Le meilleur des défilés

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Prada 34 25/3/2010 Sonia Rykiel 25/3/2010 35 S i la mode joue, ce printemps, un match entre la bourgeoise et la bimbo, les créateurs ont dé- finitivement choisi leur camp pour l’hiver pro- chain. Exit le sexy outrancier, place à un clas- sicisme bon ton qui ferait passer l’avenue de Passy pour la plus trendy de la planète. Tenues en laisse par la courbe des ventes, les griffes ont laissé leurs excès au placard pour imaginer un vestiaire construit, que l’on imagine glisser sans mode d’emploi du podium à la rue. Trois voies se dessinent dans cette déferlante bon chic bon genre. Celle des années 1980 et de l’executive woman, manteau camel glissé sur les épaules (Chloé), pull à côtes ou blouse à lavallière sur un pantalon à pinces (Ferra- gamo), quand elle ne renfile pas ses jodhpurs (Christian Dior). Celle des années 1960 et de l’épouse modèle, cam- pée au foyer, qui fait tournoyer ses jupes corolle et se love dans son cardigan en mohair (Louis Vuitton, Prada, Dries Van Noten). Et celle tracée par Phoebe Philo chez Céline, qui transcende les références (le futurisme à la Cardin et le minimalisme des années 1990) par la radicalité des lignes. Pour les échappées arty, il faut voir du côté de la tête chercheuse Nicolas Ghesquière (Balenciaga), qui as- semble les couleurs de sorbet et les matériaux high-tech, quand Stefano Pilati se replie sur une austérité trouble et bunuélienne chez Yves Saint Laurent. Question relève, les nouveaux talents se recrutent plutôt du côté de New York ou de Londres, avec des signatures fortes (Christopher Kane, Phillip Lim, Erdem…). Certaines maisons repren- nent leurs marques, comme Sonia Rykiel, esquissant une vraie dégaine avec ses costumes oversized et ses manteaux d’officier en maille, ou Jean Paul Gaultier, qui prend la parole sur l’identité nationale. Une melting-mode dont l’association trench, marinière bretonne, jupon slave et turban en wax reste la plus belle expression. A.-L.Q. De New York à Paris, en passant par Milan et Londres, décryptage des tendances qui feront la mode de l’automne- hiver 2010-2011. Céline Mode R Le meilleur des défilés PHOTOS : DR

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Prada

34 � 25/3/2010

Sonia Rykiel

25/3/2010 � 35

Si la mode joue, ce printemps, un match entrela bourgeoise et la bimbo, les créateurs ont dé-finitivement choisi leur camp pour l’hiver pro-chain. Exit le sexy outrancier, place à un clas-sicisme bon ton qui ferait passer l’avenue dePassy pour la plus trendy de la planète. Tenues

en laisse par la courbe des ventes, les griffes ont laissé leursexcès au placard pour imaginer un vestiaire construit, quel’on imagine glisser sans mode d’emploi du podium à larue. Trois voies se dessinent dans cette déferlante bon chicbon genre. Celle des années 1980 et de l’executive woman,manteau camel glissé sur les épaules (Chloé), pull à côtesou blouse à lavallière sur un pantalon à pinces (Ferra-gamo), quand elle ne renfile pas ses jodhpurs (ChristianDior). Celle des années 1960 et de l’épouse modèle, cam-pée au foyer, qui fait tournoyer ses jupes corolle et se lovedans son cardigan en mohair (Louis Vuitton, Prada, DriesVan Noten). Et celle tracée par Phoebe Philo chez Céline,qui transcende les références (le futurisme à la Cardin etle minimalisme des années 1990) par la radicalité deslignes. Pour les échappées arty, il faut voir du côté de latête chercheuse Nicolas Ghesquière (Balenciaga), qui as-semble les couleurs de sorbet et les matériaux high-tech,quand Stefano Pilati se replie sur une austérité trouble etbunuélienne chez Yves Saint Laurent. Question relève, lesnouveaux talents se recrutent plutôt du côté de New Yorkou de Londres, avec des signatures fortes (ChristopherKane, Phillip Lim, Erdem…). Certaines maisons repren-nent leurs marques, comme Sonia Rykiel, esquissant unevraie dégaine avec ses costumes oversized et ses manteaux d’officier en maille, ou Jean Paul Gaultier, qui prend la parole sur l’identité nationale. Une melting-mode dontl’association trench, marinière bretonne, jupon slave et turban en wax reste la plus belle expression. � A.-L.Q.

