Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques DEPARTEMENT AGRO-MANAGEMENT BP. 175 - Tél. 22 279 75 - E-mail. [email protected] MEMOIRE DE FIN D’ETUDES E E t t u u d d e e s s d d e e p p é é r r e e n n n n i i s s a a t t i i o o n n d d u u m mi i c c r r o o c c r r é é d d i i t t "grenier commun villageois" dans la région d'Ambatondrazaka Cas de la Vallée Marianina et le PC 15 Présenté par : Rivoniaina Jocelyn RAVELOSON Promotion INTSA / 1998-2003 Juin 2004. Contact Auteur : Monsieur Rivoniaina Jocelyn RAVELOSON - Ingénieur Agronome Madacom : 033 11 947 43 E-mail : jocelyn-raveloson@voilà.fr Date de soutenance : 29 Juin 2004

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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques

DEPARTEMENT AGRO-MANAGEMENT BP. 175 - Tél. 22 279 75 - E-mail. [email protected]

M E M O I R E D E F I N D ’ E T U D E S

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P r é s e n t é p a r :

Rivoniaina Jocelyn RAVELOSON Promotion INTSA / 1998-2003

Juin 2004.

Contac t Auteur : Mons ieur R ivon ia ina Joce l yn R AV ELOSON - Ingén ieur Agronome M a d a c o m : 0 3 3 1 1 9 4 7 4 3 E - m a i l : j o c e l y n - r a v e l o s o n @ v o i l à . f r

Date de soutenance : 29 Juin 2004

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SOMMAIRE

AVANT-PROPOS

REMERCIEMENTS

LEXIQUES

ACRONYMES

LISTES DES FIGURES, TABLEAUX ET ENCADRES

LISTES DES CARTES

RESUME / SUMMARY

INTRODUCTION 1

I. METHODOLOGIE 4

1. LA PRE-ENQUETE 4 1.1. REUNION-DISCUSSION DE GROUPE ET INTERVIEW DES RESPONSABLES LOCAUX 4 1.2. DEPOUILLEMENT DE DOCUMENTATION 4 1.3. POURSUITE DES ATELIERS SUR LA MICROFINANCE 4 2. INVESTIGATIONS SUR TERRAIN 5 2.1. DES QUESTIONNAIRES RELATIFS AUX OBJECTIFS DE L 'ENQUETE 8 2.2. UNE METHODE D 'ECHANTILLONNAGE STRATIFIEE POUR UNE MEILLEURE

REPRESENTATIVITE DE LA POPULATION 8 2.3. COLLECTE DES DONNEES PAR ENTRETIENS EN TETE-A-TETE AVEC LES PAYSANS 8 2.4. ENTRETIENS AVEC DES DIRIGEANTS D ' INSTITUTIONS PUBLIQUES ET PRIVEES 9 3. SAISIE ET ANALYSE DES DONNEES COLLECTEES SOUS EXCEL 9 4. PROBLEMES RENCONTRES LORS DES INVESTIGATIONS 9 4.1. DES ATTITUDES DE RESERVES DES QUESTION DE " CREDIT " 9 4.2. DES REACTIONS D'APPARENCE PAR QUELQUES PAYSANS 9 4.3. DES RETICENCES A DES QUESTIONS JUGEES " DELICATES " PAR L'ENQUETE 10 4.4. DES DIFFICULTES SUR L 'EVALUATION DE LA QUANTITE DE PRODUITS RECOLTES 10

CONCLUSION PARTIELLE 11

II. RESULTATS OBTENUS 12

1. TYPOLOGIE D 'EXPLOITATION BASEE SUR LE REVENU ANNUEL BRUT EN PAD DY DU MENAGE 12 1.1. CLASSE 1 NETTEMENT DOMINEE PAR LES PAYSANS DU PC 15 13 1.2. FORTES INEGALITES SUR LES SOLDES DE TRESORERIE 13 2. CARACTERISTIQUES DES EXPLOITANTS 14 2.1. IMPORTANCE DE METAYAGE : UN DES FREINS A L'ACCES AU CREDIT AGRICOLE 14 2.2. DES SALARIES A LA RECOLTE NECESSITANT 235 000 FMG ET 334 KG DE PADDY PAR HA DE

RIZIERE 15 2.3. VENTE DE PADDY : PRINCIPALE SOURCE DE LIQUIDITE DES PAYSANS 16 2.4. LE MARCHE DE PADDY DANS LA VALLEE MARIANINA , MONOPOLISE PAR UN SEUL

COLLECTEUR 18 3. LES MARCHES FINANCIERS RURAUX DOMINES PAR LES PRETEU RS INFORMELS 19

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3.1. DE PROBLEMES DE TRESORERIE EN SOUDURE, CONDUISANT AU CREDIT USURAIRE " VARY

MAINTSO " 19 3.2. CREDIT BANCAIRE PLUS ORIENTE VERS LES ASSOCIATIONS A CAUTION SOLIDAIRE 21 3.3. LE GCV : LA SEULE FORME D 'A SSOCIATION LIANT L 'EPARGNE ET LE CREDIT 23 3.4. PRES DE 84% DES PAYSANS VOIT LE GCV NECESSAIRE 24 3.4.1. Avantages du crédit GCV : fonction du tonnage, de la durée de stockage et de la différence entre "cours de paddy au déstockage et quantum" 26 3.4.2. Environ 44% des chefs d'exploitation n'ont pas de diplôme CEPE 28 3.4.3. Un taux d'intérêt à la portée des exploitants 29 3.4.4. Difficulté de constitution de fonds de garantie mutualiste (FGM) après les dépenses lors de la récolte 30 3.4.5. De la caution solidaire aux conflits sociaux 33 3.4.6. Le quantum élevé peut accentuer le risque 34 3.4.7. Deux maisons sur sept répondent aux normes de stockage dans la Vallée Marianina 35 3.4.8. Utiliser les prêts dans des cultures de contre saison et des activités génératrices de revenus 36 4. LES AUTRES INTERVENANTS 38 4.1. LE CREDIT GCV DE L'OTIV A GAGNE PLUS DE COLLECTEURS QUE DE PAYSANS 38 4.2. UN CAPITAL DE 7 MILLIARDS DE FMG PRETE AUX RIZIERS DANS LE CADRE DE FONDS DE

COMMERCIALISATION DE PADDY 40 4.3. DEUX GCV INSTAURES PAR LE PROGRAMME ARTA DANS LA VALLEE MARIANINA 42 5. ANALYSE DES RISQUES SUIVANT LEUR ORIGINE 44 5.1. NON-RECOUVREMENT DU AUX PHENOMENES INDEPENDANTS DES EMPRUNTEURS 44 5.2. NON-RECOUVREMENT DU A L ' INCAPACITE DES EMPRUNTEURS 45 5.3. NON-RECOUVREMENT DU A LA MAUVAISE VOLONTE DES EMPRUNTEURS 47

CONCLUSION PARTIELLE 48

III. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS 49

1. FLEXIBILISER LES CONDITIONS D 'OCTROI SELON LA CAPACITE DU GROUPEMENT A FOURNIR LE FONDS

DE GARANTIE 50 2. RASSEMBLER LES STOCKS DE PLUSIEURS GROUPEMENTS DANS UN MEME SILO APPROPRIE 50 3. PROMOUVOIR LE RELAIS ENTRE CREDIT DE CAMPAGNE " FAISANCE-VALOIR RIZ " (ACCS) ET CREDIT

GCV 51 4. M IEUX ENGAGER LES GROUPEMENTS DANS LA GESTION DES RI SQUES EN METTANT EN PLACE UNE

SOCIETE DE CAUTIONNEMENT MUTUEL (SCM) 52 5. SE MEFIER DE L 'HETEROGENEITE DES MONTANTS ALLOUES AUX MEMBRES D 'UN MEME GROUPEMENT 54 6. SECURISER LE CREDIT MAIS AUSSI LES REVENUS DES RURAUX 54 6.1. ENCOURAGER LA DIVERSIFICATION DES ACTIVITES A FINANCER EN VUE DE MINIMISER LES

RISQUES COVARIANTS 54 6.2. DEVELOPPER LES PRESTATIONS DE SERVICES OFFERTES AUX ORGANISATIONS PAYSANNES

55 6.3. INSTAURER DES SYNERGIES ENTRE PROJETS DE DEVELOPPEMENT REGIONAL ET

INSTITUTIONS FINANCIERES RURALES 55 7. PROMOUVOIR LE CREDIT DE COLLECTE GERE PAR LES COOPERATIVES AGRICOLE S 55

CONCLUSION PARTIELLE 56

CONCLUSION GENERALE 57

BIBLIOGRAPHIE

ANNEXES

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AVANT – PROPOS

La dynamisation du marché des produits agricoles est l'une des clés du développement

économique et social de Madagascar. Les paysans – qui constituent 80% de la population, et au

niveau de qui se trouve la grande masse des pauvres – devraient être les principaux bénéficiaires

de cette action.

Baisse de consommation de riz en milieu rural : sig ne d'aggravation de la pauvreté

Le riz étant l'aliment de base des malgaches. Pourtant, sa consommation a baissé depuis

1960. Si elle était en moyenne à 146 kg par personne et par an, aujourd'hui, elle ne serait plus que

de 107 kg. Cette baisse, plus importante en milieu rural qu'urbain, révèle une aggravation de la

pauvreté.

La production de paddy a augmenté presque annuellement1, sans pouvoir suivre la

croissance démographique de 3% par an.

Des politiques de prix inappropriées, au détriment des paysans producteurs

Durant des années, les politiques de prix appliquées sur la filière riz n'ont fait que détériorer

le potentiel de production du pays. Elles consistaient à fixer à un niveau relativement bas le prix

d'achat aux producteurs , au profit des consommateurs en milieux urbains.

Depuis l'Indépendance jusqu'en 1973, l'Etat fixe un prix-plancher d'achat au producteur, tout

en délimitant un prix-plafond de vente au consommateur. En 1970, la part de ce prix de vente

revenant au producteur n'est que de 40% ; 60% se rapporte aux coûts d'usinage, de transport et la

marge commerciale.

Dès 1975, l'Etat a pris en mains le monopole de la commercialisation du riz sur l'ensemble

du pays. Il s'est investi même dans des activités d'approvisionnement d'intrants, de production et de

transformation du paddy.

Pourtant, ces politiques de prix et de nationalisation à outrance a entraîné la régression de produit

collecté. Des marchés parallèles existent toujours et offrent aux producteurs des prix plus

rémunérateurs. La dégradation générale des périmètres irrigués a aussi entraîné un grand recul de

production commercialisée. Par la suite, l'Etat procède à des importations massives de riz2.

1 De 1,3 millions de tonnes de paddy en 1965, elle a passé à 2,5 millions de tonnes en 2001. AYER Gérald, in L'avenir de Madagascar : Idées-forces pour un vrai changement. Antananarivo : FOI ET JUSTICE, 2001. 2 Par exemple, 354 000 tonnes sont importées en 1982.

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Une solution libérale qui étrangle davantage les pa ysans

Vers le milieu des années 80, la collecte de paddy, l'importation et la commercialisation de

riz sont enfin libéralisées. Cette ouverture au secteur privée résulte de la Politique d'ajustement

structurel imposée par les bailleurs de fonds internationaux.

Au début, le revenu des paysans augmente progressivement, grâce à la hausse du prix de

vente de paddy. Mais ce prix au producteur a diminué sensiblement ces dernières années. Il devient

même inférieur à ce qu'il était avant la libéralisation.

En effet, la libéralisation a entraîné la nouvelle domination des intermédiaires (riziers), de la

collecte à la distribution. Les producteurs sont devenus sous leur étroite dépendance. Même dans

les régions d'Alaotra et de Marovoay, la plupart des ménages n'arrivent pas à stocker le riz,

dont ils ont besoin pour l'année entière . Ils doivent le racheter à un prix élevé durant la période

de soudure.

Quelle nouvelle politique pour un accroissement eff ectif du revenu des paysans ?

La réalité actuelle démontre que le désengagement de l'Etat de la filière riz (production et

commercialisation) ne suffit pas à augmenter la production, ni à améliorer le prix au producteur. De

nouvelles stratégies sont ainsi indispensables, afin que les paysans profitent en grande partie

des marges générées par la vente de paddy , et de développer sa production.

Comment y parvenir et l'adapter à la situation actuelle ? La promotion des greniers

communs villageois (GCV) figure en ce moment parmi les axes d'orientation du Ministère de

l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche, dans le cadre de la Stratégie pour la Réduction de la

Pauvreté. L'existence des opérateurs privés dans la commercialisation de paddy n'y est pas remise

en cause.

Le présent rapport, qui s'intitule "Etude de pérennisation du microcrédit grenier comm un

villageois dans la région d'Ambatondrazaka" , synthétise les résultats de nos recherches sur le

GCV ; notamment dans la Vallée Marianina et le Périmètre de Colonisation 15, Fivondronana

Ambatondrazaka. Il veut servir de support de réflexion, non seulement pour notre encadreur

professionnel – qui est la Direction Déléguée de la Microfinance, de la Bank Of Africa Madagascar –

mais aussi pour les instances ministérielles et Associations privées concernées par la promotion des

Organisations Paysannes et Organisations Professionnelles Agricoles.

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REMERCIEMENTS

Nous tenons à exprimer toute notre reconnaissance à tous ceux qui ont contribué, de près

ou de loin, à notre formation et à la réalisation de ce Mémoire de fin d'étude d'Ingéniorat. Nos vifs

remerciements sont particulièrement adressés à :

Docteur Romaine RAMANANARIVORomaine RAMANANARIVORomaine RAMANANARIVORomaine RAMANANARIVO – Chef du département Agro-management à l'Ecole Supérieure

des Sciences Agronomiques – qui a accepté d'être notre Enseignant Tuteur durant nos recherches et, nous a fait

également le grand honneur de présider le jury de ce Mémoire ;

Monsieur Jean Jacques CHUK HEN SHUNJean Jacques CHUK HEN SHUNJean Jacques CHUK HEN SHUNJean Jacques CHUK HEN SHUN – Directeur Délégué chargé aux Micro-Finances au sein de la

Bank Of Africa Madagascar – qui a assuré l'encadrement professionnel de nos recherches et, n'a pas aménagé

son temps pour nous donner conseil ;

Madame Eliane RALISONEliane RALISONEliane RALISONEliane RALISON – Chercheur chargé du volet Finance Rurale au sein du Département

Recherche et Développement de la FOFIFA – pour nous avoir montré la sympathie, en acceptant avec spontanéité

de siéger parmi les membres de jury ;

Monsieur Jules RAZAFIARIJAONAJules RAZAFIARIJAONAJules RAZAFIARIJAONAJules RAZAFIARIJAONA – Enseignant-Chercheur en Sociologie juridique à l'Ecole

Supérieure des Sciences Agronomiques ;

Monsieur Jaona Nirina RAKOTOSEHENOJaona Nirina RAKOTOSEHENOJaona Nirina RAKOTOSEHENOJaona Nirina RAKOTOSEHENO – Directeur de l'Agence Bank Of Africa à Ambatondrazaka

– pour les aimables appuis et instructions qu'il nous a accordé durant les investigations à Ambatondrazaka ;

Monsieur Falisoa RAMAHAZAKAMANANAFalisoa RAMAHAZAKAMANANAFalisoa RAMAHAZAKAMANANAFalisoa RAMAHAZAKAMANANA – Responsable du Crédit Rural au niveau de l'Agence

Bank Of Africa à Ambatondrazaka – qui n'a jamais hésité à nous aider avec sympathie ;

Tous les Enseignants et Personnel administratif à l'Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques ;

Tout le Personnel de la Bank Of Africa Antaninarenina et celui de l'Agence à Ambatondrazaka ;

La population de la Vallée Marianina et du PC 15 pour son aimable hospitalité et ses collaborations

fructueuses, sans quoi tous les efforts que nous avons déployés seraient vains ;

Notre famille pour tous ses soutiens permanents.

Veuillez recevoir l'assurance de notre respectueuse considération et le témoignage de notre

profonde gratitude.

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LEXIQUES

Avances Sur Produit ou ASP : (nom féminin) Le montant de crédit octroyé au client après mise en

gage des produits de ce dernier auprès du prêteur. En crédit GCV, les dits-produits peuvent être de

paddy ou d'autres graines que l'on peut conserver.

Cautionnement : (nom masculin) C'est l'engagement pris par un tiers, appelé caution, de

s'exécuter en cas de défaillance du débiteur. Dans le cas d'un crédit, la personne qui se porte

caution peut être éventuellement tenue de rembourser le capital, de payer les intérêts normaux et

les intérêts de retard, avec les frais éventuels de procédure. BERNET-ROLLANDE, Luc. Le cautionnement –

http://www.netpme.fr/banque-entreprise/article.php?article=14

Cautionnement solidaire : (nom masculin) Lorsque plusieurs personnes sont cautions solidaires,

elles garantissent ensemble le créancier et chacune d'entre elles est engagée pour le tout. BERNET-

ROLLANDE, Luc. Le cautionnement – http://www.netpme.fr/banque-entreprise/article.php?article=14

Coûts spécifiques : (nom masculin) Dans le cas de crédit GCV, ils sont composés par : 1- Le frais

de location du grenier, 2- L'achat de raticides, 3- L'amortissement des cadenas, 4- Le frais de

gardiennage du grenier, et 5- Les primes d'assurance vol et incendie. OTIV.

Coûts variables : (nom masculin) Les dépenses attribuées au grenier et qui regroupent : 1- Le prix

d'achat des raticides, 2- L'amortissement des cadenas, 3- Le frais de location du grenier, et 4- Le

frais de gardiennage du grenier. Auteur.

Fonds de Garantie Mutualiste ou FGM : (nom masculin) Un apport monétaire du groupement avec

lequel il devra ouvrir un compte bancaire à son nom avant le déblocage du crédit. La BOA rémunère

le FGM en intérêts créditeurs de 4% par an, lesquels sont identiques aux conditions appliquées sur

les dépôts à vue (DAV) jusqu'à sa mobilisation. Le FGM sert notamment pour la banque de garantie

contre les prêts.

Intérêt : (nom masculin) Le prix payé pour l'utilisation d'une certaine somme d'argent pendant un

certain temps. Il est exprimé en pourcentage sous forme de taux d'intérêt. Auteur

Problématique : (nom féminin) Ensemble de questions qu'une science ou une philosophie se pose

relativement à un domaine particulier. Le Petit Larousse Illustré 2000. France: Larousse, juillet 1999. – Larousse, page

825.

Quantum : (nom masculin) Le montant de crédit accordé par kilogramme de produit que

l'emprunteur a remis au créancier comme garantie. Auteur

Société de Cautionnement Mutuel : (nom féminin) Une association sans but lucratif qui a pour

objet d'apporter, dans le cadre d'une structure coopérative, une garantie collective à l'un des

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____________________________________________________________________ sociétaires dans le cadre d'une opération qu'il mène avec un tiers. Association Française des Sociétés

Financières. Outil de garantie - http://www.pme-commerce-artisanat.gouv.fr/informations/créa_ent/outils/outils16.htm

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ACRONYMES

ACCS : Association de Crédits à Caution Solidaire

AIC : Association d'Intensification et de Crédits

AIM : Association des Institutions de Microfinance non mutualistes

AIM : Association d'Intensification des Mailles

APIFM : Association Professionnelle des Institutions Financières Mutualistes

ARTA : Animation Rural Tanora Ambatondrazaka

ASP : Avances Sur Produit

AUE : Association des Usagers de l'Eau

BCM : Banque Centrale de Madagascar

BNM : Banque Nationale Malgache

BOA : Bank Of Africa

BRL : Compagnie Nationale d'Aménagement de la Région du Bas-Rhone et du Languedoc

BTM : Bankin'ny Tantsaha Mpamokatra

BV Lac : Mise en valeur et protection des Bassins Versants du Lac Alaotra

CACT : Crédit Agricole à Court Terme

CECAM : Caisse d'Epargne et de Crédit Agricole Mutualiste

CEPE : Certificat d'Etudes Primaire Elémentaire

CIRAGRI : Circonscription de l'Agriculture

CIRVA : Circonscription de Vulgarisation Agricole

DAPP : Direction de l'Appui à la Professionnalisation des Producteurs

CRS : Catholic Relief Service

DDMF : Direction Déléguée aux Micro-finances

DGEP : Direction Générale de l'Economie et du Plan

DIRDR : Direction Inter-Régionale de Développement Rural

DRD : Département de Recherche - Développement

DSRP : Document de Stratégies pour la Réduction de la Pauvreté

FAO : Foods and Agricultural Organisation

FCP : Fonds de Commercialisation de Paddy

FGM : Fonds de Garantie Mutualiste

FMR : Financement du Monde Rural

FOFIFA : Foibe Fikarohana ho amin'ny Fampandrosoana

FORMAGRI : Formation en Agriculture

GCV : Grenier Commun Villageois

HT : Hors Taxes

IFM : Institution Financière Mutualiste

IMAP : Industrie Malgache de Production

ITD : International Trading and Development

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____________________________________________________________________ KOBAMA : Koba Malagasy

LDI : Landscape Development Interventions

MADIO : Madagascar Dial Instat Orstom

MAEP : Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche

MK 34 : Makalioka 34

MOS : Main d'œuvre salariée

ODRI : Opération de Développement Rural Intégré

ONG : Organisation Non-Gouvernementale

OP : Organisation Paysanne

OPA : Organisation Professionnelle Agricole

ORA : Office du Riz Alaotra

OTIV : Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola

PC 15 : Périmètre de Colonisation 15, ou Périmètre de Culture 15

PCAI : Petit Crédit Agricole Individuel

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PSDR : Projet de Soutien au Développement Rural

SARL : Société Anonyme à Responsabilité Limitée

SCAM : Société de Crédit Agricole Mutuel

SCM : Société de Cautionnement Mutuel

SILAC : Société Industrielle et Agricole du Lac Alaotra

SOMALAC : Société Malgache du Lac Alaotra

VM : Vallée Marianina

Unités de mesure et monétaire

t : Tonne

kg : Kilogramme

g : Gramme

Ha : Hectare

km² : Kilomètre carré

m : Mètre

ml : Millilitre

°C : Degré Celsius

Hj : Homme-jour

UTH : Unité de Travail Humain

Fmg : Francs Malgache

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LISTE DES FIGURES

Figure 1 :Répartition typologique de la population .................................................................. p.12

Figure 2 : Solde de trésorerie des ménages............................................................................ p.14

Figure 3 : Vente mensuelle de paddy selon les classes (Quantité en tonnes) ....................... p.17

Figure 4 : Evolution des cours de paddy, variété MK-34, dans la Vallée Marianina et

le PC 15 en 2003 ......................................................................................................... p.18

Figure 5 : Pourcentage des paysans achetant du riz blanc en soudure ................................. p.20

Figure 6 : Relation des paysans avec les Institutions financières ........................................... p.21

Figure 7 : Evolution des octrois de crédit GCV par la BOA sur l'ensemble

de Madagascar ............................................................................................................ p.24

Figure 8 : Niveau d'appréciation du microcrédit GCV par les paysans ................................... p.24

Figure 9 : Les opinions des paysans sur les conditions d'accès au crédit GCV

de la BOA..................................................................................................................... p.25

Figure 10 : Appréciation des avantages du GCV selon le tonnage, le quantum

et la durée de stockage ............................................................................................... p.27

Figure 11 : Niveau d'instruction des paysans .......................................................................... p.28

Figure 12 : Comparaison des taux d'intérêt mensuel appliqués par les Institutions

Financières au crédit GCV........................................................................................... p.29

Figure 13 : Recouvrement de l'intérêt par le FGM selon la durée de stockage ...................... p.32

Figure 14 : Evolution de l'intérêt perçu par la banque, par tonne stockée, suivant

le quantum appliqué (Durée de stockage : 4 mois).................................................... p.34

Figure 15 : Seuils de rentabilité du crédit GCV – OTIV ........................................................... p.39

Figure 16 : Les causes de la démotivation des paysans à effectuer de GCV......................... p.43

Figure 17 : Les précipitations mensuelles à Ambatondrazaka, de 1998 à 2003..................... p.44

Figure 18 : Nombre moyen de jours pluvieux, à Ambatondrazaka, de 1998 à 2003 .............. p.45

Figure 19 : Représentation schématique du relais entre crédit de "faisance-valoir" et

crédit GCV.................................................................................................................... p.51

Page 12: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

____________________________________________________________________ EN ANNEXES :

Figure 20 : Evolution du taux de recouvrement de crédit FMR Traditionnel,

de 1981-1989, à Ambatondrazaka .............................................................................. p.VI

Figure 21 : Evolution du nombre de bénéficiaires de crédit FMR-ODRI, de 1983-1987,

