Le Monde - Mardi 13 Juillet 2010

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Mardi 13 juillet 2010 - 66 e année - N˚20362 - France métropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Eric Fottorino Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,40 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 700 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,40 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 1,90 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 30 KRS, Suisse 3,00 CHF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,00 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA, S ix mois après le séisme de magnitude 7 qui a tué plus de 230 000 Haïtiens et provo- qué des dégâts équivalant à 120 % du PIB, plus de 1,6 million de sinis- trés vivent toujours dans des conditions dramatiques, entassés dans des camps et sans perspecti- ve de relogement. Les dons ont afflué dans les semaines qui ont suivi le désastre. Une partie d’entre eux a été utili- sée à bon escient : alimentation, soins, abris de fortune, eau pota- ble, latrines… Mais on ignore pour quel montant. Les responsables des secours mettent également en avant l’ab- sence d’épidémies et d’explosion sociale, comme indicateurs du suc- cès relatif de la phase d’urgence. Le Fonds des Nations unies pour l’enfance, l’Unicef, note par exem- ple que la malnutrition n’a pas augmenté, qu’aucun foyer de maladie ne s’est déclaré parmi les plus jeunes. En même temps, il souligne qu’il reste fort à faire en faveur des enfants d’Haïti en ter- mes d’accès à l’eau, aux soins et à l’éducation. Le relogement des sinistrés, lui aussi, est un sujet d’inquiétude. La saison des cyclones qui frappent les Caraïbes est proche. Elle pour- rait être dévastatrice. Les grands donateurs qui ont promis, fin mars à New York, 10 milliards de dollars pour la reconstruction d’Haïti ne sont tou- jours pas passés à l’acte. 2 % seule- ment de cette somme ont effecti- vement été débloqués, par le Bré- sil et la Norvège. Les difficultés économiques de l’Europe augu- rent mal de sa future générosité. L’argent manque et la coordina- tion de l’aide laisse à désirer. Les bailleurs de fonds répètent que c’est aux autorités haïtiennes de concevoir et de piloter la recons- truction. Dans les faits, néan- moins, les ONG se sont substi- tuées à certains ministères, dans le secteur de la santé, par exem- ple. Cette tutelle, destinée à pal- lier les insuffisances de l’Etat, contribue, hélas, à l’affaiblir un peu plus. Arrivé en fin de mandat, le gou- vernement haïtien est accusé par l’opposition d’avoir détourné des milliards de dollars d’aide interna- tionale. En réalité, l’essentiel de ces fonds ne transite pas par l’Etat, ils sont dépensés directement par les ONG et les agences des Nations unies. C’est là que se situe le nœud du problème. Incapables, pour cer- tains, de faire face à la situation, les donateurs et les acteurs de ter- rain se rejettent la responsabilité du manque de planification. Censée dynamiser la « refonda- tion » du pays et rassurer les bailleurs de fonds, la Commission intérimaire pour la reconstruc- tion d’Haïti, coprésidée par l’an- cien président américain Bill Clin- ton et le premier ministre haïtien, Jean-Max Bellerive, incarne l’ambi- guïté du rapport entre la commu- nauté internationale et la premiè- re république noire de l’histoire. Celle-ci revendique sa souverai- neté tout en étant incapable de l’exercer. Ce n’est pas une surpri- se : on savait qu’Haïti ne se relève- rait pas de ses cendres facilement et que la communauté internatio- nale aurait à faire preuve, l’émo- tion passée, de générosité, de savoir-faire et surtout de constan- ce. Nous y sommes. p Lire nos informations page 4 Musique Rencontre avec un virtuose de 23 ans qui a enchanté le Festival de Saintes. Page 17 D epuis près de deux siècles, elles irriguent et nourris- sent le débat intellectuel : littéraires, politiques, historiques, artistiques ou un peu tout ça à la fois, elles reflètent l’esprit d’un temps. Durant cinq semaines, Le Mon- de raconte l’histoire des revues qui ont marqué – et marquent tou- jours – la vie intellectuelle en Fran- ce et dans certains pays européens. Le premier volet de cette série d’été retrace l’aventure de la Revue des Deux Mondes, née sous Char- les X en 1829, devenue un acteur de la vie politique dans les années 1850, égarée dans le pétainisme et relancée en 2002. p Lire page 15 Editorial t Les champions d’Europe ont remporté leur premier titre mondial 1-0 face aux Pays-Bas. Pages 25 à 28 M. Sarkozy entre réforme et scandale Adam Laloum, le piano poète L’Espagne superpuissance du monde foot K Contre-enquête Pourquoi l’obésité est-elle un fléau dans les pays du Sud ? K Comment la malnutrition par excès a-t-elle remplacé la sous-nutrition ? Page 6 Débats Il était une fois les revues « J’espère que le livre de Matthias Leridon permettra de créer une vision plus juste de l’Afrique. » F. W. De Klerk ancien président de la République sud-africaine prix Nobel de la paix en 1993 Disponible sur iPad Haïti ou les limites de la solidarité internationale UK price £ 1,50 Nicolas Sarkozy et le ministre du travail, Eric Woerth. LUDOVIC/REA Andres Iniesta, auteur du but espagnol. AP t L’agenda politique Le chef de l’Etat sur France 2 lundi, le projet de loi sur les retraites au conseil des ministres mardi. Pages 9 et 10 t Le feuilleton judiciaire Le procureur Philippe Courroye a ouvert trois enquêtes. Il répond aux critiques dans « Le Monde ». Page trois t La polémique médiatique L’affaire Woerth-Bettencourt est révélatrice des relations malsaines entre pouvoir et médias. Page 15 upbybg

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Mardi 13 juillet 2010 - 66e année - N˚20362 - France métropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur: Eric Fottorino

Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,40 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 700 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,40 ¤, Malte 2,50 ¤,Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 1,90 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 30 KRS, Suisse 3,00 CHF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,00 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA,

S ix mois après le séisme demagnitude 7 qui a tué plusde 230000 Haïtiens et provo-

qué des dégâts équivalant à 120%du PIB, plus de 1,6 million de sinis-trés vivent toujours dans desconditions dramatiques, entassésdans des camps et sans perspecti-ve de relogement.

Les dons ont afflué dans lessemaines qui ont suivi le désastre.Une partie d’entre eux a été utili-sée à bon escient : alimentation,soins, abris de fortune, eau pota-ble, latrines… Mais on ignore pourquel montant.

Les responsables des secoursmettent également en avant l’ab-sence d’épidémies et d’explosionsociale, comme indicateurs du suc-cès relatif de la phase d’urgence.Le Fonds des Nations unies pourl’enfance, l’Unicef, note par exem-ple que la malnutrition n’a pasaugmenté, qu’aucun foyer de

maladie ne s’est déclaré parmi lesplus jeunes. En même temps, ilsouligne qu’il reste fort à faire enfaveur des enfants d’Haïti en ter-mes d’accès à l’eau, aux soins et àl’éducation.

Le relogement des sinistrés, luiaussi, est un sujet d’inquiétude. Lasaison des cyclones qui frappentles Caraïbes est proche. Elle pour-rait être dévastatrice.

Les grands donateurs qui ontpromis, fin mars à New York,10 milliards de dollars pour la

reconstruction d’Haïti ne sont tou-jours pas passés à l’acte. 2 % seule-ment de cette somme ont effecti-vement été débloqués, par le Bré-sil et la Norvège. Les difficultéséconomiques de l’Europe augu-rent mal de sa future générosité.

L’argent manque et la coordina-tion de l’aide laisse à désirer. Lesbailleurs de fonds répètent quec’est aux autorités haïtiennes deconcevoir et de piloter la recons-truction. Dans les faits, néan-moins, les ONG se sont substi-tuées à certains ministères, dansle secteur de la santé, par exem-ple. Cette tutelle, destinée à pal-lier les insuffisances de l’Etat,contribue, hélas, à l’affaiblir unpeu plus.

Arrivé en fin de mandat, le gou-vernement haïtien est accusé parl’opposition d’avoir détourné desmilliards de dollars d’aide interna-tionale. En réalité, l’essentiel deces fonds ne transite pas par l’Etat,ils sont dépensés directement parles ONG et les agences des Nationsunies.

C’est là que se situe le nœud duproblème. Incapables, pour cer-tains, de faire face à la situation,

les donateurs et les acteurs de ter-rain se rejettent la responsabilitédu manque de planification.

Censée dynamiser la «refonda-tion» du pays et rassurer lesbailleurs de fonds, la Commissionintérimaire pour la reconstruc-tion d’Haïti, coprésidée par l’an-cien président américain Bill Clin-ton et le premier ministre haïtien,Jean-Max Bellerive, incarne l’ambi-guïté du rapport entre la commu-nauté internationale et la premiè-re république noire de l’histoire.

Celle-ci revendique sa souverai-neté tout en étant incapable del’exercer. Ce n’est pas une surpri-se : on savait qu’Haïti ne se relève-rait pas de ses cendres facilementet que la communauté internatio-nale aurait à faire preuve, l’émo-tion passée, de générosité, desavoir-faire et surtout de constan-ce. Nous y sommes. p

Lire nos informations page4

Musique Rencontre avec un virtuose de 23 ansqui a enchanté le Festival de Saintes. Page 17

D epuis près de deux siècles,elles irriguent et nourris-sent le débat intellectuel :

littéraires, politiques, historiques,artistiques ou un peu tout ça à lafois, elles reflètent l’esprit d’untemps.

Durant cinq semaines, Le Mon-de raconte l’histoire des revues quiont marqué – et marquent tou-jours – la vie intellectuelle en Fran-ce et dans certains pays européens.

Le premier volet de cette séried’été retrace l’aventure de la Revuedes Deux Mondes, née sous Char-lesX en 1829, devenue un acteur dela vie politique dans les années1850, égarée dans le pétainisme etrelancée en 2002.p

Lire page15

Editorial

t Les champions d’Europe ont remportéleur premier titre mondial 1-0 face

aux Pays-Bas. Pages25 à28

M.Sarkozy entre réforme et scandale

AdamLaloum,lepianopoète

L’Espagnesuperpuissance

du monde foot

KContre-enquêtePourquoil’obésitéest-elleunfléaudanslespaysduSud?KComment lamalnutrition parexcèsa-t-elleremplacé lasous-nutrition?Page6

DébatsIlétait unefoislesrevues

« J’espère que le livre deMatthias Leridon permettra de créerune vision plus juste de l’Afrique. »

F.W. De Klerkancien président de la République sud-africaine

prix Nobel de la paix en 1993

Disponible sur iPad

Haïti ou les limites de la solidarité internationale

UK

pric

1,50

Nicolas Sarkozyet le ministre du travail,

Eric Woerth. LUDOVIC/REA

Andres Iniesta, auteurdu but espagnol. AP

tL’agenda politique Le chef de l’Etat sur France 2 lundi, le projet de loi sur les retraites au conseil des ministres mardi. Pages 9 et 10tLe feuilleton judiciaireLe procureur Philippe Courroye a ouvert trois enquêtes. Il répond aux critiques dans «Le Monde ». Page troistLa polémique médiatique L’affaire Woerth-Bettencourt est révélatrice des relations malsaines entre pouvoir et médias. Page 15

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Les faits

aInternationalLegouvernement japonaisendifficultéaprès un reversélectoralLe Parti démocrate du Japon (PDJ, centre gauche) actuellement au pou-voir, a perdu, dimanche 11 juillet, les élections sénatoriales triennales,ce qui déstabilise le premier ministre Naoto Kan, nommé il y a un mois,et hypothèque ses réformes. Le PDJ a gagné 44 sièges contre 54 espéréssur les 242 renouvelables. Avec un total de 106 élus à la Chambre haute,le parti au pouvoir reste majoritaire au Sénat. Il est, par ailleurs, large-ment majoritaire à la Chambre basse. Le parti gouvernemental avaitobtenu une majorité écrasante aux élections législatives du 30 août2009, mettant fin à un demi-siècle de domination des conservateurs.Mais son capital de sympathie s’était très vite effrité sous le coup deserreurs commises par le premier chef de gouvernement issu des législa-tives, Yukio Hatoyama, éclaboussé par des scandales financiers. Sonsuccesseur a exclu, dimanche, de démissionner et de remanier son gou-vernement. Lire page8

Haïti: la situationreste dramatique,sixmois après leséismeSix mois après le séisme qui a frappé l’île, l’Unicef dresse un bilan de lasituation en Haïti dans un rapport rendu public, lundi 12 juillet. Plus de1,6 million de réfugiés, dont la moitié d’enfants, s’entassent toujoursdans les quelque 1 300 camps de fortune. Si les conditions de vie demeu-rent extrêmement difficiles, notamment sur le plan sanitaire, aucunfoyer épidémique majeur n’est apparu. Sur les 10 milliards de dollars(environ 8 milliards d’euros) prévus pour rebâtir Haïti, seulement 2 %sont actuellement disponibles. Six mois après le séisme, la situation apeu évolué pour les Haïtiens, mais elle pourrait prochainement se dété-riorer avec le début de la saison cyclonique qui s’étale de juin à octobre.Lire page4 n Sur Lemonde.fr : voir le portfolio

aFranceM.Woerthprésente la réforme desretraitesen conseildes ministresLe ministre du travail, de la solidarité et de la fonction publique EricWoerth, doit présenter, mardi 13 juillet, en conseil des ministres l’une desréformes les plus importantes du quinquennat de Nicolas Sarkozy : laréforme des retraites. C’est un ministre très affaibli par l’affaire Betten-court qui va, au nom du gouvernement, porter ce texte majeur, même sil’inspection générale des finances (IGF), dans son rapport rendu diman-che soir, écarte toute intervention du ministre dans les dossiers fiscauxde Liliane Bettencourt et de ses proches. Lundi soir, dans un entretiend’une heure sur France 2, le président de la République devait essayer dereprendre la main en répondant aux questions de David Pujadas sur l’af-faire Bettencourt, la réforme des retraites et les déficits publics. Lirepage9, 10 et11 n Sur Lemonde.fr : l’intervention de Nicolas Sarko-zy analysée et commentée en direct sur le site

Frondedes éluscontre la fermetureducentrederadiothérapie deGuéretOpposés à la fermeture du centre de radiothérapie de Guéret imposéepar le ministère de la santé, les maires de la Creuse ont décidé, samedi

10 juillet, de rompre toute relation avec l’Etat. Certains évoquentmême une démission collective en septembre, si aucune solution n’aété trouvée d’ici là. La décision de fermeture de ce service de l’hôpital aété prise en décembre 2009 sur préconisation de l’Institut national ducancer. L’Inca estime à 600 le nombre minimum de patients qu’un ser-vice doit traiter chaque année, pour des raisons de sécurité. Avec envi-ron 200, celui de Guéret a dû cesser son activité, comme trois autresen France. En outre, le centre ne possède qu’un seul accélérateur,contre deux exigés par la réglementation. Les malades sont désormaisadressés à Limoges ou Montluçon, à une heure de route de Guéret.(PHOTO : J. FULLERINGER/« LA MONTAGNE »)

LaVerteAnny Poursinoffgagnelalégislativepartiellede RambouilletLa gauche l’a emporté, dimanche 11 juillet, lors du second tour del’élection législative partielle de Rambouillet (Yvelines) avec 51,72 %des suffrages à la Verte Anny Poursinoff, contre 48,28 % au députésortant UMP, Jean-Frédéric Poisson. Cette victoire d’une candidateécologiste dans un fief de droite va faire passer de trois à quatre lenombre de députés Verts à l’Assemblée nationale. Jean-Frédéric Pois-son était le suppléant de Christine Boutin devenue ministre du loge-ment en juin 2007. Il y a un an, quand Mme Boutin avait renoncé àreprendre sa place au Parlement après son éviction du gouverne-ment, M. Poisson l’avait emporté avec cinq voix d’écart contreMme Poursinoff. L’élection avait été invalidée par le Conseil constitu-tionnel. Lire page10

aEconomieUnplandugouvernement contre lesdélocalisationsdes centres d’appelsLe secrétaire d’Etat à l’emploi, Laurent Wauquiez, étudie plusieurspistes pour lutter contre la délocalisation des centres d’appels hors

du territoire français, selon une information du Parisien, dans sonédition du 11 juillet. Parmi les principales mesures envisagées, figurel’idée d’une taxation des donneurs d’ordre et des sous-traitants quiont recours aux délocalisations. Ce plan fait suite à l’annonce, jeudi1er juillet, de la suppression de 837 emplois chez Téléperformance, leleader du secteur. Selon le ministère du budget, l’offshore représen-tait en 2009 60 000 salariés contre 10 000 en 2004. Bercy estimeque la moitié de ces salariés seraient au Maroc. Ils seraient parailleurs 12 000 en Tunisie, les salariés restants étant localisés auSénégal et à l’île Maurice. Le secrétaire d’Etat à l’emploi, Laurent Wau-quiez, a annoncé, lundi 12 juillet, sur RMC, la tenue, à la rentrée, d’assisesdes centres d’appels. (PHOTO : BLOOMBERG) Lire page13

L’équipementierZodiac rejetteuneoffre defusion deSafranL’équipementier aéronautique Zodiac a rejeté, dimanche 11 juillet, laproposition de rapprochement faite par Safran, la maison-mère dumotoriste d’avions Snecma. Cette décision avait fait l’unanimité auconseil de surveillance de Zodiac, vendredi 9 juillet. L’entreprise fami-liale préfère rester indépendante et assurer par elle-même son déve-loppement. Selon le directeur général de Zodiac, Olivier Zarrouati,dans une interview accordée aux Echos, lundi 12 juillet, les synergiesproposées auraient été « modestes, voire extrêmement modestes ».Lire page13

Société éditrice du « Monde » SAPrésident du directoire, directeurde la publication : Eric FottorinoVice-président, directeur général : David GuiraudSecrétaire général du directoire :Pierre-Yves RomainDirecteur du « Monde » : Eric FottorinoDirecteur adjoint : Laurent GreilsamerEditeur : Michel SfeirDirectrice de la rédaction : Sylvie KauffmannDirecteurs éditoriaux : Gérard Courtoiset Alain Frachon.Rédacteurs en chef : Michel Kajman, FrédéricLemaître, Franck Nouchi, Isabelle Talès,Didier Pourquery (« Le Monde Magazine »).Chef d’édition : Françoise Tovo.Directrice artistique : Sara Deux.Veille de l’information : Eric Azan.Secrétaire général : Jean-Pierre GiovencoMédiatrice : Véronique MaurusConseil de surveillance : Louis Schweitzer,président. Gilles van Kote, vice-présidentLe Monde est édité par la Société éditrice du « Monde » SADurée de la société : 99 ans à compter du 15 décembre 2000.Capital social : 149 017 497 ¤. Actionnaire principal : Le Monde SA.Rédaction :80,boulevard Auguste-Blanqui,75707ParisCedex13 Tél. :01-57-28-20-00 ;télécopieur :01-57-28-21-21Abonnements :partéléphone:deFrance0-825-000-778.(0,15TTC/min) ;del’étranger:(33)3-44-31-80-48 ouwww.lemonde.fr/abojournal/Changementd’adresseetsuspension :0-825-022-021(0,15TTC/min)

Les scores

Les gens Les chiffrest FidelCastro,premièresortiedepuisdécembre

Selon des images diffusées samedi10juillet, sur un site officiel, le «lea-der maximo», 83 ans, a fait sa pre-mière apparition publique, mer-credi 7juillet, pour visiter un cen-tre d’investigation scientifique.Les images de cette sortie, prisespar son propre fils, Alex Castro, lemontre en survêtement et parais-sant en bonne forme. Les autoritéscubaines ont, par ailleurs, com-mencé samedi le processus annon-cé de libération des 52 prisonnierspolitiques, négocié avec l’Eglisecatholique de Cuba. Dix-sept pri-sonniers devraient être « prochai-nement» libérés et envoyés versl’Espagne. (PHOTO : REUTERS)

n Sur Lemonde. fr : compte-rendu d’un chat sur l’évolutiondu régime castriste

t Leprésidentsud-africainZumaremerciesonpeuplepourleMondialJacob Zuma, président d’Afriquedu Sud, a remercié son peuple,samedi 10 juillet, veille de la finalede la Coupe du monde de football,pour cette « Coupe du monde vrai-ment africaine ». « Le soutienapporté au Ghana et aux autreséquipes africaines a témoigné del’unité africaine, de l’amour et dela solidarité », a encore déclaréM.Zuma. Lire pages 25 à 28n Sur Lemonde. fr : retour enimages sur les moments fortsde la Coupe du monde

t ChristianLacroixdevientconseillerartistiquedelaMonnaiedeParisLe créateur, dont la maison de hau-te couture, actuellement en redres-sement judiciaire, a déposé sonbilan l’an dernier, dessinera en par-ticuliers la future «médaille duPacs» et celle du mariage quiseront dévoilées à l’automne 2010.

Cérémonied’hommageàSrebrenica

tFootballL’Espagne championneL’Espagne a décroché le titre dechampionne du monde, diman-che 11 juillet, face aux Pays-Bas(1-0). Lire page25 à28

tFormule 1Webber vainqueurL’Australien Mark Webber a rem-porté, dimanche 11 juillet, leGrand Prix de F1 de Grande-Breta-gne.

tTennisLa France sort l’EspagneLa France a battu (5-0) l’Espagne,dimanche 11 juillet à Clermont-Ferrand en quart de finale de laCoupe Davis.

tCyclismeLa 8e étape pour SchleckLe Luxembourgeois AndySchleck a remporté, dimanche11 juillet, la 8e étape du Tour deFrance. Lire page19

Des dizaines de milliers de person-nes ont participé dimanche11juillet aux commémorations dumassacre commis en 1995 à Srebre-nica. 8000 musulmans bosnia-ques y furent tués lors du massa-cre le plus sanglant commis enEurope depuis la fin de la secondeguerre mondiale. Les cercueils desrestes de 775 victimes recouvertsd’un tissu vert, la couleur de l’is-lam, ont été portés en terre dansl’après-midi au centre mémorialde Potocari, près de Srebrenica,dans l’est de la Bosnie.(PHOTO : A. EMRIC/AP)n Sur Lemonde. fr :voir le portfolio

tSanté

+156%d’enfantsobèsesenChineentre1996et2006Selon une récente étude, menéesur 80 000 enfants vivant enmilieu urbain, la croissance dunombre d’enfants obèses enChine a été de 156 % entre 1996 et2006. Différentes enquêtes mon-trent que le pays le plus peuplé dumonde compterait aujourd’huiplus de 200 millions de person-nes en surpoids et 90 millionsd’obèses – soit une augmentationde, respectivement, 39 % et 97 %par rapport à 1992. Lire page6

tNation

7Françaissur10voientlaFranceendéclinMême si la France dispose auxyeux d’une grosse majorité deFrançais (79%) de « beaucoupd’atouts», une proportion à peineinférieure (71 %) estime que le paysest «en déclin», selon un sondageIFOP publié par Le Journal dudimanche. En 2005, ils étaient66% à être de cet avis. La mêmeannée, les Français étaient encorebeaucoup plus nombreux (89%) àse féliciter des nombreux«atouts» du pays. Une minorité(46%) estime aujourd’hui que laFrance est « un modèle pour denombreux pays», alors que 54 % lepensaient il y a cinq ans.

tManifestation

1milliondemanifestantsàBarcelonepourdéfendrel’autonomieLa police a estimé à plus d’un mil-lion le nombre des manifestantsqui ont déferlé sur la capitale de laCatalogne, samedi 10 juillet, pourdéfendre le statut d’autonomieélargi de cette province, remis encause par la justice espagnole dansun arrêt rendu, vendredi, par le Tri-bunal constitutionnel. Le mairesocialiste de la ville, Jordi Hereu, arappelé que le rassemblement his-torique pour l’autonomie de sep-tembre1977 n’avait réuni que350000 personnes.

24heuresdans lemonde

0123 est édité par la Société Editrice du Monde (SA).La reproduction de tout article est interdite sans l’accord de l’adminis-tration. Commission paritaire des publications et agences de pressen° 0712 C 81975 ISSN 0395-2037

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Bénédicte Half-Ottenwaelter

0123Mardi 13 juillet 2010

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présente

Eskhol NevoLe cours du jeuest bouleverséEt vous, où serez-vous dans 4 ans ?Rendez-vous pour la prochaineCoupe du Monde…

roman

Il se dit parfaitement serein,et, de fait, quand il reçoitdans son vaste bureau dutribunal de Nanterre, le pro-cureur Philippe Courroyene dégage aucun stress.

Lorsqu’il grimpe dans sa voiture, ilse branche sur Radio Classique, etnon sur FranceInfo, quiouvre tousses journaux sur l’affaire Woerth-Bettencourt. A 51 ans, le revoilà aucœur de l’actualité, lui que l’ondisait en disgrâce, lui que NicolasSarkozy n’a pas voulu, récem-ment, nommer à Paris. Trop sulfu-reux. Trop incontrôlable, aussi.

Philippe Courroye connaît bienle président de la République, il nes’en est jamais caché. Cet admira-teur de Napoléon aime les hérosdémesurés,dont les actes vontpar-fois à l’encontre de leurs intérêts.L’Elysée, ces temps derniers, n’apas goûté, c’est peu dire, toutes lesinitiatives prises par M. Courroye.Dans le dossier Woerth-Betten-court, le procureur ne prendra pasde gants, jure-t-il au Monde. « L’en-quêteseramenée,commed’habitu-de, dans un souci de rigueur pro-cédurale, de respect des droits, etpour faire jaillir la vérité. Tous leséléments seront soigneusementvérifiés.Leparquetestguidéparcet-te seule logique. »

Depuis qu’il est à Nanterre, onl’a pourtant qualifié de fossoyeurd’affaires. C’est peut-être oublierqu’il a épinglé à son palmarès dejuge Charles Pasqua, Pierre Bédierou Alain Carignon. Autant de per-sonnalités de droite, quand celle-ciétait aux affaires. « Il n’est jamaisdans la connivence, disait de luiYves Bot, l’ancien procureur géné-ral de Paris, en 2007. Il n’est pashomme à enterrer un dossier. »

Si vous voulez le voir s’énerver,alors parlez-lui de son indépen-dance, du classement de l’enquêtevisant les conditions d’achat etd’aménagement d’un apparte-ment par M. Sarkozy à Neuilly, desdîners ou déjeuners peu discretspartagés avec les puissants – com-me le couple Chirac – qui lui ontvalu quelques soucis avec sa hié-rarchie et une volée de critiques.

«Elles m’indiffèrent, et j’y suishabi-tué. Je n’ai pas à me justifier ni àme défendre. Mon travail actuel etantérieur est ma seule réponse.D’ailleurs, Chateaubriand nedisait-il pas que “face aux calom-nies il ne faut dispenser son méprisqu’avec parcimonie, il y a tant denécessiteux” ? »

C’est lui qui a placé Eric Woerthdans une situation délicate en rap-pelant publiquement qu’il avaittransmis à Bercy tous les éléments

ayant trait à la situation fiscale deLiliane Bettencourt, lui aussi qui aordonné,vendredi 9 juillet, lesper-quisitions au domicile de Patricede Maistre – gestionnaire de la for-tune de la milliardaire –, où a étésaisi le dossier professionnel deFlorence Woerth. Pour autant, ilassure ne rien vouloir prouver. « Ilne s’agit pas de protéger quiconqueni de prouver son indépendance.D’ailleurs un magistrat n’a rien àprouver,sauf sa volontéde faireres-pecter la loi. »

Il ne faut pas espérer du procu-reur Courroye qu’il transmette ledossier à un juge d’instruction.« En l’état, il n’y a aucune raisontechnique, juridique ou procédura-lepour ouvriruneinformationjudi-ciaire, dit-il. Cette décision relèvedu parquet, et non de commenta-teurs extérieurs… » Il n’accepterapas non plus un éventuel dépayse-ment de l’affaire. Pas questionenfin qu’Isabelle Prévost-Desprez,juge à Nanterre, récupère l’enquê-te. Leur conflit quasi public est,pour lui, « un non-sujet ».

Mais il ne tolère pas que l’onmetteendoutel’objectivité du par-quet, qui dépend pourtant de lachancellerie. « En France, plus de95% des enquêtes s’effectuent sousl’autorité du parquet. Ces enquêtes

ne seraient donc ni rigoureuses nifiables? Le parquet est le défenseurde l’intérêt général. Il a un devoird’impartialité. Quelle valeur auraitune enquête orientée ou sélectivedu parquet qui écarterait certainséléments ? Elle volerait en éclats àl’audience. Enfin, le parquet est undirecteur d’enquête, et j’ai quelqueexpérience en ce domaine… »

M. Courroye travaille toujoursavec les mêmes enquêteurs, à labrigade financière, qui lui sontfidèles depuis son passage au pôlefinancier de Paris. A Nanterre,deux magistrates discrètes l’ac-compagnent dans ses investiga-tions.

C’est, dit-il, pour eux qu’il tientà défendre son travail. « Voudrait-on dire que lorsque des enquêteurstravaillentsousl’autorité du procu-reur ils font du tri sélectif lors desperquisitions, qu’ils sont frappés desurdité et de cécité lors des audi-tions qu’ils conduisent ? En clair,qu’ils sont malhonnêtes intellec-tuellement et professionnelle-ment? Retrouvent-ils enfin miracu-leusement leur intégrité lorsqu’ilstravaillent sous l’autorité d’unmagistratdusiège? Laforcedu par-quet, c’est son travail en équipe :c’est le regard croisé sur un dossier,des positions juridiques discutées

et échangées, c’est de l’uraniumenrichi!»Alors, il peste contre«cer-tains commentaires aussi mal-veillants qu’erronés qui voudraientlaisser croire que le procureur deNanterre conduit ses enquêtes avecun objectif inavoué qui n’est pascelui de faire jaillir la vérité ».

Il s’insurge contre le procèsmédiatique qui lui est fait : « Vou-drait-on dire que les deux magis-trats d’une compétence exception-nelle et d’une intégrité infaillibleavec qui j’ai la chance de travaillerprendraient des décisions contrai-res au droit et à leur conscience ? »

Il est bien question de M. Cour-royedans les enregistrements opé-rés par le majordome Pascal Bon-nefoy au domicile de Mme Betten-court,alorsenplein conflit judiciai-re avec sa fille. M. de Maistre y lais-se ainsi entendre que le procureurde Nanterre aurait classé l’enquêtevisant l’artiste François-MarieBanier sur ordre de l’Elysée.

Il proteste : « La plainte de la fillede Mme Bettencourt a été classéesans suite par le parquet de Nanter-re au terme de plus de dix-huitmois d’une enquête approfondieconduite par la brigade financière.Les investigations réalisées ne per-mettaient pas de matérialiser endroit l’infraction d’abus de confian-

ce. Mme Bettencourt a refusé plu-sieurs expertises médicales diligen-tées par le parquet, et je note qu’ellen’a pas davantage accepté celle quia été ordonnée par la 15e chambredu tribunal correctionnel. Il n’y aeu évidemment aucune interven-tion ou instruction concernant ceclassement. » En France, le parquetne peut recevoir que des instruc-

tions écrites de poursuite, pas declassement. Mais le téléphonefonctionne, et de bons conseilsappuyés sont parfois dispensés.Pas dans ce dossier, à en croireM. Courroye : « J’ai simplementinformé le parquet général de cettedécision, une position juridiqueincontestable.» p

Gérard Davet

«A-t-on oubliéles listings Clearstream, l’affaireAlègre?»

«Unmagistratn’arienàprouver,saufsa volontédefairerespecter la loi»

Philippe Courroye

Réputéproche de l’Elysée, PhilippeCourroye a ouverttrois enquêtes danslecadre del’affaire Woerth-Bettencourt. Il s’explique dans«Le Monde»

L’autodéfenseduprocureur

Philippe Courroye, procureur de Nanterre: «Tous les éléments seront soigneusement vérifiés. Le parquet est guidé par cette seule logique.» PIERRE VERDY/AFP

Pagetrois

LE PROCUREUR de Nanterre, Philip-pe Courroye, a ouvert trois enquê-tes distinctes:

«La première enquête porte surl’origine des enregistrements opé-rés au domicile de Mme B. [LilianeBettencourt]. Chacun comprendraqu’avant de se pencher sur le conte-nu de ces documents, il fallait com-prendre dans quelles circonstancesils avaient été réalisés, pourquoi, etvérifier leur authenticité. C’est lesocle qui conditionnait la suite detoutes les autres investigations.Quand vous construisez une mai-son, vous ne posez pas le toit avant

les fondations. A-t-on oublié les lis-tings falsifiés Clearstream, l’affaireAlègre à Toulouse?

Au-delà de l’infraction d’atteinteà la vie privée qu’ils constituent, cesenregistrements illicites et clandes-tins posent un immense problèmede principe. Une borne a étéfranchie. La preuve dans une procé-dure pénale doit obéir au principede loyauté. Souhaitons-nous unesociété ou n’importe qui, pour diver-ses raisons, sonorisera le domicileou le bureau d’un avocat, d’unmagistrat, d’un journaliste, d’unepersonnalité politique, puis s’arran-

gera à rendre publics ces enregistre-ments pour les transformer en preu-ves? La deuxième enquête concer-ne les allégations de la comptablede Mme Bettencourt, Claire Thibout,concernant des faits de finance-ment illicite de campagnes électora-les. Cette enquête doit permettre defaire émerger la vérité à partir defaits vérifiés, étayés et prouvés pro-céduralement. Ainsi les nouvellesauditions de Mme Thibout devantles enquêteurs, entendue commetémoin et non placée en garde àvue, ont permis, à ce stade, d’établirqu’elle n’avait jamais tenu à Media-

part un certain nombre de proposqu’on lui a prêtés.

Une troisième enquête vientd’être ouverte, l’authenticité desenregistrements étant en grandepartie vérifiée. Elle porte sur lecontenu de ces enregistrements etsur les éventuelles infractions qu’ilspeuvent révéler, comme le blanchi-ment de fraude fiscale.

Toutes ces enquêtes sont etseront conduites avec rigueur, séré-nité, célérité, mais à leur rythme etde façon méthodique.»p

Propos recueillis par

G. Da.

0123Mardi 13 juillet 2010

Page 4: Le Monde - Mardi 13 Juillet 2010

Reportage

Port-au-PrinceEnvoyé spécial

L a petite tente rafistolée avecdes bouts de bâches est trans-formée en étuve par l’impla-

cable soleil tropical. Un matelas,des vêtements chiffonnés dansune bassine et des ustensiles decuisine. « C’est tout ce que j’ai sau-vé quand ma maison s’est effon-drée», soupire Nadine Beaujour.

La jeune femme, enceinte,vivait à Mariani, tout près de l’épi-centre du séisme qui a tué près de250000 Haïtiens le 12 janvier. « Jesuis arrivée à terme mais le bébé neveut pas sortir, sans doute parcequ’il sait que je n’ai rien à lui don-ner à manger», ajoute-t-elle. Elle aperdu une fillette de 5 ans écraséesous les décombres et son mari,blessé, ne peut plus travailler.

Six mois après le tremblementde terre, frustration, désespoir et,parfois, colère dominent dans lesquelque 1 300 campements oùs’entassent plus de 1,6 million deréfugiés. Les plus démunis ycôtoient les sinistrés de la classemoyenne, enseignants, avocats etétudiants, qui ont tout perdu, lesplongeant brutalement dans lamisère et la promiscuité descamps.

Au milieu des gravats et desodeurs d’excréments, les tentesoccupent des parcelles de chaus-sée et un terre-plein central, îlotcoincé entre plusieurs avenues, àla sortie de la banlieue de Carre-four. Les familles survivent là,entre deux flots de véhicules, à lamerci des accidents.

« Jusqu’à quand vivrons-nouscomme ça ? Le gouvernement nefait rien pour nous, seule l’ONGCare nous donne un peu de travail.Dieu est mon seul espoir », s’excla-me Maude Saint-Hubert, qui atrouvé refuge au camp de la CitéJean-Baptiste, à une douzaine dekilomètres à l’ouest de Port-au-Prince. Une cinquantaine de latri-nes y ont été installées par leSecours islamique de France.

Aulendemainduséisme, unfor-midable élan degénérosité amobi-lisé plus de 2 milliards de dollars(1,58 milliard d’euros) de dona-tions privées à travers le monde.Une partie de ces sommes a été

dépensée par les ONG dans l’aided’urgence : soins, nourriture, ten-tes, équipements sanitaires, etc.Six mois plus tard, la situation n’apas évolué alors que la saisoncyclonique,de juinàoctobre, pour-rait se révéler dévastatrice.

La phase de reconstructiondémarre à peine. Réunis à NewYork le 31 mars, les bailleurs defonds avaient promis 10 milliardsde dollars pour rebâtir Haïti. Plusde la moitié de la somme devaitêtre déboursée sur dix-huit mois.Mais moins de 2 % de l’aide est arri-vée : le fonds multibailleurs créépar la Banque mondiale n’a reçu

jusqu’à présent que les contribu-tions du Brésil et de la Norvège.

Port-au-Prince reste un vastechamp de ruines. Partout, ce nesont qu’amas de décombres etd’édificeseffondrés. «Legrand pro-blème, c’est d’évacuer les gravats etde trouver des terrains afin deconstruire des abris transitoirespour les sinistrés », explique PeterRees, responsable du « cluster »(groupe de travail) abris auxNations unies.

Seuls 250 000 m3 de décombresont été déblayés sur un total esti-mé à 20 millions. Il n’y a que 300camions disponibles alors qu’il en

faudrait au moins 1 000.Une seuledécharge est habilitée à recevoirles débris. Armés de pelles et debrouettes, des brigades de jeunesdégagent les gravats dans le cadredes programmes « cash for work »(argent contre travail). Leur effortparaît dérisoire face à l’ampleur dela tâche.

En liaison avec le gouverne-ment, les experts des Nationsunies ont élaboré un plan de120millions de dollars qui permet-trait d’évacuer rapidement 2 mil-lions de m3 de décombres. Maisl’expérience menée dans le quar-tier de Fort National, où le prési-

dent René Préval souhaite relogerles sinistrés qui occupent lechamp de Mars, face au palais pré-sidentiel, montre les difficultés dela tâche. Près de 80 % des sinistrésne possèdent pas leur logement,or il faut obtenir l’autorisationdes propriétaires pour déblayerles terrains.

Des équipes d’ingénieurs duministère des travaux publics ontinspecté près de 170 000 maisons.25 % classées « rouge », doiventêtre détruites. 28 %, marquées enjaune, sont endommagées maispeuvent être restaurées et 47 %,vertes, sont intactes. Traumatisés

par le séisme et les nombreusesrépliques, beaucoup d’habitantscraignentde dormir dans leur mai-son, même lorsqu’elles ont étéclassées « vertes ». Quant aux pro-priétaires des maisons jaunes, laplupart n’ont pas les moyens depayer les réparations.

Le manque de terrains est leprincipal obstacle à la construc-tion des abris transitoires – desstructures en bois ou en tôle – quioffrent une meilleure protectionface aux intempéries. Seulement3 700 ont été construits jusqu’àprésent sur les 125 000 annoncés.

«C’est la pire catastrophejamaisenregistrée en milieu urbain et elle

a frappé un pays qui vivait déjà enétatde désastre structurel»,rappel-le Nigel Fischer, le représentantspécial adjoint du secrétaire géné-ral des Nations unies. Ce Canadiena été appelé d’urgence pour tenterde coordonner les efforts dispersésdes bailleurs de fonds, des ONG etdu gouvernement.

« Il n’y a pas eu d’épidémie dansles camps et nous avons mené unecampagne de vaccination massive.Il n’y a pas eu non plus de pillagecomme au Chili, ni d’explosion deviolence. Mais pour reconstruire, ilfaut une stratégie et une planifica-tion», ajoute-t-il. Déjà faible avantle séisme, l’Etat haïtien a perdu20 % de ses cadres et 70 % de sesinfrastructures. Le pouvoir politi-que est vacillant : le président RenéPrévalest en fin demandat et dure-ment critiqué par l’opposition. p

Jean-Michel Caroit

«C’est la pirecatastrophejamais enregistréeenmilieuurbain»

Nigel Fischerreprésentant

des Nations unies

«Jesuis arrivéeauterme,mais lebébéneveutpassortir,sansdoute parcequ’ilsaitquejen’ai rienàluidonner à manger»

Nadine Beaujourune habitante

Deuxpriorités selonl’Unicef: l’assainissement etl’accèsà l’éducation

Crocodileen libertéUn crocodile de 3 m de long a été retrouvéen liberté, samedi 10 juillet, sur un chantier deFrancfort (ouest de l’Allemagne). La panique futde courte durée, et ses propriétaires vite retrou-vés par les policiers : on donne actuellement unspectacle de reptiles juste à côté du chantier.

«Eco-tech»Energiessolaire etéolienne, biocarburants,traitementdel’eau etdesdéchets:en

Californie, larévolution «eco-tech»est enroute. AnneSengèsdétailleces moteursde lacroissanceverte, quidémarrentdoucementen France. Ed. Autrement, 216 p., 19 ¤.

Sixmois aprèsle séisme, Haïti reste un champde ruinesLes habitants ne cachent pas leur colère alors que les fonds promis pour la reconstruction ne sont toujours pas là

CERTES, il y a quelques raisons degarder espoir: Haïti toujours sinis-trée six mois après le séisme qui afrappé le pays le 12 janvier n’estpas en proie à de terribles épidé-mies et la malnutrition n’a pasprogressé. Mais au-delà de cesdeux éléments, le bilan dressé lun-di 12 juillet par l’Unicef, dans unrapport intitulé « Les enfantsd’Haïti. Etapes marquantes etperspectives à l’échéance de sixmois », confirme les diagnosticsdes associations humanitairessur place : tout reste à faire.

Le Fonds des Nations uniespour l’enfance n’a rassemblé,pour le moment, que 243 millionsde dollars (193millions d’euros)

sur les 350 millions qu’il jugeaitnécessaire juste après le tremble-ment de terre pour faire face àl’urgence. Une grosse partie deces dons a été dédiée aux deuxchantiers qui préoccupent le plusles experts de l’Unicef : l’assainis-sement et l’accès à l’éducationdans un pays où près de 46 % de lapopulation (9,2 millions d’habi-tants) a moins de 18 ans.

Les statistiques qui concernentles questions de l’accès à l’eau,l’hygiène et l’assainissementmontrent que l’état d’urgence estloin d’être levé sur l’île : les 1,6 mil-lion de personnes déplacées res-tent dépendantes des camions-citernes d’eau et ne reçoivent que

cinq litres d’eau par jour. Près de440 campements « spontané s » –sur les 1 350 recensés – sontdépourvus d’installations sanitai-res appropriées. Le fonds desNations unies a calculé qu’iln’existait actuellement qu’uneseule installation de latrines pour145 personnes sur ces sites d’habi-tation de fortune, avec les consé-quences potentiellement dramati-ques engendrées par cette situa-tion pour la propagation desmaladies.

Le tableau de l’éducation estlui aussi à la peine. Sur les 22000écoles que compte le pays, près de5 000 ont été frappées par le séis-me. 80 % ont été très endomma-

gées ou détruites. Seulement40 % ont été déblayées. Résultat :près de 2,5 millions d’enfants ontsubi une interruption de leur sco-larité, un handicap supplémentai-re dans un pays où seulement unenfant sur deux était scolariséavant le séisme.

«Enseignants absents»A Léogâne, l’une des régions les

plus touchées, moins de 50 % desenfants sont retournés étudier.Mais encore faut-il qu’il y ait desmaîtres pour leur donner cours.« Beaucoup d’enseignants sontabsents, nombre d’entre eux fontpartie des déplacés et ne disposentpas de moyens de poursuivre leur

travail», note le rapport qui esti-me à 56 000 le nombre de profes-seurs touchés par le séisme.

