LE MAGAZINE DU GROUPE FREYSSINET...au moyen de 736 barres de précontrainte Freyssibar de 40 mm de...

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LE MAGAZINE DU GROUPE FREYSSINET N° 221 Premier semestre 2005 & S tructures Sols TERRE ARMÉE La saga d’une idée très constructive FOCUS TROIS ACQUISITIONS POUR RENFORCER L’OFFRE DU GROUPE FREYSSINET RÉALISATIONS PONT A.B. RAVENEL JR : UNE RÉFÉRENCE MAJEURE AUX ÉTATS-UNIS HISTOIRE 30 ANS DE COMPACTAGE DYNAMIQUE

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  • LE MAGAZINE DU GROUPE FREYSSINET

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    &StructuresSols

    TERRE ARMÉELa saga d’une idéetrès constructive

    FOCUS TROIS ACQUISITIONS POUR RENFORCER L’OFFRE DU GROUPE FREYSSINET

    RÉALISATIONS PONT A.B. RAVENEL JR : UNE RÉFÉRENCE MAJEURE AUX ÉTATS-UNIS

    HISTOIRE 30 ANS DE COMPACTAGE DYNAMIQUE

  • 2 Sols & Structures Premier semestre 2005

    P A N O R A M A

    SOMMAIREPANORAMAL’ACTIVITÉ ET LA VIE DU GROUPEEN BREF DANS LE MONDE 2

    GRAND ANGLELA GRANDE MURAILLEDE SEYDHISFJÖRDHUR 6

    FOCUSTROIS ACQUISITIONS POUR RENFORCERL’OFFRE DU GROUPE 8

    DOSSIERTERRE ARMÉELa saga d’une idée très constructive

    10

    RÉALISATIONSPONT A.B. RAVENEL JR(ÉTATS-UNIS) 16

    PONT DU BONO(FRANCE) 18

    AUTOROUTE M7(HONGRIE) 19

    SILOS DE JEBEL ALI(ÉMIRATS ARABES UNIS) 20

    ROUTE DE NORTH KIAMA(AUSTRALIE) 21

    PONT DE SUNGAI PRAI(MALAISIE) 22

    COMPLEXE ESSO GLEN(ROYAUME-UNI) 23

    COULÉE VERTE DE GUIPÚZCOA(ESPAGNE) 23

    PONT DE PLOCK(POLOGNE) 24

    ÉCHANGEUR D’ORAN(ALGÉRIE) 25

    PLATE-FORME DE GERRARDS CROSS(ROYAUME-UNI) 26

    MÉTIERUN COURANT PROTECTEUR POUR STOPPER LA CORROSION 27

    ENTREPRISEFREYSSINET POLSKA : UNE PERCÉE CONFIRMÉE 28

    INNOVATIONLE PSD (PARA-SEISMIC DEVIATOR) 29

    HISTOIRECOMPACTAGE DYNAMIQUE :UN PRINCIPE CONSOLIDÉ PAR L’INNOVATION 30

    Une passerelle entièrement étudiée et construite par Freyssinet franchitla Meurthe et relie désormais les communes de Nancy et Tomblaine, enMeurthe-et-Moselle (France). Inauguré au printemps, l’ouvrage possèdeun tablier de 250 m de long, soutenu par 16 haubans, un dispositif quecomplètent quatre haubans de retenue.

    16 haubans sur la Meurthe

    Murs inspirésAux États-Unis, Reinforced Earth a conçu un ensemblede murs en Terrearmée en terrassespour retenir de petitsreliefs le long d’une route nationaleen cours d’élargisse-ment au nord de SantaFe. Préférée par

    le Département des transports du Nouveau-Mexique à un mur long unique, cette configuration proposée en variante a fait l’objet d’un traitement architecturaltrès soigné et chaque massif est décoré de motifs inspirés de la faune ou de l’art indien de la région.

    Récompense À l’occasion de sa convention, qui s’est tenue en novembredernier à Tampa (États-Unis), l’ASBI (American Segmental BridgeInstitute) a décerné son prix 2004à Jean-Philippe Fuzier « pour sa remarquable contribution au développement des techniquesde construction des pontshaubanés et à voussoirs en béton ».Aujourd’hui consultant, Jean-Philippe Fuzier a occupé de 1993 à 2002 le poste de directeurscientifique du groupe Freyssinet.

  • Baptême transpyrénéenDans le nord-est de l’Espagne, le tracé de l’autoroute deCantabrique emprunte un viaduc de 848 m de long entreVegarrozadas et Soto del Barco. Construit par Necso, l’ouvragecomprend 10 travées de 74 m et deux travées d’extrémité de 50 m, et son tablier est constitué d’une poutre-caisson couléeen place de 11 m de large et de 3,75 m de hauteur constante,précontrainte par post-tension (582 t d’acier). Deux ailespréfabriquées de 8 m lui sont adjointes de part et d’autre, fixées au moyen de 736 barres de précontrainte Freyssibar de 40 mm de diamètre et d’une longueur moyenne de 10 m. Fourni parFreyssinet SA, ce nouveau procédé (voir S&S n° 219) était appliquéici pour la première fois en Espagne.

    Premier semestre 2005 Sols & Structures 3

    Plus important projet autoroutier du moment enAustralie, la Westlink M7, qui sera mise en service àla fin 2006, reliera la banlieue ouest de Sydney auxaxes autoroutiers existants. Lancé en BOT et confiéau groupement d’entreprises AbiGroup-Leighton(ALJV), ce projet prévoit la réalisation de 40 km deroutes, 17 échangeurs, 38 passages inférieurs etsupérieurs et 146 ponts. Reinforced Earth, la filialeaustralienne du Groupe, a pour sa part obtenu uncontrat de conception et de fourniture de 10 800 m2

    de murs en sol renforcé sur plus de 18 structures.Commentaire de Ronel Suthers, coordinateur mar-keting de Reinforced Earth : «Pour nous, le défi estde maîtriser la coordination de la conception dechaque ouvrage dans notre bureau d’études deHornsby et la fabrication des éléments à Lithgow oudans d’autres usines, puis la livraison sur site.»

    10 800renforcé sur la Westlink M7

    m2 de sol

    Assise de choc pour la StepAu terme de trois mois de chantier, Ménard Soltraitement a livré les travaux d’amélioration du sol de la future station d’épuration de San Martin de La Vega, une des plus importantesusines de traitement des eaux de la région de Madrid (Espagne). Le sol sablo-limoneux du site n’offrant pas une densité suffisante pour l’assise de la structure, les équipes de Ménard Soltraitement ont traité 130 000 m2

    de terrain par compactage dynamique. Pour mener à bien le chantier dans le délai, trois ateliers de compactage dynamique ont été mobilisés, utilisant des masses de 15 ou 20 t selon un maillage de 7 m.

    DisparitionJean Muller estdécédé le 17 marsdernier dans sa qua-tre-vingtièmeannée. Diplômé del’École centrale, il était entré en 1947

    à la Stup (Société technique pourl’utilisation de la précontrainte, quideviendra Freyssinet Internationalen 1976). Après avoir dirigé à NewYork, de 1951 à 1955, la FreyssinetCompany Inc., il devient directeurtechnique puis directeur scienti-fique de Campenon Bernard.Parallèlement, il fonde en 1978 le cabinet Figg and Muller puiscrée en 1986 la société Jean MullerInternational (JMI). À partir de1988, Jean Muller avait poursuivison activité au sein de Scetauroute(aujourd’hui Egis).Freyssinet adresse ses sincèrescondoléances à sa famille et à ses proches.

    PANORAMA

    La voie des airsÀ la Réunion, Freyssinet vient d’achever la construction en groupe-ment d’une passerelle suspendue de 34 m de long dans le cirque de Mafate. Sa construction dans unepartie de l’île enclavée et démunied’infrastructures routières a contraintà approvisionner tous les matériaux du chantier par hélicoptère.

    Consolidation en JamaïqueÀ Kingston, en Jamaïque, MénardSoltraitement consolide des terrainsgagnés sur la mangrove pour permettrela construction d’une voie rapide àdeux fois trois voies. Dénommé Highway2000, ce nouvel axe de 6 km doubleraen 2006 la route existante pour fluidifierla circulation dans la zone portuaire.Pour renforcer les sols hautementcompressibles du tracé dans des délaisserrés, Ménard Soltraitement met enœuvre 1,5 million de mètres de drainsverticaux et plus de 130000 m decolonnes à module contrôlé (CMC).

    Un mur sur le filÀ Telegraph Bay, dans le sud de l’île de Hong Kong, ont lieu d’importantstravaux pour l’aménagement d’une routed’accès au Cyberport, un nouveau pôled’entreprises informatiques et de nouvelles technologies. Après en avoirassuré la conception, Reco HK vient d’y achever un mur en Terre armée à deux étages d’une hauteur de 25,5 msupportant 13 m de remblai. «Les huitmois qu’a duré ce chantier ont été plutôtéprouvants, confie Norman Lee, chef de projet chez Reco HK, car il a falluconcilier de délicates conditionsd’environnement (proximité de la routecontraignant à employer des armaturesréduites, difficile mise en œuvre desmoyens logistiques) sans rien concéder sur l’exigence de rendu architectural. »

  • 4 Sols & Structures Premier semestre 2005

    P A N O R A M A

    Réhabilitation au sommetEn janvier dernier, Freyssinet est intervenudans la réhabilitation de la plate-formehaute du phare de La Gacholle, un ouvrageterrestre de 19,56 m de haut construit en 1882 et situé dans le parc national de Camargue (France). Une fois les zonesendommagées reconstituées à l’identiqueen pierre calcaire, un revêtement époxysouple a été appliqué sur la plate-formepour parfaire son étanchéité.

    Barrière de protectiondes eauxEn Australie, près de l’aéroportde Sydney, Austress Freyssineta réalisé en bordure de ladécharge publique de Tempe un mur à base de bentonite de 18 m de profondeur et d’unelongueur de 1 360 m, destiné à empêcher les lixiviats de la décharge de contaminerles eaux du canal attenant.L’excavation a été réalisée àl’aide d’une grue spéciale venuedes États-Unis. Un dispositif decontrôle et un système drainantles lixiviats vers une stationd’épuration ont été mis en place.

    Freyssinet vient en aide aux sinistrés du tsunamiEn Inde comme partout en Asie du Sud, l’heure est à la reconstruction des zonesdévastées par le tsunami du 26 décembre. Intervenant sur le chantier de la centralenucléaire de Kudankulam, dans le sud du pays (voir S&S n° 217), FreyssinetInternational a fait un don aux paroisses des communes voisines. Remise débutjanvier, par S.K. Agrawal, le directeur du projet de construction de la centrale, cette aide servira à acheter des terrains et à construire des maisons.

    Contrat record à MbabaneLa filiale sud-africaine Reinforced Earth vient de signer son plus important contrat des 30 dernières années. Le marché portesur la conception et la fourniture de murs de soutènement pour le contournementautoroutier de Mbabane, la capitale duSwaziland. Au total, 14 murs de soutènement(5 500 m2) et 4 murs en gradins de plus de 30 m de haut ainsi que 12 culées porteuseset 4 culées mixtes (5 000 m2) seront réalisés sur ce tronçon de 12 km. Tous les ouvrages recevront un parement TerraClass(36 000 m2). Fin des travaux : mars 2006.

