Le journal Le réveil des combattants - Juin

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Juin 2011 - N°773 - 5 e DES COMBATTANTS l e réveil Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix OPEX : DES MÈRES ET DES SœURS TÉMOIGNENT ENSEIGNEMENT DÉMOCRATIE LAÏCITÉ MAINMISE SUR LE TRAITEMENT DES PENSIONS Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre RACCROCHONS NOTRE PAYS AUX VALEURS RéPUBLICAINES ! RACCROCHONS NOTRE PAYS AUX VALEURS RéPUBLICAINES !

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Juin 2011 - N°773 - 5 e des combattantsle réveilPour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

OPEX : dEs mèrEs Et dEs sœurs témOignEnt

EnsEignEmEntdémOcratiE

laïcité

mainmisE sur lE traitEmEntdEs PEnsiOns

Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre

RaccRochons notRe pays aux valeuRs Républicaines !

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LE RÉVEIL actualitésactualités

Sarkozy se voit-il en shérif adjoint, chargé au nom des droits de l’homme, aux côtés de l’oncle Sam, de veiller aux intérêts capitalistes dans le monde ? Une chose est sûre, l’armée française intervient aujourd’hui dans de nom-breux points de la planète (34). En 2010, 570 millions d’euros ont été engloutis dans des Opex, opérations extérieures en langage militaire, pour un budget de la Défense de 32 milliards. Pour 2011, les militaires tablaient sur 900 millions dont 500 pour l’Afghanistan, auxquels il faut rajouter 900 millions pour la Li-bye début juillet.Actuellement, 22 000 soldats français interviennent à l’étranger, selon le mi-nistère de la Défense. 4 000 en Afgha-nistan, 9 700 en Afrique dont 1 500 en Côte d’Ivoire, des dispositifs au-dessus de la Libye, au Kosovo et au Liban, au large de la Somalie, dans le golfe de Gui-née, en République centrafricaine…Sept mille marins sur l’eau, un porte-avions au maximum de ses capacités, des « Rafale » qui, chaque jour, pi-lonnent Tripoli et une force d’in-

tervention rapide basée à Abidjan, im-médiatement opérationnelle lorsqu’il s’agit de voler au secours de dictateurs locaux pour garantir les intérêts mutuel-lement réciproques de la Françafrique… les armées françaises n’avaient pas été engagées aussi visiblement depuis bien longtemps. Tout cela à un coût !Prenons le cas de l’intervention en Li-bye, annoncée de courte durée et qui finalement s’éternise. L’opération Har-mattan, lancée le 19 mars, a déjà coûté plus de 50 millions d’euros. C’est Gé-rard Longuet, ministre de la Défense, qui a divulgué ce chiffre début mai, devant une commission de la Défense nationale. Outre les avions de surveillance radar, les appareils de ravitaillement et les tra-ditionnels Mirage 2000, la France est la seule armée du monde à utiliser le Rafa-le fabriqué par Dassault. Une heure de vol coûte entre 11 000 et 13 000 euros, sans compter le prix du carburant. Donc sans comptabiliser les onéreux aller-re-

tour quotidiens entre la métropo-le, d’où décollent les chasseurs, et

les zones d’intervention. Lors des trois premiers jours de l’engagement fran-çais en Libye, les Rafale ont effectué 400 heures de vol. Facture : entre 4,5 et 5,2 millions d’euros en 72 heures. Mais le plus cher est suspendu sous les ailes de l’avion : les missiles. Ceux qui sont utili-sés sont facturés 250 000 euros l’unité. A cela, il faut ajouter le surcoût lié aux primes des militaires engagés évalué, pour le moment, à une dizaine de mil-lions d’euros…Cette stratégie de va-t-en-guerre a éga-lement un coût humain important. Si officiellement aucun militaire français n’a péri jusqu’alors en Libye, les premiè-res bavures avec leur cortège de civils tués commencent à être révélées. Sur d’autres terrains d’opération, comme en Afghanistan, 63 soldats français sont morts et 476 ont été blessés. Quant à ceux qui reviennent, ils sont de plus en plus nombreux à révéler les traumatis-mes et les séquelles d’une guerre dont ils ne comprennent ni le sens ni la rai-son, tout comme une majorité de Fran-çais aujourd’hui.

Jean-Pierre Delahaye

sarkozy, chef de guerre la stratégie de va-t-en-guerre de l’élysée coûte des milliards d’euros à la France… sans compter le prix des vies humaines.

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enfin libRes Enlevés le 30 décembre 2009 avec leurs trois accompagna-teurs, Hervé Ghesquière et sté-phane taponier ont été libérés le 29 juin dernier. après 18 mois de détention.

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JuiN 2011 - N°773 - lE RéVEil - 3

éDitOéDitO LE RÉVEIL

sOMMaiRE

P. 13 D O s s i E R

enseignementsDémocratielaïcité Une réflexion sur la démarche laï-que à laquelle notre pays est profon-dément attaché, avec trois textes de Jean Jaurès, d’Anicet Le Pors et de Stéphane Bonnéry.

LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse

Mensuel de l’association républicainedes anciens combattants et victimes de guerre.commission paritaire n° 0713-a 06545édité par les éditions du Réveil des combattantssaRl au capital de 45 734,41 - siret : 572 052 991 000 392, place du Méridien, 94807 Villejuif cedextéléphone : 01 42 11 11 12télécopie : 01 42 11 11 [email protected]

Tirage : 60 000 exemplairesGérant-directeur de la publication : Raphaël VaHé • Directeur délégué : Patrick staat • Rédacteur en chef : Raphaël VaHé • Directeur promotion et publicité : claude Delevacq • Secrétariat de rédaction, conception graphi-que : Escalier D communication • Impression : RiVEt P.E. - 24 rue claude-Henri-Gorceix, 87022 limoges cedex 9

actualités p. 4

Le « Pentagone » français . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4Médiator, un crime contre la société . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4Les banques au mieux de leur forme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5Le logement, une priorité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6OPEX : les mères et les sœurs témoignent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

international p. 7

Libye : les raisons cachées de la guerre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7Printemps arabe : révolution ou manipulation ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11Obama et le retrait d’Afghanistan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12L’Europe contre les peuples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

vos droits p. 22

De la mainmise sur le traitement des pensions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22Validation du défenseur des droits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23La commission d’attribution de la carte du combattant . . . . . . . . . 24RGPP : reconquérir le service public . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

vie de l’aRac p. 27

Découvrir le Vietnam . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27Bons de soutien : les numéros gagnants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28La vie des comités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

Magazine p. 31

en octobre 2007, au lende-main de l’élection de Nico-las Sarkozy à la présidence

de la République, Denis Kess-ler, ancien dirigeant du MEDF, déclare dans le magazine Chal-lenges sous le titre Adieu 1945, raccrochons notre pays au monde :

« Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance (…) Il est grand temps de le réformer et le gouvernement (Sarkozy) s’y emploie. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! »Comme on peut le constater, ce n’est pas la crise qui conduit en France à casser la santé, l’école, la Sé-curité sociale… mais bien une démarche délibérée qui tourne le dos à l’intérêt de l’immense majorité de notre peuple. Cette casse de la France n’a qu’un but, permettre d’adapter notre pays « aux nouvel-les exigences économiques, sociales, internationales ». En un mot, tout ce qui tourne le dos au profit doit disparaître.Oui, la France, son histoire, ses luttes ont permis des avancées démocratiques et sociales faisant ré-férence et envie pour des centaines de millions de salariés sur la planète. Les déclarations des droits de l’homme de 1789, de 1945 sont des références incontournables pour des dizaines de pays, de dé-mocraties à travers le monde.Aujourd’hui, la France compte 8 millions de pau-vres, soit 12 % de la population, le salaire moyen est de 1 500 e, il manque 1 million de logements… Nous sommes confrontés à un combat de classe, nous devons faire preuve de courage, d’obstination, d’esprit de conviction et de rassemblement pour défendre les fondements mêmes de la Nation, les fondements de la République. « Résister doit se conjuguer au présent » disait Lucie Aubrac.Nous devons combattre l’ennemi d’aujourd’hui qui attaque, maltraite, dépouille de ses droits élé-mentaires le plus grand nombre. L’ARAC sera de toutes les actions pour l’émancipation humaine, la défense de la paix et des valeurs républicaines.Il y va de notre vie, de notre liberté, de l’avenir de nos enfants.

Patrick Staat

Raccrochons notre pays aux valeurs de la République

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Pourquoi pas, après tout ? Donc, ap-pels d’offres, marchés publics, etc. Ah mais non ! Z’y-êtes pas du tout ! La PPP voyons ! C'est-à-dire, en clair, le parte-nariat public-privé… C'est-à-dire le re-cours à des contrats « globaux » dans lesquels le soin de financer, concevoir, construire, maintenir et gérer, sont confiés à des partenaires privés ». Ici, en l’occurrence, Bouygues, lequel ré-colte un contrat d’un montant total estimé entre 2,7 et 4 milliards d’euros (une paille !) portant sur 27 années d’exercice. Ainsi, Bouygues investira 720 millions au départ, puis recevra de l’État durant 27 ans, un loyer, une redevance annuelle comprise entre 100 et 150 millions d’euros. Faites le calcul : Bouygues encaissera entre 2 700 et 4 000 millions d’euros au bas mot !Pour l’État, la note est salée, d’autant que le coût de l’emprunt privé est né-cessairement plus élevé que celui que l’État aurait pu contacter. Par ailleurs, le fonctionnement et la maintenance des équipements constituent, en plus, pour Bouygues une véritable rente pendant 27 années, car toutes les modifications à venir, et il y en aura obligatoirement durant ces 3 décennies, se payent au prix fort ! Exemple : le groupement Eif-fage, dans le cadre d’un PPP, réclame 100 millions d’euros pour effectuer les modifications imposées par l’Agence régionale d’hospitalisation d’Ile-de-France pour la construction du centre hospitalier sud-francilien. Sans parler du fait que le PPP réduit à quelques groupements seulement la concurren-ce qui devient fictive et fragilise encore davantage les PME de la construction dont la publicité nous dit pourtant

le « pentagone » français bouygues d’abord !

qu’elles sont « le premier employeur de France ».En fait, le choix des PPP par l’État sarko-zyste est un abandon très politique des prérogatives et responsabilité de la puis-sance publique. Et un moyen de plus

de livrer au privé les fonds publics de l’État. Une privatisation rampante de plus, quoi !En bref, un « Pentagone » qui va être hors de prix et tant pis pour les droits des ACVG… Bouygues d’abord.

la PPP, ça ne vous dit rien ? Demandez donc ce qu’il en est au ministre de la Défense… Non content d’avoir « bazardé » le secrétariat d’état et « liquidé » son siège, rue de Bellechasse à Paris, et ses services, voilà-t-y-pas que - américanisation exige - le gouvernement veut construire son petit Pentagone (petit ? 300 000 m2 tout de même !) dans le quartier Balard du 15e arrondissement de Paris.

1,2 milliard d’euros, le coût de prise en charge pour la collectivité du Médiator. Sur cette somme faramineuse, 879 millions d’euros versés aux laboratoi-res Servier par la Sécurité sociale au titre des remboursements de ce médi-cament, 315 millions pour la prise en charge du risque lié aux complications valvulaires cardiaques.Et tout cela pourquoi ? Pour quel résul-tat ? Au minimum, 2 000 décès, handi-capés, malades cardiaques lourds mais aussi, dans le même temps, évidem-ment, des profits maximums réalisés par le laboratoire Servier dont le Mé-diator est le produit phare.Voilà, sèchement résumé, à quoi on aboutit lorsque la loi de la jungle du profit prend le pas sur l’intérêt du pays, de notre peuple. On assiste de fait à un véritable pillage de la Sécurité sociale. A un enrichissement sans limite de di-rigeants d’un groupe pharmaceutique avec comme épilogue la mort de quel-ques milliers de personnes et quelques milliers d’autres gravement malades.C’est le visage crû, mais réel, du libéra-

lisme, du capitalisme, d’un système qui ne recule devant rien : le profit maxi-mum dans le plus court laps de temps, voilà sa motivation. Cette loi devra bien un jour se briser sur l’intérêt de la vie, des hommes de l’épanouissement so-cial.C’est à cette République sociale, huma-niste que travaille notre ARAC. Ces cri-mes contre la société - et celui de Servier est particulièrement horrible - devraient inciter tous ceux qui hésitent encore à s’engager résolument pour construire un monde débarrassé de tous ces profi-teurs, autres rapaces qui n’hésitent pas à gonfler leurs masses gigantesques de profits réalisés au prix de malheurs, de misères qu’ils provoquent. C’est cette horreur qu’il faut chambou-ler et travailler à ce que la richesse soit en fin de compte mise à disposition de la construction du bonheur pour tous. Il y va de l’avenir des générations futures.

Hervé Corzani

MéDiatoRun crime contre la société

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iNDiViDuEl cOllEctiVités (lycées, collèges, centres de documentation, bibliothèques…)

10 numéros - au prix de 28,00 e par an

Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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C’est en réalité du pillage de notre peu-ple, de notre pays, qu’il s’agit par le sys-tème financier non seulement parmi les plus cynique de la planète, parmi les plus pernicieux qui existent, certaine-ment parmi le plus rapace qui soit. Ce système est exclusivement au service des profits réalisés par une minorité. Eux, qui ont généré cette crise que l’on ne finit pas de payer, exigent encore plus de moyens et Sarkozy, la droite, les sociaux-libéraux, s’empressent de les servir avec toujours plus d’empres-sement.Mais aujourd’hui, regardons de près l’état de santé des banques. La BNP par exemple, la plus importante banque française, annonce pour le 1er trimestre 2011, 2,6 milliards de bénéfices net, en hausse de 14,6% par rapport au 1er tri-mestre 2010. Pas mal, pas mal ! La santé de la plus grande banque française est plutôt au beau fixe.

Il serait temps que maintenant celle-ci contribue à aider notre pays à sortir de la terrible crise économique qui le secoue, crise d’ailleurs provoquée par la logique du système de recherche du maximum de profits et auxquels nos banques contribuent pour beaucoup : que nen-ni, d’abord les actionnaires et encore et toujours cette sacro logique capitaliste, les profits, toujours les profits, encore les profits. Finalement, de l’argent, des moyens pour lutter réellement contre la misère, il y en a, même beaucoup.Le système bancaire en général, et les grandes banques en particulier roulent sur l’or. Il serait grandement temps que les banques contribuent fortement au développement social de notre pays. Qu’elles remboursent tout d’abord ce qu’elles doivent à la société. Il faut pren-dre dans les profits énormes qu’elles réalisent les moyens du développement économique de la France. L’emploi, la

formation, le pouvoir d’achat, le loge-ment, c’est dans ces domaines cruciaux pour notre société que nous devons les contraindre à placer l’argent pris dans notre portefeuille.Les capacités financiaires des banques, leur marge bénéficiaire doivent revenir à la nation. Remettre en cause la mainmi-se des actionnaires sur nos banques est une des pistes pour sortir concrètement de la crise dans laquelle les actionnai-res capitalistes l’ont sciemment projeté. C’est toute la logique de ce système qu’il faut remettre en cause, la bonne santé des banques et les dividendes reversés généreusement aux actionnaires, c’est sur la misère que cela s’établit. Nous de-vons imposer d’autres choix politiques qui permettent que chacun retrouve sa juste place. Les banques, et d’abord elles, au service de la nation, de la Répu-blique et du peuple et non l’inverse.

H.C.

les banques au mieux de leur formeRappelez-vous, Nicolas sarkozy nous avait dit : « il faut sauver notre système bancaire, pierre angulaire de notre économie, voire de l’économie euro-péenne » et sans hésiter, le président des fortunés, des riches, des grands patrons, a débloqué 460 milliards d’euros pour secourir soi-disant notre système bancaire.

