LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport...

42
1 LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL DANS 7 PAYS OCCIDENTAUX DE L’UNION EUROPEENNE Pays étudiés : Allemagne, Belgique, Espagne, Finlande, France, Italie, Royaume- Uni Comment se définit la demande potentielle pour le microcrédit dans ces pays et dans quelle mesure l’offre y répond-elle ? Résumé : Le microcrédit en Europe occidenta le est destiné à lutter contre l’exclusion sociale et financière au moyen de la promotion de la micro- entreprise et du statut d’indépendant. Les caractéristiques de la demande potentielle témoignent de sa pertinence, mais aussi de son insuffisance de développement en 2007. Par ailleurs, il peut s’avérer difficile d’être en mesure de conclure sur le fait que les personnes ayant accès au microcrédit professionnel soient effectivement celles qui sont démunies ou qui rencontrent des difficultés à l’accès au financement de petites structures économiques. Mots clés : microcrédit, Europe occidentale, demande potentielle, taux de pénétration, performance sociale Abstract : Micro- credit in Western Europe is often considered as a way to fight against social and financial exclusion by encouraging micro- enterprises and self- employment development. The potential demand for micro- credit has many characteristics which can highlight its relevance, but which also emphasize its lack of development in 2007. Moreover, it might be difficult to be able to draw some conclusions on whether IMFs actually target impoverished people and the small businesses who encounter difficulties to gain access to traditional banking services. Keywords :micro- credit, Western Europe, potential demand, penetration rate, social performance Université Paris Est Créteil Val de Marne Licence 3 Economie- Gestion, mention Expertise Economique et Financière Année universitaire 2009/ 2010 HAINGUERLOT Marine [email protected] Projet Tutoré par M. ADAIR Philippe

Transcript of LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport...

Page 1: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

1

LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL

DANS 7 PAYS OCCIDENTAUX DE L’UNION EUROPEENNE

Pays étudiés : Allemagne, Belgique, Espagne, Finlande, France, Italie, Royaume- Uni

Comment se définit la demande potentielle pour le microcrédit dans ces pays

et dans quelle mesure l’offre y répond-elle ?

Résumé : Le microcrédit en Europe occidentale est destiné à lutter contre l’exclusion sociale

et financière au moyen de la promotion de la micro- entreprise et du statut d’indépendant. Les

caractéristiques de la demande potentielle témoignent de sa pertinence, mais aussi de son

insuffisance de développement en 2007. Par ailleurs, il peut s’avérer difficile d’être en mesure

de conclure sur le fait que les personnes ayant accès au microcrédit professionnel soient

effectivement celles qui sont démunies ou qui rencontrent des difficultés à l’accès au

financement de petites structures économiques.

Mots clés : microcrédit, Europe occidentale, demande potentielle, taux de pénétration,

performance sociale

Abstract : Micro- credit in Western Europe is often considered as a way to fight against

social and financial exclusion by encouraging micro- enterprises and self- employment

development. The potential demand for micro- credit has many characteristics which can

highlight its relevance, but which also emphasize its lack of development in 2007. Moreover,

it might be difficult to be able to draw some conclusions on whether IMFs actually target

impoverished people and the small businesses who encounter difficulties to gain access to

traditional banking services.

Keywords :micro- credit, Western Europe, potential demand, penetration rate, social

performance

Université Paris Est Créteil Val de Marne

Licence 3 Economie- Gestion, mention Expertise Economique et Financière

Année universitaire 2009/ 2010

HAINGUERLOT Marine [email protected]

Projet Tutoré par M. ADAIR Philippe

Page 2: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

2

Sommaire

1. Les justifications du marché du microcrédit professionnel en Europe Occidentale à travers les

caractéristiques de la demande potentielle ....................................................................................... 5

1.1. Les cibles conjointes du microcrédit : les populations en situation d’exclusion sociale et

financière .................................................................................................................................. 5

1.1.1. L’exclusion sociale dans les sept pays occidentaux de l’Union Européenne ................. 5

1.1.2. L’exclusion financière dans les sept pays occidentaux de l’Union Européenne ............ 7

1.1.3. Lien de causalité entre l’exclusion sociale et l’exclusion financière ............................ 8

1.2. Le microcrédit : outil de promotion des micro- entreprises et du statut d’indépendant ......... 9

1.2.1. L’importance accrue de la représentation des micro- entreprises................................. 9

1.2.2. Le statut d’indépendant généralement moins désiré que celui d’employé ...................10

1.3. Le creux bancaire de l’Europe occidentale : le microcrédit professionnel ..........................11

1.3.1. Un coût de transaction trop élevé réduisant la rentabilité ...........................................12

1.3.2. Le traitement de l’information trop lourd augmente les risques de non- remboursement

…………………………………………………………………………………………12

1.3.3. Les garanties exigées par le système bancaire difficilement satisfaites .......................13

2. Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit

professionnel ...............................................................................................................................15

2.1. Estimation de la demande potentielle pour le microcrédit professionnel ............................15

2.2. L’offre actuelle de microcrédit professionnel...................................................................17

2.2.1. Les caractéristiques des offreurs..............................................................................17

2.2.2. Les caractéristiques du microcrédit..........................................................................20

2.3. Le taux de pénétration du marché du microcrédit professionnel ........................................23

3. Evaluation qualitative de l’offre révélant la demande actuelle de microcrédit professionnel .......24

3.1. Les types de clients effectivement desservis par le microcrédit .........................................24

3.1.1. Le degré d’inclusion financière ...............................................................................25

3.1.2. L’égalité de genre ..................................................................................................25

3.1.3. Les groupes en risque : minorités ethniques, immigrants, jeunes et handicapés ...........26

3.2. Les indicateurs de portée sociale des IMF par pays révélant leurs missions ........................28

3.2.1. Le niveau relatif de pauvreté des clients à travers l’indicateur « degré de portée » ......28

3.2.2. La capacité de remboursement des populations en risque de pauvreté ........................29

3.2.3. Les missions des offreurs de microcrédit par pays : appréciation des tendances ..........32

Page 3: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

3

Remerciements

Je remercie Monsieur Adair Philippe, en la qualité de tuteur, pour l’aide et les conseils

qu’il m’a apporté tout au long du suivi de ce projet.

Introduction

Par usage, nous rattachons géographiquement la microfinance aux pays du Sud, où son

essor a considérablement pris place dans les années 1980 par les initiatives désormais

reconnues mondialement de la Grameen Bank au Bangladesh ou encore de l’ONG Acción en

Amérique Latine. Dans ce contexte, la microfinance cherche à lutter contre la pauvreté, et se

définit par un ensemble de services financiers et non financiers de proximité adaptés aux

besoins des populations à faibles revenus et/ ou exclues du système traditionnel [Planet

Finance]. Toutefois, en Europe occidentale, la microfinance trouve ses racines au 19 ème

siècle avec les premières coopératives d’épargne et de crédit telles que la « Raiffeisen Bank »

en Allemagne. Et comme le souligne M. Guichandut Philippe, directeur du Réseau Européen

de la Microfinance, la microfinance en Europe trouve ses justifications même si « on a

longtemps pensé que la microfinance ne se destinait qu’aux pays en développement » [2006].

Néanmoins, une première distinction est à faire avec les pratiques au Sud, où la microfinance

regroupe plusieurs services financiers tels que le microcrédit, la microassurance ou encore la

microépargne, alors que pour le moment on parle davantage et uniquement de microcrédit en

Europe. En effet, depuis quelques années de nombreux programmes de microcrédit sont

apparus en Europe occidentale, et témoignent ainsi de son intérêt grandissant. Par ailleurs, les

finalités de ce concept au Sud divergent également de celles propres aux pays développés où

le microcrédit est ici considéré comme un moyen de lutte contre l’exclusion sociale et

financière au moyen de la promotion de la micro- entreprise et du statut d’indépendant. Enfin

et par définition de la Commission Européenne, le microcrédit est un prêt d’un montant

inférieur à 25 000 Euros.

Page 4: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

4

Force est de constater que ce concept trouve ses raisons en Europe occidentale, nous

allons apprécier la portée du marché du microcrédit professionnel dans sept pays de l’Union

Européenne, à savoir : l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, la Finlande, la France, l’Italie et

le Royaume- Uni. Plus précisément, nous allons chercher à définir le contexte justifiant la

demande potentielle et la réponse qui lui est adressée par les offreurs de microcrédit. Notre

ligne conductrice sera la suivante :

Comment se définit la demande potentielle pour le microcrédit professionnel dans ces

pays, et dans quelle mesure l’offre y répond-elle ?

Tout d’abord, nous nous concentrerons sur les justifications du marché du microcrédit

professionnel en Europe occidentale à travers les caractéristiques de la demande potentielle.

Pour cela, nous définirons les cibles du microcrédit qui sont usuellement considérées être des

personnes en situation d’exclusion sociale et financière, ainsi que les spécificités de besoins

en financement qu’il existe pour les micro- entreprises et les indépendants. Ce qui nous

amènera à constater que ces populations et petites structures économiques font face à un creux

bancaire. Ensuite, nous évaluerons quantitativement l’offre actuelle de microcrédit par rapport

à la demande potentielle. Et ceci, à travers une estimation de la demande potentielle, un

aperçu des caractéristiques de l’offre, pour enfin calculer le taux de pénétration du marché.

Finalement, nous évaluerons qualitativement la demande actuelle de microcrédit à travers le

type de clients desservis et la portée sociale des IMF regroupées par pays. Ce qui nous

permettra de vérifier ou non la mission de ce secteur en Europe occidentale, à savoir la lutte

contre l’exclusion sociale et financière.

Les chiffres présentés sont issus des données disponibles les plus récentes, et

correspondent ainsi à la situation pour l’année 2007. L’analyse1 couvre uniquement la

population âgée de 16 à 64 ans, ce qui est la tranche ici convenue pour l’étude des personnes

en âge de travailler.

1 Significativité des données, Annexe 2, page 36

Page 5: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

5

1. Les justifications du marché du microcrédit professionnel en Europe Occidentale à

travers les caractéristiques de la demande potentielle

Afin d’évaluer la pertinence du développement du marché du microcrédit professionnel au

sein des sept pays de l’Union Européenne, nous allons tout d’abord apprécier le contexte

social, financier et économique dans lequel il s’inscrit. Plus précisément, les analyses

porteront sur les niveaux d’exclusion sociale et financière propres à chaque pays, comme il a

été mentionné que le microcrédit s’adresse généralement aux personnes touchées par ces deux

critères. De plus, nous aborderons le fait que le tissu économique de ces pays est davantage

dominé par des petites structures, qui par suite nécessitent des soutiens financiers spécifiques.

Enfin, nous dresserons un état des lieux de l’esprit entrepreneurial, ce qui nous permettra de

mieux cerner la propension de personnes effectivement susceptibles de travailler à leur propre

compte. Cela nous amènera à considérer les obstacles contrevenant à la création de petites

structures. Et par résultat, l’existence d’un creux bancaire sera soulignée pour mieux justifier

l’importance que le microcrédit revêt au sein de ces sept pays.

1.1. Les cibles conjointes du microcrédit : les populations en situation d’exclusion sociale

et financière

Une définition des concepts d’exclusion sociale et financière, ainsi qu’un aperçu de la

situation par pays sont ici traités. Ce qui permettra de déterminer les groupes de population les

plus en risque d’être touchés, et par la même occasion les populations ciblées par le

microcrédit. Nous évaluerons également les causes et conséquences de ces deux formes

d’exclusion qui se révèleront être étroitement liées.

1.1.1. L’exclusion sociale2 dans les sept pays occidentaux de l’Union Européenne

Comme le témoignent les diverses raisons qui peuvent conduire à l’exclusion sociale

et qui sont usuellement citées en Europe de l’Ouest à savoir le chômage, de faibles revenus,

un logement précaire, une éducation ou des qualifications faibles, la discrimination, le crime,

une mauvaise santé, le manque de réseaux sociaux, l’exclusion de la prise de décision ou

encore l’absence de participation à des associations et partis politiques ; donner une définition

générale de ce concept serait assez délicat [CDFA3, MFC, REM, 2007]. Le Réseau Européen

Anti Pauvreté donne un large aperçu du champ d’application de ce concept par la définition

suivante : « Le terme d’exclusion sociale est employé pour mettre l’accent sur les processus

qui poussent les gens en marge de la société, ce qui limite leur accès aux ressources et aux

opportunités, restreint leur participation à la vie sociale et culturelle les faisant se sentir

marginalisés, impuissants et discriminés. Un autre terme communément utilisé en relation

avec la pauvreté est celui de vulnérabilité. Les personnes sont en situation vulnérable lorsque

leur bien-être personnel est en danger en raison d’un manque de ressources suffisantes,

2 Notes méthodologiques, Annexe 3, page 37

3 Liste de tous les acronymes utilisés au cours du document, Annexe 1, page 36

Page 6: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

6

lorsqu’elles courent le risque d’être débitrices, lorsqu’elles souffrent d’une mauvaise santé,

lorsqu’elles ont un faible niveau d’éducation et qu’elles vivent dans un logement et un

environnement inadapté ». Par ailleurs, les personnes en situation de pauvreté peuvent a priori

être considérées en situation d’exclusion sociale au regard de la Commission Européenne qui

précise que ces personnes « sont souvent exclues et marginalisées par rapport aux activités

économiques, sociales et culturelles qui sont communes parmi les autres personnes».

L’approche de la Commission Européenne utilisée afin de mesurer la pauvreté est

relative et monétaire. En effet, elle évalue la proportion de la population avec un niveau de vie

qui se situe en dessous d’un certain seuil. Un nouvel indicateur d’exclusion sociale

considérant la « privation matérielle » des personnes a été introduit par la Commission

Européenne en 2009. Mais pour des raisons de faisabilité, l’exclusion sociale sera ici basée

sur les deux indicateurs monétaires disponibles. Le graphique ci- dessous (figure 1) met en

évidence les niveaux de pauvreté par pays à l’aide du taux de risque de pauvreté et du seuil

de risque de pauvreté considéré pour une personne seule. Le taux mesure la proportion de

personnes dont le revenu disponible équivalent se situe en dessous du seuil, fixé à 60% du

revenu disponible équivalent médian national après transferts sociaux [Eurostat]. Selon la

Commission Européenne, une personne qui dispose d’un revenu inférieur au seuil de pauvreté

est considérée comme pauvre. Figure 1

4: Taux et seuil de risque de pauvreté, population de 16 à 64 ans, 2007

Source : Eurostat ; Elaboration personnelle de l’agrégat UE 7 pays

En 2007, 15,2 % de la population âgée de 16 à 64 ans dans l’ensemble des sept pays

de l’Union Européenne a été évaluée être en risque de pauvreté, c'est-à-dire vivant en dessous

du seuil de pauvreté, pondéré pour l’UE 7 pays, qui est égal à 10 084€. Cela étant, cette

approche globale ne permet pas de prendre en compte les différences de conditions de vie

considérables entre pays. Il est préférable d’établir des comparaisons qui intègrent dans

l’analyse les variations de seuil de pauvreté de chaque pays. Ainsi, par addition de la

proportion de la population en risque de pauvreté dans chaque pays, on peut estimer que

32 084 9285 de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté définit selon les données

nationales en 2007. Remarquons que selon les pays présentés, le taux de risque de pauvreté

varie de 12% pour la France et la Finlande à 18% pour l’Italie. De même, les seuils de

pauvreté fluctuent de 7 203€ en Espagne à 12 572€ au Royaume- Uni.

