Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... ·...

33
rpc-r tr1: MYSTICISME AS DANS L'XNTIQTJITÉ PAR Franz CIJMONT Lecture frite tians la séance JnttliqnE de ta Classe des let Ires et. des sciences morales et politiques, les mai 1909. - BRUXELLES hAVEZ, IMI'IIIMEIJR DES ACADÉMIES ROYALES DE RELGIQIJE flue de Louvain. 112 1909 R, •g1 c' 'z > g-, Document H II l liii II 1111 01111111V 0000005364411

Transcript of Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... ·...

Page 1: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

rpc-r

tr1:

MYSTICISME AS

DANS L'XNTIQTJITÉ

PAR

Franz CIJMONT

Lecture frite tians la séance JnttliqnE de ta Classe des let Ireset. des sciences morales et politiques, les mai 1909. -

BRUXELLES

hAVEZ, IMI'IIIMEIJR DES ACADÉMIES ROYALES DE RELGIQIJE

flue de Louvain. 112

1909

R, •g1 c''z>g-,

Document

H II l liii II 1111 01111111V0000005364411

Page 2: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

Extrait des Bulletins de l'Académie rayate de Belgique(Classe des lettres, etc.), n 5 (mai), (909.

Page 3: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

Le mystioishie astral dans l'antiquité (1),

La religion astrale fut I'aboutisement suprême et lamanifestation la plus haute du paganisme antique,qu'elle éleva jusqu'à une sorte de monothéisme. Vers ledébut de notre ère, elle soumit peu: k peu à son ascen-dant la vieille idolâtrie gréco-romaine, et, propagée dansles milieux cultivés par les savants et les philosdphes,répandue dans les masses populaires par la diffusion desmystères orientaux, favorisée par les Césars, qui lui don-nèrent une consécration officielle, elle régna souveraine-ment dans l'empire romain au 1110 siècle, et elle aida lemonde à passer de l'ancien anthropomorphisme hellé-nique à la théologie chrétienne,

Cette astrolàtrie, dont l'influence fut si puissante, siprolongée, si étendue, est issue de ce même coin del'Asie d'où sont sorties quatre grandes religions, cellede Moïse, celte du Christ, celle de Mâni et celle de Maho-met. Depuis des temps très reculés, elle se développadans les temples de la Mésopotamie où un clergé érudit,traditionnellement voué à l'étude du ciel, en formulad'abord les doctrines fondamentales. Durant les sièclesqui suivirent les conquêtes d'Alexandre, 41es Syriens hel-lénisés, dont le plus célèbre est Posidonius d'Apamée,la combinèrent avec la philosophie stoicienne et lui don-nèrent la rigueur d'un système théologique; puis, quandle panthéisme du Portique, qui enfermait Dieu dans lemonde, cessa de satisfaire les esprits, que l'idéalisme

(4) Huit. de t'Âcad. roy. de BelØque (Classe des lettres, etc.), n° 5,,p. 256-286, 4909.

Page 4: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

57 (.4)

néo-platonicien eut placé l'Être suprême dans les hau-teurs suprasensibles de l'infini, ce furent encore des pei-seurs syriens, un Porphyre, un Jamblique, qui rétablirentl'accord entre l'antique culte sidéral des Chaldéens etcelte métaphysique transcendante. La même race sémi-tique qui a provoqué la chute du paganisme est aussicelle qui fit l'effort le plus puissant pour le sauver.

Cette religion est essentiellement savante :elle est encorrélation étroite avec la conception que les Chaldéenset les Grecs se llrent du système du monde. Son dévelop-pement suivit en particulier celui de l'astronomie; lesdécouvertes de celle-ci modifièrent peu à peu, avec laconnaissance du ciel, sa notion de la divinité, et sa doc-trine lut définitivement constituée au moment où lascience antique atteignit son apogée, vers le ID siècleavant notre ère. Nulle part on n'aperçoit plus clairementqu'ici les liens qui, dans les religions de l'Orient,unissent les progrès de l'érudition et l'évolution de laoi (f), car les spéculations théologiques y reposent surdes faits constatés par l'observation.

Ainsi, ayant reconnu que les progrès, les stations, lesrétrogradations apparentes des planètes étaient liées auxrévolutions du soleil, les Chaldéens en avaient concluque celui-ci déterminait leurs mouvements en les attirantet les repoussant tour à Lotir. Mais, suivant eux, la posi-tion des planètes elles-mêmes provoquait chacun desphénomènes de cette terre, et rien ici-bas ne se produi-sait qu'en vertu de leurs actions çomhinées. Dès lors,

(-1) cf. mes Religions orientales dans le paganisme romain, 92 édit.,(909, pp. 48 et suiv.

Page 5: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

(5) 258

l'astre-roi, qui réglait le jeu compliqué de leurs évolu-tions, devint l'arbitre des destins, le maitre de la natureentière, la raison directrice du monde. Ce système cos-mique et religieux provoqua la transformation du paga-nisme sémitique en une héliolâtrie, et, à l'exemple desSyriens, les empereurs romains vénérèrent dans le(C Soleil invincible (Sol invictus) la puissance souve-raine gouvernant les dieux et les hommes (1).

On s'étonnera qu'une religion aussi aride et aussiabstruse ait pu conquérir le monde antique. Créationd'astronomes, elle semble n'lvoir pu s'adresser qu'à uneélite intellectuelle et séduire que des esprits spéculatifs.Une théologie qui avait pour fondement des théories surla mécanique céleste, qui déifiait de pures abstractionscomme le Temps et -ses subdivisions, les Siècles, lesSaisons et les Jours (2), qui attribuait aux Nombres eux-mêmes une nature divine, parait avoir dû rebuter parsa sécheresse métaphysique, et l'on se demande, àpremière vue, comment elle eut prise sur les âmes etput attirer à elle la foule des croyants. -

C'est que ce puissant système, qui s'appliquait à salir-faire l'intelligence, faisait de plus appel au sentiment. Siles cultes de l'Orient ont prétendu répondre à toutesles questions que l'homme se pose sur le monde et surlui-même, ils ont aussi cherché à l'émouvoir, à pro-

(4) J'ai développé ceci dans une étude sur La théotogie solaire dupaganisme romain, qui vient de paraître dans les AIim. présentéspar divers savantst'Aead. des biser., t. Xli, 2 partie, pp. 447 etsu j V.

(2) Cf. Religions orientales dans le paganisme romain, pp. 260 etsuiV.

Page 6: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

(6)

vojuer en lui le ravissement de l'extase, et le grandSyrien, qui contribua plus que tout autre à faire accepterdes Grecs les croyances cc chaldéennes «, Posidoniusd'Apamée, n'était pas seulement un savant d'un savoirencyclopédique, un rhéteur d'un style harmonieux etcoloré, il était tout pénétré d'un mysticisme qui donneun accent caractéristique aux pauvres débris conservésde son oeuvre immense. Plus théologien que philosophe,d'un esprit plus érudit que critique, il fit concourir tontesles connaissances humaines à l'édification d'un vastesystème dont le couronnement était l'adoration enthou-siaste du Dieu qui pénètre l'organisme universel et quise manifeste avec le plus de pureté et d'éclat dans lalumière des astres. La perte presque totale de sesouvrages ne nous permet d'apprécier qu'imparfaitementla force persuasive de sa prédication, mais son éloquenceabondante et imagée inspire fréquemment le symbolismede Philon d'Alexandrie; Cicéron, qui fat son élève, s'estsouvent souvenu de son enseignement; les Astrono-miques qu le poèteManilius dédiaà Tibère, respirent sonenthousiasme pour les merveilles de la science en mêmetemps que sa foi convaincue en la puissance des étoiles,révélatrices de l'avenir; enfin, l'écho de ses parolesse propage longuement chez les philosophes stoïciens,comme Sénèque, et plus tard encore dans les traités desastrologues de l'époque impériale (4). Nous voudrionsessayer d'analyser ici les caractères de ce mysticismesidéral, forme originale, s'il en fut, de la dévotion,

(4) Cf. les passages de Vettius Valens et de Firmieus Maternuscités dans l'appendice, pp. 284-285.

4

Page 7: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

(7) 260

expression curieuse et peu connue du sentiment religieuxdans l'antiquité.