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« Je veux, si je suis élu président de la Ré-publique, que d’ici à deux ans, plus per-sonne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et d’y mourir de froid. Parce que le droit à l’hébergement, je vais vous le dire, c’est une obligation humaine. Mes chers amis, comprenez-le bien : si on n’est plus choqué quand quelqu’un n’a pas un toit lorsqu’il fait froid et qu’il est obligé de dormir dehors, c’est tout l’équilibre de la société où vous voulez que vos enfants vivent en paix qui s’en trouvera remis en cause ». (Nicolas Sarkozy, discours de Charle-ville-Mézières, 18 décembre 2006)En 2010, ce sont 382 personnes qui sont mortes des conséquences d’une vie sans logement fixe. Il manque 900 000 lo-gements en France, 685 000 personnes sont privées d’habitation personnelle, parmi elles 133 000 SDF et 85 000 dor-ment dans des habitations de fortune ou au camping. De nombreux OPEX en retour de mission ayant quittés l’armée se retrouvent trop souvent dans cette situation. 2,7 millions de nos concitoyens vivent dans des conditions de logement très difficiles. La crise du logement est une

vraie question de société affectant une grande partie de la population dont la préoccupation première est d’accéder à un logement ou/et de le garder. Les problèmes de logement ne concernent plus seulement les personnes aux ré-munérations faibles, mais aussi les classes moyennes. Des commentaires déplacés associent parfois au logement social les mots défavorisés, pauvreté, précarité, ghetto, mixité… Est-il néces-saire de rappeler que plus de 70 % des ménages de notre pays répondent aux critères du logement social ? L’habitat est le premier poste de dépenses des ménages. Les Français y consacrent 25 % de leur revenu brut disponible (pour les foyers les plus démunis, les étudiants, les retraités les budgets lo-gement avoisinent bien souvent 50 %), soit deux fois plus que l’alimentation et les transports.En 2011, trouver et financer son loge-ment sont toujours les deux princi-pales inquiétudes des Français. Si le présent est source d’inquiétude, l’ave-nir ne semble pas s’annoncer sous de meilleurs jours : une étude TNS Sofres

le logeMent reste une priorité nationale

conclut que le logement constitue pour les parents un motif d’inquiétude pour leurs enfants (40 %), après la difficulté à trouver un emploi stable (71 %) et celle liée au pouvoir d’achat (55 %). De fait, une large majorité des Français (84 %) estime que les responsables politiques sont les premiers responsables de cette situation, en ne s’occupant pas suffi-samment des problèmes de logements en France. Les retraités n’échappent pas au mal-logement. Le rapport de la fondation Abbé Pierre rappelle que tous les se-niors ne sont pas riches comme Mme Bettencourt. 600 000 personnes âgées vivent actuellement avec une allocation de solidarité de 628 euros, ce qui les pla-ce sous le seuil de la pauvreté, comme 8 millions de nos concitoyens.Au lieu d’assumer son rôle de garant du droit au logement, l’État est coupa-ble non seulement de ne pas s’atteler à résoudre le problème du logement, mais pire, de l’aggraver en coupant les crédits, alors qu’il trouve des milliards pour renflouer les banques, qu’il dépen-se des sommes folles pour faire la guer-re… Le budget logement de l’État est en baisse de près de 20 % sur la période 2008-2011. Les sommes consacrées au logement, par l’État, sont à leur niveau le plus bas depuis plus de 30 ans.Pour répondre aux attentes des Fran-çais, il faut une politique à la hauteur des enjeux. Il faut sortir le logement du champ des lois du marché et de la spé-culation. Des changements profonds sont indispensables pour lutter contre la marchandisation du logement. Plus que jamais, les aides publiques doivent être consacrées en priorité au logement social. Tout comme l’emploi, la santé, le logement doit devenir une priorité nationale.Il est clair que le gouvernement mène une politique en rupture avec les va-leurs qui sont au cœur de la Républi-que, qui sont celles de la fraternité et de la solidarité. Il n’est pas acceptable que le droit au logement, inscrit dans la Constitution, ne soit pas appliqué.

Brigitte Canévêt

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iNtERNatiONaliNtERNatiONal LE RÉVEIL

De fait, à un an d’une élection prési-dentielle plutôt mal engagée pour lui, en tout cas jusqu’à la chute de Domini-que Strauss-Kahn, il comptait sur 2011 pour asseoir sa dimension internatio-nale, servie par une double présidence du G8 et du G20. Le calcul n’était pas faux. Le Parti socialiste, qui avait attaqué les atermoiements de Nicolas Sarkozy et même son soutien aux régimes en place lors de la chute de Zine El Abi-dine Ben Ali (le PS feignant d’oublier que le parti de Ben Ali était membre de l’Internationale socialiste) et Hosni Moubarak, a immédiatement approuvé l’engagement militaire français en Li-bye. « On ne salue pas avec enthousiasme le fait qu’on soit entrés en guerre » mais « c’est une décision grave qu’il fallait pren-dre », expliquait Benoît Hamon, rappe-lant que le PS avait soutenu l’idée d’une zone d’exclusion aérienne en Libye. « Je me réjouis de la célérité et de la détermina-tion des autorités françaises appuyées par la communauté internationale », confiait Jack Lang, ancien ministre de François Mitterrand, n’hésitant pas à saluer « un moment historique ». Il est vrai que l’un des hérauts de cette guerre n’est autre que Bernard-Henri Lévy, « philosophe » qui se veut « conscience de la gauche » ! Après son soutien à l’islamiste com-mandant Massoud en Afghanistan, il s’était empressé de prendre place dans un char israélien nettoyant la bande de Gaza. Qu’il se soit retrouvé à Benghazi n’a, dans ce cadre, rien d’étonnant.« Des peuples arabes ont choisi de se libé-rer de la servitude dans laquelle ils se sen-taient depuis trop longtemps enfermés », déclarait Nicolas Sarkozy à l’issue du sommet international sur la Libye qu’il avait convoqué à Paris. « L’avenir de ces peuples arabes leur appartient. Au milieu

des difficultés et des épreuves de toutes sortes qu’ils ont à affronter, ces peuples arabes ont besoin de notre aide et de notre soutien », précisait-il. Une belle âme désintéres-sée donc. Et pour mieux faire avaler la couleuvre guerrière, le scénario proposé est toujours le même. En 1999, lors de l’intervention au Kosovo, il avait déjà été utilisé : les massacres de populations ci-viles seraient tels que la seule option, dans un premier temps, est la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne avec son corollaire, les bombardements aériens pour protéger les civils. Ainsi fut dit, ainsi fut fait. Au Kosovo comme en Libye. Mais en Libye, comme au Kosovo auparavant, on s’est vite aperçu que les massacres à grande échelle dont on nous parlait relevaient plus de la propagande que de la réalité sur le terrain. Les mil-liers de morts de Benghazi se chiffraient en réalité à 250. Déjà trop, mais on n’est plus dans une stratégie de destruction massive des populations. Il fallait un prétexte d’intervention sans provoquer le moindre débat sur les finalités politi-ques. La « raison humanitaire » se suf-fisait à elle-même. Les opposants à une telle guerre devenaient des monstres sans cœur. Pis, des alliés de Kadhafi ! Un Kadhafi dont l’élimination pure et simple n’est même plus dissimulée par les Occidentaux et l’Otan.Quelques mois auparavant, pourtant, le même Nicolas Sarkozy ne trouvait rien à redire en accueillant en grande pompe, le colonel Mouammar Kadhafi, guide de la révolution libyenne. Longtemps pa-ria de la communauté internationale, celui-ci redevenait persona grata. La Libye, ce n’est pas que du sable. On y trouve du pétrole, beaucoup de pétrole, et du gaz. Avec une telle dot, on est ra-rement difficile quant à la personnalité

du marié. Mais ce n’était pas tout. Avec ces multiples frontières (Tunisie, Algé-rie, Niger, Tchad, Soudan, Égypte), la Libye est l’une des principales portes d’entrée en Europe pour les centaines de migrants notamment de l’Afrique subsaharienne. Tripoli devait devenir le garde-côte de l’Union européenne, en verrouillant cette voie.C’est peut-être à la fin novembre que le sort de Kadhafi a été scellé. Lors d’un sommet à Tripoli réunissant dirigeants européens et africains, il a réclamé cinq milliards d’euros pour sécuriser ses 5 000 kilomètres de frontières et jugu-ler ainsi la migration vers l’Europe. Une demande déjà exprimée au mois d’août lors d’une visite à Rome. Mais l’Union européenne avait jugé que 50 millions sur deux ans étaient largement suffi-sants. Trois mois plus tard, en février, l’Europe emmenée par Sarkozy soute-nait la rébellion qui venait d’éclater à Benghazi. Une aubaine pour tenter de trouver de nouveaux « gardes-côtes » qui seront d’autant moins exigeants finan-cièrement qu’ils devront leur place au soutien des Européens, politiquement et militairement.Ces mêmes dirigeants de la rébellion ne sont pourtant pas des inconnus. La plupart ont siégé avec Kadhafi. C’est le cas du numéro 1, Moustafa Abdeljalil, ancien ministre de la Justice, qui avait refusé de commuer la peine de mort prononcée contre les infirmières bul-gares. C’est le cas de Mahmoud Jibril, « premier ministre », nommé par Kad-hafi à la tête du Bureau national pour le développement économique (NEDB), où il a initié une politique de privati-sation et de libéralisation. Nul doute qu’avec lui, les intérêts occidentaux se-ront en de bonnes mains.Se profile maintenant, avec les difficul-tés persistantes sur le terrain militaire, le spectre de la partition de la Libye, le but étant de permettre à la rébellion la maî-trise des zones gazières et pétrolifères, c’est à dire essentiellement l’Est (la Cyré-naïque) et une partie du sud de la Libye. Les véritables objectifs de cette guerre apparaissent ainsi aux yeux de tous.

Pierre Barbancey

libyeles raisons cachées de la guerreOn se souvient de cette image : seul devant les caméras du monde entier, Nicolas sarkozy annonce une opération militaire en libye. Elle est d’inspi-ration française. le Président tient enfin ce qui lui manquait, ce rôle de chef militaire, qui, croit-il, le fait entrer dans l’histoire parce que provoquant un consensus au sein de son opinion publique.

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Nous publions ici des témoignages de mères, de femmes de militaires traumati-sées par le conflit d’afghanistan.avec ces témoignages tirés du journal la Vie, réalisés par anne Guion et publiés le 17 mai 2011, nous voulons contribuer à ouvrir dans le Réveil une rubrique pour tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont besoin de témoigner, de se rencontrer, de dialoguer, d’être aidés ou conseillés. cette démarche est logi-que de la part de notre association. ces femmes et ces hommes, soldats ou fa-milles ne peuvent être laissés au ban de la société. Notre organisation se doit, a le devoir, de prendre en compte leur dé-tresse, leurs souffrance, leurs droits.ces femmes et ces hommes ont été sous le drapeau français, ce sont les OPEX, opérations extérieures quand ils en re-viennent, ils reviennent marqués, trauma-tisés, souvent perdus, à la recherche de repère, de soutien. ils sont des centaines de milliers à avoir été OPEX dans notre pays dans les 20 dernières années. une étude récente dit que 17 % en reviennent traumatisés.aujourd’hui la France est présente dans 34 pays, cela représente une dépense énorme dans notre budget national (pour la seule intervention en libye 1,2 million d’euros par jour, soit environ 900 millions depuis le 19 mars à 150 millions d’euros près), mais surtout au nom du maintien de la paix, c’est une véritable présence militaire de type colonial que nous exer-çons.ces témoignages d’afghanistan témoi-gnent de l’inhumanité, de l’injustice, de l’inefficacité de la guerre. ils sont émou-vants et montrent la désespérance.

Mères, sœurs ou épouses de militaires, traumatisées par ce conflit qui a causé 61 morts, elles se sentent ignorées par la nation.La mort de Ben Laden remet sur le de-vant de la scène cette guerre oubliée qui a fait pourtant 61 morts parmi les soldats français depuis le début du conflit en 2001 et plus de 300 blessés. Un bilan sans comparaison, certes, avec les pertes américaines : plus de 1 000 soldats y ont été tués. Mais, alors que les Américains suivent avec effroi le décompte de leurs soldats tombés au front, les morts français passent quasi-ment inaperçus, les blessés n’apparais-sent que rarement dans les médias. Les militaires rentrent d’Afghanistan dans l’indifférence. 4 000 soldats y sont pré-sents en ce moment pour des missions

généralement de six mois. Combien y ont été envoyés depuis dix ans ? Difficile d’obtenir ce chiffre. 50 000, peut-être. Autant de familles, partout en France, qui ont été, à un moment ou à un autre, touchées par ce conflit. Mères, sœurs ou épouses, elles ont décidé de témoigner de la vie de ceux qui restent.Les habits de son fils lavés, repassés et empilés sur le lit sont restés tels quels. Quelques tee-shirts un peu élimés, des paires de chaussettes. « Je n’ai pas eu le cœur de les ranger », confie-t-elle. Dans son appartement de Versailles, Moni-que Panezyck, 60 ans, a décidé de par-ler. Quoi qu’il lui en coûte. Malgré les images qui se forment devant ses yeux. Malgré les larmes qui bientôt se trans-forment en sanglots. Le 23 août 2010, son fils unique Jean-Nicolas est mort,

Dossier OPEXQuand les mères et les sœurs témoignent

afghanistan, blessées par l’oubliAnne Guion - Anne Guion - La VieLa Vie, le 17 mai 2011, le 17 mai 2011

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tué au cours d’une opération au sud de Tagab, dans la province de la Kapisa, en Afghanistan. Une carrière de couvreur, une période de chômage qui s’étire… Le jeune homme avait fini par s’engager dans l’armée en septembre 2005.« Des gens m’ont dit : “Il avait signé, il connaissait les risques qu’il prenait.” Mais c’est faux : il était jeune, l’armée leur raconte n’importe quoi. Il pensait être protégé », témoigne Monique Panezyck. Un regard si pesant que certaines ont même changé de vie, comme Isabelle, rencontrée dans un petit village du Sud-Ouest. Son fils a été blessé lors de l’em-buscade d’Uzbin en août 2008. C’était il y a près de trois ans. « Mais, dit-elle, la famille s’en remet tout juste. » Avec son mari, ils géraient l’épicerie du village. « Après le drame, je ne pouvais plus sup-porter le regard des clients, leurs réflexions, leur gêne. » Elle décide de ne plus servir à la caisse. Quelques mois plus tard, son mari jette l’éponge aussi. Le couple ferme l’épicerie et change de métier. Le 23 août 2010, Monique Panezyck sé-journe chez une amie. Lorsqu’elle reçoit un coup de fil de l’armée lui demandant où elle se trouve, celle-ci comprend tout de suite qu’il est arrivé quelque chose. « Je les avais pourtant informés de mon changement de domicile… » Acculé, son interlocuteur lui annonce alors la mort de son fils… au téléphone. Elle reste seule de longues heures. La nouvelle se répand très vite sur Internet. Les condo-léances affluent sur les forums des régiments, sur son mail, alors même qu’aucun gradé ne s’est encore déplacé pour lui confirmer le décès.« C’était monstrueux de lire tous ces mes-sages. Je me raccrochais encore à l’espoir que c’était une erreur », confie-t-elle. Commence alors le long calvaire des cérémonies officielles : le rapatriement du corps, les hommages de la Nation en présence du Président de la Répu-blique… Loin d’être réconfortée, elle se sent dépossédée. « J’ai enterré six fois mon fils », dit-elle aujourd’hui. L’armée, qui prend en charge financièrement les funérailles à Versailles, n’avait pas pré-vu de caveau. « Mon fils s’est battu pour la France, et ils voulaient l’enterrer comme

cela, en pleine terre ! J’ai dû me battre. Fi-nalement, c’est la mairie qui a payé. »La vie de la maison s’organise alors autour de l’absent. L’ordinateur, par lequel Giselle communique avec son fils, devient le centre névralgique du foyer. « Nous ne sommes pas partis en va-cances parce que je ne voulais pas ne plus être joignable lorsque j’étais dans l’avion », témoigne-t-elle. Toutes racontent ces six mois comme entre parenthèses : « Lorsque j’appréciais un moment, tout de suite, je pensais à mon frère », se souvient Audrey, jeune Provençale de 26 ans, dont le frère est parti l’année dernière, à 19 ans. « On se dit, là, je rigole, mais imaginons… Un jour, ma mère a vu les gendarmes arriver au bout de la rue. Ils ont garé leur voiture en bas de l’immeuble. Elle les a suivis du regard, terrifiée. Vont-ils sonner à la porte pour lui annoncer qu’il est arrivé quelque chose ? Pendant six mois, ses premiers mots au téléphone ont été : “Tout va bien ?” » Pour beaucoup, l’Afgha-nistan est entré dans leur vie brusque-ment. Giselle Sanchez, 49 ans, une chef d’entreprise, se souviendra longtemps de ce jour d’août 2008. Le journal télé-visé ouvre alors sur les dix morts fran-çais de l’embuscade d’Uzbin. Son fils de 25 ans vient de s’engager à l’armée. « Tout à coup, je me suis dit : “Est-ce qu’il pourrait y aller ?” » Un an plus tard, le jeune homme lui annonce son départ. « Nous avons utilisé tous les moyens pour l’en dissuader, demandes, prières, et même chantage… Et puis, trois semaines avant, j’ai senti qu’il fallait le laisser s’en aller. Il nous a dit : “Ce sera une épreuve très dure, j’ai besoin de votre soutien.” Nous le lui avons donné. » Surtout, Giselle Sanchez diffuse sur In-ternet un document intitulé L’Afghanis-tan expliqué aux soldats et à leur famille. Quelques pages rédigées avec de la do-cumentation qui répondent aux ques-tions essentielles, comme : « Qui sont les talibans ? » Des points qui ne sont pas abordés pendant les six mois de classe avant le départ. « Il y a un terrible manque d’information chez les soldats », dénonce-t-elle. On peut y lire également en fili-grane, la question : pourquoi la guerre ? C’est d’ailleurs frappant : la plupart des

femmes interrogées avouent leur in-compréhension. « Personne, aujourd’hui, n’a une parole claire sur les objectifs des for-ces alliées en Afghanistan, » s’interroge ainsi Giselle Sanchez. « Sommes-nous là pour former l’armée afghane ou pour combattre les talibans ? »« D’un côté, je me dis que c’est bien que tout se termine, mais à quoi auront alors servi toutes ces morts ? » Giselle San-chez, elle, a vécu par procuration les désillusions de son fils. En mars 2010, terrifié, il lui fait part au téléphone de la multiplication des sorties hasardeuses sur le terrain. « Comme s’ils voulaient atteindre un quota de morts », lui dit-il. Giselle Sanchez demande des explica-tions à la Caf, qui avoue son ignorance. Elle découvre peu après que le général américain Mc Chrystal, à l’époque com-mandant de l’Isaf (Force internationale d’assistance et de sécurité, sous l’égide de l’Otan), se trouvait en mission dans la zone. Les Français ont-ils voulu faire

