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Université de Fribourg Faculté des Sciences
Département des Géosciences Unité de Géographie
LE LOUP ET LE CHIEN DE PROTECTION
Catégorisation du sauvage et protection des
troupeaux
Travail de Recherche Personnel -‐ SP 2016
Supervision : Marion Ernwein
Baptiste Crausaz Rue de Saletta 80
1632 Riaz
2
Résumé Après avoir disparu des paysages à la fin du XIXe siècle, le loup est de retour en Suisse.
Symbole d’un retour à la nature sauvage, le loup semble bien accueilli par la majorité de
la population. Cependant le monde pastoral, pour qui le loup est synonyme de dangers
pour les troupeaux, réserve à l’animal un accueil plutôt mitigé, et un conflit concernant
le prédateur se fait ressentir. Le loup étant un animal protégé, la confédération a opté
pour une stratégie de protection des troupeaux afin d’assurer une cohabitation avec
l’animal sauvage. La protection des troupeaux se base notamment sur le chien de
protection, animale efficace dans ce domaine mais qui engendre certaines complications
de part son statut liminal, entre le sauvage et le domestique. Ainsi, le conflit engendré
par le retour du loup semble cristallisé autours de la notion de sauvage et des différentes
manières de l’appréhender. Ce travail consiste en une exploration du sauvage dans le
quotidien des éleveurs, les questions de recherches étant les suivantes : Comment le
chien de protection et le loup sont-ils catégorisés par les éleveurs ? Et : En quoi la
manière dont le chien de protection et le loup sont catégorisés informe-elle sur le rôle du
sauvage dans le quotidien des éleveurs ? Pour tenter d’y répondre, ce travail se base
principalement sur de la littérature, ainsi que sur des données récoltées à partir
d’entretiens semi-directifs et également d’une observation sur le terrain. Il ressort de ce
travail que le sauvage est un élément qui peut être toléré dans le quotidien des éleveurs
uniquement si il peut se réguler et se contrôler dans une certaine mesure. Au final, cette
recherche met également en évidence l’existence d’un décalage entre deux réalités
différentes, l’une valorisant un retour au sauvage, et l’autre pour qui le sauvage est un
élément nuisible.
Mots clés : Loup, Sauvage, Catégorisé, Chien de protection, Conflits, Éleveurs. Remerciements Je tiens tout d’abord à remercier les personnes qui ont accepté de prendre du temps pour
répondre à mes questions, ainsi que tous les responsables de la protection des troupeaux
suisse qui m’ont aidé pour la prise de contact avec les éleveurs. Je remercie également
3
Robin Schmidt et Françoise Crausaz pour leur relecture attentive et pour leurs conseils
bienveillants concernant la rédaction de ce travail. Je tiens aussi à remercier Joséphine
Sierro pour son soutient et pour les nombreuses discussions constructives que j’ai eu en
sa compagnie. Enfin, je souhaiterais remercier Marion Ernwein pour sa supervision et
ses précieux conseils qui m’ont énormément aidé lors de la réalisation de ce travail.
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Table des Matières
1. Introduction ................................................................................................................ 5
2. Historique et représentation du loup en Europe ..................................................... 6 2.1. Un animal chassé depuis toujours ......................................................................... 6 2.2. Le loup perturbateur .............................................................................................. 7 2.3. Le loup, un danger pour l’homme ? ...................................................................... 8
2.3.1. Les différentes causes d’attaque de loup sur l’homme ................................... 8 2.3.2. Représentation et symbolique ....................................................................... 10
2.4. La disparition du loup .......................................................................................... 11 2.5. Le retour et le changement de statut .................................................................... 12
3. Changement de rapport à la Nature et valorisation du Sauvage ....................... 13 3.1. La Maîtrise de l’homme sur la Nature ................................................................. 14 3.2. Le XXème siècle et la prise de conscience écologique ....................................... 15 3.3. Émergence de la notion de biodiversité et valorisation du sauvage .................... 17
5. L’arrivée du chien de protection ............................................................................. 21 5.1. Le chien de protection en Suisse ......................................................................... 22 5.2. Entre efficacité et complications ......................................................................... 23 5.3. Le chien de protection, sauvage ou domestique ? ............................................... 24 5.4. Un accueil mitigé ................................................................................................. 26
6. Problématique ........................................................................................................... 26
7. Méthodologie ............................................................................................................. 28 7.1. Entretiens semi-directifs ...................................................................................... 28 7.2. Observation sur le terrain .................................................................................... 30 7.3. Analyse de contenu .............................................................................................. 31
8. Cadre théorique ........................................................................................................ 31 8.1. La catégorisation. ................................................................................................. 32
9. Analyse des données ................................................................................................. 34 9.1. Le troupeau contre les nuisibles .......................................................................... 35 9.2. La catégorisation du loup .................................................................................... 36 9.3. Le chien de protection, une catégorisation entre sauvage et domestique. ........... 39 9.4. Le chien et ses interactions. ................................................................................. 42 9.5. Des représentations contrastées de la nature. ...................................................... 44
11. Conclusion ............................................................................................................... 48
12. Bibliographie ........................................................................................................... 50
13. Annexes .................................................................................................................... 53 13.1. Annexe 1 : Guide d’entretient ........................................................................... 53 13.2. Annexe 2 : Notes de terrain, observation et transcriptions ................................ 55
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1. Introduction
Après avoir disparu des paysages à la fin du XIXe siècle, le loup est de retour en Suisse
(KORA, 2005). Longtemps considéré comme un animal nuisible (Walter, 1990),
dangereux voir même démoniaque, le loup avait été chassé, et il aurait été éradiqué si il
n’avait pas réussi à se refugier en Italie, dans les Abruzzes. De retour en Suisse depuis
19951, le loup est aujourd’hui fort d’une opinion publique en sa faveur et du statut
d’animal protégé (Vincent, 2011a). Symbole de la nature sauvage (Benhammou, 2009),
le loup est accueilli par la majorité de la population et sa survie est assurée par les ONG
de protection de la nature ainsi que par la Confédération. Dès lors, il devient possible de
remarquer que le loup a acquis une place toute différente de celle qu’il occupait il y a un
peu plus d’un siècle.
Mais si la tendance générale semble se réjouir de la présence du prédateur dans la faune
sauvage, ce n’est certainement pas le cas de tous. Du côté du monde pastoral, le loup
reçoit un accueil plutôt mitigé car celui-ci s’attaque aux animaux d’élevage, notamment
les ovins, et de manière plus générale aux « biens domestiques agricoles » (Mounet,
2008 : 2). Il est très vite possible de constater que le retour du prédateur est générateur
de conflits sociaux entre les opposants et les détracteurs du loup, conflits relativement
médiatisés (Vincent, 2011a). La Suisse ayant signé la convention de Berne qui garantit
au loup le statut d’animal protégé, c’est une stratégie de protection des troupeaux qui est
adopté, ceci dans le but de parvenir à une cohabitation entre l’homme et l’animal
sauvage (OFEV, 2016). La protection des troupeaux se concentre principalement sur
l’introduction des chiens de protection, méthode efficace (Landry, 1998) et également
inoffensive pour le protégé loup puisqu’il s’agit avant tout d’une méthode préventive.
Mais le chien de protection, s’il est efficace, est aussi générateur de complications, de
par son statut liminal (Bobbé, 1998). En effet, le chien de protection est un animal qui
semble posséder des caractéristiques autant domestiques que sauvages. La problématique du loup, jusque dans les moyens de protection qu’il engendre semble
étroitement reliée à la notion de sauvage, notion dont la définition peut prendre divers
aspects (Pelosse et Micoud, 1993). Ce travail consistera donc à explorer la notion de
sauvage dans le quotidien des éleveurs. Cette notion sera abordée par le biais de la
1 http://www.wwf.ch/fr/savoir/biodiversite/especes/portraits_especes/loup.cfm
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catégorisation du loup, et respectivement du chien de protection des troupeaux. Le but
sera également de mettre en évidence certaines pistes de réflexions en ce qui concerne
les enjeux des catégorisations dans le conflit cristallisé autour du retour du loup.
En premier lieu, ce travail retracera brièvement l’historique du loup et des
représentations qui lui sont attribué depuis l’antiquité jusqu'à aujourd’hui. Pour tenter
d’éclaircir les raisons du changement de statut du loup, le deuxième chapitre abordera
les changements de rapport à la nature qui ont eu lieu depuis le siècle des lumières
jusqu'à l’émergence de la notion de biodiversité induisant une valorisation du monde
sauvage. Le conflit lié au retour du loup sera ensuite mis en évidence et l’arrivée du
chien de protection des troupeaux sera expliquée. Ces éléments mis en place, la
problématique sera précisée ainsi que les questions de recherche qui lui sont associées.
Finalement, une analyse des données récoltées sur le terrain sera faite pour tenter de
répondre aux questions posées.
2. Historique et représentation du loup en Europe Pour comprendre le contexte dans lequel la problématique du loup évolue aujourd’hui,
il est intéressant d’explorer l’évolution des interactions entre l’homme et le loup dans
l’histoire. En s’appuyant entre autres sur les écrits de deux historiens spécialistes du
loup, Jean-Marc Moriceau et Julien Alleau, ainsi que sur un rapport du Norwegian
Institute for Nature Research (NINA), ce chapitre va brièvement retracer la place du
loup dans la société européenne depuis l’Antiquité jusqu'à aujourd’hui.
2.1. Un animal chassé depuis toujours
Dès l’Antiquité, le loup fut chassé par l’homme. « Chaque fois que l’on passe au tamis
les sources antiques, elles dévoilent les indices d’un combat acharné entre l’homme et le
loup, mené depuis longtemps » (Moriceau, 2014 : 65). La civilisation Romaine le
considérait comme hostile pour les troupeaux et possédait dans sa structure un corps de
métier spécialisé ayant pour rôle l’éradication du prédateur (Moriceau, 2014). En plus
de cela, très vite dans l’histoire, des systèmes de primes de destruction du loup ont
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également vu le jour, par exemple à Athènes, déjà au VIe siècle avant J-C (Moriceau,
2014). Ce genre de systèmes de primes en vue d’éradiquer le loup a été utilisé un peu
partout en Europe, notamment en Suisse, en Catalogne et en Italie du nord, surtout vers
la fin du Moyen-Age (Moriceau, 2011). En ce qui concerne le corps de métier spécialisé
dans la lutte contre le loup, celui-ci a également perduré et a donné lieu, au tout début
du XIe siècle, à la création de la louveterie en France. Si au début de sa création, la
louveterie laisse peu de place dans la documentation historique, à partir du XIIIe siècle
la régularité du terme de louveterie dans les documents de l’époque « souligne la
fréquence du recours à des chasseurs spécialisés dans la destruction des loups »
(Moriceau, 2011 : 257). Abolie peu avant la Révolution Française, la louveterie fut
remise en fonction par Napoléon 1er en 1804 et demeure présente jusqu’à la disparition
du loup en France au XXème siècle (Moriceau, 2011). Si il est donc acquis que la
chasse au loup fut présente depuis l’Antiquité en Europe, il reste à en définir les raisons.
2.2. Le loup perturbateur
« Le loup est donc bien le seul animal sauvage à avoir provoqué en France des arrêts de
travail » (Moriceau, 2011 : 124)
Cette affirmation démontre le potentiel du loup à causer des perturbations au sein d’une
société. En effet, les sources concernant les attaques sur des troupeaux sont déjà
présentes dans « les textes anciens » (Alleau, 2013). Mais si encore aujourd’hui le loup
est connu pour causer des problèmes dans le domaine du pastoralisme, le prédateur avait
autrefois la réputation d’être nuisible également pour d’autres activités. Avant
l’industrialisation, le pastoralisme et l’agriculture n’étaient pas les seules activités à user
de la force animale, le commerce et l’industrie étant des domaines qui en profitaient tout
autant. Dans ce contexte, il est possible d’imaginer à quel point le loup pouvait être un
élément compromettant. L’historien Jean-Marc Moriceau le fait d’ailleurs remarquer :
« Dans une économie où les transports étaient assurés par la force animale, la présence
d’un prédateur comme le loup faisait peser une menace occasionnelle sur certaines
activités de roulage. » (Moriceau, 2011). L’auteur affirme également : « Et lorsque
certaines opportunités avaient été reconnues par le carnivore, les pertes se poursuivaient
tant qu’il n’avait pas été détruit ou déplacé » (Moriceau, 2011 : 122). En s’attaquant
occasionnellement aux chevaux, aux mulets et autres animaux utiles aux travaux de
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l’époque, le loup représentait une nuisance pour l’économie. Pour appuyer les
perturbations que pouvait engendrer le loup sur certaines activités, l’historien énonce
l’exemple de l’industrie des forges et plus particulièrement les forges de Tronçais :
D’après une lettre du maire de Saint-Bonnet, datée de 1824, les forges de
Tronçais (dans la forêt de Tronçais, dans l’Allier) se repentirent vivement
des déprédations de « ces dangereux voisins qui, en 4 mois, dévorèrent pour
6000 F de mulets attachés au service de cet établissement ». Les
approvisionnements auraient fini par manquer par la désertion des muletiers,
si le propriétaire des usines, en faisant faire pour 2000 F de pièges et en
appelant du fond du Berry un habile preneur de loup, n’avait mis un terme à
tant de désastres.
(Moriceau, 2011 : 123)
Dans cet extrait, force est de constater que les dommages causés par le loup pouvaient
être suffisamment importants pour nécessiter l’aide de spécialistes, et engendrer des
coûts. Pour avoir une idée précise des dommages financiers que le loup pouvait
engendrer à l’époque, il faudrait bien évidemment remettre ces chiffres dans le contexte
de l’époque, mais là n’est pas le but de ce travail, l’important étant simplement
d’illustrer le type de perturbations pour lesquelles le prédateur pouvait être redouté.
2.3. Le loup, un danger pour l’homme ?
2.3.1. Les différentes causes d’attaque de loup sur l’homme Que ce soit en tant qu’animal enragé, en tant que prédateur, ou autre, le loup a été
pendant longtemps un danger pour l’homme (Moriceau et Madeline, 2010 : 63). En
effet, de nombreuses sources témoignent d’attaques de loup sur l’homme depuis le
Moyen-Age jusqu'à aujourd’hui, en Europe et ailleurs (Moriceau, 2011). Parmi les cas
les plus connu d’attaques de loup, il est possible de citer le cas de la bête du Gévaudan.
Dans la région du Gévaudan en France, il est estimé que plus de cent personnes ont étés
tuées par des loups entre 1764 et 1767 (NINA : 2002).
Tout d’abord, il est important de noter que la majorité des attaques de loup sur l’homme
en Europe provient de loups enragés (NINA, 2002). En effet, le loup fut pendant
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longtemps un vecteur de la rage et avant qu’un vaccin ne soit développé par Louis
Pasteur à la fin du 19e siècle, l’issue de cette maladie était la plupart du temps fatale
(NINA, 2002). La rage est un virus qui s’attaque au système nerveux central et qui se
transmet principalement par morsure. (NINA, 2002). Chez l’individu infecté, le stade
clinique de la rage peut induire de violentes phases d’agressivités et il est alors possible
de parler de rage de type « furious » (NINA, 2002 : 14). Il se trouve que le loup est un
animal particulièrement enclin à développer ce type de rage à un haut niveau
d’agressivité (NINA, 2002). Le rapport du Norwegian Institute for Nature reaserch
(NINA) affirme également : « When the physical size, strength and speed of a wolf is
considered, it is clear that a rabid wolf is probably the most dangerous animal of all »
(NINA, 2002 : 14). Le comportement du loup enragé est relativement constant, il s’agit
entre autres d’un comportement solitaire où le loup parcourt de longues distances et
cherche à mordre les individus sur son chemin, mais pas à les dévorer (NINA, 2002).
En ce qui concerne les cas de prédation venant de loups non enragés, le contexte semble
être un facteur très important. Comme le précise l’historien Alleau : « En désorganisant
le tissu social, les crises démographiques rencontrées à l’occasion des guerres, des
pestes ou des famines, créent un contexte où le loup peut se rapprocher de l’homme »
(Alleau, 2013 : 55). Lorsque le contexte environnemental est perturbé, par exemple dans
le cas où des proies naturelles viendraient à manquer, le loup peut être amené à se
rapprocher de l’homme, attiré par les stocks de nourriture et les ordures (NINA, 2002).
Dans certains cas l’homme peut donc représenter une barrière entre la nourriture et le
loup, causant ainsi d’occasionnelles attaques. Les cas où le loup considère l’homme lui
même comme de la nourriture semblent rares (NINA, 2002). Cependant, ce cas existe et
il est présent dans les sources depuis l’Antiquité. En effet, le philosophe Aristote disait
déjà dans son ouvrage Recherche sur les animaux : « les loups qui chassent seuls
dévorent plus volontiers les hommes que ceux qui chassent en bandes » (Moriceau,
2011 : 65). Outre la rage et un environnement perturbé, le rapport du Norwegian Institute for
Nature Research (NINA) identifie également deux autres facteurs qui mènent
potentiellement à des attaques de loup sur l’homme : l’accoutumance à la proximité de
l’homme, dans le cas où le loup n’a plus peur de l’homme comme par exemple dans une
aire protégée, et la provocation, dans le cas d’une tentative de tuer un loup. En
10
complément de cela, les sources semblent également indiquer que de manière générale,
la majeure partie des victimes d’attaques de loup étaient des enfants de moins de 16 ans
(Alleau, 2013) et des gardiens de troupeaux essayant de défendre leurs moutons
(NINA : 2002).
Aujourd’hui le danger que le loup représente pour l’homme est très controversé :
Clearly, the risks of wolf attacks under present circumstances are very,
very low throughout Europe and North America. These low rates of
attacks are probably due to the fact that the factors most often associated
with wolf attacks are no longer common
(NINA, 2002 : 6)
Les loups étant peu nombreux et le contexte étant très différent de celui du Moyen-âge,
les attaques de loups sur l’homme ne sont plus vraiment d’actualités. De plus, en ce qui
concerne la Suisse, la rage est complètement éliminée depuis 1998 (NINA, 2002).
2.3.2. Représentation et symbolique
Le loup ayant constitué pendant longtemps un danger pour la sécurité de l’homme, il est
compréhensible qu’une « peur culturelle » de l’animal se soit façonnée dans les esprits
(NINA, 2002). Pendant la période des Lumières en particulier, les attaques de loups sur
l’homme sont nombreuses, ce qui « n’est pas sans conséquences dans l’histoire
construite du « méchant loup » » (Moriceau et Madeline, 2010 : 63). Dans le lexique de
cette époque, le loup se retrouve dans les termes suivants : « « une bête que l’on nomme
partout le fléau de Dieu » […] au nord-est d’Orléans en 1696 » (Moriceau et Madeline,
2010 : 96), « « Animal diabolique » autour de Langres en août et septembre 1689»
(Moriceau et Madeline, 2010 : 95), « […] « la bête qui mange les humains » en Anjou
en 1694 » (Moriceau et Madeline, 2010 : 96).
En plus des attaques sur l’homme, il est essentiel d’énoncer le rôle que la religion
Chrétienne a joué dans la représentation du loup, participant à la construction de son
image négative. Pour commencer, la Bible elle-même cite le carnivore comme un
« ennemi de la chrétienté » (Moriceau, 2014 : 69). Dans la religion chrétienne, le loup
est « assimilé au diable qui tente d’attirer à lui les âmes chrétiennes », et il est défini par
11
« l’antithèse du chien dans l’imagerie pastorale du troupeau de brebis fidèle au Christ »
(Moriceau, 2014 : 69). « Emblématique du mal » (Moriceau, 2014 : 70), le loup occupe
une place négative, faisant de lui un ennemi du peuple.
Que ce soit à cause de la rage, d’attaques sur l’homme, de conflits avec les animaux
d’élevage ou encore de la religion, les paragraphes qui précèdent démontrent en quoi le
loup a pu être considéré « nuisible » en Europe (Alleau, 2013). Mais pour conclure ce
chapitre, il est tout de même essentiel de noter que les représentations du loup ne sont
pas toujours négatives. En effet, dans la Rome Antique, si le loup s’en prend déjà aux
troupeaux, il est parallèlement associé à la mythologie, notamment dans l’histoire de la
fondation de Rome avec la louve nourrissant Romulus et Rémus, et également associé à
Mars en tant que symbole de la guerre. A l’extérieur de l’Europe, chez les amérindiens,
le loup est symbole de loyauté ou encore de la famille dans certaines tribus, et il
apparaît dans le calendrier astrologique. Finalement, il est intéressant de constater que
depuis le début de l’histoire, que ce soit en bien ou en mal, le loup est un animal qui
laisse rarement indifférent. En effet : « L’attitude de l’homme envers le loup a varié,
passant de la concurrence et de l’extermination féroce à l’admiration et laissant peu de
place à l’indifférence » (Boitani, 2003 :13).
