de la mer, dans une région où l’activité sismique est importante, font partie de la vie des communautés établies dans ces lieux. D’ailleurs, le cycle des WVXQDPLV�QōD�SDV�«W«�VXIƓVDQW�SRXU�SURYRTXHU�OH�G«SODFHPHQW�GHV�populations. Plus encore, on prévoit qu’un tsunami de l’importance de celui de 2011 se produit en moyenne tous les 1000 ans. Le mur de béton n’est toutefois pas conçu pour résister aussi longtemps DX[�LQWHPS«ULHV��(Q�HIIHW��FRPPH�OōHDX�VōLQƓOWUH�GDQV�OHV�ƓVVXUHV�du béton et rouille les armatures, son espérance de vie est d’à peine 100 ans. Les mesures préventives choisies par les autorités compétentes sont donc inappropriées à plusieurs égards et suscitent l’insatisfaction de la population.

mb :HōUH� IDFLQJ� WKH� SRVVLELOLW\� WKDW� LWōV� QRW� WKH� WVXQDPL� EXW�rather the reconstruction work that will wipe out the extremely LPSRUWDQW�QDWXUDO�HFRV\VWHPV�DORQJ�WKH�FRDVWb}95

Alors qu’autant d’efforts ont été déployés pour consolider les côtes, un changement de paradigme est-il encore possible? À l’occasion d’une discussion à ce sujet avec Yoshihiro Tsuskamoto de l’atelier %RZ�:RZ��LO�DSSDUD°W�TXH�OD�VROXWLRQ�VH�VLWXH�SHXW�¬WUH�GDQV�OōHPSORL�GōLQIUDVWUXFWXUHV�ŴH[LEOHV�� plutôt que d’infrastructures statiques.97 En plus de pouvoir évoluer, les stratégies qui se basent VXU�OD�ŴH[LELOLW«�GRQQHQW�¢�OōKRPPH�OD�UHVSRQVDELOLW«�HW�OH�FRQWU¶OH�qui lui permettra de la faire correspondre à sa réalité. En guise d’exemple, les habitats traditionnels côtiers typiquement construits sur l’eau constituent des précédents appropriés. D’autres concepts développés par les métabolistes pourraient esquisser un début GH�VROXWLRQb��KDELWDWV�QRPDGHV��YLOOHV�SODWHV�IRUPHV��E¤WLPHQWV�interactifs face à leur environnement, etc. Chose certaine, une approche de type descendante ne s’adapte pas à la particularité et DX[�FRQWUDLQWHV�VS«FLƓTXHV�¢�FKDTXH�FRPPXQDXW«��

L’état déplorable des villes régionales de Tohoku a été exacerbé par les événements de 2011. Elles doivent désormais faire face à la reconstruction de collectivités déplacées et en décroissance.

Comment reconstruire un espace urbain qui se caractérisait déjà en 2011 par l’abandon? Ces villes doivent-elles tenter de recomposer l’espace urbain en place avant le tsunami? Comme peu de personnes choisissent d’aller s’y établir, ces villes en

60 61

Fig. 38Tétrapods sur la côte de l’île d’Hokkaido

62 63

Fig. 39*UDQG�PXU�RF«DQLTXH�VXU�OD�F¶WH�GH�Oő°OH�Gő+RNNDLGR

décroissance font face à leur sort. À moyen terme, une fois la période GH�UHFRQVWUXFWLRQ�WHUPLQ«H��LO�VHUD�GLIƓFLOH�GH�JDUGHU�FHV�YLOOHV�sous respirateur en investissant dans leur économie de manière DUWLƓFLHOOH��,O�VHPEOHUDLW�TXH�OD�G«YDVWDWLRQ�GHV�WVXQDPLV�DFF«OªUH�une tendance déjà bien amorcée partout au Japon.

La décroissance constitue le cours normal des choses et s’additionne à la question de contamination radioactive, ce qui laisse présager que sans interventions majeures, la tendance actuelle de G«SRSXODWLRQ�VH�PDLQWLHQGUD��'DQV�XQH�RSWLTXH�GH�UHFRQƓJXUDWLRQ�VWUDW«JLTXH�SDQQDWLRQDOH��FHV�]RQHV�SRXUUDLHQW�WUDQTXLOOHPHQW�être redonnées à la nature selon la tendance actuelle d’exode vers les grandes villes. Plutôt que d’approcher la situation alarmante qu’est l’abandon avec pessimisme, Gil Doron propose que le retour ¢�Oō«WDW�VDXYDJH�HVW�E«Q«ƓTXH�SRXU�OōHQYLURQQHPHQW��/D�QDWXUH�prend d’assaut les sites contaminés et délaissés, ce qui constitue une stratégie de reconstruction judicieuse et durable. Peter Galison, théoricien et historien à Harvard souligne pour sa part que l’état de sites à l’état sauvage s’apparente à l’état de sites contaminés, car dans les deux cas, la présence de l’homme n’est pas souhaitable, ce TXL�IRUPH�GHV�]RQHV�GōH[FOXVLRQ�

mb2QFH�\RX�WKLQN�DERXW�ZLOGHUQHVV�DV�ODQG�WRR�SXUH�IRU�PRUH�WKDQ�DQ�RFFDVLRQDO�YLVLW��LW�EHFRPHV�HDVLHU�WR�WKLQN�DERXW�WKH�LQYHUVH��land that is too polluted for human use that, like wilderness, is more or less outside our dominion. You start to carve out land like the Nevada Test Site (recently renamed the Nevada National Security Site), a gigantic piece of land, a territory the VL]H� RI� 5KRGH� ,VODQG�� DQG� \RX�EHJLQ� WR� VSHDN� DERXW� ŏQDWLRQDO�VDFULƓFH�DUHDVŐ�ZLWK�DOO� WKH�WKHRORJLFDO�DQG�SDWULRWLF� UHVRQDQFH�of the term. Bit by bit you begin taking pieces of the country, small, medium and large, putting fences around them, posting radiological warning signs, only permitting people in on a bus WRXU�RU�VXLWHG�XS�DQG�VSRUWLQJ�UDGLDWLRQ�EDGJHVb}97

'DQV�XQH�RSWLTXH�GH�UHFRQƓJXUDWLRQ�VWUDW«JLTXH�SDQQDWLRQDOH��FHV�]RQHV�SRXUUDLHQW�WUDQTXLOOHPHQW�¬WUH�UHGRQQ«HV�¢�OD�QDWXUH�VHORQ�la tendance actuelle d’exode vers les grandes villes. Cela soulève XQH�TXHVWLRQ�TXL�UHVWH�WRXWHIRLV�VDQV�U«SRQVHb��FRPPHQW�RIIULU�DX[��JHQV�G«VLUHX[�GH�UHVWHU�GDQV�FHV�]RQHV�XQ�FDGUH�GH�YLH�V«FXULWDLUH�et stimulant? Comme le souligne l’architecte Toyô Itô à propos des dévastations causées par le tremblement de terre de 2011, une meilleure intégration des phénomènes naturels et des propositions à grande échelle comme celles avancées par les métabolistes pourraient permettre au Japon de gérer durablement son territoire et sa fragilité quant aux catastrophes naturelles.

mb>ř@�RXU�WDVN�QRZ�LV�WR�DVVXPH�GHVLJQ�FRQGLWLRQV��UDWKHU�WKDQ�UHYLHZLQJ� WKH� FRQGLWLRQV�� :H� QHHG� WR� VWDUW� E\� TXHVWLRQQLQJ�the way we relate to nature. The people or community which ZH�DOZD\V�DUJXH�IRU�LQ�RXU�DUFKLWHFWXUH�ŋ�DUHQōW�WKH\�DOZD\V�DQ�DEVWUDFWHG� VFKHPH"� >ř@� � $Q\� SURSRVDO� IRU� WDFNOLQJ� WKLV� LVVXH��however visionary, should be an encouragement for the towns and villages reconstructing with the possibility of natural disaster DOZD\V� ORRPLQJ� >ř@� XUEDQ� SURSRVDLV� VXFK� DV� WKRVH�PDGH� E\�the Metabolists are rarely seen, we are still in the modes of LQWURYHUVLRQ�DQG�DEVWUDFWLRQb}99

À cet effet, une stratégie de concentration démographique permettrait d’ajouter aux initiatives déjà en place dans les grandes YLOOHV��'ªV�OHV�DQQ«HVb�����HW�MXVTXH�GDQV�OHV�DQQ«HV�������FHV�idées seront développées par les métabolistes avec à leur tête Shimokobe, Kurokawa et plus tard Tange. Dans une première étude100, OH�WHUULWRLUH�MDSRQDLV�HVW�GLYLV«�SDU�]RQHV�GōDFWLYLW«�économique avec des secteurs industriels, récréatifs, agraires et U«VHUY«V�¢�OD�SURGXFWLRQ�Gō«QHUJLH��/H�WRXW�HVW�VXSSRUW«�SDU�XQH�]RQH�urbanisée parcourant l’archipel du nord au sud de façon continue, WHOOH�XQH�FRORQQH�YHUW«EUDOH��8QH�VHFRQGH�«WXGH��OHb7RNDLGR�0HJDORSROLVbVWUXFWXUH�OHV�EHVRLQV�HQ�U«VHDX�GōLQIRUPDWLRQ��HQ�réseau d’énergie, en réseau récréatif, lequel serait supporté par un réseau de transport hyper-développé et totalement opérationnel en 2000101��&HV�VF«QDULRV�QH�VRQW�SDV�«WUDQJHUV�DX[�LG«HV�GH�]RQHV�d’exclusion et d’inclusion avancées par Galison. Elles pourraient être revues à la lumière des meilleures pratiques en matière de développement durable. Quoi qu’il en soit, l’avenir du Japon réside peut-être dans sa double identité composée d’une part de grands HVSDFHV�QDWXUHOV�HW�GōDXWUH�SDUW�GH�JUDQGHV�]RQHV�XUEDLQHV"