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du zèle ? « Il faut donner aux soldats la reconnaissance qu’ils méritent, parce que la plupart pensent faire le bien, mais pas de façon aveugle. Nous, les familles, avons aussi le droit de remettre en cause le sens de leur mission », dénonce-t-elle. Dans le flou, certaines familles se bricolent un sens, une explication. Esseulées, les familles se bricolent une solidarité. Sur les forums internet des régiments, comme sur celui du 8e Rpima, par exemple, elles échangent des informations sur les opérations en cours. « Si un des soldats a pris son télé-phone portable lors d’une opération, ce qui est interdit, sa mère va informer les autres parents de l’évolution de la situation sur place… », témoigne l’une des femmes interrogées. » À Montmélian, à 30 kilomètres de Chambéry, Virginie Martin, 33 ans, est perplexe. Un an après le retour de son mari, Denis, qui a servi à Nijrab, la jeune femme, infographiste, mère de deux jeunes enfants, balance encore entre la colère contre l’armée et le soutien à son mari. « Je me suis beaucoup documen-tée », dit-elle. « J’essaie d’y croire, je veux croire que tout ceci a un sens, parce que je veux soutenir mon mari. Mais je n’en suis pas sûre… » L’évocation du retrait des troupes occidentales en 2014 ajoute à sa confusion.À Montmélian, lorsque nous rencon-trons Virginie, le couple attend avec impatience la réponse à leur demande de mutation de Didier dans un autre ré-giment. Quelques semaines après notre rencontre, Virginie nous recontacte : la mutation a été acceptée. Toute la famille déménage cet été à Mayotte, où son mari a été affecté. Loin de la vallée de la Kapisa. À des milliers de kilomètres de l’Afghanistan.Personne ne rentre vraiment indemne. Depuis 2009, l’armée prévoit un stage de trois jours à Chypre à l’issue des six mois de mission. Un sas de décompres-sion dans un hôtel 5 étoiles avec séances de sophrologie et présence d’un psycho-logue pour détecter les stress post-trau-matiques (PTSD, post-traumatic stress disorder). Un syndrome que l’armée commence à prendre en compte. In-

suffisant pour beaucoup. Toutes ces femmes ra-content le mutisme, les difficultés de communi-cation du retour. « Mon mari, qui est d’un naturel calme, s’énervait très vite. Il a fini par s’apaiser avec le temps », se souvient Virginie. Puis, peu à peu les mots arrivent. Tout ce qui a été tu pendant la mission pour ne pas in-quiéter s’exprime alors : la mine qui arrache la jambe de l’ami devant ses yeux, les collègues tués, puis vengés. Et, finale-ment, revient l’angoisse d’un nouveau départ.

Un retrait anticipé ?Le 17 août 2008, la mission de Julien, le fils d’Isabelle, prend subitement fin. Il fait partie de la brigade prise à partie dans la vallée d’Uzbin. C’est lui-même qui prévient ses parents, au téléphone le matin. « Maman, on rentre en France, il y a eu du grabuge », leur annonce-t-il, d’une voix monocorde. Victime d’un traumatisme sonore, il reste deux mois au repos complet à la maison. « Il s’en-dormait la journée sur le canapé et ne trou-vait pas le sommeil la nuit », se souvient sa mère. « Il tombait parfois dans une sorte de torpeur. Quelque chose a changé aussi dans son regard. Nous avons laissé partir un jeune homme de 20 ans, c’est un homme de 50 ans qui est revenu. »Une angoisse qui se vit dans la cellule familiale. Car l’Afghanistan est un su-jet tabou. Toutes ont fait du tri parmi leurs amis. « Personne ne sait vraiment ce qui se passe là-bas, mais tout le monde a un avis sur la question, raconte Audrey, et beaucoup ne se gênent pas pour vous le donner. Plutôt que de se taire 5 minutes ou de compatir à votre inquiétude, les gens ont l’impression qu’ils doivent forcément vous balancer leurs principes à la figure… » La jeune femme se souvient ainsi de cette soirée gâchée : « J’ai passé mon temps à me disputer sur le sujet avec l’amie d’une amie, assistante sociale, qui recevait des

Afghans qui avaient quitté le pays. » Avec la fin de la conscription, en 1997, et la professionnalisation des armées, tout se passe comme si les soldats fai-saient un métier comme un autre, avec des ris-ques qu’ils sont payés pour assumer. « Sauf que tout le monde pleure un pompier qui meurt au feu ! », s’exclame Audrey. Surtout, cette guerre de 10 ans, dont le nombre des victimes civiles ne cesse de croître, a mau-vaise presse. Même les familles endeuillées ne sont pas épargnées.Mal à l’aise, l’armée a du

mal à faire face à l’angoisse des familles. L’institution en fait trop ou pas assez, ne trouve pas le bon ton. Beaucoup de femmes critiquent ainsi, par exemple, les cellules d’aide aux familles (Caf) de l’armée. « C’est comme la section loisir d’un comité d’entreprise, la cellule fami-liale n’est jamais au courant de ce qui se passe sur le terrain », nous dira même l’une d’entre elles. Une maladresse qui peut se révéler cruelle.Le silence laisse souvent la place à tou-tes les interprétations, et même aux lec-tures du conflit teintées de « clash des civilisations ». « J’entends de plus en plus les familles dire que, si leur enfant est en Afghanistan, c’est pour protéger la France d’une menace musulmane », témoigne ainsi l’une des mères.

4 000 soldats français sont déployés sur le sol afghan, dans le cadre de la force internationale de l’OtaN (isaf). la France est le quatrième pays contributeur de l’isaf en nombre de soldats, derrière les états-unis (deux tiers des effectifs), le Royaume-uni et l’allemagne.

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iNtERNatiONal iNtERNatiONal LE RÉVEIL

De retour de mission d’étude en Tunisie, en Égypte et en Libye, Éric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le ren-seignement, ancien du renseigne-ment, livre une lecture nuancée des événements du début d’an-née. Sans nier les aspirations des populations, il relativise l’ampleur du changement des équipes diri-geantes. Un prélude à de grandes déceptions.

Quelle lecture faites-vous du « printemps arabe » ?Il y a dans ce pays une réelle aspiration à plus de liberté, mais pas nécessairement à plus de démocratie. Par ailleurs, je ne crois pas à la spontanéité de ces « révolutions », qui étaient en préparation depuis plusieurs années. Dès 2007-2008, des conférences or-ganisées sous l’égide d’ONG américaines, comme Freedom House, l’International Republican institue ou Canvas, et où étaient présents la plupart des blogueurs et des leaders de ces mouvements, ont ins-tillé le germe de la démocratie, créant un contexte favorable aux révolutions. Le pro-cessus était le même que celui qui a précédé le démantèlement de l’URSS, la révolution serbe, la révolution orange en Ukraine ou encore celle des Roses en Géorgie.

Mais pourquoi ont-elles éclaté en 2011 ?Des contestations populaires ou étudian-tes dans les pays arabes se produisent ré-gulièrement, mais elles sont à chaque fois réprimées par l’armée et la police. Pour la première fois, l’armée s’est désolidarisée de la police, en refusant de réprimer les sou-lèvements en Tunisie comme en Égypte, et les mouvements ont été observés par la presse internationale. Mais surtout, dans la semaine précédant les événements, les plus hauts représentants des armées de Tunisie comme d’Égypte se sont rendus à Washington, qui assure l’essentiel du

financement de l’armée, pour obtenir le feu vert des États-Unis à un renversement des dirigeants. Ils ne supportaient plus la prédation des clans au pouvoir.

Ces révoltes seraient donc des coups d’état militaires prenant le visage de mouvements démocra-tiques spontanés ? Les manifes-tants de la place Tahrir n’avaient pourtant pas l’air manipulés ?En êtes-vous si sûre ? Il est tout de même étonnant que, dans ce pays où existent un militantisme islamiste et un net sentiment anti-israélien, aucun slogan anti-israélien ne soit apparu pendant les manifestations. C’est bien l’indice d’une révolution « sérieu-sement encadrée ». Quant à la « nouvelle équipe » au Caire, elle comprend le chef d’état-major de l’armée ainsi que l’ancien chef du service des renseignements, et s’est immédiatement engagée à respecter les ac-cords internationaux signés, notamment les accords de Camp David auxquels est hostile une large partie de la population.

Et en Tunisie ?Le ras-le-bol face à l’avidité du clan Tra-belsi était profond et touchait l’ensemble de la population confrontée à des difficultés économiques croissantes jusqu’aux entre-preneurs, dont beaucoup devaient « céder » des parts entières de leur business pour ne pas être inquiétés. C’est pour cela que des manifestations se sont produites dans toutes les villes du pays. La révolte y a été plus po-pulaire et plus profonde qu’en Égypte, où les événements se sont, pour l’essentiel, limités à la place Tahrir. Mais, comme au Caire, le nouveau gouvernement de Tunis com-prend en majorité des collaborateurs de l’ex-président Ben Ali. Dans les deux cas, tout s’est passé comme si les jeunes générations avaient décidé de « faire sauter le bouchon » qui empêchait leur accès au pouvoir, sans changer fondamentalement le système ou le régime. L’imminence d’un coup d’État militaire était évoquée depuis dix-huit mois

Printemps arabe

Révolution ou manipulation ?Extraits d’une interview d’éric Denécé, publiée dans la tribune du 1er juin 2011

en Tunisie. Aussi n’est-il pas approprié de parler de « révolution ». L’Iran en 1979, et l’URSS en 1991, ont connu de vraies révo-lutions. Tout y a changé : les hommes, les institutions, les rapports internes, les rela-tions internationales, etc.Rien de tel dans les événements récents. Il s’agit d’un renouvellement des clas-ses dirigeantes qui ont, avec l’accord de Washington, organisé des coups d’État « en douceur », en profitant d’une va-gue de contestation populaire qu’elles ont intelligemment exploitée. Ainsi, leur arrivée aux affaires bénéficie extérieure-ment d’une grande légitimité et donne le sentiment d’une rupture profonde avec le régime précédent. La situation est en réalité bien différente. D’ailleurs, pour Washington, c’est un « changement dans la continuité » modifiant peu l’équilibre régional, ce qui est étonnant pour des ré-volutions. Washington encourage et ap-puie les armées d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient pour qu’elles évoluent vers un rôle « à la turque » : c’est-à-dire qu’el-les n’occupent pas le pouvoir « sauf cas de force majeure » mais soient les garantes de la stabilité du pays contre l’islamisme, qu’elles contribuent à la stabilité régionale et qu’elles ne manifestent pas d’hostilité réelle à l’égard d’Israël.

Comment lisez-vous la situation actuelle ?Beaucoup de problèmes risquent de sur-gir : dans les deux pays, un fossé inédit est apparu entre l’armée, qui sort grandie des événements, et la police, qui a longtemps assumé la répression des manifestants. Les forces de l’ordre, surtout en Tunisie, en sont sorties profondément désorganisées. On pourrait voir une recrudescence de la criminalité nuisant à l’équilibre intérieur. Enfin, très vite, une partie de la popula-tion va réaliser qu’elle a été flouée. D’où de possibles chocs en retour et une reprise des émeutes. Nous en voyons peut-être déjà quelques signes avant-coureurs à travers les manifestations populaires qui semblent reprendre ici et là. Enfin, les islamistes se sont pour l’instant montrés plutôt discrets. Mais jusqu’à quand ?

Propos recueillis par Valérie Segond.

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LE RÉVEIL iNtERNatiONalLE RÉVEIL iNtERNatiONaliNtERNatiONal

Face à l’opinion américaine et dans la perspective des élec-tions, Obama annonce le retrait de 30 000 hommes d’afghanistan et se place dans la perspective d’une installation à plus long terme.

« L’idée que nous construisions des ponts à Bagdad et à Kandahar mais pas à Balti-more et à Kansas City est incompréhensi-ble ». Cette récente déclaration du maire de Los Angeles, Antonio Villaraigosa, tout nouveau patron de la conférence des maires américains, a-t-elle influé dans la décision de Barack Obama d’or-donner le retrait de 33 000 hommes d’ici à 2012 d’Afghanistan ? En tous les cas, elle tombe à pic et vient s’imposer en réponse au sentiment d’inutilité de cette guerre qui se développe de plus en plus largement aux États-Unis.Si l’on en croit un récent sondage du très sérieux Pew Center, 56 % des Amé-ricains estiment nécessaire le retour « des boys au pays », soit 16 points de plus que l’an dernier. C’est certaine-ment une raison importante mais pro-bablement pas la seule. D’abord, il y a le coût exorbitant de la guerre afghane. Depuis 10 ans, près de 1 000 milliards de dollars y ont été consacrés. Un véri-table gouffre pour une Amérique éco-nomiquement boiteuse où, en dépit de tous les plans et de toutes les promes-ses, la résorption du chômage et des inégalités est un échec patent pour le président américain. Aujourd’hui, une certitude semble s’imposer au locataire de la Maison-Blanche, partagée par une majorité et résumée il y a peu par le vice-président du Center for New Américan Sécurity, Kristin Lord ,« l’affaiblissement de la puissance économique américaine est un risque bien supérieur aux risques d’un retrait accéléré en Afghanistan ».

Traumatisme et électionsAutre raison, les Américains sem-blent fatigués de la guerre. Le conflit afghan dure depuis près de 8 ans, celui d’Irak depuis 10 ans. Ils sont lassés de voir « leurs jeunes » mourir en masse (1 600) dans des contrées lointaines, pour une cause de plus en plus éloi-gnée du traumatisme du 11 septembre et particulièrement depuis l’assassinat de Ben Laden au Pakistan. Cette décision intervient également alors que la campagne électorale est déjà lancée aux États-Unis. Obama, qui brigue un second mandat, doit donner des signes à son électorat et au-delà. En annonçant le retrait, il donne des gages. Il prend au sérieux le scepticisme gran-dissant de l’opinion publique qui sem-ble douter de plus en plus de la capacité des USA à jouer le gendarme du monde et, du même coup, il se recentre sur les problèmes nationaux. Dans l’allocution annonçant sa décision du rapatriement des GI’S, n’a t-il pas lancé à ses com-patriotes : « Amérique, concentrons-nous désormais sur la reconstruction de notre propre pays ». Ainsi espère-t-il créer un consensus autour de sa personne et de ses propositions en surfant sur le rejet de la guerre d’une plus grande partie de l’opinion.Si le pari politique est osé, Barack Oba-ma peut espérer que le choix de repli militaire, même jugé insuffisant par la gauche de son propre parti, lui permet-tra de remobiliser sa base démocrate, mais pas seulement… Chez les Républi-cains, traditionnellement enclin a bom-ber la poitrine et montrer la toute-puis-sance de l’Amérique, l’idée du retrait a fait son chemin. Ils sont aujourd’hui 43 % à vouloir le rapatriement des trou-pes pour 31 % l’année dernière. Pour autant, sur le terrain s’oriente-t-on vers une fin du conflit et de l’occupa-tion?