2.4. La disparition du loup
Si les chapitres précédents ont démontré en quoi la civilisation a pu développer une
haine à l’égard du prédateur et une volonté de l’éradiquer, la disparition du loup est
généralement associée également à d’autres facteurs. Tout d’abord, il faut noter le
progrès de l’armement, qui permit à la chasse d’être plus efficace, et à l’homme de
prendre le dessus sur le loup (Alleau, 2013). Dans un second temps, la déforestation fut
aussi un élément capital. En effet, outre détruire l’habitat du loup, ceci causa la perte de
nombreuses de ses proies naturelles telles que les ongulés. Comme le précise Franziska
Schwarz, sous-directrice de l’OFEV : « Quelques décennies après la révolution
française et l’abandon du système féodal, la libéralisation de la chasse, combinée à de
vastes défrichements et à la surexploitation des forêts, avait eu raison des grands
animaux » (OFEV, 2016 : 2). Ainsi, les grands prédateurs furent obligés de s’en prendre
encore plus aux animaux d’élevage (KORA, 2005). Le loup se mis à reculer
12
progressivement jusqu'à disparaître des paysages suisse vers la fin du XIXe siècle
(KORA, 2005).
2.5. Le retour et le changement de statut En fuite, le loup avait trouvé refuge en Italie, où il a réussi à survivre dans la région des
Abruzzes, jusqu’à refaire son apparition sur le territoire Suisse en 1995 (KORA, 2005).
En 2016, il est estimé qu’environ une trentaine de loups sont présents en Suisse. Parmi
ceux-ci, la majorité n’est que de passage. En effet, ces dernières années, la présence de
loups a pu être observé dans les cantons de Berne, de Fribourg, du Tessin, de Vaud, du
Valais, des Grisons, de Lucerne, de Neuchâtel, de Nidwald, d’Obwald, de Saint-Gall, de
Schwyz, d’Appenzell Rhodes-Extérieures, de Glaris, d’Uri et de Zurich. Cependant,
certains loups vivent également en Suisse à l’année, ce cas de figure étant présent dans
les cantons du Valais, du Tessin et des Grisons2.
Il a été vu précédemment que le loup, avant sa disparition des paysages d’Europe, avait
été chassé, méprisé, et catégorisé « nuisible ». Pourtant, à son retour des Abruzzes, le
loup ne suscite plus autant de haine que jadis. En effet, le loup est désormais placé sous
la protection de la convention de Berne faisant référence à la protection de la vie
sauvage. Cette convention garantit la protection de la vie sauvage, qu’il s’agisse de la
flore ou de la faune. Cinquante pays dont la Suisse se sont engagés à respecter cette
convention qui accorde au loup le statut d’animal protégé3. Parallèlement à cela, le loup
est fort d’une opinion publique favorable à son retour. En Suisse, selon les sondages, il
est estimé qu’environ trois-quarts de la population serait enclin à souhaiter la bienvenue
au prédateur4. Aujourd’hui le loup n’est donc plus l’animal nuisible et dangereux de
jadis. Et si le contexte du loup dans la société des Etats-Unis n’est pas le même qu’en
Europe, il est toute fois intéressant de noter que dans son livre « un homme parmi les
loups », Shaun Ellis, travaillant dans un parc de préservation du loup, écrit :
Les enfants arrivaient avec de tels préjugés. Ils reculaient en criant dès que
le loup s’approchait, formatés par tous les contes et dessins animés, qui leur
2 http://www.kora.ch/index.php?id=59&L=2 3 http://www.coe.int/fr/web/bern-‐convention/ 4 https://www.wwf.ch/fr/actualites/medias/communiques/?1010/Nouveau-‐sondage-‐du-‐WWF-‐la-‐population-‐est-‐favorable-‐au-‐loup-‐dans-‐plusieurs-‐cantons
13
répétaient que cet animal était une créature vicieuse et sournoise, qui
mangeait les mères-grand, faisait s’envoler les maisons des petits cochons,
et égorgeait les fillettes. J’avais grandi avec les mêmes terreurs. Il m’avait
fallu des années pour découvrir que le loup était en fait un animal timide,
intelligent, vivant au sein d’une structure sociale très élaborée, et qui ne
méritait pas sa réputation de bête sanguinaire.
(Ellis, 2009 : 12)
Au terme de cette partie historique sur le loup en Europe, il est possible de remarquer un
véritable changement de paradigme concernant la représentation de cet animal dans la
société, changement qui prend source à partir du XXIe siècle. Les chapitres suivants
vont tenter d’éclaircir les potentielles raisons de ce changement paradigmatique qui
semble fortement liées aux rapports que l’homme entretien avec la nature.
3. Changement de rapport à la Nature et valorisation du Sauvage
« S’il est un terme « piégé », c’est bien celui de nature. […] En fait il est
surchargé de perceptions, de représentations, de connotations qui font que la
nature des uns n’est jamais vraiment celle des autres, que la nature d’hier
n’est pas toujours celle d’aujourd’hui et que la nature d’ici n’a pas grand
chose à voir avec celle d’ailleurs »
(Arnould et Glon, 2006 : 227)
De ce fait, la nature est un concept changeant qui est construit en fonction d’un certain
contexte social et environnemental. Les chapitres qui suivent vont s’intéresser à
l’évolution de la notion de nature dans les sociétés occidentales afin d’éclaircir certains
éléments qui pourraient expliquer ce changement d’attitude générale par rapport au
loup.
14
3.1. La Maîtrise de l’homme sur la Nature Au XVIIe siècle, le philosophe Descartes écrivait dans son discours sur la méthode que
les sciences doivent entre autre servir à maîtriser la nature afin que celle-ci puisse servir
au mieux aux besoins de l’homme (Renault, 2000). Cette idée de suprématie de
l’homme sur la nature fut développée par de nombreux autres auteurs de l’époque. Cet
héritage a façonné pendant longtemps les relations de l’homme à la nature, qui se sont
dès lors construites sur la base de la « suprématie de l’homme » sur celle-ci (Walter,
1990 : 23). Dans cette perspective de pensée, la nature apparaît comme « mis à
disposition de l’humanité par Dieu » (Walter, 1990 : 23).
C’est au siècle des lumières que ce rapport tend à changer petit à petit. En effet, le
XVIIIe siècle est riche en découvertes concernant la nature, notamment dans le domaine
de la botanique. Avec ces connaissances, la compréhension du monde est de plus en
plus rationalisée, et les règles édictées par le droit divin commencent à être critiquées
(Lez, 2007). Par ailleurs, le siècle des lumières amène également une vision idéalisée et
contemplative de la nature, vision très mise en avant par le courant romantique.
Rousseau, de par ses écrits, met en évidence certaines grandes thématiques de la nature,
comme la montagne ou encore la forêt et tend ainsi à établir une redécouverte de la
nature en tant qu’objet d’ « exaltation » (Lez, 2007). A la fin de ce siècle, grâce à
l’acquisition des nouveaux savoirs scientifiques, le début d’un tournant dans la vision de
concevoir le monde se fait ressentir :
Dès la fin du XVIIIe siècle, la sécularisation des idées, l’émancipation du
savoir face à la morale et l’essor de l’individualisme inaugurent une
nouvelle conception de la science et de la nature. C’est en quelque sorte la
fin de la vision anthropocentrique du monde. Ainsi, l’homme, pourtant
ramené à sa petite place, trouve dans la connaissance des potentialités
illimitées à l’affirmation de sa maîtrise sur le milieu naturel.
(Walter, 1990 : 53-54)
De plus, si pour la pensée dominante la nature semble ne pas posséder de caractère
altérable, les risques de pénuries ressenties par une partie de la population représentent
déjà un « indice sérieux d’un nouveau rapport à l’environnement » (Walter, 1990 : 29).
15
Mais cette perception n’est pas encore suffisante pour engendrer une quelconque
« attitude écologique » (Walter, 1990 : 29).
Le XIXe siècle est lui marqué par un esprit de conquête vis-à-vis de la nature. C’est en
effet le temps de la première ascension du Cervin, ainsi que de la construction du tunnel
ferroviaire du Gothard, et « partout en Europe, l’enthousiasme accompagne les victoires
de l’humanité sur la nature, du canal de Suez aux tunnels alpins » (Walter, 1990 : 94).
En parallèle de cet esprit de conquête, cette époque se construit également dans un
schéma où l’homme doit se protéger lui-même de la nature. Concernant la faune
sauvage, la législation fédérale distingue les animaux de type « nuisible » et
« malfaisant » de ceux qui sont « utiles » (Walter, 1990 : 111). De ce fait, les oiseaux
qui sont jugés utiles notamment pour l’agriculture se trouvent protégés par
l’établissement d’une convention internationale, tandis que d’autres animaux sont
« nuisible à l’agriculture » et sont éradiqués (Walter, 1990 : 111). Ainsi, en 1848 le
dernier loup de Suisse est « triomphalement » abattu (Walter, 1990 : 112).
3.2. Le XXème siècle et la prise de conscience écologique La fin du XIXe siècle voit peu à peu naître une prise de conscience des « rapports
conflictuels qui existent entre l’homme et la nature » (Walter, 1990 : 112). Cette prise
de conscience a tendance à prendre de l’ampleur notamment avec la menace que
représente l’industrie pour la nature. En Suisse, cette menace se manifeste notamment
par la pollution des eaux (Walter, 1990). Au Etats-Unis, la fin du XIXe siècle est
d’ailleurs marquée par la création du parc national du Yellowstone, parc précurseur de
la protection de la nature qui induira la création de nombreux parcs un peu partout dans
le monde (Depraz et Héritier, 2012). La création de ce parc a effectivement participé à
un changement de rapport à la nature en induisant la tendance d’une séparation entre les
espaces de nature et de société. Comme le souligne Depraz et Héritier (2012) : « Ainsi,
la postérité attribue un rôle fondateur à la création du parc national de Yellowstone dans
la définition du rapport des sociétés contemporaines à la nature » (Depraz et Héritier,
2012 : 7). En Europe, l’influence de cette tendance induira la création du parc national
suisse en 1914.
À partir du XXe siècle, la notion d’écologie prend de l’importance et devient une
16
matière académique (Walter, 1990). Les interactions entre les différents organismes sont
de mieux en mieux connues et la notion de bio contrôle émerge aux Etats-Unis (Walter,
1990). Indice d’une attitude pré-écologique, ce début de siècle voit naitre, en plus du
parc national Suisse cité un peu plus haut, la « première Conférence international pour
la protection de la nature » en 1913 (Walter, 1990 : 111). Mais surtout, le XXe siècle est
le théâtre de la première et de la deuxième Guerre Mondiale. Ces deux guerres ayant de
graves conséquences environnementales, économiques et sociales, la période de l’après-
guerre représente une période de reconstruction. Le président américain Harry S.
Truman établit d’ailleurs une véritable politique de reconstruction de l’Europe, le plan
Marshal. Pendant cette période de reconstruction, la croissance et le développement
économique sont en plein essor, et jusque dans les années 60, leurs effets positifs,
notamment technologique et techniques sont mis en avant (Aknin et al., 2002).
Ce n’est que vers les années 70 que les effets négatifs de la croissance économique sur
la nature commencent à se faire ressentir. Cette période marque également la naissance
de la médiatisation de « grandes catastrophes écologiques occasionnées par des activités
économique » (Aknin et al., 2002 : 53). Plus tard, vers les années 80, l’inquiétude
générée par l’impact de la croissance économique sur l’environnement s’accentue, et
cette même croissance est remise en question par le rapport Meadows, aussi connu sous
le nom The Limits toGgrowth, publié par le Club de Rome, qui met en évidence la mise
en danger de « l’avenir de la planète » par le rythme effréné de la croissance
économique (Aknin et al., 2002 : 54). Encore plus tard, en 1987, le rapport Brundtland
introduit le terme de développement durable, nouvelle doctrine qui prétend intégrer les
questions environnementales et sociales à la notion de développement économique
(Aknin et al., 2002). De plus en plus, et comme le fait également remarquer le
sociologue et anthropologue Bernard Kalaora (2001), les intentions de domestication de
la nature qui étaient caractéristiques de la période de l’industrialisation s’effacent au
devant d’une société mettant en avant les problèmes environnementaux. Les milieux
écologiques, autant au niveau scientifique qu’au niveau des associations militantes,
prennent de l’importance et tendent à renverser peu à peu le paradigme de la nature en
tant que simple bien utile à l’homme. Petit à petit, la société reconnaît à la nature une
valeur en soi. A partir de là, l’environnement devient un élément central à prendre en
compte dans les « projets sociaux » (Kalaora, 2001 : 592). Ainsi : « L’émergence de la
17
question environnementale modifie l’expérience moderne de la nature » (Kalaora,
2001 : 591).
3.3. Émergence de la notion de biodiversité et valorisation du sauvage La prise de conscience des problèmes environnementaux qui s’opère au XXe siècle se
base donc notamment sur l’inquiétude de la part de la société en ce qui concerne les
perturbations environnementales qu’engendrent les activités de l’homme sur l’ensemble
de la planète (Pelosse et Micoud, 1993). Ces perturbations ont de nombreuses
conséquences sur la nature, dont la disparition des espèces, particulièrement au niveau
de la forêt tropical (Aubertin et al. 1998). En effet :
L’érosion de la diversité biologique est ainsi apparue récemment sur la
scène publique internationale. C’est le rapport Brundtland en 1987 et surtout
le Sommet de la Terre de Rio, qui l’ont consacrée comme problème
d’environnement global. Avec un certain retard, elle a ainsi rejoint les pluies
acides, la diminution de la couche d’ozone, et l’effet de serre comme objet
de négociations internationales. Mieux encore, la diversité biologique et
devenue la biodiversité.
(Aubertin et al., 1998)
C’est dans ce contexte de préoccupation pour l’érosion de la diversité biologique
qu’apparaît pour la première fois le terme de biodiversité, en 1986, lors d’un « colloque
scientifique » à Washington (Aubertin, 1998 : 8). En remplacement de la diversité
biologique, le terme biodiversité invite à penser la nature de manière plus globale. En
effet : « Pour les scientifiques, l’avancée théorique que représenterait une approche en
termes de biodiversité consisterait à dépasser le cloisonnement disciplinaire entre
généticiens, biologistes des espèces et des populations, écologues… » (Aubertin,
1998 :10). Si la diversité biologique se trouvait donc être « tourné vers l’étude des
espèces animales et végétales dans leur habitat naturel » (Aubertin et al, 1998 : 8), la
biodiversité tend à prendre en compte également les écosystèmes ainsi que toutes les
relations qui sont présentes entre les « composantes du vivant » (Aubertin et al,. 1998 :
10). Parallèlement, il a été reconnu que « la dégradation des habitats est la cause
18
première de l’érosion de la diversité des espèces sauvages » (Aubertin et al., 1998 : 9).
En ce sens, la biodiversité a changer la manière d’appréhender la protection de la nature,
il devient de plus en plus évident qu’il est « peu efficace de protéger une espèce sans
protéger l’écosystème qui l’habite » (Aubertin et al., 1998 : 9).
Dès lors, de par son lien avec la protection de la protection de la nature, il est possible
d’affirmer qu’outre le registre purement scientifique de la diversité biologique en tant
qu’étude des espèces, la biodiversité se trouve confrontée à la sphère publique (Aubertin
et al., 1998) et aussi politique (Mauze et Granjou, 2010). La biodiversité est en effet
aujourd’hui un véritable notion qui mène à des « prises de décision collective
concernant l’ensemble de l’humanité » (Aubertin et al., 1998 : 8). De plus, comme le
souligne David Takacs : « […] over the past decade, biodiversity has become a focal
point for the environmental movement » (Takacs, 1996 : 1 dans Valiverronen, 1999 :
405).
Scientifiquement, l’intérêt pour l’étude des écosystèmes et des interactions qui se
déroulent à l’intérieur a mené à s’intéresser d’avantage aux rôles des différentes espèces
dans un certain milieu (Aubertin et al., 1998). En effet : « […] la disparition de certaines
espèces peut n’avoir aucun effet sur le fonctionnement d’un système, alors que celle
d’autres espèces – des espèces clés – peut conduire au passage d’un type d’écosystème à
un autre » (Aubertin et al., 1998 : 10). Cette évolution dans la manière d’appréhender
l’étude de la nature est particulièrement intéressante en ce qui concerne le loup.
Effectivement, il a été établi que le loup fait partie de ces espèces clé, ou keystone
species, et se révèle donc être un élément indispensable à la gestion naturelle de la
biodiversité (Alleau, 2013). Plus précisément, les keystone species sont des espèces qui
ont un rôle central pour l’écosystème dans lequel ils se trouvent. Ces espèces sont
souvent des prédateurs qui, de par leur rôle, possèdent la capacité de chasser plusieurs
types de proies et ainsi peuvent réguler la distribution de nombreuses espèces5. Les
connaissances biologiques concernant le prédateur se sont ainsi nettement améliorées,
ceci contribuant à « redéfinir son image » de manière positive (Alleau, 2013 : 61). De la
même manière, les nouvelles connaissances scientifiques ont eu pour conséquence de ne
plus voir le loup en tant que carnivore dangereux et nuisible, mais en tant qu’animal
doté de capacité sociales développées et craintif envers les êtres humains.
5 http://nationalgeographic.org/encyclopedia/keystone-species/
19
Ainsi, l’émergence de la notion de biodiversité invite à penser la nature de manière
différente. Ce changement se caractérise d’ailleurs aussi par un changement de rapport
au sauvage. Longtemps relié à l’image de la conquête et de l’exploration, la nature est
aujourd’hui de plus en plus perçue en tant que nature vierge, protégée, et sauvage
(Kalaora, 2001). Il est dès lors possible de parler d’une forme d’attrait important pour
les écosystèmes isolés véhiculant l’image d’une nature vierge et sauvage (Cronon,
1996a dans Hinchliffe, 2007). Comme le souligne d’ailleurs Bernard Kalaora :
Le sentiment général est qu’il faut réinventer l’aménagement en l’orientant
vers les valeurs de conservation, de protection de la nature, en permettant à
celle-ci de reconquérir ses droits partout où ils ont été spoliés par les
équipements et les activités humaines.
(Kalaora, 2001 : 594)
Le sauvage représente désormais la nature qui reprend ses droits, il devient un élément
qu’il faut protéger, plus encore, il est aujourd’hui recherché et cultivé (Pelosse et
Micoud, 1993 : 13). Autrement dit : « Aujourd’hui appréhendé comme un élément de la
biodiversité écologique, le monde sauvage, jusqu’ici mis à mal, doit être sauvegardé »
(Bobbé, 2000 : 2). Celui-ci prend donc une tout autre signification qu’au XIXe siècle :
[…] le récent recours à la notion de sauvage pour penser la gestion de la
biodiversité n’est pas sans conséquences dans la mesure où il tend à associer
le terme « sauvage » à celui de « naturel » (opposé à « artificiel »), comme
l’a montré Deléage, et non plus à celui de « dangereux » […] »
(Bobbé, 2000 : 2)
Cette valorisation du sauvage semble également avoir son rôle dans le nouveau statut
accordé au loup, celui étant depuis toujours un symbole du sauvage. Prédateur carnivore
en haut de la chaîne alimentaire, il représente le summum de la nature incontrôlée,
indomptable. Le loup, au même titre que d’autres prédateurs, incarne « de façon
emblématique la nature sauvage incontrôlable », et se trouve en dehors du contrôle des
hommes (Benhammou, 2009 : 8). En Europe, la lutte contre le loup a d’ailleurs
longtemps représentée la lutte du progrès contre le monde sauvage, lutte se terminant
par une victoire de la société lors de l’industrialisation (Moriceau, 2011). De nombreux
20
auteurs utilisent en effet un lexique du sauvage pour évoquer le loup. Pour parler de son
retour en France, l’auteur Marc Vincent parle de « retour du sauvage » (Vincent,
2011a : 17), ou encore d’ « intrusion du sauvage » (Vincent : 2011a :149). L’historien
Jean-Marc Moriceau propose également des termes similaires : « Canis Lupus incarne le
sauvage » (Moriceau, 2011 : 70). La problématique du retour du loup s’inscrit donc sous
l’angle du retour au sauvage, et si la protection de la nature est de nos jours
« synonyme de protection d’une nature sauvage » (Kalaora, 2001 : 595), la place du
loup dans la société est aujourd’hui revendiquée.
4. Conflits Importance de la biodiversité et valorisation du sauvage font du loup un animal désiré
par la population. À ces deux éléments s’ajoute encore l’importance de la littérature,
essentiellement nord-américaine, sur la représentation de l’image positive attribuée au
loup. Parmi ces auteurs, il est possible de citer Jack London, ainsi que Farley McGill
Mowat, qui de part leurs récits contribuèrent à donner au loup une image positive
(Alleau, 2013). Mais le loup est-il vraiment le bienvenu partout ?
Si il a été vu dans les chapitres précédents que la tendance actuelle générale demeure
favorable à un retour du sauvage, celui-ci est également générateur de conflits sociaux.
En effet, il est une partie de la population qui semble ne pas apprécier le retour du loup,
cette partie concernant généralement le monde du pastoralisme et de l’élevage, pour qui
le loup représente un danger pour les troupeaux ovins. En effet, ce sont les éleveurs et
les bergers qui semblent les plus touchés par ce retour du sauvage qui se heurte aux
« espaces cultivés » (Mounet, 2008), et les conséquences peuvent être lourdes : « Cette
intrusion du sauvage sur le territoire relativement anthropisé du pastoralisme
transhumant bouleverse structurellement des activités déjà fragilisées par l’ouverture au
marché mondial. » (Vincent : 2011a : 149). Cette réalité pastorale tend ainsi à se
confronter à la demande de sauvage au nom de la biodiversité entrevue dans les lignes
précédentes.