    Passage de témoinà Hong KongEn Chine, les opérations de levage lourd, la fourniture et l’installation des haubans, desappareils d’appui sphériques et à pot du pont Shenzhen Western Corridor, actuellementen construction, ont été attribuées à Freyssinet. Ce nouveau pont-route haubanéde 3,8 km à deux fois trois voies de cir-culation sera la quatrième liaison entre HongKong et la Chine. Érigé côté Hong Kong, le pylône incliné asymétrique caractéristiquede l’ouvrage recevra deux nappes de 13 haubans (300 t). Alors que les travauxvenaient de commencer, Freyssinet Asiaachevait non loin de là l’installation des 113 travées du double viaduc de DeepBay. Chargée de la préfabrication et de la pose de ces éléments, Freyssinet Asia a aussiassuré la conception des deux cintres de lancement (photo ci-dessus), la fourniture etla mise en œuvre de la précontrainte, desappareils d’appui et des joints de chaussée.

    Première européenne en FinlandePartie prenante avec Siemens du consortium chargé de construire le premier réacteur nucléaire de type EPR (European Pressure Reactor) sur le site d’Olkiluoto,en Finlande, le groupe Areva a confié au pôle Structures de Freyssinet la fournitureet la mise en œuvre de la précontrainte de l’enceinte de confinement. Après la centrale nucléaire de Tianwan (Chine), ce sera la troisième enceinte de confi-nement utilisant l’ancrage de précontrainte 55C15 de Freyssinet.

  • Premier semestre 2005 Sols & Structures 5

    PANORAMA

    À l’épreuve du froidRetenu par le groupement STTS (Saipem-Technigaz-Tecni-mont-Sofregaz), Freyssinet fournira et mettra en œuvre les précontraintes horizontale et verticale des deux réservoirsde gaz naturel liquéfié (GNL) construits à Chengdu (Chine).Avant l’attribution de ce contrat de sous-traitance, le systèmede précontrainte de Freyssinet avait subi avec succès des tests de résistance cryogénique. 1 230 t de torons serontinstallés d’ici à décembre 2005.

    23 711 m2 de planchers précontraints

    Freyssinet Singapour est intervenu dans la conception et la mise en œuvre de 23 711 m2 de planchers précontraints pour le bâtimentdu siège social de la SSII Infineon Asia Pacific. La structure estcomposée de deux immeubles de forme ovale, légèrement décalés,reliés par des passerelles aux étages 3, 5, 7 et 9.

    Tunnels en pisteAfin d’élargir la piste de l’aéroport de Melilla, ville espagnole de la côte nord-est du Maroc, Tierra Armada Espagne a conçu et fourni les parements de 4 000 m2 de murs de soutènement ainsi que les voûtes TechSpan nécessaires à la construction de deux tunnels. Le premier ouvrage (179 m) sera assemblé au-dessus d’un cours d’eau et le second (202 m) au-dessusd’une route. L’ensemble des éléments des voûtes ainsi que les écailles de parement ont été réalisés par Tierra Armada puis stockés sur une aire de préfabrication voisine de l’aéroport.

    Franchir et affranchirLe 3 janvier dernier, quelques semaines après la mise en servicedu viaduc de Millau, La Poste confirmait la vocation de l’ouvrage pour les échanges et la communication en émettant un timbre à son image. D’une valeur de 0,50 €, la vignette a étédessinée par Sarah Lazarevic.

    Ancrage historiqueEntre décembre 2004

    et janvier 2005, Freyssinet aprocédé en entreprise générale

    au changement des ancragesdes câbles de retenue

    du tablier du pont transbordeurdu Martrou. Classé monument

    historique depuis 1976 etdésormais réservé aux piétons,

    cet ouvrage franchissant laCharente a été construit parFerdinand Arnodin en 1900 ;

    il comporte un tablier suspendude 175 m de long et ses

    pylônes culminent à 50 m au-dessus du niveau des plus

    hautes eaux.

    Un renforcementà la hauteurFreyssinet a effectué les travaux de réparation et de renforcementd’une tour en béton armé haute de 70 m dans la cimenterie de Jbel Oust, en Tunisie. Pendant les 10 mois qu’a duré le chantier, 350 m2 de Tissu de fibres de carbone(TFC), 80 sabots métalliques et 35 m3 de béton projeté ont été mis en œuvre à plus de 50 m de hauteur sans jamais interromprela production de l’usine.

  • G R A N D A N G L E

    6 Sols & Structures Premier semestre 2005

  • Premier semestre 2005 Sols & Structures 7

    La grande muraillede SeydhisfjördhurAu pays du soleil de minuit – l’Islande –, Reinforced Earth, la filiale britanniquede Freyssinet, a construit au second semestre 2004 deux murs de soutènementen TerraTrel totalisant 6 600 m2. Édifiés pour les communes de Seydhisfjördhur(photo), dans l’ouest du pays, et d’Ísafjördhur, dans le nord-est, ces deux ouvra-ges ne préfigurent pas de futurs aménagements routiers mais renouent avec la vocation primitive des murailles, protégeant ici les hommes des avalanches.

  • F O C U S

    8 Sols & Structures Premier semestre 2005

    Sols & Structures. - Pour Freyssinet, 2005 commence sous le signede la croissance externeavec l’intégration de troissociétés. Pouvez-vous lesprésenter ?Bruno Dupety. – Lapremière, qui nous arejoints le 25 octobre2004, est Hebetec. C’estune entreprise dontl’effectif compte 23 personnes et qui estbasée à Hindelbank, près de Berne, en Suissealémanique. Elleintervient dans le levage,la descente et ledéplacement de chargeslourdes. À sa création, en 1995, elle travaillaitexclusivement avec des câbles. En dix ans,elle a connu un dévelop-pement remarquable :son chiffre d’affaires estpassé de 0,7 à 4 M€.Aujourd’hui, c’est unesociété qui intervientpartout dans le monde –et c’est même parl’intermédiaire de nos filiales asiatiques que nous sommes entrés en contact…Centrée sur son métierde base, Hebetec a développé descompétences annexesen construction de

    un procédé permettantde mettre en place unouvrage d’art sous unevoie de chemin de fer en seulement une nuit !Pour connaîtrel’existence de Salvarem,nous n’avons pas eubesoin de faire le tour du monde puisque cettesociété était jusqu’au 31 décembre dans le giron de VINCIConstruction GrandsProjets. Créée en 1979 sous le nomRadiacontrôle etspécialisée dans lestravaux d’assainissementen milieu ionisant, elle avait été acquise en 1990 par EMCC avant d’être reprise en1993 par CampenonBernard. Intégrée aupôle Structures deFreyssinet, elle estaujourd’hui filiale à 100 % du Groupe.Son effectif actuel estd’environ 150 personnes,réparties dans ses trois implantations deBeaumont (la Hague),Saclay et Pierrelatte, et elle exerce ses troismétiers – radiopro-tection, assainissementet démantèlement enmilieu ionisant – pour le compte de grands

    Trois acquisitions pour renforcer l’offre du Groupe

    charpentes métalliquesprovisoires, deséquipements parfoisnécessaires auxopérations de levage.Pour l’industrie navale,elle a développé unprocédé de poussageoriginal, l’APS (Air PadSliding). Basé surl’utilisation de vérins et sur le principe ducoussin d’air, ce systèmea récemment permis, en Corée du Sud, de mettre à l’eau desméthaniers géantsconstruits à terre. Ce procédé, qui renddésormais inutiles les cales sèches, estvraisemblablementpromis à un bel avenir !Enfin, pour faire unpremier lien avec legénie civil et Freyssinet,je rappellerai que c’estune équipe d’Hebetecqui a réalisé la descentesur 250 m des chevêtresprovisoires de tête depile du viaduc de Millau(170 t) en septembre et octobre derniers.Dans un domaineproche, nous avonsracheté en parallèle la société JMB Méthodeset ses brevets pour le « ripage de tablier sous les voies ferrées »,

    En rachetant Hebetec, JMB Méthodes et Salvarem au seuil de 2005, Freyssinetcomplète et valorise son offresur le marché. Présentation et explications avec BrunoDupety, le PDG du Groupe.

  • Avec ses trois métiers, radioprotection,assainissement et démantèlement en milieuionisant, Salvarem complète l’offre de Freyssinetdans le secteur du nucléaire.

    FOCUS

    Premier semestre 2005 Sols & Structures 9

    industriels français dunucléaire, notamment le CEA, Cogema, l’Andraet Framatome. En 2004,elle a réalisé un chiffred’affaires de 10 M€.De forte culturetechnique, solidementassise sur un métier despécialité, ce quiconstitue le traitdominant des sociétésde notre groupe,Salvarem est à l’origined’outils et de méthodesinnovants en matièred’assainissement et de décontamination, etelle s’est illustrée dansles démantèlements de la centrale des montsd’Arrée, à Brennilis(Finistère) et du réacteurnucléaire Triton du CEAà Fontenay-aux-Roses.

    Quels objectifspoursuivez-vous avec ces opérations ?Nos interventions degénie civil s’accompa-

    gnent souvent de levages lourds, soitpour mettre en placedéfinitivement desstructures ou deséléments de structures,soit de façon provisoiredans le cadre d’opérationsde maintenance oude réparation. Cettecompétence, autrefoisdétenue par Freyssinet,nous manquait. Plutôtque de la redévelopper,ce qui nécessite deformer les hommes etd’acquérir du matériel,nous avons préférésaisir l’opportunité decette acquisition, quinous positionned’emblée au meilleurniveau sur le marché.Hebetec nous apporteen outre des ouverturesdans les paysgermaniques, où noussommes traditionnel-lement peu présents.Nos activités vonts’articuler selon

    un triple schéma :Hebetec poursuivra sesactivités avec sespropres clients ; elles’associera ou travailleraen sous-traitance avecles entités ou les filialesde Freyssinet ; enfin, elle pourra louer deséquipements à dessociétés du Groupequi ont conservédes compétences delevage, je penseévidemment à Freyssinet France. Le rachat de JMBMéthodes nouspermettra de pousserl’avantage de cetteacquisition et de nouspositionner sur unmétier de niche.L’intégration deSalvarem, commecelle d’Hebetec,viseà étendre et valorisernotre offre actuelle.Mais dans ce cas,il s’agit de compléterun savoir-faire présent

    depuis 20 ans dansle Groupe au travers de la Division NTS(nucléaire travauxspéciaux), qui estimplantée à Marseille.Actif de longue datedans le secteur nucléairepar la fourniture etl’installation de laprécontrainte de trèsnombreuses enceintes de réacteurs, Freyssinet a par la suite développéune offre de maintenancede structures et,plus récemment,d’assainissement et de décontamination de caniveaux desbâtiments auxiliairesde centrales,notamment pour EDF. Sur un marché où lesgrandes opérations dedémantèlement ne sontpas encore d’actualité,le regroupement denos forces et le travailen synergie vont nouspermettre d’optimisernotre pénétrationcommerciale et de nouspositionner de façon plusefficace sur des affairesmoyennes,

    où notre objectif est demonter progressivementen puissance.

    Qui dit croissanceexterne dit aussisimplement croissance.Comment l’année 2005s’annonce-t-elle pourFreyssinet à cet égard ?Freyssinet a enregistréau premier trimestre2005 une progressionde 11 % de son chiffred’affaires consolidépar rapport à 2004.Cette croissanceconstatée dans lamajorité des pays oùle Groupe est implantérévèle le bonpositionnement denos filiales sur leursmarchés. Notre objectifreste concentré sur« faire partout mieux etplus, et non pas fairetout partout ». De cettefaçon, nous continuonsà progresser au niveaude nos résultats, ce quinous autorise égalementà envisager d’autresopérations de croissanceexterne dans nosmétiers spécialisés. ■

    Le système APS (Air Pad Sliding) mis au point par Hebetec conjugue vérins et coussin d’air pour la mise à l’eau de navires construits en cale sèche.

