Le Matin, 12 juillet 2013 - page 2

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«J'ai préféré quitter la Suisse· que m'attaquer à ma femme» EXILÉ <d'&i pensé m'atta- . queràmapremièrefemme et me faire justice moi-même. C'était dans l'éventail des possibilités et je comprends malheureusement ceux qui enarrivent là.Mais plutôt que de sortir une kalachnikov,j'ai préféré prendre l'avion et quitter la Suisse.Jevisdésormaisau Sé- négal en tant que réfugié humanitaire pour non-fonctionnement des institu- tions suisses.»Norbert, 73ans, a vécu' deux divorces difficiles. Dans aucun des deux cas,cet architecte de Pully (VOl n'a obtenu la garde des enfants de 8 et ,<[ 14ansnésdecesunionset, aujourd'hui, il ne les voit quasi pas. Si le septuagé- naire en veut à quelqu'un, . c'est surtout aux institu- tions. «Dans les cas de di- vorceen Suisse,il n'y a pas d'enquêtes dignes de ce Jeari'GUy pYthon nom, affirme-t -il.Justedes psys,desjuges,despolicierset desavo- cats avec des préjugés de Suisses moyens: le papa, c'est le méchant et la maman, aveclesentants,1agentille à Qui il faut les confier. Heureusement que je suis parti sinon j'aurais fini par casser quelque rhosel» • ~ .« Fracasser les rotules de l'avocate de mon' ex-femme» «CAS D'ÉCOLE)) .: «Une indifférence totale a remplacé la haine que je ressentais au début vis-à- vis de mon ex-femme. On m'annoncerait qu'elle vient de mourir que cela ne me ferait ni chaud ni froid. Son avocate? J'avoue qu'il m'arrive encore de rêver que je 'lui fracasse les rotules à coups . de barre à mine car elle attise notre conflit et en fait son beurre!» Ques- tion séparation cauchemardesque, François est un «cas d'école». Aussi, quand on demande à cet économiste de 50 ans ce que lui inspirent ces pè- res qui s'en prennent à leur ex-femme et à leurs propres enfants, François dit «ne jamais excuser mais compren- dre». «Jamais je ne m'en serais pris à mes enfants mais l'inégalité de traite- ment dans les divorces ferait péter les plombs à n'importe quel hornrnel» Documents judiciaires à l'appui, le Neuchâtelois explique ce qu'il a tra- versé depuis ce soir de 2007 où il a trouvé sa maison vide au retour du travail. Sa femme, leurs deux enfants et leurs chats s'étaient volatilisés sans un mot. Par courrier, le père de famille apprend que celle-ci demande le di- vorce. Une dizaine de jours plus tard, sur décision de justice, il doit lui laisser sa maison. «Cela faisait dix ans que j'y habitais. C'était comme si les autori- tés me tiraient un coup de canon dessus!» Lepire est à venir et s'étalera sur des années: allégations de violences, puis d'attou- chements sexuels sur les enfants et enfin d'avoir tenté de noyer l'un d'eux! Jean-Guy Python «Quand cette dernière ac- cusation est tombée, je n'en ai pas dorrili pendant plusieurs nuitsl» se souvient François qui a, à chaque fois, été blanchi par une enquête de police. I'horrme est à deux doigts de «péter les plombs». Il ingurgite jusqu'à sept plaques de chocolat par jour - un «antidépresseur efficace» -, prend dix kilos et se métamorphose en «machin-e à déposer des plaintes». Chaque fois que son ex refuse d'hono- rer son droit de visite, le quinquagé- naire le signale par courrier au procu- reur. Sa combativité l'a sauvé et l'a amené à maîtriser les subtilités judi- ciaires. Ainsi en 2011,le Neuchâtelois actionne avec succès la convention de La Haye sur les enlèvements d'en- fants. Sa femme qui était partie avec eux en France est donc contrainte de rentrer en Suisse. Malgré ces succès, cela fait deux ans que François n'a toutefois pas revu son fils de 10 ans et sa fille de 14 ans alors que la justice l'y autorise. Ilcontinue en revanche àver- ser chaque mois quelque 4000 francs de pension alimentaire .• ·\.•••~~J.#'i~~i ,. 1 ~ ~ ,J ?)! ol' ..;</ ..:' .•.•. , ••