Au-delà des questions éducati-ves, l’Unicef, qui souligne « qu’onne connaîtra probablement jamaisle nombre d’enfants décédés »(beaucoup de naissances ne sontpas enregistrées en Haïti), se mobi-lise pour protéger les plus vulnéra-bles. 1,5million d’enfants ont étédéplacés, dont 500000 jugés«extrêmement vulnérables », à lamerci de violences, d’abus sexuelset de trafic. Au total, ce bilan justi-fie, selon l’Unicef, que les opéra-tions d’urgence soient mainte-nues pendant dix-huit mois. p

Marie-Béatrice Baudet

AuMexique, la saison cyclonique s’annonce dévastatrice

Sidaau ZimbabweLe Zimbabwe va manquer de médicaments poursuivre les consignes de l’Organisation mondialede la santé (OMS), qui préconise de traiter les séro-positifs au plus tôt après l’infection. Le pays soi-gne 200000 patients atteints du sida ; ce nom-bre, selon l’OMS, devrait être porté à 500000.

Planète

Partout, à Port-au-Prince, ce ne sont encore qu’amas de décombres et édifices effondrés. Ici, fin juin. ALEXANDRE MENEGHENI/AP

R outes détruites, voituresemportées par les eaux,populations déplacées…

L’état d’urgence a été décrété jeu-di 8juillet dans les Etats de Tamau-lipas, Coahuila et Nuevo Leon aunord-est du Mexique après despluies torrentielles d’une violen-ce sans précédent depuis trenteans. Cette nouvelle dépression tro-picale a entraîné des dégâts colos-saux alors que la région se remetà peine du passage d’Alex, pre-mier ouragan de la saison.

L’ouverture, mercredi 7 juillet,des vannes de plusieurs barra-ges, pour éviter qu’ils ne se rom-

pent, a fait affluer des milliers demètres cubes d’eau par secondejusqu’au Rio Bravo. Le fleuve,qui longe la frontière américai-ne, a vu dans la nuit de jeudi àvendredi le niveau de son coursgrimper jusqu’à treize mètres,contre moins de trois mètreshabituellement. Cette brutaleélévation des eaux a bloqué plu-sieurs ponts reliant le Mexiqueaux Etats-Unis. La situation duRio Bravo a commencé de se nor-maliser mais plusieurs fleuvesont aussi débordé dans d’autresrégions aggravant les dégâts pro-voqués par l’ouragan Alex.

Début juillet, cette tempête tro-picale a fait 15 morts et déplacédes dizaines de milliers defamilles. Elle a notamment para-lysé la ville de Monterrey, pou-mon économique du pays.Depuis, les pluies incessantes frei-nent les réparations de la capitalede l’Etat de Nuevo Leon, où vingt-deux municipalités ont parailleurs été décrétées en situationde catastrophe naturelle.

Dans l’Etat voisin de Tamauli-pas, 40 000 familles sont cou-pées du monde tandis que lesautorités du Coahuila annoncentquatre morts et 750 000 person-

nes isolées par la montée deseaux et l’écroulement de 12ponts. Une alerte préventive a étélancée dans une dizaine d’autresrégions.

Le gouvernement a envoyéplus de 1 700 policiers dans lesEtats sinistrés pour réaliser desopérations de sauvetage et garan-tir la sécurité des biens. De leurcôté, les militaires ont été char-gés de la distribution d’aliments,de médicaments et de combusti-ble ainsi que de l’acheminementdes sans-abri vers des foyers.

Mais la polémique gronde faceà l’insuffisance du fonds national

destiné aux désastres naturels(Fonden), doté de 300 millions depesos (18,6 millions d’euros) pour2010. « Les dégâts vont nécessiterdes milliards de pesos », a reconnuJosé-Luis Tamargo, directeurgénéral de la commission natio-nale de l’eau, la Conagua. Samedi,le gouverneur de l’Etat de NuevoLeon, Rodigo Medina, a proposéla création d’un financementexceptionnel pour la reconstruc-tion de son Etat et ceux de Coahui-la et de Tamaulipas.

Le temps presse : une nouvel-le onde tropicale s’est installéedepuis vendredi sur la péninsu-

le du Yucatan (sud-est) et mena-ce de se transformer en cycloneen remontant vers le nord-estdu pays.

Le Centre américain de prédic-tions sur le climat (CPC) soulignepar ailleurs la possible appari-tion, cet été, du phénomène cli-matique baptisé la « Nina ». Cerefroidissement inhabituel deseaux équatoriales de surface aug-mente le nombre et la puissancedes ouragans. Entre 14 et 23 tem-pêtes sont attendues d’ici à la finde la saison. p

Frédéric Saliba

(Mexico, correspondance)

4 0123Mardi 13 juillet 2010

Page 5: Le Monde - Mardi 13 Juillet 2010

Marée noire

Unnouvelentonnoir pour la fuitedepétrole dansle golfe duMexique

Le groupe britannique BP a commencé, samedi 10 juillet, à retirer l’en-tonnoir qui récupère le pétrole responsable de la marée noire dans legolfe du Mexique pour le remplacer par un modèle plus performant.Des robots sous-marins maniés depuis la surface ont été déployés sousl’eau pour réaliser l’opération qui constitue une première à de telles pro-fondeurs. Le nouvel entonnoir pourrait récupérer 80 000 barils de brutpar jour (environ 13 millions de litres), soit largement plus que les35 000 à 60 000 barils qui s’écoulent quotidiennement dans le golfe duMexique. Si elle réussit, cette initiative pourrait arrêter l’hémorragie depétrole provoquée par l’explosion et le naufrage, le 20avril, de la plate-forme Deepwater Horizon au large de la Louisiane. Il faudra cependantattendre plusieurs semaines et la mise en marche de puits de dériva-tion pour que la fuite soit entièrement bouchée.La mise en place de ce « super-entonnoir» a été voulue par la MaisonBlanche qui souhaitait une solution rapide, efficace, et capable de résis-ter à de mauvaises conditions météorologiques à l’approche de la sai-son cyclonique. – (AFP.) p (PHOTO : MARC MORRISON/REUTERS).

Canicule Mesures d’urgence contre l’ozoneLa pollution à l’ozone, survenue avec le début de la chaleur, sembles’être durablement installée dans le sud-est de la France, où des mesu-res d’urgence, lundi 12 juillet, ont été de nouveau mises en place. Dansles Bouches-du-Rhône, le Gard, le Vaucluse et les Alpes-de-Haute-Pro-vence, les automobilistes sont contraints, de 6 heures à 21 h eures, àréduire leur vitesse de 30 km/h (sans toutefois descendre en dessous de70 km/h), tandis que les industriels ont obligation de limiter les rejetspolluants. Dans tous les départements, il est recommandé de privilé-gier l’usage des transports en commun et du covoiturage. – (AFP.)

0123HORS-SÉRIE

HORS-SÉRIE

01

23

OÙVALAFRANCE?

UN PAYS MUSÉEOU UN PAYSHIGH-TECH ?

LILLEPARISBORDEAUXLYONMARSEILLEEN 2030

Où vala France ?

ETHNOLOGUEÉCONOMISTESOCIOLOGUE :LE REGARD DESSPÉCIALISTES

Découvrez une France qui changeEnquêtes et reportages

dans les régions100 PAGES - 7,50 - CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX EN PARTENARIATAVEC

L ’immigration a ralenti à peuprès partout dans le mondesous l’effet de la crise. Selon

l’Organisation de coopération et dedéveloppement économiques(OCDE), qui présentait lundi12juilletsonrapportsurlesPerspec-tives des migrations internationa-les 2010, les entrées de migrants« permanents» – ceux qui bénéfi-cient d’un permis de séjour renou-velable–ontchutéde7 %en 2008,à4,18millions de personnes. Parallè-lement, les migrations temporai-res–permisdeséjournonrenouve-lables – ont fléchi de 4 %, à 2,31mil-lions de personnes.

En revanche, l’immigrationfamiliale a progressé de 3 % toutcomme celle à caractère humani-taire (+ 14 % pour les demandeursd’asile). Ces baisses enregistrées en2008 sont d’ores et déjà confir-mées par les premières tendancesnotées par l’OCDE pour 2009. Sur-tout, elles interviennent après cinqans de hausse continue (11 %depuis 2003).

Ce fléchissement se concentresur les flux migratoires liés au tra-vail. Il s’explique soit par une chutebrutale des demandes desemployeurs, comme aux Etats-Unis, soit par l’adoption de politi-ques restrictives: l’Espagne a ainsiréduit la liste des professions enpénurie tandis que la Corée du Suda diminué le «quota d’étrangers».

Dans les espaces de libre circula-tion, comme l’Union européenne,lesbaissessont àlafoisplusamplesmais mieux régulées : un immi-

grant hésitera moins à renoncer àson projet ou à rentrer au pays, caril sait qu’il pourra partir ou repartirplus aisément. En matière d’immi-gration permanente, dont 20 %sontdes migrations liées au travail,les plus fortes baisses se concen-trent en Espagne (– 43%), en Répu-blique tchèque (– 27 %), en Italie(–26 %) et en Irlande (–24%). A l’op-posé, nombre de pays sont restés,en 2008, sur leur lancée, mainte-nant des flux d’entrée élevés, cartouchésplustardivementparlacri-se, comme au Portugal (+54 %).

Les variations des grands paysd’immigration européens sontplus faibles: – 5% au Royaume-Uniet – 2 % en Allemagne et + 4 % enFrance. Au sein de l’Union, le cas delaSuèdeestatypique :en dépitde lacrise, Stockholm a maintenu uneforte politique d’ouverture de sesfrontières : les demandes de per-mis de travail y ont progressé de30 % de 2008 à 2009, et 85 % d’en-treellesontbénéficiéd’unavisfavo-rable. Le territoire américain, luinon plus, n’a pas fermé ses frontiè-res: les Etats-Unis ont accueilli 5 %d’immigrés de plus de 2007 à 2008et le Canada +4 %.

Certaines de ces baisses ou deces hausses doivent être, cepen-dant, relativisées, indique l’OCDE.Dans plusieurs pays, les chiffressontunpeubiaisés.EnItalie, lessta-

tistiquesont,parexemple,progres-sé lors de l’intégration des Rou-mains et des Bulgares entrés clan-destinement dans le pays. Maiselles ont diminué d’autant pourcause d’adhésion des deux pays àl’UE, en 2007.

Au Portugal, la forte hausse dunombre de migrants enregistréeest liée à «la conséquence d’un pro-gramme spécial permettant auxBrésiliens arrivés dans le paysdepuisplusieursannéesderégulari-

ser leur situation et donc d’être prisen compte dans les statistiques »,note le rapport.

Le classement des Etats est unpeu bouleversé si l’on se réfère auxmigrations temporaires (dont lestravailleurs saisonniers), qui repré-sententlamesurelaplusindiscuta-ble des demandes en main-d’œuvre. Les Pays-Bas, qui enregis-trent un effondrement des entréesde travailleurs temporaires(– 67 %), mais aussi l’Italie (– 39%),

laFrance (–25 %) etle Royaume-Uni(–18 %) figurent en tête. Aux Etats-Unis, selon l’OCDE, « le nombre dedemandesdetravailleurstemporai-res s’est aussi effondré», passant de729 000 demandes en 2007 à479000 en 2009. En Australie, lesdemandes des employeurs pourdes travailleurs temporaires quali-fiés ont fondu en 2009 de 60 % parrapport à 2008. En Espagne, le pro-gramme d’emploi des travailleurssaisonniers a enregistré une baisseencore plus spectaculaire : lesdemandes qui étaient au nombrede 41 300 en 2008 sont tombées à3600 en 2009.

Enpériodede récession,lamain-d’œuvre étrangère joue un rôled’amortisseur sur le marché del’emploi et cette crise ne faillit pas àla règle. De 2008 à 2009, le taux dechômage des migrants s’est accrudans tous les pays de l’OCDE, quidéplorent «l’impact disproportion-né de la crise économique sur l’em-ploi des immigrés».

Les femmes s’en sortent mieuxque les hommes, notamment par-ce qu’elles occupent un emploidans le secteur social, moins sensi-ble àla crise. Mais «dans tous lescas–àl’exceptionduRoyaume-Uni–, lahausse du chômage est plus rapideque pour les autochtones », insistele rapport.p

Brigitte Perucca

Planète

L’immigrationfamilialeetcelle àcaractèrehumanitaireont,elles, progressérespectivementde3%etde 14%

Des réfugiés africains arrivant de Malte sont accueillis à Paris, le 5juillet. DARRIN ZAMMIT LUPI/REUTERS

Lesflux migratoires ralentissentfortementsous l’effet de la criseLes demandes des employeurs chutent le plus en Espagne, selon le rapport 2010 de l’OCDE

EnAustralie, leschefs cuisiniersnesontplus les bienvenus

SydneyCorrespondance

Si l’Australie continue d’attirer lesétrangers, issus principalement duRoyaume-Uni, d’Inde et de Chine,Canberra, crise oblige, a décidé desélectionner davantage le type demigrants accueillis au pays.

Selon l’Organisation de coopéra-tion et de développement écono-miques (OCDE), le programme demigration permanente de tra-vailleurs qualifiés, déjà réduit de14% pour l’année 2008-2009 à115000 places, a subi une autreréduction en 2009-2010, à 108100places. Néanmoins, pour répondreaux besoins des entreprises austra-liennes, il devrait remonter à113850 places pour 2010-2011,d’après le ministère de l’immigra-tion. A l’inverse, près de 5000visasdevaient être supprimés cetteannée, dans le cadre du program-me de migration pour les familles.

Surtout, le gouvernement amodifié la liste des métiers jugésnécessaires. Désormais, sur la

Skilled Occupation List (SOL), ontrouve essentiellement des profes-sions médicales. Les chefs cuisi-niers, qui attiraient nombre de can-didats, ont disparu. Autre change-ment: « Le gouvernement privilé-gie désormais les personnes parrai-nées par un employeur. En revan-che, les candidatures spontanéessont repoussées. J’ai des clients quiattendent ainsi une réponse depuisun an et demi», explique JohnMcQuaid, agent d’immigration àSydney.

L’Australie a aussi rendu plusdifficile l’accès aux étudiants étran-gers à la résidence. «Jusqu’à main-tenant, la résidence permanenteétait relativement aisée à obtenir.Ce n’est plus le cas», commenteM.McQuaid. Des universités souli-gnent déjà des taux d’inscriptiond’étudiants étrangers en baisse,parfois jusqu’à 30%.

Toutes ces mesures commen-cent à peser. Fin juin, le ministèrede l’immigration a averti que l’Aus-tralie s’acheminait vers une baissede 20% de son solde migratoire

net, qui devait diminuer de300000 personnes en 2008 à envi-ron 230000. De quoi apaiser lapopulation inquiète des capacitésdu pays à accueillir les nouveauxmigrants. L’Australie pourraitatteindre 36 millions d’habitantsen 2050 (contre 22millions aujour-d’hui) et beaucoup d’habitants esti-ment que les infrastructuresseront alors insuffisantes. p

Marie-Morgane Le Moël

50123Mardi 13 juillet 2010

Page 6: Le Monde - Mardi 13 Juillet 2010

Sur France Info

“En direct du Monde”du lundi au vendredi à 22h50avec

Olivier Emond De toutes les régions duSud, c’est en Afrique sub-sahélienne que le para-doxe est le plus criant: le

surpoids, souvent, s’installe dansun pays où la faim n’a pas encoreétéenrayée. A la campagne, la sous-nutrition,àlavillelasurchargepon-dérale.Uneétudemenéepar l’Insti-tut français de recherche pour ledéveloppement (IRD) et ses parte-naires africains révèle qu’au Burki-na Faso, où la population urbaine aété multipliée par sept depuis 1975,une citadine sur trois souffre desurpoids, contre 4 % des femmesdans les campagnes. Ce déséquili-bre peut également se répercuter àl’échelled’un individu,àlafoisobè-se et carencé en micronutriments.

Si les villes sont particulière-ment touchées par l’obésité, c’estparce qu’elles sont le « milieu duchangement social » où s’opère latransition nutritionnelle, souligneFrancis Delpeuch, chercheur àl’IRD, pour qui ce changement decomportement alimentaire abou-titàune«mondialisationdel’obési-té». A l’origine de cette transition,la hausse du niveau de vie des cita-dinsetl’abondancedesalimentsenville, dont certains, comme la vian-de,sontmoinschers.Lessupermar-chés et le marketing alimentaire,qui incitent à la consommationd’aliments industriels plus richesen sel, en sucre et en graisse, sontégalement mis en cause.

Après avoir fait détailler leurshabitudes alimentaires à1 000 habitants d’Ouagadougou,les nutritionnistes ont montré queceux qui consomment des ali-ments «modernes» ont davantage

tendance au surpoids. Aux céréaleset légumes traditionnels viennents’ajouter des aliments importésd’Occident comme le pain, lespâtes ou les sodas. En parallèle, lemode de vie urbain, dominé par lestransports, les emplois tertiaires etla télévision, est loin d’encouragerl’activité physique. Autant de nou-velles habitudes qui rompentl’équilibre énergétique entre calo-ries consommées et dépensées.

Signe de richesseSi l’obésité, en Occident, touche

désormais davantage les pauvresquelesriches,onobservelecontrai-redansles paysen développement.Et d’autant plus en Afrique, où lesurpoids est « souvent associé à unrangsocial élevéet à la bonne santé,remarque Mathilde Savy, de l’IRD.En Mauritanie, par exemple, les jeu-nes filles sont littéralement gavéesafin de correspondre aux critères

esthétiques traditionnels. » Demêmecertainshommespolitiquesperçoivent-ils positivement l’em-bonpoint croissant de leur popula-tion, considéré comme un signe derichesse: un frein de plus à la pré-vention de l’obésité.

C’est oublier que le surpoidsreprésente un facteur de risquemajeur pour le diabète de type 2,les maladies cardio-vasculaires,certains cancers et maladies chro-niques qui, selon Mathilde Savy,« engendrent des coûts farami-neux de prise en charge, très diffici-lesà couvrir par les systèmesde san-té africains ».

La population urbaine en Afri-que ne cessant de croître, l’Organi-sation mondiale de la santé estimeque, chez les femmes, plus sujettesà la surnutrition que les hommes,41% des plus de 30 ans pourraientêtre en surpoids d’ici 2015. p

Angela Bolis

Le fait est désormais irréfuta-ble : tout en continuant àsouffrir de la faim, les paysdu Sud sont aujourd’hui lespremiers touchés par la for-te progression planétaire del’obésité. Selon les dernièresestimations de l’Organisa-

tion mondiale de la santé (OMS), 1,6 mil-liard d’adultes étaient, en 2005, ensurpoids dans le monde.

Ils pourraient être 2,3 milliards en 2015,et 3,3 milliards en 2030, dont 80% dans lespays en développement où ce problèmeétait quasiment inexistant il y a deuxgénérations. Une évolution alarmantedont les enjeux, majeurs pour la santépublique, sont au cœur des débats menésau Congrès international sur l’obésité, quise tient cette année à Stockholm (Suède),du 11 au 15 juillet.

Amérique du Sud, Afrique du Nord,Inde ou Chine : presque partout, à l’excep-tion de l’Afrique subsahélienne, la malnu-trition par excès devance aujourd’hui lasous-nutrition. Au Mexique, pays le plusatteint au monde après les Etats-Unis etnumérounmondial pour l’obésitéinfanti-le, les conséquences sanitaires de cette«épidémie » sont déjà à l’œuvre : le diabè-tey constitue ladeuxième cause de morta-lité après l’hypertension. L’évolution estégalement impressionnante en Chine, oùle surpoids concerne désormais près duquart de la population, et devient un véri-table problème de santé publique.

Selon différentes enquêtes, le pays leplus peuplé du monde compterait aujour-d’hui plus de 200 millions de personnesen surpoids et 90 millions d’obèses – soitune augmentation respective de 39 % et97 % par rapport à 1992. Les jeunes cita-dins sont les plus touchés : une récenteétude, menée sur une cohorte de80 000 enfants vivant en milieu urbain,révèle une croissance de 156 % du nombred’obèses entre 1996 et 2006.

Le modèle occidental jusque dans sestravers Reconnue comme une maladieen 1997 par l’OMS, l’obésité fut longtempsconsidérée comme un fléau de paysriches, nord-américains notamment. Onvoyait bien les cas se multiplier dans lespays en développement, mais les expertshésitaient à attirer l’attention sur lesconséquences néfastes de la surchargepondéralelà où tant d’êtres humainsmou-raient encore de faim.

Jusqu’à ce que les données publiées en2001 par le Worldwatch Institute confir-ment que, pour la première fois, le nom-brede personnes en surpoids dans lemon-de équivalait à celui des personnes tropmaigres. Et que la proportion d’obèses,

avec son cortège de maladies chroniques(diabète, maladiescardio-vasculaires, can-cers), augmentait à vive allure dans toutesles régions en développement.

La raisonde cette progression fulguran-te ? Elle tient en deux mots : transitionnutritionnelle. Autrement ditune modifi-cation brutale des régimes alimentairesdans les grandes villes des pays émer-gents, associée à une baisse critique, pourles habitants de ces mêmes villes, de l’acti-vité physique.

« L’alimentation des populations pau-vres des zones rurales ou urbaines d’Asiependantles années 1960 était simpleetplu-tôt monotone : du riz accompagné de peti-tes quantités de légumes, de haricots ou depoisson», rappelle à titre d’exemple BarryM. Popkin, spécialiste de l’obésité à l’uni-

versité américaine de Caroline du Nord.« Les habitants de ces régions consommentà présent régulièrement des repas comple-xes, dans les nombreux points de vente derepas préparés, qu’ils soient occidentauxou indigènes. »

Mère sous-alimentée, enfant obèsePlus la population de ces pays s’urbanise,plus le surpoids la menace. Une étude por-tant sur les migrants africains en Austra-lie montre ainsi que le pourcentage d’en-fants obèses, selon leur degré d’accultura-tion, varie de 6 % à 30 %. Une autre, menéedans les îles du Pacifique, révèle que lespopulations côtières sont nettement plustouchées par la surcharge pondérale quecelles des hauts plateaux. « Plus étonnantencore en matière de contraste : il n’est pas

rare, dans certains pays, de voir dans unemême famille une mère qui a connu lasous-alimentation et un enfant obèse »,rapporte le professeur Arnaud Basdevant,chef du service de nutrition à l’hôpital dela Pitié-Salpêtrière (Paris).

Constat doublé d’une inquiétude : lespopulations qui ont subi la dénutrition etqui, brutalement, entrent dans la transi-tion économique, connaissent-elles uneobésité et des complications plus impor-tantes que les autres ?

«Ilyaquelquesannées,uneétudeindien-ne a montré que les enfants de mères dénu-tries étaient aussi ceux qui deviendraient leplus facilement obèses et diabétiques», pré-cise le professeur Basdevant. Cet effet, ditd’« empreinte génétique », reste encoremal compris. Mais l’observation, depuis,

n’a cessé de se confirmer : en Asie commeen Amérique latine ou en Afrique, partoutoù les populations ont connu des carencesnutritives graves, l’impact du diabète et del’hypertension chez les personnes ensurpoids survient plus rapidement quedans les populations occidentales.

A cela, sans doute, s’ajoute parfois unecomposante héréditaire. Au Mexique, oùla population est composée à 80 % demétis d’Européens et d’Amérindiens, lespremiersrésultats d’unevaste étude géné-tique ont ainsi récemment mis en lumièrele rôle d’un gène impliqué dans l’obésitéet le déclenchement précoce du diabète detype 2. Un gène dont la fréquence serait de33 % chez les Mayas, les Purépechas ou lesTarahumaras. p

Catherine Vincent

K Pourquoi l’obésitéexplose-t-elledanslespaysémergents?

Zoom

Contre-enquêtePlanète

K Lamalbouffeva-t-elleremplacer lafaim?

K Commentl’Afriquegrossit-elle?

Décodage

Séance de natation lors d’un camp d’été consacré à la perte de poids, en 2009, à Hangzhou, en Chine. IMAGINECHINA/AFP

6 0123Mardi 13 juillet 2010

Page 7: Le Monde - Mardi 13 Juillet 2010

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Reportage

AmmanEnvoyé spécial

L e roi est inquiet. En avril,Abdallah II avait averti que,faute d’avancée significative

duprocessus de paix israélo-pales-tinien avant la fin de l’été, le risqued’une guerre régionale était réel.En ce début juillet, le souverainhachémite,àencroireson entoura-ge, n’a pas changé d’avis. Ce n’estpas la rencontre à Washington, le6 juillet, entre le président BarackObama et le premier ministreisraélien, Benyamin Netanyahou,pauvre en résultats concrets, quipourrait l’inciter à changer d’avis.

Si le royaume jordanien est enpremière ligne, ce n’est pas seule-ment parce que le mince coursd’eau du Jourdain sépare son terri-toire de celui d’Israël : tout règle-ment de paix aura une profondeincidence sur l’équilibre commu-nautaire et politique de ce petitpays de 6,2 millions d’habitants.Dès lors, tout pourrissement minele consensus fragile sur lequel

règne le fils de feu le roi Hussein. Ily a aujourd’hui beaucoup de lassi-tude, presque un fatalisme, en Jor-danie, qui fait écho au constat sou-vent entendu à Ramallah, en Cis-jordanie : la perspective d’un Etatpalestinien indépendant estaujourd’hui presque mort-née.

« Israël continue sa politique du“fait accompli” sur le terrain [lacolonisation], et nous sommes pro-ches du point où la solution dedeux Etats deviendra impossible,estime-t-on au palais. Or cettesituation affaiblit la crédibilité desrégimes modérés, aux yeux de la“rue arabe”, ce qui fait le lit desextrémistes. » Apparemment, iln’y a aujourd’hui guère de raisonde s’alarmer : le royaume est sta-ble, et la situation sécuritaire enCisjordanie est sous contrôle.

Le passage de la frontière, aupont Allenby, reste un marathonéprouvantpourlesfamillespalesti-niennes, mais les deux pays sontétonnamment perméables, dépen-dants et solidaires. « Les liens émo-tionnels,familiaux,aveclaCisjorda-nie sont étroits, constants», consta-te l’ambassadeur d’un pays proche.«Quand il y a un mort en Cisjorda-nie, confirme Nawaf Tell, directeurduCentrejordaniendesétudesstra-tégiques, il y a de grandes chancesquedesPalestiniensd’Ammanreçoi-ventunfaire-part.»BiendesPalesti-niens de Cisjordanie, à commencerpar les responsables de l’Autoritépalestinienne, possèdent une mai-son dans la capitale jordanienne.

La « question palestinienne »est donc sensible, potentiellementexplosive, et c’est pour cela que,officiellement, elle ne se pose pas.Le pourcentage des Jordaniensd’origine palestinienne, par oppo-sition aux « Transjordaniens » ouJordaniens « de souche », relèvepeu ou prou du secret d’Etat. Lapolitique du diwan royal (le cabi-netdu roi)estd’en resteràcette sta-tistique officielle de 2002 : les Jor-daniens d’origine palestinienne

seraient 43%. Tous les sociologueset experts indépendants estimentcependant qu’il faut relever la bar-re d’au moins 7 %.

« Nous ne devons pas dire quenous sommes plus de la moitié dela population jordanienne, expli-que un haut responsable né sur larive occidentale du Jourdain, par-cequenous sommes tous desJorda-niens. Mais c’est vrai que les “Pales-tiniens” représentent au moins lamoitié de la population. » En 2008,le royaume hachémite comptaitplus de 1,9 million de réfugiéspalestiniens, inscrits comme telsauprès de l’Agence des Nationsunies pour les réfugiés palesti-niens (UNRWA). Outre les illégaux,il faut ajouter à ce chiffre quelque240 000 Palestiniens (et leurs des-cendants) qui ont été déplacés parla guerre de 1967.

D’autres groupes, venus de Cis-jordanie après les deux Intifada,ont trouvé refuge sur la rive orien-tale du fleuve. Mais il y a des limi-tes, politiques, à cette hospitalité.Le roi Abdallah II sait que nombrede responsables israéliens cares-sent le rêve d’inciter, ou de forcer,le plus grand nombre possible dePalestiniens de Cisjordanie à fran-chir le fleuve. Il n’ignore pas queles partis israéliens de droite etd’extrême droite, dénoncent l’ina-nité du processus de paix, « puis-que les Palestiniens ont déjà leurEtat, la Jordanie »…

En 1988, la Jordanie a romputous les liens légaux et administra-tifs qui la liaient à la Cisjordanie.Amman n’accorde plus aujour-d’hui aucune citoyenneté jorda-nienne aux Palestiniens. Aucontraire: selon les organisations

humanitaires, plus de 3000 Jorda-niens d’origine palestinienne ontperducelle-cidepuis2004.Lescam-pagnes sur le thème « la Jordanie,c’estla Jordanie, la Palestine,c’est laPalestine» sont récurrentes.

Un système complexe de passe-

ports et de cartes d’identité verteset jaunes, de permis de résidenceet de laissez-passer est en vigueur,en fonction des statuts, et certainsréfugiés sont tolérés sans pourautant disposer de document offi-ciel : c’est le cas des quelque300 000 réfugiés en provenancede Gaza, véritables apatrides quivivent en grand nombre près deJerash, au nord d’Amman.

Le régime jordanien est trèsattentif à la question du « droit auretour », principe cardinal de lacause palestinienne. En Jordaniecomme en Palestine, chacun saitqu’il s’agit désormais d’un vœupieux : un règlement de paixisraélo-palestinien ne prévoirarien d’autre qu’un retour symboli-que des réfugiés palestiniens. « Il ya une différence entre reconnaîtreun droit au retour et l’exercer »,observe un habitué du diwan. Pas

question pour autant d’abandon-ner cette revendication, qui peutservir de monnaie d’échange dansles négociations avec Israël : « LesIsraéliens auraient alors beau jeud’expliquer que la question desréfugiés est réglée, en Jordanie »,ajoute-t-il.

Le régime hachémite surveilleavec une certaine anxiété l’évolu-tion du processus de paix. Le roicraint qu’une nouvelle explosionde violence en Cisjordanie, nour-rie de la frustration face à uneabsence totale de perspective, setraduirait par un nouvel afflux deréfugiés. « Sans compter, estime cehaut responsable du royaume quidemandel’anonymat,que lesIsraé-liens pourraient en profiter pourexpulserplusieurs milliers de Pales-tiniens de Cisjordanie. Après tout,ils l’ont fait en 1948 et en 1967… » p

Laurent Zecchini

L a date et l’horaire semblentavoirétéchoisispourunmau-vaiscoup. C’estpourtant d’un

projet de loi censé renforcer le rôlede la France, « patrie des droits de

l’homme», que l’Assemblée natio-nale devrait débattre dans la nuitdu lundi 12 juillet au mardi13juillet. Le texte vise à permettreà la justice française de juger les

auteurs de crimes de génocide, cri-mesdeguerreetcrimescontrel’hu-manité, même s’ils ont été commispar des étrangers et à l’étranger. Ils’agit d’adapter le droit français àl’existence de la Cour pénale inter-nationale (CPI), créée en 1998.

L’idée est d’en finir avec l’impu-nité dont jouissent les criminelspolitiques ou militaires et, en lessanctionnant, de produire un effetde dissuasion. Juridiquement, il

s’agitd’inclure dansle Code de pro-cédure pénale le principe de « com-pétence extraterritoriale » des tri-bunaux français.

Le texte soumis aux députés estpourtant loin d’être consensuel.« Le gouvernement défend l’impu-nité des bourreaux », assure-t-on àla Fédération internationale desligues des droits de l’homme(FIDH), tandis que l’avocat SimonForeman, qui préside la Coalitionfrançaise pour la CPI (un regroupe-ment de 45 associations), fustigeun « texte qui déshonore la Fran-ce». Une indignation partagée parla Conférence des Eglises euro-péennesetlaCommission nationa-leconsultative des droits de l’hom-me (CNCDH), un organe placéauprès du premier ministre.

Présenté par le gouvernementcomme une avancée, le projet deloidéfendupar lagardedesSceaux,Michèle Alliot-Marie, contient eneffet des dispositions qui contredi-sent les principes affichés.

Le texte exige ainsi que le sus-pect possède une « résidence habi-tuelle » en France, ce qui exclut lespersonnalités de passage. De plus,il interdit aux victimes de porterplainte, réservant le monopole despoursuites aux magistrats du par-quet, subordonnés au gouverne-ment. « Seuls les Français ayant

commis des crimes de guerre enFrance – autrement dit personne –,pourront être poursuivis », résumeMe Foreman.

La CNCDH fait la même analy-se. Dans un avis rendu en novem-bre 2008, elle exprime sa crainteque les « conditions cumulativesinjustifiées » dont est assorti letexte ne le rendent « totalementinopérant ».

« Sentiment de recul »Le projet a déjà été adopté par le

Sénat avec ces restrictions enjuin 2008 et le gouvernement,pourtant peu pressé jusqu’à pré-sent, souhaite que l’affaire soitconclue dès le mardi 13 juillet, parun « vote conforme », autrementditsans amendement, ce qui évite-rait une seconde lecture.

Pourtant, dans les rangs mêmedes députés de la majorité, desvoix discordantes s’expriment.« La France risque de donner le sen-timent d’un recul », estime NicoleAmeline (UMP, Calvados), qui adéposé des amendements ten-dant à lever les « verrous » poséspar le projet.

Elle y note, comme d’autresélus, que la plupart des législa-tions étrangères exigent la simple« présence » du suspect et non sa« résidence habituelle ». Et que l’in-

terdiction faite aux victimes de seporter partie civile n’est « ni néces-saire ni pertinente ».

Si le calendrier retenu fait crain-dre aux défenseurs des droits del’homme un « vote en catimini », iln’est pas sans lien avec l’actualité.Mercredi 14juillet, sur les Champs-Elysées, à Paris, doivent défiler desdétachements des armées africai-nes à l’occasion du cinquantenairede l’accession à l’indépendancedesanciennes possessions françai-ses. Des organisations non gouver-nementalescraignentque desmili-taires ayant participé à de sanglan-tes répressions dans leur pays setrouvent ainsi honorés. p

Philippe Bernard

Avancée contre l’impunité

Compétence La Cour pénale inter-naitonale (CPI), créée en 1998, siè-ge à LaHaye (Pays-Bas). Elle peutpoursuivre et juger les responsa-bles de «génocide», «crimes deguerre» et «crimes contre l’huma-nité» si les Etats ne veulent ou nepeuvent pas s’en charger. 111Etats,dont la France, y adhèrent.

Interprétation Le ministère fran-çais de la justice estime que le sta-tut de la CPI n’oblige nullementles Etats l’ayant ratifié à appli-quer le principe de compétenceextraterritoriale. A l’inverse, lesdéfenseurs des droits de l’hommejugent que cette obligation décou-le du principe de lutte contre l’im-punité au niveau mondial qui estla fondement de la CPI.

300000réfugiésenprovenancede Gazasonttolérés sansdisposerdu moindredocumentofficiel

Un bateau affrété parla Libye se dirige vers Gaza

International

LaFrancemet sa législation en conformitéavec laCPI sur fondde controverseLes ONG dénoncent des dispositions qui contredisent les principes fondateurs de la Cour pénale internationale

La marine israélienne était denouveau en alerte, lundi 12juillet,après avoir reçu confirmationque le cargo Amalthea, battantpavillon moldave mais affrétépar une association libyenne,avait quitté, samedi, un port grecà destination de Gaza. Le naviretransporterait quelque 2000 ton-nes d’aide humanitaire ainsiqu’une quinzaine de militantsdéterminés à forcer le blocusmaritime de Gaza. L’Amalthea aété affrété par une fondation diri-gée par Seif Al-Islam, fils du prési-dent libyen, Mouammar Kadhafi.Israël a réaffirmé son intentionde ne pas laisser le navire arriverjusqu’à Gaza. – (Corresp.)

JORDANIE

Amman

Akaba

Karak

Maan

JerashMéditerranée

Mer Morte

Jourdain

ISRAËL

CISJORDANIE

SYRIE

ARABIESAOUDITE

IRA

K

75 km

A Amman, le 31 mai, manifestation de solidarité avec les Palestiniens après l’opérationcommando israélienne contre la «flotille pour Gaza» qui avait fait neuf morts. MAJED JABER/REUTERS

LaJordanies’inquiètedelapanneduprocessusdepaixisraélo-palestinienLe nombre très important de Jordaniens d’originepalestinienne et de réfugiés reste un sujet sensible

70123Mardi 13 juillet 2010

Page 8: Le Monde - Mardi 13 Juillet 2010

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HongkongEnvoyé spécial

T ous les ingrédients sont réu-nis pour que cette affairedéroule la trame d’un

thriller historique : le manuscritd’un ancien premier ministrechinois, connu pour avoir été le« boucher » de Tiananmen, durantle massacre de juin 1989 ; un édi-teur basé à Hongkong, fils d’unréformateur chinois en résidencesurveillée à Pékin depuis plus devingt ans ; le vol dudit manuscritparunpersonnageenfuite; ladéci-sion de l’éditeur de Hongkong derenoncer à publier le mêmemanuscrit qui lui avait été propo-sé par des voies mystérieuses.

Tout commence en juin quandTheSouthChinaMorning Postrévè-

le dans un scoop que Bao Pu, ledirecteur d’une maison d’éditionde Hongkong, The New CenturyPress, s’apprête à publier lesmémoires de Li Peng, l’ancien pre-mier ministre qui joua un rôlemajeurdansla répression du mou-vement de Tiananmen.

Dans ce livre, dont la directiondu Parti communiste veut à toutprix empêcher la publication, l’ex-chefdugouvernement,âgé aujour-d’hui de 81 ans, insiste sur le faitque l’ancien numéro un, DengXiaoping, avait rapidement déci-dé de faire parler la poudre contreles manifestants. Une affirmationqui enterre définitivement la ver-sion selon laquelle le « petit timo-nier » aurait un temps hésité entrerépression et négociation.

Milieu juin, coup de théâtre :Bao Pu annonce qu’il ne publierapas le livre, justifiant sa décisionpar des raisons de « droitsd’auteur ». Quelques jours plustard,onapprendquele livre, intitu-lé Le Journal de Li Peng, a été télé-chargé sur le Net et est désormaisdisponibledans quelques librairiesà Los Angeles. Un ancien leader dumouvement étudiant de Tianan-men,ZhengCunzhu,affirmeêtreleresponsable de cette publicationclandestine. Il déclare avec maliceque si Li Peng demande des droitsd’auteur, cela authentifiera défini-tivement le texte et que, de toutefaçon, jamais un tel livre n’aurait

puêtrepubliéàHongkong,carHon-gkong, après tout, c’est la Chine…

La semaine dernière à Hon-gkong, attablé devant un expressodans un luxueux café, Bao Pu aconfié au Monde son désarroi :« C’est terrible Internet ! Je devaispublier ce livre, qui est historique-ment très important, et voilà quedes versions sortent en ligne, rédui-sant à néant mon opération! »

Pour M.Bao, ce n’est pas qu’unehistoire de gros sous : son père,

Bao Dong, est l’ancien bras droit deZhao Ziyang, un libéral, chef duParti communiste, victime d’unepurge en 1989 et qui vit aujour-d’hui à Pékin sous surveillancepolicière. Et Bao Pu a publié l’an-née dernière un livre choc, lesMémoires de Zhao Ziyang.

«J’étaispersuadéde l’authentici-té des Mémoires de Li Peng, mêmes’il ne l’a pas publiquement confir-mé. Le parti ne veut pas que ce livresorte car il expose le fonctionne-mentinterne de la machine. Il mon-tre à quel point on ne peut avoiraucun espoir en ce parti », juge BaoPu. « J’ai fait vérifier les informa-tions du livre par des spécialistes.

Tous les faits concordent. »Maisquelleestaujuste cettehis-

toire de droits d’auteur qui l’a faitrenoncer à la publication ? Bao Puavale une gorgée de café et prendun air entendu : « Des membresd’une “agence” de Chinesont venusme voir à Hongkong et m’ont ditquej’aurais des ennuis si je publiaisle livre. » Il refuse d’en dire plus, denommer l’« agence » en question.L’explication est cependant trans-parente : des émissaires de Pékinsont tout simplement venus dire àM. Bao qu’il encourrait de gravesproblèmes s’il osait publier unlivre contre la volonté du parti.

L’affaire estencore pluscomple-xe : selon une source hongkongai-se qui refuse d’être identifiée, lemanuscrit originel de Li Peng a étédérobé. Le voleur est en fuite et ademandé l’asile politique à unpays étranger. Le manuscrit aensuite été téléchargé « just for thefun » (pour rigoler) par des inter-nautes facétieux, selon notre sour-ce. Mais à Pékin, personne n’a ri :deux des internautes en questionont été arrêtés.

On savait déjà que lorsqu’il estquestion de lever le voile sur l’His-toire, le parti manque cruellementd’humour.Mais même BaoPu s’in-terroge : « Je suis tout de même sur-pris par le niveau de mobilisationdéployé pour empêcher la publica-tion de ce livre. »p

Bruno Philip

C ’était au début des années1990. «Les trois mousquetai-res », comme on les appe-

lait, étaient en train d’inventer leNew Labour, cette formidablemachine à gagner des électionsqui allait permettre aux travaillis-tes de rester au 10, DowningStreet entre 1997 et 2010. TonyBlair fut élu trois fois avant decéder la place, en 2007, à un Gor-don Brown qui n’attendait quecela depuis dix ans. «Le troisièmehomme », comme s’est baptiséPeter Mandelson dans ses Mémoi-res à paraître jeudi 15juillet, adécidé de livrer au grand publicsa version de ces années. Et cellede la guerre fratricide à laquellese sont livrés ses deux amis.

Celui qui, à deux reprises, a dûdémissionner du cabinet deM. Blair – pour s’être vu octroyerun prêt par un donateur duLabour, puis pour avoir été soup-çonné d’avoir aidé un milliardai-re indien à obtenir un passeport– avant son retour en grâce dansle gouvernement de M. Brown enoctobre2008 a pris de vitessetout le monde. Moins de deuxmois et demi après la victoire desconservateurs emmenés parDavid Cameron aux législativesdu 6 mai, il est le premier àouvrir le feu.

M.Blair, dont les Mémoires doi-vent être publiés en septembre,n’a pas apprécié. A en croire l’heb-domadaire dominical The Obser-ver, son éditeur, Random House,aurait appelé Rupert Murdoch,propriétaire de la maison HarperCollins qui accueille M. Mandel-son, pour lui demander de retar-der la sortie du Troisième Hom-me. Sans succès. M.Brown, qui tra-vaille aussi à un livre pour la ren-trée, semble plus inquiet des révé-lations de M. Mandelson que desventes qu’il pourrait perdre pourune question de calendrier.

A en croire le Times, qui, dulundi12 au mercredi 14 juillet,

devait dévoiler les meilleurs pas-sages de l’œuvre de l’ancien com-missaire européen, tout le mon-de en prend pour son grade.«Blair y apparaît faible, incapa-ble de prendre une décision sansl’avis de Mandelson », écrit le quo-tidien, « et avec M.Brown, il estcomme ces parents qui menacentsans arrêt de punir et qui ne vontjamais jusqu’au bout ».

Quant à M. Brown, ajoute leTimes, « il est présenté comme unêtre déséquilibré », du moinsquand il était ministre de l’écono-mie de M. Blair entre 1997 et2007. Et il n’avait qu’une obses-sion : devenir premier ministreen lieu et place de celui dont ilestimait qu’il lui avait ravi la pla-ce à la tête du Labour, après lamort de John Smith, en 1994.

«On s’est tués entre nous»Pendant ces dix ans, explique

M. Mandelson, « Gordon me répé-tait sans cesse : on s’est tués entrenous » dans cette lutte pour lepouvoir, « il faut arrêter». Mais lechancelier ne pouvait s’y résou-dre. « Je pense, explique M. Man-delson, qu’il était très mal entou-ré. Le mépris sans limites que cer-tains de ses collaborateurs affi-chaient pour M.Blair était destruc-teur.» Quant à M. Blair, il passaitbien trop de temps à tenter degérer ce qu’il appelait « l’insurrec-tion de la porte d’à côté», en réfé-rence au 11 Downing Street, quiabrite la chancellerie.