  • D O S S I E R T E R R E A R M É E

    10 Sols & Structures Premier semestre 2005

    LA SAGA D’UNE IDÉEUtilisée sur les cinqcontinents 40 ans après avoirété inventée, la Terre arméeillustre le destinpromis auxauthentiquesinnovations. Un destinlargement ouvertsur l’avenir,puisque latechnologie plaîtaux architectes et convainc par ses atoutsenvironnementaux.

    AU DÉPART, TOUT COMMENCEÀ LA MANIÈRE D’UN JEU, enconstruisant un château de sablesur la plage de Saint-Tropez, racon-tait lui-même Henri Vidal, ingé-nieur des Ponts et Chaussées etarchitecte. Mais le sable s’égrène.Alors est venue l’idée d’« armer » la construction avec des aiguillesde pin. Et de cette idée est né leprincipe général du sol renforcé etle concept particulier de la Terrearmée… La légende se confond-elle avec la réalité ? Peut-être pasrigoureusement, mais l’hypothèsede l’idée géniale n’aurait rien de

    surprenant dans un groupe commeFreyssinet, dont les trois métiersont eu pour fondateurs d’illustreset féconds inventeurs.« En résumé, explique PhilippeHéry, directeur du pôle Sols dugroupe Freyssinet, la Terre arméeconsiste à “armer“ un remblai avecdes armatures qui, à l’origine,étaient métalliques. Ainsi renforcé,celui-ci devient son propre soutè-nement, et en face extérieure il esthabillé d’un parement fait d’élé-ments préfabriqués. C’est unetechnique qui n’a pas les inconvé-nients des murs de béton classi-

    quement coulés en place – hauteurlimitée, inadaptation à des condi-tions de sol moyennes, coûts – etqui présente en revanche beaucoupd’avantages : sa souplesse d’im-plantation, sa capacité à supporterdes tassements différentiels, sonadaptation aux zones urbaines, oùl’emprise au sol est limitée, sa tolé-rance aux séismes. À côté de cesatouts techniques, la Terre armée afait la preuve de ses ressourcesarchitecturales en donnant nais-sance à une gamme très diversifiéede parements (voir p. 12), de sonpotentiel d’intégration environne-

    mental, et elle se révèle aujourd’huitrès en phase avec le principe dudéveloppement durable. »Un an après avoir déposé un bre-vet, en 1963, Henri Vidal se voitcommander un premier ouvrage, lemur de Pragnères, près de Luz-Saint-Sauveur (Hautes-Pyrénées)puis il enchaîne les réalisationspour la SNCF. En 1968, il crée sasociété, La Terre Armée, et dans uncontexte de développement desprogrammes routiers et autorou-tiers, l’activité prend son essor etessaime rapidement à l’internatio-nal. Des filiales sont bientôt créées

    «La Terre armée a l’avantage d’être flexible, apte à supporterdes tassements différentiels et adaptée aux zones urbaines.»

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  • DOSSIER

    Premier semestre 2005 Sols & Structures 11

    de l’art. À cette époque, où elles’impose, la Terre armée est saluéecomme une des plus importantesinnovations du secteur des travauxpublics.Un quart de siècle plus tard, unepage est tournée puisque les pre-miers brevets sont tombés dans ledomaine public, mais le procédé atrouvé sa place : le cap du millionde mètres carrés de productionannuelle a été franchi en 1993, eten 2004 – cinq ans tout juste aprèsle rachat du groupe TAI par Freyssi-net – celui des deux millions de

    mètres carrés. Poursuivant son tourd’horizon, Philippe Héry détaille :« En nombre de mètres carrés cons-truits, c’est l’Amérique du Nord – etprincipalement les États de Florideet du Texas, aux États Unis –, quis’adjuge la première place (33 %)suivie par l’Asie (32 %, dont 20 %pour le Japon), l’Europe (18 %), l’A-mérique latine (8 %), le solde serépartissant entre l’Australie, l’A-frique et le Moyen-Orient. De fait,souligne-t-il, la capacité de propo-ser à la fois les systèmes à armaturesmétalliques conçus par Terre Arméeet le système à armatures synthé-tiques valorisé dans les années 1990par Freyssinet (système Freyssisol)permet de répondre à la totalité desbesoins, y compris dans des ter-rains contenant d’importantes pro-portions de chlorures comme c’estle cas pour les ouvrages portuairesou les pays du Moyen-Orient. »Partout dans le monde, la Terrearmée est ainsi préconisée et utili-sée dans des applications aussidiverses que les routes, les auto-routes, les voies ferrées, les culéesde pont, les installations hydrau-liques, les murs de quai, les sitesindustriels, « mais ce qui illustrepositivement la réussite de la technique, c’est la manière dontchaque pays se l’est appropriéepour l’adapter à ses besoins, ce quenous constatons par exempleaujourd’hui avec l’impressionnantprogramme d’infrastructures àréaliser en Inde, où l’activité deTerre Armée connaît un très fortdéveloppement, mais aussi enEurope et outre-Atlantique, où lesréalisations doivent se plier à desstandards architecturaux et envi-ronnementaux très poussés. »Portée par des entités de cinq dessept pôles qui ont vocation à valo-riser les savoir-faire de Freyssinetdans le monde, la Terre armée ▼ ▼

    aux États-Unis (1971), en Espagne(1972). En 1974 des licences sontacquises par Sumitomo et Kawa-sho, qui a fusionné avec NKK Tra-ding en 2004 pour devenir JFEShoji, au Japon, pays éminemmentsismique. En parallèle, la société,devenue groupe sous le nom TerreArmée Internationale (TAI) poursuitson travail de recherche, met aupoint des armatures à haute adhé-rence et consolide ses positions endéposant de nombreux brevets.1976 est un premier cap symbo-lique puisque, cette année-là,100 000 m2 de Terre armée sontréalisés dans le monde. Trois ansplus tard, 1979 marque une consé-cration avec la publication, par laDirection des routes et de la circu-lation routière, d’Ouvrages en Terrearmée, recommandations et règles

    Écailles de parement préfabriquées (1, 2), armatures métalliques (3, 4, 5) ou synthétiques, matériau de remblai (6, 7, 8) : les constituants de la technologie situent la Terrearmée à la frontière de la géotechnique et des structures.Une fois mis en œuvre, ils forment un matériau composite à part entière, offrant durabilité, performance et capacité d’adaptation aux configurations les plus complexes.

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    TRÈS CONSTRUCTIVE

    «Notre package, c’est l’ingénie-rie, la fourniture des composants

    et l’assistance au montage.»PHILIPPE HÉRY, DIRECTEUR DU PÔLE SOLS

  • 12 Sols & Structures Premier semestre 2005

    D O S S I E R T E R R E A R M É E

    se distingue pourtant dans leGroupe par… sa relative absenced’activité de chantier. Cette spécifi-cité d’importance explique qu’enFrance, par exemple, l’effectif de lasociété ne dépasse pas une quin-zaine de personnes basées sur lesite de Freyssinet à Vélizy. « Nous nevendons pas un produit mais un

    système, insiste Philippe Héry.Notre “package”, c’est l’ingénierie,la fourniture des composants –panneaux de parement et armatu-res – et l’assistance technique aumontage, un volet service auquelnous accordons beaucoup d’im-portance. » Cette particularité setraduit naturellement dans l’effec-

    tif par une importante proportiond’ingénieurs.Pour sa part, la Direction techniquedu Groupe pour l’activité Terrearmée, davantage connue sous lenom de SoilTech, est localisée àNozay. Structure relativement légèreavec quatre ingénieurs, dont unconsultant, elle s’appuie sur le

    réseau global de Terre Armée, qui luipermet de démultiplier son action.

    Le SoilTech, garant technique

    « Toutes les sociétés sont responsa-bles sur le plan commercial et tech-nique, explique Nicolas Freitag,ingénieur au SoilTech, et à ce titre,

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    DOSSIER

    la plupart ont un bureau d’étudeset de conception voué à leur acti-vité opérationnelle (plans d’exécu-tion). Il répond en outre aux de-mandes d’applications particulièresdes architectes. Le SoilTech, lui, estle noyau du système de rechercheet développement de Terre Armée.Il se concentre sur la partie tech-

    nique pour “donner de la qualité aumétier” – ce qui compte beaucoupdans le choix de nos clients. Et il aégalement pour mission de porterassistance aux autres sociétés. »Au quotidien, cette fonction, quireprésente une grosse moitié deson activité et illustre la vitalité et ladiversité de la communicationtechnique entre les entités – qu’ils’agisse de trouver en archive unensemble de références de mursmarins pour compléter un dossierd’appel d’offres de la filiale desÉmirats arabes unis, de rechercherdans le réseau qui, globalement,compte une trentaine d’expertsdans le monde, la solution d’unproblème de conception qui sepose en Corée du Sud, ou d’appor-ter un soutien à une jeune société.Plus stratégique, l’activité recher-che et développement est toutaussi liée à la communication. LeSoilTech exerce ainsi une activitécontinue de veille, passe au cribleles affaires perdues, observe laconcurrence, prend part aux tra-vaux de l’IGS (International Geo-synthetic Society), afin de « ressen-

    tir les besoins et d’identifier leslacunes ». Un mot, si l’on entendbien Nicolas Freitag, semble sur-tout résumer l’état d’esprit du Soil-Tech dans cette mission, dans ledroit fil de l’idée d’origine : inno-vation. « Malgré 40 ans d’histoire,on peut faire énormément de cho-ses pour améliorer l’inventiongéniale du départ à partir des nou-veaux matériaux et de l’analyse nu-mérique qui permettront d’optimi-

    ser de mieux en mieux le compor-tement et la sécurité des ouvrageset d’inventions qui n’ont peut-êtrepas généré d’applications maissont la source de nouvelles idées ! » Dans les voies ayant récemmentdonné lieu à des dépôts de brevets,il faut retenir le développement parle SoilTech, en collaboration avecTerre Armée bv (Pays-Bas) et TerreArmée SNC (France) de la con-nexion Omega, un système

    Mise au point par la Direction recherche et développement de Terre Armée, la connexion Omega est un système d'ancrage pour armatures synthétiques directement coulé dans le panneau au stade de la préfabrication.

    Forme des écailles,composition, aspect de surface, traitement «graphique», ornementationvégétale, etc., la techniqueoffre une palette de« rendus» particulièrementriche.1 Mur de soutènement en TerraPlus sur l’autorouteSH 4 dans le Maryland(États-Unis).2 Parements Freyssisolarchitecturaux près de Raon-l’Étape (France).3 Détail d'un motif ornant le massif en Terre armée sur l’autoroute SH 114 au Texas (États-Unis).4 Motif architectural du murde Childress, au Texas, avec parements TerraPlus(États-Unis).5 Carrefour du 5 Mai,Basse-Californie (Mexique).6 Rampe d’accès en TerraTrel près deFaulquemont (France).7 Massif de soutènementen TerraBlock à Dubaï(Émirats arabes unis).8 Finition architecturaled’un mur de soutènementsur l’autoroute SH 45 au Texas (États-Unis).9 Mur de soutènement avec écailles rectangulairessur l’autoroute A29 à Vallon-de-Rogerville entre Le Havreet Saint-Saëns (France).10 Massif en TerraClassarchitectural dans le port de Boulogne-sur-Mer(France).