4 Calcul de l’agrégat UE 7 pays, Annexe 4, page 37

5 Calcul de la population 16-64 ans en risque de pauvreté, Annexe 5, page 38

18% 17%15,2%15% 15% 13% 12% 12%

9 003

7 203

10 08410 624

12 572

10 53811 104

9 938

0

2000

4000

6000

8000

10000

12000

14000

0%

2%

4%

6%

8%

10%

12%

14%

16%

18%

20%S

eu

il d

e r

isq

ue d

e p

au

vreté

(€

)

Ta

ux

de r

isq

ue d

e p

au

reté

Taux de risque de pauvreté (après transferts sociaux)

Seuil de risque de pauvreté

Page 7: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

7

On considère que les groupes pour lesquels les risques sont plus grands d’être en

situation de pauvreté ou bien d’exclusion sociale sont: les femmes, les foyers monoparentaux,

les personnes âgées, les jeunes de moins de 25 ans, les handicapés, les travailleurs pauvres, les

chômeurs de longue durée, les travailleurs proche de la retraite, ainsi que les immigrants et

minorités ethniques. [REM]

1.1.2. L’exclusion financière dans les sept pays occidentaux de l’Union Européenne

L’exclusion financière se définit lorsque les personnes rencontrent des difficultés à

accéder et/ou utiliser, sur le marché traditionnel, des services et produits financiers

disponibles et appropriés à leurs besoins qui leur permettent de mener une vie sociale normale

au sein de la société à laquelle ils appartiennent [RFA]. Evaluer le degré d’exclusion

financière nécessite de faire une distinction entre l’usage et l’accès aux services financiers. En

effet, certaines personnes n’ont pas d’obstacle particulier à cet accès mais choisissent de ne

pas en disposer, d’autres ont l’accès et pourtant ne l’utilisent pas, et enfin il y en a qui ont un

accès mais celui- ci reste inapproprié à leur situation et besoins. Par ailleurs, différents degrés

d’exclusion financière existent également. Une différenciation est notamment faite entre les

personnes pas du tout, faiblement, ou totalement bancarisées. Egalement dans le cas du crédit,

il y a ceux qui en sont complètement exclus, ou encore ceux pour lesquels le produit est

inapproprié ce qui relève particulièrement des prêts à taux d’intérêts excessifs proposés par

des systèmes de financement alternatifs. Par suite, le degré d’accès aux services financiers

doit aussi se référer à la qualité de ce service. Par exemple, une personne dont la demande de

prêt professionnel se voit refusée par la banque commerciale qui décide alors de recourir à un

prêt à la consommation proposé par un établissement financier non bancaire. Certes elle aura

bénéficié d’un accès aux fonds instantanément, mais le prix à payer en reste un taux d’intérêt

inabordable.

Selon le Réseau de Financement Alternatif, une personne peut être considérée comme

étant exclue financièrement lorsqu’elle n’a pas accès à ces trois critères :

- un compte bancaire permettant d’effectuer des transactions courantes grâce aux

moyens de paiement électroniques, chèques, ou virements bancaires ;

- un crédit revolving, c'est-à-dire un crédit à la consommation permanent permettant aux

particuliers d’en disposer lorsqu’ils le souhaitent ;

- la constitution d’épargne au sein d’une institution financière.

Pour le moment, l’accès aux services d’assurances n’est pas établi comme critère d’exclusion

financière.

Le niveau d’exclusion financière pour chaque pays est représenté ci- dessous. (figure 2) Figure 2

6 : Représentation des personnes exclues financièrement, population de 18 ans et plus, 2003

Source : RFA ; Elaboration personnelle de l’agrégat UE 7 pays

6 Calcul de l’agrégat UE 7 pays, Annexe 6, page 38

16%

8%6,5% 6% 6%

3% 2% 1%

Italie Espagne UE 7 pays Finlande Roy.- Uni Allemagne France Belgique

Page 8: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

8

Il apparait que le système bancaire est très développé et touche une large proportion de

la population dans l’ensemble des sept pays de l’Union Européenne, avec 6,5% de personnes

exclues financièrement. Le degré d’exclusion varie fortement selon les pays allant de 16 % en

Italie à 1% en Belgique. Toutefois, on ne peut pas tirer de conclusions hâtives quant à la

comparaison de ces données entre les pays, notamment en raison des différences de

législation bancaires qui pourraient contrevenir à cet effet. A titre d’exemple, en France

disposer d’un compte de dépôt est un droit et pour cause seulement 4% de la population en est

dépourvue, contrairement au Royaume- Uni pour lequel cette exigence n’existe pas et où 15%

de la population n’a pas de compte de transaction bancaire.

Les groupes de personnes les plus plausibles d’être affectés par l’exclusion financière

peuvent être catégorisés selon:

- des caractéristiques économiques: les personnes à bas revenu, les chômeurs

- des caractéristiques personnelles: les parents célibataires, les personnes incapables de

travailler à cause de la maladie ou d’un handicap, les jeunes de 18 à 25 ans, les

personnes de plus de 65 ans, davantage les femmes que les hommes, les immigrants et

minorités ethniques.

La compréhension des services financiers disponibles au sein du système bancaire traditionnel

semble également être un facteur déterminant. De plus, l’environnement peut avoir une

influence sur le niveau d’exclusion financière. Ainsi, il a été noté que vivre dans un quartier

défavorisé, faire partie d’une famille ou d’un groupe d’amis exclus financièrement, évoluer

dans une communauté où les transactions se font uniquement en cash augmenterait les risques

d’être exclu.

1.1.3. Lien de causalité entre l’exclusion sociale et l’exclusion financière

De nombreuses conséquences financières sont à envisager lorsqu’une personne est

exclue financièrement. Etre exclu des transactions bancaires courantes peut rendre le

règlement des factures difficile et couteux. Et il est d’autant plus délicat de recevoir alors de

l’argent par une tierce personne. Par résultat, des difficultés à trouver un emploi peuvent

s’ajouter lorsque les salaires sont payés par voie électronique. Etre exclu du crédit conduit le

plus souvent à utiliser des moyens de financement intermédiaires plus chers et moins adaptés,

ce qui peut en conséquence mener à de plus grandes difficultés financières et causer le

surendettement. Etre exclu de l’épargne n’offre pas de moyens de compensation pour faire

face à des dépenses futures imprévues, ou bien des chocs financiers. Enfin, être exclu du

système d’assurances peut causer de graves dommages financiers dans le cas de dépenses

lourdes associées à un accident de la vie par exemple, et aussi restreindre l’accès à certains

biens matériels, comme par exemple une voiture dont l’assurance est obligatoire da ns les pays

européens.

Par ailleurs, l’exclusion financière engendre aussi des conséquences sociales. En effet,

il est souvent considéré que cela amène à une perte d’estime de la personne et à une plus

grande isolation. De plus, il existe une plus grande vulnérabilité au vol, et aussi une plus

grande propension à faire appel à des fournisseurs de services financiers illégaux. D’une

manière générale, l’exclusion financière restreint le champ d’activité des personnes, ainsi que

leur bien être matériel et immatériel.

Finalement, il est clair qu’un déterminisme, lien de cause à effets, existe entre l’exclusion

financière et l’exclusion sociale. En effet, la première peut contribuer à l’exclusion sociale,

Page 9: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

9

ou bien même en être la conséquence significative. D’une part, l’exclusion financière est un

obstacle majeur pour l’intégration économique à travers l’emploi ou la création d’activité

professionnelle. Cela réduit aussi les opportunités de participation à des activités sociales.

D’autre part, l’exclusion sociale souvent synonyme d’absence de références personnelles et

professionnelles, rend davantage difficile l’accès aux services financiers.

1.2. Le microcrédit : outil de promotion des micro- entreprises et du statut d’indépendant

Le microcrédit est considéré dans l’Union Européenne comme un moyen d’encourager le

travail indépendant et le développement des micro-entreprises. Pour cela, nous allons aborder

le contexte économique dans lequel il s’inscrit. Puis, comme par nature le microcrédit

professionnel est destiné aux personnes souhaitant travailler pour leur propre compte, nous

évaluerons l’esprit entrepreneurial parmi la population des sept pays. Bien que la question de

la nécessité ou de l’opportunité d’y avoir recours puisse- être discutée, nous ne nous

pencherons pas sur le sujet.

1.2.1. L’importance accrue de la représentation des micro- entreprises

Le tissu économique des sept pays de l’Union Européenne dans le secteur de

l’industrie, du commerce et des services pour l’année 2006 est dominé comme le présente le

graphique ci- dessous (figure 3) par des entreprises de petite taille. En effet, les Petites et

Moyennes Entreprises regroupent 99,8% de l’ensemble, avec notamment une importance

accrue des entreprises qualifiées de « micro » représentant 91,1%, et une part notable de

petites entreprises soit 7,6%, contre seulement 0,2% de grandes entreprises. Figure 3

7 : Répartition des entreprises dans le secteur de l’industrie, du commerce et des services par classe

d’effectifs8 occupés pour les 7 pays de l’UE étudiés, 2006

Source : Elaboration personnelle, Eurostat

Le secteur de l’agriculture et de la pêche n’est pas considéré ici. Toutefois, il serait

discutable de l’intégrer dans l’analyse étant donné que l’offre de microcrédit professionnel

inclut dans la segmentation de la clientèle cible la population rurale pour qui l’activité

agricole est représentée.

7 Représentation des entreprises par pays et calcul de l’agrégat UE 7 pays, Annexe 8, page 39

8 Nomenclature des entreprises par effectif et résultats financiers, Annexe 7, page 38

91,1%

7,6% 1,1% 0,2%

Micro

Petite

Moyenne

Grande

Page 10: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

10

Les activités génératrices de revenu présentes dans le secteur informel seraient

également à prendre en compte. L’économie informelle regroupe les activités économiques

non formelles, c'est-à-dire non couvertes par la législation [OIT]. Ce secteur est estimé

représenter 10 à 15% du Produit National Brut pour les pays de l’Europe [CE, 2006].

La représentation prédominante des petites structures dans l’économie des sept- pays

de l’Union Européenne cités met en évidence l’importance de la demande de financement qui

peut lui être associée, mais aussi la nécessité de répondre à ces besoins pour le bon

fonctionnement de l’économie. Par suite, l’esprit d’entreprise est un vecteur essentiel du

système économique européen en termes d’emploi, de croissance, de compétitivité, et de

cohésion sociale. Nous allons alors désormais nous concentrer sur le potentiel entrepreneurial

qui existe dans les sept pays, et plus particulièrement sur le statut d’indépendant.

1.2.2. Le statut d’indépendant généralement moins désiré que celui d’employé

Par définition, un indépendant est un travailleur non salarié qui fournit des services

réels et effectifs à l’attention d’un particulier ou d’une entreprise en l’échange d’une

rémunération. Ces services doivent répondre à trois exigences : être réalisés sans lien de

subordination, de façon périodique, continue et régulière. Par contre, aucun critère quant au

niveau de revenu perçu et à la durée effective consacrée, à savoir temps partiel ou non, n’entre

dans la définition du statut [CE]. Le statut d’indépendant est ici considéré comme une

personne travaillant à son compte, avec ou sans salariés.

Le graphique ci- dessous (figure 4) présente dans quelle proportion la population en

activité professionnelle exerce une activité indépendante en 2007 au sein des sep t pays. Parmi

cette représentation aucune distinction n’est faite entre les travailleurs indépendants qui le

sont par motivation et opportunité de création, de ceux qui le sont par nécessité et

préféreraient être salariés s’ils en avaient la possibilité.

Figure 4

9 : Proportion de la population âgée de 15 à 64 ans qui travaille sous le statut d’indépendant, 2007

Source : Elaboration personnelle ; Eurostat

Il apparaît que selon les pays ce statut est davantage développé en Italie et en Espagne,

qu’il ne l’est pour la Belgique, le Royaume- Uni, la Finlande, l’Allemagne et la France, en

comparaison par rapport à l’agrégat UE 7 pays. Retenons que 15,4% de la population pour

l’ensemble des pays est sous le statut d’indépendant en 2007.

Ayant un aperçu des personnes effectivement indépendantes en 2007, voyons

désormais selon un sondage ci- dessous (figure 5) la préférence pour le statut d’indépendant

ou bien celui d’employé.

9 Calcul de l’agrégat UE 7 pays, Annexe 9, page 39

23,4%

16,3% 15,4%13,1% 12,6% 11,5% 10,4% 10,1%

Italie Espagne UE 7 pays Belgique Roy.- Uni Finlande Allemagne France

Page 11: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

11

Figure 510

: Préférence pour le statut d’indépendant ou employé, 2007

Source : Eurobarometer ; Elaboration personnelle de l’agrégat UE 7 pays

La préférence pour le statut varie selon les pays, mais d’une manière générale être

employé est davantage préférable qu’indépendant au regard de l’agrégat UE 7 pays, avec

50,5% de répondants contre 44,6%. Notons que le statut d’indépendant est plus sollicité en

Italie et au Royaume- Uni qu’il ne l’est pour les autres pays. Les raisons de la préférence pour

le statut d’employé sont principalement un revenu fixe et régulier, un temps de travail fixe

ainsi que la sécurité sociale et les assurances qui sont procurés. Les raisons expliquant la

préférence pour le statut d’indépendant sont majoritairement l’indépendance financière,

l’accomplissement personnel, la liberté de déterminer son lieu et temps de travail, et aussi de

meilleures perspectives de revenu [Eurobarometer, 2009].

