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www.credit-suisse.ch/bulletin

Août/septembre 2001

Le magazine de Credit Suisse Financial Services et de Credit Suisse Private Banking

L’homme a besoin de

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Focus : « changement »

Daniel Huber, rédaction Bulletin

Credit Suisse Private Banking

La grand-mère de mon épouse était une femmeremarquable. Née le 6 juin 1904, décédée le 7 juillet 1999, elle a traversé tout un siècle de tur-bulences et de changements. Mariée à un artisteallemand poursuivi par le régime hitlérien, elle émi-gra en 1932 en Argentine, pays qu’elle dut quittertrente-deux ans plus tard pour échapper à une autredictature. Revenue en Suisse, elle travailla pendantvingt ans comme psychologue pour enfants. Cettefemme a gardé jusqu’à la fin de sa vie une vivacitéet une ouverture d’esprit hors du commun. C’étaitpassionnant de l’écouter raconter sa jeunesse pas-sée à Saint-Gall au sein d’une famille bourgeoise.Elle évoquait le souvenir d’une époque tranquille oùil n’y avait pas encore d’automobiles, où la « demoi-selle du téléphone » ne transmettait aucun appeltéléphonique chez les Guggenbühl à l’heure sacréede la sieste, où l’allumeur de réverbères passaitencore chaque soir allumer les becs de gaz, et oùl’annonce du naufrage du Titanic avait ébranlé laconfiance du monde dans l’avenir. Elle aimait aussi

Aucune nostalgie du «bon vieux temps»

se rappeler le temps où elle allait rendre visite à sonpère pendant la Première Guerre mondiale, alorsque celui-ci accomplissait son service actif en tantque lieutenant. Ou le jour où elle avait fêté la fin de la Seconde Guerre mondiale à Buenos Aires avecdes amis. En vieillissant, elle se replongeait de plus en plus souvent dans ses souvenirs du passé.Mais je ne l’ai jamais entendue parler avec nostalgiedu « bon vieux temps ». Jusqu’à la fin, elle a suivid’un œil attentif et critique les événements de notreépoque, allant jusqu’à accompagner notre filleadolescente à une manifestation. Et alors mêmeque sa surdité l’empêchait peu à peu de com-prendre ses petits-enfants et que sa mauvaise vuelui rendait la lecture de plus en plus difficile, elleétait encore curieuse de savoir ce qu’était Internet.Je suis heureux que nos enfants aient encoreconnu la grand-mère de ma femme. Car jusqu’à au-jourd’hui, je n’ai rencontré personne qui, commeelle, ait vécu autant de changements négatifs sansjamais perdre l’espoir de jours meilleurs.

ÉDITORIAL

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SOMMAIRE

FOCUS: « CHANGEMENT»

6 Economie | Vers plus de liberté et de responsabilisation12 Un monde en mutation | Sur la voie de l’optimisme

ACTUEL

30 MyCSPB | Finances sur mesure et plaisir de la lectureParcourir le monde sans argent | Carte ec/MaestroProjet «Ticket to Life » | Les droits des enfants

33 Hypothèques | Saisir l’occasion avant les hausses de taux35 Winterthur Vie | Nouvelle vitrine Internet

Financements commerciaux | Le Credit Suisse en tête36 Gestionnaires de fortune | Seuls les meilleurs comptent

ECONOMICS & FINANCE

38 Société du savoir | La formation, capital pour l’avenir42 Prévisions par pays et secteurs43 Placements | Réagir vite et en souplesse44 Prix de l’énergie | Les Etats-Unis font la loi47 Nos prévisions conjoncturelles48 Crise asiatique | Les « tigres » encore menacés51 Nos prévisions pour les marchés financiers

E-BUSINESS

52 Foisonnement sur la Toile | Savoir cibler ses recherches55 @propos | Les trente ans de l’arobase56 Insurance Lab | Les meilleures assurances en ligne58 La convivialité sur le Net | Entretien avec Jakob Nielsen

ART DE VIVRE

62 Parfums | Des essences nobles retrouvent une seconde vie

SPONSORING

66 Vice, passion et rude école | Le golf71 Agenda

LEADERS

73 Alexander Pereira | L’opéra pour tous

FINANCIALSERVICES

Le Bulletin est le magazine de Credit Suisse Financial Services et de Credit Suisse Private Banking.

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Fins limiers sur Internet : des moteurs de re-cherche bien alimentés arrivent plus vite au but

Dans le trou : 70 millions de joueurs ont succom-bé à la magie d’une petite balle blanche

Alexander Pereira, intendant de l’Opéra deZurich : l’opéra doit éveiller l’esprit

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Pour rester compétitive, la Suisse doitréformer son système éducatif

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Alois Bischofberger, chef économiste : « L’économie mondiale a besoin d’éthique»

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Les technologies de l’information et de la communicationabolissent le temps et l’espace. Depuis n’importe quel endroit, on peut désormais

se procurer et diffuser dans le monde entier des informations et des marchandisesen un rien de temps. C’est le développement garanti pour les services transnationaux.

A long terme, ces technologies sont destinées à devenir d’importants moteurs de

la croissance.

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Les temps changent et déteignent sur leshommes qui les traversent. Il est encoura-geant de se dire qu’on peut prendre unepart active au changement, encore faut-ilpour cela agir, et non subir.

Le changement fait peur et, devant lerythme de la vie moderne et l’incertitudede l’avenir, nombreux sont ceux qui sesentent déstabilisés, d’où la montée desprotestations contre les privatisations, laréduction des subventions, l’ouverture desfrontières ou l’élargissement de l’Unioneuropéenne. Dans un monde en perpé-tuelle mutation, il faut savoir s’adapterplus que jamais. Rien n’est donc aussiimportant que la formation pour permettreaux hommes d’exercer leurs talents dansdes situations nouvelles.

Le changement est partout, parfois ilprend même des allures d’implosion. Il y aune dizaine d’années, on a vu s’effondrerle système communiste et son garant,l’Union soviétique. En Europe occiden-tale, l’influence des Eglises traditionnellesn’a cessé de diminuer, modifiant ainsi lessystèmes de valeurs des sociétés demême que le comportement des agentséconomiques. Enfin, sur les marchésfinanciers, cela a été la débâcle pour les indices technologiques tels que leNASDAQ, l’EASDAQ ou le NEMAX avec,en toile de fond, un net recul de la crois-sance.

Euphorie et désillusion

Ceux qui croyaient que la hausse descours et la vigueur de la croissance al-laient durer ont été bien déçus. Pour lecoup, l’euphorie qui régnait à la fin desannées 90 est retombée. Un brusqueretour de balancier qui, en peu de temps,a sérieusement entamé le moral des con-sommateurs comme des entrepreneurs.Et pour cause : les crises économiques etfinancières provoquent chez l’homme uneréaction émotionnelle qui l’empêche depenser et d’agir rationnellement. A l’ave-nir, il n’y aura donc pas que la technologieet le rendement, mais aussi d’autres fac-teurs – politiques, sociaux et éthiques –qui auront des incidences importantes surl’économie.

S’il est un domaine où le changementet l’accélération des événements sont trèsnets, c’est bien celui des technologies de l’information et de la communication.D’après les études menées sur le sujet,l’impact de ces technologies sur le déve-loppement économique est certes encoremodeste. Pour l’instant, c’est surtout dansl’industrie des ordinateurs et des pucesélectroniques, et aussi dans certainescatégories de biens d’équipement que l’onconstate des gains de productivité.

Mais ce n’est qu’un début, car biensouvent, le progrès technique ne se ré-percute sur l’économie tout entière qu’au

bout d’un certain temps. Les technologiesclés comme l’électricité en sont la preuve :il s’est écoulé près de quarante ans entrela première exploitation commerciale decette énergie et son application à l’en-semble de l’économie. Aujourd’hui, leschoses vont beaucoup plus vite, même s’ilfaut se familiariser avec le maniement desinnovations technologiques, qui nécessi-tent par ailleurs de gros investissementsen recherche-développement, en forma-tion et en équipement. A long terme, cestechnologies sont destinées à devenir,malgré le repli momentané des nouveauxmarchés, d’importants moteurs de lacroissance.

La recherche tant fondamentale qu’ap-pliquée est appelée, en bonne logique, à recevoir de nombreuses impulsions. Larecherche-développement et la productionsont de moins en moins liées à un lieudonné. Avec l’abolition des distances etdes délais, on peut désormais se procureren peu de temps et à bon compte toutesles informations nécessaires. C’est ledéveloppement garanti pour les servicestransnationaux.

Cela dit, il n’y a pas que les avancéestechniques qui entrent en ligne de comptedans les gains de productivité. Un pays quiveut devancer ses concurrents en inno-vant doit déréglementer l’économie natio-nale et ouvrir les marchés protégés, mais

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Entre modernité etproductivitéA l’avenir, il n’y aura pas que la technologie et le rendement qui détermineront les changements économiques. Toujours plus décisifs seront les facteurs politiques,sociaux et éthiques. Alois Bischofberger, chef économiste du Credit Suisse

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aussi se doter de marchés des biens et dutravail flexibles, d’un excellent système deformation et d’une fiscalité attrayante. Letout est de créer des conditions propicesaux innovations : en ces temps d’ouvertureet de globalisation des marchés, c’est làsans doute le plus important des facteursde succès.

L’avance des Etats-Unis

En termes de productivité, les Etats-Unissont bien placés pour garder leur avance.La population active y croît plus vite quedans d’autres pays ou régions industriali-sés avec, à la clé, une croissance poten-tielle (c’est-à-dire soutenable à moyen etlong terme sans dérapages inflationnistes)plus élevée. Autant dire que les Etats-Unisvont continuer d’attirer les investissementsdirects ou de portefeuille. Du point de vuede la politique économique, l’Europe et leJapon ont, à l’évidence, du retard sur lesEtats-Unis et, pour ce qui est de la prisede risques, ils pourraient, là aussi, suivreleur exemple.

Cela est d’autant plus vrai que leschangements structurels économiquess’opèrent souvent par bonds, sous lapression de crises et à un rythme toujoursplus rapide. Dans ces conditions, il devientdifficile de prévoir l’avenir, on doit se dé-cider rapidement sans être sûr de réussir.Et plus il y a d’incertitudes quant au suc-cès ou à l’échec d’une stratégie, plus il ya d’erreurs stratégiques.

Les progrès de la médecine et de lapharmacie ont, eux aussi, une influencedécisive sur l’économie, car en accélérantla guérison, ils augmentent la capacité deproduction et la rentabilité des investisse-ments dans le capital humain. En contre-partie, l’allongement de l’espérance de vie se traduit par une forte hausse desdépenses de santé pour les personnesâgées. Toutes choses qui font de la santéun facteur économique non négligeable.

La crainte des innovations

Avec le vieillissement de la population, lesactifs paient toujours plus pour les retraités,une tendance que les découvertes de la

L’invention de la pilule a beaucoup contribué à l’émancipation de la

femme. Il n’est pas jusqu’à l’économie qui n’en ait profité : par leur arrivée massive

sur le marché du travail, les femmes constituent un formidable réservoir de main-d’œuvre. Dans la foulée, elles viennent grossir les rangs des

consommateurs à fort pouvoir d’achat. Toujours plus autonomes, elles

n’ont pas fini d’influer sur la vie professionnelle, mais aussi sur la vie familialeet sociale.

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biotechnologie et du génie génétique nefont qu’accentuer. Tout en ouvrant desperspectives nouvelles, ces technologiessuscitent certaines craintes dans une par-tie de l’opinion. Surtout en ce qui concernele clonage humain, la question se pose desavoir si tout ce qui est possible est permis.

L’invention de la pilule a eu en sontemps des répercussions économiquestout aussi spectaculaires, du moins dansles pays industrialisés où, en limitant lesnaissances, elle a fait accéder un plusgrand nombre de femmes au monde dutravail. Comme par le passé, l’émancipa-tion de la femme sera, sans conteste, undes principaux moteurs du changement.Formidable réservoir de main-d’œuvre, lesfemmes viennent grossir dans la fouléeles rangs des consommateurs à fort pou-voir d’achat. Et l’amélioration de la forma-tion aidant, elles vont encore renforcerleur présence dans l’économie.

La baisse de la natalité due à la pilulesera cependant un pesant fardeau pourles assurances sociales dans les dé-cennies à venir. D’ici peu, la générationdes baby-boomers arrivera à l’âge de laretraite. Comme cette génération a eu moins d’enfants que nécessaire pour sareproduction, la génération suivante devracotiser nettement plus.

Cette tendance démographique grèveles systèmes de retraite de la plupart despays industrialisés. Elle nécessitera d’euxun formidable effort d’adaptation, quiapparaît comme un défi tant politiquequ’économique. Pour l’heure, on ne peutpas préjuger de l’issue de cette évolution.Les espaces de temps sont tellementlongs qu’ils dépassent de beaucoup leshorizons des hommes politiques.

Parmi les bouleversements gros deconséquences pour l’économie, on citera

enfin les découvertes de la psychologie.Leur influence est directement perceptibledans l’organisation des entreprises, lagestion des ressources humaines, le con-tact avec la clientèle ainsi que le marke-ting. L’abandon du management autori-taire au profit du travail d’équipe, outrequ’il accroît la productivité des entre-prises, devient dans une société de l’in-formation et du savoir une condition in-dispensable pour motiver les salariés etfavoriser leur créativité.

Plus de liberté et de responsabilité

Qui dit plus de libéralisme dit plus de li-berté, et ce dans bien des domaines. Orplus de liberté, c’est aussi plus de res-ponsabilité.

L’interventionnisme appartient au passé.Même si le doute est permis au sujet de lastabilité et de l’efficacité de l’économie de marché, cet Etat qui, sous couvert deprotection des citoyens du berceau à latombe, s’ingère dans la vie de chacun estde plus en plus mal vu. Mais d’ores et déjà,la privatisation, la dérégulation et la nou-velle gestion publique apportent un contre-poids à l’Etat-providence. Quand l’orienta-tion client vient s’y ajouter, c’est l’initiativeprivée qui gagne au change et le citoyen –et contribuable – qui s’émancipe. La peurde la classe politique d’être privée de pou-voir sous l’effet de la globalisation ne peutpas empêcher l’expansion des forces dumarché, elle peut tout au plus la retarder.

Le même regain de liberté se retrouvedans la façon de vivre. L’émancipation dela femme n’a pas fini de modifier la vieprofessionnelle et familiale. Et avec l’écla-tement progressif de la famille – le taux de divorce ne cesse d’augmenter toutcomme le nombre de familles monoparen-tales –, c’est la « délocalisation » de l’édu-cation des enfants qui se poursuit.

Alois Bischofberger, chef économiste du Credit Suisse

«La pérennité d’une entreprise passe par le souci de

cultiver les valeurs immatérielles »

Les traditions se perdent

Jusqu’à présent, c’était surtout dans lespays hautement industrialisés que les tra-ditions se perdaient. Or sous l’effet del’élévation du niveau de vie et de la mon-dialisation, ce phénomène gagne peu àpeu les nations émergentes. Par la plusgrande liberté qui est laissée à l’individupour l’aménagement de son emploi dutemps, l’industrie des biens de consom-mation et des loisirs trouve de nouveauxdébouchés. Certes, on ne peut pas direque ce qu’on nomme la société du diver-tissement soit le summum de la civilisa-tion. Mais elle n’aura qu’un temps. Ce quirestera, c’est l’enrichissement continuelde l’éventail des produits de consomma-tion et des expériences de plaisir, ce que les sociologues appellent la sociétémulti-optionnelle. Dans le même temps, leconsommateur aura de plus en plus be-soin d’être informé, instruit et consulté. Ily a là un potentiel de développement con-sidérable pour le secteur des services im-matériels.

L’individualisation et la flexibilisationdes modes de vie ont pour corollaire l’af-firmation du sens des responsabilités et dugoût du risque. Cette tendance s’exprimenotamment par le désir de profiter pleine-ment de la réussite sans être accabléd’impôts. Désormais, on prend en compteles revers professionnels, que l’on consi-dère comme autant de chances. De plus,on admet une plus grande souplesse dansle salaire, l’exercice de la profession et lechoix du domicile. Reste que les groupessociaux les plus défavorisés, ceux-làmêmes qui se considèrent comme lesexclus de la croissance, se sentent encoreplus marginalisés. Il s’ensuit une explica-tion simplificatrice des difficultés sociales.L’exploitation de ce malaise par des poli-ticiens populistes constitue, de fait, une

L’économiste Manfred Timmermann préco-

nise un «permis de conduire » pour les

conseils d’administration dépassés par le

changement.

www.credit-suisse.ch/bulletin(en allemand)

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Les progrès de la médecine et de la pharmacie marquent profondément

l’économie et font de la santé un facteur économique non négligeable. Dans les pays

industrialisés, on vit toujours plus vieux, une tendance que les découvertes de

la biotechnologie et du génie génétique ne font qu’accentuer.

Les effets conjugués de l’allongement de l’espérance de vie et de la

limitation des naissances menacent les systèmes de retraite. Aussi

l’évolution démographique est-elle un des grands enjeux politiques et

économiques de demain.

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menace pour la liberté économique commepour la liberté politique.

Dans ces circonstances il va falloir en-gager le dialogue avec les détracteurs del’économie de marché, les adversaires dela mondialisation et les réfractaires auchangement. Les efforts de libéralisationpassés et à venir sont vains si l’on neprend pas au sérieux ces craintes trèsrépandues dans le monde. A cet égard, lesecteur privé ne doit pas ménager sapeine. Dans un système économiquefondé sur l’innovation, le goût du risque etle sens des responsabilités, la disparitédes revenus tend à s’accentuer. Pendantles années de haute conjoncture et d’en-volée boursière, cette disparité a été par-ticulièrement marquée.

Le dialogue pour principe

Malgré la correction intervenue récem-ment sur les marchés financiers et dansl’économie réelle, la tendance généraledevrait demeurer inchangée ces pro-chaines années. C’est une chose qui estsouvent mal comprise et qui fait des en-vieux. Mais si l’on parvient à démontrerque la performance des entreprises estsynonyme de progrès économique et decréation d’emplois, on dépassionne ledébat : le dialogue est un bon moyen derégler les situations conflictuelles.

Une économie globalisée doit obéir àcertaines règles de conduite communé-ment admises. Il n’est pas question icid’imposer au monde entier les valeursd’un milieu, d’une religion ou d’unegrande puissance. Pour être un peu abs-traite, la notion théologique d’« éthiquemondiale » n’en est pas moins juste :l’égalité des chances sans distinction derace, de nationalité, de sexe ou de reli-gion, la lutte contre la discrimination, lerespect de la dignité humaine, la protec-tion des enfants, la garantie de conditionsde travail décentes, la protection de l’en-vironnement et le respect des autres cul-tures ne sont que quelques-uns de sesprincipes. En somme, la pérennité d’uneentreprise passe par le souci de cultiverces valeurs.

LES CINQ RÉALISATIONS DE LA PENSÉE ÉCONOMIQUE

Les découvertes de l’économie moderne et la meilleure prise en compte de

ses théories dans la politique économique sont pour beaucoup dans les suc-

cès économiques de ces vingt dernières années.

■ Libéralisation : l’exemple des télécommunications illustre bien la puis-

sance créatrice du marché. Les prix baissent, la qualité et l’éventail des

services offerts à l’acheteur augmentent. Sur le marché de l’électricité et

à la Poste, la libéralisation devrait produire les mêmes effets.

■ Politique économique efficace : l’observation attentive des forces du mar-

ché détermine l’approche d’un problème économique donné. Pour mettre

en œuvre une politique préalablement définie, les mesures incitatives sont

plus efficaces que les méthodes bureaucratiques. A cet égard, la politique

agricole ou celle de la santé ont été les premières à donner des résultats.

Mais il y aura encore bien d’autres applications de cette approche dans les

politiques environnementale, sociale ou éducative. Les énergies produc-

tives ainsi libérées peuvent contribuer à relancer durablement la crois-

sance, surtout en Europe.

■ Meilleure prévention des crises : après les égarements inflationnistes des

années 70, la politique monétaire a pris le chemin de la stabilité. En tirant

la leçon des erreurs de la Grande Dépression, les banques centrales des

pays développés ont su éviter de graves crises économiques lors des

krachs de 1987 et de 1998. Elles devraient pouvoir en faire autant en cette

période d’instabilité des cours et dans la perspective d’une volatilité ac-

crue. En l’absence de marasme économique, l’Etat peut respirer et n’a pas

à intervenir à l’excès.

■ Gestion de portefeuille : la théorie moderne du portefeuille a révolutionné

le comportement de la plupart des investisseurs. Avec l’arrivé des fonds

de placement, la diversification est devenue accessible au plus grand

nombre. Notamment les placements en actions sont désormais à la

portée de tous les investisseurs, même les plus petits. Deux facteurs qui

ont concouru à la hausse des marchés d’actions entre 1980 et 2000. Du

même coup, les primes de risque ont peut-être atteint irrémédiablement

leur niveau le plus bas.

■ Instruments dérivés : avec l’introduction et la diffusion des produits déri-

vés, c’est d’abord le monde de la finance, puis celui de l’entreprise qui ont

changé radicalement de façon de penser et d’agir. Les calculs d’une ex-

trême complexité que nécessitent ces instruments peuvent être effectués

en peu de temps et à bon compte grâce à des ordinateurs toujours plus

performants et plus abordables. Les produits dérivés permettent de limi-

ter et de transférer les risques financiers, et ils ouvrent à l’économie tout

entière des perspectives nouvelles en matière d’investissement et d’ac-

croissement de la productivité. De plus, ils autorisent l’acceptation des

risques dans des proportions insoupçonnées, à condition bien sûr que les

entreprises et les établissements financiers disposent de moyens de

contrôle appropriés.

CHANGEMENT

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CarolBellamyThomasWellauerPatMitchellJoschkaFisc herGeorgJ.MitchellProf.LesterThurowProf.J.DeissMikeMoore Organisée par le Credit Suisse et

la Winterthur début juillet à Interlaken, la WINconference 2001 a abordétoutes les facettes du changement.Son thème, intitulé «Transitions –Défis », a donné à 19 orateurs issusdes sphères politiques, économiqueset culturelles du monde entier l’occasion de s’exprimer sur les boule-versements auxquels nous assistonsactuellement et sur la manière de les appréhender pour en faire bénéficierle plus grand nombre.

Cap sur lechangement

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CHANGEMENT

«Le sort des enfants nous concerne tous»

Carol Bellamy, directrice générale de l’UNICEF

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Le budget de l’UNICEF se compose pourun tiers de fonds provenant du secteurprivé, le reste lui étant versé par lesgouvernements. En cinquante-cinq ansd’existence, l’UNICEF est l’organismeonusien qui a le mieux développé la coopé-ration avec les entreprises et les fonda-tions, et qui en a tiré le plus d’enseigne-ments. Nous avons accédé à une mannede connaissances et d’expériences. Enparrainant divers projets, beaucoup desociétés sont venues en aide aux popu-lations en détresse. Je pense notammentà l’installation de pompes à eau manuellespour acheminer l’eau potable ou à desprogrammes d’éradication de la polio-myélite.

Dans ce contexte, je me félicite de la coopération entre l’UNICEF et CreditSuisse Financial Services, qui ont décidéd’unir leurs forces pour ‹ Ticket to Life ›, unprojet visant à garantir la survie, la pro-tection et le développement des enfantsdès la naissance grâce à l’enregistrementdes nourrissons par les autorités de leurpays. Pour un enfant, cette procédureéquivaut à la reconnaissance officielle deson existence. Elle permet aux Etats nonseulement de recenser leur population, etdonc de planifier leurs besoins en équipe-ments, mais aussi d’offrir une premièreprotection durable aux nouveau-nés. Sansacte de naissance, l’enfant est privé de ses droits les plus fondamentaux. Iln’existe pas officiellement et est de ce faitdavantage exposé aux mauvais traite-ments. Au Liberia par exemple, un garçonnon enregistré est incapable de prouverqu’il est trop jeune pour faire son servicemilitaire. Les enfants que nous parvien-

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Comment pourrais-je baisser les bras, neserait-ce qu’un instant ? Il y va du sort desenfants. La plupart vivent dans des con-ditions effroyables, mais les enfants sontmerveilleux : ils affrontent l’adversité engardant intactes leur gaieté et leur volon-té de vivre. Les adultes me font douter,pas les enfants. Même si le désarroi desplus démunis de cette planète alimentesouvent la chronique, les derniers déve-loppements suscitent l’espoir.

Plus personne ne conteste aujourd’huile fait que la protection des droits de l’en-fant revêt une nécessité absolue. Ces dixdernières années, des domaines tels quela santé, l’éducation et la lutte contre lesmauvais traitements ont connu de nettesaméliorations. Sauf dans l’Afrique sub-saharienne, laissée exsangue par la pau-vreté, le sida et la guerre. Il va sans direque les conflits armés font énormémentde ravages. Pendant la Première Guerremondiale, 90% des victimes étaient dessoldats. Aujourd’hui, ils ont été remplacéspar les civils, généralement des femmes et des enfants, contraints de se prostituerou enrôlés de force dans l’armée.

Seule la scolarisation permet de com-battre la discrimination et d’aider les jeunesà mieux s’armer pour l’avenir. Il y a onzeans, les Nations Unies organisaient déjàune conférence sur la situation des enfantsdans le monde. Mais en dépit des progrèsmajeurs à notre actif, nous ne sommes pasencore au bout de nos peines.

Chaque année, 10 millions d’enfantsde moins de 5 ans meurent d’une maladiebanale comme la diarrhée ou la rougeole.Quelque 170 millions d’enfants sont sous-alimentés, et plus de 110 millions, dont60% de filles, ne vont pas à l’école. Pre-nez ensuite les autres corollaires de lapauvreté, comme le sida, la malaria, la

guerre ou l’exploitation des enfants, etvous comprendrez que nous devonsabattre un travail de titan pour offrir auxjeunes générations une chance de grandirdans les meilleures conditions possibles.

La volonté, un facteur déterminant

Le sort des enfants nous concerne tous.Si l’argent joue un rôle clé, il ne constituepas le seul facteur déterminant dans lecombat que nous menons. La volonté dechanger les choses est tout aussi indis-pensable. Sans elle, les gouvernementscèdent à la corruption, les moyens finan-ciers se font rares et les dirigeants despays les plus pauvres préfèrent faire laguerre plutôt que d’investir dans l’éduca-tion et les soins de santé. Il faut de l’ar-gent et des programmes, qui ne pèsentpourtant pas bien lourd si la volonté faitdéfaut.

Les Nations Unies ont vu le jour pourlibérer la planète du joug de la guerre. KofiAnnan, secrétaire général de l’organisa-tion, répète inlassablement que les effortsconsentis pour parvenir au progrès socialsouhaité n’aboutiront que si chacun as-sume sa part de responsabilité. Nousavons d’ambitieux objectifs et comptonssur la participation active des acteurs éco-nomiques et des entreprises pour les at-teindre.

Carol Bellamy, l’infatigable directrice généralede l’UNICEF, se fait le porte-voix des enfants du monde entier.Propos recueillis par Christian Pfister

«

Carol Bellamy, directrice générale de l’UNICEF

«Des millions d’enfants dans le monde n’ont pas d’existence légale »

Page 15: Le magazine de Credit Suisse Financial Services et de Credit … · 2019-01-29 · laient durer ont été bien déçus. Pour le coup, l’euphorie qui régnait à la fin des années

drons à sauver de cette situation bénéfi-cieront d’une meilleure protection. Quantà la corrélation entre l’analphabétisme etla misère, elle n’est plus à prouver. Sachezsimplement que les enfants de mèresn’ayant suivi aucune formation de basesont quatre fois plus menacés de sous-alimentation que les autres.

L’enregistrement des naissances neconstitue pas une panacée ; il ne s’agitque d’un premier pas. Dans les paysriches et industrialisés, cette procéduretombe sous le sens. Pourtant, des millionsd’enfants dans le monde n’ont pas encored’existence légale.

Nous avons les moyens d’apporter uneréponse à ce grave problème. Soutenu pardes organismes partenaires, l’UNICEF acommencé à mobiliser la communautéinternationale pour la cause des enfants. A nous, les adultes, d’écouter ce que les

jeunes générations ont à nous dire et d’entenir compte au moment de prendre desdécisions.

Je me souviens d’un sondage réaliséauprès de 2,7 millions de petits Colom-biens auxquels nous avions demandé cequi comptait le plus pour eux. Leur ré-ponse a été on ne peut plus claire : le droità la survie et le droit à la paix.

Suite à cette enquête, nous avonsfondé le Mouvement des enfants pour lapaix en Colombie. On considère souventles enfants comme des victimes. Dans cecas précis, ils ont pris leur destin en main,devenant ainsi de véritables ‹ pacifica-teurs ›.