Pourtant, les attaques mortelles des loups à l’égard des troupeaux de moutons sont un
fait controversé. En effet, en Suisse, il serait admis que sur environ 4000 moutons tués
21
par année, seul 200 à 250 auraient comme cause le loup. Le reste serait, selon la
protection suisse des animaux (PSA) causé par des maladies et des accidents comme par
exemple les chutes, etc. (Wuillemin, 2015). Pour certains, le loup aurait donc un rôle de
bouc émissaire, rôle attribué par ceux qui n’apprécient pas son retour. Pourtant, cette
statistique semble délaisser un point important. Si 200 à 250 moutons peuvent sembler
être des chiffres dérisoires, il semble nécessaire de lui ajouter la notion d’échelle6. En
effet, à l’échelle d’un troupeau, ce chiffre peut prendre des dimensions autrement plus
importantes, sans parler de la pression émotionnelle engendrée par la potentielle
prédation du loup. Cette pression peut être intense, au point qu’en France, la MSA a mis
au point un programme d’aide psychologique au berger dont les troupeaux sont victimes
d’attaques, mettant en évidence le fait que les attaques du loup n’ont pas uniquement
des conséquences économiques7. Que la prédation du loup soit réelle ou simplement
ressentie, la présence du prédateur semble être un fardeau pour les acteurs du monde
pastoral. (Moriceau, 2014).
5. L’arrivée du chien de protection C’est dans ce contexte de conflits et de valorisation du sauvage que le chien de
protection des troupeaux fait son apparition. En effet, la protection du loup étant un
phénomène de manière générale souhaité par l’opinion publique (Benhammou, 2009),
la confédération a opté pour une stratégie de mise en œuvre de moyens de protection
des troupeaux, associée à un financement compensatoire en cas d’attaque, afin d’assurer
une coexistence avec le prédateur (OFEV, 2016). La protection des troupeaux se
concentre sur différents points principaux, et notamment : « […] le gardiennage
renforcé, les chiens de protection, les parcs de regroupement nocturnes » (Vincent,
2011a: 199). Mais si il existe d’autres méthodes pour défendre les troupeaux contre les
attaques de loups, le chien de protection des troupeaux semble la plus efficace, bien
qu’elle ne soit pas parfaite (Landry, 1998). De manière générale, le chien de protection
fonctionne en étant intégré dans un troupeau de mouton, les suivant et se comportant
comme un gardien à leur égard. Lorsqu’un danger est proche du troupeau, le chien est
6 Arpin, Communication personelle : 1er décembre 2015. 7 http://www.msa.fr/lfr/accompagner-les-eleveurs-touches-par-les-attaques-de-loups.
22
censé réagir, en aboyant et de manière préventive la plupart du temps, et au corps à
corps en cas de nécessité. Il est intéressant de remarquer que l’utilisation de chien de
protection n’est pas un phénomène nouveau. Il était en effet déjà utilisé par les toutes
premières civilisations pastorales : « Grand, lourd et lent, son rôle consistait à combattre
les fauves, et surtout les loups, qui s’avisaient de s’approcher des troupeaux. ».
(Moriceau, 2011 :135). Cependant la disparition du loup a eu pour conséquence la
disparition de la collaboration entre le berger et ses chiens de protections. Il est dès lors
possible d’avancer l’idée que si cette collaboration était autre que purement utilitaire,
ces chiens n’auraient pas disparu du paysage pastoral (Vincent, 2011a). Ce chapitre va
s’occuper d’introduire le chien de protection dans le contexte de la présente recherche et
de souligner certaines de ses caractéristiques.
5.1. Le chien de protection en Suisse Le chien de protection des troupeaux est au centre de la politique actuelle de gestion du
loup en Suisse. Utilisé dans le pays depuis 1999, le chien de protection a été introduit
suite au retour des grands prédateurs, représentés par le loup, l’ours et le lynx. Les
chiens de protections sont habituellement représentés par deux races différentes : Le
Maremmano Abruzze, ou alors le Montagne des Pyrénées, plus communément appelé
« Patou »8. Au total, environs 200 chiens de protection des troupeaux sont aujourd’hui
répertoriés dans le pays. En Suisse, l’office fédéral de l’environnement subventionne les
éleveurs qui souhaitent travailler avec des chiens de protections, pour autant que ceux ci
soient officiellement reconnus, qu’ils soient éduqués selon certaines directives et utilisés
correctement, conformément aux normes mises en place par la confédération 9. Les
chiens non répertoriés sont autorisés, mais pas subventionnés. Finalement, les chiens de
protections sont essentiellement utilisés pour la protection des ovins, et très rarement
pour celle des bovins, ceux-ci n’étant pas une proie pour un prédateur tel que le loup.
8 http://www.protectiondestroupeaux.ch/fr/chiens-de-protection/ 9 http://www.protectiondestroupeaux.ch/fr/chiens-de-protection/
23
5.2. Entre efficacité et complications D’emblée le chien de protection se révèle être un instrument très efficace en ce qui
concerne la protection des troupeaux : « Le chien de protection reste un moyen de
protection efficace qui a fait ses preuves à travers les siècles. » (Landry, 1998 : 21). De
plus, il est considéré comme un élément fortement recommandable pour contrer le loup.
Comme le souligne Jean-Marc Landry : « Au vu de la progression du loup sur l’arc
Alpin, il est fort probable que le recours au chien de protection comme moyen de
protection va encore augmenter ces prochaines années » (Landry, 2006 : 2). De manière
plus générale, il semblerait que le chien de protection soit également très efficace contre
les chiens errants (Landry, 1998). Cependant, il à été remarqué que le chien de
protection, si il est efficace, peut être difficile à gérer :
Lorsque trois patous s’avancent vers des randonneurs en montagne, ou pire,
une personne seule, d’un air décidé et en aboyant, une menace latente plane
soudain : malgré les conseils donnés par les pancartes informant de la
présence éventuelle de chiens de protection, ou les prospectus fournis par les
offices de tourisme, certains randonneurs peuvent être surpris par ces
comportements inamicaux et brandir leur bâton, ou ramasser une pierre. Si
le berger est un peu éloigné, voire absent de l’alpage, gare aux
conséquences...
(Vincent, 2011b : 9)
En effet, un des problèmes les plus préoccupant en ce qui concerne les chiens de
protection est surement le risque d’agressivité envers les personnes qui fréquentent les
alpages, ceci pouvant « constituer un souci majeur pour le multi-usage de la montagne »
(Vincent et Meuret, 2010 : 18). Les chiens, dont le travail est de défendre le troupeau,
ont parfois de la peine à différentier un simple promeneur d’un potentiel danger pour les
moutons. La base du fonctionnement des chiens étant leur capacité à réagir à des
situations non routinières (Landry, 1998), les chiens auront tendance à réagir à la
présence de n’importe quel individu inconnu. C’est pourquoi un certain nombre de
comportements sont préconisés en présence des chiens, et d’autres doivent être
absolument évité, au risque que le chien ne se sente en présence d’un danger. En effet :
« […] un chien de protection qui s’approprie le territoire du troupeau peut chercher à le
24
défendre coûte que coûte ; tous ne distinguent pas à tout coup les intentions qui animent
l’intrus (homme ou animal) » (Bobbé, 1998 : 179. C’est pourquoi des pancartes sont
présentes dans les alpages contenant des chiens de protection afin d’expliquer aux gens
le comportement à adopter. Cependant :
[…] il peut arriver qu’un promeneur se fasse « surprendre » par un troupeau
ou qu’il veuille absolument le traverser malgré les menaces du chien. Dans
deux cas précis (Pologne et Mercantour), un chien a mordu un promeneur à
la jambe
(Landry, 1998 : 16)
De ce fait, le chien constitue potentiellement une source d’anxiété et implique en ce
sens une attention particulière de la part des éleveurs et des bergers. Vincent et Meuret
(2010) soulignent à ce propos que la présence des chiens de protection dans certains cas
« aboutit à une mise en alerte quasi permanente du berger » (Vincent et Meuret, 2010 :
18).
En plus de cela, l’éducation du chien de protection requiert une attention particulière.
Ce type de chien doit d’une part « entretenir un rapport de familiarité réciproque avec
son propriétaire » (Bobbé, 1998 : 4), comme il devrait en être dans tout processus de
domestication, mais d’autre part, le bon fonctionnement du chien « impose de réduire
cette familiarité au minimum » (Bobbé, 1998 : 4). Trop sociabilisé à l’homme, le chien
se retrouverait inefficace pour la protection de son troupeau. L’éleveur doit veiller à ce
que le chien se sociabilise d’avantage avec les moutons qu’avec lui : « La figure du
maître doit donc progressivement s’effacer au bénéfice du rapport chien/troupeau »
(Bobbé, 1998 : 5). Le but final est que le chien soit totalement accepté par le troupeau
au point qu’il fasse parti de celui-ci (Bobbé, 1998).
5.3. Le chien de protection, sauvage ou domestique ? Le point clé de l’éducation du chien consiste à trouver le délicat équilibre entre une
domestication suffisante pour que le chien reconnaisse l’éleveur et ne le considère pas
comme ennemi du troupeau, et une prise de distance avec l’éleveur suffisante pour que
le chien s’adonne à son travail correctement. Dans le cas où le chien serait trop
25
sociabilisé, il pourrait effectivement ne pas rester dans le troupeau et rechercher
constamment la compagnie de son maître, ou encore suivre les promeneurs et autres
comportements de ce type (Bobbé, 1998). Contrairement au chien de conduite qui doit
être totalement domestiqué afin d’être capable de réagir vite aux « injonctions du
maître » (Porcher et lécrivain, 2012), le chien de protection semble donc ne pas être un
animal tout à fait domestiqué.
En effet, le chien de protection doit, de part sa fonction, conserver une certaine
autonomie et pouvoir faire partie du troupeau sans avoir besoin de trop d’attention de la
part de l’éleveur : « Pratiquement inobéissant, ce chien est capable de vivre au milieu
des brebis, sans aucun contact avec l’homme » (Landry, 1998 : 16). En plus de cela le
chien semble garder en lui un instinct naturel de prédateur : « Car son instinct de
prédation, toujours en éveil, l’incite, à l’instar du chien de conduite, à courser et à
taquiner ses protégées. » (Bobbé, 1998 : 12). En considérant toutes ces caractéristiques,
il est possible d’hypothétiser que le chien de protection se situe dans une position
liminale, entre domestique et sauvage. Comme le souligne d’ailleurs Bobbé :
Les éleveurs évoquent de façon récurrente la position liminale (nécessaire et
donc entretenue, on le sait) du chien de protection : l’un reconnaît que sa
chienne est “presque sauvage et méfiante”, l’autre qu’il “a du mal à l’arrêter
[entendons quand elle est lancée sur un intrus]”, le troisième “qu’il ne peut
pas trop l’approcher”.
(Bobbé, 1998 : 16)
Ce registre du sauvage s’illustre également par quelques cas extrêmes où le chien
semble se distinguer totalement de tout caractère domestique : « Il y a des éleveurs qui
ne pouvaient plus approcher leur troupeau. Bon, ça c’est pas beaucoup dit mais c’est
arrivé quelquefois parce que leur chien était trop sauvage » (Carrière interviewé par
Bobbé, 1998 : 13). Finalement, pour éclaircir le concept du double registre qui semble
décrire le chien de protection des troupeaux, il semble pertinent de mettre en évidence le
cas du taureau illustré par Pelosse et Micoud (1993) :
Un animal « que l’on élève, que l’on nourrit, que l’on parque, que l’on
vaccine, marque, escoussure, châtre » - le taureau de Camargue est
26
généralement un bœuf, voire une vache – continue à être considéré comme
sauvage. […] Les partisans de la « bouvine » semblent vivre leur rapport au
taureau sur un double registre.
(Pelosse et Micoud, 1993 :12)
De la même manière, les éleveurs semblent vivre leur relation avec le chien de
protection des troupeaux sur deux registres, entre le sauvage et le domestique.
5.4. Un accueil mitigé
« […] si le système de protection semble aujourd’hui opérationnel, son fonctionnement
requiert, de la part de l’éleveur, une vigilance de tous les instants et des compétences
acquises sur le terrain. » (Bobbé, 1998 :16). Les différentes complications que peut
engendrer le chien de protection tendent parfois à passer au devant de son efficacité :
« Quelque soit l’efficacité de ce chien, les bergers préfèreraient s’en passer et ne pas
subir le loup » (Porcher et Lécrivain, 2012 : 130). Cependant, il est important de noter
que la politique de l’éducation du chien de protection a évoluée ces dernières années. Si
au début il était recommandé aux éleveurs de se détacher complètement du chien de
protection en le sociabilisant le moins possible pour qu’il soit efficace, les chiens sont
aujourd’hui beaucoup plus sociabilisés et habitués à la présence humaine (Porcher et
Lécrivain, 2012). Il semblerait effectivement que l’efficacité du chien ne soit d’ailleurs
pas corrélée à son agressivité, mais plutôt à l’attention qu’il porte au troupeau (Landry,
2006). De plus, sur internet, le WWF et l’association de protection des troupeaux
mettent à disposition des informations sous forme de vidéo ou autre qui expliquent le
comportement à adopter et à éviter en présence des chiens.
6. Problématique Les chapitres qui précèdent ont mis en évidence qu’il existe une tendance générale à la
préservation de la nature sauvage et que c’est cette volonté qui est hypothétiquement à
la base du bon accueil fait au loup. Mais il a aussi été remarqué que si la volonté
27
d’accueillir le loup est majoritaire, elle n’est pas unanime. Le conflit social qui se
cristallise autour du retour du prédateur en est témoin. Ce conflit tend de manière
générale à opposer le monde de l’élevage, pour qui le loup représente un danger pour les
troupeaux, et celui de l’opinion publique valorisant un retour au sauvage. L’enjeu
semble ainsi se porter autour des différentes manières de catégoriser le prédateur :
Au cœur de ces conflits se jouent tout d’abord des questions de
catégorisation et de définition. Il n’est plus d’animaux que l’on pourrait
classer une bonne fois pour toutes dans la catégorie des nuisibles, du gibier,
du grand prédateur, sans que ces définitions ne donnent lieu à des débats
contradictoires, ici ou ailleurs.
(Manceron et Roué, 2009 : 7)
Ces catégories comme il a été remarqué, semblent être étroitement liées à la manière
d’appréhender le sauvage, et c’est donc bien autour de cette notion que la problématique
du loup semble se situer. Parallèlement à cela, il a été vu que le chien de protection des
troupeaux, conséquence du retour du loup, est d’une certaine manière à mi-chemin entre
l’animal domestique et sauvage. Pourtant, cette forme de sauvage semble être accepté,
et utile dans la vie des éleveurs. Dès lors, le chien de protection, de par sa liminalité,
apparaît comme étant un élément d’analyse intéressant, permettant d’explorer de
manière originale la notion de sauvage.
La présente recherche consistera donc à une exploration de la notion de sauvage dans le
quotidien des éleveurs. La lecture du sauvage se fera d’une part par l’intermédiaire du
loup, mais aussi du chien de protection, le but étant d’essayer de comprendre comment
le sauvage est intégré dans le cadre de vie des éleveurs. Les questions de recherche de
ce travail sont donc respectivement : Comment le chien de protection et le loup sont-ils
catégorisés par les éleveurs ? Et : En quoi la manière dont le chien de protection et le
loup sont catégorisés informe-elle sur le rôle du sauvage dans le quotidien des
éleveurs ? Finalement, ces deux questions mèneront éventuellement à certaines pistes de
réflexion concernant l’enjeu des catégories dans le conflit cristallisé autour du retour du
loup.
28
7. Méthodologie
7.1. Entretiens semi-directifs
Ce travail se base principalement sur des entretiens semi-directifs. Le choix de ce type
d’entretien se justifie car il se trouve être un bon compromis entre l’entretien non-
directif et l’entretien directif. De ce fait, l’entretien semi directif tend à orienter
l’interviewé vers des thèmes choisis tout en lui laissant « toute liberté pour
s’exprimer » (Fenneteau, 2015 : 10). Cette méthode laisse aussi plus de liberté à
l’interviewer pour rebondir en fonction du discours reçu (Kitchin et Tate, 2000). Ces
caractéristiques font de l’entretien semi-directif un bon moyen d’aborder la
problématique de ce travail.
Afin de réaliser les interviews, un guide d’entretien est élaboré (Annexe 1). Ce guide est
composé d’une liste de diverses questions sur des thèmes différents (Bernard et Ryan,
2010). Tous les thèmes sont abordés dans chacun des entretiens, mais pas toujours de la
même manière, ni dans le même ordre. En effet, comme le précisent Kitchin et Tate à
propos de ce type d’entretien : « Topics and the issues to be covered are specified in
advance in an outline form but the interviwer can vary the wording of the questions and
the sequence in wich the questions are tackled » (Kitchin et Tate, 2000 : 214). Les
thèmes sont donc abordés dans un souci de cohérence et de bon déroulement de la
conversation. De manière générale, les questions sont les mêmes pour chacun des
interviewés, avec également des différences d’ordre et de formulations lorsque cela est
nécessaire. Autrement dit, les questions posées à chacun des interviews sont similaires
sans être identiques (Bernard et Ryan, 2010). En outre, chaque interview est initiée avec
des questions d’ordre plus général afin de mettre l’interlocuteur à l’aise et de lancer la
discussion.
Conformément à la problématique de cette recherche, les entretiens ont eu lieu avec des
personnes travaillant dans le monde de l’élevage et qui sont potentiellement au contact
du loup. Sur les trois interviewés, deux sont des éleveurs et un est agriculteur ayant
travaillé en tant que berger sur un alpage visité par le loup. Si le travail aurait pu être
fait à partir d’éleveurs uniquement, il est apparu intéressant de poser des questions
également à quelqu’un ayant effectuer le travail de berger, celui-ci pouvant apporter des
29
éléments de réponse différents, enrichissant ainsi le travail. Le berger a pu être contacté
grâce à des connaissances communes. En ce qui concerne les éleveurs, il a fallu dans un
premier temps trouver des contacts ou adresses d’éleveurs possédant des chiens de
protection des troupeaux. Pour ce faire, il a paru judicieux de prendre contact avec les
préposés cantonaux à la protection des troupeaux, ainsi qu’avec la direction du service
chargé des chiens de protection des troupeaux en Suisse. Seuls les responsables pour le
canton du Valais, de Fribourg et de Vaud ont été contacté, ceci afin de pouvoir trouver
des éleveurs francophones susceptibles d’avoir eu des expériences avec le loup, et
possédant des chiens de protection. Ces contacts ont pu être trouvés sur le site internet
de la protection des troupeaux suisse : « http://www.protectiondestroupeaux.ch ». Les
responsables cantonaux et la direction ont été d’une grande aide en mettant à disposition
des listes avec les numéros de téléphone d’éleveurs possédant des chiens de protections.
Dès lors, il a fallu contacter les éleveurs afin de leur demander si ils acceptaient d’être
interviewé. Au total sept éleveurs ont été appelés, dont deux ont répondu favorablement
à la demande, les autres ayant refusé où n’étant pas disponibles pendant le temps de ce
travail. Sur les deux qui ont accepté, un a proposé une matinée en sa compagnie afin de
pouvoir faire découvrir de manière plus fidèle en quoi consistait le travail avec des
chiens de protection des troupeaux. Au final, les éleveurs n’ont donc pas véritablement
été choisis, il a plutôt fallu saisir les occasions de réponses favorables. Les trois
interviewés ont eu une ou plusieurs expériences avec le loup, mais seuls les deux
éleveurs ont une expérience avec les chiens de protections. En effet, le berger
interviewé n’a jamais travaillé avec de tels chiens. S’il peut paraître paradoxal d’avoir
posé des questions à une personne ne possédant pas de chiens de protection, il faut
savoir que ce choix fut pris en connaissance de cause. En effet, il a paru très intéressant
de demander dès lors pourquoi celui n’en avait pas, et ce qu’il pensait de ce type de
chiens.
Au début de chaque interview, le même type de questions de départ a été posé. Ces
questions sont : En quoi consiste votre travail ? Et pourquoi avez-vous choisi cette
voie ? Ces deux questions permettent entre autres de lancer la discussion et d’en
apprendre un peu plus sur l’interlocuteur. Ensuite, les thèmes propres au sujet de la
recherche ont pu être abordés. Les thèmes principaux sont le loup et le chien de
protection et comprennent chacun des sous-thèmes comme par exemple les expériences
vécues avec l’un ou l’autre, ou encore la manière dont les interviewés souhaiteraient que
30
la problématique du loup soit gérée. Le berger ne travaillant pas avec des chiens de
protection, les questions ne furent pas tout à fait les même pour lui, mais suivirent le
même schéma.
La problématique du loup étant un sujet relativement délicat et médiatisé, il a été décidé
d’anonymiser tous les entretiens afin de ne pas porter préjudice aux éleveurs ayant
accepté de répondre aux questions.