Cela étant, même si l’esprit entrepreneurial est moins développé, il reste que 44,6% de la

population préférerait être indépendante, alors que seulement 15,4 % l’est effectivement en

2007 pour les sept pays considérés. Il apparait alors que d’autres difficultés entrent en ligne de

compte, tels que le cadre réglementaire et l’accès au financement sur lequel nous allons nous

pencher.

1.3. Le creux bancaire de l’Europe occidentale : le microcrédit professionnel

L’accès au financement semble être un des facteurs déterminants pour la création de sa

propre entreprise comme le justifie le graphique ci- dessous (figure 6). En effet, 75,8% de la

population considérée est fortement d’accord ou bien d’accord sur le fait qu’un manque de

soutien financier réduit l’opportunité de se mettre à son compte, et en est même la cause.

10

Calcul de l’agrégat UE 7 pays, Annexe 10, page 39

30,4%

34,7%

40,2%

41,0%

41,1%

49,3%

55,1%

44,6%

62,4%

54,9%

52,4%

54,1%

55,3%

48,7%

38,6%

50,5%

Belgique

Finlande

Espagne

Allemagne

France

Roy.- Uni

Italie

UE 7 pays

indépendant

employé

Page 12: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

12

Figure 611

: La difficulté de créer sa propre entreprise à cause d’un manque de soutien financier disponible , 2007

Source : Eurobarometer ; Elaboration personnelle de l’agrégat UE 7 pays

Le sentiment majoritairement ressenti d’un manque de soutien financier disponible

pour la création d’une activité professionnelle peut s’expliquer par la considération de

l’existence d’imperfections au sein du marché du crédit bancaire. Ces imperfections peuvent

conduire tout simplement à des « échecs de marché » [M. Nowak, 2006]. Les échecs

s’expliquent dans la compréhension du mécanisme de l’octroi de crédit. Processus au cours

duquel, d’une part le prêteur met à disposition une certaine somme d’argent, d’autre part

l’emprunteur a pour obligation de rembourser le capital initial ainsi que payer le coût du prêt

comprenant charges d’intérêts et autres frais additionnels. Trois facteurs viennent alimenter

les imperfections de ce marché : le coût de transaction, le coût de traitement de l’information

et les garanties exigées.

1.3.1. Un coût de transaction trop élevé réduisant la rentabilité

Le revenu tiré de la transaction est variable avec la valeur du prêt accordé, alors que

les coûts de traitement du dossier supportés par la banque sont fixes. Il est davantage

préférable pour une banque de concéder un prêt d’un gros montant plutôt que de prêter cette

valeur en plusieurs petits montants pour lesquels les frais fixes se multiplient aussi par le

nombre de contrats réalisés. Le microcrédit, par définition relève de l’octroi de petits

montants, limite par conséquent le retour sur investissement possible et s’exclue usuellement

du champ de sélection des banques.

1.3.2. Le traitement de l’information trop lourd augmente les risques de non-

remboursement

Cette relation d’échanges engendre le plus souvent une asymétrie de l’information, le

fait qu’une partie ne connaisse pas suffisamment l’autre partie afin d’être en mesure de

prendre des décisions justes et exactes. En effet, l’emprunteur a de meilleures informations

sur les retours potentiels et risques associés au projet d’investissement que le prêteur n’en

aura jamais. Cette asymétrie de l’information peut aussi être qualifiée d’ « inversée », étant

donné que l’emprunteur reçoit le montant octroyé au début de l’échange, alors que le prêteur

n’est pas certain d’obtenir la contrepartie à cause d’un manque plausible d’informations. Ce

11

Calcul de l’agrégat UE 7 pays, Annexe 10, page 39

54,0%

67,9%

69,4%

70,1%

77,5%

83,8%

84,5%

75,8%

36,0%

20,1%

20,5%

25,8%

16,8%

11,1%

10,5%

17,6%

Finlande

Belgique

Allemagne

Royaume- Uni

Espagne

Italie

France

UE 7 pays

fortement d'accord et d'accord

en désaccord et fortement en désaccord

Page 13: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

13

manque d’informations crée des problèmes ex ante et ex post lors de l’octroi du prêt, et peut

conduire dans les deux cas au refus par le prêteur d’effectuer la transaction [F. Mishkin,

2007]. Dans le cas du financement de la création de petites structures, le traitement de

l’information pratiqué par les banques commerciales n’est pas adapté.

Ex ante, il existe un risque d’ « anti-sélection » occasionné par le fait qu’il n’y a pas assez

d’éléments disponibles permettant d’évaluer la fiabilité de l’entrepreneur et la viabilité de son

projet. Les critères de sélection sont basés sur des méthodes de scoring imputées aux grosses

structures. Et ces pratiques sont associées à des exigences de rentabilité qui excluent du

champ de compétence les entreprises de petite taille. D’autant plus que les personnes

demandeuses de microcrédit n’ont pas nécessairement une situation sociale et financière

stable, ce qui réduit d’autant plus la portée des outils de collecte d’information destinés à la

connaissance du profil de l’entrepreneur. Par exemple, une personne au chômage, sans revenu

suffisant, ou ne disposant pas d’un historique bancaire convenable ne sera pas considérée

comme fiable aux yeux du système de sélection traditionnel.

Ex post, il y a ce que l’on appelle le risque d’ « aléa moral » qui admet que l’emprunteur peut

être tenté suite à la réception de la somme d’argent de s’engager dans des activités

indésirables. Celles- ci pourraient réduire la probabilité que le prêt soit remboursé selon le

point de vue du prêteur. Les compétences entrepreneuriales d’une personne démunie sont

généralement convenues d’être moindres, notamment sous les motifs d’une connaissance

imparfaite du marché, et d’une maîtrise insuffisante des techniques de gestion. Par ailleurs,

l’habilité du solliciteur à négocier un prêt est également très déterminante au moment de

l’échange avec la banque. Et cette capacité est souvent détériorée lorsque la personne n’est

pas à l’aise avec la langue de conversation ou encore les termes financiers employés. Ce

problème peut notamment s’accentuer pour les immigrés et minorités ethniques. Pour ainsi

dire, un décalage culturel entre le prêteur et l’emprunteur est susceptible d’être associé à un

manque de confiance dans le projet et risque de ne pas convaincre l’offreur.

1.3.3. Les garanties exigées par le système bancaire difficilement satisfaites

Les garanties traditionnellement demandées dans le secteur bancaire sont difficilement

remplies par les solliciteurs de micro- crédit, et ceci pour diverses raisons. Les personnes en

situation d’exclusion sociale n’ont pas la possibilité généralement de prétendre à l’apport

d’une caution provenant du milieu familial. Les personnes exclues financièrement ne sont pas

en mesure de justifier d’actifs financiers garantissant le prêt, notamment par la constitution

d’une épargne insuffisante ou inexistante. L’apport financier personnel de l’entrepreneur

exigible à hauteur de 20 à 25% du capital initial par les banques n’est pas satisfait par les

personnes démunies ayant un revenu faible. D’autant plus que les garanties associées à la

valeur capitalistique du projet entrepreneurial sont dans une moindre mesure effectives, étant

donné que les micro- entreprises sont souvent spécialisées dans le secteur tertiaire, pour lequel

les actifs immatériels ont une valeur de marché difficile à évaluer.

Par conséquent, le marché du microcrédit professionnel est usuellement considéré par

le secteur bancaire traditionnel comme une activité non rentable, risquée, ayant des coûts de

traitement trop importants et des garanties insuffisantes. Le nécessaire développement de ce

marché au sein de l’Europe se justifie ainsi par le constat de l’existence de ce « creux

bancaire » par lequel l’accès au financement pour les entreprises de petite taille est rendu

difficile [I. Guérin, 2002]. La segmentation du marché du microcrédit est divisée en deux

Page 14: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

14

parties [REM, 2010]. Les banques commerciales devraient combler la déficience du marché

associée aux Petites et Moyennes Entreprises et aux nouvelles entreprises classiques. Les

institutions spécialisées devraient se concentrer sur les micro- entreprises créées par les

personnes exclues ainsi que le secteur informel. Nous allons désormais nous concentrer sur la

manière dont l’offre répond à la demande de microcrédit.

Page 15: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

15

2. Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de

microcrédit professionnel

Afin de définir la valeur de ce creux bancaire nous allons évaluer la demande potentielle

pour le microcrédit professionnel calculée selon les critères la Commission Européenne dans

les sept pays considérés. Ce calcul examine uniquement le deuxième segment du marché,

relevant des institutions spécialisées, étant donné que la population demandeuse considérée

est celle en risque de pauvreté. Puis, nous comparerons les résultats obtenus avec les données

disponibles sur l’offre actuelle de microcrédit. Pour laquelle un aperçu des caractéristiques

des organismes présents sur le marché sera donné afin de mieux apprécier le développement

spécifique du microcrédit propre à chaque pays. Cela nous permettra alors d’estimer la lacune

de marché persistante malgré l’existence d’institutions essayant de pallier ce manque. Enfin,

une évaluation quantitative de la manière dont l’offre actuelle répond à la demande potentielle

sera présentée sous l’indicateur « taux de pénétration du marché ». Par ailleurs, une limite

peut dorénavant être émise quant à la pertinence de cette étude. En effet, la demande

potentielle est conditionnée par la population en situation d’exclusion sociale, c'est-à-dire le

deuxième segment du marché du microcrédit. Mais la distinction entre le premier et le

deuxième segment reste assez floue quant à l’offre actuelle de microcrédit. Tout d’abord, les

banques ne reportent pas forcément leurs données à ce sujet, et nous verrons par la suite que

les institutions spécialisées ne concentrent pas nécessairement leur offre vers les populations

en situation d’exclusion sociale. Il apparaitra que certaines d’entre elles octroient des

microcrédits d’un montant assez important, et que les clients bénéficiaires seraient davantage

à catégoriser dans le premier segment devant être comblé par les banques commerciales. De

plus, l’offre actuelle est déterminée par la participation des institutions spécialisées aux

sondages, et donc elle peut être sous- estimée.

2.1. Estimation de la demande potentielle pour le microcrédit professionnel

Cette estimation évalue la demande potentielle de microcrédits qui pourrait être adressée

par les institutions financières non bancaires pour la création de nouvelles entreprises

(Tableau 1). L’évaluation de la demande potentielle présentée ci- dessous a été adaptée aux

cas des sept pays étudiés en prenant pour modèle la méthode de calcul introduite par la

Commission Européenne [Initiative européenne pour un développement du microcrédit en faveur de

l’emploi et de la croissance, 2007] qui a été réalisée pour l’agrégat UE à 12 et à 15. Les chiffres

suivants sont issus des données disponibles les plus récentes, et reflètent ainsi la situation

respectivement en Allemagne, Belgique, Espagne, Finlande, France, Italie et Royaume- Uni

du marché du microcrédit en 2007. L’estimation de la valeur du marché est toujours présentée de deux manières, c'est-à-dire en nombre de prêts ainsi qu’en valeur monétaire par la

multiplication du nombre de prêts avec le montant moyen du prêt12 respectif à chaque pays.

Les données nationales propres à chaque pays ont été appliquées. Ce calcul se décompose en

trois étapes :

12

Montant moyen du microcrédit par pays : 2.2.2 Les caractéristiques du microcrédit, page 20

Page 16: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

16

i. La clientèle considérée est la population âgée de 16 à 64 ans, qui est en risque de

pauvreté13. La Commission Européenne a basé son calcul à partir de la population

âgée de 15 à 64 ans, mais il n’y a pas de données disponibles quant au taux de risque

de pauvreté pour cette tranche d’âge (15- 64 ans). Par conséquent, les estimations de la

Commission Européenne ont été faites avec le taux de risque de pauvreté pour la

population totale et ont ensuite été appliquées uniquement à cette tranche d’âge.

Toutefois, les taux de risque de pauvreté pour la population totale sont plus importants

que pour les 16-64 ans. Afin de ne pas surestimer la population effectivement en

risque de pauvreté et en âge de travailler, les calculs sont ici faits à partir du taux de

risque de pauvreté pour les 16-64 ans et de la population âgée de 16 à 64 ans.

ii. Parmi ces personnes, sont retenues celles qui préféreraient être indépendantes 14 plutôt

que salariées.

iii. Le groupe cible représente le pourcentage de personnes qui ont effectivement créé leur

micro entreprise parmi les entrepreneurs potentiels, ce qui est assumé d’être égal à 3%

selon la Commission Européenne.

Tableau 1 : L’estimation de la demande potentielle de microcrédits dans les 7 pays étudiés, 2007 Allemagne Belgique Espagne Finlande France Italie Roy.- Uni A Population âgée

16- 64 ans 53 779 978 6 854 202 30 160 239 3 442 692 39 499 539 38 380 614 39 587 105

B Population à

risque de pauvreté

(%)

15 13 17 12 12 18 15

C

=

A

*

B

Population

âgée 16- 64 ans

à risque de

pauvreté

8 066 997 891 046 5 127 241 413 123 4 739 945 6 908 511 5 938 066

D Entrepreneurs

potentiels (%) 41 30 40 35 41 55 49

E

=

C

*

D

Entrepreneurs

potentiels parmi

la population

considérée

3 307 469 270 878 2 061 151 143 354 1 948 117 3 806 589 2 927 466

F Groupe cible (%) 3 3 3 3 3 3 3

G

=

E

*

F

Valeur du

marché potentiel

(nombre prêts)

99 224 8 126 61 835 4 301 58 444 114 198 87 824

H Prêt moyen (€) 15 491 15 382 9 943 13 554 7 907 9 654 8 478

I

=

G

*

H

Valeur du marché

potentiel (€) 1 537 079 892 124 999 399 614 820 655 58 290 481 462 112 893 1 102 464 396 744 571 817

Source : Elaboration personnelle ; Eurostat , Eurobarometer , REM, CE

La demande potentielle pour le microcrédit a une valeur pour l’ensemble des 7 pays 15

égale à 433 951 prêts ce qui équivaut à une valeur moyenne de 4 644 339 532 Euros. La

valeur du marché potentiel en nombre de prêts va de 4 301 microcrédits en Finlande à

114 198 en Italie. Et la valeur du marché potentiel en Euros varie de 58 290 481€ en Finlande

à 1 537 079 892€ en Allemagne.