Début 2000, les jeunes de 10 à 19 ansreprésentaient environ 20% de la popula-tion mondiale, soit 1,2 milliard de per-sonnes. La manière dont ils vivent leur en-fance et les perspectives qui s’offrent à

eux auront une influence déterminante surla capacité du ‹reste› de l’humanité àrelever les défis de ce siècle. Commentpourrais-je baisser les bras, ne serait-cequ’un instant ?

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REPÈRES BIOGRAPHIQUES

Carol Bellamy naît en 1942 à Plainfield,

aux Etats-Unis. Diplômée en droit de l’Uni-

versité de New York, elle entre d’abord

au service d’un cabinet d’avocats new-

yorkais. De 1973 à 1977, elle est sénateur

de l’Etat de New York. Entre 1978 et 1985,

elle exerce les fonctions de présidente du

Conseil de la ville de New York. En 1986,

elle entre comme directrice chez Morgan

Stanley. De 1990 à 1993, elle fait partie du

management de Bear Stearns. Depuis

1995, Carol Bellamy est directrice géné-

rale de l’UNICEF.

»

«Nous devons ouvrir la voie à l’optimisme»Thomas Wellauer, CEO de Credit Suisse Financial Services

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Pour notre entreprise, la WINconferenceest davantage qu’une simple rencontreentre dirigeants des milieux économiques,politiques et culturels. Elle montre bienque le Credit Suisse et la Winterthur en-tendent assumer une responsabilité so-ciale et se pencher sur les grandes ques-tions de notre temps, auxquelles serattache sans nul doute le thème de laconférence : « Transitions – Défis ».

Compte tenu des orateurs présents,nous pouvons être certains que le débatne se limitera pas à une vérité, à une pers-pective, à une approche. La diversité estomniprésente, ce dont nous nous réjouis-sons.

Le dialogue est la seule forme de com-munication permettant d’éviter qu’un pointde vue soit trop tôt écarté. Je vous invitedonc à dialoguer. Nous avons tous ici ledevoir de maintenir l’échange et de prati-quer une culture du dialogue. Dès qu’ils’agit de questions essentielles pour notresociété, le partage des responsabilités n’aplus de sens. La politique, l’économie etla culture sont toutes pareillement concer-nées.

En tant qu’entreprise, nous avons desraisons de ne pas organiser cette mani-festation par pur altruisme. Car nous de-vons relever l’un des plus grands défisauxquels notre secteur ait jamais étéconfronté : faire coïncider nos objectifscommerciaux avec notre responsabilitésociale.

Credit Suisse Financial Servicess’adapte au rythme des changements. Ilserait fatal pour notre Directoire de pen-ser pouvoir trouver des solutions en soli-taire et en vase clos pour innover dans lesdomaines social et économique.

Notre succès tient avant tout à l’exis-tence d’un puissant réseau de relations :avec les clients, les collaborateurs, les ac-tionnaires, les fournisseurs, les politiques,mais aussi avec les concurrents et les organisations non gouvernementales,même si ces dernières se montrent trèscritiques à notre égard. Garder de bonnesrelations avec ces acteurs sociaux nousassure des avantages concurrentiels.C’est la seule façon de suivre l’évolutiondes perspectives et exigences multiplesqui déterminent notre environnement.

Les impulsions provenant de ceux quisont concernés par notre politique com-merciale assurent notre survie. Je ne veuxpas dire par là que nous devons nous lais-ser dicter notre conduite. Ou que nousdevons suivre immédiatement tout nou-veau courant en vogue dans le monde desaffaires. Non, il s’agit bien plus d’appré-cier constamment nos positions et nosstratégies à l’aune des besoins du marchéet de la société. En étant conscients denotre propre valeur, mais en restant prag-matiques. Même quand cela implique pournous un changement de stratégie.

Le dialogue favorise l’écoute

La capacité d’écoute est une qualitéessentielle de nos jours. Elle est fonda-mentale non seulement pour le progrèssocial, mais aussi pour le succès d’uneentreprise. Le dialogue crée un espaced’écoute et permet de revoir ses positionset ses attitudes propres.

Indispensable à la réussite de touteactivité, l’écoute constitue un facteur desurvie à l’ère du changement permanent.Pour les acteurs de l’économie que noussommes, « les marchés sont des conver-

sations » – comme l’ont redécouvert il y apeu les spécialistes de la cybercommuni-cation. Une réalité déjà connue aux débutsde l’histoire économique, lorsque le sys-tème fonctionnait non pas à l’échelleglobale, mais localement, sur la place duvillage. Pour exister sur les marchés d’au-jourd’hui, nous devons prêter une oreilleattentive à ce que disent nos clients et noscollaborateurs, mais aussi nos partenairesdes milieux politiques, économiques etculturels.

Aussi différentes que soient leurs ori-gines et leurs fonctions, nos intervenantsme semblent avoir des points communsévidents. En avance sur leur temps ou bienen décalage, ils nous montrent la grandeurde l’homme sur cette Terre : puissancecréatrice, vitalité, intégrité et intelligence.Tous puisent leur force dans un principesans lequel il n’y aurait ni grand art ni pro-grès ni réussite commerciale – et encoremoins de paix et de justice. Je veux parlerde l’optimisme.

L’optimisme laisse des traces partoutoù il inspire l’action de l’homme. Et j’enreviens ainsi à la WINconference 2001.En tant que leaders dignes de ce nom,nous avons le devoir d’ouvrir la voie à l’op-timisme chaque fois que nous en avonsl’occasion.

Merci de m’aider à transformer cet op-timisme en actes.

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REPÈRES BIOGRAPHIQUES

Né en 1955, Thomas Wellauer fait ses

études à l’Ecole polytechnique fédérale

de Zurich, où il obtient le diplôme d’ingé-

nieur chimiste en 1979. En 1985, il sou-

tient une thèse de doctorat sur l’ingénie-

rie des systèmes et passe en même

temps sa licence en économie d’entre-

prise à l’Université de Zurich. Après ses

études, il travaille quelques années chez

McKinsey à Zurich, Tokyo et New York, où

il gère différents projets pour des entre-

prises internationales. Il rejoint le Credit

Suisse Group en 1997 pour occuper le

poste de CEO du groupe Winterthur jus-

qu’en 2000, avant d’être nommé CEO de

Credit Suisse Financial Services.

A l’ère du changement permanent,l’écoute est devenue un facteur de survie.Exposé adapté par Christian Pfister

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«Halte au zapping!» Pat Mitchell, présidente et CEO de Public Broadcasting Service

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BETTINA BUCHER Pat Mitchell, la télévision a le

pouvoir de modifier la perception de la réa-

lité et de la vérité. Comment gérez-vous ce

pouvoir ?

PAT MITCHELL Je ne suis pas sûre quenous gérions ce pouvoir comme nous ledevrions. Travailleurs des médias, nousavons en effet le pouvoir d’influencer laperception du téléspectateur et disposonsde la technologie permettant d’étendrecette influence au monde entier. Nous de-vons donc veiller à utiliser notre impact etnotre technologie pour relier les hommesentre eux et pour expliquer les grands su-jets d’actualité. Et au-delà, pour donnerenvie de réagir. Bref, notre influence esténorme et, à mon avis, nous n’en usonspas assez à des fins positives.

B.B. A l’ère de la communication, plus per-

sonne ne peut prétendre ignorer les inéga-

lités du monde dans lequel nous vivons.

Pourtant, les réactions sont rares. A quoi

cela tient-il ?

P.M. Jusqu’à un certain point, je bats macoulpe avec mes collègues des médias.Nous avons perdu l’art de raconter deshistoires en impliquant émotionnellementle spectateur. Nous savons très bien pré-senter les faits, les chiffres et les statis-tiques et montrer les images terribles qui les illustrent. Mais nous devons placerles informations dans un contexte et une perspective qui leur donnent sens etlogique. Les téléspectateurs sont ainsi

bombardés d’images qu’ils préfèrent oc-culter plutôt que de se demander ce qu’ilspourraient faire.

Si nous racontions les bonnes histoires,nous pourrions mettre davantage d’êtreshumains en contact émotionnel avec lesatteintes de notre environnement. Si nousexpliquions le fossé énorme qui sépareriches et pauvres, nous pourrions inciterdavantage de nantis à agir contre la mi-sère. Et si nous montrions des histoires de gens qui empoignent les problèmes et les résolvent, nous pourrions peut-être donner l’envie à certains d’en faireautant.

B.B. Malgré la technologie moderne et les

possibilités qu’elle offre, les programmes

de télévision sont plus médiocres que ja-

mais. Comment en est-on arrivé là ?

P.M. Autrefois, me semble-t-il en effet, ily avait moins de chaînes mais plus de pro-grammes enrichissants. Les pionniers dela télévision étaient des visionnaires quirêvaient d’un monde cimenté par un savoiret des intérêts communs, par une passionpartagée pour l’art et la culture. Ils ont étéremplacés par des « managers » plus sou-cieux de profit que d’une action positive.Malgré tous les moyens dont nous dispo-sons, nous offrons des histoires moins va-riées et moins bien conçues que jamais.Dans la course à l’Audimat, le nivellementpar le bas est malheureusement devenumonnaie courante.

B.B. N’est-ce pas frustrant pour vous ?

P.M. Savoir que « Survivors » est l’émis-sion la plus populaire de l’année auxEtats-Unis est en effet frustrant. Les pro-grammes de ce type sont médiocres etdégradants. Il est déprimant de voir qu’untel programme se maintiendra longtempsparce qu’il est très populaire et rapportebeaucoup d’argent à ses producteurs.Mais cela me pousse aussi à rester mal-gré tout dans la course et à militer pour uncomportement plus responsable.

B.B. Ne surestimez-vous pas vos possibilités

et les exigences des téléspectateurs ?

P.M. La question est de savoir commentrester convaincu que les médias peuventapporter des changements positifs ?Chaque fois que je perds un peu espoir, jepense au rêve de Ted Turner, de CNN. TedTurner était certain que les médias pou-vaient changer le monde, et c’est précisé-ment ce qu’il a fait avec CNN. Si les TedTurner étaient plus nombreux dans le pay-sage médiatique commercial, j’auraispeut-être poursuivi ma carrière dans cesecteur. J’ai été attirée par la télévisionparce que j’y voyais un puissant moteur dechangement. Mais plus le temps passait,plus je me rendais compte que les chan-gements s’opérant sous mes yeuxn’étaient pas ceux dont avait besoin lemonde des médias. Je veux toutefoiscontinuer à croire que le téléspectateurfait de meilleurs choix si nous lui offronsde meilleurs programmes.

B.B. Mais à quoi bon proposer des pro-

grammes de qualité si personne ne les re-

garde ? Comment faites-vous le grand écart

entre art et commerce ?

P.M. Dans les médias, nous devons sanscesse choisir entre profit et service aupublic, entre divertissement et enseigne-ment, entre sérieux et amusement. Pourexploiter toutes nos possibilités, nousdevons beaucoup mieux équilibrer labalance entre ces deux pôles.

L’avantage, dans le service public, c’estque nous ne devons pas travailler unique-ment pour l’Audimat. Je crois fermement

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La noblesse de vues des pionniers de la télévision a laisséla place à l’esprit de profit des nouveaux managers.Interview : Bettina Bucher

Pat Mitchell, CEO Public Broadcasting Service

«Je saisis chaque occasion pour parler vrai »

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19Bulletin 4| 01Credit Suisse

CHANGEMENT

qu’il existe des manières intéressantes etcaptivantes de raconter les histoires quidoivent être racontées, qu’il s’agisse del’environnement, du sida, des pays suren-dettés, des nouvelles technologies et despossibilités qu’elles offrent, de la pauvre-té ou des femmes qui perdent toute liber-té personnelle. Si nous ne le faisons pas,c’est que nous sommes devenus un peuparesseux, indifférents et cyniques.

B.B. Qu’est-ce qui distingue les chaînes pu-

bliques des chaînes commerciales ?

P.M. Il est important que chaque pays aitau moins une chaîne publique. Car si tousles groupes médias pensent à vendre, il nereste plus assez de place pour autrechose. La mission du service public estd’être une voix sincère et indépendante.Et de préserver cette sincérité et cetteindépendance même en cas de pressionsfinancières ou politiques. Notre tâche esttrès différente de celle de nos collèguesdes chaînes commerciales. Mais en fin decompte, nous devons travailler main dansla main si nous voulons aborder lesquestions importantes et proposer desamorces de solutions.

B.B. En tant que chaîne publique, PBS a une

mission éducative. Quelle est la principale

leçon que vous aimeriez donner à ceux qui

vous regardent ?

P.M. Que chaque individu peut fairequelque chose. L’anthropologue améri-

caine Margaret Mead a dit un jour qu’il nefallait jamais douter de la capacité del’homme à changer le monde. Le fait estqu’il a toujours existé des hommes pourchanger le monde. Et les médias doiventinlassablement faire passer ce message.

B.B. Avez-vous un autre message ?

P.M. J’ajouterai un autre point essentielque nous oublions souvent : notre généra-tion a le pouvoir de laisser notre monde in-tact ou de détruire la planète. En ce débutde millénaire, nous devons assumer unedose de responsabilité supplémentaire.Une responsabilité portant sur toutes cesmerveilles que nous avons créées. L’êtrehumain est une créature extraordinaire ca-pable d’associer l’émotion à l’intelligenceet à la logique. Sans une telle capacité,nous n’aurions jamais pu créer ce mondedébordant d’inventions fantastiques. Maisnous devons nous assurer que les mer-veilles ainsi créées sont utilisées pour lebien de tous.

B.B. Vous êtes convaincue que chaque indi-

vidu peut changer le monde. Et vous-

même, que pouvez-vous faire dans votre

fonction ?

P.M. Le monde entier est relié par unsystème nerveux électronique, et cela re-présente un énorme potentiel d’éducationet d’instruction. Nous vivons une époquepassionnante, à l’aube d’une nouvelle ré-volution de la communication aussi impor-

tante que l’invention de la radio et de latélévision. La position de pouvoir et d’in-fluence dans laquelle je me trouve me per-met d’apporter une contribution. Du moinsen ce qui concerne les médias. Je saisischaque occasion pour parler vrai sur notreresponsabilité.

B.B. Que désirez-vous réaliser avec PBS ?

P.M. Toute la population des Etats-Unisécoute nos programmes radio, regardenos émissions de télévision et consultenos sites Internet. Je veux que le tempspassé avec nous apporte quelque chose àchacun. Que nous utilisions notre média etnotre technologie pour fidéliser nos télé-spectateurs, afin qu’ils s’engagent avecnous et renoncent au zapping mental.Dans tout ce qu’on montre aujourd’hui àla télévision, il y a tant de choses qui éloi-gnent les gens les uns des autres, qui en-gendrent la méfiance et non la confiance.Pourtant, si nous ne nous faisons pasconfiance mutuellement, si nous ne noussentons pas liés, nous ne pourrons certai-nement pas avoir le sentiment de devoir etde pouvoir faire quelque chose pour lesautres.

B.B. Que manquent ceux qui n’ont pas la

télévision ?

P.M. C’est une espèce en voie de dispa-rition. Le fait est que dans de nombreuxpays, les gens dépensent plus d’argentpour la télévision que pour la nourriture.C’est inquiétant. Et pourtant : la télévisionest une fenêtre ouverte sur le mondecomme il n’y en a pas deux. Elle montretout par l’image et le son, la magnificencede la danse et du théâtre comme les plusgrandes tragédies. C’est un instrumentunique pour transmettre à la fois émotionset informations. Dans notre monde entiè-rement câblé, les médias globaux sont lesmieux placés pour nous montrer le mondedans toute sa complexité et pour nousaider à mieux nous comprendre, à recon-naître nos différences et à les dépasserpour notre survie à tous.

REPÈRES BIOGRAPHIQUES

Pat Mitchell est née en 1943 en Géorgie, Etats-Unis. Elle obtient son masters

d’anglais à l’Université de Géorgie en 1965. De 1965 à 1968, elle enseigne

l’anglais et la dramaturgie à la Virginia Commonwealth University, avant de

donner un cours à Harvard en 1975 sur le thème des femmes en politique. De

1969 à 1992, elle travaille comme animatrice, journaliste et productrice sur

différentes chaînes de télévision américaines, dont NBC, ABC et CBS. De 1992

à 2000, elle occupe le poste de présidente et d’Executive Producer de CNN

Productions and Time Inc. Television. Plus de 500 heures de films documen-

taires récompensés par plus de cent distinctions sont produites sous sa

direction. Depuis mars 2000, Pat Mitchell est présidente et CEO de Public

Broadcasting Service (PBS), la seule télévision non commerciale des

Etats-Unis.

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osé imaginer cela ? Notre pays enfin sansproblème de frontière, sans conflit avec unvoisin. De même, plus de craintes nonplus devant cette Allemagne forte, inté-grée dans l’Alliance atlantique et dans le processus d’unification européenne.Est-ce là le signe d’une paralysie, ou plu-tôt la manifestation d’une dynamique ré-volutionnaire du changement ? Je penchepour la seconde hypothèse.

A présent, nous nous mettons en routepour relever le défi historique de l’unifica-tion de l’Europe par l’élargissement àl’Est. Cet élargissement est inéluctable. Ilexiste une seule sécurité européenne, pas

D’aucuns pensent que l’Europe est aller-gique au changement, allant jusqu’à y voirun continent figé, vieux et fatigué. Uncontinent distancé par l’Asie et l’Amé-rique, plus dynamiques. Permettez-moid’en douter.

Erich Honecker dans les mêmes murs

Lorsque nous regardons l’Europe aujour-d’hui, nous pouvons voir, ne serait-ce

qu’en nous référant à l’Allemagne, quelschangements positifs spectaculaires nousavons vécus. En 1989, l’Allemagne étaitdivisée, Berlin était divisée, l’Europe étaitdivisée. Erich Honecker occupait alorsmon bureau. L’immeuble était celui du Co-mité central du SED (ancien parti commu-niste). Aujourd’hui, c’est le ministère desAffaires étrangères de l’Allemagne démo-cratique réunifiée. Qui parmi nous aurait

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Chute du Mur, euro, élargissement à l’Est : « L’Europe est tout sauf figée », constate Joschka Fischer.Exposé adapté par Andreas Thomann

«L’Europe vitune révolution»Joschka Fischer, ministre des Affaires étrangères et vice-chancelier d’Allemagne

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deux. Et si nous étions égocentriques etmyopes au point de vouloir, dans notrevanité, nous limiter à l’Europe occiden-tale, où cela nous mènerait-il ? Dans uneEurope non intégrée, tous les vieux pro-blèmes que la région a surmontés parl’intégration resurgiraient sous une formeou une autre, et même si ce n’était pastoujours d’une manière aussi extrêmequ’en ex-Yougoslavie, ils menaceraient lapaix et la stabilité. Autrement dit, il n’y apas d’autre solution que de réunir cetteEurope pour en faire une entité. Dansnotre propre intérêt.

Après le Sud, l’Est

Les défis, bien sûr, seront de taille. J’aisouvent l’impression que l’on sous-estimecomplètement l’effort que l’économie al-lemande doit fournir, avec ses transfertssupérieurs à 100 milliards de marks paran. Assurément, on pourrait envisager deréduire les transferts de capitaux. Maisnous n’avons pas le droit de dire à nos compatriotes d’Allemagne de l’Est :« C’est vrai, nous avons perdu la SecondeGuerre mondiale ensemble, en tant quenation, mais vous l’avez un peu plus per-due que nous. » La génération des re-traités de l’Est n’a pas eu l’occasion decotiser. Les gens ont droit à cet argent,c’est ainsi que je conçois la solidariténationale.

Je me souviens encore très bien desannées 60 et 70 : l’Espagne, le Portugalet la Grèce étaient des pays pauvres. Despays sous le joug de dictatures militairesrépressives. Des pays socialement sous-développés. L’adhésion à l’Union euro-péenne et à l’OTAN leur a permis, grâceaux investissements des riches « nor-distes », de rattraper leur retard à uneallure vertigineuse, ce qui n’a fait que desgagnants. Nous voulons continuer danscette voie avec l’élargissement aux paysde l’Est, car ceux-ci apporteront unecontribution décisive à la croissance euro-péenne de demain.

Troisième facteur à côté de l’élargis-sement à l’Est et de la fin de la guerrefroide : l’avènement de l’euro. Il provo-

quera une fantastique prise de consciencechez 300 millions d’Européens. Mêmechez les eurosceptiques danois. Une oudeux fois par an, ceux-ci prendront laroute du Sud comme nous le faisons tous.Ils arriveront à Flensburg et changeront del’argent pour obtenir des euros. Ils pour-suivront jusqu’à Athènes, Lisbonne ou laSicile et paieront partout avec la mêmemonnaie. En route, ils ne tomberont pasentre les mains d’un super-Etat européen,rien de fâcheux ne leur arrivera. Sur lechemin du retour, ils s’arrêteront de nou-veau à Flensburg pour changer leurs der-niers euros en couronnes. Et je parie qu’ilsfiniront par se dire : « Au fond, pourquoifaire bande à part ? »

Vers une fédération d’Etats-nations

J’aborderai maintenant un quatrièmepoint : l’Union européenne telle que nousla connaissons aujourd’hui pourra-t-elleencore fonctionner avec 25 ou 30 mem-bres, voire davantage ? Je pense que non,si nous ne réformons pas nos institutionsen profondeur. Nous nous trouvons au-jourd’hui dans la même situation que lesEtats-Unis à leurs débuts. Nous devonsdonner une dimension véritablementpolitique et démocratique à une vagueassociation, à un groupement d’Etats. Amon avis, nous aboutirons à une fédéra-tion d’Etats-nations. La création d’unevéritable démocratie européenne impliquetoutefois de définir clairement qui décidequoi et où. C’est la tâche ambitieuse quenous nous étions donnée à Nice. Quellesdécisions prenons-nous chez nous, dansles Etats-nations, au sein des parlementset des exécutifs nationaux ? Et quellesdécisions prendrons-nous à l’avenir auniveau européen ?

Un dernier point : ce qui se passe dansles Balkans fait partie de l’histoire com-mune des Européens. Les Milosevic, Ka-radjic, Mladic et autres Tudjman portaientsimplement d’autres noms dans les an-nées 20, 30 ou 40. Les Balkans ne sontpas un coin retiré de notre continent, et les conflits qui s’y déroulent sont desconflits fondamentalement européens.

Nous ne savons que trop bien commentl’amour du pays peut être perverti par lenationalisme et comment le nationalismepopuliste peut conduire au despotisme.Nous en avons tous fait plusieurs fois l’ex-périence en Europe. Si nous ne réglonspas la question des Balkans dans le sensd’une intégration européenne, une me-nace permanente pèsera non seulementsur des innocents, mais aussi sur la paixet la stabilité en Europe. Il n’y a pas d’al-ternative.

En conclusion, et pour autant que monanalyse soit correcte, nous ne vivons passur un vieux continent sclérosé, bien aucontraire. Ainsi, n’est-ce pas l’Europe quia donné au monde le concept d’Etat-nation – et, du même coup, le fléau du na-tionalisme ? Ce sera cette même Europequi, au XXIe siècle, montrera au mondecomment triompher du nationalisme touten préservant les nations et leurs Etats. Etqui lui offrira ainsi une nouvelle idée, cellede l’intégration et de la rencontre depeuples différents au sein d’une démo-cratie commune.

21Bulletin 4| 01Credit Suisse

CHANGEMENT

REPÈRES BIOGRAPHIQUES

Né en 1948 à Gerabronn en Allemagne,

Joschka Fischer est depuis 1998 ministre

des Affaires étrangères et vice-chancelier

d’Allemagne. Membre des Verts depuis

1982, il a siégé au Bundestag de 1983 à

1985. En 1985, il entre au gouvernement

du Land de Hesse en qualité de secrétaire

d’Etat à l’environnement et à l’énergie, un

mandat qu’il conservera jusqu’en 1987. Il

occupe de nouveau ce poste de 1991 à

1994. Puis il retourne à la politique fédé-

rale et devient le porte-parole du groupe

parlementaire Alliance 90/Les Verts au

Bundestag. Après la victoire électorale

de la coalition rose-verte conduite par

Gerhard Schröder, Joschka Fischer est

nommé ministre des Affaires étrangères.

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Pendant ces années où j’ai œuvré en tantque médiateur, j’ai appris qu’aucun conflitn’était insoluble. Même en Irlande du Nordoù la violence faisait partie du quotidien, oùla sécurité et la liberté étaient des parolesvides de sens. La violence et la peur for-maient comme un épais brouillard au-dessus de ce pays. L’économie était à boutde souffle, le chômage galopant. Un cerclevicieux entaché de misère s’était installé.

Après un demi-siècle de conflits et decoopération occasionnelle, les gouverne-ments britannique et irlandais se sont ac-cordés en 1996 pour travailler ensembleet construire une base pour l’élaborationde la paix.

Les premiers ministres de ces paysm’ont invité à présider les négociations,qui ont duré près de deux ans. Bien sou-vent, aucune lueur d’espoir ne pointait àl’horizon. Et pourtant nous sommes par-

venus à avancer. Il n’a pas fallu longtempspour que ma notoriété fasse son cheminen Irlande du Nord. Les gens m’accos-taient dans la rue et me remerciaient demon engagement. Mais leurs déclarationsétaient fréquemment ponctuées de déses-poir. ‹ Vous perdez votre temps, MonsieurMitchell ; personne ne peut résoudre ceconflit. › Mon rôle consistait aussi à chan-ger cette mentalité et à rendre espoir à lapopulation.

Le processus de paix essuie un revers

Noël 1997 et les mois qui ont suivi mar-quèrent une période particulièrement dan-gereuse. Des forces violentes issues desdeux camps tentaient de contrer le pro-cessus de paix. Deux jours après Noël,une figure de proue des loyalistes fut as-sassinée en prison. Le processus de paixessuya un revers.

A la mi-février 1998, je mis sur pied unplan qui fixait un ultimatum. J’étais con-vaincu que, sans ultimatum, le processusétait condamné à l’échec. L’ultimatum negarantissait pas la paix, mais il la rendaitpossible.

Il m’a fallu un mois pour élaborer ceplan. Le jeudi 9 avril 1998 était le jour J.A l’approche de l’ultimatum, nous travail-lions nuit et jour. Les premiers ministresTony Blair et Bertie Ahern sont venus àBelfast. Sans leur volonté, aucun accordn’aurait pu être trouvé. Le président amé-ricain, Bill Clinton, nous a aussi largementsoutenus. Il est resté sur le qui-vive toutela nuit et a passé des heures au téléphoneavec les délégués, en particulier vers la findes négociations, alors que la situationdevenait critique.

Enfin, le 10 avril 1998, l’accord duVendredi saint était signé. Néanmoins, ilne faut jamais oublier que cet accord neconstitue pas une garantie de paix et destabilité politique pour le long terme.

Même si, ces derniers temps, il sembleque la situation soit de nouveau plustendue, je crois que l’accord durera. Car cet accord est juste et apporte un chan-

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Le changement, en Irlande du Nord et au Proche-Orient,signifie surtout la paix. Le sénateur américain George Mitchell joue un rôle central dans la résolution de tels conflits. Propos recueillis par Christian Pfister

«Vous perdez votre temps,Monsieur Mitchell»George Mitchell, sénateur américain et médiateur de paix

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gement dans les constitutions irlandaise etbritannique. En outre, il donne naissanceà de nouvelles institutions, qui offrent àl’Irlande du Nord un espace d’indépen-dance.

Depuis quelque temps, on me de-mande souvent quel est le point communentre le conflit d’Irlande du Nord et celuidu Proche-Orient. Ma réponse est la sui-vante : aucun conflit ne ressemble à unautre. Il n’existe pas de formule magiquequi résolve toutes les situations de crise.

Pourtant, certains principes demeurenttoujours valables :

Premièrement, ce sont les hommes quidéclenchent les guerres. Ce sont aussi leshommes qui peuvent y mettre fin. Et celaquels que soient la durée, le degré dehaine ou la douleur que représente leconflit. La paix est toujours possible. Lesdirigeants de ces régions en crise ont fortà faire. Ils doivent adopter une attitudepositive. Pas exagérément, mais en sus-citant l’espoir et la confiance dans leursrangs. Malheureusement, le pessimismeen vigueur actuellement au Proche-Orientreflète la situation en Irlande du Nord aumilieu des années 90.