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    «L’atout principal de la technologie de la Terrearmée est sa capacité d’évolution et d’adaptation,

    qui lui permettent de répondreaux nouveaux marchés, jugeRoger Bloomfield, le DG deREco, aux États-Unis. En tantque principale société TerreArmée, nous nous impliquonstotalement en ce sens, en coor-dination très étroite avec le Soil-Tech, et nous pensons aider

    ainsi le Groupe à faire face à ses besoins futurs. Ladémarche est la même quand nous prenons part àdes réunions internes comme celles de Dubaï der-nièrement ou de Boston l’an dernier. De fait, nousdevrions sans doute moderniser notre slogan“expertise globale, expérience locale”, car désor-mais, nos pratiques s’apparentent davantage à un“partage global d’expertises locales”. Toutes lesgrandes entités de Terre Armée mènent aujourd’huiune active politique de R&D ; l’enjeu est de partagerces domaines d’expertise entre toutes les sociétés. »

    Roger Bloomfield : «Pour un partage global des expertises »

    «Noyau du système de recherche et dévelop-pement de Terre Armée, le SoilTech travaille pour donner de la qualité au métier.»

  • 14 Sols & Structures Premier semestre 2005

    d’ancrage pour les armaturessynthétiques intégré dans le pan-neau au stade de la préfabrication ;belle illustration de la façon dont leSoilTech sait articuler ses experti-ses avec les recherches menéesdans le réseau. Une connexionsimilaire, dénommée C, égalementébauchée aux États-Unis puisreprise aux Émirats arabes unis, aété validée par le SoilTech, bénéfi-ciant ainsi de sa connaissanceapprofondie des normes, de samaîtrise des procédures d’essai etde l’interprétation des statistiques.

    sur les chantiers de matériaux dedéblai et sans doute bientôt dematériaux issus de démolition(bétons recyclés, fraisages dechaussées) en remblai. « Les spé-cifications du matériau font partiede notre prestation, explique Nico-las Freitag, et dès lors que les en-treprises ne pourront plus s’ap-provisionner en matériau neufconforme, nous devrons donneraux entreprises des indications demise en œuvre ou de traitement(craie traitée au ciment, limonstraités à la chaux) pour éviter que

    des problèmes mécaniques ouchimiques ne dégradent les ren-forcements. »

    Aux côtés des concepteurs

    Apporter des solutions et aller au-devant des besoins, c’est aussi,sous la devise « expertise globale,expérience locale », toute la philo-sophie de l’équipe commerciale dela filiale française, basée à Vélizy,qui a partagé l’Hexagone en troiszones d’intervention : le Sud-Ouest,du ressort de Pierre Sery, le direc-teur de Terre Armée SNC, la moitié

    « Ce mode de fonctionnement aprouvé qu’il était bon, assure poursa part Martin Van Den Berg, lemanager de Terre Armée bv, puis-que, depuis plus de 30 ans, il per-met de partager toutes les ques-tions traitées par le SoilTech avecenviron 40 filiales de Terre Arméedans le monde et de résoudre lesproblématiques de leurs clients. »Un nouveau sujet sur lequel vadevoir prochainement se pencherle SoilTech, directement lié à l’é-mergence du développementdurable, est l’utilisation croissante

    Apporter des solutions, aller au-devant des besoins, c’est toute la philosophie des équipes commerciales de Terre Armée.

    D O S S I E R T E R R E A R M É E

    1 Le délai réduit de mise en œuvre de la techniquefavorise son utilisation dans les ouvrages routiers,autoroutiers ou ferroviaires(photo 1 : Corée du Sud).2 Répondant à des besoinsd’aménagement en siteindustriel, la Terre armée a été employée pour édifierplus d'une centaine de mursde déchargement dans lemonde (photo 2 : Australie).Sa souplesse d’utilisationpermet également del’employer pour des ouvragescirculaires comme lesréservoirs à mousse deMuskeg, au Canada (photo 3).4 Les qualités desapplications terrestres de la Terre armée seretrouvent en milieu marin ou fluvial, avec une fortecapacité de résistance auxsollicitations des crues ou de la houle. À Den Bosch(Pays-Bas), des murs mixtesen TerraClass et TerraTrelsoutiennent ainsi deshabitations.

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    Premier semestre 2005 Sols & Structures 15

    DOSSIER

    Nord, avec David Brancaz, et leSud-Est plus l’export, avec AlainTigoulet. « Chargés des études desprojets d’équipement des collecti-vités publiques – conseils géné-raux, régions, État –, les maîtresd’œuvre et des bureaux d’étudescomme Egis, Setec, Ingerop ouArcadis sont nos interlocuteursprivilégiés, explique ce dernier, cardès qu’un ouvrage de soutène-ment est prévu, nous entrons enrelation pour définir une solution,à notre initiative ou parce quenous sommes consultés. Noussommes ainsi en contact avec unnombre important de cabinets, ycompris les cabinets d’architectesspécialisés dans les ouvrages d’art,et de bureaux d’études – entre 30et 50 –, à qui nous consacrons

    INTERVIEW

    Charles Lavigne : «Sculpter la nature»Spécialiste des ouvrages d’art, l’archi-tecte Charles Lavigne a attaché son nomau pont de Normandie mais aussi conçude nombreux ouvrages en Terre armée,

    notamment sur la RN202 bis, la section Mussidan-Périgueuxde l’A89, et sur l’A75 avec le mur de Soumont.

    La Terre armée est considérée comme une grande innovationdu secteur des travaux publics des années 1970. Est-ce aussivotre opinion ?En effet, et pour deux raisons. D’un point de vue technique, lesol renforcé a ouvert de nouveaux horizons en permettant deréaliser des massifs de très grande hauteur à paroi verticaleavec une mise en œuvre à l’avancement très simple et dansdes endroits difficiles d’accès. Sur le plan architectural, sesgrandes écailles de parement, qui évoquent les murs cyclo-péens d’Amérique centrale ou d’Égypte, ont donné une nouvelleéchelle aux murs de soutènement. En résumé, on peut dire quela Terre armée permet de remodeler les paysages et même desculpter la nature.

    Sur quel ouvrage l’avez-vous utilisé la première fois ?C’était à la fin des années 1970 sur l’autoroute A40 Nantua-Bellegarde (Ain), à un endroit où les voies passent à flanc demontagne et sont décalées. La création d’un massif de Terrearmée à partir des déblais de la voie supérieure a permis d’as-seoir la voie aval, qui ne reposait sur rien. Pour cet ouvrage,nous avons dessiné un modèle exclusif d’écaille avec quatredéclinaisons qui nous a contraints à calepiner 150 000 m2 deTerre armée, mais en hiver, les murs s’ornent de stalactites etl’effet est superbe.

    Quelles sont les ressources architecturales du procédé ?Comment les avez-vous exploitées ?Pour créer des effets de lumière et d’ombre qui soulignent ouestompent la présence des ouvrages dans le paysage, on peutjouer sur toute une gamme de peaux de parement (aspectpierre, aspect lisse, etc.) et sur leur organisation. Sur le mur deSoumont, la création d’un décalage rappelle la présence d’unruisseau. Sur la rocade de Brest, j’ai utilisé des parementsrevêtus de carrelage. Certains architectes emploient desbétons colorés. Le TerraTrel est une solution très appréciéeactuellement, car il laisse voir le matériau. Et comme il tolèreune certaine pente, on arrive à le végétaliser et à obtenir rapi-dement un parement très naturel.

    Quelle est votre vision du potentiel créatif de la Terre armée ?Cette technique a déjà largement montré ce dont elle étaitcapable ; elle peut trouver de nouvelles applications partout oùl’on a envie de créer de grands mouvements de terre, de retra-vailler un paysage ou de requalifier un site. Je pense à l’utili-sation que l’on pourrait faire de cordons de Terre armée pourdes décharges, au retraitement possible de carrières en find’exploitation pour les réinscrire dans leur environnement.C’est à mon avis ce que nous avions réussi à faire sur l’A40,et davantage encore, plus récemment, dans la vallée de la Mau-rienne, où l’utilisation de la Terre armée a permis de requalifierle soubassement de la montagne qui était défiguré par denombreuses friches industrielles.

    environ la moitié de notre temps. »Ce travail d’amont assure ordinai-rement entre 10 et 12 mois d’acti-vité d’avance, la plupart du tempsreprésentée par des projets pharescomme l’ont été récemment lesouvrages d’appui et de soutène-ment du viaduc de la RN 202 bis àSaint-Laurent-du-Var, le mur deSoumont près de Lodève, sur l’A75,dans l’Hérault (haut de plus de30 m et d’une surface de 10 000 m2),les cinq ouvrages de la sectionMussidan-Périgueux sur l’A89(12 000 m2), ou le projet de 30 000 m2

    aujourd’hui en cours de réalisa-tion sur l’A51 à Monestier de Cler-mont, dans l’Isère.L’autre moitié de leur temps, lesresponsables commerciaux la par-tagent entre la préparation desréponses aux appels d’offres et lesuivi des affaires. D’un côté ils tra-vaillent ainsi avec le bureau d’étu-des, dirigé par Eric Lucas, qui leurfournit les métrés nécessaires auxchiffrages et les assiste pour résou-dre les problèmes géotechniques,et Alain Gorce, le directeur de tra-vaux, en relation avec les deuxentreprises de préfabrication deparements ; de l’autre avec lesentreprises attributaires des mar-chés de travaux – terrassiers ou« ouvragistes » –, afin de mettreprécisément au point la géométriedes ouvrages, qui ont pu sensible-ment évoluer depuis les étudesinitiales, et de définir les condi-tions réelles de réalisation (natureet granulométrie du remblai,teneur en sel, etc.).Pour Alain Tigoulet, il s’y ajoute descontacts avec le réseau Freyssinet,sur lequel prend appui le dévelop-pement de l’activité à l’export. « Deplus en plus de projets voient le jourhors des frontières, conclut celui-ci.Des chantiers sont en cours dans lesex-DOM-TOM, et nous sommesconsultés dans les Balkans jusqu’enRoumanie, en Russie, en Grèce, enAfrique du Nord, au Sénégal, et jus-qu’au Swaziland, une zone du res-sort de Reinforced Earth Pty Ltd(Afrique du Sud)… ». ■

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  • R É A L I S A T I O N S

    16 Sols & Structures Premier semestre 2005

    R É A L I S A T I O N S

    ENTRE CHARLESTON ET MOUNTPLEASANT, en Caroline du Sud,deux ouvrages métalliques assu-rent en bordure de littoral le pas-sage de l’autoroute 17 au-dessus de l’embouchure du fleuve Cooper.Construits l’un en 1928 et l’autre en 1968, ces deux ponts ne répon-dent plus depuis longtemps auxbesoins de la circulation ni auxnormes de sécurité, et ils vontbientôt passer le relais au pontArthur B. Ravenel Jr, dont les tra-vaux s’achèvent. Ce nouvel ouvrageest remarquable à plus d’un titre :long de 4 023 m, dont près de 900 mhaubanés, et doté d’une travéecentrale de 472 m, il battra en effetle record de la plus longue travéehaubanée en Amérique du Nord(détenu jusqu’alors par le pont AlexFraser de Vancouver). Par ailleurs,ce pont est équipé de 128 haubansentièrement fournis, installés etmis en tension par Freyssinet – etc’est là l’autre nouveauté remar-quable de cet ouvrage. « C’est lapremière fois que nous sommeschargés de la mise en œuvre deshaubans aux États-Unis, indiqueOlivier Forget, responsable duchantier pour Freyssinet, puisque,sur les ponts Leonard P. ZakimBunker Hill de Boston et Bill Emerson de Cape Girardeau, nous

    sommes seulement intervenus enassistance technique. » Rompue àl’exercice, l’équipe très internatio-nale de Freyssinet hisse une pairede haubans par pylône et parsemaine, « et cela, note avec unecertaine fierté Olivier Forget, mal-gré les cinq ouragans que la régiona essuyés en septembre ». Outre lafourniture et la mise en œuvre deshaubans, ces conditions clima-tiques particulières ont conduit la Direction des routes de l’État àconfier à Freyssinet un volet d’étu-des et d’analyse des vibrations des

    Battant un record delongueur avec sa travéecentrale, le pont sur

    le fleuve Cooper est le premiercontrat de fourniture et de mise en œuvre de haubans jamais signépar l’entreprise aux États-Unis.