M. Mandelson assure avoirchoisi de publier ses Mémoiresavant l’été afin de permettre auxcandidats à la succession deM. Brown à la tête du Labour de«tirer les leçons du passé ». Lesquatre principaux protagonistes– David et Ed Miliband, Ed Balls,et Andy Burnham –, qui ont tousété au cabinet de M. Blair ou deM. Brown, apprécieront. p

Virginie Malingre

(Londres, correspondante)

Guerre de Mémoires entre les«mousquetaires» du Labour

TokyoCorrespondance

D éfait aux élections sénato-riales, le Parti démocratedu Japon (PDJ) a perdu son

pari, hypothéqué l’avenir de sesréformes et plongé le Japon dansde nouvelles incertitudes politi-ques.Sonprojet étaitpourtantsim-ple : après son arrivée au pouvoirle 30 août 2009, il comptait gagnerles sénatoriales de l’été 2010 pours’assurer une majorité aux deuxChambresdu Parlement. Puis met-tre en œuvre d’ici la prochaineéchéance électorale majeure, pré-vue en 2013, un ambitieux pro-gramme de redressement desfinances publiques et de relancede l’économie.

Mais, en dix mois, la formationqui a mis fin à plus de cinquan-te ans de règne quasi ininterrom-pu du Parti libéral démocrate(PLD)agaspillélecapitaldesympa-thie dont elle bénéficiait. Les séna-toriales du 11 juillet pour le renou-vellement de la moitié des 242 siè-ges de cette Assemblée se sont ter-minées pour le PDJ sur une défaitecinglante : seulement 44 siègesgagnés, contre 54 espérés. Avec untotal de 106 élus, il reste la premiè-re formation de la Chambre hautemais il en perd de fait le contrôlepar le jeu des alliances.

Le choc est rude pour le premierministre Naoto Kan, nommé le8 juin en remplacement de YukioHatoyama, démissionnaire en rai-son de scandales financiers et deses hésitations sur plusieurs dos-siers, comme la relocalisation desbases américaines d’Okinawa.

M.Kanaexcludequittersonpos-te et de remanier son gouverne-ment, s’engageant à « prendre unnouveau départ » et justifiant ladéfaite par « un manque d’explica-tion» sur la question de la taxe surla consommation, thème au cœurdes débats pendant la campagne etconsidérécommeunecausemajeu-re de la défaite du PDJ. « M. Kan atropinsistésurcepoint,noteJunIio,

de l’institut de recherche en scien-ces politiques Grips. Cette questiona déjà coûté leur place à deux pre-miers ministres, celui qui l’a créée etcelui qui l’a augmentée. »

L’ampleur du revers, que peuenvisageait, ne remet pas en causela présence du PDJ au pouvoir car

il dispose d’une très large majoritéà la Chambre basse, mais elle com-plique sa volonté de réformes. Il vadevoir se livrer au jeu des allian-ces, d’autant que son partenaire dela coalition au pouvoir, le Nou-veau parti du peuple (NPP), a luiaussi enregistré une large défaite

avec la perte des trois sièges qu’ilmettait en jeu.

LePDJpourraittenterdecompo-ser avec Votre parti, formation néeen 2009 qui réussit son entrée surlascènepolitiquenationaleenobte-nant 10 sièges. Mais le président dece parti, Yoshimi Watanabe, a plu-sieursfois affirmé son refus de s’as-socier avec les démocrates.

L’autre option est de se rappro-cher du PLD, soit pour créer unegrande coalition en arguant de lasimilitude des programmes surdes points importants comme lafiscalité et la diplomatie; soit pourdébaucher quelques-uns de sesélus. Car malgré les 51 sièges obte-nus, contre 38 auparavant, rienn’indique que le PLD a vraimentregagné la confiance de l’opinion.Il semble avoir plutôt bénéficié dela déception provoquée par le PDJ,dans les zones rurales notamment.

L’autre problème du PDJ estinterne. Il doit renouveler sa direc-tion en septembre. Naoto Kan,

actuel président, devra l’emporterpour rester premier ministre. Lalourdedéfaite de dimanche fragili-se ses positions au sein d’un partidont une bonne partie des mem-bres restent fidèles à son rival, lepuissant ex-secrétaire généralIchiro Ozawa. Certains d’entre euxappellent déjà à la démission depersonnalités proches de M. Kan,considérées comme responsablesde la déroute des sénatoriales.

M. Ozawa a beau être sous lamenace d’une mise en examendans une affaire de financementocculte et souffrir d’une grandeimpopularité, il détient la clef duscrutinde septembre.Le choix d’unnouveau président du PDJ signifie-rait un nouveau premier ministrepour le Japon, le sixième depuis2006. De quoi prolonger le maras-me politique d’un pays qui a pour-tantbesoin de décisionsfortespoursurmonter ses difficultés sociales,budgétaires et économiques. p

Philippe Mesmer

Ouganda

64morts dansdeux attentatsàKampalaKAMPALA. Au moins 64 personnes ont été tuées et 65 blessées dans undouble attentat contre deux restaurants qui retransmettaient la finaledu Mondial, dimanche soir 11 juillet à Kampala. La police a mis en causeles islamistes somaliens Chabab liés à Al-Qaida. Ce double attentat appa-raît comme le plus meurtrier commis en Afrique de l’Est depuis les atta-ques contre les ambassades américaines de Nairobi et Dar es-Salam per-pétrées par Al-Qaida et qui avaient fait plus de 200 morts en 1998.L’Ouganda et le Burundi ont envoyé 6000 soldats composer une forcede paix de l’Union africaine en Somalie, considérée comme une forced’occupation par les Chabab. Ces derniers contrôlent la plus grande par-tie de la Somalie et ont fait vœu d’allégeance à Al-Qaida. – (AFP.) p

NigerAl-Qaida menace de tuer un otage françaisDUBAÏ. Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) apublié, dimanche 11juillet, un message à l’atten-tion de Paris dans lequel il menace de tuer un Fran-çais, Michel Germaneau (photo), enlevé en avril auNiger, si Paris ne répond pas à ses demandes d’iciquinze jours, rapporte SITE, le centre américain desurveillance des sites islamistes. Mi-mai, AQMIavait diffusé un enregistrement sonore et unephoto présentés comme ceux d’un Français enle-

vé par le groupe. Dans ce message, l’otage se présentait comme MichelGermaneau, 78 ans. AQMI y réclamait la libération de prisonniers enéchange de celle de l’otage. – (AFP.) PHOTO : AFP

RwandaArrestation de la directrice d’un journalKIGALI. La directrice d’un journal rwandais, Agnès Uwiman, a été arrê-tée pour négation de génocide à moins d’un mois de l’élection présiden-tielle du 9août, a rapporté la police, samedi 10 juillet. – (Reuters.)

Anglicanisme

L’Eglise d’Angleterrerejettelaconsécration defemmes évêquesLONDRES. L’Eglise d’Angleterre a rejeté à une courte majorité la proposi-tion d’ordonner des femmes évêques, a annoncé l’Eglise, dimanche11juillet. Ce résultat serré souligne le clivage persistant sur la questionau sein des 77 millions de religieux et fidèles anglicans à travers le mon-de. Rowan Williams, l’archevêque de Cantorbéry, chef de file des angli-cans, et tenant de la ligne « libérale», avait pourtant élaboré un compro-mis pour tenter de rallier l’aile «conservatrice»; il proposait qu’une fem-me évêque puisse exercer dans un diocèse aux côtés d’un homme, afinde satisfaire les réfractaires à la présence de femmes dans la hiérarchie.Le 8 juillet, la candidature d’un évêque homosexuel avait par ailleurs étéécartée. Les divisions entre anglicans ont amené le pape Benoît XVI à ten-dre la main aux plus traditionalistes afin qu’ils rallient l’Eglise catholi-que. Le pape doit se rendre au Royaume-Uni à la mi-septembre. p

«LePartineveutpasquece livresorte»

Bao Pu

Lataxesurlaconsommation,thèmeaucœurdelacampagne,estconsidéréecommeunecausemajeuredurevers

Le siège du Parti démocrate du Japon à Tokyo, dimanche 11 juillet, après la fermeturedes bureaux de vote. Sur le mur, des affiches du parti dirigé par Naoto Kan. GREG BAKER/AP

International&Europe

Lapublication du journalde Li Peng, le «boucher» deTiananmen, estabandonnée par sonéditeur hongkongaisBao Pu invoque des problèmes de droits d’auteur et les pressions d’agents venus de Chine

Ladéfaitedu Parti démocratejaponaisauxsénatoriales va entraver les réformesA la veille d’élections internes, Naoto Kan, premier ministre depuis dix mois, se trouve affaibli

8 0123Mardi 13 juillet 2010

Page 9: Le Monde - Mardi 13 Juillet 2010

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Lerelèvement del’âgede laretraiteest au cœurdu projet gouvernemental

L e ministre du travail, EricWoerth, présente, mardi13 juillet au matin en conseil

des ministres, le projet de loi por-tant réforme des retraites, l’undes textes majeurs du quinquen-nat de Nicolas Sarkozy. Il est audi-tionné, dans la foulée, par la com-mission des affaires sociales del’Assemblée nationale.

Vendredi après-midi, le pôlecommunication du cabinet deM. Woerth avait rendu public,comme à l’ordinaire, l’agenda duministre tout entier consacré auxretraites. Soupçonné de conflitd’intérêts et d’avoir participé à unfinancement politique illégal,M. Woerth était, depuis le déclen-chement de l’affaire Woerth-Bet-tencourt, plus mobilisé par sa pro-pre défense que par le fond de sesdossiers. Dimanche 11, dans la soi-rée, le rapport demandé à M. Bas-sères, patron de l’inspection géné-rale des finances (IGF) a été mis enligne. Il conclut à l’absence d’inter-vention de l’ancien ministre dubudget dans le dossier fiscal del’héritière de L’Oréal. Lundi 12 aumatin, avant l’intervention télévi-sée du chef de l’Etat, le ministres’est défendu, sur Europe 1, d’êtreun homme « affaibli ».

Il l’est cependant. Celui que cer-tains de ses « amis » de la majoritéconsidéraient, avant dimanche,comme « mort politiquement », aperdu ces dernières semaines son« statut » de premier-ministrableet de chouchou du président. Lechef de l’Etat a beau lui renouve-ler régulièrement son soutien –« Eric est l’honnêteté faite hom-me », avait-il déclaré le 30 juindevant des députés UMP à l’Elysée–, M. Woerth n’est plus la pièce

maîtresse qu’il était jusqu’alorsau sein du gouvernement.

Peut-il, dans ces conditions,défendre au Parlement l’une desréformes majeures du quinquen-nat ? Les syndicats observent uneprudente réserve. « Nous n’avonspas à choisir nos interlocuteurs.Nous faisons avec ceux que nous

avons », expliquent-ils. « On nechoisit pas les ministres. Et on en aassez de la valse des ministres dutravail de ces dernières années. Cen’est pas bon. On ne peut rienconstruire », estime le présidentde la CFTC, Jacques Voisin.

Cette ligne officielle n’empê-che pas les syndicats de s’interro-

ger. Tous observent que le dossierdes retraites n’a guère évoluédepuis la présentation officiellede la réforme, le 16 juin, parM. Woerth. Depuis cette date,aucun d’entre eux n’a rencontré leministre et les contacts au minis-tère se sont réduits, pour l’essen-tiel, à des échanges techniques

avec Sébastien Proto, le directeurde cabinet de M. Woerth. Certainsont permis d’ajuster la réforme.

Ainsi, les parents de troisenfants ayant quinze ans de servi-ces dans la fonction publique ontobtenu six mois de plus pour déci-der s’ils liquident leur pension. Enrevanche, la concertation sur les

carrières longues, la pénibilité etles polypensionnés est au pointmort.

« Le pire de tout est qu’on neparle plus des retraites, du fonddes dossiers », déplore le secrétai-re général de la CFDT FrançoisChérèque. « Et que pèseraM. Woerth face à la majorité parle-mentaire ? », observe-t-il. Cetteinquiétude, relancée par la miseen minorité du gouvernementsur le dialogue social dans les trèspetites entreprises (TPE), est parta-gée par tous.

Le travail en commission surles retraites, prévu du 20 au

23 juillet à l’Assemblée, donneraune première idée des velleitésd’intervention des députés UMP.Les syndicats, méfiants, appellentà la mobilisation le 7 septembre,jour du début de l’examen du tex-te en séance publique. La prochai-ne bataille, pour eux, sera double.Elle se fera dans la rue et à l’Assem-blée : « Nous n’avons rien à repro-cher au ministre, ni à son cabinet.Mais il est fragilisé politique-ment», relève Bernard Devy, secré-taire confédéral de FO. « Ce seracompliqué pour lui de soutenir ledébat », ajoute, comme en écho,son homologue de la CGT, EricAubin. p

Claire Guélaud

Un ministre affaiblisoutient une réforme majeureEric Woerth doit présenter, mardi 13juillet, le texte de la réforme des retraites en conseil des ministres

PRÈS de quatre semaines après laprésentation de la réforme desretraites par un ministre du tra-vail, Eric Woerth, qui n’était pasaffaibli, les points de vue sur leprojet gouvernemental, ajusté àla marge, demeurent antinomi-ques.

Pour l’exécutif, la réforme est« juste», « progressive », « équita-ble» et « solidaire ». Pour l’inter-syndicale, qui a publié le 7 juilletune déclaration en direction dugouvernement, elle est « injuste etinacceptable», elle « va aggraverles inégalités », « elle est essentielle-ment à la charge des salariés» et« ne répond pas aux enjeuxactuels ».Lafinde laretraiteà60ans. Sou-cieux de donner des gages àBruxelles, aux marchés financierset aux agences de notation, le gou-vernement veut réduire à zérodès 2018 le besoin de financementdes retraites, propulsé par le papy-boom et par la récession, auniveau inédit de 32 milliards d’eu-ros. Pour ce faire, il met fin à la

retraite à 60 ans, cet acquis socialdu premier septennat de FrançoisMitterrand. Les bornes d’âge de laretraite – 60 ans pour l’âge légalde départ, 65 ans pour celui dutaux plein (la pension sans déco-te) – seront respectivement por-tées à 62 et 67 ans en 2018.

Cette mesure, la plus rentablefinancièrement, permettra de cou-vrir près de 44 % du déficit en2018. Quant à la durée de cotisa-tion, elle passera comme prévu à41,5 ans pour tous en 2020. Lessalariés du privé et les fonction-naires devront travailler plus long-temps dès 2011 ; ceux des régimesspéciaux (EDF, SNCF, etc.), encours de réforme, à partir de 2017.Une progressivité très relative.La réforme s’appliquera à comp-ter de la génération 1951. Les per-sonnes nées entre le 1er juillet et le31décembre de cette année-làdevront travailler quatre mois deplus. Celles nées au second semes-tre de 1952 feront huit mois deplus, etc. Cette progressivité n’enest pas moins très relative. La plu-

part de nos voisins européensengagés sur la voie d’une retraiteà 65 ou 67 ans se sont donné plusde temps pour y parvenir. En Alle-magne et au Royaume-Uni, lesréformes ont été annoncées plu-sieurs années avant d’être appli-quées. Et courent jusqu’en 2029 et2046. Les augmentations dedurée d’activité y sont moins for-tes : d’un à trois trimestres de pluspar an au lieu de quatre en France.A cet égard, la réforme françaiseest bien, comme l’ont dit les lea-ders syndicaux, la plus dure d’Eu-rope.La poursuite de la convergencepublic-privé.Engagé en2003, l’ali-gnement progressif des régimesdu public sur le régime généralsera poursuivi. Le taux de cotisa-tion des fonctionnaires sera portéen dix ans de 7,85 % à 10,55 % com-me dans le privé. Le droit audépart anticipé sans conditiond’âge des parents de 3 enfantsayant quinze ans de service dansla fonction publique sera progres-sivement fermé. Enfin, les condi-

tions d’assurance permettant debénéficier du minimum garantidans le public et du minimumcontributif dans le privé seront ali-gnées.

Quatre milliards d’eurosseront ainsi dégagés en 2018. Unesomme à mettre en regard des15,6milliards consacrés annuelle-ment par l’Etat au versement despensions des fonctionnairesretraités.Desmesuresderecettessupplé-mentaires. Les régimes de retrai-te bénéficieront de ressourcesnouvelles à hauteur de 3,7 mil-liards en 2011 et de 4,6 milliardsen 2018 (soit 10,4 % de leur besoinglobal de financement). Elles pro-viendront du passage de 40 % à41% du taux de la tranche la plusélevée de l’impôt sur le revenu,d’une hausse de la taxation desdividendes, des revenus du capi-tal, des plus-values de cessionsd’actions ou d’obligations, desstock-options ainsi que de l’an-nualisation du calcul des chargespatronales, un dispositif à 2 mil-liards.Les carrières longues. Pour atté-nuer l’impact de la réforme, legouvernement prolonge, en l’ajus-tant, le dispositif carrières lon-gues. Toutes les personnes ayantcommencé à travailler avant 18ans pourront partir au maximumà 60 ans si elles ont assez cotisé.

D’après le ministère, la mesurebénéficiera à quelque 90 000 per-sonnes par an à l’horizon de 2015.Le droit au départ anticipé à60ans avec une pension complè-te sera ouvert aux assurés justi-fiant d’un taux d’incapacité égalou supérieur à 20 %. 10 000 per-sonnes en bénéficieraient à lamême date. Les syndicats récla-ment un élargissement de ces dis-positifs qu’ils jugent insuffisantspour compenser l’injustice liée aurelèvement de l’âge de la retraite,qui frappe inégalement les cadreset les ouvriers en raison de leurécart d’espérance de vie et/ou deleur exposition au chômage.

Par ailleurs, deux mesures sontcensées renforcer la solidarité dusystème: l’indemnité journalièrede congé maternité sera intégréedans le salaire de référence pourle calcul de la retraite des femmes,qui reste sensiblement moins éle-vée que celle des hommes. Et,pour les jeunes chômeurs nonindemnisés, le nombre de trimes-tres validés sera porté de 4 à 6.La concertation est prévue jus-qu’à la rentrée. Mais, qu’ils parti-cipent à l’intersyndicale ou qu’ilsn’y participent pas, comme Forceouvrière ou la CFE-CGC, les syndi-cats ne croient pas à la possibilitéd’obtenir du chef de l’Etat, en cestemps de rigueur, des avancéessubstantielles sur les trois sujetsqu’il a laissés ouverts à la discus-sionjusqu’à septembre: les carriè-res longues, la pénibilité et lesretraités polypensionnés. p

C. Gu.

France

Le président du MoDem, Fran-çois Bayrou, est très critique surle passage de 65 ans à 67 ans del’âge de la retraite à taux plein(sans décote ou pénalité finan-cière). «C’est scandaleux», a-t-ildéclaré dimanche 11 juillet surEurope 1.Pour le leader centriste, le relè-vement de l’âge légal de départ àla retraite de 60 à 62 ans est«plus juste» que l’allongementde la durée de cotisation quipénalise les personnes ayantfait des études longues ouconnu le chômage.Pour bénéficier d’une retraite àtaux plein, il faut soit avoir l’âgelégal de départ et la durée decotisation nécessaire (162 tri-mestres aujourd’hui ; 166 trimes-tres en 2020), soit travailler jus-qu’à 65 ans (67 ans en 2018), cequi permet de liquider sa pen-sion à taux plein sans subir dedécote.

M. Bayrou scandalisé parle passage de 65 à 67 ans

L’affaire Woerth-Bettencourt

M. Woerthétait,depuisledéclenchementdel’affaire, plusmobilisépar sapropredéfenseque parlefonddeses dossiers

Le ministre du travail et maire de Chantilly sur le marché de la commune de l’Oise, samedi 10 juillet. BISSON/JDD/SIPA

SOURCE : CONSEIL D’ORIENTATION DES RETRAITES (RAPPORT D’AVRIL 2010), SCÉNARIO INTERMÉDIAIRE

1201008060402002006

2004 2005 2006 2007 2008 2009

2015 2020 2030 2040 2050

a BESOIN DE FINANCEMENTDU SYSTÈMEDES RETRAITES, en milliards d’euros

102,6

4,2 Estimations€€€€

61,1 61,160,9 60,9 61,0

61,5a ÂGE MOYEN DE DÉPART,en années

Hommes

Femmes

Hommes

Femmes

Dans la fonction publique

1 657

650

2 045

1 652

Hommes

Femmes

Dans le secteur privé (cadres)

2 468

1 679

a MONTANT (BRUT) MOYEN DES PENSIONSen euros (chiffres 2004)

Dans le secteur privé (non cadres)

Un besoin de financement estimé à 102 milliards en 2050

90123Mardi 13 juillet 2010

Page 10: Le Monde - Mardi 13 Juillet 2010

Enpleine réforme desretraites,M.Sarkozy paie cherl’affaire BettencourtLe chef de l’Etat exclut de sacrifier le ministre du travail, devenu le maillon faible du gouvernement

Analyse

J ean-Claude Casanova a raison :la France n’est pas confrontée àune crise de régime, les institu-

tions fonctionnent. L’affaire Bet-tencourt, qui, après avoir fragiliséEric Woerth, ministre du travail, ettrésorier de l’UMP, a menacé Nico-las Sarkozy, relève davantage du« scandale », comme le souligne ledirecteur de la revue Commentairedans un entretien au Monde (daté11- 12 juillet). Cependant, ce « scan-dale » comporte des implicationspolitiques lourdes : à deux ans del’élection présidentielle de 2012,c’est la capacité du chef de l’Etat àreprendre la main qui est mise encause,dansun contexteoù l’exécu-tif accumule les difficultés.

La violence avec laquelle l’Elyséea réagi aux accusations de ClaireThibout, l’ex-comptable de LilianeBettencourt, dans un entretien ausiteMediapart,montreàquelpointl’affaire a été jugée dangereuse. Lacontre-attaque, décrétée mardi6juillet,aétéunvéritableblitzkrieg(«guerre éclair») mené simultané-ment sur trois fronts. Judiciaired’abord, avec l’ouverture d’enquê-tes préliminaires pilotées par Phi-lippe Courroye, le procureur deNanterre, dont l’impartialité estmise en doute aussi bien par la gau-cheque parDominique de Villepin.Au cours des auditions, l’ex-comp-table a maintenu la plupart de sesaccusations concernant des finan-cements politiques occultes, maiss’est rétractée s’agissant de cellesportées contre M.Sarkozy quand ilétait maire de Neuilly.

Le deuxième volet de la riposte aété médiatique, avec les violentesattaques portées par des responsa-bles de l’UMP contre le site Media-part, accusé d’utiliser une «métho-de fasciste » et assimilé à « une cer-taine presse des années 1930 ». L’of-fensive s’est déroulée sous leregard médusé de l’aile libérale duparti majoritaire, qui s’est souve-nue « des bonnes vieilles méthodesduRPRchiraquienoù on chassaitenmeute pour sauver le chef».

Le troisième volet a été politi-que, avec l’intervention téléviséedu lundi 12 juillet, calée juste aprèsla publication du rapport de l’ins-pection générale des finances (IGF),

quilaveM.Woerthde toutsoupçondanssesactivitésd’ancien ministredu budget. Après avoir affirméqu’il ne se laisserait pas dicter sonagenda par la presse et ne feraitrien comme ses prédécesseurs, leprésident de la République a finipar se plier à la traditionnelle expli-cation télévisée estivale.

C’est que le coup de semonce estsévère.L’affaireBettencourtsegref-fe sur le terreau de la suspicion. Al’égard de l’argent, des politiques,de la justice, de la presse. Tout lecontraire de « la République exem-plaire » vantée au début de sonquinquennat par M.Sarkozy.

Si le mode de défense choisi parl’Elyséeapermisdecirconscrirel’in-cendie, et sans doute aussi de sou-der sur le dos de la presse la faiblepartie de l’électorat qui reste enco-re fidèle au chef de l’Etat – 26 %selon le baromètre Sofres - FigaroMagazine en date du 3 juillet –, ilcontribue lui aussi à la montée dupopulisme, dont l’Elysée, parailleurs, s’alarme. « Politiques,médias : c’est l’air du “tous pour-ris” », constate Brice Teinturier,directeur adjoint de TNS-Sofres.D’où la nécessité absolue pour lechef de l’Etat de refixer un cap.

En cet été meurtrier, Nicolas

Sarkozy paie chèrement son silen-ce d’après-régionales. Comme sou-vent lorsqu’il est en difficulté, leprésident de la République a occul-té l’échec du scrutin de mars. Il n’apas publiquement pris acte de labonne tenue de l’opposition ni dela remontée du Front national. Il arefusé la démission de son premierministre et banalisé les ajuste-ments gouvernementaux aux-quels il a procédé, renvoyant àl’automne prochain le grand rema-niement censé ouvrir la périodepréélectorale de 2012.

Incapacité à nommer la réalitéDe mars à juillet, sa ligne écono-

mique est devenue illisible parrefus d’admettre que la Francen’avait pas d’autre choix que d’en-trerdanslarigueur.S’ill’avaitpubli-quement reconnu, il aurait pu évi-terl’hiatusapparuentrelecompor-tement de certains ministres et lesefforts demandés aux Français.Une partie des déconvenues ren-contrées aujourd’hui par M.Sarko-zy résulte de son incapacité à nom-mer la réalité.

Cependant, contrairement àd’autres présidents affaiblis,M. Sarkozy a continué d’agir. Laréforme des retraites devrait être

adoptée mardi 13juillet, en conseildeministres,dansunesortederési-gnation nationale. Ni les syndicatsni la rue n’ont été pour le momenten mesure de s’opposer à la remiseen cause de la retraite à 60 ans, undesacquisdupremierseptennatdeFrançois Mitterrand,

Cette réforme des retraites n’estpas mineure. Elle est à peu près laseule carte qui reste aujourd’huientre les mains de M. Sarkozy pouréviter les dissidences dans la majo-rité. S’il la mène à bien, il pourraconforter son statut de président,certes mal aimé, qui réforme face àune gauche encore handicapée parun déficit de crédibilité. A l’inverse,s’il se trouve bloqué par la rue enseptembre, il rejoindra la cohortede ses prédécesseurs, entravés parle poids conjugué de l’impuissancepolitique et des affaires.

Dans cette conjoncture, lemaillonfaibleestleministredutra-vail Eric Woerth, chargé de porter laréforme. Contre lui, les accusationsdemeurent et risquent chaque jourderebondir.M. Sarkozylesait,maissacrifier aujourd’hui M. Woerthserait reconnaître qu’il est coupa-ble. C’est la lourde facture de l’affai-re Bettencourt.p

Françoise Fressoz

L e dialogue est ouvert. Troisjours avant son interventiontélévisée, le chef de l’Etat a

lancé, vendredi 9juillet, le débatsur le réseau social Facebook.«J’interviens à la télévision lundipour répondre aux questions d’ac-tualité. D’ici là, faites-moi part dessujets qui vous intéressent et desquestions auxquelles vous vou-driez que je réponde», a lancé Nico-las Sarkozy à ses 252280 amis.

Le président, qui s’exprimeralundi 12 juillet sur France 2, inter-rogé par David Pujadas, entendparler aux Français des questions«réelles» qui les préoccupent etfaire de la pédagogie. « Dans unmonde politique qui perd le nord,c’est important de redonner uncap», précise le conseiller en com-munication de l’Elysée, FranckLouvrier.

Rien à voir donc avec les préoc-cupations des médias, polarisésdepuis un mois sur l’affaire Bet-tencourt. Dès dimanche, l’entou-rage du président de la Républi-que tirait la conclusion de son dia-logue préalable avec les internau-tes : «Les sujets prioritaires desFrançais, ce sont les retraites, l’em-ploi des jeunes, la crise économi-que, la sécurité. L’affaire Betten-court arrive loin derrière.»

«Courage»Les questions posées sur le

« mur » de la page de NicolasSarkozy sur Facebook n’épar-gnent toutefois pas ce dernier.Entre deux mots de réconfort,quelques-uns y vont franco.

Quentin Meynaud ose un «bar-rez-vous, vous êtes un présidentfasciste mafieux. Vous gouvernez

pour les riches et faites mourirl’art, la culture, la longue tradi-tion sociale française (…). Allezécouter Didier Barbelivien au Fou-quet’s». A l’opposé, Sylvette,Danielle, Philippe et d’autresexhortent Nicolas Sarkozy au«courage », l’appellent à ne pass’arrêter « sur ces affaires inter-nes», soulignent qu’il a bien réagiquand « des anomalies de fonc-tionnement du gouvernement »se sont manifestées.

Prenant exemple sur le prési-dent américain Barack Obama,Nicolas Sarkozy compte utiliserpleinement le vecteur d’Internetpour sa campagne présidentiellede 2012. Il permet si bien de dialo-guer avec les Français au-delà desmédias trop déconnectés des pré-occupations réelles.p

Sophie Landrin

Reportage

U ne victoire nette et sansbavure. Battue d’une voixen septembre 2009, Anny

Poursinoff l’a cette fois emportélargement.

Dans la 10e circonscription desYvelines, une des plus à droite deFrance, la candidate écologiste abouté, dimanche 11 juillet, hors del’Assemblée nationale Jean-Frédé-ric Poisson, député sortant etex-suppléant de Christine Boutin,députée du lieu de 1986 à 2007.

Sur fond d’affaire Woerth-Bet-tencourt, cettedéfaite est un « mes-sage » des électeurs, reconnaîtGérard Larcher, maire de Ram-bouillet et président du Sénat.C’est un « désaveu clair pour le pré-sidentde laRépubliqueet le gouver-nement », s’est félicitée MartineAubry, dimanche.

22heures20,dimanche:lesmar-tinetsvolentbasau-dessusdelasal-le des fêtes de Rambouillet. Claudi-nePenguilly nepeut retenir ses lar-mes. Dix ans que cette conseillèred’orientation espère la victoire dela gauche, dans ce bastion depuistoujours à droite ! Retraitée et élec-trice socialiste, Marie-FrançoiseRoche retient son souffle. M. Lar-cher, maire (UMP) de la ville prendle micro : « 51,72 % pour Mme Poursi-

noff, 48,28 % pour M. Poisson. »« C’est inespéré ! s’emballe DidierFischer,suppléantPSdeMme Poursi-noff. Ona fait des cartons dans tousles villages! La politique du gouver-nementnousyaaidés.C’estindiscu-table! »

M. Larcher s’éponge le front etconcède : « L’ambiance nationaleétait telle que c’était très difficile.On s’en est bien rendu compte sur leterrain. Si ce n’est un vote sanction,c’est un vote message. Cette défaite,au fond, c’est la rencontre du chè-que-vacancesetdes rumeurs!», lan-ce le président du Sénat en déplo-rant près de 70% d’abstention.

A l’écart, un conseiller munici-pal (UMP) de Rambouillet, sous lecouvert de l’anonymat, le confir-me: « Beaucoup de nos électeurs nesont pas allés voter. On a senti unrejet général. L’ambiance est au“sortez les sortants” ! »

Mme Boutin s’éloigne quand unjournalisteluidemandesile«scan-dale » de sa rémunération de9500 euros pour une mission surla mondialisation a eu un effet surle vote. « Retirez le mot scandale !,s’indigne l’ex-ministre du loge-ment. Je n’ai rien fait d’illégal, moi !En revanche, c’est vrai que cettesemaine n’a pas été simple ! », glis-se la présidente du Parti chrétien-démocrate,dansuneallusion àl’af-

faire Woerth. Entouré de ses parti-sans, M. Poisson « refuse de croireque la désaffection de la droite est àmettre uniquement sur le comptedes rumeurs » autour du ministre

du travail, mais il ne voit guèred’autre explication.

Battus, les partisans deMme Boutin ne désarment pourtantpas. Quand Mme Poursinoff pose

son bouquet de roses et d’horten-sias pour lire son discours, la salleest en ébullition. Dans le brouha-ha, cette ancienne infirmière plan-te ses aiguilles : « Accapareurs… tri-

cheurs… (…) Monsieur Poisson, voustrichez quand vous dîtes que je suisune gauchiste. Pourquoi dites-vous, Mme Boutin que je suis pourl’euthanasie ? (…) J’ai honte de vosamisetdevotregrandmaîtreSarko-zy », lance-t-elle. Plusieurs dameschics vocifèrent : « C’est une honte!Menteuse, menteuse ! »

«Pastèque vide»Michèle, « fidèle boutiniste »,

s’en prend à « ces bobos qui vien-nentdeplusenplusnombreuxs’ins-tallerà Rambouillet etvoilà lerésul-tat: ils élisent une pastèque vide! ».Mme Poursinoff conclut : « J’ai vrai-ment la conviction que, ce soir, c’estle début du changement. »

Il est bientôt minuit. CécileDuflot esquisse un pas de danse enattendant Jean-Paul Huchon.«Oui,c’est unvotesanction!»,assu-re le président (PS) de la région Ile-de-France, à peine arrivé.

La patronne des Verts renché-rit : « C’est un vote de construction!La victoire d’Anny montre quel’union de la gauche et des écologis-tes peut être un instrument dereconquête. Cela me rend plus opti-miste pour 2012 ! »

Enattendant, les «copains d’An-ny » goûtent le parfum d’« alter-nance » qui flotte dans la nuit. p

Béatrice Jérôme

FranceL’affaire Woerth-Bettencourt

Lechef del’Etat s’adresse àses 252280 amis

Reportage

Maussane-les-Alpilles(Bouches-du-Rhône)Envoyé spécial

J ean-François Copé biche.Devant un millier de ses parti-sans, il vient d’achever son dis-

cours de clôture des Journées deGénération France, ce dimanche11 juillet, à Maussane-les-Alpilles(Bouches-du-Rhône). Surtout, il apris date en faisant étalage de sacapacitéàmobilisersestroupespar-lementaires. « Quand je me suisretourné,j’aivutouslesdéputésder-rière, je me suis dit que ça avait de lagueule », jubile le président deGénération France.

La scénographie avait été soi-gneusement étudiée. Lui devant eteux derrière : 63 députés de l’UMPavaient fait le déplacement en Pro-vence pour participer à ce séminai-re de travail destiné à « donner lecoup d’envoi de la préparation duprojet pour le candidat de notrefamille politique à l’élection prési-dentielle de 2012 ». Et cela aumoment où l’exécutif semble bal-lotté par le courant des « affaires»,où Nicolas Sarkozy doit s’appliquerà reprendre une maîtrise qui paraîtlui avoir échappé.

Le président du groupe UMPjoue de ces incertitudes. Il insistesur les difficultés de la période.« C’est un mauvais moment »,reconnaît-il, tout en dénonçant un«climat détestable», « des attaquesinsupportables », qui sont « pournous tous une épreuve ». Mais, enmême temps, il n’hésite pas à rap-pelerqueleschosesn’ontpasatten-du les révélations de ces dernièressemaines pour commencer à pren-dre une mauvaise tournure. Il évo-que le souvenir encore récent de la« défaite des élections régionales ».Ces mots-là ont, pour les élus, unerésonance toute particulière. Ilssignifient que le « leader naturel »de leur mouvement n’est plus for-cément le garant de leur réélection.

« C’est dans ces moments dedéfaite que l’on peut juger du carac-

tère des individus. Est-ce qu’on estsolide? Est-ce qu’on a une colonnevertébrale? Est-ce qu’on tiendra? »,martèle M. Copé. « Notre famillepolitique est en risque, poursuit-il.La perspective de voir revenir unemajorité de gauche en France, c’estmettre la France en risque. »

De ces inquiétudes, de ces dou-tes qui infusent dans les rangs desparlementaires, le président dugroupe UMP tire profit pour affir-mer son « cap». Celui d’une «droitede conviction », qu’il revendiquecomme pour souligner en creux lejeu à somme nulle de l’« ouvertu-re», les faiblesses et les hésitationsquicaractérisent,selonlui, lapoliti-que de l’exécutif. « Quand le FNremonte, cela veut dire qu’il y a desrendez-vous que nous n’avons pashonorés», souligne-t-il.

«Ne rien lâcher»« La bataille de 2012, insiste-t-il,

c’est d’abord la bataille des convic-tions. On ne doit jamais rien lâcherquandils’agitdenosidées.»Enchoi-sissant de porter des sujets commelafiscalisationdesindemnitésd’ac-cident du travail, l’interdiction duvoileintégral, lerefusd’uneprésen-ce syndicale dans les très petitesentreprises, il démontre dans lemême temps sa détermination à«ne rien lâcher». Le rendez-vous deMaussane lui donne l’occasion depeaufiner la stature de son person-nage, taille patron.

« Les temps ont changé. Tout nepeutpassedéciderd’enhaut,confieM.Copé à la presse. Le rééquilibrageest inéluctable. Il faut repenser defond en comble la gouvernance.» Iln’est pas sûr que l’Elysée – qui sui-vait à distance le déroulement deces journées – ait particulièrementgoûté ce « soutien » du présidentdu groupe UMP à la veille de l’inter-ventiontéléviséeduprésidentde laRépublique. A ceux qui deman-daient à M.Copé ce que M. Sarkozydevait «changer », le député de Sei-ne-et-Marne lâchait ainsi avec unecertaine impudence: « On ne chan-ge pas ce qu’on est.» p

Patrick Roger

Pour 2012, M.Copérêved’une «droitedeconviction»Le président de Génération France a réuni,dimanche, ses amis en Provence

Cécile Duflot et Anny Poursinoff, dimanche 11 juillet, à Rambouillet. MARLENE AWAAD POUR « LE MONDE »

Lacandidate verte remporte lalégislativede Rambouillet, traditionnel fiefde ladroiteLe climat créé par les affaires dans l’ancienne circonscription de Christine Boutin a pesé dans la victoire d’Anny Poursinoff

10 0123Mardi 13 juillet 2010

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110123Mardi 13 juillet 2010

A la rentrée, 80 000 lycéensentreront en classe prépara-toire aux grandes écoles

(CPGE), mais avec peut-être unpeu moins d’enthousiasme queles années précédentes.

Lorsqu’on s’intéresse aux vœuxauxquels les élèves des classes determinale des lycées tiennent leplus, pour leur entrée dans l’ensei-gnement supérieur, les prépassont même la seule formation quirecueille moins de suffrages qu’en2009.

Au printemps 2010, commetous les ans à la même époque,653 000 lycéens ont consigné,dans une application appelée« admission post-bac », leurs sou-haits de poursuite d’études. Ils lesont ensuite ordonnés, enregistranten première place la formationqu’ils ont le plus envie de suivre àla rentrée suivante. Alors que lenombre de lycéens prêts à enta-mer des études est plus élevéqu’en 2009, que toutes les gran-des familles de formation enregis-trent des hausses en premier vœu,la prépa, elle, chute de 5 %.

Unedonnée quiasurpris lecabi-netde Valérie Pécresse, ministre del’enseignement supérieur. Maisaussi les observateurs, qui, d’uneannée sur l’autre, s’étaient habi-tués à un engouement croissantpourcette formationtrèsrigoureu-se et pluridisciplinaire, dont leseffectifs ont crû de 14 % ces dix der-nières années.

Une poussée des IUTFaut-il y lire une réserve face

aux formations sélectives ? Pasvraiment, puisque les autres étu-des qui sélectionnent sur dossiersont, elles, de plus en plus prisées.Les instituts universitaires techno-logiques (IUT) enregistrent au pas-sage une poussée de 4 %, les sec-tions de techniciens supérieurs,(STS), de 5%.

En fait, les élèves ne boudentpas les grandes écoles, mais sem-blent privilégier d’autres solutionsquela prépa pour les intégrer. Lors-que ces autres voies existent.

Ainsi, les postulants à une classepréparatoire littéraire sont tou-jours aussi nombreux, puisqu’iln’y a pas d’autres façons de prépa-rer les écoles normales supérieu-res (ENS). En revanche, les prépaséconomiques et sociales et cellesscientifiques chutent, perdant res-pectivement 6% et 15 % de lycéensles plaçant en premier vœu.

Or,enparallèle, lesécolesd’ingé-nieur, qui sont intégrées directe-ment après le bac – celles quioffrent des classes préparatoiresintégrées –, connaissent cetteannée une augmentation de 19 %des premiers choix. Et, même sielles ne figurent pas dans la baseadmission post-bac, les écoles demanagementouvertesaprèslebac-calauréat connaissent elles aussiun fort engouement.

Un passage par l’université per-met aussi de plus en plus d’inté-grer les grandes écoles. Même lesplus prestigieuses sont aujour-d’hui accessibles grâce à des passe-relles permettant d’y entrer « surtitre » – c’est-à-dire sans concours–, grâce à un système d’admissionparallèle.

A l’heure où la ministre de l’en-seignement supérieur annonce satroisièmevagued’universitésauto-nomes, ces formations enregis-trent 13 % de hausse en premiervœu.

S’ils indiquent un changementde regard, tous ces indicateurs netransformeront pas la situation.Sélectives, les prépas continuerontde faire quasiment le plein. Et sielles ne le font pas avec les seulspremiers vœux, ceux qui ne lesavaient inscrits qu’en choix n˚ 2 ytrouveront peut-être place. p

Maryline Baumard

Leslycéensboudent lesclassespréparatoiresLes élèves sont 5% de moins qu’en 2009 à avoirplacé ces écoles en premier choix d’orientation

Actions, immobilier etart : lafortune des Bettencourt

Justice

Deuxautres personnesincarcéréesdanslemeurtre del’A13Deux hommes de 23 ans ayant participé, dans la nuit du 26 au 27juin, àla rixe qui a provoqué la mort de Mohamed L., 30ans, sur l’autorouteA 13 à la hauteur des Mureaux (Yvelines), ont été mis en examen pour« meurtre » et « violences volontaires », samedi 10 juillet à Versailles. Lesdeux jeunes gens, qui s’étaient présentés spontanément la veille à ladirection départementale de la sûreté des Yvelines, ont été placés endétention provisoire. Demeurant aux Mureaux, ils avaient été identi-fiés dès le lendemain des faits mais étaient partis à l’étranger. Déjà neufpersonnes – dont la conductrice du véhicule à l’origine de l’accrochagequi a précédé le drame – ont été mises en examen et placées en déten-tion provisoire. Sept sont poursuivies pour « meurtre » ; les deux autres,dont la conductrice, pour « complicité de meurtre». Une dixième person-ne est toujours recherchée. – (AFP.) p

Fait divers Un couple et leur fillette se noientdans la GaronneTrois membres d’une même famille se sont noyés, dimanche 11 juillet,après le retournement de leur embarcation sur la Garonne. Un garçon-net de 6 ans a pu être secouru, mais il est dans un état critique. Le pèreet les enfants se trouvaient à bord lorsque l’embarcation a chaviré pourune raison inconnue, dans cet endroit où la famille avait l’habitude denaviguer. La mère, qui était restée sur la berge, a plongé pour les sauvermais a rapidement disparu, selon les témoins qui ont donné l’alerte. Lestrois personnes à bord ne portaient pas de gilet de sauvetage. – (AFP.)

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RÉVISEZ VOS CLASSIQUESBEETHOVEN SYMPHONIE N° 5 GUSTAVO DUDAMELLa valeur n’attend point le nombre des années, tout au moins, chez certains. C’est assurément le cas du jeune chef vénézuélienGustavo Dudamel auquel Claudio Abbado, Daniel Barenboïm et Simon Rattle apportent leur caution artistique. Voilà donc unebelle carte de visite, suffisamment prestigieuse pour s’attaquer aux puissantes et subtiles 5e et 7e Symphonies de Beethoven avecun jeune orchestre. Et justement, peut-être est-ce là le secret de cette réussite, car la 5e Symphonie, tel un maelstrom, aspirelittéralement l’énergie au plus profond de l’orchestre pour en faire ce matériau éternellement incandescent qu’est la musique deBeethoven. Les choses ne sont guères différentes pour la 7e, quoique plus intériorisées. Alors,place à la fougue et à la sensibilité musicale si fraîche de cet orchestre de jeunes sud-américains !

L es choses sont claires. » Lundi12 juillet, en début de mati-née, le ministre du travail,

Eric Woerth, s’est dit « énormé-ment soulagé» des conclusions durapportd’enquêteconfiéàJeanBas-sères, patron de l’inspection géné-rale des finances (IGF), qui a écartétoute intervention de sa part dansles dossiers fiscaux de Liliane Bet-tencourt ou de ses proches.

Indiquant qu’il avait « besoin »de ces « conclusions », le ministredu travail a déclaré, sur Europe 1,qu’il compte « réfléchir » à l’éven-tuel abandon de sa fonction de tré-sorier de l’UMP, qui lui vaut desaccusations de conflit d’intérêtsdans le dossier Bettencourt, la mil-liardaire étant une «bienfaitrice »de l’UMP. « On va y réfléchir, je vaisy réfléchir», a-t-il déclaré.