Sur le terrain et à long termeLe nombre de soldats US en territoire afghan restera très conséquent et pour une simple raison. Depuis l’arrivée d’Obama à la Maison-Blanche, il a pra-tiquement triplé. Selon le New-York Times, après les retraits successifs, il restera en poste plus de 70 000 G’IS, soit le double des effectifs engagés sous la présidence de George W. Bush. A cela il faut ajouter les informations recueillies par le quotidien Le Monde auprès des principales autorités mili-taires de l’OTAN et diplomatiques, à Kaboul. En marge de négociations avec les talibans, confirmées par le secrétai-re d’État à la Défense Robert Gates, la coalition internationale, dirigée par les États-Unis, préparerait un plan de sou-tien à l’Afghanistan au moins jusqu’en 2020. Celui-ci prévoirait d’assurer au gouvernement afghan une aide civile et militaire étrangère à très long terme. De plus, un accord afghano-américain sur l’installation de bases militaires permanentes est en cours de négocia-tions. Plusieurs dizaines de bases, dont certaines secrètes appartenant à la CIA, figurent dans cet accord. A Kaboul, un grand complexe est en construction en face de l’ambassade des États-Unis pour accueillir les futurs conseillers du gouvernement afghan. En décembre prochain, la conférence de Bonn sur l’Afghanistan devrait permettre d’an-noncer les grandes lignes de ce par-tenariat à très long terme. Cet accord ne devrait être parachevé qu’en 2012. L’OTAN prendrait en charge la forma-tion et le soutien matériel de l’armée afghane. L’Union européenne pourrait, elle, se charger de la politique. Enfin, la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement devraient aider l’État afghan.La mise sous tutelle de cette région du monde reste bien à l’ordre du jour des préoccupations américaines.

Jean-Pierre Delahaye

obama et le retrait d’afghanistan

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des combattantsle réveilPour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

N° 773Juin 2011

le cahieR MéMoiRe

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 12

ÉDITO

ÉDITO

- Par Paul Markidès

- Par Paul Markidès

Par trois textes de Jean Jaurès, d’Ani-cet Le Pors et de Stéphane Bonnéry, nous entendons fournir informations et réflexions sur la démarche laïque à laquelle notre pays est attaché.Comme on le constatera, c’est une construction démocratique qui re-monte par étapes aux origines même de notre Nation. Les interventions de ses détracteurs se caractérisent souvent par deux exigences aussi contestables l’une que l’autre :- ou l’application neutraliste de la loi laï-que d’éducation, n’admettant aucune information ou réflexion sur les doc-trines et pensées intellectuelles et mo-rales,

- ou l’ouverture tous azimuts du do-maine public, offrant à qui le réclame le droit de prôner ses démarches et comportements sans respect des autres citoyens.

En fait la démarche laïque, comporte-ment ou action éducative, ne peut être neutre, « il n’y a que le néant qui soit neu-tre » écrivait Jean Jaurès en 1908. La liberté de conscience est garantie par la loi qui exige en même temps la neutra-lité de l’État, celui-ci devant assurer le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées par la loi dans l’in-térêt de l’ordre public.En conséquence aujourd’hui selon la loi, l’enseignement laïque doit être as-suré dans le respect du pluralisme et du principe de neutralité, par une liberté d’information et d’expression, excluant le prosélytisme et le port de signes os-tentatoires.

Enseignement,démocratieet laïcité

Enseignement,démocratieet laïcité

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LE RÉVEIL DOssiERDOssiER

Mesdames, Messieurs, Jeunes Élèves,« Je remercie votre municipa-lité - laissez-moi dire la nôtre - de m’avoir donné, dans cette fête des écoles laïques, l’occasion de dire une fois de plus que l’éducation rationnelle et scientifique du peu-ple est un besoin essentiel, une nécessité vitale de la République.Cette éducation doit être l’objet d’une sollicitude constante et la communication doit être inces-sante entre la vie de la nation et la vie de l’école. L’enseignement national dans une démocratie n’est pas une forme immobile et figée : ce n’est pas un mécanisme monté une fois pour toutes et qu’on abandonne ensuite à son fonctionnement : l’éducation est liée à toute l’éducation politique et

sociale, et il faut qu’elle se renou-velle et s’élargisse à mesure que s’élargissent et se renouvellent les problèmes.La tyrannie est fille et mère d’igno-rance, ou plutôt elle est l’ignoran-ce même, car en subordonnant toutes les volontés à une seule, en résumant toute la force active de la patrie dans une dynastie ou dans une caste, elle rend inutile, au moins dans la conduite de la chose publique, l’intelligence de tous. Et c’est une loi de la vie qu’un organe inutile languisse et s’atrophie.La liberté républicaine, qui donne à tout citoyen le droit et qui lui crée le devoir d’intervenir dans la conduite des affaires publiques, qui l’oblige sans cesse à avoir une opinion et une volonté, est donc

un incessant appel à tous les hom-mes, à la force de la pensée et à la force du vouloir. Elle est donc la grande et universelle éduca-trice. Mais cette éducation par la liberté serait insuffisante, elle investirait les citoyens de droits et de devoirs supérieurs à leurs facultés si la nation ne mettait pas tous les citoyens en état de se reconnaître dans la complication des événements et de dégager de la contrariété des égoïsmes le droit de chacun et l’intérêt de tous. C’est pourquoi l’éducation de tous par la liberté républicaine doit être soutenue de l’éducation de tous par l’école et par l’école de la Nation et de la Raison, par l’école civile et laïque.

Démocratie et laïcité sont deux termes identiquesLa démocratie n’est autre chose que l‘égalité des droits. Or il n’y a pas égalité des droits si l’attache-ment de tel ou tel citoyen à telle ou telle croyance, à telle ou telle religion, est pour lui une cause de privilège ou une cause de dis-grâce.Dans aucun des actes de la vie civi-le, politique ou sociale, la démocra-tie ne fait intervenir légalement la question religieuse, elle respecte, elle assure l’entière et nécessaire liberté de toutes les consciences, de toutes les croyances, de tous les cultes ; mais elle ne fait d’aucun dogme la règle et le fondement de la vie sociale. Elle ne demande pas à l’enfant qui vient de naître et pour reconnaître son droit à la vie à quelle confession il appar-tient, elle ne l’inscrit d’office dans aucune Église. Elle ne demande pas aux citoyens quand ils veulent fonder une famille et pour leur re-connaître et leur garantir tous les droits qui se rattachent à la famille, quelle religion ils mettent à la base de leurs foyers ; s’ils y en mettent une. Elle ne demande pas au ci-toyen, quand il veut faire pour sa

l’éducation laïquel’éducation laïqueDiscours de castres - Juillet 1904 (extraits)

Jean JaurèS

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part acte de souveraineté et déposer son bulletin dans l’urne, quel est son culte et s’il en a un. Elle n’exige pas des justiciables qui viennent demander à ses juges d’arbitrer en-tre eux qu’ils reconnaissent, outre le Code civil, un code religieux et confessionnel. Elle n’interdit point l’accès de la propriété, la pratique de tel ou tel métier à ceux qui refu-sent de signer tel ou tel formulaire et d’avoir telle ou telle orthodoxie. Elle protège également la dignité de toutes les funérailles, sans recher-cher si ceux qui passent ont attesté avant de mourir leur espérance im-mortelle ou si, satisfaits de la tâche accomplie, ils ont accepté la mort comme le suprême et légitime re-pos. Et, quand sonne le tocsin de la patrie en danger, la démocratie en-voie tous ses fils, tous ses citoyens, affronter sur les champs de bataille le même péril, sans se demander si, contre l’angoisse de la mort qui plane, ils chercheront au fond de leur cœur un secours dans les pro-messes d’immortalité chrétienne ou s’ils ne feront appel qu’à cette magnanimité naturelle qui mé-prise la peur de la mort comme la plus dégradante servitude.Mais qu’est-ce à dire ? Et si la dé-mocratie fonde en dehors de tout système religieux toutes ses insti-tutions, tout son droit politique et social : famille, patrie, propriété, souveraineté, si elle ne s’appuie que sur l’égale dignité des person-nes humaines appelées aux mêmes droits et invitées à un respect réci-proque ; si elle se dirige, sans aucu-ne intervention dogmatique et sur-naturelle, par les seules lumières de la conscience et de la science, si elle n’attend le progrès que du progrès de la conscience et de la science ; c’est-à-dire d’une interprétation plus hardie du droit des personnes et d’une plus efficace domination de l’esprit sur la nature, j’ai le droit de dire qu’elle est foncièrement laïque, laïque dans son essence comme dans ses formes, dans son

principe comme dans ses institu-tions, et dans sa morale comme dans son économie. Ou plutôt, j’ai le droit de répéter que démocratie et laïcité sont identiques.Mais si laïcité et démocratie sont indivisibles, et si la démocratie ne peut réaliser son essence et remplir son office, qui est d’assurer l’égalité des droits, que dans la laïcité, par quelle contradiction mortelle, par quel abandon de son droit et de tout droit la démocratie renoncerait-elle à faire pénétrer la laïcité dans l’éducation, c’est-à-dire dans l’insti-tution la plus essentielle, dans celle qui domine toutes les autres et en qui les autres prennent conscience d’elles-mêmes et de leurs princi-pes ?Comment la démocratie, qui fait circuler le principe de laïcité dans tout l’organisme politique et so-cial, permettrait-elle aux principes contraires de s’installer dans l’édu-cation, c’est-à-dire au cœur même de l’organisme que les citoyens complètent individuellement par telle ou telle croyance ; par tel ou tel acte rituel, les fonctions laïques, l’état civil, le mariage, les contrats. C’est leur droit, c’est le droit de la liberté. Qu’ils complètent de même, par un enseignement reli-gieux et des pratiques religieuses l’éducation laïque et sociale, c’est leur droit, c’est le droit de la liberté. Mais, de même qu’elle a constitué sur des bases laïques l’état civil, le mariage, la propriété, la souverai-neté politique, c’est sur des bases laïques que la démocratie doit constituer l’éducation. La démocra-tie a le devoir d’éduquer l’enfance, et l’enfance a le droit d’être édu-quée selon les principes mêmes qui assureront plus tard la liberté de l’homme.Il n’appartient à personne, ou parti-culier, ou famille, ou congrégation de s’interposer entre ce devoir de la nation et ce droit de l’enfant. Comment l’enfant pourra-t-il être préparé à exercer sans crainte les

droits que la démocratie laïque re-connaît à l’homme, si lui-même n’a pas été admis à exercer, sous forme laïque, le droit essentiel que lui reconnaît la loi, le droit à l’éducation ? Comment, plus tard, prendra-t-il au sérieux la dis-tinction nécessaire entre l’ordre religieux, qui ne relève que de la conscience individuelle, et l’ordre social et légal qui est essentielle-ment laïque, si lui-même dans l’exercice du premier droit qui lui est reconnu, et dans l’accomplis-sement du premier devoir qui lui est imposé par la loi, il est livré à une entreprise confessionnelle et trompé par la confusion de l’ordre religieux et de l’ordre légal ?

Qui dit obligation, qui dit loi, dit nécessairement laïcitéVoilà pourquoi, dès 1871, le parti républicain demandait indivisi-blement la République et la laïcité de l’éducation. Voilà pourquoi, depuis trente-cinq ans, tout recul ou forte somnolence de la Répu-blique a été une diminution ou une langueur de la laïcité, et tout progrès, tout réveil de la Républi-que, un progrès et un réveil de la laïcité. Je suis convaincu qu‘à la longue, après bien des résistan-ces et des anathèmes, cette laïcité complète, légale, de tout l’ensei-gnement, sera acceptée par tous les citoyens.Mais, malgré tout, malgré ces réserves et ces dissentiments, c’est l’esprit de la Renaissance que respiraient les Réforma-teurs, c’étaient des humanistes, c’étaient des hellénistes qui se passionnaient pour la Réforme. Il leur semblait que, pendant les siècles du Moyen Age, une même barbarie, faite d’ignorance et de superstitions, avait obscurci la beauté du génie antique et la vérité de la religion chrétienne. Ils vou-laient, en toutes choses divines et humaines, se débarrasser d’inter-médiaires ignorants ou sordides,

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nettoyer de la rouille scolastique et ecclésiastique les effigies du gé-nie humain et de la charité divine ; répudier pour tous les livres, pour les livres de l’homme et pour les livres de Dieu, les commentaires frauduleux ou ignares ; retourner tout droit aux textes d’Homère, de Platon, de Virgile, comme aux tex-tes de la Bible et de l’Évangile, et retrouver le chemin de toutes les sources, les sources sacrées de la beauté ancienne, les sources di-vines de l’espérance nouvelle qui confondaient leur double vertu dans l’unité vivante de l’esprit renouvelé.Mais maintenant, par le grand effort qui va de la Réforme à la Révolution, l’homme a fait deux conquêtes décisives : il a reconnu et affirmé le droit de la personne humaine indépendant de toute croyance, supérieur à toute for-mule, et il a organisé la science méthodique, expérimentale et inductive qui, tous les jours, étend ses prises sur l’univers.Oui, le droit de la personne hu-maine à choisir et à affirmer libre-ment sa croyance quelle qu’elle soit, l’autonomie inviolable de la conscience et de l’esprit, et, en même temps, la puissance de la science organisée qui, par l’hy-pothèse vérifiée, vérifiable, par l’observation, l’expérimentation et le calcul, interroge la nature et nous transmet ses réponses sans les mutiler ou les déformer à la convenance d’une autorité, d’un dogme ou d’un livre ; voilà les deux nouveautés décisives qui ré-sument toute la Révolution ; voilà les deux principes essentiels ; voilà les deux forces du monde moderne.Pourquoi n’acceptent-ils pas jusqu’au fond et dans toutes leurs conséquences possibles ces deux grands principes du monde moderne qu’ils ne peuvent plus abolir, qui sont l’élément vital de toutes pensées et avec lesquels il

faudra bien qu’ils accordent leur espérance transcendante s’ils ne veulent pas que, comme une flamme que rien ne nourrit plus, elle s‘éteigne lamentablement ?Mais s’ils acceptent ces deux prin-cipes, ils acceptent par là même l’école laïque, qui n’en est que l’application à l’enseignement. Car, d’un côté, en éveillant dans les esprits le besoin de la réflexion et du contrôle, en écartant de l’éducation toute contrainte in-tellectuelle, en soumettant aux esprits les objets sur lesquels la conscience et la raison s’exercent librement, elle donne à la per-sonne humaine le sentiment de son droit et de sa valeur. Et, d’un autre côté, elle ne limite par aucun dogmatisme, par aucun parti pris confessionnel, la puissance de la science ; elle ne se livre à aucune agression systématique contre aucune croyance ; mais elle ne subordonne par aucune complai-sance servile les vérités de la scien-

ce aux intérêts du dogme. Ainsi se dissiperont les préjugés, ainsi s’apaiseront les fanatismes ; ainsi le jour viendra où tous les citoyens, quelle que soit leur conception du monde, catholiques, protestants, libres penseurs, reconnaîtront le principe supérieur de laïcité. Et la conscience de tous ratifiera les lois nécessaires et bienfaisantes dont l’effet prochain sera, je l’espère, de rassembler dans les écoles laï-ques, dans les écoles de la Répu-blique et de la nation, tous les fils de la République, tous les citoyens de la nation. Et n’est-ce point de voir les en-fants d’un même peuple, de ce peuple ouvrier, si souffrant en-core et si opprimé, et qui aurait besoin pour la libération entière de grouper toutes les énergies et toutes les lumières, n’est-ce pas pitié de les voir divisés en deux systèmes d’enseignement, com-me entre deux camps ennemis ? Et à quel moment se divisent-ils ? A quel moment des prolétaires refusent-ils leurs enfants à l’école laïque, à l’école de lumière et de raison ? C’est lorsque les plus vastes problèmes sollicitent l’ef-fort ouvrier : réconcilier l’Europe avec elle-même, l’humanité avec elle-même ; abolir la vieille barba-rie des haines, des guerres, des grands meurtres collectifs, et en même temps, préparer la frater-nelle justice sociale, émanciper et organiser le Travail. Ceux-là vont contre cette grande œuvre, ceux-là sont impies au droit humain et au progrès humain qui se refusent à l‘éducation de laïcité.Ouvriers de cette cité, ouvriers de la France républicaine, vous ne préparerez l’avenir, vous n’affran-chirez votre classe que par l’école laïque, par l’école de la Républi-que et de la Raison !

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D’autres tiennent à caractériser plusieurs laïcités en fonction des conjonctures géopolitiques : séparatiste, autoritaire, anticléri-cale, etc. La laïcité serait alors une notion ambivalente (Laïcités sans frontières de Jean Baubero et Mi-cheline Millet). Le Front national, de son côté en fait un argument, à contre-pied de ses fondements idéologiques, en réalité une arme contre « l’islamisation » de la société. Après la campagne sur l’identité nationale définie contre l’étranger, le récent colloque de l’UMP sur la laïcité poursuit le même objectif de stigmatisation d’autant plus aisément que la contre-offensive laïque est insuf-fisante.Il est donc nécessaire de faire le point sur ce concept qui émerge de notre histoire comme principe fondamental de notre société, qui aujourd’hui comme hier est à l’épreuve des problèmes de la so-ciété, mais qui dans cette épreuve des problèmes pose la question de son rôle dans la construction de la citoyenneté et l’hypothèse de son caractère universel.

