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    LE GOUVERNEMENT MONDIAL

    tats Post-nationaux, Rseaux dinfluence, Biocratie

    Fvrier 2004

    parBUREAU DTUDES

    Imaginons la mise en place dun gouvernement mondial passant par le contrle desprocessus daccession au pouvoir tatique, imaginons ensuite que ceux qui les contrlentsoient associs aux pouvoirs financiers, quils partagent les mmes buts, la mme grandestratgie voire la mme idologie et quils se coordonnent ensemble dans la production desrgles, dans la gestion des ressources et des systmes techniques mondiaux, dans lemanagement de linformation sur les comportements individuels de centaines de millions depersonnes. Imaginons que les milliards dhumains restant soient grs par les procduresplus classiques de la dictature militaire et de la guerre. Il y aurait un complexe organis defirmes contrlant ou cherchant contrler leur profit et pour leurs propres objectifs, lesfonctions longtemps monopolises par ltat (cole, justice, arme, recherche) maisgalement les fonctionnements propres au vivant.

    Esquisse synoptique sur le gouvernement mondial

    Vous voil, bientt, grce au ciel, hors des mains de vos rebelles sujetsL-dessus, mon Cousin,jentre, comme vous voyez, dans tous vos sentiments, et prie Dieu quil vous y maintienne : mais je ne peuxapprouver de mme votre rpugnance pour ce genre de gourvernement quon a nomm reprsentatif, et que

    jappelle, moi, rcratif, ny ayant rien que je sache au monde si divertissant pour un roi, sans parler de lutilitnon petite qui nous en revientLe reprsentatif me convient merveilleLargent nous arrive foison.

    Demandez mon neveu dAngoulme, nous comptons ici par milliards, ou, pour dire la vrit, par ma foi, nousne comptons plus, depuis que nous avons des dputs nous, une majorit, comme on lappelle, compacte ;dpense faire, mais petitecent voix ne me cotent pas, je suis sr, chaque anne, un mois de Mme deCaylaJe pensais comme vous vraiment, avant mon voyage en Angleterre ; je naimais point du tout cereprsentatif ; mais l jai vu ce que cest : si le Turc sen doutait, il ne voudrait pas autre chose, et ferait de son

    Divan deux ChambresIl ne faut pas que tous ces mots de libert, publicit,reprsentation vous effarouchent.

    Ce sont des reprsentation notre bnfice, et dont le produit est immense, le danger nul, quoi quon en dise

    (Cet extrait, provient dune lettre secrte que Louis XVIII envoya1 Ferdinand VII en Aot 1823 ; cette lettre tomba dans lesmains dun agent secret de Canning Cadix, et sa publication souleva une polmique en Angleterre cf. The MorningChronicle en Octobre 1823)

    Le gouvernement mondial est dcrit ici comme un complexe intellectuel coordonnant, accumulant etconcentrant des moyens capables de dterminer et de normer les devenirs du capitalisme. Ce complexe estconstitu de curs financiers, rseaux de botes--penser (think tank) diplomatiques et stratgiques, officesdorientation des recherches scientifiques et techniques, rseaux dinfluence politique, mafias, servicesdintelligence, socits dexpertise juridique et daudit. Il est persuad quun gouvernement compos de vieillesfamilles et de nouveaux cerveaux est prfrable au droit des peuples disposer deux-mmes.

    De fait, il nexiste pas de "dictature des marchs financiers" ni "dultra libralisme" mais un gouvernementstructur en rseaux et en hirarchies coordonnes qui, travers de petites dcisions sur des points dominants etpar dlgations de responsabilits successives dans lensemble des organisations quils contrlent, mettent enuvre des stratgies et font avancer leurs objectifs lchelle dun pays, dune rgion et de la plante. De parleur position, leur capital social, culturel, symbolique, financier, certains individus, groupes ou lignesdterminent de faon directe ou indirecte, une part dterminante du potentiel plantaire. Ils renforcent leurcohrence par alliance, stratgies croises ou coordonnes, renvoi dascenseur ou par inter-mariages. Une partiede ce complexe gouvernemental est donc stable, prenne mais galement divers, tant constitu de multipleslignes daccumulation de capital qui stalent sur plusieurs gnrations.