Soupçonné d’avoir fermé lesyeuxsur la situation fiscale de l’hé-ritière de L’Oréal, alors que sa fem-me,Florence, travaillaitpourPatri-ce de Maistre, le gestionnaire defortune de Mme Bettencourt,M. Woerth s’est défendu d’êtreaffaiblialorsqu’ildoitporterle pro-jet de réforme des retraites.

Ladiffusiondurapportestinter-venue la veille de l’intervention

télévisée du chef de l’Etat. Dès le7 juillet, devant des députés de lamajorité,le présidentdelaRépubli-que s’était déclaré « assez confiantsur le fait que » l’IGF « ne trouverapas de faute » imputable à EricWoerth dans le « dossier Liliane Bet-tencourt».

«Partiel et partial»L’opposition relativise l’objecti-

vité du rapport, réalisé dans undélai court et confié nommémentau patron de l’IGF. Dès dimanche11juillet, le député socialiste BrunoLeRouxadénoncéun«rapportpar-tiel et partial ». Le Parti socialistecontinuederéclamerlamiseenpla-ce d’une commission d’enquête. Iln’est le pas seul. « C’est un rapportd’essence politique. Suffira-t-il oufaudra-t-il une mission d’enquêteparlementaire? », s’interroge Vin-cent Drezet, secrétaire général dusyndicat des impôts, le SNUI.

Deson côté, Dominique deVille-pin a estimé, dimanche, dans unentretien au Parisien qu’« on nepourra pas tourner la page de cesaffaires si on ne peut pas aller jus-qu’au bout de la vérité ». L’ancienpremier ministre suggère « la créa-tion d’une commission d’enquête,

un dépaysement du dossier[Bettencourt]horsdesHauts-de-Sei-ne, la saisined’un juge d’instructionindépendant».

Selon le rapport de M.Bassères,M. Woerth « n’est pas intervenuauprès des services placés sous sonautorité» dans les dossiers concer-nant Mme Bettencourt. Avec troisautres inspecteurs des finances, lepatron de l’IGF a exploré pendantune semaine et demie « le circuit detraitement, de traçage et d’archiva-ge» de «6 247 dossiers ». Les quatrehommes ont néanmoins faitremarquer qu’« il conviendrait des’interroger » sur l’existence « ausein du cabinet du ministre d’uneéquipe dédiée au traitement desituations fiscales individuelles »qui « nourrit la suspicion ».

Leur travail était circonscrit àdeux séries de questions. La pre-mière: M. Woertha-t-ilété informédelasituationfiscaledeMme Betten-court, de Patrice de Maistre, deFrançois-MarieBanier(lephotogra-phe auquel la milliardaire a fait desdons très importants) et des socié-tés Thétys et Clymène (qui gèrentles actifs de la milliardaire) et est-ilintervenu pour demander, arrêterou orienter un contrôle?

Le rapport note que M.Woerth aété informé par ses services d’uncontrôle fiscal sur M. Banier – cequ’il a reconnu – mais qu’« il n’estpas intervenu pour demander,empêcher ou orienter un contrôle».Au passage, le rapport indique quele ministre n’a pas eu connaissancede la demande de deux personnesde l’entourage de Mme Bettencourtde bénéficier du bouclier fiscal.L’identité de ces personnes n’estpas précisée. La décision les concer-nant a été prise au niveau «local ».

La seconde question à laquelledevaitrépondrel’IGFportaitsurlesinformations obtenues dans lecadre du contrôle fiscal deM.Banier, notamment de sourcesjudiciaires : auraient-elles dûdéclencher un examen de la situa-tion fiscale de Mme Bettencourt ?« Aucun procès-verbal » rédigé parunagentdu fisc«ne laisse supposerla détention de comptes non décla-rés » par la milliardaire, répond lerapport. Seul un procès-verbalmentionne « une minoration dupatrimoine déclaré au titre de l’im-pôt sur la fortune en 1997-1998 »,une éventuelle fraude fiscale quiest donc prescrite. p

Philippe Le Cœur

EN 2008, LE FISC FRANÇAIS a signéun chèque de 30millions d’euros àLiliane Bettencourt au titre du bou-clier fiscal. Cette somme versée àl’héritière de L’Oréal, classée parForbes 17e fortune mondiale, avec17milliards d’euros, représente àelle seule 5,32% du montant totaldu bouclier.

Ce dispositif, qui plafonne à50% des revenus le total desimpôts et charges directs acquittépar un contribuable, bénéficie defait à une minorité de grandes for-tunes. Sur les 15446 bénéficiairesrecensés en 2008 par Bercy, 947d’entre eux se sont partagé plusde la moitié (62,26%). Ils dispo-saient d’un patrimoine de plus de15,8millions d’euros et d’un reve-nu fiscal de référence supérieur à42507 euros. Ils se sont vu resti-tuer en moyenne 370316 euros.Les dix premiers bénéficiaires dubouclier se sont partagé en moyen-ne 7,8 millions d’euros. Avec30millions, Liliane Bettencourt afortement contribué à tirer cettemoyenne vers le haut.

Civisme affichéLe montant de cette restitution

a pu choquer l’opinion. Cepen-dant, alors que nombre de gran-des fortunes ont préféré s’exileren Belgique ou en Suisse autourdu lac Léman, Mme Bettencourt atoujours mis un point d’honneurà rester en France. Quitte à acquit-ter, dit-elle, plus de 397 millionsd’euros d’impôts, au titre de l’im-pôt sur le revenu, de l’impôt sur lafortune et de la CSG, au cours desdix dernières années. Ce civismeaffiché ne l’a cependant pas dis-suadée de faire de l’évasion fisca-le, comme l’ont révélé les écoutestéléphoniques illégales pratiquéespar son ancien majordome.

Le fisc lui demande aujour-d’hui de « régulariser l’ensembledes avoirs familiaux qui seraientencore à l’étranger », soit deuxcomptes en Suisse – un contratd’assurance-vie au profit d’un deses petits-fils et un compte bancai-re, pour un montant total de85millions d’euros. Il vérifie aussi

le statut de l’île d’Arros aux Sey-chelles, que Mme Bettencourt affir-me louer depuis des années et quipourrait appartenir à une fonda-tion située dans un paradis fiscal.

D’où vient la fortune Betten-court? Aux côtés du groupe suisseNestlé, qui détient 29,8 % du capi-tal de L’Oréal, la famille reste, avec

31 %, le premier actionnaire dugéant des cosmétiques. Depuis1994, Liliane Bettencourt a cédéses actions en nue-propriété à safamille (deux tiers à sa fille et letiers restant à ses deux petits-fils.)Elle en conserve jusqu’à sa mortl’usufruit et les droits de vote affé-rents, ce qui lui permet de toucherles dividendes. En 2009, ils se sontélevés à près de 278 millions d’eu-ros. Auxquels s’ajoutent les jetonsde présence de la milliardaire auconseil d’administration du grou-pe pour un montant de 75 000euros, les comptes bancaires, lesassurances-vie, les comptes titresou encore la participation minori-taire de la famille Bettencourtdans le groupe Nestlé.

Le patrimoine immobilier com-prend notamment un hôtel parti-culier dans le quartier Saint-James à Neuilly-sur-Seine, évaluéà quelque 30 millions d’euros –dont Mme Bettencourt a égalementdonné la nue-propriété à sa fille –,une villa au cap Formentor surl’île de Majorque et deux maisonsdont elle a hérité : une bâtissefamiliale, l’Arcouest, que son pèreavait fait construire en Bretagneface à l’île de Bréhat, et une autreà Saint-Maurice-d’Etelan, quidomine la vallée de la Seine enNormandie.

Mme Bettencourt possède aussides œuvres d’art, dont douzetableaux de maître, d’une valeurde 20 millions d’euros, donnés ennue-propriété au photographeFrançois-Marie Banier.

Elle est devenue, depuis 1987,une des mécènes les plus impor-tantes en France, via la FondationBettencourt Schueller, la plusrichement dotée de l’hexagone.p

Claire Guélaud

et Nicole Vulser

FranceL’affaire Woerth-Bettencourt

EricWoerth «réfléchit» àl’abandondeses fonctions detrésorier de l’UMPLe rapport commandé au patron de l’Inspection générale des finances blanchit l’ex-ministre du budget

L’île d’Arros, aux Seychelles. CITIZENSIDE.COM/IMAGEFORUM

Page 12: Le Monde - Mardi 13 Juillet 2010

BruxellesEnvoyée spéciale

L ’espace d’un moment oncroit rêver. Un gaillard, lon-gue chevelure blonde tom-

bant sur les épaules, bouclesd’oreille, assemble méthodique-ment avec quelques collègues unevoiture… en Lego. Nous sommespourtantbien dansune usine auto-mobile, pas chez un marchand dejouets : ici, dans la banlieue deBruxelles, on fabrique la nouvelleAudi A1. Ce nouveau modèle demoins de 4 mètres, censé rivaliseravec la Mini de BMW, la DS3 deCitroën ou encore la Classe A deMercedes, était la pièce manquan-te de la gamme du constructeurallemand, plutôt réputé pour lesgrosses berlines.

Marché haut de gamme« Cet exercice est proposé à tout

nouvel arrivant dans l’usine. Pen-dant douze minutes, il assemble lavoiture de façon intuitive. Puis ilanalyse,critique leprocessusdepro-duction et cherche des solutionspour l’améliorer. Et il recommenceà nouveau pendant douze minu-tes», explique Jan Maris, responsa-ble du montage. Résultat : au pre-mier exercice, sur neuf voituresmontées, 4 seulement étaientconvenables. Au deuxième etaprès réorganisation de la chaîne :14 voitures étaient bien assem-blées sur un total de 19.

En attendant la commercialisa-tion du nouveau modèle, à partirdu 9 septembre, la montée encadence se fait progressivement.«Le 9août, 528 voitures seront pro-duites quotidiennement, contre120aujourd’hui », indique M. Jaris.A Ingolstadt en Bavière, fief d’Audi,onanticipedéjà le succèsde l’A1: enannée pleine, il table sur 100 000unités vendues. Et grâce aux syner-gies avec le groupe Volkswagen, onassure aussi que ce petit modèlesera rentable. «C’est un atout consi-dérable, affirme Georges Dieng,analyste chez Natixis. BMW et Mer-

cedes, eux, sont obligés de trouverdes effets d’échelle.»

Sur le marché du haut de gam-me, Audi a marqué des points cesdernières années. En 2008, alorsque les ventes de ses concurrentsBMW et Mercedes chutaient res-pectivement de 4 % et de 7,5 %,Audi dépassait pour la premièrefois le million de véhicules vendus.Certes, en 2009, la crise ne l’a pasépargné : pour la première fois enquatorze ans, la marque aux qua-tre anneaux a vu ses ventes chuter(– 5,4 %, à 950 000). Mais pour2010, l’objectif est de retrouver lerecord de 2008.

Lesambitions de Rupert Stadler,le patron d’Audi, ne s’arrêtent pas

là. « En 2015, nous serons les pre-miers sur le haut de gamme(devant Mercedes et l’actuel leaderBMW) avec 1,5 million de véhiculesvendus»,martèle-t-il, réalisantain-si le vieux rêve de Ferdinand Piëch,président du conseil de surveillan-ce du groupe Volkswagen, qui futle patron d’Audi et l’artisan de sarenaissance, puis de son succès.

Pour la première fois, au pre-mier trimestre 2010, Audi a dou-blé Mercedes (264 100 unitéscontre 248 500), mais reste loinderrière BMW. Au premier semes-tre, les trois constructeurs se tien-nent dans un mouchoir de poche(554 950 véhicules pour Audi,556 700 pour Mercedes et 585 755

pour BMW hors Mini et Rolls Roy-ce). « Il y a encore quelques années,Audi était vraiment un challengeret la bataille avait lieu entre BMWet Mercedes. Mais il a constam-ment élargi sa gamme et son ima-ge n’a cessé de s’améliorer. De plus,il fait partie d’un groupe qui a lesmoyens de ses ambitions », souli-gne M. Dieng.

Pionnier du haut de gamme enChine, son premier marché, Audifait la course en tête dans ce pays.Les nouveaux riches se ruent sursesberlines (Audi A4 et A6), spécia-lement restylées, ainsi que sur son4 × 4, le Q5. Sur les six premiersmois, ses ventes ont augmenté de64 % (110 000 unités). Un record

dans ce pays. « Nous prévoyonsd’en vendre 200 000 en 2010 »,annonce fièrement Peter Schwar-zenbauer, le responsable des ven-tes et du marketing.

Aux Etats-Unis, autre impor-tant marché pour le haut de gam-me, Audi est plus petit que BMW etMercedes. Un handicap qui s’esttransformé en atout avec l’effon-drement du marché américain.

Néanmoins, la situation écono-mique mondiale n’explique pastout. Racheté en 1964 par Volkswa-gen, Audi s’est lancé à l’assaut duhaut de gamme en 1994 avec l’A4en investissant des milliards d’eu-ros dans la technologie (notam-ment avec la fameuse Audi

Quatro) et le design… En 1998,Audi n’avait encore que troismodèles à proposer. Douze ansplus tard, il en a 39 et couvre désor-mais tous les segments de marché.

Sur le plan environnemental, ilrattrape petit à petit son retard parrapport à BMW. « Nous avonsréduit de 20 % le montant des émis-sions de CO2 par kilomètre et nousallons encore le réduire du mêmemontant d’ici 2012 », affirme-t-onchez Audi. La marque prévoit d’in-vestir 2 milliards d’euros par anjusqu’en 2015 pour développer denouvelles voitures.

Et sur le plan du design, oùBMW régnait en maître, Audi a sus’imposer grâce à Walter da Silva,ex-designer d’Alfa Romeo.D’ailleurs, l’une des composantesde son marketing repose juste-ment sur ce paradigme : posséderune Mercedes, c’est montrer quel’on a de l’argent, une BMW, dupouvoir, mais une Audi… dugoût.p

Nathalie Brafman

BMW toujours en tête

AudiVentes mondiales au pre-mier trimestre : 264100 unités(+25,9 % par rapport au premiersemestre 2009). Chiffre d’affai-res: 8,26milliards d’euros(+23,3%). Résultat opération-nel : 478millions d’euros(+30%). Marge opérationnelle :5,8% du chiffre d’affaires (CA).

BMWVentes mondiales au pre-mier trimestre : 315 614 voitures(+13,8%). Chiffre d’affaires :12,4milliards d’euros (+7%).Résultat avant impôt: 508mil-lions d’euros (+23%). Marge opé-rationnelle : 2,7% du CA.

MercedesVentes mondiales aupremier trimestre 2010:248500véhicules. Résultat opé-rationnel : 806millions d’euros.Marge opérationnelle : 7% du CA.

Le lancement de la production de l’Audi A1 à Bruxelles, le 11mai. FRANÇOIS LENOIR/REUTERS

EnhausseEmiratesLa compagnie aérienne de Dubaï prévoit de recru-ter 60 000 personnes d’ici à 2020, tandis que cel-le d’Abou Dhabi, Etihad Airways, aurait besoin de19000 personnes supplémentaires à cette date.

Audiestbien décidé à doubler BMW etMercedesLa marque du groupe Volkswagen a très bien su négocier le virage de la crise et lance un petit modèle: l’A1

EnbaisseElectrabelLa Commission européenne a ouvert une enquê-te préliminaire contre la filiale de GDF-Suezaccusé d’abus de position dominante après unaccord conclu avec l’Etat Belge sur le nucléaire.

Finance

ParisetBerlinrelancentleprojetdetaxesurlestransactionsfinancièresLes ministres des finances français et allemand, Christine Lagarde etWolfgang Schaüble, ont écrit, vendredi 9 juillet, à leur homologue belge,Didier Reynders – dont le pays préside l’Union européenne –, pourencourager la création d’une taxe mondiale sur les transactions finan-cières. Les Européens s’étaient mis d’accord le 17 juin pour défendre auG20 de Toronto une telle mesure. Sans succès. « Bien qu’un consensusn’ait pas pu encore être trouvé, nous sommes convaincus que l’Unioneuropéenne (UE) doit continuer d’essayer de créer une telle taxe », carcela est « possible et nécessaire », écrivent Mme Lagarde et M. Schaüblesuggérant d’évoquer ce sujet lors du prochain Ecofin (réunion desministres des finances de l’UE), fin septembre à Bruxelles. – (AFP.)

Des banques européennes réfléchissent à la créationd’un fonds de résolution de crisesDe grandes banques européennes envisagent de créer un fonds de20milliards d’euros dédié au sauvetage des établissements en cas de cri-se, indique le Financial Times, lundi 12juillet. Les discussions, initiéespar Alessandro Profumo, le patron d’Unicredit, incluent notammentl’allemande Deutsche Bank et l’espagnole Santander. Le projet va à l’en-contre du souhait du Royaume-Uni, de la France ou des Etats-Unis, quiplaident pour la mise en place d’une taxe bancaire pour créer un fondsou alimenter les caisses de l’Etat.

L’AMF très critique sur les agences de notationDans un rapport publié vendredi 9 juillet, l’Autorité des marchés finan-ciers (AMF) critique les agences de notation financière et le rôle qu’ellesont joué pendant la crise financière. L’AMF recommande ainsi auxinvestisseurs de développer leurs propres analyses. « La priorité doitêtre la désintoxication de la notation », écrit Jean-Pierre Jouyet, prési-dent de l’AMF.

Conjoncture Ralentissement de l’immobilier en ChineLes prix de l’immobilier en Chine, recensés dans 70 villes du pays, ontenregistré une hausse de 11,4 % en juin contre 12,4 % en mai, un rythmemodéré illustrant l’impact des mesures gouvernementales pour éviterl’emballement du secteur, a indiqué, lundi 12 juillet, le Bureau nationaldes statistiques (BNS).

Les cours du jour ( 12/07/10 , 09 h 48 )

Economie

A berrant, kafkaïen, ubues-que… A Saint-Amarin (Haut-Rhin), les habitants et les

élus ne savent plus quelle épithè-te employer pour décrire l’imbro-glio dans lequel est empêtré l’undes fleurons de l’industrie textilelocale.

Il y a quelques jours, les salariésde la SAIC Velcorex, mise en liqui-dation au début du printemps, ontété placés face à un choix corné-lien : soit ils disaient non à leurréintégration dans cette société etSAIC Velcorex avait une chance deredémarrer ; soit ils disaient oui etla perspective d’une reprise s’éloi-gnait. Une douloureuse alternati-ve dictée par le droit.

Implantéedans une valléesinis-trée sur le plan économique, SAICVelcorex fit, un temps, partie duprestigieux groupe alsacien DMC.En 2008, l’entreprise est tombéedans l’escarcelle de Bernard KriefConsulting, qui l’a laissée exsan-gue au bout d’à peine deux ans. Le31 mars, la chambre commercialedu tribunal de grande instance deMulhouse l’a mise en liquidationsans poursuite d’activité, entraî-nant le licenciement du personnel.

Quelques jours avant cette déci-

sion judiciaire, le patron d’unePME alsacienne de conception deproduits textiles, Pierre Schmitt,avait manifesté son intérêt pourcette société mais sans déposerune offre en bonne et due forme. Ilest revenu à la charge plusieurssemaines plus tard, convaincu quecette affaire était « viable » et atta-ché « au savoir-faire pointu » qu’el-le avait développé sur le créneaudu velours.

Mais pour relancer SAIC Velco-rex, M. Schmitt a posé certainesconditions: negarder, dans un pre-mier temps, que 50 salariés (sur135) en retenant ceux dont le profilcorrespond à sa stratégie. Problè-me : lorsqu’un investisseur veutracheter une « entité économiqueautonome » mise en liquidationsans poursuite d’activité, il esttenu de conserver l’intégralité dupersonnel.

Cette obligation, qui ne joue pasnécessairement dans l’hypothèsed’un redressement judiciaire oud’une liquidation avec poursuited’activité, découle de la loi et de lajurisprudence, explique Me Jean-Yves Simon, l’avocat qui conseilleM. Schmitt sur le plan du droit dutravail. Le législateur a ainsi cher-

ché à éviter que des opportunistesattendent la liquidation définitived’une entreprise pour acquérir desactifs à peu de frais et pour réem-baucher une partie de la main-d’œuvre sur des critères différentsde ceux inscrits dans la loi (ancien-neté, charges familiales, etc.).

Que faire ? Réintégrer toutel’équipe de SAIC Velcorex ? Impos-

sible dans le cadre du projet élabo-ré par M. Schmitt. Jeter l’éponge ?Celui-ci ne voulait pas s’y résou-dre. Une troisième option a doncété envisagée : proposer aux sala-riés la poursuite du contrat de tra-vailetleurdemanders’ilssontd’ac-cord ou non, sachant que dans l’af-firmative, ils compromettaient larenaissance de la société.

Cette offre déconcertante ad’abordétédébattuelorsd’uneréu-nion publique, fin juin, puis a faitl’objet d’un courrier envoyé à l’en-semble des salariés. A charge poureux d’y répondre par écrit. A cejour, 84 personnes ont dit non à lapoursuite du contrat de travail demanièreàpermettrelamiseenpla-ce du projet de M. Schmitt. Vingt-quatre ont exprimé la positioninverse, de peur d’être pénalisées :elles craignaient qu’en renonçantàleurdroitàlaréintégration, lever-sementdesindemnités delicencie-ment soit remis en question et quePôle emploi considère qu’elles ontrefusé un poste.

Aujourd’hui, le président de lacommunauté de communes de lavallée de Saint-Amarin, FrançoisTacquard, se démène pour que leservice public de l’emploi garan-tisse aux réfractaires qu’ils neseront pas lésés s’ils disent non àleur réembauche. Pour l’élu localcomme pour M. Schmitt, cetteaffaire montre que certainsaspects de la loi sont de nature àdécourager des candidats à lareprise d’activité. A leurs yeux, untoilettage s’impose. p

Bertrand Bissuel

Dansle Haut-Rhin, des salariés dutextiledoivent dire«non»à leur réintégrationpour sauver leurentrepriseLe droit social oblige le repreneur à conserver les 135 employés de SAIC Velcorex

Euro 1euro : 1,2637 dollar(achat)Or Onced’or : 1208,75 dollarsPétrole Light Sweet Crude : 75,57 dollarsTauxd’intérêt France : 2,962 (à dix ans)Tauxd’intérêt Etats-Unis : 3,056 (à dix ans)

Pourrelancerlasociété,lepatrond’unePMEaposécertainesconditions:negarder,dansunpremiertemps,que50salariés(sur135)

12 0123Mardi 13 juillet 2010

Page 13: Le Monde - Mardi 13 Juillet 2010

SÉLECTION publiée sous laresponsabilité de l'émetteurDernier cours connu le 12/7 à 9hValeur Cours date

en euro valeur

Fonds communs de placementsECUREUIL BENEFICESRESPONSABLES 36,36 8/7ECUREUIL ACTIONS EUROPEENNES C 14,97 8/7ECUREUIL CAPIPREMIERE C 2898,47 8/7ECUREUIL OBLI CAPI C 61,28 8/7ECUREUIL PROFIL 90 D 31,70 8/7ECUREUIL PROFIL 75 D 36,13 8/7ECUREUIL EURIBOR 1258,16 8/7ECUREUIL EXPANSION C 18445,95 8/7ECUREUIL INVESTISSEMENT D 41,02 8/7ECUREUIL MONEPREMIERE C 2385,23 8/7ECUREUIL SECURIPREMIERE C 2601,39 8/7ECUREUIL SENSIPREMIERE C 3728,27 5/7ECUREUIL TRESORERIE C 66,89 8/7ECUREUIL OBLI EURO D 267,78 8/7ECUREUIL MONEPREM.INSTC 117381,03 8/7

Multi-promoteursCM-CIC EUROPE 22,24 8/7Fonds communs de placementsCM-CIC EURO ACTS C 18,66 8/7CM-CIC SELECT.PEA 7,08 8/7CM-CIC MID EUROPE 18,50 8/7CM-CIC TEMPERE C 166,74 8/7CM-CIC DYN.EUROPE 31,44 8/7CM-CIC FRANCE C 30,05 8/7CM-CIC EQUILIBRE C 68,68 8/7CM-CIC DYN.INTERN. 25,54 8/7CM-CIC OBLI C.T.D 136,02 9/7CM-CIC MID FRANCE 28,72 8/7

Fonds communs de placementsCM-CIC DYN.INTERN. 25,54 8/7CM-CIC OBLI C.T.D 136,02 9/7CM-CIC OBLIGATIOND 26,39 9/7CM-CIC MID FRANCE 28,72 8/7CM-CIC PLANBOURSEC 17,66 8/7CM-CIC TEMPERE C 166,74 8/7CM-CIC EURO ACTS C 18,66 8/7CM-CIC FRANCE C 30,05 8/7

SICAV ET FCP

PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercicecourant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible.

FRANCE CAC 40 3549,77 12/7 -0,13 4088,18 11/1 3287,57 25/5 11,40

ALLEMAGNE DAX Index 6070,34 12/7 0,08 6341,52 26/4 5433,02 5/2 12,20

ROYAUME UNI FTSE 100 index 5133,30 12/7 0,01 5833,73 16/4 4790,04 1/7 10,80

ETATS-UNIS Dow Jones ind. 10198,03 9/7 0,58 11258,01 26/4 9614,32 2/7 11,90

Nasdaq composite 2196,45 9/7 0,97 2535,28 26/4 2061,14 1/7 16,30

JAPON Nikkei 225 9548,11 12/7 -0,39 11408,17 5/4 9091,70 6/7 16,60

LES BOURSES DANS LE MONDE 12/7, 9h48

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER cours 2010 2010

(Publicité)

VALEURS DU CAC40

Cours en euros.◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation.Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2010. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité.

ACCOR ......................... ◗ 23,54 23,50 0,15 -10,03 30,74 22,25 1,05 T FR0000120404AIR LIQUIDE ....................... ◗ 84,80 84,34 0,55 9,12 86,86 70,59 2,25 T FR0000120073ALCATEL-LUCENT ........... ◗ 2,14 2,14 -0,19 -10,33 2,69 1,83 0,16 T FR0000130007ALSTOM ............................ ◗ 38,51 38,73 -0,57 -21,50 55,14 35,93 1,24 T FR0010220475ARCELORMITTAL ................ 23,55 23,66 -0,46 -26,82 35,45 21,33 0,16 A LU0323134006AXA .................................... ◗ 13,22 13,29 -0,49 -20,04 17,60 11,51 0,55 T FR0000120628BNP PARIBAS ACT.A ........ ◗ 49,41 50,09 -1,35 -11,60 60,38 40,81 1,50 T FR0000131104BOUYGUES ....................... ◗ 31,87 32,13 -0,81 -12,51 40,56 30,40 1,60 T FR0000120503CAP GEMINI ...................... ◗ 36,25 36,28 -0,08 13,39 40,30 30,20 0,80 T FR0000125338CARREFOUR ..................... ◗ 34,71 34,59 0,33 3,43 39,22 31,81 1,08 T FR0000120172CREDIT AGRICOLE ............ ◗ 9,09 9,26 -1,84 -26,42 13,78 7,87 0,45 T FR0000045072DANONE ............................ ◗ 45,80 45,49 0,66 6,92 46,88 39,34 1,20 T FR0000120644DEXIA ................................... 3,08 3,14 -2,10 -27,73 4,87 2,72 0,15 D BE0003796134EADS ................................... ◗ 17,07 17,01 0,38 21,23 18,55 13,29 0,17 T NL0000235190EDF ...................................... ◗ 31,15 31,00 0,48 -25,05 42,84 30,14 0,60 S FR0010242511ESSILOR INTL .................... ◗ 49,14 49,03 0,22 17,70 49,98 40,84 0,70 T FR0000121667FRANCE TELECOM ............ ◗ 14,86 14,95 -0,57 -14,74 17,92 14,01 0,80 S FR0000133308GDF SUEZ ........................... ◗ 25,07 24,96 0,42 -17,22 30,77 22,64 0,67 S FR0010208488LAFARGE ........................... ◗ 41,16 41,15 0,04 -28,79 63,00 39,45 2,00 T FR0000120537LAGARDERE ....................... ◗ 25,84 26,01 -0,63 -9,03 32,95 24,08 1,30 T FR0000130213L’OREAL ............................ ◗ 83,14 82,80 0,41 6,59 84,28 70,90 1,50 T FR0000120321LVMH MOET HEN. ............ ◗ 89,30 89,90 -0,67 13,93 96,96 74,19 1,30 S FR0000121014MICHELIN ........................... ◗ 58,88 58,87 0,02 9,89 61,67 49,81 1,00 T FR0000121261PERNOD RICARD ............... ◗ 65,03 64,83 0,31 8,55 68,64 54,89 0,61 T FR0000120693PEUGEOT ............................ ◗ 23,14 23,13 0,04 -2,22 27,49 17,92 1,50 T FR0000121501PPR ..................................... ◗ 100,90 100,85 0,05 19,78 110,90 81,00 3,30 T FR0000121485RENAULT ............................ ◗ 33,58 33,45 0,36 -7,25 40,39 26,56 3,80 T FR0000131906SAINT-GOBAIN .................. ◗ 31,59 31,55 0,13 -17,02 40,28 29,30 1,00 T FR0000125007SANOFI-AVENTIS ............. ◗ 48,03 47,54 1,04 -12,76 58,90 45,21 2,40 T FR0000120578SCHNEIDER ELECTRIC ..... ◗ 85,42 85,40 0,02 4,45 93,60 72,00 2,05 T FR0000121972SOCIETE GENERALE ......... ◗ 37,77 38,40 -1,63 -22,84 53,12 29,70 0,25 T FR0000130809STMICROELECTR. ............. ◗ 6,57 6,53 0,70 2,30 8,08 5,73 0,06 A NL0000226223SUEZ ENV. .......................... ◗ 13,70 13,70 0,04 -15,04 17,86 12,94 0,65 S FR0010613471TECHNIP ............................. ◗ 47,62 48,02 -0,84 -3,61 64,85 45,14 1,35 T FR0000131708TOTAL ................................. ◗ 38,45 38,30 0,39 -14,58 46,73 35,66 1,14 S FR0000120271UNIBAIL-RODAMCO ........ ◗ 133,45 133,05 0,30 -13,18 161,45 119,85 8,00 D FR0000124711VALLOUREC ....................... ◗ 76,65 76,75 -0,13 20,66 81,20 60,35 3,50 T FR0000120354VEOLIA ENVIRON. ............. ◗ 19,94 19,93 0,03 -13,77 26,49 18,74 1,21 T FR0000124141VINCI ................................... ◗ 35,44 35,44 -0,01 -10,22 44,98 33,01 1,10 S FR0000125486VIVENDI .............................. ◗ 17,38 17,34 0,20 -16,42 21,47 16,18 1,40 T FR0000127771

Lundi 12 juillet 9h45Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code cours préc. /préc. 31/12 haut bas net ISIN

Médias L’AMF relèvedes irrégularités dansles comptes de CarrereL’Autorité des marchés financiers(AMF), qui vient de boucler un rap-port d’enquête sur le producteurde fictions télévisées Carrere,soupçonne des infractions péna-les et a transmis son rapport à lajustice, indique La Tribune du12juillet. Selon le quotidien, unedemi-douzaine d’irrégularitésdans les comptes du producteur,placé en redressement judiciaireen janvier 2009, auraient été rele-vées. L’AMF avait ouvert uneenquête en décembre 2008 aprèsavoir été saisie par le cabinet dedéfense des actionnaires Demi-nor, qui soupçonnait le grouped’« information trompeuse ».

Banques Un établissementde la Caisse d’épargne misen examenLa Caisse d’épargne Loire-Drôme-Ardèche a été mise en examenpour publicité trompeuse, révèleLe Parisien/Aujourd’hui en France,lundi 12juillet. Mis en cause, leproduit de placement « Doubl’ô »,

qui promettait un doublement ducapital investi en six ans. Les Cais-ses d’épargne ont fait l’objet d’unrapport de la direction des frau-des sur ce produit. Lancé en 2001,«Doubl 'ô » aurait été souscrit par240 000 clients.

Energie PetroChina seraitfavorable à un rapproche-ment avec BPLe géant pétrolier chinois Petro-China accueillerait favorable-ment un rapprochement avec son

homologue britannique BP, rap-porte, lundi 12 juillet, le FinancialTimes. PetroChina ne devrait pasracheter BP mais pourrait êtreintéressé par des coentreprises.« Notre première réaction après lafuite de brut au large des Etats-Unis a été de voir comment aiderBP à régler rapidement le problè-me », a indiqué Mao Zefeng, res-ponsable des relations avec lesinvestisseurs chez PetroChina.

Publicité Publicis rachète

une agence en ChinePublicis Groupe a annoncé, lundi12juillet, le rachat de G4, une peti-te agence de publicité basée àPékin, qui compte Nestlé commeclient en Chine. Publicis va réunirau sein d’une nouvelle structure,«Publicis G4 », cette agence etl’équipe Nestlé de Publicis Beijing.Selon les prévisions de ZenithOp-timedia (mars 2010), le marché dela publicité en Chine devrait croî-tre de 11,5 % en 2010.

Télévision Le Conseild'Etat annule deuxdécisions du CSALe Conseil d’Etat a annoncé, ven-dredi 9juillet, le rejet pour« erreur de droit » des demandessoumises par NRJ 12 et BFM TV dese voir attribuer respectivementles numéros 12 et 15 dans le plande services de CanalSat. Le Conseilsupérieur de l’audiovisuel (CSA)avait décidé d’imposer à CanalSatla numérotation de ces deux chaî-nes sur la TNT. En revanche, leConseil d’Etat a enjoint CanalSatd’attribuer aux deux chaînes unenumérotation « homogène ».

Economie

Marchés

Agroalimentaire

Belvédèrenégociela cessiondugroupeMarie Brizardà CofeppLe groupe de spiritueux Belvédère a annoncé, vendredi 9 juillet, sur sonsite Internet qu’il était entré, le 1er juillet, en « négociation exclusive avecla société Cofepp », spécialiste de la fabrication de spiritueux, « en vue dela cession du groupe Marie Brizard ». Cette vente, qui pourrait être finali-sée en juillet, est une condition de sortie de la procédure de sauvegardeà laquelle Belvedère est soumis en raison d’un endettement trop impor-tant (580millions d’euros). Le prix de cession tournerait autour de180 millions d’euros. Belvédère avait payé 215 millions d’euros pourmoins de 70 % du capital de Marie Brizard. Belvédère prévoit d’autrescessions d’actifs (distributeurs, terrains…) pour financer sa dette, notam-ment en Pologne. p Yves Mamou

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Lavie desentreprises

D e mémoire récente, aucunautre gouvernement euro-péen n’a tenté ce qu’ils sont

en train de faire simultanément:réduire les dépenses publiques,combattre la fraude fiscale, trans-former l’appareil d’Etat et réfor-mer l’économie en profondeur,tout en réduisant le déficit budgé-taire massivement – une baisseéquivalant à 5% du PIB en l’espaced’un an. On est en Grèce, berceaude la crise de la dette qui frappel’Europe depuis plus de six mois.

Un rapport publié la semainedernière par les services de la Com-mission européenne confirmequ’il y a bien à Athènes un gouver-nement fort et déterminé quiprend au sérieux les problèmes dupays, et qui a commencé de mon-trer qu’il respecte ses promesses.Le pays est loin d’être sorti d’affai-re, mais à l’évidence il est gouver-né par une équipe qui dit ce qu’ellefait, et qui fait ce qu’elle dit.

Courage de dire la véritéTout n’est pas facile pour le

gouvernement de Georges Papan-dréou, le premier ministre, qui aeu le courage de dire d’abord lavérité sur la profondeur des pro-blèmes de son pays, de voir ensui-te qu’il n’y aurait pas de solutionfacile pour les surmonter. Les syn-dicats grecs appelaient ainsi lasemaine dernière à une journéede grève générale – la sixième cet-

te année – la veille du jour où leParlement votait une loi augmen-tant l’âge de la retraite, diminuantle montant des pensions et salai-res garantis, et réformant le droitdu travail pour faciliter embau-ches et licenciements.

Comme l’indique le rapport dela Commission européenne, il res-te des zones à problèmes, notam-ment l’inflation, la collecte de l’im-pôt et la réforme de l’appareil sta-tistique. Ce n’est pas surprenant,compte tenu de l’ampleur de latâche. Le moins qu’on puisse direest que d’autres gouvernementsde l’Union, que les marchéscontraignent à la responsabilitébudgétaire, ne font pas preuve dumême esprit de décision.

Même si la Grèce met en œuvrejusque dans ses derniers détailsson plan de redressement écono-mique, il lui sera peut-être diffici-le d’éviter une restructuration desa dette publique, qui devraitatteindre près de 150 % du PIB en2016. Il en coûte toujours au pays8% de plus qu’à l’Allemagne pours’endetter à dix ans, ce qui mon-tre le scepticisme persistant desmarchés. On comprend que lesdirigeants de la zone euro n’aientpas envie d’évoquer publique-ment cette perspective, comptetenu des incertitudes. Mais si larestructuration devient inévita-ble dans quelques années, l’autori-té acquise par M.Papandréou pen-dant ces années noires renforcerasérieusement sa crédibilitévis-à-vis de ses créanciers. p

Pierre Briançon

n Sur Breakingviews.comPlus de commentaires sur l’actualitééconomique et financière.

L egouvernement prépare un plan pour lut-ter contre les délocalisations des centresd’appels.Selon Le Parisien du11 juillet,Lau-

rent Wauquiez, secrétaire d’Etat à l’emploi, étu-die plusieurs pistes telles qu’une surtaxe « desappels provenant des sites implantés à l’étran-ger » et une aide financière destinée aux entre-prises qui ne recourent pas aux délocalisations.Des assises devraient avoir lieu à la rentrée.

Cette annonce intervient quelques joursaprès la suppression de 837 emplois chez Télé-performance, le leader du secteur. Les syndicatsavaient dénoncé le transfert d’activités vers laTunisie et le Maroc (Le Monde du 3juillet). Maispour Jean-Hervé Jenn, président de Téléperfor-mance France, le plan social résulte de «la baissede l’activité en France, liée à la crise, et n’a rien àvoir avec le transfert vers des pays à bas coûts».

La situation de cette entreprise reflète-t-ellecelledusecteur? «Iln’y aaucun autre plan socialdans les centres d’appel externes, qui recrutentplutôt », indique Laurent Uberti, président duSyndicat professionnel des centres de contactexternes(SP2C)etdelasociétéActicall.LasociétéB.Callvientainsid’annoncerl’ouverture,enocto-bre, d’un centre au Mans. Arvato Services (filialedu groupe allemand Bertelsmann), le numérodeux en France, qui a créé quatre sites dansl’Hexagone depuis la fin de 2008, soit1200emplois, espère en avoir unde plusàpartirde 2011. Sans compter l’ouverture, en 2009, d’uncentre à Niort chez… Téléperformance.

Malgré la crise, les créations d’emplois res-

tent significatives dans ce secteur, qui compteentre250 000et 270000 salariés (en équivalenttemps plein), dont 60 000 ou 70 000 dans lescentres d’appels externes. Selon le SP2C, 10000ont été créés en 2009, auxquels vont s’ajouter8000 autrescette année,selon l’enquêtede l’As-sociation française des centres de relation client(AFRC). La part revenant aux centres externesest floue : 70 % selon SP2C, 20 % d’après l’AFRC.Ledécompteestcomplexeenraisondeladisper-sion des sites.

Et l’offshore ? « Ces quatre ou cinq dernières

années, l’essor de l’emploi offshore a été phéno-ménal », estime Manuel Jacquinet, rédacteuren chef du site En-contact et ancien expert, en2004, auprès de Jean-Louis Borloo, alors minis-tre de l’emploi, pour réfléchir sur la profession-nalisation des centres d’appels.

Selon Bercy, l’offshore représentait en 200960000 salariés, contre 10 000 en 2004. Parmieux, 30 000 salariés travaillent à partir duMaroc, 12 000 de la Tunisie, le reste se répartis-sant entre le Sénégal et l’île Maurice. Mais pourM. Uberti, la grande vague des délocalisationsest passée. « Après une croissance des emplois

offshore autour de 80 % par an entre 2003 et2007, on constate une stabilité depuis ». Aujour-d’hui, ajoute-t-il, le taux de croissance des deuxcôtés de la Méditerranée « est identique, autourde 10 % à 15 % par an, et la répartition desemplois et du volume de travail est stable, selonun ratio de 80/20. » (80 % en France, 20 % àl’étranger).

Par ailleurs, cette fuite d’une partie desemplois n’aurait pas que des inconvénients.« Sans l’offshore, nous n’aurions pas connu ledéveloppement que nous avons eu en France carilnouspermetd’offrirtouteunepalettedepresta-tionsauxclients»,déclareJean-LouisThévenard,directeur de la coordination commerciale de ladivisioncentre d’appel chezArvato, qui emploie7000 salariés, dont les deux tiers sur ses douzesites français et les autres sur 8 sites marocains.«L’offshoreestuneréalitéquinouspermetd’équi-librer l’équation des prix », estime M. Uberti,pourActicall,quiemploie4000salariésenFran-ce et 400 au Maroc. «On n’est pas obligé de céderà la pression sur les prix. Les clients doivent êtredes partenaires», affirme-t-il.

Une vision un peu trop idyllique pour EricDadian : « La fonction achat a pris le pouvoirchez les donneurs d’ordres, les prix sont sans ces-se tirés vers le bas et les entreprises sont incitéesà faire de l’offshore. Cela ne peut pas continuerainsi. La situation actuelle va déboucher sur descrises sociales. Aux donneurs d’ordres de devenirresponsables.» p

Francine Aizicovici

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Legouvernement veutmettreenplace unesurtaxe pour«lesappels provenantdessitesimplantés àl’étranger»

LaGrèce est désormais lebonélèvedela classeeuropéenne

Aéronautique:ZodiacAerospacerejette uneoffredemariage de SafranMalgré ce refus, l’équipementier reste persuadéque des rapprochements sont inéluctables

Centresd’appels:desdélocalisationsentrompel’œil

Le point de vue des chroniqueurs de l’agence économique

ReutersBreakingviews

Zodiac Aerospace ne veut pasd’unmariageavecSafran,évo-qué depuis des années. Le

conseil de surveillance de l’équipe-mentier aéronautique, réuni ven-dredi9juillet,adéclinéàl’unanimi-té le rapprochement que lui propo-sait son puissant voisin, maisonmère du motoriste d’avion Snec-ma. Il préfèrerester indépendantetassurer par lui-même son dévelop-pement par des acquisitions.«Nous n’avons pas besoin de parte-naires » et « une fusion n’apporte-raitaucunesynergie», souligneOli-vierZarrouati, leprésidentdudirec-toire de Zodiac, dans un entretienpublié lundi par Les Echos.

La proposition de Safran necontenait aucun détail financier,l’idée étant néanmoins d’offrir desactions Safran aux actionnaires deZodiac Aerospace, sans exclure unapportenliquide.Dansuncommu-niqué, Safran « prend note » de cerefustout enrestant« convaincudel’évidence de l’intérêt industriel etdelapertinencestratégique (…)d’unrapprochement». Il estime en effetqu’un mouvement de consolida-tion est « inévitable » dans le sec-teurdeséquipementiersaéronauti-ques de premier rang.

C’est mardi 6 juillet que le prési-dent du conseil de surveillance deZodiac a reçu une lettre de troispagesdeJean-PaulHerteman,prési-dentdudirectoirede Safran.Lapro-position a certes été jugée impréci-sesurleplandumontage financier,mais «amicale » quant à la démar-che – ce qui semble exclure l’hypo-thèsed’uneOPAhostileparlasuite.M.Herteman y développe ses argu-ments : taille critique, naissance

d’un champion national, offre glo-bale, développement de l’avionélectrique…

Pour le patron de Zodiac, la taillecritique se mesure « métier parmétier» et non de façonglobale. Or,il juge que sa société est bien posi-tionnée tant dans la sécurité et lessystèmes aéronautiques que dansles aménagements de cabines. Ilmet aussi en avant l’histoire de lasociété, de tradition familiale etempreinte d’une forte cultureentrepreneuriale. Une fusionaurait été « négative d’un point devue managérial » avec un groupeque M. Zarrouati juge dominé parune culture d’entreprise nationale.L’Etat détient encore 30 % deSafran. Un rapprochement avecSafranauraitaussiété«destructeurde valeur » et les synergies propo-sées «extrêmement modestes».