7.2. Observation sur le terrain
Outre les entretiens semi-directifs, le corpus d’analyse de ce travail se base également
sur une observation sur le terrain. La méthode de l’observation est intéressante en tant
qu’apport de données supplémentaires et complémentaire des entretiens, en effet :
« Observation also allows you to record the lives of people as they live it rather than
asking them to reflect critically upon their actions in an artificial social encounter such
as an interview » ( Kitchin et Tate, 2000 : 220 ). Pendant l’observation, des notes sont
prises et certains bouts de conversation sont enregistrés. Suivant la méthodologie
proposée par Kitchin et Tate (2000), seuls les comportements estimés pertinents pour
apporter des éléments de réponse à la recherche sont retenus. Ces comportements sont
entre autres ceux qui peuvent être mis en lien avec la problématique de ce travail, mais
aussi ceux qui paraissent important et particuliers sur le moment, ceux qui semblent mis
en avant par les acteurs se trouvant sur place.
L’observation s’est déroulée sur une matinée et a permis entre autre de se familiariser
avec le déroulement de certaines activités quotidiennes concernant les chiens de
protection, de se faire une brève idée du comportement des chiens de protections et de
les voir en compagnie de leur troupeau. Pendant l’observation, des questions ont été
posées et une prise de notes a été effectuée. Cette prise de notes s’est faite à partir des
réponses aux questions posées mais également à partir de l’observation elle-même. De
plus, des bouts de conversations ont été enregistrés et transcris. Les questions posées au
fil de la journée sont d’une part des questions improvisées sur le moment et d’autre part
des questions qui figurent sur le guide d’entretien. Au final, toutes les questions figurant
sur le guide d’entretien ont pu être posées. Les réponses ont été soit transcrites sur la
base des enregistrements, soit notées sous la forme de prise de notes.
31
7.3. Analyse de contenu
Une fois le corpus d’analyse formé, une analyse de contenu a été réalisée. L’analyse de
contenu consiste dans un premier temps à coder les transcriptions réalisées, afin de faire
ressortir les informations qui s’y trouvent. Les différents codes ont été élaborés à partir
des données récoltées sur le terrain, et sont également mis en relation avec la théorie et
la problématique de ce travail. De ce fait, l’analyse se réfère à une approche déductive
et inductive à la fois. Comme le soulignent d’ailleurs Bernard et Ryan (2010) : « Real
research is never purely inductive or purely deductive, […] » (Bernard et Ryan, 2010 :
265). L’analyse se base donc sur les questions de recherches posées, tout en se laissant
la liberté d’explorer d’autres angles de vue si ceux-ci se révèlent pertinents. A la lecture
des transcriptions réalisées, des thèmes et sous thèmes sont donc recherchés et classés
(Bernard et Ryan, 2010). Pour définir les différents thèmes, des citations ou expressions
qui semblent pertinentes sont relevées et rassemblées ensemble (Lincoln et Guba,
1985 dans Bernard et Ryan, 2010). Est définit pertinent d’une part ce qui peut être mis
en relation avec la théorie et la problématique de cette recherche, et également tout ce
qui ressort dans les entretiens comme étant souvent répété, ainsi que les analogies ou les
différences dans le discours des interviewés (Bernard et Ryan, 2010). De manière
générale, chaque phrase de la transcription est passée en revue et un thème lui est
attribué.
8. Cadre théorique
Ce travail de recherche s’inscrit dans une perspective constructiviste de la nature,
postulant que celle-ci est construite socialement. (Lévy et Lussault, 657). Cette
perspective semble pertinente pour aborder la présente recherche car elle tend a appuyer
l’hypothèse selon laquelle le statut du loup a subit une rupture suite aux changements de
rapport à la nature qui date du XXe siècle. En effet : « Chaque société construit ses états
de nature qui assurent une partition, une distribution et un régime de relations légitimes
(acceptées par le plus grand nombre) entre l’humain et le non-humain ». (Lévy et
Lussault, 2003 : 656). Le cadre constructiviste permet entre autre d’aborder la
problématique en étant conscient qu’il existe plusieurs moyens de « construire » la
nature, et que les différences de compréhension de celle-ci peuvent être générateur de
conflits. Comme le précise Lévy et Lussault (2003) :
32
[ …] n’oublions pas que la nature n’est pas la même pour tous les acteurs et
que le problème de sa définition est crucial et souvent polémique. La société
« invente » donc ses natures acceptables et en retour cette invention
contribue à la configurer et à l’organiser »
(Lévy et Lussault, 2003 : 656-657)
8.1. La catégorisation.
En restant dans une perspective constructiviste, ce travail va s’intéresser aux différentes
manières de catégoriser les éléments. Catégoriser signifie : « rendre équivalentes des
choses différentes, en rapprochant ces objet, ces êtres et ces événements » (Debarbieux,
2004 : 17). La catégorisation est un processus très important pour la pensée humaine, en
effet :
«[…] comme le remarquait déjà Aristote7, le monde est composé d’une telle
quantité d’objets, d’êtres et d’événements que si nous devions les identifier
et les nommer tous, nous serions vite confrontés aux limites de notre
langage et de notre raisonnement ».
(Debarbieux, 2004 : 17)
De ce fait, la catégorisation apparaît comme étant une « réponse imposée par les
mécanismes de la pensée et du langage » (Debarbieux, 2004 : 17). En plus de cela, il est
également important de noter que la catégorisation est un phénomène qui est intégré en
fonction des « conventions sociales », et de l’ « intersubjectivité » (Debarbieux,
2004 :18-19). Ainsi, il est possible d’affirmer que les catégories sont des « faits de
cultures » (Debarbieux, 2004 : 20). Comme le précise encore Debarbieux (2004), les
catégories « prennent des formes langagières ; elles mobilisent des contenus descriptifs
et interprétatifs ; elles rendent possible la construction de représentations du monde »
(Debarbieux, 2004 : 20). S’intéresser à la catégorisation semble donc être un moyen
pertinent pour saisir les différentes représentations des acteurs dans le cadre de la
thématique du loup. Effectivement : « […] changer les mots pour la désigner, c’est
d’une certaine manière changer la réalité elle-même » (Micoud, 1993).
33
Comme entrevu dans les chapitres précédant, la notion de sauvage, qui est au centre de
ce travail, peut être caractérisée de différentes manières. Il est tout d’abord possible de
le définir par opposition au domestique, comme l’explique Pelosse et Micoud : « […]
est domestique ce que dans le monde naturel l’homme contrôle, maîtrise, alors que tout
ce qui échappe à son entreprise de domination ou vient la perturber ressortit au
sauvage » (Pelosse et Micoud, 1993 :10). Ce sauvage là est souvent associé au terme
« nuisible », terme qui au début fut porté par le monde agricol, qui « toujours confrontés
au sauvage proche, destructeur des récoltes et des élevages, ont réclamé le droit de se
défendre » (Micoud, 1993 : 86). A ce propos, il est possible d’affirmer que les animaux
nuisibles s’opposent à ceux qui sont utiles pour l’agriculture (Walter, 1990). En ce qui
concerne le terme « nuisible », il est important de noter que c’est un élément souvent
corréler à la notion de quantité. En effet : « En faible densité, les animaux sont
rarement gênant, jamais nuisible – mais ils le deviennent tous quand ils prolifèrent… il
n’est pas d’animaux sauvage que ne deviennent nuisibles par prolifération […] » (Joset,
1978 : 439 cité dans Micoud, 1993 :88). Entre autre, le terme « nuisible » peut être aussi
être compris, pour reprendre les termes de Micoud, comme un « « sauvage »
dérangeant » (Micoud, 1993 : 85). A propos de cela, Bobbé rajoute : […] dans son
acceptation première, « sauvage » s’applique à l’animal que l’on ne maîtrise pas et qui
représente une menace potentielle pour l’homme et ses productions […] (Bobbé, 2000 :
2). En outre, le sauvage non maîtrisé est ainsi parfois compris en tant que sauvage
« menaçant », ou encore « dangereux ».
Mais comme il a été démontré précédemment, le sauvage peut également être
appréhendé selon d’autres critères. Celui-ci a effectivement aujourd’hui tendance à être
associé au « vraiment naturel » (Micoud, 1993 : 85) et à être valorisé en tant que retour
à la nature. De ce point de vu, le sauvage se définit par opposition à l’ « artificiel ».
Dans la même ligne d’idée, le sauvage est aussi fréquemment pensé comme un élément
de la « biodiversité écologique » qu’il faut protéger (Bobbé, 2000 : 2) et se distingue
ainsi du sauvage qu’il fallait explorer et conquérir (Kalaora, 2001). Ainsi valorisé, le
lexique approprié pour parler du sauvage se trouve souvent dans le registre « du
pittoresque, du superbe, de l’unique, de l’exceptionnel. Ce sont toujours des catégories
appartenant au champ esthétique […] » (Kalaora, 2001 : 595).
34
A la vue de ces différentes catégories il a été décidé de créer un tableau récapitulatif
(figure 1) faisant office de grille de lecture, ceci permettant de faciliter et clarifier leur
analyse.
Figure 1 : Tableau récapitulatif des caractéristiques attribuées au sauvage.
Tous les éléments cités ci-dessus sont des catégories récurrentes du sauvage et serviront
de pistes de réflexion pour aborder l’analyse des entretiens. Cependant, les éléments qui
se retrouveraient uniquement dans le discours, sans être présents au préalable dans ce
chapitre, seraient évidemment pris en compte.
9. Analyse des données
Après avoir établi les différentes questions posées dans ce travail, les données récoltées
peuvent être analysées. Ces données proviennent des entretiens réalisés, et comme déjà
évoqué dans le chapitre des méthodes, sont composées de trois interviews qui ont été
retranscrites ainsi que de notes prises pendant une matinée d’observation. Les personnes
Caractéristiques
attribuées au sauvage
Caractéristiques
opposées
Auteurs mobilisant ces catégories
Sa
uvag
e co
nnot
é né
gativ
emen
t
-‐ Incontrôlable
-‐ Nuisible, dérangeant,
-‐ Destructeur,
menaçant
-‐ Proliférant
-‐ Domestique
-‐ Utile
-‐ Régulé
-‐ Pelosse et Micoud (1993)/Bobbé (2000)
-‐ Micoud (1993) / Walter (1990)
-‐ Micoud (1993)
-‐ Joset cité dans Micoud (1993)
Sa
uvag
e co
nnot
é po
sitiv
emen
t
-‐ Vraiment naturel
-‐ Élément de la
biodiversité à
protéger
-‐ Pittoresque, sublime
-‐ Artificiel
-‐ Conquête de la nature
-‐ Micoud (1993) / Bobbé (2000)
-‐ Bobbé (2000) / Kalaora (2001) -‐ Kalaora (2001)
35
interviewées, leur anonymat étant préservé, seront nommées sujet I, sujet II, sujet III,
selon l’ordre chronologique dans lequel les interviews ont été réalisés. De même, tout
les lieux ou noms de personnes évoquées par les interviewés ont été remplacés par
« ***** ». Les sujets sont tous acteurs du monde pastoral. Le sujet I et III sont des
éleveurs, vaudois et le sujet I est un berger travaillant dans le canton du Valais. Les trois
personnes interrogées ont toutes d’une manière ou d’une autre été confrontées au loup,
mais n’ont pas toutes été au contact des chiens de protection. En ce qui concerne le sujet
I, il a commencé à prendre des chiens de protection car son troupeau était victime des
attaques des chiens de promeneurs qui venaient sur l’alpage. Le sujet II n’utilise pas de
chiens de protection, et le sujet III a commencé à utiliser des chiens à cause de
problèmes avec les lynx.
9.1. Le troupeau contre les nuisibles La première partie de cette analyse va s’intéresser aux différents dangers auxquels les
troupeaux peuvent être confrontés. En effet, il semblerait que, dans les entretients
reéalisés, de nombreux animaux, comme les chiens des promeneurs, les loups, les lynx,
et certains oiseaux, ressortent comme étant des animaux nuisibles.
Premièrement, bien que ceux-ci ne soient pas les plus problématiques, certains rapaces
ainsi que les corbeaux ont été cités par les Sujets II et III comme étant un danger pour
les agneaux. Le Sujet II souligne : « Et les rapaces avec les jeunes, les petits agneaux »
(Sujet II). Les chiens amenés généralement par les promeneurs, constituent déjà une
plus grande menace, à tel point que c’est à cause d’eux que le Sujet I a opté pour des
chiens de protection. Les chiens errants semblent représenter une nuisance sur plusieurs
aspects. Si le Sujet I a subit des attaques directement sur ses brebis à cause des chiens
errants, le Sujet II explique que les chiens errants sont dérangeants car ils dégradent les
prairies. Le lynx lui aussi semble représenter un problème important. Très présent chez
le Sujet III, le lynx a causé beaucoup de pertes chez cet éleveur avant qu’il ne prenne
des chiens de protection. Celui-ci affirme en parlant des lynx :
[…] pis on en avait beaucoup trop ici et puis dans cette région ils se
concentraient, on en a eu jusqu’à dix douze et puis la c’était… une année,
juste avant qu’on ait les chiens je crois qu’on en a perdu vingt-six.
36
(Sujet III)
Le loup quant à lui est une nuisance rencontrée chez les trois interviewés. Le Sujet I a
déjà eu le loup à proximité plusieurs fois mais sans que cela ne pose trop de problèmes
pour son troupeau. Le Sujet II a eu une seule expérience avec le loup, celui-ci ayant tué
trois chèvres et deux cabris avant de se volatiliser. Le Sujet III a lui aussi perdu
quelques individus sur une période d’un mois.
A la mise en évidence de ces différents dangers pour le troupeau, il semble possible
d’affirmer que le loup ne représente pas le seul enjeu de la protection des troupeaux, il
n’est pas le seul animal nuisible.
9.2. La catégorisation du loup Mais si le loup ne représente pas le seul enjeu, il semble néanmoins accéder à un statut
particulier. Cette deuxième partie de l’analyse des résultats va tenter de définir quelles
sont les caractéristiques attribuées au loup par les éleveurs. Entre autres, cette partie
permet d’éclaircir la manière dont le loup est catégorisé, et en quoi il est différent des
autres nuisibles.
Tout d’abord, les entretiens semblent démontrer que le loup représente une forme
d’inquiétude générale pour les éleveurs. Le Sujet III souligne : « T’es jamais tranquille,
tu sais jamais si ya un loup, si le lendemain t’en a 5 de foutus, c’est quand même pas
agréable de travailler comme ça quoi » (Sujet III). Cette inquiétude se retrouve aussi
chez le Sujet II qui affirme : « […] dès que y’en a un qui est dans les environs t’es là
« ben merde », tu flippes et pis… » (Sujet II).
En plus de cela, les entretiens s’accordent sur le fait que la présence du loup ajoute un
temps de travail important :
Ben nous ce qu’on essaye toujours de dire c’est qu’il faut qu’ils
reconnaissent le travail supplémentaire qu’on a, ou bien à l’époque hein
jveux dire vous aviez un troupeau de moutons avant ben si vous alliez deux
fois par semaines ben vous étiez tranquille, pas de pertes et tout tandis que le
37
loup à présent c’est quand même heu on peut plus dire on met des moutons
comme ça, on doit suivre et c’est vraiment… non mais les gens se rendent
pas assez compte de l’impact que ça a quoi.
(Sujet III)
L’implication supplémentaire décrite dans ce paragraphe se retrouve aussi bien chez les
Sujet I et II.
Un autre élément qui différentie le loup des autres animaux est sa tendance à ne pas tuer
uniquement pour se nourrir. Cette dimension a été évoquée par le Sujet II et III et
ressort comme étant important dans la problématique du loup. En effet, le Sujet II
souligne : « […] en plus, souvent les loups c’est même pas pour se nourrir, c’est…ils
bouffent un petit peu mais il en ravage vingt […] » (Sujet II). Le Sujet II appuie encore
cela en précisant : « […] y’en a ils se sont fait dévorer la moitié de leur troupeau. »
(Sujet II). Le Sujet III évoque cette manière de tuer en la comparant à celle du lynx :
Ben disons que faut dire que le loup ça fait vraiment vraiment des dégâts
hein, jveux dire…du temps que ça bouge, ça tue… un lynx va tuer un tout
les trois quatre jours et il va quand même manger la proie, après bon peut-
être deux, on a eu des fois deux d’un coup étranglé, mais en principe heu
c’était… le loup tant que ça court et il devient fou et il étrangle quoi. Alors
c’est souvent vingt, ou trente qui peut nous passer dans le coup quoi.
(Sujet III)
Finalement, au vu des précédentes lignes, le loup apparaît comme un animal qu’il est
possible de qualifier comme étant trop nuisible et dangereux et féroce pour proliférer
librement. Si le terme nuisible n’a pas été directement employé par l’éleveur, il semble
tout de même ressortir fortement, notamment par le sujet II, qui en parlant du loup
affirme :
Pis bon c’est des trucs c’est pas pour rien que y’en a plus alors pourquoi il
faudrait les remettre ? C’est parce que c’était quand même des dangers, ça
emmerde du monde, et puis on emmerde encore aujourd’hui avec ça quoi.
(Sujet II)
38
Il apparaît de ce fait essentiel chez les trois personnes interviewées que le loup est un
animal qui doit être régulé. A la question « Comment voyez vous la situation évoluer »,
le Sujet III rétorque : « […] je pense faut que ça soit sous contrôle quoi. Pour moi ya
que ça quoi » (Sujet III, 10). Le Sujet II ressent quant à lui une totale non gestion du
loup en Suisse et il affirme à ce propos : « Je pense que c’est pas géré du tout, et que
voilà ben on te file des sous pour voilà tais-toi comme ça on fait plaisir à tout le
monde » (Sujet II, 6). Dans ce même état d’esprit de régularisation, il semble qu’un
enjeu important se retrouve dans le fait qu’il est important pour les éleveurs de ne pas
laisser s’installer des meutes. Le Sujet III affirme en effet : « […] du temps que y’a
encore pas des meutes jpense qu’on a pas encore trop trop de danger mais… » (Sujet
III). De plus, le Sujet I souligne :
[…] au Calanda ce qui à été fait est juste. Ils ont tiré les loups, on va pas
laisser la meute ! Qu’on en aille un ou deux…ils en ont tiré quelques uns,
elle est gérée...la meute elle doit être…voilà. Les gardes doivent savoir où
elles sont, où est le loup, et comme ça on sait qu’on doit faire attention.
(Sujet I)
Si le côté proliférant de l’animal semble être un enjeu, il semblerait que le côté
imprévisible et hors de contrôle des attaques de loups semble également être
dérangeant. Les deux autres interviewés s’expriment eux aussi sur leur volonté
d’instaurer un contrôle plus sérieux concernant le prédateur. A la question « Comment
souhaitez vous voir la problématique évoluer », le Sujet II évoque une volonté de
surveillance supplémentaire en ce qui concerne la localisation des loups. De la même
manière, le Sujet III souhaiterait un meilleur suivie de manière général, aussi en ce qui
concerne les lynx. De plus, la faune qui n’est pas suivit et maîtrisée est d’une certaine
manière nuisible :
C’est pas comme le cerf, le sanglier. Les machins que tu peux encore
réguler avec la chasse, parce que sinon c’est des nuisibles finalement. Alors
que le loup pour le réguler avec la chasse tu peux y aller un moment avant
de le retrouver.
(Sujet II)
39
Cette affirmation permet également de montrer que le loup apparaît comme un élément
difficile à réguler, alors que sa régulation est justement souhaitée. En outre, le loup en
soi semble peu problématique tant qu’il n’attaque pas, du moins pour le Sujet I qui
explique qu’un loup qui est localisé tout proche mais qui n’attaque pas le troupeau n’est
pas un problème :
« Y’en a un qui me disait : « tu vas avoir un loup à côté de tes moutons, il ne
va jamais bouger. Mais il ne faut pas le tuer celui-là ». Et puis un disais
« ouai y’a qu’a le tirer » Ben non parce que si il est là et qu’il ne touche pas
les moutons c’est que c’est pas un autre qui va venir pis tes moutons vont
rester tranquille. Par contre si il tue tes moutons ben la tu devras agir ».
(Sujet I, 5)
Dès lors il paraît censé d’affirmer que le loup n’est véritablement un problème qu’à
partir du moment où il se trouve dans un espace qui ne lui est pas réservé, où il n’a pas
sa place.
9.3. Le chien de protection, une catégorisation entre sauvage et domestique. Après la mise en évidence des différents nuisibles auxquels le troupeaux doit faire face,
et après avoir vu en quoi le loup possède certaines spécificités, la suite de l’analyse va
maintenant démontrer en quoi le chien de protection des troupeaux peut représenter une
solution, mais une solution qui engendre certaines complications. Les différents aspects
du chien permettront entre autre de mettre en évidence le statut liminal de celui-ci.