** *

La magnificence dii ciel étincelant a toujours vivementimpressionné l'homme, eteelai qui a joui de la douceurlimpide d'une nuit d'Orient,.eomprendra que l'adorations'y soit naturellement élevée vers les foyers inextin-guibles de la clarté d'en haut. Mais cette « émotion•cosmique » (1), comme on l'a appelée, a constammentvarié d'après l'idée qu'on s'est faite de l'univers. Ladistance est assurément énorme entre les appréhensionsdes primitifs qui, levant les yeux vers le firmament,craignirent parfois que cette voûte solide ne les écrastiten s'écroulant, et la vénération d'un Kant, qui, con-sidérant les systèmes stellaires accumulés indéfinimentau-dessus de lui, se sentait saisi de ta mArne admirationrespectueuse qu'il éprouvait pour la loi morale' perçueen lui par la raison (s) . Le sentiment a évolué avec les

(4) L'expression dc cosmic emotion n est du moraliste HenrySid%wick-. cf. l'article de W. Klr4cDoN Crirvon, Lectures and essays,Londres, 190!, t. Il, pp. 257 et suiv. Je dois l'indication dc ce volume

M. R. R. Mareit, d'Oxford.(2) KANT, 1fr jtik der reinen Vernvnft. fiesehluss éd. 1{irchmann.

Berlin, 1870, p. 196 :1' Zwei Dingo erfflhlcn das GematE mit immernouer und i,unelime,ider Bewunderung und Ehrfurcht je éfter undanhaltend.er sieli (las Faehdenken damit hesehâftigt der !,cstirnteIjijumel ùber mir und dus moraliselie Geseti iii mir... Dus erstefliugt von dein PIaI.ze an, den ieh in der tiussern Sinnenwelt cia-nehine, und erweiterl (tic Verknupfting, darin ich stehe, ins unab-sehlich Grosse mit Welten Cher Welten und Systemen von Systemen,liberdem noch in grenzenlose Zeiten ihrer periodisehen Bewe-

Page 8: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

261 (8)

progrès de la connaissance à mesure que se précisaientles notions d'immensité et d'éternité. Pour les Grecs, lecosmos n'éveillait pas,cotnine pour nous,la pensée trou-blante d'une étendue prolongée à l'infini à delà des pluslointaines nébuleuses que le télescope puisse atteindre.Le inonde avait alors des bornes. Au delà de la sphèredes étoiles fixes,qui l'entourait de toutes parts, les anciensne supposaient plus rien que le vide ou l'éther. Le cielétait pour leur astronomie, comme la terre pour leurgébgraphie, une expression beaucoup plus limitée quepour les modernes. L'énormité des constellations visi-bles n'était pas suivant eux aussi écrasante que selonnotre science, et leurs distances leur suggéraient moinsl'idée d'un éloignement tel que le chiffre méme de samesure dépasse la portée de notre imagination. En plon-geant leurs regards dans les profondeurs de l'espace, ilsn'étaient pas saisis au même degré du vertige desabîmes, ni accablés autant du sentiment de leur peti-tesse. C'était surtout d'admiration qu'étaient frappés lesanciens. Sénèque (1) développe cette pensée que lesastres, même si nous ne songeons pas aux bienfaits qu'ilsrépandent sur notre demeure terrestre, provoquent parleur beauté notre émerveillement et s'imposent à notrevénération par leur majesté.

gung, ct4, », - On lin aussi avec intérêt les réflexions de Goethedans Withelin Meisters Wanderjahre, 1. 1, eh. X (p. 246, éd. Heine-mann), sur lesquelles M. de Reul rappelle mon attention Bas Unge-heure hart auf erhaben zu sein, es ùberreicht unsre Fassungskraft,es droht uns zu ve.rnichten... et l'écrivain romantique oppose laconstance des révolutions célestes à l'instabilité de l'âme humaine.

(1) SÉNÈQUE, De benef., IV, 23. Même idêe dans PIIaON, De opificiomundi, (7,§ 54(1,17 Colin); CIcÉRON, Nat. deor., 11, 62,§ 153, etc.

Page 9: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

I

(9) 26

Parmi les passages consacrés à célébrer leur splen-deur (1), l'en citerai un seul dont le trait final rendrasensible toute la différence qui sépare la conceptionantique de la nôtre. Manihus termine son cinquièmechant par une description grandiose de l'éclat des nuitsobscures où même les étoiles de sixième grandeurallument leurs feux pressés et scintillent, semence lumi-neuse, au fond des ténèbres. Les temples resplendissantsdu ciel brillent alors de flambeaux plus nombreux queles grains de sable du rivage, que les fleurs de laprairie, que les flots de l'océan, que lcs feuilles de la.Corét. « Si la nature,ajoute le poète, eût donné à cettemultitude des forces proportionnées à son nombre,l'éther lui-même n'aurait pu supporter ses propresflammes et l'olympe embrasé eût consumé tout l'uni-vers (). »

Mais en même temps que les regards de l'homme sontravis du spectacle toujours varié des cieux, son esprit cstrrappé de l'harmonie constante de leur mutabilité. Lanature même l'a destiné à les contempler et le pousse àobserver leurs mouvements silencieux. Les autres ani-maux sont courbés vers la terre, lui lève fièrement latête vers les astres (3). Son oeil, mérveille du corps

(1) Ainsi Cm., Nal. tsr., II, 40, § 304 et suiv.; SÉflQiiE, Dial., XII,Dc consot. S Hetv., VIII, 4; Epist., XV, 2 (94), 56, etc.

(2) !iIt.NtI,., V, 74'2 : Gui si pro numero vires nat.ura dedisset I Ipsosuas aether flammas sufferre nequiret, I 'lotus et accenso mundusfiagraret (Fympo.

(3j Lieu ( ommun souvent développé: Cm., Mat. deor, 11,56, 440:(Prot'identia natures) hommes hutno excit.atDs et cetsos constituit,tu deorum cognitionern coelum intuentes capere passent; sunt enintex terra hommes non ut incotae et kabitatores, sed quasi spectatores

Page 10: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

26 (10)

humain, miroir minuscule où se réfléchit l'immensité,porte de l'âme ouverte vers l'infini (4), suit d'ici-bas lesévolutions lointaines des armées célestes. Le cours dusoleil, qui amène les changements des saisons, les phasesde la lune, le lever et le coucher des étoiles fixes, la

$uperannn rerum atrjue coelestium, quod spectaculum cd nullumatind genu.s animantiuin pertinet. PnIL0N, De plant., 1V, § 15(1, 332,M = 11, 137, Wendl.); Quod det. pot. insid., 23, § 85(1,207, M. 1,277, Cohn). Ovinn, Metam., J, 84 et suiv. : Proue que cum spectent ani-malta cein, terrain J Os honiini sublime dedit, caelum que tueri I fris-sU et erectos ad sùlera toUere vuttus. SÊNÈQUE, €pist., XV, 2(94). 56(Nature) vultus nostros erexit ad ecelum, etc.; Epùt., XIV,4 (92) § 30.Aetna, y. 224 miv. MANILTUS, 1V, 905 et suiv.: Stetit unus in arcem IEreclus capitis, victor que ad skiera mit lit I Sidcreos oculos; cf.FIRMICUS MATERNUS, VIII, Praef. (appendice p. 285). - La concor-dance de ces passages montre que tout ce raisonnement, donnantcomme origine à la théologie l'observation des astres, qui attirentnaturellement les regards, remonte à un auteur commun, qui nepeut &re que Posidonius; cf. infra, p. 2M, n. 2.

(1) L'oeil était pour les vieux astronomes - avant l'invention dutélescope - l'unique instrument d'observation, et de très bonneheure ils ont dù s'émerveiller de sa puissance. Les anciensexpriment souvent leur étonnement sur la portée de la vue, quiatteint les constellations les plus reculées. Non seulement ils luiaccordent la prééminence sur tous les a•utres sens, mais, au point devue religieux, ils font des yeux les intermédiaires entre les dieuxsidéraux et la raison humaine. Voir .Pnmou, De opif. mundi, 17,§ 133 (1, p. 42, M = 1, 47, Cohn), 51, § 147 (p. 35, M=I, p. 54, Cohn),Despec. legib., III, 33, § 184 et suiv. (11, 330, M = V, 20!, Cohn), Deplantat., 5, § 22 (1, 133, M = II, 43$, Wendland); fragment irep1

ex loh. Monacho CIl, 665, M.); cf. Cic., Net. deor., Il, 56,§ 140; Turent., 1, 20, § 46 et suiv.; MÀNIUUS, IV, 925 Parvula sictoturn peruisit pupulà eaelum; Fnuucus MAvEniçus, t. e., (appen-dice, p. 285) et les spéculations de Julien, Or., IV, pp. 134, 441, surle tôle de la lumière. - Le mysticisme oppose à l'oeil corporell'oeil de la raison, qui pénètre les choses invisibles PIIIL0N, Il. cc,(cf. appendice, p. 282); cf. MsRaius, 11, 122; LV, 495 (Mentis oculi).