à Ambatondrazaka....................................................................................................... p.VII

Figure 22 : Evolution de recouvrement de crédits au sein de la SOMALAC

de 1984 à 1989 ............................................................................................................ p.VIII

Figure 23 : Organigramme de la Société de Cautionnement MutueI ...................................... p.XX

Figure 24 : Structure des activités de la SCM au niveau régional........................................... p.XX

Figure 25 : Fonctionnement du système d'assurance autogérée au niveau de la SCM......... p.XXI

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LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Dépenses sur la Main d'œuvre salariée temporaire durant la pré-récolte ........... p.15

Tableau 2 : Dépenses sur la Main d'œuvre salariée temporaire à la récolte .......................... p.17

Tableau 3 : Répartition des maisons par village, suivant la nature de leur toiture.................. p.36

Tableau 4 : Comparaison des crédits GCV de l'OTIV et de la BOA........................................ p.38

Tableau 5 : Récapitulation de l'opération FCP pour la campagne 2003-2004........................ p.41

Tableau 6 : Récapitulation du GCV du Programme ARTA à Ambohimiarina en 2003 ........... p.42

EN ANNEXES :

Tableau 7 : Nombre de la population par Commune en 2001................................................. p.III

Tableau 8 : Les potentialités en terres agricoles d'Ambatondrazaka...................................... p.III

Tableau 9 : Les matériels agricoles des exploitants d'Ambatondrazaka en 2000 .................. p.III

Tableau 10 : Recensement de la production de quelques cultures de saison par la

Circonscription de l'Agriculture d'Ambatondrazaka – Campagne 2001-2002 p.IV

Tableau 11 : Etat des routes en 1999...................................................................................... p.IV

Tableau 12 : Quelques renseignements sur les principales cultures légumières ................... p.X

Tableau 13 : Rendement de production de quelques cultures de saison et de contre

saison dans la Vallée Marianina et le PC 15 – Campagne 2002-2003....................... p.X

Tableau 14 : Fiches techniques de quelques cultures de contre saison................................. p.XI

Tableau 15 : Calcul d'indices de rentabilité du groupement pratiquant de GCV avec

la BOA (Etude de cas) ................................................................................................. p.XII

Tableau 16 : Indices de rentabilité du groupement pratiquant de GCV avec la BOA ............. p.XIII

Tableau 17 : Calcul d'indices de rentabilité du groupement ne pratiquant pas de GCV

(Etude de cas).............................................................................................................. p.XIV

Tableau 18 : Indices de rentabilité du groupement ne pratiquant pas de GCV ...................... p.XV

Tableau 19 : Calcul de rentabilité de GCV, pour l'OTIV Keta (Etude de cas) ......................... p.XVI

Tableau 20 : Récapitulation des crédits GCV de la BOA dans l'Alaotra,

Campagne 2003 .......................................................................................................... p.XVII

Tableau 21 : Récapitulation des crédits GCV de l'OTIV dans l'Alaotra, Campagne 2003...... p.XVII

Page 14: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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LISTE DES ENCADRES

Encadré 1 : Quelques conversions relatives à la quantification des graines .......................... p.10

Encadré 2 : Enoncé caractérisant la dépendance des revenus des producteurs

vis-à-vis des ventes de céréales.................................................................................. p.21

Encadré 3 : Définition des trois types de crédits agricoles offerts par la BOA ........................ p.22

Encadré 4 : Faut-il bonifier les crédits agricoles pour abaisser les taux d'intérêts ?............... p.30

Encadré 5 : Sur la question "Faut-il supprimer le FGM ?", ils disent…................................... p.31

Encadré 6 : Résoudre les problèmes de garantie matérielle par la caution solidaire ............. p.33

Encadré 7 : Fonds de Commercialisation de Paddy: un moyen de fidélisation

de paysans par les collecteurs .................................................................................... p.40

Encadré 8 : Le Programme ARTA : pour la promotion de l'accès au crédit des paysans ...... p.42

LISTE DES CARTES

Carte 1 : Vue d'ensemble de la région d'Alaotra...................................................................... p.6

Carte 2 : Vue d'ensemble de la zone PC 15 – Vallée Marianina............................................. p.7

Page 15: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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RESUME

La Vallée Marianina et le PC 15 sont respectivement des zones à haut potentiel rizicole. Ils

produisent près de 24 000 tonnes de paddy par an. Pourtant, la vente des récoltes ne profite pas à

la grande masse des producteurs. Depuis la libéralisation de la commercialisation de paddy à

Madagascar, ces derniers se trouvent sous l'emprise des collecteurs.

Le taux de pénétration des paysans aux crédits formels y est faible avec 22,4% seulement.

Pourtant, leurs activités génératrices de revenu restent peu diversifiées et les ressources de liquidité

des paysans dépendent fortement de la vente de paddy. Cette vente intervient rapidement, pour la

majorité d'entre eux, avant l'augmentation même des cours en fin août.

Pour palier à ces problèmes, la banque BOA-Madagascar et l'institut financière mutualiste

OTIV ont lancé, depuis juin 2003, le "microcrédit GCV" dans la région d'Ambatondrazaka.

Néanmoins, de nombreuses contraintes restent encore à résoudre pour permettre à la vulgarisation,

voire pérennisation du microcrédit GCV dans la dite région, en ne citant que : le faible niveau

d'instruction des paysans lequel conditionne leur motivation à contracter avec l'institution financière

formelle, le rejet de la caution solidaire et la difficulté de constitution du fonds de garantie mutualiste

par certains, et l'insuffisance d'infrastructures de stockage appropriées.

Instaurer un environnement agro-socio-économique favorable à l'épanouissement des

activités agricoles et para-agricoles des paysans, favoriser l'autopromotion des Organisations

Paysannes à travers les renforcements de leur capacité, faciliter l'accès au crédit de ces derniers en

limitant les charges y afférentes, et mieux responsabiliser les Associations de crédits dans la gestion

et minimisation des risques ; ce sont les principaux axes d'orientation avancés pour la pérennisation

du grenier commun villageois.

Mots clés :

Pauvreté ; paddy ; crédit rural ; grenier commun villageois ; sécurisation ; auto-promotion

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SUMMARY

The Marianina Valley and the PC 15 are respectively zones with massive rice cultivation

potential. They produce up to 24 000 tons of paddy per year. Yet, the sale of the harvests doesn't

benefit to the large mass of the producers. Since the liberalization of the paddy merchandising in

Madagascar, these last are under the ascendancy of the collectors.

Therein, the rate of peasants' penetration to the formal credits is pathetic with, only, 22,4%.

However, their generating income activities remain a little varied and the peasants' liquid assets

resources tremendously depend on the paddy sale. This sale promptly intercedes, for most of them,

before the rise of the courses in the end of August.

To land to these problems, the bank BOA-Madagascar and the financial mutual institute

OTIV have launched, since June 2003, the Community Crain Storage Facilities credit in the area of

Ambatondrazaka. Nevertheless, plenty of constraints awaits for solution to allow the popularization

as yet, or even the perpetuation of the Community Crain Storage Facilities credit in the so-called

region, while only mentioning : the frail instruction level of the peasants which designs their incentive

to contract with the formal financial institution, the dismissal of bound guarantees and the difficulty of

constitution of the mutual guarantee fund, and the suitable storage infrastructures insufficiency.

To establish an economic agro-social environment that is favourable to the blossoming of the

agricultural and para-agricultural activities of the peasants, to enhance the self-promotion of Farmers

Organizations through the backings of their capacity, to facilitate the access to the credit of these

last while limiting related loads, and better making the credits Associations aware of their

responsibilities in risks management and minimization ; these are the main axes of orientation for the

perpetuation of the Community Crain Storage Facilities.

Key words :

Poverty ; paddy ; rural credit ; community crain storage facilities ; secure ; self-promotion

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1

INTRODUCTION

A la fin du deuxième millénaire, Madagascar est classé, selon les normes internationales en

vigueur, parmi les pays les plus pauvres du monde. Des documents officiels récents expliquent cette

situation par une longue période de faible croissance économique, un niveau d'investissement

insuffisant et un taux de croissance démographique relativement élevé par rapport à la croissance

économique3. La pauvreté à Madagascar est surtout l'image du sous-développement de la

population en milieu rural , laquelle constitue 85 pour cent des malgaches4. Le faible niveau

d'instruction, la manque d'information, la non-maîtrise du marché, la dégradation des infrastructures,

la difficulté d'accès au crédit, etc. caractérisent cette dernière. C'est pourquoi l'Etat, depuis 2002, a

pris l'initiative de se lancer dans de grandes réformes économiques.

La politique du Gouvernement part désormais des trois axes d'orientation retenus dans le

Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté ou DSRP, dont : (i) l'amélioration des

performances économiques, en y faisant participer les pauvres, (ii) le développement des services

sociaux de base (éducation, santé, etc.) et, (iii) la mise en place d'un cadre institutionnel favorable à

la croissance économique et à la réduction de la pauvreté.

A cet effet, pour que la croissance puisse véritablement profiter aux paysans, ces derniers

doivent eux-mêmes participer à la création de richesse. L'augmentation de la productivité agricole,

la promotion des petits investissements en zones rurales et, notamment, le partenariat entre les

groupements paysans et le secteur privé constituent ainsi les priorités du Ministère de l'Agriculture,

de la Pêche et de l'Elevage.

Créer de richesses n'est pourtant pas suffisant ; il faut également savoir la gérer

efficacement . Ceci implique une meilleure maîtrise du cycle de marché – notamment le prix d'achat

et de vente des produits – par les paysans, une capacité de se mesurer avec les acheteurs et une

bonne gestion de trésorerie. A Ambatondrazaka, principal grenier à riz du pays, des riziculteurs

vendent habituellement une grande partie de leur paddy dès le début de la période post-récolte. Les

cours sont pourtant assez bas en ce moment que les coûts de production ne soient très faiblement

couverts. Malgré ainsi l'étendue des surfaces cultivables dans la région, la riziculture ne donne pas

un réel avantage pour la plupart des producteurs. La diversification des ressources financières

des ménages - à travers le développement des activités génératrices de revenus et la mise en

place de systèmes de financement adaptés - serait une issue pour sortir de ce problème.

3 Entre 1988 et 2000, le taux d'accroissement annuel de la population malgache est de 2,8% tandis que celui de croissance économique était de 2,2%. Le taux d'inflation a atteint annuellement 16,9% durant la période. Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté – Version complète, avant l'atelier national de novembre 2001. 4 Au moins, 75% des pauvres à Madagascar sont des agriculteurs et, en particulier, 70% des pauvres sont des petits exploitants agricoles, c'est-à-dire des paysans qui exploitent des parcelles de moins de 2 ha. 67% des malgaches sont des petits agriculteurs. Par ailleurs, 80% des agriculteurs, mais surtout 90% des petits agriculteurs, vivent en dessous du seuil de pauvreté; de revenu annuel inférieur à 736 000 fmg, soit 90 dollars. RAPPORT NATIONAL SUR LE DEVELOPPEMENT HUMAIN : Le rôle de la gouvernance et de la décentralisation dans la réduction de la pauvreté. Madagascar : PNUD, 2000.

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2

Dans le cadre de la concrétisation des programmes inscrits dans le volet "Développement

Rural" du DSRP, des activités mettant en synergie les fonctions des diverses intervenants en milieu

rural – dont les ministères, les Circonscriptions de l'Agriculture et autres divisions administratives

décentralisées, les institutions financières, les opérateurs commerciaux, les Organismes non-

gouvernementaux et, enfin les paysans producteurs – sont à quêter. L'objectif est que chacun

puisse tirer profits de la coordination des opérati ons sans qu'il y ait ni dominants ni dominés .

La vulgarisation du "microcrédit grenier commun villageois (microcrédit GCV)", appelé

également "crédit de stockage" ou "Community Crain Storage Facilities" en anglais, paraît répondre

à tous ces critères : en stockant leur paddy dans un entrepôt fiable jusqu'à ce que leur cours

augmentent, et en utilisant ces produits comme garantie, les agriculteurs peuvent accéder à des

ressources financières avant de vendre leur production. Les prêts obtenus serviront à des fins

productifs. La commercialisation des produits va être facilitée par la réhabilitation des routes

nationales reliant le fivondronana d'Ambatondrazaka aux autres régions de l'île. Ceci offre

également une sécurité alimentaire aux paysans, qui peuvent prélever de quoi subsister sur leur

stock pendant la période de soudure.

Seulement, beaucoup de paysans sont souvent sceptiq ues face à des innovations

qu'on leur apporte, ou les adoptent difficilement, notamment en matière de crédit bancaire.

En outre, le développement de microfinancement en m ilieu rural reste jusqu'ici une opération

délicate, d'autant plus que la question d'améliorat ion de la sécurisation de crédit constitue le

principal objet de débat au niveau des Institutions financières.

Afin de résoudre ces problèmes, cette étude aide à comprendre les raisons susceptibles de

compromettre la mise en œuvre voire la pérennisation du produit "microcrédit GCV" dans les zones

PC 15 et Vallée Marianina du Fivondronana d'Ambatondrazaka. Au terme de l'étude doivent

ressortir des stratégies visant au développement de ce type de crédit et à la préservation des

risques de non-recouvrement, et contribuant à la lutte contre la pauvreté en milieu rural.

Le présent document comporte trois grandes parties :

La première partie est consacrée aux explications de la méthodologie. Elle concerne à la fois

les recherches effectuées au cours de la pré-enquête, les préparations et le déroulement des

enquêtes menées auprès des paysans et autres personnes ressources et, l'analyse des

informations recueillies.

Dans cette même partie sont aussi exposées les contraintes limitant le bon déroulement du

travail.

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3

La deuxième partie est axée sur l'analyse proprement dite des résultats de recherches.

L'observation des systèmes de production des paysans va permettre de comprendre les

comportements de ces derniers vis-à-vis des institutions financières. Les portées et limites des

différents éléments conditionnant la pratique du grenier commun villageois, ainsi que les différents

risques de non-recouvrement des prêts GCV par les clients, y sont aussi approfondis.

Enfin, des axes d'orientation sont avancés dans la dernière partie. Ils cherchent à la fois à

améliorer les instruments financiers pouvant contribuer à la sécurisation du crédit GCV de la

banque, et à offrir aux paysans des environnements socio-économiques favorables pour la

sécurisation de leur revenu, donc pour assurer l'échéance.

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4

I. METHODOLOGIE

1. La pré-enquête

Il s'agit de recueil d'informations à partir des quelles sont formulés les hypothèses de travail.

1.1. Réunion-discussion de groupe et interview des responsables locaux

Cette idée d'étude sur le microcrédit GCV dans la Vallée Marianina et le PC-15, est née suite à

des discussions avec des groupes de paysans lors de la prestation de services5 qu'on avait

effectuée auprès du Bureau d'étude BRL, à Ambatondrazaka, en novembre et décembre 2002.

C'était à partir de ce moment qu'on a commencé à interroger des personnes compétentes, au

courrant des problèmes socio-économiques des paysans locaux : comme des épiciers, des paysans

riziculteurs, ainsi que des responsables locaux dont ceux du bureau d'études BRL et de la DIRDR

Ambatondrazaka. Le but de ces interviews était de recueillir des éléments de réflexion, utiles à la

détermination du thème de mémoire et à la conduite de l'étude.

1.2. Dépouillement de documentation

Des ouvrages, des rapports d'activités, des rapports d'atelier ainsi que des périodiques ont été

consultés. Ils sont surtout relatifs d'une part, à la région d'Alaotra dont le développement agricole, le

flux du marché et l'évolution de la micro crédit et d'autre part, à la sécurisation des crédits. Des

documents sur les greniers communs villageois sont aussi étudiés.

Outre les documents imprimés, des recherches par internet ont été menées.

1.3. Poursuite des ateliers sur la microfinance

Les ateliers thématiques portant le thème global "Promotion et développement des services de

proximité, en tant qu'outil privilégié de réduction de la pauvreté", organisés par l'Association

Professionnelle des Institutions Financières Mutualistes (APIFM) et l'Association des Institutions de

Microfinance non mutualistes (AIM) les 16 et 17 juin 2003 à l'Espace Dera – Antananarivo, ont

permis d'enrichir nos connaissances sur les Institutions de microfinance présentes à Madagascar,

leurs activités et prépondérances.

C'était aussi une occasion de rencontre et de discussion avec quelques responsables de

réseau CECAM de Bongolava et d'Antsirabe sur le déroulement des GCV dans leurs régions

respectives.

5 Il s'agit des enquêtes menées auprès des paysans pratiquant les cultures en semis direct, sous couvertures mortes ou vives. Elles ont pour objectifs de bien connaître la structure de l'exploitation de ces paysans et de comprendre les différents facteurs contraignant la pérennisation de ces techniques.

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5

2. Investigations sur terrain

Les travaux de recherches effectués dans la région d'Ambatondrazaka ont duré 49 jours, de

28 juin au 15 août 2003. La date d'investigation a été prévue pour coïncider avec la période de post-

récolte à Alaotra afin de pouvoir constater l'état des lieux de la filière riz et les mouvements des

paysans durant ces moments.

Une enquête agro-socio-économique est menée auprès de 108 paysans, répartis dans les

communes d'Ilafy, d'Ampitatsimo, d'Ambatondrazaka II et de Feramanga Nord.

L'objectif global de cette étude est de déterminer les conditions de la mise en place de

microcrédit GCV dans les régions d'Ambatondrazaka .

Les objectifs spécifiques sont :

� d'identifier et de comprendre les comportements des chefs d'exploitation envers les

institutions financières;

� de connaître les flux de paddy au niveau des ménages au cours de l'année;

� et, d'évaluer la nécessité d'instauration de crédits GCV dans les régions suivant les

contextes locaux.

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6

Carte 1 : Vue d'ensemble de la région d'Alaotra

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7

Carte 2 : Vue d'ensemble de la zone PC15 – Vallée Marianina

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8

2.1. Des questionnaires relatifs aux objectifs de l 'enquête

Les questionnaires ont été établis en fonction des objectifs sus-cités. Les principales rubriques

étudiées sont :

- Le niveau d'instruction du chef d'exploitation,

- La composition de l'unité familiale,

- Le niveau d'utilisation de la main d'œuvre salariée aux activités agricoles,

- Le niveau d'équipement agricole,

- La répartition des modes de faire-valoir des terres,

- Les principaux systèmes de cultures et d'élevages de l'exploitation,

- Les activités para-agricoles du ménage,

- Les relations de l'exploitant avec le marché,

- Les relations de l'exploitant avec les institutions financières, les prêteurs informels et les

organisations de développement rural,

- L'attitude de l'exploitant vis-à-vis du "microcrédit GCV",

- L'économie du ménage de l'exploitant,

- Les fiches techniques des cultures saisons et contre-saisons.

2.2. Une méthode d'échantillonnage stratifiée pour une meilleure représentativité de la

population

Compte tenu des grandes disparités entre les paysans sur le plan revenu en paddy, on a choisi

la méthode d'échantillonnage stratifiée. Le but est que toutes les classes sociales de paysans soient

représentées dans l'échantillon et ce, suivant leur taux respectif par rapport à l'effectif total de la

population6.

A cet effet, on a découpé la population en trois strates plus ou moins homogènes suivant le

niveau de revenu annuel en paddy des ménages, avec les listes électorales mises à jour en

novembre 2002 à l'appui. Deux paysans par fokontany, connus par leur ancienneté dans la région,

sont appelés lors de cette étape.

Ce n'est après qu'on a procédé aux tirages au sort aléatoires pour la constitution de

l'échantillon. Le nombre d'enquêtés par fokontany est relatif à l'effectif de la population de ce même

fokontany et le taux d'échantillonnage est de 10%.

2.3. Collecte des données par entretiens en tête-à- tête avec les paysans

Des familles autochtones ont accepté d'assurer les hébergements durant les travaux

d'investigation. L'acquisition d'un vélo tout terrain a facilité les nombreux déplacements. En

moyenne, trois enquêtes par jour ont été effectuées.

6 Ici, la population est définie comme étant l'ensemble des chefs d'exploitation de la zone d'enquête.

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9

Le questionnaire est rempli au cours d'un tête-à-tête avec le paysan enquêté. Chaque entretien

était introduit par l'explication brève de l'objet de l'enquête et le plan du questionnaire. Le système

de crédit et d'épargne des institutions financières ainsi que celui du microcrédit GCV sont exposés

en cours.

2.4. Entretiens avec des dirigeants d'institutions publiques et privées

En dehors des enquêtes menées auprès des paysans, des institutions concernées, de manière

directe ou indirecte par le thème de l'étude, sont aussi contactées. Ce sont : la banque BOA, l'OTIV,

les Programmes ARTA et LDI, le Bureau d'étude BRL Madagascar, le Projet BVLAC, le Ministère de

l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche (MAEP), et des Institutions décentralisées du MAEP.

3. Saisie et analyse des données collectées sous Ex cel

Les données sont traitées sous le logiciel informatique Microsoft Excel. Un code

d'identification est attribué à chaque paysan afin d'éviter la saisie de leur nom et leur origine à

chaque changement de feuille de calcul :

PC-XYZ pour les enquêtés du PC 15,

VM-XYZ pour ceux de la Vallée Marianina.

X, Y et Z sont des nombres entiers naturels appartenant à [0; 9].

Outre les éléments relatifs à l'unité de production des paysans, l'analyse a permis également

d'identifier les points de vue des paysans sur la banque BOA, l'OTIV, le microcrédit GCV, ainsi que

leur niveau de dépendance sur le crédit informel.

4. Problèmes rencontrés lors des investigations

Au cours des travaux d'investigation, quelques difficultés ont entaché le bon déroulement de

l'enquête :

4.1. Des attitudes de réserves dès question de "cré dit"

Préoccupés par leurs travaux, certains paysans ne sont pas disposés à répondre

immédiatement à l'enquête. On devait ainsi prendre de rendez-vous afin qu'il puisse libérer leur

temps pour l'entretien.

Par méfiance, d'autres ont pris de temps pour accepter, surtout que le thème porte sur le "crédit"

(d'où, "argent") et la "banque", comme le cas de trois paysans à Ilafy.

4.2. Des réactions d'apparence par quelques paysans

Par peur de se faire mal juger sur leurs réponses, certains enquêtés ont adopté un

comportement d'apparence en faisant des réponses qu'ils jugent appréciables. C'était notamment

quand on leur a demandé leur point de vue sur les institutions financières et le microcrédit GCV.

Pour pallier ces problèmes, il a fallu tourner les questions sous forme de recoupement.

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10

4.3. Des réticences à des questions jugées "délicat es" par l'enquêté

Des paysans craignent que leurs réponses ne soient utilisées contre eux. On a dû les rassurer

plusieurs fois de l'utilisation des informations recueillies pour qu'ils dévoilent la surface de leur

propre rizière ou de leur revenu sur la production et vente de boisson alcoolique artisanale.

Deux fiches d'enquêtes ont dû être invalidées lors de l'analyse des données compte tenu des

contradictions observées sur les chiffres.

4.4. Des difficultés sur l'évaluation de la quantit é de produits récoltés

A l'opposé des entreprises agricoles, l'absence de tenue de compte d'exploitation par les

paysans ne facilite pas l'établissement du tableau de leur solde de trésorerie. De plus, ils quantifient

rarement leur récolte; ce qui a compliqué le calcul des rendements, notamment pour les produits sur

tanety7 et baiboho8.

Le comptage de sacs et l'utilisation d'autres instruments de mesures typiques, comme le "vata"

9 et le "kapoaka"10, étaient les meilleurs moyens d'estimation de leur récolte. On les convertit après

en tonnes.

Encadré 1 : Quelques conversions relatives à la quantification des graines

1 vata de paddy

1 vata de riz blanc

1 kg de riz blanc

1 vata de haricot sec

= 13.50 kg en paddy

= 9.45 kg en riz blanc

= 15.65 kg en riz blanc

= 3.5 kapoaka en riz blanc

= 70 kapoaka = 17.50 kg

Source: Auteur – Août 2003.

Le tableau 12 de l'Annexe 3 présente également la masse volumique de graines de

quelques cultures légumières.

7 On désignera comme parcelle de tanety les champs situés sur les pentes et les sommets des collines. 8 Les terres de baiboho évoquent deux réalités. Dans la moitié occidentale du pays, il s'agit des zones basses humides, voire sous inondation périodique, cultivées à la décrue. Ailleurs, ce terme désigne des terres en lisère latérale des rizières de vallon, aux sols argilo-limoneux et rarement desséchés, portant des cultures intensives de légumes ou taro. L'état des campagnes malgaches en 1995 – Projet MADIO, mai 1996. Page 22. 9 Un bidon d'huile de 20 litres utilisé pour quantifier le paddy. 10 Une boîte de lait concentré de ⅓ litre utilisée pour la quantification des grains.