Il est en effet unanime chez tous les interviewés que le chien de protection des
troupeaux constitue une réponse efficace aux différents problèmes cités ci-dessus. Alors
que le sujet I affirme qu’il ne reviendrait pas en arrière en ce qui concerne sa décision
d’opter pour le chien de protection, le sujet III indique que les pertes se sont nettement
réduites depuis l’acquisition des chiens :
40
On a commencé et on a eu tout de suite un bon résultat. On a pu diminuer
les pertes vraiment heu et tout, et pis après ben on en a pris deux trois et on
en a minimum deux par troupeaux
(Sujet III)
En plus de l’efficacité contre les prédateurs, le chien de protection permet également un
contrôle du troupeau plus régulier. Le sujet I explique à ce propos que le chien, qui doit
être nourri, exige d’une certaine manière un contrôle plus régulier du troupeau, ce qui
permet de s’apercevoir plus rapidement des éventuels dommages qui auraient été fait.
Ainsi, il est possible de remarquer que le chien de protection apparaît d’emblée comme
un animal utile et efficace dans la vie des éleveurs. Le sujet II, bien qu’il n’ait jamais
travaillé avec ce genre de chiens semble avoir une représentation positive de ceux ci et
pense qu’il s’agit d’un des seuls moyens efficaces : « Je pense c’est le seul moyen
efficace » (Sujet II). Dès lors, il fut intéressant de lui demander pourquoi il ne faisait pas
usage d’un tel moyen de protection qui se révèle plutôt efficace.
Il y a plusieurs éléments de réponse à cette question. Tout d’abord, il reste important de
préciser que le chien ne peut jamais être efficace a 100%. Les trois interviewés semblent
en effet s’accorder sur ce point : « Mais le risque zéro avec les chiens on l’aura jamais
non plus » (Sujet I). Le Sujet III ajoute : […] bon on a deux chiens mais quand y a
beaucoup de verne, de branches, de forêt, ils peuvent pas être partout hein, ça c’est sûr »
(Sujet III). Mais surtout, le sujet II met en évidence certaines difficultés engendrées par
les chiens de protection, qui selon lui constituent un des « principaux freins » à
l’utilisation du chien de protection (Sujet II). Ces difficultés concernent principalement
certaines réactions des chiens face à la présence d’individus étrangers comme des
promeneurs à proximité du troupeau.
Mais bon après typiquement tu es dans un alpage où il y a du tourisme, et
ben un chien qui garde le troupeau, les gens ils passent à côté, ils ont les
boules, il peut attaquer des gens, des enfants et tout, du coup il y a aussi ce
risque là à prendre ! Si t’es dans un alpage paumé tu t’en fout, y’a personne
qui passe. Mais des lieux un peu fréquentés où tu vends tes produits et
tout…
(Sujet II, 4)
41
Mais si le sujet II ne possède pas de chien de protection, la problématique des chiens en
tant que risque pour les promeneurs paraît connue, et se retrouve aussi chez les sujets I
et III, qui eux ont vécu ce genre de situation. Le sujet III explique d’ailleurs avoir eu
beaucoup de problèmes au tout début de son expérience avec les chiens. En ce qui
concerne le sujet III, il a lui aussi connu des situations problématiques de ce genre. A ce
propos, le sujet III insiste sur le fait que les chiens de protections ne sont pas du tout
contrôlables ou maîtrisable. En effet : « Pis après ce que les gens comprennent pas c’est
qu’on a pas le rappelle sur ces chiens. » (Sujet III) Pour illustrer cela l’éleveur raconte
qu’un coureur avait traversé le troupeau sans se douter et que les chiens étaient partis à
sa poursuite sans que l’éleveur, témoin de la scène, ne puisse rien faire pour les en
empêcher. Le dénouement de cette action aurait, d’après l’éleveur, pu être dramatique :
« Ah ouai ouai non non mais il aurait pu se faire démonter » (Sujet III). Si ce genre
d’événement arrive de temps en temps, le Sujet III explique qu’au tout début de son
expérience avec les chiens, ceux ci étaient encore beaucoup plus sauvages
qu’aujourd’hui :
On disait « Oh il faut qu’ils soient sauvages, faut pas les toucher rien, mais
alors nous quand on devait déplacer, si on voulait les vermifuger et tout il
fallait quasiment les endormir ou leur lancer un filet dessus (rire). Non pis
on risquait de se faire mordre et tout, non parce qu’ils arrivaient pas à être,
ils aimaient pas être tenu, ils avaient jamais été tenu. Alors c’est embêtant
quoi. C’était des bêtes sauvages quasiment.
(Sujet III)
A la vue des ces différents éléments, il est approprié d’avancer que le chien de
protection des troupeaux semble posséder des caractéristiques associées au monde du
sauvage. En effet, l’affirmation : « C’était des bêtes sauvages quasiment » (Sujet III)
démontre que l’utilisation du registre du sauvage pour parler des chiens n’est pas
exagérée. Même si à l’heure actuelle la tendance de l’éducation des chiens semble
toutefois s’être dirigée vers une meilleure socialisation des chiens, ce qui est pour le
mieux si on en croit les interviewés, l’aspect sauvage du chien persiste. Le sujet III met
d’ailleurs en évidence le problème de la potentielle prédation des chiens. Dans le
contexte où un troupeau devrait être protégé par de nombreux chiens, l’éleveur
souligne : « […] si on a trop de chiens ils ont aussi l’esprit de meute qui revient, après
42
ils vont aussi après le gibier, c’est quand même heu… ça va pas quoi. » (Sujet III, 9). En
outre, le sujet I souligne que la socialisation des chiens de protection doit se faire dans
l’unique but de pouvoir les emmener chez le vétérinaire et de pouvoir s’en approcher
pour les nourrir ou contrôler si ils n’ont pas de tiques.
Cependant, il est évident que le chien de protection se trouve être en partie domestiqué.
Le Sujet III affirme d’ailleurs : « […] ils nous connaissent, après moi si je dis viens il va
pas… il va venir autour de moi, il est tout content on peut le caresser » (Sujet III). Le
sujet I en ce qui le concerne évoque la mort d’un de ses chiens de protections qui semble
l’avoir beaucoup touché. Celui-ci parle de cet événement avec ces mots : « Il est mort
dans mes bras » (Sujet I). Et aussi : « il a eu un cancer, c’était foudroyant » (Sujet I).
Ainsi, le chien de protection semble donc catégorisé sur un double registre, entre le
sauvage et le domestique.
9.4. Le chien et ses interactions.
L’analyse va maintenant approfondir le statut liminal du chien de protection en mettant
en évidence les différentes interactions que le chien vit avec certains acteurs.
Tout d’abord, et pour approfondir ce qui à été vu plus haut, les interviews démontrent
très fortement que la relation entre le chien de protection et l’éleveur, ou le berger, est
particulière et ne se situe de toute évidence par sur le même registre que celle d’un chien
de compagnie, ou d’un chien de conduite des troupeaux. C’est tout d’abord
l’observation sur le terrain qui permet d’arriver à ce constat, car il fut d’emblée possible
de remarquer que le chien de protection semble ne recevoir aucuns ordres de la part de
l’éleveur, et ce malgré les aboiements constants. Au contraire, le chien de conduite, lui
se fait réprimander tout de suite si il se comporte de manière bruyante ou autre. D’autre
part, lorsque le sujet I nourri les chiens de protection, aucuns gestes affectueux ne
transparaît. L’éleveur explique à ce propos : « On peut les caresser, mais c’est lui qui
doit venir demander les caresses. Soit il vient de lui-même, soit on y va pas » (Sujet I).
Il est donc évident que la domestication des chiens n’est pas totale, ceux-ci conservant
un côté sauvage.
43
Ensuite, il est important de citer que le rapport entre le chien de protection et les
promeneurs est également particulier. En effet, ce rapport semble se vivre sur la base de
l’aspect imprévisible et incontrôlable des chiens de protection déjà cité précédemment.
Ceci à tendance à effrayer les promeneurs, qui ne réagissent dès lors pas toujours de
manière adéquate :
[…] mais ils paniquent les gens, pourtant c’est expliqué ce qu’il faut faire, et
puis voilà. […] un jour une dame m’a dit : « ah mais je voulais juste passer
sur le chemin » et je lui ai dit : « mais vous seriez passé dix mètres à
côté ! ». Alors après elle a commencé, elle avait un parapluie alors elle lui
lançait son parapluie (rire), après elle a dû quand même repartir pour finir
mais… Non mais voilà c’est la réaction […]
(Sujet III, 3)
Le Sujet III ajoute également : « Et moi je les comprends parce que vous avez un gros
chien de septante kilos ces chiens, qui arrivent en aboyant, ces chiens quand on les
connaît pas c’est vrai que c’est impressionnant ! » (Sujet III).
En ce qui concerne les moutons, il semble possible d’affirmer que leur relation au chien
se vit également dans un registre liminal. D’un côté, l’observation des chiens a montré
que ceux ci sont effectivement sociabilisés dans le troupeau, et les suivent dans tous
leurs déplacements. Le Sujet III affirme d’ailleurs : « […] ils se prennent pour des
moutons, c’est le but ! » (Sujet III). D’un autre côté, le Sujet I souligne que vers huit
mois, les chiens sont très joueurs et peuvent s’en prendre aux moutons et les blesser :
« Quand ils arrivent à huit-dix mois ils redeviennent joueur avec les moutons. C’est là
qu’il faut faire attention » (Sujet I). Le Sujet III soulève également la tendance des
chiens à manger le placenta des brebis qui viennent de mettre bas, ceci à cause de
l’odeur du sang : « […] alors si ils bouffent les placentas tout frais au début on fait très
attention » (Sujet III) Ce phénomène ne semble pas fréquent mais peut engendrer des
blessures chez la brebis.
Par rapport aux prédateurs, l’aspect sauvage du chien de protection des troupeaux prend
toute son importance. En effet, il est essentiel que les chiens gardent leur côté sauvage
afin de pouvoir lutter contre les dangers pour le troupeaux : « Mais c’est sûr que si vous
courrez attraper un mouton ou bien un truc comme ça, courir dans le troupeau ben alors
44
la c’est… ils font quand même leur travail hein, c’est quand même le but sinon ils
servent à rien (rire) » (Sujet I).
9.5. Des représentations contrastées de la nature. Après avoir vu comment le loup et le chien de protection sont catégorisés, le dernier
chapitre de cette analyse concernera le contraste des différentes représentations de la
nature, contraste très présent dans les interviews réalisées.
En effet, il semble qu’une opposition entre deux types de natures soit ressentie par les
éleveurs ; les défenseurs du loup valorisant une nature sauvage plutôt que cultivée. Le
Sujet I affirme à propos de cela : « Ils veulent la faune sauvage et les agriculteurs
débrouillez-vous » (Sujet I). Ce contraste est mis en avant également par une
incompréhension de la part des éleveurs concernant la volonté de l’opinion publique au
sujet du retour du loup. Le Sujet III explique en effet qu’il ne comprend pas les raisons
de la volonté du retour du loup avec ces mots : « ouai j’aimerai bien savoir pourquoi,
si… “ ah non mais c’est sympa c’est la nature, c’est le retour des choses normal…“ Et je
dis mais dites moi le plaisir que vous avez quoi ! » (Sujet III). Dans le même registre,
celui-ci ajoute qu’il ne voit jamais les loups : « Vous les voyez jamais hein ! » (Sujet
III).
De plus, cette forme de valorisation d’un retour à la nature semble critiquée. En effet,
pour le Sujet III le retour du loup semble être synonyme de la perte d’un autre sauvage :
Je suis pas contre [le loup] mais je dis mais dites moi ce que ça vous
apporte. Quand vous vous promenez et que vous voyez plus un chevreuil,
plus un chamois, qu’est ce que ça apporte aux gens hein ! Si vous faites une
votation aujourd’hui ils sont tous pour le loup, pour le lynx, mais… qu’est
ce que ça apporte hein ?
(Sujet III)
Pour le Sujet III, ce risque est d’ailleurs aussi lié à la présence du lynx : « […] ouai ça
allait plus du tout on avait plus de chevreuils plus de chamois, ouai à cause des lynx
[…] » (Sujet III).
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Ce contraste des représentations de la nature semble mener à une forme de décalage
ressenti par les éleveurs entre leur réalité et les attentes des défenseurs des loups.
Comme le souligne le Sujet III : « Non ils se rendent pas compte quoi, celui qui est dans
un appartement et qui décide ça heu…il peut pas se rendre compte du travail que ça
nous donne en plus » (Sujet III). Dans le même registre, les exigences et les attentes
placées dans le chien de protection sont ressentis comme étant quelques peut exagérées :
« On lui demande la perfection. Ils doivent être agressifs contre les prédateurs, gentils
avec les promeneurs, etc…Est-ce qu’on en demande autant à une personne j’en suis pas
sûr » (Sujet I). Le Sujet III soulève à ce propos un décalage, en ce qui concerne les
chiens de protections, entre théorie et réalité : « La théorie de dire heu… non ya quand
même des chiens et pis faire des clôtures heu…(Rire) il faut être sur le terrain quoi »
(Sujet III). Ainsi, le postulat émettant l’idée que les problèmes du loup peuvent être
réglés par la protection des troupeaux semble remis en question par les éleveurs. Ceux-
ci insistant sur le fait que la présence du chien (et les méthodes de protections de
manière générale) ne doit pas servir à légitimer le loup. Le Sujet I précise d’ailleurs dès
le début que ce n’est pas parce qu’il a des chiens qu’il accepte le loup, mais qu’il
souhaite avant toute chose protéger son troupeau, et en ce qui concerne le Sujet II, celui-
ci affirme encore : « Euh non, en général c’est plutôt il faut éradiquer le loup que avoir
des chiens » (Sujet II).
10. Discussion Il reste maintenant à analyser les différents éléments qui ont été mis en évidence en les
mettant en relation avec la théorie et la littérature abordées dans les chapitres
précédants.
En ce qui concerne le loup, il semble d’emblée possible d’affirmer que celui-ci
appartient dans l’esprit des éleveurs à la catégorie des animaux nuisibles. Les éleveurs
le voient comme un animal dangereux pour le troupeau, et donc un animal contre lequel
il faut se défendre. Le loup représente ainsi le sauvage dérangeant dont parlait Micoud
(1993), celui qui nuit aux cultures. En plus de cela, il semblerait également que le loup
soit fortement relié à l’image du sauvage incontrôlable évoqué par Pelosse et Micoud
46
(1993), induisant ainsi une inquiétude chez les éleveurs. Mais au delà d’être nuisible et
incontrôlable, le loup est redouté pour sa férocité, férocité illustrée par sa capacité à tuer
sans se nourrir. En outre, le loup se place aussi dans la catégorie des animaux
proliférant, ceci le rendant inévitablement nuisible, comme le soulignait déjà Joset
(1978) cité dans Micoud (1993). L’idée de la meute semble ainsi façonner son statut
d’indésirable, les éleveurs semblant craindre par dessus tout que le retour du loup ne
s’accompagne pas vraiment d’une politique de régulation du prédateur.
Individuellement féroce et collectivement proliférant sont autant de caractéristiques qui
semblent donner au loup un statut particulièrement indésirable, allant au delà du simple
nuisible, et c’est pourquoi les chiens de protections des troupeaux, bien qu’il s’agisse
d’une méthode de protection efficace ne doivent pas, selon les éleveurs, servir à
légitimer sa présence.
En ce qui concerne le chien de protection des troupeaux celui ci semble effectivement se
situer sur deux registres, celui du sauvage et du domestique. Cette liminalité permet au
chien d’être un gardien efficace mais génère également des complications, provoquées
essentiellement par le côté plus sauvage de l’animal. Ce sont bien ses aspects
incontrôlables, et inobéissants qui le rendent en partie sauvage, comme le soulignait
déjà Bobbé (1999). De plus, il a également été vu que leur instinct naturel les amène
dans des cas extrêmes à s’en prendre aux brebis ou même au gibier, comme le relevait
encore Bobbé (1998). L’inobéissance des chiens de protection déjà évoquée par Landry
(1993) et leur caractère incontrôlable se révèle être un élément problématique, mais il
est tout de même nécessaire et garantit une forme d’autonomie essentielle pour une
protection efficace des troupeaux. Contre toute attente il semble pourtant que les
éleveurs peuvent se lier d’affection avec ces chiens de protection, ceci semblant pouvoir
aller au delà de relation purement utilitaire que soulignait Vincent (2011a).
En considérant maintenant le chien de protection et le loup ensemble, il est intéressant
de constater que, si les deux animaux sont reliés d’une certaine manière à des
caractéristiques récurrentes du sauvage, l’un est accepté et l’autre non. Si la particularité
du loup, qui a déjà été évoquée, est forcément une des raisons de cette différence, il
convient tout de même d’explorer ceci de manière approfondie. En effet, il semble
intéressant de relever le changement de politique des chiens de protection, déjà souligné
par Porcher et Lécrivain (2012), qui consiste à les rendre moins sauvage. Aujourd’hui,
47
le coté social des chiens est donc de plus en plus recherché au détriment de ses aspects
sauvage. Pourtant, cette partie plus sauvage est de par la fonction des chiens un aspect
indispensable. Dès lors il est possible d’avancer l’hypothèse que cette forme de sauvage
est acceptée car elle constitue en quelque sorte un élément utile, comme le soulignait
déjà Walter (1990) en parlant de l’opposition entre les animaux utiles à l’agriculture et
ceux qui lui sont nuisibles. Le loup de son côté n’apparaît jamais aux éleveurs comme
étant un élément utile, au contraire il détériore et compromet leur travail. De plus la
volonté de rendre les chiens plus sociaux, sans pour autant les priver de leur caractère
sauvage suggère également l’existence d’une forme de seuil au delà duquel le sauvage,
si il s’éloigne trop du domaine domestique et demeure trop ingérable, n’est plus toléré.
Ainsi, il est possible d’affirmer que si le sauvage peut être toléré dans le quotidien des
éleveurs, celui ci doit pouvoir se réguler, posséder d’une manière ou d’une autre une
utilité quelconque, et ne pas s’éloigner de manière trop importante du monde
domestique. Bien loin de la valorisation du monde sauvage revendiquée par l’opinion
publique mise en évidence par Benhammou (2009) et de la volonté de « vraiment
naturelle » qu’évoquait Micoud (1993), le loup, dans le quotidien des éleveurs apparaît
comme un animal qui n’est pas désiré. En effet :
Le loup se trouve être le comble de la sauvagerie dans un monde qui
s’efforce de la contenir dans des limites très étroites, et le comble de la
naturalité dans l’autre, qui la désire ; il incarne ces deux valeurs mieux que
le lynx. Les dégâts qu’il cause sont pires que ceux du sanglier. Il réunit ainsi
les ressorts de la crise. Son installation est vue comme la déroute du
domestique dans le monde sauvage-domestique, comme la revanche
triomphale de la nature dans le monde nature-artifice.
(Mauz, 2005 : 166)
Au final, le sauvage valorisé et recherché, celui qui s’oppose à l’artificiel qu’évoquait
Bobbé (2000) ainsi que Micoud (1993), ne semble pas très présent dans le quotidien des
éleveurs. L’analyse semble mettre en avant un sauvage d’avantage associé au dangereux
pour les troupeaux, et au nuisible, s’opposant ainsi à ce qui est maîtrisable, contrôlable.
Ce constat permet d’affirmer qu’il existe bien un décalage entre deux réalités
différentes, l’une percevant le loup comme un retour légitime de la nature, l’autre
comme un danger, un nuisible.
48
11. Conclusion Ce travail aura permis de mettre en évidence comment certains aspects du monde
sauvage sont pris en compte par les éleveurs. Il ressort entre autre que le sauvage qui est
toléré est un sauvage qui peut se contrôler, se maîtriser dans une certaine mesure, et qui
ne doit pas proliférer. Dans le cas contraire, le sauvage est perçu comme nuisible. C’est
pourquoi le loup, en tant qu’espèce vu comme étant prolifèrante et possédant une
certaine férocité semble particulièrement redouté par les éleveurs. Il est cependant
également intéressant de constater que si le loup possède un statut particulier, il ne
représente de loin pas le seul enjeu de la protection des troupeaux. De ce fait, il est
intéressant de relever que le chien de protection, si son retour dans les troupeaux semble
motivé par le retour des prédateurs, est utilisé également pour faire face à d’autres
problèmes, tels que les chiens des promeneurs. De plus, si son statut liminal peut
engendrer des complications, le chien de protection semble être perçu comme une
méthode efficace. Cependant, pour les éleveurs interviewés, son efficacité ne suffit pas
à légitimer la présence du loup. Le chien semble plutôt être une méthode de protection
comme une autre, possédant ses avantages et ses inconvénients. En outre, ce travail a
permis également de mettre en évidence un décalage entre deux réalités différentes,
l’une revendiquant un retour au sauvage légitimité par une inquiétude vis-à-vis de
l’environnement, l’autre se méfiant d’un sauvage contre lequel il doit se protéger. La
valorisation du retour au sauvage caractéristique de l’opinion publique actuelle ne
semble pas s’accorder avec la réalité des éleveurs.