De New York à Paris, en

passant par Milan et Londres,

décryptage des tendances qui

feront la mode de l’automne-

hiver 2010-2011.

Céline

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Beige obligatoireSi l’on devait ne retenir qu’une piècedes défilés, toutes capitales confon-dues, ce serait le manteau camel. Demémoire de mode, on n’avait jamaisvu une telle déferlante. Ce classiquerevigoré a fait l’unanimité chez lescréateurs les plus opposés, propul-sant Max Mara et son manteau crééen 1981 au firmament des ten-dances. Et Chloé d’imposer un totallook beige, qui devrait logiquements’émanciper des trottoirs de Neuillypour se voir recopier à vitesse grand Vpar les chaînes de prêt-à-porter.

Paul Smith

SalvatoreFerragamo Giles

Emporio Armani Vivienne Westwood

Erdem Rue du Mail Chloé Gucci

Véronique Leroy

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Dans la peau... lainéeHiver sous haute protection oblige,elle a occupé une place de choix. Unclin d’œil aux canadiennes et aux bom-bardiers des pionnières de l’aviation,réinterprétés avec talent par Christo-pher Bailey (Burberry) et ses blousonsà maxicol. A associer à une robe enmousseline pour un bon équilibre desgenres. Hussein Chalayan y va de satouche d’humour avec une paire dejumelles gainée de mouton retourné.

Giles

Just Cavalli Paul and Joe DKNY

3.1 Philipp Lim

Burberry Prorsum

Barbara Bui

Hermès

Ralph Lauren

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Lanvin

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Le gris souritSupport d’une élégancestricte, le gris s’impose surun mode tailleur à la SavileRow, comme chez la Bri-tannique Stella McCartney,qui épure son propos etinitie une nouvelle austé-rité à renfort de pardessusmasculins ou de pantalonsde flanelle. Même proposradical et élégant chez JilSander ou Haider Acker-mann. On est grisé !

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Nina Ricci

Pringle of Scotland Jil Sander Stella McCartney

Anne Valérie Hash Issey Miyake Haider Ackermann

Brioni Matthew Williamson

ImpudiquedentelleSensuelle et vénéneuse, ladentelle continue d’en-sorceler, entre référencesgothiques et chics. Ric-cardo Tisci chez Givenchya fait sa signature de cettematière dark, sexy, trou-blante. Si Valentino la traiteen robe du soir transpa-rente façon princesserebelle, Christopher Kanes’amuse à l’associer à destricts cols en cuir brodéet à des motifs floraux. Untorride mélange chaud/froid.

L’ethnique, c’est toujours chic!En grande forme, les maîtres du mix mode mondial JohnGalliano et Jean Paul Gaultier livrent des collections où lesréférences ethniques s’entremêlent, en une ode au mé-tissage culturel et vestimentaire. Inspiré par les steppes etles nomades, Galliano brille avec une partition flamboyante,tandis que Gaultier ironise sur l’identité nationale.

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Jean Paul Gaultier

John Galliano

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Givenchy

Gucci Christopher Kane

Ralph Lauren Elie Saab Givenchy

Leonard

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C’est un travail époustouflant

qu’ont présenté les équipes

d’Alexander McQueen au nom du

créateur défunt, qui avait person-

nellement mis la dernière main

à une quinzaine de modèles. Réfé-

rences à la peinture religieuse

du XVIIIe siècle, comme aux dorures

de l’art byzantin, la collection

a des résonances bouleversantes.

Un souffle créatif auquel tentera

de donner suite Sarah Burton,

ex-bras droit du couturier.

McQueen,dernière

40 � 25/3/2010

Pastels d’hiverRose poudre, abricot ou vertd’eau… Une palette douce etféminine prend le dessus pourégayer l’hiver, sur des robes auxplissés flatteurs (Alberta Fer-retti, Bottega Veneta) ou desjupes de jeune fille en fleur(Paul Smith, Proenza Schou-ler). Des tonalités précieusesqui n’empêchent pas la radi-calité des lignes (Balenciaga).