    Une autre partie du gouvernement mondial, la faon du "popolo grasso" de la Rpublique de Venise, estcompos de nouveaux cerveaux dont les ambitions, les intrts, et les stratgies, convergent avec ceux de lavieille noblesse et de la vieille bourgeoisie, ou dune fraction de ces dernires, voire les influent. Ce groupe estcompos dindividus, jeunes condottiere, "lus" aux postes les plus importants des fonctions gouvernementalesdentreprises ou dinstitutions publiques, militaires, religieuses et civiles.

    1Cette lettre attribue Louis XVIII est en fait, un clbre faux littraire de Paul-Louis Courier.

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    Les runions du G8 ou les sommets de lOrganisation Mondiale du Commerce (OMC), avec leurs ngociations huis clos et parfois secrtes, ne sont que la part apparente et publique de ce complexe dessinant son usage unordre nouveau - un nouvel appareil de reproduction - capable de contraindre les acteurs rcalcitrants sesoumettre son nouveau rgime, de forcer leur coopration, ou du moins les affaiblir et les neutraliser. Cecomplexe de conception/concertation/coordination de la plante-usine intgre la conflictualit idologique,tactique ou diplomatique lintrieur mme dune classe sociale mondiale, se rpartissant les rles du mchant,du bon et de lintercesseur. Ainsi, des conflits traversent le monde en opposant certaines fractions de classe dautres. Dans certains cas, les fractions antagonistes parviennent sentendre dans un partage coordonn dugteau mondial. Dans dautres cas, les fractions ne peuvent parvenir un nouveau compromis que par le biais

    dune guerre.

    Le gouvernement mondial, aussi puissant soit-il, poursuit sa consolidation. Depuis le 11 septembre 2001 saviolence sintensifie. Il semble vouloir faire table rase de toutes forces antagonistes susceptibles de dplacer oudinterfrer avec les lignes gouvernementales.

    Le texte ci-dessous se limite survoler certains traits saillants passs ou prsents, ayant contribus former ouconstituant aujourdhui un gouvernement mondial. Ce gouvernement ne se voit pas, la faon dont on voit lessignes de ltat sur le territoire franais. Il ny a pas de drapeaux, de costumes, dorganigrammes. Cest pourquoila locution "gouvernement mondial" nous semble plus appropri que celle dtat mondial. Cependant, cettelocution ayant t utilise dans diffrentes guerres de linformation au cours du XXe sicle, nous avons jugncessaire den esquisser lhistoire - et de prendre nos distances - avec quelques thses conspirationnistes qui enont fait la promotion (voir la note finale). En outre, nous voulons mettre en garde contre une grille de lecture

    nationaliste ou souverainiste, de droite ou de gauche, qui serait de toute vidence une fausse interprtation. Nousne souscrivons pas ces politiques, inaptes rpondre aux potentialits du prsent. Nous voulons galementmettre en garde le lecteur contre toute lecture rductionniste des informations concernant certaines famillesvoques titres dexemple. Bien que nous soyons convaincu de limportance de familles telles que Rockefellerou Rothschild dans le capitalisme du XXe sicle, dautres lignes auraient pu servir dexemple pour dcrire lesdynamiques daccumulation de capital financier, culturel, symbolique ou social (Schneider, Krupp, Ibn Soud,Windsor, Bush, Mitsui...).

    LE DBORDEMENT DES TATS-NATION

    Dans les tats-nation dmocratiques, les affaires trangres ont servi de levier lexcutif pourcontraindre la politique intrieure, tout en renforant lautodtermination dune classe sociale mondiale. Au nom

    de la scurit nationale (et de la comptitivit), la politique trangre justifia la mise au secret plus ou moinstendue de linformation gouvernementale, et lautonomisation budgtaire et dcisionnelle dune partie de lapolitique militaire (les Services secrets). Ainsi, une structure gouvernementale de la classe mondiale se mit enplace progressivement, tandis que les tats de droit (nationaux) perdaient leur souverainet.

    Les Anglais ont t les prcurseurs de la mise au secret de linformation gouvernementale avec lOfficial secretsAct(1889) dclarant que la communication de toute information, par tout fonctionnaire dans lexercice de sesfonctions toute personne non autorise, tait un dlit pour celui qui communiquait et pour celui qui recevait uneinformation (sur les autres pays europens, voir Secret militaire et libert de la presse, tude de droit pnalcompar, PUF, 1957). La Grande Bretagne a aussi cr les plus vieilles agences de services secrets au monde(cration en 1909 duMI5 ; banques de donnes sous forme de fiches sur 16 000 personnes en 1914 et sur 137500 en 1918). Depuis, les services du secret et lindustrie du renseignement sont devenus des dispositifs decontrle coextensif des tats de droit.