Au final, ce travail aurait pu être enrichi et approfondi avec plus d’entretiens et plus de
temps. Des interviews supplémentaires auraient effectivement permis d’avoir une vision
plus fidèle de la réalité des éleveurs et auraient pu donner accès à d’autres éléments
d’analyse. Un élément en particulier aurait pu être approfondi, il s’agit du propos
évoqué par le Sujet I à la fin du chapitre 9.2. Celui-ci suggère que le sauvage est
acceptable du moment qu’il est présent dans un espace qui lui est assigné, dans ce cas
précis en dehors du troupeau. Cet élément aurait été intéressant à développer, mais il
aurait fallu pour cela procéder à d’autres interviews. De plus, il aurait pu être intéressant
de s’entretenir également avec des personnes de milieux différents, notamment des
personnes faisant partie d’ONG de protection de la nature, pour avoir accès de manière
approfondie à leur manière de voir la problématique du retour du loup. Avec plus de
49
temps, les responsables cantonaux de la protection des troupeaux auraient également pu
apporter des informations supplémentaires à traiter.
À un niveau plus personnel, ce travail m’aura permis d’explorer un sujet complexe et de
me confronter à un monde auquel je n’étais pas du tout familier. Ayant été éduqué d’une
manière qui se veut plutôt proche de la nature, la problématique du loup ne m’était
certes pas inconnue, il fut dès lors très enrichissant de découvrir d’autres manières
d’appréhender ce sujet et de prendre conscience des difficultés que peut engendrer la
présence d’un animal tel que le loup pour le monde pastoral.
50
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53
13. Annexes
13.1. Annexe 1 : Guide d’entretient
Questions aux interviewés travaillant avec des chiens de protection :
En quoi consiste votre travail ? Pourquoi avez-vous choisi cette voie ? Avez-vous déjà eu une expérience avec le loup ? à Si oui, pouvez-vous racontez cette expérience ? à Si non, pensez-vous en avoir un jour ? Etait-ce avant d’avoir des chiens de protections ? Ont-ils été efficaces ? Comment le loup était-il géré au tout début de son retour ? Depuis quand travaillez-vous avec des chiens de protection ?
Comment cela c’est-il passé, on vous a dit que désormais il était nécessaire d’en avoir, ou est-ce vous qui avez décidé d’en prendre ?
Quelles ont été les étapes de l’intégration du chien de protection dans le troupeau ? Qu’est ce qui a changé dans votre travail/vie depuis l’arrivée du chien de protection ?
Quel type de relations entretenez-vous avec ce chien ? Comment vous vous occupez de ces chiens ? Vous pouvez décrire ce que vous faites avec
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eux, comment vous vous en occupez ?
Sont-ils obéissant ?
Votre chien vous pose-t-il des problèmes ? Lesquelles ? Comment ces chiens sont-ils perçus par les promeneurs ? Que pensez-vous de ces chiens en tant que méthodes de protection ? Vous les trouvez efficace ? Sont-ils une bonne solution contre le loup ?
A part pour protéger le troupeau contre le loup, est-ce que le chien de protection a d’autres utilités ? Utilisez-vous d’autres méthodes de protections pour votre troupeau ? Lesquelles ? Pourquoi ? A part l’adaptation aux méthodes de protections, qu’est-ce qui a changé pour vous à l’arrivée du loup ?
Vous êtes satisfait de la manière dont le retour du loup est géré ? Comment souhaitez vous voir cette problématique évoluer ? Comment vous amélioreriez les choses ? Avez-vous encore quelque chose à dire concernant ce sujet ? Quelque chose que vous considérer être important est que ne serait pas ressorti dans notre conversation ?
Questions à l’interviewé ne travaillant pas avec des chiens de protection :
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En quoi consiste votre travail ?
Pourquoi avez-vous choisi cette voie ?
Avez-vous déjà eu une expérience avec le loup ? à Si oui, pouvez-vous racontez cette expérience ?
à Si non, pensez-vous en avoir un jour ? Quels dangers devez-vous gérer pour votre troupeau à part le loup ?
Quelle(s) méthode(s) est ce que vous employez pour protéger votre troupeau ? à Pourquoi ça et pas autre chose ?
Qu’est ce que vous pensez des chiens de protection des troupeaux ? à Pourquoi vous n’en avez pas ici ? A votre avis y’a t-il eu des changements dans ce métier depuis le retour du loup ? Lesquels ? Vous êtes satisfait de la manière dont le retour du loup est géré ? Comment souhaitez vous voir cette problématique évoluer ? Comment vous amélioreriez les choses ?
Avez-vous encore quelque chose à dire concernant ce sujet ? Quelque chose que vous considérer être important est que ne serait pas ressorti dans notre conversation ?
13.2. Annexe 2 : Notes de terrain, observation et transcriptions
- Sujet I Interlocuteur : Eleveur / Masculin / 40-50 ans
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à Observation, discussion et interview. Notes et citations sur les dicutions pendant la journée « Prendre des chiens c’est pas accepter le loup, nous ont veut protéger notre troupeau et éviter la casse » Il a des chiens depuis 1999. Il les a pris à cause des attaques des autres chiens (des promeneurs). 70 chiens par jours venaient se promener et il a eu 27 brebis touchées par des attaques. Concernant les chiens de protections : « Il y a les chiens de l’ancienne génération, eux ont ne les touchait pas, et ceux de la nouvelle génération, qui sont plus sociabilisé. Maintenant on veut pouvoir les approcher » Il forme aussi des chiens qui peuvent partir chez d’autres éleveurs en cas de besoin. Relations avec le chien :
« On s’attache aux chiens » « il est mort dans mes bras » « il à eu un cancer, c’était foudroyant »
« Seul quand il veut jouer il mort les queues, etc… C’est mieu qu’ils soient deux pour jouer entre eux » « Ils sont toujours au contact des moutons ou des chèvres » « On lui demande la perfection. Ils doivent être agressif contre les prédateurs, gentil avec les promeneurs, etc… Est-ce qu’on en demande autant à une personne j’en suis pas sur » Problèmes avec les promeneurs. : Il dit qu’’environ 2 personnes sur 10 lisent les panneaux. Le gens profitent : Mon pull coutait 150 fr,… « C’est des petites morsures d’avertissement » « Si tout le monde met du sien on peut arriver à des bons compromis »
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« J’ai du mal avec certains de nos écologistes qui veulent le loup le lynx mais qui veulent pas du chien » Sa femme : « Il veulent la faune sauvage, et les agriculteurs débrouillez vous » L’âne peut être intéressant : il va recevoir des brebis qui n’apprécie pas les chiens/n’ont pas l’habitude du chien, il va donc mettre un âne. Problème avec les montain bike qui coupent les clôtures. Certain n’apprécient pas les chiens car sa fait fuir les gens qui viennent du coup plus à la buvette. Intéressant comme chaque chien à son caractère. Il met l’accent la dessus. Certains sont plus agressif que d’autres ou on un meilleur contact avec les humains. « Il faut faire attention si ils sont assez emplumé » Il faut les nourrir, regarder les tiques. A 6 mois ils sortent. Il faut faire attention entre 8-10 mois ils redeviennent joueur « Quand ils arrivent à 8-10 mois ils redeviennent à nouveau joueur avec les moutons. C’est la qu’il faut faire attention » « Chaque chien est différent » à Est-ce une méthode efficace ? à « Ah moi je reviens pas en arrière » Pas mal de lynx. Il doit faire attention. Une fois une brebis s’est faite attaquer par un chien de promeneur. « J’ai pleuré, je sais que j’aurait pas du mais j’ai pleuré » à Dimension très émotionnelle. Tant que le loup reste en dehors du troupeau ok. Mais l’éleveur semble suggérer que si le loup attaque, son comportement changera. Observations : Lorsqu’on va voir les chiens, Il me dit de rester en dehors pendant qu’il va les nourrir. Quand on est arrivé au premier endroit, le chien a aboyé. « Il aboie beaucoup moins si je viens seul »
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2ème endroit : Les chiens aboient tout à coup alors qu’il ne c’est rien passé. à « Ils ont vu quelque chose que nous on a pas vu » L’éleveur ne caresse jamais ces chiens, il les nourri, les observent, « Il faut juste qu’ils soient assez sociabiliser pour pouvoir le emmener voir le vétérinaire, regarder si ils ont des tiques » « On peut les caresser, mais c’est lui qui doit venir demander les caresses » « Soit il vient de lui-même, soit on y va pas » « C’est lui qui décide » Il les observent, regarde si ils ont l’air de bien se porter. 2ème endroit : une fois les brebis ont peur d’un truc alors elles partent, les chiens les suivent directement. Quand on repart en voiture, les chiens nous suivent en aboyant. Pas les mêmes comportements entre un chien de la nouvelle génération et de l’ancienne. Quand le chien aboie, l’éleveur ne lui dit rien du tout, contrairement au petit chien de conduite qui se fait gronder si il fait des caprices. La relation semble complètement différente. Selon lui, certains éleveurs ne se comportent pas bien avec les chiens de protection. Il le laisse attacher quelque part, ou lorsqu’il ne les veulent plus ils les excitent pour qu’ils mordent. L’éleveur semble être agacé par les promeneurs qui se croient « tout permis », ne lisent pas les panneaux et en « rajoutent » lorsqu’ils croisent le chien. à Le chien pour éloigner aussi les promeneurs ? Et surtout les chiens des promeneurs ! à Les chiens ne semblent vraiment pas tout à fait domestiqués, ni tout à fait sauvage.. Cependant, contrairement à ce qui à été lu, cet éleveur semble être attaché à ses chiens, et semble entretenir une vrai relation d’affection avec eux. Pas le même contact qu’avec d’autres chien, mais contact quand-même. Transcriptions des enregistrements
(Je décide d’enclencher le dictaphone au milieu de la conversation)
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[…] Le vrai berger qui dit, oui moi j'ai des chiens, je suis content de les avoir, y va trouver une solution, par contre, le berger qui dit j'ai les chiens parce que je dois avoir les chiens, y va pas essayer de trouver la bonne formule. C'est un choix de l'éleveur et du berger de prendre des chiens ou des fois ils sont imposés ? Suivant où se trouve le troupeau ? Non, ces chiens ils sont indemnisés, sa ok, mais à présent, il faut des clôture, a présent pour qu'il y ait l'autorisation de tri faut qu'il y aille les mesures, donc les chiens, les clôtures, et tout sa, tandis que ... alors... Ce qui est intéressant, ce qui m'interpelle aujourd'hui, c'est que, ben l'année passé, ben voila, avant j'avais un autre berger, à présent *****, c'est elle qui les élève, c'est elle qui monte à l'alpage avec, ben elle dit des fois je suis comme sa quand je vois des chiens arriver contre quelqu'un. Elle à cette impression de dire qu'est ce qui va arriver, je les connais, mais ... Et pis après, on a vu que chaque chiens, chaque soir c'est un autre chien qui venant dormir à la cabane. C’était chaque fois un autre et chaque fois un chien partait avec un troupeau. Si sa se déplace un petit peu, un chien partait donc s'était assez intéressant de voir c'est pas toujours le même chien qui vient dormir à la cabane, mais ils tournent. Donc sa veut dire pour nous que y'en a un qui vient à la cabane et il dort pour se reposer pendant que les autres... ils s'organisent un peu. C'est intéressant. J'aurait pas su sa avant, personne m'aurait donner sa comme information. Et du moment que ***** est la comme berger, c'est des information qu'elle m'a donné. Et moi je vois, je reviendrais pas en arrière, parce que si t'a une brebis vraiment mal. T’as le chien il va t'aboyer pour que t'aille voire ce qu'il se passe, que tu retournes vers elle. Pis si t'as le chien,... mon premier chien, si il venait vers toi c'est que tout allait bien, si il venait pas c'est qu'il fallait regarder, c'est soit que t'as une brebis qui était prise dans le taillis, soit y avait de la casse à quelque part. Mais voila... Mais le risque zéro avec les chiens on l'aura jamais non plus. Et alors vous avez aussi d'autres moyens de protections ici ? Ou vous utilisé que les chiens ? Alors moi j'ai essayé les ânes, les lamas, j'ai tout essayé (rire). Les lamas, pour que sa rende bien, il en faut un, mais en montagne il pourra pas intervenir comme un chien. Sa va bien en pleine. Un âne, si je le met avec les moutons, il va faire son gardiennage, mais le jour ou je vais en montagne ou c'est raide il pourra pas courir comme un chien. Pour l'instant le chien c'est ce qu'on à le mieux. Le plus efficace c'est le chien. Eh puis... le chien et les cloches. Parce que quand les moutons bougent la nuit, c'est que ya quelque chose. Et à part les chiens errants (on en avait discuté avant), vous avez déja eu d'autres soucis, des prédateurs ? Le lynx ouai, le lynx le loup
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Le loup aussi ? Ouai, je l'ai déjà vu 3 fois. La première fois je te dis tu fais une dôle de tête. Parce que moi, comme j'ai dis en deux mille. J'ai dis on a le loup ici. Pis on m'a tous traité de fou et tout. Jusqu’au jour ou un est monté en haut de ***** et puis, le loup lui a passé devant. Pi un sur la voie de chemin de fer. Quand moi j'ai eu la première attaque du loup, le loup était pas recensé dans le canton de *****. Le garde il me dit, ouai ça c'est du loup, mais on peut pas le mettre sur du loup, parce que pour nous le canton de ***** n'a pas de loup. Donc on savait qu'il traversait, pour l'instant y passe chez nous. Moi je sais qu'il passe du ***** il passe pour aller sur le ***** il passe la donc. Et on à l'autre qui va faire aussi de *****, il va passer la ***** et remonter le *****. Ils font des longues distances ! Ils font 60 km par jours. Pour l'instant le loup y passe. On a pas une meute, on à pas de loup qui reste. Y'en a un qui me disait: "Tu va avoir un loup à côté de tes moutons, il ne va jamais bouger. Mais il ne faut pas le tuer celui-là". Et puis un disait "ouai y a qu'a le tirer" Ben non, parce que si il est la et qu'il ne touche pas les moutons c'est que c'est pas un autre qui va venir pis tes moutons vont rester tranquille. Par contre si il tue tes moutons ben la tu devras agir. Ça veut dire que si il reste à coté des moutons et qui touche pas c'est qu'il veut pas montrer sa présence. Donc sa veut dire, pendant que tu l'as, laissons le pendant qu'il touche pas les moutons. Et là vous aviez déjà des chiens quand y avait le loup ? Ouai, j'en avait un. Tandis qu'aujourd'hui on en a plus. Ya les chiens de formation et y a les chiens d'intervention. Mais ça rajoute du job. Ça change votre travail d'avoir ces chiens ? Ah ça donne du boulot donc on .... y a un avantage y a un inconvénient. C'est que tas des chiens comme la ce matin on fait tout le tour des moutons. Tout d'un coup tu dis oh j'ai pas le temps j'irais voir ce soir ou demain. Tandis que la ben il faut nourrir. Donc si ya une casse tu la verras tout de suite. Vous contrôler plus ? Voila. Et vous pensez qu'avec un seul chien quand il y avait votre loup ça aurai ..... Non alors il faut être clair aujourd'hui c'est deux chiens. Nous on préconise deux chiens des le départ. Que y'ait dix ou vingt moutons ou cinquante, c'est deux chiens. Comme ça
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les chiens sont entre eux.... Y'en un chien qui.... c'est difficile à dire, on a un chien, il voudra rester tout seul, il aime être solitaire, il veut faire son boulot, mais voila si on lui met un autre c'est non je suis pas d'accord. Et puis y a des chiens... ben en mettant deux ben.... en règle générale j'aime bien en mettre deux. Et ces chiens on peut les mettre partout ? Ça dépend de l'espace qu'on a ? Non, je les mets partout mais le problème c'est les gens. C'est que sitôt que y aille dans un certain locatif, le premier jour ils ont pas l'habitude, la lumière cligne à hui heure, et ils vont gueuler. Pis t'as l'autre qui va allumer, et pour eux c'est... il faut deux trois jours... mais en générale dans les petits parcs t'avais deux trois jours et t'es repartis quoi. Et pis à présent, y'en à qui disent... qui étaient partisans pour les chiens pis à présent il disent ouai bon, moi je voudrais pouvoir prendre le chien que l'été, pis le mettre au congélateur l'hiver. Non mais on en est la aujourd'hui. Parce qu'il faut s'en occuper l'hiver ? Ouai parce qu’il faut s'en occuper, et puis parce que y'en a ils veulent que pour la montagne, mais on s'est rendu compte si c'est que pour la montagne, oh les gens ils s'en foute: " oh ça va pas, mais on en aura deux autres l'année prochaine" ils ont pas le respect des bêtes. Par contre si c'est les leurs, ont discute beaucoup différemment. L'entretient est pas le même. Vous êtes satisfait de la manière dont le loup est géré aujourd'hui ? Ben moi je trouve heu... au Calanda, ce qui a été fait est juste. Ils ont tiré les loups, on va pas laisser la meute ! Qu'on en aille un ou deux... ils en ont tirés quelques uns, elle est gérée...la meute elle doit être... voila. Les gardes doivent savoir ou elles sont, ou est le loup, et comme ça on sait qu'on doit faire attention. Et on a de la chance d'avoir des gardes qui bossent bien. Comment souhaitez vous voir cette problématique évoluer C'est comme j'ai toujours dit, tant que je garde mon troupeau et que j'ai pas d'ennuies, je fais comme ça, si c'est régularisé, en disant bon voila, un loup, on doit pas laisser venir des meutes, c'est tout. Un loup, bon ben y passe, ou alors on laisse une meute, mais on régularise. Comme ils ont fait au Grison, et pis on fait pas un scandale comme ils ont fait. Et ça doit être les gardes qui aient le droit de tirer, et on (incompréhensible) personne. Ils font le ménage, au revoir. Qu'est ce qui à changé pour vous au retour du loup, à part l'adaptation au méthode de protection ?
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Voila, c'est un boulot supplémentaire, y'a un avantage y'a un inconvénient, c'est comme je te disais, on va tout les jours, on va voir nos bêtes. Donc si y'aura pas ni le loup comme ça, euh... est-ce que t'irais tout les jours. C'est un stress en plus de savoir qu'il est là ? On fait avec, c'est comme on disait si il revient de lui-même on sera d'accord. La seules chose qu'on veut pas c'est qu'il y aille du lâcher, mais bon à présent on sait que quoi qu'on fasse il est la, donc à présent c'est trouver les bonnes mesures pour sécuriser. Y-a-il encore quelque chose que vous voudriez aborder ? Non.. Mais... Et pis à présent alors oui y a les nouvelles règles qui sont arrivées, donc euh, c'est que si on a un berger, bon c'est 300 moutons à présent qui faut pour un berger, faut bien être clair. Et depuis cette années, y a une contribution de 2000 fr pour celui qui à un berger en permanence. Il y a des aides, on est mieux indemnisé. Ou je suis pas trop pour c'est qu'on peut mettre des chiens dans un alpage et pis tu vas trois fois par semaines. La je suis un peu sceptique. Parce que même si y a une attaque le chien pourra pas tout faire, mais après faudra pas mettre ça sur le dos du chien. Si il y a une attaque on la voit tout de suite, mais si il y a deux trois jours... qu'est-ce qui s'est passé, qu'est ce que le chien à fait, personne pourra le dire. Suivant lesquels, on donne à manger, on ira deux trois fois par semaine et pis on verra bien. Ça c'est ce qui me dérange le plus aujourd'hui. Et ils touchent les mêmes subventions que nous si on a un berger en permanence.
- Sujet II Interviewé : Berger / Masculin / 20-30 ans Qu'avez vous fait comme formation ? Avant que je commence j'avais rien fait et ensuite Châteauneuf. Et en quoi consiste votre travail ? A traire, à faire les parcs, et prendre soin du bétail, en gros. Garder le bétail aussi ? Ouai, enfin, tu le gardes pas toute la journée. Il faut pas qu'il sorte des parcs et faut aller les chercher quand ils sont plus la, ça arrive.