Deuxièmement, il faut une ligne poli-tique claire et déterminée qui rejette caté-goriquement la violence. A plusieurs re-prises, des extrémistes ont tenté de fairevoler en éclats le processus de paix nord-irlandais. Ils y sont même presque parve-nus en commettant des actes d’une igno-rance inégalable empreints de hainedestructrice. Si l’on avait suivi leur diktat,ces criminels auraient atteint leur objectif :la mort du processus de paix. Il n’y a qu’unmoyen de contrer de telles attitudes :condamner les coupables. Pour mettre finà un conflit de ce type, il ne faut être ni ti-mide ni inconstant. Le courage, l’aplombet des nerfs d’acier sont indispensablespour tenir tête à la violence.

Troisièmement, il faut aussi être dispo-sé à faire des compromis. Sans quoi lapaix et la stabilité politique n’ont aucunechance de s’imposer. Néanmoins, pourparvenir à la paix, les dirigeants politiquesdoivent être prêts à prendre des risques.

La plupart d’entre eux préfèrent pourtantles éviter. Il est dur de leur demander defaire preuve de courage dans les momentsles plus dangereux et les plus difficiles.Mais ils y sont tenus s’ils ne veulent pasanéantir l’espoir de paix.

Quatrièmement, il est tout aussi diffi-cile de faire respecter des accords que deles conclure. Nous pouvons l’observer nonseulement en Irlande du Nord et auProche-Orient, mais aussi dans les Bal-kans.

La majorité cautionne la paix

En Irlande du Nord, la population et lespartis politiques doivent surmonter degrandes difficultés afin de sauver le pro-cessus de paix. Certains analystes ontdéjà sonné l’hallali des accords du Ven-dredi saint. Je ne partage pas leur avis,même si je reconnais qu’il y a matière às’inquiéter. Mais il est important de savoirque les partis qui s’engagent pour la paixont comptabilisé plus des deux tiers desvoix lors des dernières élections.

Les populations d’Irlande du Nord et duProche-Orient méritent mieux que les dif-ficultés qu’elles ont dû endurer au coursdes dernières décennies. Ce n’est pastrop demander que d’exiger la paix et lastabilité politique qui constituent les fon-dements d’une société équitable.

J’aimerais encore mentionner unechose. Je me souviens de ma premièrejournée en Irlande du Nord comme sic’était hier. Pour la première fois, je voyaisles immenses murs qui divisent Belfast.Colossaux, recouverts de fils barbelés,comme un horrible témoin de l’intensité et de la durée du conflit. Ironiquement, leshabitants de la ville les appellent ‹ la lignede paix ›. J’ai passé la première matinéeen compagnie des catholiques, de leurcôté du mur ; l’après-midi je m’entretenaisavec les protestants, de l’autre côté. Indé-pendamment les uns des autres, ils m’ontdit la même chose : à Belfast, il y a un liendirect entre le chômage et la violence.Lorsque vous ne voyez ni possibilité dedéveloppement ni espoir, il est probableque vous vous tournerez vers la violence.

Bien sûr, les conflits d’Irlande du Nord etdu Proche-Orient ne sont pas avant toutde nature économique. La religion, l’iden-tité nationale et la revendication territorialey sont également impliquées. Mais quandil faut parvenir à une solution juste et du-rable, la croissance économique se voitattribuer un rôle prépondérant.

Je ne suis pas toujours objectif. EnIrlande du Nord, je me range du côté de lapopulation. Pendant les six années où j’aivécu parmi ces gens, j’ai appris à les ap-précier et à les admirer. Ils ont certes com-mis des erreurs, mais en ont tiré des le-çons : ils savent désormais que la violencene peut rien résoudre, et que les unio-nistes et les nationalistes ont plus depoints communs que de pommes de dis-corde. De même, ils ont appris que s’il estbien de connaître sa propre histoire, s’ycramponner n’apporte rien de positif.

Une chose est sûre, la voie de la paixest parsemée d’embûches. Ma confianceest inébranlée, car les Irlandais du Nord en ont assez de la guerre. Ils sont las dese rendre à des enterrements. Surtout àceux où la blancheur de petits cercueilsdéchire le magnifique paysage de verdure.

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REPÈRES BIOGRAPHIQUES

Né en 1933 à Waterville, aux Etats-Unis,

George J.Mitchell obtient son diplôme de

droit en 1960 à l’Université de Georgetown.

En 1965, il ouvre un cabinet d’avocats qu’il

gérera jusqu’en 1977. En 1979, il est nom-

mé juge pour le district du Maine. En 1980,

il est élu sénateur. George Mitchell parti-

cipe à diverses commissions en matière de

finances, d’environnement et d’intérêts

publics. De 1989 à 1995, il siège au sénat en

tant que chef de fraction du parti majori-

taire. En 1998, alors qu’il préside les négo-

ciations de paix en Irlande du Nord, il par-

vient à conclure l’historique accord de paix.

A l’heure actuelle, George Mitchell dirige

une commission d’enquête internationale

sur la crise du Proche-Orient.

CHANGEMENT

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Dans cinquante ans, les historiens parlerontde notre époque comme d’une troisièmerévolution industrielle. Après l’invention desmachines à vapeur et l’avènement del’électricité, nous voici à nouveau emportéspar une lame de fond technologique, avecl’interaction entre la microélectronique,l’informatique, la robotique et la biotech-nologie. Prenons l’exemple de l’AmericanNational Institute of Health qui décida, en1995, de décoder entièrement le patri-moine génétique humain avant 2006. Com-ment expliquer que les chercheurs aienttouché au but dès 2000? Par les progrèsqu’ont enregistrés ces nouvelles technolo-gies, ce qui a accéléré le processus de dé-cryptage génétique à une vitesse inimagi-nable il y a cinq ans encore.

Bill Gates ne qualifierait sans doute pascette avancée de révolution industrielle. Ilen est pourtant l’incarnation parfaite. John

Rockefeller, l’homme le plus riche dumonde pendant un siècle, a été détrôné en1996 par le sultan de Brunei. Tous deuxavaient bâti leur empire grâce au pétrole.En 1997, c’est au tour de Bill Gates deprendre la place du sultan. Comme aucunautre avant lui, un homme venait de fairefortune grâce à la matière grise.

Les richesses du savoir

Pour la première fois dans l’histoire del’humanité, il devient possible de s’enrichirgrâce au savoir. Tout chef d’entreprise doitdès lors se demander qui se charge de lagestion des connaissances dans sa so-ciété. Jusqu’à présent, la tradition voulaitque le CFO (directeur financier) seconde leCEO (directeur général). A ce titre, le « nu-méro deux » veillait à l’utilisation judicieusedu capital, influant ainsi directement sur lesuccès commercial. Il en va tout autrement

de nos jours. Désormais, c’est la gestion dusavoir, et donc la canalisation et l’utilisationdes informations, qui priment.

Le futur numéro deux sera le CKO ouChief Knowledge Officer. Il devra prendreles bonnes décisions au bon moment.Comment, par exemple, acheminer lesconnaissances du point A au point B dansl’entreprise? La tâche du CKO consisteraà veiller à ce que tous les services internes,où qu’ils se trouvent, possèdent les tech-nologies requises pour accéder au savoirainsi mis en commun.

Troisième révolution industrielle ou pas,la frontière entre l’ancienne et la nouvelleéconomie ne cesse de s’estomper. Carseules les entreprises de l’ancienne éco-nomie capables d’intégrer de nouveauxmodèles commerciaux, à savoir ceux de lanouvelle économie, assureront leur survie.Et seules les entreprises de la nouvelleéconomie sachant adapter leurs activitésen fonction du mode de fonctionnement del’ancienne économie parviendront à pro-gresser. La vraie question consiste parconséquent à se demander quel nouveaumodèle commercial supplantera l’ancien.

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«Pour réussir, osonsprendre des risques»Inventer de nouveaux modèles commerciaux est vital pour toute entreprise. Mais seules celles qui font preuve d’audace connaîtront le succès. Exposé adapté par Bettina Junker

Lester C. Thurow, professeur d’économie, MIT

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Le mot d’ordre : innover

En janvier dernier, la compagnie aérienneAmerican Airlines annonçait que, pour lapremière fois, elle avait vendu plus de lamoitié de ses billets d’avion via Internet. Aucours des cinq dernières années, la moitiédes agences de voyage américaines ont dû mettre la clé sous la porte. Que s’est-ilpassé? Les agences de voyages tradition-nelles tombent tout simplement en désué-tude. Mais qui aurait pu prédire quel nou-veau modèle viendrait les remplacer ?

Pour innover, il devient indispensable derecourir aux nouvelles technologies. Lesentreprises devront, tôt ou tard, changerleur fusil d’épaule. Mais avec quelle rapi-dité ? En 1925, il existait plus de centconstructeurs automobiles aux Etats-Unis.En 1950, il n’en restait plus que trois : Ge-neral Motors, Chrysler et Ford. Personnen’aurait pu nommer les trois « rescapés » àl’avance. Avec le recul, l’explication tombesous le sens. Ces sociétés ont toutes troisdéveloppé de nouveaux modèles commer-ciaux. Ford a instauré le travail à la chaîne.Quant à General Motors, il a saisi l’impor-tance d’un marketing extrêmement ciblé et

réussi à convaincre sa clientèle qu’il lui fal-lait changer de voiture tous les trois ans etnon tous les quinze ans.

L’erreur est humaine

Au fil du temps, on réalise égalementqu’aucun secteur économique n’est à l’abrid’une débâcle financière. On l’a vu dans les années 30 et 40 avec l’industrie auto-mobile, puis en 1999 et en 2000 avec lessociétés point-com. Et l’on continue de sedemander quelles entreprises survivront.

Au tout début, impossible de savoir siune nouvelle idée portera ses fruits, ni quien profitera. Une chose est sûre, toutefois :les idées ne germent que lorsqu’on acceptede subir un échec. Ce risque fait partie in-tégrante du mode de fonctionnement desmarchés libéralisés. Voilà pourquoi un opti-misme à toute épreuve, voire béat, consti-tue le véritable moteur des systèmes éco-nomiques dans les pays capitalistes. Toutchef d’entreprise qui n’est pas convaincude pouvoir accroître sa part de marchéferait mieux de fermer ses portes.

Dans notre univers en pleine mutation,les personnes incapables de se libérer ducarcan des habitudes ne réussiront pas àtirer leur épingle du jeu. Pour durer, il fautfaire preuve de curiosité envers la nou-veauté et apprendre à vivre avec l’échec.Aux Etats-Unis, neuf jeunes entreprises surdix disparaissent dans les cinq ans suivantleur création, un phénomène inévitable, carpersonne ne peut prévoir ce qui fonction-nera. Mais sans ces neuf déconvenues, iln’y aurait pas non plus la réussite de ladixième entreprise.

L’optimisme pour chasser la peur

Souvenez-vous des illustres navigateursd’autrefois tels que Vasco de Gama,Christophe Colomb ou Sir Francis Drake.Galvanisés par l’espoir de faire une grandedécouverte, ils se sont lancés dans l’aven-ture sans savoir ce qui les attendait. Sixcents ans avant eux, les Vikings possé-daient pourtant déjà les connaissancesnécessaires pour bâtir des navires leurpermettant de traverser l’Atlantique. Mais ila fallu attendre Christophe Colomb et ses

pairs pour que quelqu’un ose enfin franchirle pas. Parce que leurs prédécesseurscroyaient l’océan rempli de monstres ma-rins, ils n’avaient jamais tenté l’aventure etdonc jamais compris que ces monstresn’étaient que chimère. Contrairement auxgrands conquérants qui, portés par leur op-timisme, leur courage et un coup de poucede la chance, ont atteint leur objectif.

L’enseignement que l’on peut en tirerest que chacun doit entreprendre sonvoyage de découverte. La peur ne fait quenous tétaniser. Sir Francis Drake a parti-cipé à sept expéditions. Il a échoué six foismais réussi au septième essai, ce qui lui a valu de devenir l’homme le plus riched’Angleterre, d’être fait chevalier par laReine et de voir son nom mentionné danstous les livres d’histoire.

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REPÈRES BIOGRAPHIQUES

Né en 1938 à Livingston dans le Montana,

Lester Thurow entreprend des études de

sciences économiques et politiques. En

1962, il obtient un diplôme de philosophie,

de politique et d’économie avec la men-

tion « summa cum laude » à l’Université

d’Oxford. Deux ans plus tard, il passe son

PhD en sciences économiques à l’Univer-

sité de Harvard. Depuis 1970, il est pro-

fesseur d’économie et de gestion à l’Ins-

titut Technologique du Massachusetts

(MIT), où il a en outre assumé les fonctions

de doyen de la Sloan School of Manage-

ment de 1987 à 1993. Lester Thurow

rédige des articles pour la presse éco-

nomique et est l’auteur de nombreux

ouvrages comme « La Pyramide de la

prospérité », « Les Fractures du capita-

lisme» et «Head to Head».

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NICOLE BAUMANN A l’ère de la mondialisation,

concilier essor économique et sécurité des

individus relève de la gageure. En tant que

ministre des Affaires étrangères, comment

entendez-vous réaliser ce tour de force ?

JOSEPH DEISS La mondialisation com-porte des avantages appréciables qu’ilconvient d’exploiter. Mais toute médaille ason revers. Il nous faut donc un dispositifde protection efficace, à l’élaborationduquel nous entendons participer. Lesacteurs économiques doivent dès lorsprendre conscience du fait que la sécuritédes individus est indispensable. Sans sta-bilité politique ni paix sociale, aucune ac-tivité commerciale ou industrielle ne peutprospérer à long terme.

N.B. Face aux géants de la mondialisation,

croyez-vous notre petite Helvétie réelle-

ment capable de faire le poids ?

J.D. L’influence politique d’un pays nedépend pas uniquement de sa superficie.Si la Suisse est un Etat modeste par lataille, elle fait néanmoins partie des vingtpremières puissances économiques de ce monde et a, par conséquent, son motà dire.

N.B. Si la Suisse n’a aucun mal à s’affirmer

sur la scène économique mondiale, elle

tâtonne pourtant en politique étrangère.

Comment expliquez-vous cette contradic-

tion ?

J.D. Pendant de nombreuses années, laSuisse s’est vue confinée dans un rôleparticulier. Pour utiliser un raccourci quien fera sans doute sursauter plus d’un, je dirai que la politique étrangère hel-vétique consistait surtout à favoriser l’es-sor économique et à soigner l’image de marque d’un Etat ardent défenseur des causes humanitaires. La neutralité a été interprétée comme la nécessitéd’adopter un profil bas. Nous n’avonsréellement pris conscience de notre iden-tité politique qu’après la chute du mur deBerlin, lors la désagrégation progressivedu bloc soviétique d’abord, puis de laYougoslavie, et lors de la guerre du Golfe. L’intensification du dialogue poli-tique est un concept relativement nou-veau pour nous, ce qui explique que notre pays préfère assister en spectateuraux développements de politique éco-nomique. Mais les choses changent làaussi.

N.B. Le peuple suisse s’oppose depuis une

bonne vingtaine d’années à l’adhésion du

pays à l’ONU. Serions-nous des « pas-

séistes » ?

J.D. Lors de la dernière votation sur le su-jet, en 1986, la situation était radicalementdifférente, car les deux grandes puissancesmondiales d’alors, à savoir les Etats-Unis etl’Union soviétique, se livraient à des partiesde bras de fer politique, notamment àl’ONU. Dans ces circonstances, beaucoupde Suisses ont estimé que notre paysn’avait aucune chance de se faire entendreau sein de la communauté mondiale. Desdeux blocs d’alors, seuls les Etats-Unissont sortis indemnes de ces bouleverse-ments, et la quasi-totalité des Etats de laplanète a adhéré entre-temps à l’ONU. LaSuisse a aussi fait sa mue, et il serait dé-placé d’évoquer une attitude « passéiste ».

N.B. Vous faites-vous le chantre de l’adhé-

sion à l’ONU ?

J.D. Il s’agit bien évidemment d’un thèmerécurrent dans le cadre de mes activités.L’adhésion à l’ONU est la conséquencelogique du changement de mentalité chezbeaucoup d’entre nous. Lorsque le souve-rain se prononcera à nouveau sur le sujetl’année prochaine, il le fera sur d’autresbases objectives. Le monde s’est transfor-mé et l’ONU est devenue une organisationuniverselle à part entière.

La nouvelle donne mondiale favorise l’adhésion à l’ONU.Interview: Nicole Baumann

REPÈRES BIOGRAPHIQUES

Joseph Deiss naît à Fribourg en 1946.

Titulaire d’une licence en sciences éco-

nomiques ainsi que d’un doctorat en

sciences politiques, il enseigne la poli-

tique économique et l’économie politique

à l’Université de Fribourg. De 1996 à 1998,

il occupe le poste de doyen de la Faculté

des sciences économiques et sociales.

Joseph Deiss assume les fonctions de

syndic de Barberêche (FR) de 1982 à 1996

ainsi que de conseiller national entre 1991

et 1999, année de son élection au Conseil

fédéral, où il dirige le Département fédéral

des affaires étrangères.

«Il faut aller de l’avant»Joseph Deiss, conseiller fédéral, chef du Département fédéral

des affaires étrangères

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«La mondialisation n’est pas une invention de l’OMC»Mike Moore, directeur général de l’OMC (Organisation mondiale du commerce)

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Woodrow Wilson a dit un jour : « Si vousvoulez vous faire des ennemis, essayez dechanger quelque chose. » Pour ma part,j’ai toujours essayé de changer les choseset je continue à le faire. Aussi suis-je as-suré de me faire encore beaucoup d’en-nemis d’ici à la fin de l’année ! Nous vivonsune période difficile pour le système de commerce multilatéral. La prochaineConférence ministérielle de l’OMC, quiaura lieu en novembre à Doha, capitale duQatar, représente une grande chance debâtir sur les acquis des cinquante der-nières années. Une chance de consolideret d’ouvrir l’OMC afin que l’organisationsoit suffisamment forte pour jouer un rôleaccru dans les relations commercialesinternationales et pour s’adapter aux mu-tations rapides du marché global.

Ce n’est un secret pour personne quenous voulons rentrer de Doha avec, enpoche, un important mandat de négocia-tion. Car les avantages économiques ducommerce extérieur sont évidents : lesnormes actuelles permettent d’ores etdéjà des échanges mondiaux de biens etde services approchant le milliard de dol-lars par heure. Selon une étude de l’Uni-versité du Michigan, réduire d’un tiers lesbarrières commerciales existantes feraitcroître l’économie mondiale de 613 mil-liards de dollars, ce qui correspond au pro-duit intérieur brut du Canada. Si nousarrivions à lever toutes les entraves aucommerce, nous ferions progresser l’éco-nomie mondiale de près de 1,9 billion dedollars, soit deux fois l’activité écono-mique de la Chine.

Les pays en développement profitenteux aussi de la libéralisation du com-merce. Toutefois, malgré l’augmentationdu niveau de vie enregistrée au cours descinquante dernières années, 1,2 milliard

d’êtres humains vivent toujours avecmoins de 1 dollar par jour, et 1,6 milliardont moins de 2 dollars par jour. Bien quenotre planète offre des ressources suffi-santes pour nourrir ses 6 milliards d’habi-tants, beaucoup d’hommes souffrent de lafaim et vivent dans la misère. C’est unetragédie.

Ouvrir les frontières aux pays pauvres

Il faut sortir les pays pauvres de la pau-vreté. Le commerce est assurément leplus puissant moteur de la croissance.Mais les produits des pays en développe-ment se heurtent à de nombreux obstaclesà leur entrée sur les marchés des paysriches. Il n’est que de citer les droits dedouane élevés prélevés notamment sur lesproduits agricoles, les textiles, l’habille-ment et le cuir. La plupart des pays richestaxent davantage les produits manufactu-rés que les matières premières, empê-chant ainsi les pays pauvres de s’indus-trialiser. Une étude de l’Institut Tinbergenmontre que le bénéfice potentiel d’un nou-veau cycle de négociations représenterait,pour les pays en développement, trois foisl’aide dont ils bénéficient actuellement. Ily a trente ans, le Ghana avait le même ni-veau de vie que la Corée du Sud. Aujour-d’hui, la Corée du Sud fait partie del’OCDE. Le bien-être est apparu dans lespays qui ont abandonné leur politiqued’autarcie et ouvert leurs marchés. C’est

ce qui explique pourquoi, au cours desquinze dernières années, les pays en dé-veloppement ont, l’un après l’autre, placéla libéralisation au centre de leur politiqueéconomique.

Il n’est pas simple de négocier un ac-cord entre 142 pays membres aussi dif-férents quant à la taille et au niveau de dé-veloppement, d’autant que les décisionsde l’OMC requièrent l’unanimité. Mêmes’il est évident qu’un supplément d’ouver-ture apporte un supplément de crois-sance, les négociations sont, par nature,le résultat de compromis. Par exemple,pour que ses produits high-tech et sesservices financiers obtiennent un meilleuraccès au marché, la Suisse devra peut-être abaisser ses droits de douane dansd’autres domaines sensibles.

Dans une économie mondiale en pertede vitesse, tous les pays ont cependant in-térêt à créer de bonnes bases de crois-sance économique. Selon le rapport an-nuel de l’OMC pour 2001, l’économiemondiale a quitté le chemin de l’expansionqu’elle avait si bien suivi l’an dernier, et lesperspectives du commerce internationalse sont assombries. En 2001, le volumedes échanges portant sur les biens manu-facturés ne devrait augmenter que de 7%,alors que les prévisions tablaient encoresur 12% en 2000. L’économie améri-caine, locomotive de la croissance mon-diale, s’est essoufflée. Toute récessionaux Etats-Unis risquerait d’entraîner desproblèmes dans le reste du monde, tandisqu’un réveil du protectionnisme serait sus-ceptible d’aggraver encore la situation.L’interaction positive entre libre-échangeet croissance pourrait aisément se trans-former en un cercle vicieux fait de protec-tionnisme et de stagnation.

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« Nous devons donner un visage humain à l’OMC,affirme Mike Moore, son directeur général, car pour beaucoup l’OMC incarne le démon de la globalisation. »Exposé adapté par Andreas Thomann

Mike Moore, directeur général de l’OMC

«Le commerce est le plus puissant moteur de la croissance »

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Les pays veulent avoir accès aux marchés,et ils veulent négocier sur ce point avecd’autres pays. S’ils n’y parviennent pas à l’échelle mondiale, ils opteront pourd’autres solutions. Loin de moi toutefoisl’idée que l’OMC pourrait devenir quantiténégligeable si les négociations échouaientcette année. Mais nous courons le risquede voir des pays opter pour des solutionsrégionales, par exemple sous la forme deblocs commerciaux qui, tout en visantaussi une ouverture des marchés, sont dis-criminatoires par nature. Même les zonesde libre-échange régionales tournées versl’extérieur ne valent pas un système globalde non-discrimination. C’est pourquoiDoha est un rendez-vous si important.

Personnellement, j’affiche un opti-misme prudent quant aux perspectivesd’un cycle de négociations complet.L’OMC est certainement en meilleure pos-ture qu’il y a deux ans : le climat s’est net-tement amélioré au sein de l’organisation,les délégations travaillent dur et avec uneénergie positive en vue de surmonter lesdifférences qui ont tant pesé sur Seattle,et je vois des signes de souplesse en-courageants, même si l’on est encore loindu compte.

Les hommes se sentent menacés

L’un de nos plus grands défis est de don-ner un visage humain à notre activité. Denous expliquer plus clairement, de nousmontrer plus ouverts, plus responsables.Alors que le GATT était peu visible, l’OMCincarne le démon de la globalisation aumême titre que les grandes multinatio-nales. Les gens voient en nous l’épou-vantail d’un gouvernement mondial quiimpose le changement, place le profit au-dessus de tout et sape les modes de vietraditionnels. Les hommes se sentent vul-nérables, menacés. Pour les ministres, lesnégociations les plus âpres n’ont pas lieuentre eux, mais souvent dans leurs paysrespectifs, au sein de leurs parlements, deleurs cabinets et de leurs partis politiques.

La mondialisation n’est pas un phé-nomène nouveau, et l’OMC n’en est cer-tainement pas responsable. Il ne s’agit

pas d’une stratégie, mais d’un processusen cours depuis des temps immémoriaux.Certains historiens prétendent que lecommerce se trouve aujourd’hui au mêmeniveau qu’au tournant du siècle dernier.L’ouverture des frontières permet aux na-tions d’accéder aux biens et aux servicesnon disponibles sur place. Du reste, toutle monde est pour la mondialisation quandil s’agit d’obtenir des médicaments poursoigner les enfants malades. L’OMC apour mission de mieux intégrer l’économiemondiale et d’empêcher la formation deblocs commerciaux antagoniques. Un en-semble de règles transparentes et contrai-gnantes favorise la stabilité et la prévisibi-lité des flux commerciaux. Il donne auxentreprises la sécurité juridique néces-saire pour accéder aux marchés étran-gers. Et il prévient les guerres commer-ciales tout comme les interventionsarbitraires de l’Etat.

Intérêt croissant pour l’OMC

L’intérêt croissant que le citoyen porte ànotre organisation me réjouit. Nous devonsrendre des comptes au contribuable. Dansles limites de nos possibilités, nous faisonsen sorte de nous ouvrir davantage à lasociété civile. Fini le temps où les repré-

sentants des ONG (organisations nongouvernementales) devaient se déguiseren journalistes pour se glisser dans lesréunions de l’OMC. Pas moins de 700ONG étaient présentes à Seattle, où ellesont participé aux sessions d’ouverture etde clôture. Avec le concours de l’Unioninterparlementaire, nous y avons tenu une réunion avec des parlementaires de 75 pays. Nous souhaitons resserrer lesliens avec les universités. Nous sommesen étroite relation avec le monde écono-mique. Mais c’est avant tout aux Etatsmembres qu’il incombe d’expliquer lesavantages d’une libéralisation du com-merce, car c’est à eux qu’appartient l’OMCet ce sont eux qui prennent les décisions.A dire vrai, je crois que bon nombre d’entreeux pourraient faire mieux.

Le monde économique n’a pas non plusassez milité pour un nouveau cycle denégociations, ce qui est compréhensibled’une certaine façon, les avantages d’unnouveau cycle pouvant paraître vagues,difficiles à mesurer et encore plus à réali-ser. A l’instar d’un ordre juridique nationalefficace, les résultats de l’OMC ne sontpeut-être pas directement visibles dans lacomptabilité des entreprises. Tout cela nechange pourtant rien au fait, indiscutable,que l’ordre commercial mondial formel’épine dorsale de l’économie globale. Ilrend service aux multinationales en leurpermettant de commercer à l’échelle in-ternationale. Et il est utile à des millionsd’êtres humains, dans les pays pauvrescomme dans les pays riches, qui travaillentdans ces entreprises. Si l’OMC doit conti-nuer à jouer un rôle sur le marché global,il faudra modifier les obligations légalesdes membres. Et négocier est la seulefaçon d’y parvenir.

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Le Bulletin Online présente les temps forts

de la WINconference 2001 ainsi que de

nombreux documents multimédias conte-

nant exposés, interviews et biographies.

www.credit-suisse.ch/bulletin(en allemand)

REPÈRES BIOGRAPHIQUES

Mike Moore voit le jour en 1949 à Whaka-

tane, Nouvelle-Zélande. En 1972, il devient

le plus jeune député jamais élu au parle-

ment néo-zélandais. De 1984 à 1990, il est

ministre du commerce extérieur et de la

commercialisation. Il exerce en outre les

fonctions de ministre du tourisme, des

sports et des loisirs jusqu’en 1987, puis des

relations publiques jusqu’en 1988. En 1990,

il occupe brièvement le poste de Premier

ministre tout en dirigeant le ministère des

affaires étrangères. De 1990 à 1993, il pré-

side aux destinées du Parti travailliste et de

l’opposition. Il devient dès 1993 le porte-

parole de l’opposition pour les affaires

étrangères et le commerce extérieur. Mike

Moore est directeur général de l’OMC de-

puis 1999.

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ACTUEL

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30 Bulletin 4| 01Credit Suisse

Dans la préface de son ouvrage, «Business

Class », Martin Suter soutient que le

monde des affaires obéit aux mêmes

règles que la vie en société : «Un jardin

d’enfant où la cravate est obligatoire. » Il

écrit depuis mai 1992 dans la « Welt-

woche» une rubrique intitulée justement

«Business Class», véritable coup de griffe

hebdomadaire envers l’aspect guindé du

monde des affaires. Pour prolonger le plai-

sir de la lecture, il existe désormais un re-

cueil de ces rubriques en trois fascicules

à offrir ou à savourer égoïstement et dis-

ponibles sur MyCSPB de www.cspb.com.

www.cspb.com et MyCSPB proposent régulièrement des offres spéciales

autour du thème des affaires et de l’argent. Avec MyCSPB, vous vous

configurez une page financière sur mesure. Vous ajoutez vos hyperliens

et consultez les cours de Bourse à l’aide d’un « ticker » s’actualisant en

permanence. Vous pouvez aussi analyser votre situation patrimoniale avec

le « financial check-up» en ligne. Les clients de Credit Suisse Private Banking

ont un accès exclusif aux études en ligne de nos analystes. Pour plus d’in-

formations sur l’Investors’ Circle de www.cspb.com, adressez-vous à votre

relationship manager.