    Aux Etats-Unis o le mcanisme de vote du budget rendait difficile la mise au point dune politique chappant la sanction parlementaire, Truman tendit le secret des organismes non militaires, "autorisant nimporte queldpartement excutif, nimporte quelle agence gouvernementale dclarer "confidentielles" des informations,chaque fois quil semblerait que ce soit "ncessaire, dans lintrt de la scurit nationale" (ArthurM. Schlesinger, La Prsidence impriale, PUF, 1976, p. 354). Puis le secret, limit longtemps lactivitmilitaire ou administrative, stendit naturellement la recherche scientifique (il existe aujourdhui plus duntrillion de documents classifis concernant la recherche scientifique aux Etats-Unis (selon Herbert Foerstel,Secret Science : Federal Control of American Science and Technology, Praeger, 1993).

    Un gouvernement dmocratiquement lu, en cachant tout ce quil veut, autrement dit, en occasionnant des fuitesou en mentant quand il le veut "dans lintrt de la scurit nationale", se transforme facilement en une machine

    ddouble, qui sait jouer la fois de largent du contribuable et des caisses noires, des "changes de bons etloyaux services" et des voyages officiels, des financements parallles lis la mafia et des dtournements defonds publics. Dans les dmocraties, les alas du contrle snatorial ou parlementaire et de lirrgularit desmandats lectoraux, ont suscit lapparition dinstituts daffaires internationales, organes diplomatiques etstratgiques privs ou quasi-privs, assurant une continuit dans la politique internationale.

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    LaRound Table britannique cre par Cecil Rhodes et Lord Alfred Milner le 5 fvrier 1891 est un des anctreshistoriques de ces instituts daffaires internationales qui se sont multiplies depuis les annes 50. Cette RoundTable se "clona" au dbut du XXe sicle en une American Round Table regroupant notamment les puissantsMorgan, Rockefeller et Carnegie, et dans diffrentes Round tables des pays du Commonwealth (Afrique dusud, Australie, Canada, Nouvelle-Zlande, Inde). Aprs la Premire Guerre mondiale, ces organisationschangrent de noms : lAmerican Round Table prit le nom de Council on Foreign Relations (1921), laRoundTable anglaise devint leRoyal Institute of International Affairs (RIIA). Les Round tables canadienne, sudafricaine et australienne se dnommrent le Canadian Institute of International Affairs (CIIA), lAustralian

    Institute of International Affairs, le South African Institute of International Affairs.

    Aprs la Seconde Guerre mondiale, ces organisations furent compltes par dautres, plus larges, telles que leBilderberger Group (cr en 1954 linitiative dun ancien SS, le Prince Bernhard de Hollande (Alden Hatch,H. R. H. Prince Bernhard of the Netherlands ; an authorized biography, Harrap, 1962) et la TrilateralCommission (cre en 1973 avec les Etats-Unis, le Canada, lAustralie, le Japon, la Belgique, le Danemark, laFrance, lIrlande, lItalie, le Luxembourg, la Hollande, la Norvge et le Royaume-Uni). La Trilatrale peut treconsidre comme le pendant du G5, cr en mars 1973 par les ministres des Finances de 5 pays (tats-Unis,Allemagne, Royaume-Uni, France, Japon). Les instituts dtudes en affaires internationales sont constitusaujourdhui en rseau plantaire.

    La guerre froide fut loccasion propice la construction de ce rseau post-national de coordination de la classemondiale. Ce rseau peut tre qualifi de total puisquil incluait des composantes stratgiques et diplomatiques,mais aussi conomiques, militaires, religieuses, politiques et culturelles. La productivit et lefficacit du front

    anti-communiste mondial tint autant en effet linvention de religion anti-communiste de base chrtienne (lasecteMoon en Core porte par la CIA), ou au financement des fractions catholiques ou protestantes anti-communistes (Opus Dei,Lgionnaires du Christ,John Birch Society), qu la cration de rseaux culturelsinternationaux tels que le Congress for Cultural Freedom (CCF).