Page 11: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

(14) 264

marche même des planètes qui paraissent errantes, toutest réglé par des lois immuables et se reproduit éternelle-ment suivant des périodes iiivariables du temps infini. Laraison, réfléchissant sur les phénomènes admirables queles yeux aperçoivent, se rend compte qu'ils ne peuventêtre produits par le hasard ou provoqués par une forceaveugle, mais reconnaît qu'ils sont réglés par une intel-ligence divine. L'accord perpétuel de mouvements sidivers n'est pas concevable sans l'intervention d'uneProvidence souveraine (1). La contemplation du cieln'est doncpas seulement une source intarissable d'émo-tions esthétiques, elle fournit leniotif le plus puissantde croire en une divinité ordonnatrice (). L'admirationconduit ainsi à l'adoration.

Sauf la ferveur de cette admiration, rien de cecin'est encore très caractéristique. Toutes les tliéodicéesinvoquent l'ordre de la nature comme preuve de l'exis-tence de Dieu. Mais voici par où les croyancés antiquesdiffèrent profondément de nos idées modernes: les asiresétaient pour les anciens des divinités douées de sens et

(4) Cette argumentation théologique est développée notamment parPmhori, De spec. lcg. (t. e.), et dans le fragment flapI dps8).tLo.Mais, d'une façon générale, la constancedes révolutions sidérales estun des arginnents favoris des anciens pour démontrer l'existence deDieu. Platon et Aristote l'invoquaient déjà. Je me borne û citerquelques passages datant de l'époque qui nous occupe: Cica., Nal.deor., 11, 51, § 54 et soiv. ; MANTr., I, 47.3 et suiv.; SÊNQUE, DeProuid., 4; SEXTUS EMPffiIcus, Adu. Mathem., IX, 26-23.

(2) Posidonius faisait de la contemplation (lu ciel une des sourcesde la croyance en Dieu; cf. AÊTIUS, PMc., t, G (Dias, Doxogr.,pp. 295 et suiv.), qui est un extrait de ce philosophe, et CAPELLE, Die&hrit von der Welt (Extrait des Nene Jahrb, fur des klass. Alter-tian, VIII), Leipzig, 1905, p. 6 [534], n. 4.

Page 12: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

265 (12) //

de qualités. Le paganisme tout entier s'accordait à leproclamer, et les philosophes l'enseignaient depuisPythagore et Platon. Le mouvement continu de cesmasses imménses. ne montrait-il pas qu'elles étaientanimées, et la régularité comme la pérennité de leurmarche circulaire ne prouvaient-elles pas leur natukdivine? Ces chars enflammés qui roulaient dans l'espacesans jamais s'entrechoquer ni s'écarter de leur carrière,devaient être conduits par des auriges d'une intelligencesupérieure. Pour refuser aux corps célestes la raison, ilfallait en être dépourvu soi-même; c'était du moinsl'avis de Cicéron (4).

D'autre patt, pour les adeptes de l'astrolàtrie commepour les stoïciens, l'aine est une particule détachée desfeux cosmiques. La chaleur qui anime le microcosmehumainesLde même substance que celle qui vivifie l'uni-vers, et la raison qui le gouverne partage la nature desflambeaux qui l'éclairenl. Essence ignée, elle est parentedes dieux qui brillent au firmament ( e) . La contemplation(lu ciel devient ainsi une communion. Le désir que res-sent l'homme de lever longuement ses regards vers lavoûte constellée est un amour divin qui le transporte. Uiiappel céleste l'attire vers les espaces radieux. Dans, lasplendeur des nuits, son esprit s'enivre dela lumière quelui versent les feux supérieurs: Comme les possédés et lescorybantes dans le délire de leurs orgies, il s'abandonneà l'extase, qui le délivre de son enveloppe charnelle et

(1) CictaoN, Nat. deor., li, 21, § 56: Caclestium admirabiternordi-aern, inoredibile1n que constanliam. ..... qui vuenre mente putat, isipse mentis expers habendus est. Cf. ibid., e. 44, S 415.

(2) Cf. mes fleUgions orientales, 2° éd., 1909, p. 398.

Page 13: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

(4.3) '266

l'élève, loin au-dessus des brouillards de notre atmo-sphère, dans les régions sereines où se meuvent les astreséternels. Porté sur les ailes de l'enthousiasme, il s'élanceau milieu du choeur sacré des étoiles et suit leurs mouve-ments harmonieux. il vit alors de la vie de ces êtres étin-clants qu'il voit d'ici-bas palpiter dans le rayonnementde l'éther; avant le terme fatal de la mort, il participe deleur divinité et reçoit leurs rtvélations dans un ruisselle-ment de lumière qui éblouit, par son éclat, l'oeil même dela raison (t).

Voifh les effusions sublimes où se complaisait l'élo-quence mystique d'un Posidonius. Toutefois, dans cettethéologie savante, qui a pour premiers auteurs des astro-nomes, l'érudition ne perd jamais ses droits. L'hommeéclairé par la lumière céleste ne prend pas seulement unplaisir indicible à considérer la danse rythmique desétoiles, réglée par les accords (l'une musique divine.lnsatiable de ce spectacle toujours renouvelé, il ne seborne ias à en jouir. La soif de savoir, qui lui est innée,le pousse à rechercher quelle est la nature dc ces corpsincandescents dont le rayonnement vient l'atteindre, àdécouvrir les causes et les lois de leurs mouvements per-pétuels (f2). Il aspire à comprendre le cours des constella-tions et la marche sinueuse des planètes, qui doivent lui

(4) Voir ks textes cités dans l'appendice, pp. 282 et 284; cf. p. 269,n. 4.

t2) PHILON, De opif. rnùndi, 47, § 53 (1, 12, M = I, 47, Cohn). Cf.25, § 77 (1, 18, M = 7, 26, Cohn) 'U Ozwpz T(V XZt' OÔp1V6V &p' 9c,rX0c1ç 6E(OtŒ Y.2I td0ov fr,a tç todtwveon t6 otXoopC2 &v X,tc yoç, ôp' o x2tto Onyr6ç av 6ivOpontoç &,tŒOavŒtC(sVŒL. De sper,. legib., 111, 34, § 487 et suïv.(11, 330, 1t=V, 202, Cohn).

Page 14: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

267 (14)

révéler les règles de ia vie et les secrets du destin. Dèsqu'il approche des limites des cieux, son désir de con-naître ceux-ci s'enflamme par la facilité même qu'iléprouve à le satisfaire (1). Les transports qui l'entrai-nent vers les régions supérieures n'étourdissent pas sonintelligence, mais l'illuminent, La vue du firmamentétoilé le conduit à l'astronomie et à la philosophie, reinesdes sciences, l'une dans le domaine visible, l'autre danscelui des idées (2), et leur étude est l'emploi le plus noble

(1) CicÉn., Tetseul., 1, 49, § 44 Natura inest in mentibus nost risinca tiabilis quaedan't cupiditas yen videndi et orae ipsac tocoruinilkréun (le ciel) quo pervenenimus, quo facitiorein nobis cognitionemrenim caelestium, S majorent cognoscendi cupiditatem dabunt, etc.Ce passage de Cicéron se rapporte à la vie future, mais s'appliquaitaussi à l'extase, voyez p. 274 n. 4, et l'appendice p. 282.

(2) Cf. les passages de l'hilon, cités supra p. 266,n. 2. - L'Êpinornis,qui est influencée par des théories orientales (cf. mes Retig. orien-tales, p. 386, n, 34). enseigne déjl (p. 990 13) que, l'astronomies'occupant de la p1u divine de toutes les choses visibles ropdrrwrov&vyx tàv &Xs &npovdpov LÎVOEL. Elle nous donne la vertu laplus précieuse, c'est-à-dire la vraie piété. - Pun.or, De eongr. erud.

40, § tiO (1, 526, M = III, 82, Wendi.)K&&repopsvèv, &t€ xp&tLflOv VtŒ tV ysyov&vo)v, rIÀk 't63V ŒIa9,tGVtf7tOL tLç &v o,x &,zè rxdxou, o&rwç xs tv t€pl dt6v &Ls'z7v7)v,v ietizsv ot &s'rpovoioUvte xut X,X8laI &apepdv-rw, ztÀt

t &tati&'. Cf. BRÊTIIER, Les idées philos, de Philon d'Alexandrie,'1908, p. '167.— SLiriÈQVE, Net. quaest., VII, 4,6 Non aliudquis au!inagnificentins quatticrit au! didicerit utilités quam de stcllarunzsiderwn que natura. - Mon collègue M. Thomas appelle mon atten-tion sur l'éloge de l'astronomie qu'on lit dans l'Aetna, n. 224-251,passage particulièrement important parce que la source de ce poèmeest Posidonius, comme l'a démontré Sudhaus. —Pour les adoptés del'astrologie, celle-ci est naturellement la maîtresse de toutes lessciences, cf. mes Religions orientales, 92° éd., p. 393, n. t, et surPtolérnée, BOLL, Studien j! ber C!. Plot., p. 74.