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11

Conclusion partielle

Il est évident que dans un pays comme Madagascar, où plus de 85 % de la population active

travaillent dans le secteur de l'Agriculture, et où la priorité affichée par les autorités et soutenue par

les bailleurs de fonds internationaux porte sur la lutte contre la pauvreté que l'on sait majoritairement

concentrée dans les zones rurales, les enquêtes menées auprès des paysans constituent des

moyens très indispensables. Elles nous permettent, en effet, d'apprendre et d'étudier le fondement

des problèmes bloquant leur développement.

Pour s'y faire, on a essayé de réaliser cette mission dans de bonnes conditions possibles,

depuis la phase de préparation, d'investigations proprement dites à Ambatondrazaka, jusqu'aux

traitements informatiques des données recueillies.

Malgré des difficultés connues lors de l'entretien avec des minorités d'enquêtés, les objectifs

fixés avant l'élaboration des questionnaires sont atteints grâce aux expériences acquises lors des

différents stages de recherche organisés antérieurement par l'Ecole Supérieure des Sciences

Agronomiques.

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12

II. RESULTATS OBTENUS

1. Typologie d'exploitation basée sur le revenu ann uel brut en paddy du ménage

Au vu des objectifs de l'enquête, une typologie des ménages est élaborée. Trois classes de

ménages sont ainsi définies suivant leur revenu annuel brut en paddy et puis, leur solde de

trésorerie annuel :

� CLASSE 1 : Les ménages dont le revenu annuel brut en paddy est supérieur ou égal à 25 tonnes,

� CLASSE 2 : Les ménages dont le revenu annuel brut en paddy varie de 10 à 24,9 tonnes,

� CLASSE 3 : Les ménages dont le revenu annuel brut en paddy se trouve inférieur à 10 tonnes.

Dans les régions d'Ambatondrazaka, le paddy constitue le principal critère concrétisant le

niveau social des paysans. Il assure en grande partie les dépenses d'exploitation et surtout hors

exploitations.

A cet effet, la probabilité pour qu'un paysan mette en gage une partie de ses récoltes

augmente théoriquement avec sa disponibilité en paddy. Dans la pratique, cette hypothèse ne

pourrait pas toujours être vraie, surtout qu'on parle ici de crédit rural. Des paysans disposant

plusieurs tonnes de paddy penseraient avoir suffisamment d'épargne en nature pour se lancer

encore à un endettement. Ceux qui n'en ont que peu pourraient à leur tour se recourir au microcrédit

GCV pour mieux conserver et capitaliser même leur dit épargne.

C'est pour ces raisons que l'on a pris le "revenu annuel brut en paddy" comme principal

critère de la stratification typologique. Le "solde de trésorerie", qui prescrit le besoin en crédit

extérieur, est pris comme critère secondaire.

Figure 1: Répartition typologiquede la population (%)

CLASSE 350,9

CLASSE 114,2

CLASSE 234,9

CLASSE 1 CLASSE 2 CLASSE 3

Source: Auteur/ Enquêtes auprès des paysans – Août 2003.

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1.1. Classe 1 nettement dominée par les paysans du PC 15

Avec une production moyenne annuelle de 44,5 tonnes par ménage, les paysans du PC 15

représentent 86,6% dans la classe 1. Ils sont aussi dominants dans la classe 2 dont 20,8% par

rapport à l'ensemble de la population. Les exploitants du PC 15 ont en effet bénéficié de l'irrigation

via du barrage de Bevava. Les surfaces rizicoles par ménage y sont assez étendues – pouvant

atteindre les 20 ha – avec un rendement par hectare supérieur, de l'ordre de 3,2 tonnes/ha.

Dans la Vallée Marianina, seules les rizières de la rive gauche11 peuvent jouir de l'irrigation du

canal. La grande partie des surfaces dépend de la pluie, et le rendement y est de 2,9 tonnes à

l'hectare.

Enfin, plus de la moitié des exploitants se trouve dans la classe 3. Leur répartition suivant les

zones PC 15 – Vallée Marianina est plus ou moins équitable tant au niveau effectif que production

de paddy.

Tableau 1: Répartition typologique par zone d'enquête

CLASSE Zone Taux (%) Production moyenne de paddy

par ménage (t/an) PC 15 12,3 44,5

CLASSE 1 VM 1,9 32,1

PC 15 20,8 16,6

CLASSE 2 VM 14,2 15,8

PC 15 24,5 4,7

CLASSE 3 VM 26,4 4,9

Ensemble 100,0 14,2

Source: Auteur/ Enquêtes auprès des paysans – Août 2003.

1.2. Fortes inégalités sur les soldes de trésorerie

L'analyse des budgets des ménages a permis de donner une vision synthétique de la situation

économique des exploitants. Si les classes 1, minoritaires qu'elles soient, expriment des soldes

annuels de l'ordre de 20 millions de fmg, on a constaté que 40,7% des classes 3 ont des restes

inférieurs à 50 000 fmg. Par rapport à l'ensemble de la population, ce cas touche 28,3% des

paysans. La moyenne pondérée est de 5 millions de fmg pour l'ensemble des exploitants; un

montant proche de celui des classes 2, d'après la figure qui suit.

11 Les rizières se trouvant à gauche du canal d'irrigation via du barrage de Bevava.

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14

Figure 2: Soldes de trésorerie des ménages (Fmg/an)

4 970 564

0 5 000 000 10 000 000 15 000 000 20 000 000 25 000 000

CLA

SS

E

Solde (Fmg/an)

Ensemble

CLASSE 1

CLASSE 2

CLASSE 3

Source: Auteur/ Enquêtes auprès des paysans – Août 2003.

2. Caractéristiques des exploitants

Les principaux facteurs de production dans l'agriculture sont la terre, l'équipement agricole et la

force de travail disponible. Compte tenu de la faible mécanisation dans les régions

d'Ambatondrazaka12, les modalités d'accès à la terre et à la main d'œuvre sont les principaux

critères discriminants entre les exploitations agricoles.

2.1. Importance de métayage : un des freins à l'acc ès au crédit agricole

Des inégalités très nettes sont enregistrées dans la répartition foncière. Plus de tiers des

paysans travaille sur une surface rizicole moins de 3 ha par ménage. La superficie moyenne est de

2,1 ha dans la classe 3. De cette dernière, seules les 1,2 ha qui sont en mode de faire-valoir direct.

34,3% des rizières utilisées sont acquis par location et/ou par métayage à mi-fruit. Enfin, environ

7,4% des surfaces en propriété est, soit mis en sous-traitement par son éloignement ou insuffisance

des moyens d'exploitation, soit inexploitable par inondation ou ensablement.

Les surfaces agricoles moyennes utilisées par les exploitants de la région sont de 5 ha pour les

rizières et 0,9 ha pour l'ensemble de tanety et baiboho cultivables.

Le faible accès à la terre des petits producteurs et l'importance de métayage et de location

forment un handicap pour leur transition vers l'économie de marché. Elles ne permettent pas

l'investissement à long terme en constituant un frein à l'accès au crédit bancaire. En effet, les

banques ne disposent d'aucune garantie matérielle de recouvrement, à part les charrues attelées de

faible valeur marchande.

Le crédit accordé à un paysan n'est pas fonction de la valeur des biens qu'il présente

comme garantie; mais il est certain qu'un petit producteur ne possédant que des biens peu

significatifs ne bénéficiera pas de crédit à long voire à moyen terme. Cela oblige la grande majorité

12 En 2000, le nombre de tracteurs à Ambatondrazaka est de 117, et les charrues attelées de 7 264, pour les 31 500 ha de rizières cultivables existantes. Monographie des régions d'Ambatondrazaka et d'Andilamena – DIRDR Circonscription de l'Agriculture Ambatondrazaka, 2001.

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15

des paysans d'Ambatondrazaka à se limiter à la culture de subsistance, à la diversification des

cultures sur des petits périmètres de baiboho et de tanety, et à l'utilisation des petits outillages sans

procéder à l'intensification des cultures.

2.2. Des salariés à la récolte nécessitant 235 000 fmg et 334 kg de paddy par ha de rizière

Dans les conditions de sous-équipement, la force de travail constitue avec la terre, le principal

facteur de production agricole. Sa mobilisation dépend des ressources disponibles des exploitants,

aussi bien humaines que financières. Elle est de trois formes :

- la main d'œuvre familiale disponible à l'agriculture ;

- la main d'œuvre salariée permanente et temporaire, nécessaire pour réaliser un certain

nombre de travaux spécialisés dont la main d'œuvre familiale ne possède pas la maîtrise ;

- enfin, l'entraide qui est peu fréquente dans la région mais peut jouer quand même un rôle non

négligeable d'apport en travail.

Malgré la mobilisation massive de la main d'œuvre familiale, les paysans sont toujours contraints

de faire appel à des salariés, notamment en périodes hautes de cycle cultural (repiquage, sarclage,

récolte, mise en meule et piétinement des moissons en riziculture). Dans l'ensemble, 67,2% de la

taille nette de la famille – main d'œuvre salariée permanente comprise – seulement constitue en fait

les actifs familiaux ; et ceux qui sont disponibles aux travaux d'agriculture ne font que 47,7%.

Les tableaux suivants développent les dépenses d'exploitation sur la main d'œuvre salariée

temporaire au cours d'une campagne de riziculture à Ambatondrazaka :

Tableau 1 : Dépenses sur la MOS temporaire durant la pré-récol te

Mois Nov-déc Nov-déc Déc-jan Déc-jan Déc-jan Déc-jan Fév Itinéraire technique

LABOUR (Fmg/ha)

CANALISATION (Fmg/ha)

HERSAGE (Fmg/ha)

DIGUETTE (Fmg/ha)

ARRACHAGE (Fmg/ha)

REPIQUAGE (Fmg/ha)

SARCLAGE (Fmg/ha)

Classe 1

Classe 2

Classe 3

95 875

97 542

144 661

21 852

30 321

22 967

127 903

87 674

128 453

28 948

12 061

26 529

36 397

33 627

45 334

144 926

134 886

134 418

92 293

72 898

63 739

Ensemble 119 319 25 366 114 747 22 592 39 356 136 150 73 271

Taux (%)* 46,2 16,0 36,8 28,3 84,0 95,3 58,5

* Pourcentage des exploitants faisant appel à la MOS temporaire

Source: Auteur/ Enquêtes auprès des paysans – Août 2003.

Page 32: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

___________________________________________________________________

16

Tableau 2: Dépenses sur la MOS temporaire à la récolte

Mois Mai Mai Juin Juin COUPE MISE EN MEULE PIETINEMENT TRANSPORT Itinéraire

technique Fmg/ha

Kg de

paddy/ha Fmg/ha

Kg de

paddy/ha Fmg/ha

Kg de

paddy/ha Fmg/ha

Kg de

paddy/ha

Classe 1

Classe 2

Classe 3

116 276

103 135

114 202

63,0

65,3

67,8

72 900

68 750

66 039

112,3

109,3

104,3

52 693

39 315

94 059

119,8

62,7

66,5

61 442

52 778

47 864

0,0

82,9

95,9

Ensemble 110 575 65,5 67 514 108,2 72 312 80,1 51 973 88,7

Taux (%)* 81,1 63,9 25,4 18,8

* Pourcentage des exploitants faisant appel à la MOS temporaire

Source: Auteur/ Enquêtes auprès des paysans – Août 2003.

Il faut remarquer qu'à la récolte, les salariés temporaires sont payés en liquide en plus des

quantités de paddy qu'on leur doit céder. Le travail de mise en meule y fait exception, pour lequel

l'employeur peut payer les salariées soit exclusivement en nature (82,3% des cas), soit en espèce.

Ainsi, de la récolte au transport de paddy jusqu'au village, la main d'œuvre salariée coûte

en tout une somme de 234 860 de fmg et 333,5 kg de paddy par hectare de rizière exploitée, au

paysan.

Toutefois, ce dernier n'est pas obligé d'appeler des salariés pour chaque itinéraire technique pour

des raisons suivantes :

□ Insuffisance de moyens financiers

□ Faible production n'exigeant pas trop de

tâches

□ Existence d'entraide entre famille

□ Main d'œuvre familiale assez nombreuse

□ Disponibilité de moyens matériels pour le

piétinement et le transport des produits

2.3. Vente de paddy : principale source de liquidit é des paysans

A part la commercialisation des produits maraîchers, et quelques têtes de volailles en

décembre pour certains paysans, les revenus dus à la vente de paddy assurent la quasi-totalité des

dépenses d'exploitation et hors exploitation de ménage. Certains paysans n'ont guère les moyens

de retenir des stocks pour spéculer la hausse des cours quelques mois après la récolte, et le plus

gros des ventes se fait rapidement dès le mois de juillet.

Pour d'autres, il est probable qu'il s'agirait surtout de ventes de détresse causées par un besoin

impératif de liquidité, alors que le prix du paddy est au plus bas dans l'année. Plus d'un paysan vend

également ses récoltes pour dépenser rapidement l'argent perçu qui lui brûle les doigts : achat de

rhum, de bière, de billets pour des concerts et séances vidéo-films, etc., sans prévoir de

réinvestissement pour la prochaine campagne de culture.

Page 33: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

___________________________________________________________________

17

Seuls les exploitants de la classe 1 et une minorités de la classe 2 arrivent à attendre la période de

soudure pour liquider leur surplus de production.

Figure 3 : Vente mensuelle de paddy selon les classes(Quantité en tonnes)

0,00

1,00

2,00

3,00

4,00

5,00

6,00

7,00

8,00

9,00

jan fév mars avr mai juin juil août sept oct nov déc

Mois

Qua

ntité

(T

onne

s) Classe 1

Classe 2

Classe 3

Ensemble

Source: Auteur/ Enquêtes auprès des paysans – Août 2003.

Généralement, les principaux objets de la vente de paddy , à part les besoins en produits

de première nécessité, durant la période post-récolte sont les suivantes :

� En juin : - paiement de MOS temporaire utilisée durant la récolte

- besoins pour la festivité durant la fête nationale

� En juillet : remboursement des dettes auprès des particuliers

� En août : - remboursement des dettes auprès des institutions financières

- achat d'intrants pour les cultures contre-saison

- paiement de MOS permanente

- location de rizières pour la prochaine campagne de culture

� En septembre : participation à des obligations au niveau familial comme exhumation,

circoncision et cérémonie de mariage

Encadré 2 : Enoncé caractérisant la dépendance des revenus des producteurs vis-à-vis des ventes de céréales

"… plus le producteur dépend de la vente de céréales pour obtenir des revenus monétaires – c'est-à-dire moins il dispose de revenus alternatifs tels que les cultures de rente, le bétail, le maraîchage ou autre culture de contre saison, revenu de commerce ou de l'émigration, etc. –, moins il sera libre dans sa stratégie de vente, ce qui le conduira à pratiquer d'autant plus de ventes de surcommercialisation." Source : FAO, 1990 in L'état des lieux de la filière riz à Madagascar.

ANTANANARIVO : UPDR, 1996. – Volume 2, 360 pages

Page 34: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

___________________________________________________________________

18

2.4. Le marché de paddy dans la Vallée Marianina, m onopolisé par un seul collecteur

Depuis la libéralisation, les cartes professionnelles de collecteur ne sont plus exigées et leurs

zones d'action ne sont plus limitées. A la suite de cette nouvelle politique, on constate une

désorganisation de la collecte et une multiplication de collecteurs13 dans les régions

d'Ambatondrazaka.

La suppression des prix planchers au producteur fait aussi partie de la politique libérale. La loi

de l'offre et de la demande détermine ainsi le prix de paddy chez les producteurs.

Figure 4 : Evolution des cours de paddy, variété MK 34,dans la Vallée Marianina et PC-15 (Année 2003)

0200400600800

1000120014001600

jan fév mars avr mai juin juil août sept oct nov déc

Mois

Prix

(F

mg/

kg)

PC-15

V. M.

Source: Auteur – Janvier 2004.

Le prix de paddy aux producteurs a légèrement augmenté au cours de cette campagne de

collecte 2003 par rapport à celui de l'année pécedante14. Malgré cela, dans la Vallée Marianina, la

majorité des producteurs sont à la merci du monopole d'un seul collecteur chevronné. Celui-ci

achète le paddy à très bas prix et fidélise les paysans en leur accordant de crédit usuraire en nature

durant la soudure. Lui seul couvre toute la Commune d'Ilafy, en utilisant des commissionnaires

récrutés sur place et payés à 35 fmg par kilo collecté. Un commissionnaire rassemble entre 45 et 70

tonnes de paddy jusqu'à la clôture de la campagne de collecte en mi-août.

Il est équipé de :

- un magasin de stockage de capacité de plus de 2 500 tonnes, bâti dans une grande

enceinte situé à Fiherenana, Fokontany Ilafy

- deux rizéries

- trois tracteurs à remorque

- deux camions lourds

- plusieurs bascules.

13 Les différents types de collecteurs y sont actuellement : collecteurs riziers, collecteurs ambulants et tireurs au vol. 14 En 2002, le prix moyen du kilo de paddy acheté aux producteurs restait à 800 fmg de mai en juillet.

Page 35: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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3. Les marchés financiers ruraux dominés par les pr êteurs informels

3.1. De problèmes de trésorerie en soudure, conduis ant au crédit usuraire "vary

maintso"

Avant d'aborder le crédit formel, une brève étude des mécanismes de l'usure , encore très

pratiqués dans les régions d'Ambatondrazaka, est indispensable.

Les pratiques usuraires présentent les caractéristiques suivantes :

- Le crédit reste individuel ;

- Les usuriers ne sont pas une catégorie particulière de la population ; tous ceux qui ont un peu

d'argent, surtout durant la période de soudure, sont des usuriers potentiels : commerçant,

fonctionnaires (notamment les instituteurs des écoles publiques), paysans aisés ;

- Le prêteur et l'emprunteur se sont connus depuis plusieurs années ;

- Les formes sont de deux types : prêt d'argent ou prêt en nature (paddy ou riz blanc) remboursé

en paddy, et prêt d'argent remboursé en argent même ;

- Le système est souple : déblocage immédiat de la somme demandée, négociation sur

l'échéance du remboursement et pas de dossier à préparer à part un simple contrat par écrit ;

- Le coût de l'opération est extrêmement élevé pour l'emprunteur, du fait de l'intérêt payé pouvant

atteindre 100% du capital. L'endettement usuraire peut précipiter des familles dans la famine

en les dépouillant de leurs terres.

Le crédit informel touche presque la moitié des paysans de la Vallée Marianina et ceux de PC-

15. Parmi eux, 32,7% emprunte pour la nourriture en soudure ; et 25% pour la réalisation des

travaux agricoles.

Il existe trois types de prêts selon leur objet :

a) Une exception, les prêts familiaux gratuits

Le montant des prêts familiaux dépasse rarement 50 000 fmg. Ces sommes ne sont pas

destinées à des investissements productifs. Ce sont des prêts de secours en cas de

maladie, de décès ou d'évènements imprévus. Il n'y a pas de garantie matérielle exigée ni

de contrat écrit, et la durée du prêt est assez courte, au maximum quelques mois.

Mais le recours à la famille n'est pas toujours possible, celle-ci étant parfois aussi démunie

que l'emprunteur dans le besoin.

b) Les prêts "sociaux"

Les familles qui n'ont plus de riz au moment de la soudure, ni de l'argent pour en

acheter, sont obligées d'emprunter de quoi survivre. Le coût exorbitant des médicaments

ainsi que les obligations sociales contraignent aussi les ménages à emprunter dans le circuit

usuraire. La figure suivante montre les pourcentages des paysans devant acheter ou

emprunter du riz après tarissement de leur stock.

Page 36: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

___________________________________________________________________

20

Figure 5 : Pourcentage des paysansqui achètent du riz blanc en soudure (En%)

0,0

10,0

20,0

30,0

40,0

50,0JAN

FEV

MARS

AVR

MAI

JUIN

JUIL

AOUT

SEPT

OCT

NOV

DEC

Source: Auteur/ Enquêtes auprès des paysans – Août 2003.

Dans la Vallée Marianina, 25 kg de riz blanc emprunté au collecteur au mois de mars

est remboursé 60 kg de paddy à la récolte en juin, soit 180% en 4 mois .

L'emprunteur peut aussi vendre des quantités de paddy sur pied à un usurier et à un prix

très inférieur à celui du marché au moment de la récolte (600 fmg le kilo) ; c'est le fameux

"vary maintso" à Ambatondrazaka.

c) Les prêts de campagne

Beaucoup de paysans sont contraints d'emprunter pour acquérir des semences, pour

payer les repiqueuses ou appeler des salariés quand la main d'œuvre familiale ne suffit pas.

La majorité des classes 3 n'arrivent pas à garder de semences ou à renouveler celles-ci pour

la prochaine campagne de culture. 85 kg de paddy prêté au collecteur en période de semis

doit être ainsi remboursé 160 kg à la récolte, soit 188,2% en 7 mois .

Certains prêteurs exigent comme garantie la mise en gage de rizières ou de baiboho. La

gage de rizière est, pour les usuriers, la méthode d'accumulation de la terre la moins coûteuse : si

l'emprunteur ne peut rembourser sa dette à une date convenue, le prêteur saisit la gage.

Le graphe suivant met en relief la relation des paysans de la zone d'étude, avec les prêteurs

formels et informels, et les institutions financières.

Page 37: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

___________________________________________________________________

21

Figure 6 : Relation des paysans avec les institutions financi ères

10,3%

6,9%

4,3%

12,9%

12,1%17,2%

35,3%

0,9%

BOA

OTIV

Opérateurs riziers (FCP)

Programme ARTA

Collecteurs usuriers

Particuliers usuriers

Famille

Non concernés

Source: Auteur/ Enquêtes auprès des paysans – Août 2003.

D'après cette figure, 25% des paysans sont dépendants presque annuellement des usuriers,

collecteurs ou particuliers, parmi les quels le deux-tiers appartient à la classe 3. Plus de la moitié de

la population ne sont pas, par contre, concernées par le prêt à intérêt ; soit, ils vont recourir auprès

de leur famille soit, ils n'empruntent jamais pour diverses raisons.

3.2. Crédit bancaire plus orienté vers les Associat ions à Caution Solidaire

Avec un réseau bancaire particulièrement large, la BOA entretient le principal dispositif de

services financiers formels, complets et opérationnels dans les régions d'Alaotra. Une agence

couvre tout le fivondronana d'Ambatondrazaka.

Depuis la fin des opérations "Financement du monde rural ou FMR" (Voir Annexe 2, F.), les

octrois de crédit direct aux agriculteurs se sont fortement contractés. Les crédits sont distribués sous

deux formes :

- le crédit de faisance-valoir, destiné au financement de la riziculture et se répartit en prêt

ACCS (Association de Crédits à Caution Solidaire) et CACT (Crédit Agricole à Court

Terme),

- le crédit de stockage ou crédit GCV.

Page 38: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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22

Encadré 3 : Définitions des trois types de crédits agricoles o fferts par la BOA

� Le prêt ACCS ou Association de Crédits à Caution Solidaire est un prêt de campagne, octroyé au groupement de producteurs sur la base des besoins de financements d'une production "normé" (un itinéraire technique standard est vulgarisé par les services de l'agriculture) et donc d'une valeur équivalente par unité de surface cultivée. La garantie est apportée par l'engagement de caution solidaire de chacun des membres de l'association sur la totalité des sommes dues.

� Le prêt CACT ou Crédit Agricole à Court Terme , comme celui d'ACCS, est également un prêt de campagne. A la différence du premier, le CACT est un crédit individuel et dont les garanties sont matérielles.

� Enfin, le crédit GCV ou Greniers Communs Villageois consiste à octroyer à la récolte un prêt garanti par un stock de produit entreposé dans un local commun à un groupement de paysans et nanti au profit du prêteur. Le montant prêté par kilo de paddy stocké, appelé "quantum" , est évalué à 80% de la valeur du stock à la récolte. Le remboursement, 4 à 7 mois plus tard, est facilité par la progression des cours qui montent généralement entre la récolte et la soudure.

Source: BOA – Août 2003.