Un manager dansla poche

de la carte ec/Maestro peu-vent en outre gagner unvoyage à New York, Londres ou Paris en participant à unconcours en ligne. Infor-mations complémentaires surwww.credit-suisse.ch/carte-ec.

Avec Maestro, bienvenuedans le monde entier

Chaque année, 40 millions d’enfants vien-nent au monde sans être enregistrés offi-ciellement. Ils n’ont pas de nom, pas denationalité. Ils ne sont pas admis à l’école.Devenus adultes, ils ne peuvent ni voter,ni se marier, ni conclure de contrats. Lesenfants non enregistrés sont une invitationaux abus de tout genre. Le projet « Ticketto Life », une initiative de L’UNICEF et deCredit Suisse Financial Services, entendlutter contre cette situation. Le 2 octobre2001 est la date fixée pour le «World Day ».Ce jour-là, les 40 000 collaborateurs deCredit Suisse Financial Services interrom-pront leur travail pendant une heure pourse pencher par équipes sur le projet «Ticketto Life ». Que l’opération se fasse sousforme de groupes de discussion ou d’ac-tions concrètes, la créativité sera aurendez-vous. Et Credit Suisse FinancialServices versera à L’UNICEF un don équi-valant à une heure de salaire de tous sescollaborateurs.

Passeport pour la vie

C’est toujours la mêmechose : à la veille du départ,on s’aperçoit qu’on a oubliéde changer de l’argent. Une solution existe pourtant :Maestro. Les détenteurs de la carte ec/Maestro du CreditSuisse peuvent régler leursfactures sans numéraire dansquelque 5,2 millions de com-merces, hôtels et restaurantsd’une bonne centaine depays. Et des retraits sont pos-sibles aux cours du jour à desconditions intéressantes àplus de 600 000 distributeursdu monde entier. Assurésd’avoir toujours la bonne de-vise en poche, les détenteurs

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CREDIT SUISSE et WINTERTHUR – une équipe gagnante en bancassurance.

Vous rêvez de vivre dans vos propres murs? Le CREDIT SUISSE vous conseille et prend

le temps de répondre à vos questions. Nous vous proposons différents modèles hypothécaires adaptés à vos besoins et

à vos objectifs personnels. Demandez notre documentation au 0800 80 20 24 ou fixez un

rendez-vous pour un entretien de conseil. Vous trouverez de plus amples informations sur www.yourhome.ch.

Faire appel auxmeilleurs architectes.

Et vous, quel est votre objectif?

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En tout temps. Nous sommes là.

Vous pouvez nous joindre en tous cas toute l’année, 24 heures sur 24, au numéro 0800 809 809 ou sur www.winterthur.com/ch. Votre conseiller se tient également à

votre disposition pour vous donner de plus amples informations.

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WINTERTHUR et CREDIT SUISSE – une équipe gagnante en bancassurance.

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ACTUEL

33Bulletin 4| 01Credit Suisse

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RUTH HAFEN Un tiers des

Suisses seulement sont pro-

priétaires de leur logement :

nous sommes toujours un

peuple de locataires. Pourtant,

avec 500 milliards de francs,

le volume de dettes hypothé-

caires est en Suisse parmi

les plus élevés d’Europe. Com-

ment l’expliquer ?

ERICH WILD C’est très simple :d’une part, les prix des ter-rains et de la constructionsont très élevés en Suisse parrapport à l’étranger. D’autre

part, les taux d’intérêt étantbas, nous pouvons nouspermettre d’être plus endettésque nos voisins. Enfin, lesavantages fiscaux liés à unendettement hypothécaireélevé favorisent l’amortisse-ment indirect via le 3e pilier.

R.H. Quelle est la part du

Credit Suisse dans les affaires

hypothécaires en Suisse ?

STEFAN HUBER Elle n’a cesséde croître ces dernières an-nées. Actuellement, notre partde marché est de l’ordre de11%. Mais nous souhaitonsque le Credit Suisse s’affirme

encore plus comme banquehypothécaire. Les affaireshypothécaires font en effetpartie de notre cœur demétier, et nous voulons nousdévelopper fortement dans ce domaine au cours desprochaines années.

R.H. Aujourd’hui, il faut être de

plus en plus flexible et mobile.

De quoi réfléchir à deux fois

avant de devenir propriétaire.

Y a-t-il moins de personnes qui

prennent une hypothèque ?

ST.H. Je ne crois pas. EnSuisse, posséder son logementreste un vrai but. En Amé-

rique, par contre, le marchéest différent : les maisons se vendent et s’achètent à unrythme correspondant à celuides déménagements cheznous. L’Américain peut êtreamené à acheter et à vendretrois, quatre, voire cinq mai-sons au cours de sa vie. Précisons qu’aux Etats-Unis il y a plus de maisons de sériequ’ici ; d’une façon générale,la qualité de la construction y est moins bonne, la maisonest un peu comme une marchandise. La mentalité estdifférente en Suisse : onconstruit une maison une foisdans sa vie et on exige doncun haut niveau de qualité.

R.H. Début 2000, le Credit

Suisse a lancé le portail Inter-

net yourhome. Quelle a été

l’influence d’Internet sur les

affaires hypothécaires ?

ST.H. L’expérience montrequ’Internet est avant tout unesource d’information permet-tant aux clients de se faireune meilleure idée des pro-duits et des conditions. Maisles affaires hypothécairescontinuent à être concluesdans les succursales. Pour laplupart des gens, l’achatd’une maison est le plus grosinvestissement de leur vie.

Interview : Ruth Hafen,

rédaction Bulletin

S’acheter – enfin – une maison

«Le moment actuel reste opportun pour devenir propriétaire. » Erich

Wild (en bas) et Stefan G.Huber (en haut), de la Gestion des pro-

duits de crédit/hypothèques du Credit Suisse, en sont convaincus.

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34 Bulletin 4| 01Credit Suisse

Le lien affectif avec la maisonest très fort. D’où l’impor-tance du conseil personnel.

R.H. Y a-t-il un moment idéal

pour acheter une maison ?

E.W. Le moment actuelreste opportun. Les prix del’immobilier ont certes re-monté au cours des dernièresannées, mais ils n’ont pasencore atteint le niveau dudébut des années 90.

R.H. Le Credit Suisse propose

quatre produits hypothécaires

différents : les hypothèques

flex, mix, fix et à taux variable.

Ne vaudrait-il pas mieux avoir

moins de produits ?

ST.H. Non, car il est néces-saire de disposer de pro-duits divers pour pouvoir tenir

compte de l’évolution destaux d’intérêt et de la disposi-tion du client à prendre desrisques.

E.W. Nous observons l’évo-lution des taux d’intérêt. Nousavons développé des produitsadaptés à différents cas defigure et pouvons donc couvrirles besoins de nos clients defaçon optimale.

R.H. Un client peut-il changer

de produit hypothécaire ?

ST.H. Les trois produits flex,mix et fix sont à durée fixe.Une conversion est possibledans le cadre de cette durée,mais elle est soumise à unecommission. En revanche,pour l’hypothèque à taux va-riable, la conversion requiertseulement un délai de préavis.

R.H. Quel est le produit favori

actuellement ?

E.W. L’hypothèque variableest toujours très demandée.Mais nous constatons que leshypothèques à taux fixe jouis-sent de plus en plus de lafaveur de notre clientèle. Ac-tuellement, la moitié environde nos clients prennent unehypothèque à taux fixe, car ons’attend prochainement à unelégère hausse des taux d’inté-rêt. Une hypothèque à tauxfixe donne au client la garan-tie de bénéficier du taux d’in-

térêt actuel pendant toute ladurée du crédit hypothécaire.

R.H. Quels sont les taux d’in-

térêt proposés par le Credit

Suisse ?

ST.H. Des taux conformesau marché. Le taux d’intérêtest fonction, selon le produit,du marché monétaire ou dumarché des capitaux ainsi que de la situation financièrepersonnelle du client.

R.H. Que doit faire le client

pour obtenir le taux le plus

favorable ?

ST.H. C’est l’ensemble de larelation avec le client qui estdéterminante. Un exemple :pour une nouvelle hypothèqueen 1er rang à taux variable àpartir de 500 000 francs etune fortune de placement de200 000 francs au moins,nous pouvons accorder untaux d’intérêt de 4%.

E.W. Il est important en effetde prendre en considérationl’ensemble de la relation avecle client. Nous nous effor-çons d’offrir un conseil globaltenant compte des aspectsfinanciers et fiscaux commede ceux qui concernent laprévoyance ou l’assurance.Nous sommes donc à même,avec la Winterthur, de pro-poser à nos clients des solu-tions sur mesure.

YOURHOME – TOUT SUR LE LOGEMENT

Depuis janvier 2000, le Credit Suisse est présent sur Internet avec le portail yourhome.

On y trouve des informations sur tout ce qui concerne le logement. Il est possible par

exemple de déterminer à l’aide d’un calculateur si l’on peut s’offrir la maison de ses

rêves et comment la financer aux meilleures conditions. Les différents modèles

hypothécaires y sont expliqués avec indication des taux d’intérêt. Toute une série

de check-lists – depuis l’estimation d’un bien immobilier jusqu’aux assurances

concernant le logement en propriété – y sont disponibles ainsi qu’un glossaire de la

construction et du logement en propriété. www.credit-suisse.ch/yourhome

LES PRODUITS HYPOTHÉCAIRES

DU CREDIT SUISSE

■ FLEX

Durée : 3 ou 5 ans

Amortissement : indirect via le 3e pilier

Montant minimum: 200000 francs

Taux d’intérêt : adapté tous les trois mois en

fonction du LIBOR

Couverture du taux : marge de fluctuation

intégrée offrant une garantie en cas de forte

augmentation des taux

■ MIX

Durée : 3 ou 5 ans

Amortissement : indirect via le 3e pilier

Montant minimum: 200000 francs

Taux d’intérêt : basé pour moitié sur le taux du

marché monétaire (3 mois) et pour moitié sur

celui du marché des capitaux (3 ou 5 ans)

Couverture du taux : plafonnement intégré du

taux (deux solutions au choix)

■ FIX

Durée : de 2 à 10 ans

Amortissement : indirect via le 3e pilier

Montant minimum: 100000 francs

Taux d’intérêt : fixe pour toute la durée choisie

■ VARIABLE

Durée : pas de durée fixe

Amortissement : direct ou indirect via le 3e pilier

Montant minimum: 100000 francs

Taux d’intérêt : adapté aux taux du marché

monétaire et du marché des capitaux

Délai de préavis de trois mois

ACTUEL

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ACTUEL

La division Trade Finance(financements commerciaux)du Credit Suisse vient de sehisser sur le podium. En effet,la revue financière américaine« Global Finance » a évaluédans son numéro de juillet lesbanques de financement de 31 pays. Et c’est le CreditSuisse qui a remporté lemeilleur score pour la Suisse.Un jury composé de rédac-teurs financiers, d’analystes,de dirigeants d’entreprise et autres experts a passé aucrible toute une série decritères (volumes de trans-actions, couverture globale,tarification, technologiesnovatrices, etc.). Fondée en 1997, la division Trade

Finance du Credit Suisse nese contente pas d’assurer lesrisques à l’exportation. Ellepropose une véritable gestionclientèle comprenant conseil,structuration des finance-ments, traitement,ou encoreformationde collabo-rateurs.

Prix d’excellence du financement

Nouvelle vitrine Internet pourla Winterthur Vie depuis la mi-juillet : sous winterthur-leben.ch pour la Suisse etwww.winterthur-life.com pourl’international, la WinterthurVie présente un catalogue deservices en ligne beaucoupplus étendu. En Suisse, uneidentité commune a étédonnée aux quatorze sitesInternet différents qui exis-

taient jusqu’ici. Entreprises et particuliers y trouveront unegamme élargie de produits et services ainsi qu’un centred’information sur la prévoyances’adressant à tous, spécia-listes ou non. www.winterthur-leben.ch est disponible enfrançais et en allemand. Desversions anglaise et italiennesont également prévues.

Informations sur la vie

ERICH GYSLING est écrivain et journaliste (TV et presse écrite) spécialiste du Proche-Orient. Ses reportages et ses livres ont une audience internationale. Il est accom-pagnateur du voyage organisé par le Cross Travel Club «LA LAMPE MERVEILLEUSE D’ALADIN», qu’il agrémente de discussions personnelles et de plusieurs exposés sur le monde proche-oriental (d’hier et d’aujourd’hui) et la civilisation de l’Islam.Le voyage organisé par le Cross Travel Club a lieu du 15 au 30 novembre 2001. Il vous conduira à Damas/Palmyre (Syrie), à Petra (Jordanie), à Ispahan/Shiraz/Persepolis (Iran), au Qatar, à Abou Simbel et au Caire (Egypte).Les voyages du Cross Travel Club se font à bord d’un MD-83 de Crossair affrété spéciale-ment et mis exclusivement à la disposition du groupe, auquel sont proposées des presta-tions de première classe. A chaque étape, les meilleurs hôtels ont par ailleurs été réservés. L’extrême qualité de l’encadrement – qu’il s’agisse des aspects pratiques ou des visites guidées historico-culturelles en présence d’Erich Gysling – transformera ce voyage exclusif en aventure inoubliable.Prix par personne, au départ de Bâle: CHF 21 500.

ClubRéservations et informations dans votre agence de voyages ou auprès de Crossair, Cross Travel Club,Tél. +41 61 325 74 76, Fax +41 61 325 35 52

www.crossair.com

«Nous sommes proches, géographi-quement, du monde de l’Islam. Mais, intérieurement, nous en sommes éloignés. Comment se fait-il que la proximité des civilisations occiden-tale et proche-orientale n’ait pas permis de surmonter ce sentiment d’éloignement? Le Proche et le

Moyen-Orient – les pays arabes et l’Iran – sont aussi les berceaux de notre civili-sation, et quiconque voyage dans cette région est ébloui par les vestiges de l’anti-quité, les mosquées, les centres des vieilles villes et leurs marchés, et les paysages.

On y côtoie aussi l’inconnu et ce qui nous semble difficilement compréhen-sible: y-a-t-il une animosité des peuples de l’Islam à l’égard de l’Occident? Bien des voyageurs pensent qu’ils vont se heurter à un mur du refus, mais ce qu’ils découvrent en entrant dans cet univers fascinant est d’une toute autre nature: l’accueil qui leur est fait et les premiers contacts sont empreints d’hospitalité et d’une grande curiosité vis-à-vis de la civilisation occidentale.

Des pays réputés «difficiles» comme la Syrie ou l’Iran sont à mes yeux dignes d’un intérêt particulier. Les exposés que je fais sur place me permettent d’expliquer

aux voyageurs que j’accompagne les différences, les ressemblances culturelles et l’évolution politique. Dans un Etat du Golfe, le Qatar par exemple, je peux leur faire comprendre l’influence de l’industrie pétrolière sur l’évolution sociale. En Egypte, une promenade dans les rues du Caire aidera à saisir et à sentir comment une société autrefois rurale est devenue arabo-urbaine».

ERICH GYSLING: à la découvertede l’univers culturel de l’Islam

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Durant ces dernières années,l’interdépendance des mar-chés financiers et surtout desplaces boursières à l’échelleinternationale n’a cessé des’intensifier. « Quand WallStreet éternue, le reste dumonde s’enrhume. » Il est dèslors difficile d’élaborer desmesures de diversification vi-sant à se prémunir contre cetteinterdépendance. En Europe,l’introduction de la monnaieunique ne fait qu’exacerber le problème puisqu’elle remeten question la pondérationharmonieuse des portefeuilleset augmente le risque à assu-mer pour obtenir le rendementescompté.

Il devenait donc impératifde rechercher de nouveauxmodèles de placements.Credit Suisse Private Bankingl’a compris et propose notam-ment des parts dans les« Best International Mana-

gers » Units, une gamme deproduits unique en son genre,privilégiant des stratégies de placement non convention-nelles. Contrairement auxproduits plus traditionnelscomme les actions, les lettresde gage et les placementsmonétaires, ces produits deplacement dits « neutres par rapport au marché » sontpeu tributaires de l’évolutionboursière générale. L’investis-seur peut donc atteindre lerendement visé, même en casde tendance baissière, que ce soit sur les marchés d’ac-tions ou sur les marchésobligataires.

Mais attention, cettecatégorie de placements doitêtre considérée comme uncomplément aux autresinstruments plus classiques,qu’il ne s’agit pas d’exclure.L’objectif de Credit SuissePrivate Banking consiste à

proposer une nouvelle caté-gorie de placements biendistincte qui, dans le cas idéal,représentera de 10 à 20%d’un portefeuille.

Sélection pointue

Les parts « Best InternationalManagers » sont investiesdans des fonds mixtes consti-tués de placements alternatifsadministrés par des gestion-naires de fortune de premierordre. La sélection des « BestManagers » les mieux cotés a eu lieu en étroite collabora-tion avec RMF InvestmentProducts, une société renom-mée sise à Pfäffikon, sur la base de critères tels quel’expérience, la performancepassée et le type de straté-gie adopté.

Les gestionnaires de for-tune disposent de 2,5 à 7,5% du capital des différentsportefeuilles dont ils ont la

36 Bulletin 4| 01Credit Suisse

Quand excellence rime avec performance

Pour se donner les moyens de réagir aux mutations

constantes du marché, Credit Suisse Private Banking a lancé

les «Best International Managers » Units.

Marc Fuhrmann,

Credit Suisse Private Banking,

Alternative Investments Group

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15%

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–15%1997 2000 200119991998

Growth Strategy (EUR) Growth Strategy (USD) Growth Strategy (CHF)

Indice MSCI World (EUR)

charge et investissent cessommes en fonction de lastratégie qu’ils privilégientpersonnellement. La diversifi-cation permet, d’une part, de tirer parti de la méthodepropre à chaque gestionnairede fortune et, de l’autre, de réduire le risque auquelchacun d’eux s’expose.

L’investisseur a le choixentre deux styles de place-ments, à savoir « Balanced »,qui privilégie une approcheéquilibrée et donc plutôt con-servatrice (monnaies de réfé-rence: franc suisse et euro),et « Growth », qui cible davan-tage la croissance et impliquedès lors une stratégie plusagressive (monnaies de réfé-rence : franc suisse, euro et dollar américain). Dans lesdeux cas, l’horizon de place-ment est de trois ans.

Risque moindre

Lorsqu’on compare la perfor-mance historique des « Best

International Managers » Unitsà l’évolution des marchésd’actions (indice MSCI World),on constate que le risque (volatilité) est moins importantpour ces produits, qui affi-chent par ailleurs un rende-ment positif, y compris en casde phase baissière. Moinsdépendants du contexte demarché que les placements enactions, les produits alter-natifs devraient exercer uneinfluence très favorable sur le profil de risque d’un porte-feuille, tout en améliorant la performance. Les expertstablent sur une volatilité de 7% seulement dans lesegment « Balanced » et de9% dans le segment« Growth », contre 19,1% pourun portefeuille d’actionssuisses (SMI) ou 22,1% pourun portefeuille d’actionsaméricaines (Dow JonesIndustrial).

Quant au rendement prévu,il se situe entre 10 et 11%

(frais nets) pour la stratégieéquilibrée et entre 13 et 16%pour la stratégie axée sur lacroissance.

Compte tenu du bon accueilréservé par le public à cesdeux produits lors de leur lan-cement, Credit Suisse PrivateBanking a développé uneautre palette de produits deplacement analogues, qui

sera proposée prochainementaux investisseurs.

Vous trouverez de plusamples informations à ce sujetsur les sites www.cspb.com etwww.absoluteinvestments.com.

Marc Fuhrmann,

téléphone 01 334 52 37

[email protected]

37Bulletin 4| 01Credit Suisse

ACTUELPRIVATE BANKING

Indépendance face à l’évolution générale du marché Les «Best International Managers » Units fluctuent sensiblement moins que l’indice MSCI World et permettent d’enregistrer un rendement positif même en cas de repli des cours. Source : Bloomberg

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PARTICIPATION AUX BÉNÉFICES ET PERFORMANCE

Contrairement aux gestionnaires de fortune tradition-

nels, le gestionnaire de placements alternatifs reçoit

une commission liée à la performance. En fonction de

la stratégie choisie, cette commission oscille entre

10 et 20%. Elle se calcule en tenant compte du « high

watermark», clause selon laquelle le gestionnaire de

fortune reçoit un «performance fee» uniquement pour

les hausses de cours supérieures au cours historique-

ment le plus élevé. En d’autres termes, il n’a droit à une

participation aux bénéfices sous la forme d’une com-

mission de performance que s’il a réussi à enregistrer,

en termes absolus, un nouveau rendement supérieur

au précédent.

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«L’accès permanent au savoir

doit être garanti au plus grand

nombre», revendiquent

Petra Huth, Alex Beck (à droite)

et Manuel Rybach, Economic

Research & Consulting.

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La politique de formation occupe uneplace importante dans le débat public. Cequi n’est guère surprenant car la Suisse,petit pays dont l’économie est ouverte etpauvre en matières premières, a parti-culièrement besoin d’un haut niveau deformation pour s’affirmer dans la con-currence internationale. Avec le passagede la société industrielle à la société del’information, le capital humain est devenuun facteur essentiel de la croissance éco-nomique. Investir dans le capital humainprofite à l’économie tout entière en per-mettant d’accroître la productivité et destimuler durablement la croissance. Pourl’individu, investir dans l’éducation garantiten outre un meilleur accès aux ressourcesde la société (travail, information, etc.), unrevenu plus élevé et la possibilité deprendre une part plus active à l’aménage-ment de l’environnement personnel.

La politique de formation se trouve au carrefour de l’économie, de la scienceet de la société au sens le plus large. Elle touche aussi bien aux problèmes dumarché du travail qu’à ceux de la société

et de la politique sociale. Elle doit doncrépondre à des exigences très diverses.

On manque partout de main-d’œuvrequalifiée. Pour remédier à cette pénurie,les entreprises réclament des cycles deformation plus souples, plus perméableset plus transparents. La durée de vie du savoir ne cesse de raccourcir. C’estpourquoi le mode d’apprentissage revêttoujours plus d’importance. Apprendre sa vie durant est le nouveau paradigme.L’enseignement des techniques de com-munication doit être intensifié, l’apprentis-sage précoce des langues et du ma-niement des outils informatiques estsouhaité. Toutefois, la politique de for-mation devra veiller à ne laisser personnesur le bord de la route. Il faut que l’accèspermanent au savoir soit garanti au plusgrand nombre. Enfin, l’intégration desenfants et des jeunes d’origine étrangèreconstitue un défi particulier de la politiquede formation.

Le système éducatif helvétique reposesur des bases solides. Non seulement leniveau de formation de la population a

39Bulletin 4| 01Credit Suisse

ECONOMICS & FINANCEFINANCIALSERVICES

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Politique de formation: un grand chantier

Les Helvètes bénéficient d’une bonne formation en com-paraison internationale. Toutefois, pour rester compétitive, la Suisse devra introduire quelques réformes dans sonsystème éducatif.Alex Beck, Petra Huth et Manuel Rybach, Economic Research & Consulting

augmenté au fil des générations, mais il est également élevé en comparaisoninternationale.

En Suisse, les personnes actives ayantuniquement fréquenté l’école obligatoire(degrés primaire et secondaire I) repré-sentent moins de la moitié du pourcentagecorrespondant pour l’Union européenne(UE). L’importance du degré secondaire IIatteste la place de choix de l’apprentis-sage dans le système éducatif suisse. Encomparaison avec d’autres pays membresde l’Organisation de coopération et dedéveloppement économiques (OCDE), laConfédération affiche un très faible tauxde chômage chez les jeunes. Le passageà la vie active se fait sans grand problème.

La politique de formation demandetoutefois des réformes énergiques dansdifférents domaines. Etant donné quel’entrée à l’école intervient plutôt tardive-ment et que la scolarité moyenne estlongue, les étudiants entrent relativementtard dans la vie active. Il est en outre sur-prenant que des études internationalesrévèlent une capacité de lecture insuffi-

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place des hautes écoles spécialisées batson plein.

Toutes les réformes visent à mieuxadapter le système éducatif aux évolutionsde la société et de l’économie. Des res-ponsabilités plus étendues sont conféréesaux établissements scolaires locaux.Quant aux formations, elles sont de plusen plus découpées en modules, ou unitésd’apprentissage. Des conditions cadresdoivent assurer un minimum de cohé-rence, de collaboration et de transpa-rence. L’Etat joue un rôle central lorsqu’ils’agit de canaliser les besoins et de réali-ser les réformes. Ce faisant, il doit garan-tir l’égalité des chances, l’efficacité, laliberté de choix et la cohésion sociale.

Indépendamment des priorités fixées,le mode de financement de la formationrevêt une importance primordiale. L’Etatintervient désormais dans l’enseignement

non seulement comme bailleur de fonds,mais aussi et presque autant comme pres-tataire de services de formation.

Il est souvent reproché à l’instructionpublique de proposer des formations tropcoûteuses ne tenant pas suffisammentcompte des besoins des demandeurs.Cette situation est due en premier lieu à l’absence de concurrence. Se pose dès lors la question de savoir comment yremédier en introduisant une dose d’éco-nomie de marché. Sur ce point, le systèmede formation helvétique sera renforcé par de nouveaux instruments de finance-ment que l’Etat pourrait mettre en œuvretant au niveau de l’offre qu’à celui de lademande.

L’option des «bons de formation»

Les bons de formation permettant derégler tout ou partie des frais de scolaritésont un exemple de financement orientévers la demande. Les bons sont conçus de différentes manières. Ils peuvent êtregradués en fonction du revenu ou limitésà certaines écoles. Malgré la souplessed’utilisation des bons de formation, laSuisse s’y intéresse surtout pour la for-mation continue. Les expériences réali-sées à l’étranger montrent qu’ils peuventsensiblement augmenter l’égalité deschances ou la qualité des écoles. La plu-part des échecs sont imputables à unemauvaise adaptation du modèle aux condi-tions cadres de la formation et de l’éco-nomie. C’est donc moins le bon de forma-tion que son usage qui fait l’objet decontroverses.

Le crédit d’impôt, quant à lui, peut êtreciblé aussi bien sur l’offre que sur lademande. Dans la formation profession-nelle, il constitue d’abord un instrumentd’incitation à la création de places d’ap-prentissage dans les entreprises. AuxEtats-Unis, il offre avant tout aux famillesà bas revenu la possibilité de choisir pluslibrement l’établissement scolaire.

Dans l’enseignement supérieur, lescontributions forfaitaires peuvent per-mettre d’orienter davantage la formationen fonction de critères de performance et

sante chez de nombreux actifs en Suisse.En matière de lecture, le pays se situedans la moyenne des Etats de l’OCDE.Mais la plus grande faiblesse de la Suisseréside dans les lacunes du système à four-nir une main-d’œuvre qualifiée.

Vent de réforme

Un vent de réforme, qui touche tous lesdegrés de formation, souffle actuellementsur la politique éducative suisse. Dans lecanton de Zurich, les écoles primairesdoivent jouir d’une plus grande liberté pourpouvoir répondre en souplesse et dans les meilleurs délais aux besoins des com-munes. La nouvelle loi sur la formationprofessionnelle en discussion au parle-ment prévoit une palette élargie dans le cadre du « système dual » (formationspratique et théorique en alternance). Dansl’enseignement supérieur, la mise en

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Degré Degré secondaire Degrés primaire etsecondaire 1er cycle2e cycletertiaire

Niveau de formation en comparaison internationaleEn Suisse, 16% environ de la population active n’a accompli que l’école obligatoire.Le pourcentage correspondant au sein de l’UE est deux fois plus élevé.

Source: OCDE

Page 41: Le magazine de Credit Suisse Financial Services et de Credit … · 2019-01-29 · laient durer ont été bien déçus. Pour le coup, l’euphorie qui régnait à la fin des années

– Formation généralement de niveauélevé

– Performances bonnes à très bonnesen lecture et en mathématiques dansles comparaisons internationales

– Faible taux de chômage des jeunes(transition facile de l’école à la vie active)

– Faible taux de chômage desdiplômés des hautes écoles

– Durée des études comparativementlongue

– Analphabétisme fonctionnel sesituant dans la moyenne des pays de l’OCDE

– Entrave à la mobilité due à ladécentralisation des structures de formation

– Insuffisance du soutien auxsurdoués

– Performances moyennes ensciences naturelles dans les com-paraisons internationales

– Pénurie de main-d’œuvre qualifiée– Forte réglementation

– Pénurie de main-d’œuvre qualifiée– Faible pourcentage de diplômés

des hautes écoles

Forces Faiblesses

de concurrence. L’Etat en lie générale-ment le versement à certaines conditions.Les hautes écoles peuvent décider assezlibrement de l’affectation des moyensfinanciers. L’autonomie et la souplesse quien résultent constituent un avantage parrapport au financement lié, lequel estfondé sur les dépenses et tend plutôt àfaire grimper les coûts.