    Maître d’ouvrage : Direction des routes de laCaroline du Sud.Maître d’œuvre : TY Lin.Conception : Parsons Brinkeroff – Buckland Taylor.Entreprise générale : JVSkanska-Tide Water-HBGFlatiron.Entreprise spécialisée :Freyssinet.

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    INTERVENANTS

    haubans ainsi que la fourniture dedispositifs d’amortissement. Aucours de la construction, des câblesde stabilité « grands vents » ontd’ailleurs été mis en place pour sta-biliser la structure lorsque lavitesse moyenne du vent dépassait75 km/h pendant une heure. Grâceà un système combinant clouage etsystème de contrepoids, le tablierétait balancé comme un pendulependant les ouragans…

    Des amortisseursspécialement conçus

    Arrivée sur le chantier début jan-vier 2004, l’équipe internationale(10 nationalités représentées) deFreyssinet a achevé la pose deshaubans le 11 février 2005 et pro-cède actuellement à la mise enplace des 112 amortisseurs inter-nes hydrauliques, dont 28 doubles(spécialement conçus pour l’ou-vrage) et 16 amortisseurs extérieursqui vont équiper les câbles dépas-

    STRUCTURES/PONT A.B. RAVENEL JR

    Double première au Nouveau Monde

    sant 250 m. En parallèle, elles pro-cèdent aux réglages géométriquesde l’ouvrage. « Notre prestation s’a-chèvera fin mai avec les essais d’a-mortissement des haubans en col-laboration avec Advitam, la sociétéspécialisée dans la maintenance etla surveillance de structures »,conclut Olivier Forget. ■

    Olivier Forget, responsable du chantier pour Freyssinet, et José Lopes, chef de chantierFreyssinet.

  • RÉALISATIONS

    Premier semestre 2005 Sols & Structures 17

    Avec ses pylônes en diamant, le profil du nouveau pont saisit le passant. « L’ouvrage doit être à la fois léger dans son profil en longpour des raisons esthétiques et pour résister aux séismes, mais aussi lourd pour faire face aux ouragans qui frappent la région »,explique Olivier Forget. Outre son design moderne et visible, le pont bénéficie pour cela du savoir-faire de Freyssinet en matière de vibrations de haubans puisque 112 amortisseurs hydrauliquesinternes et 16 amortisseurs extérieurs stabilisent la structure.

  • R E A L I S A T I O N SR É A L I S A T I O N S

    18 Sols & Structures Premier semestre 2005

    NICHÉE AU FOND DU GOLFEDU MORBIHAN, À PROXIMITÉD’AURAY, la petite commune bre-tonne du Bono (2 000 hab.) estsituée en bordure de la rivière leSal. Seul un « vieux pont » suspendude 100 m de long, construit en1840, relie les deux rives. L’ouvragepossède deux fermes comportant3 câbles porteurs sur lesquels sontfixées 62 suspentes. Sur chaquerive, des câbles de retenue formantune boucle prennent appui sur desparois de tunnels en U creusésdans le substratum granitique. Deslongerons et des éléments métal-liques composent le tablier, lequelsupporte un platelage en bois exo-tique organisé en point de Hongrieet posé sur des lambourdes. Conçuà l’époque des charrettes à cheval,l’ouvrage a été renforcé à deux

    la reconstruction complète du ta-blier en utilisant une structure galvanisée, et le changement des12 câbles de suspension.

    Évacuation par flottaison

    Installée sur le site en octobre 2004,l’équipe de Freyssinet s’est aussitôtattaquée au démantèlement de latravée suspendue. « Nous avons“oxy-coupé” le tablier par tronçonsde 6 m, qui ont été descendus pardes treuils linéaires et évacués parflottaison », indique Ronan Bohéas,ingénieur chez Freyssinet. Au dé-but décembre, les anciens câbles

    reprises en 1870 puis en 1925 pourpouvoir supporter des véhiculesjusqu’à 12 t. Des poutres de rigiditélatérales formant garde-corps ontainsi été ajoutées au tablier.

    L’agression des embruns

    Située en environnement marin etpleinement exposée à l’agressiondes embruns, la structure métal-lique s’est dégradée au fil des ans,conduisant les autorités locales àinterdire l’ouvrage aux véhicules en1995 et à le fermer aux piétons audébut 2003.Ne présentant pas d’intérêt straté-gique depuis qu’un autre pont per-met aux automobilistes de franchirle Sal plus en aval, le vieil ouvragereste pourtant ancré dans la mé-moire des habitants, et leur atta-chement ne se dément pas. Après

    Interdit d’accès depuis deuxans pour cause de vétusté, le pont suspendu du Bono

    (Morbihan, France) a repris du servicegrâce au savoir-faire de Freyssinet en rénovation d’ouvrage d’art.

    STRUCTURES/PONT DU BONO

    Renaissance d’un cent-cinquantenaire

    avoir obtenu son inscription à l’In-ventaire supplémentaire des mo-numents historiques en 1997, lamairie du Bono a voulu sauverl’ouvrage de l’effondrement et s’estmobilisée pour collecter les fondsnécessaires à sa restauration et à saréouverture aux promeneurs. Unappel d’offres a été lancé en juin2004 pour le sablage et la remise enpeinture générale, le changementou la réparation de certaines piècesmétalliques et le remplacementcomplet du platelage en bois exo-tique. Freyssinet, à qui le marché aété confié, a proposé en variante

  • RÉALISATIONS

    Premier semestre 2005 Sols & Structures 19

    L ’ADHÉSION DE LA HONGRIE À L’UNION EUROPÉENNE aconduit ce pays à lancer un impor-tant programme de modernisationde ses infrastructures, qui vise plusparticulièrement l’intégration de sesautoroutes au réseau européen et le désenclavement des régions iso-lées. Les travaux d’extension de l’au-toroute M7, qui relie Budapest à

    site une consolidation. Parmi lesdifférentes solutions offertes, l’en-treprise générale a retenu celle des plots ballastés proposée parMénard Soltraitement, jugée la plusefficace, la plus compétitive et laplus rapide de mise en œuvre.

    Plots ballastés et colonnesà module contrôlé

    « Nous devons assurer à la fois la sta-bilité du remblai et la minimisationdu tassement différentiel dans l’axede l’autoroute, précise Gilles Costa,responsable des travaux confiés àMénard Soltraitement. Pour dimi-nuer sensiblement la “marche” auxabords des ponts en construction,nous mettons en place une solutionoriginale associant plots ballastés etcolonnes à module contrôlé (CMC).À chaque extrémité des ouvragesd’art, les 15 premiers mètres d’auto-route sont ainsi traités par CMC etles 15 m suivants par plots ballastésavec préchargement. La sectioncourante de l’autoroute reçoitquant à elle un traitement classiquepar plots ballastés. »Pour réaliser son chantier et mettreen œuvre quelque 400 000 m2 deplots ballastés dans le délai serréprévu (ces travaux se sont achevésà la fin avril), Ménard Soltraitementa mobilisé des moyens importants :cinq grues travaillent en doublespostes. Parallèlement, une équipede sondeurs et un atelier de pres-siomètre effectuent les tests préli-minaires, le contrôle des travaux etla pose des instruments de monito-ring, soit essentiellement des cap-teurs de pressions interstitielles.« Sur la trentaine de personnes quiparticipent à ce projet, près d’untiers a été recruté et formé locale-ment », indique en outre GillesCosta. ■

    SOLS/AUTOROUTE M7

    Consolidation au bord du lac

    En Hongrie, où se déroulent les travaux de prolongementde l’autoroute M7, Ménard

    Soltraitement réalise un chantier deconsolidation de sol de 400000 m2en bordure du lac Balaton.

    Maître d’ouvrage : Autoroutes de Hongrie.Entreprise générale :Vegyepszer.Entreprise spécialisée :Ménard Soltraitement.

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    INTERVENANTS

    Sófiok, au nord-est du lac Balaton,assureront ainsi la liaison avec laCroatie, distante de quelque 120 km.Attribués à la société hongroiseVegyepszer, les travaux de la sectionlongeant le lac se déroulent pourpartie sur une portion de terrainlongue d’une dizaine de kilomètresoù le sol de tourbe atteint parendroits 5 m d’épaisseur et néces-

    Maître d’ouvrage :commune du Bono.Maître d’œuvre :DDE du Morbihan.Bureau d’études : SogreahBest (Pontivy – 56).Entreprise générale :Freyssinet.

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    INTERVENANTS

    porteurs sont déposés. Les culotsmétalliques sont récupérés etremis au fournisseur des câblespour effectuer le culottage. Les tra-vaux annexes, comme la réhabilita-tion des travées d’accès et deschambres d’ancrage, sont alorsentrepris. Après la livraison desnouveaux câbles porteurs, lareconstruction du tablier a pucommencer début février. « Le pro-cessus est inverse de celui dudémontage, c’est-à-dire que lestronçons sont approvisionnés parvoie maritime », poursuit RonanBohéas. Une fois l’ouvrage entière-ment reconstruit, à la fin avril 2005,et la suspension réglée par équi-pression, l’inauguration du vieuxpont et sa réouverture ont étédignement fêtées, comme on sait le faire au pays des forbans (cha-loupe à deux mâts du Bono). ■

  • R E A L I S A T I O N SR É A L I S A T I O N S

    20 Sols & Structures Premier semestre 2005

    STRUCTURES/SILOS DE JEBEL ALI

    Renforcements hauts et basÀ Dubaï (Émiratsarabes unis), le recours à laprécontrainteadditionnelle apermisd’augmenter la capacité d’unsilo à sucre… et à MénardSoltraitement de faire valoirson expertise en consolidationde sol.

    L ’ IMPORTANT ESSOR DE L’AC-TIVITÉ DE RAFFINAGE de sucredu port franc de Jebel Ali, à Dubaï,a conduit les autorités portuaires àdévelopper leurs équipements destockage. En 2004 a ainsi été lancéela construction d’un nouveau silode 900 000 t. Or cette capacité s’estrévélée insuffisante avant mêmeque le chantier ne s’achève, et laseule solution qui soit apparue en-visageable sans démolir et recons-truire l’ouvrage, a été de relever lesvoiles en béton de 20 à 25 m.« Pour éviter toute surcharge struc-turelle, l’ingénieur consultant duprojet a préconisé la mise enœuvre d’une précontrainte exté-rieure, indique Khalil Doghri, ledirecteur de l’agence FreyssinetGulf, et c’est ainsi que, répondant àl’appel d’offres, nous avons obtenuce marché à la mi-mai 2004. »Pour conforter la structure, leséquipes de Freyssinet ont disposé117 câbles autour du silo sur 16 mde hauteur (soit 80 t d’acier).