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«J'ai préféré quitter la Suisse·que m'attaquer à ma femme»EXILÉ <d'&i pensé m'atta- .queràma première femme etme faire justice moi-même.C'était dans l'éventail despossibilités et je comprendsmalheureusement ceux quienarrivent là.Mais plutôt quede sortir une kalachnikov, j'aipréféré prendre l'avion etquitter la Suisse.Jevis désormais au Sé-négal en tant que réfugié humanitairepour non-fonctionnement des institu-tions suisses.»Norbert, 73 ans, a vécu'deux divorces difficiles. Dans aucun desdeux cas,cet architecte de Pully (VOl n'aobtenu la garde des enfants de 8 et

,<[ 14ansnésdecesunionset,aujourd'hui, il ne les voitquasi pas. Si le septuagé-naire en veut à quelqu'un, .c'est surtout aux institu-tions. «Dans les cas de di-vorceen Suisse,il n'y a pasd'enquêtes dignes de ce

Jeari'GUy pYthon nom, affirme-t -il. Justedespsys,des juges,des policiers et des avo-cats avec des préjugés de Suissesmoyens: le papa, c'est le méchant et lamaman, aveclesentants,1agentille àQuiil faut les confier. Heureusement que jesuis parti sinon j'aurais fini par casserquelque rhosel» •

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.« Fracasser les rotulesde l'avocate de mon' ex-femme»«CAS D'ÉCOLE)) .:«Une indifférence totale aremplacé la haine que jeressentais au début vis-à-vis de mon ex-femme. Onm'annoncerait qu'ellevient de mourir que celane me ferait ni chaud nifroid. Son avocate?J'avoue qu'il m'arrive encore de rêverque je 'lui fracasse les rotules à coups .de barre à mine car elle attise notreconflit et en fait son beurre!» Ques-tion séparation cauchemardesque,François est un «cas d'école». Aussi,quand on demande à cet économistede 50 ans ce que lui inspirent ces pè-res qui s'en prennent à leur ex-femmeet à leurs propres enfants, François dit«ne jamais excuser mais compren-dre». «Jamais je ne m'en serais pris àmes enfants mais l'inégalité de traite-ment dans les divorces ferait péter lesplombs à n'importe quel hornrnel»Documents judiciaires à l'appui, leNeuchâtelois explique ce qu'il a tra-versé depuis ce soir de 2007 où il atrouvé sa maison vide au retour dutravail. Sa femme, leurs deux enfantset leurs chats s'étaient volatilisés sansun mot. Par courrier, le père de familleapprend que celle-ci demande le di-vorce. Une dizaine de jours plus tard,sur décision de justice, il doit lui laissersa maison. «Cela faisait dix ans que j'yhabitais. C'était comme si les autori-

tés me tiraient un coup decanon dessus!» Lepire està venir et s'étalera sur desannées: allégations deviolences, puis d'attou-chements sexuels sur lesenfants et enfin d'avoirtenté de noyer l'un d'eux!

Jean-Guy Python «Quand cette dernière ac-cusation est tombée, je n'en ai pasdorrili pendant plusieurs nuitsl» sesouvient François qui a, à chaque fois,été blanchi par une enquête de police.I'horrme est à deux doigts de «péterles plombs». Il ingurgite jusqu'à septplaques de chocolat par jour - un«antidépresseur efficace» -, prenddix kilos et se métamorphose en«machin-e à déposer des plaintes».Chaque fois que son ex refuse d'hono-rer son droit de visite, le quinquagé-naire le signale par courrier au procu-reur. Sa combativité l'a sauvé et l'aamené à maîtriser les subtilités judi-ciaires. Ainsi en 2011, le Neuchâteloisactionne avec succès la convention deLa Haye sur les enlèvements d'en-fants. Sa femme qui était partie aveceux en France est donc contrainte derentrer en Suisse. Malgré ces succès,cela fait deux ans que François n'atoutefois pas revu son fils de 10 ans etsa fille de 14 ans alors que la justice l'yautorise. Il continue en revanche à ver-ser chaque mois quelque 4000 francsde pension alimentaire .•

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