Dans la société du savoir, les nouveauxmodes de financement peuvent favoriserla réforme des structures et des contenuséducatifs. Ils offrent la possibilité de pra-tiquer une politique de formation nondiscriminatoire, adaptée aux besoins etaux évolutions futures. Pour réussir, lesréformes de l’enseignement doivent ins-crire harmonieusement le système mo-dulaire dans le cadre général destiné à garantir le respect des standards natio-naux et internationaux. Le processus peutinduire dans certains secteurs une décen-tralisation des compétences en matière de décision et de réalisation, ce qui ne doittoutefois pas aboutir à un éparpillement. Il s’agit bien plus d’utiliser les marges de manœuvre pour élargir l’offre tout enréduisant les coûts ou en les maintenantau moins au même niveau. L’innovation entant que moteur d’un système éducatifmoderne serait alors encore stimulée par l’introduction d’une plus grande dosed’économie de marché.

Alex Beck, téléphone 01 333 15 89

[email protected]

L’Economic Briefing No 24 est consacré

à la politique de formation en tant que

facteur-clé de la société du savoir. Cette

étude peut être obtenue au moyen du bon

de commande ci-joint.

Forces et faiblesses du système éducatif suisseAlors que la population suisse bénéficie dans l’ensemble d’un bon niveau de forma-tion, le pourcentage élevé de personnes ayant des carences en lecture est surprenant.

Source: Credit Suisse Economic Research & Consulting

Instruments de financement de la formationAujourd’hui, la Suisse finance principalement l’offre de formation. Le financementde la demande permet de transférer davantage les compétences et les responsa-bilités aux lieux de formation, exposés dès lors à une concurrence accrue.

Source: Credit Suisse Economic Research & Consulting

Financement de l’éducation et offre de formationLa scolarité obligatoire est financée presque exclusivement par l’Etat. L’engagementdu privé ne joue un rôle important que dans la formation continue.

Source: d’après Wolter, Stefan C. (2001). Le financement de l’éducation entre marché et Etat.

Financement

Off

re

Généralités

Scolaritéobligatoire

Formation pro-fessionnelle

Degré tertiaire

– Scolarité obligatoire jusques et y compris degré secondaire II

– Subventions de certains cantons aux écoles privées

Public

– Financement partiel des études dansles hautes écoles (taxes semestrielles)

– Formation des adultes et formationcontinue

Privé

Financement public

Offre Demande

Bons deformationCrédits d’impôtContributions

forfaitairesFinancement

lié

Publique

Privée

Entretien avec un expert de la réforme du

système éducatif suisse

www.credit-suisse.ch/bulletin(en allemand)

ECONOMICS & FINANCEFINANCIALSERVICES

41Bulletin 4| 01Credit Suisse

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AMÉRIQUEDU NORD (0)EUROPE (0) SUISSE (0) JAPON (+) ASIE hors Japon (0)

Grande-Bretagne HongkongFrance Chine (actions)

Aéronautique (0) Boeing C.Automobile (0) Honda Motors BrillianceBanques (0) Nordea Nomura SecuritiesMatières premières (0)Chimie (0) BASF Ciba SC NConstruction (+) LafargeBiens de consommation (0) KaoEnergie (0) ENI ExxonMobilConstruction de machines/(0) Electrolux Schindler PC1 United Technologiesélectrotechnique Waste ManagementInd. alimentaire (–)/tabac (+) BATAssurances (0) ING SwissRe NServices inform./logiciels (0) SAP Check Point SoftwareMédias (0)Santé publique (0) Serono I Johnson & Johnson

IDEC PharmaceuticalPapier et cellulose (+) Stora EnsoImmobilier (+) Sun Hung Kai Prop.Commerce de détail (–) Fast RetailingMatériel technologique (–) Thomson MM Leica Geosyst. R1 RF Micro Ricoh Samsung Electronics

Dell Computer Corp. Rohm TSMCPrestataires télécoms (0) VodafoneApprovisionnement (0) Huaneng PowerAutres (–) Far Eastern Textile

Pays

Secteurs (régionaux)

Secteurs (globaux)

1Small et mid caps

Autres fonds, voir sous www.fundlab.com

Construction Pharmacie/chimie Consom., cycliques Automobile Semi-conducteursTabac Pharmacie Courtage ImmobilierPapier et cellulose

Fonds de placement : HSBC GIF UK EF; RMF Convertibles Japan; HSBC GIF Chinese Equity

Le Dow Jones de 1915 à nos joursLa montée en flèche de l’indice Dow Jones n’a démarré que dans les années 80. Entre 1963 et 1983, l’indicea stagné aux alentours de 1000 points, pour ensuite grimper très rapidement à 11000.

Source: Bloomberg

Bref panorama des préférences par pays, par secteurs et par titresParallèlement au ralentissement généralisé de la conjoncture mondiale, la crise argentine et l’introduction pro-chaine de l’euro fiduciaire alimentent une incertitude croissante. Les baisses des taux américains suscitent enrevanche un regain d’espoir. Il est donc conseillé pour l’heure de miser sur les secteurs cycliques.

Source: Credit Suisse Private Banking

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43Bulletin 4| 01Credit Suisse

DANIEL HUBER A la Bourse, l’euphorie des

années 90 a cédé au désenchantement. Le

glas des actions en tant qu’instruments de

placement a-t-il sonné ?

BURKHARD VARNHOLT Il est vrai que les ac-tions comportent actuellement davantagede risques. Mais l’évolution de l’indiceDow Jones au cours du dernier sièclemontre que la Bourse n’a pas toujoursenregistré un taux de croissance à deuxchiffres, tant s’en faut ! Ainsi, entre 1963et 1983, le Dow Jones a pratiquementstagné à 1 000 points. Ensuite, entre1983 et aujourd’hui, il est passé de 1 000à 11 000 points.

D.H. Un niveau auquel il risque de stagner

dans les mois à venir ?

B.V. La probabilité est élevée que le DowJones – et, partant, tous les marchésd’actions, toujours plus étroitement liés au marché américain – ne progresse quefaiblement à moyen terme. Les cours ontdéjà été corrigés et semblent maintenantse situer à leur juste valeur ; ils ne sont entout cas pas sous-évalués. De plus, lesfondamentaux économiques mondiauxsignalent un ralentissement synchrone. EnEurope, la conjoncture s’est tassée beau-coup plus fortement et plus rapidement queprévu par bon nombre d’observateurs.

D.H. Combien de temps ce ralentissement

va-t-il encore durer en Europe ?

B.V. Sans doute plus longtemps qu’auxEtats-Unis. Ceux-ci ont un avantage, carle chômage y progresse très fortement àl’heure actuelle.

D.H. En quoi est-ce un avantage ?

B.V. Les entreprises américaines ont lapossibilité de licencier à relativementbrève échéance, ce qui leur permet deréduire leurs coûts et de rééquilibrer plus

rapidement leurs bénéfices. En Europe,les choses ne sont pas aussi simples.

D.H. Comment la conjoncture va-t-elle évo-

luer sur le Vieux Continent ?

B.V. Les effets du cycle conjoncturelsont moins prononcés en Europe qu’enAmérique. Par conséquent, il est probableque la situation se rétablira aussi plus len-tement qu’outre-Atlantique. La courbe dela reprise ne sera donc pas en « V », maisaura plutôt la forme d’une banane.

D.H. Pour revenir au Dow Jones : si l’on con-

sidère le siècle dans son ensemble, la ten-

dance a toujours été à la hausse. N’est-ce

pas encourageant ?

B.V. L’élément déterminant, c’est le mo-ment auquel on achète les titres. De touttemps, il y a eu des investisseurs mal-chanceux qui sont tombés sur une périodedéfavorable et ont ensuite perdu de l’ar-gent pendant dix ans.

D.H. L’automne dernier était-il défavorable ?

B.V. Disons que le moment n’était pasparticulièrement propice. Mais dix ans nese sont pas encore écoulés ! Les per-sonnes qui s’étaient lancées en 1966,lorsque le Dow Jones était à 1 000, ont dûse contenter en 1978 – soit douze ans plustard – d’un indice de 850. L’affirmation se-lon laquelle, à long terme, les actions pro-gressent toujours, n’est que purement sta-tistique ; elle est certes rassurante, maisdépend très fortement du cours à l’achat.

D.H. Compte tenu de ces circonstances, est-

il encore possible de gagner de l’argent à la

Bourse ?

B.V. Oui, on peut toujours gagner de l’ar-gent à la Bourse. Il faut cependant chan-ger de stratégie. Ces dernières années,alors que le marché était très fortement

haussier, il suffisaitd’acheter des titreset de les garder(« buy and hold »).Aujourd’hui, dansun marché caracté-

risé par une succession de hausses et debaisses, on ne peut gagner de l’argentque si l’on réagit rapidement aux nouvellestendances.

D.H. La situation actuelle permet donc de

jauger la compétence d’un gestionnaire…

B.V. Absolument. Surtout pour les place-ments qui ne sont pas directement liés àl’évolution du marché. Ainsi, dans uncontexte tendu, un fonds de placementneutre peut fluctuer de plus ou moins20%. Pour un fonds lié au marché, lecours s’écarte rarement de plus de 5%par rapport au benchmark.

D.H. En d’autres termes, le savoir-faire pro-

fessionnel s’avère toujours plus important.

Assistons-nous à la fin du boom des petits

investisseurs ?

B.V. En fait, tous les investisseurs sontconcernés, qu’ils soient petits, grands ouinstitutionnels. C’en est fini de l’investis-sement passif, de la stratégie « acheter etgarder » prônée durant des décennies !

D.H. Credit Suisse Private Banking s’est-il

préparé à la gestion de placements neutres,

activité qui nécessite davantage de travail ?

B.V. Nous avons les compétences, lestechnologies appropriées et, surtout, lataille nécessaire. Ainsi, nous sommes enmesure à la fois d’attirer les meilleursgestionnaires et d’avoir accès à eux.D’ailleurs nombre de grands gestionnairesindépendants n’acceptent plus de nou-veaux capitaux provenant d’autres insti-tutions.P

hoto

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Entretien avec Burkhard Varnholt, Global Head of Research, Credit Suisse Private Banking

ECONOMICS & FINANCEPRIVATE BANKING

«On peut toujours gagner de l’argent à la Bourse»

Page 44: Le magazine de Credit Suisse Financial Services et de Credit … · 2019-01-29 · laient durer ont été bien déçus. Pour le coup, l’euphorie qui régnait à la fin des années

cer dans un vaste programme de maîtrisede l’énergie. Sa décision de se retirer duprotocole de Kyoto n’en a pas moins sus-cité de violentes critiques.

Formulés en 1997 par 160 nations, lesaccords de Kyoto visent à réduire lesémissions de gaz à effet de serre d’ici à2012. A l’instar des autres pays, les Etats-Unis se sont engagés à respecter un ob-jectif chiffré (en l’occurrence une réduc-tion de 7%), fixé individuellement sur labase des émissions enregistrées en 1990.

ECONOMICS & FINANCEPRIVATE BANKING

Premier marché énergétique du monde,les Etats-Unis sont aussi le plus grosconsommateur de produits fossiles. Lamoindre évolution sur le marché américainse répercute directement sur les prix de

l’énergie dans le monde entier. Ces der-nières années, les Etats-Unis ont toute-fois souffert de l’absence de politiqueénergétique. George Bush est le premierprésident, depuis les annés 70, à se lan-

44 Bulletin 4| 01Credit Suisse

Politique énergétique:un vœu pieux?La récente flambée des prix du pétrole a relancéles débats sur les combustibles fossiles et leursalternatives.Jeremy Baker, Credit Suisse Private Banking, Energy & Basic Resources

Page 45: Le magazine de Credit Suisse Financial Services et de Credit … · 2019-01-29 · laient durer ont été bien déçus. Pour le coup, l’euphorie qui régnait à la fin des années

Plusieurs scénarios, une conclusion

Selon les chiffres de 1990, le dioxyde decarbone (CO2) produit par la combustionde carburants fossiles est responsable àplus de 80% des rejets de gaz à effet deserre. Toute tentative de réduire ces émis-sions influe donc sur le marché de l’éner-gie. En 1998, la commission économiquede la Chambre des représentants améri-caine a commandé une étude sur lesconséquences du protocole de Kyoto pourl’économie et le marché énergétique desEtats-Unis. Etablie autour de différentsscénarios, l’étude montre clairement quela réduction des émissions polluantes en-traîne systématiquement une hausse desprix de l’énergie.

Et lorsque les coûts de l’énergie aug-mentent, d’autres facteurs de production,comme la main-d’œuvre et le capital, de-viennent comparativement moins chers. Ilen résulte une perte de potentiel écono-mique, qui peut se traduire par un recul duproduit intérieur brut.

20% d’émissions en moins

Le boom de l’économie américaine dansles années 90 s’est accompagné d’unehausse des émissions polluantes dequelque 13%. Pour respecter l’objectifdes 7% fixé à Kyoto, il faudrait donc uneréduction de l’ordre de 20%. Un défi queles Etats-Unis pourraient certes relever,mais qui pèserait lourd sur leur croissanceéconomique. Et c’est précisément ce queredoute le président Bush. Le ralentisse-ment actuel de l’économie américaine et ses répercussions sur la conjoncturemondiale laissent entrevoir ce que provo-querait une escalade des prix de l’énergieaux Etats-Unis.

Un renchérissement des matières pre-mières et de leurs sous-produits pourraitégalement marquer l’année 2001. Mais cephénomène est moins le fait d’un déca-lage entre l’offre et la demande que d’un

manque d’investissements dans la moder-nisation des infrastructures telles que raf-fineries et moyens de transport. Délais-sées durant les années de croissanceéconomique, les infrastructures existantesse sont effondrées et ont fini par provo-quer une flambée des prix. Or, en Europecomme aux Etats-Unis, la hausse du pé-trole a déclenché de vives protestations. Acroire que la protection de l’environnementpasse toujours au second plan dès quel’on touche à notre pouvoir d’achat.

Le nouveau rapport de politique éner-gétique (National Energy Policy Report)publié par le gouvernement Bush apportede l’eau au moulin des compagnies pétro-lières. L’objectif déclaré est en effet destimuler la consommation de combustiblesfossiles tels que le pétrole et le gaz tout en mettant l’accent sur le charbon et lenucléaire. Néanmoins, ce sont surtout lesprojets de recherche et développementportant sur les énergies alternatives (éner-gie solaire, énergie éolienne et pile à com-bustible) qui ont, jusqu’à présent, bénéfi-

cié de subventions et d’avantages fiscaux.Ces énergies renouvelables sont certesappelées à jouer un rôle de plus en plusimportant dans la maîtrise de l’énergie,mais à l’heure actuelle elles n’en sont qu’àleurs balbutiements (témoin la pile à com-bustible). Il faudra sans doute attendrelongtemps avant d’assister à la naissanced’une forme d’énergie écologique et bonmarché.

Verdict du Sénat

Les initiatives « explosives » du présidentBush en matière d’énergie doivent encoreêtre soumises à l’approbation du Congrèsaméricain. L’opposition ayant la majoritéau Sénat, la partie n’est pas gagnéed’avance. Vu l’importance de l’enjeu éner-gétique, George Bush compte néanmoinssur le soutien de quelques démocrates.Ses choix énergétiques visent, d’une part,à alléger le fardeau législatif en simplifiantles formalités administratives et, d’autrepart, à favoriser les injections de capitauxdans des pipelines et des raffineries.

45Bulletin 4| 01Credit Suisse

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ECONOMICS & FINANCEPRIVATE BANKING

LE GAZ NATUREL : BIENTÔT UNE RÉALITÉ

Les vertus du gaz naturel sont connues depuis longtemps. Plus propre, le

gaz naturel rejette moins d’émissions dans l’atmosphère et se trouve en

abondance. Les dernières enquêtes de la Cambridge Energy Research

Agency ont révélé que les réserves de gaz naturel mondiales suffisaient

pour couvrir les besoins des soixante-deux prochaines années.

Autant d’avantages qui militent en faveur du gaz naturel. Et pourtant, la de-

mande reste faible. Ce désintérêt s’explique principalement par le manque

de pipelines et d’entrepôts, situation imputable à l’insuffisance des capi-

taux, aux lois en vigueur et aux exigences de la politique environnemen-

tale. Des obstacles qui découragent les investissements dans un secteur

aux revenus traditionnellement bas. Il est donc nécessaire de stimuler la

demande et d’assouplir les contraintes légales pour améliorer la compéti-

tivité du gaz naturel.

Caractérisé par son orientation régionale, le marché du gaz naturel rappelle

les origines du commerce du pétrole au début du XXe siècle. Mais les four-

nisseurs d’énergie sont désormais conscients du potentiel que recèle le

gaz naturel et ont déjà pris des mesures pour mieux exploiter les res-

sources connues. La commercialisation du gaz naturel liquéfié (GNL)

selon le procédé GTL (Gas to Liquids) et la production d’énergie finale ont

également commencé. Ces deux nouveaux produits constituent des

alternatives intéressantes et, face à une demande croissante, l’offre s’élar-

git. De quoi garantir un bon prix tant aux fournisseurs qu’aux clients.

«Ces dernières années, les Etats-Unis ont souffert

de l’absence de politique énergétique», explique

Jeremy Baker, de Credit Suisse Private Banking,

Energy & Basic Resources.

Page 46: Le magazine de Credit Suisse Financial Services et de Credit … · 2019-01-29 · laient durer ont été bien déçus. Pour le coup, l’euphorie qui régnait à la fin des années

Absolument nécessaire, la modernisationdes infrastructures permettrait non seule-ment d’améliorer le transport et d’uni-formiser les spécifications des combus-tibles, mais apporterait aussi une plusgrande souplesse et une meilleure organi-sation au secteur énergétique. Les mar-chés de l’énergie inefficaces ont tendanceà tirer la consommation vers le haut etsont donc particulièrement nocifs à l’en-vironnement.

Les promesses du gaz naturel

L’industrie mondiale de l’électricité et del’énergie est sur le point d’entrer dans unephase de croissance durable. En accor-dant une place plus importante au gaz na-turel, l’industrie énergétique voit s’ouvrirdes possibilités d’expansion dans desdomaines jusqu’ici inexplorés. Les entre-prises peuvent ainsi jouer un rôle actifdans la mise en place d’infrastructuresénergétiques efficaces. Une stratégie quirépondra aussi bien aux impératifs écono-miques qu’aux considérations écolo-giques.

Les grandes compagnies comme BP,Royal Dutch/Shell, ExxonMobil, ENI,TotalFinaElf et BG ont déjà pris desmesures allant dans le sens d’un enga-gement plus prononcé en faveur du gaznaturel. Ce faisant, elles se procurent des

capitaux bon marché pour des investisse-ments stratégiques.

Conclusion : la question énergétique est loin d’être réglée. L’exploitation res-ponsable des ressources – notammentdans un pays présentant une consomma-tion d’énergie aussi élevée que les Etats-Unis – et la protection de l’environnementsont des préoccupations fondées qui mé-ritent qu’on s’y intéresse. Mais ce n’estpas dans la taxation des ressources éner-gétiques que se trouve la solution. Lestaxes sur l’énergie entraînent inévitable-ment une hausse des coûts et finissentpar conduire à une impasse. En revanche,la taxation des émissions de CO2 – le prixà payer pour la pollution de l’environne-ment – pourrait peser lourd sur les choixénergétiques et permettre de concilierconsommation d’énergie et protection del’environnement.

Reste à espérer que toutes les bonnesrésolutions ne seront pas vite oubliées.Car comme l’a dit un jour l’écrivain JohnSteinbeck : « Durant les années de séche-resse, [les hommes] oublient les annéesfastes et durant les bonnes années, [ils]perdent le souvenir des années de séche-resse. »

Jeremy Baker, téléphone 01 334 56 24

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ner l’intervention du Secrétaire général de

l’OPEP à la WINconference.

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Jeremy Baker, Credit Suisse Private Banking,

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Page 47: Le magazine de Credit Suisse Financial Services et de Credit … · 2019-01-29 · laient durer ont été bien déçus. Pour le coup, l’euphorie qui régnait à la fin des années

47Bulletin 4| 01Credit Suisse

ECONOMICS & FINANCEFINANCIALSERVICES

Nos prévisions conjoncturelles

REPÈRES DE L’ÉCONOMIE SUISSE

La consommation tire la croissanceLe refroidissement conjoncturel commence à se répercuter sur lesexportations suisses et, avec un certain décalage, influence égalementl’industrie. Ainsi, l’indice suisse des directeurs d’achat (PMI) se situedepuis avril en dessous de la barre des 50%, qui indique une contrac-tion de l’activité dans le secteur manufacturier. La consommation atoutefois été vigoureuse durant les trois premiers mois de l’année etcontinuera à soutenir la croissance, notamment en raison de la hausseréelle des revenus disponibles. Outre l’inflation réduite, qui diminueraencore en cours d’année, le taux de chômage très bas a un effet posi-tif sur la confiance des consommateurs.

CROISSANCE DU PIB

Eclaircie mondiale en 2002Le retournement conjoncturel est en vue, l’économie américaine donnant les pre-miers signes de redémarrage. Après le coup de froid de cette année, l’Amérique peutde nouveau envisager un taux de croissance de l’ordre de 3% en 2002. Les espoirsde rebond se confirment donc aux Etats-Unis. La reprise outre-Atlantique dynamiseaussi l’économie mondiale. Et les économies européennes en profiteront égale-ment.

INFLATION

Risque inflationniste: court répitAprès un court répit pour les banques centrales en raison du ralentissement conjonc-turel, une nouvelle dynamique s’amorce. D’où un surcroît de tension sur les prix in-térieurs en 2002. En outre, la demande croissante en matières premières attiseraaussi les risques d’inflation importée. Ce qui n’inquiète pas seulement la Banquecentrale européenne : de l’autre côté de l’Atlantique également, le gonflement desliquidités produira après l’été une pression inflationniste supplémentaire.

TAUX DE CHÔMAGE

Détérioration de l’emploiL’affaiblissement de l’activité mondiale assombrit les perspectives des marchés dutravail. Les Etats-Unis en sont particulièrement affectés, avec un taux de chômagefrôlant les 5%. Quant aux Japonais, ils souffrent à la fois de la contraction de leuréconomie et de la vague de licenciements découlant des plans de réforme du nou-veau gouvernement. L’Europe, en revanche, présente une situation plus réjouissantesur le front de l’emploi, notamment en Grande-Bretagne où le taux de chômage esttombé à son plus bas historique.

LE GRAPHIQUE ACTUEL

Convergence des cyclesDébut juin, le Parti travailliste britannique remportait haut la main lesélections à la Chambre des communes, la vigoureuse dynamiqueconjoncturelle ayant sûrement bénéficié au gouvernement Blair. Desrumeurs ont certes circulé, après cette victoire électorale, sur l’entréeprochaine de la Grande-Bretagne dans la zone euro. Mais l’adhésionreste fortement contestée dans le pays. Sur le plan économique, sesdétracteurs avancent que l’évolution divergente des cycles en Grande-Bretagne et dans l’Euroland rendrait difficile une politique monétairecommune. Car le cycle conjoncturel britannique évolue en corrélationavec le cycle américain plutôt qu’avec celui de la zone euro, en raisondes liens privilégiés du pays avec les Etats-Unis. Cependant, on assistedepuis 1998 à une convergence des cycles au sein de l’Europe.

02.01 03.01 04.01 05.01 06.01Inflation 0,8 1 1,2 1,8 1,6Marchandises 0,4 0,3 0,6 1,3 0,8Services 1,1 1,5 1,6 2,1 2,2Suisse 1,3 1,6 1,6 1,9 2Etranger –0,6 –0,8 –0,2 1,4 0,5C.A. du commerce de détail (réel) –0,6 2,2 –1,4 –0,7Solde de la balance comm. (mrd CHF) 0,29 0,16 –0,14 5,9Exportations de biens (mrd CHF) 11 12,2 10,7 11,9Importations de biens (mrd CHF) 10,7 12,1 10,8 11,3Taux de chômage 1,9 1,8 1,7 1,7 1,6Suisse alémanique 1,5 1,4 1,4 1,3 1,3Suisse romande et Tessin 3 2,8 2,7 2,6 2,5

Moyenne Prévision1990/1999 2000 2001 2002

Suisse 0,9 3,4 2,1 2,2Allemagne 3,0 2,9 1,8 2,0France 1,7 3,3 2,5 2,5Italie 1,3 2,9 2,2 2,3Grande-Bretagne 1,9 3,0 2,4 2,6Etats-Unis 3,1 5,0 1,8 3,1Japon 1,7 1,7 0,0 1,4

Moyenne Prévision1990/1999 2000 2001 2002

Suisse 2,3 1,6 1,3 1,5Allemagne 2,5 2,0 2,5 2,0France 1,9 1,6 1,8 1,7Italie 4,0 2,6 2,5 2,0Grande-Bretagne 3,9 2,1 2,2 2,4Etats-Unis 3,0 3,4 3,5 2,8Japon 1,2 –0,6 –0,4 –0,2

Moyenne Prévision1990/1999 2000 2001 2002

Suisse 3,4 2,0 1,9 1,8Allemagne 9,5 7,7 8,0 7,5France 11,2 9,7 9,0 8,2Italie 10,9 10,6 10,0 9,8Grande-Bretagne 7,3 3,7 3,3 3,4Etats-Unis 5,7 4,0 4,7 4,9Japon 3,1 4,7 5,0 5,2

Grande-Bretagne/Euroland: cycles au même rythme depuis 1998Variation annuelle du taux de croissance du PIB

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–41981 1983 1985 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001

Grande-Bretagne

Etats-Unis

1987

%

Euroland

Source tous graphiques : Credit Suisse

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Les pays émergents d’Asie n’entamentpas le nouveau millénaire sous des aus-pices très favorables. Affaiblis économi-quement, ils assistent avec un certainmalaise à l’éveil du géant chinois. Pasquestion de compter sur le Japon, qui a

mal à son économie : le zèle et la disci-pline, ces « valeurs asiatiques » dont onfaisait naguère encore grand cas, sontaujourd’hui relégués aux oubliettes. Seulsles Etats modernes de taille plus modeste,comme Singapour, Taïwan, Hongkong et

la Corée, semblent avoir les reins suffi-samment solides pour affronter l’avenir.Tous les autres risquent de se retrouver àjouer les seconds violons économiques.

Etonnamment vigoureuse dès le débutde 1999, la reprise fit espérer que cespays surmonteraient rapidement les effetsdes crises économique et financière. Lerecul de la croissance aux Etats-Unis atoutefois rappelé douloureusement auxmarchés émergents qu’ils dépendaientfortement de la conjoncture américaine.

48 Bulletin 4| 01Credit Suisse

L’Asie à la croisée des chemins

Quatre ans après le déclenchement de la crise asiatique,les « tigres » de l’Asie du Sud-Est auraient bien besoin debaume pour soigner leurs plaies économiques.Cédric Spahr, Economic Research & Consulting

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Taïwan, la Corée et Singapour sont d’im-portants fournisseurs de l’industrie amé-ricaine de l’informatique et des télé-communications. Certaines entreprisesasiatiques, comme les fabricants de semi-conducteurs à Taïwan, sont particulière-ment exposées aux fluctuations de lademande aux Etats-Unis. Les turbulencesqui ont secoué le secteur technologiqueaméricain ne pouvaient donc plus maltomber. Entre 1999 et 2000, le rétablis-sement mondial et l’augmentation desexportations ont largement contribué àstabiliser la situation. Cependant, le ralen-tissement aux Etats-Unis et au Japon –les deux principaux marchés d’exportationde ces pays – les privent désormais d’uneimportante béquille conjoncturelle. Aprèsune brève période de convalescence, les« tigres » risquent une rechute dans larécession.

Parallèlement à d’importantes difficul-tés économiques, la Malaisie, l’Indonésieet la Thaïlande doivent faire face à une in-stabilité politique et sociale qui remet sé-rieusement en cause leur redressement.Les bulletins de santé de Singapour, deTaïwan, de Hongkong et de la Corée sonten revanche nettement meilleurs.