    Synergie de groupeSitués à Dubaï dans les mêmes locaux, Freyssinet Gulf, MénardSoltraitement et Reinforced Earth jouent la complémentarité deleurs offres auprès de leurs clients. En contact permanent, lescollaborateurs des trois sociétés proposent des solutions globa-les et réactives grâce à une palette de prestations très diversifiée.Outre la construction des nouveaux silos du port franc de JebelAli, les synergies mises en œuvre au cours des cinq dernièresannées, ont donné naissance à d’autres projets en communcomme le chantier australien de Townsville (voir S&S n° 217).

    Chaque cerce se compose de qua-tre torons gainés de 138 m de longcouplés entre eux par des ancragesen « X » (468 au total), enfilés dansdes gaines individuelles en PEHDinjectées au coulis de ciment.

    Une hauteur de 55 m de sucre

    « Comme nous avions été informésde la prochaine construction denouveaux silos lors de notre inter-vention, nous avons immédiate-ment présenté Ménard Soltraite-

    mise en œuvre de plots ballastéspermettant au sol de supporter lepoids du silo à pleine charge, soitl’équivalent d’une hauteur de 55 mde sucre… et a remporté le contrat.« Les calculs étaient complexes,confie Dominique Jullienne, res-ponsable de l’activité Ménard Sol-traitement dans les émirats, et nous avons dû tenir compte descycles de chargement, décharge-ment et rechargement de lourdescharges dans le temps. » D’autresparamètres s’ajoutaient à ceux-ci,telles les charges dynamiquesinduites par le frottement du sucrecontre les parois du silo. Finale-ment, la solution proposée parMénard Soltraitement associe destechniques caractéristiques dusavoir-faire de l’entreprise : les plotsballastés, le remplacement partiel(introduction de granulat par bat-tage dans les sols de faible consis-tance) et le compactage dynamiquedes sols. Appliqué sous les voiles dusilo, ce traitement a permis degarantir un fléchissement homo-gène de la dalle. « Toutes les étudesont été validées par une modélisa-tion du comportement de la dallefondée sur un terrain consolidé etpar pressiomètre Ménard », conclutCyril Plomteux, ingénieur chezMénard Soltraitement. ■

    ment au maître d’ouvrage pourune solution d’amélioration dessols d’assise des nouvelles structu-res », poursuit Khalil Doghri. Envariante de la solution initiale parpieux foncés dans le sol limono-sableux, une technique très répan-due dans les Émirats arabes unis,Ménard Soltraitement a proposé la

    117 câbles de précontrainterenforçant le silo sur une

    hauteur de 16 m ont permisd’accroître sa capacité.

  • RÉALISATIONS

    Premier semestre 2005 Sols & Structures 21

    SOLS/ROUTE DE NORTH KIAMA

    Un tunnel sur la voie de l’océanPour permettre au nouvelaxe routier d’accès de North Kiama (Australie)

    de franchir une voie de chemin de fer, Reinforced Earth associe desmurs de soutènement et des voûtes préfabriquées TechSpan.

    ÀDEUX HEURES DE ROUTE AUSUD DE SYDNEY, North Kiama(Nouvelle-Galles du Sud) est unsite recherché par les Australienspour ses plages, ses montagnes àla végétation luxuriante et son pit-toresque Blow Hole, une cavitédans les rochers du bord de merd’où l’eau jaillit jusqu’à 60 m dehaut sous la pression des vagues.Pour s’y rendre, les automobilistesont longtemps dû se contenterd’une unique route tortueuse àdeux voies : la Princes Highway. Cen’est qu’en 1990 que l’idée d’unnouvel axe est lancée, mais il fautattendre 1997 pour qu’elle abou-tisse, sous la forme d’un projet de

    route entièrement nouvelle à deuxfois deux voies.Débutée en novembre 2003, la se-conde phase de réalisation voitaujourd’hui la filiale australienneReinforced Earth aménager unetranchée couverte ferroviaire (64 mde long et 12 m d’ouverture), com-posée d’éléments TechSpan, etdeux rampes d’accès en Terrearmée, un ouvrage destiné à rem-placer l’ancien passage à niveau dela Princes Highway.«Le tunnel a été conçu à l’aide d’unlogiciel de dessin en trois dimen-sions pour tenir compte de diversparamètres comme le rayon de cour-bure de la voie ferrée, la largeur et la

    hauteur de la route, etc., et optimiserle passage des trains. C’était proba-blement la principale difficulté duprojet», indique Michiel Knol, l’ingé-nieur de Reinforced Earth responsa-ble du projet. Ces simulations en 3Dont permis de valider les gabarits dutunnel et notamment d’adapter lesextrémités de la tranchée couverte,qui ont été incurvées vers l’intérieur.Pas moins de 86 éléments de voûtesTechSpan ont dû être fabriqués: 70d’une largeur classique, 7 d’une lar-geur réduite et 9 éléments spéciauxen fuseau.

    Maintenir la circulation

    Dans sa configuration définitive, laroute franchira la tranchée cou-verte. 2 400 m2 de murs de soutène-ment sont donc en cours de cons-truction pour créer des rampesd’accès de part et d’autre. « Il nous afallu étudier une solution techniquequi permette à l’entreprise généraled’édifier les murs sans interromprela circulation sur la Princes Highway,qui borde l’ouvrage côté océan »,précise Michiel Knol. Le phasageretenu consiste à construire d’abord

    les murs de soutènement situés côtéterre. De l’autre côté, des murs provi-soires en treillis TerraTrel (1 270 m2)ont été construits pour stabiliser leremblai et ne pas empiéter sur laroute. «Quand la circulation pourraêtre basculée côté terre, nous pour-rons achever la construction de latranchée couverte et des murs desoutènement côté océan», expliqueMichiel Knol.« C’est un projet intéressant, à la foistechnique et architectural, qui com-bine trois de nos systèmes dans unelogique d’esthétique globale », con-clut Graham Linn, chef de l’entre-pôt de Reinforced Earth, qui appellel’attention sur la finition particu-lière des écailles, conçues pour sefondre harmonieusement dans lepaysage. ■

    INTERVENANTS

    Maître d’ouvrage :Roads & Traffic Authority de la Nouvelle-Galles du Sud.Entreprise générale :John Holland Pty Ltd.Entreprise spécialisée :Reinforced Earth.

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  • R E A L I S A T I O N SR É A L I S A T I O N S

    22 Sols & Structures Premier semestre 2005

    SUR LA CÔTE OUEST DE LAPÉNINSULE MALAISE, à moinsde 100 km de la frontière thaïlan-daise, la ville de Butterworth, quifait face à l’île de Penang, est l’undes plus importants complexesportuaires du pays. C’est aussi lecœur d’une région en plein essorindustriel et urbain, où un projet depériphérique de 12,1 km, le Butter-worth Outer Ring Road, a été lancéen concession en 1997 pour relierl’échangeur de Jalan Baru, au sudde la ville, et celui de Sungai Dua, aunord, en longeant le port et le termi-nal ferry. Outre de nombreux amé-nagements routiers, le projet comp-

    INTERVENANTS

    Maître d’ouvrage : LingkaranLuar Butterworth Sdn Bhd(concessionnaire).Maître d’œuvre et bureaud’études : Perunding JuruteraDAH Sdn Bhd (Dar Al-Handasah).Entreprise générale : IJM-Züblin Joint-Venture.Entreprise spécialisée :Freyssinet PSC – FreyssinetAPTO Joint-Venture.

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    STRUCTURES/PONT DE SUNGAI PRAI

    Une leçon de savoir-faire

    À Butterworth (Malaisie), la construction du pont de Sungai Prai mobilise

    les équipes de Freyssinet, qui assureentre autres les méthodes deconstruction ainsi que la fourniture et la pose des haubans.

    côté du pont à haubans », indiqueFernand de Melo, responsable de la cellule méthodes à la Directiontechnique de Freyssinet. Cet équi-pement permet l’installation detravées « triples caissons » de 14 mde large et de 1 500 t, composées devoussoirs préfabriqués approvi-sionnés depuis le tablier déjàréalisé. Noyau central du tablier, ilsreçoivent des encorbellementslatéraux préfabriqués, posés à lagrue puis fixés par des câbles deprécontrainte.

    Encorbellements multiples

    « Pour la travée principale du pontà haubans, la méthode de pose dif-fère quelque peu », poursuit Fer-nand de Melo. Les voussoirs préfa-briqués (également triples cais-sons) sont approvisionnés depuisle tablier déjà construit et mis enplace en encorbellement à partirde chaque pylône par un portiquefixé au tablier. Les haubans sontinstallés et mis en tension tous lesdeux voussoirs. Comme sur le restede l’ouvrage, des encorbellementslatéraux sont fixés par barres deprécontrainte à la structure por-teuse. Les voussoirs de deux desrampes d’accès sont posés grâce àun second cintre autolanceur quiréalise les 29 travées, dont deuxtronçons enjambant les voies dechemin de fer. La troisième rampe

    d’accès « en escargot » est réaliséesur étaiement.Le franchissement du fleuve Prais’effectue par un pont à haubans de485 m de long dont la travée cen-trale atteint 185 m. Le tablier estsoutenu par 112 haubans jumeaux,protégés par une gaine en PEHDblanche, qui sont supportés auniveau des deux pylônes (hauts de39 m) par des selles de déviationmonotubes. « Le premier hauban aété posé le 9 octobre 2004, et nousavons neuf mois pour achever lapose des câbles », indique PascalMartin-Daguet, ingénieur de Freys-sinet, responsable du chantier.Avant que l’ouvrage soit ouvert à lacirculation, en janvier 2006, etcontribue à redonner une boufféed’air à Butterworth, Freyssinet auraen outre assuré la fourniture et lapose des appuis et des joints dechaussée. ■

    rend la construction d’un pont de2,85 km à deux fois trois voies decirculation (28,8 m de large) fran-chissant le fleuve Prai ainsi qu’unéchangeur « en trompette » rejoi-gnant le port. L’ouvrage est cons-titué de deux viaducs d’approche de10 et 11 travées de 50 m de long,d’une travée haubanée de 185 m delong et de trois rampes d’accès.« Notre premier travail a consisté àmettre au point un cintre autolan-ceur du type “par-dessus” – long de120 m, pour un poids de 850 t(photo ci-dessus) –, permettantd’effectuer la pose des voussoirsdes 21 travées situées de chaque

    Supporté par 112 haubans jumeaux, le pont franchissant le fleuvePrai est long de 485 m.