64 65

Fig. 40%ULVHV�YDJXHV�HW�W«WUDSRGV�VXU�OD�F¶WH�Gő,EDUDNL

6. Conclusion« Cette ville ne peut être connue que par une activité de type HWKQRJUDSKLTXHb��LO�IDXW�Vō\�RULHQWHU��QRQ�SDU�OH�OLYUH��OōDGUHVVH��mais par la marche, la vue, l’habitude, l’expérience; toute découverte y est intense et fragile, elle ne pourra être retrouvée TXH�SDU�OH�VRXYHQLU�GH�OD�WUDFH�TXōHOOH�D�ODLVV«H�HQ�QRXVb��YLVLWHU�un lieu pour la première fois, c’est de la sorte commencer à Oō«FULUHb �� OōDGUHVVH� Qō«WDQW� SDV� «FULWH�� LO� IDXW� ELHQ� TXōHOOH� IRQGH�HOOH�P¬PH�VD�SURSUH�«FULWXUHb}102

Cette citation explique bien le rapport que j’ai privilégié en cours de projet pour mieux connaître l’espace des villes japonaises et ses habitants. En début de recherche, fraîchement arrivée, j’ai lutté contre ma tendance naturelle à aller vers l’autre de façon impromptue. Je cherchais à rationaliser totalement mon approche, ¢�TXDQWLƓHU�PHV�WURXYDLOOHV�HQ�GRQQ«HV�IDFLOHPHQW�FRPSDUDEOHV�HW�¢�stabiliser ma méthode. À la lecture de l’Empire des signes, j’ai senti que mon approche initiale était beaucoup plus riche. Probablement que cet ouvrage m’a donné en quelque sorte la permission de me ƓHU�¢�PHV�SHUFHSWLRQV��3XLV��Oō«WXGH�GHV�WK«RULHV�VXU�OD�FRPSOH[LW«�urbaine ainsi que les idées de Debord et les situationnistes au sujet des dérives ont fourni des bases solides sur lesquelles j’ai pu approcher l‘espace urbain.

Le voyage qui devait initialement s’échelonner sur cinq semaines VōHVW�WUDQVIRUP«�HQ�XQH�«SRS«H�GH���PRLV��-ōDL�RSW«�SRXU�XQ�V«MRXU�prolongé où j’ai joint les rangs des travailleurs dans un bureau d’architecture. J’ai donc eu un quotidien typique à Tokyo, ponctué de nombreuses visites à l’extérieur de la ville pour des raisons d’affaires. Même si je m’y trouvais pour le travail, je gardais ma recherche en tête. Ce projet de recherche s’est donc opéré en simultané et j’ai eu la chance de laisser les occasions de rencontre venir à moi. À l’origine, je comptais visiter Tokyo, Osaka et Sapporo, trois villes en croissance rapide ainsi que Hakodate, une ville souffrant de décroissance rapide. Avec un séjour prolongé, j’ai DUSHQW«�SHQGDQW�FLQT�VHPDLQHV�Oō°OH�GH�.\ĨVKĨ��6KLNRNX��+RQVKĨ�HW�+RNNDLGĊ�HW�GHV�GL]DLQHV�GH�YLOOHV�DX�ƓO�GH�QRPEUHX[�DUU¬WV��DX�gré des rencontres durant plus de cinq mois. Puis, j’ai été très bien reçue à Kobe et Nagoya par le réseau des villes Unesco de design auquel Montréal appartient. J’ai pris part à des activités qui m’ont exposée à des régions et des réalités qui m’auraient autrement échappé, découvertes qui ont élargi mon champ d’études comme en témoigne l’exemple du grand mur océanique de béton.

Donc, le développement de la typologie présentée dans cette

FRPSOH[LƓFDWLRQ�SDUFH�TXōHOOH�FRQWLHQW�XQ�QRPEUH�JUDQGLVVDQW�de lieux. Pour les théories de complexité urbaine, le rapport de l’humain à son environnement est primordial pour assurer qu’une ville demeure un système complexe

Ř� (B) Même lorsqu’une énorme pression foncière est en place, le terrain vague subsiste. Sa présence dépend de la présence humaine et non pas de l’espace disponible. En effet, en situation de croissance, cet espace de liberté prend d’autres formes, mais il ne disparaît pas.

À l’issue de ce projet, l’objectif principal était de valoriser les espaces indéterminés comme lieux de créativité, de liberté et de possibilité dans lesquels l’identité d’une ville peut se déployer. Je cherchais à offrir des exemples intéressants permettant d’alimenter OD�GLVFXVVLRQ�VXU�FHV�OLHX[�mbDXWUHVb}��$X�-DSRQ�FRPPH�DX�4X«EHF��il m’apparaît que ce n’est pas tant les interventions dans ces lieux qui soient précieuses, mais plutôt la possibilité d’intervenir, une sorte de liberté spatiale comme l’entendent Lefebvre et Soja. Ces interventions, bien que manifestes et tangibles, témoignent aussi de la question du patrimoine immatériel parce que c’est réellement la vie se déroulant dans le lieu dont il est question. Que SHXW�VLJQLƓHU�FHWWH�UHFKHUFKH�GDQV�XQ�FRQWH[WH�PRQWU«DODLV"�4XHO�est l’état des lieux en matière de lieux indéterminés? Montréal se caractérise aux yeux de plusieurs comme une ville particulièrement tolérante de ses espaces indéterminés. Luc Lévesque, professeur et chercheur à l’Université Laval, a travaillé sur cette question et a largement exploré la valeur de ces lieux et de leur rôle particulier dans la ville de Montréal.

mbOōLQIRUPDOLW«�VDXYDJH�HW�K«W«URFOLWH�GH�0RQWU«DO�HVW�WRXMRXUV�habitée par une population active et cosmopolite. Si le déclin économique de cette métropole de plus de deux millions d’habitants se manifeste avec force en son centre-ville, la vitalité culturelle qui côtoie sa désagrégation relative ne fait quant à HOOH� DXFXQ� GRXWH�� /D� YLH�PRQWU«DODLVH� YLEUH� HW� VōLQƓOWUH� GDQV�les anfractuosités au rythme de la multiplicité événementielle. )¬WHV��QDWLRQDOHV��GH�TXDUWLHUV�������)HVWLYDOV��GH�MD]]��GH�FLQ«PD��du rire, du théâtre,...), occupations artistiques multiples et braderies de tout genre investissent spontanément les espaces RUGLQDLUHV�HW�VDQV�JUDQGH�G«ƓQLWLRQ��GHV�UXHV��UXHOOHV��WURWWRLUV��SDUFV��VWDWLRQQHPHQWV�HW�WHUUDLQV�ODLVV«V�YDFDQWV�b}103

Il soutient qu’en matière d’architecture et d’espace urbain, Montréal ne s’illustre pas au même registre que les grandes capitales mondiales, parce qu’elle n’a l’air de rien et de tout à la fois, elle est insaisissable et informelle104��,O�VōDJLW�LFL�GōXQH�ƓJXUH�

étude m’a permis de mettre en lumière des particularités locales tout en reconnaissant de nombreuses similarités entre le Japon et d’autres villes dans le monde. Par cette recherche-création, j’ai exploré les faits historiques, les particularités culturelles et sociales en plus de me plonger dans l’étude du territoire japonais et du sens des d’espaces indéterminés pour les collectivités. Certes, le Japon est un pays très différent du Canada, mais j’ai surtout cherché à voir des ponts, des analogies tout en étant consciente du fait TXH�PHV�SHUFHSWLRQV�VRQW�OH�SURGXLW�GōXQH�PXOWLWXGH�GōLQŴXHQFHV�culturelles, dont la majorité trouve racines en Occident. Par ailleurs, en choisissant une approche basée sur la perception, j’ai pu éviter de tomber dans le débat sur le décalage culturel entre l’Orient et l’Occident. Il s’agissait d’une question insoluble dans cette UHFKHUFKH��XQ�SUREOªPH�GLIƓFLOH�¢�VROXWLRQQHU�HW�DXTXHO�EHDXFRXS�GōDXWHXUV�RQW�G«M¢�G«GL«�OHXU�U«ŴH[LRQ�DYHF�EHDXFRXS�GH�VRLQ��Tout de même, j’ai été sensible à certaines pratiques et approches typiquement japonaises.

Au départ, j’avais émis deux hypothèses de recherche. Premièrement, je me questionnais à savoir si le grand nombre de WHUUDLQV�YDJXHV�TXL�U«VXOWHQW�GHV�]RQHV�HQ�G«FOLQ�G«PRJUDSKLTXH�DX�Japon fait passer le terrain vague d’espace de possibilité actif dans le présent où la créativité s’exprime librement vers un espace passif inopérant qui témoigne d’un passé révolu et en glissement vers un état sauvage. Deuxièmement, je me cherchais à savoir si en situation de croissance, le terrain vague disparaît pour laisser la place à des G«YHORSSHPHQWV�SODQLƓ«V��3RXU�«OXFLGHU�FHV�GHX[�K\SRWKªVHV��MōDL�effectué un recensement sensible des terrains vagues en cherchant à cerner leurs conditions d’apparition que j’ai organisé en six types, lesquels se déclinent en deux sous-types quant à leur contribution ¢�OD�YLOOHb��OHXU�FDSDFLW«�¢�¬WUH�DSSURSUL«�RX�OHXU�«WDW�GōDEDQGRQ��$X�WHUPH�GH�FHWWH�«WXGH��LO�HVW�SRVVLEOH�GōDIƓUPHU�OD�SUHPLªUH�K\SRWKªVH�HW�GōLQƓUPHU�OD�VHFRQGH��

Ř� (A) En situation de décroissance démographique importante, le terrain vague souffre de l’effritement de son contexte social. Il semble que ce soit la présence humaine qui connecte le lieu aux dynamiques de la ville. Par le fait même, l’état d’appropriation du terrain vague est un baromètre de la vitalité d’une collectivité. La distinction mise de l’avant par Yi Tuan entre lieu et espace est alors HVVHQWLHOOH��(Q�HIIHW��XQ�OLHX�HVW�DFWLI�HW�D�XQH�VLJQLƓFDWLRQ�SRXU�XQ�individu ou une collectivité alors que l’espace est latent. La ville en G«FURLVVDQFH�VH�FRPSRVH�GōXQ�WURS�JUDQG�QRPEUH�mbGōHVSDFHVb}��(OOH�HVW�GRQF�XQ�V\VWªPH�HQ�LQVWDQFH�GH�VLPSOLƓFDWLRQ�DORUV�qu’une ville en croissance est un système en instance de