L’affirmation historique du principe de laïcitéIl s’agit d’un mouvement géné-ral des sociétés qui s’inscrit, en France, dans des circonstances particulièrement significatives.

• Le « désenchantement » du monde

L’affirmation de la laïcité comme principe s’inscrit dans l’histoire longue, pluriséculaire. Celle-ci peut être décrite comme une suc-cession de modes de production. C’est le niveau des techniques qui prévaut dans cette analyse carac-téristique de la pensée marxiste. Mais cette remarquable analyse ne nous renseigne pas sur la construction et l’évolution des droits individuels et de l’État.Dans son ouvrage Le désenchan-tement du monde (qu’il faut com-prendre comme la sortie de la société du monde des croyances ou des superstitions qui l’enchan-taient), Marcel Gauchet analyse le long effort des sociétés pour s’af-franchir de toute vision transcen-dantale. Mouvement qu’il décrit comme celui de l’hétéronomie (une société sacralisée par le droit divin) vers l’autonomie (affirma-tion de droits de l’individu et de l’État). Son raisonnement est, en résumé, le suivant.En premier lieu, après des siècles de dogmatisme religieux, à la fin du Moyen Age, s’amorce la sortie de la religion, la disjonction d’avec le Ciel. La monarchie absolue tend à séculariser le pouvoir politique. En deuxième lieu, se produit une dépossession de l’incarnation individuelle en la personne du

monarque au profit de la collecti-vité dans le cadre du contrat social développé par Jean-Jacques Rous-seau, contrat social qui conduit à une auto construction de la per-sonne publique remplaçant celle du monarque ; c’est l’affirmation progressive de la nation dont la souveraineté est une version de la souveraineté du peuple adossée à la continuité de la tradition.En troisième lieu, on assiste en-suite à l’affirmation corrélative et conjointe des droits individuels et de l’État, instrument représentatif de l’entité politique qu’est la na-tion. Mais l’État n’est pas soluble dans les droits individuels contre la volonté générale exprimée par la loi. En quatrième lieu, sous l’effet de ce mouvement et du dé-veloppement des forces produc-tives, essentiellement au XIXe siècle, l’affirmation d’une histori-cité de la société développée pose la question de son avenir et de la façon de le construire. La dialecti-que de l’individuel et du collectif conduit à la dissociation de l’État et de la société et à l’intervention de catégories sociale, voire de clas-ses ou et de masses. La prévalence recherchée de la raison nourrit l’idée d’un changement de société par la réforme ou la révolution.En cinquième lieu, cette expé-rience débouche donc sur une crise de civilisation. Car l’action

la laïcité, un enjeula laïcité, un enjeuExtrait d’une conférence prononcée à corbeil-Essonne le 6 avril 2011

anicet Le PorS

la laïcité court aujourd’hui un grand risque de confusion, d’altération et, par là, de régression. certains éprouvent le besoin de la qualifier de positive (Nicolas sarkozy), ou d’ouverte (Marie-George Buffet), ou encore raisonnée (les Verts), comme si elle n’était jusque-là que négative, fermée et dérai-sonnable.

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des masses ne s’est pas dépouillée du sacré, ce qui a conduit en leur nom à des démarches totalitaires dans l’expression de l’historicité, à la constitution de « religions séculières ». La chute des totalita-rismes sape les bases de l’intérêt collectif au nom de la liberté.

• L’affirmation du principe en France

Le « désenchantement » est donc une longue marche que l’on peut « baliser » dans notre histoire de France par quelques dates.Philippe Le Bel installe en 1309 le pape Clément V en Avignon en réplique au prédécesseur de ce dernier, Boniface VIII qui pré-tendait affirmer la supériorité du pape sur les rois. Il s’agit là d’un acte fort de sécularisation du pou-voir politique et de séparation de l’État et de l’Église. Il institue également le Conseil d’État du roi contribuant à un clivage franc public-privé.Pendant tout le Moyen Age, l’asile était le monopole de l’Église qui pouvait l’accorder dans ses dé-pendances à qui elle voulait pour quelque raison que ce soit (Notre Dame de Paris de Victor Hugo) avec la possibilité d’excommunier le souverain qui portait atteinte à ce monopole. Mais, progressive-ment, les autorités religieuses elles-mêmes réduisirent leurs compétences en la matière et, en 1539, par l’ordonnance de Villers-Cotterêts, François 1er abolit l’asile en matière civile.Les guerres de religions vont créer de profonds bouleversements (la Saint Barthélemy en 1572) et po-ser la question des rapports de l’Église et de l’État marqués par l’Édit de Nantes en 1598 et son abrogation en 1685.La Révolution française de 1789 constitue une étape marquante de la sécularisation du pouvoir politi-que avec la Constitution civile du clergé dès 1789, l’appropriation

de ses biens, en dépit de la tenta-tive de reconstruction religieuse sécularisée avec le culte de l’Être suprême assimilé au culte de la Raison. L’article 10 de la Décla-ration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 dispose que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre établi par la loi. »Le XIXe siècle, qui portera à son origine la marque du Concordat conclu avec la papauté par Napo-léon et Pie VII en 1801, verra les aspirations républicaines et socia-listes caractérisées par une volon-té de rationalisation de la démar-che émancipatrice dominée par le marxisme (Manifeste du Parti communiste en 1848) tendant à dégager le mouvement social de l’imprégnation religieuse.

Et c’est ainsi que l’on parvient aux grandes lois sur la laïcité : loi du 18 mars 1880 sur la collation des grades à l’État, loi du 28 mars 1882 établissement la gratuité et l’obligation de l’enseignement sans évoquer pour autant la no-tion de laïcité. « La cause de l’école laïque » figurera dans la lettre de Jules Ferry aux instituteurs du 27 novembre 1883. La loi du 9 décembre 1905 « concernant la séparation des Églises et de l’État » posera les deux fondements de la laïcité : liberté de conscience et neutralité de l’État. Le mot s’est introduit dans la constitution de 1958 : « La France est une Républi-que indivisible, laïque, démocratique et sociale ».

La laïcité à l’épreuve des problèmes d’aujourd’huiIl est utile, alors qu’aujourd’hui certains proposent de réformer la loi de 1905, de citer ses deux pre-miers articles :« article 1er - La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seu-les restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public.article 2 - La République ne recon-naît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte (…) »

• une mise en œuvre contradictoire

Jusqu’à la deuxième guerre mon-diale prévaut la vigilance dans la défense des règles ainsi posées, la figure de l’enseignant de l’instruc-tion publique, le « hussard noir » de la République, symbolisant cette posture républicaine mar-quée par de nombreux exemples (interdiction faite par Clemenceau aux membres du gouvernement d’être présents au Te Deum célé-bré à Notre Dame pour la victoire de la guerre 1914-1918).Néanmoins, les exceptions à la règle de neutralité sont nombreu-ses : situation concordataire de l’Alsace-Moselle, financement pu-blic des écoles privées (loi Debré du 31 décembre 1959, intégrant à l’Éducation nationale les établis-sements privés sous contrats d’as-sociation), jours fériés et chômés d’origine catholique, jusqu’au décret du 16 avril 2009 publiant l’accord conclu entre la Républi-que française et le Saint Siège sur la reconnaissance des grades et diplômes de l’enseignement su-périeur nonobstant le monopole posé par la loi de 1880.La loi d’orientation sur l’éduca-tion du 10 juillet 1989 (Loi Jospin) propose - sans doute marquée par l’esprit des événements de 1968 - une ouverture sur le monde du milieu scolaire que traduit cet ali-néa de l’article 10 : « (…) Dans les

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collèges et les lycées, les élèves dispo-sent, dans le respect du pluralisme et du principe de neutralité, de la liberté d’information et de la liberté d’expression. L’exercice de ces libertés ne peut porter atteinte aux activités d’enseignement. (…) »La même année, un avis demandé au Conseil d’État par le ministre de l’Éducation nationale sur la ques-tion du port du voile islamique à l’école conduit le Conseil à préci-ser les conditions d’application du principe de laïcité : celui-ci est fondé à la fois sur la liberté, exclut le prosélytisme et le port de signes ostentatoires. En cas de contradic-tion des principes, on a recours à la notion d’ordre public.

la laïcité à l’école est atta-quée, comme elle l’a été de-puis la création de l’école pu-blique, mais pas de la même façon qu’alors. ses adversai-res trouvent des espaces là où le service public d’ensei-gnement ne se voit pas doté du projet et des conditions pour répondre aux questions de notre temps. sa promo-tion doit s’ancrer dans la ré-ponse à ces défis.

L’offensive du privé confessionnel est importante. Davantage que sur de seules convictions religieuses, il recrute surtout sur la peur du manque de qualité de l’école pu-blique. Ainsi, récupérer quelques moyens pour celle-ci en « suppri-mant les financements publics de l’enseignement privé », si c’est

l’enjeu laïQue pour l’école aujourd’huiStéphane BoNNéry

Stéphane Bon-néry est maître de conférences en sciences de l’édu-cation à l’Univer-sité Paris 8

toujours bon à prendre, ne répond pas au coeur du problème, aux rai-sons pour lesquelles des familles, même celles qui sont militantes de l’école publique, retirent par-fois leur enfant de l’établissement du secteur.La réponse principale doit être la transformation progressiste de l’école pour qu'elle remplisse mieux sa mission de permettre à toute une classe d'âge de s’appro-prier des outils de l'émancipation intellectuelle et du pouvoir que procurent les savoirs. C’est le défi de l’école unique, avec les mêmes objectifs pour tous depuis la ma-ternelle jusqu’à la fin du collège. Depuis les années 60, on n’a eu qu’une fausse scolarité unique : elle accueille tout le monde, mais les conditions n’ont pas été créées pour que tous les élèves apprennent, comprennent. Pour relever ce défi, il faut promou-voir la recherche en éducation, la formation des enseignants et les

associer à la conception de leur pratique : pour faire l’école selon le modèle de l’enfant qui n’a que l’école pour apprendre.Ainsi, on couperait l’herbe sous le pied du marché privé qui se déve-loppe sur l’aide à la scolarité : l’ap-prentissage serait entièrement pris en charge par l’école. Pour cela, il faut du temps pour appren-dre en classe, au lieu des journées raccourcies que nous propose le ministère sous prétexte de « ryth-mes », afin d’offrir les après-midi au marché éducatif. Faire la démonstration que tous les élèves sont capables d’ap-prendre dans une école unique transformée, en formant les en-seignants pour ce faire, c’est s’at-taquer au fond de commerce du privé, qui repose sur la peur en-tretenue de la « baisse du niveau » qu’engendrerait la présence d’en-fants de familles populaires.Un autre défi repose dans l’op-position entre croyance et ratio-

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LE RÉVEIL DOssiERDOssiER

nalité. On connaît les offensives contre les sciences du vivant de la part des « créationnistes » pour qui l’animalité de l’homme, l’évolution des espèces, seraient à bannir, ou dans un premier temps à ranger au rang d’une hypothèse parmi d’autres, et notamment celle de la création divine de l’être humain. Il faut bien sûr combat-tre ce prosélytisme organisé, mais cela ne suffit pas. Celui-ci ne serait pas bien menaçant si une part des collégiens et lycéens, voire étu-diants, n’étaient pas susceptibles de bien les recevoir. Et le fait que des élèves aient une religion n’ex-plique pas tout : nombre d’élèves ont bien du mal à discerner ce qui relève de la croyance en général et ce qui relève de la science ou de la rationalité. Les élèves en difficulté ne posent pas problème à l’école : ils posent les problèmes que l’école doit ré-soudre pour avoir une plus grande utilité sociale dans la formation du citoyen. Ainsi ces élèves ont-ils du mal à construire un point de vue réflexif, en pensant qu’ils ne peuvent que « exprimer leur ressenti » de façon brute. Ils ont par exemple du mal à voir en quoi l’expérimentation en sciences, ou la confrontation aux documents d’information (archives, statis-tiques, etc.) avec des protocoles rigoureux doit conduire chacun à réviser sa sensation première, à évoluer dans sa réflexion et à ne pas accepter les idées convenues comme des vérités. Ou encore dans les disciplines littéraires du lycée (lettres, histoire, philoso-phie, SES…) le point de vue élabo-ré par des auteurs contradictoires ne doit ni conduire à « se soumet-tre » à l’avis de l’un ou l’autre de ces penseurs qu’il faudrait « croi-re », ni à les méconnaître, mais à se servir des arguments et points de vue de chacun pour alimenter sa propre réflexion, à se mettre à la place d’un point de vue adverse

pour mieux intégrer les contre arguments à son propre raison-nement, etc. Ou encore dans les filières du lycée professionnel, pour le travail en atelier, être gui-dé non pas par l’obéissance pure à la parole d’autorité, mais par la confrontation au réel grâce à des arguments rationnels et à de la réflexivité sur les pratiques.Les élèves bien formés à réfléchir et à débattre à partir d’arguments rationnels sont de toute évidence bien plus préparés à ne pas être séduits par la « croyance » et les paroles d’autorité. Force est de constater que le bilan actuel de l’école publique est insuffisant en la matière, même s’il n’est pas non plus un échec total.Le gouvernement, et ceux qui se rangent à son idée de couper l’école unique en deux avec le socle commun pour les uns et le programme complet pour les autres, renoncent de fait à déve-lopper ces dispositions intellec-tuelles chez tous les jeunes, les uns étant destinés à être dans des tâches de plus bas niveau cognitif où l’exécution sans compréhen-sion sera priorisée, tandis que les autres seront entraînés à de la réflexion, à l’échange argumenté. C’est une réponse défaitiste à un réel défi que nous devons relever : voir réunies les conditions pour développer chez tous les élèves ces capacités. Si tous les élèves en

sont capables, ils ne le sont pas à n’importe quelles conditions. Au-delà des conditions déjà évoquées, de recherche, de formation, la question du temps est importante pour que la majorité d’élèves, qui n’a que l’école pour s’approprier cette culture savante, et en faire des arguments pour leur propre pensée et pas seulement pour réussir des examens. Les lamen-tations télévisuelles sur le nom-bre d’heures d’enseignement qui seraient trop importantes en France « oublient » que ce n’est pas par hasard : la France est l’un des seuls pays où l’égalité est une mission de l’école. Et la scolarité unique jusqu’à la fin du collège, quels que soient le territoire et la population, est une de ces condi-tions, pour développer dès le plus jeune âge la réflexion (en même temps que la mémorisation au lieu de les opposer), et préparer tous les jeunes à obtenir le bac et si possible poursuivre au-delà.Même si la critique des adversai-res du public est nécessaire, il me semble que l’on relèvera surtout le défi de la laïcité aujourd'hui en réorientant l’école afin de mettre en oeuvre la formule de Brecht : « La culture est une arme, il faut ar-mer le peuple ».

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iNtERNatiONal iNtERNatiONal LE RÉVEIL

L’Espagne, après la Grèce, le Portugal, l’Irlande, est aujourd’hui dans l’œil du cyclone financier, capitaliste. Zapatéro, 1er ministre socialiste espagnol, malgré la cuisante défaite électorale que son parti vient d’enregistrer, prétend rester droit dans ces bottes et ne rien changer à la politique d’austérité qu’il impose à son peuple, politique dictée par le conseil économique européen, par la grande bourgeoisie européenne.Reste cependant une problématique majeure pour cette Europe de Maas-tricht que les droites mais aussi les so-ciaux-démocrates veulent construire : l’opposition et la volonté des peuples de ne pas se laisser écraser.En Grèce, au Portugal, en Irlande, mais encore en Espagne, en France, en Al-lemagne, en Italie, partout, les peuples se mobilisent, s’engagent dans des ba-

tailles dures et profondes qui secouent jusqu’à son tréfonds le système capita-liste et ils mettent en cause cette Europe construite pour le profit et non pour les peuples. Il en est de même de l’outil monétaire de cette Europe du capital. L’euro, cette monnaie faite d’abord au service du sys-tème et objet d’oppression des peuples. Aujourd’hui la question se pose même de sa pérennité. C’est un instrument anti-social qui agresse frontalement les peuples. Il doit disparaître. En fait, la vé-ritable question, c’est que derrière cette monnaie, ce sont quand même bien les grandes banques qui sont à la manœu-vre. Il n’y a rien à attendre de cette Eu-rope qui dépossède les peuples de leurs droits les plus fondamentaux, de leurs prérogatives politiques, qui va jusqu’à inscrire dans le marbre des constitu-

tions nationales l’austérité comme mode de société at vitam aeternam.Il n’y a qu’à voir, pour s’en convaincre, le « pacte pour l’euro plus » concocté par Mme Merkel et M. Sarkozy et adopté par le Conseil européen et la Commis-sion de Bruxelles, les 24 et 25 mars derniers, en lien avec la haute finance internationale. Il constitue une sorte de coup d’État contre les services publics, pour le développement d’une politique d’austérité, de privatisation du travail avec remise en cause de notre concep-tion d’un État social et solidaire. C’est un pas de plus vers le fédéralisme.C’est faire fi un peu légèrement de la prise de conscience des peuples. C’est bien cela qu’il faut changer et chacun a sa place dans ce combat.