Avant de s'approfondir sur le crédit GCV, les points de vue des paysans sur la banque BOA,

recueillis au cours des enquêtes, sont présentés ci-après :

- La banque est loin, physiquement et socialement, des paysans : les paysans empruntent

éventuellement, quand ils arrivent à monter un dossier de crédit mais n'y déposent

jamais d'argent. Pour certains, la BOA est encore liée à l'Etat, à qui ils n'ont plus

confiance ;

- Son image est ternie par des échecs antérieurs du FMR durant lequel les paysans soit

n'ont pas remboursé, soit ont subi des poursuites judiciaires ;

- Les retards de déblocage des fonds, qui persiste encore au cours de la campagne de

culture 2002-2003, entraînent des pertes en temps et en argent pour l'emprunteur par les

va et viens du village au siège de la banque à Ambatondrazaka. Ceux-ci amènent ce

dernier à se recourir auprès des usuriers pour rattraper le repiquage ;

- Les formes de prêts restent très classiques et les activités financées sont peu diversifiées.

Or, beaucoup de paysans de la classe 3 ne sont pas intégrés ni intégrables dans

l'organisation actuelle.

Page 39: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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23

3.3. Le GCV : la seule forme d'Association liant l' épargne et le crédit

Les options d'épargne monétaire dans les banques ou les IFM sont rarement utilisées par

les paysans. Ces derniers préfèrent effectuer de l'épargne dans des biens réels, qui est plus

rémunératrice et porte moins de risque de pertes causées par des crises macroéconomiques et de

l'inflation. L'épargne de précaution sous forme de céréales et tubercules, et d'animaux joue un rôle

important dans la stabilisation des disponibilités et de la consommation des ménages ruraux.

Néanmoins, cela ne donne pas de solution au faible accès au crédit de ces derniers.

A ce propos, le GCV est la forme la plus originale d'association liant l'épargne et le crédit .

Elle vise en effet à sécuriser le crédit octroyé à des agriculteurs, en s'appuyant sur des contrats de

stockage.

La vulgarisation du GCV à travers les sensibilisations et explications de son fonctionnement seraient

impératives étant donné ses avantages méconnus par bon nombre de paysans ; l'objectif est

d'augmenter le taux de bancarisation des exploitant s agricoles .

Dans la région Alaotra, les agences BTM15 d'Amparafaravola et de Tanambe ont commencé

à lancer le crédit GCV à partir de 1998. Il n'est effectif à Ambatondrazaka qu'en 2003, faisant

bénéficier 21 clients de la banque BOA et 26 clients de la caisse OTIV. Ces chiffres restent encore

faibles par rapport à ceux des rives Ouest et Sud-Ouest du lac (Cf. Annexe 5, Tableau 20).

Quant au recouvrement, le taux était de 88,2% avant la mobilisation de fonds de garantie

pour les agences BOA d'Amparafaravola et de Tanambe en 2002, et 100% en 2003. A

Ambatondrazaka, le taux de recouvrement est 100% à l'échéance du 31 décembre 2003.

Sur l'ensemble de Madagascar, le crédit GCV de la BOA a connu une importante

augmentation durant les cinq dernières années consécutives. Ceci est dû notamment au

refinancement apporté par la banque à l'ensemble du réseau CECAM, faisant bénéficier 46 675

membres de ce dernier.

Le taux de recouvrement avant mobilisation du fonds de garantie est souvent proche de

97%, à part celui d'Antsirabe où, en 2002, les paysans ont de difficulté à assurer l'échéance suite à

la crise politico-économique que traversait le pays.

15 BTM: Bankin'ny Tantsaha Mpamokatra, Banque des paysans producteurs; fondée le 1er janvier 1977 suivant Ordonance N° 76 – 046 du 27 décembre 1976. Elle a pour mission de promouvoir le développement rural pour le financement des activités agricoles. Privatisée en 1999, ses activités sont repris par la Bank Of Africa (BOA).

Page 40: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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24

La figure suivante montre l'évolution du produit "crédit GCV", au niveau national16, de la BOA

depuis 1998.

Figure 7 : Evolution des octrois de prêts GCV par la BOAsur l'ensemble de Madagascar

0

2 000

4 000

6 000

8 000

10 000

12 000

1998 1999 2000 2001 2002

Année

Nom

bre

de

béné

ficia

ires

0

2 000

4 000

6 000

8 000

10 000

12 000

14 000

16 000

Montant

(Millions de fm

g)

Nombre de bénéficiaires Montant (Millions de fmg)

Source : Rapports d'activités DDMF/BOA 1999 – 2003.

3.4. Près de 84% des paysans voit le GCV nécessaire

La figure suivante illustre le niveau d'appréciation du crédit GCV par les paysans.

Figure 8 : Niveau d'appréciation du microcréditGCV par les paysans

0%10%20%30%40%50%60%70%80%90%

100%

Classe 1 Classe 2 Classe 3 ENSEMBLE

Tau

x (%

)

NON-INTERESSES INTERESSES

Source: Auteur/ Enquêtes auprès des paysans – Août 2003.

Parmi la population totale, environ 84% des paysans voit le GCV nécessaire. La grande

majorité d'entre eux appartient aux classes 2 et 3 (au total, 84,5% de ceux qui s'y intéressent).

Pourtant, être intéressé au GCV ne veut pas dire tout de suit e l'appliquer . Beaucoup

d'entre eux trouvent encore de contraintes face à certaines conditions de la BOA sur l'accès à ce

16 Les Agences BOA ayant débloqué de prêts GCV en 2002 : Ambositra, Mahitsy, Antsirabe, Miarinarivo, Amparafaravola et Tanambe.

Page 41: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

___________________________________________________________________

25

type de crédit. La figure suivante illustre les contraintes des paysans sur le système de crédit GCV

de la banque.

Nota bene : Les résultats présentés ci-après peuvent être influencés par l'absence de

sensibilisation effective des paysans par la banque et/ou par les faits antérieurs vécus ou vus par ces individus.

Figure 9 : Les opinions des paysans sur les conditionsd'accès au crédit GCV de la BOA

4,3%5,8%

4,3%

1,4%

4,3%

7,2%

11,6%

4,3%11,6%

21,7%

23,2%

Auto conservation de paddy

Veut être individuel

Ne veut pas prendre de risque

FGM trop cher

GCV 2003 en cours

Accepte les conditions de la BOA

FGM trop cher

Membre de groupement pénalisé par labanqueProblème de silo et/ou gardiennage

Veut être 2 ou 3 par groupe

Veut prendre encore de temps pour yrefléchir

Ne veut pas s'engager avec les autrespaysans sur question d'argent

Source: Auteur/ Enquêtes auprès des paysans – Août 2003.

Plus de 27% des enquêtés sont défavorables au cautionnement mutuel entre plusieurs

individus; 78,9% d'entre eux, intéressés au crédit GCV, propose un effectif plus restreint d'associés

par groupement. 11,6% de la population intéressée connaît entre autre le Fonds de Garantie

Mutualiste (FGM) comme principal facteur de blocage sur leur accès à ce type de crédit.

Par ailleurs, 23,2% des interrogés affirme favorable au GCV mais veut encore réfléchir sur

les conditions de la banque et attend les éventuelles informations-sensibilisations venant de cette

dernière.

Dans les parties qui suivent, les atouts et les contraintes des différents composants du

système microcrédit GCV sont approfondis.

DEFAVIRABLESDEFAVIRABLESDEFAVIRABLESDEFAVIRABLES

AU GCVAU GCVAU GCVAU GCV

FAVORABFAVORABFAVORABFAVORABLESLESLESLES

AU GCVAU GCVAU GCVAU GCV

Page 42: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

___________________________________________________________________

26

3.4.1. Avantages du crédit GCV : fonction du tonnag e, de la durée de stockage et de

la différence entre "cours de paddy au déstockage e t quantum"

Une étude comparative – ayant comme objectifs d'identifier et de comparer les gains

obtenus respectivement par un groupement effectuant de GCV avec la BOA d'un côté, et de l'autre

côté un autre groupement qui vend après la récolte une partie de ses paddy et conserve le reste – a

permis de constater que :

■ Les groupements tirent plus de profits dans la mesure où le tonnage de paddy est plus

élevé ;

■ D'une manière générale, le groupement pratiquant de GCV gagne plus par rapport à celui

qui n'en pratique pas. Ces gains évoluent très rapidement et de façon exponentielle au fur et à

mesure que le tonnage stocké augmente ;

■ Pour une durée de stockage supérieure ou égale à 6 mois, avec une différence entre le

prix de paddy à la récolte et le prix de vente au déstockage inférieur ou égale à 200 fmg/kg, le

groupement n'effectuant pas de GCV gagne plus par rapport à l'autre groupement, et ce quel que

soit le tonnage.

L'avantage tenu par le groupement pratiquant de GCV reste encore faible dans la mesure où

cet écart de prix se rapproche de 250 fmg/kg. Seulement, la pratique de GCV garantit au

groupement la conservation de leur paddy jusqu'à l'augmentation des cours.

Page 43: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

___________________________________________________________________

27

La représentation suivante illustre graphiquement ces résultats17; le mode de calcul et les

tables de données à triples entrées à l'origine desquels se trouvent en Annexe 4 :

Figure 10 : Appréciation des avantages du GCV selon le tonnage ,le quantum et la durrée de stockage

0,00

0,50

1,00

1,50

2,00

2,50

3,00

3,50

4,00

4,50

Tonnage (Tonne)

Indi

ce d

e re

ntab

ilité

2 mois

3 mois

4 mois

5 mois

6 mois

7 mois

On peut également tirer de ce graphe que les gains encaissés par les groupements

augmentent dès que l'écart de prix du paddy entre la récolte et le déstockage s'élève. Ces gains

diminuent lentement à la longueur de la durée de stockage, pour le cas de GCV, par l'existence des

intérêts mensuels à payer. Par contre, ils restent indifférents de cette durée chez le groupement ne

pratiquant pas de GCV.

17 Les résultats issus de l'utilisation des prêts bancaires, pour le pratiquant de GCV, et des recettes dues à la vente de paddy après la récolte, pour le non-pratiquant, ne sont pas considérés dans les calculs.

Durée de stockage

Sans GCV

Avec GCV

10 20 30 40 50 60 70

Ecart de prix du paddy entre la récolte et le déstoc kage (Fmg/kg)

100 200 300 400 500 100 200 300 400 500 100 200 300 400 500 100 200 300 400 500 100 200 300 400 500 100 200 300 400 500 100 200 300 400 500

Source: Auteur – Novembre 2003.

Page 44: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

___________________________________________________________________

28

3.4.2. Environ 44% des chefs d'exploitation n'ont p as de diplôme CEPE

La connaissance de niveau d'instruction des paysans est nécessaire dans la mesure où le

succès des interventions en zones rurales en dépend.

3,8

40,6

47,2

6,6

0,0

10,0

20,0

30,0

40,0

50,0

60,0

Tau

x (%

)

Illettré Lire et écrire Secondaire Universitaire

Figure 11 : Niveau d'instruction des paysans

CLASSE 1 CLASSE 2 CLASSE 3 Ensemble

Source: Auteur/ Enquêtes auprès des paysans – Août 2003.

La faible croissance économique depuis 1975, associée à de fortes contraintes financières,

a conduit à une réduction du budget public consacré à la promotion de l'éducation en milieu rural.

De leur côté, les familles, préoccupées par les travaux agricoles et le manque de moyen financier,

ne considèrent plus l'enseignement comme priorité. A cet effet, 44,3% des chefs de ménage

enquêtés n'ont pas de diplôme CEPE, suite à des abandons précoces d'école.

Les niveaux éducatifs et culturels de ces individus sont pourtant déterminants pour leur

entrée dans la vie économique; c'est-à-dire qu'ils conditionnent leur motivation à s'opérer avec les

institutions financières, leur aptitude à utiliser rationnellement et à multiplier les capitaux disponibles.

Page 45: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

___________________________________________________________________

29

3.4.3. Un taux d'intérêt à la portée des exploitant s

La BOA détermine le taux d'intérêt suivant la fluctuation du taux directeur de la BCM. Pour le

crédit agricole, il était de 24,3% HT par an en 2003 et reste toujours le moins coûteux par rapport à

ceux des autres institutions financières. Seulement, la banque met à la charge des emprunteurs les

coûts spécifiques18 sur les GCV.

L'OTIV, quant à lui, applique un taux mensuel fixe de 3% mais prend en charge les coûts

spécifiques.

0

0,5

1

1,5

2

2,5

3

Figure 12 : Comparaison de taux d'intérêt mensuel appliqué au crédit GCV

BOA OTIV CECAM

Sources: BOA, OTIV, CECAM – Août 2003.

Le niveau de taux d'intérêt dépend surtout des coûts de l'opération dus au montage des

dossiers, aux suivis des prêts et aux différentes charges de l'Institution financière.

Le taux élevé décourage certains paysans de solliciter de crédits auprès des institutions financières.

Les prêts iront en conséquence vers les producteurs capables de payer à des taux élevés. Il ne faut

pas quand même omettre l'existence des "mauvais payeurs" osant demander de crédit malgré le

niveau du taux.

Depuis quelques années, la fixation du taux d'intérêt pratiqué implique le niveau de risque

par l'augmentation du taux de base ou, indirectement par l'augmentation du Fonds de Garantie

Mutualiste.

18 Dans le cas de crédit GCV, les coûts spécifiques sont composés par: 1- Le frais de location du silo, 2- L'achat de raticides, 3- L'amortissement des serrures, 4- Le frais de gardiennage, et 5- Les primes d'assurance. (Cf. à l'Annexe 4 - tableau 15 pour une étude de cas)

Page 46: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

___________________________________________________________________

30

Encadré 4 : Faut-il bonifier les crédits agricoles pour abaiss er

les taux d'intérêts ?

Suggestion avancée durant l'Atelier de Concertation Nationale sur la Microfinance Rurale en fin janvier 2003, la bonification des taux d'intérêts par l'Etat constitue encore l'un des principaux axes de travail proposés par les représentants de l'APIFM et de l'AIM lors des ateliers thématiques qu'elles ont organisé à Antananarivo les 16 et 17 juin 2003. L'objectif est d'intégrer les populations à faibles revenus, non bancarisées tant en milieu rural qu'en milieu urbain, dans l'accès au microcrédit.

Les taux d'intérêts bas peuvent effectivement encourager les fermiers à solliciter plus de

crédit, à se moderniser et à se développer rapidement. Cependant, ils connaissent aussi des inconvénients :

i) Les bonifications, déjà contradictoires à la politique de désengagement de l'Etat,

augmentent les dépenses de ce dernier. Ces fonds devraient être utilisés par la Banque Centrale pour libérer plus de fonds à prêter aux taux d'intérêts habituels et rémunérateurs. Ainsi, moins de fonds sont disponibles lorsque les taux d'intérêts sont bonifiés ;

ii) Les bonifications peuvent profiter plus aux riches qu'aux petits paysans, en empruntant

beaucoup plus et en ne laissant que peu d'argent pour les autres ; iii) Les intérêts bonifiés n'encouragent pas l'utilisation des crédits à des fins plus productifs par

l'emprunteur. Ce dernier ne se sent pas, en fait, obligé de réaliser plus de plus values pour le remboursement des dettes.

Sources: Auteur – Août 2003.

3.4.4. Difficulté de constitution de fonds de garan tie mutualiste (FGM) après les

dépenses lors de la récolte

Le Fonds de Garantie Mutualiste ou FGM est un apport monétaire du groupement,

montant de 10 à 20% du crédit octroyé. Il sert notamment pour la banque de garantie contre les

prêts.

Quand des problèmes surviennent, comme les difficultés de remboursement par un ou

quelques membres du groupement, il y a deux attitudes :

■ Les membres du groupement ne se font plus confiance entre eux et refusent de sortir de l'argent

de leur poche si le débiteur est insolvable ; d'où, l'importance du FGM avec la mobilisation duquel,

par la banque, chacun doit participer à tort ou à raison au règlement de la dette ;

■ Les membres acceptent d'avancer les dettes du défaillant pour éviter au groupement des

problèmes avec la banque. Ils contraignent par la suite ce débiteur de rembourser leur argent d'une

manière ou d'une autre, sur laquelle la banque n'a plus à faire. Cela peut entraîner, comme la

première attitude, des conflits sociaux entre les membres du groupe.

Dans le cas de crédit GCV, le problème de FGM se repose surtout sur la disponibilité de

liquidité des paysans après la récolte , après avoir cédé des quantités de paddy au prix non

Page 47: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

___________________________________________________________________

31

rémunérateur pour le paiement des salariés utilisées lors de la récolte (Voir Tableau 2, page 16) ou

pour d'autres nécessités.

La revendication de ce fonds obligerait une fois de plus les paysans à vendre de paddy au moment

où les cours se trouvent encore plus bas ; ce qui est contradictoire à leur objectif sur la pratique de

GCV.

Encadré 5 : Sur la question "Faut-il supprimer le FGM ?", ils disent …

"Le prêt GCV est certainement le crédit présentant le moins de risque parmi les crédits agricoles; n'empêche que la banque doit sécuriser les crédits les plus sûrs possibles. Il n'est pas raisonnable de supprimer le FGM. Quel que soit notre champ d'activité, au niveau paysans ou citadins, une banque reste toujours une banque."

Rémi RAKOTOMALALA , Directeur d'Agence BOA Soarano Ex-Directeur d'Agence BOA Ambatondrazaka

"Beaucoup de paysans sont convaincus de l'importance et de l'avantage des GCV, mais leur

facteur de blocage reste toujours sur la constitution de FGM et/ou la disponibilité de magasin de stockage adéquat. A la prochaine campagne, nous insisterons auprès de la Direction Déléguée de la Microfinance (DDMF) sur la nécessité de supprimer ce fonds."

Falisoa RAMAHAZAKAMANANA , Responsable du Crédit Rural BOA Ambatondrazaka

"On met déjà notre paddy entre les mains de la banque, qui ne nous accorde qu'un crédit sur le 80% du stock et aux cours inférieurs. Elle nous demande en plus de cela d'avancer une somme pour renforcer cette garantie. N'est-il pas trop exagéré de la part des banquiers ? "

Paysan membre d'ACCS, BOA Ambatondrazaka "Etant donné le mise en gage des paddy, facilement commercialisable, et l'avance sur produits (ASP) inférieure, nous pensons que la constitution de FGM n'est plus nécessaire."

Samoela RATOVOHERIVELO , Agent de Développement du Réseau OTIV Lac Alaotra

Sources: Auteur – Août 2003.

Malgré les critiques lancées contre le FGM, certes constructives, on peut avancer les

arguments suivants :

■ Le FGM constitue un dépôt garantissant le remboursement à 100% des emprunts, et dont

la mobilisation serait moins coûteuse pour la banque compte tenu de la complexité ou l'inefficacité

des recours judiciaires. Ces derniers peuvent même rendre plus difficiles les activités financières en

milieu rural19 ;

■ Le FGM est la seule garantie disponible de suite, non seulement en cas de vol ou incendie

du magasin de stockage, mais aussi quand les cours de paddy restent inférieurs au moment de

déstockage ;

19 Les recours judiciaires poussent les paysans à se méfier davantage des institutions financières.

Page 48: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

___________________________________________________________________

32

■ Le FGM incite les emprunteurs à utiliser davantage les crédits pour des activités

génératrices de revenu afin qu'ils puissent le récupérer ;

■ Le FGM est une initialisation à la constitution d'une épargne monétaire des paysans dans

la banque.

Par ailleurs, le montant du fonds de garantie mutualiste à 10% du prêt paraît insignifiant pour

qu'il puisse assurer la totalité des intérêts à payer. En effet, quel que soit le tonnage du

dépositaire, son FGM couvre seulement les intérêts jusqu'au quatrième mois de stockage, durée

minimale acceptée par la banque.

Figure 13 : Recouvrement de l'intérêt par le FGM selon la duré e de stockage, pour 1 tonne stockée

500

600

700

800

900

1 000

1 100

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Durée de stockage (mois)

Qua

ntum

(F

mg/

kg)

10

30 50

70 90

110 130

150

170 190

Intérêt (*1000 fmg) &

F

GM

(*1000 fmg)

Quantum Intérêt FGM

Source: Auteur – Octobre 2003.

Page 49: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

___________________________________________________________________

33

3.4.5. De la caution solidaire aux conflits sociaux

Encadré 6 : Résoudre les problèmes de garantie matérielle par la caution solidaire

La caution solidaire , inspirée des organisations informelles au sein des familles, des villages

et de groupes sociaux divers, est née de l’idée de trouver des formes de garanties alternatives pour les individus et les ménages pauvres qui n’avaient pas de garanties physiques suffisantes à fournir aux prêteurs pour recevoir un crédit.

Le principe de la caution solidaire veut qu’au sein d’un groupe d’emprunteurs qui se sont

choisis librement, tous sont responsables du bon remboursement de l’ensemble du groupe. La caution solidaire s’appuie sur les liens sociaux entre les individus (parenté, voisinage, classe d’âge, relations d’alliance, d’association, d’amitié) et repose sur les pratiques ancestrales des valeurs de solidarité, d’honneur et de respect des engagements.

La sanction en cas de mauvais remboursement est le refus d’un nouveau prêt pour tous les

membres du groupe, qu’ils aient ou non remboursé à titre individuel.

Source: Le financement de l’agriculture familiale dans le contexte de libéralisation : quelle contribution de la microfinance ? Séminaire de DAKAR, du 21 au 24 janvier 2002. Bulletin d’information post séminaire / Fiche n°8 : Potentialités et limites de la caution solidaire.

La multiplication de groupements serait un succès de la structuration du monde rural. Elle

favorise en effet l'accès au crédit bancaire et aux services d'encadrement.

Auparavant, beaucoup de groupements ACCS ont été créés très rapidement de manière

opportuniste dans l'Alaotra. L'absence de statut réglementaire strict, basé sur la caution solidaire,

régissant l'association constitue toutefois une entrave à cette dernière. Les règles sont mal

comprises pour la plupart des paysans ou, comprises mais ne sont pas appliquées en cas

d'impayés ; c'est-à-dire qu'il n'y a aucune solidarité ni de véritable pression sur les défaillants. Ils

prennent, en effet, le groupe solidaire comme une condition d'accès au crédit et non comme la

garantie du prêt.

Ce manque de maturation a provoqué de conflits intra-groupements car la grande partie

du crédit est détournée au profit de quelques personnes seulement. Ainsi, soit les membres

prennent le risque de garantir le crédit des autres pour lesquels le montant est plus élevé, soit, ils se

déchargent sur ceux qui ont effectivement assuré la responsabilité de l'opération – notamment le

président et le trésorier du groupement – en cas de non-remboursement. Cela a conduit à la

dissolution de bon nombre de groupements ACCS.

Crédit GCV ou ACCS, certains paysans ne se font plus confiance et rejettent le système de

caution solidaire. Plus du quart des enquêtés favorables au GCV propose le groupement de 2 ou 3

paysans pour un magasin de stockage, par le fait qu'il leur est difficile de trouver des partenaires à

la fois honnêtes et solvables. Mais, à part la faible répartition de risque de non-recouvrement, cela

nécessiterait à chaque membre d'énorme quantité de paddy à stocker pour être plus rentable pour

Page 50: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

___________________________________________________________________

34

le banquier. Malgré cela, cette proposition est acceptée chez l'OTIV qui s'appuie tout simplement sur

le gage de paddy et le faible quantum.

3.4.6. Le quantum élevé peut accentuer le risque

Le quantum est défini comme le montant de crédit accordé par kilogramme de produit que

l'emprunteur a remis au créancier comme garantie.

Pour la BOA, il est établi suivant les cours de paddy à la récolte à l'échelle nationale. Il était

de 1 000 fmg par kg de paddy durant la campagne 2003, et avancé sur 80% des produits nantis. Du

côté de l'OTIV, le quantum est fixe de 650 fmg.

La représentation suivante montre la relation entre le quantum et l'intérêt payé à la banque :

Figure 14 : Evolution de l'intérêt perçu par la banque, par to nne stockée suivant le quantum appliqué (Durée de stock age 4 mois)

40

50

60

70

80

90

100

600 650 700 750 800 850 900 950 1 000 1 050

Quantum (Fmg/kg)

Inté

rêt (

*100

0 F

mg)

Intérêt (* 1000 fmg)

Source: Auteur – Octobre 2003.

■ Le quantum inférieur minimise le crédit octroyé aux paysans, mais limite en revanche les

intérêts perçus par le prêteur. Celui-ci a ainsi intérêt à gagner de bon nombre de groupements pour

ramasser plus de stocks et mieux rentabiliser ses opérations.

Par ailleurs, l'insuffisance de fonds propres oblige le prêteur à minimiser le quantum.

■ Plus le quantum est élevé, plus l'opération est rémunératrice pour le prêteur avec

l'accroissement de l'intérêt que les paysans lui doivent.