LPSRUWDQWH�GDQV�OD�G«ƓQLWLRQ�GH�OōLGHQWLW«�XUEDLQH��DJLVVDQW�¢�GHX[�QLYHDX[�SDUIRLV�FRQWUDGLFWRLUHVb��WURXEODQW�HW�G\QDPLVDQW�OH�paysage montréalais. Par ailleurs, l’inachèvement, l’imperfection et l’ambivalence constitueraient autant de thématiques stimulant l’imaginaire montréalais105. Malgré leur qualité tenant du temporaire, il arrive que certains de ces lieux perdurent dans le WHPSV��TXōLOV�mbSUHQQHQW�UDFLQHb}��$GRSW«V�SDU�OHXU�HQYLURQQHPHQW�pour leurs qualités variables d’interstice, les terrains vagues constituent un canevas changeant, propice à l’expérimentation. Il ne s’agit pas d’encourager un attachement pour la forme ou pour ses limites et localisation, admettre certains terrains vagues comme PRQXPHQWV��FōHVW�DGPHWWUH�OōLG«H�GX�mbPRQXPHQW�FRPPH�UKL]RPH��non plus un attachement à la forme, à la pérennité où même à une localisation précise et stable, mais une multiplicité de connexions SRWHQWLHOOHV��ŏHQWUH�PRQGHŐ�GH�OD�WUDQVIRUPDWLRQb}���� En 1999, Luc Lévesque suggérait dans un article l’idée du terrain vague comme monument107. Il prend soin de mettre en garde contre les approches YRXODQW�ƓJHU�FHV�OLHX[�GDQV�OH�WHPSV��FDU�FHOD�DXUDLW�SRXU�HIIHW�GH�QLHU�OHXU�QDWXUH�mbIX\DQWHb}�HW�mbŴXFWXDQWHb}��YRX«H�¢�DSSDUD°WUH�HW�GLVSDUD°WUH��3UªV�GH�TXLQ]H�DQV�DSUªV�OD�SXEOLFDWLRQ�GH�FHW�DUWLFOH�GH�Luc Lévesque, la protection du Champ des possibles est un exemple tenant de ces principes. L’arrondissement du Plateau Mont-Royal UHFRQQD°W�FH�OLHX�FRPPH�mbXQ�VLWH�GōH[S«ULPHQWDWLRQV�QRYDWULFHV�en matière de développement durable et de pratiques liées à la SU«VHUYDWLRQ�GX�FDUDFWªUH�KLVWRULTXH�HW�QDWXUHO�GX�PLOLHXb}�108, une DSSURFKH�WHQDQW�FRPSWH�GHV�ŴXFWXDWLRQV�UHODWLYHV�¢�FH�W\SH�GōHVSDFH�et privilégiant leur capacité à catalyser l’appropriation et à rallier une collectivité. Montréal, par le biais de ses politiques municipales, serait-elle en voie d’épouser la notion même du terrain vague?

(QƓQ��SRXU�OHV�G«YHORSSHPHQWV�XUEDLQV�DX�-DSRQ�FRPPH�DX�Canada, il me semble important de suggérer les éléments qualitatifs de ces lieux indéterminés comme étant des données du site à SUHQGUH�HQ�FRPSWH��,O�QH�VōDJLW�SDV�SRXU�DXWDQW�GH�ƓJHU�FHV�OLHX[�dans le temps au moyen de politiques patrimoniales contraignantes. $X�FRQWUDLUH��FHV�]RQHV�GH�SRVVLELOLW«V�SHXYHQW�¬WUH�UHFRQQXHV�pour leur nature changeante qui permet à diverses personnes GōDSSRUWHU�OHXU�FRQWULEXWLRQ�FU«DWLYH�¢�OD�G«ƓQLWLRQ�GōXQH�FROOHFWLYLW«��Certains éléments naturellement mis en place dans la ville par le biais d’appropriations sont importants parce qu’ils constituent une image en temps réel de la ville, et de la créativité de ses habitants. Si ces interventions demeurent, c’est qu’elles sont maintenues par le consensus d’une communauté. Cela constitue donc une leçon de laquelle on peut tirer des principes directeurs alors que certains éléments sont assurément gagnants.

66 67

7. Bibliographie7.1 Articles%HOƓRUH��0��.XPD��.���������2Q�MDSDQHVH�6SDWLDO�/D\HULQJ��/H�FDUU«�EOHX��IHXLOOH�LQWHUQDWLRQDOH�GōDUFKLWHFWXUH��UHS«U«�¢�KWWS���ZZZ�OHFDUUHEOHX�HX�DOOHJDWL�/&%���������B,1*/(6(B�SGI%RRQWKDUP��'���5DGRY¯F��'����������7RN\R��%DQJNRN��6LQJDSRUHb��,QWHQVLWLHV��5HXVH�DQG�&UHDWLYH�0LOLHX��0QōP�������7RN\R��-DSDQ��)OLFN�6WXGLRV�'H�6ROD�0RUDOHV��,JQDVL����������7HUUDLQ�9DJXHV��'DQV�4XDGHUQVb����7LHUUD�$JXD��%DUFHORQD��&ROOHJLR�GH�$UTXLWHFWRV�GH�&DWDOXQ\D��SS����Ŋ���'RURQ��*���������řEDGODQGV��EODQN�VSDFH��ERUGHU�YDFXXPV��EURZQ�ƓHOGV��FRQFHSWXDO�1HYDGD��'HDG�=RQHVř�),(/'�������UHS«U«�¢�KWWS���ZZZ�ƓHOG�MRXUQDO�RUJ�XSORDGV�ƓOH�����B9ROXPHB��J���GRURQ�SGI)XMLL��<���Q�G���6KULQNDJH�LQ�-DSDQ��6KULQNLQJ�&LWLHV�LQ�-DSDQ��UHS«U«�¢�KWWS���ZZZ�MDSDQHVHVWXGLHV�RUJ�XN�VSHFLDO�VKULQNLQJ�UHJLRQV�&KDSWHU��SGI*LURW��&KULVWRSKH���������9HUV�XQH�1RXYHOOH�1DWXUH��7UDQV�VFDSH��������SSb��Ŋ���Hladik, M. (n.d.). Haikyo 廃墟���UXLQH��1LFKLEXQ��UHS«U«�¢�KWWS���SXEOLFDWLRQV�QLFKLEXQ�DF�MS�UHJLRQ�G�16+�VHULHV�NRVK������������V����V����SGI�article.pdf..RROKDDV�b5�����������ORJH�GX�WHUUDLQ�YDJXH��/ō$UFKLWHFWXUH�Gō$XMRXUGōKXL���������S����/HIHXYUH��/LVD���������7KH�:�KROH�6WRU\�GDQV�$UW�PRQWKO\���������SS��Ŋ���UHS«U«�¢�KWWS���DUWPRQWKO\�FR�XN�OHIHXYUHLévesque, L. (1999). Montréal, L’informe urbanité des terrains vagues, pour une gestion créatrice du mobilier urbain. Les annales de la recherche urbaine, ������UHS«U«�¢�KWWS���ZZZ�DQQDOHVGHODUHFKHUFKHXUEDLQH�IU�,0*�SGI�/HYHVTXHB$58BB���SGI/«YHVTXH��/����������/H�WHUUDLQ�YDJXH�FRPPH�PRQXPHQW��,QWHUb��DUW�DFWXHO��������UHS«U«�¢�KWWS���LG�HUXGLW�RUJ�LGHUXGLW������DF/«YHVTXH��/����������7RZDUGV�DQ�,QWHUVWLWLDO�$SSURDFK�WR�8UEDQ�/DQGVFDSH��7HUULWRULR��'LSDUWLPHQWR�GL�$UFKLWHWWXUD�H�3LDQLƓFD]LRQH�GHO�3ROLWHFQLFR�GL�Milano, (48), p. 77-82.0DNL��)����������-DSDQHVH�&LW\�6SDFHV�DQG�WKH�&RQFHSW�RI�2NX��mb7KH�-DSDQ�$UFKLWHFWb}Micallef, S. (2009). Grey Spaces were the City Blurs. Spacing Toronto.2]NDQ��'HU\D���������$QWLQRP\�3HUIHFWHG��(YHU\GD\�/LIH�DQG�8WRSLD�LQ�6LWXDWLRQLVW�3ROLWLFV�RI�6SDFH��5HS«U«�¢�KWWS��YLURVH�SW�YHFWRU�[B���R]NDQ�KWPO5DGRY¯F��'����������7RZDUGV�&XOWXUDOO\�5HVSRQVLYH�DQG�5HVSRQVLEOH�7HDFKLQJ�RI�8UEDQ�'HVLJQ�8UEDQ�'HVLJQ�,QWHUQDWLRQDO������UHS«U«�¢�KWWS���ZZZ�palgrave-journals.com/udi/journal/v9/n4/full/9000124a.html5DGRY¯F��'���%RRQWKDUP��'�����������6PDOO�7RN\R��0QōP�������7RN\R��-DSDQ��)OLFN�6WXGLRV�5DGRY¯F��'����������6PDOO�7RN\R��0QōP�������7RN\R��-DSDQ��)OLFN�6WXGLRV�6KDQH��*����������7KH�(PHUJHQFH�RI�/DQGVFDSH�8UEDQLVP��+DUYDUG�'HVLJQ�0DJD]LQH��������UHS«U«�¢�KWWS���ZZZ�JVG��KDUYDUG�HGX�UHVHDUFK�SXEOLFDWLRQV�KGP�EDFN���BRQODQGVFDSH�KWPO6FKXO]��(����������&LW\�RI�WKH�)XWXUH��$UFKLWHFWXUH��8UEDQ�6SDFH��&LW\�5HVHDUFK��7RZQ�3ODQQLQJ��8UEDQ�'HYHORSPHQW��UHS«U«�¢�KWWS���ZZZ�JRHWKH�GH�NXH�DUF�GRV�GRV�VOV�VG]�HQ��������KWP7DPXUD��<���������7KH�%LUWK�RI�WKH�-DSDQHVH�QDWLRQ��GDQV�-DSDQHVH�%XGGKLVP�ŋ�$�&XOWXUDO�+LVWRU\��7RN\R��.RVHL�3XEOLVKLQJ�&RPSDQ\7DQDEH��+�����������/HV�PRQWDJQHV�GDQV�OH�V\VWªPH�XUEDLQ�DX�-DSRQ��'DQV�5HYXH�GH�J«RJUDSKLH�DOSLQH��7RPHb��������SS�b��������7DQL]DNL��-����������,Q�SUDLVH�RI�VKDGRZV��1HZ�+DYHQ��&RQQb��/HHWHōV�,VODQG�%RRNV�

7.2 Livres, chapitres, rapports, publications gouvernementales$XJ«��0����������1RQ�SODFHVb��,QWURGXFWLRQ�WR�DQ�DQWKURSRORJ\�RI�VXSHUPRGHUQLW\��/RQGRQb��9HUVR�$VKEHU\��-���������+RXVHERDW�'D\V��3\URJUDSK\��+DUPRQGVZRUWK&ROOHFWLI���������������/HDUQLQJ�IURP�-DSDQ�VLQJOH�6WRU\�8UEDQLVP��'DQV�)ORULDQ�,GHQEXUJ��HG���7KH�6$1$$�VWXGLRV��«G��������������%HOJLTXHb��3ULQFHWRQ�University, Lars Muller Publishers.%DUWKHV��5����������/ō(PSLUH�GHV�VLJQHV��*HQªYHb��6NLUD�%HUWUDQG��6���%HULQJHU��+��HW�*LJXªUH��$���������5HFRQQD°WUH�OH�WHUUDLQb�����LQŴH[LRQV�DX�WHUUDLQ�YDJXH��*DWLQHDX��4Fb��$[H�1«R��%RHHUL��6����������86(�8QFHUWDLQ�6WDWHV�RI�(XURSH��GDQV�3DUN��.�8UEDQ�(FRORJ\��'HWURLW�DQG�%H\RQG��S�����Ŋ������+RQJ�.RQJb��0DS�%RRN�3XEOLVKHUV�'HERUG��*����������*XLGH�SV\FKRJHRJUDSKLTXH�GH�3DULV��&RSHQKDJHQ"���GLW«�SDU�OH�%DXKDXV�LPDJLQLVWH�'HOHX]H��*���*XDWWDUL�)����������7UHDWLVH�RQ�1RPDGRORJ\ŋ7KH�:DU�0DFKLQH��'DQV�/��&DKRRQH��HG���0RGHUQLVP�WR�3RVWPRGHUQLVPb��DQ�$QWKRORJ\��0DOGHQ��S�����Ŋ������2[IRUG���%ODFNZHOO�3XEOLVKLQJEdensor, Tim (2005). Industrial Ruins. Dans Berg Publishers.Freud, Sigmund, The Uncanny in Art and Literature. Londres, Penguin+HLGHJJHU��0����������%HLQJ�DQG�WLPH��1HZ�<RUNb��+DUSHU�,QRXH��0����������井上充夫,�1LKRQ�NHQFKLNX�QR�NĨNDQ�日本建築の空間, Tokyo, Kajima Shuppankai / Space in Japanese Architecture, trans. +LURVKL�:DWDQDEH��1HZ�<RUN���7RN\R��:HDWKHUKLOO�������-DFNVRQ��-�%����������7KH�1HFHVVLW\�IRU�5XLQV�DQG�2WKHU�7RSLFV��$PKHUVW��8QLYHUVLW\�RI�0DVVDFKXVHWWV�3UHVV�.RROKDDV��5���2EULVW��+��8���2WD��.���:HVWFRWW��-����2IƓFH�IRU�0HWURSROLWDQ�$UFKLWHFWXUH����������3URMHFW�-DSDQ��0HWDEROLVP�WDONV����.¸OQ��7$6&+(1�*PE+�

/D�9DUUD��*����������3RVW�,W�&LW\b��WKH�2WKHU�(XURSHDQ�3XEOLF�6SDFH��'DQV�.RROKDDV��5���HW�DO��HGV��0XWDWLRQV��%DUFHORQHb��$&7$5�/HIHEYUH��+����������7KH�SURGXFWLRQ�RI�VSDFH��2[IRUG��2;��8.��%ODFNZHOO�/«YHVTXH��/������������OōDIIXW�GH�WURX«HVb��VLWXDWLRQV�SRXU�GHV�SD\VDJHV�¢�U«LQYHQWHU��(VWK«WLTXHV�GH�OD�VLWXDWLRQb��FRQWHQX��IRUPHV�HW�OLPLWHV��%UX[HOOHV���6,&��«GLWHXU��OLYUH����S�b�������0RVWDIDYL��0���1DMOH��&����$UFKLWHFWXUDO�$VVRFLDWLRQ��*UHDW�%ULWDLQ�����������/DQGVFDSH�XUEDQLVP��$�PDQXDO�IRU�WKH�PDFKLQLF�ODQGVFDSH��/RQGRQb��Architectural Association.Nepveu, J-P. (1992) Une ville en poésie. Dans Pierre Nepveu et Gilles Marcotte (dir.), Montréal imaginaire. Ville et littérature, Montréal, Fides1XVVDXPH��<����������$QWKRORJLH�FULWLTXH�GH�OD�WK«RULH�DUFKLWHFWXUDOH�MDSRQDLVHb��/H�UHJDUG�GX�PLOLHX��%UX[HOOHVb��2XVLD�1RUEHUJ�6FKXO]��&����������*HQLXV�ORFL��7RZDUGV�D�SKHQRPHQRORJ\�RI�DUFKLWHFWXUH��1HZ�<RUNb��5L]]ROL�2VZDOW��3����5LHQLHWV��7����������$WODV�RI�VKULQNLQJ�FLWLHV��2VWƓOGHUQ��+DWMH�&DQW]�3DN��.����,QWHUQDWLRQDO�&HQWHU�IRU�8UEDQ�(FRORJ\����������8UEDQ�HFRORJ\��'HWURLW�DQG�EH\RQG��+RQJ�.RQJb��0DS�%RRN�3XEOLVKHUV�Portugali, J., Meyer, H., Stolk, E., Tan, E. (2012). Complexity Theories of Cities Have Come of Age, An Overview with Implications to Urban Planning and Design. Springer-Verlag Berlin Heidelberg. repéré à KWWS���ZZZ�EHFN�VKRS�GH�IDFKEXFK�OHVHSUREH��������������B([FHUSWB����SGI5DGRY¯F��'���DO�����������7RN\R�'«ULYH��,Q�VHDUFK�RI�8UEDQ�,QWHQVLWLHV��0Qō0�:RUNERRN�����7RN\R��-DSRQ��,QWHUQDWLRQDO�.HLR�,QVWLWXWH�Rahmann, H., Jonas. M. (2014). Void Potential, Spatial Dynamics and Cultural Manifestations of Residual Spaces. Dans Mariani, M., Barron, P., Terrain YDJXHb��,QWHUVWLFHV�DW�WKH�(GJH�RI�WKH�3DOH��1HZ�<RUN��5RXWOHGJH5HOSK��(����������3ODFH�DQG�SODFHOHVVQHVV��/RQGRQb��3LRQ�6HDPRQ��'����������$�*HRJUDSK\�RI�WKH�/LIHZRUOGb��0RYHPHQW��5HVW�DQG�(QFRXQWHU��/RQGRQ��&URRP�+HOP��1HZ�<RUNb��6W��0DUWLQōV�3UHVV6RMD��(��:����������6HHNLQJ�VSDWLDO�MXVWLFH��0LQQHDSROLVb��8QLYHUVLW\�RI�0LQQHVRWD�3UHVV�7ĊN\Ċ�.ĊJ\Ċ�'DLJDNX����$WRULH�:DQ����������3HWWR�ÃNLWHNXFKÃ�JDLGREXNNX� b��3HW�DUFKLWHFWXUH�JXLGH�ERRN��7ĊN\Ċ��:ÃUXGR�)RWR�3XUHVX�7VXNDPRWR��<����������(VFDSLQJ�WKH�VSLUDO�RI�LQWROHUDQFH��)RXUWK�JHQHUDWLRQ�KRXVHV�DQG�9RLG�0HWDEROLVP��'DQV�.��.LWD\DPD��<��7VXNDPRWR��5��1LVKL]DZD��HG���7RN\R�0HWDEROL]LQJ��SS�b�������7RN\R��7RWR�9LGOHU��$����������7KH�$UFKLWHFWXUDO�8QFDQQ\��&DPEULGJH��0$��0,7�3UHVV�9LULOLR��3����������$�/DQGVFDSH�RI�(YHQWV��WUDGXLW�SDU�-XOLH�5RVH��&DPEULGJH��0$��/RQGRQb��0,7<RVKLGD��.����������(VVD\V�LQ�LGOHQHVV��7KH�7VXUH]XUHJXVD�RI�.HQN¶��1HZ�<RUNb��&ROXPELD�8QLYHUVLW\�3UHVV��S�b����

7.3 Dictionnaires et encyclopédies&ROOHFWLI����������*UDQG�GLFWLRQQDLUH�WHUPLQRORJLTXH��3DULV��)UDQFHb��/DURXVVH�%RUGDV��UHS«U«�¢�KWWS���ZZZ�ODURXVVH�IU�GLFWLRQQDLUHV�IUDQFDLV�YDJXH�������ORFXWLRQ"T WHUUDLQ�YDJXH����b���$OOHQ��5��(���)RZOHU��+��:����)RZOHU��)��*����������7KH�&RQFLVH�2[IRUG�GLFWLRQDU\�RI�FXUUHQW�(QJOLVK��2[IRUG��&ODUHQGRQ�3UHVV�

7.4 Mémoires, thèses et travaux académiques'LPPHU��&���6RORPRQ��(��*����0RUULV��%������������+RXUVb��2UFKHVWUDWLRQ�RI�7LPH6SDFH��$FDGHPLD��UHS«U«�¢�KWWSV���ZZZ�DFDGHPLD�HGX���������B+RXUVB2UFKHVWUDWLRQBRIB7LPH6SDFH�0DUWLUH]��/����������:DWHUZD\V�LQ�8UEDQ�7RN\R��8QLYHUVLW\�RI�7RN\R��5HS«U«�¢�KWWS���UHSRVLWRU\�GO�LWF�X�WRN\R�DF�MS�GVSDFH�ELWVWUHDP��������������.���������SGIMustovic, M. (2008). Movement and Topological Space in Japanese Contemporary Architecture, Graduate School of Human Studies, Kyushu University, UHS«U«�¢�KWWS���ZZZ�KXHV�N\XVKX�X�DF�MS�HGXFDWLRQ�VWXGHQW�SGI�������+(�����1�SGI2VZDOW��3����������6KULQNLQJ�&LWLHV�3URMHFW��6KULQNLQJ�&LWLHV�LQ�-DSDQ��5HS«U«�¢�ZZZ�VKULQNLQJFLWLHV�FRP�ƓOHDGPLQ�VKULQN�GRZQORDGV�SGIV�&:-DSDQB.DSLWHO��SGI!�6DQJOD��6����������3ROLWLTXH�HW�HVSDFH�FKH]�+HQUL�/HIHEYUH��7KªVH�GH�GRFWRUDW��8QLYHUVLW«�3DULV�9,,,�ŋ�9LQFHQQHV�6DLQW�'HQLV���5HS«U«�¢�KWWS�����VWDWLF�H�FRUSXV�RUJ�GRZQORDG�QRWLFHBƓOH���������6$1*/$�SGI2KQR��+���2KQR�/DERULWRU\���������7RN\Rb������)LEHUFLW\��8QLYHUVLW«�GH�7RN\R��UHS«U«�¢�KWWS���NLQJR�W�X�WRN\R�DF�MS�RKQR�ƓEHUFLW\�ƓEHUFLW\������BHQJ�SGI2VZDOW��3���3DUN��.���3ULJJH��:����6WHLQHU��%����������VKULQNLQJFLWLHV��UHS«U«�¢�KWWS���ZZZ�VKULQNLQJFLWLHV�FRP�KDNRGDWH����KWPO"/ �

7.5 Communications présentées lors d’une conférence ou d’un congrès$UPVWURQJ��+����������7LPH��'HUHOLFWLRQ�DQG�%HDXW\��DQ�$UJXPHQW�IRU�/DQGVFDSHV�RI�&RQWHPSW��$XVWUDOLDQ�2QVWLWXWH�RI�/DQGVFDSH�$UFKLWHFWV��,)/$�&RQIHUHQFH�3DSHUV��5HS«U«�¢�KWWS���ZZZ�DLOD�RUJ�DX�ODSDSHUV�FRQIHUHQFHV������GRFV�$,/$���-RXUQDO���$UPVWURQJ�SGI0DWVX]DNL��7�����������3ULQFLSOHV�RI�%HDXW\�DQG�)RUP�LQ�-DSDQHVH�$UFKLWHFWXUH��7KH�-DSDQ�)RXQGDWLRQ��/RQGRQ�6RMD��(����������/D�YLOOH�HW�OD�MXVWLFH�VSDWLDOH��&RPPXQLFDWLRQ�SU«VHQW«H�DX[�3UHVVHV�XQLYHUVLWDLUHV�GH�3DULV�2XHVW��3DULV��UHS«U«�¢�KWWS���laboratoireurbanismeinsurrectionnel.blogspot.ca/2013/02/edward-soja-justice-spatiale.html

68 69

7.6 Pages Web / Documents sur Internet %DWW\��0����������&RPSOH[LW\��$�6FLHQFH�RI�&LWLHV��UHS«U«�¢�KWWS���ZZZ�FRPSOH[FLW\�LQIR�ŴRZV�%UXQHW��5����������0«WURSROHV�HQ�PXWDWLRQ��/H�FHQWUH�LPS«ULDO�HW�SROLWLTXH��UHS«U«�¢�KWWS���ZZZ��FQGS�IU�KLVW�JHR�GYGYLOOHV�WRN\R��KWP&R[��:����������7KH�(YROYLQJ�8UEDQ�)RUPb��7RN\R��1HZJHRJUDSK\�FRP��UHS«U«�¢�KWWS���ZZZ�QHZJHRJUDSK\�FRP�FRQWHQW��������WKH�HYROYLQJ�XUEDQ�form-tokyo+DGƓHOG��-����������-DSDQ��QR�GDQFLQJ�SOHDVH��7LPH�2XW�7RN\R��UHS«U«�¢�KWWS���ZZZ�WLPHRXW�MS�HQ�WRN\R�IHDWXUH������-DSDQ�QR�GDQFLQJ�SOHDVH+DQL��<����������VKĊWHQJDL�_�7KH�-DSDQ�7LPHV��-DSDQ�7LPHV�566��5HS«U«�¢�KWWS���ZZZ�MDSDQWLPHV�FR�MS�OLIH���������.UXVH��-����������:DVWH�:LOGHUQHVV��$�FRQYHUVDWLRQ�ZLWK�3HWHU�/��*DOLVRQ��UHS«U«�¢�KWWS���IRSQHZV�ZRUGSUHVV�FRP������������JDOLVRQ�0DUWLQ��,����������/DWH�QLJKW�GDQFLQJ�VKRXOG�QRW�EH�D�FULPH�LQ�-DSDQ��7KH�-DSDQ�7LPHV��-DSDQ�7LPHV�566��UHS«U«�¢�KWWS���ZZZ�MDSDQWLPHV�FR�MS�FXOWXUH������������FXOWXUH�ODWH�QLJKW�GDQFLQJ�VKRXOG�QRW�EH�D�FULPH�LQ�MDSDQ���8VV60�5'VV<2UGUH�GHV�DUFKLWHFWHV�GX�4X«EHF���������%RXUVH�GX�&ROOªJH�GHV�SU«VLGHQWV��5HS«U«�¢�KWWS���ZZZ�RDT�FRP�ODUFKLWHFWXUH�SUL[BGDUFKLWHFWXUH�ERXUVHBGXBFROOHJHBGHVBSUHVLGHQWV�KWPO2VZDOW��3����������&DVH�6WXG\��+DNRGDWH��6KULQNLQJ�5HJLRQV��5HS«U«�¢�KWWS���ZZZ�MDSDQHVHVWXGLHV�RUJ�XN�VSHFLDO�VKULQNLQJ�UHJLRQV�&KDSWHU��SGI3RRQ��%����������+RZ�2WKHU�&RXQWULHV�+DQGOH�,PPLJUDWLRQ��1DWLRQDO�*HRJUDSKLF��5HS«U«�¢�KWWS���QHZV�QDWLRQDOJHRJUDSKLF�FRP�QHZV����������������immigration-reform-world-refugees-asylum-canada-japan-australia-sweden-denmark-united-kingdom-undocumented-immigrants/6DOYDJJLR��(����������2Q�*HWWLQJ�$UUHVWHG�IRU�'DQFLQJ�LQ�-DSDQ��7KLV�-DSDQHVH�/LIH��UHS«U«�¢�KWWS���WKLVMDSDQHVHOLIH�RUJ������������MDSDQ�GDQFLQJ�EDQ�arrests/7KDFNDUD��-����������7RN\Rb��%HJLQ�WKH�QH[W��'RRUV�RI�3HUFHSWLRQ��UHS«U«�¢�KWWS���ZZZ�GRRUVRISHUFHSWLRQ�FRP�ORFDOLW\�SODFH�WRN\R�EHJLQ�WKH�QH[W�7RUUHV��-����%UHX[��6����������/HV�DWHOLHUV�GH�Oō«WKLTXH���7KH�(WKLFV�)RUXP��&5(80��5HS«U«�¢�KWWS���FUHXP�XPRQWUHDO�FD�ZS�FRQWHQW�XSORDGV���������SGIB��B7RUUHVB%UHX[�SGI/H�&KDPSV�GHV�3RVVLEOHV���Q�G����9LOOH�GH�0RQWU«DO��UHS«U«�¢�KWWS���YLOOH�PRQWUHDO�TF�FD�SRUWDO�SDJH"BSDJHLG ��������������BGDG SRUWDOBVFK

7.7 Entrevues'DLVXNH�6DQDGD��68:$�DUFKLWHFWV���HQJLQHHUV������Yoshihiro Tsukamoto, atelier Bow wow, 2013Darko Radovic, 2013Mitsuyo Hattori, 2013DIG architects, 2013:LOO�*DOORZD\��)URQW�2IƓFH������Chie Nishibata, ville de Kobe, 2013,Eriko Esaka, ville de Nagoya, 2013Canal Art, ville de nagoya, 2013.\RNR�<DPD]DNL��7RN\R�+DQGV������Organisateurs de la triennale de la préfecture d’Aichi, Nagoya, 2013Beppu project, Beppu, 2013Hubert Beringer, 2013