Page 15: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

(15) 68

qu'il puisse taire de ses facultés. Posidonius définissaitl'homme le contemplateur et l'exégète du ciel (1).

Comparons cette extase sereine aux transports del'enivrement dionysiaque, tel qu'Euripide, par exemple,nous le dépeint si fortement dans les Bacchantes, et noussaisirons toute la distance qui sépare cette religion astraledu paganisme antérieur. Ici, sous l'excitation du vin,l'âme communie avec les torces exubérantes de la nature,et l'énergie débordante de la vie physique se traduit parl'exaltation tumultueuse des sens et l'égarement impé-tueux de l'esprit. Là, c'est de pure lumière que s'abreuvela raison assoiffée de vérité, et « l'ivresse abstème » (2),qui la ravit jusqu'aux étoiles, n'allume en elle d'autresardeurs qu'une aspiration passionnée vers la connaissancedivine. La. source du mysticisme s'est transportée de laterre au ciel.

Le culte sidéral ne connaît pas les débordements sen-suels des orgies de Bacchus. Il réserve à ses adeptes desjoies spirituelles dont l'intensité leur rend fades et mépri-sables tontes les jouissances matérielles, et les moralistesopposeront de cent façons l'humilité des choses d'ici-basà la maguificence de celles d'en haut. Comment les ado-rateurs du ciel s'animeraient-ils aux courses du cirqueou seraient-ils séduits par les chants et les danses duthéâtre, eux qui ont le privilège de contempler les dieux

(t) CÀPELLE, op. cit., p. 6 [534j, n. 4. - Cf. SÊNÈQUE, Diat., XII,De corisol. tut IieIv., VIII, 4 : Animus conteinptator admiratorquemundi; PSEUDO-AFUL., Asci., e. 9.

(2) N.pXLO I1l&. L'expression est dans PIuL0N infra appendicep. 282 cf. VETTITJS VALnNS, infra appendice p. 285 Tà &tavoiitix6vv.ptttxàv htzt1&t.

Page 16: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

69 (46)

et (l'entendre leurs voix prophétiques (1')? Combien ilsdédaignent, des hauteurs de leur brillant séjour, lespalais dorés et le luxe fastueux des riches (2! Ils n'amas-sent pas l'or et l'argent, trésors (lignes des ténèbres dusol dont notre cupidité les lire, mais ils emplissent leuresprit de richesses intellectuelles et le rendent maître detoute la nature, en sorte que se possessions s'étendentjusqu'aux confins de l'Orient et de l'Occident (3). Lesprivations même de l'exil ne peuvent les atteindre,puisque sous tous les climats ils retrouveut les mêmesastres à la même distance de leurs yeux attentifs;pourvu qu'ils puissent se mêler à eux et que leur âmemoine vers ces claires régions où l'attire sa parentéavec les feux célestes, peu leur importe quel sol ilsfoulent aux pieds (4).

Volant à travers l'immensité de I'espate, leur pensée

(1) VETTUS VALENS, VI, 4 (pp. 242, 8 et suiv., éd. Xrolt) 'ESoô' V,nrtov &pd&o IoaxOEoL xŒ tŒ(&Œ 1IatLyoç olt &vcrr4wcev

OtC 'JÂO rpyYIOZV X2. ŒJÀG1V XŒ Mo1,ç ZŒ YExÀŒdv'c

&ot< &XI tÂ2tx(Œ ïnp4isv x t X. Cf. FinMIcus MATERNaiS, lI, 30(p. 88, KmH et Skutsch) ,Secerne te (à savoir l'astrologue) ab speeta-culonim sem per illecebris, etc.

(2) SÉNÈQUE, Nia. qnaest., pro]. 7 : Muet inter astre vagantenzdivitnrn pauinaenta ridere et totam cnn; anro suo terrain, etc.

(3) SÉNÈQUE, Epi.st., XIV, 4 (92), 31.(4) SÉNÈQUE,. Diat. XII, De con.sot. ad Jielviam, 8 Undeeuna que

ex aequo ad caelurn erigitur wies, parihus intervattis oranie divineet, oninibns fannanis distant. Proinde dum ocuti met ai' itto spectacutonon abdwantvr; . . . . daim cairn kir (astris) sim et caetestibu,s quahornini far est iinnmùeear; dura anirnum, ad cognataritrn rruinconspectu;n ter4entern, in subtinii semper Iwbea.m, quid refert meaquid ccatcena. - . . Angustus aninius est que;ii terrena detectant, aU filaabdueendus est, quae ambigus aeque apparent, uhique et que splendent.

Page 17: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

(47)270

méprise cette terre étroite; embrassant le cercle entierdu monde, elle aperçoit notre globe comme un point àpeine distinct ou comme une fourmilière dont des troupesd'insectes minuscules se disputeraient la domination.Cette terre, glacée au nord, brûlée au midi, submergéetout alentour par l'océan, entrecoupée de solitudes, dé-vastée et souillée, est à peine partiellement habitable.Combien est vaine la gloire qui s'étend sur ce domaine.infime! Dès qu'elle atteint les sphères des étoiles, laraison s'y nourrit et s'y dilate; libérée •de ses entraves,elle retrouve dans sa première patrie ses qualités origi-nelles; sa nature divine se comptait à séjourner parmi tesétoiles divines, et, admirant les phénomènes merveilleuxde leur cours, elle s'attache en spectatrice curieuse à toutobserver, à tout examiner. Mais combien pitoyable alorslui semble la petitesse mesquine de son anciennedemeure! Absorbée dans ses recherches sublimes, elledédaignera les biens péris&ihles du siècle et les plaisirsgrossiers de la foule (1). Ainsi le dévouement à la sciences'auréole dans la dévotion sidérale d'un nimbe religieuxet devient une vocation sacrée, qui affranchit de toutepassion terrestre. L'exaltation de la vie intellectuelle yentraine à l'ascétisme.

(1) Toutceci est développé par SÉNÊQUE, Quaest. nuL, Praef., §.7.{2,et en partiè par CICÊRON, Somn. &dp., VI, § 12-14, cf. III, 8, et TuscuL,1. 20, § 45. La ressemblance parfois textuelle des deux passages etleur concordance générale avec flspi xd,ou eh. 1, prouvent que lesidées qui y sont exprimées sont celles de Posidonius. Cf. CAPELLE,toc. cit., p. 7, n. t. - Comparer aussi Finn. MAT., viii, pruef. (appen.dice, p. 285) lIens nosira ... u pravis corporum iUecebrù tiheratur

ab omni pravaruin cupidùaflim desi& S sepranur.

Page 18: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

274-.(18)

Mais inversement les mortels ne communiquent, dansl'extase, avec la divinité que s'ils l'ont mérité par lamoralité de leur conduite. La science est une révélationpromise à la vertu. Il faut que l'âme se purifie de toutesouilluce pour se rendre digne de la société des dieuxet de la communication des connaissances célestes; sielle s'affranchit des passions et des besoins corporels,alerte et légère, elle pourra s'envoler vers les astres (1).Dans l-a polémique véhémente que Posidonius dirigeacontre Épicure, il lui reprochait, à propos de ses doc-trines astronomiques, d'avoir été « plus aveugle qu'unetaupe », et il ajoutait Rien d'étonnant, car décou-vrir la véritable nature des choses n'est pas le faitd'hommes adonnés à la volupté, mais de ceux dont lecaractère vertueux fàit du bien son idéal et qui ne lui

(1) SÊNÈQUE, IVatur. qunesi.., Prol., § 7: Vi nus enim ista, guam ait-lectamus, magnifica est . . . qria animum laxat et praeparat adcoqnitionem ca,eiestium dignun que efficit qui in consortium deoruniveniat, etc., . 10 : Sursum ingentia sputia saut in quorumpossessionem animn.s admittitur, si secum minimum ex corpore tulit,si sordiduni onine detersit et cepeditus tenir que et contentus ,nodicoemicuit. Sur l'origine de ce passage, cf. supra, p. 270, n. 4.Cf. Epist., XiV, 4 (02) 30 Sed si cui vinas aniinus que in corporepraesens, hic deos aequat, itto tendit oritjinù suae niemor, etc.Diii!., Xli, De consol. ait lletu., 9, 2 foc cogitandum est ista(terrena) yens bonis per falsa et prave onedita obstare. Quo Ion gioresporticus expr4ierint . . . hoc plus erit quod LUis caelum abseondat.Comparer CicÊnoN. Tu.scut., 1, 49, § 44. \'ETTWS VALENS, Vi proœm,cité dans l'appendice p. 284; Fnuncus MATERNUS, ibid., . 285.- La mème opposition entre le corps attaché à la terre et l'âme quipeut 5'élever au ciel apparait dans d'autres passages. Cf. infraP- 276, n. 3.