Le quantum supérieur ou équivalent aux cours à la récolte peut cependant entraîner certains

paysans au non-recouvrement parfait de leur dette, en pensant n'avoir pas trop perdre. De plus, la

Page 51: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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35

marge entre le prix lors du stockage et celui lors du déstockage ne sera pas bien aperçue, et sa

faiblesse peut entraîner : (i) une difficulté pour le groupement à honorer ses dettes, (ii)

l'insatisfaction des paysans pratiquants et non pratiquants de GCV, sur leur profit généré par le

GCV, (iii) la non-pérennisation de l'opération microcrédit GCV.

3.4.7. Deux maisons sur sept répondent aux normes d e stockage dans la Vallée

Marianina

Afin que les produits mis en gage soient garantis par l'Assurance, en cas de vol ou incendie,

les greniers doivent répondre aux normes de stockage et de conservation, qui sont :

- être bien aéré et ventilé,

- avoir la toiture en tôle, haut et hermétiquement fermé,

- avoir un sol et des murs cimentés ou crépis pour éviter le développement des parasites,

- avoir de porte robuste, fermée à doubles clefs,

- être résistant aux variations de température et de conditions climatiques.

Le défaut de magasin de stockage adéquat constitue l'un des principaux facteurs de blocage

des paysans à l'accès aux crédits GCV. Dans les Fokontany Ilafy et Mangabe, deux habitats sur

cinq seulement sont de toiture en tôle. Ils sont de trois sur cinq à Ankazotsaravolo. Par contre, la

quasi-totalité des maisons dans le PC 15 sont de toiture en tôle.

Certaines zones disposent également des bâtiments de stockage des ex-coopératives

agricoles dans des états plus ou moins utilisables. Chacun d'eux se mesure en général 9 m de

longueur et 5 m de largeur. De source de la DIRDR Ambatondrazaka, ils sont disposés à la location

dont les réparations sont à la charge des locataires. Le loyer se présente comme suit :

- pour un stockage de 50 à 74 tonnes, il est de 20 000 fmg par an ;

- pour un stockage de 75 à 99 tonnes, il monte à 50 000 fmg par an ;

- pour un stockage de 100 à 200 tonnes, il est de 100 000 fmg par an.

Le tableau qui suit expose la répartition des maisons, suivant la nature de leur toiture, dans

certaines zones de la Vallée Marianina. Les bâtiments administratifs et publics n'y sont pas inclus

(comme école, dispensaire, église et maison communale).

Page 52: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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36

Tableau 3 : Répartition des maisons par village suivant la nat ure de leur toiture

Village Toiture en tôle

Toiture en tuile

Toiture en cypéracée

Silo du DIRDR Rizerie

Ambohimahavelona 13 2 15 0 1

Miaramasoandro 5 0 8 0 1

Ambohimiarina 7 1 27 0 0

Fiherenana 30 2 35 0 3 (a)

Ilafy 27 0 70 1 0

Mangabe 20 0 45 0 0

Manganoro 1 0 0 3 0

Ankazotsaravolo 21 1 15 0 0

Marianina 17 0 20 1 0

Feramanga Sud 31 1 217 1 1

Ambohiboromanga 75 (b) 0 80 0 1

(a) : dont les 2 ne sont pas ouvertes aux publics.

(b) : dont 27 à étage. Source: Auteur – Août 2003.

3.4.8. Utiliser les prêts dans des cultures de cont re saison et des activités

génératrices de revenus

Les crédits reçus devraient être investis à des activités productives. L'Article 8 de la

convention d'octroi de crédit, relatif au suivi des prêts par la BOA, donne droit aux agents bancaires

de contrôler à tout moment l'utilisation efficace des sommes prêtées à leurs clients, de manière à ce

que ces derniers puissent assurer parfaitement l'échéance convenue.

■ Les cultures de contre saison constituent des possibilités d'utilisation de crédit. A

Ambatondrazaka, la superficie moyenne de tanety cultivables est de 0,8 ha par exploitant, et 0,1 ha

par exploitant pour le baiboho20. Les paysans de la Vallée Marianina disposent plus de tanety et

baiboho que ceux du PC 1521. La réhabilitation des routes nationales reliant le fivondronana avec

les autres régions favorise la commercialisation des produits.

Tomate, piment, haricot vert, choux, ail et plantes potagères sont les principales cultures de

contre saison effectuées dans la région. Des paysans commencent aussi à produire de pomme de

terre et de haricot sur rizière22, sous l'encadrement des techniciens du CIR.AGRI et du Bureau

d'Etudes BRL Ambatondrazaka. (Voir aussi : Tableaux 14, Annexe 3.)

20 D'après Monographie des régions d'Ambatondrazaka et d'Andilamena – DIRDR / Circonscription de l'Agriculture Ambatondrazaka, 2001. 21 Un exploitant de la Commune Ampitatsimo ne possède en moyenne que 0,3 ha d'ensemble tanety–baiboho cultivables, alors que la moyenne générale est de 0,9 ha à Ambatondrazaka. 22 Les plantations débutent en mois d'août, tandis que les récoltes se font en décembre.

Page 53: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

___________________________________________________________________

37

Depuis 2000, le BRL y vulgarise également la technique de cultures sur couverture

végétale23. Plus de 300 paysans de Vallée Marianina – PC 15 sont intéressés par cette action en

2002.

Actuellement, ces paysans sont regroupés dans des associations afin de faciliter leur suivi. Cela leur

permettra également, d'après les responsables du Bureau d'Etudes à Ambatondrazaka, d'accéder

au crédit à court terme. Toutefois, l'adoption définitive de cette méthode reste encore loin d'être

atteinte.

Culture sur couverture végétale ou non, les paysans accordent plus d'importance à la

riziculture qu'aux tanety et baiboho; d'où, l'absence de sérieux investissement à but commercial pour

ces derniers. L'insuffisance de matériels, en particulier, le pulvérisateur, la non-maîtrise des

maladies phytopathogènes et la prolongation de sécheresse les-découragent rapidement que leur

faible production est destinée en grande partie à l'autoconsommation, et les ventes sont peu

significatives.

■ L'élevage à cycle court et la vente de volaille constituent aussi une ressource monétaire

non-négligeable pour les exploitants d'Ambatondrazaka. Toutefois, l'aviculture y reste toujours de

type familial et traditionnel.

Toamasina et Antananarivo sont les deux marchés de consommation des oies et canards.

Les périodes de demandes sont celles de fin d'année – localement, en période d'intenses activités

de repiquage – et particulièrement, pour les fêtes de Noël où des Sociétés importantes passent des

commandes groupées. Celles-ci correspondent aussi aux dates avant lesquelles auraient lieu le

remboursement des prêts GCV.

La DIRDR Ambatondrazaka indique une baisse importante des effectifs de volaille dans la

zone24. Cela résulte de la pratique traditionnelle, favorisant l'apparition des maladies contagieuse.

■ Nombreux bénéficiaires de crédit GCV de l'OTIV ont servi leur prêt à des collectes de

paddy durant les mois de juin et juillet. Les produits collectés sont mis tout de suite dans de GCV

contre un nouveau crédit pour une autre collecte. Ainsi, ces paysans deviennent spéculateur en juin

au décembre et riziculteur de décembre en juin.

■ La post-récolte est une période faste aux affaires de commerce à Ambatondrazaka,

durant la quelle les marges bénéficiaires peuvent atteindre 100% du coût d'achat. Des paysans

pensent s'investir dans le commerce de bovin, d'autres dans la boucherie, la vente de bicyclettes ou

d'autres produits.

23 Outre ses actions de protection du sol contre l'érosion et d'apport en matières organiques, la nouvelle technique de culture sur couverture végétale offre dans les conditions normales aux paysans: (i) une réduction significative de tâches d'arrosage grâce à la rétention d'humidité par les couvertures, (ii) une meilleure qualité de production, et (iii) un rendement à la récolte élevé. 24 Exemple : environ 30% entre 1988 et 1989.

Page 54: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

___________________________________________________________________

38

4. Les autres intervenants

4.1. Le crédit GCV de l'OTIV a gagné plus de collec teurs que de paysans

Le tableau qui suit compare les éléments financiers sur le crédit GCV de l'OTIV avec ceux

de la BOA :

Tableau 4 : Comparaison des crédits GCV de l'OTIV et de la BOA

Libellé OTIV BOA

Cautionnement mutuel Entre les déposants d'un même grenier

Entre tous les membres du groupement

Frais de dossier 2,5% du montant du prêt Forfaitaire à 30 000 fmg

Taux d'intérêt 36% par an 24,25% par an

Coûts spécifiques A la charge de l'OTIV A la charge du groupement

Quantité bénéficiée de crédit La totalité du tonnage 80% du tonnage

Quantum 650 fmg Suivant les cours moyens à la récolte au niveau nationale

Fonds de garantie mutualiste Néant 10 à 20 % de l'avance sur produit

Garanties - Nantissement des produits, - Cautionnement solidaire entre les déposants.

- Nantissement des produits, - Assurance Vol et Incendie (0,864% du prêt), - Fonds de garantie mutualiste, - Cautionnement solidaire de tous les membres du groupement.

Durée de prêt 2 à 6 mois 4 à 7 mois

Nombre de remboursement 2 échéances au maximum 2 échéances au maximum Sources: OTIV, BOA – Août 2003.

L'OTIV a commencé à lancer, dans l'Alaotra, le microcrédit GCV depuis l'année 2002. Le

nouveau produit avait couvert 6 caisses (dont à Tanambe, Ambohijanahary, Ambohitrarivo,

Amparafaravola, Morarano Chrome et Bejofo) sur les 10 existant dans le réseau; regroupant 489.96

tonnes de paddy pour 72 membres.

La prise en charge des coûts spécifiques par l'OTIV – dont : le frais de location du

magasin, l'achat de raticides, l'amortissement des serrures, le frais de gardiennage, et les primes

d'assurance – a fortement suscité la motivation des paysans à faire de GCV. En revanche, cette

institution doit déterminer le seuil du tonnage au-dessous duquel l'offre de stockage n'est pas

rentable, donc infaisable pour elle. La variabilité de certains composants des coûts spécifiques25, et

l'augmentation des coûts cumulés de location du silo et du frais de gardiennage à la longueur de la

durée de stockage, ont en effet une incidence sur la rentabilité de l'opération.

25 Sauf les primes d'assurance.

Page 55: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

___________________________________________________________________

39

La figure qui suit montre les valeurs du tonnage de rentabilité, avec les maximums de coûts

variables26 correspondants, du crédit GCV de l'OTIV.

Figure 15 : Seuils de rentabilité du GCV-OTIV

13,118,6

24,029,5

35,0

42,047,4

52,958,4

63,8

229335

441547

653

789895

1 0011 107

1 213

0

10

20

30

40

50

60

70

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Durée de stockage (Mois)

Ton

nage

(T

onne

s)

0

200

400

600

800

1 000

1 200

1 400

Maxim

um de coût variable

(*1000 fmg)

Tonnage de rentabilité (Tonnes) Maximum de coût variable (*1000fmg)

Source : Auteur – Novembre 2003.

La promotion du GCV dans la rive Est du Lac Alaotra n'a commencé qu'en mai 2003, à

travers les publicités radiodiffusées et les descentes dans des communes27 par les agents de

l'OTIV. Ces descentes, accompagnées des animations musicales, ont pour objet d'information-

sensibilisation des paysans sur le système et les avantages du grenier commun.

Par conséquent, le Réseau OTIV Lac Alaotra a stocké plus de 3 017 tonnes de paddy en 2003. La

récapitulation des GCV par caisse de cette institution est présentée dans l'Annexe 5, Tableau 21.

En terme de quantité, les caisses OTIV d'Ambatondrazaka I et II ont ramassé chacun plus

de 400 tonnes de paddy, seulement grâce aux stockages d'un opérateur riziers sis à

Manakambahiny, avec 300,770 tonnes, et d'un autre collecteur, ayant 350 tonnes.

Le GCV de l'OTIV a gagné plus de paysans du PC-15 que ceux de la Vallée Marianina.

Malgré les réclames diffusés par radio, très peu de paysans de la Commune Ilafy ont osé demander

auprès des Agences OTIV plus d'informations sur ce type de crédit. Cette institution est mal vue par

beaucoup de paysans. Elle a, en effet, mené des opérations de mise en vente des biens matériels –

à savoir des matériels agricoles, des meubles, des ustensiles de cuisine, jusqu'aux volailles – des

mauvais payeurs en 2002.

De plus, les paysans de la Vallée Marianina semblent aimer travailler avec la banque que d'autres

institutions financières formelles, surtout dans le cas de crédit de faisances valoir28.

26 Les coûts variables regroupent : 1- Le prix d'achat des raticides, 2- L'amortissement des cadenas, 3- Le frais de location du silo, 4- Le frais du gardiennage. 27 La Commune Ilafy n'en fait pas partie. 28 Parmi ceux ayant déjà fréquenté une institution financière, 24,4% des enquêtés juge très faible le montant de crédit faisances valoir accordé par l'OTIV à ces clients.

Page 56: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

___________________________________________________________________

40

4.2. Un capital de 7 milliards de fmg prêté aux ri ziers dans le cadre de Fonds de

Commercialisation de Paddy

Outre les prêts informels, des minorités de groupements de paysans ont également bénéficié

de crédit de campagne, cette fois dans le cadre légal, auprès des opérateurs riziers29. Cela se fait

grâce au Fonds de Commercialisation de Paddy ou FCP prêté par l'Etat à ces derniers à un taux

d'intérêt nul.

Encadré 7 : Fonds de Commercialisation de Paddy :

un moyen de fidélisation de paysans par les collect eurs

Opérationnel depuis septembre 2002 dans la région de Lac Alaotra, ce fonds a été mis en place par le Gouvernement malgache afin de maintenir le prix de paddy à un niveau rémunérateur pour les petits paysans et d'aider les opérateurs riziers à développer leurs activités de collecte. Le fonds, un montant de 7 milliards de fmg, est prêté aux riziers et fonctionne sous forme de "crédit revolving"30 .

A partir de ces fonds, les opérateurs riziers achètent chez les paysans le kilo de makalioka pur (1ère

catégorie) à 1000 fmg, et celui du riz ordinaire (2ème catégorie) à 950 fmg en juillet, contre des crédits de campagne.

Source : Rapport d'avancement du FCP / LDI Antananarivo – M ars 2003.

Quatre opérateurs riziers de l'Alaotra ont pu bénéficier de ce fonds pour la campagne 2002-

2003. Il s'agissait de SILAC, Madrigal, Société Roger et ITD. Cette campagne étant un succès et les

7 milliards de fmg mobilisés à titre de fonds de collecte ont été entièrement récupérés. Pour la

campagne 2003-2004, 9 sociétés ont bénéficié ce même fonds avec ses produits générés en année

précédente.

29 La grande majorité des paysans bénéficiaires de ce crédit est constituée par des petits exploitants 30 Crédit revolving : crédit à moyen terme renouvelable au fur et à mesure des remboursements.

Page 57: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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41

Le tableau suivant récapitule l'opération FCP pour la campagne 2003-2004 :

Tableau 5 : Récapitulation de l'opération FCP pour la campagne 2003-2004

Riziers Communes d'intervention Paysans Montant

(Fmg)

Collecte

(T)

Déstockage

(T) jusqu'en

31/12/03

Hasina Ilafy, Moratelo, Ambalavato, Manakambahiny 40 111 286 250 91 66

SILAC Ilafy, Manakambahiny, Andilanatoby, Ambohidrony,

Amparafaravola, Ambohitrarivo, Ambohijanahary,

Tanambe, Bejofo

467 1 600 000 000 1 453 0

Picot Ambohimena, Ampitatsimo, Ambonivohitra,

Ambohitanibe, Ambohiboromanga

13 83 119 900 73 30

IMAP Manakambahiny, Ambararata, Ambandrika,

Tsinjoarivo, Bejofo, Ambodirano

538 950 000 000 776 120

Safidy Ambatomainty, Ambohitrarivo, Tanambe,

Amparafaravola

291 606 899 300 525 348

Madrigal Tanambe, Vohitsara, Beanana, Ambohivory,

Ambohijanahary, Ambohitrarivo, Amparafaravola

466 1 079 999 725 928 514

ITD Ambatomainty, Ambohitrarivo, Ambohijanahary,

Tanambe, Beanana

276 899 999 505 814 500

Société Roger Ambatomainty, Ambohitrarivo, Ambohijanahary,

Tanambe, Amparafaravola

485 1 119 899 850 933 420

Vatomandry Andrebakely, Ampasikely, Morarano Chrôme,

Ambatomainty

315 799 997 200 670 495

Total 2 891 7 251 201 730 6 264 2 493

Source : Rapport d'avancement du FCP / PTE ; LDI Antananari vo – Janvier 2004.

Des paysans bénéficiaires de ce crédit trouvent cette opération tolérable, pour éviter le

recours chez les usuriers. Néanmoins, ils doivent lâcher des quantités de leur paddy dès la récolte,

pour le règlement en nature de leur dette.

Pour le moment, le marché de crédit est encore suffisamment large et l'opération FCP n'a

pas beaucoup d'impact sur la part de la BOA dans la région.

Page 58: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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42

4.3. Deux GCV instaurés par le Programme ARTA dans la Vallée Marianina

Encadré 8 : Le Programme A.R.T.A. pour la promotion de l'accès au crédit des paysans

L'Animation Rurale Tanora Ambatondrazaka (A.R.T.A.) a été créée en 1984 par le Diocèse

d'Ambatondrazaka. Auteur de la mise en place de l'OTIV Keta (Ambatondrazaka II) en 1994, il a pour mission de promouvoir le développement durable de l'homme dans le milieu rural selon la doctrine sociale de l'église catholique.

Durant l'approche participative au niveau de groupements de paysans, l'ARTA analyse des

problèmes et des potentiels pour une action communautaire, contacte les partenaires compétents (CRS, OTIV, PSDR, Formagri, etc.) et effectue le suivi-évaluation de la réalisation des actions par les paysans bénéficiaires. Ses zones d'interventions suivent le trajet de Vohidiala – Manakambahiny et ses environs – Vallée Marianina – Ambatondrazaka I et II – Ambohimena – Ambandrika jusqu'à Ambatosoratra et Lohafasika.

Source : Coordination du Programme ARTA Ambatondrazaka – Ao ût 2003.

Le Programme ARTA a mis en place à Ambohimiarina (Hameau du fokontany Ilafy) deux

GCV depuis juillet 2003. Il est à noter que les habitants de ce hameau sont tous issus d'une même

famille. L'objectif du Programme y est d'habituer les petits paysans au crédit formel, à gérer de

manière convenable leurs capitaux financiers et à faire des épargnes.

Le tableau ci-après récapitule le stockage des deux groupements d'Ambohimiarina :

Tableau 6 : Récapitulation du GCV PARTA à Ambohimiarina en 200 3

Groupement Effectif des

membres

Membres

effectuant de

GCV

Tonnage

(Tonnes) ASP (Fmg)

Date

d'entrée

Date

de sortie

Durée de

stockage (Mois)

Masculin 28 28 07 5 250 000 20/07/2003 15/10/2003 3,00

Féminin 36 33 06 4 500 000 04/07/2003 15/10/2003 3,50

TOTAL 64 61 13 9 750 000 15/10/2003 3,25

Source: Coordination du Programme ARTA, Ambatondrazaka – A oût 2003.

Le quantum est fixé à 750 fmg, et le taux d'intérêt annuel est de 10%. L'intérêt perçu, versé

chez l'OTIV Keta, est destiné à effectuer d'épargne forcée pour le groupement même.

Outre celui effectué par un groupement ACCS de la BOA à Mangabe, ce GCV

d'Ambohimiarina va constituer un "GCV pilote" pour la région d'Ilafy. Mais toujours est-il qu'il a fallu

motiver ces paysans d'Ambohimiarina à faire de GCV ; peut-être qu'il faudra aussi les

motiver pour rembourser les crédits .

La figure qui suit illustre les causes de la démotivation des paysans à effectuer le GCV.

Page 59: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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43

Démotivation des paysans à effectuer de GCV

GCV faiblement profitable Conflits sociaux entre les codébiteurs Démotivation des paysans à s'opérer avec la banque

Résultat net du groupement assez faible

Charges du groupement plus

élevées

Perte physique du paddy

stocké et/ou du magasin

Cours de paddy au

déstockage moins élevés

Location du

grenier pendant

une durée plus ou

moins longue

Paiement de frais de

gardiennage pendant

une durée plus ou

moins longue

Paiement

d'intérêt pendant

une durée plus ou

moins longue

Défaut

d'infrastructure de

stockage adéquat

Abondance de

paddy sur le

marché lors du

déstockage

Défaut

d'acheteur au

déstockage

Déstockage

importante de

riz par les riziers locaux

vers

novembre

Importation

massive du riz

vers novembre

Incendie du magasin ;

Degré hygrométrique

plus important à

l'intérieur du magasin

Vol de paddy

stocké;

Attaque des rats

sur les paddy

Indisponibilité des

codébiteurs au

gardiennage permanent du

grenier

Incapacité de prendre de risque Méconnaissance des avantages sur le GCV

Faible contrôle de

l'environnement

technico-économique du

système d'exploitation

Non-maîtrise

des risques

covariants

Niveau d'instruction

relativement faible des

chefs d'exploitation

Abandon précoce

d'école; dégradation des

moyens d'information et de communication en

milieu rural

Eloignement

géographique

de l'Agence BOA

Eloignement

physique de la

BOA par rapport

aux paysans

Faible contact

entre Agent

bancaire et

paysans

Absence de

sensibilisation par

la BOA et promoteurs de

développement

Cours de paddy à la récolte assez élevés

Pression par

les membres

sur le défaillant

Sanction du

groupement

par la banque

Mobilisation du

FGM par la

banque

Mise en

vente des

produits nantis

Remboursement

partiel des dettes

Insuffisance de liquidité pour

rembourser les dettes

Utilisation des prêts à des

fins non-productifs

Faible disposition

de tanety et de

baiboho cultivables

Faible exercice

d'activités

génératrices de revenu

Faible taux

d'activité de la

main d'œuvre familiale

Difficulté de constitution du FGM

Dépenses sur la

main d'œuvre

salariée élevées en récolte

Remboursement

des dettes

informelles après la récolte

Figure 16 : Les causes de la démotivation des paysans à effectuer de GCV

Source : Auteur – Décembre 2003.

Page 60: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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5. Analyse des risques suivant leur origine

A première vue, le prêt GCV paraît la forme d'octroi de crédit aux paysans le moins risquée

pour la banque. La mise en gage des paddy, peu difficile à commercialiser par rapport aux autres

types de garanties en cas échéant, et le cautionnement de ces derniers par un assureur illustrent

cette hypothèse.

Les réalités confrontées par les agences d'institutions financières éparpillées dans toute l'île

poussent les prêteurs à renforcer d'avantage la sécurisation de ses opérations31.

Les différentes origines de recouvrement incomplet des dettes, dans le cas de crédit GCV, feront

l'objet de cette partie.

5.1. Non-recouvrement dû aux phénomènes indépendant s des emprunteurs

Le non-recouvrement peut être dû aux phénomènes suivants : � Longue sécheresse,

� Ensablement des parcelles dû aux inondations en décembre,

� Destruction des cultures par les bovidés en divagation,

� Crises socio-politiques d'envergure régionale ou nationale perturbant le marché.

Les figures suivantes démontrent la domination de la période sèche durant le deuxième

semestre à Ambatondrazaka.

Figure 17 : Les précipitations mensuellesà Ambatondrazaka de 1998 à 2003

0

100

200

300

400

500

600

700

Jan Fév Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc

Mois

Pré

cipi

tatio

n (m

m)

1998 1999 2000 2001 2002 2003

Source : Station Météorologique d'Ambohitsilaozana (Ambaton drazaka) – Août 2003.

31 Dans la région d'Antsirabe (Antananarivo) par exemple, certains paysans sont amenés à brûler volontairement leur grenier de manière à renvoyer les responsabilités à leur assureur.

Page 61: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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45

0,0

5,0

10,0

15,0

20,0

Nom

bre

de jo

urs

pluv

ieux

Jan Fév Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc

Mois

Figure 18 : Nombre moyen de jours pluvieuxde 1998 à 2003

Source : Station Météorologique d'Ambohitsilaozana (Ambaton drazaka) – Août 2003.

Le climat à Ambatondrazaka est caractérisé par de faibles crachins de juin au mois d'août, et

sec jusqu'en décembre. La température moyenne y est de 17,7°C en juillet, qui augmente

progressivement pour atteindre en décembre le 23,7°C. Le travail d'arrosage se trouve ainsi plus

important dans la mesure où la surface exploitée est élevée et se trouve loin de point d'eau.

5.2. Non-recouvrement dû à l'incapacité des emprunt eurs

Les paysans ne devraient pas attendre le déstockage et la vente des paddy à l'échéance

pour régler leurs dettes. L'éventuelle faiblesse des cours en ce moment limite en effet leurs

profits et pourra contraindre le recouvrement.