8. Notes de bas de page1 Ashbery,�-���������+RXVHERDW�'D\V��3\URJUDSK\��+DUPRQGVZRUWK2 <RVKLGD��.����������(VVD\V�LQ�LGOHQHVV��7KH�7VXUH]XUHJXVD�RI�.HQNô��1HZ�<RUN��&ROXPELD�8QLYHUVLW\�3UHVV� p. 13313 Ordre des architectes du Québec (2010). Bourse du Collège des présidents . Repéré à KWWS���ZZZ�RDT�FRP�ODUFKLWHFWXUH�SUL[BGDUFKLWHFWXUH�ERXUVHBGXBFROOHJHBGHVBSUHVLGHQWV�KWPO4 Poon, B. (2013). How Other Countries Handle Immigration. National Geographic. Repéré à KWWS���QHZV�QDWLRQDOJHRJUDSKLF�FRP�QHZV����������������LPPLJUDWLRQ�UHIRUP�ZRUOG�refugees-asylum-canada-japan-australia-sweden-denmark-united-kingdom-undocumented-immigrants/5 2VZDOW��3����������&DVH�6WXG\��+DNRGDWH��6KULQNLQJ�Regions. Repéré à KWWS���ZZZ�MDSDQHVHVWXGLHV�RUJ�XN�VSHFLDO�VKULQNLQJ�UHJLRQV�&KDSWHU��SGI���� 7VXNDPRWR��<����������(VFDSLQJ�WKH�VSLUDO�RI�LQWROHUDQFH��)RXUWK�JHQHUDWLRQ�KRXVHV�DQG�9RLG�0HWDEROLVP��'DQV�.��.LWD\DPD��<��7VXNDPRWR��5��1LVKL]DZD��HG���7RN\R�0HWDEROL]LQJ��SS���������Tokyo, Toto.7 5DKPDQQ��+����-RQDV��0����������9RLG�3RWHQWLDO��6SDWLDO�'\QDPLFV�DQG�&XOWXUDO�0DQLIHVWDWLRQV�RI�5HVLGXDO�6SDFHV��'DQV�0DULDQL��0���%DUURQ��3���7HUUDLQ�YDJXH��,QWHUVWLFHV�DW�WKH�(GJH�RI�WKH�Pale, New York, Routledge8 Par développement calibré, jōHQWHQG�OHV�FKDQJHPHQWV�SODQLƓés par les urbanistes, les designer les architectes et les développeurs.9 Lévesque, L. (). Montréal, L’informe urbanité des terrains vagues, pour une gestion créatrice du mobilier urbain. Les annales de la recherche urbaine, (85). repéré à KWWS���ZZZ�DQQDOHVGHODUHFKHUFKHXUEDLQH�IU�,0*�SGI�/HYHVTXHB$58BB���SGI10 Venant de l’anglais bottom up, cette approche m�GH�EDV�HQ�KDXW�} consiste à se baser sur des données élémentaires pour avancer vers des formes d’organisation plus globales. À l’opposé, la démarche top down ou descendante m�GH�KDXW�HQ�EDV�} consiste à partir d’un système global pour le décomposer en éléments le constituant.11 Ces méthodes très réSDQGXHV�YLVHQW�XQH�FROOHFWH�VFLHQWLƓTXH�GH�GRQQées. Elles cherchent à étayer des hypothèses au moyen de donnéHV�IDFWXHOOHV�TXDQWLƓDEOHV�HW�SUésuppose que la ville est un ensemble rationnel.12 Radovíc, D. (2004). Towards Culturally Responsive and Responsible Teaching of Urban Design.Urban Design International (9). repéré à KWWS���ZZZ�SDOJUDYH�MRXUQDOV�FRP�XGL�MRXUQDO�Y��n4/full/9000124a.html13 Portugali, J., Meyer, H., Stolk, E., Tan, E. (2012). Complexity Theories of Cities Have Come of Age, An Overview with Implications to Urban Planning and Design. Springer-Verlag Berlin Heidelberg. repéré à KWWS���ZZZ�EHFN�VKRS�GH�IDFKEXFK�OHVHSUREH��������������B([FHUSWB����SGI14 Portugali, J., Meyer, H., Stolk, E., Tan, E. (2012). Complexity Theories of Cities Have Come of Age, An Overview with Implications to Urban Planning and Design. Springer-Verlag Berlin Heidelberg. repéré à KWWS���ZZZ�EHFN�VKRS�GH�IDFKEXFK�OHVHSUREH��������������B([FHUSWB����SGI15 Batty, M. (2011). Complexity. A Science of Cities. repéré à�KWWS���ZZZ�FRPSOH[FLW\�LQIR�ŴRZV������7RUUHV��-����%UHX[��6����������/HV�DWHOLHUV�GH�Oō«WKLTXH���7KH�(WKLFV�)RUXP��&5(80��5HS«U«�¢� KWWS���FUHXP�XPRQWUHDO�FD�ZS�FRQWHQW�XSORDGV���������SGIB��B7RUUHVB%UHX[�SGI17 7RUUHV��-����%UHX[��6����������/HV�DWHOLHUV�GH�Oō«WKLTXH���7KH�(WKLFV�)RUXP��&5(80��5HS«U«�¢� KWWS���FUHXP�XPRQWUHDO�FD�ZS�FRQWHQW�XSORDGV���������SGIB��B7RUUHVB%UHX[�SGI18 HQ�IUDQ©DLV��PLOLHX19 Propos de Debord cités dans Radovíc��'���DO���(2013). Tokyo Dérive, In search of Urban Intensities (Mn’0�:RUNERRN�����7RN\R��-DSRQ��,QWHUQDWLRQDO�.HLR�,QVWLWXWH��20 Sangla, S. (2010). PROLWLTXH�HW�HVSDFH�FKH]�+HQUL�/HIHEYUH�(Thèse de doctorat, Université Paris VIII - Vincennes Saint-Denis). Repéré à KWWS�����VWDWLF�H�FRUSXV�RUJ�GRZQORDG�QRWLFHBƓOH���������6$1*/$�SGI21 Sangla, S. (2010). PROLWLTXH�HW�HVSDFH�FKH]�+HQUL�/HIHEYUH�(Thèse de doctorat, Université Paris VIII - Vincennes Saint-Denis). Repéré à KWWS�����VWDWLF�H�FRUSXV�RUJ�GRZQORDG�QRWLFHBƓOH���������6$1*/$�SGI22 Sangla, S. (2010). PROLWLTXH�HW�HVSDFH�FKH]�+HQUL�/HIHEYUH�(Thèse de doctorat, Université Paris VIII - Vincennes Saint-Denis). Repéré à KWWS�����VWDWLF�H�FRUSXV�RUJ�GRZQORDG�QRWLFHBƓOH���������6$1*/$�SGI23 appropriation et abandon24 Ces concepts sont soulignés dans le corps du texte.25 6KLNRNX��0DWVX\DPD��7RNXVKLPD��<HZDWDKDPD��7DNDPDWVX����+RQVKX��1DJR\D��2ND]DNL��2VDND��.REH��0LWR�HW�+LWDFKLQDND���+RNNDLGĊ��2WDUX��6DSSRUR��+DNRGDWH���.\XVKX��%HSSX��Kagoshima, Fukuoka�����Tanabe, H. (1999). Les montagnes dans le système urbain au Japon. Dans Revue de géographie alpine. Tome 87 (1). pp. 181-188.27 HQ�IUDQ©DLV���seigneuries28 řEDGODQGV��EODQN�VSDFH��ERUGHU�YDFXXPV��EURZQ�ƓHOGV��FRQFHSWXDO�1HYDGD��'HDG�=RQHV��GHUHOLFW�DUHDV�HOOLSVLV, spaces, empty places, free space liminal spaces, ,nameless spaces, No Man’V�/DQGV��SROLWH�VSDFHV����SRVW�DUFKLWHFWXUDO�]RQHV��VSDFHV�RI�LQGHWHUPLQDF\��VSDFHV�RI�XQFHUWDLQW\��VPRRWK�VSDFHV��7DEXOD�5DVD��7HPSRUDU\�$XWRQRPRXV�=RQHV��WHUUDLQ�YDJXH��XUEDQ�GHVHUWV��YDFDQW�ODQGV��YRLGV��ZKLWH�DUHDV��:DVWHODQG����6/2$3V�Doron, G. (2007).řEDGODQGV��EODQN�VSDFH��ERUGHU�YDFXXPV��EURZQ�ƓHOGV��FRQFHSWXDO�1HYDGD��'HDG�=RQHV�řFIELD. (1). repéré à KWWS���ZZZ�ƓHOG�MRXUQDO�RUJ�XSORDGV�ƓOH�����B9ROXPHB��J���GRURQ�SGI29 Terrain vague. (2013). Grand dictionnaire terminologique��3DULV��)UDQFH���/DURXVVH�%RUGDV��UHS«U«�¢�KWWS���ZZZ�ODURXVVH�IU�GLFWLRQQDLUHV�IUDQFDLV�YDJXH�������ORFXWLRQ"T WHUUDLQ�YDJXH�������30 'H�6ROD�0RUDOHV��,JQDVL����������7HUUDLQ�9DJXHV� Dans�4XDGHUQV�����7LHUUD�$JXD��%DUFHORQD��&ROOHJLR�GH�$UTXLWHFWRV�GH�&DWDOXQ\D, pp. 34–44.31 Bertrand, S., Beringer, H. et Giguère, A. (2005) ReconnaîWUH�OH�WHUUDLQ������LQŴH[LRQV�DX�WHUUDLQ�YDJXH��*DWLQHDX��4F��$[H�1éo-732 Hladik, M. (n.d.). Haikyo 廃墟 ��UXLQH��1LFKLEXQ��repéré à KWWS���SXEOLFDWLRQV�QLFKLEXQ�DF�MS�UHJLRQ�G�16+�VHULHV�NRVK������������V����V����SGI�DUWLFOH�SGI.33 Nihon Bungaku Kenkyuʚ�6KLU\Ċ�.DQNĊNDL����������+HLNH�PRQRJDWDUL��7ĊN\Ċ��<ĨVHLGĊ�Shuppan. 平家物語34 (Q�MDSRQDLV��mb*LRQ�VKĊMD�QR�NDQH�QR�NRH��VKRJ\Ċ�PXMĊ�QR�KLELNL�DULb}��祇園精舎の鐘の声、諸行無常の響きあり35 Hladik, M. (n.d.). Haikyo 廃墟 ��UXLQH��1LFKLEXQ��repéré à KWWS���SXEOLFDWLRQV�QLFKLEXQ�DF�MS�UHJLRQ�G�16+�VHULHV�NRVK������������V����V����SGI�DUWLFOH�SGI.�����0XMĊ�WR�LX�NRWR�無常といふ事 37 Hladik, M. (n.d.). Haikyo 廃墟 ��UXLQH��1LFKLEXQ��repéré à KWWS���SXEOLFDWLRQV�QLFKLEXQ�DF�MS�UHJLRQ�G�16+�VHULHV�NRVK������������V����V����SGI�DUWLFOH�SGI.38 Hladik, M. (n.d.). Haikyo 廃墟 ��UXLQH��1LFKLEXQ��repéré à KWWS���SXEOLFDWLRQV�QLFKLEXQ�DF�MS�UHJLRQ�G�16+�VHULHV�NRVK������������V����V����SGI�DUWLFOH�SGI.39 .RROKDDV��5���2EULVW��+��8���2WD��.���:HVWFRWW��-����2IƓFH�IRU�0HWURSROLWDQ�$UFKLWHFWXUH����������3URMHFW�-DSDQ��0HWDEROLVP�WDONV����.¸OQ��7$6&+(1�*PE+�40 0DUWLUH]��/����������:DWHUZD\V�LQ�8UEDQ�7RN\R��8QLYHUVLW\�RI�7RN\R��Repéré à KWWS���UHSRVLWRU\�GO�LWF�X�WRN\R�DF�MS�GVSDFH�ELWVWUHDP��������������.���������SGI41 6FKXO]��(����������&LW\�RI�WKH�)XWXUH��$UFKLWHFWXUH��8UEDQ�6SDFH��&LW\�5HVHDUFK��7RZQ�3ODQQLQJ��8UEDQ�'HYHORSPHQW��repéré à KWWS���ZZZ�JRHWKH�GH�NXH�DUF�GRV�GRV�VOV�VG]�HQ��������KWP42 Nussaume, Y. (2004). Anthologie critique de la the ʗRULH�DUFKLWHFWXUDOH�MDSRQDLVH��/H�UHJDUG�GX�PLOLHX��%UX[HOOHV��2XVLD�43 Inoue, M. (����) 井上充夫��1LKRQ�NHQFKLNX�QR�NĨNDQ�日本建築の空間��7RN\R��.DMLPD�6KXSSDQNDL���6SDFH�LQ�-DSDQHVH�$UFKLWHFWXUH��WUDQV��+LURVKL�:DWDQDEH��1HZ�<RUN���7RN\R, :HDWKHUKLOO (1985)