    Aujourdhui, la prsence des ex-directeurs des services secrets, de leurs amis et partenaires dans un certainnombre dinstituts daffaires internationales (ainsi que dans les conseils dadministrations des plus grands fondsdinvestissement) nest pas un hasard. Elle assure la continuit de la politique poursuivie aprs 1945 notammententre les pays du G7(tats-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Canada et Italie) puis du G8 (avec laRussie) qui totalisaient en 2000 plus de 70% de la production mondiale et 90 % des dpenses militaires totalesdans le monde.

    En Asie, le Japon fit trs tt preuve de sa coopration dans la construction dun front anti-communiste : YoshidaShigru, premier ministre japonais de 1947 1952 fit arrter 20 000 sympathisants communistes peu avantlAccord nippo-amricain du 8 septembre 1951. Cet accord fit du Japon le pivot du dispositif militaire amricainen Extrme-Orient bientt suivi par lOTASEcre le 8 septembre 1954 Manille (lOTANdu sud-est asiatique)et par lASEANle 8 aot 1967 Bangkok (Thalande, Malaisie, Singapour, lIndonsie et les Philippines). Le 27novembre 1971, les pays membres de lASEANsignrent la Dclaration sur la neutralisation de lAsie du Sud-Est, prcisant que ceux-ci taient "dtermins faire tous les efforts initiaux ncessaires pour faire reconnatre etfaire respecter lAsie du Sud-Est en tant que Zone de Paix, de Libert et de Neutralit". Des changes dedlgations commencrent la mme anne entre la Malaisie et la Chine, puis entre 1971 et 1973, trois pays delASEANnourent des relations commerciales avec Pkin (les Philippines en mars 1972, la Malaisie en mai1971, la Thalande en octobre 1972).

    En 1955, la Confrence de Bandung (qui condamnait limprialisme et le colonialisme et affirmait la volont

    dmancipation des pays prsents lgard des USA et de lURSS en crant le Mouvement des pays Non-Aligns) ne remit pas en question ce rseau de coordination asiatique : sur les 29 participants, 14 pays taientassocis au systme dalliance des Etats-Unis. Dans un rapport du Conseil national de Scuritamricain deJanvier 1957, Nehru, lun des artisans de Bandung, fut qualifi de "modr non-communiste"(par contrecoup, laChine le qualifia dagent de limprialisme amricain). Selon un courrier de lAmbassadeur amricain en Inde, lapolitique du non-alignement de lInde permettait dconomiser sur la charge conomique quaurait reprsent,pour les Amricains, son soutien direct. "Les risques que feraient courir pour la scurit amricaine une Indefaible et vulnrable seraient plus importants que les risques rsultants dune Inde stable et influente" (Rapport duConseil national de scurit, 10 janvier 1957, FRUS, 1955-1957, vol. 8, pp.35-36 cit dans Gilles Bocquerat,Les avatars du non alignement, Sorbonne, 1996, p. 167). partir de 1986-87, lantagoniste sovitique cessadagir en Asie. LURSS se retira dAfghanistan et, en fvrier 1989, fit pression sur le Vietnam pour ngocier surla question cambodgienne. Moscou rclama le remboursement de la dette vietnamienne et imposa le commerceaux prix mondiaux en devises convertibles.

    Dans la zone Europe, Dean Acheson et Truman insistrent pour que le Royaume-Uni et les Etats-Unis seliguent pour dvelopper lOTAN"en allant de lavant et en agissant afin de forcer les autres suivre" (ForeignRelations of United States, 1950, Tome VIII, p. 1430). Cette alliance donna une place part au Royaume Uni

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    qui refusa dadhrer la Communaut Europenne du Charbon et de lAcier(CECA) en 1951. Ce refus nesignifiait pas que lalliance anglo-saxonne tait contre la construction de lEurope. Truman comme Eisenhoweret Churchill poussaient la cration dEtats-Unis dEurope seuls mme de rsister durablement la menacesovitique. Comme le dira Eisenhower "nous ne pouvons pas tre une Rome moderne qui garderait lesfrontires lointaines avec ses lgions" (cit dans S. Ambrose, Eisenhower, p. 505). Le 16 Avril 1948,lOrganisation Europenne de Coopration Economique (OECE) tait cre afin de coordonner le plan Marshallpuis en 1949 etait sign le Trait de lOTAN. Le Comte Coudenhove-Kalergi ayant eu lide dans les annes1920 de runir le charbon allemand et le minerai franais, surmontant ainsi lantagonisme franco-allemand(cause de lchec du projet europen), cra la Pan-European Union dans les annes 1930. Il fonda en 1947 avec