Page 19: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

(49) 272

préfèrent pas la santé de leur chair bien aimée (1).L'absurdité de la cosmographie que professent les épi-curiens est pour lui une conséquence de leur vie dis-solue. On voit poindre l'idée, si dangereusementdéveloppée plus tard, que le vrai savoir est la récom-pense de la piété.

Aussi les astrologues, qui prétendent découvrir dansles étoiles les arcanes du sort, ont-ils une existenceaustère ou du moins ils la prêchent. Selon Manilius (2),si d'autres poursuivent la fortune au prix de mille peines,eux, voués à des recherches ardues, doivent se sacrifiertout entiers pour qu'un dieu les pénètre de son intelli-gence

Impendendus homo est, deus esse ut possit in ipso.

Ils insistent volontiers sur la pureté de leurs moeurs (3)ou énumèrent avec complaisance toutes les qualitésmorales qui les rapprochent de la divinité : pudeur,sobriété, intégrité, modération, renoncement (4). Ils

(1) CLÉOMÈDE, De motu cire., Il, 1, 87 (p. 159, éd. Ziegler) :y&p, ,xà .tŒ, pcX;&dvmv &v9ptbirwv gattv sôpstv rv êv to¼ oaLv&A,i&€cv &ÀX' &v&piv irpç ttv &pstv npuxdtw' XŒ1 tzt èv ŒÔt7ZI7rpO&CV ,rOLoudvcov &À' O?r/ ,Œ9XÔÇ £tI»ç xœttyflÂœ

- Tout ce passage de Cléomède est emprunté à Posi-donius; cf. DIEL5, Doxoyr., p. 21, et BorL, Studien itber CiandiusPtolemtlus, 1894, pp. (33 et suiv.

(2) Mtuxiaus, IV, 397407.— tudier l'astronomie est pour Posido-nius, selon l'expression dc l'Aetna (y . 257), ingeniutu sacrare.

(3) Cf. VETTIUS VsI.EN5, infra, appendice p. 982.(4) Fiiuucus MATERNUS consacre tout un chapitre (11, 30) A exposer:

Quadis vita et quale institutum esse debet ,uathematieis, et dit notamment Oportet eum qui cotidie de dfts vet tu pi dUs kquituir, animumsuutn forinare atque instruere ut ad imitationem divinitatis 8cmper

2

Page 20: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

(20)'aiment à se donner les apparences de prêtres incorrup-tibles et sains, et à considérer l'exercice de leur pro-fession comme un sacerdoce (1).

Nous qui, dans nos villes du Nord, apercevons à peinel'éclat des étoiles, constamment voilé par les brumes etterni par les fumées, nous pour qui elles sont seulementdes corps en ignition mus par des torces mécaniques,nous avons peine à comprendre la puissance du senti-tuent religieux qti'elles inspirèrent aux anciens. L'im-pression . indéfinissable que produisent les grandsspectacles de la nature, le désir qui nous possède depénétrer les causes de ses phénomènes, s'y combinaientavec les aspirations de la foi vers ces OE dieux visibles »qui s'offraient, toujours présents,à l'adoration. La passionpour la science, les ardeurs de la dévotion s'y fondaientdans l'émotion pénétrante que provoquait l'idée d'unecommunion de l'homme avec l'harmonie des cieux.

Ce mysticisme devait exercer un prestige d'autant plusfascinateur que l'espérance d'une vie future était moinsassurée pour les adeptes de cette théologie. Sansdoute Posidonius . y croyait fermement (2), et pour luiles joies de l'extase donnaient seulement à l'hommeun avaiit-goût de la lélicité qui lui était réservéelorsque après la mort son intelligence, s'élevant dans les

accedat... Esto pudicus, integer, sobrius, parvo victu, parts opibtA9- contentus, etc. cf. i. VIII, praef., etc. 5; TIIÉOPITELE D'IDESSE, Cal.

codé. astrol., V, p. 238,28.(4) cf. mes Religions o'rientates, 2e M., p. 23, et PSEUDO-APUL.,

Asclepius, 9 Paucissinzi pura mente praediti sortiti eunt cadisuspiciendi venerabiiem curant.

(2) 7EIT.ER, Philos. der Criechen, 1W, p. 576, n. 3. Cl. ma Théologiesolaire [t. e., supra p. 258, n. 1], pp. 464, 475.

Page 21: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

(21) 274

sphères célestes, en pénétrerait tous les mystères (1).Mais parmi ceux qui se piquaient de philosophie (2),beaucoup niaient la survivance personnelle de l'âme,

• ti) SÉNÈQUE, Quae.st. net., Prol. § 47 : Race (caclestia) inspicere,l'ace discere, bis incubare, nonne est tran&titire môrtalitatem suantet in ;netiorem transcriiji sortent. Cf. I'HILON, supra, r 266, n. 2.KZLtOI vt6ç 6v &1r9svst(tstw. VETTiuS VALENS, IX, 8, cité infraappendice, p. 285.—Ceci ressort d'ailleurs suffisamment de la réuniondes deux idées (contemplation terrestre et immortalité sidérale) dansles Tuscuknes, 1, 19, § 43 [cf. infra appendice, p. 283]. - Dansl'eschatologie exposée A la fin de ]a t'onsot. ad !ilarcia;n (e. 25) etqui remonte à l'osidonius (HEINZE, lenocrates, p. 127 cf. N0RDEN,Yergil's Bitait VI, p. 25), Sénêque donne comme occupation auxAmes hinheureuses l'observation des astres qui est, on s'en sou-viendra, déjà ici-bas l'étude laquelle se consacre le sage Parens(nus nepotem s?turn... vicinorum siderura. meatus dccet, net ex coniec-tara sed omnium ex veto pentus in arcana natta-ce libens ducit;Certains passages que nous avons cités pourraient s'appliquer indif-féremment A la béatitude future ou à l'extase dans la vie présente, parexemple le prologue des Quaestiones naturala, et nous pourrionshésiter entre les deux, si le contexte ne nous éclairait. - Je m'aper-çois que BADSTÙBNER (Beitra2e sur Erklarnng der philos. ScliriftenSen eea's, Hambourg, 1901, pp. 40 et suiv.), a déjù montré le parallé-l]sme qui existe dans la théologie de Posidonius entre la félicité desbienheureux et les occupations idéales du sage en ce inonde.

(2 Le véritable Stoïcisme plaçait en cette vie l'accomplissementde l'idéal humain, et ses doctrines sur l'au delh purent ainsi aisémentse transformer. La plupart de ses adeptes se contentèrent d'uneimmortalité restreinte elle ne devait durer que jusqu'û la conflagra.tion finate et ne s'étendait pas, suivant Chrysippe, tous les hommes(ZELLER, Philos. dâr Griechen, V, 3, pp. 201 et suiv.; RoHnE, Psyche,Il', p. 342; BAD5TÎIBI'Œn, op. oit., pp. I et suiv.). Les péripatéticiensnon plus n'admirent jamais sans contestation la survivance de l'âmehumaine. Les épicuriens la rejetaient résolument.

Page 22: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

275 (2)

ou du moins ils en doutaient (1). Ceiiains croyaient quel'étincelle divine qui animait le corps allait, après lamort, se perdre dans les feux cosmiques sans conserveraucune individualité. Ils n'attendaient alors du trépas'que la libération des destins dont ils étaient les pri-sonniers ici-bas; ils échappaient désormais aux néces-sités cruelles et aux vicissitudes impitoyables auxquellesétaient soumis les êtres qui vivaient sous les sphèresplanétaires (ii). Leur conception de l'existence et leursvoeux suprêmes éiaient ceux qu'a fortement exprimésle plus antique des poètes modernes, celui qui, repre-nant une définition d'Alfred de Vigny (3), affirmait enpleine Académie que la vie est « un accident sombreentre deux sommeils infinis (4) », Leconte de Lisle,

(U VEnms VALENS, JV, «Q. 473, 44 KmH), ne sait si l'on doit

attendre une rétribution après la mort ('Mv i xl pst& s&vwrdv

iC'tLXŒÀ(V ta XII XŒXV & iiotPii); mais, ailleurs, par une de ces

contradictions (loni il est coutumier, il dit (lx, 8, p, 3M3, 28)

&Saalç XII tŒvOpyOL o'3 vdvov to Spouc tç &&ava,zç 4jtdlaŒv&ÀX& xxI 'rç &v»pwidtto, et il parle aussi dans un autre passage

(VI, ProwYn., p. 1244, 44, l{roll) (les &9vœtot $oya qui sont au ciel.