Un cours en hausse de 37%Le patron de Zodiac affirme qu’il

a « la confiance de [SES]banquiers »et qu’il peut se développer « sansl’aidedepersonne»–lecoursdel’ac-tion a progressé de 37 % à Parisdepuis le 1er janvier.

Ces derniers mois, il a achetétrois sociétés, dont le câblier cana-dienCantwellCullen&Co,etiln’ex-clut pas d’autres acquisitions. Legroupe, qui a dégagé un résultatnet de 173millions d’euros en 2009pourunchiffred’affairesde 2,2mil-liards, est un fournisseur d’Airbus,de Boeing et du brésilien Embraer.Il participeàdes programmescom-me ceux de l’Airbus A380 et del’A350 ou à celui du Boeing 787Dreamliner.p

Jean-Michel Bezat

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Page 14: Le Monde - Mardi 13 Juillet 2010

RomsLaviedevantsoi

Ils ont deux points communs : ilsaiment l’école et ils sont roms. Cha-cun a son histoire. Dana, 16 ans, fol-le de romans et de mangas, va pas-ser en 1re et veut aller jusqu’au bac-calauréat – voire au-delà. Cor-

nélius, 18 ans, amateur de kung-fu, vientde décrocher un CAP de miroitier ; Suni-ta, 11 ans, commence à déchiffrer le fran-çais ; Vassile, collégien de 14 ans, pratiquela boxe thaïe et se rêve en mécanicien.Des gosses normaux, en somme ? Pres-que. Car Sunita vit dans un squat de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), surpeuplé,infesté de rats, que les pouvoirs publicsont décidé de rayer de la carte – ce quisera fait en juillet, les associations localesayant obtenu que les bulldozers n’en-trent en action qu’une fois finie l’annéescolaire.

La petite fille décrit sa vie, sans honte.Les autres – parce qu’ils sont plus âgés ? –

répugnent à évoquer les pages noires deleur existence. Les règlements de comp-tes familiaux, la violence d’un parentalcoolique, un frère jeté en prison ou unesœur qui se prostitue : dites ou suggé-rées, ces choses-là doivent rester off. Demême, aucun n’aime s’attarder sur l’ordi-naire d’une vie ballottée entre le bidonvil-le et le logement social, avec ses relentsde cauchemar : expulsions brutales,parents embarqués par la police, agres-sions nocturnes (par la mafia et ses racket-teurs ; par certains propriétaires ou voi-sins, décidés à faire « justice » eux-mêmes, un bidon d’essence à la main,etc.), sans oublier les attaques d’autressans-logis, qui veulent la place, coûte quecoûte.

De tout ce malheur, ils ont décidé desortir. L’école les aide. Est-ce à la chanceou à leur mérite qu’ils doivent cet élan devie ? Les deux, sans doute. Sur les quelquecinq mille enfants roms présents en Fran-ce, selon les estimations du Collectif pourle droit des enfants roms à l’éducation,une infime minorité est scolarisée. Cor-nélius, Sunita, Vassile et Dana sont doncdes exceptions. Ils disent à leur manièrele bonheur d’apprendre, de se projeterdans le futur. Bonheur précaire, ils le devi-nent. Ils aspirent à « une vie comme toutle monde ».

A Aubervilliers (Seine-Saint-Denis),avec Cornélius. Une douzaine de famillesroms, dont celle de l’apprenti miroitier,habitent ici, dans le « village d’insertion »de la rue Saint-Denis, créé en 2007. Cha-que foyer a son bungalow. Ce n’est pas lePérou, mais il y a l’eau courante et l’élec-tricité. La machine à laver est alluméenon stop, comme la télévision, branchéesur une chaîne roumaine.

A l’instar de ses cinq frères et sœurs,Cornélius, aîné de la fratrie, a toujours étéà l’école : en Roumanie, d’abord, que lafamille a quittée en 2006 ; puis en ban-lieue parisienne. « Au départ, l’école, jem’en foutais. J’étais un petit voyou. Unefois en France, je ne sais pas pourquoi, j’aivu les choses différemment. Je me suis dit :c’est ma vie ou quoi ? Je ne vais pas ladétruire. Alors, je m’y suis mis », raconte lejeune homme, ceinture jaune de kung-fuet danseur émérite.

Il se rappelle, fiérot, le jour où il a eu 10sur 10 à un devoir – « La meilleure note, enplus, à un devoir de français ! ». Sans samère, Mirela, ancienne ouvrière à l’épo-que de Ceausescu, il n’y serait pas arrivé.

Elle-même a été à l’école jusqu’à la fin del’adolescence. « C’est elle qui m’a poussé »,plaisante-t-il. Le père travaille dans lebâtiment.

Quand il entre au collège, Cornélius neparle pas un mot de français. C’était il y atrois ans. « Miroitier, c’est un bon métier,mais je vais continuer jusqu’au brevet pro-fessionnel. Ensuite, j’essaierai de passerles examens de la RATP », assure-t-il. Enplus du CAP, il vient d’obtenir la carte deséjour de dix ans ! Cornélius rayonne. Ilvoit loin. Il rêve d’offrir une maison à samère, puis d’en avoir une à lui. S’il semarie, ce sera « plus tard », insiste-t-il, etnon pas à 16 ou 18 ans, comme la plupartdes garçons roms.

Grâce à l’association Parada, Cornéliuset sa sœur Crizantema ont participé à desspectacles de danse. Cornélius s’est payéun téléphone mobile. Des livres, il n’en apas. Sauf le volumineux Kung-fu, 3 000ans d’histoire des arts martiauxchinois, de Roland Habersetzer. Un pro-verbe figure en exergue de l’ouvrage : « Ilfaut gravir la montagne pour pouvoirjuger de la hauteur du ciel… »

A Montreuil (Seine-Saint-Denis), avecDana. Elle est vive comme un écureuil,adore Johnny Depp, les croissants aubeurre et la librairie Folies d’encre. A sademande, on ne dira pas où elle loge. Detoute façon, l’endroit qu’elle préfère,jure-t-elle, c’est la bibliothèque municipa-le Robert-Desnos. La lecture lui a appris à« s’évader », à voyager par la pensée : née àColombes (Hauts-de-Seine), devenuelycéenne à Montreuil, Dana n’a jamaisconnu d’autre pays que la France, hormisune courte parenthèse en Belgique.

La Roumanie, où sont nés ses parentset son frère aîné, elle n’y a jamais mis lespieds. Dana rêve d’être bibliothécaire ouactrice. En France, évidemment.

«Mon premier livre, c’était Sakura», dit-elle, étonnée qu’on puisse ignorer le nomde l’auteur de ce manga, un certainClamp, « connu dans le monde entier ».Elle aime aussi Twilight, roman de Stephe-nie Meyer, adapté à l’écran : « Une histoired’amour entre un humain et une vampire

– pas si loin de Dracula et de la Rouma-nie ! », s’amuse-t-elle. Elle parle de BorisVian et de George Orwell comme si c’étaitde vieux classiques.

Malgré des changements fréquents dedomicile (et donc d’école), la jeune fille afait sa scolarité sans anicroche à Mon-treuil. De Ceausescu, elle ne sait pasgrand-chose : « Un type qui a créé une sor-te de dictature, non ? » Mais elle parle cou-ramment le romani, la langue des Tziga-nes.

En discutant avec ses copines d’écoled’ascendance algérienne, Dana a décou-vert que certaines « traditions », présu-mées communautaires, comme l’obliga-tion faite aux filles d’arriver vierges aumariage, n’étaient pas propres aux Roms.Elle se garde de conclure. A l’ordinaire,elle s’habille comme les filles de son âge :un jean – un « slim », corrige-t-elle –, untee-shirt et un gilet noirs. Quand elle vavoir les Roms, seule ou avec sa mère,laquelle entretient les contacts avec lacommunauté de Montreuil, elle met unejupe, « par respect pour les anciens », dit-elle, sérieuse. « Une partie de ma vie estfrançaise, l’autre est rom. Les deux vontbien ensemble », assure-t-elle.

Sa sœur aînée, qui termine sa classe de1re au lycée, a moins de chance. Elle est néeen Allemagne et son certificat de naissan-ce comporte une erreur – minime, enapparence : le prénom de sa mère, Zorin-ca, a été écrit avec un « K » par les fonction-naires allemands, et non avec le « C » quifigure sur sa carte d’identité roumaine.Du coup, Bucarest refuse d’établir à la pro-géniture, dont la filiation est jugée sus-pecte, passeport ou carte d’identité…

Aujourd’hui âgée de 18 ans, la sœur deDana, qui vit en France depuis l’âge d’unan, aimerait – désespérément – faire desétudes d’infirmière. Mais elle demeure,juridiquement, une « sans-papiers ».C’est par dérogation spéciale qu’elle a pupasser, vendredi 25 juin, l’épreuve oraledu baccalauréat. « L’examen me faitmoins peur que le fait de rester sanspapiers », dit la jeune fille, qui demande àrester anonyme.

V itry-sur-Seine, avec Sunita et Vassi-le. La petite est arrivée tôt, elle faitdu vélo dans la courette. C’est

dimanche. Queue-de-cheval, basketsroses, sourire éclatant : il n’y a guère queson gilet, déchiré au coude, qui trahit lamisère dans laquelle elle vit. L’endroit du

rendez-vous, Sunita le connaît par cœur.La maison de Dominique Adam, ensei-

gnante à la retraite et militante du réseauRomeurope, est un peu son second foyer.Deux fois par semaine, le lundi et le ven-dredi, Sunita vient ici, avant l’école, avecses frères et sa petite sœur, le tempsd’une douche et d’un chocolat chaud.« Ensuite, je les emmène en voiture.D’autres militants font de même le jeudi.Le mardi, ils vont tout seuls, ça leur prendune petite demi-heure à pied », expliquel’ancienne prof de français- latin-grec.« Ils n’ont jamais eu une seule journéed’absence », souligne-t-elle. Sunita estofficiellement domiciliée chez Domini-que Adam. Sans cela, il lui aurait été diffi-cile, voire impossible, d’être inscrite àl’école.

Sunita suit à la fois les cours du CM2 etceux de la classe spéciale, réservée auxenfants étrangers pour les initier au fran-çais. Elle est arrivée en janvier – nesachant, pas plus que les autres, s’expri-mer dans la langue de Voltaire. Elleapprend à pas de géant. « Je voudraiscontinuer l’école, pour faire du calcul.J’aime bien les chiffres, dit-elle. Ma mèrevoudrait que je sois docteur, mais ça neme plaît pas. J’aimerais être vendeusedans un supermarché. A la caisse », s’en-hardit-elle.

Ses copines de classe s’appellent« Nathalie, Linette, Anaïs et Loli ». Sunitane se mélange pas aux garçons. « Il y en aqui me disent des gros mots. Par exemple,que je suis une Gitane. Alors je vais le direà la maîtresse », lâche-t-elle en rougis-sant. « Moi aussi, quand j’étais petit, àl’école primaire, certains élèves medisaient ça. Après tout, c’est vrai : je suisrom. J’assume. Mais maintenant, cela n’ar-rive plus », commente Vassile, mince ado-lescent aux yeux verts, inscrit en classede 5e au collège Danielle-Casanova. Sescopains à lui s’appellent « Dylan, Wali,Nourredine et Adam ». Il rêve d’être méca-nicien, dans un garage automobile.

Sa famille a eu plus de chance que cel-le de Sunita : elle a été relogée, après l’ex-pulsion d’un campement, dans unimmeuble en bord de Seine. Vassile et sestrois frères et sœurs vont à l’école. « Jesuis fier de mes enfants », lâche le père,ouvrier dans le bâtiment. Lui-même n’aété que quatre ans à l’école. C’était enRoumanie, dans un autre siècle. Justeavant de prendre la route et de « gravir lamontagne »… p

Sur lesquelque cinqmilleenfantsroms présentsenFrance, une infimeminoritéestscolarisée

DécryptagesEnquête

Cornélius (à gauche)et des enfantsphotographiés par IsabelleSimon dans le cadred’un travail sur les Romsde Seine-Saint-Denis.ISABELLE SIMON/SIPA POUR « LE MONDE »

Catherine Simon

Venus de Roumanie,Sunita, Cornélius,Dana et Vassilesont scolarisésen Franceet caressentles mêmes rêvesd’avenir queles jeunes de leurâge. Des parcoursà rebours de l’imagede la communauté

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Page 15: Le Monde - Mardi 13 Juillet 2010

L es Français chanceux qui partent cesjours-ci en vacances à l’étranger risquentde s’exposer aux sarcasmes de leurs

hôtes. Des journaux du monde entier ont faitle parallèle entre une équipe de France en grè-ve d’entraînement lors de la Coupe du mondeet une France « pays de la grève », titred’ailleurs revendiqué par le président de laRépublique à son arrivée à l’Elysée.

Alors voici quelques éléments de réponsepour agrémenter vos conversations estivales.Si on fait abstraction de quelques problèmesméthodologiques, Eurostat, l’Office européende statistiques, publie le nombre de jours detravail perdus suite à des conflits collectifs. Lepremier constat est la très grande volatilité decette statistique d’une année sur l’autre dansla plupart des pays. Comme en France, les gran-des réformes sociales régressives sont souventsources de conflits nationaux majeurs. Pourfaire une comparaison, il faut donc se placersur une décennie.

Prenons ainsi, la décennie la plus récentepour laquelle les données sont disponibles :1998-2007 (2008 pour certains pays). Un pre-mier regard donne corps à l’idée que la « grévi-culture» domine en France. Le nombre de joursperdus pour 1 000 travailleurs varie de 32 en2004 à 193 en 2003 lors de la réforme Fillon surlesretraites. C’estbienplus qu’en Grande-Breta-gne – de 6 à 51 selon les années. La comparaisonest encore plus douloureuse avec l’Allemagne,où le nombre annuel de jours d’arrêt n’a pasdépassé 13 pour 1 000 travailleurs de 1998 à2007, alors que le pays a connu sous Gerhard

Schröderdesrefontes socialesmajeures, notam-ment des contrats de travail.

Comme les touristes français vont plusdans l’Europe du Sud que dans les pays anglo-saxons l’été, descendons vers la Méditerranée.Cette fois, l’année la plus calme a été 2006 enItalie et en Espagne avec respectivement 30 et47 jours perdus, et la plus mobilisée en 2004,avec 274 et 297 jours perdus, soit bien au-delàdu pic français de 2003. Bref, nous n’avons pasde leçons – sauf footballistiques – à recevoir denos grands voisins du Sud.

La fracture serait alors entre l’Europe médi-terranéenne revendicative et une sage Europedu Nord ? Non. Remontons tout au nord dansles pays scandinaves. Vu de France, ils formentle mythe de nations modérées où les syndicatssont puissants mais responsables, où des rela-tionssociales apaisées favorisent la performan-ce économique. Or, en Finlande, le nombre dejours d’arrêt annuel pour 1 000 varie entre 7 en2008 et 280 en 2005 ; la Suède et la Norvègesont plus sages avec cependant des pics à 152 en2003 pour l’une et 231 en 2000 pour l’autre.

Mais le pire « gréviculteur » d’Europe est…le Danemark. Ce pays connaît périodique-

ment des mouvements sociaux exception-nels. En 1998, des grèves massives dans le sec-teur privé lors du renouvellement desconventions collectives ont généré 1 254 joursd’arrêt pour 1 000 travailleurs.

En une année autant de jours perdus qu’endix ans en France ! Très récemment, en 2008,rebelote, cette fois dans le secteur publicmunicipal et régional avec en pointe les infir-mières et les éducateurs. Résultat, 682 joursperdus en moyenne pour 1 000 travailleursdanois.

In fine, la France est, comme pour beau-coup de variables économiques, dans lamoyenne européenne. Elle n’est pas cham-pionne du monde de la grève, seulement duridicule en football. Alors pourquoi une telle

vision d’une France (et plus généralementd’une Europe du Sud) en grève ? Une explica-tion possible est la remarquable attractivitéde l’Hexagone. Il est une des premières desti-nations touristiques mondiales.

Sans compter les transits, en une décennie,la France a reçu autour de 750 millions de visi-teurs étrangers. Autant d’admirateurs de laculture et de l’accueil français dans toutes leursdimensions. Enfin une bonne nouvelle ! p

C omme certainestrès vieillesdames, sa date

de naissance prête àcontroverse. Elle affir-mait avoir vu le jour en1831, par la volontéd’un typographesavoyard, FrançoisBuloz, qui allait la diri-ger pendant longtemps.Coquetterie. En réalité,elle a deux ans de plus.C’est en juillet 1829, sousCharles X, que la Revuedes Deux Mondes estparue pour la premièrefois, s’inspirant de publi-cationsbritanniques com-me l’Edinburgh Review.Son nom n’a pas été choisiau hasard, et elle entendrale mériter. Ce « journal desvoyages, de l’administra-tion et des mœurs » ne cher-chera pas seulement àexplorer des terres lointaines,mais à observer comment viventet s’organisent d’autres peuples.

Le bimensuel bénéficie des loissur la liberté de la presse au débutdesannées 1830.Quotidiens etheb-domadaires prennent leur envol,ne se confondant plus avec lesrevues, qui vont pouvoir affirmerleuroriginalité.Trèsvite, lapublica-tion de François Buloz devient unrendez-vous littéraire et un espaceexpérimental pour les écrivains.George Sand y publie ses œuvres.Musset lui confie Les Caprices deMarianne (1833), Mérimée Carmen(1845) et Baudelaire Les Fleurs dumal (1855).

La revue combat un certainromantismeetla«littératureindus-trielle» dénoncée par Sainte-Beuve,quiest l’une de ses grandes plumes.Plus tard, elle s’en prendra avecvéhémence à Zola et au naturalis-me. Cela lui vaudra quelques pas-ses d’armes mémorables (avecAlexandre Dumas, par exemple) etdesprocèsretentissants(contreBal-zac, en 1835-36, et même GeorgeSand, en 1840-41).

La Revue des Deux Mondes necraint pas de lasser ses lecteurs pardelongsarticles.Sacouverturegris-rose illustre un ennui de bon aloi.Relecteur exigeant, François Bulozne laisse rien passer, et imposemême des formes de style. Dansleur Journal, les Goncourt dénon-cent « une ponctuation Revue desDeux Mondes»… Le Savoyard ajou-te une corde à son arc en prenant,de 1838 à 1848, la direction du Théâ-tre-Français.

La Revue des Deux Mondesdevient parallèlement une puis-sance politique. Thiers, Guizot ouMolé doivent compter avec elle.Dans les années 1850, elle prendune part active au débat politiqueavec sa célèbre « Chronique de laquinzaine».

Ce texte, qui énerve souventNapoléon III et fait trembler deschancellerieseuropéennes,estrédi-gé dans un contexte assez folklori-que,commeleracontedanssessou-venirs Henri Blaze de Bury (témoi-gnage reproduit dans La Revue desDeux Mondes par elle-même, édi-tion établie et annotée par ThomasLoué, Mercure de France, 2009).« Le 31 du mois et le 14, veilles dunuméro, Forcade arrivait rue Saint-Benoît,lematinaucoupdehuitheu-res,apportantdanslecaissondesoncoupé deux bouteilles de haut-brion,unflacondefine champagne,des œufs de sa basse-cour frais pon-dus, des fruits de son jardin et descigares. C’était le complément dudéjeuner, la Revue fournissait leshuîtres et le filet de bœuf rôti. Onl’installait alors dans le cabinet de

Bulozet,pendantquelerepassepré-parait, il parcourait les journauxétrangers, soigneusement rangéspar ordre sur le bureau…»

Charles Buloz succède à son pèreenjanvier1877.Ilhérited’uneentre-prise florissante qui a vu ses abon-nés passer de 2000 en 1843 à 12500en 1861, pour dépasser désormaisles 25 000. L’épouse du directeurreçoit à dîner le mardi à Paris et ledimanche dans sa propriété d’Epi-nay. Hommes politiques, écrivainset artistes y débattent, entre autres,des romans russes qu’un collabora-teur de la revue, Eugène MelchiordeVogüé,anciendiplomateenpos-teàSaint-Pétersbourg,afaitconnaî-tre aux Français.

Un scandale éclate au cours del’été 1893. On découvre que CharlesBuloz, qui fréquentait des prosti-tuées, a été victime d’un chantageet a trafiqué les comptes. Il démis-sionne et Ferdinand Brunetière luisuccède. Pour la première fois, lapublication est dirigée par un intel-lectuel, étranger au cercle familial.Brillant causeur, polémiste redou-té, cet « Hercule cérébral » s’estconverti au catholicisme. La tradi-tion voltairienne de la revue s’entrouve bousculée.

Ses successeurs, Francis Char-mes et René Doumic, appartien-nent, l’un et l’autre, à l’Académiefrançaise. En 1936, trois Immortelssur quatre collaborent à la revue,qui apparaît comme l’antichambredu Quai Conti, même si, sur le planlittéraire, elle a été détrônée par laNRF. Son tirage (50000 exemplai-res) et le nombre de ses abonnés(42000) battent tous les records àla veille de la seconde guerre mon-diale, où elle est vendue dans plusde 90 pays.

Le conservatisme de la Revue desDeux Mondes la fait basculer danslepétainisme.Ellecontinue àparaî-tresousl’Occupation,cequiluivau-dra d’être interdite en 1944. Elle nereparaîtra que quatre ans plus tard,en rasant les murs (c’est La Revuetoutcourt), et ne reprendra sonvrainom qu’en 1982, en plein essor desmagazines.

Un nouveau souffle lui est don-né en mars 2002, quand MarcLadreit de Lacharrière, directeur dela publication, confie la rédactionen chef à Michel Crépu, un brillantjournaliste littéraire. Celui-ci faitappel à de grandes signatures etsigne lui-même une chroniqueremarquée. Avec une couvertureen couleur, la Revue des Deux Mon-desnecompteplusque3000abon-nés et un petit millier d’acheteursau numéro, mais elle dispose d’unsite Internet. A l’occasion de son180e anniversaire, en 2009, elle amisenligne latotalitéde sonfonds.Un formidable trésor.p

Robert Solé

Q uand le président d’Indonésie demandaen 2005 à l’économiste Sri Mulyani,alors employée au Fonds monétaireinternational, de devenir sa ministre des

finances, le mari de cette dernière était ban-quier.Avant d’accepter, Mme Mulyanieut, a-t-elleraconté, une conversation avec son mari : «Il y aunechose quis’appelle leconflitd’intérêts, luidit-elle, et même si on n’en a, en Indonésie, qu’unetrès vague idée, je veux être au-dessus de toutsoupçon.» Le mari abandonna l’ensemble de sescharges financières pour se consacrer à l’entre-preneuriat social, et Mme Mulyani fut pendantcinq ans une ministre au-dessus de tout soup-çon,très active dans la luttecontre la corruption.

Si des ministres indonésiens sont capablesd’avoir ce genre de scrupules, pourquoi pas lesnôtres? La déflagration de l’affaire Woerth-Bet-tencourt trouve d’abord son origine dans cetteincapacité de la classe politique à s’autoréguler :si Eric Woerth avait eu, avant d’accepter son pos-te de ministre du budget, une conversation avecle président de la République sur l’opportunitéde rester trésorier de l’UMP, puis, un peu plustard, une conversation avec sa femme sur l’op-portunité pour elle de gérer la fortune des Bet-tencourt, nous n’en serions vraisemblablementpas là. Et si les ministres avaient le souci, avantd’entrer au gouvernement, d’être «au-dessus detout soupçon », le chef de file des députés UMP,Jean-François Copé, ne dénoncerait pas, dans lescolonnes du Monde, un climat de « suspiciongénéralisée».

Mais l’explosion s’est produite, et la réactionnaturelledu pouvoir aété d’accuser le messager.Mediapart,site Internetfondépar l’ancien direc-teur de la rédaction du Monde Edwy Plenel, a étédésigné comme coupable officiel et ses métho-des qualifiées de « fascistes » – sans que l’onsache sur quoi se fonde cette accusation outran-cière – parce qu’il avait, le premier, publié lesécoutes illégales réalisées par le majordome deMme Bettencourt.

Les multiples dérapages de l’affaire Woerthsont le reflet des rapports extrêmement mal-sains qu’entretiennent en France les médiasavec le pouvoir. Traditionnellement difficilessous la Ve République, les relations entre lesmédiaset le pouvoir sont devenues particulière-ment compliquées sous la présidence Sarkozy.Lechefde l’Etat nefait pasmystère de son peudeconsidération pour cette catégorie d’acteurs dela vie publique et, au-delà de l’audiovisuelpublic, dont il nomme les patrons, ne rechignepas à tenter des interventions dans le fonction-nement des médias privés.

Déjà lorsqu’il était ministre de l’intérieur,NicolasSarkozyconvoquait lepatrond’unemai-son d’édition, les éditions First, Place Beauvau,pour le menacer de « foudres judiciaires » s’ilpubliait un livre d’interviews de son épouse, àl’époque Cécilia Sarkozy. A l’Elysée, il a annoncé

lui-même, dans son bureau, au directeur de larédaction des Echos médusé la nomination desonfuturpatron,lorsdurachatduquotidienéco-nomique par Bernard Arnault, PDG du groupeLVMH, fin 2007. Dans un dossier plus récent,celui de la recapitalisation du Monde, il a expri-mé au directeur du journal, invité dans sonbureau, son opposition à l’un des candidats, etdéclaré qu’il lui serait difficile de justifier uneaide de l’Etat à la modernisation de l’imprimeriesi le choix du Monde n’allait pas vers un indus-triel de la presse.

Pourl’intellectuellibéralJean-ClaudeCasano-va, ancien conseiller de Raymond Barre, « lasituation des médias français et leur degré dedépendance à l’égard du pouvoir font problè-me», qu’il s’agisse des médias publics ou privés,«détenus par des groupes dépendant de la com-mande publique ». Peut-être n’est-il pas inutilede le rappeler: le groupe aéronautique et fabri-cant d’armement Dassault est propriétaire du

Figaro, le groupe Lagardère (qui détient 17 % desactions du groupe Le Monde), présent dans l’aé-ronautique militaire et l’armement, contrôlenotamment Le Journal du dimanche, Paris-Match, la radio Europe 1 et les éditions Hachette,le groupe de travaux publics Bouygues possèdeTF1. Le groupe Bolloré, qui, outre ses activitésdans le secteur portuaire, comprend des jour-naux gratuits, Havas, la SFP (Société française deproduction) et la télévision Direct8, est dirigépar Vincent Bolloré, un proche du président dela République, comme Martin Bouygues et Ber-nard Arnault. Et l’Agence France-Presse, en dépitdes efforts méritoires de ses journalistes pourmaintenir leur indépendance éditoriale, reste àlamercid’unmodedefonctionnementquiauto-rise toutes sortes d’interventions directes.

C’estdanscecontextetenduqu’intervientl’af-faire Woerth-Bettencourt. Fallait-il publier cesécoutes, sachant qu’elles relèvent par essenced’un procédé moralement et légalement répré-hensible? L’interrogation est légitime, même si

les informations qu’elles recèlent peuvent justi-fier qu’elles soient portées à la connaissance dupublic, comme l’a d’ailleurs estimé la justice, endéboutant ceux qui demandaient l’interdictionde leur publication. Mediapart et Le Pointétaient donc fondés à rendre public le contenudes écoutes. Si Le Monde avait disposé de cesenregistrements, nous aurions utilisé les infor-mations qu’ils révélaient, après avoir fait notretravaild’authentificationetd’enquêtejournalis-tique et politique. Comme d’autres rédactions,Le Monde a été amené, ces dernières années, àdébattre des mérites du « journalisme d’investi-gation» et de ses dérives vers un « journalismede procès-verbaux», où le journaliste réception-ne des extraits d’interrogatoires judiciaires oupoliciers sans être en contact direct avec la per-sonne interrogée et sans avoir accès à l’ensem-ble du dossier. Pour nous, ces procès-verbauxpeuvent être un élément de l’enquête journalis-tique, mais ne sauraient s’y substituer.

Mais enquêter exige du temps. Ce qui amèneune autre question, soulevée par l’affaireWoerth-Bettencourt: qui a décidé du momentde la publication des écoutes ? Ce ne sont pas lesmédias, mais l’avocat Olivier Metzner. Lorsqu’ilpropose ce « document explosif » aux médiasdeux semaines avant l’ouverture du procès Bet-tencourt, il a la maîtrise du calendrier et du mes-sage. Il sait, lui, quel est le moment qui convientle mieux à son propre calendrier d’avocat deFrançoise Meyers-Bettencourt. Il sait que lesmédiasn’aurontpasletempsdefaireunvraitra-vail d’enquête. Me Metzner ne s’en cached’ailleurs même pas: «Je planifie tout à l’avance,a-t-il confié au Nouvel Observateur. Quand jecommunique, les instructions sont respectées :une agence fait un communiqué au jour dit, unjournal publie l’info à un autre moment convenud’avance, pareil pour les radios ou les télés. »

Communiquer, dans ce sens-là, n’est pasinformer, et les Français le savent. Si la presse,malgré les virulentes attaques dont elle fait l’ob-jet de la part du pouvoir, ne sort pas gagnante decette affaire, ce sera parce que, pour ne pas résis-ter à la « communication » des acteurs de la viepublique, pour ne pas leur disputer la maîtrisedu calendrier de leurs annonces, elle se laissetrop souvent instrumentaliser et perd son rôlede contre-pouvoir.

Les élites françaises, pourtant, sont ambiva-lentessurlerôledesmédias :ellesvoudraientuncontre-pouvoir, mais sans intrusion, sans inter-férences, dans le respect des règles du jeu qu’el-les ont elles-mêmes fixées. Contrairement auxpaysanglo-saxons,enFrance, unorgane depres-se qui révèle un scandale ne fait pas son travail :il dérange, il perturbe, il salit. Alors, lorsque leschoses tournent mal, on accuse le messager. Enoubliant que, dans un Etat de droit, l’informa-tion ne doit pas être un combat: elle est, précisé-ment, un droit. p

Chronique

Philippe AskenazyDirecteur de recherche au CNRS,Ecole d'économie de Paris

Analyse

Sylvie KauffmannDirectrice de la rédaction

Revue des deux mondesRédacteur en chef :Michel Crépu192 p., 13 ¤revuedesdeuxmondes.com

Les champions dela grève

Unejeune pousse,néesous CharlesX

Politique,médias:lesmauxfrançaisetl’affaireWoerth-Bettencourt

Nousn’avons pasde leçons–sauf footballistiques–àrecevoirde nosgrandsvoisinsduSud

Lapublication devientunrendez-vouslittéraireet un espaceexpérimental

Traditionnellement difficilessousla Ve République,lesrelationsentreles médiasetlepouvoir sontdevenuesparticulièrementcompliquéessousla présidenceSarkozy

AnalysesDécryptages

La saga des revues

150123Mardi 13 juillet 2010

Page 16: Le Monde - Mardi 13 Juillet 2010

AvignonEnvoyée spéciale

U ne sacrée fille est arrivée àAvignon : Angélica Liddell.Espagnole, en colère, venue

une seule fois en France, à Bor-deaux, en 2008, elle présente aucloîtredesCarmesLaCasadelafue-rza (« La Maison de la force »). Soitcinq heures – le marathon du festi-val où les représentations sont plu-tôt courtes, cette année – tra-vaillées jusqu’à l’exaspération parune envie furieuse de comprendrepourquoi tout va si mal, et le désirde trouver quand même un peu dedouceur dans ce « putain de bor-del» de la vie et du monde.

Toutpart etparled’AngélicaLid-dell, dans ce spectacle à voir com-me le journal de bord d’une fille demilitaireenrupturedeban,quisou-rit beaucoup, à la ville, mais ditqu’il faut se méfier : « Quand jereferme la porte de ma chambre oudu théâtre, le monstre apparaît.»

Enfant, elle écrivait des histoireshorribles, des sortes de mélos oùtout le monde mourait, à la fin.C’étaitunefaçondemeublersasoli-tude de fille unique, dans les caser-nes où la carrière de son père l’amenée. Jusqu’à 7 ans, elle a vécu àFigueres (Catalogne), la ville nataledeSalvadorDali,qu’elleavuse pro-mener sur les ramblas, avec sonpetit éléphant.

Mais elle aime surtout rappelerqu’elle a été baptisée (en 1966) sur

les mêmes fonts baptismaux quelui : « Il a bien dû se passer quelquechose. Dali se scarifiait. Moi aussi jeme suis scarifiée pour séduire unhomme », dit-elle, prenant soin depréciserque « se scarifier n’a rien depathologique. C’est un mélange devécu personnel et de choix esthéti-que.»

Questionchoix,AngélicaLiddellcommence par combattre sonpère, qui la voit militaire. Elle entreau Conservatoire de Madrid. « Jefonctionne toujours contre. J’ai unmoteur de rébellion contre l’autori-

té. » Au conservatoire, elle râlecontre les professeurs, en vertud’un principe : « La satisfaction neproduit rien,sauf dans la vie de tousles jours. » Laquelle est plutôt vio-lente,dansles années1980 :Angéli-ca Liddell appartient à la généra-tion qui vit la Movida, ce mouve-ment de liberté folle en Espagne.

Mais elle reste spectatrice.«J’avais 18 ans, mais c’est comme sij’en avais eu 15. J’étais une gamine,dans ma tête. Je n’ai pas touché auxdrogues, j’avais trop peur. Je voyais

trop mourir autour de moi, à causede l’héroïne ou du sida, des gens sijeunes, si beaux.»

Pendant ces années-là, AngélicaLiddell vient une fois à Avignon,«parce que c’est un mythe, commela Vierge de Lourdes ». Elle évite le« in », « trop cher », mais fabriqueune fausse carte de presse qui luipermet d’écumer le « off ». Biensûr, elle a déjà ses idées sur le théâ-tre qu’elle veut faire : à la marge.

Depuis, elle a signé plus d’unevingtaine de pièces, et autant despectacles, au sein de sa compa-gnie, Atra Bilis, créée en 1993 etbasée à Madrid. Il a fallu du tempspour qu’elle s’impose : pendant sixans, elle a travaillé dans un parcd’attraction pour gagner de l’ar-gent. Mais sa ligne n’a jamais chan-gé : aujourd’hui encore, AngélicaLiddell revendique l’isolement etl’individualisme, et dit d’ailleursnepas savoir ce qui se joue au Festi-val, en dehors de son spectacle.

Ceux qui resteront jusqu’auboutdeLa Casade lafuerza verrontl’homme le plus fort d’Espagne,quatrième, au rang mondial. Uncolosse (1,93 mètre, 170 kilos) quisoulèveuneFordFiestaetlarenver-se. C’est l’une des surprises de cespectacle révélateur de cette édi-tion d’Avignon, où la performanceprend le pas sur le théâtre, et où lecorps guide la tête.

Dans le cas d’Angélica Liddell, lecorpssertd’exutoireàl’impossibili-té d’aimer qui traverse le début de

lareprésentation:toutlefatrasnar-cissique y passe, avec le chemin decroix de la violence faite à soi-même. Mentalement, il vautmieux s’encorder, quand on estspectateur. Pourtant, quelque cho-se retient de partir, qui ressort duchagrin, ce beau mot français qued’autres langues n’ont pas, et nousenvient.

Cinq heures ne se résument pas.Sachez qu’elles sont habitées à lafois par Les Trois Sœurs, deTchekhov, l’omniprésence deGlenn Gould et du Cum Dederit duNisi Dominus, de Vivaldi, chanté

par un violoncelliste en scène,mais aussi par les airs chauds desmariachis(l’OrchestreSolis),venusdu Mexique, comme ces trois fem-mes de l’Etat du Chihuahua quiracontent la violence quotidienne,viols, tortures et meurtres.

AlorsLaMaisonde laforces’élar-git, le cercle narcissique se fait toutpetit dans celui du monde, et, à latoute fin, un espoir de douceurapparaît : à tout casser, AngélicaLiddell en vient à mettre un peud’ordre dans le chaos. On respire, ettoute la troupe danse aux salutssur une musique techno. La dou-

ceur du balancement du corps ducolosse, Juan Carlos Heredia, estalors impressionnante. p

Brigitte Salino

La Casa de la fuerza (« La Maison de laforce »), texte et mise en scène : Angéli-ca Liddell. Avec Cynthia Aguirre, PerlaBonilla, Getsemani de San Marcos, LolaJiménez, Angélica Liddell, Maria Mora-les, Maria Sanchez, Pau de Nut (violon-celle), Orchestre Solis (mariachis), JuanCarlos Heredia. Cloître des Carmes, Le12 juillet, à 21 h 30. Tél : 04-90-14-14-14.De 13 ¤ à 27 ¤. Durée : 5 heures.En espagnol surtitré.

Lecorpssertd’exutoireàl’impossibilitéd’aimerqui traverseledébutdela représentation

Tout part et parle d’Angélica Liddell, dans ce spectacle à voir comme le journal de bordd’une fille de militaire en rupture de ban. OLIVIER METZGER POUR « LE MONDE ».

AvignonEnvoyée spéciale

Ç a grogne et ça grince à Avi-gnon. La programmation très« non-théâtre » des direc-

teurs, Hortense Archambault etVincent Baudriller, passe mal. Et,manque de chance, les spectaclesd’ouverture de ces deux maîtresque sont Christoph Marthaler etGuy Cassiers ont déçu. Dans ce cli-mat potentiellement polémique,les créations de deux jeunes artis-tes « hybrides », Gisèle Vienne etJean Lambert-wild, présentéeselles aussi en début de Festival, ontété reçues froidement par lepublic. La première est, selonnous, hautement recommanda-ble. La seconde a laissé rêveur.

Honneur donc à Gisèle Vienne,benjamine, à 34 ans, de cette pro-grammation du « in » avignon-nais, où elle présente This Is HowYou Will Disappear. La jeune fem-me, qui s’est fait connaître pour lesrituels de désir et de mort qu’ellemet en scène avec une beauté plas-tiquesoufflante, proposeune nou-velle variation sur un même thè-me. Mais cette artiste passionnéepar les questions esthétiques, à lafois philosophe, musicienne, plas-ticienne et marionnettiste, n’étaitjamais allée aussi loin dans la maî-trise de son univers scénique.

How You Will… s’ouvre sur uneforêt de conte et de cauchemars,une des plus belles que l’on aitjamais vues sur une scène. Forêtobscure aux arbres morts, dont lesbranches graciles semblent, tellesdes toiles d’araignée, devoir piégerles figures qui la traversent. Voilàd’abord une jeune athlète blonde àla beauté parfaite (incarnée par ladanseuse Margrét Sara Gudjons-dottir), en compagnie de sonentraîneur (Jonathan Schatz), qui

entretient avec elle des rapportstroubles, possédé par le désir desouiller, détruire cette perfectionqu’il travaille pourtant à forger.

De manière saisissanteEnsuite apparaît un jeune roc-

ker (Jonathan Capdevielle) aucorps aussi décavé que celui de lagymnaste était souple et perfor-mant. Il dit avoir tué sa copine,mais pourrait bien n’être qu’unecréation sortie de l’imaginairedéjanté de l’entraîneur, qui le tue,en une scène d’une violence froi-de. Le tableau qui boucle la pièce,et met en perspective les deuxautres de manière saisissante,s’ouvre sur un paysage de sous-bois. Une petite tente rouge éven-trée, des corps lacérés, et quatregrands pantins debout au centrede la scène, qui semblent nousregarder par-delà la mort.

Entre les différents tableauxinterviennent deux momentsmagiques, créés par la sculptricede brume japonaise Fujiko

Nakaya : le brouillard envahit leplateau etlasalle, commepour iso-ler chaque spectateur dans les bru-mes de son propre inconscient. Lelien entre les trois tableaux est àtrouver pour chacun, dans ce spec-tacle où la beauté plastique, portéepar la musique envoûtante de Ste-phen O’Malley et Peter Rehberg,«parle » autant, et de manière aus-si complexe, qu’une vraie pièce dethéâtre. Spectacle que traversentaussi, mystérieux et sauvages, unfaucon et une sublime chouetteblanche, dont le petit cri étrangevous poursuit encore, une foisreplongé dans la fournaise avi-gnonnaise.

Après un tel choc, la création deJean Lambert-wild, qu’il cosigneavec le musicien Jean-Luc Thermi-narias, le cinéaste François Royetet le magicien Thierry Collet, sem-ble bien faible. Ce garçon de 37 ansaux curiosités multiples a pour-tant créé des spectacles intéres-sants, dont Mue, imaginé avec desIndiens Xavantes, et présenté à

Avignonen2005.Mais là, la capaci-té de Lambert-wild à faire théâtredes éléments les plus étranges etétrangers ne fonctionne pas.

Aucun sensAu début, une femme arrive,

s’assied dans un grand fauteuil develours bleu et raconte. On se ditque cela commence bien, mais cet-te première impression est vitebalayée. D’abord parce que la fableimaginée par Lambert-wild à par-tir de ses souvenirs de l’île de laRéunion, où il a vécu enfant, estincompréhensible. Il y est ques-tion d’une taureau-idole, nomméAdam,d’un père et de son fils,et onserait bien en peine d’en dire plus.

Ensuite parce que l’articulationentrelesdifférentsplansduspecta-cle – la narration, les images tour-néessurl’îleet l’«action»sur lepla-teau – ne dégage aucun sens, aucu-ne émotion, contrairement à cequi se passe chez Gisèle Vienne.Enfin parce que la manière qu’aLambert-wild de convoquer deséléments mythiques, archaïques,primitifs, paraît gratuite au pointd’en devenir gênante, à l’image dudernier tableau, qui semble vou-loir composer une fresque à la Die-go Rivera devant un tableau duDouanier Rousseau.

Un tel kitsch laisse pantois. Lespaysages de l’île de la Réunion,eux, sont très beaux. p

Fabienne Darge

This Is How You Will Disappear, deGisèle Vienne. Gymnase Aubanel, Avi-gnon. Les 12, 13 et 14 juillet, à 18 heures ;le 15, à 15 heures. Tél. : 04-90-14-14-14.De 13 ¤ à 27 ¤. Durée : 1 h 30.La Mort d’Adam, de et par Jean Lam-bert-wild. Tinel de la Chartreuse de Ville-neuve-lès-Avignon. Les 13 et 14 juillet,à 18 h 30 ; le 15, à 15 heures. De 13 ¤ à27 ¤. Durée : 1 h 05.

S on nom d’artiste reste pourle moment Philippe Ménardmais appelez-la Phia. Dans

sa robe tee-shirt turquoise et sessabots orangés, l’artiste de cirque,spécialité jonglage, affirme satranssexualité. « Je réalise aujour-d’hui que j’ai été en quelque sortetravestie en homme avant de fai-re mon coming out il y a deux anset de changer de sexe, racon-te-t-elle d’un ton calme. Au fond,j’ai toujours été cette personne-làsauf que maintenant c’est clairpour tout le monde. »

Philippe Ménard, 39 ans,«auteure, performeuse, scénogra-phe et metteuse en scène» est àl’affiche de la manifestationLeVif du sujet, pilotée par la Socié-té des auteurs et compositeursdramatiques (SACD) au Festivald’Avignon. Elle y présente BlackMonodie, un duo avec l’écrivainet acteur Anne-James Chaton. Enhouppelande beige et bottes encaoutchouc blanches, elle s’ylivre à une série d’étranges épreu-ves de force, trimbalant plus desoixante-cinq sacs de glace sur leplateau avant de les vider un parun à ses pieds pour finalementbâtir un château de glace. Pen-dant ce temps, Anne-James Cha-ton scande un texte sur la Viergeet autres mythes féminins.