  • RÉALISATIONS

    Premier semestre 2005 Sols & Structures 23

    DANS LE QUARTIER VICTORIAdu centre de Londres, un en-semble de bureaux prestigieux àl’architecture d’avant-garde est enchantier. Plus connu sous le nomd’Esso Glen, ce programme estcomposé de deux ouvrages, l’un de10 étages tout en verre et en cour-bes, l’autre de 6 étages, plus clas-sique. « Au total, ces deux bâtimentsreprésentent 50 000 m2 de plan-chers précontraints par post-ten-sion, un marché pour lequel nousavons fourni et installé 320 t detorons de type 5S13 et 12K15 ainsique des câbles de précontrainteprovisoires (1S15) pour les poutres

    STRUCTURES/COMPLEXE ESSO GLEN À LONDRES

    Les planchers précontraintspercent outre-Manche

    de transfert», indique Paul Bottom-ley, le directeur technique de Freys-sinet Ltd.Au cœur de la City, ce chantiertémoigne de l’essor que connaîtactuellement la précontrainte enGrande-Bretagne et en Irlande.« Les architectes, les entrepreneurset les clients ont compris les avan-tages architecturaux du procédé etsa rentabilité, et ce pour tous lestypes de programmes immobiliersrésidentiels ou professionnels »,explique Patrick Nagle, le directeurgénéral de Freyssinet Ltd. L’entre-prise multiplie ainsi les réalisa-tions, tel le Beetham Hilton, unbâtiment de 47 étages à Manches-ter, le Bridgewater Place, un com-plexe immobilier de 33 étages àLeeds, l’AMS House, un plus petitprojet près de Londres et les par-kings Ballincollig à Cork, enIrlande. ■

    50 000 m2 de planchers précontraints ont été mis en œuvre au cœur de la City.

    STRUCTURES/COULÉE VERTE DE GUIPÚZCOA

    Renforts en carbone sur la voie de l’eau

    INÉGALEMENT DOTÉ EN RES-SOURCES HYDRAULIQUES, lePays basque (Espagne) est chaqueété victime de la sécheresse. Pour yremédier, les autorités de Guipúz-coa ont adopté un plan spécialcomportant notamment l’inter-connexion des barrages des com-munes d’Ibai-Eder et de Barren-diola, dans la vallée de l’Urola.Pour relier les deux ouvrages, dis-tants de 16 km, le tracé choisi estcelui d’une voie de chemin de ferminière désaffectée. Le projetbénéficie ainsi d’infrastructuresdéjà existantes (11 ponts et 19 tun-nels), qui devaient toutefois êtrerenforcées et rénovées. Faisantd’une pierre deux coups, les autori-tés ont souhaité aménager à l’in-tention des cyclistes et des prome-neurs une « coulée verte » tout aulong du tracé. « Nous avons obtenu

    le marché de réhabilitation de huitponts en béton, constitués de une à trois travées isostatiques, soit autotal 17 travées – chaque ouvragepossédant un tablier en double Tde 3,6 m de large », indique PedroSancho, le responsable de l’agenceFreyssinet du Pays basque.Au niveau des études, la solutionpréconisée reposait sur un renfor-cement à la flexion, pour quechaque poutre des ponts puisserésister en son centre à un effort de380 kN en traction, et sur un ren-forcement à l’effort tranchant. Éla-borée à Madrid, au départementtechnique du pôle ibéro-américainde Freyssinet, la solution techniquerepose sur l’utilisation de maté-riaux composites. 2 864 m deLamelles de fibres de carbone (LFC)et 122,70 m2 de bandes de Tissu defibres de carbone (TFC) de 300 mm

    de large ont été appliqués par leséquipes de Freyssinet sur l’ensem-ble des ouvrages. Dans les zones oùle béton était endommagé, lesaciers ont préalablement été passi-vés au moyen d’agents à base derésine époxy. Ensuite, des mortiersthixotropés à hautes performancesont été mis en œuvre et une pein-ture acrylique offrant une protec-

    INTERVENANTS

    Maître d’ouvrage :Diputación Foral de Gipuzkoa.Entreprise générale :Mariezcurrena.Entreprise spécialisée :Freyssinet SA.

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    tion anti-carbonatation a été appli-quée. ■

  • R É A L I S A T I O N S

    24 Sols & Structures Premier semestre 2005

    STRUCTURES/PONT DE PLOCK

    Trois records sur la Vistule

    1200 m de long, dont 585 m detravées d’accès et un pont prin-cipal haubané de 615 m avec uneportée centrale de 375 m : prisesdans l’absolu, les caractéristiquesdu nouvel ouvrage construit sur laVistule au nord-ouest de Varsoviene traduisent en rien l’importanced’un projet qui, en Pologne,cumule aujourd’hui les records etillustre les savoir-faire conjuguésde Freyssinet International et deFreyssinet Polska.

    Des voussoirs hissés par câbles

    Si la travée principale du pont est laplus longue jamais construite dansle pays, les travées d’accès, compo-sées de voussoirs métalliques, peu-vent s’enorgueillir d’y avoir suscitéles plus importantes opérations delevage jamais réalisées. Assemblésau sol par tronçons de 60 m de longsur 27 m de large, ces éléments de

    600 t ont été mis en place au moyend’un châssis de levage et de vérinshydrauliques avant d’être soudésles uns aux autres.La deuxième phase du chantierconsistait à mettre en place lesdeux pylônes en I, hauts de 64 m, età construire par encorbellementssuccessifs le tablier de la travéecentrale. Acheminés par voie flu-viale, les voussoirs ont été hissés enposition par un système de câbleset de vérins hydrauliques du typeSL 230 d’une capacité totale de 4 710 kN. Au fur et à mesure de lamise en place des voussoirs, leséquipes de Freyssinet assuraientl’installation des 56 haubans.Jumeaux, ceux-ci sont disposés ennappe centrale, « une configurationqui donne élégance et légèreté àl’ouvrage », estime Krzysztof Ber-ger, directeur général de FreyssinetPolska. Selon leur longueur, quivarie de 38 à 188 m, les câbles com-

    portent des faisceaux de 47 à 84 to-rons, enfilés dans une gaine enPEHD (polyéthylène à haute den-sité) de couleur bleu Méditerranée.Troisième volet de la prestation deFreyssinet pour cet ouvrage, à côtéde la fourniture et de l’installationdes haubans et des levages lourds,l’équipement en appareils d’appuiet l’utilisation de systèmes horsnormes marquent le troisièmerecord. Parmi les 56 appareils d’ap-pui disposés sur les piles de l’ou-vrage, deux appareils d’appui sphé-riques, disposés chacun sur unedes piles de rive, affichent en effetdes dimensions exceptionnelles etune capacité nominale de 110 mN.

    « Après la pose du dernier haubanen janvier 2005 et le clavage dutablier par une température n’excé-dant pas les 5 °C, ce chantier qui n’ajamais contraint à interrompre lanavigation fluviale se poursuivrajusqu’en juin 2005 pour l’équiperéduite chargée des ultimes ré-glages », précise Andrzej Berger,ingénieur de Freyssinet Polska. ■

    INTERVENANTS

    Maître d’ouvrage : municipalité de Plock etDirection générale des routes et autoroutes (GDDKiA).Bureau d’études :Pontprojekt Gdansk.Entreprise générale :Groupement Mosty Lodz S.A. i.et and Mosty Plock.Ingénieur-conseil : ZBMInwestor Zastepczy Sp z.o.o.Entreprise spécialisée :Freyssinet Polska, associée à Freyssinet International.

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    Mis en chantier en juillet2002, le pont de Plock(Pologne), le plus grand

    ouvrage haubané du pays, seraouvert à la circulation à la mi-2005.

    Sur le chantier du plus grandouvrage à haubans de Pologne, Freyssinet a mis à contribution ses expertisesen levage lourd, haubanage et équipements d'ouvrage.

  • RÉALISATIONS

    Premier semestre 2005 Sols & Structures 25

    EN 2001, UNE PÉRIODE OÙ L’AL-GÉRIE rénove massivement sesinfrastructures, la Direction destravaux publics (DTP) de la wilayad’Oran (deuxième ville du pays)décide de construire un échangeurdans l’est de la ville. Le projet intè-gre plusieurs ouvrages d’art, dont

    SOLS & STRUCTURES/ÉCHANGEUR D’ORAN

    Des ouvertures pour le travail d’équipe

    En proposant avec TerreArmée une variante pluscompétitive pour l’échangeur

    d’Oran (Algérie), Freyssinet a permis à celle-ci d’y réaliser sonpremier ouvrage de soutènementdepuis les dix dernières années.

    est vite apparue onéreuse, poursuitHabib Merabet. Elle aurait en outreimposé l’interruption de la circula-tion sur un axe très fréquenté encontrebas de l’ouvrage. »

    Un intrados s’intégrant sur une spirale

    Pour pallier ces inconvénients,Freyssinet et Terre Armée SNC ontproposé en variante la réalisationpar poussage d’un pont-dalle pré-fabriqué et le remplacement de laculée creuse par un mur de soutè-nement Freyssisol de 18 m de haut.Les études structurelles de l’ou-vrage ont démarré en mai 2003.« Nous avons redéfini la géométriede l’ouvrage avec un intrados s’in-tégrant sur une spirale pour per-mettre son poussage », précise Sté-phane Faure, l’ingénieur chargédes travaux. La solution définitiveest un pont-dalle d’une épaisseurconstante de 1 m, situé dans uncercle de rayon moyen de 56 m.Long de 123 m, le pont possède

    INTERVENANTS

    Maître d’ouvrage :Direction des travaux publics(DTP) de la wilaya d’Oran.Entreprise générale : Seror-Tlemcen.Études et méthodes :Freyssinet.Entreprises spécialisées :Freyssinet et Terre Armée SNC.

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    deux travées d’extrémité de 17 m etquatre travées centrales de 22 m.« L’ensemble représentait plus d’unquart de cercle à pousser ! » indiqueStéphane Faure. Comme le déversdu pont était variable de 0 à 7 %avec une pente longitudinale des-cendante atteignant 7 %, Freyssineta opté pour un dispositif de pous-sage souple, également doté decapacités de retenue.Sur le terrain, les travaux ontdébuté par la réalisation des pileset l’aménagement d’une aire depréfabrication comportant deuxlongrines courbes en béton qui ser-vent de crémaillère pour les vérinsde poussage TP200 et supportent lepoids de l’ouvrage. Un avant-beccourbe de 25 m de long, des guideslatéraux disposés sur les piles etdes selles de glissement complé-taient l’équipement de poussage.La construction s’est effectuée partronçons (4), assemblés par uneprécontrainte centrée couplée àchaque fin de section et composéede 16 câbles 19C15. Une fois lamise en place terminée, Freyssineta équipé le pont d’appareils d’ap-pui à pot Tetron et Néoprène ainsique de joints de chaussée. Puis laprécontrainte de continuité défini-tive, constituée de 12 câbles 19C15,a pu être installée.En parallèle, Terre Armée four-nissait plus de 20 moules pour laréalisation de 800 panneaux Freys-sisol, une technologie utilisée pourla première fois dans le pays parl’entreprise Seror, pour la réalisa-tion de la rampe d’accès à la culéeprincipale (2 500 m2).L’ouvrage a été inauguré le 24 dé-cembre 2004. ■

    un pont courbe de 56 m de rayon.« En 2002, l’entreprise publiquealgérienne Seror-Tlemcen, titulairedu marché, nous a contactés pourque nous l’assistions dans la con-ception du pont », indique HabibMerabet, responsable de la zoneAfrique du Nord de Freyssinet. Àl’origine, le projet prévoyait la réali-sation d’un pont-dalle sur cintreavec des rampes d’accès compor-tant une culée creuse en bétonarmé. « Compte tenu de la hauteurdes piles de l’ouvrage et du reliefaccidenté, cette solution technique

  • RÉALISATIONSR É A L I S A T I O N S

    26 Sols & Structures Premier semestre 2005

    STRUCTURES/PLATE-FORME DE GERRARDS CROSS

    Un supermarché en bonne voie

    P ROFITANT DES QUATRE HEU-RES où la circulation ferroviaires’interrompt, les équipes de PCE Ltds’activent sur le chantier de Ger-rards Cross, petite commune de lapériphérie nord-ouest de Londres,et installent chaque nuit 5 des 343 éléments de voûtes TechSpanqui formeront bientôt une longuetranchée couverte de 320 m au-dessus de deux voies ferrées. Surcette structure sera ensuite aména-gée une plate-forme et sur celle-ci

    un supermarché et son parking.Façon inédite de rendre exploita-ble des espaces qui ne l’étaientpas ? Pas vraiment, si l’on en croitJon Cross, le directeur de Reinfor-ced Earth, pour qui cette idéeremonte en fait au début desannées 1960 : « Norwest Holst, lafiliale de VINCI, avait effectué desétudes pour un projet de ce typedès 1962 », précise-t-il.35 ans plus tard, c’est une autrefiliale du groupe VINCI, Reinforced

    À Gerrards Cross (Royaume-Uni), la place manquait pouraménager un supermarché

    et son parking. Tous deux vontbientôt voir le jour sur une plate-forme construite au-dessus de voiesferrées à l’aide de voûtes TechSpan.