    Churchill, lUnion Parlementaire Europenne (United Europe Movement), point dorigine du Conseil delEurope et du Parlement europen. Instigateur de la cration dune zone de libre-change europenne et dungouvernement europen, Jean Monnet (collaborateur de laHudson Bali Company et deLazard frres mais aussitrs proche des milieux financiers, juristes et politiques sous les administrations Roosevelt, Truman,Eisenhower, Kennedy) cra dans le mme esprit leMouvement Europen en 1958 qui regroupait les diversestendances politiques favorables lEurope unie.

    partir de la fin de la Seconde guerre mondiale, plus aucun pays ne pouvait se maintenir dans une stratgie base nationale. Alors mme que les anciennes colonies croyaient conqurir leur souverainet par leurs luttes delibration, cette souverainet tait dissoute par lintgration conomique, lassociation contrainte et les intrtsngocis entre les centres daccumulation de la plante. Lge de la souverainet amorait son dclin. Lesguerres mondiales du XXe sicle comme espace de dbat entre les fractions dune classe mondiale encoreinconsciente delle-mme ont suscites une plate-forme gouvernementale de coordination et de concertation des

    diffrentes fractions de la classe mondiale. Aux priphries, cette plate-forme dveloppa une classe de soutiencapable dassurer par la dictature et le march noir, la captation de ressources et le maintien dune zonedinfluence assurant lavenir de cette captation (famille Somoza au Nicaragua (1936-1979), le Chah dIran(1941-1979), Marcos aux Philippines (1965-1986), Saddam Hussein pendant la guerre Iran-Irak (1980-1990),Pinochet (1973-1990) au Chili, Suharto (1967-1998) en Indonsie, Mobutu (1965-1997) au Zare, etc.).

    Ainsi les mafias et les dictatures dun ct, leur utilisation oprationnelle ou tactique par les Services secrets,instituts daffaires internationales, tats, firmes transnationales de lautre, mtamorphosrent en un seulcomplexe les empires davant-guerre. Dans le mme mouvement, la politique des tats-nation davant-guerre futremplace par une aire gouvernementale relguant aux oubliettes la courte histoire des tats-providence et desrgimes dmocratiques.

    NUDS ET RSEAUX FINANCIERS lments dune gense

    Ds le dbut du XIXe sicle, lempire britannique voulut gouverner le monde en crant un marchcommun des nations (Commonwealth) dirig par laristocratie politico-financire. Un tel march sesquissait ds1816 avec le Gold Standard, monnaie de crdit internationale, utilis par la France, lAllemagne, le Japon, laRussie et les Etats-Unis. Ce systme montaire international crdit sur lor de la Banque dAngleterre (Bank ofEngland) tait fond sur la coopration de cette dernire avec les banques prives de la City, lesMaisons Baring(dont la fortune remonte laBritish East India Company), Hambros ou Rothschild, toutes fermementpartisanes dun march libre mondial. Ces Maisons ont form ds le dbut du XIXe sicle un rseau dalliance(en fvrier 1824, les Barings et Rothschilds co-fondrent lAllianceBritish and Foreign Life & Fire InsuranceCompany, Larry Neal The Financial Crisis of 1825 and the Restructuring of the British Financial system, 22ndAnnual Economic Policy Conference at the Federal Reserve Bank of St. Louis October 16-17, 1997).

    La relation historique existant entre la Banque centrale amricaine (Federal Reserve Bank, FED) et la BanquedAngleterre(Bank of England) ainsi que le travail effectu aprs la premire guerre mondiale par MontaguNorman, membre de laRound Table britannique et Benjamin Strong, gouverneur de la Federal Reserve Bank of

    New Yorket membre de lAmerican Round Table (The Bank of England, Money, power and influence, 1664-1994, Oxford-Clarendon Press, 1995) servirent plus tard de base la mise en place de la premire institutionfinancire mondiale fonde sur la coopration entre les diffrentes banques centrales. Ainsi fut cre en 1930 la

    Banque des Rglements Internationaux (BRI) runissant les gouverneurs des banques centrales du Groupe des10 (Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Canada, Pays-Bas, Belgique et Sude, auxquels sajoute laSuisse et trois banques prives amricaines,J. P. Morgan,First National Bank of New Yorket First National

    Bank of Chicago (cf. Charte constitutive de la BRI Entre en vigueur le 26 fvrier 1930). Cette institutionfinancire ft complte en 1944 avec les Accords de Bretton Woods par la cration du Fonds Montaire

    International (FMI) et de laBanque Mondiale.