13

Taux de risque de pauvreté : 1.1.1 L’exclusion sociale, page 6 14

Préférence pour le statut d’indépendant : 1.2.2 L’esprit entrepreneurial, page 10 15

Synthèse des résultats pour l’agrégat UE 7 pays, Annexe 11, page 40

Page 17: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

17

Afin d’établir des comparaisons inter- pays, les résultats obtenus sont à interpréter en

prenant en considération plusieurs variables, à savoir la population, le taux de risque de

pauvreté, la propension à être indépendant, ainsi que la valeur moyenne du microcrédit. Par

ailleurs, étant donné que l’indicateur défini à 3% pour le groupe cible a été appliqué de

manière fixe, il n’intervient pas dans la construction des divergences existantes entre les pays.

La valeur du marché potentiel en nombre de microcrédits est la plus importante en Italie,

ce qui s’explique par un taux de risque de pauvreté qui est le plus élevé de tous les pays (18%)

et aussi la plus grande propension de la population préférant être indépendante plutôt que

salariée (55%). Par contre, l’Allemagne a la valeur de marché potentielle exprimée en Euros

la plus élevée, ce qui est particulièrement du à la valeur moyenne du microcrédit qui est la

plus importante de tous les pays (15 941€). Par comparaison, la valeur moyenne du

microcrédit en Italie représente environ 60% de la valeur correspondante à l’Allemagne. La

Finlande a la valeur de marché potentielle, en nombre et en Euros, la plus faible ce qui peut se

justifier à travers un taux de risque de pauvreté faible par rapport aux autres pays (12%), une

préférence pour le statut d’indépendant moins marquée (35%) et surtout la plus petite

population. Par suite, la Belgique avec de faibles taux de risque de pauvreté (13%) et d’esprit

entrepreneurial (30%) et aussi la deuxième plus petite population a la valeur de marché, en

nombre et en Euros, la plus basse après la Finlande. Enfin suite à la Belgique, par ordre du

plus au petit grand en valeur potentielle de marché, par nombre de prêts et Euros, viennent la

France, l’Espagne et le Royaume- Uni.

2.2. L’offre actuelle de microcrédit professionnel

Dans le but de quantifier dans quelle mesure l’offre répond à la demande potentielle de

microcrédits, calculée auparavant, nous allons dresser un portrait des caractéristiques de

l’offre. Tout d’abord, une présentation des offreurs par type institutionnel et par pays sera

présentée afin d’obtenir un aperçu du développement de ce marché en relation avec le cadre

réglementaire de chaque pays. Ensuite, nous nous pencherons sur les caractéristiques de ce

marché en valeur, à savoir les microcrédits concédés en nombre et en unité monétaire, ainsi

que la valeur moyenne du microcrédit par pays.

2.2.1. Les caractéristiques des offreurs

Parmi les sept pays de l’Union Européenne présentés ci- dessous (figure 7) il existe

une grande variété de type d’institutions distribuant des microcrédits en 2007. En effet, sept

types d’organisations peuvent être dénombrés : les organisations non gouvernementales, les

fondations, les organismes publics, les caisses d’épargne, les banques, les institutions

financières non bancaires et les coopératives d’épargne et de crédit. On peut aussi constater

que la majorité des offreurs relèvent des ONG, fondations ou bien organismes publics.

Page 18: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

18

Figure 7: Représentation des offreurs par type institutionnel dans les 7 pays étudiés, 2007

Source : REM

Le nombre d’offreurs et leur type institutionnel, à mettre en relation avec le cadre

réglementaire national, est très variable selon les pays (figure 8). Figure 8 : Nombre d’offreurs ayant répondu au sondage du REM , par pays et par type institutionnel, 2007

Source : REM

Une brève revue du niveau de développement de l’activité de microcrédit par pays, en

rapport avec les offreurs présents sur le marché et l’environnement législatif est présentée ci -

dessous.

Finlande Activité du microcrédit : En Finlande, le marché du microcrédit est un monopole régulé par

un organisme public Finnvera qui est une société de financement. Cet acteur majeur créé en

1999, est la propriété de l’Etat. C’est un programme qui offre d’une part des prêts aux

microentreprises, facilite l’accès au financement pour les PME en fournissant la garantie des

risques complémentaires en coopération avec les banques et autres institutions financières,

ainsi que des garanties de crédit à l’exportation. Cadre réglementaire : L’activité de prêt est restreinte aux organismes bancaires et agences

gouvernementales.

Belgique Activité du microcrédit : Le marché semble plutôt être un oligopole dont 75% d’organismes

publics. Les principaux acteurs sont des IMF, à savoir le Fonds de Participation, le Credal, et

Brussoc. Par exemple, le Fonds de Participation, organisme public de crédit, créé en 1984,

permet l’octroi d’un microcrédit en complément d’un prêt bancaire, et propose également un

service d’accompagnement aux personnes. De plus, la société anonyme d’intérêt public

Sowalfin, créée en 2002, garantit à hauteur de 75% les prêts accordés par les banques

commerciales aux PME. Cadre réglementaire : Il n’y a pas de cadre juridique propre au microcrédit. Des partenariats

sont établis entre les banques commerciales et les IMF, non autorisées à la collecte d’épargne,

35,3%

23,5%16,2%

8,8% 5,9% 4,4% 4,4% 1,5%

ONG Fondation Organisme public

Caisse d'épargne

Banque Institution financière

non bancaire

Autre Coopérative d'épargne et

de crédit

4

1

1

2

2

13

6

4

12

1

4

1

1

2

1

3

4 3

1

2

Finlande

Belgique

France

Espagne

Allemagne

Roy.- Uni

Italie Banque

Coopérative d'épargne et de crédit

ONG

Fondation

Caisse d'épargne

Organisme public

Institution financière non bancaire

Page 19: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

19

afin d’offrir des microcrédits. Le secteur public apporte son soutien aux IMF à travers des

financements et des garanties.

France Activité du microcrédit : Le marché est particulièrement développé par rapport aux autres

pays, ceci sous l’influence majeure de l’association ADIE créée en 1989. D’autres institutions

œuvrent aussi beaucoup dans ce domaine, notamment les associations France Initiative et

France Active. L’ensemble de ces institutions a pour objectif la lutte contre l’exclusion

sociale et financière en offrant des microcrédits, des prêts d’honneur à taux 0, ou encore par

l’apport d’une garantie aux banques sur les prêts ; ceci souvent dans le but de permettre le

déblocage d’un prêt par le système bancaire. De plus, les banques commencent elles- mêmes

à pénétrer le marché comme le témoignent les initiatives de la Caisse d’Epargne à travers la

création de « Parcours Confiance » et de l’IMF Crea- Sol proposant des offres de financement

aux personnes normalement exclues du système bancaire traditionnel. Cadre réglementaire : De nombreuses initiatives sont désormais à l’actif du gouvernement.

Des lois en faveur de la simplification des démarches à la création d’entreprise ont été créées :

la loi pour l’initiative économique en 2003, la loi en faveur des PME en 2005, et la création

du statut « auto- entrepreneur » en 2009 incitant à l’esprit entrepreneurial. De plus, des

soutiens au financement ont été apportés grâce au Fonds de Cohésion Sociale, doté de 75

millions d’euros, et garantissant les microcrédits octroyés à hauteur de 50%. Par ailleurs, la

loi bancaire a été aménagée en 2001 afin de permettre à l’ADIE de prêter directement les

fonds empruntés auprès des banques.

Espagne Activité du microcrédit : En Espagne, bien que trois types d’organismes différents distribuent

du microcrédit, avec notamment 88% de fondations et caisses d’épargne, un seul type de

fournisseur régule en fait le marché à savoir les caisses d’épargne. Et cela s’explique par le

fonds « Obra social » créé par celles- ci, pour lequel jusque 25% des profits des caisses sont

reversés et destinés à des programmes sociaux tels que le microcrédit. Par exemple, la caisse

d’épargne Caixa Catalunya a créé en 2001 la fondation « Un Sol Món » ciblant les personnes

démunies avec des prêts entre 5 000 et 8 000€. Le secteur a commencé à se développer dans

les années 1990 et se fonde sur l’insertion sociale. Cadre réglementaire : L’activité de prêt est restreinte aux organismes bancaires et agences

gouvernementales. Des initiatives ont été développées par le secteur public dans ce sens avec

des programmes pour l’entrepreneuriat des femmes et des jeunes, ainsi que le programme

ICO (Instituto de Crédito Oficial).

Allemagne Activité du microcrédit : Les types institutionnels en Allemagne sont divers et au nombre de

cinq, avec toutefois 36% de banques et 27% d’organismes publics. Trois systèmes axés sur le

financement du microcrédit existent. Tout d’abord, les programmes d’appui des banques,

comme la KFW, couvrant un quart du marché, qui fournit des lignes de crédit et garantit 80%

des microcrédits accordés par les banques commerciales. Ensuite, les organismes privés

accrédités par l’Institut Allemand de la Microfinance qui financent la création d’entreprise en

coopération avec les banques commerciales. Et enfin, les organismes gouvernementaux

comme les ARGE, centres d’emploi locaux qui couvrent la moitié du marché national, et

travaillent spécialement avec les personnes socialement et financièrement exclues. L’activité

de microcrédit reste à ce jour peu développée. Cadre réglementaire : L’activité de prêt est restreinte aux organismes bancaires et agences

gouvernementales.

Page 20: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

20

Royaume- Uni Activité du microcrédit : Au Royaume- Uni, 100% des institutions sont des ONG, avec un

nombre d’acteurs assez important comparé aux autres pays. Même s’il arrive que les banques

commerciales octroient des prêts d’un montant inférieur à 25 000€, cette activité relève

davantage du ressort des « Community Development Finance Institutions », organismes à but

non lucratif, qui se sont développés dans les années 1990 et qui prêtent pour des montants

souvent inférieurs à 10 000€. Par exemple, l’association Fair Finance, créée en 2005, octroie

des microcrédits personnels jusque 2 900€, des prêts professionnels jusque 14 500€, et offre

également des conseils financiers. Par ailleurs, les CDFI ont généralement aussi dans leur

portefeuille de clients des PME et entreprises sociales. Cadre réglementaire : Il n’y a pas de cadre réglementaire propre au microcrédit. Le

gouvernement a œuvré dans le sens d’initiatives au développement de ce secteur par trois

dispositifs : le Phoenix Fund créé en 2001 fournit des capitaux aux CDFI, le « Small Firms

Loan Guarantee Scheme » octroie des avantages aux banques commerciales ainsi qu’à

certaines CDFI qui prêtent aux personnes exclues, et le « Community Investment Tax Relief »

qui cherche à encourager l’investissement auprès des CDFI par le biais d’incitations fiscales.

Italie Activité du microcrédit : L’Italie est le pays ayant le plus grand nombre d’offreurs, avec aussi

la plus grande variété de types d’institutions. De plus, 44% et 22% du marché italien sont

respectivement des fondations et des ONG. Les organismes à but non lucratif dominent et se

composent de trois systèmes. D’une part, les coopératives collectant des fonds et apportant

des garanties complémentaires aux prêts accordés par les banques commerciales. D’autre part,

les micro- prêteurs agissant au niveau local comme la Cassa Peote. Et enfin les ONG comme

Micro Bo et institutions financières telles que Per Micro. L’ensemble des organismes visent

particulièrement les personnes en situation d’exclusion sociale et les nouvelles

microentreprises. Il existe aussi des partenariats entre les institutions financières et les

associations ou municipalités. Le secteur du microcrédit reste pour autant assez fragmenté. Cadre réglementaire : Le RITMI (Réseau Italien de la Microfinance) a été créé en 2005 dans

le but de coordonner les actions dans ce domaine et de faciliter son développement. Le

gouvernement italien cherche aussi à participer à ce développement par des incitations

fiscales et la simplification des procédures à la création des nouvelles entreprises à travers des

dispositifs tels que : le programme de microcrédit « Incitations pour l’auto- entrepreneuriat et

l’auto- emploi » en 2000, un fonds d’aide au financement, et un Comité Permanent pour le

microcrédit en 2007.

A travers cette revue des organismes de microcrédit professionnel par pays, il apparait

clairement que le cadre réglementaire encourage le développement de cette activité, et qu’à

l’inverse un manque de celui- ci freine son expansion.

2.2.2. Les caractéristiques du microcrédit

En 2007, un total de 26 658 microcrédits pour 297 779 000 euros a été distribué par

l’ensemble des sept pays de l’Union Européenne présentés ci- dessous (figures 9 et 10).

Toutefois, les résultats ne font que reprendre les réponses obtenues lors des enquêtes de

marché, et donc ne donnent pas un aperçu complet de la situation. Par conséquent, une

Page 21: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

21

comparaison avec les offreurs par pays présentés précédemment est susceptible de créer des

divergences. Figure 9 : Nombre de microcrédits concédés, 2007

Source : REM

Au vu de la figure 9, la France domine largement les autres pays en nombre de

microcrédits déboursés avec 10 160. L’Allemagne, deuxième offreur, a distribué pratiquement

un tiers de moins de microcrédits que la France. Ensuite, l’Espagne, la Finlande et le

Royaume- Uni, ont un nombre assez similaire proche des 3000 microcrédits. Quant à la

Belgique et l’Italie, le nombre de microcrédits offerts est sensiblement bas par rapport aux

autres pays.

Les valeurs mentionnées sont à corréler avec deux facteurs : le fait que ce marché soit encore

jeune, et le nombre de microcrédits distribués par institution. En effet, dans un sondage

conduit par le REM à l’échelle européenne, en 2007, 62% des répondants ont effectivement

commencé leur activité de prêt dans les années 2000. Ce constat laisse à penser que les jeunes

institutions distribuent encore peu de microcrédits pour le moment. Alors que les institutions

plus matures augmentent dans le même temps leur offre. Ceci peut notamment être appuyé

par un deuxième sondage du REM réalisé pour l’année 2007, où il apparait que la majorité

des institutions se divisent en deux groupes, par ordre d’importance, 39% des répondants

déboursent moins de 20 microcrédits par an, et 20% plus de 400 par an.

En ce qui concerne, les sept pays étudiés, on peut préciser que parmi le nombre effectivement

distribué, il y a des institutions qui couvrent quasiment l’ensemble du marché national 16, à

savoir 100% en Finlande, 97% en France avec l’ADIE, et 92% en Allemagne. Il est ajouté par

le REM, que des acteurs majoritaires interviennent également en Espagne, Belgique et au

Royaume- Uni.

Figure 10 : Valeur totale des microcrédits en Euro, 2007

Source : REM

16

Nombre de microcrédits distribués en 2007 par une seule institution par pays : 3239 en Finlande, 5836 en Allemagne, 9853 en France.