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Qu'est ce qui vous à amener à choisir cette voie ? Quelles ont été vos motivations ? Euh... l'agriculture en générale ou le bétail ? Ben disons tout ce qui est bétail, tout, ce que est de travailler avec les bêtes, d'être à l'alpage. Ben pour le contexte de travail principalement et parce que j'adore les bestioles et pis qu'elle te le rende bien. Et qu'on sort des bons produits quoi, des bons ptits fromages les bons ptits agneaux,... D'ailleurs il faudra que je vous achète des fromages avant de partir si c'est possible (rires) Oui volontiers Qu'est ce que vous avez du gérer comme dangers pour les troupeaux ? Ben on a eu le loup. Principalement c'est le seul truc. Euhh et les chasseurs. (Rire) Les chasseurs ? Ouai, en période de chasse. C'est rare mais ça arrive qu'ils descendent du bétail parce qu'ils sont frustrés. J'ai jamais entendu ça ! Ouai ouai c'est des histoires qui arrivent. Euh à oui et aussi un principal problème c'est les touristes. Avec leur chien ou les touristes eux même ? Avec leur chien entre autre et puis parce que ils t'ouvrent les parcs. Sur les chemins pédestre t'es obligé de laisser des portails et ils les referment jamais. Des cyclistes aussi souvent, enfin voila, ils passent ils t'arrachent tout, ils se pètent la gueule pis ils se barrent. Et du coup ça c'est ouai... mais sinon ou niveau ouai de la faune y a que le loup. Et les rapaces avec les jeunes. Les petits agneaux. Ok, et du coup qu'est ce que vous employez comme moyens de protections des troupeaux ? Euh aucuns, après dans la loi t'es obligé, typiquement parce que tu as des assurances. Et pour te faire remboursé tu doit avoir prouvé que t'avais fait un parc, électrifié blablabla,
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enfin voila. Euh voila il faut prouver que tu as protégé ton troupeaux. Mais après on a jamais utilisé les chiens (énonciation du chien car nous en avions très brièvement parler avant l'interview). Et donc c'est tout sinon on a pas de mesures de protections spéciales. Mais l'année dernière ont s'est fait bouffer deux chèvres, non trois chèvres et deux cabris. Mais alors vous avez pas eu des subventions ? Si, elles ont été remboursées, d'ailleurs bien remboursé. Même sans moyens de protections ? Ben elles avaient les parcs mais elles sont sorties. Oui elles avaient les parcs mais elles sortaient tout le temps. Pis elles se sont retrouvées tout en haut de la montagne et pis euh... mais après en plus le pire c'est que pour retrouver le loup ils nous ont demandé d'en attacher en haut de la montagne pour pouvoir le flinguer. Et pis ben ça on a refusé pare que voila on tient quand même à nos bête, même si elles sont bien payé. Mais ils voulaient faire ça pour retrouver le loup ? Oui pour faire un appât. Mais ils auraient eu le droit de le tirer ? Oui ils avaient deux mois pour les tirer. Alors c'était un loup qui s'était attaqué à plusieurs troupeaux ? Ben nous il nous a bouffé nos bêtes, après on savait qu'il était dans la région, du coup le garde faune il nous a appelé, parce que la t'es obligé de déclarer, dès que tu retrouves tes bestioles. Et pis euh... Il a demandé à mon patron si il voulait bien mettre un ou deux appâts en haut de la montagne. Pis ça on a refusé. Et vous avez eu d'autres expériences avec le loup ? Non juste cette fois. Et donc principalement sur le petit bétail, nous avec les vaches, tant que tu mets pas des veaux qui ont deux mois même pas tu risque rien quoi. Et comment vous avez géré ce loup en fait alors ? Ben on a vu que y'avait brebis qui avaient disparu, on les a retrouvé une semaine après derrière un caillou. On a retrouvé que les cadavres, et des clochettes et voila. Mais le loup je l'ai jamais vu. Et alors après on a appelé le garde faune pour déclarer que tu t'es fait bouffer des bestioles, après ils doivent venir vérifier si c'est bien le loup et tout, et
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après c'est administratif, il faut régler les histoires d'assurances,... de subventions tout ça. Et ça vous à fait quoi ? Moi je m'en fous un peu. Et votre employeur il à réagit comment ? Ben ça les emmerde quoi mais voila c'est comme ça, c'est "putain de loup ils font chier et tout d'avoir voulu ça", mais finalement tu veux faire quoi de toute façon, tant qu'il te bouffe pas tout ton troupeau ! Et qu'il revient pas tout les soirs. Si ça se trouve il t'a bouffé des brebis le soir même et si ça se trouve le lendemain il est à cent kilomètre plus loin, en Italie ou en Autriche j'en sais rien. Ils nous ont dit les gardes faune que il y avait plusieurs loup entre ***** et ici, y'en a partout maintenant. Ils ont bien proliféré. Mais la plupart c'est des italiens ou des français qui les ont réintroduit. Pis ben voila. Ils connaissent pas les frontières. Euh... Et alors en fait vous pensez quoi des chiens de protection ? Je pense que ça peut vachement bien marcher. Après j'ai jamais fait l'expérience, mais je pense c'est le seul truc efficace. Ou les lamas. Les lamas, les bourriques, tout ce qui gueule dès que ça approche, bon le lamas en plus c'est violent, si ils essayent le lamas il lui courre dessus. Mais ouai…. Mais alors pourquoi vous en aviez pas lorsqu'il y avait ce loup ? Euh... parce que c'est quelque chose qui s'est perdu je pense, culturellement. Déjà les moutonniers y en à plus beaucoup en Suisse, et ils ont plutôt des borders collies pour gérer les troupeaux que pour les garder. Et parce que le loup il existait plus en Suisse, et du coup ben ça c'est perdu cette tradition. Mais je pense c'est le seul moyen efficace. Mais bon après typiquement tu es dans un alpage ou il y a du tourisme, et ben un chien qui garde un troupeau, les gens ils passent a côté ils ont les boules, il peut attaquer des gens, des enfants et tout, du coup il y a aussi ce risque la à prendre ! Si t'es dans un alpage paumé tu t'en fout, y a personne qui passe. Mais des lieux un peu fréquenté ou tu vends tes produits et tout,... Vous pensez que ça peut être une raison de pourquoi votre employeur n'avait pas de chiens ? Ouai, je pense que c'est un des principaux freins. Déjà n'importe quel chien sa fait peur à plein de gens, même si il est adorable, alors un chien qui si t'approche tu troupeau il sort les crocs, euh non. Ya que leur maître qui s'approche du troupeau hein, y a personne d'autre. Et pour toi c'est compliqué, typiquement t'as ton troupeau mais t'as des gens qui
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bossent pour toi, enfin si ça se trouve l'employé peut plus approcher le troupeau à cause du chien. Donc voila y a....après sa dépend du dressage, je connais pas bien, mais ouai je pense que la sécurité par rapport au touristes et tout ça, et je pense que ça c'est perdu parce que y'avait plus de loup quoi. Et est-ce que dans votre entourage vous avez entendu dire des choses sur ces chiens ? Dans le métier y a des choses qui se disent ? Euh non, en générale c'est plutôt il faut éradiquer le loup que avoir des chiens. (Rire) Mais qu'est ce qui a changé au retour du loup concrètement ? Ou émotionnellement même ? Ben c'est que les éleveurs ils sont attachés à leurs bêtes. Même si c'est à des fins d'abattage ou comme ça ils sont attaché. Et ils ont pas envie de les perdre si y a un loup qui... en plus souvent les loups c'est même pas pour se nourrir, c'est... ils bouffent un petit peu mais il en ravage vingt et tant qu'il en a pas tuer trente cinq on a pas t'as pas le droit de le descendre et du coup c'est des limites absurde faites par des technocrates et pis les gars ils sont la mais c'est pas possible, y'en a ils ont trente cinq moutons ou même pas et du coup ça veut dire il peut lui bouffer tout son troupeau et pis euh...non non aucunes mesures, et du coup je pense... bon après en Suisse ça reste quand même encore... ils ont vu beaucoup de loups mais y'en à pas beaucoup qui ont bouffé, ben typiquement, c'est mon ancien patron qui m'avait raconter ça, y'a eu un alpage euh ils sont sur que c'était le loup parce que enfin, c'était un troupeau de génisse et il peut pas y avoir autre chose qui fasse peur à un troupeau de génisse et pis ils étaient en dessus d'un barrage, ils sont parti dans un ravin, elles ont sauté sur la route et elles étaient toutes éclaté sur la route, genre trente ou quarante génisses, et la moitié était déjà morte, l’autre moitié ils ont du aller les abattre... Et ça j'imagine une histoire comme ça vous pouvez pas prouver que c'est le loup? Ben ils ont rien pu faire ils ont tout perdu. Et en plus y'a des gens qui passaient sur la route alors qu'ils abattaient les bêtes sur la route, enfin ça c'est très mal passé quoi. Autant pour l'éleveur que pour les gens qui voyaient sa qui étaient choqués, et ouai la preuve qu'est-ce que c'est on en sait rien. Mais c'est pas un renard ! Bon ça peut être un chien de quelqu'un ! D'un promeneur qui l'a pas attaché. Et ça typiquement c'est un truc trop chiant, mais pour tout les agriculteurs, tout les chiens qui se baladent, tu te dis ah c'est la campagne c'est la nature donc je peux lâcher mon chien et ils vont chier dans tes prairies, après tes vaches tombent malades, enfin, y a plein de trucs que les gens se rendent vraiment pas compte. Y'en a qui clôture leur champs juste à cause des chiens de promeneurs.
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Mais du coup je sais plus c'était quoi la question de base, Ah oui qu'est ce qui as changé avec le retour du loup. Vous avez quelque chose à ajouter par rapport à ça ? Ben pas grand chose…l'inquiétude. Tu te dis, dès que y'en a un qui est dans les environs t'es la « ben merde », tu flippes et pis… Ça vous l'avez ressenti l'inquiétude ? Ouai. Pis ils disent tous « ben j'espère que ça va pas m'arriver à moi ». Et de temps en temps sa te tombe dessus. Y'en à ils se sont fait dévorer la moitié de leur troupeau, nous on en a juste perdu trois, ça va, sur cent-vingt, c'est pas la mort non plus. Mais même trois c'est déjà une perte, ça te fait, ouai, un peu moins de deux milles balles. Bon après voila ils ont rendu des sous. Vous pensez que c'est une problématique économique principalement ou il y aussi d'autres dimensions qui entrent en jeu ? Euh… je pense c'est sentimental, économique et euh social quoi mais... Sentimental pourquoi ? Ben parce qu'ils sont attachés à leurs bêtes, et pis économique parce que voila,... Après social voila, y'a les écolos qui sont pour le loup, les éleveurs qui sont contre. Après voila les loups ils sont la ils sont la ! De toute façon voilà, cet été il y a eu une ouverture de deux mois pour abattre des loups, ils en ont pas eu un seul. Dès qu'il se sent menacé il se barre, tu le retrouve pas. Pis bon c'est des trucs c'est pas pour rien que y'en à plus alors pourquoi il faudrait les remettre ? C'est parce que c'était quand même des dangers, ça emmerde du monde, et puis on emmerde encore aujourd'hui avec ça quoi. C'est comme bon moi ça me fait rire, mais l'épine vinette, l'épine noir, c'est une petit buisson qui ont éradiquer dans le Valais parce que c'est envahissant c'est de la merde, mais aujourd'hui quand tu replante des haies machin t'es subventionné, ils demandent de replanter ces espèces la parce que c'est des espèces indigènes. Enfin ils te l'imposent même… Qui ça ils ? Les écolos entre guillemets, les biologistes tout ceux qui bossent dans l'administration sur ce genre de truc les trucs genre subventions liées à la qualité du paysage et toute ces conneries. C'est des trucs ben les gars ils se rendent pas compte. Oui c'est très bien pour les petits oiseaux le petits machins, mais le jour ou tu plantes ça dans ton prés ben t’as plus de prés, enfin disons... après si t'as pas une armée de civilistes avec toi ben... (Rire) ben ouai on a lutter contre pendant je sais pas combien de temps et pis tout à coup on te refout sa à la gueule alors on comprend pas. Après moi personnellement ça me dérange
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pas, bon j'ai pas encore de bestioles à moi, et le jour ou j'en aurait le discours il changera peut être aussi. Et vous vous pensez quoi de la manière dont le loup est géré en suisse ? Hummm je pense que c'est pas géré du tout, et que voila ben on te file des sous pour voila tais-toi comme ça on fait plaisir à tout le monde, aux écolos voila tout le monde et pis que ouai c'est pas et mal géré du coup, parce que ils se rendent pas compte de l'implication que ça à pour les éleveurs et euh ouai finalement c'est pas comme le cerf, le sanglier les machins que tu peux encore réguler avec la chasse, parce que sinon c'est des nuisible finalement. Alors que le loup pour le réguler tu peux y aller un moment avant de le retrouver. C'est ça le problème, tu réintroduis un truc mais tu sais pas comment ça va réagir. Ça va peut être pas faire comme les lapins en Australie ou en Nouvelle-Zélande, mais au bout d'un moment si t'arrive pas gérer les populations, surtout quand c'est d'un acte intentionnel et qui tu penses pas à l'après et aux conséquences que ça peut avoir, tu fais ça juste parce que « Ah ouai ça le fait et tout, c'est la mouvance bio et tout machin on remet les animaux ou il faut » et puis ben c'est un peu des conneries. Ouai je pense que s'était un peu juste pour faire plaisir à une tranche de la population pis que les conséquences ont été prises à la légère. Du coup ouai je pense que c'est pas géré et ... ça pourrait être géré, enfin je sais pas .... Ouai comment vous souhaité voir ça évoluer ? Ben justement qu'ils arrivent à le réguler, qu'ils aient des chasseurs d’élite de loups, et qu'ils sachent vraiment contrôler les populations, qu'ils puissent les pucer limite et comme ça tu sais ou ils sont en permanence à peu près et pis ben tu peux je sais pas soit les effrayer pour pas qu'ils s'approche trop près, si t'es au courant ben voila il peut y avoir des équipes de chasseurs qui reste... Ouai une surveillance sans forcément les éliminer, mais en les repoussant et puis en leur faisant comprendre qu'ils sont pas les bienvenu la.
-‐ Sujet III
Interviewé : Eleveur / masculin / 40-50 ans. Alors pour commencer, en quoi consiste votre travail au quotidien, en gros ? Alors on a une exploitation agricole, en association avec mon frère, et puis on a des brebis laitières et des chiens, et puis... on transforme notre lait nous même ici à la fromagerie.
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Et qu'est-ce qui vous à motivé à aller dans cette voie ? Ben au début on avait construit une ferme donc pour les vaches, donc heu et puis après on a voulu se diversifier un peu parce qu'on voyait que le prix du lait de vache descendait déjà et puis heu on avait un tas de contraintes. C'est pour sa qu'on est partit, on a eu les deux pendant quoi sept huit ans. Des vaches et des brebis, et pis pour finir on a décidé de prendre que des brebis parce que c'était trop compliqué, pour le parcage et pour les alpages, pour tout. Et alors vous avez plusieurs troupeaux dans la région ? Alors la maintenant on a... l'été on a deux troupeaux, c'est à dire on a les brebis qui sont taries pour avoir du lait toute l'année, on en taries en été, et puis... un troupeau ou on trait. Et on a deux chiens dans chaque troupeau. C'est quoi comme chien ? Des bergers des Abruzzes et deux bergers des Pyrénées. On a essayé heu... c'est des croisés bergers des Pyrénées, et puis des Abruzzes. Et qu'est ce que vous avez comme dangers pour les troupeaux à gérer ? Alors nous au début on a été un peu les tout premiers à faire l'expérience, on avait énormément de perte avec le lynx. Et puis on s'est dit ben on veut essayer quoi, et puis sur un conseil d'un éleveur valaisan il m'a dit Ah tu peux essayer, il te faut mettre un chien dedans et tout. Alors on a commencé et on a eu tout de suite un bon résultat. On pu diminuer les pertes vraiment heu et tout, et pis après ben on en a pris deux trois et on en a minimum deux par troupeaux. Alors ça fait combien de temps que vous avez des chiens ? Des chiens on a été les premiers à les avoir, je crois que la première c'était en mille-neuf-cent-nonante-huit. Ah ouai ça fait un moment... Ouai ouai on était dans les premiers. Et à part le lynx vous avez d'autres choses à gérer ? Ben les chiens errant aussi. Mais bon en montagne ça allait encore, de temps en temps les chiens de chasse l'automne, alors la ça aidait aussi, et puis des fois pour l'automne ou le printemps si elles font les agneaux dehors les corbeaux viennent après les agneaux.