Taïwan demeure épargnée

Taïwan, que la crise asiatique a plutôtépargnée, s’appuie sur une industrie d’ex-portation novatrice, notamment dans lesdomaines des semi-conducteurs et del’informatique. Cette république insulaire alargement tiré profit du boom des inves-tissements américains dans les technolo-gies de l’information, bien que le recul de la croissance aux Etats-Unis l’ait dure-ment frappée. Sur le plan politico-écono-mique, le pays montre également dessignes de fatigue. Les divisions au seindes partis politiques et les problèmes fi-nanciers locaux donnent l’impression quecet élève modèle a quelque peu bâclé sesdevoirs économiques. En politique exté-

rieure, la situation qui opposait Taïwan à laChine continentale s’est détendue. L’obs-tination de Pékin à ramener Taïwan dansson giron pourrait cependant raviver lestensions dans la région, ce qui entameraitsérieusement l’attrait que ce pays exercesur les investisseurs étrangers.

La Corée paie aujourd’hui au prix fort sa négligence à assainir son économie.De grands groupes industriels tels queHyundai ou Daewoo ont en effet très peurestructuré depuis 1998. Ils se sont mêmeendettés davantage afin de pallier la me-nace d’insolvabilité. Mais ce n’est que

49Bulletin 4| 01Credit Suisse

ECONOMICS & FINANCEFINANCIALSERVICES

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«Après une brève période de convales-

cence, les ‹ tigres › risquent une rechute

dans la récession», estime Cédric Spahr,

Economic Research & Consulting.

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1997 1998 1999 2000 2001 2002

CoréeHongkongTaïwanSingapour

Indice base 100 au 1er janvier 1997

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1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000

Pays asiatiques en crise*Autres pays émergents d’Asie

Cri

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*Corée, Malaisie, Thaïlande, Indonésie et Philippines

Flux nets de capitaux, mrd USD

Les marchés d’actions, miroirs de la criseLe fléchissement conjoncturel aux Etats-Unis et au Japon se répercute sur les Boursesasiatiques. La forte pondération des valeurs technologiques en Asie explique lesimportantes chutes de cours enregistrées depuis début 2000.

Source: Thomson Financial

Les « tigres» au régime secDès mars 1997, la crise a déclenché un brusque reflux de capitaux internationaux surles marchés financiers d’Asie, comme l’attestent les soldes négatifs des mouvementsde capitaux dans les pays asiatiques depuis 1997.

Source: Fonds monétaire international

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reculer pour mieux sauter : une grandepartie des dettes arriveront à échéance à fin2001, ce qui pourrait provoquer une vaguede faillites et de nouvelles turbulences surles marchés financiers locaux. La frilositédes grandes entreprises à entreprendredes réformes a fortement freiné le réajus-tement structurel pourtant nécessaire etsapé la compétitivité du pays sur le longterme. Certes, la Corée dispose encorepour l’heure d’une solide base indus-trielle ; mais si elle continue à temporisersur les mesures de désendettement et surla restructuration du secteur privé, ellerisque de se retrouver en perte de vitesse.

Depuis sa rétrocession à la Chine en1997, Hongkong a consolidé sa positionde principal partenaire commercial etfinancier d’Asie, même si la concurrenceavec Singapour s’est durcie. Les défis quil’attendent sont nombreux. La réunifica-tion avec la Chine – selon le principe « unpays, deux systèmes » – a bien fonctionnéjusqu’à présent. Reste à voir si les droitsdémocratiques pourront être préservés à la longue. L’adhésion prochaine de laChine à l’Organisation mondiale du com-merce (OMC) devrait, dans un premiertemps, conforter cette ancienne coloniebritannique dans son rôle de place com-merciale. Mais la montée en puissance degrandes villes côtières chinoises commeShanghai pourrait remettre en cause cerôle. En outre, la parité fixe de la monnaielocale face au dollar américain menaceégalement la compétitivité de l’île. Toutedévaluation simultanée du yen japonais etdu yuan chinois dans les mois à venir ris-querait d’accentuer les tendances défla-tionnistes au sein de l’économie locale etde soumettre le dollar de Hongkong, lié à son cousin américain, à d’énormes pres-sions.

Singapour est le pays qui s’en sort lemieux. Cet Etat jouit d’une forte stabilitépolitique et d’un niveau d’instruction trèsélevé. Le budget public, excédentaire de-puis des années, et une politique moné-taire prudente dégagent des taux d’infla-tion qui ne le cèdent en rien à la Suisse.Le dollar de Singapour suscite donc une

grande confiance chez les investisseursinternationaux. En raison de sa très forteposition dans le secteur électronique, Sin-gapour subit actuellement le contrecoupdu fléchissement des investissementsdans les pays industrialisés ; dès 2002, cepays devrait toutefois surmonter le creuxde la vague. Son cadre économique etpolitique libéral ainsi que la solidité de saplace financière sont en effet les garantsd’une croissance à long terme.

La prochaine rechute menace déjà

La plupart des pays asiatiques traversentune nouvelle phase de ralentissement.Tous ressentent les effets de la baisse desexportations vers le Japon et les Etats-Unis. Une autre question, beaucoup plusdélicate, concerne les perspectives de dé-veloppement à long terme. Aux risques

politiques s’ajoutent les « péchés » écono-miques commis par de nombreux paysémergents. La libéralisation du commercerégional et les mesures d’encouragementde la coopération économique se sontenlisées. La volonté de consolider lesmarchés financiers locaux suite à la dé-bâcle financière de 1997 est demeuréelettre morte, ce qui a créé un vide queseuls la Chine ou les Etats-Unis sont ac-tuellement en mesure de remplir. De plus,le peu d’empressement de la région àpoursuivre les réformes réduit son attraitaux yeux des investisseurs internationaux.Ceux-ci auront intérêt à concentrer leursengagements sur la poignée de pays sainsdu Sud-Est asiatique.

Cédric Spahr, téléphone 01 333 96 48

[email protected]

50 Bulletin 4| 01Credit Suisse

CRISE ASIATIQUE : BRÈVE RÉTROSPECTIVE

Au cours des années 80 et de la première moitié des années 90, les

« tigres » asiatiques ont enregistré un essor quasi ininterrompu. Les im-

pressionnants progrès économiques réalisés par ces pays émergents ont

attiré toujours plus de capitaux étrangers, faisant littéralement exploser

leur endettement libellé en monnaies étrangères. Seuls Taïwan, Singapour

et Hongkong n’ont pas cédé à l’euphorie. Les autres Etats n’ont pas tenu

compte des risques de change inhérents à leurs dettes en devises, alors

même que la plupart des monnaies locales étaient rattachées au dollar

américain par un taux fixe. L’explosion des crédits financés par le biais de

capitaux étrangers a rendu ces pays extrêmement vulnérables à une

brusque inversion des flux de capitaux. De fortes sommes ont été investies

dans des projets peu rentables, notamment dans l’immobilier. Exemple

tristement célèbre : les tours jumelles Petronas en Malaisie, qui sont long-

temps restées inoccupées. De plus, les taux de change étant fixes, la

hausse du dollar américain a dès 1995 sapé la compétitivité de nombreux

pays asiatiques. La détérioration de la situation a graduellement érodé la

confiance des investisseurs étrangers. La monnaie thaïlandaise fut la pre-

mière à souffrir de la pression dévaluationniste : le 2 juillet 1997, la banque

d’émission thaïlandaise annonça qu’elle était à court de devises et laissa

flotter le bath. La spirale toucha ensuite l’Indonésie, la Malaisie, les Philip-

pines et la Corée. Hongkong en réchappa de justesse. L’effondrement des

cours des devises et des actions déclencha alors une crise économique qui

poussa de nombreuses banques au bord du gouffre financier.

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51Bulletin 4| 01Credit Suisse

ECONOMICS & FINANCEFINANCIALSERVICES

Nos prévisions pour les marchés financiers

LE GRAPHIQUE ACTUEL DES TAUX D’INTÉRÊT

Euro: volatilité accrueAvec le lancement de l’euro fiduciaire dans l’Euroland au 1er janvier2002, la devise communautaire pourrait se distinguer surtout par… savolatilité. En l’occurrence, des chutes de cours allant jusqu’à 80 centspour un euro sont tout à fait possibles. La principale cause de cet accèsde faiblesse viendra d’un reflux de capitaux de 50 à 100 milliards d’euros détenus dans des pays non-membres de l’Union monétaire. Lemanque d’attrait de l’euro sur les marchés des devises pourrait inciterdes investisseurs à échanger ces liquidités contre une monnaie refuge,en particulier le dollar américain, mais aussi le franc suisse. Toutefois,la Banque centrale européenne (BCE) cherchera à stabiliser l’euro pourla fin de l’année grâce à des interventions concertées.

MARCHÉ MONÉTAIRE

Vers la fin de la baisse des tauxLa Réserve fédérale américaine (Fed) a procédé à des baisses de taux de l’ordre de3% depuis le début de l’année, créant ainsi les conditions monétaires nécessaires àune économie en reprise progressive. Cela devrait cependant engendrer des craintesde hausses de taux dès l’an prochain. Dans la zone euro, la BCE est prise en étau entredes tensions inflationnistes et un affaiblissement de la dynamique conjoncturelle.

MARCHÉ OBLIGATAIRE

Rendements en légère hausseLes rendements des titres d’Etat présentent une tendance ascendante depuis leurplancher de fin mars. Mais les incertitudes de la conjoncture américaine, la faiblessedes marchés d’actions et la crise financière en Argentine ont de nouveau pesé sureux. Le rebond attendu pour l’économie américaine vers la fin de l’année devrait faireprogresser les rendements en 2002.

TAUX DE CHANGE

Tensions entre le dollar et l’euroLe dollar profite de l’afflux de capitaux sur les marchés financiers américains, tan-dis que les inquiétudes sur la croissance de l’Euroland ainsi que l’attitude critiquedes marchés financiers envers la politique monétaire de la BCE pèsent sur l’euro.Le secteur industriel américain a besoin d’un peu de temps pour sortir du creux de la vague. En conséquence, le rapport euro–dollar devrait se maintenir au niveauactuel à moyen terme.

LE GRAPHIQUE ACTUEL DES MARCHÉS BOURSIERS

L’intérêt des valeurs cycliquesLes cycliques sont des titres d’entreprises dont les profits réagissentsensiblement aux variations des cycles conjoncturels. La corrélation a été forte ces deux dernières décennies entre les indicateurs con-joncturels avancés de l’OCDE et la performance annuelle des valeurscycliques. Or, en règle générale, les cours des titres cycliques anticipentde six à neuf mois (h) la reprise économique. Cela signifie donc que lesinvestisseurs doivent se jeter à l’eau avant le retournement conjonctu-rel. Dans la perspective d’une amélioration graduelle de l’activité inter-nationale vers la fin de l’année, nous recommandons de procéder dansles prochains mois à un remaniement de portefeuille en faveur desvaleurs cycliques.

La pondération des titres cycliques devrait être augmentée progressivement

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Indicateurs avancés (OCDE)Indice mondial des services cycliques,variation annuelle en %

Euro: reflux continu de capitaux

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mrd EUR USD/EUR

Investissements nets(IED + portefeuille)

Cours de l’euro

Source tous graphiques : Credit Suisse

PrévisionFin 00 19.07.01 3 mois 12 mois

Suisse 3,37 3,2 3,0–3,2 3,2 –3,5Etats-Unis 6,40 3,7 3,4 –3,6 4,0 –4,2UE 12 4,85 4,5 4,3 –4,5 4,4 –4,6Grande-Bretagne 5,90 5,2 5,2 –5,3 5,3 –5,5Japon 0,55 0,1 0,0 –0,1 0,0 –0,1

PrévisionFin 00 19.07.01 3 mois 12 mois

Suisse 3,47 3,4 3,3 –3,4 3,9 –4,0Etats-Unis 5,11 5,1 5,0 –5,2 5,3 –5,5Allemagne 4,85 5,0 4,8 –4,9 5,2 –5,3Grande-Bretagne 4,88 5,1 4,9 –5,0 5,3 –5,4Japon 1,63 1,4 1,3–1,4 1,4 –1,5

PrévisionFin 00 19.07.01 3 mois 12 mois

CHF/USD 1.61 1.73 1.74 –1.79 1.70–1.72CHF/EUR* 1.52 1.50 1.50–1.51 1.48–1.50CHF/GBP 2.41 2.45 2.42–2.47 2.38 –2.43CHF/JPY 1.41 1.40 1.36–1.44 1.25–1.27* Taux de conversion : DEM/EUR 1.956; FRF/EUR 6.560; ITL/EUR 1936

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Je cherche, donc je suisDans l’immensité d’Internet, trouver des informations est de plusen plus difficile. Se passer d’aide est donc impossible. Mais tousles moteurs de recherche ne sont pas d’une efficacité égale.

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53Bulletin 4| 01Credit Suisse

Daniel Huber, rédaction Bulletin

E-BUSINESS

« Deux secondes, je vais regarder surInternet », une phrase qui relève de plus en plus du surréalisme. Car Internet abeau être très intelligent, avec ses mil-liards de sites, y trouver les informationsque l’on cherche est de plus en plus diffi-cile. Rien d’étonnant donc à ce que 80%des internautes fassent appel à des outilsde recherche spécialisés. Et l’offre est à lahauteur de la demande ! Il existe mêmedes moteurs de recherche pour moteursde recherche (par exemple copernic.com).Mais tous les outils ne se ressemblent pas.Il en existe en effet trois sortes : les moteursde recherche, les annuaires de rechercheet les métamoteurs de recherche.

Les moteurs de recherche analysent etindexent les contenus des nouveaux sitesWeb, ainsi que leurs liens, à l’aide de ce quel’on appelle des « robots » ou des « arai-gnées ». La recherche proprement diteconsiste à explorer les bases de donnéesainsi constituées et inclut tous les conte-nus textuels. Les résultats sont nombreuxmais peu précis.

Les annuaires de recherche n’utilisentpas de programmes informatiques auto-matisés. Des rédacteurs en chair et en osparcourent le réseau pour y trouver dessites intéressants et vérifient la qualité dessites nouvellement inscrits. Ce sont euxqui décident de les admettre ou pas dansleur annuaire.

Les métamoteurs de recherche, con-trairement aux deux autres outils, ne dis-posent d’aucune base de données propre.Ils transmettent les requêtes à plusieursannuaires et moteurs de recherche enmême temps, puis fusionnent les résultatset les classent selon certains critères.

On ne peut jamais être vraiment certaind’avoir trouvé toutes les informations dis-ponibles sur le Net à propos d’un sujetprécis, même si l’on utilise une centaine de moteurs de recherche performants. LeWeb est tout simplement trop vaste. Pourdes raisons techniques, les différents outils

de recherche ne peuvent explorer que lapartie superficielle d’Internet. Or, derrièrecelle-ci se cache une quantité incroyabled’informations. Selon une étude réaliséepar le fournisseur de contenus américainBrightPlanet (www.brightplanet.com), lapartie cachée du réseau, appelée « Webprofond » (deep Web), est 500 fois plusvaste que la zone connue des moteurs derecherche, appelée « Web de surface »(surface Web). Le Web profond regroupeen particulier des bases de données misesen ligne gratuitement mais auxquelles lesrobots et les araignées des moteurs derecherche ne peuvent accéder. C’est dureste bien dommage, car selon Bright-Planet, presque toutes ces bases dedonnées offrent à la fois une qualité élevéeet un contenu informationnel supérieur à lamoyenne.

Délimitation des recherches

Pourtant, avec plus de trois milliards depages accessibles en ligne, le Web de sur-face propose déjà plus de réponses que la plupart d’entre nous le souhaitent.Exemple : l’internaute amateur d’art quisaisit le nom d’Alberto Giacometti dans lechamp de recherche du plus grand mo-teur, j’ai nommé www.google.fr, pour serenseigner sur l’exposition organisée jus-qu’au 2 septembre 2001 par le musée deZurich, se verra proposer quelque 15 600réponses en un rien de temps ! Bon cou-rage pour la lecture !

Délimiter ses recherches en utilisantdes opérateurs logiques, là est la solution.En référence au mathématicien GeorgeBoole (1815–1864), les spécialistes par-lent de logique booléenne (voir encadré« Mieux chercher pour mieux trouver »).Quand on ajoute le terme « exposition » à« Alberto Giacometti », on n’obtient plusque 490 résultats. C’est encore beau-

coup, mais le premier résultat contientdéjà le lien qui mène aux informationsrecherchées (www.kunsthaus.ch).

70 millions de requêtes par jour

C’est justement grâce à cette précisiondans le classement des résultats, ou ran-king, que Google est devenu, en l’espacede trois ans, le moteur de recherche leplus important et le plus plébiscité dumonde. La qualité d’un moteur de re-cherche se mesure aux vingt premiersrésultats. Pourtant la plupart des utilisa-teurs abandonnent dès le dixième.

Actuellement, Google traite environ 70 millions de requêtes par jour. Et deplus en plus de gens ne jurent que par lui.Une « success story » hors du commun, quitrouve ses origines dans un projet d’étudede l’université californienne de Stanford.Au milieu des années 90, les moteurs derecherche se sont trouvés dépassés parl’explosion d’Internet. La qualité des résul-tats de recherche se détériorait en perma-nence. L’objectif du projet était de déve-lopper de nouvelles méthodes de saisiedes données et de ranking. Principale ori-ginalité de Google : pour déterminer la per-tinence des sites, Google ne se base pasuniquement sur la fréquence et la positiondes termes recherchés (dans le résumé, le

OUTILS DE RECHERCHE FAVORIS

Moteurs de recherche : google.fr, hotbot.com, fastsearch.com, northernlight.com,

lycos.fr, search.ch, altavista.fr, excite.fr

Annuaires de recherche : yahoo.com, yahoo.fr, nomade.fr, voila.fr

Métamoteurs de recherche : copernic.com, metacrawler.com

TOP TEN DES MOTS-CLÉS

1. Loft story

2. Sexe

3. Photos

4. Gratuit

5. France

6. Vidéo

7. Carte

8. Nue

9. Jeux

10. ParisSource: lycos.fr, juillet 2001

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54 Bulletin 4| 01Credit Suisse

titre, au tout début du texte, etc.), maisaussi et surtout sur le nombre de liensrenvoyant à ces sites.

Google s’appuie donc sur la notion de popularité. C’est un atout supplémen-taire qui lui permet, lors de l’indexationd’un site, de référencer un grand nombred’autres sites sans devoir les consulter, ense basant simplement sur les descriptionsde liens. Cela fait gagner du temps et aug-mente la capacité de saisie. Avec environ1,3 milliard de sites référencés, Googleest presque deux fois plus vaste que sonconcurrent le plus direct, Fast Search,connu auparavant sous le nom d’Alltheweb(situation en juin 2001). Doté d’une paged’accueil à la fois sobre et claire, Googleest aussi extrêmement convivial.

Résumé : Google bat ses concurrents, ouobtient au moins la mention « très bien », àpresque tous les tests comparatifs. Plusde 120 sites sous-traitent leurs fonctionsde recherche à la société californienne,confirmant ainsi son écrasante supériorité.Des noms aussi prestigieux que Yahoo et Netscape figurent sur la liste de sesclients. Mais ni Google ni ses concurrentsne dévoilent les détails de leur système declassement. Depuis que les moteurs derecherche existent, les webmasters s’ef-forcent en effet de placer leurs pages

commerciales en tête de liste des résul-tats. Car le but est d’attirer vers les sitesle plus grand nombre de clients virtuels, cequi exige de se faire une place dans lesvingt premiers résultats de recherche.Très inventifs, les webmasters dévelop-pent dans ce but des techniques toujoursplus perfectionnées. Cela va de la répéti-tion ciblée de mots-clés dont on sait qu’ilssont souvent recherchés à l’insertion detextes invisibles (par exemple écritureblanche sur fond blanc) truffés de ce genrede termes. Optimiser le placement d’un siteWeb est donc une opération délicate.Lorsque le rapport entre les mots-clésapparaissant dans le titre ou le chapeau etle contenu réel est tiré par les cheveux,sinon inexistant, on parle de « spamming »(de l’anglais « spam», qui veut dire messagenon sollicité). Pour déceler et déjouer cespratiques abusives, les outils de rechercheutilisent des filtres spéciaux. Quand lestentatives de spamming sont flagrantes, les sites concernés sont déclassés, voireretirés de l’index des sites.

A la conquête du Web

La même sanction est appliquée aux sitesqui s’inscrivent plusieurs fois auprès desannuaires de recherche pour accroîtreartificiellement leur notoriété. Une batailletechnologique sans merci oppose donc leswebmasters et les fournisseurs de mo-teurs de recherche, qui rappelle celle quese livrent les fabricants de logiciels et lespirates informatiques.

MIEUX CHERCHER POUR MIEUX TROUVER

Bien se préparer

• Utiliser le bon outil. Par exemple, les annuaires sont généralement mieux adaptés

à la recherche d’informations générales que les moteurs de recherche. Les sous-

rubriques des annuaires contiennent la plupart du temps un nombre restreint

d’entrées, tandis que les moteurs de recherche proposent sur des termes géné-

riques tels que « sport » et « golf » un nombre incalculable de résultats.

• Utiliser plusieurs outils pour les recherches complexes. Chaque moteur de

recherche offre des réponses différentes.

• Vérifier si une adresse Internet n’existe pas déjà sur le sujet de recherche. Tou-

jours essayer de taper « www » plus le mot-clé recherché suivi de l’extension adé-

quate (.ch, .fr, .com).

Lancer des requêtes pertinentes

• Taper le mot-clé le plus précis possible. Par exemple, saisir « logement de

vacances» au lieu de « vacances».

• Ecrire tous les termes en minuscules. Ainsi, les outils recherchent les termes

aussi bien en minuscules qu’en majuscules.

• Utiliser le singulier. Cela accroît le nombre de résultats et leur qualité.

• Restreindre sa recherche au moyen de liens logiques (opérateurs booléens) :

ET (+, AND, &) Tous les termes doivent être trouvés.

OU (espace, or, /) L’un ou l’autre des termes doit être trouvé.

Sauf (–, not) Le terme ne doit pas apparaître.

Les moteurs de recherche utilisent parfois des opérateurs différents. Ainsi,

Google relie automatiquement plusieurs termes par l’opérateur ET. Attention : il

n’y a pas d’espace après le + ou le – : +logement de vacances +engadine, beatles

+yesterday +texte.

• Mettre entre guillemets les expressions figées telles que les noms propres, les

titres de films ou les citations : «un petit pas pour l’homme », « kofi annan».

• En cas de doute sur l’orthographe d’un mot ou sur une désignation, ne taper

qu’une partie en la faisant précéder ou suivre d’un astérisque (*). Cela laisse plu-

sieurs possibilités : « kofi an* ».

TRUCS ET ASTUCES

www.ilor.com. Basé sur la technologie Google et truffé de tuyaux intéres-

sants, ce site est apparu récemment sur le net, mais il est déjà le petit pré-

féré des pros de la navigation.

www.ask.com (anciennement askjeeves). Parfait pour les surfeurs communi-

catifs à l’aise dans la langue de Shakespeare, ce site permet vraiment de po-

ser des questions. Pour une fois, les internautes ne se sentent plus aussi seuls.

Tout ce qu’il faut savoir pour se faire

une place dans les dix premiers résultats

des moteurs de recherche.

www.credit-suisse.ch/bulletin(en allemand)

Page 55: Le magazine de Credit Suisse Financial Services et de Credit … · 2019-01-29 · laient durer ont été bien déçus. Pour le coup, l’euphorie qui régnait à la fin des années

55Bulletin 4| 01Credit Suisse

En cliquant sur www.credit-suisse.ch/bulletin,vous accédez à quantité d’informations, d’ana-lyses et d’interviews sur l’économie, la société,la culture ou le sport.

Credit Suisse:l’Europe des clients fortunésLes banquiers font les yeux doux aux clients dits« fortunés », des particuliers disposant d’un capital àinvestir se situant entre 50 000 euros et 1 milliond’euros. Ces clients se voient proposer un serviceglobal allant des fonds de placement aux assurances-vie en passant par le conseil fiscal. Après l’Italie, leCredit Suisse élargit son offre à l’Allemagne et àl’Espagne. Le Bulletin Online fournit des chiffres surle potentiel de ces deux marchés pour la banque etl’assurance.

Mon Web:Internet sur mesureMyYahoo, MySchwab, MyCSPB, etc. : fini la produc-tion de masse, voici l’heure du sur-mesure que lecybernaute définit à sa guise. De leur côté, lesentreprises s’efforcent d’aborder les clients indivi-duellement sur leur site Web. Le Bulletin Online s’estentretenu avec deux experts sur les avantages et lesinconvénients de l’offre personnalisée et sur l’avenirdu marketing relationnel.

Autres thèmes du Bulletin Online:• Les clés du « Top 10 » : comment se placer

au mieux dans les moteurs de recherche• Assurance-vie : pourquoi elle est si populaire

au Japon• Politique de formation en Suisse : entretien

avec un expert sur la transformation du systèmescolaire en Suisse

HISTOIRE DE FAMILLE : HAPPY BIRTHDAY «ROLLMOPS » !

« tomlinson@bbn-tenexa»: c’est ainsi que tout a commencé. Un

beau jour de la fin 1971, l’informaticien Ray Tomlinson a envoyé

le premier message électronique à un autre ordinateur situé dans

le même bureau à Boston. Le contenu du message en disait long

sur son but : « test». Le destinataire était la propre boîte aux lettres

de l’ingénieur, qu’il avait baptisée peu de temps auparavant « tom-

linson@bbn-tenexa». «bbn» signifiait Bolt Beranek and Newman,

son employeur, « tenexa» étant le système d’exploitation de l’or-

dinateur. L’élément important et qui, a posteriori, s’est révélé

visionnaire, était la séparation entre le nom de l’émetteur et celui

de l’ordinateur hôte. En effet, Ray Tomlinson avait cherché sur son

clavier un caractère qui ne puisse pas se trouver dans un nom de

famille et qui ne soit ni lettre ni chiffre. L’heure de gloire du @ était

arrivée. Pendant des décennies, le «kriksatrulla» («machin in-

connu» en estonien) avait mené une pauvre existence en marge

du clavier. Et voilà qu’aujourd’hui, la « trompe d’éléphant» (Dane-

mark) est sur toutes les lèvres. Mais aussi simple que soit la trans-

position graphique du «shtrudel» (Israël), aussi pénible s’avère la

prononciation de l’«arobase», que les Suisses alémaniques qua-

lifient de «queue de singe»; et les autres pays ne font pas mieux,

avec un «bâton de cannelle», en Suède, sans parler du «miuku-

mauku» (le «miaou» du chat), en Finlande. Même Tomlinson n’a

appris que plus tard que le «ver de terre» (Hongrie) portait en

anglais le nom prédestiné de «at» («chez» en français). Tous les

utilisateurs du e-mail attendent donc tranquillement @ eux que

quelqu’un mette fin à cette Babel électronique autour du plus in-

ternational des symboles. Après tout, «Web» et «e-mail» ont bien

accédé à une gloire mondiale. Qui sait, peut-être les Tchèques

l’emporteront-ils? Envoyez donc simplement votre avis à

daniel.huber.4«Rollmops»cspb.com.

Daniel Huber

[email protected]

Dans le Bulletin Online(en allemand)

propos@

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56 Bulletin 4| 01Credit Suisse

E-BUSINESS

Insurance Lab:du sur-mesure en quelques clicsSur www.cspb.com/insurancelab, un outil interactif permet de comparer en ligneles offres des neuf principaux assureurs-vie en Suisse. Daniel Huber, rédaction Bulletin

« L’idée d’InsuranceLab est née denotre volonté d’of-frir aux clients lemeilleur conseil entoute circonstance »,déclare Luzi Saluz,chef de produit àl’Insurance Com-petence Center deCredit Suisse Private Banking.

Grâce à ce service, les clients du CreditSuisse peuvent souscrire auprès de labanque des assurances-vie de prestatairestiers. Le souci de proposer au client unesolution sur mesure prime donc sur celuide vendre des produits du Credit Suisse.

Les arguments en faveur de la sous-cription d’une assurance-vie, tels que laprévoyance et les avantages fiscaux, sontidentiques quelle que soit la compagnie.Seule une comparaison détaillée desprestations permet de choisir la meilleureoffre. Les prestations varient en effetselon l’âge et le sexe du client et selon ladurée de l’assurance ou le montant de laprime.

Insurance Lab compare en ligne les as-surances-vie de neuf grandes compagniesqui couvrent à elles seules environ 80%du marché suisse. Pour cela, il suffit auclient de saisir les informations néces-saires au calcul des offres. Insurance Labcrée donc une réelle transparence là où ilfallait autrefois rassembler et comparer

soi-même les propositions écrites des dif-férents assureurs.