Que certains spectateurs vien-nent voir ses pièces à cause de satranssexualité importe au fondassez peu à Phia Ménard. « Qu’est-ce que j’y peux ? Ça fait partie dema vie, et ma vie s’est beaucoupsimplifiée depuis que j’ai résolu ceproblème. C’était comme un cri desurvie et la scène m’a beaucoupaidée.» On se souvient de Philip-pe Ménard il y a une dizaine d’an-nées, de sa timidité, de sa difficul-té à dire. Aujourd’hui, Phia parle

sereinement de son parcours,avec franchise et lucidité. Filsd’ouvrier, né à Nantes, il décou-vre le théâtre à l’âge de 18 ans,alors qu’il se trouve sur une « voiede garage, en train d’apprendre àfabriquer des instruments dechirurgie ». Par hasard, la dansecontemporaine, puis le jonglageavec Jérôme Thomas lui ouvrentla porte des plateaux au débutdes années 1990. « Ça a été unenaissance pour moi, un défouloirdont je ne voyais pas le sens maisqui m’a permis de faire parlermon corps. »

Questions humainesIl crée sa compagnie Non Nova

en 1998 et met en scène une dizai-ne de spectacles. P.P.P. (Positionparallèle au plancher) tournedepuis 2008 avec ses cent vingtboules de glace suspenduesau-dessus de sa tête transforméesen balles de jonglage qui « ne lais-sent jamais une seconde chanceau jongleur ». Soit la boule fond,soit elle se casse.

Phia Ménard veut que le jon-glage échappe à la question de lavirtuosité et pose des questionshumaines. Black Monodie s’obsti-ne autour des motifs du féminin,de la grâce, de la perte… «Aucunspectateur n’a envie de prendrema place de transsexuel mais toutle monde est curieux de savoir ceque je vis. Je suis née homme et jemourrai femme. C’est tout demême un voyage extraordi-naire.» p

Rosita Boisseau

(Avignon, envoyée spéciale)

Black Monodie, Jardin de la Vierge dulycée Saint-Joseph, Avignon.Tél. : 04-90-14-14-14. Jusqu’au 14 juillet,à 18 heures. De 13 ¤ à 16 ¤.

Lesépreuvesde forcedePhia Ménard

Culture

Deuxspectacles «hybrides»: l’un enchante, l’autrenonGisèle Vienne et Jean Lambert-wild au cœur d’un Festival d’Avignon dominé par le «non-théâtre»

UneEspagnole encolère,Angélica Liddell,entreauFestival d’AvignonCette artiste revendique l’individualisme et l’isolement,et le montre dans «La Casa de la fuerza»

«This Is How You Will Disappear». PASCAL VICTOR/ARTCOMART

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Page 17: Le Monde - Mardi 13 Juillet 2010

Traena (Norvège)Envoyé spécial

L a silhouette de l’île détachantà l’horizon ses pics en formede queue de baleine, de dent

d’orqueetdemamelon,estunepre-mière récompense. Après deuxheures d’avion d’Oslo à Bodo, capi-tale du Nordland, province dunord de la Norvège, il a fallu plus detrois heures de navigation pouratteindre Traena, archipel traversépar le cercle polaire, devenu unedestinationcultedufestivaliernor-dique.

Sur le ferry, on a vite ressenti laferveur qui animait les quelquescentaines de jeunes gens embar-qués pour participer, du 8 au10juillet,auTraenaFestivalen,évé-nementmusicalautantqueriteini-tiatique. « S’isoler trois jours dansun lieu aussi superbe et éloigné per-metdevivreune expériencecollecti-ve inoubliable », s’enthousiasmeMarius, un des passagers.

Après avoir longé un corridor deconfettis rocheux, on accoste àHusoy, petit port de pêche aux9 000 ans d’histoire. La coquette-rie de ses maisons de bois coloréeset de leurs jardins joliment tailléscontraste avec la sauvage noblessedes montagnes voisines.

L’étéatransformélarudessearc-tique en havre verdoyant, aussihospitalier que les 500 habitants.Avec de petites remorques, lesgamins du village aident les cam-peurs à transporter leur barda.« Lors de la première édition, nousétions un peu nerveux, admet AinaWillumsem, souriante mairessesexagénaire de Husoy. Tout celan’était-il pas trop gros pour nous ?Finalement, tout le monde est fierdeparticiper aufestival. Malgrésonisolement, notre communauté estouverte sur le monde. Nous vivonsd’une industrie de la pêche quiexporte toute sa production.»

A l’origine du Traena Festivalen,un enfant du village, ErlendMoyard-Larsen, parti se faire un

nom de producteur sur le conti-nent, avant de revenir réaliser sonrêve. « A l’âge de 12 ans, je regardaisle triple album de Woodstock en medisantqueTraenaseraitunlieu par-fait pour organiser un festival »,confie ce solide quadra, enaccueillant sur le Vulkana, uneanciennebaleinièrequ’ilatransfor-mée en bateau-sauna.

En 2004, c’est la première édi-tion, fusionnant une programma-tion de pointe avec l’époustouflan-te beauté de cet environnement.Pas ici de foule « woodstockien-ne », mais une jauge limitée à2000 privilégiés pour ne pas satu-rer les capacités naturelles ethumaines de l’île.

Dans une clairière en borduredevillage,deux scènesontétéamé-nagées, entourées de bars débitantdes flots de bière et de barbecuesoù grillent des hamburgers debaleine. Traena convie la fine fleurd’une scène scandinave (ErlendOye, Dumdum Boys, Howl, FM Bel-fast…), prête à sacrifier ses tarifs

pour participer à l’événement. Enmatinée, les artistes sont souventconviés à des parties de pêche quifournissent une partie de leurrepas.

Permanente clartéSous ces latitudes extrêmes, le

concept de nuit blanche n’est pasun vain mot. La permanente clartéde l’été arctique et ses sublimesdégradés de lumière amplifientl’euphorie d’une fête qui semblene jamais finir. Après les concerts,les «afters » se multiplient sous lesoleil de 2 heures du matin, autourdes tentes, chez l’habitant, sur lesbateaux ou dans les quelques cafésdu port. Comme beaucoupd’autres artistes, l’intense IngridOlava prolonge son récital, enimprovisant dans une brume hou-blonnée, reprises a cappella dechansons pop et traditionnelles.

Le festival sait aménager desmoments de création en phaseavec la magie des lieux. Dans uneminuscule chapelle en bois du

XVIIIesiècle, les Anglais de BritishSea Power ont ému en illustrant deleurs envolées épiques une projec-tion de L’Homme d’Aran, filmmuet que Robert J. Flaherty avaitconsacré, en 1934, aux pêcheursirlandais de la rocailleuse îled’Aran.

Traditionnel clou du festival, leconcert organisé dans la grotte deKirkehelleren a aussi tenu ses pro-messes. Séparé de Husoy par unpetit bras de mer, l’île presque sia-moise de Sanna abrite à flanc demontagne une gigantesque exca-vation ouverte sur l’océan. Danscette nef de cathédrale naturelle, lejeune Moddi, guitariste-accordéo-niste blondinet entouré d’unecontrebasse, d’un violon, d’un vio-loncelle, d’un clavier et de percus-sions perchés sur différentsrochers de la caverne a bouleverséen conteur habité, cousin folk etnorvégien de Björk. Des frissonsqui disaient beaucoup des possibi-lités de cette île. p

Stéphane Davet

Musique

Montreux (Canton de Vaud)Envoyé spécial

KeithJarrett(piano),avecGaryPeacock (contrebasse), JackDeJohnette(batterie).Equila-

téral. Il y insiste. Au Montreux JazzFestival, concert du 11 juillet trèsémouvant. Beaucoup plus vibranten seconde partie, donc passion-nant. Quand les concerts ne racon-tent rien, ce ne sont pas desconcerts,maisdestrucspourtuer letemps.D’abordl’horaireexception-nel, 19heures, juste pour permettreaux séides de la FIFA de suivre leurfinale.Cequisera retenuàdéchargepour Keith Jarrett, dont les préten-duesmaniesfontlesdélicesdegrin-cheux fascinés.

Claude Nobs, inventeur, fonda-teur, animateur du Montreux Jazz

Festival depuis quarante-quatreans, est avant tout un incompara-ble maître de maison. Le seul à pou-voir, en toute gentillesse, faireadmettre à deux mille personnesque la musique s’écoute. Sansflasher, sans causer, juste avec lesyeux et les oreilles. Et tout le corpsaussi. Keith Jarrett est très exigeantsur la qualité du piano. Détestejouer sur une casserole. Sidération.Comme le classique ? Si vous vou-lez. Comme le flamenco, commeMounirBachir,comme la musique.

Prenons le premier air, In YourOwn Sweet Way (Dave Brubeck).Jolie mélodie, soit. Entrée de la bas-se et des cymbales, lisibilité parfai-te, piano dérivant, premiers râlesde plaisir de Keith Jarrett : ce quelesgrincheuxappellent sesgrogne-ments. Premières danses au cla-vier : ce que les grincheux nom-ment ses contorsions. Finale à la

manière d’un choral de Bach,retour au thème, un accord se perddansles brumes,bonsoir. Le public,qui se tenait à carreau jusque-là, sedéchaîne.

Crier, siffler, palmerPuis la retenue tourne à la

cachotterie. Drôle de limonade jus-qu’au dernier thème – boulever-sant – de la première partie : OnceUpon a Time. Là, les dépendantscourent apprendre que zéro-zéro àla mi-temps. On imagine, back-stage, Jarrett se demandant pour-quoi quelque chose ne tourne pasrond. Revient Claude Nobs, qui ditdevant deux mille personnes, bon,d’accord, pas de photos, mais Keithm’a dit c’est le foot : s’il leur prendl’envie de crier, de siffler, de pal-mer, libre à eux.

Deuxième mi-temps déchiran-te. Ecoutez les titres, on traduit : Je

ne savais même pas quelle heure ilétait, Hier, Adieu, Quand je tombeamoureux ce sera pour toujours.Ne vous faites pas de cinéma. Maisenfin, entre les attaques très R’n’B,le déchaînement free, des balladesà pleurer, quelque retour diaboli-que à la version trio-trio, toute lamusique du monde y passe.

Et aussi, cette délicate histoiredont la musique souffre : Jarretttraverse un chagrin dont il parlecomme Ronsard (Le Monde Maga-zinedu 19juin).Le trio joueles stan-dardsdepuis 1983. Ils ont bien cher-ché : pas la moindre chanson aurépertoire qui s’intitulerait Une deperdue, dix de, etc. p

Francis Marmande

Keith Jarrett Trio. Prochains concerts,Jazz à Juan, à Antibes-Juan-les-Pins(Alpes-Maritimes) le 21 juillet ; Nuits deFourvière, à Lyon, le 23 juillet.

AdamLaloum,jeunepianiste,déjà grandartisteet poèteLe premier prix au Concours Clara-Haskil,en 2009, a enchanté au Festival de Saintes

Musique

SaintesEnvoyé spécial

A dam Laloum était un nompeu connu du monde musi-cal avant qu’il ne remporte,

à l’âge de 22 ans, le Premier Prix duprestigieux concours Clara-Haskilà Vevey, en 2009 (Le Monde du5 septembre 2009). Recommandépar certains de ses professeurs,repéréet programmé parquelquesfestivalsavisés, lepianisteseconsa-craitsurtoutàla musiquedecham-bre. L’altiste Miguel da Silva, mem-bre du Quatuor Ysaÿe, qui ajoué ensa compagnie, nous a confié :« Adam a les qualités d’un grandchambriste : il joue magnifique-ment, sait être autant à l’écoutequ’il peut être moteur.»

Laloum s’était inscrit à ceconcours – son premier – sans ycroire vraiment, même si le jeuneFrançais correspond au profil typede l’« esprit Haskil », hérité de lagrande pianiste suisse d’origineroumaine : d’abord musicien, vir-tuoseensuite.On sesouvientenco-re avec émotion de son interpréta-tion du Concerto en ut mineur KV491,deMozart,d’uneclartédoulou-reuse et pudique. Mais on atten-daitl’occasiondel’entendreenréci-tal. Celle-ci en a été donnée, diman-che 11 juillet, par le Festival de Sain-tes,avec unprogrammed’unclassi-cisme apparemment sans risque,mais en fait redoutable : la SonateKV282, deMozart, lesKlavierstückeop.76, de Brahms et la Sonate en solmajeur D.894, de Schubert.

« J’avais songé jouer la Sonated’AlbanBerg, nous a confié le jeunepianiste à l’issue du concert. Maisj’ai dû y renoncer pour cette occa-sion. » Beethoven, qu’il adore, luifait encore peur, mais pas Brahms,une musique dont on dit qu’ellesied davantage aux âges mûrs :« C’est dans Mozart que j’ai eu leplus le trac, dans ces phrases à nu sidifficiles parce que apparemmentsi évidentes. Mais je me sens en affi-nité immédiate avec les Piècesop.76 de Brahms. Brahms serad’ailleurs au programme de monpremier disque pour Mirare. »

On est étonné d’apprendre qu’iljouait, à Saintes, la Sonate en solmajeur D.894 pour la deuxièmefois seulement en public, quandtout donne à croire à une longuefréquentation de ce chef-d’œuvre… Ce jeune musicien pour-rait paraître ne pas être taillé pourla « carrière » : un peu sauvage

(après leconcours de Vevey, il avaitfui les honneurs pour aller fumerau bord du lac), chaleureux maistimideetpeu disert, ilsemble éton-né – plus que dépassé – par ce quilui arrive.

Qu’est-ce donc qui a changédepuis l’obtention de ce prix ? « Lestress est apparu dans ma vie, je nele connaissais pas avant. La musi-que de chambre, c’est le plaisir dupartage dans une aventure collecti-ve. Jouer seul devant le public cespages sublimes est une autre affai-re. Avant le concours, je jouais lesKreisleriana de Schumann à toutesles sauces. Depuis, il m’a falluconstruire un répertoire, affronterles inévitables pépins physiques liésà un travail intensif. »

Pourtant, Adam Laloum, endépit d’une constitution en appa-rence fragile et de doigts d’unefinesse étonnante, témoigne d’uneréserve physique impressionnan-te.Lesorages sous-jacentschezBra-hms viennent du creux du silenceet se graduent jusqu’au tonnerre,

violents mais jamais brutaux. Ilfait beau dans ces ténèbres brahm-siennes,etLaloumasusaisir l’exac-te tonalité de l’effroi mozartien, sibien caché derrière la délicatessed’un jeu sans apprêt.

Pourquoi a-t-on entendu le pré-écho du grand solo de soprano dela Messe en ut mineur, de Mozartdans la deuxième partie du pre-mier mouvement de sa Sonate KV282? Pourquoi le début du derniermouvement de la Sonate en sol, deSchubert, nous a-t-elle fait si forte-ment penser à un pendant sou-riant du « Leiermann », du Voyaged’hiver ? Et pourquoi, plus loin, ledéveloppement de ce mouvementréincarne-t-il de manière si élo-quente les dialogues angoissés duRoi des Aulnes ? Comment AdamLaloum sait-il révéler ces éton-nants palimpsestes? Ces mystèresle dépassent peut-être comme ilsnous dépassent. Mais ils sont assu-rément le propre d’un grand artis-te et d’un poète. p

Renaud Machart

Récital Adam Laloum, Festival de Sain-tes, le 11 juillet. Festival de Saintes, jus-qu’au 18 juillet. Tél. : 05-46-97-48-48.Abbayeauxdames. org

Institutions Frédéric Mitterrand souhaite la créationd’une scène nationale en CorseEn visite officielle en Corse, samedi 10 et dimanche 11 juillet, le ministrede la culture a déclaré, lors d’un discours prononcé à la mairie d’Ajaccio,dimanche, souhaiter la création d’une scène nationale en Corse qui« permettrait de fédérer un certain nombre de créations et pourrait s’ins-crire dans le réseau national ». Le budget de la culture « est dévolu à l’As-semblée de Corse mais le ministère garde une marge de manœuvreappréciable pour accompagner » cette politique culturelle sans être« intrusif» et en respectant « les désirs des Corses », a-t-il précisé. – (AFP.)

ATraena,festivalisolésurlecerclepolaireDu 8 au 10juillet, deux mille spectateurs et artistes ont vécu une expérience «inoubliable»

Unprogrammeapparemmentsansrisque, maisenfaitredoutable

Culture

KeithJarrett émouvant et vibrantà MontreuxLe trio du pianiste américain a joué une deuxième mi-temps d’exception

A partir du 13 juillet

Le chanteur norvégien Moddi à l’entrée de la grotte de Kirkehelleren. FLORE AEL SURUN POUR « LE MONDE »

170123Mardi 13 juillet 2010

Page 18: Le Monde - Mardi 13 Juillet 2010

Santé

F aut-il se faire vacciner contrele cancer du col de l’utérus ?La question taraude nombre

de jeunes filles et leurs mères.« J’aimerais savoir s’il faut le faire.Mon médecin, mon pharmacien,ma prof de SVT me le conseillent.J’attends l’avis de ma mère », s’in-terroge Louise de Saint-Exupéry,15ans, élève en 3e. « J’ai vu le spot àla télévision, il fait peur, je veux fai-re le vaccin », assure Hanna Abit-bol, 14ans, élève en 4e. Des fillettesen parlent même à leurs mères dès11 ans. Bien que le ministère de lasanté ait lancé, au mois de juin,une vaste campagne de préven-tion, le vaccin n’est pas obligatoire.

La vaccination protège contrecertains types de papillomavirushumain (HPV), responsables de70 % des cancers du col de l’utérus.Le plus souvent, ces virus sont éli-minés par l’organisme. Mais, chez

certains sujets, ils peuvent setransformer en lésion précancé-reuse. L’évolution vers un cancerinvasif du col utérin met, enmoyenne, entre quinze et vingtans à se produire.

Il existe, aujourd’hui, en Fran-ce, deux types de vaccins : leGarda-sil (Sanofi Pasteur MSD), recom-mandé depuis 2006 par le HautConseil de la santé publique, et leCervarix (GSK). Pour être efficaces,ils doivent être administrés avantle premier rapport sexuel, indi-quent les autorités sanitaires.Elles recommandent l’âge de14 ans, mais ciblent aussi les jeu-nes filles de 15 à 23 ans qui n’ontpas eu de rapport sexuel ou auplus tard, dans l’année qui suit ledébut de leur vie sexuelle.

« Le but est de vacciner avant lacontamination par les rapportssexuels, explique le professeur

Pierre Bégué, coordinateur dugroupe vaccination de l’Académienationale de médecine. Les mèresdoivent expliquer l’utilité de ce vac-cin et la nécessité de faire régulière-ment le dépistage. » Pour l’heure,38 % des jeunes filles de 14 à 17 ansavaient débuté leur vaccination(au moins une dose remboursée)en 2008, et 23 % étaient vaccinées,indique une étude de l’Institutnational de veille sanitaire (INVS).

Le risque est que les jeunesfilles vaccinées ne fassent plus defrottis de dépistage, se croyanttotalement protégées, alertent lesautorités. Aujourd’hui, seulement60 % des femmes de 25 à 65 ans, leplus souvent issues des popula-tions favorisées, pratiquent régu-lièrement ces prélèvements. Leministère veut toucher les fem-mes socialement plus vulnéra-bles. « Le vaccin est d’un prix élevé,ce qui représente un frein pour lavaccination de celles qui n’ont pasde mutuelle complémentaire »,reconnaît le docteur Bégué. Le vac-cin est remboursé à 65 % parl’assu-rance-maladie.

Son efficacité est pour beau-coup démontrée, surtout avant lesrapports sexuels, mais les avissont partagés. Le docteur Marc-Alain Rozan, président du Syndi-cat national des gynécologues obs-tétriciens français (Syngof) estimeque les jeunes filles « ont tort de seposer la question. Le vaccin doitêtre fait tôt. Nous avions demandéau gouvernement de le faire enmême temps que le rappel tétanos,polio », rappelle le docteur Rozan.L’Académie de médecine avaitd’ailleurs proposé, fin 2007, que lavaccination se fasse à l’âge de11-12 ans.

D’autres sont plus hésitants :« Nous sommes à peu près cer-tains que ce vaccin ne comportepas de risque, mais je reste dubita-tif sur son utilité. Beaucoup de jeu-nes filles vont s’imaginer, à tort, sielles sont vaccinées, qu’elles peu-vent avoir une vie sexuelle sanscontrainte », craint le docteurClaude Béraud, ancien vice-prési-dent de la commission de la trans-parence de l’Agence française desécurité sanitaire des produits

de santé (Afssaps). « L’intérêt duvaccin est bien moindre que ceque l’on fait croire, et il est très fai-ble, voire quasi nul, si la jeune fillea eu des rapports sexuels », esti-me le docteur Jean-Pierre Spino-sa, gynécologue, auteur avecCatherine Riva du livre La Piqûred e t r o p ( é d . X e n i a ,245 p., 17 euros).

Alors que faire ? « L’information

sur le vaccin est systématiquementdonnée dans les cours d’éducationà la sexualité. On le conseille maison ne veut pas faire de propagandepour les laboratoires, c’est auxmédecins et aux parents de pren-dre la décision », souligne SandieCariat, infirmière au collège deSalagou à Clermont-l’Hérault(Hérault) et membre du bureaunational du Syndicat des infir-

miers et infirmières (Snics)-FSU.« Comme le vaccin est mal connu, ilest mal perçu », explique BrigitteAccart, infirmière dans le Val-d’Oise, secrétaire générale du Syn-dicat national des infirmiers, infir-mières, éducateurs de santé(Snies)-FEN. « Les jeunes semblenttrès peu vaccinées dans le Val-d’Oise. Certaines ne savent pas queça existe », poursuit Mme Accart.

La plupart du temps, lesmères font confiance à leursmédecins. « En tout cas, il fauttoujours voir la jeune fille seule,sans la mère », explique BrigitteVirey, pédiatre, membre dugroupe vaccinologie de l’Asso-ciation française de pédiatrieambulatoire (AFPA). « Certainesjeunes pensent qu’avec le vaccinon leur donne la clé pour entrerdans la sexualité. Il serait préfé-rable de le faire à 11 ou 12 ans,quand elles n’ont pas encore devie sexuelle », poursuit-elle.« Quant aux garçons, explique leprofesseur Bégué, la question dela vaccination est posée mais pastranchée. » p

Pascale Santi

n Sur le WebAmeli.fr ; E-cancer.fr ; Gardasil.fr

Les Français de l’été 1940Revivez, soixante-dix ans après, cette période terrible

à travers le regard des Français.

0123

Du lundi 19 au samedi 31 juillet

&Vous

Des situations différentesselon les pays

Deux vaccins Le Gardasil, quadri-valent, protège contre les papillo-mavirus humains (HPV) de type6, 11, 16 et 18 et contre les condy-lomes (verrues génitales). Le Cer-varix (GSK), bivalent, protègecontre les HPV de génotype 16 et18. Leur coût est élevé : 135,59¤par injection pour le Gardasil,111,82¤ pour le Cervarix (et il fauttrois injections).

940 décès en France en 2009Le cancer du col de l’utérus estplacé au 8e rang des cancers et au13e rang des décès par cancerchez la femme, selon l’Institutnational de veille sanitaire(INVS). 2 820nouveaux cas sontapparus en 2010, avec une baissede 2,9% entre 1980 et 2005.

Dans le monde, ce fléau tue plusde 260000femmes chaqueannée. Selon l’Organisation mon-diale pour la santé (OMS), envi-ron 500000nouveaux cas de can-cer de col de l’utérus apparais-sent chaque année, dont plus de90% dans les pays en voie dedéveloppement.

Pourêtre efficaces,ilsdoiventêtreadministrésavantlepremierrapportsexuel

Choisir levaccin contre lecancer ducol de l’utérusLa protection n’étant pas totale, le risque est que les jeunes filles négligent, plus tard, les examens de dépistage

Chartres prenddes couleursChartres ne se résume pas à la flèche de sa cathédrale, quel’on aperçoit de l’autoroute A11, émergeant des blés beaucerons.Soucieuse de retenir le touriste de passage, pressé de plonger dansl’Atlantique, la municipalité illumine pendant l’été, à la nuit tom-bée, le patrimoine architectural de la ville. La façade du célèbre édi-fice gothique, alternant les teintes rouges et bleues, se révèle telun gigantesque tableau. Un lycée devient palais épiscopal, le théâ-

tre se couvre d’un rideau de lumière rouge, tandis que l’illu-mination des ponts et des lavoirs des bords de l’Eure incite à

se promener dans des quartiers méconnus de la préfectu-re d’Eure-et-Loir. Cette année, trois nouveaux monu-

ments sont mis en lumière, parmi lesquels une ancien-ne chapelle qui sert désormais de salle des ventes.

L’opération est rentable, si l’on en croit LaurentLhuillery, adjoint au maire (UMP) chargé des événe-ments. Trois nouveaux hôtels ont ouvert en villedepuis deux ans et certains restaurants « attirent600 à 700 clients de plus chaque mois », assu-re-t-il.p Olivier Razemon (PHOTOS F. DELAUNAY)

Illuminations : jusqu’au 18 septembre, tous les soirsdès le coucher du soleil.

Le vaccin protège contre certains types de papillomavirus humain (HPV), à l’originede 70% des cancers du col de l’utérus. VOISIN/PHANIE

18 0123Mardi 13 juillet 2010

Page 19: Le Monde - Mardi 13 Juillet 2010

Procès-verbal n˚8. Affaire:Tour de France. Objet: audi-tion de Donati Sandro. Pro-

fession: expert mondial antido-page. Etat civil : né le 14 juin 1947 àRome.Note préliminaire de Bauert Jac-ques: les monarques du CIO inter-rogés modifient la phrase du roiCharles-Albert de Sardaigne quandils regardent le travail colossal deDonati. Ils soupirent: « Donati faràda sè» (Donati se tirera d’affaire lui-même). Ses rapports montrentque les trafics de produits dopantsempruntent les mêmes circuitsque ceux de la drogue et qu’ilssont entre les mains du crime orga-nisé. Que les labos produisent qua-tre fois plus d’EPO que les besoinscliniques de la planète. Les sociétéspharmaceutiques inondent lesmalnutris des pays du tiers-mon-de de stéroïdes anabolisants. Desrapports aussi édifiants que Le cau-chemar de Darwin. La réalité dansle Tour dépasse toutes les fictions.Question: Qu’est-ce qui menace leTour, Professeur Donati ?Réponse : Absolument rien. Onmet en avant la protection de lasanté. Mais c’est une posture hypo-crite. C’est la compétition, officiel-lement propre, qui est mise enavant, pas la santé. Les lois françai-se et italienne font une erreurincroyable: elles sont centrées surles contrôles! Ils ne servent à rienet coûtent 1 000 euros par prélève-ment. Vous savez bien que si unlabo ridicule comme Balco (le pèrede la THG) est capable de modifierun stéroïde, ce qui se fait ailleursest impossible à détecter par l’uri-ne et le sang. Vous avez lu dansmes rapports comment les labosclandestins russes et asiatiques tur-binent? Je peux vous démontrerque la production mondiale decocaïne est presque cinq fois supé-rieure à l’évaluation qu’en font lesNations unies: 3500 tonnes aulieu des 900 officielles. Et je peuxvous révéler que déjà 140 athlètesde haut niveau ont été pris pourusage de coke dont 34 impliquésdans son trafic.Question : qu’est-ce qu’il faut fai-re, Donati ?Réponse : On se trompe à recher-cher le produit et pas son effet.Pourtant, ce n’est pas difficile àmesurer. Il faut développer le suivilongitudinal en mesurant la résis-tance et la puissance. Mais c’estd’abord vous, la police, qui pouvezchanger les choses. Regardez Inter-net, c’est une mine d’or.Question : Vous donnez votre avisd’homme seul, Donati, c’est tout?Réponse : Il y a complicité totale,trop de personnes intéressées à éli-miner les personnes honnêtes. Lecontrôle antidopage est mort. Il nesert qu’à faciliter son détourne-ment avec les médicaments ouméthodes alternatives. C’est busi-ness, basta ! J’ai dit ça à l’Agencemondiale antidopage. En vain.Quand tu prouves, comme je l’aifait en 2000, que 64 athlètes de ladélégation olympique d’un paysont des facteurs de croissanceanormaux, tu passes pour quel-qu’un de dangereux.Morzine, le 12juillet, lecture faitepar lui-même, le nommé DonatiSandro persiste et signe. Find’audition. p

Toute ressemblance avec des person-nes existantes ou ayant existé n’est pasfortuite.

21 étapes chronoJacques Bauert

Morzine-AvoriazEnvoyé spécial

S es jambes pèsent des tonnes,sa monture en carbone sem-ble se refuser à lui. Gros plan

sur le visage glacial du Texan : Lan-ce Armstrong a les traits d’un roiqui doit abdiquer. Il est en train deperdre la première bataille desAlpes, pourtant loin d’être maléfi-que. Son corps en témoigne : il sai-gne d’un coude, d’un genou, sa cui-rasse en Lycra est tout éraflée…

Dimanche 11 juillet, la huitièmeétape entre la station des Rousseset Morzine-Avoriaz a été, pourl’Américain, un chemin de croixlong de 189km. Armstrong a souf-fert comme jamais sur le bitumecuisant du Tour. « J’ai vécu unemauvaise journée, une très mau-vaise journée », reconnaît-il avecun léger sourire en coin. Une pre-mière chute brutale 7 kilomètresseulement après le départ, encoreune à 51 km de l’arrivée. Plus loin, ilen évite une troisième de justesse,mais doit mettre pied à terre :Armstrong, mains sur les hanches,est largué, comme le reste de sonéquipe RadioShack.

Dans sa si longue carrière,l’homme n’avait jamais chutédeux fois dans une même étape.Depuis son retour à la compéti-tion en 2009, après trois années deretraite hollywoodienne, les glissa-dessont devenuesune vieille habi-tude. Où est donc passé son sensinné de l’anticipation qui lui avaitdicté de couper à traverser champ,sur le Tour 2003, pour éviter unechute fatale avec Joseba Beloki ?L’œil du tigre a pris quelquesrides… Lance Armstrong termineson martyre à 11’45 d’Andy Schleck(Saxo Bank), le vainqueur de l’éta-pe, et pointe désormais à la 39epla-ce au classement général avec13’26 de retard sur le nouveau lea-der, Cadel Evans (BMC) ! « MonTour est fini », a dû reconnaîtreArmstrong.

Pour son ultime Tour, l’hommeaux sept victoires (1999-2005)aurait pourtant souhaité finir savie de cycliste sur un huitième

sacre, celui qui devait mettre unpoint d’exclamation final à lalégende Armstrong. Mais voilà, ledestin a choisi d’enterrer, plutôtque prévu, sa carrière dans lesAlpes. Une fin de règne apocalypti-que. « Contre la malchance, on nepeut rien faire, lâche philosophe,Johan Bruyneel, manageur deRadioShack. C’est triste à voir maisc’est la course. Une fois qu’il a vuqu’il ne reviendrait pas, il a baisséles bras. »

Ainsi Lance Armstrong auraitété vaincu par la guigne. Mauditdernier Tour ! Des chutes, des cre-vaisonsinopportunes… C’estàcroi-re que la Grande Boucle ne voulaitplus de lui… « Je peux rester dans lacourse, essayer de gagner des éta-pes, aider l’équipe, essayer d’appré-

cier ma présence ici et apprécier lefait que je n’y reviendrai pas »,raconte Armstrong.

La terreur des pelotonsMais les malheurs de l’Améri-

cain ne sont-ils qu’une affaire de« malchance » ? Ou la faute à unex-compagnon de route tropbavard? Il y a plusieurs semaines,Floyd Landis reconnaissait dansdes mails adressés aux autoritésantidopage et aux institutionscyclistes s’être dopé. Dans sesaveux, il accuse son compatrioteet ancien partenaire à l’US Postalentre 2001 et 2004, ainsi que sondirecteur sportif de l’époque,Johan Bruyneel, de l’avoir initié àl’érythropoïétine (EPO) et auxtransfusions sanguines… Seraient-

ce ces attaques qui ont fragilisé laterreur des pelotons ? « Ça n’a rienà voir, jure Bruyneel. Ce sont leschutes. »

Aux Etats-Unis, l’agent fédéralJeff Novitzky enquête. Rattaché àla Food and Drug Administration(FDA), cet homme-là a mis au jourl’affaire Balco, du nom du labora-toire californien qui fournissaitdes stéroïdes indétectables à desvedettes du sport américain. Cescandale a conduit la sprinteuseMarionJones enprisonpour parju-re. Selon le Wall Street Journal,George Hincapie (BMC), lieute-nant de route d’Armstrong lors desessept victoires, seraitprêtàcolla-borer à l’enquête une fois le Tourterminé.ToutcommeTyler Hamil-ton, un autre ex-équipier d’Arms-

trong contrôlé positif deux fois aucours de sa carrière. D’autresanciens partenaires du Texanauraient déjà été entendus. « L’en-quête a pris de l’envergure, assureDavid Howman, directeur généralde l’Agence mondiale antidopage.Il y a eu des progrès significatifs. »« Des ordures, encore des ordures »,déclare de son côté Timothy Her-man, l’avocat d’Armstrong.

Dimanche 11 juillet 1993, unjeune Américain de 21 ans rempor-tait sa première victoire sur sonpremier Tour de France. Diman-che 11 juillet 2010, le même hom-me perdait toute chance de para-chever avec les honneurs son der-nier Tour. Pour Lance Armstrong,la Grande Boucle est bouclée. p

Mustapha Kessous

Quatorze coureursflashésà 417wattsdans l’ascensionvers MorzineCE QUI TUE n’est rien à côté de cequi blesse. La comparaison histori-que des records blesse les mythes.Je la commente depuis des lustresavec des comparses comme Frédé-ric Portoleau, ingénieur au seind’AlternatiV – une cellule derecherche sur la performance –grâce à l’étude de la puissancedéveloppée par les cyclistes.

La puissance est calculée enwatts, quelle que soit l’époque, lematériel utilisé, l’état des routes.De Merckx à Contador, elle semesure – avec une marge d’erreurd’environ 4 % – en visionnant lestemps d’ascension de chaque ath-lète dans les cols. Il faut certespondérer une multitude de don-nées sur l’ensemble homme-machine, son poids, le rendementdu matériel qui frotte sur le sol, ladéclivité des ascensions et les cir-constances de course. Mais celles-ci sont référencées.

La communauté scientifiqueinternationale et même une par-tie du « milieu» valident enfin laméthodologie de ce contrôle indi-rect de dopage avéré, miraculeux

ou mutant selon les puissancesproduites. C’en est au point oùceux qui la vouaient aux gémo-nies retournent leur veste, où legouvernement français, cet hiver,pourrait en faire la pierre angulai-re d’un « vrai » suivi longitudinalde santé évaluant in vitro le profilphysiologique en lien avec la per-formance in vivo. Son but : donnerun blanc-seing cohérent à des sans-grade qui accepteraient ce suivi.

En son temps, Bernard Hinaultl’aurait refusé. Pourtant, à Morzi-ne, en 1979 et 1985, il fit une de sesplus grandes performances athléti-ques à 420 watts «étalon» dansun contre-la-montre. Dans lemême exercice et au mêmeendroit, en 1994, le Russe PiotrUgrumov, icône de l’ère EPO,l’aurait ridiculisé avec 465 watts.Ces puissances élevées – qui peu-vent aussi se calculer de manièredirecte avec un compteur «SRM »dont sont dotés aujourd’hui nom-bre de coureurs – ont montré l’effi-cience du dopage sanguin et mus-culaire et continuent de démon-trer son omniprésence.

Dans certaines conditions où lafatigue devrait se faire sentir, labarre des 410 watts du dopage demes Festina – que j’ai entraînésentre1995 et 1998 – surboostés dela grande époque, pour un cou-reur « étalon» de 70 kilos, estfranchie. Elle l’a été allègrementaprès 1998 par les stars Ullrich,Landis, Rasmussen, Basso, Vino-kourov, Valverde, Pantani, Ricco,Kohl, Di Luca…

Monstrueuse évolutionTous ont été pris où se sont

confessés. Certains ont développéjusqu’à 480 watts pendant plus de30 minutes après cinq heures d’ef-forts avec des cols «d’échauffe-ment» ! Monstrueuse évolution.Restent en lice ceux qui sont pas-sés entre les gouttes. Leur tourviendra. Les plus brillants : Conta-dor, recordman du monde sur leTour 2009 avec 490 watts pen-dant un peu plus de 20 minutesdans l’ascension vers Verbier, levieil Armstrong, régulier à 450watts du temps de sa splendeur àl’US Postal. Abandonne-t-il aujour-

d’hui parce qu’il réfléchit à lameilleure façon de ne pas aller enprison comme Marion Jones plu-tôt que de pédaler à son niveaud’antan?

L’observation de la premièreétape de «moyenne montagne »des Rousses, samedi 10 juillet, per-met de cerner l’état sanitaire dupeloton. C’est la copie conformede 2005 où 40 coureurs passaient«au train » le Ballon d’Alsace à 431watts derrière le fameux Rasmus-sen. Un Chavanel déchaîné, sur-nommé «un jour sur deux les jam-bes de feu», avec 407 watts, a résis-té, échappé comme le Danois, à 37coureurs qui développaient 430watts de moyenne entre le bas dela dernière montée et Septmoncel.

Cet état sanitaire général estconfirmé dans le col de la Ramaz,dimanche 11 juillet. Chavanel fini-ra-t-il comme l’homme aux cuis-ses de poulet Rasmussen qui, en2007, avait fui le Tour qu’il étaitsur le point de gagner avant de sefaire contrôler positif à l’EPO ?Non, s’il ne joue qu’avec « la force»(sic) et ne peut, comme dans l’éta-

pe de Morzine, suivre la bande«oxygène » des 14 de « Schleck filde fer » avec Evans, Leipheimer, lechampion olympique Sanchez,Menchov, les «Astana», les «Liqui-das» et consorts. Ils ont développésans trop forcer 417 watts pendant27 minutes entre 1 110 m et 1 820 md’altitude et après 4h 30 d’ef-forts… Les 13 cols pyrénéens àvenir, tous référencés, disséqués,répertoriés historiquement fini-ront de prouver l’absence de crédi-bilité du «spectacle » comparéentre le rationnel du chiffre et l’ir-rationnel du discours du tricheuret du «milieu ». Cela pourra bles-ser. Une récente étude sur ledopage génétique par activationde l’EPO par un vecteur viral chezles macaques montre que deuxsur dix meurent. Avec des cobayesqui pédalent dans le laboratoiredu Tour, le vélo de haut niveau estaussi menacé de mort.p

Antoine Vayer

Antoine Vayer est professeur d’EPS,ancien entraîneur de l’équipe Festina etexpert de l’étude de la performance.

Dopageconnection

TourdeFranceSport

SOURCE : ASO

Classement

37 h 57’ 09”1 Cadel Evans(BMC)

à 20”2 Andy Schleck(Saxo Bank)3 Alberto Contador(Astana)

à 01’ 01”

Sylvain Chavanel (Quick Step)VAINQUEUR DE LA 7E ÉTAPE

Andy Schleck (Saxo Bank)VAINQUEUR DE LA 8E ÉTAPE

CLASSEMENT GÉNÉRAL

km 24 73 154,5 1894 4 H 3 H

Catégorie du col

Jura Ain Haute-Savoie

Côte de la Petite Joux1 160 m

Côte de Gresin394 m

Col de la Ramaz1 615 m Les Gets

1 163 m

Station des Rousses 1 089 m Morzine-Avoriaz 1 800 m

Dimanche 11 juillet 8e étape

km 4618,5 71 97 172,5 204,51 1 H2 1

Catégorie du col

Haute-Savoie Savoie

Côte deChâtillon735 m

Col de la Colombière1 618 m

Col des Aravis1 487 m

Col des Saisies1 660 m

Col de la Madeleine2 000m

Morzine-Avoriaz 1 071 m St-Jean-de-Maurienne 552 m

Mardi 13 juillet 9e étape

Armstrong, c’est la chute finaleLe septuple vainqueur du Tour, relégué à plus de 13 minutes, a perdu tout espoir de victoire

Lance Armstrong a chuté à deux reprises, dimanche 11juillet, lors de la première étape de montagne. JOEL SAGET/AFP

190123Mardi 13 juillet 2010

Page 20: Le Monde - Mardi 13 Juillet 2010

Lundi12juilletTF1

20.45 Joséphine, ange gardien.Série. La Couleur de l’amour. Avec Mimie Mathy.22.35 New York, section criminelle.Série. Poupées vivantes. Les Blessures du passé(saison 4, 3 et 4/23, 95 min) V.

FRANCE2

20.15 Emission spéciale.Avec Nicolas Sarkozy.21.15 Castle.Série. Calcul glacialU. Amis, à la vie, à la mort U.La Piste du vaudou (saison 1, 5, 3 et 6/10, inédit).23.30 Albert II de Monaco,l’autre prince. Documentaire (2010).0.35 Journal de la nuit, Météo.1.05 Les Flammes de Paris.Ballet. Chorégraphie d’Alexei Ratmansky.Avec Natalia Osipova, Denis Savin (105 min).

FRANCE3

20.35 Quatre idoles dans le vent.Documentaire (France, 2010).22.25 Soir 3.23.00 Faits divers, le mag.0.40 Un été avec Chopin (20 min).

CANAL+

20.45 Pigalle, la nuit.Série (S1, 3 et 4/8). Avec Jalil Lespert V.22.35 Erreur de la banqueen votre faveurp

Film Gérard Bitton et Michel Munz. Avec GérardLanvin, Jean-Pierre Darroussin (France, 2009).0.10 Mensomadaire. Bollywood U.0.45 Weeds. Série (S3, 4 et 5/15, 80 min)V.

ARTE

20.35 L’hommequi tua Liberty Valanceppp

Film John Ford. Avec James Stewart, JohnWayne, Vera Miles, Lee Marvin (EU, 1962, N.).22.35 Musica - Heitor Villa-Lobos,l’âme de Rio. Documentaire (2007).23.25 Shanghaï Dreams.Exposition universelle 2010 (55 min).

M6

20.40 L’amour est dans le pré.Saison 5 : épisode 6. Télé-réalité.22.15 Belle toute nue. Sandra et Emily.23.45 Burn Notice. Série. Hors circuit[1 et 2/2] (saison 1, 1 et 2/12, 90 min).

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Météorologue en directau 0899 700 703

1,34 € l’appel + 0,34 € laminute7 jours/7 de 6h30-18h

Nord-Ouest

Ile-de-France

Nord-Est

Sud-Ouest

Sud-Est

Jours suivants

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Températures à l’aube l’après-midi

Front chaud Front froid

DépressionAnticyclone

Occlusion Thalweg

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En EuropeAmsterdamAthènesBarceloneBelgradeBerlinBerneBruxellesBucarestBudapestCopenhagueDublinEdimbourgHelsinkiIstanbulKievLa ValetteLisbonneLjubljanaLondresLuxembourgMadridMoscouNicosieOsloPragueReykjavik

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New DelhiNew YorkPékinPretoriaRabatRio deJaneiroSéoulSingapourSydneyTéhéranTokyoTunisWashingtonWellingtonOutremerCayenneFort-de-Fr.NouméaPapeetePte-à-PitreSt-Denis

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Amiens

Metz

Strasbourg

Orléans

Caen

Cherbourg

Rennes

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Nantes

Poitiers

Montpellier

Perpignan

Marseille

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Lyon

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Mercredi

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Nord-est des Etats-Unis Pluies orageuses parfois fortes

En Europe12h TU

De rares ondées s'attarderont sur lesAlpes frontalières. La tendance généralesera à l'amélioration au retour de trèsbelles éclaircies sur la plupart desrégions. Quelques ondées arroserontl'ouest des Pays de la Loire, la Bretagneet la Basse-Normandie sous un ciel unpeu plus chargé. Les températuresresteront assez élevées, mais on neparlera pas de canicule.

Saint HenriCoeff. demarée 100

LeverCoucher

LeverCoucher

Accalmie après les orages

Aujourd’hui

Météo&Jeux

0123 du futur

Mardi13 juilletTF1

20.45 Mais où est donc passéela 7e compagnie ?Film Robert Lamoureux. Avec Jean Lefebvre,Pierre Mondy, Aldo Maccione (Fr. - It., 1973).22.30 Bienvenue dans ma tribu.Télé-réalité (90 min).