H. C.

l’europe contre les peuples

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LE RÉVEIL VOs DROitsVOs DROits

la révision du code des pensions mi-

litaires d’invalidité (PMi) était la hantise

des dirigeants acVG de la Première

Guerre mondiale. ils défendaient leur

code et le droit à réparation avec pu-

gnacité. le temps passant, les effectifs

diminuant et le vieillissement opérant,

les gouvernements estimèrent venue

la possibilité d’aller « toiletter » tout

cela, sous prétexte de « modernisa-

tion ». avec les conséquences que

l’on vit aujourd’hui.

Les premiers pas de la « réorganisation » anticipèrent la RGPP puisque, dès le 12 octobre 2006, des premières mesures étaient prises quant aux dossiers de de-mande de pension PMI, tandis qu’était revalorisé le montant des honoraires des médecins experts et diminué de 4 à 3 le nombre des membres des com-missions de réforme. Parallèlement, une étude de modifications de la chaîne de traitement des PMI était entreprise… dont les conclusions furent présentées et acceptées le 12 décembre 2007 lors de la réunion du conseil de modernisation des politiques publiques.

La RGPP dans toute sa splendeurA peine quelques mois après l’élection de Nicolas Sarkozy à la Présidence de la République, la machine révisionniste se mettait donc en branle :- Suppression de la Direction des sta-tuts, des pensions et de la réinsertion sociale (DSPRS) et transfert de ses missions concernant les pensions PMI… à la Direction des ressources humaines du ministère de la Défense (DRH-MD) : exit le secrétaire d’État aux Anciens Combattants…

- Fermetures des Directions internatio-nales des anciens combattants (DIAC), de la structure des ressortissants rési-

dent à l’étranger, et transfert de l’en-semble du traitement des demandes de pensions PMI à la sous-direction des pensions (SDF) de la DRH-MD. C’est le tout défense qui se met en place. Plus de 314 000 dossiers vont ainsi être transférés à la SPD en 2010. 4 290 dossiers en cours d’instruction sont arrivés à leur tour au 1er janvier 2011 et 1,3 million d’autres devraient suivre en 2011.

Ces destructions du secrétariat d’État aux Anciens Combattants, de ses struc-tures, de ses services avec mutation des personnels au profit de la Défense, se sont opérées au prétexte des meilleu-res intentions affichées : améliorer le service rendu, renforcer les structures d’accueil, d’écoute et de conseil des res-sortissants (alors que, dans le même temps, on fait des coupes sombres dans les effectifs des services départementaux de l’ONAC, RGPP oblige), simplifier les procédures et les délais de traitement… A voir la façon dont le logiciel Kapta pié-tine depuis 2010 en matière de carte du combattant et TRN (les commissions départementales de l’ONAC attribuant les titres ayant été supprimées), on ne peut que douter et craindre.

Pourtant, 320 000 pensionnés, ça ne se traite pas à la légère !C’est en effet le nombre actuel de res-sortissants pensionnés du code PMI, une population regroupant tous les mi-litaires, anciens militaires et victimes de toutes les guerres, jusqu’aux victimes d’attentats, d’actes de terrorisme, ainsi que les ascendants, conjoints survivants, orphelins… Sans oublier les OPEX qui, hélas, payent à leur tour un lourd tribut à la politique gouvernementale les « ex-tériorisant » sur les 34 territoires étran-gers où ils sont dispersés actuellement.

L’ONAC mis à contributionSi le pouvoir directionnel appartient à la Défense, ce sont les services dépar-

De la mainmise sur le traitement des pensions

tementaux de l’ONAC qui serviront d’abord de « petites mains ». A eux de recevoir les demandes, de vérifier les dossiers, d’assurer le contact avec les ressortissants, etc. Et puis, le dossier en ordre de marche… la Défense entre en scène. Comme la RGPP et sa réforme ont tout bousculé : disparition des tri-bunaux départementaux des pensions, des centres d’expertises, etc, il a fallu innover… ce qui avait été supprimé.Ainsi, pour permettre la réalisation des expertises médicales et organiser les commissions de réforme, il a été créé, au sein de la DRH-MD, des Centres d’expertise médicale et de commission de réforme (CEM/CR), hébergés par les services départementaux de l’ONAC, appelés à se substituer aux Centres de réformes des DIAC… supprimées par la RGPP ! D’où la réforme du code des pensions PMI !Notez qu’il n’est plus question de « toi-lettage » ni de « révision » du code, mais bel et bien de Réforme. Ainsi, « la ré-forme de la chaîne de traitement des PMI intervenue à compter du 1er mars 2010, a conduit à modifier les dispositions du code des pensions PMI (…) suite à l’ordonnance du 25 décembre 2009 et à deux décrets du 30 décembre 2009 ».Notons au passage qu’à aucun mo-ment les parlementaires n’ont eu à se prononcer sur cette « réforme ». Il en va ainsi de la gouvernance sarkozyenne : le gouvernement peut engager des trou-pes en Afghanistan ou en Libye sans demander l’avis des élus de la Nation et modifier les règles du droit à répara-tion qui concerneront les OPEX à leur retour, sans l’avis de quiconque. C’est tout de même un drôle de « truc » que la démocratie…

RésultatLe code PMI réformé, ses textes d’ap-plication ont été également modifiés… par circulaire du 12 février 2010. Et la Défense, depuis le 1er janvier 2011, « as-sure » le suivi du budget « réparation » relatif à l’administration de la dette viagère, la retraite du combattant, la majoration des rentes mutualistes AC, le paiement des expertises médicales,

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VOs DROits VOs DROits LE RÉVEIL

des frais médicaux liés aux expertises et aux frais de déplacements, la répa-ration des conséquences sanitaires des essais nucléaires français. Avec tout cela, pourquoi réclamer la nomination d’un secrétaire d’État ou ministre délé-gué aux ACVG ? Il n’aurait plus rien à faire… La Défense « assure » !

Demain l’ONAC ?Loin de baisser les bras et de subir toujours plus, le mouvement anciens combattants se doit de réagir avec force pour préserver l’existence, l’application, l’élargissement, les moyens financiers et en personnels pour l’exercice du droit à réparation.La « règle d’or » de l’UFAC demeure donc d’actualité qui exige :- une interlocution spécifique au gou-vernement,

- un budget autonome, - le respect du droit à réparation et les institutions pour l’exercer.

D’autant que, dès 2012, qu’en sera-t-il de l’ONAC, de ses missions, ses moyens et ses services départementaux ? Le Contrat d’objectifs et de moyens qui le régit va arriver à son terme. Quel avenir préparent-ils, « là-haut », à l’ONAC ?Les craintes sont vives parmi les per-sonnels, et aussi chez certains hauts responsables de l’ONAC. D’autant que, dans le même temps, le processus vi-sant à lui ôter ses Écoles de rééducation professionnelles (ERP) et ses maisons de retraite pour en faire cadeau à une fondation… perdure.Après avoir vidé le secrétariat d’État aux Anciens Combattants de tout contenu pour le faire disparaître, l’ONAC va-t-il à son tour être la cible, s’amenuiser, devenir un organisme d’assistance pé-riphérique de la défense ?Sans attendre d’hypothétiques change-ments de l’après 2012, le mouvement ACVG a intérêt à « retrousser ses man-ches » dès aujourd’hui pour mettre vi-goureusement en échec les menées de ces « briseurs » de code et préserver le droit à réparation imprescriptible que lui a reconnu la Nation.

andré Fillière

Réforme venue après la modifica-tion de la constitution, le conseil constitutionnel vient de valider la loi organique créant le « défenseur des droits », sorte de médiateur à la française.

Le défenseur des droits prévus par la révision constitutionnelle de juillet 2008 sera nommé en conseil des mi-nistres sur proposition du Président de la République. Il sera assisté d’adjoints et de collègues dans les trois domaines de compétence, de la déontologie, de la sécurité, du défenseur des enfants et de la lutte contre les discriminations.Dans ce cas de loi organique, la saisine du Conseil constitutionnel est automa-tique après le vote du Parlement. Elle ne peut être promulguée qu’après valida-tion faite par les « sages ».Cependant le Conseil constitutionnel a émis plusieurs réserves, dont une visant à limiter l’immunité pénale du futur ti-tulaire de la fonction et de ses adjoints : « Cette immunité ne saurait s’appliquer

qu’aux opinions émises et aux actes ac-complis pour l’exercice de leurs fonctions. Elle ne saurait exonérer les intéressés des sanctions encourues en cas de violation des règles relatives aux secrets protégés pour la loi et à la protection des lieux privés. »Deux autres réserves portent, d’une part sur les modalités de révocation des ad-joints (le Premier Ministre, l’autorité de nomination, est obligé de se conformer à la volonté du défenseur) et, d’autre part, sur le pouvoir du défenseur en matière de poursuites disciplinaires (il ne peut en engager à l’encontre des magistrats).

Que penser de cette loi ? Va-t-elle permettre par la facilité de sa saisine et l’étendue de ses pouvoirs de renforcer la protection des droits et des libertés des personnes ? L’avenir nous le dira… Mais n’oublions pas l’interven-tion encore capitale du Président de la République dans la nomination de la personne de ce défenseur… Sera-t-il vraiment indépendant du pouvoir exé-cutif ? Affaire à suivre…

a.F.

Depuis le 1er janvier 2011, le macaron GIC métallique de couleur bleu, appo-sable sur les pare-brises des véhicules pour leur stationnement, n’est plus officiellement valable. Il est désormais remplacé par la seule carte de stationne-ment pour handicapé. Les intéressé(e)s doivent donc en faire la demande, s’ils ne l’ont pas encore fait, auprès du Service départemental de l’ONAC de leur lieu de résidence. Cette demande peut-être effectuée sur papier libre, ac-compagnée d’une copie recto verso de la carte d’invalidité à double barres rou-ges et bleues et d’une photo d’identité récente et en couleur.

le conseil constitutionnel validele défenseur des droits

Macaron de stationnement gic

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LE RÉVEIL VOs DROitsVOs DROits

La Commission nationale restreinte, puis la Commission nationale plénière se sont réunies les 3 et 4 mai 2011 au siège de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG) aux Invalides à Paris. An-dré Fillère y participait.Au cours de ces travaux, deux infor-mations sur l’attribution de la carte du combattant aux demandeurs algériens et sur le fonctionnement du logiciel Kapta furent fournies. Vint ensuite un long exposé sur le système mis en place pour l’attribution de la carte du combat-tant aux OPEX, exposé sur lequel nous reviendrons en détail.• La Commission nationale restreinte

a eu à se prononcer sur 1 507 dossiers auxquels furent attribuées la carte du combattant, ainsi répertorié par conflit :- 1939/1945 : 14,- Indochine : 16,- afrique du Nord : 1 423 (soit 1 352 pour l’algérie, 47 pour le Maroc, 24 pour la Tunisie),

- oPeX : 54 (soit Kossovo, 1 ; Côte d’Ivoire, 2 ; république Centrafri-caine, 2 ; Congo, 1 ; Mauritanie 1e

période, 1 ; Mauritanie 2e période, 1 ; ex-yougoslavie, 17 ; Golfe Persique et d’oman, 7 ; Tchad, 3 ; Liban, 2 ; afghanistan, 16 ; Somalie, 1).

• La Commission nationale plénière a eu a examiner 795 dossiers parmi les-quels 352 se sont vus attribuer la carte du combattant et 443 ont reçu un avis défavorable. Ils concernent :- hors-conflits : 1 avis défavorable,- Toe : 1 avis défavorable,- 1939/1945 : 4 avis favorables, 57 dé-favorables,

- Indochine : 10 favorables, 11 défavo-rables,

- afrique du Nord : 248 favorables (F) 190 défavorables (D) : soit algérie : 128F-141D - Maroc : 18F-10D - Tuni-sie : 12F-5D et 34 rejets de demandes concernant l’après 2 juillet 1962,

- oPeX : 90 favorables, 183 défavora-

commission nationale d’attribution de la carte du combattant

bles (soit : afghanistan : 22F-35D - Côte d’Ivoire : 3F-30D - république Centrafricaine : 1e période : 0F-3D / 2e période : 9F / 3e période : 1F-3D - Ga-bon : 0F-6D - Mauritanie : 1e période : 1F-1D / 2e période : 1F-0D - ex-you-goslavie : 41F-27D - Golfe persique et d’oman : 7F- 8D - Kossovo : 0F- 7D - Tchad : 4F-35D - Liban : 1F-19D - Li-ban et Israël : 0F- 7D)

• Par ailleurs, la commission plénière a examiné et débattu de huit dossiers de recours, pour lesquels elle a émis les décisions suivantes :- 3 de 1939-1945 : 2 F et 1 D,- 1 armées alliées 39/45 : 1 F,- 2 Indochine : 1 F, 1 D,- 2 afrique du Nord : 2 D.

La Commission a décidé d’accélérer le rythme de ses réunions (autant que le permettra le fonctionnement du logi-ciel Kapta), les prochaines étant fixées aux 16 juin et 5 juillet 2011.

L’obligation de nationalité française pour l’attribution de la carte du combat-tant aux supplétifs de la guerre d’Algérie est supprimée.En effet, le Conseil constitutionnel, saisi le 7 juin de cette question, a statué, par décision n° 2010-18 QPC du 23 juillet 2010, et déclaré par son article 1, que « Dans le 3e alinéa de l’article L253 bis du code des pensions militaires d’invalidité et des victimes de la guerre, les mots « possé-dant la nationalité française à la date de la présentation de leur demande ou do-miciliés en France à la même date » sont déclarés contraire à la Constitution ».Il ressort de cette décision que les sup-plétifs officiellement reconnus avoir servi durant la guerre d’Algérie et les combats en Tunisie et au Maroc (1952-1962) ont désormais droit à la carte du combattant selon les critères en vigueur, même s’ils ne sont pas de nationalité française ni domiciliés en France.

Par conséquent, pour les dossiers en cours de traitement, l’attribution de la carte du combattant se fera à partir de cette nouvelle décision. Par contre, les intéressés dont la demande a déjà été rejetée, ou qui formulent une première demande, devront faire personnelle-ment et individuellement une demande dite « reconventionnelle ».Autre problème, à quelle date intervien-dra cette attribution qui compte pour le service de la retraite du combattant ? Celle de la décision du Conseil consti-tutionnel (23 juillet 2010) ou celle de la date de la demande de carte du combat-tant, laquelle peut-être antérieure ?Voilà qui ne va pas simplifier le fonc-tionnement des services de l’ONAC et arrive comme cadeau de Noël dans la hotte d’Anita Roth, toute nouvelle char-gée de mission sur ces questions… Bon courage à vous, madame !

a. F.

carte du combattant et nationalité française

soins médicaux gRatuitsL’arrêté du 2 novembre 2010 a décidé du transfert des compétences des servi-ces déconcentrés de l’ex DSPRS vers le ministère de la Défense.Cet arrêté stipule que les activités des directions des services interdéparte-mentaux des ACVG en matière de soins médicaux gratuits et d’appareillage des pensionnés sont transférées à la Direc-tion des ressources humaines du mi-nistère de la Défense, et qu’elles seront traitées par la Caisse nationale militaire de Sécurité sociale. Il en est de même du service chargé des ressortissants ré-sidant à l’étranger, qui passe à la DRH/Défense/Caisse nationale militaire de Sécurité sociale (CBMSS/DSMG).Ces dispositions sont entrées en vi-gueur le 31 décembre 2010 et la CNMSS est à contacter au : 247 avenue Jacques-Cartier - 83050 Toulon Cedex 9. Tel. 04 94 16 96 20. www.cmmss.fr

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VOs DROits VOs DROits LE RÉVEIL

Ce n’est pas nous qui le disons, c’est le Médiateur de la République dans son rapport remis le 21 mars 2011, nous le citons : « Le service public ne porte plus son nom. Contacter les administrations est de-venu compliqué. L’administration a perdu sa capacité à faire du sur mesure pour les personnes en difficulté… »Un exemple tout simple : lui à 75 ans, elle est invalide à plus de 80 %. Ils atten-dent un colissimo. Seulement voilà… Privatisation et réduction d’effectifs en-traînant une surcharge des tournées, le préposé ne monte plus dans les étages (3e avec ascenseur) ; il met l’avis dans la boîte à lettres une 1re fois, puis une 2e : « il passera entre 16 et 18 heures ». A 18 heures 05, lui, inquiet, descend visiter sa boîte… Que n’a-t-il campé devant, assis sur un tabouret, à partir de 16 heures ! Le 2e avis est déjà dans la boîte et il devra, avec des amis, aller en voiture au bureau de poste faire la queue pour retirer son colis trop lourd pour ses 75 ans.C’est ce qu’un énième rapport du Conseil de modernisation des politiques publiques (CMPP) appelle « l’améliora-tion des services publics » ! Une amélio-ration qui laisse le quart des patients… « patienter » aux urgences durant plus de 4 heures dans les hôpitaux, qui en-traîne l’incapacité, face au chômage, de Pôle emploi largement offert à des pres-tations privées, tandis que l’Éducation nationale et tous les autres secteurs sont mis à mal, tant les politiques publiques sont de moins en moins au service de tous et de plus en plus au service des grandes firmes et des couches les plus fortunées.Quant à la réduction des dépenses pu-bliques… elle évolue à géométrie varia-ble. Pour les uns, assureurs, banques, grandes entreprises, l’État (gérant des dépenses publiques) est venu à leur secours à grands coups de millions d’euros, au prétexte de la crise. Cadeaux au patronat, suppression de la taxe pro-fessionnelle, allégement offert aux cou-ches les plus riches avec la modification de l’impôt sur les fortunes, etc.