La rentabilité des petits projets, dans lesquels ils ont investi le prêt, est ainsi un facteur à

prendre plus de considération. Si leurs activités sont rentables, la capacité de remboursement de

ces emprunteurs est évidente. La productivité de ces dites activités peut cependant se heurter à des

problèmes intérieurs du système de production :

� Techniques de culture inappropriées entraînant une faible rentabilité :

- Inadaptation de la culture aux conditions climatiques

(ex : des variétés ne supportant pas le froid d'hiver en août et septembre),

- Usage de pesticides inappropriés,

- Semence de faible germination.

Page 62: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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46

� Carence des facteurs essentiels de production :

- Manque de pulvérisateur32, matériel très important et à usage fréquente en cultures sur

tanety et baiboho,

- Insuffisance de capacité de stockage aboutissant à des grosses pertes,

- Manque de moyens de transport plus appropriés.

� Incapacité des emprunteurs à gérer efficacement :

- Gestion irrationnelle des fonds financiers, de la main d'œuvre ou d'intrants (faible ou

application excessive d'engrais),

- Non-intervention aux moments opportuns (dans le repiquage, le sarclage ou le traitement

par pesticides),

- Incapacité des producteurs à éradiquer de manière définitive (ou au moins limiter) les

attaques des rats sur les cultures.

� Difficulté de commercialisation :

- Eloignement du marché par rapport au village (augmentation des charges),

- Forte concentration du même produit sur le marché (baisse des cours),

- Faute d'acheteur.

� Destruction involontaire du GCV et/ou du produit objet de nantissement :

- Pillage du silo par des individus étrangers au groupement,

- Incendie accidentelle du magasin de stockage; surtout que si ce dernier est une des

pièces de l'habitat dans lequel on utilise de lampes à pétrole.

Beaucoup de paysans ont l'habitude d'acheter en vrac les semences au marché à ciel

ouvert. Ces petits grains non-emballés peuvent être contaminés facilement par des maladies,

desquelles tous ceux qui circulent sur le lieu sont suspects d'être vecteurs33. Leur exposition directe

à l'air humide diminue en plus le taux de germination et puis, le rendement à la récolte.

A défaut de pulvérisateur, les paysans n'arrivent pas à traiter convenablement leurs cultures

contre les maladies. Certains méconnaissent la nature de la pathologie que subissent les cultures et

font usage de pesticides inappropriés. De même, l'inexistence de magasin de stockage remplissant

les normes hygrométriques favorise le pourrissement des récoltes. 32 Dans les zones Vallée Marianina – PC 15, deux exploitants sur cinq possèdent en privée de pulvérisateur . Parmi ceux qui n'en ont pas, 54% devait emprunter auprès des amis, tandis que les restes n'en utilisent jamais. Auteur / Enquêtes auprès des paysans – Août 2003. 33 Ceux-ci peuvent être des poussières, des insectes, des instruments de quantification des graines, des mains humaines provenant d'un champ quelconque.

Page 63: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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47

5.3. Non-recouvrement dû à la mauvaise volonté des emprunteurs

Le niveau de réputation de la banque en matière d'intransigeance face aux "mauvais

payeurs" peut influencer les clients à rembourser. La fiabilité des informations portant sur la

crédibilité de ces derniers, recueillies par le responsable de la microfinance au niveau de l'agence,

permet d'éviter des octrois non-souhaitables.

Malgré des mesures préalablement prises, le recouvrement des dettes peut ne pas être

complet pour des raisons suivantes :

� Utilisation des prêts à des fins non rémunérateurs :

- Remboursement des dettes usuraires,

- Satisfaction des besoins en produits de première nécessité ou personnels.

� Démotivation des emprunteurs à honorer leurs dettes :

- Relations financières très récentes entre les emprunteurs et la banque,

- Insuffisance de suivi des prêts par les agents bancaires34,

- Montant des remboursements trop élevé par rapport à leur capacité.

� Non-respect du cautionnement mutuel entre les membres du groupement :

- Désistement de certains membres à combler la part de dettes d'un défaillant,

- Incapacité des membres de se faire pression.

34 En 2003, un agent seulement – dont le responsable du crédit rural en personne – s'occupe des ACCS/BOA de toute la région d'Ambatondrazaka.

Page 64: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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48

Conclusion partielle

Par rapport à ceux de la moitié Sud de Madagascar, les paysans d'Ambatondrazaka

disposent plus de surface rizicole par ménage. Leur niveau de production annuelle est ainsi plus

élevé qu'ils possèdent une bonne capacité de stockage pour se lancer dans le GCV. Néanmoins,

cette population - dans son ensemble même - présente une grande disparité par le fait que certains

produisent plus que d'autres. Il en est de même pour les soldes de trésorerie annuelle.

D'une manière générale, on a constaté un faible taux de pénétration aux crédits formels des

paysans pour une zone si haute potentielle rizicole. Les catégories les plus aisées, comme les plus

faibles, économiquement, ne s'intéressent pas trop aux GCV. Pour les restes, la question de caution

solidaire, reposant sur l'utilisation convenable des prêts et la solvabilité des partenaires, constitue

leur principale contrainte. Viennent ensuite la nécessité de constitution de fonds de garantie

mutualiste, les problèmes de silo et d'organisation sur le gardiennage de ce dernier.

La manque de liquidité après les travaux de récolte, face à la faiblesse des cours de paddy

sur le marché, mais également le souci de non-récupération de leur part financière en cas de

défaillance des membres, sont les raisons pour lesquelles les paysans sont hostiles au fonds de

garantie. En conséquence, et vu l'importance du rôle que joue ce fonds en terme de sécurisation

des crédits, des nouvelles mesures devront être adoptées afin d'inciter les emprunteurs à assurer le

bon recouvrement de leur dette et de gagner la confiance des membres; tout en gardant la formation

de ce type de garantie.

Page 65: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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49

III. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS

Souvent, des agents de développement rural et autres acteurs en dehors des institutions

financières voient contradictoires la stratégie politique de la BOA en matière de financement du

monde rural, notamment après la privatisation de cette banque35 d'un côté, et la politique générale

de l'Etat sur la promotion de l'accès au crédit des paysans de l'autre côté. Ils déclarent ainsi que :

Cependant, il faut reconnaître que :

� les caractères moraux des clients, quel que soit le secteur où ils travaillent, ne se voient

pas sur leur front ;

� les opérations bancaires ne sont pas du tout différentes de celles des entreprises

commerciaux : des ventes de marchandises non-payées constituent des pertes au niveau du

compte d'exploitation ;

� comme dans toutes ventes à crédit, il est plus évident que le créancier prend les

meilleures mesures de sécurisation des prêts en vue d'un recouvrement plus sûr ;

� pour le cas des paysans déjà sanctionnés par la banque – à cause de la défaillance d'un

de leur coéquipier – mais qui souhaitent encore y effectuer de GCV en formant de nouveau

groupement, ils ont été incapables de se faire pression, d'où de gérer efficacement leur groupement.

Par suite, les recommandations proposées ci-après visent à la fois à : (i) arranger l'accès au

microcrédit GCV des paysans, (ii) augmenter le montant global octroyé par l'Agence et, (iii) assurer

la sécurité des crédits.

35 Certains affirment que contrairement à la BTM, la BOA n'est que pour les riches et creuse de plus en plus sa distance sur les paysans.

" La banque doit modérer ses rapports avec les paysans : il lui faut être crédible

sans pour autant étrangler les paysans. Les banquiers doivent parvenir à distinguer les

mauvais payeurs des paysans en difficultés , à travers des informations fiables, avant

d'ordonner toutes sanctions".

Page 66: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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50

1. Flexibiliser les conditions d'octroi selon la ca pacité du groupement à fournir le fonds de

garantie

Compte tenu de l'importance du FGM en cas d'incendie ou vol des produits stockés, ou

encore baisse des cours au moment de l'échéance, il n'est pas conseillé de supprimer ce fonds.

Toutefois, la BOA est sollicitée à flexibiliser ses conditions d'octroi suivant la rentabilité des

projets d'utilisation des crédits et le niveau du risque attribué à ceux-ci.

Pour les groupements incapables de constituer complètement le FGM, on pourrait leur

permettre d'en fournir à un taux inférieur. En revanche, on leur accordera des avances sur produit

basées sur un quantum plus faible, tout en s'assurant de la large couverture des coûts de

l'opération. La nette différence entre le montant à rembourser par le groupement et la valeur des

stocks à l'échéance diminuera les risques.

Néanmoins, ce système pourra être limité par la complication des tâches des agents

banquiers dans l'étude des dossiers.

2. Rassembler les stocks de plusieurs groupements d ans un même silo approprié

Dans les zones disposant des magasins de stockage de capacité élevée, il est plus

avantageux de rassembler les paddy des groupements dans un même silo approprié. Ainsi, les

charges, comme les frais de location du silo et de gardiennage du silo, seront reparties entre les

groupements actionnaires.

Les avantages et limites en sont :

■ Avantages pour les groupements :

- Réduction des coûts variables,

- Capacité de construction de FGM,

- Facilité d'organisation de gardiennage.

■ Avantages pour la BOA :

- Facilité de contrôle des magasins (réduits en nombre),

- Existence de pressions évidentes entre les groupements,

- Diminution relative des risques.

■ Limites :

Au niveau des groupements, il y aura augmentation des charges de transport si le magasin

se trouve trop éloigné.

Page 67: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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51

3. Promouvoir le relais entre crédit de campagne "f aisance-valoir riz" (ACCS) et crédit GCV

L'échéance du crédit de campagne "faisance-valoir riz" de la BOA étant le 31 août, la quasi-

totalité des paysans débiteurs mettent alors en vente de paddy pour honorer leur dette. Les

collecteurs profitent cette situation pour abaisser le prix dès le 15 août. Par conséquent, les paysans

doivent vendre de quantité plus élevée pour pouvoir rassembler les sommes nécessaires.

Le relais de ce crédit "faisance-valoir" avec le crédit GCV est un moyen pour éviter ce

problème. Le fonctionnement de ce système est expliqué par le schéma ci-après :

Figure 19 : Représentation schématique du relais

entre crédits de "faisance-valoir" et crédit GCV

Source : BOA – Juillet 2003.

Les avantages et limites en sont :

■ Avantages pour les groupements :

- Eviter la vente en masse avant la hausse effective des cours,

- Percevoir des sommes liquides pour régler à l'échéance les dettes "faisance-valoir",

- Dégager plus de profits par rapport à ceux (ACCS) n'ayant pas effectué le relais.

■ Avantages pour la BOA :

- S'assurer du taux de recouvrement de crédit "faisance-valoir" à 100% avant échéance,

- Multiplier les octrois de crédit, d'où les intérêts perçus d'un même groupement pour une

même année d'exercice.

■ Limites :

Si le tonnage est faible, le groupement ne disposera que peu de sommes pour mener des

activités génératrices de revenus, après soustraction des dettes "faisance-valoir".

A noter qu'un groupement de crédit, sis à Mangabe (Commune Ilafy), a déjà adopté ce

système de relais en 2003. Celui-ci a parfaitement remboursé ses dettes à l'échéance.

Janvier Juillet Août Décembre

Mois

OCTROI DE CREDIT

"faisance-valoir riz"

OCTROI DE

CREDIT GCV

Remboursement de dette "faisance-valoir riz"

Remboursement de dette GCV

ENCOURS DE CREDIT "faisance -valoir riz" ENCOURS DE CREDIT GCV

Page 68: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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52

4. Mieux engager les groupements dans la gestion de s risques en mettant en place une

Société de Cautionnement Mutuel (SCM)

L'instauration d'un système d'assurance crédit autogérée par les Organisations

Paysannes , appelé "Société de Cautionnement Mutuel ou SCM" 36, permet de mieux impliquer

les producteurs dans la gestion des risques. Ce sera une société à but non lucratif regroupant les

ACCS, de structure légère, gouvernée par la loi régissant la Coopérative , et qui va essayer de

fonctionner à moindre coût. Regroupant les ACCS d’une région déterminée, elle prendra la forme de

Coopérative, à but non-lucratif et régie par la loi n°99-004 du 21 avril 1999.

a) La fonction de la SCM

Elle consiste à donner de caution à la banque, contre les crédits37 accordés par celle-ci aux

ACCS adhérentes de la SCM.

b) Le principe de base de la SCM

Il s'agit de la solidarité entre tous les groupements membres – face aux éventuelles

difficultés de remboursement des dettes – par le regroupement des garanties constituées par les

adhérents (FGM ou tout autre versement), ainsi que par les Organismes publics (Gouvernement,

Organismes internationaux, bailleurs de fonds). L'ensemble de ces versements va former le "Fonds

de Garantie Collectif" , dont la gestion duquel sera attribuée aux membres de bureau de la SCM.

c) Les raisons de sa création au niveau des exploit ants agricoles

Sa création est nécessaire :

- Suite au difficulté pour la banque à évaluer les besoins financiers effectifs des paysans, ainsi

que leur niveau de solvabilité, compte tenu des distances géographiques et physiques existant

entre ces demandeurs et la BOA,

- Par l'insuffisance des garanties réelles que connaissent les paysans,

- En vue d'un engagement réel de tous les codébiteurs à assurer parfaitement l'échéance,

- Pour une participation des groupements de crédit au développement du monde rural : à travers

leur autopromotion et la pérennisation de leur partenariat avec les Institutions bancaires.

36 Des Sociétés de Cautionnement Mutuel existent déjà depuis des années en Europe (Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, France, Italie, Luxembourg et Suisse) et en Afrique (Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Maroc, Sénégal,…). Les bénéficiaires en sont surtout des petits entrepreneurs des Petites et Moyennes Entreprises (PME). Les secteurs intéressés y sont très variés : le secteur de la production et de la manufacture, l'agriculture et l'élevage, le commerce, l'artisanat, le tourisme, les services et l'informatique. 37 Crédit GCV ou de faisance-valoir.

Page 69: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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53

d) Les rôles des Associations professionnelles, de l'Etat et autres partenaires publics

dans le soutien de la SCM

Afin de réussir la phase de démarrage de la SCM, la contribution des Organisations

promoteurs (Associations professionnelles) et Organismes publics sont indispensables.

� Les Associations professionnelles sont appelées à :

- Encourager l'adhésion des ACCS dans la SCM,

- Donner aux élus des formations et appuis-conseils relatifs à la gestion et à l'organisation

des activités de la SCM,

- Susciter les Organismes publics à rechercher de fonds de garantie et des partenaires

susceptibles d'assurer la prise en charge des frais de gestion, en sus des montants déjà

versés par les adhérents.

� Les appuis des Organismes publics sont très sollicités, afin de doter la SCM des

matériels logistiques et des fonds nécessaires, et de renforcer les capacités des élus38.

Les atouts et contraintes de cette Société de Cautionnement Mutuel sont :

■ Atouts pour la BOA :

- Facilité de recouvrement des impayés grâce au regroupement des FGM au niveau de la

SCM,

- Elargissement de la répartition des risques, qui ne se limitera plus entre les membres

d'un groupement mais désormais entre tous les débiteurs de l'Agence,

- Equité de la répartition des risques entre tous les débiteurs,

- Existence de pressions effectives entre les groupements de crédit,

- Réduction des tâches sur l'étude de dossier pour octroi de crédit, par le fait qu'une

grande partie des travaux d'analyses économiques et financières sur le groupement, et

d'évaluation des risques, sera effectuée en amont par la SCM.

■ Atouts pour les groupements :

- Le système d'assurance constitue un effet de levier en favorisant l'accès des paysans au

crédit bancaire ;

- La couverture des prêts permet aux paysans de développer des activités génératrices de

revenus, en vue d'une diversification des ressources de revenu ;

- En réduisant le risque supporté par la BOA, la SCM permet aux groupements d'obtenir

une possible réduction du coût de financement (dont le taux d'intérêt, qui est en relation

directe avec le taux du risque) ;

38 La DAPP, en étroite collaboration avec les structures étatiques décentralisées (DIRDR) et les structures privées et semi-privées (ONG, Associations, Programmes et Projets, etc.), joue un rôle important dans l'identification des besoins des OP en matière de renforcement des capacités, dans la diffusion du texte réglementaire relatif aux OP et Coopératives, ainsi que dans l'accompagnement de ces dernières pour l'accès aux crédits formels.

Page 70: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

___________________________________________________________________

54

- Les groupements peuvent s'attendre aussi à une diminution de l'effet multiplicatif39 suite

au regroupement de tous les FGM des adhérents.

■ Contraintes :

- Souci sur la formation d'un consensus entre tous les acteurs, notamment entre les

membres des groupements,

- Contrainte sur la prise en charge des dépenses en logistiques (matériels et supports de

travail, logement),

- Tentation des paysans membres à s'appuyer sur les fonds de l'assurance pour le

règlement de leurs dettes (surtout si le FGM n'est que partiellement remboursable).

Nota Bene : Les organisations administratives et opérationnelles de la SCM sont présentées

en Annexe 6.

5. Se méfier de l'hétérogénéité des montants alloué s aux membres d'un même groupement

Le Responsable qui décide du déblocage de crédit doit prendre compte de la répartition des

prêts entre les membres du groupement eux-mêmes. En effet, l'hétérogénéité dans le montant des

prêts alloués est un indicateur qui devrait alerter celui-ci : une personne qui emprunte 1 000 000 fmg

peut se trouver garante d'une autre empruntant 50 000 000 fmg.

6. Sécuriser le crédit mais aussi les revenus des r uraux

Outre le renforcement de la sécurisation des crédits, sécuriser les revenus des paysans est

préalable et nécessaire, compte tenu de l'environnement défavorable dans lequel évoluent ces

débiteurs à savoir : la fluctuation des rendements, l'instabilité des marchés agricoles ou d'autres

imprévus. Les trois résolutions suivantes vont leur permettre de minimiser le non-recouvrement des

crédits :

6.1. Encourager la diversification des activités à financer en vue de minimiser les risques

covariants 40

Devant l'instabilité des revenus agricoles, la diversification des activités productives -

notamment non-agricoles - serait un moyen de réduction des risques : culture contre saison,

élevage à cycle court, transformation des produits agricoles, commerce local de nombreux produits,

commerce sur les marchés régionaux, etc.. Les soutiens des ministères, des projets de

développement et ONG à la valorisation des savoir-faire locaux en sont alors importants.

39 Effet multiplicatif : taux du FGM par rapport au capital crédit. 40 Les risques covariants se divisent en trois grandes catégories : les risques naturels (climatiques et attaques parasitaires), les risques économiques (fluctuation des prix) et les risque politiques (crises politiques). Risques et sécurisation du crédit rural – François Doligez, IRAM. Août 2000.

Page 71: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

___________________________________________________________________

55

6.2. Développer les prestations de services offerte s aux Organisations Paysannes

Dans le cadre du programme sur le renforcement des capacités des Organisations

Paysannes (OP) initié par les différents ministères concernés, il est important d'étendre le dispositif

d'appui-conseil vers les groupements de crédit. Les principaux services sollicités en sont :

■ alphabétisation des membres de l'OP,

■ appui à l'évaluation des besoins de financement du groupement et à l'élaboration de la

demande de crédit,

■ mise en place de systèmes adaptés de comptabilité, de gestion et de suivi des activités au

niveau des groupements, et au niveau du système d'exploitation des paysans même,

■ conseil organisationnel et appui juridique,

■ formation des leaders (Présidents et trésoriers des groupements),

■ appui-conseil sur le contrôle et recherche de marché.

6.3. Instaurer des synergies entre projets de dével oppement régional et institutions

financières rurales

La pérennisation des activités bancaires en milieu rural est fonction de la sécurisation de

l'environnement technico-économique des agricultures paysannes. Or, cette dernière résulte surtout

des stratégies fixées dans la politique agricole et la mise en application de celles-ci.

Il en sort, en conséquence, la nécessité de synergies entre projets de développement de la

région d'Ambatondrazaka et institutions financières qui s'y opèrent.

Outre les structures étatiques décentralisées, les ONG et autres Organismes publiques déjà

en activités depuis plusieurs années à Ambatondrazaka, le BV Lac constitue, depuis 2003, le

principal projet de développement agricole travaillant dans la région. L'Annexe 7 développe les

objectifs et le contenu de ce Projet.

7. Promouvoir le crédit de collecte géré par les co opératives agricoles

La mise en place des coopératives agricoles est l’un des objectifs de la structuration du

monde rural. En effet, la coopérative facilite l’organisation des paysans, se trouvant au niveau d’une

zone plus étendue. L’instauration d’un centrale d’achat des intrants agricoles et la réanimation de

collecte de paddy par les coopératives contribueront à la réorganisation du commerce de paddy

dans la région.

Page 72: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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56

Conclusion partielle

Pour que le microcrédit constitue effectivement l'effet de levier pour l'augmentation des

revenus des ruraux, il est nécessaire d'analyser la sécurisation des crédits sous deux axes.

Du côté de la banque, il s'agit de maximiser le taux de recouvrement en jouant sur les

éléments financiers pouvant contribuer à la minimisation des risques, tout en imposant des mesures

strictes sur l'étude des dossiers d'octroi de crédit.

Du côté des groupements de crédit, il consiste à trouver des moyens pour avoir une

ressource financière stable en vue d'un développement durable de leur système d'exploitation.

L'objectif est ainsi de chercher les meilleurs moyens pour pérenniser le partenariat entre

Institutions financières et paysans producteurs.

Instaurer un environnement agro-socio-économique favorable à l'épanouissement des

activités agricoles et para-agricoles des paysans, favoriser l'autopromotion des Organisations

Paysannes, faciliter l'accès au crédit de ces derniers en limitant les charges y afférant, et mieux

responsabiliser les Associations de crédits dans la gestion des risques ; ce sont les principaux axes

d'orientation avancés pour parvenir à cet objectif.

Page 73: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

___________________________________________________________________

57

CONCLUSION GENERALE

La promotion du monde rural à travers le financement des microcrédits et le soutien de

l'accès des paysans au système de crédit formel, sont les principaux objets de la microfinance. La

microfinance constitue donc un moyen de réduction de la pauvreté.

Vu les contextes socio-économiques existant dans les zones Vallée Marianina – PC 15,

notamment la vente démesurée de paddy avant la hausse des cours, la pratique de grenier commun

villageois est indispensable pour la grande majorité des paysans. La bonne capacité de stockage de

paddy à la récolte, mais aussi des insuffisances de réserves en cet aliment de base des ménages

dès le mois de janvier, justifient ce propos.

Au terme de cette étude, le fondement des attitudes des paysans vis-à-vis des institutions

financières en général, et du microcrédit GCV en particulier, peut se résumer ainsi :

- L'ensemble des activités menées jusqu'ici auprès des paysans, par l'Etat ou les

Organismes d'appui, n'ont suffisamment pas pris compte de l'interdépendance de tous les éléments

constitutifs de l'environnement dans lequel évolue l'exploitation agricole. En effet, soit les projets ont

été mis en œuvres suivant des directives préalablement définies par les supérieurs, soit, on a réalisé

les opérations sans aucune mesure d'accompagnement pérenne.

La dégradation du système éducatif, des infrastructures d'information et de communication a

engendré la difficulté d'appréhension et d'adoption de ces innovations par les paysans. Ceci est

aggravé par l'absence de synergie entre les différentes interventions en milieu rural, les contraintes

liées aux matériels agricoles, aux conditions climatiques et aux marchés.

- Suite aux résultats plus ou moins mitigés des diverses formules de crédits41, mises en

œuvre par la BTM depuis 1977, la BOA promut l'Association de Crédit à Caution Solidaire tout en

imposant des formalités strictes pour les études et les octrois de crédit. Ce système a certainement

contribué à l'amélioration de recouvrement des prêts durant ces dernières années.

Seulement, les mesures de sécurisation de crédit prises par la banque ne profitent véritablement

pas les unités de production de la masse paysanne, tant que leurs revenus ne soient pas

suffisamment rassurés. L'instabilité des revenus agricoles, d'où financiers, des ménages amène bon

nombre d'entre eux à ne pas se risquer à contracter avec la banque, pour se tourner vers les prêts

informels. En effet, malgré l'intérêt démesuré généré par le crédit usuraire, c'est l'aspect social de

ce dernier que les paysans en apportent beaucoup d'importance.

- Outre les problèmes environnementaux sus-cités, trouver des partenaires solvables –

capables de gérer efficacement les capitaux financiers qu'on leur prête – constitue la principale 41 Crédit individuel, crédit collectif et crédit mutuel.

Page 74: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

___________________________________________________________________

58

contrainte des paysans sur la formation de groupement à caution solidaire. Vient ensuite le

problème de magasin de stockage par la faiblesse des infrastructures locales.