10 160

6 315

3 348 3 2392 290

914 392

France Allemagne Espagne Finlande Roy.- Uni Belgique Italie

156 080 000

43 900 000 38 111 000 33 050 00017 565 000 5 439 000 3 634 000

Allemagne Finlande Espagne France Belgique Roy.- Uni Italie

Page 22: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

22

La valeur totale des microcrédits déboursés en 2007 par pays, figure 10, montre que

l’Allemagne participe à hauteur de 52,4% de la valeur pour l’ensemble des sept pays. La

Finlande, l’Espagne et la France y contribuent pour respectivement 14,7%, 12,8% et 11,1%.

Enfin, le Royaume- Uni et l’Italie dans une moindre mesure avec 5,9% et 1,8%. Cela étant,

ces valeurs ne nous permettent pas de conclure sur la portée du marché par pays. Il faut en

effet comparer la valeur totale distribuée avec le nombre de microcrédits concédés pour

l’année 2007.

Pour cela, le REM met à disposition la valeur moyenne du microcrédit par pays présentée ci -

dessous (figure 11). Figure 11 : Moyenne de la taille du microcrédit en Euro, 2007

Source : REM

La valeur moyenne du microcrédit varie de 15 941€ en Allemagne à 7 907€ pour la

France. Il semble que l’on puisse établir trois groupes plus ou moins distincts de pays selon la

valeur obtenue, ceux supérieurs à 13 000€, en l’occurrence la Finlande, la Belgique et

l’Allemagne. Ceux dont la valeur est approximative de 10 000€, c'est-à-dire l’Espagne et

l’Italie. Et enfin la France et le Royaume- Uni, avec une valeur moyenne du microcrédit

inférieure à 8 500€.

Au regard de ces valeurs, une hypothèse quant à la mission des offreurs peut être faite. En

effet, on assume que plus la valeur du microcrédit est importante, plus la clientèle visée est

aisée. Et alors, les missions diffèreraient, à savoir le microcrédit outil financier de lutte contre

l’exclusion sociale à travers la création d’activité professionnelle pour les populations

démunies, ou bien le développement des PME par le prêt de plus gros montants. Toutefois,

aucune conclusion propre à chaque pays ne peut être tirée de ces données pour deux raisons.

La première est que par définition ce ne sont que des moyennes, et ces valeurs seraient à

prendre en considération en fonction du nombre et des caractéristiques des institutions

présentes par pays. En effet, pour un même pays il se peut qu’une organisation ait pour but

l’inclusion sociale pour laquelle le montant du microcrédit est faible, et une autre organisation

qui cherche davantage à faciliter l’accès au financement des PME par de plus gros montants.

Dans ce cas, la valeur moyenne par pays masquerait les divergences. Par exemple, en France,

la valeur moyenne est égale à 7907€, alors que l’ADIE qui couvre 97% du marché distribue

des microcrédits d’une valeur moyenne de 2750€. On peut en conclure que la mission de

l’ADIE est tournée vers l’inclusion sociale, mais que d’autres institutions viennent gonfler la

valeur moyenne nationale par l’apport de prêts plus importants destinés au développement

économique de plus gros acteurs. Par contre, dans le cas de la Finlande, nous avons vu qu’une

seule organisation couvrait l’ensemble du marché, et au vu du montant moyen relativement

élevé, 13 554€, on peut conclure que les clients ciblés sont particulièrement des assez grosses

structures. La deuxième raison ne permettant pas d’établir des comparaisons généralisées par

pays est que les conditions de vie peuvent varier entre pays, comme le témoignent les

différences de seuils de pauvreté présentés auparavant. Pour ainsi dire, des comparaisons

relatives seraient à établir en prenant en compte les niveaux de vie propres à chaque Etat.

15 941 15 38213 554

9 943 9 654 8 478 7 907

Allemagne Belgique Finlande Espagne Italie Roy.- Uni France

Page 23: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

23

2.3. Le taux de pénétration du marché du microcrédit professionnel

Dans le but d’évaluer dans quelle mesure l’offre répond à la demande potentielle de

microcrédit, on peut synthétiser les données obtenues sur l’offre actuelle, puis par

comparaison avec la demande potentielle (Tableau 1) estimer la lacune de marché (Tableau

2). L’estimation de la valeur du marché est toujours présentée de deux manières, c'est-à-dire

en nombre de prêts ainsi qu’en valeur monétaire par la multiplication du nombre de prêts avec

le montant moyen du prêt17 respectif à chaque pays. Enfin, le taux de pénétration représentant

le nombre de prêts concédés divisé par la demande potentielle exprimée en nombre de prêts

est également calculé. Les données sont établies pour les sept pays respectivement pour

l’année 2007.

. Tableau 2 : Le taux de pénétration du marché du microcrédit professionnel dans les 7 pays étudiés, 2007

Allemagne Belgique Espagne Finlande France Italie Roy.- Uni

J Valeur du

marché actuel

(nombre prêts)

6 315 914 3 348 3 239 10 160 392 2 290

K

=

J

*

H

Valeur du

marché actuel

(€)

97 825 665 14 059 148 33 289 164 43 901 406 80 335 120 3 784 368 19 414 620

L

=

F

-

J

Valeur de la

lacune de marché

(nombre prêts)

92 909 7 212 58 487 1 062 48 284 113 806 85 534

M

=

L

*

H

Valeur de la

lacune de marché

(€)

1 439 254 227 110 940 251 581 531 491 14 389 075 381 777 773 1 098 680 028 725 157 197

N

=

J

/

G

Taux de

pénétration

(%)

6,36 11,25 5,41 75,31 17,38 0,34 2,61

Source : Elaboration personnelle ; REM

Pour l’ensemble des sept pays18, le taux de pénétration du marché du microcrédit

professionnel réalisé par l’offre actuelle en 2007 est égal à 6,41%. Il témoigne ainsi de la

valeur de la lacune de marché estimée à 407 293 microcrédits soit une valeur moyenne de

4 351 730 041€ pour l’ensemble des sept pays.

La Finlande, pour laquelle seul un organisme de microcrédit a été recensé, a le taux de

pénétration le plus élevé (75,31%). A l’inverse, le taux de pénétration le plus faible est en

Italie (0,34%) qui a pourtant comme nous l’avons mentionné précédemment le plus grand

nombre d’IMF. Ces deux résultats sont à corréler avec le fait que nous avons vu auparavant,

lors de l’estimation de la demande potentielle, que la Finlande avait la demande potentielle en

nombre de prêts la plus basse, et l’Italie la plus importante de tous les pays.

Par ailleurs, cette estimation est basée sur l’hypothèse que les organismes de microcrédit

adressent effectivement leur offre à la population en risque de pauvreté. Par conséquent, il

nous faut désormais vérifier cette hypothèse.

17

Montant moyen du microcrédit par pays : 2.2.2 Les caractéristiques du microcrédit, page 20 18

Synthèse des résultats pour l’agrégat UE 7 pays, Annexe 11, page 40

Page 24: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

24

3. Evaluation qualitative de l’offre révélant la demande actuelle de microcrédit

professionnel

Ayant évalué quantitativement la manière dont l’offre répond à la demande potentielle de

microcrédit, il nous faut désormais se concentrer sur une approche plus qualitative, c’est à

dire déterminer les populations qui ont effectivement accès au microcrédit. En préamb ule,

nous pouvons déjà identifier les cibles du microcrédit en Europe occidentale grâce à un

sondage réalisé en 2007 pour le rapport «From exclusion to inclusion through microfinance»

auprès des offreurs (figure 12). Cela nous permet de distinguer différents groupes qui par

ordre d’importance sont : les personnes en situation d’exclusion financière, les femmes, les

chômeurs, les indépendants, les immigrants, les pauvres, les jeunes de 18 à 25 ans, les

minorités ethniques, les handicapés, la population urbaine et enfin la population rurale.

Figure 12 : Les cibles du microcrédit en Europe occidentale, 2007

Source : CDFA, MFC, REM

Les groupes ciblés sont définitivement les personnes que nous avions établies être les plus

en risque d’exclusion sociale et financière dans la première partie. Il reste à présent à

comparer les réponses obtenues avec la situation actuelle de manière à obtenir une plus

grande compréhension des missions des offreurs. Pour cela, nous comparerons tout d’abord

les groupes cibles avec les types de clients effectivement desservis. Puis, au moyen

d’indicateurs de performance sociale, nous évaluerons la portée du marché, ainsi que la

faisabilité pour des personnes démunies d’avoir accès au microcrédit professionnel.

3.1. Les types de clients effectivement desservis par le microcrédit

Les clients desservis par les offreurs de microcrédit sont ici présentés en fonction de trois

critères : l’exclusion financière, la représentation des femmes et des hommes, et enfin les

groupes à risque comprenant les minorités ethniques, les immigrants, les jeunes de 18 à 25 ans

ainsi que les handicapés.

68,0%54,7%

48,0% 45,3% 45,3%

28,0% 28,0% 25,3% 21,3%14,7% 9,3%

Page 25: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

25

3.1.1. Le degré d’inclusion financière

Un autre sondage réalisé en 2007 pour le même rapport (figure 13) cherche à évaluer

le degré d’inclusion financière des clients, et aussi le niveau de connaissance que les prêteurs

ont effectivement sur le sujet. Il en est ressorti que la plupart savent actuellement si les

demandeurs sont exclus du crédit, par contre l’accessibilité aux autres services financiers est

moins cernée. Remarquons que les exclus financièrement, cible des institutions à hauteur de

68%, est à considérer ici selon la définition que les répondants en font usuellement, c'est-à-

dire un manque d’accès au crédit à travers le système bancaire traditionnel. En tout état de

cause, l’accès au crédit, au centre de leur intérêt, reste la majeure préoccupation des offreurs,

et les résultats obtenus donnent la tendance d’inclusion financière même si elle n’est que

partiellement représentative. Figure 13 : Représentation des clients en Europe occidentale ayant accès aux services financiers, 2007

Source : CDFA, MFC, REM

Au regard des résultats obtenus, il apparait qu’une large proportion des clients (81,7%)

ont accès aux services de transaction bancaire. Ce qui est à mettre en relation avec la nécessité

de disposer d’un compte de dépôt afin de recevoir les fonds du microcrédit, et aussi que de

nombreuses institutions travaillent en étroite collaboration avec les banques commerciales

lors de l’octroi des prêts. Cette première constatation peut- être entendue au sens d’inclusion

financière, étant donné que de nouveaux clients, auparavant exclus du système traditionnel,

acquièrent un compte de transaction bancaire, bien que l’hypothèse reste à pondérer avec ceux

qui en avaient déjà un, et ceux qui le ferment à l’échéance du microcrédit.

L’accès aux services d’assurance semble être relativement représenté avec 59,3% de clients.

Ce chiffre peut être associé aux assurances souvent obligatoires liées à la création d’une

activité professionnelle, ou à l’octroi d’un crédit.

Le crédit à la consommation touchant 41,2% de la clientèle serait à examiner sous les

conditions auxquelles il est accordé, à savoir si ce ne sont pas principalement des prêts faits

par les institutions financières non bancaires à des taux d’intérêts excessifs.

L’importance du crédit hypothécaire à hauteur de 24,3% est suggérée être « surprenante »

selon les analystes du rapport et serait le signe que les clients sont en fait considérés comme

moins risqués par les organismes de prêt, ayant déjà un certain accès aux services financiers.

Par contre l’insuffisance de constitution d’épargne d’après les données reportées (7,1%) ,

témoigne de la fragilité financière des clients et de la difficulté engendrée à faire face à de

soudaines difficultés financières.

3.1.2. L’égalité de genre

Bien que 54,7% des offreurs interrogés en Europe occidentale lors du sondage

précédent ciblent les femmes, il apparait que pour l’ensemble des sept pays les femmes restent

87,1%

59,3%41,3%

24,3%7,1%

compte bancaire assurance crédit à la consommation

crédit hypothècaire épargne

Page 26: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

26

sous- représentées avec seulement 41% effectivement atteintes selon le sondage du REM

réalisé en 2007 (figure 14) Figure 14

19 : Représentation des clients femmes et hommes dans les 7 pays étudiés, 2007

Source : REM ; Elaboration personnelle de l’agrégat UE 7 pays

Seuls l’Espagne et le Royaume- Uni concèdent plus de microcrédits aux femmes

qu’aux hommes. L’Allemagne et la France touchent les femmes dans une moindre mesure

avec des taux allant de 38% à 36%. La clientèle féminine représente moins d’un tiers du

portefeuille clients pour la Finlande, la Belgique et l’Italie. Toutefois, il semblerait qu’au vu

des études de marché précédentes conduites par le REM de 2002 à 2005, la proportion de

femmes bénéficiant de microcrédits augmente progressivement. Par ailleurs, une autre étude

menée conjointement par le REM de 2006 à 2008 avec d’autres organismes sur l’égalité de

genre, « Fostering gender equality- Meeting the entrepreneurship and microfinance network »,

met en évidence que des facteurs autres que l’approche des institutions de microcrédit sont à

prendre en compte dans l’égalité de genre tels que le contexte entrepreneurial, social, culturel,

ou encore la structure du marché du travail. A titre d’exemple, en Belgique, les femmes qui

comptent pour seulement 30% de l’ensemble des entrepreneurs sont moins sensibles au statut

de travailleur indépendant que les hommes, et sont certainement moins encouragées,

auxquelles les médias prêtent moins attention. En Espagne, de nouvelles dispositions

législatives en 2007 sur l’égalité de genre témoignent de la préoccupation par le

gouvernement d’œuvrer dans ce sens. Au Royaume- Uni, l’esprit entrepreneurial est d’une

manière générale plus développé que dans les autres pays.

3.1.3. Les groupes en risque : minorités ethniques, immigrants, jeunes et handicapés

Une synthèse de la représentation des groupes en risque (figure 15) montre que pour

l’ensemble des sept pays étudiés 15,3% des clients sont des immigrés, 11,9% des jeunes,

7,4% issus de minorités ethniques et moins de 1% sont handicapés. Toutefois, la portée des

résultats est à limiter étant donné que sur l’échantillon des offreurs interrogés par le REM en

2007 uniquement 46% ont répondu. Et que par conséquent, une certaine incertitude demeure

quant à la signification de la sous- représentation des répondants, à savoir est ce que cela est

du au fait qu’ils ne ciblent effectivement pas ces groupes ou bien est ce qu’ils ne prennent pas

en compte de telles caractéristiques dans leur collecte de l’information.