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Les corbeaux ? Ouai et la les chiens servent aussi. Pis bon on a eu y a quelques années le loup pis la maintenant cette année il a aussi été vu des fois ici. Alors c'est pour ça on a repris deux jeunes patous parce que y'en avait un qui était trop âgé, il suivait plus. Et vous utilisé des autres méthodes à part le chien ? Alors nous ce qu'on a à l'alpage où on trait donc on a, elles peuvent venir dedans, dans le chalet, c'est toujours les portes ouvertes. Et puis souvent quand y'a quelque chose, les chiens aboient ou quoi et elles se rassemblent déjà, et après si il fait vraiment mauvais temps, si il y a du brouillard et tout ben elles sont dedans et pour nous c'est une sécurité. Pis le troupeaux qui est ailleurs, celui qu'on trait pas, on va tout les deux jours, minimum tout les deux jour. Si on peut tous les jours mais des fois on saute un jour. De toute façon on doit nourrir les chiens et pis on a pris ... depuis le printemps on les rassemble tout le temps. Quand on y va on les rassemble, on envoie le border collie, on leur donne du sel, on les rassemble on se tient vraiment... tant qu’on est à l'alpage on va tout les jours jusqu'a ce qu'elles soient driller et après on arrive, on envoie le border et elles savent, et on a le sel et comme ça ça va vite. Parce que si vous les laisser une semaine sans les rassembler, y'en a vingt qui partent ici, vingt la et pis après elles sont éparpillé et si on a du lynx ou du loup ben... les chiens... bon on a deux chiens mais quand y a beaucoup de verne, de branches, de forêt, ils peuvent pas être partout hein, ça c'est sur. Alors on fait comme ça depuis, ça fait trois quatre ans on fait comme ça et puis ça va bien. Vous êtes satisfait de ces chiens ? Ouai heu si.... on a eu un ptit peu des problèmes on en avait élevé nous même pis... alors on les avait laisser avec la mère et tout et puis après pour finir la mère les voulait plus alors elle partait et puis les petits suivaient,... non si les chiens restent bien dans le troupeau c'est très efficace, et même avec les urines et tout ils marquent quand même un territoire les chiens, je pense le loup y sent que y'a une présence même si ils sont pas tout le temps la quoi. Mais c'est important qu'ils soient quand même dans le troupeaux c'est quand même fait pour ça. C'est vrai que l'intégration dans le troupeaux c'est pas forcément facile, c'est quoi les étapes ? Non non, pis ils nous disaient toujours "c'est tout facile, c'est tout facile" (rire) Non ben ont a aussi changer la politique, parce qu'au début on devait pas les caresser, on devait pas les toucher, et on c'est rendu compte que c'était invivable pour nous, déjà les gens, les touristes et tout heu... Pis les nichés qu'on a eu nous même on les à plus sociabilisé quand même. Juste ce qui fallait, et pas trop trop parce que bon nous quand on a la maison à côté si on les laisse venir devant la maison, qu'on les caresse heu... c'est foutu
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après quand on monte en alpage ils se disent "oh non ils sont plus la" et pis c'est pour ça qu'il faut le juste milieu, mais ça allait mieux quand même la on peut les toucher, et pis si il arrive quelqu'un ils vont aboyer ils vont tourner autour mais ils vont pas être vraiment féroce comme les premiers qu'on a eu, c'était presque trop dangereux, pis après on avait des téléphones tout le temps,... Vous avez eu des ennuies avec des promeneurs ? Ben bien sur... Ben c'est toujours la réaction des gens ! Moi je dis au gens heu il faut ... vous voyez les chiens vous restez la jusqu'a ce qu'ils ait vu ce que c'était et après si vous voyez le troupeau et là vous passez un peu à droite, si il est la vous passez un peu à gauche, vous passez pas au milieu et pis ça va aller tout seul quoi. Y'avait des panneaux ? Heu oui on en a mis. Mais voila, après y a toujours heu y a des gens avec des chiens, pis après... mais ils paniquent les gens, pourtant c'est expliqué ce qu'il faut faire, et puis ouai voila. Et pis après la réaction des gens c'est toujours (rire) ils sont tellement différent, un jour une dame m'a dit : "ah mais je voulais passer sur le chemin" et je lui ai dit "mais vous seriez passé dix mètres à côté !" Alors après elle a commencé, elle avait un parapluie alors elle lui lançait son parapluie (rire) après elles du quand même repartir pour finir mais... Non mais voila c'est la réaction, pis on dit au gens faut pas leur lancer des pierre.... passez juste à côté, laissez les venir juste même vous renifler, la ceux la ils viennent vraiment tout près, et puis vous bougez pas et puis après ils voient qui vous êtes et tout et que vous voulez pas de mal et pis vous passez. Moi je suis restez combien de fois qu'avait des gens qui passaient avec un chien, des enfants et on a pas eu de problèmes. Une fois, mais il a pas été mordu heureusement, un type qui faisait de la course à pied pis on était en train de traire pis y'avait la moitié du troupeau qui avait déjà trait qui était dans le pré, pis lui, bon les chiens aboient pis moi je vais dehors puis... il me dit "c'est ou le chemin du *****" Et puis je dis "c'est la au fond" "Ah merci " pi il part a la course dans le troupeau. Mais non de pipe, les chiens sont partit après ! Ils courent vite en plus ces chiens ! Ah ouai ouai non non mais il aurait pu se faire démonter. Pi après ce que les gens comprennent pas c'est qu'on a pas le rappelle sur ces chiens. Ah oui je voulais vous demander justement, donc ils sont obéissant ? Non. Mais à présent justement on les sociabilise un peu plus. C'est tout je suis la je t'ai vu j'ai vu les gens, ouai qu'il entende notre voix et pis c'est tout, c'est bon on a vu pis après ils savent aussi, heu... ouai qu'on est là, qu’on a vu les gens et tout, c'est aussi,... en les sociabilisant un tout petit peu on arrive à des meilleurs résultats qu'avant quoi. On disait " Oh il faut qu'ils soient sauvage, faut pas les toucher rien, mais alors nous quand
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on devait déplacer, si on voulait les vermifuger et tout il fallait quasiment les endormir ou leur lancer un filet dessus (rire) Non pis on risquait de se faire mordre et tout, non parce qu'ils arrivaient pas à être, ils aimaient pas être tenu, ils avaient jamais été tenu. Alors c'est embêtant quoi. C'était des bêtes sauvages quasiment. Maintenant c'est moins le cas ? Non alors nous à présent avec le nouvelle méthode voila, comme je vous le dis vous venez vous si vous allez,... ptêtre pas dans l'écurie, mais dehors en tout cas vous aller passez, il va venir vers vous vous pouvez même le toucher, il va rien vous faire. Mais c'est sur que si vous courrez attraper un mouton ou bien un truc comme ça, courir dans le troupeau ben alors la c'est, ils font quand même leur travail hein, c'est quand même le but, sinon ils servent à rien (rire). Ouai c'est quoi la relation que vous avez avec ces chiens ? Ben les gens comprennent pas trop, ça dépend qui ben ils disent c'est pas normal heu ils sont malheureux, ouai vous êtes pas correct. Alors bon ouai nous on a... ils nous connaissent donc, tous ceux qu'on a la ils nous connaissent, ils connaissent le chien de travail, le border on leur présente et on lui dit ouai ça c'est le chien qui travail et tout, pis après ben voila ils nous connaissent après moi si je dis viens il va pas, il va venir autour de moi il est tout content on peut le caresser. Mais je veux dire pis alors on les sort tout les jours, même l'hivers on va faire des ptits tours heu voila, mais après il faut pas, les gens comprennent pas parce qu'ils imaginent un chien d'appartement, ou ouai et pis tout à coup on le met, on l'abandonne dans des moutons quoi, à l'état sauvage. Mais c'est pas du tout ça, il faut qui soit, nous les nichés qu'on a eu ils sont né dans les moutons, on leur faisait un ptit cachet en bois, quand ils était tout petit pour pas qu'ils se fassent écraser, mais après depuis qu'ils savaient marcher ils se promenaient, ils se prennent pour des moutons, c'est le but ! Et si y a quelque chose qui se passe si ils ont peur et tout ben ils vont le [incompréhensible] au mouton, c'est leur heu... non non ils faut pas croire, ils sont pas malheureux. Pi c'est toujours ils disent ouai mais ils travaillent pas, ils rassemblent pas les moutons, ben non c'est pas le but. Mais alors comment ils les perçoivent les promeneurs ces chiens ? Comment les promeneurs perçoivent les chiens ? Ouai Ben moi je dis toujours aux gens vous voulez des lynx vous voulez du loup heu ben faut accepter, y'en a qui peuvent pas comprendre, je leur dis tu peux y aller tu peux passer ton chemin, mais y'en a c'est plus fort qu'eux. Et moi je comprends parce que vous avez un gros chien, septante kilos ces chiens, qui arrivent en aboyant ces chiens, quand on les connait pas c'est vrai que c'est impressionnant ! Mais Je dis aux gens, vous avez voulu
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des lynx vous avez voulu des loups heu ... qu'est ce que vous voulez nous on peut pas... c'est vraiment un gros problème. Alors y'en a qui ont compris, sur les panneaux c'est bien ils peuvent avec l'Iphone heu encore faire leur photo du ... heu Ah oui le truc... heu je sais plus non plus (rire) (Rire) Ouai enfin si il veulent plus de renseignement ya ça et la ils voient comment il faut se comporter et tout. non mais je pense pas que,... mais voila nous on est bien obligé de faire ça, après les gens disent ouai mais vous avez qu'a les mettre dedans, mais on peut pas...quand il fait chaud ils sont déjà à l'abris ils peuvent pas manger, si le soir... on peut pas...nous on deux-cent-soixante hectare alors si il faut les rassembler, on s'en occupe, on fait des parcs, on essaye de savoir toujours ou ils sont, on peut les compter quand ils sont à la traite heu...jveux dire voila mais plus on a de la peine à faire. Mais comment ça s'est passé au tout début c'est vous qui avez choisi de les prendre les chiens ou on vous à dit.... Ben c'est avec un ami éleveur en Valais, ou ils commençaient déjà à avoir plus de lynx, un peu avant le loup et tout. C'était avant le loup ? Ouai ouai avant le loup. Dans les années ouai nonante. Et puis les premières années que y'avait du lynx ont à pas eu de problèmes, parce que y'en avait très très peu et pis après ben voila ils ont aucuns prédateurs ces bêtes et pis on en avait beaucoup trop ici et puis d'en cette région ils se concentraient, on en a eu jusqu'a dix-douze et puis la c'était... une années, juste avant qu'on ait les chiens je crois qu'on a perdu vingt-six. Ah oui, c'est beaucoup. Ouai c'est énorme ! Mais alors comment vous gériez ça quand y'avait pas les chiens ? Eh ben nous on les ... on en avait moins aussi hein, de moutons, mais tout d'un coup quand on trouvait des carcasse, ou qu'on voyait une bête...une fois elle avait la moitié de la tête arrachées, j'ai dit mais qu'est ce qui se passe. Et après la j'ai commencé tout les deux jours à les compter pis il en manquait une tout les deux jours quasiment. Parce que dehors c'est difficile de les compter, donc on les mettait dedans, on les faisait passer dans un couloir, on ouvrait la porte un ptit peu pis on les compte comme ça. Parce que dehors c'est quasi impossible, alors on fait comme ça, et puis la on a vu qu'il en manquait tout le temps ! Et pis on s'est dit c'est pas possible, pis ils disaient "non non mais tout ceux qui sont la ils ont des colliers heu, ils sont suivit (rire) " Et l'automne il
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s'est avéré que ils en ont, y a eu des gros dégâts, cette année la j'en ai perdu vingt-six. Et puis j'ai dis voila il faut... (Pause. une personne entre dans la salle) Ouai alors c'était...c'est pour ça qu'on a commencé avec ça pis la on a tout de suite vu un changement, vraiment. Mais y avait aucuns moyens alors avant les chiens ? Non c'est impossible, ouai la seule possibilité ça serait de dire vous êtes dehors la journée, on vous rentre le soir, mais voila il faut aussi avoir les alpages et les chalets... Les chiens étaient subventionnés à l'époque ? Non pas les premiers qu'on a acheté, on en a acheté en France après, on a pas eu de subventions, pis c'est depuis oh y'a pas beaucoup d'années qu'ils ont commencé, peut être deux-mille-huit heu... deux-mille-sept deux-mille-huit, par la qu'ils ont commencé à donner quelque chose par chiens. Avant vous avez dit que y'avait eu le loup aussi dans la région, vous avez eu une expérience avec lui ? On a déjà eu ouai. Et ça s'était passé comment vous pourriez raconter ? Mais c'est marrant parce que c'était un loup du Valais qui était répertorié en valais et puis ben tout à coup il... parce que c'était un solitaire donc il partait pis il traversait la ***** et il venait ici dans la région. Mais pendant un mois quoi. Et on en perdait deux-trois. Ouai ça a encore été. Et la vous aviez déjà des chiens ? Heu oui la on avait déjà les chiens. Et on avait un alpage, on venait de le reprendre, il était très sale, y avait beaucoup de branche et s'était difficile. On a du beaucoup le nettoyer. Non mais et puis on en perd tout le temps bon ça c'est heu, nous on en a mille l'été, jveux dire heu voila, y a des chutes de pierre tout à coup, non ça peux arriver, mais jveux dire tant que ça reste dans des normes ça va mais (rire) ça va plus si c'est deux par semaines. Non pis nous ce qu'on était quand même pas du tout d'accord au début c'est que c'est toujours nous qu'on devait trouver les carcasses déjà, alors c'est pas évident hein parce que quand vous avez sur trente - quarante hectares des moutons, la forêt et tout, pis après ces bête, les lynx ils cachaient avec des feuilles les carcasses, pis souvent quand on voyait on voyait des corbeaux... on voyait tout à coup quand ils tuaient, alors
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on voyait qu'ils allait dessus alors on allait pis on les trouvait, mais après quand on faisait venir le garde chasse il disait : "ah ouai mais elle a été malade, et pis elle a claqué la parce qu'on pouvait plus voir" fallait les trouver quasiment le premier jour autrement elles sont trop bouffé, après y a les renards qui vont, les corbeaux et puis après ils disent :"oh non non" Parce que c'est vraiment typique le lynx hein il égorge et pis il mange l'épaule et la cuisse pour commencer. Il laisse le reste ? Non mais souvent il commence par là et il a une manière de manger... vous voyez tout de suite parce qu'il retourne la peau, comme si... ouai c'est incroyable. La peau et blanche et pis il retourne la peau, ça c'est typique, si vous en retrouvez un tout frais, le lendemain matin, qu'il a mangé la nuit c'est... c'est caractéristique. Tandis que si vous les voyez trois quatre jours après ben après si elle a reçu une pierre et que les renards sont venu après ben on peut rien dire quoi c'est... Alors moi j'étaits pas trop d'accord avec le système ! Parce que nous on en achetait en France, on faisait de l'élevage et on se les faisait bouffer et pis moi je disait c'est toujours à nous à aller chercher pis je leur ait dit à présent on inverse les rôles ! Vous vous les cherchez et pis après on regarde (rire) mais non. Pis moi je leur ait proposé un arrangement, j'ai dit ben vous venez le printemps, c'est vous qui les comptez, tout ceux qu'on met é l'alpage tout, vous savez que y'en a tant, on dit on en perd de toute façon... six sept, peut-être des jambes cassés, ou des chutes de pierres, ou des pneumonies, et puis après le reste vous les payé, mais ils ont jamais voulu quoi, non non...Non ils ont été dur avec nous au début hein c'est... Au début de ? Ben de l'arrivée du lynx, quand en fait on a eu les dégâts, parce que c'était quand même tout pour notre pomme quoi. Pis moi je voila, des fois on passait des dimanches entier ou des journées entières à chercher les moutons, vous voyez le boulot que ça donnait en plus quoi, c'est ça... Non ils se rendent pas compte quoi, celui qui est dans un appartement et qui décide ça heu il peut pas se rendre compte du travail que ça nous donne en plus et pis après ces bêtes elles étaient mis sauvage parce que tout les jours elles étaient affolées, elles étaient affolées parce que elles étaient... ouai toujours sur la méfiance. Nous même avec les border, les chiens arrivaient et ça partaient dans tout les côtés, et ... non c'était invivable. Ça a quand même bien changé la donne maintenant, avec notre système de les... d'apprendre à les rassembler au début et puis après elles sont beaucoup plus ensemble et elles connaissaient aussi le chien, bon et puis si y a une attaque une fois ben voilà, elles sont pas tout le temps épouvantée. A présent on verra avec les loups quoi, si... (Pause: quelqu'un entre dans la salle) Alors ouai donc vous c'est plutôt les lynx le problème ?
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Le lynx et le loup, à présent. Qu'est-ce qui à changé pour vous depuis le retour du loup ? Ben disons que faut dire que le loup ça fait vraiment vraiment des dégâts hein, jveux dire... du temps que ça bouge, ça tue... un lynx y va tuer un tout les trois quatre jours et il va quand même manger la proie, après bon peut-être deux, on a eu des fois deux d'un coup étranglé, mais en principe heu c'était...le loup tant que sa coure et il devient fou et il étrangle quoi, alors c'est souvent vingt, ou trente qui peut nous passer dans le coup quoi. Ça vous est arrivé ça ? Non, on a eu une fois un et moi je pensais que c'était le lynx, pis il m'a dit :"non il est éduqué" Le loup il énuque facilement et puis...Et donc il m'a dit ça c'est du loup. Mais... alors on verra quoi, à présent...du temps que y'a encore pas des meutes jpense qu'on a pas encore trop trop de danger mais... Vous pensez quoi de la manière dont le loup est géré en Suisse ? Bon moi je dis toujours aux gens, le pays est tellement petit, et toutes les surfaces comme chez nous, même en montagne c'est exploité et tout. Chaque fois qu'on traverse la France on voit ces immenses étendues inculte et tout... et pis des hectares, jveux dire y a de la surface. D'ailleurs on voit en Suisse si vous regardez les statistiques, comme cet hiver y a peut-être quatre ou cinq lynx qui se sont fait écraser rien que sur la route hein, pour dire ! Et y a un ours qui est passé sous le train pis je crois aussi un loup dans le Valais écrasé sur la route, ça veut dire que vraiment on voit que c'est ...voila. Alors le jour, ben si y a deux loups sur la Suisse, trois loups, ça va fonctionner, et puis si y a un lynx comme ils disent pour cent-vingt kilomètres carré ça va aussi fonctionner quoi. Mais le problème c'est que ces bêtes ont pas de prédateurs ! Alors c'est (rire) et pis les gens disent oui oui mais ils éliminent des bêtes malade, des chamois malades, des chevreuils malades, des cerfs malades, ouai ouai mais quand y a le troupeau à côté c'est bien plus facile de... moi je dis toujours ça, si vous avez le garde manger à côté vous allez pas aller courir des kilomètres pour avoir une bête. Non c'est vraiment... alors on verra quoi. Mais on a aussi les chasseurs la qui... ouai ça allait plus du tout on avait plus de chevreuils plus de chamois, ouai à cause des lynx, il y en avait cinq ou six par la... et faut bien qui bouffe l'hivers, on voyait plus de chamois plus de chevreuils... non non c'est sur, alors maintenant ça reviens un peu mais la... il faut vraiment que ça soit suivit. Mais les gens comprennent pas que c'est petit et que c'est exploité partout chez nous en Suisse. Ya pas ces grandes étendues sauvages... comme en France ou dans les pays de l'est...c'est totalement différent. Mais voila, ceux qui veulent ça ... (rire)... Comment vous voyez évolué sa vous ?
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Moi je vois mal donc heu...ben voila ça pose quand même des gros problèmes, si il faut six ou sept chiens par troupeaux et pis après que... justement si on a trop de chiens ils ont aussi l'esprit de meutes qui reviens, après ils vont aussi après le gibier, c'est quand même heu...ça va pas quoi. Et l'hivers vous voulez qu'on fasse quoi si y a cinq ou six chiens dans chaque troupeaux, faut les nourrir, ça bouffe ces machins ! Ouai et pis sa rajoute du travail. Non les années la c'était pas facile parce que t'es jamais tranquille, tu sais jamais si y a un loup, si le lendemain t'en as cinq six de foutu, c'est quand même pas très agréable de travailler comme ça quoi. Non la théorie de dire heu non ya quand même des chiens et pis faire des clôtures heu... (Rire) il faut être sur le terrain quoi ! Non mais c'est ça. Ya des solutions, rien faire je suis d'accord que... nous on est prêt, pis moi j'ai dit je suis prêt à en laisser aussi cinq six par années heu... voila mais quand sa vient... c'est notre gagne pain jveux dire...si on en perd vingt-cinq à trente chaque années un moment donné sa va plus... faut que les gens comprennent aussi sa. Mais je pense que c'est possible, mais je pense faut que sa soit sous contrôle quoi. Pour moi y a que ça quoi. Après qu'ils autorisent les chasseurs ou les gardes-chasses à dire voilà cette région ça va plus du tout, qu'ils fasse du comptage du gibier et si ils voient que ça se renouvelle pas c'est que y a quelque chose qui va pas quoi. Vous avez parlez avant des chiens qui peuvent retrouver l'instinct de meute et chasser le gibier, ça leur arrive chez vous de s'attaquer aux brebis ? Ben tout petit, et c’est la que ça demande un immense travail aussi, l'éducation du chien ! Parce que quand ils sont tout jeune ils aiment jouer, ils voient un agneau courir... évidement...et après quand les brebis font les agneaux ben les placentas faut les surveiller au début que...parce que eux ils font pas la différence hein si les placenta est encore derrière ou bien que... alors si ils bouffent les placentas tout frais au début on fait très attention. Mais c'est compliqué parce que vous avez une brebis qui fait pendant la nuit, elle fait dans un coin, elle part avec son agneau, il bouffe le placenta le chien hein, pis après il a quand même l'odeur alors si ils sont pas bien éduqué ben si elle commence à faire dés fois, bon moi j'en ai jamais eu mais y a des éleveurs qui ont eu les culs des brebis complètement bouffé par le chien ! Ben bien sur pendant qu'elle pousse et tout, avec les os, l'odeur, ben ils y vont quoi. Non non c'est un gros travail ! Et après un chien c'est joueur, c'est jeune, il faut les éduquer quoi, alors ça ça se fait pas tout seul. Ya des étapes de l’éducation qui sont plus problématiques ? Le problème, le plus gros problème je pense c'est vers quatre cinq mois. Il fait que de jouer hein et... et pis après jpense que c'est plus facile au début comme on a fait nous on en avait qu'un, pis il était pas dominant hein, si une brebis venait et tapait du pied il se couchait, il allait se cacher, il avait un endroit... mais après quand on avait eu une nichée de trois quatre, après ils s'entraîne les uns les autres, ils s'amusent, et une fois que les brebis commencent à courir, les agneaux, ben alors à trois ou quatre ils s'amusent, non c'est pas évident quoi. A présent c'est Agridea qui veulent les dresser, ils veulent plus qu'on les élève nous même, ils veulent plus subventionner,... alors c'est la première fois
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qu'on en a de l'extérieur des chien...qu'on à pas élevé nous même...alors on verra ce que ça donne mais...je sais pas (rire) Vous êtes pas très optimiste ? (Rire) Mais pas vraiment quoi, c'est magnifique si ils nous amènent des chiens dresser ! Bon ils coûtent pas rien ils les vendent heu... deux-mille heu...deux-mille-cinq-cent francs je crois. Comment ça se passe avec les subventions pour les chiens ? On doit es acheter deux-mille-cinq-cent francs mais ils nous donnent mille francs par années pour les chiens pour les nourrir, les vaccins, les vermifuges... Bon mais moi à présent si je prends un chien tout petit en France ils me donnent plus de subventions, ils me donnent plus rien du tout. Ils veulent pas quoi, ils veulent que ça soit eux qui aient le contrôle. Ok, je crois que j'ai fait le tour de mes questions, peut-être vous avez quelque chose à ajouter ? Quelque chose que vous trouvez important et qui serait pas ressorti dans la conversation ? Ben nous ce qu'on essaye toujours de dire c'est que ils faut qu'ils reconnaissent le travail supplémentaire qu'on a, ou bien à l'époque hein jveux dire vous aviez un troupeau de moutons avant ben si vous alliez deux fois par semaines ben vous étiez tranquille, pas de pertes et tout tandis que le loup à présent c'est quand même heu on peut plus dire on met des moutons comme ça, on doit suivre et c'est vraiment...non mais les gens se rendent pas assez compte de l'impact que ça a quoi. Pis moi j'essaye toujours de... moi je suis pas contre mais je dis mais dites moi ce que ça vous apporte. Quand vous vous promenez et que vous voyez plus un chevreuil, plus un chamois, qu'est ce que ça apporte aux gens hein ! Si vous faites une votation aujourd'hui ils sont tous pour le loup, pour le lynx, mais... qu'est ce que ça apporte hein. Vous les voyez déjà jamais hein ! Non mais c'est vrai même nous quand on vit la dedans... ma femme en a déja vu heu, yen à qui en ont déjà vu c'est pas ça, mais moi j'en ai jamais vu, alors (rire) jme dis.... (rire) je sais pas pourquoi, c'est vraiment un peu bizarre ! Ouai j'aimerais bien savoir pourquoi, si..." ah non mais c'est sympa c'est la nature, c'est le retour des choses normal..." Et je dis mais dites moi le plaisir que vous avez quoi ! C'est...c'est ça qui est un peu dommage je trouve, mais comme je dis, on a été quand même dix ans, les dix premières années on a jamais eu un problème. Les dix premières années de quoi ? Du lynx. Parce que y'en avait trois quatre sure la Suisse, mais ...mais après quand ils commencent à faire trois petits par années et qu'ils savent pas ou aller...voila. Ya ma
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fille, et bien ils étaient dans son jardin cet hivers. Parce qu'il crevait de faim, il était maigre... Au printemps la mère les abandonne, pis avec les territoires après ils se chassent et il faut bien qu'ils aient quelque part... Et sinon vous avez déjà essayé les ânes ou les lamas ? On a eu un âne une fois. C'était intéressant ou ...? Ben nous bon on avait les chiens en même temps donc c'est difficile à dire. Mais y'en a qui disent que c'est assez valable...je sais pas. Les lamas aussi... (Rire) Ya plusieurs choses mais ...dire... je pense le truc idéal il est encore pas trouvé. Ben on se rend compte quand même que des clôtures électriques heu c'est assez efficace, pis bon le problème c'est... ça va pour des petits parcs... mais si il se font attraper une fois par l'électricité...elles sont sensibles ces bêtes. Mais vous pouvez pas tout clôturer. Ils avait fait un essaie en haut, ils avait mis deux fils...mais c'est impossible, y a toujours dessus un trou en bas, après y a des branches qui tombent dessus et les files sont cassés... Vous avez déjà eu des chiens blessés à cause des prédateurs ? Non on n’a jamais vécu ça pour le moment. Non mais je pense pas que y a...c'est plutôt dissuasif hein le chien aboie si y a quelque chose, il marque le territoire avec les urines et tout, et je pense que... ouai non on a rien eu sinon