La nécessité de la constitution de fonds de garantie mutualiste forme aussi l'une des préoccupations

des paysans.

La gestion efficace des prêts par les paysans repose sur la considération des objets de

financement de ces individus de manière plus large, en y incluant la banque (par la microfinance),

les acteurs économiques (spéculateurs), les pouvoirs publics (coordonnateur), les Organismes

d'appui (promoteurs) et enfin les Organisations des producteurs (principaux bénéficiaires). L'objectif

n'est pas seulement d'augmenter le volume de crédits à octroyer, mais aussi d'offrir un financement

de caractère incitatif et adapté aux capacités des paysans.

La mise en synergie des activités de tous ces acteurs permettra de sécuriser les crédits bancaires

dans un écosystème favorable à l'épanouissement des systèmes d'exploitation des producteurs.

Mieux impliquer les représentants des Organisations paysannes dans la minimisation des

risques mettra en commun les objectifs respectifs des paysans, débiteurs, et de la BOA, créancier.

Cela peut se concrétiser en affectant la gestion des fonds de garantie aux débiteurs par la mise en

place d'un système d'assurance de type "Société de Cautionnement Mutuel".

Néanmoins, des informations-sensibilisations médiatiques des paysans, sur les avantages

de GCV, constituent des mesures à court terme. La vulgarisation de ce type de microcrédit

nécessite la mobilisation effective de différents acteurs de développement rural, notamment les

Institutions financières et le Gouvernement malgache, à travers les collectivités décentralisées.

Le renforcement de capacité des Associations de crédit constitue aussi l'une des conditions

de pérennisation du GCV. Les appuis-conseils doivent correspondre aux besoins des paysans et sa

réussite repose sur l'adaptation aux conditions locales. Ils favoriseront l'autopromotion des

Organisations Paysannes en générale, et des ACCS en particulier.

Page 75: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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L'état des lieux de la filière riz à Madagascar. Rapport de l'atelier du 22 au 27 avril 1996

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Rapport National sur le Développement Humain : Le rôle de la gouvernance et de la décentralisation

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Fiche d'approfondissement du Séminaire International de Dakar n° 9, du 21 au 24 janvier 2002. –

Format de fichier : PDF, 4 pages

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Sécuriser le crédit à l'agriculture par le crédit stockage ou warrant agricole

Fiche d'approfondissement du Séminaire International de Dakar n° 10, du 21 au 24 janvier 2002. –

Format de fichier : PDF, 5 pages

http://microfinancement.cirad.fr/fr/news/bim/FichDak10Cr%e9ditstokage.pdf

Sécuriser le crédit agricole par la centrale de risque

Fiche d'approfondissement du Séminaire International de Dakar n° 11, du 21 au 24 janvier 2002. –

Page 80: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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Format de fichier : PDF, 7 pages

http://microfinancement.cirad.fr/fr/news/bim/FichDak11Centrale-risque.pdf

Page 81: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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ANNEXES

ANNEXE 1 : MONOGRAPHIE SIMPLIFIEE D'AMBATONDRAZAKA 66

A. LOCALISATION DE LA VALLEE M ARIANINA ET DU PC 15 66 B. DEMOGRAPHIE 67 C. POTENTIALITES DE LA REGION 67

ANNEXE 2 : HISTORIQUE DU CREDIT RURAL DANS LA REGIO N DE L'ALAOTRA 69

A. 1960 A 1972 : L' EPOQUE DES SOCIETES DE CREDIT AVEC LA SCAM 69 B. 1972 A 1977: UN ESSAI DE CREDIT DE MASSE INDIVIDUEL PAR LE PCAI 69 C. 1977 : POPULARISER LE CREDIT AGRICOLE A TRAVERS LE FMR 70 D. ACS ET ACCS: DES CREDITS ASSOCIATIFS POUR REDUIRE LE COUT D' INTERVENTION 71 E. LE CREDIT SOUS-DISTRIBUE DURANT L 'OPERATION BLE KOBAMA 73 F. LE CREDIT USURIER : UNE HISTOIRE QUI DATE DE LONGTEMPS 73

ANNEXE 3 : QUELQUES RENSEIGNEMENTS SUR LES CULTURES DE CONTRE SAISONS 74

ANNEXE 4 : TABLEAUX RESSOURCES SUR LA DETERMINATION DES AVANTAGES DU GCV 76

ANNEXE 5 : LES REALISATIONS EN "CREDIT GCV" DE LA B OA ET DE L'OTIV EN 2003 81

ANNEXE 6 : ORGANISATIONS DE LA SOCIETE DE CAUTIONNE MENT MUTUEL (SCM) 82

A. LE CADRE JURIDIQUE DE LA SOCIETE DE CAUTIONNEMENT M UTUEL 82 B. LES ORGANES DE LA SOCIETE DE CAUTIONNEMENT MUTUEL 82 C. L' ORGANISATION OPERATIONNELLE DE LA SOCIETE DE CAUTIONNEMENT M UTUEL 83 D. LES RESSOURCES FINANCIERES DE LA SOCIETE DE CAUTIONNEMENT M UTUEL 83

ANNEXE 7 : LE PROJET BV LAC 86

A. LE CONTEXTE DU PROJET 86 B. LES ZONES D' INTERVENTION DU PROJET 86 C. LES OBJECTIFS DU PROJET 86 D. LE CONTENU ET L 'EXECUTION DU PROJET 87

Page 82: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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ANNEXE 1 : Monographie simplifiée d'Ambatondrazaka

Localisation de la Vallée Marianina et du PC 15

La cuvette de l'Alaotra est située au milieu des plateaux de la région centrale de

Madagascar, dans la Province Autonome de Toamasina. L'altitude moyenne y est de 700 m. Des

massifs latéritiques forment les abords aux bassins versants, lesquels couvrent une superficie de 6

492 km².

Au sud de la cuvette se trouve le Fivondronana d'Ambatondrazaka. Il est limité :

au Nord par le Fivondronana d'Andilamena,

à l'Est par le Fivondronana de Vavatenina et de Brickaville,

au Sud par le Fivondronana de Moramanga,

et à l'Ouest par le Fivondronana d'Amparafaravola.

Le relief du Fivondronana d'Ambatondrazaka forme, dans ses bassins versant, un réseau de

nombreux cours d'eau dont les plus importants sont :

Le Sahabe, l'un des principaux tributaires du Lac Alaotra. Il se prolonge dans le lac par

un chenal de 3 km ;

Le Sahasomanga qui irrigue quelques 4 000 ha des rizières du PC 15, après avoir

sillonné par d'intenses aménagements. Il est contrôlé par le barrage d'Antanifotsy-

Bevava.

Sur la limite Nord du Fivondronana coule la rivière de Maningory et va se jeter dans l'Océan Indien.

Le périmètre de la vallée Marianina se situe à 7 km au sud-est d'Ambatondrazaka, entre 770

m et 824 m d'altitude. Elle est alimentée par trois rivières, dont celle de Lohafasika, de Harave et de

Sahasomanga. Cette vallée est délimitée par les versants des collines, et traversée au Nord par la

route nationale n° 44. Cette route la relie avec la ville d'Ambatondrazaka.

Plus au Nord, entre la vallée Marianina et le grand marais d'Alaotra, est aménagée le Périmètre de

Colonisation (appelé aussi Périmètre de Culture) 15 ou PC 15. Il est haut de 755 m à 759 m

d'altitude.

Page 83: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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Démographie

□ Nombre de Communes : 20

□ Nombre de Fokontany : 131

□ Nombre de population (2001) : 344 439

□ Densité de la population : 53 habitants par km²

Tableau 7 : Nombre de population par Commune en 2001

COMMUNE POPULATION COMMUNE POPULATION COMMUNE POPULATION

AMBATONDRAZAKA URBAINE

AMBATONDRAZAKA SUBURBAINE

AMPITATSIMO

AMBANDRIKA

FERAMANGA NORD

AMBATOSORATRA

AMPARIHINTSOKATRA

71 401

20 405

15 558

4 650

15 368

26 928

10 959

MANAKAMBAHINY EST

AMBOHITSILAOZANA

ANDILANATOBY

BEJOFO

DIDY

ILAFY

IMERIMANDROSO

9 358

22 164

30 708

9 021

16 220

14 396

15 294

ANDROMBA

ANTANANDAVA

MANAKAMBAHINY OUEST

ANTSANGASANGA

SOALAZAINA

TANAMBAO BESAKAY

4 238

8 497

23 249

6 187

8 228

11 615

Source : Ministère de la Population, Délégation à Ambatondrazaka – Août 2003.

Potentialités de la région

□ Fortes potentialités en matière de riziculture :

Tableau 8 : Les potentialités en terres agricoles d'Ambatondra zaka

Type Superficie en ha

Rizières cultivables 31 500

Tanety cultivables 19 950

Baiboho 2 900

Total des terres cultivables 54 350

Source : DIRDR Ambatondrazaka, 2001.

Tableau 9 : Les matériels agricoles des exploitants d'Ambatond razaka en 2000

Type Nombre Type Nombre

Tracteur 117 Pulvérisateur 1 381

Remorque 80 Egreneuse d'arachide 84

Charrette 3 644 Angady 41 288

Charrue 7 264 Fourche 20 355

Herse à dents 10 559 Râteau 311

Sarcleuse 738 Faucille 35 347

Brouette 441

Source : DIRDR Ambatondrazaka, 2001.

Page 84: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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Tableaux 10 : Recensement de la production de quelques cultures de saison par la Circonscription de l'Agriculture d'Ambatondrazaka – Campagne 2001-2002

Riz irrigué Riz pluvial Manioc Maïs

Zones Production (T)

Rendement (T/ha)

Production (T)

Rendement (T/ha)

Production (T)

Rendement (T/ha)

Production (T)

Rendement (T/ha)

Vallée Marianina-PC 15 23 990 3.8 170 2.2 1 380 12.6 250 2.6

Ambatondrazaka 6 120 2.8 180 1.2 900 10.8 180 1.3 Manakambahiny Ouest 7 820 2.2 70 0.9 2 380 10.6 80 1.0

Manakambahiny Est 2 960 2.0 370 2.3 2 800 8.0 200 1.0

Arachide Oignon Haricot Vouandzou Zones Production

(T) Rendement

(T/ha) Production

(T) Rendement

(T/ha) Production

(T) Rendement

(T/ha) Production

(T) Rendement

(T/ha) Vallée Marianina-PC 15 30 1.0 20 3.0 40 0.8 20 2.0

Ambatondrazaka 70 0.8 200 15.0 80 1.0 20 2.0 Manakambahiny Ouest

17 0.8 10 10.0 26 0.9 74 1.0

Manakambahiny Est 129 0.7 - - 40 0.8 - -

Source : DIRDR Ambatondrazaka – Août 2003.

□ Diversification du mode de transport :

- Transport aérien,

- Transport ferroviaire,

- Transport terrestre.

Tableau 11 : Etat des routes en 1999

Routes revêtues 276 km

Routes accessibles toute l'année 473 km

Routes accessibles temporairement 96 km

Source : DGEP – Octobre 2000.

□ Ressources importantes en pêche continentale.

Page 85: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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ANNEXE 2 : Historique du crédit rural dans la régio n de l'Alaotra

A. 1960 à 1972 : L'époque des sociétés de crédit av ec la SCAM

Dans les années 1960, le plus important système adopté dans la région du Lac Alaotra en

matière de crédit de masse est la SCAM ou Société de Crédit Agricole Mutuel . Elle est constituée

par un groupement de paysans habitant dans un même village, possédant un statut officiel de type

S.A.R.L., un règlement intérieur et dont le centre d'intérêt est l'accès au crédit.

Les SCAM fonctionnaient comme une véritable société, avec présentation des résultats à

chaque fin d'exercice et élaboration des programmes pour la prochaine campagne. C'est

l'Assemblée Générale qui constitue l'organe suprême de décision. Toutes demandes de crédits -

effectuées auprès de la Banque Nationale Malgache (BNM) - au nom de l'association devront être

avalisées par cette institution. Beaucoup d'agriculteurs, membres des SCAM, ont réalisé la

promotion de leur exploitation et de leur ménage par le biais de ce système.

De l'autre côté, la politique de développement rural de l'époque - favorables aux formules

d'Associations des Producteurs et Coopératives Agricoles - cadre bien avec ces initiatives. L'Etat

appuie ces initiatives paysannes par des dotations de matériels lourds, construction de hangars et

de magasins de stockage de grande capacité directement gérés par ces coopératives.

Toutefois, des problèmes surgissaient au fur et à mesure de l'évolution de ce système. Le

rapport de l'Office du Riz Alaotra (O.R.A.) de 1968 à 1970 mentionnait des détournements de crédit

et pratiques de l'usure par la sous-distribution de crédit par certains membres des associations. Cela

a conduit à la dissolution de certains SCAM. Cette tournure a incité les responsables à identifier

d'autres voies pour l'amélioration du crédit de masse.

1972 à 1977: Un essai de crédit de masse individuel par le PCAI

Le nouveau programme Petit Crédit Agricole Individuel ou PCAI à été lancé par la BNM

vers 1972. Il a été repris par la BTM de 1975 à 197742. C'est un prêt destiné aux petits agriculteurs

individuels.

Le climat politique national, après les manifestations de mai 1972, n'a pas permis une réelle

expansion de ce type de produit. Des mauvais taux de recouvrement, détournement de crédit et

insuffisance de sensibilisation s'ajoutaient à ces problèmes. Du point de vue pratique, le système est

jugé trop lourd à gérer et nécessite beaucoup de techniciens.

42 La banque BNM est nationalisée et devenue "Bankin'ny Tantsaha Mpamokatra" ou BTM.

Page 86: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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Au fur et à mesure de l'implantation de l'économie socialiste, on a abandonné

progressivement l'approche "individuelle stricte" pour généraliser l'approche "collectivités

décentralisées". L'objectif est de donner à tout un peuple la même chance d'accéder au crédit.

1977 : Populariser le crédit agricole à travers le FMR

Le Financement du Monde Rural ou FMR Traditionnel , appliqué à partir de 1977 est un

crédit individuel sous caution des Fokontany. Le Fokontany, qui est désormais l'unité d'intervention

de la BTM, est responsable de l'établissement des demandes de prêt, de la sensibilisation et la

perception des recouvrements. L'avantage de ce système a été de pouvoir toucher un maximum de

cibles en l'espace de temps assez court.

Cependant, le manque de suivi, au fur et à mesure de l'augmentation du nombre des

bénéficiaires, a entraîné un détournement massif de crédit. Ce qui a engendré un très mauvais taux

de recouvrement, comme le montre la figure suivante :

Figure 20 : Evolution du taux de recouvrementde crédit FMR Traditionnel de 1981-1989

0200400

600800

10001200

14001600

1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989

Année

Nom

bre

de

béné

ficia

ires

0102030405060708090

Taux de

récouvrement (%

)

Nombre de bénéficiaires Taux de recouvrement (%)

Source : BTM Avaradrova – Ambatondrazaka, 1990; in Etude hi storique du crédit agricole dans la région du Lac Alaotra – Claude RANDRIANARISOA. FOFIFA-DRD, mai 1995.

On avait aussi noté une dilution des responsabilités par le fait que le crédit était devenu un

instrument politique à l'usage des administrateurs. Il suffit d'avoir de bonnes relations avec un

décideur pour pouvoir accès au crédit. Par contre, les projets sérieux risquent de ne pas être

présentés si des mésententes existent entre les demandeurs et les membres du comité d'octroi.

En 1980, une nouvelle forme d'intervention – qui sera basée sur l'étude plus affinée et

individuelle des exploitations – a été proposée par la BTM et le Ministère de l'Agriculture de

l'époque, avec l'appui financier de l'IDA et du BIRD. C'est la mise en route du Projet FMR-ODRI ou

Financement du Monde Rural - Opération de Développe ment Rural Intégrée. Le système se

propose d'intégrer le crédit agricole dans le processus de développement de l'exploitation, en

mettent en œuvre des suivis techniques de cette dernière par des agents de vulgarisations

Page 87: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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(SOMALAC, CIRVA). Le crédit avait touché les besoins à court terme43 et à moyen terme44, avec un

taux d'intérêt annuel de 17%. La garantie devra être au moins 10% des montants octroyés.

Son coût trop élevé, avec la nécessité de mobilisation important d'agents de terrain, a

handicapé cette approche. Cela a amené à la réduction du nombre des bénéficiaires, illustrée par la

figure suivante :

Figure 21 : Evolution du nombre des bénéficiairesde crédit FMR-ODRI de 1983-1987

0

100

200

300

400

500

1983 1984 1985 1986 1987

Année

Nom

bre

de

béné

ficia

ires

0

10

20

30

40

50

60

Taux de

récouvrement (%

)

Nombre de bénéficiaires Taux de recouvrement (%)

Source : BTM Avaradrova – Ambatondrazaka, 1990; in Etude hi storique du crédit agricole dans la région du Lac Alaotra – Claude RANDRIANARISOA. FOFIFA-DRD, mai 1995.

L'insuffisance de contact BTM - paysans et d'encadrements techniques, suite à la

dégradation des routes et des moyens de locomotion, a affaibli le taux de recouvrement.

ACS et ACCS: des crédits associatifs pour réduire l e coût d'intervention

L'approche par groupement a été reprise vers 1983. C'était le début de l'Association de

Crédits Solidaires (ACS) et l'Association de Crédits à Caution Solidaire (ACCS) . Le crédit reste

individuel, mais le groupe apporte sa caution à la banque pour chacun des membres.

Au Lac Alaotra, les Associations pour l'Intensification des Mailles (AIM) sont reconverties, sous

l'impulsion de la SOMALAC, en Associations d'Intensification et de Crédit ou AIC. Les paysans

se trouvant en dehors des périmètres, qui ont de difficulté d'accès à l'irrigation, sont pourtant écartés

de ces crédits. Il est jugé dangereux d'engager d'importants crédits à ces paysans45.

Une "solidarité forcée" par les faits étant née, non seulement entre les membres d'un

groupement, mais aussi entre les propriétaires des lots voisins (regroupés dans l'AIM). Leurs

rizières dépendent en effet d'un même réseau hydraulique, d'où la création spontanée de la

solidarité entre eux, face à un problème commun. On peut dire que le système adopté était un

succès car les taux de recouvrement avoisinaient le 96,2% de 1984 à 1989, d'après la figure qui

suit.

43 Crédit de campagne 44 Acquisition de matériels agricoles 45 Sur un ensemble de superficie brute de rizière de 95 400 ha, seuls 32 000 ha font partie des grands périmètres irrigués. Celles possédant une bonne maîtrise d'eau sont encore d'un pourcentage plus bas. Etude historique du crédit agricole dans la région du Lac Alaotra – Claude RANDRIANARISOA. FOFIFA-DRD, mai 1995.

Page 88: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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Figure 22 : Evolution de recouvrement des creditsau sein de la SOMALAC de 1984 à 1989

0

20

40

60

80

100

120

1984-85 1985-86 1986-87 1987-88 1988-89

Campagne de culture

Nom

bre

de

grou

pem

ents

80

85

90

95

100

Taux de

recouvrement (%

)

Nombre de groupements Taux de recouvrement (%)

Source : SOMALAC, 1989; in Etude historique du crédit agric ole dans la région du Lac Alaotra – Claude RANDRIANARISOA. FOFIFA-DRD, mai 1995.

Les défaillances de ce système n'ont jamais été constatées que lors de la période de

dissolution de la SOMALAC en 1991. Les contraintes sur l'irrigation commencent à se fait ressentir.

La paralysie des services de développement de la BTM, due à l'événement socio-politique de mai

au novembre 1991 a aggravé les problèmes de recouvrement. Alors que l'échéance des crédits de

campagne rizicole a été fixée habituellement au 31 août. Le taux de recouvrement n'a atteint que

56% en fin de campagne.

Pour certains, le recouvrement des dettes n'est plus prioritaire pour la continuation des travaux

rizicoles, du fait de problème d'irrigation. Pour d'autres, la peur de ne plus avoir de crédit – suite aux

grèves et à la fermeture des banques – les ont conduits à ne pas rembourser.

Page 89: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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Le crédit sous-distribué durant l'Opération Blé KOB AMA

Le crédit sous-distribué, tel "le crédit blé", existait aussi à Ambatondrazaka vers 1988 à

1993. C'est une opération menée de pair par la BTM et le Ministère de l'Agriculture, par le biais du

volet agricole de l'Opération Blé KOBAMA ou OB KOBAMA. L'objectif est d'encourager la

production de blé pour l'approvisionnement des minoteries d'Antsirabe et de Toamasina.

Théoriquement, le système ne devrait comporter aucun inconvénient. La part des intrants

avancés à crédit par la KOBAMA, sur le coût total de la production du blé ne représente qu'une

partie. Cependant, la quantité de blé, vendue à la KOBAMA par certains groupements, n'arrive pas

à payer le montant du crédit emprunté avec les intérêts.

Outre les problèmes de grêle et de maladies qui ont affecté les cultures de blé, bon nombre des

paysans utilisent, en effet, les intrants pour la culture maraîchère. La production de blé reste ainsi

faible.

Le crédit usurier: une histoire qui date de longtem ps

Durant toutes ces périodes, le crédit usurier demeure toujours au sein de la population

d'Ambatondrazaka. Qu'importe l'aspect économique du système, avec le montant de l'intérêt à

payer; seuls les critères sociaux en prédominent : la facilité d'accès, la proximité du service et la

libre utilisation de la somme empruntée.

Page 90: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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ANNEXE 3 : Quelques renseignements sur les cultures de contre saisons

Tableau 12 : Quelques renseignements sur les principales cultur es légumières

NOM DE LA CULTURE

Poids de la graine (g / litre)

Nombre de graines dans 1 gramme

Rendement (kg / are)

Arachide 400 2 – 3 15 – 30

Carotte 350 900 100 – 300

Choux 700 300 – 375 100 – 400

Concombre 500 35 100 – 200

Courgette 400 – 425 3 – 6 200 – 500

Vert: 20 - 70 Haricot 625 – 850 0.75

Sec: 10 – 20

Maïs 640 4 – 5 100

Oignon 500 250 200 – 300

Pe Tsaï 700 300 400 – 600

Pois 700 – 800 2 – 6 Sec: 20 – 30

Poivrons 450 150 50 – 200

Tomate 300 300 – 400 60 – 300

Source : Mémento de l'Agronome, 4 e édition. Ministère de la Coopération et du Développement. Fr ance, 1991.

Tableaux 13 : Rendement de production de quelques cultures de sa ison et contre saison dans la

Vallée Marianina – PC 15, d'après enquêtes auprès d es paysans

Campagne 2001-2002 / 2002-2003

CULTURES DE SAISON Riz irrigué Riz pluvial Maïs Manioc Arachide Vouandzou Oignon

Rendement (T/ha) 3.10 1.53 1,47 10.49 0.60 1.36 5,21

CULTURE DE CONTRE-SAISON Haricot Haricot vert Tomate Choux Piment Courgette Concombre

Rendement (T/ha) 0.77 2.03 16.03 20,99 5,19 11,31 0,39

Source : Auteur / Enquête auprès des paysans – Août 2003.