- Ptolémée semble ne pas croire l'immortalité (cf. infrcL p. 277).

D'une façon générale, les espérances esehatologiques n'occupentaucune place chez les astrologues.

(92) cr. mes Religions orientales, pp. 265 et suiv. et WENnT.AND,

Die heuenistiscleiôiflistlle Rultur, p. 474, p 80 Phio's Seirift 11 ber

die Vorsehung, p. 68, n. 1.(3) Journal d'un poète, Paris, 4867, p. 264. - M. Alphonse Wiliems,

dont la mémoire n'est jamais en défaut, m'a rappelé l'origine exacte

de cette citation.(4) JEAN DonNis, Essai sur Leconte de Liste, Paris, 4S)09, ii. 386.

Vers la lin de sa vie, la pensée du poète subit une évolution, et cette'négation absolue ne le satisfit plus dans ses derniers jours.

Page 23: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

(23) 76

dont on connaît l'apostrophe harmonieuse et déses-pérée (1)

Et toi, divine Mort, où tout rentre et s'efface,Accueille tes enfants dans ton sein étoilé,Affranchis-nous du temps, du nombre et dc l'espace,Et rends-nous le repos que la vie a troublé.

Mais si peut-être tous nos désirs et nos efforts abou-tissent à l'anéantissement final, si l'au delà n'o(frequ'incertitudes et obscurités, si, par suite, l'horizon del'homme se limite à son domaine terrestre, il a la puis-sance ici-bas, dans la pleine conscience de soi, d'entreren communication avec Dieu. Il ne s'élèvera pas au cielpar la vertu d'incantations, comme les magiciens pré-tendent le pouvoir (2), son corps restera toujours attachéà la terre dont il est formé (3), mais sa raison quitteracette prison charnelle pour se transporter et s'épanouir-au milieu des astres éternels, consciente dans cetteextase de sa parenté divine (4).

Cette contemplation mystique du ciel, source de touteintelligence, sera l'idéal religieux de très hauts esprits.De tous les savants antiques, le plus influent sur lessiècles qui suivirent, l'astronome Ptolémée, oublierases calculs compliqués et ses recherches ardues pour

(1) Fin de Pies irae dans les « Poèmes antiques n.(2) Religions orientales, 2' éd., p. 2'17,.n. 63.(3) Ps. MuST,, flsp xd,iou e. t; SÉriÊun, li. ce, supra p. 269.

n. 4; p. 274, n. 4; DERMEs TRIsM., infra appendice p. 280: PmIoN.De rpec. kg., ibid. p. 282; Finntcus MATERKUS, Ibid., p- 283.

(4) SÉKÈQUE. Quaest. nat., Pracf. § 42 [cf. supra p. 270, n. !j fochabet (animus) drg,une,,tun diuinitaii.s suae, quod ilium dirdnadelectani, nec ut alienis sed ut suis interest ucure spectat oc-casussiderum... &it itia cd se pertinere:- -

Page 24: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

277 (24)

chanter cet enivrement. Nous avons conservé de luices vers

« Je sais que, morte], je suis né pour tin jour, maisquand je poursuis la foule serrée des astres dans leurcourse circulaire, mes pieds ne touchent plus la terre, jevais auprès de Zeus lui-même, nourricier des dieux, merassasier d'ambroisie (1). »

Quand d'autres croyances se furent imposées au monderomain, que les mystères orientaux comme le christia-nisme eurent placé le but de la vie humaine au delà duterme de celte-ci en lui ouvrant les perspectives radieusesd'une béatitude éternelle,, le mysticisme astral ne perditcependant pas son empire sur les âmes. Encore auIVe siècle, le dernier païen qui ait occupé le trône desCésars, Julien l'Apostat, nous a laissé sur sa foi intimeune confession curieuse. Il avait voué un culte fervent auSoleil, dont il se regardait comme le serviteur né etcomme le fils spirituel qu'il fït, en effet, déjà prédestinéà l'adorer, alors qu'il était encore chrétien, les souvenirsde son âge le plus tendre lui en donnaient l'assu-rance (2). cc Dès mon enfance, raconte-t-il, je fus pénétréd'un amour ardent pour les rayons du soleil, et l'extaseoù me plongeait la lumière de l'éther ne me poussait

(1 Anthol. Pal., IX, 577

Ot&' NtL &Vi1tÔÇ ItfU V (ŒÂEOC, &XÀ' 6tŒV &'aTp(ovIrw ruxtv&ç &spz8p4ou LXL1cŒ,

Oâx&r' &rL4)Œw y2C, ,to(v, &)À& XŒp ' œôtÇi

Z'r4 &otpscphoç xijit1ŒL,L &ÂpOI1Ç.

Cf. Boa, Studien ùber Claudiu,s Ptotem/ius, Leipzig, 1894, pp. 74et suiv.

(2) JuLIEN, Or., IV, début; cf. NASILLE, Julien L'Apostat et sa philo-sophie du polythéisme, 1877, p. 91.

Page 25: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

(2i) '278

pas - seulement à regarder obstinément cet astre, mais,s'il m'arrivait de sortir la nuit par un ciel pur et serein,j'oubliais tout le reste pour m'attacher uniquement auxbeautés célestes, ne comprenant plus rien de ce qu'onpouvait me dire et perdant même la conscience de ce queje faisais... Aucun livre d'astronomie ne m'était tombéentre les mains, et j'aime mieux oublier ce que je pen-sais alors des dieux, et cependant, lorsque la lumièrecéleste m'enveloppait de sa splendeur, elle m'éveillait etm'excitait à la contemplation, au point que je sus nierendre co pie par moi-même du mouvement de la lune,opposé à celui du reste de l'univers, sans avoir jamaisrencontré personne des gens doctes en ces matières. »

Le mysticisme étrange qui se révèle à nous dans ces -conlidences fut donc le sentiment qui provoqua laconversion dé Julien au culte des astres. Il fut la causepsychologique de la dernière restauration officielle dupaganisme. Peut-être m'excuserez-vous donc de in'ètrearrêté si longtemps sur une forme de la dévotion quenous avons peine ù concevoir aujourd'hui, tant notreidée du monde s'csl métamorphosée, mais qui fut assezpuissante dans l'antiquité, après avoir transformé l'ido-làtrie romaine, pour ébranler encore, sous le règne del'Apostat, l'empire devenu chrétien 4).

( li - serait intéressant de suivre la persistance de ces idéespaïennes travers te moyen ge. Ainsi le début du Paradis de Dante

aurait pu être écrit par un discipc de rosidenius

La toiia di Celui clic tutto more,- Per tuniverso peoctri, e rispiende

- In una j'acte pili e meno attrove.Net ciel die piC delta sua mec prendeFu io, o vidi cose clic ridiroNe si, ne piiô quai di iassù discende. »

Page 26: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

r

?279 (26)

APPENDICE.

Je voudrais essayer d'établir ici, avec plus de préci-sion que je n'ai pu le faire dans l'exposé qui précède, oùnaquit et comment se développa le mysticisme astral,en réunissant les principaux textes qui le concernent.

L'idée sur laquelle il repose, celle de la parenté del'âme humaine, de nature ignée, avec les fèux célestes,apparaît déjà dans Hipparque au II' siècle avant Jésus-Christ, etil l'a probahleinent empruntée aux ((Chaldéens))(cf. ma Théologie solaire [supra p. 258,n. 1], p.470,n.2).Je crois pie le mysticisme, qui est une conséquence decette conception, est aussi de provenance orientale.Philon, dans sa polémique contre les « Chaldéens », lesexhorte à descendre du ciel, où ils prétendent se mou-voir, pour étudier plutôt les choses terrestres et leurpropre personne (De migr. Abrah., 53, p. 465 M=H,504, Wencll.) E, OŒu&ctoçtooGtov .aCpvL6ov dpOivtcçtzà yÇ cCç G40ç 7tLV1\COC )(ŒI r y &épœ ùvcpxôvtcçŒBpopwvcrtc, chç +)(ou xviacç v.L ct)'.ç xcptdSouç xi

3v G)Xwv &t&pwv t&ç 4i1icxcrç xod do(ouç dxpoGv°p; cf. De Somniis, 1, 10, 54 (UI, 216 Wendl.)