70 71

44 Inoue, M. (����) 井上充夫��1LKRQ�NHQFKLNX�QR�NĨNDQ�日本建築の空間��7RN\R��.DMLPD�6KXSSDQNDL���6SDFH�LQ�-DSDQHVH�$UFKLWHFWXUH��WUDQV��+LURVKL�:DWDQDEH��1HZ�<RUN���7RN\R, :HDWKHUKLOO (1985)45 Mustovic, M. (2008). Movement and Topological Space in Japanese Contemporary Architecture, Graduate School of Human Studies, Kyushu University, repéré à KWWS���ZZZ�KXHV�kyushu-u.ac.jp/education/student/pdf/2008/2HE07087N.pdf�����%HOƓRUH, M, Kuma, K. (2012) On japanese Spatial Layering, Le carré bleu, feuille internationale d’architecture, repéré à KWWS���ZZZ�OHFDUUHEOHX�HX�DOOHJDWL�/&%���������B,1*/(6(B�SGI47 Sangla, S. (2010). PROLWLTXH�HW�HVSDFH�FKH]�+HQUL�/HIHEYUH�(Thèse de doctorat, Université Paris VIII - Vincennes Saint-Denis). Repéré à KWWS�����VWDWLF�H�FRUSXV�RUJ�GRZQORDG�QRWLFHBƓOH���������6$1*/$�SGI48 Sangla, S. (2010). PROLWLTXH�HW�HVSDFH�FKH]�+HQUL�/HIHEYUH�(Thèse de doctorat, Université Paris VIII - Vincennes Saint-Denis). Repéré à KWWS�����VWDWLF�H�FRUSXV�RUJ�GRZQORDG�QRWLFHBƓOH���������6$1*/$�SGI49 WUDGXFWLRQ�OLEUH�GH�OōDQJODLV�mb�/RQJ��7HUP�'LDFKURQLF�$QDO\VLV�RI�'HPRJUDSKLF�GLVWULEXWLRQ�LQ�WKH�-DSDQHVH�$UFKLSHODJRb}50 .RROKDDV��5���2EULVW��+��8���2WD��.���:HVWFRWW��-����2IƓFH�IRU�0HWURSROLWDQ�$UFKLWHFWXUH����������3URMHFW�-DSDQ��0HWDEROLVP�WDONV����.¸OQ��7$6&+(1�*PE+�51 &�,�$���������7KH�:RUOG�)DFWERRN��-DSDQ��UHSéré à KWWSV���ZZZ�FLD�JRY�OLEUDU\�SXEOLFDWLRQV�WKH�ZRUOG�IDFWERRN�JHRV�MD�KWPO52 &R[��:����������7KH�(YROYLQJ�8UEDQ�)RUP��7RN\R��1HZJHRJUDSK\�FRP��repéré à KWWS���ZZZ�QHZJHRJUDSK\�FRP�FRQWHQW��������WKH�HYROYLQJ�XUEDQ�IRUP�WRN\R53 Ohno, H., Ohno Laboritory (2005). Tokyo 2050, Fibercity, Université de Tokyo, repéré à KWWS���NLQJR�W�X�WRN\R�DF�MS�RKQR�ƓEHUFLW\�ƓEHUFLW\������BHQJ�SGI54 Ohno, H., Ohno Laboritory (2005). Tokyo 2050, Fibercity, Université de Tokyo, repéré à KWWS���NLQJR�W�X�WRN\R�DF�MS�RKQR�ƓEHUFLW\�ƓEHUFLW\������BHQJ�SGI55 7KDFNDUD��-����������7RN\R��%HJLQ�WKH�QH[W��'RRUV�RI�3HUFHSWLRQ��repéré à KWWS���ZZZ�GRRUVRISHUFHSWLRQ�FRP�ORFDOLW\�SODFH�WRN\R�EHJLQ�WKH�QH[W������%RRQWKDUP��'����5DGRY¯É��'������3)��7RN\R��%DQJNRN��6LQJDSRUH��,QWHQVLWLHV��5HXVH�DQG�&UHDWLYH�0LOLHX��0QōP�������7RN\R��-DSDQ��)OLFN�6WXGLRV�Radovíc, D., Boontharm, D., (2012). Small Tokyo, Mn’P�������7RN\R��-DSDQ��)OLFN�6WXGLRV�57 Radovíc, D. (2011). Small Tokyo, Mn’m (03���7RN\R��-DSDQ��)OLFN�6WXGLRV�58 6FKXO]��(����������&LW\�RI�WKH�)XWXUH��$UFKLWHFWXUH��8UEDQ�6SDFH��&LW\�5HVHDUFK��7RZQ�3ODQQLQJ��8UEDQ�'HYHORSPHQW��repéré à KWWS���ZZZ�JRHWKH�GH�NXH�DUF�GRV�GRV�VOV�VG]�HQ��������KWP59 &R[��:����������7KH�(YROYLQJ�8UEDQ�)RUP��7RN\R��1HZJHRJUDSK\�FRP��repéré à KWWS���ZZZ�QHZJHRJUDSK\�FRP�FRQWHQW��������WKH�HYROYLQJ�XUEDQ�IRUP�WRN\R�����&R[��:����������7KH�(YROYLQJ�8UEDQ�)RUP��7RN\R��1HZJHRJUDSK\�FRP��repéré à KWWS���ZZZ�QHZJHRJUDSK\�FRP�FRQWHQW��������WKH�HYROYLQJ�XUEDQ�IRUP�WRN\R�����&R[��:����������7KH�(YROYLQJ�8UEDQ�)RUP��7RN\R��1HZJHRJUDSK\�FRP��repéré à KWWS���ZZZ�QHZJHRJUDSK\�FRP�FRQWHQW��������WKH�HYROYLQJ�XUEDQ�IRUP�WRN\R�����%HOƓRUH, M, Kuma, K. (2012). On japanese Spatial Layering, Le carré bleu, feuille internationale d’architecture, repéré à KWWS���ZZZ�OHFDUUHEOHX�HX�DOOHJDWL�/&%���������B,1*/(6(B�SGI�����7DQL]DNL��-����������,Q�SUDLVH�RI�VKDGRZV��1HZ�+DYHQ��&RQQ��/HHWHōV�,VODQG�%RRNV������Maki, F. (1979). Japanese City Spaces and the Concept of Oku, mbThe Japan Architectb}����&ROOHFWLI���������������/HDUQLQJ�IURP�-DSDQ�VLQJOH�6WRU\�8UEDQLVP��'DQV�)ORULDQ�,GHQEXUJ��HG���7KH�6$1$$�VWXGLRV��éG���������������%HOJLTXH��3ULQFHWRQ�8QLYHUVLW\��/DUV�0XOOHU�3XEOLVKHUV������Le mot honora serait un des premiers mots en japonais pour désigner les sanctuaire shinto. Il est issu de hokura (神庫���VLJQLƓDQW�OLWWéUDOHPHQW�m�UHSRVRLU�GH�NDPL�}YRLU��Tamura, Y. (2000) The Birth of the Japanese nation, dans Japanese Buddhism - A Cultural History. Tokyo, Kosei Publishing Company�����0DUWLUH]��/����������:DWHUZD\V�LQ�8UEDQ�7RN\R��repéré à KWWS���UHSRVLWRU\�GO�LWF�X�WRN\R�DF�MS�GVSDFH�ELWVWUHDP��������������.���������SGI�����en japonais 多摩川�����en japonais 原っぱ70 en japonais 商店街 /しょうてんがい71 +DQL��<����������VKĊWHQJDL, The Japan Times. Japan Times RSS. repéré à KWWS���ZZZ�MDSDQWLPHV�FR�MS�OLIH���������72 +DQL��<����������VKĊWHQJDL, The Japan Times. Japan Times RSS. repéré à KWWS���ZZZ�MDSDQWLPHV�FR�MS�OLIH���������73 propos de Kurokawa rapportés dans .RROKDDV��5���2EULVW��+��8���2WD��.���:HVWFRWW��-����2IƓFH�IRU�0HWURSROLWDQ�$UFKLWHFWXUH����������3URMHFW�-DSDQ��0HWDEROLVP�WDONV����.¸OQ��7$6&+(1�*PE+�74 propos de Kurokawa rapportés dans .RROKDDV��5���2EULVW��+��8���2WD��.���:HVWFRWW��-����2IƓFH�IRU�0HWURSROLWDQ�$UFKLWHFWXUH����������3URMHFW�-DSDQ��0HWDEROLVP�WDONV����.¸OQ��7$6&+(1�*PE+�75 'H�6ROD�0RUDOHV��,JQDVL����������7HUUDLQ�9DJXHV� Dans�4XDGHUQV�����7LHUUD�$JXD��%DUFHORQD��&ROOHJLR�GH�$UTXLWHFWRV�GH�&DWDOXQ\D, pp. 34–44.�����Selon une discussion avec le Professeur Tsukamoto77 'LPPHU��&���6RORPRQ��(��*����0RUULV��%������������+RXUV��2UFKHVWUDWLRQ�RI�7LPH6SDFH��$FDGHPLD��repéré à KWWSV���ZZZ�DFDGHPLD�HGX���������B+RXUVB2UFKHVWUDWLRQBRIB7LPH6SDFH78 2VZDOW��3���3DUN��.���3ULJJH��:����6WHLQHU��%����������VKULQNLQJFLWLHV. repéré à KWWS���ZZZ�VKULQNLQJFLWLHV�FRP�KDNRGDWH����KWPO"/ �79 6RMD��(��:����������6HHNLQJ�VSDWLDO�MXVWLFH��0LQQHDSROLV��8QLYHUVLW\�RI�0LQQHVRWD�3UHVV�80 Soja, E. (2010). La ville et la justice spatiale. Communication présentée aux Presses universitaires de Paris Ouest, Paris. repéré à KWWS���ODERUDWRLUHXUEDQLVPHLQVXUUHFWLRQQHO�EORJVSRW�ca/2013/02/edward-soja-justice-spatiale.html81 Barthes, R. (1984). L’Empire des signes. Gene ʖYH��6NLUD�82 Barthes, R. (1984). L’Empire des signes. GenèYH��6NLUD�83 Brunet, R. (2001). Métropoles en mutation. Le centre impérial et politique. repéré à KWWS���ZZZ��FQGS�IU�KLVW�JHR�GYGYLOOHV�WRN\R��KWP84 Barthes, R. (1984). L’Empire des signes. GenèYH��6NLUD�85 HQ�DQJODLV��(QWHUWDLQPHQW�%XVLQHVV�&RQWURO�/DZ�RX�IXHLKR�ODZ�����Martin, I. (2011). Late-night dancing should not be a crime in Japan, The Japan Times. Japan Times RSS. repéré à KWWS���ZZZ�MDSDQWLPHV�FR�MS�FXOWXUH������������FXOWXUH�ODWH�QLJKW�GDQFLQJ�VKRXOG�QRW�EH�D�FULPH�LQ�MDSDQ���8VV60�5'VV<87 Salvaggio, E. (2012). On Getting Arrested for Dancing in Japan, This Japanese Life. repéré à KWWS���WKLVMDSDQHVHOLIH�RUJ������������MDSDQ�GDQFLQJ�EDQ�DUUHVWV�88 Salvaggio, E. (2012). On Getting Arrested for Dancing in Japan, This Japanese Life. repéré à KWWS���WKLVMDSDQHVHOLIH�RUJ������������MDSDQ�GDQFLQJ�EDQ�DUUHVWV�89 +DGƓHOG��-����������-DSDQ��QR�GDQFLQJ�SOHDVH��7LPH�2XW�7RN\R� repéré à KWWS���ZZZ�WLPHRXW�MS�HQ�WRN\R�IHDWXUH������-DSDQ�QR�GDQFLQJ�SOHDVH90 Les côtes totalisent 29 751 km 91 Discussion avec Yoshihiro Tsukamoto, 201392 en anglais softscape93 La tortue ne parvient plus à la plage pour y pondre ses oeufs.94 :LQLIUHG��%LUG���������,Q�3RVW�7VXQDPL�-DSDQ��$�3XVK�7R�5HEXLOG�&RDVW�LQ�&RQFUHWH��<DOH�(QYLURQPHQW������2SLQLRQ��$QDO\VLV��5HSRUWLQJ��'HEDWH��UHS«U«�¢�KWWS���H����\DOH�HGX�IHDWXUH�LQBSRVW�WVXQDPLBMDSDQBDBSXVKBWRBUHEXLOGBFRDVWBLQBF95 VHORQ�<RVKLKLNR�+LUDEXNL��D�SODQW�HFRORJLVW�DW�7RKRNX�*DNXLQ�8QLYHUVLW\�LQ�6HQGDL��0L\DJL�3UHIHFWXUH��,1�:LQLIUHG��%LUG���������In Post-Tsunami Japan, A Push To Rebuild Coast in Concrete. <DOH�(QYLURQPHQW������2SLQLRQ��$QDO\VLV��5HSRUWLQJ��'HEDWH��UHS«U«�¢�KWWS���H����\DOH�HGX�IHDWXUH�LQBSRVW�WVXQDPLBMDSDQBDBSXVKBWRBUHEXLOGBFRDVWBLQBF������en anglais softscape