FRANCE2

20.35 On a tout révisé. Jeu.22.50 Faites entrer l’accusé.Les frères Jourdain : meurtre au carnaval U.0.15 Journal de la nuit, Météo.0.35 Les MessagersFilm Oxide Pang et Danny Pang. Avec KristenStewart, Dylan McDermott (EU, 2007, 90 min) W.

FRANCE3

20.35 Commissaire Brunetti :enquêtes à Venise.Série. Entre deux eaux. Avec Uwe Kockisch.22.10 Soir 3.22.40 Bienvenue chez les Chevaliersdu fiel. Au Casino de Paris, en 2008 (125 min).

CANAL+

20.45 Sœur Sourirep

Film Stijn Coninx. Avec Cécile de France,Sandrine Blancke, Chris Lomme (Fr. - Bel., 2009).22.45 Fast and Furious 4Film Justin Lin. Avec Vin Diesel, Paul Walker,Michelle Rodriguez (Etats-Unis, 2008) U.0.30 La Sicilienne p

Film Marco Amenta. Avec Gérard Jugnot,Veronica D’Agostino (Fr. - It., 2009, 110 min).

ARTE

20.34 Thema - Vieillir et jouirsans rougir.20.35 Plaisirs d’amour entre deux âges.Documentaire. Sylvie Banuls et Monika Kirchner.21.30 Toujours actives. La vie intime des femmesde plus de 65 ans. Documentaire (2004).22.25 The Killing. Série (S1, 17 et 18/20).0.25 Vingt minutes à la mer (20 min).

M6

20.40 Le Gendarme de Saint-TropezFilm Jean Girault. Avec Louis de Funès,Geneviève Grad, Michel Galabru (Fr. - It., 1964).22.20 Gomez & Tavarès p

Film Gilles Paquet-Brenner. Avec Stomy Bugsy,Titoff, Elodie Navarre (France, 2003, 110 min).

Lessoiréestélé

Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditions datées diman-che-lundi, mardi, mercredi et vendredi. Tous les jours Mots croiséset sudoku ; Samedi daté dimanche-lundi Echecs

Sudoku n˚10-165 Solution du n˚10-164

OGM

Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ;

télécopieur : 01-57-28-21-21Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ;

Par courrier électronique : [email protected]édiatrice : [email protected]

Abonnements : par téléphone : de France 0-825-000-778(0,15 TTC/min) ; de l’étranger : (33) 3-44-31-80-48.

Sur Internet : www.lemonde.fr/abojournal/Changement d’adresse et suspension :

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Internet : site d’information: www.lemonde.frfinances : http://finance.lemonde.fr

Emploi : www.talents.fr/ Immobilier: http ://immo.lemonde.frDocumentation : http ://archives.lemonde.fr

Collection : Le Monde sur CD-ROM : CEDROM-SNI 01-44-82-66-40Le Monde sur microfilms : 03-88-04-28-60

Résultats du tirage du samedi 10 juillet.12, 27, 30, 32, 42 ; numéro chance : 7.Rapports :5 bons numéros et numéro chance : pas de gagnant ;5 bons numéros : 145 899,10 ¤ ;4 bons numéros : 1 093,70 ¤ ;3 bons numéros : 10,40 ¤ ;2 bons numéros : 5,20 ¤.Numéro chance : grilles à 2 ¤ remboursées.Joker : 2 170 386.

Motscroisés n˚10-165

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Tres facileCompletez toute lagrille avec des chiffresallant de 1 a 9.Chaque chiffre ne doitetre utilise qu’uneseule fois par ligne,par colonne et parcarre de neuf cases.

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Dernière innovation des laboratoires de bio-ingénérie, les « plantesde garde » sont dorénavant en vente libre.ILLUSTRATION COLCANOPA

Lesjeux

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Solution du n° 10 - 164HorizontalementI.Décoincement. II. Epervière. Or.III. Rude. Va. Dame. IV. Ire. Ho.Ouais.V. Véraisons. Nô.VI. Eubée.Epar.VII. Tante. Tuée.VIII. Internat. Poe. IX.Os. Une.Amour.X.Neurasthénie.

Verticalement1.Dérivation. 2. Epure. Anse.3. Cédèrent. 4.Ore. Auteur. 5. IV.Hiberna. 6.Nivôse. Nés. 7. CEA.Œta. 8. Er. On. Utah. 9.Médusée.Me. 10. Aa. Pépon. 11.Nomina.Oui. 12. Trésorière.

Philippe Dupuis

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1. Prêt à suivre sans poser lamoindre question. 2.Du rouge eneaux douces. Pierres tombales.3. Envoyée sur les ondes. Find’office. 4. A poursuivi lesTempliers. Possessif. 5. Enveloppequi de nos jours n’apporte plus lecourrier. Sculpture pour des toiles.6. Bienmoins agressif. 7.Donnéen arrivant. Maison à lacampagne. 8. Ferme la piste.Incapable de se fixer. 9.Un peud’argent. Retient le plus gros.10. Fait petit… tout petit.Préposition. Cale. 11. Lesprovisions du percepteur. Porteurde laine. 12. Très facile à suivre...

I. Rien chez elle ne devrait vouschoquer. II. Le Premier fut roi desAnglo-Saxons. Sa voie est tracée.III. Comme une couche toujoursfroide. Grande ouverture sur lemonde. IV. S’épanouît le long desrives. Petitemesure de pression.V. Supprimer. AccompagneBrahma et Vishnou. Possessif.VI.Dans un tutu. Evite les fraisinutiles.VII. Suivre lemodèle.A fait de beauxmouchoirs.VIII. En fin de compte. Mis enterre. Convient. IX.Docteur enthéologie. Grande réunion.Porteur de vérité chez leslatinistes.X.Doublé romain.Nivellement.

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Page 21: Le Monde - Mardi 13 Juillet 2010

REPRODUCTION INTERDITE LE MONDE/MARDI 13 JUILLET 2010/21

recrute, pour le Pôle droits et services à la personne, son

DIRECTEUR DE L’EDUCATION ET DE LA PETITE ENFANCE - h/fcadre d’emploi des administrateurs

Merci d'adresser votre candidature (lettre et CV), sous la référence LM 837 4608 avant le 13 août 2010 (dernier délai) à :Monsieur le Président de la Communauté Urbaine de Strasbourg, Service Emploi formation insertion, 1 parc de l'Etoile67076 STRASBOURG CEDEX ou par courriel à : [email protected]

Sous l’autorité du Directeur général adjoint en charge du Pôle droits et services à la personne, vous dirigez l’action des services, départementset structures d’accueil rattachés à la direction de l’Education et de la petite enfance, ainsi que la Caisse des écoles. Vous préparez et déclinezla politique de l’enfance en objectifs opérationnels, vous anticipez les évolutions, définissez les orientations avec l’encadrement supérieur,contrôlez leur mise en ouvre et évaluez les résultats.

Vous êtes responsable d’un effectif de 1160 agents dont 81 cadres, d’un budget annuel de fonctionnement de 22 M€ et d’investissement de21 M€ dans 114 écoles, 34 structures municipales d’accueil pour la petite enfance et 76 structures associatives.

De formation supérieure, avec une connaissance recherchée du domaine de l’enfance et une connaissance fine descollectivités publiques, vous disposez d’une expérience avérée en management et en conduite du changement.Très disponible, vos aptitudes à la concertation, au travail en équipe et à la gestion publique sont reconnues.

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Pour accompagner son développement,RP.Onthemoon, cabinet de relations presse etpubliques de DREAMGROUP, premier groupeindépendant de conseil en réputation d’entreprise(Onthemoon, E.Walking, Dreamsearch etRP.Onthemoon) recherche un(e) attaché(e)de pressejunior en CDI.Rattaché(e) à la directrice du cabinet, vous aurez pourmission d'animer les relations presse de nos clients :rédaction de communiqués de presse, dossiersde presse, relances, contacts journalistes/clients...Nos clients: Sephora, Casino, Global Concept, Socotec,Grand Marnier, Fujifilm…

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■ Dirigeants■ Finance, Administration, Juridique, R.H.■ Banque, Assurance■ Conseil, Audit■ Marketing, Commercial, Communication■ Santé■ Industries & Technologies■ Éducation■ Carrières internationales■ Multipostes■ Carrières publiques

Nous rappelons à nos lecteurs que tous ces postes sont accessibles sans discrimination notamment de sexe ou d’âge.

The European Investment Bankthe European Union’s bank, has for itsWell-Being andWork-Life Balance Divisionin Human Resources an Invitation for Expressions of Interest:

Occupational Psychologist/Occupational Social WorkerThe EIB Group is looking for an Occupational Psychologist or Occupational Social Workerto provide additional services to its staff alongside those of its existing Medical Centre.The Occupational Psychologist/Occupational Social Worker position will be an external,independent role.

The EIB is an institution dedicated to shaping the future of Europe. Through investmentprojects and programmes we foster integration, balanced development, and economic andsocial cohesion in particular across European Union member states, but also under specialEU mandates outside the European Union. As new challenges and opportunities arise, ourmission continues to evolve and today the EIB is a key player in financing projects in futuremember states and across the world. We are a truly global institution.

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Tender procedure and further informationThis notice has been published in the Official Journal and can be found at the following link:http://ted.europa.eu/udl?uri=TED:NOTICE:174470-2010:TEXT:EN:HTML

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ultip

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Page 22: Le Monde - Mardi 13 Juillet 2010

22/LE MONDE/MARDI 13 JUILLET 2010 REPRODUCTION INTERDITE

Le Doubs :territoire

d’aventures1er département de Franche-Comtéavec 500 000 habitants, le Doubsrassemble également près de la

moitié des services et commerces dela région. Des pôles de compétences

diversifiées : bois, horlogerie,microtechnique, automobile… luivalent une croissance soutenue,

portée par une volonté d’innovationen faveur des technologies de la

communication.Limitrophe de la Suisse, ce

département montagneux oùserpentent 1 600 km de rivières attireskieurs, rafteurs et randonneurs. Une

autre sensation forte àdécouvrir dans le Doubs ?

Vivre les performances du1er conseil général certifié

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Le Conseil général du Doubspour sa direction des solidarités, direction adjointe de l’autonomie

un directeur adjoint de l’autonomie h/f(tous cadres d’emplois des catégories A et A+)

Placé sous l’autorité de la Directrice des solidarités et en concertation étroite avec les chefs de service, vous devez :• mettre en œuvre les politiques sociales en faveur des personnes âgées et des personnes handicapées décidées parl’assemblée départementale dans le cadre des dispositions nationales applicables • organiser, coordonner et évaluer lesmissions et le fonctionnement de la direction adjointe • animer et encadrer les 2 services composant la direction adjointe :le service handicap dépendance, organisé en 3 pôles territorialisés, chargé de l’élaboration des plans d’aide, de la détectionet du suivi des situations de vulnérabilité ; le service des prestations sociales, chargé de l’instruction administrative etdu versement des prestations du maintien à domicile et d’aide à l’hébergement pour un public âgé ou handicapé • mettreen cohérence les actions développées en relation avec les professionnels de terrain et les autres services de la Direction• vous investir dans les orientations, les propositions et le suivi budgétaire • vous assurer de la conformité des rapportscirconstanciés dont l’exécutif départemental doit disposer en temps utile pour délibérer • vous impliquer dans la mise à jourdu règlement départemental d’aide sociale (partie ASG) • produire les schémas départementaux PA/PH et en assurer le suivi• développer des procédures et contrôler leur application • prendre les décisions qui relèvent de votre champ de délégation• informer votre hiérarchie et procéder au “reporting” interne nécessaire • représenter le Conseil général.Doté du sens du dialogue (en interne avec les directions, et en externe avec les partenaires du Département), vous alliezqualités relationnelles et rédactionnelles.

Les candidatures, accompagnées d’un curriculum vitæ, devront être adressées avant le 31 juillet 2010 à :M. le Président du Conseil général, Direction des Ressources Humaines, Hôtel du Département, 7, av. de la Gare d’Eau,25031 BESANCON CEDEX ou par Internet : [email protected]

Un directeur des finances h/fCadre d’emploi des attachés territoriaux

Placé sous l'autorité du directeur général adjoint délégué aux ressources et aux finances.Vous êtes chargé d'organiser et d'animer une équipe de 14 personnes, mettre en oeuvre lespolitiques financières du département dans le cadre d'une gestion financière déconcentrée.Vous devez renforcer la coordination comptable et budgétaire dans les services

Vos missions• Management de 4 pôles : prospective et budgets, comptabilité, affaires financières et contrôlede gestion,• Préparation budgétaire : cadrage, synthèse, participation aux arbitrages, équilibre, préparationdes actes budgétaires et participation aux réunions de commission des finances,• Mise en oeuvre et suivi du projet de direction et de la convention des services comptables etfinanciers,• Soutien de la démarche au contrôle de gestion,• Développement de modes opératoires concentrés pour fluidifier et fiabiliser les opérationscomptables.

Votre profil• Master II finance,• Maîtrise de la comptabilité et des finances publiques,• Contrôle de la gestion en AP/CP et des comptabilités M52, M4 et M22,• Aptitude au management d'équipe et à la conduite de projet.

Vos avantage• Rémunération statutaire + régime indemnitaire attractif,• Suivi personnalisé de votre carrière (plan de formation, mobilité interne),• Avancement à la durée minimum, 50 jours de congés annuels (R.T.T. + C.P.

Poste à pourvoir immédiatement par mutation, détachement, inscription sur liste d'aptitude ou àdéfaut par voie contractuelle.Pour tout renseignement, contacter Isabelle Cadiou au 02 32 31 94 85

A une heure de Paris et de la côte normande, découvrez les richesses économiques et culturelles du Département de l'Eure,véritable territoire d'avenir de près de 600 000 habitants répartis sur 675 communes et 43 cantons.

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Merci d'adresser vos lettres de motivation et CV par mail à :[email protected] ou par courrier à :Monsieur le Président du Conseil général de l'Eure Direction des Ressources Humaines,Bd Georges Chauvin - 27021 EVREUX cedex.

Du lundi 12 juillet

au lundi 30 août,

retrouvez le rendez-vous

Offres d'emploi

dans le quotidien

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*Daté mardi

Opérateur au service du dévelop-pement du territoire, Epamarne a pourmission d’accompagner les projets

servant au développement de Marne-la-Vallée. Il intervientdans tous les domaines de l'aménagement urbain : bureaux etactivités, logements et équipements publics, réseaux routierset espaces verts… Dans le cadre d’une nouvelle stratégie dedéveloppement Epamarne recherche un :

Rattaché(e) au Directeur Général, membre du Comité de Direction,vous prenez en charge la direction des projets de Marne-la-Vallée Ouest.

Vos missions consistent à : • Conduire des projets d’aménagement etnotamment des nouveaux projets d’éco-quartiers, en manageant deséquipes dédiées, • Piloter la commercialisation des parcelles en lien avecla Direction du Développement et du Marketing, • Mettre en œuvre etsuivre des opérations d’aménagement dans le respect des budgetsannuels et conformément aux prévisions financières actualisées par leDirecteur Général, • Suivre les dossiers de création et de réalisation des ZAC.

De formation supérieure de type Ingénieur ou ArchitecteUrbaniste, vous avez une expérience d’une dizaine d’années dans laconduite de projets en aménagement urbain, dans la fonction publique ouen entreprise.Vous avez de bonnes connaissances en urbanisme, en droit et en financestout en appréhendant parfaitement l’univers des collectivités territoriales.Organisé(e), rigoureux(se), autonome, aimant travailler en équipe et ayantde bonnes capacités relationnelles, vous êtes reconnu(e) pour votre espritde synthèse, votre flexibilité intellectuelle et votre capacité de travail.Excellent communiquant, fort(e) de solides qualités managériales, vousanimez une équipe d'une vingtaine de collaborateurs.

Epamarne vous offre : Des perspectives de développement bien réelles(Grand Paris, Plaine d’Europe, axe TGV, …). Un « pôle d’excellence »développement durable, qui fait de Marne-la-Vallée le moteur dudéveloppement durable du « Grand Paris ». Un potentiel de développementet une dynamique de partenariats qui font de Marne-la-Vallée une desgrandes agglomérations d'Ile-de-France.

Merci de postuler via notre site internet www.mercuriurval.com/frà l’attention de Monsieur Charles POUVREAU, Directeur du Pôle Public

en précisant la référence FR131.00247/128Mercuri Urval, 27-29 rue des Poissonniers,

92522 Neuilly-sur-Seine Cedex.

Directeur de l’aménagementH/F

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La Ville de Bourg-la-ReineVille résidentielle - 20 000 habitants - 350 agentsMembre de la Communauté d’Agglomération des Hauts-de-BièvreSituée à 5 km au sud de Paris, recrute

Son Directeur Généraldes ServicesCadre d’emploi des attachés territoriauxEmploi fonctionnel

Missions :Collaborateur direct du Maire et en relation avec l’ensemble des élus, vous serezchargé de la mise en œuvre, de la coordination et de l’animation de l’ensembledes projets municipaux,Force de proposition, vous assurerez un rôle de conseil et d’expertise auprès desélus,Vous impulserez une forte dynamique managériale et accompagnerez lamodernisation des services,Vous piloterez l’élaboration des projets de budgets, de la programmation desinvestissements, des montages financiers, en assurerez le suivi et le contrôle,Vous veillerez à la sécurité juridique de l’ensemble des actes administratifs.

Profil :De formation supérieure, vous êtes doté de qualités managériales reconnues. Voussavez fédérer vos collaborateurs et avez le sens des relations humaines.Vous avez le sens du service public et possédez une expérience réussie dedirection.Vous possédez de fortes capacités relationnelles, un réel savoir-faire dans la miseen œuvre des orientations de la collectivité et des capacités éprouvées denégociateur.

Merci de transmettre votre candidature(CV + lettre de motivation) à Carine Nicolaÿ,cabinet Hommes et Entreprises International -2, rue Dufrénoy- 75116 Paris [email protected] sous la réf. 1 513A.

Page 23: Le Monde - Mardi 13 Juillet 2010

REPRODUCTION INTERDITE LE MONDE/MARDI 13 JUILLET 2010/23

“Son directeur général adjoint en charge du développement économique, de l’emploi etdu rayonnement international” (h/f)(Catégorie A) - REF. : DGS/DGA/

MISSIONS :Placé sous l’autorité du Directeur Général des Services, vous contribuez à la définition desorientations stratégiques de la Communauté Urbaine en matière de développement etd’attractivité du territoire et les mettez en œuvre.

Au plan du rayonnement international, il s’agira de renforcer le positionnement et l’imagedu Grand Toulouse en s’inscrivant au sein des grands réseaux européens etinternationaux.

Vous élaborez des propositions en matière de dispositifs d’accueil et d’aide aux entrepriseset favorisez l’implantation de nouvelles filières. Vous développez l’offre de services de laCommunauté en direction des professionnels. Vous animez les partenariats et réseauxinstitutionnels et professionnels dans votre domaine d’action. Vous assistez et conseillezles élus dans le domaine du développement économique.

Vous développez les programmes partenariaux avec l’Etat, la Région et le Département enmatière d’enseignement supérieur et de recherche.Vous assurez la gestion administrative et budgétaire de la direction générale adjointe.

PROFIL :De formation économique supérieure, vous avez une connaissance approfondie du tissuéconomique territorial et de ses enjeux ainsi que du secteur de l’enseignement supérieuret de la recherche. Vous maîtrisez les évolutions du cadre règlementaire des politiquespubliques en matière de développement économique.Vous possédez des capacités éprouvées pour la gestion de projets et le managementd’équipe. Vous êtes reconnu pour votre dynamisme, votre disponibilité et vos qualitésrelationnelles.Date limite de dépôt des candidatures : 30 juillet 2010

La Communauté Urbaine du GrandToulouse recherchepour sa Direction Générale des Services(Par voie statutaire de mutation, de détachement,d’inscription sur liste d’aptitude ou à défaut,par voie contractuelle)

Adresser curriculum vitae, lettre de motivation et dernier arrêté de situation administrative ou attestation d’inscription sur liste d’aptitude (en rappelant les REF : DGS/DGA/83)à : Monsieur le Président de la Communauté Urbaine du Grand Toulouse - Direction des Ressources Humaines 32 rue Valade - BP 999 - 31040 TOULOUSE Cedex 6 ou [email protected]

N°1 sur les Cadresde la Fonction Publique

139 000 lecteurs issus de la Fonction Publique lisent Le Monde**Source Audi Presse Premium 2009.

Un Chef de projet ImaginaAtlantica/coordinationClimatlantic (h/f)Cadre d’emplois des attachés ou ingénieurs

Dans le cadre de sa stratégie de coopération, le Grand Angoulême a étéretenu au sein du programme Interreg IVB comme chef de file pour unprojet de développement économique et touristique autour de l’imagenumérique appelé « Imagina Atlantica ».Ce projet vise à créer un réseau entre différents territoires européens del’Espace Atlantique (Pays de Galle, Galice, Nord du Portugal et le GrandAngoulême) pourmettre en commun leurs savoir-faire et développer desactions dans le domaine de la formation, des entreprises de l’image etdu tourisme.

Afin d’animer ces projets et de mettre en œuvre ses orientations straté-giques en matière de programmes européens, la communautéd’agglomération recrute un chef de projet. A ce titre, vous assurez, enlien avec l’assistance technique, l’animation, la coordination, la mise enplace du plan d’actions, le suivi financier et administratif du projetImagina Atlantica tant sur le plan local qu’en lien avec les partenaireseuropéens. Vous êtes chargé de la coordination financière et partenarialedu projet Imagina Atlantica en lien avec le projet Climatlantic, projet dansle domaine de l’environnement et de lamobilité auquel participe le GrandAngoulême comme partenaire. Vous gérez l’organisation des événementset séminaires du réseau européen sur le territoire de l’agglomération.

De formation supérieure en développement local ou sur les politiqueseuropéennes et doté d’une expérience professionnelle significative endéveloppement et animation de projet, vous maîtrisez le contexte institu-tionnel de l’Europe et connaissez les enjeux, les évolutions, le cadreréglementaire et le fonctionnement des programmes de coopérations dontInterreg. Vous connaissez le fonctionnement des collectivités locales(travail avec les élus, cadre budgétaire des politiques publiques…) et êtessensible aux enjeux de développement local. Vous savez animer desgroupes de travail et travailler en réseau avec les institutionnelslocaux. Vous êtes autonome, force de proposition et doté de qualitésrelationnelles et rédactionnelles. Vous maîtrisez l’anglais et l’espagnol.

Recrutement contractuel (contrat 36 mois).

Merci d’adresser votre candidature (lettre de motivationmanuscrite et CV), avant le 31 juillet 2010, àMonsieur le Président de la Communauté d’AgglomérationGrand Angoulême, 25 boulevard Besson Bey,

16023 Angoulême cedex.Courriel :[email protected]

La Communauté d’AgglomérationGrand Angoulême (Charente) 110 000 habitants,recrute selon conditions statutaires

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D É P A R T E M E N T D U P A S D E C A L A I S

7e département de France(1,5 million d’habitants,894 communes,1,557 milliard de budget)Le Territoire du Calaisis compte156 230 habitants et la Maisondu Département Solidarité,176 collaborateurs et266 assistants familiaux

un Directeur de la Maison du Département Solidarité du Calaisis (h/f)Catégorie A/A+

Une ambition : le management d’hommes et de femmes, de projets au service d’un territoire et de ses habitants

Vous êtes le représentant du Département auprès des élus et des différents partenaires du Calaisis. Avec le soutien desservices du siège vous développez les conventions, soutenez les démarches innovantes et limitez, la parcellisation despolitiques publiques. Chargé de porter localement les valeurs du projet stratégique départemental et du service d’insertion,vous assurez la mise en œuvre du projet d’administration et la démarche « Accueil et Accompagnement » dans un soucipermanent de valorisation, des compétences de vos collaborateurs, de vos partenaires et des habitants/usagers.Vos missions consisteront en trois fonctions principales :- Une fonction de direction et de management : Vous dirigez le comité de direction territorial et faîtes valider parle directeur de pôle la composition, le rôle et le rythme des différentes instances en tenant compte des expériences desautres MDS. Vous portez une attention particulière au pilotage du changement, à la conduite des nouvelles actions enmode projet, et à l’accompagnement par des actions de formation territorialisées ou en inter territoire.

- Une fonction stratégique de développement territorial : Dans le respect des schémas départementaux, vous développez un projet territorial dedéveloppement social et l’inscrivez dans les démarches de contractualisation avec les intercommunalités. En étroite coordination avec les élusdépartementaux, vous impulsez tout projet en réponse aux enjeux de développement du territoire. Représentant du Directeur du Pôle de la Solidarité ausein des instances de pilotage et manifestations organisées sur son territoire vous prenez des initiatives avec les autres directions du Département et vospartenaires pour développer une culture commune.- Une fonction d’organisation et de gestion des Ressources Humaines : Vous validez en lien avec l’équipe des cadres territoriaux la répartitiondes ressources humaines pour l’exercice des missions sur l’ensemble du territoire et êtes le garant de l’organisation de la continuité de service. Dans cecadre, vous assurez une gestion prévisionnelle des ressources humaines sur votre territoire et faîtes valoir les besoins en formation des équipes en réponseaux évolutions des compétences induites par la démarche projet et le développement des pratiques contractuelles.Idéalement issu d’une formation supérieure, et justifiant d’une connaissance des objectifs et des mécanismes des politiques sociales et médico-socialesdépartementales ainsi que des acteurs de l’action sociale, vous êtes capable de piloter et de gérer des projets. Rompu au management, vous avez démontrévos capacités à animer des équipes lors d’une première expérience. Vous savez travailler en mode projet, animer et organiser des réseaux. Permis B exigé.Renseignements : M. Roland GIRAUD, DGA, Directeur du Pôle de la Solidarité au 03.21.21.67.59ou Mme Isabelle OLSZEWSKI, Chargée de recrutement, au 03.21.21.56.57 ou par courriel [email protected]

Merci d’adresser votre candidature manuscrite, accompagnée d’un CV détaillé, avant le 31/08/2010, à :M. le Président du Conseil Général du Pas-de-Calais, Direction des Ressources Humaines,Bureau des recrutements, Hôtel du Département, 62018 ARRAS Cedex 9.Profil du poste détaillé sur www.pasdecalais.fr

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Ville de Houilles, 31 000 habitants,dans les Yvelines

Directeurfinancier h/f

Membre de l’équipe de direction, voussupervisez le service des finances (9 postes).Encadrant une équipe importante, vousveillez à atteindre les objectifs fixés pour lesecteur, tout en étant force de proposition etd’optimisation des ressources dont dispose lacollectivité.A ce titre, vous êtes pilote associéà l’élaboration annuelle des budgets avec ledirecteur général des services municipaux etl’élu de secteur et vous vous assurez de leursuivi dynamique et optimal.

Vous bénéficiez d’une expérience probantedans la conduite de projets à caractèrefinancier.Vous possédez de réelles aptitudesau management et à la transversalité desproblématiques, un sens de l’initiative, le goûtdu travail en équipe.Vous disposez d’une fortecapacité d’analyse financière immédiate etprospective et savez intégrer tous les fonda-mentaux économiques internes et externes àvotre réflexion.

Titulaire ou contractuel, vous bénéficiezd’une rémunération attractive et d’avantagesliés à la fonction.

Poste à pourvoir immédiatement.

Merci d’adresser votre lettre decandidature manuscrite + CV + photo,à M. le Maire, 16, rue Gambetta,BP 120, 78805 Houilles [email protected]

www.ville-houilles.fr

Page 24: Le Monde - Mardi 13 Juillet 2010

24 0123Mardi 13 juillet 2010Carnet

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0123cette semaine---------------------------------------------------------

HORS-SÉRIE

Supplément spécialFestival d’Avignon

Mardi 6 juillet daté mercredi 7 juillet

Ve�dredi 9 juillet daté samedi 10 juillet

En couvertureOù va Fra�ce I�ter ?

Enquête« J’ai fait décryptermo� gé�ome »

BD Le �ouveau Loustal-------------------------------------------------------------------

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Livre6 :CRÉBILLONFILSLe Sofa

dès le jeudi 8 juillet------------------------------------

Dès le ve�dredi 9 juilletWILLIAM KAPELLLe double CD-livret �° 27

AU CARNET DU «MONDE»

NaissancesMme Bernard JAULMES

laisse àSaâd,

la joie d’annoncer la naissancede son « petit-frère »

Amir,

né le 1er juin 2010,

chezSophie et Taysir BATNIJI.

Olivier et Sylvie CHANTELOUP

sont heureux d’annoncer la naissance de

Gabriel,

le 30 juin 2010, à Paris.

MariagesLe Raincy. Kilkenny. Paris.

Alain et Catherine LE ROUX,James etMary TIERNEY,

sont heureux d’annoncer que l’accalmiedu volcan islandais a permis le mariagede leurs enfants,

Boris etAnne-Marie,

en plein cœur de Paris, le mardi 13 juillet2010.

Every cloud has a silver lining.

Christophe ACKER etMme,née Violaine AUBOYNEAU,Jean-Pierre TUIL etMme,née Frédérique Chabert,

sont heureux d’annoncer le mariagede leurs enfants,

Joséphineet

Raphaël

célébré à Crécy-la-Chapelle,ce samedi 10 juillet 2010.

Départ à la retraiteCatherine,sa femme,

Stéphanie, Sophie, Romain et Adrien,ses enfants,

Alexis et Tristan,ses petits-enfants,

ont l’immense bonheur d’annoncerle départ à la retraite de leur mari, pèreet grand-père,

Gérard MALBOSC,décoré des Palmes académiques.

Mais que va-t- i l pouvoir fairemaintenant après avoir travai l lersoixante-dix heures par semaine pendantquarante ans ?Réponse :Profitez de nous, et nous de lui !Bonne retraite ! Nous t’aimons !

Décès

Liliane Leseur,sa compagne,Thierry et Marguerite Bertini,

ses enfants,Nicole Bertini,

sa petite-fille,Toute sa familleEt ses nombreux amis,

ont la tristesse de faire part du décès de

M. Gianni BERTINI,peintre,

survenu le 8 juillet 2010,dans sa quatre-vingt-huitième année.

L’inhumation aura lieu au cimetièrede Pise (I).

6, route de Merville,14860 Bréville-les-Monts.4, Piazza Libia,20135 Milan.

Strasbourg. Paris. Montferrier-sur-Lez.

Mme François Bilger,Mlle Françoise Bilger et M. Lionel

Erpelding,M. et Mme Pascal Bilger

et leurs enfants, Vincent, Clara, Lucas,Clémence, Pauline,Mme Marie-Christine Colombet,M. et Mme Pierre Bilger,M. et Mme Philippe Bilger,

ont l’immense douleur de faire partdu décès de

M. François BILGER,professeur honoraire des sciences

économiques de l’université de Strasbourg,ancien adjoint au maire,

ancien présidentdu port autonome de Strasbourg,

son époux, leur père et beau-père,g rand-père , f r è re e t beau- f rè re ,le 6 juillet 2010, dans sa soixante-dix-septième année.

La cérémonie religieuse aura lieule mardi 13 juillet, à 9 heures, enla cathédrale Notre-Dame de Strasbourg,chapelle Saint-Laurent.

5, rue Schumann,67000 Strasbourg.

Ses enfants, petits-enfantsEt toute sa famille,

ont la tristesse d’annoncer la mort de

Claude BOIZIAU,

survenue le 30 juin 2010,à l’âge de soixante-seize ans.

Depuis le 7 janvier 2000, grâce àses activités, il avait réussi à survivreà la mort de sa bien-aimée,

Jeannine.

Il ne parlera plus d’elle !

Leur urne commune sera jetée en merd’Iroise.

Son fils Didier,Sa famille,Ses proches,

ont la profonde tristesse d’annoncerle décès de

Jean CHEDORGE,

survenu à Lyon, le 6 juillet 2010,dans sa quatre-vingt-sixième année.

Il a été incinéré dans la plus stricteintimité familiale.

Il repose au colombarium Péristylede la Guillotière, auprès de son épouse,

Louise,

décédée le 3 janvier 2010.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Didier Chedorge,27, cours Gambetta,69003 Lyon.

Dominique, Seymour, Gilles,ses enfantsCharlotte,

sa petite-fille,

font part du décès de

Mme Janine DINNEMATIN,née ROY,

survenu le jeudi 8 juillet 2010,dans sa quatre-vingt-huitième année.

La cérémonie religieuse aura lieuce lundi 12 juillet, à 10 heures, en l’égliseSaint-Paul-en-Chablais, Haute-Savoie.

L’inhumation aura lieu le mardi13 juillet, à 17 h 15, au cimetière d’Epône(Yvelines), où elle reposera aux côtés de

Seymour Paul DINNEMATIN,

son mari, décédé le 7 août 1997.

Une célébration aura lieu à Bagneux(Hauts-de-Seine) ultérieurement.

Doris Duflos-Carter,son épouse,Alice Duflos-Gérard,

sa mamanEt toute la famille,

ont la douleur de faire part du décès de

Gérard DUFLOS,architecte,

survenu à Boulogne-sur-Mer,le 4 juillet 2010,à l’âge de soixante-quatre ans.

Ses obsèques ont été célébrées dansl’intimité familiale.

Cet avis tient lieu de faire-part.

86, rue Jules-Baudelocque,62200 Boulogne-sur-Mer.Les Jardins d’Arcadie,Avenue du Général-Préaud,13100 Aix-en-Provence.

Lise Fribourg,son épouse,Sa famille,Ses proches,

ont la douleur de faire part du décès de

Pierre FRIBOURG,

survenu le 2 juillet 2010, à Amiens.

Les obsèques ont eu lieu dansl’intimité.

Margreth HANSEN PATRIX,« Gigi »

est décédée le mardi 6 juillet 2010.

La famille sera au Père-Lachaise,le mardi 13 juillet, à 16 h 30, pourune dernière histoire.

Bretagne. Le Chesnay. Carpentras.

Philippe et Pascal Lamandé,ses filset leurs compagnes, Michèle et Gaëlle,Gabriel et Zoé,

ses petits-enfants,

font part du décès de

M. Onésime LAMANDÉ,

survenu à l’âge de quatre-vingts ans,le vendredi 9 juillet 2010.

La cérémonie religieuse aura lieule mardi 13 juillet, à 15 h 30, en la paroissede Bédoin (Vaucluse) , suivie del’inhumation au cimetière de la commune.

La famille remercie par avance toutesles personnes qui prendront partà sa peine.

Paris. Newport. Palma.

Gin et Jacques († 2001) Lambert,ses parents,Chris t ine Courrégé et Bernard

Jouanneau,ses sœur et beau-frère,Thierry et Béatrice Lambert,

ses frère et belle-sœur,

Pierre et Jeannine, Franciset Geneviève Lambert,ses oncles et tantes,Patrick et Marie-Cécile Louart,Sylvie et Philippe Vanseghbroeck,Sylvain et Isabelle Lambert,Caroline et Stéphane Soulet,Agnès et Christian Duval,

ses cousins,Margaux Jouanneau,Aurélien, Alexandre et Valentin

Lambert,ses nièce et neveux,

Mais aussi,Ses très nombreux et fidèles amis

par-délà les mersEt notamment, Eve Gamer,

grâce auxquels, et pour lesquels,elle a pu lutter si longtemps,

ont la très grande tristesse d’annoncer que

Sandrine LAMBERT

s’est éteinte le 8 juillet 2010,à l’âge de quarante-six ans,au terme de douze années d’un combatquotidien contre la maladie.

Ses obsèques auront lieu au crématoriumdu Père-Lachaise, le jeudi 15 juillet,à 10 h 30.

Cet avis tient lieu de faire-part.

59, rue d’Auteuil,75016 Paris.

La présidentede l’université Sorbonne Nouvelle-Paris 3,Le direc teur,Les enseignantsEt les étudiants

de l’UFR Monde anglophone,L’ensemble des personnels enseignants

et administratifs de l’université

s’associent au deuil de la famille et desproches au lendemain du décès de

M. André LE VOT,professeur

de littérature américaine contemporaine.

Pierre Lemoine,son mari,

Bruno et Ada,Jean-Marc et Danièle,Dorine et Philippe,Damien et Marie-Jeanne,Perrine et Pascal,

ses enfants,

Matthias, Marie, Timothée,Mathilde, Claire, Lélio,Clément, Sarah, Florian,Camille, Aude, Gaëlle,Valentin, Basile, Jonas, Fantine,

ses petits-enfants,

ont la tristesse de faire part du décès de

Lilette LEMOINE,née LÉVY-BRUHL,

survenu le 5 juillet 2010.

Tu vas nous manquerterriblement Baba.

1, rue Raffet,75016 Paris.

Le général et MmePierre Lorenzi,Le professeur et Mme Jean-Hervé

Lorenzi,M. Jean Dartigues,

en union de prière avec Marie-Françoise,ses enfants,Vincent, Rémy, Clotilde, Gilles (†),Elisabeth, Geneviève, Mathilde,Constance, Marie-Laurence,Jean-Baptiste,

ses petits-enfants,Julien, Eléonore, Mathieu,Antoine, Corentin,

ses arrière-petits-enfants,

ont la tristesse de faire part du rappelà Dieu de

Mme Suzanne LORENZI,née RICHARD,

survenu à Paris, le 7 juillet 2010,dans sa cent deuxième année.

La cérémonie religieuse a été célébréece lundi 12 juillet, à 10 heures, en l’égliseSaint-Christophe-de-Javel, Paris 15e.

Une prière d’adieu sera dite ce mardi13 juillet, à 14 h 30, en l’église Saint-Jean-Bosco de Toulon, suivie de l’inhumationau cimetière de Lagoubran.

M. et Mme Pierre Racine,

ont la profonde douleur de faire partdu décès de leur fille,

Florence RACINE,

enlevée à leur tendre affection le 3 juillet2010, à l’âge de quarante-huit ans.

8, rue Traversière,67201 Eckbolsheim.

Tous ceux qu’elle a tant aimés,Sa familleEt ses proches,

font part du décès de

Lucienne SALDOU,

survenu le 3 juillet 2010, à Bayonne.

Elle est allée rejoindre son époux,

Paul SALDOU,décédé le 22 avril 2010.

RemerciementsTrès touchés par les marques de

sympathie qui leur sont parvenues lors dudécès de

Paul AMBILLE,peintre,

les membres du comité de la FondationTaylor et Paulette Ambille adressent leursvifs remerciements à tous ceux qui leur ontapporté ces témoignages d’amitié.

Claudine Colin,

très touchée par les marques de symptathieet d’affection que vous lui avez témoignéeslors du décès de sa mère,

Simone COLIN,

vous exprime ses profonds remerciements.

36, rue des Archives,75004 Paris.

Le CarnetFaites part

de vos événementspar téléphone : 01 57 28 28 28

par e-mail : [email protected] fax : 01 57 28 21 36

Tarifs 2010 (prix à la ligne)

Naissances, Anniversairesde naissance, Mariages,Fiançailles… : 18 � TTC

Décès, remerciements,Avis de messe, Anniversairesde décès, Souvenirs : 24 � TTC

Thèses : 15 � TTC

Réduction abonnésUn justificatif d’identité sera demandé.

CommémorationsChaque année, le 16 juillet à 18 heures,les militants de l’association «Les Fils etFilles des Déportés Juifs de France »se rassemblent et se recueillent, boulevardde Grenelle, à l’emplacement duVélodrôme d’hiver pour commémorer lagrande rafle des juifs des 16 et 17 juillet1942, quand, à la demande des Allemandset avec l’accord du gouvernementde Pétain et de Laval, la police françaisea arrêté 13 152 juifs.Au Vel d’hiv ont été enfermées 8 160victimes : 2 916 femmes, 1 129 hommeset 4 115 enfants ; dans le camp de Drancy1 989 hommes et 3 003 femmes.Du 19 au 22 juillet les internés du Veld’hiv furent transportés dans les campsde Pithiviers et de Beaune-la-Rolande.Adultes et adolescents en furent déportésdirectement à Auschwitz par 4 convoisentre le 31 juillet et le 7 août 1942.Les milliers d’enfants en bas-âge furentbrutalement séparés de leurs parentset laissés sur place dans une affreusedétresse.En raison de la volonté allemandede ne pas faire partir des trains remplisexclusivement d’enfants, ils furenttransférés à Drancy, où ils furent mélésà des milliers d’adultes juifs raflés en zonelibre où il n’y avait pas d’Allemands.Les enfants ont été déportés à Auschwitzpar 6 convois entre le 17 et le 28 août1942.Aucun d’entre eux n’est revenu.Le rassemblement des FFDJF sur la voiepubl ique, boulevard de Grenel le(métro Bir-Hakeim) se tiendra le vendredi16 juillet, à 18 heures.

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Finale

Pays-Bas-Espagne 0-1

E lle était annoncée comme le grandfavori du Mondial sud-africain. L’Es-pagne a tenu ses promesses en deve-

nant, dimanche 11 juillet à Soccer City, lahuitième nation à rejoindre le palmarèsde la Coupe du monde. Sa victoire à l’arra-ché contre les Pays-Bas (0-1) consacre lasuprématie d’une génération exception-nelle de joueurs, comme le BarcelonaisAndres Iniesta, héros de la soirée en libé-rant son pays dans les dernières minutesdes prolongations.

Deux ans après leur triomphe à l’Euro,les joueurs de la Roja ont brandi le trophéeen or vêtus de maillots rouges vif floquésde leur première étoile et préparés pour legrand soir. « Ce titre de champion du mon-de vient du titre européen de juin 2008, acommenté le sélectionneur espagnolVicente del Bosque, enfin souriant. Laligne de jeu avait été tracée. Nous l’avonssuivie.»

Cette coupe récompense l’ensemble del’œuvre de cette équipe davantage queson seul parcours en Afrique du Sud. Car siles Espagnols ont imposé leur style, fait deconfiscation du ballon et de jeu court ettechnique, dans leurs sept rencontres,leur flamboyance ne s’est pas traduite auxtableaux d’affichage.

Les scores sont plutôt à l’italienne (ou àla française) puisqu’à partir des huitièmesde finale, l’Espagne a gagné à chaque foissur la plus chichedes marges, 1-0. Son atta-que présente le plus famélique bilan d’unchampion du monde : huit buts en septmatches. C’est avec sa défense qu’elle a pul’emporter puisque celle-ci n’a encaisséque deux buts, un autre record.

Première nation européenne à s’impo-ser en dehors du Vieux Continent, la Rojas’est même offert un luxe insolite : finirvictorieuse en débutant sa campagne parune défaite contre la Suisse (0-1), un acci-dent de l’histoire que les Espagnols, sansdoute trop confiants au départ, ont finipar retourner en leur faveur.

Une finale de Coupe du monde leur asuffi pour être sacrés, elle leur permet dereprendre la tête du classement FIFA,devant le Brésil. Les Néerlandais doiventenvier leurs adversaires, eux qui ontéchoué pour la troisième fois (après 1974et 1978) dans la dernière ligne droite. Maisles hommes de Bert Van Marwijk ont peuen commun avec leurs glorieux aînés. Ilsont choisi de bloquer les menées espagno-les en cassant le rythme du match avecdes moyens répréhensibles.

L’arbitre anglais Howard Webb n’a paschômé: il a distribué quatorze cartons jau-nes (encore un record pour une finale deCoupe du monde), dont neuf pour lesseuls Oranje. Le défenseur John Heitingaa même eu les faveurs d’un rouge (sévère)qui a dénoué l’issue de la rencontre.

Howard Webb aurait pu également ren-voyer aux vestiaires deux agités du bocal :le rugueux Espagnol Joan Capdevilla et levicieux Néerlandais Mark Van Bommel,

qui a agressé verbalement le trio arbitralau coup de sifflet final, au point que sonentraîneur a dû intervenir pour calmerses ardeurs. Symbole de ces pays bien bas,Van Bommel, coupable d’un affreux taclesur Xavi, a voulu relever sa victime, qui l’asèchement éconduit.