    Earth, qui s’intéresse au concept.En fait, l’entreprise est approchéeen 1998 par White Young Green, unmaître d’œuvre qui la sollicite pourdévelopper un système de voûtesremblayées : c’est le point dedépart du projet de Gerrards Cross.Initialement, l’avant-projet prévoitune voûte de 14 m d’ouverture quienjambe les deux voies ferrées.« Depuis, indique Jon Cross, noussommes passés à 20 m en prévisiond’un futur élargissement à quatrevoies ferrées. »

    Priorité à la sécurité et à l’environnement

    Dès le stade de la conception et defaçon permanente, la sécurité etl’environnement sont les deux cri-tères clés de ce chantier à fortimpact. Si les travaux s’effectuentde nuit, ils ne doivent aucunementnuire à la tranquillité des riverains.« Lorsque nous avons obtenu le

    contrat en 2003, nous avons cher-ché immédiatement à optimiser lessections des voûtes pour augmen-ter leur largeur et limiter le nombred’éléments à mettre en place, in-dique Jon Cross. Sur le chantier, lesmoyens de mise en œuvre sontainsi limités au maximum, et unegrue de 160 t de capacité suffit pourmettre en place les éléments devoûtes, qui, chacun, pèsent 23 t. »

    Poutre à la clé

    Leur installation a commencé côtéouest le 10 octobre 2004. À cetendroit, l’ouvrage est constituéd’une série d’arches tronquéesreliées à la clé par une poutre en béton coulée en place. À l’autreextrémité, la tranchée couvertes’ouvre sur un mur préfabriqué depleine hauteur bordé par des ailesen Terre armée habillées d’écaillesTerraClass. Au passage, la tranchéedoit franchir la travée centrale dupont routier de Packhorse. 9 voûtespréfabriquées d’une seule piècechacune y assurent la continuité dela tranchée couverte. L’ensemble del’ouvrage repose sur une semellefondée sur pieux forés vrillés.L’achèvement des travaux estprévu au premier semestre 2005avec le remblaiement de la voûteau moyen de 100 000 m3 de calcairebroyé. Il ne restera plus qu’à cons-truire le supermarché, dont l’ou-verture est programmée pour la findu second semestre. ■

    INTERVENANTS

    Maître d’ouvrage:supermarchés Tesco.Maître d’œuvre: White Young Green.Entreprise générale:Jackson Civil Engineering.Montage des voûtes: PCE Ltd.Entreprise spécialisée:Reinforced Earth Ltd.

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  • Premier semestre 2005 Sols & Structures 27

    MÉTIERM É T I E R

    UN COURANT PROTECTEUR POUR STOPPER LA CORROSION

    plupart des cas utilisée pour des tra-vaux de réparation, où la dégrada-tion des bétons peut avoir deux cau-ses principales : la chloruration(lorsque l’ouvrage est exposé à uneatmosphère saline) ou la carbonata-tion (formation de carbonate de calcium par transformation dudioxyde de carbone de l’air faisantbaisser le pH du béton). «Notre pre-mier travail, explique Jim Preston, ledirecteur de CCSL, consiste donc àétablir un diagnostic. Nous le fai-sons soit directement à la demanded’un client, lorsque celui-ci constatela dégradation du béton d’unouvrage, soit en sous-traitance lors-qu’un consultant a déjà recom-mandé une protection cathodique.Quels que soient le schéma de l’in-tervention et la nature de la corro-sion, CCSL dispose d’une solutiondans l’offre élargie qu’elle a su déve-lopper en moins de 10 ans (lasociété a été créée en 1996) tantpour le traitement des ouvragesexistants que pour les constructionsneuves: protection cathodique pourle béton armé, les immeubles àossature d’acier, les ouvrages

    immergés en milieu marin, les pipe-lines, etc. Intervenant aux quatrecoins du monde (actuellement auRoyaume-Uni, en Irlande, à HongKong, en Croatie et en Arabie saou-dite), CCSL dispose ainsi d’unrecueil de données inestimable.« La demande pour cette tech-nique remonte aux années 1980,poursuit Jim Preston, une époqueoù l’on peut dire qu’elle a littérale-ment explosé. Son principe en

    Dans le génie civil spécialisé, cer-tains métiers se laissent déchiff-rer au premier coup d’œil, d’autresoffrent un spectacle plus insolite.Tel semble le cas avec les équipes dela filiale britannique CCSL (Corro-sion Control Services Ltd) : « Dans laprotection cathodique (voir ci-des-sous), les opérations sont toujoursles mêmes, indique Ian Spring, ledirecteur technique de CCSL. Lepremier travail est de relier descâbles à l’armature du béton et devérifier sa continuité électrique puisde disposer une anode qui se pré-sente sous diverses formes selon lescas, ainsi que des électrodes de sur-veillance et de connecter l’ensem-ble de ces éléments à une armoireélectrique. » Une fois le courant(d’une tension généralement infé-rieure à 12 V) établi, le traitementn’est plus qu’une affaire de temps,et CCSL peut en suivre l’évolution àdistance depuis ses bureaux, à Tel-ford, grâce à un dispositif intégré.Même si elle est de plus en plus fré-quemment appliquée en traitementpréventif aux structures neuves, laprotection cathodique reste dans la

    Un processus électrolytiqueLorsque le béton possède une haute alcalinité, les armatures métalliquessont passives et ne se corrodent pas. La corrosion est un processus dedégradation électrochimique. L’infiltration d’impuretés dans le béton(comme le dioxyde de carbone) rompt l’état d’équilibre chimique et réduit leniveau de pH du matériau. Pénétrant dans le béton, les ions chlorures tou-chent les armatures et entraînent la dépassivation. Au contact de l’eau et del’oxygène, des atomes du métal sont arrachés de la surface, perdent desélectrons et sont ionisés. Le métal se polarise et forme sur sa surface uneou des macro-piles. Le champ électrique ainsi créé entraîne la consomma-tion du métal à l’anode (piqûres). C’est la perte de ces éléments qui pro-voque ce que nous appelons la corrosion. Pour neutraliser et stopper le phé-nomène, on transforme le métal en cathode en y faisant circuler un courantélectrique continu imposé, de faible intensité, ou en y reliant des anodes gal-vaniques qui se corrodent plus facilement que le fer et qui génèrent un fluxd’électrons permettant de s’opposer aux charges auxquelles sont soumisesles armatures: c’est la protection cathodique par anode sacrificielle.

    revanche est beaucoup plus an-cien puisqu’il trouve son originedans les travaux d’Humphrey Davyen 1824. Nous n’avons donc rieninventé et ne faisons qu’adapterune technique d’ingénierie établiede longue date aux problématiquesde nos matériaux actuels ». ■

    L’anode en titane une foisposée (2), les opérateurs effectuent les branchementsélectriques (1).

    1

    2

  • Un des cinq ponts à haubans de l’autoroute A4.

    En mai 1995, un an après que laPologne eut demandé son adhé-sion à l’Union européenne, Freyssi-net International ouvre un bureaud’information technique à Varsovieet en confie l’animation à KrzysztofBerger, un ingénieur TP. Quatre anset quelques beaux succès plus tard(mise en œuvre de la précontrainteextérieure du pont de Góra Kal-waria, renforcement des silos deWerbkowice, de Brzeg et de Bodac-zów, etc.), l’essai est transforméavec la création de la société àresponsabilité limitée FreyssinetPolska Sp. z.o.o.Commence alors la success storyd’une filiale de 27 collaborateurs.« Les métiers d’origine étaient lessavoir-faire traditionnels de Freys-sinet, précise Krzysztof Berger,directeur général de FreyssinetPolska depuis 1999, et nous avonsprogressivement intégré à notreoffre les activités sol renforcé ettraitement de sols. Du coup, notreimage a considérablement évolué,et nous sommes désormais recon-nus dans le pays comme l’un des

    ENTREPRISEE N T R E P R I S E

    28 Sols & Structures Premier semestre 2005

    FREYSSINET POLSKA :UNE PERCÉE CONFIRMÉEDepuis six ans, Freyssinet Polska s’est fait un nom en Pologne grâce àune équipe dynamique et compétente,et en marquant chaque exercice du sceau d’importantes réalisations.

    acteurs incontournables du géniecivil spécialisé. » Cette reconnais-sance trouve son illustrationconcrète dans la réalisation dechantiers prestigieux qui, depuis àpeine six ans, ont jalonné le par-cours de la petite filiale : la réalisa-tion de cinq ponts à haubans surl’autoroute A4 en 1999 ; le pous-sage des ponts de l’échangeur deCzerniakowski à Varsovie en 2002 ;les ponts à haubans de Wolin et dePoznan l’année suivante ; le pontde Plock sur la Vistule aujourd’hui(voir page 24). En 2003, ces succès– et les efforts qu’ils sous-enten-dent – ont été couronnés par le

    prix Gazela Biznesu (prix Busi-ness) décerné par le journal Puls Biznesu aux investisseurs, aux bureaux d’études ou aux entre-prises de génie civil pour leurdynamisme, leurs résultats et leurengagement en matière de déve-loppement durable.

    Un soutien actif de Freyssinet Belgium

    Au sein du Groupe et côté organi-sation, Freyssinet Polska est ratta-chée au pôle Europe du Nord, quiregroupe également le Royaume-Uni, le Benelux et les pays scandi-naves. « Les synergies entre les

    sociétés sont importantes au seindu pôle, raconte Krzysztof Berger.En 1999, alors que démarraient leschantiers de l’A4 quelques joursseulement après la création de lasociété, nous avons ainsi bénéficiéd’un important soutien de Freyssi-net Belgium, et tout particulière-ment de Claude Mortier, dépê-chant plusieurs techniciens auprèsde nos équipes. Mais cette habi-tude d’échange et de support ne selimite pas au pôle : elle se poursuitpar exemple avec Freyssinet Francepour les ponts de Plock, de Wro-claw et de Varsovie, et se développeactuellement dans les sols. » ■

    Raison sociale : FreyssinetPolska Sp. z.o.o.Adresse : Poland, 05-822Milanówek, ul. Mala 5, tél./fax: + 48 22 724 43 55/56.Chiffre d’affaires 2004:4,5 M€.Nombre d’employés: 27.Directeur général : Krzysztof Berger.

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    FICHE D’IDENTITÉ

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    Opération de poussage à l’échangeur de Czerniakowski, Varsovie.

    Dirigée par Krzysztof Berger 3 (à