97 en anglais hardscape98 .UXVH��-����������:DVWH�:LOGHUQHVV��$�FRQYHUVDWLRQ�ZLWK�3HWHU�/��*DOLVRQ��UHS«U«�¢�KWWS���IRSQHZV�ZRUGSUHVV�FRP������������JDOLVRQ�99 .RROKDDV��5���2EULVW��+��8���2WD��.���:HVWFRWW��-����2IƓFH�IRU�0HWURSROLWDQ�$UFKLWHFWXUH����������3URMHFW�-DSDQ��0HWDEROLVP�WDONV����.¸OQ��7$6&+(1�*PE+�100 /D�SUHPLªUH�JUDQGH�UHFRQƓJXUDWLRQ�VH�QRPPH�OH�1HZ�1DWLRQDO�&RQSUHKHQVLYH�'HYHORSPHQW��101 .RROKDDV��5���2EULVW��+��8���2WD��.���:HVWFRWW��-����2IƓFH�IRU�0HWURSROLWDQ�$UFKLWHFWXUH����������3URMHFW�-DSDQ��0HWDEROLVP�WDONV����.¸OQ��7$6&+(1�*PE+�102 %DUWKHV��5����������/ō(PSLUH�GHV�VLJQHV��*HQªYH��6NLUD�103 Lévesque, L. (1999). Montréal, L’informe urbanité GHV�WHUUDLQV�YDJXHV��SRXU�XQH�JHVWLRQ�FU«DWULFH�GX�PRELOLHU�XUEDLQ���/HV�DQQDOHV�GH�OD�UHFKHUFKH�XUEDLQH��������UHS«U«�¢�KWWS���ZZZ�DQQDOHVGHODUHFKHUFKHXUEDLQH�IU�,0*�SGI�/HYHVTXHB$58BB���SGI104 Lévesque, L. (1999). Montréal, L’informe urbanité des terrains vagues, pour une gestion créDWULFH�GX�PRELOLHU�XUEDLQ���/HV�DQQDOHV�GH�OD�UHFKHUFKH�XUEDLQH��������UHS«U«�¢�KWWS���ZZZ�DQQDOHVGHODUHFKHUFKHXUEDLQH�IU�,0*�SGI�/HYHVTXHB$58BB���SGI105 Nepveu, J-P. (1992) Une ville en poésie. Dans Pierre Nepveu et Gilles Marcotte (dir.), Montréal imaginaire. Ville et littérature, Montréal, Fides�����/«YHVTXH��/����������/H�WHUUDLQ�YDJXH�FRPPH�PRQXPHQW��,QWHU���DUW�DFWXHO��������UHS«U«�¢�KWWS���LG�HUXGLW�RUJ�LGHUXGLW������DF107 LéYHVTXH��/����������/H�WHUUDLQ�YDJXH�FRPPH�PRQXPHQW��,QWHU���DUW�DFWXHO��������UHSéré à KWWS���LG�HUXGLW�RUJ�LGHUXGLW������DF108 Le Champs des Possibles. (n.d.). Ville de Montréal. repéré à KWWS���YLOOH�PRQWUHDO�TF�FD�SRUWDO�SDJH"BSDJHLG ��������������BGDG SRUWDOBVFK

72 73

9. RemerciementsJ’aimerais exprimer ma reconnaissance pour l’aide que j’ai reçue durant ce projet.

3RXU�DYRLU�VXSSRUW«�FH�SURMHW�Ordre des Architectes du Québec et le Collège des présidents;8QLYHUVLW«�0F*LOO��6FKRRO�RI�$UFKLWHFWXUH��/HV�2IƓFHV�MHXQHVVH�LQWHUQDWLRQDX[�GX�4X«EHF�

6DQV�TXL�ULHQ�QōDXUDLW�«W«�SRVVLEOH�'DLVXNH�6DQDGD��D�IDPLOOH�HW�68:$�DUFKLWHFWV�DQG�HQJLQHHUV�David Brodsky;

3RXU�OHXU�VXSSRUW�¢�OD�SU«SDUDWLRQ�Harry Rosenblum; Milton Tanaka; Risa Hatayama; Melanie Morris; Sergio Clavijo; Shoko Hatanaka; Marie-Josée Lacroix; Steven Chodoriwsky; Jean Beaudoin;

3RXU�OHXU�VXSSRUW�FU«DWLI�HW�OHXUV�FRQVHLOV�5LFDUGR�&DVWUR��'DUNR�5DGRY¯F��)UDQFLVFD�,QVXO]D��'DQ�%M¸UN��+XEHUW�Beringer; Anne-Marie Belley; Melanie Morris; Sergio Clavijo; Josiane Crampe;

Pour avoir généreusement ouvert leur porte, leur intérêt ou les GLVFXVVLRQV��68:$�DUFKLWHFWV�DQG�HQJLQHHUV��'DLVXNH�6DQDGD�HW�.HQML�1DZD���%HQMDPLQ�0FNHRZQ��:LOO�*DOORZD\�HW�)URQW�2IƓFH��0DULH�-RV«H�Lacroix et Montreal ville Unesco de design; Professeur Hidenobu Jinnai; Beppu project; Eriko Esaka et Nagoya City of Design; Aichi WULHQQDOH��'�,�*��$UFKLWHFWV��&KLH�1LVKLEDWD�HW�'DQ�0F&R\��.REH�&LW\�RI�'HVLJQ��0LWVX\R�+DWWRUL��&DQDO�$UW��)DEUL]LR�*DOODQWL�DQG�WKH�&&$�VHPLQDUV��.\RNR�<DPD]DNL�GH�+DQGV�RQ�7RN\R��(OHQD�2PXUD��SURIHVVHXU�<RVKLKDUX�7VXNDPRWR��6KDQQRQ�:HUOH��6DUDK�:DOVK�

3RXU�OHV�FRQVHLOV��VHUYLFHV�GH�UHOHFWXUH�HW�GH�U«YLVLRQ�OLQJXLVWLTXH�Anne Bertrand;Hélène Cadieux

74