Et puis, l’externalisation…Avec le groupement d’intérêt public France Haras, c’est la centralisation des « missions concurrentielles dont l’État doit progressivement se désengager au profit d’un financement privé ». Le sport de haut-niveau n’y échappe pas, dont le recentrage aboutit à la fermeture de 8 CREPS (Centres régionaux d’éducation populaire et de sport) en région.Une externalisation bien calibrée, le CMPP ayant décidé de procéder « à une évaluation des opérations d’externalisa-tion conduites par les ministères et, ainsi, de mettre au point une méthodologie per-mettant d’identifier les externalisations prioritaires et de préciser les conditions de leur réussite ».

La paix des cimetièresRGPP exige, l’entretien des cimetières et des nécropoles militaires a été confié à l’ONAC, avec mission de les « externa-liser ». Objectif avoué : « La poursuite des réductions d’effectifs par le développement de l’externalisation, notamment. »De fait, en 2010, ce sont déjà six cimetiè-res dont l’entretien a été externalisé au privé : dans le secteur de Bray-sur-Som-me, c’est le carré militaire de Lille-Sud et le cimetière national de Haubourdin. Pour le secteur de Colmar, les cimetiè-res nationaux de Dannemarie, de l’Alt-kirch et de Haguenau ; pour le secteur de Metz, le cimetière national de Vitre-mont. Et naturellement, le mouvement s’accentuera en 2011/2012.

La « modernisation de la fonction publique », parlons-en !Pour la RGPP, la modernisation c’est l’accélération des restructurations de services, la flexibilité de l’emploi, le non remplacement d’un départ en retraite sur deux, le gel de la valeur du point d’indice pour 3 ans, etc. Le résultat, pour les ACVG, leurs pensions, retraites du combattant, rentes mutualistes AC bloquées pour 3 ans au même niveau en dépit de l’augmentation du coût de la vie ; c’est la disparition du secrétaire

d’État aux ACVG, du secrétariat d’État et de tous ses services chargés de l’exercice du droit à réparation.C’est aussi l’ONAC placé désormais sous la tutelle de la Délégation pour la mémoire, le patrimoine et les archives (DMPA), c’est-à-dire directement la tu-telle de la Défense, si ce n’est celle de l’Élysée qui régente tout… et ne tient toujours pas ses engagements écrits en 2007.Ce sont des milliers d’AC attendant de-puis plus de deux ans leur carte du com-battant, leur TRN, parce que le système Kapta (modernisation) n’est toujours pas au point et ne le sera sans doute pas avant 2012 ! Ce sont les pensionnés, en attente également, parce que leurs dossiers sont bloqués à Toulon, faute de bras pour les ouvrir, etc.

Fédérer les luttes- Si la RGPP n’est pas faite pour amélio-rer le travail du service public, le rendre plus efficace au service des citoyens,

- si la RGPP n’a d’autres buts que de détruire les services publics et priva-tiser toutes ses activités commerciali-sables,

- si l’objectif clairement énoncé de la RGPP est de supprimer 150 000 em-plois et de revenir au niveau des effec-tifs de 1990 pour les services publics, alors il faut bien reconnaître que les ACVG n’échappent pas à cette casse entreprise qui voit leur marginalisa-tion, la disparition de leur secrétariat d’État et de ses services, les externalisa-tions menées par l’ONAC, etc.

Par conséquent, puisque les luttes se dé-veloppent dans la fonction publique, le mouvement AC, s’il veut vraiment agir dans l’intérêt des ACVG, ne peut ni ne doit s’isoler. Il faut, au contraire, fédérer nos luttes avec ces alliés naturels que sont les fonctionnaires, au traitement desquels sont rattachées nos pensions d’invalidité et nos retraites du combat-tant. Tel est, en toute conscience et res-ponsabilité, l’engagement de l’ARAC.

Rgpp i Reconquérir le service public

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lE RéVEil - N° 773 - JuiN 201126 -

LE RÉVEILViE DE l’aRacViE DE l’aRac

nos peines JuiN 2011

Le Réveil des Combattants adresse aux familles et aux amis de nos camarades décédés ses sincères condoléances.

Une belle initiative, simple mais forte de sens et de recueillement commun, s’est tenue à Arcueil, le 26 mai dernier, pour célébrer la mémoire de notre camarade Marcel Roucaute, décédé en mars der-nier… On notait la participation de nom-breuses personnalités : Carine Delahaie, maire-adjointe, Max Staat, maire-ad-joint, Patrick Appel-Muller, directeur de la rédaction de l’Humanité, Patrick Staat, secrétaire national de l’ARAC et directeur du Réveil des Combattants.Raphaël Vahé, président national de l’ARAC a retracé ce que fut le parcours de Marcel, militant de l’ARAC très tôt : « Jusqu’au bout, il aura participé aux com-bats des hommes pour plus d’égalité, plus de liberté, plus de fraternité. Né en 1917, année de la Révolution d’Octobre en Russie qui leva tant d’espoirs, Marcel n’hésitait pas à faire part de sa profonde déception face aux dévoiements ultérieurs de cette Révolution jusqu’au démembrement de l’Union soviétique fin 1991.Issu d’une vieille famille cévenole, dont le père, Élie, fut un syndicaliste révolution-naire, un des fondateurs de la bourse du travail d’Alès, Marcel a la conscience et fierté de « sa classe », la « classe des exploi-tés »… Il adhère au PCF en 1934, année

où le fascisme sévit en Europe. Il sera des combattants antifascistes qui font honneur à la France.Mobilisé en 1939, il eut les pieds gelés au front, démobilisé en juillet 40, il prend contact avec le PCF clandestin d’Alès et participe à l’organisation des premiers groupes de résistance OS (Organisation spéciale), puis FTPF. Passé en clandesti-nité en 1941, il œuvre à Marseille, puis dans le Vaucluse et devient cadre interrégional pour la région Alpes-Côte d’Azur. En 1944, il est nommé commandant FTPF pour la ville de Lyon sous le pseudonyme d’ Yves. Il est grièvement blessé. On comprend bien que ces actes de résistance lui valurent d’être brillamment décoré de hautes distinctions ou reconnaissance de la nation : médailles de la Résistance, de la Croix de guerre avec palme,de la Légion d’honneur.Comment ne pas évoquer, en ce 26 mai qui nous réunit ici grâce à Marcel et autour de sa famille, la date anniversaire du 27 mai 1943, dans un Paris occupé, date de la première réunion du Conseil national de la Résistance sous la présidence de Jean Moulin, délégué par le général de Gaulle. Le programme du Conseil national de la Résistance, adopté en mars 1944, Marcel le rappelait souvent à juste titre, est plus que

jamais d’actualité pour contrer ce qu’il faut bien appeler destruction généralisée des ser-vices publics, de l’emploi, des retraites.Tous ceux, dans leur diversité comme Mar-cel, qui ont combattu dans la Résistance nous laisse un devoir : celui de nous indi-gner, de résister comme eux et de contribuer à redonner à notre pays l’espérance d’une paix sociale et de progrès dont doit bénéfi-cier le plus grand nombre…De son expérience de résistant, Marcel a tiré les certitudes qui lui ont donné la bous-sole de tous ses engagements sociaux et po-litiques, parce qu’il était de ceux qui ont la conviction que le malheur, qui s’abat sur ceux qui n’ont que leur bras et leur savoir, n’est pas fatal, que la terre peut apporter la nourriture, le bien-être, le bonheur à tous les hommes qui l’habitent, pour peu qu’une minorité ne vole pas pour elle les richesses à partager entre tous.Cette conviction qui a fait de Marcel un militant communiste, un militant de l’ARAC, faisant « la guerre à la guerre » comme disait Barbusse, luttant contre les ennemis des idéaux républicains et de l’hu-manisme : les xénophobes, les racistes, les fascistes de toutes origines…Nous continuerons les combats qu’il a mené toute sa vie. »

ain (01)Pont-d’ain : Constant CLARET, AC ATM.

allieR (03)Gannat : Émile ROUMIER, 100 ans, AC 3945, porte-drapeau de la section.

bouches-Du-Rhone (13)Fos-sur-Mer : Manuel GOMEZ-RASCADO, 67 ans, ami. Guy MORENO, 77 ans, AC ATM, Médaille Militaire.

ille-et-vilaine (35)rennes : Hubert RIEUSE, 86 ans, AC 39-45.

loiRet (45)Fleury-les-aubrais : Mau-rice THOMAS, AC 39-45.

niÈvRe (58)Fourchambault : Raymond AUROUX, AC ATM. Maurice COUILLARD, AC ATM. André NIODOT, AC 39-45.

noRD (59)Solre-le-Château : Jo-seph BERTOLI, 75 ans, AC ATM.

RhÔne (69)Lyon 8e : Mme Jeanne RIARD, 100 ans, AC 39-45.

savoie (73)Chambery : Jean BEL-LONE, 74 ans. Pierre MUGNIER, 77 ans, AC 39-45.

paRis (75)19e : Jacques DECOUDRE, AC ATM.

seine-et-MaRne (77)Montereau : André BA-VARD, 86 ans.Villette : Bernard GARCIN, AC ATM.

vienne (86)Les ormes : Alphonse MILLET, 88 ans.Saint-Savin : André COUR-TOIS, 87 ans.

essonne (91)Savigny-sur-orge : Mme Juliette BARRE, amie.

hauts-De-seine (92)Nanterre : André GUI-TARD, 97 ans, AC 39-45.

arcueil (94)

un hommage émouvant à Marcel Roucaute

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JuiN 2011 - N°773 - lE RéVEil - 27

ViE DE l’aRacViE DE l’aRac LE RÉVEIL

Du 26 mars au 13 avril, 26 voyageurs sont allés à la rencontre du Vietnam, premier contact pour certains, mais plu-sieurs y reviennent pour la deuxième, voire la troisième fois ou plus, ayant noué des contacts avec ce pays depuis longtemps.Le Comité français pour le village de l’amitié de Van Canh est en effet à l’ori-gine de cette organisation visant à per-mettre une expérience touristique, bien sûr, mais surtout à renforcer les liens et les engagements au profit de son œuvre humanitaire.Programme riche et chargé, du delta du Mékong à la mythique baie d’Halong… Chaque jour nous réservait son lot de découverte. Notre guide avait fort à faire pour nous initier à tout cela. Les ques-tions étaient nombreuses sur l’histoire complexe et douloureuse de ce pays, son héritage culturel, les modes de vie et l’évolution de sa société avec ses ri-chesses et ses difficultés.L’attention des participants se portait aussi sur la problématique des dégâts occasionnés par les guerres d’indépen-dance, particulièrement des séquelles sur l’environnement et sur la santé des vétérans et de leur descendance, conta-minés par « l’Agent orange - dioxine » épandu par l’armée américaine. Les vi-sites du Village de la Paix à l’hôpital Tu

Du d’Ho Chi Minh-Ville et du Village de l’Amitié de Van Canh, près de Hanoï, ont permis de mesurer l’ampleur de ce phé-nomène. Les échanges entre nous et avec le personnel encadrant ont été l’occasion de mieux appréhender la complexité de ce problème, les difficultés rencontrées pour faire reconnaître la culpabilité du gouvernement américain et de ses in-dustries chimiques, et leur résistance à réparer les dommages commis.Chacun garde au cœur les images de ces enfants atteints de malformations, de troubles neurologiques ou psychia-triques, se rend compte de la mobilisa-tion à continuer d’effectuer pour que leure prise en charge se fasse dans les meilleures conditions et pour que les responsabilités soient reconnues au niveau international.Des bâtiments détruits par une inonda-tion sont à reconstruire ; le personnel soignant demande à bénéficier de for-mations spécifiques, pour la langue des signes par exemple.Après toutes les épreuves traversées pour parvenir à son indépendance, le peuple vietnamien étonne par sa vita-lité, son énergie et mérite notre engage-ment à le soutenir dans la reconquête de ses droits et de ses capacités.

Marie-France Poncelin de raucourt

Découvrir le vietnam en 2011témoignage d’une touriste solidaire (extraits)

ardèche

congrès départementalle maire, claude Pradal et le conseiller général Jean-Paul Roux, ainsi que Jean-Pierre testud, di-recteur de l’ONac 07 ont assisté aux travaux du congrès départe-mental de l’ardèche, le 25 juin, à Villeneuve-de-Berg.

Une riche discussion sur le rôle et la place de l’ARAC dans les débats, luttes et enjeux d’aujourd’hui a eu lieu à la suite de l’introduction de Daniel Roche, président départemental.Daniel Roche a également pris soin de rappeler notre histoire, nos valeurs pour inscrire notre association dans les combats et espérances d’aujourd’hui.A l’occasion du congrès, quatre amis, quatre camarades de l’ARAC ont reçu la médaille de bronze de l’Office républi-cain des mérites civiques (civils et mili-taires) : Jacques Besnault, Jean Laurent, Gilbert Susini, René Thorgue ont reçu leur décoration des mains de Lucien Larguier, président de l’ARAC du Vau-cluse et membre du Conseil national, qui participait au congrès. Patrick Staat, secrétaire national et directeur du Réveil a représenté la direction nationale de l’ARAC.

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lE RéVEil - N° 773 - JuiN 201128 -

LE RÉVEIL ViE DE l’aRacViE DE l’aRac

Résultats caMpagne De soutien le gagnant du voyage est dans le Rhône

69 - Rhone VOYaGE a cOuRcHEVEl 97744BON caDEau (30 E) 97823ValisE cuisiNiER 97668MOuliN sEl/POiVRE 98141DEFROissEuR 97935GRillE PaiN HORiZONtal 98090

01 - ain PENDulE EXPREssO 13906

02 - aisne tONDEusE cHEVEuX 14330BON caDEau (30 E) 14478ValisE cuisiNiER 14955FOuR iNFRa-ROuGE 15033sac tROllEY isOtHERME 16288

03 - allieR caMEscOPE 145551MOuliN sEl/POiVRE 145574cOFFREt sERViEttEs 147091cOFFREt BaiN cHOcOlat 147074stYlO BalMaiN 145517sac OXFORD 145504BON caDEau (30 E) 135401

06 - alpes MaRitiMes aPPaREil PHOtOs 19789tisaNiERE 19681PiNcE Multi-FONctiONs 19433MalEttE BaRBEcuE 20111MiXEuR 3 EN 1 19577DEFROissEuR 20206sEcHE cHEVEuX 20329tROussE DE tOilEttE (H) 19818PlatEau aMusE BOucHE 20055atEliER cHOcOlat 20561BON caDEau (30 E) 19299

26 - DRoMe YaOuRtiERE 140552caFEtiERE 140721

28 - euRe et loiR MONtRE FEMME 164050

29 - finisteRe caFEtiERE DuO 55515FRitEusE FONDuE 55290cOFFREt Multi usaGE 55122GRillE PaiN HORiZONtal 55966Wii 550013

30 - gaRD lEctEuR DVD 64654BON caDEau (30 E) 64923MENaGERE laGuiOlE 64344cuit VaPEuR 65119tONDEusE cHEVEuX 65002PalEttE MaQuillaGE 65380cOFFREt sERViEttEs 65491

31 - haute-gaRonne aPPaREil PHOtOs 65817cOFFREt BalMaiN 65623sac caBiNE 68077MONtRE HOMME 66076cOFFREt stYlO-MONtRE 65772MENaGERE 24 PiEcEs 66196BON caDEau (30 E) 66230cuit VaPEuR 66349MalEttE BaRBEcuE 65977sac tROllEY isOtHERME 65551DEFROissEuR 66446

32 - geRs atEliER cHOcOlat 68222

33 - giRonDe GPs 68990cHOcOlatiERE 68449MENaGERE laGuiOlE 68312PlatEau aMusE BOucHE 68503PENDulE 4 PHOtOs 68633sEt BOuGiEs 68450lissEuR tEcHWOOD 69091