19

Calcul de l’agrégat UE 7 pays, Annexe 12, page 41

27,5%

30,5%

31,0%

36,0%

38,0%

54,0%

67,0%

41,0%

72,5%

69,5%

69,0%

64,0%

62,0%

46,0%

33,0%

59,0%

Italie

Belgique

Finlande

France

Allemagne

Roy.- Uni

Espagne

UE 7 pays

femmes

hommes

Page 27: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

27

Figure 1520

: Représentation des clients en risque dans les 7 pays étudiés, 2007

Source : REM ; Elaboration personnelle de l’agrégat UE 7 pays

Aucun des groupes à risque mentionnés n’a été reporté pour la Finlande lors de

l’enquête.

Minorités ethniques : Selon le REM, une personne appartenant à une minorité ethnique est

une personne qui fait partie d’une communauté ethnique différente de celle de la population

principale. La plus grande représentation des minorités ethniques est au Royaume- Uni avec

48%. Les autres pays ont des taux assez faibles.

Immigrants : Selon le REM, un immigrant est une personne née en dehors de l’Union

Européenne et/ ou ne possédant pas la citoyenneté européenne. Le meilleur taux revient à

l’Espagne avec 47%, par suite 24% en France, 21% en Italie et 14% au Royaume-Uni sont

des clients immigrants. Par contre, l’Allemagne et la Belgique reportent des résultats très

minimes.

Jeunes : Les jeunes correspondent à la tranche d’âge 18- 25 ans. Ce groupe est le plus

représenté à hauteur de 33% en Espagne. La Belgique, la France, l’Italie et le Royaume- Uni

présentent des taux proches de 11 à 15%. Les jeunes ne semblent pas être touchés par les

offreurs de microcrédit en Allemagne.

Handicapés : Le seul pays qui octroie des microcrédits aux handicapés selon les données

disponibles est le Royaume- Uni pour près de 4%.

En conclusion des données disponibles, les groupes à risque sont les mieux représentés en

Espagne et au Royaume- Uni. La France et l’Italie toucheraient relativement moins ces

populations. La Belgique et l’Allemagne auraient peu de clients à risque. Enfin, la Finlande

n’enregistre aucun résultat quant à ces quatre groupes cibles.

20

Calcul de l’agrégat UE 7 pays, Annexe 12, page 41

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

35%

40%

45%

50%

Ethnique

Immigrant

Jeune

Handicapé

Page 28: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

28

3.2. Les indicateurs de portée sociale des IMF par pays révélant leurs missions

Nous allons à présent comparer la demande de microcrédit professionnel qui pourrait être

adressée par les institutions financières non bancaires pour la création de nouvelles

entreprises, définie selon la Commission Européenne par la population en risque de pauvreté ;

avec la capacité pour ses clients potentiels d’être atteints par les offreurs. Cette comparaison

est basée sur deux indicateurs mesurant la portée sociale générée par l’ensemble des

institutions de microfinance propres à chaque Etat. Le premier indicateur « degré de portée »

évalue le degré de pauvreté des clients ayant bénéficié d’un microcrédit. Le second estime la

capacité d’une personne effectivement en risque de pauvreté à rembourser un microcrédit

établit selon les conditions du marché actuel. L’hypothèse préalable faite pour l’interprétation

de ces données est que plus le montant moyen du prêt est faible en relation avec les niveaux

de vie de chaque pays, plus les institutions servent les populations démunies. Enfin, une note

conclusive sur les résultats obtenus à partir de ces deux indicateurs permettra d’établir

certaines tendances relatives aux missions des offreurs par pays.

3.2.1. Le niveau relatif de pauvreté des clients à travers l’indicateur « degré de

portée »

L’indicateur « degré de portée » a été calculé par l’équipe de recherche Nantik Lum

dans le cadre de la publication du marché du microcrédit en Europe par le Réseau Européen

de la Microfinance en 2007. Il présente le montant moyen du microcrédit en pourcentage du

Revenu National Brut (RNB) annuel par habitant, selon les données nationales et pour l’année

2007. Cet indicateur assume que plus la taille du prêt moyen est petit relativement au RNB

annuel par habitant, plus les clients touchés sont pauvres. Le RNB annuel par habitant est issu

des données de juillet 2007 de la Banque Mondiale. L’utilisation du RNB annuel par habitant

repose avant tout sur la possibilité d’effectuer des comparaisons inter- pays étant donné qu’il

est standardisé et accessible pour tous les pays. Figure 16 : Degré de portée par pays, en fonction du RNB annuel par habitant, 2007

Source : REM

Les résultats, figure 16, indiquent que les programmes de microcrédit des sept pays

sont en dessous du RNB annuel par habitant. Les valeurs moyennes obtenues sont supérieures

à 60 % en Allemagne, Belgique et Finlande ; proches de 50% en Espagne et Italie ; et enfin

inférieures à 40% en France et au Royaume- Uni. Cela suggère alors que de plus grosses

structures et des entrepreneurs plus aisés bénéficient des microcrédits en Allemagne, Belgique

et Finlande. Et que la France et le Royaume- Uni ciblent des clients relativement plus

démunis, dans une moindre mesure aussi pour l’Espagne et l’Italie.

74% 69%61%

52% 50%38% 38%

Allemagne Belgique Finlande Espagne Italie France Roy.- Uni

Page 29: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

29

Etant donné que le degré de portée présenté ci- dessus (figure 16) est établit en

fonction du RNB annuel par habitant qui est supérieur au seuil annuel de risque de pauvreté 21,

un deuxième calcul a été effectué dont les résultats sont présentés ci- dessous (figure 17). Ce

seuil a été utilisé comme indicateur de comparaison pour trois raisons. Tout d’abord, il est

disponible pour les sept pays étudiés et est exprimé en Euro selon les données d’Eurostat.

Ensuite, il permet d’effectuer des comparaisons inter- pays en prenant en compte les

différences de niveaux de vie. Enfin, il permet d’évaluer plus précisément la portée sociale

définie ici par pays en tenant compte des populations en risque de pauvreté.

Figure 17

22 : Degré de portée par pays, en fonction du seuil de pauvreté annuel, 2007

Source : Elaboration personnelle ; REM, Eurostat

Les valeurs présentées indiquent que les programmes de microcrédit sont supérieurs

au seuil annuel de pauvreté en Allemagne, Belgique, Espagne, Finlande et Italie. Parmi ces

pays, une distinction peut être faite avec d’une part l’Allemagne, la Belgique et l’Espagne

pour lesquels les valeurs sont supérieures à 125%, d’autre part la Finlande et l’Italie

inférieurs à 125%. Par ailleurs, la France et le Royaume- Uni obtiennent des résultats

inférieurs à 80%. Ce deuxième calcul semble suggérer que l’Allemagne, la Belgique,

l’Espagne, la Finlande et l’Italie ciblent des clients relativement moins pauvres que la France

et le Royaume- Uni.

Remarquons que par comparaison des données proposées avec le RNB annuel par

habitant, la possibilité pour un client en risque de pauvreté d’être servi par les institutions de

microcrédit est moindre que pour une personne disposant du RNB annuel, étant donné que les

valeurs présentées sont plus grandes. Par ailleurs, le classement des pays en fonction du

« degré de portée » du plus grand au plus petit reste quelque peu inchangé. Pour ainsi dire, des

deux calculs, la tendance reste la même. Mis à part l’Espagne qui a un « degré de portée »

supérieur à celui de la Finlande dans le deuxième cas, et la France qui surpasse le Royaume-

Uni en valeur. Ces deux cas s’expliqueraient par le fait que les seuils de pauvreté de

l’Espagne et de la France sont proportionnellement plus bas que leurs RNB par rapport au

montant moyen du microcrédit ; ou à l’inverse que pour la Finlande et le Royaume- Uni ils

sont proportionnellement plus élevés.

3.2.2. La capacité de remboursement des populations en risque de pauvreté

Afin d’apprécier le degré de pauvreté des clients atteints par les offreurs dans les 7

pays étudiés, une estimation de la capacité de remboursement du coût moyen d’un microcrédit

pour les personnes en risque de pauvreté en 2007 a été construite ci- dessous (Tableau 3).

21

Définition du terme « seuil de risque de pauvreté » :1.1.1 L’exclusion sociale, page 5 22

Calcul, Annexe 13, page 41

150,0% 146,0% 138,0%122,1%

107,2%79,6% 67,4%

Allemagne Belgique Espagne Finlande Italie France Roy.- Uni

Page 30: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

30

Les hypothèses suivantes ont préalablement été émises :

i. Il est d’usage de considérer que les cibles du microcrédit en Europe sont des personnes

susceptibles d’être en situation d’exclusion sociale. Et nous avons convenu,

auparavant, que l’exclusion sociale pouvait être mesurée avec l’indicateur « en risque

de pauvreté », qui quantifie le niveau de pauvreté monétaire. Dans le but de se

restreindre à ce groupe cible, le niveau de revenu annuel considéré correspond ainsi au

montant du seuil de risque de pauvreté. Il est toutefois important de noter que ce

montant correspond au revenu maximum dont une personne qualifiée d’être en risque

de pauvreté peut disposer. L’interprétation des résultats obtenus à partir de ce revenu

surestime effectivement la réelle capacité de remboursement de l’ensemble des

personnes considérées en risque de pauvreté.

ii. Il est nécessaire de déterminer une proportion du revenu annuel qui sera attribuée au

remboursement du microcrédit pour pouvoir établir cette simulation. Bien que cette

approche ne corresponde pas à la méthodologie utilisée par un agent de crédit afin de

déterminer la capacité de remboursement d’une personne, une base de 25%23 du

revenu annuel au remboursement a été appliquée. Néanmoins, cette base est très

arbitraire, et des précisions sur ce point seraient judicieuses. Par ailleurs, cette

proportion du revenu est considérée comme étant la même chaque année durant la

durée de l’emprunt. En effet, les fluctuations éventuelles du revenu disponible ne sont

pas prises en compte ici. Cette méthode reste d’autant plus imprécise que nous ne

considérons pas ici les recettes et charges liées à la micro entreprise.

iii. Le coût moyen du microcrédit par pays a été déterminé en utilisant la moyenne

respective de la taille du microcrédit et du taux d’intérêt par pays. La valeur totale à

rembourser comprend les charges d’intérêt calculées sur le capital initial et ajoutées au

montant emprunté. L’établissement de l’indicateur « montant moyen à rembourser »

correspond à cette valeur totale. Encore ici, les valeurs utilisées ne sont que des

moyennes par pays et ne reflètent pas les conditions de prêt accordées à chaque client

et par un offreur en particulier. Par ailleurs, n’ayant pas de données respectives pour

les 7 pays étudiés, les autres frais additionnels supportés par le client tels que les frais

de dossier ne sont pas pris en compte ici. Mais à titre d’exemple en France, l’ADIE

prélève initialement 5% de la valeur du microcrédit, appelée « Contribution de

Solidarité » afin de couvrir ses frais fixes. Ainsi, pour un prêt de 2 000€, la

contribution de solidarité s’élève à 100€ et le bénéficiaire recevra alors au moment du

déblocage la somme de 1 900€.

Par comparaison de la capacité de remboursement annuelle avec le montant moyen du

microcrédit, on peut identifier par pays le nombre d’années nécessaires pour le groupe cible

afin d’être en mesure d’effectuer le remboursement. A titre d’exemple, en Allemagne, une

personne contractant un microcrédit en 2007 dont le montant moyen s’élève à 16 977,20

Euros et percevant un revenu annuel de 10 624 Euros, sera en mesure de le rembourser au

cours de la septième année. Comme précisé précédemment, cette hypothèse est faite sous la

supposition que la personne perçoit effectivement le montant définit par le seuil de pauvreté,

c’est à dire le revenu maximum d’une personne en risque de pauvreté. Par conséquent, toujours pour le cas de l’Allemagne, la capacité de remboursement d’une personne en risque

de pauvreté vivant avec moins de 10 624 Euros nécessitera au minimum sept ans avant de

pouvoir être satisfaite.

23

Justification de la base de 25% du revenu annuel consacré au remboursement du crédit, Annexe 14, page 41

Page 31: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

31

Tableau 3 : Estimation de la capacité de remboursement du coût moyen d’un microcrédit pour les personnes en

risque de pauvreté dans les 7 pays étudiés, 2007

Seuil de

risque de

pauvreté

(€)

25 %

seuil de

risque de

pauvreté

(€)

Capacité de remboursement

des personnes en risque de pauvreté

Valeur du microcrédit en

moyenne

Année

1

Année

2

Année

3

Année

4

Année

5

Année

6

Année

7 Capital

initial

(€)

Taux

intérêt

(%)

Montant à

rembourser

(€)

All. 10 624,0 2 656,0 2 656,0 5 312,0 7 968,0 10 624,0 13 280,0 15 936,0 18 592,0 15 941,0 6,5 16 977,2

Bel. 10 538,0 2 634,5 2 634,5 5 269,0 7 903,5 10 538,0 13 172,5 15 807,0 18 441,5 15 382,0 4,4 16 058,8

Esp. 7 203,0 1 800,8 1 800,8 3 601,5 5 402,3 7 203,0 9 003,8 10 804,5

9 943,0 5,1 10 450,1

Fin. 11 104,0 2 776,0 2 776,0 5 552,0 8 328,0 11 104,0 13 880,0 16 656,0

13 554,0 4,9 14 218,1

Fra. 9 938,0 2 484,5 2 484,5 4 969,0 7 453,5 9 938,0

7 907,0 7,0 8 460,5

Ita. 9 003,0 2 250,8 2 250,8 4 501,5 6 752,3 9 003,0 11 253,8

9 654,0 5,5 10 185,0

R.u. 12 572,0 3 143,0 3 143,0 6 286,0 9 429,0 12 572,0

8 478,0 14,5 9 707,3

Source : Elaboration personnelle ; Eurostat, REM

Au vu de ce tableau, si l’on considère respectivement le nombre d’années minimum

étant nécessaires avant d’acquérir la capacité de remboursement du montant moyen calculé,

on peut alors classer les pays en quatre groupes. En effet, la capacité de remboursement est au

mieux satisfaite au cours de la quatrième année pour la France et le Royaume- Uni, la

cinquième année pour l’Italie, la sixième année pour l’Espagne et la Finlande et la septième

année pour l’Allemagne et la Belgique.