Page 91: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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Tableaux 14 : Fiches techniques de quelques cultures de contre s aison Culture de concombre Rendement (T/ha) : 7,39

Main d'œuvre Intrants agricoles Opérations culturales Période Mode Familiale

(Hj/ha) Salariée (Hj/ha)

Montant (Fmg/hj) Produits Quantité Unité Montant

(Fmg/unité)

Montant total

(Fmg/ha) Labour Août Attelé 3,47 6,95 15 000 104 250 Trouaison Août Manuel 5,21 0,00 0 0 Traitement semence Août Chimique 1,30 0,00 0 Fongicide 0,16 kg/ha 10 000 1 575 Semis Août Manuel 5,21 0,00 0 Semence 4,54 kg/ha 125 000 567 500 Sarclage Sept. Manuel 6,00 0,00 0 0 Traitements 1 Sept. Chimique 3,75 0,00 0 Décis 0,50 l/ha 350 000 175 000 Traitements 2 Sept. Chimique 3,75 0,00 0 Karaté 0,30 l/ha 170 000 56 670 Traitements 3 Sept. Chimique 3,75 0,00 0 Ditane 89,00 kg/ha 40 000 3 500 000 Récoltes Oct. Manuel 31,25 0,00 0 0

Total 63,69 6,95 4 404 995 Culture de haricot vert Rendement (T/ha) : 2,03

Main d'œuvre Intrants agricoles Opérations culturales Période Mode Familiale

(Hj/ha) Salariée (Hj/ha)

Montant (Fmg/hj) Produits Quantité Unité Montant

(Fmg/unité)

Montant total

(Fmg/ha) Labour Juillet Attelé 3,47 6,95 15 000 104 250 Planage Juillet Manuel 14,29 14,29 5 000 71 429 Trouaison Juillet Manuel 7,14 0,00 0 0 Fumage Juillet Manuel 0,00 7,14 3 500 Fumier 2,00 t/ha 0 24 990 Traitement semence Juillet Chimique 2,00 0,00 0 Fongicide 0,20 kg/ha 10 000 2 000 Semis Juillet Manuel 5,21 0,00 0 Semence 34,92 kg/ha 18 000 628 560 Sarclage Sept. Manuel 6,00 0,00 0 0 Traitements 1 Sept. Chimique 3,75 0,00 0 Karaté 0,30 l/ha 170 000 56 670 Traitements 2 Sept. Chimique 3,75 0,00 0 Cypvert 0,75 l/ha 65 000 48 750 Récoltes Oct. Manuel 11,28 22,56 5 000 112 778

Total 56,88 50,93 1 049 423 Culture de choux Rendement (T/ha) : 20,99

Main d'œuvre Intrants agricoles Opérations culturales Période Mode Familiale

(Hj/ha) Salariée (Hj/ha)

Montant (Fmg/hj) Produits Quantité Unité Montant

(Fmg/unité)

Montant total

(Fmg/ha) Labour Juillet Attelé 3,47 6,95 15 000 104 250 Planage Août Manuel 14,29 14,29 5 000 71 429 Trouaison Août Manuel 7,50 7,50 7 500 56 250 Fumage Août Manuel 2,10 5,04 3 500 Fumier 2,00 t/ha 0 17 640 Traitement semence Août Chimique 1,00 0,00 0 Fongicide 0,20 kg/ha 10 000 2 000 Semis Août Manuel 5,21 0,00 0 Semence 34,92 kg/ha 18 000 628 560 Sarclage Sept. Manuel 7,00 0,00 0 0 Traitements 1 Sept. Chimique 3,75 0,00 0 Karaté 0,30 l/ha 170 000 56 670 Traitements 2 Sept. Chimique 3,75 0,00 0 Ditane 89,00 kg/ha 40 000 3 500 000 Récoltes Oct. Manuel 33,33 16,67 3 500 58 331

Total 81,40 50,44 4 495 130 Culture de tomate Rendement (T/ha) : 16,03

Main d'œuvre Intrants agricoles Opérations culturales

Période

Mode Familiale

(Hj/ha) Salariée (Hj/ha)

Montant (Fmg/hj) Produits Quantité Unité Montant

(Fmg/unité)

Montant total

(Fmg/ha) Préparation pépinière

Juillet Manuel 2,00 0,00 0 0

Fumage Juillet Manuel 2,00 0,00 0 Fumier 0,05 t/ha 0 Semis Juillet Manuel 0,50 0,00 0 Semence 1,00 kg/ha 50 000 50 000 Traitement plantules Juillet Chimique 3,00 0,00 0 Ditane 2,00 kg/ha 40 000 80 000 Labour Juillet Attelé 3,47 6,95 15 000 104 250 Planage Août Manuel 14,29 14,29 5 000 71 429 Trouaison Août Manuel 3,33 6,67 6 000 39 996 Fumage Août Manuel 0,00 7,14 3 500 Fumier 2,00 t/ha 0 24 990 Repiquage Août Manuel 8,00 8,00 4 000 32 000 Sarclage Sept. Manuel 6,00 0,00 0 0 Traitements 1 Sept. Chimique 3,75 0,00 0 Décis 0,50 l/ha 350 000 175 000 Traitements 2 Oct. Chimique 3,75 0,00 0 Ditane 89,00 kg/ha 40 000 3 500 000 Récoltes Nov. Manuel 15,00 9,50 3 500 33 250

Total 65,09 52,54 4 110 915

Page 92: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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Source : Auteur / Enquête auprès des paysans – Août 2003.

ANNEXE 4 : Tableaux ressources sur la détermination des avantages du GCV

Tableau 15 : Calcul d'indice de rentabilité du Groupement pratiquant de GCV avec la BOA Etude de cas

Tonnage (t) 40,00 Quantum (Fmg/kg) 1 000 Durée de stockage (Mois) 4 Taux intérêt HT/an (%) 24,25 Nombre d'échéance 1 Cours de paddy à l'échéance (Fmg/kg) 1 300 Perte de paddy à l'échéance (%) 3,00 Quantité à déstocker (t) 38,80 CHARGES

Libellé Coût unitaire (Fmg/mois) Montant total (Fmg)

ASP (Capital crédit) 32 000 000 Montant intérêt 3 104 000

Sous-total 1 35 104 000 Frais de dossier 30 000 FGM (remboursable) 3 200 000 Assurance vol & incendie 345 600

Sous-total 2 3 575 600 Frais gardiennage 60 000 240 000 Location silo 50 000 200 000 Cadenas 50 000 Raticides 20 000

Sous-total 3 510 000 TOTAL CHARGES du groupement 39 189 600 PRODUITS ASP - Vente de paddy à l'échéance 50 440 000 FGM (fmg) 3 200 000 TOTAL PRODUITS du groupement 53 640 000 Résultat du groupement : ( BENEFICE ) 14 450 400 Indice de rentabilité [ Résultat x 10 –7 ] : 1.45

Source : Auteur – Novembre 2003.

Nota bene: Les résultats issus de l'utilisation des prêts bancaires ne sont pas considérés dans les

calculs.

Page 93: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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Tableau 16 : Indices de rentabilité du Groupement pratiquant de GCV avec la BOA

Durée de stockage (Mois) 2 3 4 5 6 7

0,19 0,16 0,13 0,10 0,07 0,04 100 0,28 0,25 0,22 0,19 0,16 0,13 200 0,38 0,35 0,32 0,29 0,26 0,23 300 0,48 0,45 0,42 0,39 0,36 0,33 400

10

0,58 0,55 0,51 0,48 0,45 0,42 500 0,41 0,36 0,31 0,26 0,21 0,16 100 0,60 0,55 0,50 0,45 0,40 0,35 200 0,80 0,75 0,70 0,65 0,60 0,55 300 0,99 0,94 0,89 0,84 0,79 0,74 400

20

1,18 1,13 1,08 1,03 0,98 0,93 500 0,63 0,56 0,49 0,42 0,35 0,28 100 0,92 0,85 0,78 0,71 0,64 0,57 200 1,21 1,14 1,07 1,00 0,93 0,86 300 1,50 1,43 1,36 1,29 1,22 1,15 400

30

1,79 1,72 1,65 1,58 1,51 1,44 500 0,85 0,76 0,67 0,58 0,49 0,40 100 1,23 1,15 1,06 0,97 0,88 0,79 200 1,32 1,53 1,45 1,36 1,27 1,18 300 2,01 1,92 1,83 1,74 1,66 1,57 400

40

2,40 2,31 2,22 2,13 2,04 1,96 500 1,07 0,96 0,85 0,74 0,63 0,53 100 1,55 1,44 1,33 1,23 1,12 1,01 200 2,04 1,93 1,82 1,71 1,60 1,50 300 2,52 2,41 2,30 2,20 2,09 1,98 400

50

3,01 2,90 2,79 2,68 2,57 2,47 500 1,29 1,16 1,03 0,90 0,78 0,65 100 1,87 1,74 1,61 1,49 1,36 1,23 200 2,45 2,32 2,19 2,07 1,94 1,81 300 3,03 2,90 2,78 2,65 2,52 2,39 400

60

3,61 3,49 3,36 3,23 3,10 2,98 500 1,50 1,36 1,21 1,06 0,92 0,77 100 2,18 2,04 1,89 1,74 1,60 1,45 200 2,86 2,72 2,57 2,42 2,28 2,13 300 3,54 3,40 3,25 3,10 2,95 2,81 400

Ton

nage

(t)

70

4,22 4,07 3,93 3,78 3,63 3,49 500

Différentiel de prix de vente entre la récolte et l

e déstockage (Fm

g/kg)

Source : Auteur – Novembre 2003.

Page 94: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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Tableau 17 : Calcul d'indice de rentabilité du Groupement ne pr atiquant pas de GCV Etude de cas

Tonnage (t) 40,00 Cours de paddy à la récolte (Fmg/kg) 1 000 Besoin financier après récolte (Fmg) 32 000 000 Vente de paddy (après récolte) correspondant (t) 32,00 Reste de paddy à stocker (t) 8,00 Durée de stockage (Mois) 4 Cours de paddy au déstockage (Fmg/kg) 1 300 Perte de paddy au déstockage (%) 3,00 Quantité à déstocker (t) 7,76 CHARGES

Libellé Montant total (Fmg)

Néant 0 TOTAL CHARGES du groupement 0 PRODUITS Vente de paddy après récolte - Vente de paddy au déstockage 10 088 000 TOTAL PRODUITS du groupement 10 088 000 Résultat net du groupement : (BENEFICE) 10 088 000 Indice de rentabilité [ Résultat x 10 –7 ] : 1.01

Source : Auteur – Novembre 2003.

Nota bene: Les résultats issus de l'utilisation des recettes dues à la vente de paddy après la récolte

ne sont pas considérés dans les calculs.

Page 95: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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Tableau 18 : Indices de rentabilité du Groupement ne pratiquant pas de GCV

Durée de stockage (Mois) 2 3 4 5 6 7

0,21 0,21 0,21 0,21 0,21 0,21 100 0,23 0,23 0,23 0,23 0,23 0,23 200 0,25 0,25 0,25 0,25 0,25 0,25 300 0,27 0,27 0,27 0,27 0,27 0,27 400

10

0,29 0,29 0,29 0,29 0,29 0,29 500 0,43 0,43 0,43 0,43 0,43 0,43 100 0,47 0,47 0,47 0,47 0,47 0,47 200 0,50 0,50 0,50 0,50 0,50 0,50 300 0,54 0,54 0,54 0,54 0,54 0,54 400

20

0,58 0,58 0,58 0,58 0,58 0,58 500 0,64 0,64 0,64 0,64 0,64 0,64 100 0,70 0,70 0,70 0,70 0,70 0,70 200 0,76 0,76 0,76 0,76 0,76 0,76 300 0,81 0,81 0,81 0,81 0,81 0,81 400

30

0,87 0,87 0,87 0,87 0,87 0,87 500 0,85 0,85 0,85 0,85 0,85 0,85 100 0,93 0,93 0,93 0,93 0,93 0,93 200 1,01 1,01 1,01 1,01 1,01 1,01 300 1,09 1,09 1,09 1,09 1,09 1,09 400

40

1,16 1,16 1,16 1,16 1,16 1,16 500 1,07 1,07 1,07 1,07 1,07 1,07 100 1,16 1,16 1,16 1,16 1,16 1,16 200 1,26 1,26 1,26 1,26 1,26 1,26 300 1,36 1,36 1,36 1,36 1,36 1,36 400

50

1,46 1,46 1,46 1,46 1,46 1,46 500 1,28 1,28 1,28 1,28 1,28 1,28 100 1,40 1,40 1,40 1,40 1,40 1,40 200 1,51 1,51 1,51 1,51 1,51 1,51 300 1,63 1,63 1,63 1,63 1,63 1,63 400

60

1,75 1,75 1,75 1,75 1,75 1,75 500 1,49 1,49 1,49 1,49 1,49 1,49 100 1,63 1,63 1,63 1,63 1,63 1,63 200 1,80 1,80 1,80 1,80 1,80 1,80 300 1,90 1,90 1,90 1,90 1,90 1,90 400

Ton

nage

(t)

70

2,04 2,04 2,04 2,04 2,04 2,04 500

Différentiel de prix de vente entre la récolte et l

e déstockage (Fm

g/kg)

Source : Auteur – Novembre 2003.

Page 96: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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Tableau 19 : Calcul de rentabilité de GCV pour l'OTIV Keta Etude de cas

Tonnage (t) 40,00

LIBELLE NOMBRE Unité Coût unitaire TOTAL (fmg) Frais de location 4 mois 50 000 200 000 Raticides 1 20 000 20 000 Amortissement des serrures 33 000 33 000 Réparation du magasin - - - Gardiennage 4 mois 60 000 240 000 Souscription Assurance (1) 375 550 Frais de nantissement - - - TOTAL Coûts spécifiques (fmg) 868 550 (1) TABLEAU DE CALCUL DES PRIMES D'ASSURANCES :

VALEUR ASSUREE Tonnage (kg) Prix de revient moy. du paddy-DIRDR

(fmg/kg) Coût (fmg) 40 000 812 32 480 000

A S S U R A N C E I N C E N D I E A S S U R A N C E V O L

LIBELLE VALEUR (fmg) LIBELLE VALEUR (fmg) Prime nette 89 320 Prime nette 162 400 Risque hors grande ville 8 932 Taxe de gestion 16 240 Coût Police 10 000 Coût Police 10 000 Taxe d'enregistrement 7 578 Taxe d'enregistrement 8 489 Taxe sur la Valeur Ajoutée 23 166 Taxe sur la Valeur Ajoutée 39 426 Total Assurance incendie 138 996 Total Assurance vol 236 555 TOTAL GENERAL DES PRIMES D'ASSURANCE 375 550

CALCUL FINANCIER

Quantum (fmg/kg) 650 ASP correspondant (fmg) 26 000 000

Durée minimale (mois) 2 Taux d'intérêt / an (36%-10%) 26,00

Intérêt perçu en 2 mois (fmg) 1 126 667 Coûts spécifiques (fmg) 868 550 Seuil tonnage de rentabilité (t) 30,836 DECISION D'OCTROI DE CREDIT : FAVORABLE

(*) moy. : moyenne Source : OTIV / Auteur – Novembre 2003.

Nota bene : Cette fiche constitue un outil de travail de l'OTIV. Les formules utilisées lors des calculs

ne sont pas ainsi présentées en détaille, par respect des clauses de confidentialité.

Page 97: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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ANNEXE 5 : Les réalisations en "crédit GCV" de la B OA et de l'OTIV en 2003

Tableau 20 : Récapitulation des GCV – BOA dans l'Alaotra, campa gne 2003.

Agence Localisation Montant débloqué (Fmg)

Part dans la région Alaotra

BOA 4500 Ambatondrazaka 58 700 000 6,2%

BOA 4900 Amparafaravola 624 184 000 65,6%

BOA 4902 Tanambe 268 000 000 28,2%

Ensemble 950 884 000 100,0%

Source: BOA, DDMF Antananarivo – Février 2004.

Tableau 21 : Récapitulation des GCV – OTIV dans l'Alaotra, camp agne 2003.

Caisse Localisation Nombre de bénéficiaire

de crédit GCV

Total paddy stocké (T)

Durée moyenne

de stockage (Mois)

OTIV Fitaratra Ambatondrazaka I 12 445,047 5,75

OTIV Keta Ambatondrazaka II 14 476,422 5,25

OTIV Fiaremana Imerimandroso 48 99,207 5,50

OTIV Fanilo Andilamena 1 60,762 6,00

OTIV Ravinala Tanambe 19 307,446 5,14

OTIV Otiva Ambohijanahary 17 226,866 6,00

OTIV Tonta Ambohitrarivo 42 499,340 5,00

OTIV Famonjena Amparafaravola 21 136,890 4,60

OTIV Avotr'aina Morarano Chrôme 13 191,054 6,00

OTIV

Manantenasoa Bejofo 64 574,400 5,29

TOTAL 251 3 017,434 5,45

Source: Direction des Opérations du Réseau OTIV Lac Alaotr a – Août 2003.

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ANNEXE 6 : Organisations de la Société de Cautionne ment Mutuel (SCM)

B. Le cadre juridique de la Société de Cautionnemen t Mutuel

La forme juridique régissant la Coopérative étant la plus adaptée à la SCM, dans la mesure

où :

- Elle permet la participation paritaire et volontair e de tous les adhérents à une action commune ;

- Chaque membre a le même droit de vote (au niveau de l'Assemblée Générale, un membre

équivaut à une voix), indépendamment du montant des contributions versées ;

- Elle bénéficie des avantages fiscaux.

Les organes de la Société de Cautionnement Mutuel

L'organe principal est l'Assemblée Générale des membres, laquelle est composée de tous

les groupements ACCS représentés par leur Président et trésorier respectifs.

L'Assemblée Générale élit les organes de la Société, à savoir :

� Le Conseil d'administration , formé de 5 membres, essentiellement des représentants des

ACCS. Il est chargé de :

- approuver le budget d'exécution de la Société,

- étudier préalablement les demandes de crédit des ACCS adhérents,

- approuver les conventions avec la BOA (accord de cautionnement aux membres),

- nommer le Directeur Exécutif et autres responsables administratifs,

- prendre toutes les dispositions nécessaires en vue d'atteindre les objectifs fixés ;

� Le Conseil des Commissaires aux comptes composé d'experts externes à la SCM. Il contrôle

le respect des procédures dans les prises de décision, notamment dans le terme des comptes. Il

établit, par la suite, de rapport de vérification de la gestion, qui sera soumis à l'Assemblée Générale.

Page 99: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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L'organisation opérationnelle de la Société de Caut ionnement Mutuel

Les gestions administratives et financières de la SCM nécessitent de personnel qualifié

capable de se communiquer avec les responsables de la banque et partenaires publics.

� Le Directeur Exécutif :

- prépare les programmes de travail, coordonne toutes les opérations et gère le personnel,

- rédige les conventions avec la BOA,

- élabore les demandes de financements qui seront soumises auprès des partenaires

publics,

- vérifie la régularité des remboursements à la banque par les ACCS adhérents ;

� L'Agent Comptable gère la comptabilité et les échéances ;

� Le Secrétaire est chargé de l'accueil des membres, de téléphone, fax et courrier, et de

l'archivage des documents.

Les ressources financières de la Société de Caution nement Mutuel

Les ressources financières de la SCM seront :

- Le droit d'adhésion des groupements ACCS,

- Les parts sociales (fixes ou variables) versées par les membres,

- L'abondement aux fonds de garantie (une partie des FGM ne sera pas remboursée pour

constituer un placement de réserve obligatoire et pérenniser l'activité),

- La commission sur la manipulation des dossiers de l'ACCS,

- Les dotations et les subventions par les Organismes publics.

Page 100: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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Figure 23 : Organigramme de la Société de Cautionne ment Mutuel

Responsable ducrédit rural del'Agence BOA

Organismes publics

Conseil des Commissaires aux comptes

Agent Comptable Secrétaire

Directeur Exécutif

CONSEIL D'ADMINISTRATION5 membres, dont : le Président, 1 vice-président,

et 3 conseillers.

ASSEMBLEE GENERALEAutorité suprême, décideur

Représentée par tous les Présidents et Trésoriers des groupements ACCS

Légendes : : Relation hiérarchique : Relation de travail Source : Auteur – Février 2004.

Figure 24 : Structure des activités au niveau régio nal

Agence BOA

Paysans membresdu groupement ACCS

ACCS

Paysans membresdu groupement ACCS

ACCS

Union desgroupements ACCS

Paysans membresdu groupement ACCS

ACCS

Paysans membresdu groupement ACCS

ACCS

Union desgroupements ACCS

Société de Cautionnement Mutuel(SCM)

Source : Auteur – Février 2004.

Page 101: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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Figure 25 : Fonctionnement du système d'assurance autogérée Légendes :

1. Besoin de crédit par l'ACCS : Demande de caution auprès de la SCM

2. Etude des dossiers de l'ACCS au niveau du Conseil d'Administration de la SCM :

- Consultation du Comité d'octroi de crédit - Consultation de l'Agence BOA

3. Décisions de caution de l'ACCS par la SCM, et d'octroi de crédit par la BOA

4. Versement du FGM et obligations y afférant auprès de la SCM

5. - Etablissement des contrats entre ACCS et BOA - Déblocage de crédit par la BOA

6. Remboursement des dettes par l'ACCS à l'échéance

7. Information de la SCM, par la BOA, sur la situation de recouvrement des dettes

En cas de non-recouvrement des dettes après l'échéance convenue :

8. Demande d'assurance de non-recouvrement auprès de la SCM

9. Recouvrement des impayés par la SCM avec l'accord du Conseil d'Administration

En cas de recouvrement à 100% des dettes à l'échéance :

10. Décision de restitution du FGM par SCM Source : Auteur – Février 2004.

SOCIETE DE CAUTIONNEMENT

MUTUEL (Assurance autogérée)

Agence BOA

Ambatondrazaka

Association de Crédit à Caution Solidaire

1

5

6

3

2

8

9

4 10

7

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ANNEXE 7 : Le Projet BV Lac

C. Le contexte du Projet

Malgré la richesse relative de la plaine d'Alaotra, les signes suivantes démontrent qu'elle est,

actuellement, fortement menacée :

- Des successions d'érosions jusqu'à la formation de lavaka : Au niveau de la

plaine, la surface des rizières n’est pas extensible, faute de moyens d'irrigation. La

population, dont la densité augmente d'année en année, a commencé à coloniser les

collines aux alentours. Elle y pratique des cultures et activités pastorales

particulièrement érosives et sur des sols fragiles.

- Une stagnation relative de la production rizicole : La déficience

d'approvisionnement en intrants (semences, mécanisation, crédit agricole),

l'inadéquation des modes de faire-valoir (métayage, insécurité foncière), des

problèmes de commercialisation (absence d'organisation des producteurs, moyens

de communication et de transport déficients), des ensablements progressifs des

rizières suite à la formation des lavaka et, l'inexistence d'extension des surfaces

rizicoles irriguées, sont les principales causes de cette stagnation de production.

- Désengagement de l'Etat sur la prise en charge des coûts de maintenance des

infrastructures hydrauliques : A l’issue du retrait de l’Etat, les périmètres se sont

plus ou moins organisés pour assurer les travaux urgents. Toutefois, la Fédération

des AUE n'est pas encore en mesure de faire face à l’ensemble des besoins de

maintenance.

Les zones d'intervention du Projet

Le Projet BV Lac interviendra dans 3 zones couvrant environ 900 km² (sur les 7.000 km² de

la cuvette) : • Imamba-Ivakaka

• Hauts Bassins versants des Vallées du Sud Est

• Vallée Marianina – PC 15

Les objectifs du Projet

Le Projet BV Lac a pour objectif de :

Accroître et sécuriser les revenus des producteurs,

Préserver les ressources naturelles d'une zone écologique très fragile actuellement

menacée et sécuriser les investissements d'irrigation existant en aval,

Page 103: Etudes de pérennisation du microcrédit grenier commun ...

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Appuyer les organisations des producteurs en leur permettant de devenir

progressivement des maîtres d'ouvrages locaux d'actions de développement.

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Le contenu et l'exécution du Projet

Le maître d'ouvrage est le Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche (MAEP).

Une cellule de projet BV Lac assure la coordination de la mise en œuvre des actions par des

prestataires locaux.

Les principales actions à réaliser sont les suivantes :

- La sécurisation foncière : Préalable aux actions de mise en valeur, de protection de

l'environnement et d’amélioration de la productivité, le projet soutient techniquement et

financièrement les organisations de producteurs dans la mise en œuvre de procédures

de régularisation foncière .

- L'environnement : La préservation de l'écosystème est l’un des axes forts du projet. Il

intervient dans la mise en œuvre de programmes de reboisement, le traitement de

ravines et de lavaka et dans la lutte contre les feux de brousse.

- La mise en valeur agricole : Ces actions visent à promouvoir le développement des

cultures intégrées aux systèmes de protection anti-érosifs et fournissant de la biomasse.

A ce titre, le projet priorise la promotion de techniques de culture en semis direct ,

sous couvertures mortes et vives.

- L'élevage : Le projet cherche à améliorer l’intégration de l’agriculture et de l’élevage .

Il fournit une assistance en matière de santé animale et également de développement de

la disponibilité de fourrages.

- Les infrastructures rurales : Le projet procédera à l'aménagement de trois nouvelles

pistes (longues de 30 km au total) dans la zone d’Imamba-Ivakaka.

- Les aménagements hydro-agricoles : Le projet mènera des travaux de construction

d’infrastructures hydro-agricoles légères, ayant un impact immédiat sur l'amélioration du

fonctionnement et de la protection des réseaux d'irrigation.

- Le crédit rural : Le projet soutiendra des expériences des Greniers Communs

Villageois et ce, en collaboration très étroite avec les réseaux de microfinance existants

dans la région (BOA Madagascar, OTIV et CECAM).

- L'animation-formation : Le projet assurera des formations et des appuis techniques

auprès des Organisations de Producteurs. Il va également contribuer à l'autonomie

financière et de gestion de la Fédération des AUE du PC 15 et de la Vallée Marianina.