Prenons l’exemple concret d’unefemme de 53 ans souhaitant placer200 000 francs sur sept ans. Voici ce quelui révèle immédiatement la comparaisonentre les rendements des différents pro-duits : une différence de 12 000 francsentre le versement garanti à l’échéancepar la meilleure offre et celui de l’offre lamoins intéressante. Le choix est simple.Ce système oblige les compagnies d’as-surances à proposer des conditions plusavantageuses. Ce qui réjouit Luzi Saluz :« Comme seules les meilleures offres sevendent, il n’est pas rare que les com-pagnies revoient leurs conditions dès

qu’elles reculent dans le classementd’Insurance Lab. »

Malgré la rude concurrence, les com-pagnies ont accueilli favorablement Insu-rance Lab, qui leur ouvre un nouveaucanal de distribution non négligeable, In-surance Lab a en effet généré l’annéedernière un chiffre d’affaires d’environ undemi-milliard de francs. Sans compter que la vente d’assurances via ce canalcoûte moins cher aux compagnies. Enfin,compte tenu de l’importance des volumes,ces dernières proposent souvent leursproduits à des conditions plus intéres-santes que ne le permet la vente directe.L’avantage est donc double pour le clientdu Credit Suisse.

NEUF COMPAGNIES

DANS INSURANCE LAB :

Allianz

Bâloise

Credit Suisse Life

Helvetia Patria

Nationale

Rentenanstalt/Swiss Life

Vaudoise

Winterthur

Zurich

L’exonération fiscale des assurances-vie

permet d’offrir de meilleurs rendements.

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E-BUSINESS

Le Credit Suisse propose également un conseil sur mesure en ligne pourl’achat de parts de fonds de placement et pour celui d’immeubles.

fournit alors la liste des dix fonds de pla-cement qui ont enregistré la meilleure per-formance au cours des trois dernières an-nées. Enfin, les clients de Direct Net duCredit Suisse peuvent acheter et vendredirectement des parts de fonds en ligne.

Les autres « laboratoires » du Credit Suisse

Fund Lab :plus de 1000 fonds de placement

Lancé il y a deux ans par Credit SuissePrivate Banking, Fund Lab a révolutionnéle marché international des fonds de pla-cement. Sur www.cspb.com/fundlab, onpeut comparer les informations et les ana-lyses concernant plus de 1 000 fonds deplacement. Les produits du Credit SuisseGroup sont complétés par ceux de 35 autres sociétés renommées. Un sys-tème de notation cohérent, développéspécialement pour Fund Lab, permetd’évaluer les fonds selon des critèresquantitatifs, ce qui rend possible la com-paraison. Le client peut aussi rechercherles fonds qui l’intéressent, grâce à un ou-til proposant jusqu’à 16 critères de sélec-tion. En quelques secondes, Fund Lab

hypothécaires appliqués par les banques etles compagnies d’assurances. Enfin, grâceà sa collaboration avec des partenaireslocaux, Credit Suisse Private Banking esten mesure de proposer des financementsdirectement dans le pays concerné.

Estate Lab :l’accès le plus direct à la propriété

Sur www.cspb.com/estatelab, Estate Labaccompagne les clients du Credit Suissedans la recherche et l’acquisition d’un bienimmobilier de premier ordre en Suisse, enAllemagne, en France, en Espagne, enItalie ou en Grande-Bretagne. La présencede Credit Suisse Private Banking danstous ces pays est le gage de sa grandeexpérience des habitudes, des lois et desdispositions qui régissent les marchésimmobiliers nationaux. Estate Lab offre enpermanence un large choix d’immeublesde standing faisant l’objet d’une descrip-tion détaillée, avec différents critères quipermettent de cibler la recherche. EstateLab présente également plusieurs mo-dèles de financement et compare les taux

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Interview: Vorname Name,

Redaktion Bulletin

MARTINA BOSSHARD Monsieur Nielsen, qu’est-

ce que l’utilisabilité ?

JAKOB NIELSEN L’utilisabilité signifie que la technologie doit être simple et com-préhensible, s’adapter au comportementhumain – et non l’inverse. Les appareils et applications techniques doivent êtreconçus de telle sorte que leur utilisationsoit simple.

M.B. Comment obtenir cette convivialité ?

J.N. Avant de s’attaquer à un projet, ona besoin d’une étude de terrain. Il faut ob-server les gens dans leur environnementnaturel. Prenons l’exemple d’Intranet pourune entreprise : dans ce cas, il est indis-pensable d’aller dans les bureaux des em-ployés observer comment ils travaillent.Cela donne des idées aux responsables deprojet sur la manière dont le nouveausystème pourra faciliter le travail des utili-sateurs. C’est la seule façon de créerquelque chose de véritablement judicieux.Quel que soit le produit envisagé – ordi-nateur, site Web, magnétoscope ou télé-phone portable –, il faudra toujours qu’ilsoit testé par les futurs utilisateurs. Uncontrôle de cette nature dévoile très viteles faiblesses de l’appareil ou de l’appli-cation.

M.B. De combien de personnes a-t-on besoin

pour ce test ?

J.N. Cinq suffisent la plupart du temps.En effet, si cinq personnes ont le mêmeproblème avec une application, on peut endéduire que la majorité des gens s’y heur-teront. L’élément en cause doit être amé-

58 Bulletin 4| 01Credit Suisse

L’internInterview: Martina Bosshard, rédaction Bulletin Online

JAKOB NIELSEN : SPÉCIALISTE D’INTERNET

Jakob Nielsen est titulaire d’un doctorat en sciences informatiques/

conception des interfaces utilisateur de l’Université technique du

Danemark. En 1998, il a fondé avec Donald A. Norman le «Nielsen

Norman Group », une entreprise de conseil en utilisabilité. Il est

l’auteur d’un grand nombre d’ouvrages spécialisés, dont «Conception

de sites Web : l’art de la simplicité », paru en 2000. Cet ouvrage est

devenu un best-seller international. Nielsen est rédacteur d’une

chronique bimensuelle sur son propre site Web : www.useit.com. Il

vit en Californie.

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lioré. Chaque fois qu’une modification alieu, il convient de revérifier l’utilisabilité,car le comportement humain n’est abso-lument pas prévisible.

M.B. Vous préconisez des tests d’utilisabilité

internationaux. Pourquoi ?

J.N. Il est indispensable que les sitesWeb dont l’objectif est de vendre des pro-duits dans plusieurs pays soient soumis àdes tests d’utilisabilité internationaux. Carles utilisateurs réagiront sans doute dif-féremment en fonction de leur langue etde leur culture. Comme les sites Web,bien souvent, ne sont pas traduits, lesétrangers ont des problèmes de com-préhension. Il est donc primordial que lestextes soient simples et compréhensibles.Même une traduction ne résout pas tousles problèmes, aucun mot n’ayant unecorrespondance absolument identiquedans plusieurs langues. C’est pourquoi les sites traduits doivent être égalementsoumis à des tests d’utilisabilité.

M.B. A quoi doit veiller une entreprise sur

son site Web ?

J.N. La question qui se pose est de sa-voir pour quelle raison les gens se rendentsur un site. Cet aspect est souvent né-gligé, surtout par les grandes entreprises,qui ont une autre priorité : elles pensentd’abord à ce qu’elles veulent proposer auxgens sur leur site. Mais, sur le réseau, ilest très difficile d’imposer un choix. L’in-ternaute est roi, c’est lui qui décide. Lesite Web doit avant tout offrir aux utili-sateurs ce qu’ils cherchent. Bien des

entreprises font aussi l’erreur de conce-voir leur présence Internet à la manièred’un prospectus. Elles pensent qu’un ef-fort ponctuel leur permettra d’obtenir unbeau site une fois pour toutes. Mais si l’onsouhaite que les utilisateurs reviennentrégulièrement, il faut que le site soit vivantet sans cesse actualisé.

M.B. Les utilisateurs ne sont-ils pas dés-

orientés si un site Web évolue constam-

ment ?

J.N. Pas si la structure est stable. Il fautque le site soit conçu correctement dès ledébut. Des modifications structurelles etle déplacement d’éléments désoriententles utilisateurs. Mais si les éléments debase subsistent, on peut les utiliser pourintégrer sans cesse de nouveaux con-tenus.

M.B. Quelles sont à vos yeux les tendances

positives sur Internet ?

J.N. Le point le plus positif est que leWeb nous propose de plus en plus deprestations. Cela ne semble peut-être pasremarquable, mais on ne doit pas oublier

quelle était la situation il y a cinq ans. En1996, il y avait peu de sites commerciaux.Aujourd’hui, nous pouvons considérer quepratiquement tous les produits sont envente sur le Web. Internet fait partie denotre quotidien. Je procède toujours àNoël au test des cadeaux : combien vais-je pouvoir m’en procurer sur la Toile ? En1996, j’ai juste pu commander un livre.L’an dernier, tout était disponible surInternet. Même la dinde de Noël, qui estarrivée au moment voulu. Un second pointpositif est que le design du Web évoluedans le sens de l’utilisabilité. Auparavant,nous avons connu la mode du design « cool »: d’un point de vue graphique, lessites étaient très beaux, mais ils étaientinutilisables. Dorénavant, la plupart dessites Web prennent mieux en compte lesbesoins des utilisateurs.

M.B. Qu’est-ce qui ne vous plaît pas sur le

Web ?

J.N. Les sites Web pourraient être en-core simplifiés. Aujourd’hui, le client quisouhaite trouver quelche chose sur Inter-net, faire un achat ou effectuer une trans-

59Bulletin 4| 01Credit Suisse

E-BUSINESS

Jakob Nielsen, le gourou de « l’utilisabilité », s’investitdepuis des années en faveur d’une plus grande convivialitéd’Internet. Avec succès.

aute est roi

Jakob Nielsen, spécialiste d’Internet

«Internet ne doit pas rester un espace gratuit »

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CREDIT SUISSE et WINTERTHUR – une équipe gagnante en bancassurance.

Réaliser de grandes idéespour l’avenir.

Et vous, quel est votre objectif?

Utiliser les biens d’investissement au lieu de les acheter, voilà la clé du succès pour les entreprises

d’aujourd’hui. Vous nous confiez tout simplement le financement et la gestion pour vous consacrer

entièrement à vos activités principales. Pour en savoir plus sur le leasing des biens d’investissement,

appelez nos spécialistes au 021/620 14 00, tapez www.credit-suisse.ch/fr/leasing

dans Internet ou consultez votre conseiller CREDIT SUISSE.

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action n’aura guère de problèmes. Maisquand le site choisi n’est pas vraimentclair, il a tendance à ne pas y rester. Si,après trois clics, l’internaute se perd ouque la procédure lui semble trop compli-quée, il va voir ailleurs. Les entreprisesdoivent engager plus de moyens pour queleurs sites Web soient faciles à utiliser et rapidement téléchargeables. Les sitesdont le téléchargement prend des heuressont dépassés. L’économie mondiale perddes millions de dollars parce que les genspassent un temps fou au bureau à télé-charger des pages Web.

M.B. Est-ce la raison pour laquelle vous êtes

opposé aux images sur Internet ?

J.N. Non, je ne suis pas en principecontre la diffusion d’images sur le réseau.Cependant, la plupart des internautes ontune connexion lente qui ne leur permetpratiquement pas de se rendre sur les sitesayant beaucoup de grands graphiques.Les petites images ne présentent en re-vanche aucun problème. Malheureuse-ment, les images sont souvent mal utili-sées : on fait apparaître un mannequinsouriant en pensant que cela rend le siteplus attractif. C’est idiot ; chaque élémentdu site doit avoir un contenu informatifprécis. Les diagrammes boursiers mon-trent bien qu’un petit graphique peut êtreplus pertinent qu’une énorme quantité detexte.

M.B. Que pensez-vous des retransmissions

vidéo sur Internet ?

J.N. Nous disposons ici d’un fort poten-tiel. Mais l’utilisation de la vidéo sur le Webest souvent calquée sur la télévision.Internet n’est pas le bon support pour leslongs métrages, une vidéo sur le Web doit être brève et informative. Il reste quenous avons un problème technique avecles vidéos sur Internet ; l’image est géné-ralement de très mauvaise qualité. Jecrois qu’il faut accepter ces restrictionsd’ordre technique et n’utiliser la vidéo que

61Bulletin 4| 01Credit Suisse

de manière très ponctuelle. A terme, laretransmission vidéo s’imposera sur le réseau.

M.B. Vous défendez l’idée selon laquelle les

internautes devraient payer les services.

Pourquoi ?

J.N. Si les utilisateurs paient, les sitesWeb tiendront mieux compte de leursbesoins. Pour le moment, c’est le publici-taire qui est client et non l’utilisateur. C’estpourquoi les sites sont conçus de manièreà offrir le plus d’espace publicitaire pos-sible. La convivialité devient secondaire etla qualité en souffre énormément. Il existebien sûr des cas de figure où il serait ab-surde d’exiger de l’argent. Par exemple,les sites Internet qui vivent de la vente deproduits. Les sites des entreprises reste-ront naturellement gratuits eux aussi. Ilsservent à établir un contact avec le client,fournissent des informations marketing etsont utilisés à des fins de relations pu-bliques. Les entreprises dépensaient déjàde l’argent dans ces domaines avantInternet. Mais dès que le site Web devientun service en soi, il serait normal d’exigerune taxe. Cela aurait une conséquencetrès positive : les entreprises seraient con-traintes de définir très précisément lesprestations présentant un intérêt tel que le client serait disposé à payer pour lesobtenir.

M.B. Les paiements doivent-ils se faire par

carte de crédit ?

J.N. Non, je suis pour le système dit dumicro-paiement, comparable à une fac-ture téléphonique. On recevrait à la fin dumois une facture indiquant la somme detous les services utilisés sur le réseau. Ilest important de pouvoir additionner diffé-rents services, car pris séparement, ils necoûteraient presque rien, de l’ordre dequelques centimes l’unité. Dans ce con-texte, la carte de crédit est inutilisable car le coût administratif serait bien tropimportant pour de si petites sommes.

M.B. Comment comptez-vous pousser les

gens à payer ce qui, jusque-là, était gra-

tuit ?

J.N. Ce sera sûrement difficile. On nepeut pas passer du jour au lendemain d’unespace gratuit à un environnement payant.Cette mutation doit avoir lieu progressive-ment. On prélèvera d’abord un petit mon-tant en échange de prestations très spé-cialisées ; les autres prestations pourraients’aligner peu à peu sur plusieurs années.

M.B. Croyez-vous à l’avenir du commerce

électronique ?

J.N. Absolument. Tout ce qui est vendupar correspondance peut également êtrevendu sur Internet. Pour le moment, lavente par catalogue est bien plus impor-tante. Le site Web offre pourtant plus depossibilités qu’un catalogue : il est inter-actif et peut sans cesse être mis à jour.Contrairement au catalogue, il ne génèreni frais d’impression ni frais d’envoi. Celadit, les connexions sont encore beaucouptrop lentes et les gens n’ont pas le tempsde télécharger tout un catalogue. MaisInternet s’améliore constamment, qu’ils’agisse du matériel, de l’étendue desconnexions ou de l’utilisabilité. Le com-merce électronique va connaître unecroissance exponentielle. Les cataloguesexistent depuis plus de cent ans et ils se sont constamment développés. Il fautaussi donner du temps à Internet.

Le Bulletin Online vous propose une

liste commentée de liens ayant trait à

l’utilisabilité.

www.credit-suisse.ch/bulletin(en allemand)

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En été, les champs de lavande habillentles plateaux de Haute-Provence de re-flets mauves intenses. Dans la forêt tropi-cale de Papouasie-Nouvelle-Guinée, uneorchidée s’épanouit en de magnifiquescouleurs. Année après année, les rosiersde l’île de Mainau, sur le lac de Cons-tance, suscitent l’admiration des visiteurs.Comme si leur beauté esthétique ne suf-fisait pas, ces fleurs exhalent de surcroîtdes parfums envoûtants. Notre languemanque singulièrement d’adjectifs pourdécrire la richesse du monde olfactif, maiselle sait suggérer le plaisir que peuventprocurer certaines odeurs et le bonheur deles retrouver dans un parfum.

L’histoire du parfum est étroitement liéeà celle du luxe. Dans l’Antiquité, les Egyp-tiens embaumaient le corps des pharaons– ou du commun des mortels, pourvu qu’ilsoit suffisamment riche – avant de le cou-cher dans un cercueil en cèdre, un boistrès odorant. Des flacons remplis d’huilesparfumées et de baumes accompagnaientle défunt dans l’au-delà.

Les essences de rose et de jasmin, lesdeux piliers de la parfumerie, occupentdepuis toujours une place de choix dans lacomposition de fragrances exclusives.Pas moins de quatre à cinq tonnes de pé-

tales de roses sont nécessaires pour ob-tenir, par un procédé d’extraction coûteux,un kilo d’huile essentielle qui, selon laqualité, vaudra de 4 000 à 8 000 francssuisses. Mais la noblesse des ingrédientsne suffit pas à faire un parfum précieux :tout est dans la composition. Les artisansde l’Antiquité le savaient bien, qui, degénération en génération, s’efforçaient de protéger les formules de leurs parfums

et essences des imitateurs et faussairespeu scrupuleux.

Le nez se souvient

La fabrication de senteurs naturelles reste aujourd’hui encore complexe et trèscoûteuse. L’essence naturelle de rose,constituée d’environ 120 composants, apourtant pu être recréée presque à l’iden-tique à partir d’une sélection des 45 prin-cipales substances odorantes – pour unprix 200 fois inférieur. La reproductiond’arômes naturels en laboratoire a révo-lutionné la fabrication des parfums. En1889, Guerlain fut le premier, avec « Jicky », à utiliser des ingrédients en par-tie synthétiques.

Dans quelle mesure les parfums desynthèse sont-ils fidèles à l’original ? « Untest en aveugle portant sur l’essence derose a donné des résultats très intéres-sants : 90% des personnes ont en effetchoisi le parfum synthétique », expliqueRoman Kaiser. Ce chimiste chez Givaudanrecherche dans la nature des molécules etconcepts olfactifs qu’il analyse et repro-duit en laboratoire afin de fournir auxparfumeurs les ingrédients de leurs créa-tions. « Les matières synthétiques per-mettent d’apporter une note nouvelle

ART DE VIVRE

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Qu’importe le flacon…Avec le retour en force de la qualité et du luxe,des parfums nobles, tombés dans l’oubli,retrouvent une seconde vie. Jacqueline Perregaux, rédaction Bulletin

«No.1 » de Clive ChristianLe nec plus ultra des parfums de luxe, un rêve dans un flacon de cristal.

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dans un parfum », remarque Werner Abt,de la parfumerie zurichoise Osswald. Lechoix d’y recourir ou pas est affaire degoût et comporte un risque. En effet, lamémoire joue un rôle central dans l’ap-préciation des odeurs. C’est elle qui dé-termine si une odeur nous paraît agréableou non. Confrontée à un arôme de syn-thèse, elle est désorientée car celui-cin’est associé à aucun souvenir. Notre nezdoit donc d’abord découvrir cette nouvelleodeur afin de la rapprocher d’expériencesolfactives antérieures. Roman Kaiser a re-constitué le parfum de l’écorce de Giron-niera, un arbre qu’il a découvert enPapouasie-Nouvelle-Guinée : « C’est uneodeur de bois frais et humide, avec desnotes fruitées qui rappellent les pommesau four. » Les molécules de synthèseoffrent donc un éventail de possibilitésimpressionnant. Elles viennent enrichirl’orgue du parfumeur, qui utilise de 20 à200 notes différentes dans la compositiond’un parfum.

Le luxe fait recette

En Suisse, environ 150 nouveaux parfumssont commercialisés chaque année. Lestemps où quelques grandes maisons separtageaient le marché sont révolus depuislongtemps. Aujourd’hui, sportifs, artisteset couturiers créent leur propre ligne, desproduits apparaissent et disparaissentsans cesse. « Le marché des parfums su-bit une concurrence acharnée », préciseHansruedi Weber, gérant de la parfumeriezurichoise Weber-Strickler. Tandis que lesdiscounters et les grands magasins doiventoffrir une gamme aussi large que possible,les parfumeries et les magasins spécialisésmisent sur la sélection, privilégiant la qua-lité et l’exclusivité. Ils répondent en cela àune évolution de la demande dans le sec-teur du luxe, qui redécouvre les vertus decompositions à base de substances natu-relles, pures et rares.

D’anciens parfums, tombés dans l’ou-bli, retrouvent ainsi une seconde vie. C’estle cas des créations de Robert Piguet,longtemps disparues du commerce et qui,une nouvelle fois, rencontrent un succès

immédiat. La carrière du couturier suisse,créateur de la petite robe noire, débuteavec le lancement de « Bandit » en 1944à Paris. Ce parfum pour femmes, au nomosé, fait alors sensation. Il se démarquedes fragrances féminines de l’époque, quise devaient d’être fleuries ou orientales, etmet au premier plan des tonalités boiséeset chyprées. Un parfum de caractère quiséduit des femmes de caractère, MarleneDietrich en tête. Quatre ans plus tard,Robert Piguet récidive avec « Fracas », auparfum de tubéreuse. L’odeur sensuelle etcapiteuse de cette petite plante méditer-ranéenne revient très à la mode. Et toutcomme Marlene Dietrich contribua au suc-cès de « Bandit » dans les années 40, lesfemmes d’aujourd’hui s’arrachent aussi« Fracas » parce qu’il est le parfum préféréde Madonna ou de Sharon Stone. Maislorsqu’un produit rencontre un tel succès,il perd automatiquement de son prestige,aussi sélectif que soit le réseau de distri-bution.

Ce qui ne risque pas d’arriver à CliveChristian. Des prix de 875, 2 600 et24 000 francs suisses le flacon de 30 mllui garantissent une certaine confidentia-lité. Les six parfums de la marque, troisféminins et trois masculins, ont été créésselon des exigences de qualité trèsstrictes. Le flacon de cristal est surmontéd’un bouchon doré à l’or fin. Si vous trou-vez cela trop simple, vous pouvez opterpour la variante de luxe sertie de vrais dia-mants. «1872 » est le parfum traditionnelde la maison Clive Christian, tandis que« X », plus moderne, s’adresse à un publicplus jeune. Mais le must, c’est « No. 1»,composé exclusivement d’ingrédients lesplus nobles et les plus rares et qui méritebien son statut de numéro un.

Sur les traces du sultan d’Oman

Dans une catégorie de prix légèrementinférieure, le légendaire « Amouage » necède en rien aux parfums Clive Christian.Créé par le Français Guy Robert pour le

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« Lors d’un test en aveugle portant sur l’essence de rose, 90% des personnes ont choisi le parfum synthétique »

«Amouage » de Guy RobertCe flacon doré en forme de mos-quée recèle une harmonie subtile desenteurs occidentales et orientales.

«Bois du Portugal » de CreedLe charme de la tradition : le parfumpréféré de l’empereur Napoléon III a séduit plusieurs générations.

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sultan d’Oman en personne, il ne contientque des essences purement naturelles.« Amouage Ladies » réunit des senteursoccidentales et orientales, dont cellesd’un encens rare, présent uniquementdans les montagnes d’Oman, et desarômes précieux de roses. A l’émotionolfactive de ce parfum riche et sensuels’ajoute le plaisir esthétique du flaconreproduisant le minaret d’une mosquéed’Oman. Là encore, différentes versionssont disponibles : en argent, doré, en or24 carats ou serti de diamants et depierres précieuses.

Mais le fin du fin consiste à se fairecréer un parfum sur mesure. Fondée àLondres en 1760, la célèbre maisonCreed a compté nombre de têtes couron-nées parmi sa clientèle : Napoléon III, sonépouse, l’impératrice Eugénie, le roiGeorge IV, la reine Victoria et l’impératriceSissi, entre autres. Napoléon III était telle-ment séduit par les créations de Creedqu’il réussit à convaincre la famille des’installer à Paris en 1854. Les parfumscréés par Creed pour les grands de cemonde peuvent encore aujourd’hui êtrecommandés dans des fioles d’apothicairesemblables à celles d’origine. Certainssont mêmes disponibles dans le com-merce, comme le prestigieux « Bois duPortugal », dont Napoléon III aurait utilisé 162 flacons en l’espace de trois mois.Pour rejoindre le petit cercle d’élus à avoircommandé à Creed un parfum sur me-sure, vous devrez non seulement y mettrele prix, mais aussi vous armer de patience.D’abord, le parfumeur fait connaissanceavec son donneur d’ordre, se familiariseavec ses attentes et ses besoins. Ensuiteseulement, il élabore un modèle qu’il af-fine jusqu’à ce que le client soit entière-ment satisfait. Ce service coûte plus de40 000 francs suisses.

Des parfums «difficiles »

La tendance actuelle est revenue à desfragrances plus exigeantes, moins con-ventionnelles. L’originalité est de nouveaudemandée. Le mot d’ordre est « porte cequi te plaît », et même la frontière rigide

entre parfums féminins et masculins s’ef-face peu à peu. Serge Lutens est donctrès tendance. Il est le créateur d’une cin-quantaine de parfums qu’il vend dans saboutique parisienne. Cinq d’entre eux sontcommercialisés sur un marché très sélec-tif. Selon lui, « l’effet masculin ou féminind’un parfum dépend avant tout du con-texte et de la personne qui le porte. » Ceque confirme le succès de parfums uni-sexes tels que « CK One » ou « CK Be » deCalvin Klein dans les années 90. « La dis-tinction entre parfums masculins et fémi-nins tend de nouveau à disparaître »,confirme Werner Abt. Les parfums pourhommes se font plus fruités, tandis queles parfums pour femmes contiennent da-vantage de notes boisées. Ces composi-tions sont plus intéressantes, car elles sedistinguent du tout-venant, mais elles di-visent également : on aime ou on n’aimepas. « Féminité du Bois » de Shiseido, dontle thème principal est le bois de cèdre, enest un bon exemple. Ou encore « Rush » deGucci, qui marie trois extrêmes : la notefleurie du gardénia, la note boisée du pat-chouli et la note sucrée de la vanille. EtWerner Abt de conclure en faveur de cesparfums plus « difficiles » : « J’aime les par-fums un peu provocants. Un parfum quiplaît tout de suite à tout le monde risquede devenir rapidement ennuyant. »

ART DE VIVRE

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COMMENT UNE SIMPLE FLEUR SE FAIT UN NOM

A côté des parfums de luxe et des eaux de toilette populaires, il existe des

senteurs si nouvelles qu’elles ne sont pas encore utilisées. Pourtant, leur ré-

plique synthétique fera peut-être bientôt carrière dans la parfumerie. Revenu

d’une expédition en Papouasie-Nouvelle-Guinée en février dernier, Roman

Kaiser a reproduit dans son laboratoire des arômes découverts là-bas. Cer-

tains d’entre eux, qu’il qualifie de « simples », trouveront facilement un emploi

dans la parfumerie, mais d’autres, plus inhabituels, feront appel à toute la

créativité des parfumeurs. Parmi ceux-ci, une orchidée rare nommée «Hoya

Unda Namdanga» par les indigènes (Hoya novo guinese) et dont l’odeur rap-

pelle le chocolat noir. «Pour que les indigènes donnent un nom à une fleur,

il faut qu’elle ait quelque chose de spécial. Dans le cas contraire, ils la

désignent simplement par le générique ‹ fleur », explique Roman Kaiser.

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Plus de 70 millions de personnes de

par le monde bravent soleil, vent

et pluie pour mettre aussi habilement

que possible une petite balle blanche

dans 18 trous successifs.

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1Le premier coup assenéavec un gourdin, lointain pré-curseur au sens large d’unclub de golf moderne, étaitvraisemblablement destiné àfrapper l’ennemi, telle est dumoins la conclusion à laquellemène la thèse émise parl’Allemand Heiner Gillmeister.Cet historien du sport fait eneffet remonter l’origine detous les jeux de ballon auxtournois du Moyen Age.Cependant, tandis que leschevaliers s’adonnaient auxnobles joutes, ces combatssinguliers à la lance et à che-val, les artisans et les paysansmesuraient leurs forces autre-ment. Une baudruche rempliede paille assurait le rôle dupreux chevalier tentant d’in-vestir une forteresse pourconquérir le cœur d’une belle.Il s’agissait donc de repousserles assauts par tous lesmoyens. En termes de bruta-lité, ces jeux aux règles plutôtprimitives n’avaient rien àenvier aux combats courtois.La version française de cedivertissement, dite « soule »ou « chôle », autorisait l’usagedes mains et des pieds pourpasser un ballon dans le campadverse. Cependant, unevariante fit rapidement sonapparition : la « soule à lacrosse », qui consacre l’utili-

sation d’un bâton pour pro-pulser la balle, ne serait pasuniquement, selon HeinerGillmeister, la forme archaïquedu hockey, du cricket et dubase-ball, mais égalementcelle du billard et du golf. Et ilsemblerait que ce soit l’emploid’une batte ou d’une cannequi explique la réduction pro-gressive de la balle.