E '&rtcckt tiv 19 p j ç &ûvOz 7tpoatpptQqÀtvoçv z.t.À. Il semble dont que les « Chaldéens» de Philon,

c'est-à-dire tes prêtres-astrologues de l'époque bellé-nistique (T/iéotogie solaire, p. 469, n. 5), aient déjà cruque l'âme humaine quittait le corps dans l'extase, pouraller rejoindre les astres qu'elle contemplait. D'ailleurs,il est naturel de penser que cette idée, essentielle-ment. religieuse, a pris naissance dans tes temples de

Page 27: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

(27) 280

la .Babylonie. Les Orientaux ont toujours rapporté auxdieux l'origine de toutes les découvertes et de toutesles sciences. Bèl passait spécialement en Mésopotamiepour le révélateur de l'astronomie (Religions orientales,pp. 49 et 323, n. 14). L'explication de phénomènescomplexes, qui, jaillissant des profondeurs dii subcon-scient, illuminait soudain l'intelligence de l'observateurdu ciel, dut sembler à celui-ci d'inspiration divine. Delàl'illusion que, par une tension intense de l'esprit, onpouvait entrer en communication avec les puissancesastrales. Elles-mêmes dévoilaient à leurs serviteurs atten-tifs les secrets dé leurs mouvements. -

La littérature sacrée de l'Egypte, où l'astrologie chal-déenne pénétra peu avant l'époque hellénistique, contientdes traces de ce même mysticisme sidéral. Le fabuleuxPÉToslals donnait son oeuvre— écrite en réalité vers UiOavant Jésus-Christ - comme révélée par une voix du cielentendue dans le silence de la nuit (Vettius Valens, V!,Proœm., p. 241, 17 Kroil = fr. 1, éd. Ricss), et l'hermé-tisme enseignait que la partie divine de l'homme pouvaitmonter au ciel, le corps restant sur la terre (HERMESTRISM. X, 25, p. 84 Parthey) OrJScLç t3v opvtwv Ostv

yk ,at€lcùlttŒt ot)pavot tv &p0# xn)L7tv, b

&vftptoivoç cCç 6' otipvv va3&c. xotL p.cTpct Œ!}rbv )CŒL

,?&p4v dattvto G4J-)a, ,vorstt&v&,:&&X)cz itvta chcpt3ç p.vO&vct, S, tà 7V&VflÛV iCO'I, OGrC

y', xŒtŒ)7tdn vw y&ctroŒorov &yeOdç knv

ŒthÇ) rç xt&ewç tà toX.rrçdov dxcrv tv àv &vOpwTtov

1tCLOV £rVŒ Ocàv Ovnyrdv... (1) Ps. AruL., Asclepius X, c. 10

tt) Ce passage d'Hermès offre avec un développement de énèque

[Posidonius] une analogie si singulière que ta communauté de leurorigine apparait manifestement: Epist., XIV, 4 (9) § 30: Si oui vit! us

Page 28: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

81 ($)- .

(p. 46, 3, Thomas) homo parte qua ex anima et sensuspiritu atque ratione divinus est, vetut ex elementis supe-rioribus inscendere posse videatur in caetum, parte verornundana quae constat ex iqne, aqua et aere, mortalis resistatin terra; ibid. 6 (p. 40, 24, Thomas) homo dus cognatadivinitate coniunctus est; partein sui qua terrenus est, Mirase despicit; cetera omnia, quibus se necesariurn esse cae-testi dispositione cognoscit, nexu secum caritatis adstringit,sus picit cactum.....non caelum videtur altissimurn, quasie proximo aniS .sagacitate metitur. Cf. Hermès Trism.XII, 20 (p. 444, 9, Parthey).

Cette croyance que la raison de l'homme pouvaits'élever jusqu'au milieu des étoiles divines, fut repriseet développée par les astronomes ou philosophes grecs,disciples des « Chaldéens », et Postuoruts en fut sansdoute le propagateur le plus influent. Elle se retrouvechez les auteurs et dans les oeuvres qui s'inspirènt de sathéologie:

Pilihori D'ALEXANDRIE se plaît à la développer avec lesatténuations ci modifications qu'xigeait son judaïsme.Outre les passages que nous àvons mentionnés plushaut (p. 266, n. 2, p. 267, n. 2, p: 279), on pourraiten citer une série d'autres (1) : .0e opifleio mundi 23,70 (1, 46, M = 1, 23, Cohn)t() avOponnvàç voGç

7ttTVÇ pOcLç X% ¶&V dépŒ Val. t& TOÛtOU itaOEÂŒtŒ XŒT(Z-

CXC&4ÂCVQÇ VWtp(.) $pstŒL 1tbÇ ŒO9Z XŒ!. r&ç oupvo

anilnusque incorpore proesens, hic deos aequat, illo tendit originissuce memor ... avinais, cvi in quantuni vuit lied porrigi, a naturareruin /brrn alus est ut paria dis veUet ... in caeHuu redit.

(1) La plupart ont été déjà réunis par M. Colin dans son éditionspéciale du De opificio, p. 4. -

Page 29: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

(29) 28?À

trcpLd6ouç, ItXŒV*rwv TC xvcvcUp.irtpvito-

)Qctç xŒt& toç iouatxç Tc)sLzç v6 j.Louç, iv6zevoç iponCOÇ to6i1yetouvn tOE5ŒV .tV «ŒO)Ïr'4V OÔOkV iit€p*ô4nç,VtŒUQ' 'qcrt t- ç voïytç xL ...vpzicp XŒtŒT/SOCÇ,

ot xopuzvtvzcç gvOoua... yXyo 1iéou 8' C8erv(Dieu), &Opdou rbç &xpzvo xzi pysç ŒÔyŒL ppourpdtov xycdvt, cbç trç ip pUyrc t TÇ 6ŒYOCŒÇ&L FLŒ ÇXOtOSLVOEV. De spec. legib. Il, 3 § 45 (11, 279, M = V,97, Coha) ®cpoç5cùç )a TWY &d

&p to yjv xzL O&ÀrvŒv xŒ dpz xŒ odpribv xcd r&ç v

ŒÔtOç pt)actç &EpCUVflVOL, C€I1V XOd +À) XŒ

tv .&)Jwv &atpùv )nrv te xczi cbz)zvtv riç&ŒVOCW.ç cu1.ntcputoXovteç, t& fc'i ctzoerct xh itpç

xe°t6pu.t&'iot, T&Ç 8'C (tJt)y&Ç ÙIVOIt'dpOUÇ

&OVtCÇ, &TtWÇ ŒOCpOŒtOUVtEÇ t&Ç X€Z 6UVdjÂELÇ ltEpLŒOpwlw.

De speciai. ler,,ib. I, i § 37 (II 217, M = V, 10, Cohn)Tdutov (zûoŒ6cpov) â Xoyt jiàç dità yç &v® cdwooç&pOSc ŒOcpo3wrcL wL u eptolv "ip XŒL

t4) OtÂitX'/t OÔpXWp, TtCCL 1Z&VtŒ y)txtc'ioç 6ct', diu-

Spotépw.ç xpl tŒt tatç 7rpooÀŒrç, ttp&to.i xotL ito)ÀoG $yyouç

XXCOdVOU , (OÇ t tYÇ 4JUyÇ 6'^O

8w y. Quis rerumdivin. heres, 14 § 69 (1, 482 M III, 16Wendl.): ll690ç OUV CL tÇ CCŒéPXCtŒi4i'i7, TOV

&yŒOwv x)cpovot-at ... x& cw.t'qv &nd6pOL XŒL bctOL

Œ€Œ%flç, atep ot xrcydtÂcvot uI xopu3vrtwvteç fzxycu-Oe XŒ OCODOCCŒ XŒÇ& VZ irpopttrtxâv xtftctŒp4v&iOoubcïç y&p XŒL oxn oo-iç &, èwr 8voç, &IÀ'p(otL odpxvp otoÇ3ïj1dws1ç x&xcnvuCç XŒL ùità to 6rwç

6yroç yj&vç xŒ &vù 7tpbç z&rv cDxuj.thr1 c. Cf. De

tUa. contenipiat., 11, 473 M. cl les passages cités parConybeare dans son édition dc cc traité, p. 42.