Rue du Mail CerrutiRM by

Roland Mouret

Balenciaga

Alberta Ferretti

Proenza Schouler

Miu Miu

Felipe

Oliveira Baptista

Christian Dior

Esprit militaireVent de rigueur et kakima-nia : la mode revisite encoreles classiques du vestiairemilitaire, des vestes d’offi-cier en épais lainages (Bur-berry) jusqu’aux manteauxstricts à liseré rouge portésavec chapka de fourrure(chez Marc by Marc Jacobs)qu’on croirait sortis de lagrande Russie. Sans oublierles pattes d’épaule et lesboutons dorés.

Pourvu que ça mailleL’hiver prochain, impossible d’échapper aux motifs montagnards, qui passent de l’ultimeringardise aux cimes de la mode, lancés à Milan par le show D&G. Si le graphisme naïf « étoile des neiges » peut laisser perplexe, les opulents lainages s’imposent partout avec ce zeste rétro (Prada, Galliano) qui plane sur la saison. Reine de la maille, SoniaRykiel la traite en douceur sur d’amples robes pull-over dans lesquelles on rêve de se lover.

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25/3/2010 � 41

D & G

Rodarte Missoni Lacoste

Burberry ProrsumEtro

BalmainJean-Charles de Castelbajac

Marc by Marc Jacobs

Maison Martin Margiela

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42 � 25/3/2010

Winter whiteDifficile d’échapper au manteau nei-geux qui s’abat sur les tendances de l’hi-ver. Décor d’icebergs à l’appui, le blancjoue les effets givrés chez Chanel dansun enchevêtrement de tweed et de four-rure. Chez Céline ou Gucci, le messageest plus radical que virginal, en réfé-rence au héraut du minimalisme Hel-mut Lang. A adopter en milieu stérileplus que dans la vraie vie.

Calvin Klein

Comme des Garçons

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Céline

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Gucci

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Dures en cuirExit les rockeuses glorifiées par Balmain.Le cuir se défait des Zip et des clous pours’afficher dans toute sa pureté animale.Plus vraiment rebelle, il habille l’ambi-guïté des Belles de jour dans un regis-tre austère (jupes au genou, blouses àlavallière…) mais à forte tension éro-tique. Chez Hermès, Jean Paul Gaultierl’a dans la peau, avec une Lily Cole re-jouant Chapeau melon et bottes de cuir.

Christian Dior

Gianfranco Ferre

Hermès

Louise Goldin

Thierry Mugler

Karl Lagerfeld

Isabel Marant Diesel Black Gold Balenciaga Sportmax

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44 � 25/3/2010

Une fourrure

sinon rienRassurons tout de suite lesmilitants Peta et autres« éco-warriors » : la garde-robe cocasse d’ours polairechez Chanel, sur fond debanquise, était en fourruresynthétique (« fantaisie »,préfère dire Karl). Vraie oufausse, elle sera en tout casla star de l’hiver prochain,mais est-ce utile de direqu’on préférera la distillerpar petites touches sur lasilhouette, comme chezYves Saint Laurent.

Dsquared2 Viktor & Rolf

Yves Saint Laurent

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Roberto Cavalli KenzoSonia Rykiel

Chanel

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Marc Jacobs

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Toutes en vestesDans une saison qui revisite lesessentiels du power dressing,la veste prend toute sa carrure.Si le blazer droit masculin resteune valeur sûre (Paul Smith,Emilio Pucci, Bottega Veneta),les versions ajustées à la taillesont légion, comme chez Dolce& Gabbana, qui en ont fait lapièce maîtresse de leur défilé,avec un final 100 % dentelleet veste noire.

Baby popTom Ford, passé derrière la caméra avec A Single Man in-fluencerait-il encore la mode ? C’est l’impression que donnele revival sixties qui a fait swinguer les podiums. Très hitch-cockien chez Vuitton ou Prada, quand Marco Zanini (Rochas) va voir du côté de Ma sorcière bien aimée avec sesbeautés choucroutées. Et Dries Van Noten de faire écho à Julianne Moore dans Loin du paradis, de Todd Haynes.

Marni Rochas

Vanessa Bruno Bottega VenetaAlexis Mabille Emilio Pucci

Dolce & Gabbana

Giorgio Armani

Dries Van Noten Louis Vuitton

Prada