Le premier interdit qui afrappé le golf est à l’origined’une controverse. En effet,différents historiens britan-niques considèrent le décretroyal rendu en 1457 parJames II comme la preuveirréfutable de l’origine écos-saise de ce sport. La décisionpromulguée par le parlementinterdit effectivement le « fute-ball » et le « golfe » pour éviterde distraire les archers del’entraînement au tir. Et l’in-terdiction fut même renforcéeen 1491. Gillmeister réfute laposition de ses confrèresd’outre-Manche en invoquantun acte de prohibition édictépar le magistrat de Bruxellesen 1360, qui punissait lapratique du « colven » d’uneamende de vingt schillings.Pour l’historien allemand, il nefait aucun doute, en raison dela similitude phonétique degolf, de colven et de chôle,

qu’il s’agit bel et bien du des-cendant direct de la « soule àla crosse », bien connue poursa brutalité.

La première illustrationqui, sans méprise possible,montre un golfeur en train deputter donne à nouveau raisonaux tenants de la thèse conti-nentale. Elle figure dans lerecueil de dévotion d’Adélaïdede Savoie, datant probable-ment de 1450. Les livresd’heures du Moyen Ageétaient souvent richementenluminés et miniaturés, lesscènes illustrées étant laplupart du temps inspirées duquotidien. Les images degolfeurs écossais remontent,quant à elles, au début duXVIIIe siècle.

La première mention dugolf comme activité sportiveproprement dite apparaît dansun ouvrage de 1545, le «Tyro-cinium latinae linguae » dePieter van Afferden. Ce livreraconte la vie de tous les joursen néerlandais ainsi qu’enlatin, langue dont l’auteurvoulait, à l’instar d’Erasme deRotterdam, favoriser l’usage.Un chapitre entier y est con-sacré au golf ; et c’est là que,pour la première fois dans le contexte du « kolven », il est

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Le phénomène golf

question du trou dans lequella balle doit pénétrer. Ce quiest particulièrement cocasse,car les défenseurs de l’origineécossaise insistent précisé-ment sur la mention du troudans les descriptions du golfcomme argument irréfutablede leur thèse. Or, la premièredéfinition dans le « Vocabula »anglais-latin de DavidWedderburns date de 1636.

Le premier club de golf estune invention dont le mériterevient incontestablement auxEcossais. En 1680 déjà, Sir John Foulis of Ravelstonparle d’une « company » quijoue régulièrement au golf surla côte de Leith. C’est en1744 que « the Company ofGentlemen Golfers of Leith »prend existence par un pre-mier acte officiel : dans unelettre adressée au Conseild’Edimbourg, elle prie ce der-nier de financer une coupe enargent comme prix du tournoiannuel.

Les premières règles dujeu sont la conséquencedirecte du tournoi de Leith.Jusque-là, le golf obéissait àdes règles différentes d’uncomté à l’autre, voire d’unefamille à l’autre. Il a donc falluuniformiser les règles à l’oc-

Le golf, c’est souvent une passion, sans doute une rude école, et en tout cas une longue histoire. Tentative d’approcher ce phénomène en 18 repères. Daniel Huber, rédaction Bulletin

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casion du tournoi. Le premierrèglement des « EdinburghGolfers » tenait en treizepoints. En 1754, l’honorable« St. Andrews Society ofGolfers » s’en servit commebase pour sa première com-pétition. Les règles du jeu,constamment complétées etmises à jour par St. Andrews,ont certainement beaucoupcontribué au développementdu golf au-delà des frontièresdu comté.

Les premiers parcours horsd’Ecosse se concentraientpresque exclusivement dansles pays du Commonwealth, à l’exception notable des bal-butiements de ce sport auxPays-Bas. Fondé en 1766,Blackheath, dans les environsde Londres, est le premierclub non écossais. Toutefois,on suppose que le golf étaitdéjà pratiqué en Angleterredès le début du XVIIe siècle.

Les premiers terrains horsde la principale île britanniqueont été implantés en 1820 àBangalore, puis à Calcutta(1829) et à Bombay (1842).Suivirent les premiers clubsen Irlande (1856), en France(1856), en Australie (1870),au Canada (1873), en Afriquedu Sud (1885)…

Le premier club américain,selon toute vraisemblance, a été officiellement fondé le22 février 1888, date d’anni-versaire de George Washing-ton. En ce jour de fête, lesEcossais Robert Lockhart etJohn Reid, en proie au mal du pays, décidèrent de mettrefin à leur privation de golf. Ils s’attelèrent donc avec

quelques amis à l’aménage-ment d’un parcours à Yonkers,au bord de la Hudson River, à proximité de New York. A peine eurent-ils terminétrois trous, d’une distancetrès limitée, qu’ils donnèrentle coup d’envoi du premiermatch. Le « St. Andrews GolfClub » était né. A partir de là,comme toute chose dansl’Amérique de l’époque, legolf connut un développe-ment fulgurant. Au début duXXe siècle, le pays dénom-brait plus de mille clubs.

Le premier magazine degolf, intitulé sans ambiguïté« Golf », fut publié en 1897 enAmérique. Aujourd’hui, unnombre infini de titres parais-sent aux quatre coins dumonde pour le plus grandbonheur de la communautédes golfeurs, en constanteexpansion. Ce sport est unesource intarissable de com-mentaires, d’analyses etd’échanges sur les cham-pions, l’équipement, la tech-nique. Le non-initié qui apassé une soirée en compa-gnie de joueurs invétéréspourra vous en dire long surson amère expérience !

Les premiers pros, vers le milieu du XIXe siècle, me-naient une vie plutôt modeste.Certes, ils étaient admirés parles nobles membres de leurclub et enviés pour leur habi-leté, mais l’accès du club-house par la porte principaleleur était interdit, car ils ap-partenaient à la classe labo-rieuse. Ils devaient doncpasser par l’entrée de service.Leurs sources de revenus se

limitaient à l’enseignement dugolf, aux services de cadet,aux petites dotations descompétitions, à la fabricationde clubs et de balles, ainsiqu’à l’entretien du parcours.

La première star du golfs’appelait Tom Morris, né en1821. Dès qu’il reçut sonpremier club à l’âge de sixans, ce fils de facteur futhabité par la passion. Il com-mença par gagner sa vie enfabriquant des balles, puiscomme greenkeeper, avantd’assumer la fonction de chefpro. Il devint une légende dugolf en remportant successi-vement l’Open Championshipde Prestwick, le prédécesseurde l’actuel British Open, en1861, 1862, 1864 et 1867,après avoir occupé la secondeplace lors de la premièreédition, en 1860. Cet hommeà la carrure impressionnanteétait connu pour sa force etsa barbe fournie. Sa célébriténe fut dépassée que par sonfils, Tom Morris Junior, quidès 1868 remporta l’Openpendant quatre annéesconsécutives, déclassant ses rivaux de onze ou douzecoups.

La première balle en caout-chouc fut une petite révolutionen 1898. L’Américain CoburnHaskell eut la brillante idée,alors qu’il rendait visite à unami travaillant auprès de laGoodrich Rubber Companydans l’Ohio, d’enrouler defines bandes élastiques au-tour d’un noyau dur en caout-chouc. Globalement, lesballes modernes sont toujoursfabriquées selon le même

principe. Seules les carac-téristiques de leur surfacesont sans cesse amélioréesgrâce aux nouvelles con-naissances acquises en aéro-dynamisme.

Un argument percutant aété opposé aux traditionalistesqui s’opposèrent violemmentà cette innovation : la nouvelleballe gagne une vingtaine de mètres sur la bonne vieille« gutty », en gutta-percha,matériau provenant du latexd’un arbre de Malaisie. C’estd’ailleurs avec le même argu-ment que cette balle avaitelle-même supplanté vingtans auparavant son ancêtre,la « feathery », balle de cuir de cheval ou de vache cousu,garnie de laine, de duvet oude plumes d’oie, qui fut utili-sée pendant au moins deuxcents ans.

La capacité de productiond’un bon artisan se limitaitpour la « feathery » à troispièces par jour, d’où un fortimpact sur le prix. L’apparitionde la « gutty » avait amélioré le rendement à plusieurs dou-zaines d’unités par jour. Quantà l’invention de Haskell, ellemarque l’entrée dans la pro-duction de masse.

Dans l’évolution de l’équi-pement de golf, on remar-quera que c’est toujours laballe qui a influencé lesspécificités des crosses etnon l’inverse.

Le premier club féminin aété fondé en 1867 à SaintAndrews, en Ecosse, évidem-ment. Grâce à leur ténacité,les dames avaient déjà réussià se faire admettre régulière-ment sur le terrain dès 1850.

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L’exemple étant donné, lesclubs féminins se multiplièrentrapidement en Grande-Bretagne. En 1893 eut lieusur un petit parcours duLancashire le premier « Women’s Golf Champion-ship ». Cependant, bien long-temps auparavant, une femmecélèbre avait fait œuvre depionnière : en 1567, MarieStuart, reine d’Ecosse, avaitété aperçue très peu detemps après le décès de sonépoux en train de jouer uneagréable partie de golf, ce qui fit naturellement jaser à la cour.

Le premier terrain de golfsuisse a été créé en 1891 à Saint-Moritz. Les hôteliersavaient bien compris l’attraitque le golf, dans un paysagede rêve, pouvait exercer surleurs riches clients anglais.Suivirent tour à tour les autresstations touristiques commeSamedan en 1898, Montreuxen 1900, Lucerne en 1903.

C’est Sir Arthur Conan Doyle,auteur des célèbres romansde Sherlock Holmes, qui fut àl’origine du golf de Davos.

La première compétitionentre continents s’est tenueaux Etats-Unis en 1927. Unan auparavant, les pros améri-cains et britanniques avaientjoué un match informel aulendemain du British Open,que les hôtes remportèrent. A l’occasion de la rencontresuivante, le négociant en cé-réales Samuel Ryder se laissaconvaincre, à force de cham-pagne, de financer une coupequi serait remise tous les deuxans à la meilleure des deuxéquipes. Les Américains rem-portèrent la première Ryder’sCup officielle de 1927. Face à leur domination croissante,l’équipe britannique fut élargieen 1979 pour devenir euro-péenne.

La Ryder’s Cup passe pourêtre le trophée le plus con-voité dans la discipline. En

effet, contrairement aux quatreautres principaux tournois (USMasters, US Open, BritishOpen et US PGA Champion-ships), il s’agit pour les douzemeilleurs joueurs du VieuxContinent et leurs homo-logues du Nouveau Monde de s’affronter pour l’honneuret le prestige davantage quepour l’argent.

Le premier coup sur la Lunerestera sans doute encorelongtemps le dernier. C’estl’astronaute américain AlanShepard qui l’a frappé en1971 devant des millions detéléspectateurs. On peutdéclarer sans trop se tromperque ce coup a été le plusregardé de toute l’histoire du golf.

Le premier pro noir quiparticipa à un tournoi de l’As-sociation des golfeurs améri-cains (Professional GolfersAssociation ou PGA), en 1961,après la suppression du

décret « whites only » s’appelleCharlie Sifford. Lee Elder,quant à lui, a été le premiernoir à participer à un Masters,en 1975. Malgré tout, mêmeen 1990, le train de mesuresadoptées par la PGA pourlutter contre les discrimina-tions raciales dans le golf aentraîné des démissions deprotestation en cascadesdans des clubs renommés.Quoi qu’il en soit, les espritsréactionnaires du golf sontcontraints au silence depuisque, en avril 1997, le fils d’unvétéran noir du Vietnam etd’une Thaïlandaise a remportél’US Masters à l’âge de 21 ans, qui plus est, en pulvé-risant toutes les statistiques :le premier golfeur de couleur,le plus jeune, avec un scorerecord et une avance sansprécédent sur ses concur-rents. Le phénomène TigerWoods était né.

La première superstar dugolf donne à ce sport unenouvelle dimension par sescapacités exceptionnelles etson exemplarité. En cinq ansde carrière, Tiger Woods adéjà engrangé 50 millions defrancs en dotations. Sanscompter les sommes astrono-miques gagnées avec la publi-cité. Le magazine américain« Newsweek » qualifie TigerWoods de « dominator ». La définition ? « Vous voulezsavoir ce que cela fait derencontrer Tiger Woods ? Ser-rez le poing et frappez-vous le visage. Les dominateurs ne s’abaissent pas à vousfrapper, ils s’arrangent pourque vous le fassiez vous-même. »

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OMEGA EUROPEAN MASTERS CRANS MONTANA

La 19e édition de l’European Masters se tiendra du 6 au 9 septembre 2001 dans l’écrin

des Alpes valaisannes. Ce cadre magnifique contribue beaucoup à la célébrité du tour-

noi, qui compte également parmi les plus prestigieux du Tour européen, dont le British

Open est le temps fort. Doté de 1,5 million d’euros, l’European Masters de Crans Mon-

tana est très prisé par les pros et réunira, cette année aussi, des joueurs de très haut

niveau: l’actuel numéro trois mondial, Ernie Els, d’Afrique du Sud, qui a déjà remporté

à deux reprises l’US Open, ainsi que d’autres champions tels que Lee Westwood (Angle-

terre), Darren Clarke (Irlande du Nord), Thomas Björn (Danemark) et Eduardo Romero

(Argentine), vainqueur l’an dernier dans la station valaisanne.

ASSISTER À LA FINALE SUR LE TERRAIN

Vivez en direct la finale de l’Omega European Masters à Crans Montana. Le Bulletin

tire au sort 20 billets d’entrée sur le parcours pour le dimanche 9 septembre 2001.

Détails sur www.credit-suisse.ch/bulletin ou sur le bon de commande ci-joint.

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Agenda 4/01Parrainage culturel et sportif du Credit Suisse, de Credit Suisse Private Bankinget de la WinterthurBALSTHAL7.10 Championnat suisse de CO individuelleBÂLE1.9 Qualification Coupe du mondeSuisse–Yougoslavie13–22.9 Urs Widmer «Bankgeheimnisse», Theater RoxyBERNE5.10.01–6.1.02 Picasso en Suisse,Kunstmuseum28–29.9 Extravaganza, Sportarena WankdorfBUDAPEST19.8 GP de Hongrie, F1GENÈVE18.8 Orchestre symphonique de la jeunesse suisseJONA25–26.8 Championnats suisses enfauteuil roulantLAUSANNE25–26.8 Coupe du monde ITU detriathlon et Credit Suisse CircuitLEIBSTADT26.8 Championnat suisse de CO de relaisLUCERNE15.8–15.9 Lucerne Festival 2001,KKLMARTIGNY29.6–4.11 Pablo Picasso, Fondation Pierre GianaddaMEINIER29.8–8.9 Festival AmadeusMONZA16.9 GP d’Italie, F1SAINT-GALL8.8–2.9 Open OperaSPA2.9 GP de Belgique, F1SUZUKA14.10 GP du Japon, F1ZURICH18.5–2.9 Rétrospective AlbertoGiacometti, Kunsthaus19.8 Orchestre symphonique de la jeunesse suisse

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Fou rire à LocarnoLe Tessin sera placé cet étésous le signe de la culture danstous ses états. Locarno, cé-lèbre pour son festival interna-tional du film, se consacrera àl’humour en fin de saison. Etcontrairement à ce que pen-sent certains, dans cette ré-gion ensoleillée de Suisse, lagaieté n’attend pas le nombrede verres de Valpolicella. Desartistes du monde entier con-vergeront en septembre vers le Teatro di Locarno, qui de-viendra, le temps d’un « Festi-val della Risata », l’épicentre de l’humour international. Auxcôtés de leurs confrères italo-phones, ils mettront à rudeépreuve les zygomatiques dupublic quatre jours durant. Onretrouvera parmi eux le clownet imitateur américain PeterPitofsky ainsi que deux mimes :le Belge Elliot et l’AustralienRob Spence, qui a déjà connuun certain succès en Suisse.Les fous d’humour en profite-ront pour faire le plein de rire.Festival della Risata, du 26 au 28 septembre, Teatro di Locarno.Informations : www.swisscomedy.ch.

Le talent récompenséQuand Sol Gabetta joue du violoncelle, c’est un rayon de soleil…Et les récompenses pleuvent. Née en 1981, cette jeune Argen-tine étudie de 1992 à 1999 à l’Académie de musique de Bâle,où elle obtient son diplôme de soliste avec les félicitations du jury.Sol Gabetta est la première lauréate du tout nouveau « Prix CreditSuisse Jeunes Solistes ». Doté de 25 000 francset financé par la Fondation du Jubilé du CreditSuisse Group, ce prix vise à promouvoir lestalents musicaux en Suisse. Le « Lucerne Festi-val » et la Conférence des directeurs de con-servatoires et des hautes écoles suisses demusique y apportent leur grande compétenceprofessionnelle. Lors de la remise du prix, SolGabetta interprétera des œuvres de Penderecki,Schubert, Vasks et Tchaïkovski dans le cadre dela série de concerts « debut.lucerne ».«Prix Credit Suisse Jeunes Solistes », Sol Gabetta (violoncelle), Riccardo Bovino (piano), 29 août, Marianischer Saal, Lucerne. Informations : www.lucernemusic.ch.

Amateurs s’abstenir8,5 km de course à pied, 150 km de vélo, et de nouveau 30 kmde course à pied : tel est le régime des professionnels du duath-lon… loin de la promenade dominicale. Ces athlètes dévorent leskilomètres, que ce soit à travers champs, sur l’asphalte ou surles chemins forestiers. En tout, 188,5 km et un dénivelé non né-gligeable attendent les participants du Credit Suisse PowermanDuathlon à Zofingue. Réputé parmi les meilleurs athlètes inter-nationaux pour être l’un des duathlons les plus difficiles, le cir-cuit réserve quelques surprises topographiques. Ce n’est toute-fois pas seulement l’intérêt géographique qui attirera environ600 participants venant de 30 pays, mais la dotation appréciablede 100 000 francs ainsi que d’intéressants prix en nature. Deplus, le Powerman de Zofingue sera cette année, pour la pre-mière fois, la finale officielle de la coupe du monde ITU. Il resteà espérer que le ciel se montrera clément envers tous cesathlètes de haut niveau.

Credit Suisse Powerman Duathlon, Zofingue, 22 et23 septembre. Informations : www. powerman.ch.

BULLETIN

Editeurs Credit Suisse Financial Services et Credit Suisse Private Banking, case postale100, 8070 Zurich, téléphone 01 3331111, fax 01 3325555 Rédaction ChristianPfister (direction), Ruth Hafen, Daniel Huber, Jacqueline Perregaux Bulletin Online : Andreas Thomann, Martina Bosshard, Heinz Deubelbeiss Secrétariat de ré-daction : Sandra Häberli, téléphone 013337394, fax 013336404, e-mail : [email protected], Internet : www.bulletin.credit-suisse.ch Réalisation www.arnold-design.ch : Urs Arnold, Annegret Jucker, Adrian Goepel, Alice Kälin, Benno Delvai, Muriel Lässer, Esther Rieser, Isabel Welti, Bea Freihofer-Neresheimer (assistante)Adaptation française Anne Civel, Michèle Perrier, Alexandre Barroux, Isabelle Cappeliez, Sandrine Carret, Laurence Corroy, Nathalie Lamgadar, Bernard Leiva, GaëlleMadelrieux Annonces Yvonne Philipp, Strasshus, 8820 Wädenswil, téléphone 01 683 15 90, fax 01 683 15 91, e-mail : [email protected] Lithographie/impression NZZ Fretz AG/Zollikofer AG Commission de rédaction Andreas Jäggi (Head Corporate Communications Credit Suisse Financial Services), Peter Kern(Head Corporate Communications Credit Suisse Private Banking), Claudia Kraaz (Head Public Relations Credit Suisse Private Banking), Martin Nellen (Head Inter-nal Communications Credit Suisse Banking), Werner Schreier (Head Communications Winterthur Life & Pensions), Markus Simon (Head Webservices Credit Suissee-Business), Fritz Stahel (Credit Suisse Economic Research & Consulting), Burkhard Varnholt (Global Head of Research Credit Suisse Private Banking), ChristianVonesch (Head Private Clients Credit Suisse Banking Zurich) 107e année (paraît six fois par an en français, allemand et italien) Reproduction autorisée avec lamention «Extrait du Bulletin de Credit Suisse Financial Services et Credit Suisse Private Banking » Changements d’adresse Les changements d’adresse doivent êtreenvoyés par écrit, en joignant l’enveloppe d’expédition, à votre succursale du Credit Suisse ou au Credit Suisse, KISF 14, case postale 100, 8070 Zurich

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ments écologiques sont attractifs:Malgré la faible situation des marchés

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JACQUELINE PERREGAUX Monsieur Pereira, en

tant qu’intendant de l’Opéra de Zurich,

vous êtes responsable de la gestion aussi

bien que des activités artistiques. Lequel de

ces domaines préférez-vous ?

ALEXANDER PEREIRA Si je ne me passion-nais pas pour la démarche artistique, je nevoudrais pas m’imposer l’autre volet de lafonction.

J.P. Au quotidien, cette double fonction est

certainement source de tensions. Comment

maîtrisez-vous la contradiction entre le ma-

nager pur et dur et le responsable artistique?

A.P. Je ne vois pas de fracture entre cesdeux tâches. Bien sûr, j’ai une multitude

d’idées artistiques, et parfois mon imagi-nation déborde. Mais j’essaye toujours demettre mon « efficacité » économique auservice de mes rêves artistiques. Et danscette optique, l’argent, loin de nuire auxidées, permet leur mise en œuvre.

J.P. Chaque opéra, chaque théâtre a des rôles

principaux et secondaires, que ce soit sur la

scène ou en coulisses. Comment voyez-

vous votre rôle de «Monsieur Opéra»?

A.P. Je me vois en premier lieu comme leserviteur de l’opéra en tant que véhiculeculturel, avec la tâche de rapprocher cetart des gens dans le respect de la qualité.J’assume cette tâche à l’égard du public,

mais aussi de mes collaborateurs et desartistes. Auprès d’eux, je joue en outre lerôle de catalyseur.

J.P. Catalyseur ?

A.P. Catalyseur dans le sens d’élémentprovoquant par exemple la rencontre entredeux artistes et, si l’alchimie fonctionne,rendant possible la collaboration des deuxpersonnalités.

J.P. La créativité est une partie importante

de votre travail. Où puisez-vous l’inspira-

tion ?

A.P. A vrai dire, l’expérience profession-nelle permet déjà de savoir sur quoi mettre

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« L’opéra est un art pour tous»Intendant de l’Opéra de Zurich, Alexander Pereira souhaite donner au public l’occasiond’explorer de nouveaux « recoins » de l’âme humaine. Interview: Jacqueline Perregaux, rédaction Bulletin

Page 74: Le magazine de Credit Suisse Financial Services et de Credit … · 2019-01-29 · laient durer ont été bien déçus. Pour le coup, l’euphorie qui régnait à la fin des années

l’accent. Il existe en effet une tradition de l’opéra, allant de la Renaissance àl’époque moderne, qu’un intendant se doitde cultiver dans toute sa richesse. Autreimpératif : veiller à l’équilibre entre diffé-rentes formes d’opéra. Ces facteurs dé-terminent assurément une bonne partiede mes idées. Mais il va de soi que les ar-tistes avec lesquels je travaille m’inspirentégalement. Sans oublier les constellationsd’artistes auxquelles je peux donner nais-sance en tant qu’intendant. Souvent, unetoute nouvelle dynamique peut voir le jourselon le chef d’orchestre, le metteur enscène et le chanteur que je vais réunirdans une production.

J.P. Reste-t-il encore de la place pour des

coups de cœur, qu’il s’agisse d’opéras,

d’artistes ou de chefs d’orchestre ?

A.P. Bien sûr. Mais cela ne signifie pasque l’on ne va programmer que ses opé-ras favoris. Personnellement, je préfèreles opéras de Mozart à ceux de Wagner,mais je m’efforce de produire les œuvresdes deux.

J.P. Vous êtes déjà depuis dix ans à l’Opéra

de Zurich. Dans quelle mesure votre mis-

sion a-t-elle changé au fil du temps ?

A.P. La pression financière ne cesse de croître, car l’Opéra de Zurich est leseul parmi les établissements compa-rables où les frais fixes de personnel nesont pas couverts par les subventions.C’est un peu comme si l’on participait àune course de 100 mètres où tous les

coureurs ne partent pas sur la ligne dedépart, certains partant avec quelquesmètres d’avance alors que moi, je doispartir derrière. Et tout le monde attendquand même de moi que je gagne lacourse !

J.P. Ce qui a également changé, c’est

l’image de l’opéra dans la société. L’opéra

n’est certes plus le « temple » de la culture

élitaire d’autrefois, mais peut-on vraiment

parler d’un « opéra pour tous » ?

A.P. Oui, je le pense. Je ne réussirais pas à faire salle comble si ce n’était pas le cas. N’oublions pas que nous avons280 000 spectateurs par an, dont 22%ont moins de 25 ans. Et 700 des spec-tateurs présents chaque soir gagnentmoins de 80 000 francs par an. L’amateurd’opéra d’aujourd’hui est un salarié ordi-naire et ne fait pas du tout partie de lahaute société.

J.P. A quoi attribuez-vous cette mutation ?

A.P. Probablement qu’il en a toujours été ainsi. Je pense que c’est surtout chezles jeunes qu’il y a eu un changementsensible. Sans doute les moins de 25 ansse sont-ils un peu lassés d’une musiquepop évoluant seulement entre mezzo forteet triple fortissimo. La jeune générationaspire à explorer d’autres « recoins » del’âme humaine.

J.P. Où voyez-vous aujourd’hui la plus grande

responsabilité sociale des institutions cul-

turelles ?

A.P. Notre mission est de présenter auxspectateurs les grands chefs-d’œuvre dupassé et du présent dans notre disciplineartistique sous une forme qui soit pour euxune incitation à la qualité. Ces œuvresdoivent encourager les gens à recherchereux aussi l’excellence dans leur proprevie. Pour ce faire nous avons tous besoinde modèles, que nous trouvons pour laplupart dans nos loisirs. Car le souci deperformance n’est pas réservé à la vieprofessionnelle, au contraire : les inclina-tions et enthousiasmes d’ordre personnelincitent souvent bien davantage à la per-formance. J’accorde beaucoup d’impor-tance à cette recherche de l’excellencedans tous les domaines de la vie.

J.P. L’opéra a-t-il vraiment besoin d’une mis-

sion ? Ne peut-on se contenter d’y aller par

plaisir ?

A.P. Non, il faut s’investir, s’appliquer, sedonner du mal, se battre pour tirer lemeilleur de soi-même. C’est seulement àce prix-là qu’on trouve la satisfaction. Amon avis, l’art doit éveiller l’esprit et nonl’endormir.

J.P. Que voudriez-vous changer si vous pou-

viez régner un jour durant sur le monde de

l’opéra ?

A.P. Je veillerais à ce qu’on encouragede nouveau davantage les jeunes talents.A cet effet, je créerais des studios d’opéraainsi que des académies d’orchestre et deballet pour redynamiser toute la formation.On a trop peu investi dans ces domainesau cours des dernières années, d’où ladiminution du nombre de jeunes pourassurer la relève, mais aussi, comme lesthéâtres en font la douloureuse expé-rience, du nombre d’artistes au sommetde la pyramide.

J.P. Comment définiriez-vous un bon leader ?

A.P. Un bon leader est quelqu’un quisoutient la réalisation de projets de grandeenvergure et sait mobiliser ses collabora-teurs autour de ses objectifs, que ce soitdans la culture, le sport, la science ou lesocial.

LEADERS

74 Bulletin 4| 01Credit Suisse

Alexander Pereira, intendant de l’Opéra de Zurich

«L’art doit éveiller l’espritet non l’endormir »

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Chaque année, 40 millions d’enfants commencent leur VIE DANS L’OMBRE .

A la naissance, ils ne sont pas enregistrés. Ils n’ont pas de nom, pas de nationalité

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pas admis à l’école. Devenus adultes, ils ne peuvent ni voter, ni se marier, ni posséder

du terrain, ni conclure des contrats. Les enfants non enregistrés sont une invitation aux

ABUS DE TOUT GENRE . C’est pourquoi l’UNICEF met tout en œuvre pour que

chaque enfant, partout dans le monde, reçoive un bulletin de naissance. Et ceci gratui-

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