Figure 18 : Durée annuelle minimum nécessaire au remboursement de la valeur moyenne du microcrédit pour la population en risque de pauvreté par pays, 2007

Source : Elaboration personnelle

Ayant établit la durée minimum nécessaire pour le remboursement d’un microcrédit

moyen par une personne en risque de pauvreté, figure 18, il nous faudrait à présent comparer

cette durée nécessaire avec la durée moyenne accordée de prêt pour un microcrédit par pays.

Des données respectives par pays ne sont pas disponibles, toutefois un aperçu de la situation

peut- être donnée au niveau de l’Europe (figure 19)

Figure 19 : Proportion d’acteurs répondant par moyenne de durée de prêts accordés en Europe, 2007

Source : REM

Il apparait effectivement que la durée moyenne la plus fréquemment accordée est

égale à 3 ans, avec 32% de répondants. Or, selon les calculs précédents, aucune des

Allemagne Belgique Espagne Finlande Italie France Roy.- Uni

9% 10%

32%

18% 18%9%

0% 4%

1 an 2 ans 3 ans 4 ans 5 ans 6 ans 7 ans 8 ans

7 ans

6 ans

5 ans

4 ans

Page 32: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

32

populations considérées en risque de pauvreté dans les sept pays étudiés ne serait en mesure

de rembourser à cette date. Par suite, 4 et 5 ans sont les durées respectives les plus concédées

avec 18 % chacune. Pour cette considération, les populations en risque de pauvreté en France,

au Royaume- Uni et en Italie ont une capacité de remboursement d’au minimum 4 et 5 ans.

En revanche, cela semble moins faisable pour l’Espagne et la Finlande qui ont une durée

minimum de remboursement de 6 ans, durée pour laquelle seulement 9% des offreurs ont

répondu. De plus, la durée moyenne de prêt égale à 7 ans n’a été évoquée par aucun des

acteurs, alors que selon l’estimation concernant l’Allemagne et la Belgique, 7 années serait la

durée au minimum nécessaire afin que les populations en risque de pauvreté puissent acquérir

la capacité de remboursement demandée. Par ailleurs, remarquons que les durées estimées

correspondent au temps minimum nécessaire. Ainsi, plus le revenu annuel de la personne par

rapport au seuil de pauvreté est bas, plus le temps nécessaire pour la capacité de

remboursement augmente. Et dans ce cas, les durées moyennes accordées par les offreurs

présentées ci- dessus risquent d’être davantage insuffisantes si l’on s’en réfère au groupe

cible.

3.2.3. Les missions des offreurs de microcrédit par pays : appréciation des tendances

Des limites peuvent dorénavant être émises quant à la portée des résultats présentés

dans le cadre des deux indicateurs de la portée sociale par pays. Et ceci principalement par la

manière dont ont été obtenues les valeurs, qui reflètent les tendances de marché propre à

chaque pays, et donc ne soulignent aucune institution de microfinance en particulier. Des

conclusions déterminées par les données utilisées peuvent toutefois être présentées quant à

l’approche qualitative de l’offre actuelle de microcrédit par pays. En effet, il apparait que

l’Allemagne et la Belgique sont les deux pays qui adresseraient leur offre à des clients

susceptibles d’être relativement plus aisés. Par inverse, la France et le Royaume- Uni

sembleraient atteindre davantage les personnes pauvres. Enfin, la Finlande, l’Espagne et

l’Italie se situent à l’entre deux, et donc les clients ciblés seraient relativement plus pauvres

que dans le cas de l’Allemagne et la Belgique, mais plus aisés que ceux de la France et du

Royaume- Uni.

Par conséquent, en se basant sur des conclusions comparatives inter- pays, des

tendances par pays relatives aux missions se dessineraient. La mission de l’Allemagne et de la

Belgique serait relativement plus économique à travers le développement des micro-

entreprises. La mission de la France et du Royaume- Uni serait relativement plus sociale au

moyen de la création d’activité professionnelle afin de lutter contre l’exclusion sociale et

financière. Par suite, la mission de la Finlande, l’Espagne et l’Italie serait plus ou moins à la

limite des deux missions mentionnées.

Page 33: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

33

Conclusion

A travers cette étude du marché du microcrédit professionnel dans sept pays

occidentaux de l’Union Européenne, plusieurs conclusions peuvent en être tirées. Tout

d’abord, il apparait effectivement que la pertinence de ce secteur en Europe occidentale n’est

pas une utopie et que des besoins sont réellement présents. En effet, le creux bancaire auquel

doivent faire face les populations en situation d’exclusion sociale et financière, ainsi que les

micro- entreprises et les indépendants est bel et bien significatif de sa justification. Cela étant,

l’activité de microcrédit est encore jeune, et au regard des taux de pénétration du marché, la

demande potentielle reste à combler. Toutefois, l’hypothèse convenue préalablement sur le

fait que le microcrédit est un outil de lutte contre l’exclusion sociale et financière est

difficilement vérifiée de manière irrévocable. Il semblerait que la dialectique entre les

missions sociales et économiques des IMF par pays soit plus compliquée à cerner, mais qu’à

défaut des tendances inter- pays peuvent se révéler.

Par ailleurs, le contexte européen dans lequel les offreurs de microcrédit exercent leur

activité alimente certainement les difficultés rencontrées pour atteindre les populations les

plus démunies. Nous avons vu notamment que le développement du secteur par pays était en

partie déterminé par le cadre réglementaire. De plus, le système bancaire étant déjà très

développé, la question de la convenance de la création d’organismes spécifiques de

microcrédit peut être discutée. En effet, il apparait que ces structures rencontrent des

difficultés à atteindre la pérennité financière. Et il est considéré que la microfinance est

difficilement rentable mais qu’elle a du sens économique en Europe occidentale. C’est

pourquoi, certains praticiens suggèrent un système de « linkage banking », par lequel le

secteur public régulerait l’activité de microcrédit entre les associations et les banques

commerciales. Ce principe repose sur une coordination de ces trois institutions, où le secteur

public garantit les microcrédits, les banques commerciales octroient les prêts, et les

associations se chargent de l’accompagnement et du suivi des micro- emprunteurs. Ce

fonctionnement existe déjà en Belgique et aussi en France pour le microcrédit personnel à

travers le Fonds de Cohésion Sociale. Le système de « linkage banking » permettant de pallier

les obstacles auxquels les IMF font face, permettrait dans le même temps de concentrer

davantage l’offre de microcrédit vers les populations les plus démunies.

Page 34: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

34

Index des figures et tableaux

Figure 1: Taux et seuil de risque de pauvreté, population de 16 à 64 ans, 2007………………6

Figure 2 : Représentation des personnes exclues financièrement, population de 18 ans et plus,

2003……………………………………………………………………………………............7

Figure 3 : Répartition des entreprises dans le secteur de l’industrie, du commerce et des

services par classe d’effectifs occupés pour les 7 pays de l’UE étudiés, 2006………………..9

Figure 4 : Proportion de la population âgée de 15 à 64 ans qui travaille sous le statut

d’indépendant (2007) ………………………………………………………………………...10

Figure 5 : Préférence pour le statut d’indépendant ou employé, 2007……………….............11

Figure 6 : La difficulté de créer sa propre entreprise à cause d’un manque de soutien financier

disponible, 2007 ……………………………………………………………...........................12

Figure 7 : Représentation des offreurs par type institutionnel dans les 7 pays étudiés, 2007..18

Figure 8 : Nombre d’offreurs ayant répondu au sondage du REM, par pays et par type

institutionnel, 2007…………………………………………………………………………...18

Figure 9 : Nombre de microcrédits concédés, 2007………………………………………….21

Figure 10 : Valeur total des microcrédits en Euro, 2007……………………………………..21

Figure 11 : Moyenne de la taille du microcrédit en Euro, 2007……………………………...22

Figure 12 : Les cibles du microcrédit en Europe occidentale, 2007…………………………24

Figure 13 : Représentation des clients en Europe occidentale ayant accès aux services

financiers, 2007………………………………………………………………………………25

Figure 14 : Représentation des clients femmes et hommes dans les 7 pays étudiés, 2007…..26

Figure 15 : Représentation des clients en risque dans les 7 pays étudiés, 2007……………..27

Figure 16 : Le degré de portée par pays, en fonction du RNB annuel par habitant, 2007…..28

Figure 17 : Le degré de portée par pays, en fonction du seuil de pauvreté annuel, 2007…...29

Figure 18 : Durée annuelle minimum nécessaire au remboursement de la valeur moyenne du

microcrédit pour la population en risque de pauvreté par pays, 2007……………………….31

Figure 19 : Proportion d’acteurs répondant par moyenne de durée de prêts accordés en

Europe, 2007…………………………………………………………………………………31

Tableau 1 : L’estimation de la demande potentielle de microcrédits dans les 7 pays étudiés,

2007…………………………………………………………………………………………..16

Tableau 2 : Le taux de pénétration du marché du microcrédit professionnel dans les 7 pays

étudiés, 2007…………………………………………………………………………………23

Tableau 3 : Estimation de la capacité de remboursement du coût moyen d’un microcrédit pour

les personnes en risque de pauvreté dans les 7 pays étudiés, 2007…………………………..31

Page 35: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

35

Annexes

Annexe 1 : Acronymes……………………………………………………………………….36

Annexe 2 : Significativité des données……………………………………………………....36

Annexe 3 : Notes méthodologiques pour les données sur l’exclusion sociale……………….37

Annexe 4 : Pondération population 16-64 ans, calcul de l’agrégat UE 7 pays, 2007………..37

Annexe 5 : Calcul de la population 16-64 ans en risque de pauvreté, 2007…………………38

Annexe 6 : Pondération population 18 ans et plus, calcul de l’agrégat UE 7 pays, 2007……38

Annexe 7 : Nomenclature des entreprises européennes, 2003……………………………….38

Annexe 8 : Pondération des entreprises, calcul de l’agrégat UE 7 pays, 2006………………39

Annexe 9 : Pondération population 15-64 ans ayant le statut d’indépendant, calcul de

l’agrégat UE 7 pays, 2007……………………………………………………………………39

Annexe 10 : Pondération population 15- 64 ans, calcul de l’agrégat UE 7 pays, 2007……...39

Annexe 11 : L’évaluation du marché du microcrédit, agrégat UE 7 pays, 2007…………….40

Annexe 12 : Pondération des microcrédits octroyés, calcul de l’agrégat UE 7 pays, 2007….41

Annexe 13 : Calcul degré de portée à partir du seuil de risque de pauvreté par pays, 2007…41

Annexe 14 : Justification de la base retenue de 25% du revenu annuel pour le remboursement

du crédit……………………………………………………………………………………....41

Page 36: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

36

Annexe 1 : Acronymes

All.

Bel.

Esp.

Fin.

Fra.

Ita.

R.u. / Roy.- Uni

Allemagne

Belgique

Espagne

Finlande

France

Italie

Royaume- Uni

BIT

CE

OIT

UE

Bureau International du Travail

Commission Européenne

Union Européenne

Organisation Internationale du Travail

Eurobarometer

Eurostat

Enquêtes statistiques réalisées au nom de la CE

DG CE chargée de la statistique à l’échelle communautaire

ADIE

ARGE

CDFA

CDFI

KFW

MFC

REM

RFA

Association pour le Droit à l’Initiative Economique (France)

ArbeitsGEmeinschaft (Allemagne)

Community Development Finance Association (Royaume- Uni)

Community Development Finance Institution (Royaume- Uni)

Kreditanstalt für Wiederaufbau (Allemagne)

Microfinance Centre (Pologne)

Réseau Européen de la Microfinance (France)

Réseau de Financement Alternatif (Belgique)

IMF

ONG

PME

Institution de Microfinance

Organisation Non Gouvernementale

Petites et Moyennes Entreprises

Annexe 2 : Significativité des données

Les données concernant les caractéristiques du marché du microcrédit professionnel dans les

sept pays étudiés ne sont que partiellement représentatives de la situation. En effet, l’analyse

est basée sur les réponses des participants obtenues lors des études de marché. Cela étant, le

nombre de répondants est moindre que le nombre d’acteurs réellement présents. A titre

d’exemple, l’étude de marché publiée par le Réseau Européen de la Microfinance en 2007 a

sollicité 214 organisations sur lesquelles 94 ont répondu au questionnaire soit un taux de

participation de 44%. Pour ainsi dire, ce document reflète les données disponibles les plus

récentes, c'est-à-dire pour l’année 2007, que les organismes de recherche ont collectées . Par

ailleurs, les valeurs présentées sont propres à chaque pays, mais ne sont pas significatives au

sens d’un acteur en particulier étant donné que plusieurs organisations participent aux

enquêtes pour un même pays. Cela peut notamment créer des difficultés quant à

l’interprétation des résultats établis d’après une moyenne et aussi masquer des divergences de

fonctionnement entre les institutions. Par conséquent, les données ne sont pas spécifiques,

l’analyse se concentre davantage sur la situation du marché du microcrédit au sens large, à

l’échelle nationale, ce qui permet alors d’établir des comparaisons entre les sept pays. De

plus, pour chaque résultat national obtenu, un retraitement des valeurs a été effectué afin de

les synthétiser sous l’agrégat « UE 7 pays » pondéré en fonction de la participation de chaque

Etat à sa construction.

Page 37: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

37

Annexe 3 : Notes méthodologiques pour les données sur l’exclusion sociale

Le revenu médian disponible, utilisé pour la détermination du seuil de pauvreté, partage la

population en deux parties égales : la moitié des ménages touche le revenu médian ou moins,

l’autre moitié gagne plus du revenu médian [Insee]. La médiane est définie selon les données

nationales.

Le revenu disponible est donné par équivalent adulte, c'est-à-dire que le revenu total par

ménage est divisé par la taille effective déterminée selon l’OCDE. Le poids de chaque

personne dans le revenu total par foyer est calculé avec les coefficients suivants : 1.0 pour le

premier adulte, 0.5 pour toute autre personne âgée de 14 ans ou plus, et 0.3 pour chaque

enfant de moins de 14 ans [Eurostat].

La définition du revenu total disponible par ménage utilisé par la Commission Européenne

exclue de sa composition les éléments non monétaires, en particulier la valeur des biens

produits pour sa consommation personnelle, et les bénéfices en nature reçus par les salariés

sauf pour la voiture. Elle exclue également la notion de loyer fictif, c’est à dire le loyer que

les propriétaires auraient à payer s’ils étaient locataires du logement ou bien dans le cas où la

location est moins chère que le prix réel du marché [Insee].