CICÉRON. dans le Songe de Scipion, transforme en un

Page 30: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

283 (30)

rêve ce qui, pour les adorateurs des dieuK sidéraux, étaitune vision extatique: le spectacle des sphères planétaireset de la terre lointaine apérçues du ciel des étoiles fixes(cf. supra, p. 270, n. 4), et, dans les Tusculanes (1, 49,§ 43), après avoir exposé comment l'âme, libérée par lamort de ses attaches, s'élève vers les astres et les contem-ple, il ajoute ( 45) :Iiaee (rerum caclestium) puichritudoetiam in terris philosophera coquitionis eupiditate incensamexcitavit. Praecipue vero fruentur ea qui, twa etiam, cutnlias terras incolentes circumfusi erant caliqine, tamen aSmentis dispicere cupiebant. Bien qu'il ait certainementconnu les théories de Posidonius sur la communion del'intelligence humaine avec les divinités astrales, Cicéronne les adopte pas. Son rationalisme, qui n'a rien demystique, écarte ces d6ctrines aventureuses ou, s'il sehasarde à les reproduire, c'est comme des fictions con-çues dans le sommeil et aussi incertaines que les mythesde Platon,

SÉNÈQUE est beaucoup plus affirmatif. Le mysticismesidéral inspirc tout un développement du De cortsotationead tielviani (e. 8;, le remarquable prologue des Quaestio-nes naturales (cf. p. 270, n. 14) et plusieurs passages, deses Épures, que nous avons cités (supra, pp. 262,n. 5, etc.). On en trouvera d'autres relevés par Badstûb-ner (op. cit., pp. 41 et suiv.).

0es stoïciens ces théories se transmirent aux néopla-toniciens. Nous avons traduit (p. 277) un morceau deJULIEN l'Apostat (lui est tout à fait caractéristique.

Si des philosophes nous passons aux astrologues del'époque impériale (nous avons déjà parlé de Pélosiris),nous trouverons une série ininterrompûe de témoignagesdécisifs. MANILIu5 développe à plusieurs reprises l'jdéc

Page 31: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

(3!) 284

que, montant au ciel pour en décrire les atres, il estattiré vers eux par sa parenté avec les feux célestes(11, 136 et suiv.) : TIw.?c ego divino cupiam cuin ad sideraflatu I Ferre, nec in turbo nec turbos carmina condom, jSed sot us vante veluti cectatùs in orbe .....(Jaeto noscendacanant, mirantibus astris; 1, 13 : luvat ire per ipsurnAcra et immense spatiantern vivere caelo Signaque etadverses stellarum noscere cursus; V, 8 Me properai'eviam mundus iubet omnia circum Sidera vectanteni et totodecurrere caelo, j Cum sernel aetherios iussus conscenderecurrus Summum contigerim sua per fastigia culmen; etsurtout Il, 115 et suiv. : Quis eaeium possit nisi cocUnumere nosse Et reperire deum nisi qui pars ipse deorumest? Quisve hotte converti molem sine fine patentis, ISignorum que choros oc mundi fianimea tecta, A eternumet stdllis adversus sidera bellum j Cernere et angusto sub pec-tore claudere posset, Ni tantos animis ocutos natura dedis-set Cognatamque sui naturam vert isset ad ipsam I Et tan-tum dictasset opus, caelo que veniret Quod vocat in caeturnsacra ad commercia cadi; 1V, 390 : .Quod quaeris deusest, conaris scandere eaett4n Fata que fatati genituscognoscere lege

I Et transire tuum pectus mundoque potin.IV, 920 : Ipse vocal nostros anirnos ad sidera mundus.

On pourrait à la rigueur soutenir que ce sont là desimages ou des fictions poétiques,mais un prosateur,récem-ment édité, du fie siècle, VETTIUS VÂLENS, s'exprime avecune clarté qui ne laisse place à aucun doute : VI, Procvm.(p. 241, 13, éd. Krotl) : (Pétosiris et Nechepso)sCç Ç050Ut0V 7ttOUÀCŒç xŒt &pCtç &Œ1VCUŒV, dç t& itL

XŒtŒ)ît6VtŒ cJpŒvowrstv &OŒVTQtÇ (bUŒÇ ,C%L OCŒtÇ

x%L LepŒtç 7VLAŒt euvc ancoYroç (?) ... Ibid., p. 242,15:øt XŒL ac3ciCç 8swp t3v opvhev nvhv oukOv

Page 32: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

?28 (3)

ŒLV t967C0V (bu &XXŒO37t&flÇ XLXCÇ XŒ IŒVVÔÇ

xŒL tiv 4uyv &O&vvo'i itpo)stœ ivOsv xczL

T& OS& flo itpoŒo(bÙErv dXCL XŒL t& 6Lc(VOTITtX6V fÂoù itpç

t+1V VŒTOLV VJtflX&V &XCXt1(XflVIbjd., p. 242, 29'EvQouii y&p 6 uyyppwv vaL GcÇS npoo1Àstv Soxatix, 8 (: 546, 16 Kroll) "AvOp@itoL a4/VCÔOVtCÇ tbv

odpowtov xù)av X2i T&Ç t(i)Y dOtép(i)V Xt'r/jflLÇ ... X TŒÙrflç

t9jç itpoyvt5cccç &OŒVŒŒŒÇ 6aev &v (bc;eùptnL vaLvapo torç Ocorç 7tpoo (bt)etv ... (Eppç) r&ç 4u&ç nSvV9p(1ttY ictcpovç dv&yc itepL tç to xdcjjou dctpo-

OEOŒV vOoucnxorç XL UOLXOLÇ 7t€pÇ3&ÀÀWV VO}LŒCLY,

(b&)tr rorç spL tr atrç êCIVOUSnkLV.

Nous avons cité plus haut (p. 277) l'épigramme oùI'TOLÉMÉE aussi célèbre les joies de l'extase qui le trans-porte loin de la terre au milieu des constellations qu'ilétudie.

Au Ive siècle, FisMicus MÂTERNUS exprime encore lon-guement ses convictions mystiques au début de sondernier livre (VIII prae[.) : Nildi deberemus cogitare terre-nuni praesertim cum sciamus fabricatorem nos trum deumita nos divini artificii moderatione fecisse, ut recti corporisforma, ab omni liurnilitatis deieetione seposita, niltil aliudprimum, patefacta oculoruin acie, nisi Solem et Lunamsteltosque et horum omniuoz putcherrimum atque immor-tate domicilium mundum sciticet videremus. Coeteros enimanimanles ita natura composuit, ut ad terram demersiterrenis semper inhaererent

Intwre ita que patentibus oculis caeluni et puicherrimamistam divini opens fabricam animus tuus semper aspiciat.Tunc enfin mens nostra. maiestatis suac recordatione for-mata, a pravis corporum illecebris tiberatur et exuta tnor-tatitatis incômmodis ad auctorem suum festinato nititur

Page 33: Le mysticisme astral dans l'antiquitebibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/a75fa1cfc4a9... · 2013-12-18 · Le mystioishie astral dans lantiquité (1), La religion astrale

(33) 286

gressu, nihilque aliud nisi res divinas per omnia horarummornenla sagaci ac perviqili sem per inquisitione perquirit.Ilabunt igitur no!4s haec instuta quantulamcurnque dlvi-nae scientiae notione;n et ad originis noslrae secrea perducent. I)ivinis enim semper disputationibus occupati etanirnum nostrum caelestibus potestatibus applicantes acdivinis eum caerimoniis initiantes, ai) omni pravarumcupiditatum desideriis separainur. CF. 11, 30 (p. 85,éd. l{roll) : Oporset enira euzn (se. astrotogum), qui cotidiede dus tel cum dus loquitur, animuin suum lia formareaique instruere ut ad imitationem divinit alus semperaccedat, etc.

Enfin MnTIANu5 CAPELLA, avant d'exposer des doc-trines astronomiques, invoque le Soleil en ces termes(11, 195) : Va pater aetherios mentem eonscendce coetusAstrigerumque sacro sub nomine noscere caelurn, et JULIENDE [JAODICÉE, qui écrit vers 500 ap. J.-C., termine l'in-troduction de son 'Eitaxc$tç &vpovo fÂLx par les mots(Cal. codd. astrol. graec., IV, p. 404, I. 4): 'H jnçOeàvxovreç Dcwv xcil ltupP6pp x&vywyÇ 1ttcpoû1cvot

1Ç6 )éywp.cv. Cf. STEPII. PHILOS., ibid, II, p. 483,I. 7. Même dans ces passages tardifs on trouve un échoaffaibli des antiques croyances dont nous avons essayé desuivre la tradition jusqu'à la fin du paganisme.