Pendant une heure, ce sommet a étégâché par la tension, la nervosité et demauvais coups efficaces puisqu’ils ontendigué durablement la furia espagnole.Pour leur salut, les Néerlandais sem-blaient s’en remettre aux dribbles d’ArjenRobben. La flèche du Bayern Munichaurait pu briser les rêves espagnols s’iln’avait trouvé sur son chemin le gardienIker Casillas, deuxième héros du match.Cesc Fabregas, dont l’entrée a apporté unefraîcheur physique à la Roja, a eu la même

opportunité dans les prolongations quiont permis d’emballer enfin le match. Lemilieu d’Arsenal s’est à son tour heurté àun grand gardien, Maarten Stekelenburg.

Les cinq minutes qui ont suivi le but d’I-niesta ont été fort animées. Pendant queCasillas restait agenouillé, en pleurs, aubord de sa surface de réparation, le buteurécopait d’un carton jaune pour avoir enle-véson maillotafin de dévoiler un t-shirtenhommageàDani Jarque,unespoirbarcelo-nais mort durant son sommeil à 26 ansd’une crise cardiaque, en août2009.

Les remplaçants espagnols ont alorsallègrementenfreint lerèglementenpéné-trantsurla pelouse.Leton delasoiréeavaitétédonnéavantlecoupd’envoiparun qui-damquiavaitréussiàéchapper àlavigilan-cedesforcesdesécuritépourtenterdecoif-fer la coupe avec un bonnet rouge et or. Ungeste prémonitoire.

Présente dans les tribunes de SoccerCity, la reine Sophie a salué la performanceen de nobles termes : « C’est merveilleux,nous sommes absolument enchantés.» Surla pelouse, les roturiers Xavi et Puyol ontprofité de l’allégresse nationale pourdéployer un drapeau catalan.

Quelques minutes plus tard, le même« Puyi », Fabregas et Piqué débarquaient,bièresenmain,pourperturberlaconféren-ce de presse d’Iniesta. En éructant «he’s thebest ». Ils pouvaient être ravis puisque laRoja empoche 23,7 millions d’euros de laFIFA pour sa victoire.

Avant le coup d’envoi, Nelson Mandelaa défilé dans une voiturette, chapka sur latête et sourire radieux. C’est grâce à l’an-cien président que cette folie a été renduepossible.p

Bruno Lesprit

et Simon Roger

(à Johannesburg)

d’orDavid Villa, l’un des meilleursbuteurs du Mondial, brandit

la Coupe du monde, dimanche11 juillet. KAI PFAFFENBACH/REUTERS

AfriqueduSud2010

L’âge

L’EspagneagagnésapremièreCoupedumonde,dimanche,àl’issued’unmatchtenducontrelesPays-Bas

«Ce titre dechampiondumondevient dutitreeuropéende juin2008. Lalignede jeuavait ététracée.Nousl’avons suivie»

Vicente del Bosquesélectionneur espagnol

t Le bel Ibère australAprès 120 minutes d’un matchrythmé par les cartons, la Rojas’est imposée en finale. Page25t L’Espagne rouge de plaisirLe pays, en crise, sort renforcédu Mondial. Page26t Amères OranjeTroisième finale, troisième défaite.A Amsterdam, les supporteurssont hébétés. Page26t En route pour RioLe Mondial est fini, vive le Mondial!En 2014, il se tiendra au Brésil. Page26t Les échosVuvuzelas, Bleus, pieuvre, Mandela :le best of. Et la chroniquede François Bégaudeau. Page27t La lettre du MondialOù l’on apprend que le bilandu Mondial ne se limite pasau coût des stades. Page28t Le Mondial en septactesInstants marquants de quatresemaines en Afrique du Sud. Page28t Sur Lemonde.frRetrouvez l’intégralité des résultatset classements, ainsi que les analysesde nos spécialistes.

250123Mardi 13 juillet 2010

Page 26: Le Monde - Mardi 13 Juillet 2010

O ù étais-tu, quefaisais-tu le jouroù l’Espagne est

devenue championnedu monde ? » Les ques-tions de ce genre, cen-sées fixer les dates his-toriques dans lamémoire collective,seront aux Espagnolsd’aujourd’hui ce quefut longtemps, pour laprécédente génération,le fameux « Où étais-tuquand Franco estmort ? » Il ne sera guèrebesoin de se creuser latêtepour cejour mémo-rable : la moitié du paysétait devant son petitécran, et l’autre dans larue, agglutinée devantdes écrans géants.

Le sacre de Johannesburg mar-quera un avant et un après pour lefootball espagnol, incapable jus-que-là de dépasser le stade desquarts de finale en Coupe du mon-de. Mais la victoire de la Roja estsurtout ressentie comme l’apo-théose d’un sport espagnol qui vittout entier, selon Jaime Lissa-

vetzky, discret secrétaire d’Etataux sports, « une époque dorée, lameilleure de notre histoire ».

Déjà, en 2008, le quotidienL’Equipe avait salué « l’été de grâcede l’Espagne » après le triompheeuropéen de ces mêmes footbal-leurs, le quatrième Roland-Garrosde Rafael Nadal et le doublé Giro-Vuelta d’Alberto Contador. Cetteannée, il faudra être tout aussiingénieux dans le superlatif, puis-que Nadal a ajouté le trophée deWimbledon à celui de la Ported’Auteuil, et que Contador est pro-che de sa troisième victoire finaledans la Grande Boucle.

D’autres Espagnols règnent enmaîtres sur leur discipline, com-me Jorge Lorenzo, leader du cham-pionnat du monde de moto GP, ouencore le basketteur Pau Gasol,star de la NBA chez les Lakers etchampion du monde et d’Europeavec l’équipe nationale, sansoublier Fernando Alonso, cham-pion du monde de F1 en 2005 et2006. « Le sportif espagnol a consi-dérablement amélioré ses capaci-tésde compétiteur, explique M.Lis-savetzky. Il n’a plus peur d’aucunadversaire, et quel que soit le sport,

il ne se sent pas inférieur. » Ce sontles 22 médailles obtenues auxJeuxolympiques de 1992à Barcelo-ne qui ont terrassé le vieux com-plexe espagnol. Federico Baha-montes était entré dans la légendenationale en remportant le Tourde France en 1959 ; puis il y eutManoloSantana qui gagna Roland-Garros et Wimbledon au débutdes années 1960 ; et encore le gol-feur Severiano Ballesteros, vain-queur du British Open en 1979.

Mais il ne s’agissait-là que de suc-cès isolés.

L’âged’or actuel, qui voit les ath-lètesespagnolsbriller dans demul-tiples disciplines, olympiques ounon, a commencé avec le program-me de préparation olympique(ADO) mis en place en vue des JO

de 1992, et la construction d’uncentre d’entraînement ultramo-derne à Sant-Cugat, près de Barce-lone. Pendant les quinze dernièresannées, marquées par une fortecroissance économique et l’aideeuropéenne, l’Espagne a considé-rablement amélioré ses infrastruc-tures, ainsi que son système dedétection-formation. Si le budgetdu ministère des sports souffre dela crise (– 5 %), celui de l’ADO résis-te ; la part du financement privéest en augmentation grâce auxavantages fiscaux consentis auxentreprises qui participent au pro-gramme.

« Le sport est le sourire de l’Espa-gne », remarquait El Pais à la veillede la finale. Le succès de la Roja l’atransformé en joie démesurée.« Espagnols, Espagnols, nous som-mes Espagnols », scandait la foulerieuse, place de Cibeles, au centrede Madrid, là même où les nou-veaux conquistadores devaientdéfiler, lundi 12 juillet au soir, dansun autobus découvert.

Assomméeparla crise économi-que et ses 4,5 millions de chô-meurs, l’Espagne a célébré toute lanuit une fierté retrouvée dans lavictoire, mais aussi grâce à lamanière. Ce football léché plaît aumonde entier. « Parce que le jeu dela Roja a été comme notre pays :brillant, solidaire, heureux, maisaussi profondément respectueuxde l’adversaire », a écrit José LuisRodriguez Zapatero dans El Pais.

Pour le chef du gouvernementespagnol, « ce succès va nousapporter l’estime de nous-mêmeset de la confiance. Nous allonsnous lever avec force ». Incontesta-blement, l’euphorie de la victoirel’aidera à trouver les mots, mercre-di 14 juillet devant le Parlement,pour son discours sur l’état de lanation et le débat qui s’ensuivra.Pour le dirigeant socialiste, en trèsgrande difficulté dans les sonda-ges et en minorité aux Cortes,l’exercice s’annonçait aussi incer-tain qu’une séance de tirs au but.

Jusqu’à ce que le préposé aucalendrier politique, d’un jolicontrepied, décide de le reporteraprès la finale.p

Jean-Jacques Bozonnet

(à Madrid)

L uiz Inacio Lula Da Silva a bou-dé la finale de la Coupe dumonde. Le président brési-

lien, qui devait achever sa tournéeen Afrique en assistant à l’ultimematch du Mondial, dimanche11juillet, à Johannesburg, a préféréchanger ses plans pour rentrer aupays. Officiellement pour êtreauprès des victimes des inonda-tions qui ont ravagé le nord-est duBrésil fin juin. Officieusement par-cequelaSeleçaoaétééliminéesansles honneurs en quarts de finalepar les Pays-Bas (2-1).

Dans quatre ans, Lula ne seraplus président, mais il ne devraitpas faire faux bond lors de la finalede la Coupe du monde, puisqu’elleaura lieu au Maracana. Le mythi-que stade de Rio de Janeiro, le plusgrand du monde à sa construction,a déjà accueilli une finale, en 1950.Lula n’y était pas, il n’avait que4ans.Maislesouvenirrestedoulou-reuxdans la mémoire du présidentet de cette nation de supporteursenflammés.En1950,leBrésilperditle match et la Coupe après un butde l’Uruguay au dernier instant. Onraconte encore à Rio que200 000 personnes sortirent enpleurs de l’enceinte flambant neu-ve, dans un silence sépulcral.

«Je crois que nous avons dépasséce traumatisme et que la fête sera

belle»,prometdansunsourireMar-cia Lins, secrétaire des sports del’Etat de Rio et administratrice duMaracana, le deuxième monu-ment le plus visité de la cité. Celui-ci est fermé aux manifestationssportives: le stade doit se soumet-tre à d’importants travaux demodernisation afin d’être aux nor-mes de la Fédération internationa-le de football (FIFA) pour pouvoiraccueillir la Coupe des confédéra-tions en 2013, test grandeur natureavant le Mondial.

«Impossible à imaginer»Les travaux doivent débuter en

août, et le calendrier semble sou-dain très serré. A l’image de tous leschantiers prévus pour cet événe-ment tellement désiré par les auto-rités.DésignéparlaFIFAennovem-bre 2007, le Brésil a peu avancédans les aménagements exigés parle cahier des charges.

A la veille de la compétition enAfrique du Sud, le secrétaire géné-ral de la FIFA, Jérôme Valcke, avaittiré la sonnette d’alarme : « Le Brésilne respecte aucune échéance, toutest en retard. Faudra-t-il attendre lafin du prochain carnaval?»

Les projets, les appels d’offres,les financements accusent unretard préoccupant. Aucun stadedes douze villes choisies pour

accueillirlesmatchesn’estauxnor-mes, et plusieurs sont à construire.Mais, à ce jour, trois seulementsont en chantier, à Manaus, BeloHorizonte et Cuiaba.

A Sao Paulo, énorme polémi-que : la plus grande ville d’Améri-que du Sud, la plus riche et la pluspeuplée, ne devrait pas accueillir lematch d’ouverture. Ricardo Teixei-ra, le président du comité organisa-teur, qui est également à la tête dela Confédération brésilienne defootball (CBF) depuis vingt et unans, a rejeté le projet de rénovationdu stade Morumbi.

Le chef de l’Etat lui-même s’enest ému : « Que cette mégapole quia des équipes importantes commele FC Sao Paulo et Corinthians, où leMorumbi fonctionne depuis 1962 etpeut recevoir jusqu’à 100 000 per-sonnes, ne puisse accueillir la Coupedu monde, je trouve ça bizarre etimpossible à imaginer. » Le club duFC Sao Paulo allègue n’avoir trouvéaucun financement privé pour deplus amples travaux.

«Les chantiers des stades ne sontpas les seuls en retard, dénonce Sil-vio Torres, député de Sao Paulo, lesmoyens de transport publics et lesaéroports ne sont pas du tout adap-tésàl’enjeu.»Ainsi, leprojetdeTGVcensé relier Rioet Sao Paulo,distan-tes de 400kilomètres, n’a pas enco-

re été soumis à appel d’offres, nimême le tracé défini. Pas sûr qu’ilexiste pour le début… des Jeuxolympiques de 2016.

Les investissements privés sontextrêmement timides et expli-quent en partie les retards à SaoPaulo et Curitiba. Ricardo Teixeiraa promis que cette Coupe du mon-de ne serait pas organisée avec desdenierspublics. Pourles Jeuxpana-méricains de 2007, les travauxengagés par la mairie de Rioavaient dû être terminés en urgen-ce avec l’argent du contribuable,avec un budget en hausse de800% par rapport à ce qui avait étéannoncé.

« Toutes les dépenses publiquesseront consultables sur Internet», apromis le président brésilien lorsde la présentation, à Johannesburg,du logo officiel du Mondial 2014 :deux mains vertes et une mainjaune s’enlaçant pour former la sil-houette du trophée et représen-tant, selon Lula, «les talents des Bré-siliens, leur goût du travail, les cou-leurs du pays».

Du travail et du talent, il en fau-dra aussi au nouveau sélection-neurdu Brésil pouréviter une nou-velledéconvenue,àla maison,qua-tre ans après l’Afrique du Sud.p

Annie Gasnier

(à Brasilia)

L a gueule de bois est à la mesu-re de la déception, et deslitres de bières engloutis

depuis le début de la Coupe dumonde sud-africaine. L’Ajax Ams-terdam ne jouait pas, dimanche11 juillet, mais la ville a été envahiecomme jamais par des cohortes desupporteurs.

Par vagues oranges, les fans ontarpenté les rues bien avant ledébut de la finale. 180 000 person-nes se sont massées au cœur de laville, devant le Rijksmuseum, enespérant le sacre de leurs favoris.Les drapeaux et maillots « Pays-Bas champions du monde » sesont arrachés en attendant l’heurefatidique.

Au coup de sifflet final, c’est laconsternation après cent vingtminutesd’un jeu physique, et pau-vre en occasions de but. Mais trèsangoissants pour les fans oranje.« Franchement, cela n’a pas été ungrand match », commente unejeune femme, alors que la décep-tion s’empare dela ville : les festivi-tés sont abrégées, après une jour-née de préparatifs fébriles.

Les supporteurs néerlandais yont cru jusqu’au bout, ou pres-que. Tout un peuple espérait queson équipe venge enfin les deuxfinales perdues : en 1974, contre laRépublique fédérale d’Allema-gne, et en 1978, contre l’Argentine.Deux titres remportés par lespays organisateurs, alors que lesPays-Bas avaient assuré en vain lespectacle.

Dans la presse, Ruud Krol, undesdoublesfinalistes decettegran-de époque, résumait le sentimentgénéral avant la rencontre: « L’his-toire nous doit une Coupe du mon-de.» Beaucoup étaient soulagés dene pas jouer contre l’Allemagne, etespéraient une bonne surprisecontre l’Espagne. Mais la nouvellegénérationn’apubriser lamalédic-tion qui semble poursuivre l’équi-pe nationale depuis quatre décen-nies. « C’est la troisième finale per-due, on est maudit », lâche JanPeter, en quittant le café où il vientde suivre la rencontre.

A la différence de leurs lointainsprédécesseurs, Wesley Sneijder et

ses coéquipiers semblaient pour-tant, d’après leurs fans, avoir tiréles leçons des échecs précédents.Adeptes d’un jeu ultraréaliste, àdéfautd’être spectaculaire, les fina-listesde 2010 ontpris leur distanceavec le « football total » concoctédans les années 1970 par l’Ajax, etpopularisé par Johan Cruyff et sescoéquipiers : tout le mondedéfend, tout le monde attaque.

« A force de faire le spectacle, lesPays-Bas sont passés à côté destitres, le réalisme va finir parpayer », espérait Tony, avant le

match : pour lui, les Néerlandaisont bel et bien passé le flambeaudu « beau jeu » à l’Allemagne.

Certains y voient comme unemétaphore de l’évolution récentedu pays. « Le football néerlandaisdes années 1970 et 1980 était lereflet d’une société ouverte, libre,en mesure de dire aux autres cequ’était le beau jeu », observe lesociologue Paul Scheffer : « Désor-mais, après dix ans de turbulencespolitiques,et la montée des populis-mes, le jeu néerlandais est beau-coup plus modeste, plus défensif,presque sécuritaire, et moins don-neur de leçons. »

Rien n’y fait, en dépit du par-cours remarqué de la sélectionOranje. Les Néerlandais essaierontde se consoler lors du retour desjoueurs, dès lundi. L’équipe serareçue, mardi 13 juillet, par la reineBeatrix à LaHaye. Les retrouvaillesavec les supporteurs sont prévuesà Amsterdam : ce sera l’ultimemarée orange de ce Mondial. Latroisième de l’histoire sans titremondial.p

Philippe Ricard

(à Amsterdam)

LeBrésilcherche des investisseurs pourson MondialLes stades ne sont pas aux normes, et les appels d’offres accusent un retard préoccupant

«Ce succèsva nousapporterl’estimedenous-mêmesetdela confiance»

José Luis Zapaterochef du gouvernement

La foule en liesse dans le centre de Madrid après la victoire de la Roja. ANDREA COMAS/REUTERS

Lafierté retrouvée de l’Espagne,assomméepar la criseet le chômagePremière finale, première victoire. Le sacre de Johannesburg représente l’apothéosedu sport espagnol, victorieux dans toutes les disciplines: football, tennis, cyclisme…

«Aprèsdixansdeturbulencespolitiques,lejeunéerlandaisestbeaucoupplusmodeste,plusdéfensif,presquesécuritaire»

Paul Scheffersociologue

Lacompétition

A Amsterdam, des supporteurs hébétés par la défaitede leur équipe. T. KLUITERS/REUTERS

LesPays-Basruminentleur malédictionTroisièmefinale, troisième défaite. Ladéceptionestimmensechez lesNéerlandais

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Viril mais correct François Bégaudeau

La victoiredela pensée

C eux qui sont nés au foot dans les années 1980ontgrandidans le souvenirhérité etsansima-ges d’équipes légendaires à qui la mémoire

collective accole une année : la Hongrie de 1954, leBrésilde1970, lesPays-Bas de1974.Puis lescompéti-tions se sont succédé sans que ces tard-venusvoient émerger une sélection nationale digne de laglorieuse estampille calendaire. Aujourd’hui, c’estfait. Quand bien même la stratégie bouchère desNéerlandais aurait payé, quand bien même la fina-len’auraitpas vule plusbeau joueurdumonde don-ner la victoire aux siens – joie de la justice, justice dela joie –, il y aurait désormais l’Espagne de 2010.

Certains préféreront dire : l’Espagne de 2008.Maispeu importe. Uneéquipe marquepar soniden-titédejeu, et le jeuestunelongue histoire.Celui pro-duit par l’Espagne depuis deux ou trois ans vientdes années 1970 et d’un pays dont les représentantscontemporains portent si bas les couleurs orange.Puis il s’exile à Barcelone, où Cruyff perpétue etaffûte, comme entraîneur, l’art de la passe jadisinventéàl’Ajax.Les championsdumonded’aujour-d’hui sont pour la plupart issus de la politique deformation impulsée dans ce contexte.

Entre-temps, il aura fallu que les dirigeants espa-gnols tranchent la rivalité entre les internationauxdu Barça et du Real. A cela, une défaite a beaucoupaidé: celle contre la France(1-3) en huitièmes de fina-le du Mondial 2006. Dans une interview donnéeavant le début de la compétition, Torrès racontaitque ce traumatisme avait déclenché au sein de la

Roja une profonde réflexion. A l’époque, Barceloneraflait tout: c’est ce style qu’on adopta.

Une grande équipe se construit en pensant, et lagrandepensée s’alimente d’observations.Au lende-main de la défaite allemande de 2008 contre l’Espa-gne, Joachim Löw regarda son bourreau pour com-prendre les tenants de sa suprématie, et en adoptacertainsavec le bonheurqu’on sait.Comme un écri-vain est d’abord un lecteur, un grand entraîneur estd’abord un très bon lecteur des matchs des autres.

A l’heure de la reconstruction nationale, lesacteurs du foot français feraient bien d’observer leséquipes qui ont actuellement douze longueursd’avance. Au lieu de quoi : le casque. Laurent Blancn’a rien voulu dire pendant sa conférence de presse,si ce n’est qu’il interdira le casque sur les oreilles,commeRamaYadel’avaitpréconisé.En2004,Dome-nech avait marqué son arrivée en imposant les pro-tège-tibias à l’entraînement. Aujourd’hui, l’outilprincipaldela reconstructionest ànouveaule fouet.

Une logique de guerre civile rédemptrice, quandil faudrait s’ouvrir sur le grand large d’un foot dontl’étape sud-africaine a confirmé la dimension mon-diale. Les mêmes causes produiront les mêmeseffets, et la France demeurera une nation de foot deseconde zone. Pas grave. Laissant les compatriotessemarcherdessus,onregarderaXavietIniestasefai-re des passes. Et quand ils se retireront, il nous reste-ra leur souvenir durable, éternel.p

François Bégaudeau est écrivain.

Le plus fort

Ballond’ordu MondialpourDiego Forlan KL’Uruguayen Diego Forlan, auteur de cinq butsdurant la compétition, a été élu meilleur joueur(Ballon d’or) du Mondial 2010, a annoncé laFIFA, dimanche 11 juillet, après la finale rempor-tée par l’Espagne devant les Pays-Bas (1-0 a.p.).Forlan a devancé, avec 23,4 % des votes expri-més par les personnes accréditées pour le Mon-dial 2010, le Néerlandais Wesley Sneijder (21,8 %)et l’Espagnol David Villa (16,9 %). Par ailleurs,l’Espagnol Iker Casillas a été désigné meilleurgardien de but du tournoi (Gant d’or), alors quel’Allemand Thomas Müller (20 ans) a été dési-gné meilleur jeune joueur. PHOTO : AP

Le plus contesté

L’arbitragehors jeuLe Mondial a été le théâtre de plusieurs erreursd’arbitrage, et la journée du 27 juin, en huitiè-mes de finale, a marqué une sorte d’apothéose.Outre le but accordé, malgré un hors-jeu, à l’Ar-gentine, qui l’emportera (3-1) face au Mexique, ily eut la réalisation refusée de Frank Lampard,alors que le ballon avait clairement franchi laligne de but : l’Angleterre aurait pu revenir à 2-2face à l’Allemagne, finalement victorieuse (4-1).Et la polémique sur l’utilisation de la vidéod’être relancée… « Nous dévoilerons en octobreou novembre un plan pour l’amélioration de l’ar-bitrage à haut niveau », a concédé, après s’êtreexcusé auprès des Anglais et des Mexicains, leprésident de la FIFA, Joseph Blatter.

La plus défensive

145butsmarquéspour 64 matches disputés. Le record de 1998, enFrance (171 buts), paraît bien loin. En moyenne,2,27 buts par match ont été marqués au Mon-dial 2010, contre 5,38 pour l’édition faste de1954. C’est à peine plus que la phase finale lamoins offensive de l’histoire, en 1990, en Italie(2,21). Le retard initial n’a donc pas vraiment étérattrapé : à l’issue des seize premiers matchesde poule, la moyenne de buts marqués s’établis-sait à 1,56 but par match, avec 25 réalisations.

Le plus fiable

Paul la pieuvre,imparabledevinIl y a fort à parier que la ville d’Oberhausen (Rhé-nanie-du-Nord-Westphalie) va connaître un sur-croît d’activité touristique dans les semaines àvenir. C’est là, depuis son aquarium, que Paul lapieuvre a « pronostiqué » successivement tousles résultats de l’équipe d’Allemagne lors duMondial, sans jamais se tromper sur le nom duvainqueur. Réservant d’habitude ses oraclesaux matches de la Mannschaft, il a, dans un der-nier effort, tablé sur une victoire finale de l’Espa-gne dans la compétition. Dans un sondagepublié dimanche 11 juillet par Die Welt, 64 % desAllemands partageaient l’avis de Paul le devin.

Le plus déçu

Lefootball africainéchouesur sesterres« This time for Africa », assurait Shakira dans lachanson officielle du Mondial. Sur les terrains,ça n’aura pas été le cas. Le pays organisateur,l’Afrique du Sud, 40e au classement FIFA, n’a pasréussi l’exploit, restant bloquée en phase de pou-le (un nul, une défaite, une victoire). Tout com-me la Côte d’Ivoire (un nul, une défaite, une vic-toire), l’Algérie et le Nigeria (deux défaites, unnul) et enfin le Cameroun (trois défaites). Seul àporter les espoirs africains, le Ghana, après unevictoire en huitièmes face aux Etats-Unis (2-1), aéchoué en quarts, à un penalty raté d’une pre-mière qualification africaine en demi-finale.

La plus lacrymale

Ilsm’ont applaudieetils ontpleuré»

a raconté Roselyne Bachelot, ministre de la san-té et des sports, après sa rencontre avec lesjoueurs de l’équipe de France, lundi 21juin. Laveille, les Bleus avaient protesté contre l’exclu-sion de Nicolas Anelka – qui avait insulté l’entraî-neur à la mi-temps du match contre le Mexique –par une grève de l’entraînement. «Ce sont nos gos-ses pour qui vous ne serez peut-être plus des héros.C’est l’image de la France que vous avez ternie»,leur a-t-elle dit. Deux jours plus tard, elle a évo-qué à l’Assemblée nationale des «caïds immatu-res» et des «gamins apeurés». Les Bleus ont quit-té le Mondial sur un nul et deux défaites.

Jeu de mains J.-M. Normand

P as trop lourd, pourvu d’une base facilementpréhensible et d’un bon équilibre des mas-ses. D’un point de vue fonctionnel, il n’y a

pas mieux que le trophée Jules Rimet (1873-1956),baptisé en hommage au premier président de laFIFA, célèbre pour avoir fondé le club du Red Staret, accessoirement, porté la Coupe du Monde surles fonts baptismaux.

Mouvement ample et énergique, Iker Casillas adonc pu procéder avec une parfaite aisance augeste qui ponctue rituellement un Mondial : bran-dir le trophée suprême parmi les siens et lesconfettis.En outre, le globe porté par la déesse Victoire quien constitue la partie supérieure semble avoir étéconçu pour recevoir les baisers des vainqueurs,qui n’ont de cesse de le cajoler et de l’étreindre.Ainsi va le Mondial. Un épuisant parcours d’obsta-cles pour, au final, embrasser un objet d’art untantinet kitsch (trait quasi ontologique de touttrophée sportif) dont les marchands du stade nevont pas tarder à s’emparer.On n’échappera probablement pas à la cuvée spé-ciale « Mundial » de Sangre de toro dans un flaconen forme de coupe Jules Rimet. p

Gesten˚25:brandirletrophée

Le plus attendu

kMandela fait unpetittouravantla finaleHabillé d’un long manteau et d’une toque noi-re pour affronter le froid de l’hiver austral, Nel-son Mandela a fait un tour du stade SoccerCity à bord d’une voiturette, dimanche11 juillet, avant la finale de la Coupe du monde,avec son épouse Graça Machel. Souriant, le pre-mier président sud-africain noir, 91 ans, asalué la foule en liesse, qui l’a longuementapplaudi debout, scandant son nom tribal,Madiba. Le Prix Nobel de la paix et père del’abolition de l’apartheid en 1994 avait renon-cé à participer à la cérémonie d’ouverture le11 juin en raison du décès accidentel, la veille,de son arrière-petite-fille. PHOTO : REUTERS

Instantanés K

Laplus unieLes étudiants du Market Photo Workshopracontent leur Mondial

«Je suis tombée sur ce match par hasard. J’étaisdans la banlieue nord de Johannesburg,àNorwood, un quartier juif assez isolé. La présen-ce de “Noirs” est en général limitée aux vigiles,employés de maisons, jardiniers, etc. Et, au der-nier jour de la Coupe du monde, dans ce parc, ungroupe d’enfants – blancs et noirs – jouent au foot-ball ensemble. Sans le savoir, ils incarnent le mes-sage que le Mondial devait envoyer au reste dumonde: un esprit d’intégration, d’égalité et d’uni-té.» TRACY EDSER/MARKET PHOTO WORKSHOP

Leséchos

La plus bruyante

Vuvuzela, la jolie fleurqui afait parlerd’elleSon lancinant vrombissement a contrarié lestélédiffuseurs, mais est devenu le vecteur desmouvements syndicaux désireux de se faireentendre. Soutenue par Desmond Tutu, le PrixNobel de la Paix, et Sepp Blatter, le président dela FIFA, elle aurait entraîné le meurtre d’un ado-lescent de Durban par son voisin excédé. Sur lesfils d’agences de presse, son nom génère quelque600 occurrences. La controversée vuvuzela, sym-bole absolu du Mondial sud-africain est, depuispeu, le nom d’une jolie fleur : « Moraea vuvuze-la», un iris à corolle jaune ayant la forme d’unetrompette, découvert dans la région du Cap.

GIANPAOLO PAGNI

270123Mardi 13 juillet 2010

Page 28: Le Monde - Mardi 13 Juillet 2010

Lespromesses etleprix dumiracle

L es drapeaux sud-africainsne claquent plus sur lesvoitures. Les cadres supé-

rieurs ne portent plus demaillots de football au bureau.On démonte les écrans géants.L’Afrique du Sud s’ébroue ensortant d’un mois de rêve. Maisle retour à la réalité, après lacérémonie de clôture, diman-che 11 juillet, a des raisonsd’être amorti par quelques pers-pectives encourageantes.

Il faut avoir vécu ce moisd’euphorie nationale, cette joiedébordante d’être ensemble –si inhabituelle dans les cités dela peur que sont les villes sud-africaines – pour comprendre

que le bilan du Mondial 2010 n’est pastout à fait ordinaire. Les Bafana Bafana nerepartent pas avec le trophée doré mais lanation des vuvuzelas a gagné bien plus

qu’une Coupe du monde. D’abord, les pro-phètes du désastre ont eu tort. Aucunecatastrophe n’est venue gâcher la fête. Pasd’attentat, pas de bousculades meurtriè-res, et encore moins de hordes de voleurss’abattant sur les visiteurs étrangers.

Cela s’est-il payé au prix fort ? Selon leprésident Jacob Zuma, qui présentait sonbilan lors d’une réunion de journalistes etd’investisseurs, quelques jours avant lafinale, «nous avons consacré plus de 40mil-liards de rands [4milliards d’euros] au sec-teur des transports et des infrastructures,1,3milliard dans la sécurité, mais c’est uninvestissement (…) La Coupe du monde arévélé notre capacité à être au centre dumonde». Jacob Zuma relève aussi l’unedes magnifiques surprises de la compéti-tion: «Pour la première fois, en seize ans dedémocratie, on a vu les Noirs et les Blancscélébrer ensemble leur unité, dans uneexplosion de fierté nationale. Et cela va res-ter dans l’histoire.»

Certes, la facture est salée mais, commele relève Martyn Davies, PDG de l’entrepri-se de conseil Frontier Advisory: «Le débatsur le coût des stades me semble stérile. Cequi compte, ce sont les autoroutes, les aéro-ports. L’amélioration des infrastructures vaêtre un capital pour le pays. Enfin, le bénéfi-ce réel, c’est celui de la confiance suscitée àl’étranger par l’Afrique du Sud. Pour lesinvestisseurs c’est fondamental.» Il préditque «la croissance annuelle sera bien supé-rieure au chiffre de 2,3% annoncé par labanque centrale ».

Ian Cruickshanks, responsable de larecherche stratégique à Nedbank, affirmeredouter une «gueule de bois après lafête». Elle se manifesterait par une «baissedes investissements publics et privés, ainsique dans les chiffres de la vente au détail».Mais il reconnaît aussi que l’Afrique duSud a réalisé une performance «exception-nelle» sans emprunter sur les marchés.Dans les forums internationaux, en cemoment, l’Afrique, la «dernière frontiè-re», a le vent en poupe. Sauf en France,apparemment: aucun responsable fran-çais de poids n’a participé aux conférencesliées au monde des affaires qui se sontdéroulées pendant le Mondial.

Voilà donc l’Afrique du Sud inscrite enlettres capitales sur la carte du monde. Surle plan intérieur, il en va tout autrement.L’heure de vérité devrait commenceraprès la finale. Les augmentations de salai-re consenties pendant l’état de grâce duMondial représentent environ deux fois le

taux d’inflation. Plusieurs millions de tra-vailleurs menacent de se mettre en grèvedans les prochaines semaines s’ils n’ob-tiennent pas des augmentations compara-bles. «L’économie peut-elle se le permet-tre?», s’interroge Ian Cruickshanks.

Réunis pour une session des assises dela pensée critique par l’hebdomadaireMail and Guardian et l’Institut d’études desécurité (ISS), sur le thème «La somme detoutes les peurs : le crime, la sécurité et lacrise de la Coupe du monde qui n’a pas eulieu», des chercheurs sud-africains se féli-citaient, vendredi 9juillet, du bon déroule-

ment du Mondial. Avant la compétition,une explosion du trafic d’êtres humainsavait été brandie par les médias sud-afri-cains dans des termes apocalyptiques.«J’ai eu des appels de gens qui se deman-daient s’ils pouvaient laisser jouer leursenfants dans leur cour ou s’ils devaient seméfier des tentatives d’enlèvement dansles centres commerciaux », s’amuse Chan-dre Gould, chercheuse à l’ISS. Les touristesn’ont pas été attaqués par des gangs, lesenfants n’ont pas été enlevés. Mais, relèveGareth Newham, responsable du program-me crime et justice à ISS: «C’est une chose

d’établir la sécurité pour des endroits précispendant la Coupe du monde, et une autrede l’étendre à un pays.»

Fikile Mbalula, ministre adjoint à la poli-ce, espère continuer sur cette lancée:«C’est notre réputation qui est en jeu. A par-tir du 12 juillet, on travaillera dans ce sens.»Les policiers déployés pendant le Mondialont travaillé en heures supplémentairespour veiller à ce que les «bulles, selon l’ex-pression de l’auteur et chercheur dans ledomaine de la sécurité Jonny Steinberg,dans lesquelles évoluaient les visiteurssoient protégées».

Mais déjà, un autre spectre bat des ailesau-dessus de la joie sud-africaine: celuid’une nouvelle flambée de violences xéno-phobes. Un groupe d’organisations, dontla Croix-Rouge sud-africaine et le Centrepour l’étude de la violence et de la réconci-liation (CVSR), dit avoir accumulé destémoignages sur la possibilité d’une prépa-ration de violences anti-étrangers dans lesquartiers pauvres dès la fin de la compéti-tion. On espère que, là encore, la catastro-phe annoncée n’aura pas lieu.p

Courriel : [email protected]

Devant le pont Nelson-Mandela, à Johannesburg, vendredi 9juillet. DAVID AZIA/AP

N i carnet de bord scrupu-leux ni résumé des tempsforts de la compétition,

sept «choses vues »durant le Mon-dial sud-africain par les septenvoyés spéciaux et correspon-dants du Monde.

Jeudi10juinAéroportdeJohannesburg

Alors,leMondialsepasseenAfri-que… L’arrivée à l’aéroport deJohannesburg est une premièregifle. On pourrait être en Europe.Une fois dehors : des autoroutes àquatre voies aussi lisses qu’unepatinoire, des centres commer-ciaux étincelants… Deuxième gifleau Cap. Une ville où les maisons àl’architecture ultramoderne secachentderrière des palmiers. C’estl’heure de se rendre au stade. Surl’autoroute, les 120 km/h sontdépassés. Trois policiers nous arrê-tent : « Monsieur, vous rouliez à150km/h.»Désolé.Unautreenchaî-ne: «Vous êtes d’où? De France. Ah,ah, ah ! Vous allez nous laissergagner? L’amende est de 120rands[12euros], vous ne les avez pas ? Cen’est pas grave, on peut s’arranger,ici c’est l’Afrique.»

Dimanche13juinStade dePretoria

Les conférences de pressed’après-match font partie de cesfigures obligées dont on se passe-rait. Toujours les mêmes phrasescreuses sur la physionomie de larencontre, lemêmezèledesorgani-sateurs pour couper le sifflet desjournalistes dès qu’ils se montrentinsistants… Enfin, presque tou-jours. Ce dimanche, le Ghana enta-me le tournoi par une victoire surla Serbie et une prestation promet-teuse d’Asamoah Gyan, la futurestar africaine du Mondial. Pour-tant, Milovan Rajevac, le sélection-neurdes BlackStars,arriveaupointpresse abattu. Il cherche ses mots.Content de ce résultat? « Je suis tris-te pour laSerbie, c’est unebelle équi-pe », répète l’entraîneur, les yeuxrougis. «Miki » Rajevac est serbe etson cœur bat pour sa terre natale.Au royaume du foot-business, lesémotifs ont encore leur place. C’estrassurant.

Jeudi17juinTribunesdustadedePolokwane

France-Mexique offre l’occa-sion d’un premier contact avec la

star absolue de la compétition, ladésormais universellement célè-bre vuvuzela. Le si bémol continuet assourdissant va provoquer desacouphènes et une rapide rupturede stocks de bouchons d’oreille.Mais le Valaisan Joseph Blatter,sans doute nostalgique des infer-naux cors alpins, est opposé à leurinterdiction.UneAnglaisedeKnys-na, plus sensible à Miriam MakebaetLadysmith Black Mambazo, sou-pire : « Dire qu’ils ont des voix et desharmonies gospel magnifiques etque ce vacarme les recouvre. Quelgâchis! »

Dimanche20juinTownshipde Nekkies

Ils sont ridicules. Parfaitementridicules. Un quarteron de diri-geantsfédéraux,cravatés,quibran-dissentleurvuvuzelatricolorearra-chée à un employé de la mairie deKnysna, au cœur des townships.L’assistance entonne un magnifi-que shosholoza, le chant du peuplenoir. Et ces vieux messieurs de laFédération française de footballfont mine d’écouter la maire, s’ag-glutinent dans le sillage de RamaYade venue faire son show.

Le pire, c’est qu’ils sont encoreen place, aujourd’hui, après lefiasco. Pour une fois que les Bleus

sortaient de leur forteresse dorée,qu’ils venaient à la rencontre de cesmilliers d’enfants des townships. Ilse met à pleuvoir, les Bleus mon-tent sur une estrade, vaguementgênés, remettent quelquesmaillots à des gamins, oublientd’être naturels, de sourire, de lesprendre dans leurs bras. Puis ilsrepartent dans leur bus. Rideauxtirés, évidemment.

Vendredi2juilletSoccer City àSoweto

Le match Uruguay-Ghana vientde reprendre. Dans la salle du ciné-ma3Dsituée àdeuxpasdustade deSoccer City, un Sud-Africain s’as-soit.Ilesttendu.Uneéquipeafricai-ne va-t-elle pour la première fois sehisser au niveau d’une demi-finalede Coupe du monde ? Il plisse lesyeux. Tiens, l’image est assez trou-ble. Au bout de deux minutes, onlui explique que c’est plus agréableavec des… lunettes 3D.

La 3D a fait ses débuts lors duMondial, mais les habitudes sontencore à prendre. A côté des32camérasclassiquesautourduter-rain,8caméras3Dont filméprès dela moitié des matchs. Dans le mon-de, 400 cinémas 3D ont été ouvertspour l’occasion. Le rendu est assezspectaculaire. On est sur le terrainavec les joueurs. Même les camérasclassiques ont évolué : désormais,

elles filment à 500 images parseconde. Les ralentis n’ont jamaisété aussi ralentis. Les tacles assas-sinsde certainsjoueursfont encoreplus mal au cœur.

Samedi3juilletBilletterieà«Joburg»

Ils font les cent pas, toute la jour-née, un peu la nuit. La vente de tic-kets, ce n’est pas pour les amateurs.Les vendeurs au noir, des profes-sionnels, sont vite autour de vous.«Tickets ? Tickets ? Spain? Spain ? »proposent-ils à voix basse aux pas-sants. Le premier vendeur surveilled’un œil si la police ne débarquepas, et de l’autre guette des ache-teurs qui se font rares, et profitentde la chute des prix.« Çafait dix ansquejefaistouteslesCoupesdumon-de, c’est la plus dure. Il n’y a pas demarché! Lessupporteurs, ilsdescen-dent des bus devant le stade, ils bra-dent les tickets à 200 rands, des tic-kets de première catégorie quivalent plus de 1 000 rands. Jamaisvu un truc pareil.»

Quand ce sera fini, il rentrera enFrance, sa base. Comment se four-nir en tickets pour revendre dans larue, en comptant sur l’envolée desprix pour les bénéfices ? « Eh, eh !On se débrouille avec les fédéra-tions. Mais franchement, ici, c’estdur. Les flics t’arrêtent. Si tu as10000 [rands,1000euros], ilspren-

nent 6000 et ils te disent de te bar-rer. Jamais vu ça.»

Lundi12juillet Sur uncoinde bureau

Ce petit fatras sur notre bureaueuropéen, combien faudra-t-il detemps pour qu’il passe à la poubel-le?Souvenirssud-africainsquin’in-téresserontpersonne, ilssontenco-re pour quelques jours la preuveindubitable que nous y étions : uneaccréditation infalsifiable à notrenom, le billet du match Slovaquie-Italie que nous nous promettonsd’offrir à un ami transalpin, celuide Ghana-Uruguay (pour seconvaincreque le football n’a paslesens de l’histoire), un guide du parcnational Krüger (trois heures devisite, une pitié !), un dictionnaireanglo-zoulou,unecoupuredepres-se sur Iniesta (pas servi), un timbre,deux cartes postales, le dépliantd’une guest-house où nous retour-nerons (qui sait?).

Le reste, nous l’avons laissélà-bas. Tout ces « How are you ? »,ces « You’re welcome » qui nousaccueillaient. Ces sourires. Cettegentillesse australe, peut-êtreapprise pour l’occasion, mais quidéjà nous manque.pGérard Davet, Sébastien Hervieu,

Mustapha Kessous, Bruno

Lesprit, Jean-Philippe Rémy,

Philippe Ridet et Simon Roger

Les augmentations de salaire consentiespendant le Mondial représententenviron deux fois le taux d’inflation

LeMondial sud-africainen sept actesRetour sur un mois de compétition, de tranches de vie, de rencontres, d’histoires petites et grandes et de surprises

Lettredu MondialJean-Philippe Rémy

Les onze qui ont marquéla compétition

Gardien de butLuis Suarez (Uruguay)Pour son arrêt décisif de la maincontre le Ghana, à la dernièreseconde.

Défenseur gaucheJi Yun-nam (Corée du Nord)Pour sa résistance héroïque (etpopulaire), récompensée d’unbut contre le Brésil.

Défenseur centralCarlos Puyol (Espagne)Pour son coup de tête rageurcontre l’Allemagne, ses taclesdélectables et sa chevelure dehard-rockeur.

Défenseur centralRyan Nelsen (Nouvelle-Zélande)Parce que, sous son autorité, laNouvelle-Zélande est sortieinvaincue de ce Mondial.

Arrière droitGiovanni Van Bronckhorst(Pays-Bas)Pour son missile en lucarne face àl’Uruguay, malgré son grand âge(35ans) de capitaine.

Milieu défensifFelipe Melo (Brésil)Pour sa brutalité et sa bévue, quiont suffi à éliminer son équipe.

Milieu défensifAnthony Annan (Ghana)Pour avoir créé l’illusion que lasuperstar ghanéenne, MickaelEssien, disputait le Mondial.

Milieu offensif gaucheMesut Ozil (Allemagne)Pour avoir apporté la preuve queMichael Ballack était dispensable,voire nuisible, à la Mannschaft.

Milieu offensif droitKeisuke Honda (Japon)Parce que le blondinet du CSKAMoscou, auteur de deux buts, tireles coups francs comme nul autre.

Attaquant gaucheSiphiwe Tshabalala(Afrique du Sud)Pour avoir marqué le premier butdu Mondial dans son quartier deSoweto.

Attaquant droitNicolas Anelka (France)Parce que sans «Nico», on n’auraitpas du tout parlé des Bleus.

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pTirageduMondedatédimanche11-lundi12juillet2010:467233exemplaires. 1 2 3

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