Le nouvel indicateur d’exclusion sociale « privation matérielle » de la Commission

Européenne se définit par le manque d’au moins trois des neuf articles suivants : faire face à

des dépenses non prévues, se payer une semaine de vacances par an, avoir un repas (avec

viande, poulet, ou poisson) tous les deux jours, un foyer suffisamment chauffé, la possession

de biens matériels (machine à laver, téléviseur, téléphone, voiture), et l’existence de dettes

(location loyer, emprunt bien immobilier…). Une distinction est faite entre les personnes qui

ne peuvent se l’offrir et celles qui ne le veulent pas. [Eurostat]

Annexe 4 : Pondération de la population 16- 64 ans, calcul de l’agrégat UE 7 pays, 2007

Total 15 à 64 ans 15 ans 16 à 64 ans

Population Proportion Population Population Population Pondération

All. 82 314 906 0,664 54 657 098 877 120 53 779 978 0,254

Bel. 10 584 534 0,660 6 985 792 131 590 6 854 202 0,032

Esp. 44 474 631 0,688 30 598 546 438 307 30 160 239 0,142

Fin. 5 276 955 0,665 3 509 175 66 483 3 442 692 0,016

Fra. 61 771 041 0,652 40 274 719 775 180 39 499 539 0,187

Ita. 59 131 287 0,659 38 967 518 586 904 38 380 614 0,181

R.u. 60 816 701 0,664 40 382 289 795 184 39 587 105 0,187

Total 324 370 055 / 215 375 138 3 670 768 211 704 370 1

Source : Elaboration personnelle ; Eurostat

Ce facteur de pondération a été appliqué aux résultats nationaux afin de déterminer un total

marginal de l’UE 7 pays où chaque pays contribue au résultat en proportion de sa population

âgée de 16 à 64 ans. La pondération de l’agrégat UE 7 pays présentée ci- dessus a été utilisée

dans le cadre des indicateurs de pauvreté.

Page 38: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

38

Annexe 5 : Calcul de la population 16-64 ans en risque de pauvreté, 2007

Population

16-64 ans

Taux risque de pauvreté

(%)

Population 16-64 ans

en risque de pauvreté

All. 53 779 978 15 8 066 997

Bel. 6 854 202 13 891 046

Esp. 30 160 239 17 5 127 241

Fin. 3 442 692 12 413 123

Fra. 39 499 539 12 4 739 945

Ita. 38 380 614 18 6 908 511

R.-u. 39 587 105 15 5 938 066

Total

32 084 928

Source : Elaboration personnelle ; Eurostat

Annexe 6 : Pondération de la population 18 ans et plus, calcul de l’agrégat UE 7 pays, 2007

Total 0- 19 ans 18 ans 19 ans

18-19

ans 0-17 ans 18 ans et plus

Population Proportion Population Population Population Population Population Population Pondération

All. 82 314 906 0,197 16 216 036 987 424 974 156 1 961 580 14 254 456 68 060 450 0,260

Bel. 10 584 534 0,231 2 445 027 127 594 125 749 253 343 2 191 684 8 392 850 0,032

Esp. 44 474 631 0,197 8 761 502 465 664 482 944 948 608 7 812 894 36 661 737 0,140

Fin. 5 276 955 0,232 1 224 254 65 098 61 717 126 815 1 097 439 4 179 516 0,016

Fra. 61 771 041 0,247 15 257 447 811 758 807 610 1 619 368 13 638 079 48 132 962 0,184

Ita. 59 131 287 0,190 11 234 945 595 551 579 441 1 174 992 10 059 953 49 071 334 0,187

R.u. 60 816 701 0,242 14 717 642 808 694 820 476 1 629 170 13 088 472 47 728 229 0,182

Total 324 370 055 / 69 856 853 3 861 783 3 852 093 7 713 876 62 142 977 262 227 078 1

Source : Elaboration personnelle ; Eurostat

Ce facteur de pondération a été appliqué aux résultats nationaux afin de déterminer un total

marginal de l’UE 7 pays où chaque pays contribue au résultat en proportion de sa population

âgée de 18 ans et plus. La pondération de l’agrégat UE 7 pays présentée ci- dessus a été

utilisée dans le cadre des statistiques concernant l’exclusion financière, où 18 ans est l’âge à

partir duquel on a légalement accès aux services financiers.

Annexe 7 : Nomenclature des entreprises européennes, 2003

La classification des entreprises pour les sept pays concernés est définie selon la Commission

Européenne par la recommandation 2003/361/EC présentée ci- dessous.

Qualification Effectif (personnes) Résultats financiers (en €)

Micro inférieur à 10 CA ou total du bilan annuel n’excède pas 2 millions

Petite de 10 à 49 CA ou total du bilan annuel n’excède pas 10 millions

Moyenne de 50 à 249 CA n’excède pas 50 millions

ou total du bilan annuel n’excède pas 43 millions

Grande à partir de 250 CA supérieur à 50 millions

et total du bilan annuel supérieur à 43 millions CA : chiffre d’affaires Source : CE

Page 39: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

39

Annexe 8 : Pondération des entreprises, calcul de l’agrégat UE 7 pays, 2006

/ : non disponible Source : Elaboration personnelle, Eurostat

Ce facteur de pondération a été appliqué aux résultats nationaux afin de déterminer un total

marginal de l’UE 7 pays où chaque pays contribue au résultat en proportion du nombre

d’entreprises enregistrées. Une première pondération excluant la Belgique a été utilisée pour

la moyenne des entreprises micros, petites et grandes, étant donné que les données concernant

ce pays n’étaient pas disponibles. Une deuxième pondération incluant le poids de la Belgique

a été appliquée pour la moyenne des entreprises moyennes.

Annexe 9 : Pondérant de la population 15- 64 ans ayant le statut d’indépendant, calcul de

l’agrégat UE 7 pays, 2007

Population qui travaille Indépendants parmi la population qui travaille

Nombre Nombre Proportion, % Pondération UE 7 pays

All. 37 611 500 3 923 000 10,4 0,201

Bel. 4 348 100 571 400 13,1 0,029

Esp. 20 211 300 3 288 900 16,3 0,168

Fin. 2 458 500 283 900 11,5 0,015

Fra. 25 432 400 2 569 200 10,1 0,131

Ita. 22 846 200 5 347 400 23,4 0,273

R.u. 28 477 700 3 576 200 12,6 0,183

Total 19 560 000

1

Source : Elaboration personnelle ; Eurostat

Ce facteur de pondération a été appliqué aux résultats nationaux afin de déterminer un total

marginal de l’UE 7 pays où chaque pays contribue au résultat en proportion du nombre

d’indépendants.

Annexe 10 : Pondération de la population 15- 64 ans, calcul de l’agrégat UE 7 pays, 2007

Le facteur de pondération, présenté ci- dessous, a été appliqué aux résultats nationaux afin de

déterminer un total marginal de l’UE 7 pays où chaque pays contribue au résultat en

proportion de sa population âgée de 15 à 64 ans. La pondération de l’agrégat UE 7 pays a été

utilisée dans le cadre de l’enquête sur l’esprit d’entreprise : la préférence pour le statut

Représentation des entreprises, % Pondération UE 7 pays

Nombre entreprises Micro Petite Moyenne Grande sans Belgique 7 pays

All. 1774000 83,1 14,1 2,3 0,5 0,143 0,138

Bel. 402000 / / 0,9 / / 0,031

Esp. 2632000 92,2 6,8 0,8 0,1 0,212 0,205

Fin. 204000 92,8 5,8 1,1 0,3 0,016 0,016

Fra. 2332000 92,3 6,5 1 0,2 0,188 0,182

Ita. 3847000 94,6 4,8 0,5 0,1 0,310 0,300

R.u. 1621000 87,5 10,5 1,7 0,4 0,131 0,127

Total sans Bel.

12410000

1

Total 12812000

1

Page 40: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

40

d’indépendant ou d’employé, et la difficulté de créer sa propre affaire à cause d’un manque de

soutien financier disponible.

Population totale

Population 15 à 64 ans

Proportion Population Pondération

All. 82 300 000 0,664 54 647 200 0,254

Bel. 10 600 000 0,660 6 996 000 0,032

Esp. 44 500 000 0,688 30 616 000 0,142

Fin. 5 300 000 0,665 3 524 500 0,016

Fra. 61 500 000 0,652 40 098 000 0,186

Ita. 59 100 000 0,659 38 946 900 0,181

R.u. 60 900 000 0,664 40 437 600 0,188

Total 324 200 000 / 215 266 200 1

Source : Elaboration personnelle ; Eurostat

Annexe 11 : Synthèse de l’évaluation du marché du microcrédit, agrégat UE 7 pays, 2007

UE 7 pays

L’estimation de la demande potentielle O

=

G

Valeur du marché

potentiel

(nombre prêts) 433 951

P

=

I

Valeur du marché

potentiel

(€) 4 644 339 532

L’offre actuelle Q

=

J

Valeur du

marché actuel

(nombre prêts) 26 658

R

=

K

Valeur du

marché actuel

(€) 292 609 491

L’estimation de la lacune du marché S

=

L

Valeur de la

lacune de marché

(nombre prêts)

407 293

T

=

M

Valeur de la

lacune de marché

(€)

4 351 730 041

Le taux de pénétration U

=

Q

/

O

(%) 6,14

Source : Elaboration personnelle ; à partir des données du Tableau 1 et 2

Les valeurs pour l’agrégat UE 7 pays ont été obtenues par addition de l’ensemble des donnés

nationales pour les sept pays considérés.

Page 41: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

41

Annexe 12 : Pondération des microcrédits octroyés, calcul de l’agrégat UE 7 pays, 2007

Source : Elaboration personnelle ; REM

Ce facteur de pondération a été appliqué aux résultats nationaux afin de déterminer un total

marginal de l’UE 7 pays où chaque pays contribue au résultat en proportion du nombre de

microcrédits concédés c'est-à-dire du nombre de clients. La pondération de l’agrégat UE 7

pays présentée ci- dessus a été utilisée dans le cadre des statistiques concernant la

représentation des clients femmes et hommes, ainsi que des groupes à risque.

Annexe 13 : Calcul du degré de portée à partir du seuil de risque de pauvreté par pays, 2007

(A)

Montant moyen microcrédit

(€)

(B)

Seuil de risque de pauvreté

(€)

(A/B)

Degré de portée

(%)

All. 15 941 10 624 150,0

Bel. 15 382 10 538 146,0

Esp. 9 943 7 203 138,0

Fin. 13 554 11 104 122,1

Fra. 7 907 9 938 79,6

Ita. 9 654 9 003 107,2

R.-u. 8 478 12 572 67,4

Source : Elaboration personnelle ; REM, Eurostat

Annexe 14 : Justification de la base retenue de 25% du revenu annuel pour le remboursement

du crédit

Suite à une conversation téléphonique avec un conseiller travaillant dans une Antenne de

l’ADIE au moment de la détermination de cette proportion, il m’a bien précisé que la capacité

de remboursement dépend à la fois de la personne, de la viabilité de son projet, du montant et

de la durée du microcrédit sollicité. Et qu’elle se calcule au cas par cas en établissant tout

simplement le montant restant disponible après estimation des recettes et dépenses par mois.

Pour ainsi dire, aucune statistique ne peut être annoncée sur ce sujet, cela étant un quart du

revenu annuel consacré au remboursement lui semblait une proportion raisonnable si

l’objectif était d’établir une simulation.

Nombre microcrédits Pondération UE 7 pays

All. 6 315 0,237

Bel. 914 0,034

Esp. 3 348 0,126

Fin. 3 239 0,122

Fra. 10 160 0,381

Ita. 392 0,015

R.u. 2 290 0,086

Total 26 658 1

Page 42: LE MARCHE DU MICROCREDIT PROFESSIONNEL · Evaluation quantitative de l’offre actuelle par rapport à la demande potentielle de microcrédit ... Amérique Latine. Dans ce contexte,

42

Bibliographie

Commission Européenne, 2007, A European initiative for the development of micro- credit in

support of growth and employment, Communication from the Commission to the Council, the

European Parliament, the European Economic and Social Committee and the Committee of

the Regions, COM (2007) 708.

Community Development Finance Association, Microfinance Centre & Réseau Européen de

la Microfinance, 2007, Report 1: Social and financial exclusion map, From exclusion to

inclusion through microfinance.

Conforti A. & Kraemer-Eis H., 2009, Microfinance in Europe : A market overview, European

Investment Fund Research & Market Analysis Working paper 2009/001.

De Brandt J. & Nowak M., 2006, Le microcrédit en Europe, Revue d’économie industrielle,

n°116, 4ème trimestre, pp 9-29.

Eurostat, données statistiques sur la population, les conditions sociales et les enterprises,

http://ec.europa.eu/eurostat.

Eurostat, 2009, European business- facts and figures, Statistical books, 2009 Edition.

Eurostat, 2009, L’Europe en chiffres, L’annuaire Eurostat 2009.

Evers J., Jung M., Lahn S., 2007, Status of microfinance in Western Europe, European

Microfinance Network Issue Paper.

Guérin I., 2002, La microfinance et la création d’entreprise par les chômeurs : La situation

dans quelques pays européens et en Amérique du Nord, BIT et Secrétariat Français d’Etat à

l’Economie Solidaire.

Guichandut P., Hayen D., Lahn S., Lämmermann S., Underwood T., Unterberg M., 2007,

Fostering gender equality : meeting the entrepreneurship and microfinance challenge, Evers &

Jung, Réseau Européen de la Microfinance, European Report.

Guichandut P., 2006, Europe occidentale et reste du monde parle-t-on des mêmes pratiques ?,

Finance and the Common Good, n°25, Europe la microfinance se fait une place.

Jayo B., Lacalle M., Rico S., 2008, Overview of the microcredit sector in the EU 2006-

20007, Fundación Nantik Lum & Réseau Européen de la Microfinance Working Paper n°5.

Mishkin F., 2007, The economics of money, banking and financial markets, Pearson Edition,

Eighth Edition.

Réseau Européen de la Microfinance, La microfinance en Europe: la microfinance par pays,

www.european-microfinance.org/.

Réseau Financement Alternatif, 2008, Financial services provision and prevention of financial

exclusion, upon the request of the European Commission Directorate- General for

Employment, Social Affairs and Equal Opportunities.

The Gallup Organization, 2007, Entrepreneurship survey of the EU, United States, Iceland

and Norway, Flash Eurobarometer Series #192- upon the request of the European

Commission Directorate- General for Enterprise and Industry.

Wolff P., 2009, Population and social conditions, Eurostat Statistics in focus 2007- 46/2009.