45 - loiRet cOFFREt sOMMEliER 172196

47 - lot et gaRonne aPPaREil PHOtOs 158813BON caDEau (30 E) 154704BON caDEau (30 E) 79665PiNcE Multi FONctiONs 150065sac a DOs Pic NiQuE 150823sac a DOs Pic NiQuE 79589cOFFREt Multi usaGEs 157702FRitEusE FONDuE 159821cOFFREt sERViEttEs 79832

50 - Manche cOFFREt BalMaiN 144801

57 - Moselle sac caBiNE 102256MONtRE HOMME 83368cOFFREt BaiN cHOcOlat 84059

58 - nievRe ORDi PORtaBlE 63578BON caDEau (30 E) 59772BON caDEau (30 E) 63323PalEttE MaQuillaGE 63601sEcHE cHEVEuX 60323lissEuR tEcHWOOD 63739tROussE DE tOilEttE (H) 59644tONDEusE cHEVEuX 61981HYDRO MassEuR 58082cOFFREt sERViEttEs 62524MENaGERE 24 PiEcEs 58795sEt BOuGiEs 61840sac caBiNE OXFORD 60013cOFFREt stYlO MONtRE 60170

59 - noRD PENDulE 4 PHOtOs 84683PlatEau aMusE BOucHE 84445MENaGERE laGuiOlE 84519atEliER cHOcOlat 84767

73 - savoie BON caDEau (30 E) 102022

74 - haute-savoie BON caDEau (30 E) 103525MENaGERE 24 PiEcEs 103772cOFFREt sERViEttEs 103988

75 - paRis PENDulE EXPREssO 104487BON caDEau (30 E) 129906BON caDEau (30 E) 160165GauFRiER 166231MElaNGEuR ViNaiGREttE 166519

76 - seine MaRitiMe BON caDEau (30 E) 106672cOFFREt sERViEttEs 106343

77 - seine et MaRne lEctEuR DVD 156532cOFFREt stYlO MONtRE 135627BON caDEau (30 E) 161653BON caDEau (30 E) 135636MalEttE BaRBEcuE 161241

78 - yvelines BON caDEau (30 E) 53613cOFFREt BalMaiN 54242MONtRE FEMME 53468atEliER cHOcOlat 53589tisaNNiERE 53333

79 - Deux sevRes PENDulE EXPREssO 109725cOFFREt sOMMEliER 109890

88 - vosges BON caDEau (30 E) 117557BalaNcE DE cuisiNE 117482sac a DOs Pic NiQuE 171034

91 - essonne aPPaREil PHOtOs 30399ORDi PORtaBlE 31171tV EcRaN Plat 29266MicRO ONDEs 27113cOFFREt BalMaiN 29039stYlO BillE BalMaiN 31212sac caBiNE OXFORD 30055MONtRE HOMME 27288BON caDEau (30 E) 26976BON caDEau (30 E) 27460BON caDEau (30 E) 27646BON caDEau (30 E) 27932BON caDEau (30 E) 28168BON caDEau (30 E) 29866BON caDEau (30 E) 30133BON caDEau (30 E) 31310BON caDEau (30 E) 32526BON caDEau (30 E) 32878BON caDEau (30 E) 33166BON caDEau (30 E) 30870BON caDEau (30 E) 33366caFEtiERE DuO 32056GRillE PaiN HORiZONtal 29113YaOuRtiERE 30275cOFFREt ViN 31433cHOcOlatiERE 32669MENaGERE 24 PiEcEs 27721cOFFREt sERViEttEs 27037sEt BOuGiEs 29395HYDRO MassEuR 31054PalEttE MaQuillaGE 29409cOFFREt BaiN cHOcOlat 29555lissEuR 29950cOFFREt stYlO MONtRE 28448tONDEusE cHEVEuX 29662FRitEusE FONDuE 32967

11 - auDe sEt a HuitREs 26366

13 - bouches Du Rhone MONtRE FEMME 34840BON caDEau (30 E) 34289BalaNcE cuisiNE 35174

Page 29: Le journal Le réveil des combattants - Juin

JuiN 2011 - N°773 - lE RéVEil - 29

ViE DE l’aRac ViE DE l’aRac LE RÉVEIL

16 - chaRente sac a DOs Pic NiQuE 42311MOuliN sEl/POiVRE 43056

17 - chaRente MaRitiMe GauFRiER 170169

18 - cheR cOFFREt BalMaiN 43756sac caBiNE 44001cOFFREt stYlO-MONtRE 44429

19 - coRReZe PalEttE MaQuillaGE 44666lissEuR tEcHWOOD 45578HYDRO-MassEuR 45620

21 - cote D'oR cOFFREt sERViEttEs 46176sEt BOuGiEs 46312PENDulE 4 PHOtOs 46623

22 - cotes D'aRMoR GPs 47069MENaGERE 24 PiEcEs 48659BON caDEau (30 E) 47558cHOcOlatiERE 47123cOFFREt sOMMEliER 47287cuillERE BalaNcE 48288MElaNGEuR ViNaiGREttE 48555

34 - heRault Wii 173997cOFFREt BaiN cHOcOlat 173954stYlO BillE 174108HYDRO MassEuR 170621sac caBiNE OXFORD 170725

35 - ille et vilaine tROussE DE tOilEttE (H) 72339sEcHE-cHEVEuX 72584cOFFREt sERViEttE 73041

36 - inDRe PENDulE EXPREssO 73421cOFFREt ViN 73578cuillERE BalaNcE 73889ValisE Du cuisiNiER 74050MElaNGEuR ViNaiGREttE 74176

38 - iseRe lEctEuR DVD 10130BON caDEau (30 E) 10055cOFFREt sOMMEliER 10266BalaNcE cuisiNE 11120sEt a HuitREs 11261 42 - loiRe GauFRiER 74299caFEtiERE 74323FOuR iNFRa ROuGE 74477BON caDEau (30 E) 74845

44 - loiRe atlantiQue cOFFREt ViN 78621YaOuRtiERE 78799caFEtiERE DuO 78913GRillE PaiN HORiZONtal 78555

60 - oise cHOcOlatiERE 133965BON caDEau (30 E) 141170

63 - puy De DoMe caMEscOPE 155214BON caDEau (30 E) 151277BON caDEau (30 E) 155031PENDulE EXPREssO 157083cOFFREt ViN 157071cuillERE BalaNcE 151409MiXEuR 3 EN 1 155899

65 - hautes pyRennees PlatEau aMusE BOucHE 96190

66 - pyRenees oRientales cOFFREt BalMaiN 168373MONtRE FEMME 171370sac caBiNE 172756

68 - haut Rhin caMEscOPE 97188BON caDEau (30 E) 97203BalaNcE cuisiNE 97011PiNcE Multi FONctiONs 97369sac tROllEY isOtHERME 97477cOFFREt Multi usaGEs 129429

71 - saone et loiRe aPPaREil PHOtOs 13160tV EcRaN Plat 12515BON caDEau (30 E) 12042BON caDEau (30 E) 13019BON caDEau (30 E) 13387sEt a HuitREs 11501GauFRiER 12168caFEtiERE 13522MiXEuR 3 EN 1 12257FRitEusE FONDuE 11616atEliER cHOcOlat 12333MENaGERE laGuiOlE 12720PENDulE 4 PHOtOs 12451sEt BOuGiEs 12606cOFFREt sERViEttEs 13222tROussE DE tOilEttE (H) 13448

80 - soMMe BalaNcE cuisiNE 111062sac tROllEY isOtHERME 111025

81 - taRn BON caDEau (30 E) 111811cuillERE BalaNcE 111430MOuliN sEl/POiVRE 111564DEFROissEuR 111772MalEttE BaRBEcuE 111700

84 - vaucluse GPs 52040cHOcOlatiERE 144367BON caDEau (30 E) 139462BON caDEau (30 E) 139945MENaGERE laGuiOlE 51476 86 - vienne MONtRE HOMME 154206BON caDEau (30 E)164283

92 - hauts De seine Wii 118321BON caDEau (30 E) 118445sac caBiNE OXFORD 118012caFEtiERE 118190

94 - val De MaRne tV EcRaN Plat 158272ORDi PORtaBlE 162195BON caDEau (30 E) 129003BON caDEau (30 E) 165401BON caDEau (30 E) 164523cOFFREt ViN 156799sac a DOs Pic NiQuE 165634cOFFREt BaiN cHOcOlat 158225cOFFREt sOMMEliER 162901PENDulE EXPREssO 162604PlatEau aMusE BOucHE 163807tisaNNiERE 156280MiXEuR 3 EN 1 162445

95 - val D'oise cuillERE BalaNcE 132833YaOuRtiERE 132661caFEtiERE DuO 132515BON caDEau (30 E) 166790sac caBiNE OXFORD 167503sEcHE cHEVEuX 167756

abonnes lissEuR tEcHWOOD 145109tROussE DE tOilEttE (H) 153012BON caDEau (30 W) 146467ValisE cuisiNiER 163966cOFFREt Multi usaGEs 153318GauFRiER 146171MElaNGEuR ViNaiGREttE 146650

national tONDEusE cHEVEuX 147892MONtRE HOMME 145051MOuliN sEl/POiVRE 153590ValisE cuisiNiER 145037BON caDEau (30 E) 149048cOFFREt BaiN cHOcOlat 149195

les lots pour la Dordogne (24), la seine st Denis (93) et la sarthe (72) ont bien été attribués mais les numéros sont arrivés après la parution du Réveil, c'est pourquoi ils n'apparaissent pas ici.

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lE RéVEil - N° 773 - JuiN 201130 -

LE RÉVEIL ViE DE l’aRacViE DE l’aRac

Marcel Legoallec, secrétaire adjoint de la Mutuelle et Didier Le Reste, secrétaire général CGT-Cheminots, le samedi

2 juillet au stand de l’ARAC, de la Mu-tuelle et du Village de l’amitié à la fête du Travailleur Catalan dans les Pyrénées

Orientales. On notera la visite de Jean-Luc Mélenchon.

Pyrénées-Orientales i fête du travailleur catalan

VarDe l’utilité de l’aRacAprès une discussion en réunion plé-nière du conseil départemental de l’ONAC du Var sur la Révision générale des politiques publiques, animée par Gérard Vallée, représentant de l’ARAC, en présence du préfet, le directeur dé-partemental de l’ONAC a obtenu un poste d’employé supplémentaire alors que le service départemental en avait été privé de quatre à la suite de la mise en place de la RGPP… Un plus obtenu pour le service auprès des ressortissants ACVG du département.

Guerre d’indochineDes propos à teneur colonialisteLe 8 juin dernier, le ministre de la Dé-fense et des Anciens Combattants a donné à lire, lors de la commémoration en hommage aux morts pour la France en Indochine, un message.Le Bureau national de l’ARAC, réuni le 22 juin condamne les propos à teneur colonialiste tenus par Gérard Longuet, dans ce message. En effet, pour l’ARAC, la date du 8 juin (pas plus que celle du 5 décembre pour la guerre d’Algérie), ne représente rien par rapport à la fin de la guerre d’Indo-chine, qui s’est terminée le 20 juillet 1954, avec les accords de Genève. Elle appelle, par contre, à participer le 20 juillet prochain, à I8 h, au ravivage de la Flamme animé par l’Association des combattants et victimes de la guerre d’Indochine.

Déclaration du Bureau national de l’aRac, le 22 juin 2011

M. Marc Laffineur (65 ans), député-maire d’Avrillé (Maine-et-Loire) vient d’être nommé secrétaire d’État aux An-cien Combattants, le 29 juin dernier, à l’occasion du remaniement ministériel, faisant suite du départ de Christine La-garde pour le FMI.Ex UDF, député UMP, benjamin d’une famille de 16 enfants et lui-même père de trois enfants, il a profité du refus de Marc Philippe Daubresse, (secrétaire adjoint de l’UMP), tout d’abord solli-cité, mais déçu de ne pas avoir obtenu le « maroquin » du ministère de l’En-seignement et de la Recherche qu’il convoitait. Comme on peut le constater, ces manœuvres politiciennes sont bien loin des engagements et des réponses qu’attendent les ACVG.Cette nomination, après la disparition discrète du 8e secrétaire d’État aux AC, il y a sept mois, est sans doute due à l’ac-tion tenace du mouvement ACVG (de l’UFAC et notamment de l’ARAC tou-jours en première ligne), et nous pre-nons acte de cette nomination… Sans

nos interventions répétées et insistan-tes, tous azimuts, le Président de la Ré-publique se serait bien accommodé de ce « vide » qu’il a lui-même organisé en imposant au travers de la RGPP (Révi-sion générale des politiques publiques) la casse du secrétariat d’État aux AC, de ses services et la fonte des effectifs de la fonction publique.Ceci étant, trois millions et demi d’AC, de veuves, d’OPEX, d’orphelins, d’as-cendants, de victimes civiles de guerre et de victimes hors guerre… ça vote ! Et dans les perspectives électoralistes de 2012, avec le silence catastrophique sur les engagements 2007 non tenus, mieux vaut ne pas trop tirer sur une fi-celle déjà par trop usée.M. Laffineur va donc devoir s’accrocher à un exercice de haute voltige, pour faire prendre, dans le cadre du projet de bud-get 2012, des vessies de cochons pour des lanternes magiques, à un mouve-ment ACVG bien décidé, lui, à ne plus s’en laisser compter !

Marc laffineurnouveau secrétaire d’état aux ac

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JuiN 2011 - N°773 - lE RéVEil - 31

DOssiER LE RÉVEILMaGaZiNE MaGaZiNE LE RÉVEIL

l’heure des loupsl’heure des loupsShane Stevens - éd. Sonatines - 22 e

Shane Stevens (probablement un pseu-donyme) est né à New-York en 1941. De 1966 à 1985, il a écrit cinq romans. Ce-lui-ci est le dernier connu, l’auteur ayant replongé depuis dans l’anonymat.Son écriture est singulière, précise, sè-che et soudain hallucinée, obsession-nelle, à l’usage de son héros, l’inspec-teur principal César Dreyfus. Le nom, à lui seul, est annonciateur. Mi Français, mi Allemand, juif, et plus ou moins des-cendant du fameux capitaine Dreyfus, des parents arrêtés sous ses yeux par la gestapo et disparus à Auschwitz, Dreyfus ne peut que trébucher et s’em-baller quant surgit un commandant fan-tôme et trucideur d’anciens SS comme lui. Une enquête haletante, bien menée au milieu des démons du passé et des fantasmes du présent. Dommage que, sous prétexte de justifier la traque anti-nazie d’Israël, l’auteur justifie surtout l’attitude de ce pays et sa politique extré-miste, annexionniste et génocidaire face aux « arabes », ignorant tout du reste, même le mot « palestinien ».Chasseur solitaire, son héros, après avoir traqué d’abord un général tor-tionnaire en Algérie, ce que nul (ni à la

criminelle ni au contre-espionnage) ne lui a pardonné, il traque les loups nazis et finira par chasser avec eux. Bercé par Wagner et l’or du Rhin, la chevauchée de la Walkyrie dépasse les légendes du « Nibelung » pour s’ancrer dans l’his-toire de l’or des nazis pillés aux quatre coins de l’Europe, chez les juifs, mais pas seulement, et jusque dans les dents en or des déportés assassinés.

Doli, indienne pikumiDoli, indienne pikumiPascal Coatanlem et Laure Gomez - éd. Talents hauts - 7,90 e

Les éditions Talents hauts, créées en 2005, entendent participer au combat pour l’égalité des sexes. Et ce petit livre, Doli, Indienne Pikumi, appartient à la collection Livres et égaux. Il met en scène une fillette indienne qui veut avec entê-tement être libre et découvrir le monde au lieu d’écosser des haricots rouges et de tanner les peaux de bêtes avec sa mère. Des illustrations élégantes com-plètent le récit et participent au chemi-nement pédagogique de cette héroïne qui prend son destin en main.

le bateaule bateauNouvelles de Nam Le - éd. albin Michel - 20 e

Nam Le, né en 1978 au Vietnam, nous donne à lire sept longues nouvelles dont celle d’où est tiré le titre du livre : Le bateau. C’est le récit de la fuite de sa famille vers l’Australie, voyage en enfer avec la trouille, la soif, la promiscuité, la mort, et l’espoir fragile, tenace. Mais sa quête ne s’arrête pas à ce seul voyage et se poursuit d’un pays en guerre à un autre pays en guerre ; de Hiroshima, vil-le d’outre-tombe à New York, des taudis des bidonvilles de Colombie aux rues de Téhéran, d’un petit village de pêche aus-tralien aux mers du sud de la Chine, avec cette question permanente : « Qu’est-ce qu’un être humain ? » Il y répond par des dialogues d’où surgit l’urgence de vivre dans un monde marqué par la folie et la grandeur des hommes.

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