    Le systme de Bretton Woods noffrit pas, comme son prcdent anglais, une monnaie internationale ayant lecaractre de monnaie de crdit : la proposition de Keynes dinstaurer une monnaie des monnaies nationales (le

    Bancor) permettant de garantir lordre montaire international lgard des pressions politiques et spculatives,fut abandonne au profit du Plan White (amricain) faisant du dollar la monnaie internationale de laprs-guerre.

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    Mais ladoption du Plan White jeta les bases de la faillite du systme montaire dans les annes 1970. La fin dela convertibilit du dollar en or, lessor du march des euro-dollars, les innovations technologiques facilitant lacirculation des informations et acclrant le transfert de capitaux, les inventions financires, juridiques etcomptables, lexplosion dun march financier offshore dans les annes 1970 poussrent en avant les thoriesno-montaristes et les partisans de la drgulation. Ces transformations modifirent partiellement lordre ducapitalisme de "club" reposant sur une noblesse daffaires soucieuse de tenir son rang.

    En Grande-Bretagne, cette rvolution financire fut, dans une large mesure, une rvolution impose par laBanque dAngleterrequi, "en se prononant en faveur dune suppression des commissions fixes, a donn le

    signal dun renouveau de la comptition dbouchant sur des rformes structurales plus profondes : suppressionde la distinction entre brokers [intermdiaires financiers] et jobbers [banques], puis rachat des vieilles maisonsde la City par les conglomrats internationaux" (Yves Dezalay, Des notables aux conglomrats dexpertise,Revue dconomie financire, n25, t 1993). Le besoin de rglementer toutes ces transformations provoquaune monte en puissance des technologies juridico-financires amricaines et des firmes de droit (PriceWaterhouse, Ernst & Young, Deloitte Touche Tohmatsu, Booz Allen & Hamilton, Arthur Andersen...). Ilprovoqua aussi la monte en puissance des firmes dintelligence conomique supposes accrotre la visibilit etla gouvernementalit dentreprise. Il favorisa enfin la multiplication des instituts no-montaristes et renforalinfluence des partisans de la drgulation.

    Avec la crise du modle keynsien, la politique anti-communiste de lAlliance Atlantique pouvait entirement seconsacrer un no-montarisme et un no-libralisme qui remettaient en cause la solidarit et la redistribution,deux principes fondamentaux de ltat social. Ce no-montarisme et ce no-libralisme furent thorises par

    Von Hayek, crateur dans les annes 1930 de la Society for the Renovation of Liberalism, qui devint en 1947, laMont Pelerin Society (la MPS comptait parmi ses membres Karl Popper, Max von Thurn und Taxis, Otto vonHabsburg, Henry Simons). Cette socit fut, en outre, la tte-de-pont du rseau dinstituts et de boites--penser(think tank) no-librales qui fleurirent partir des annes 1970 dans le monde entier.

    Le no-libralisme fut galement diffus par les grandes coles telles que laLondon School of Economics (quiavait comme professeur Friedrich A. Hayek et o David Rockefeller et Soros ont fait des tudes), oulUniversit de Chicago fonde par John D. Rockefeller Senior (avec pour enseignants en dehors de Friedrichvon Hayek lui-mme, des conomistes no-libraux tels que Jacob Viner, Gary Becker, Milton Friedman).Antony Fisher de laMont Plerin Society cra des boites--penser telles que le Fraser Institute Vancouver(Canada) en 1974 ou encore leManhattan Institute New York en 1977. Ce dernier, mis en place avec labndiction du directeur de la CIA de lpoque, Franck Carlucci, du futur directeur de la CIA, William Caseyet des firmes financire JP Morgan ou pharmaceutique Eli Lilly (Georges Bush Senior tait directeur de EliLilly au moment de la cration duManhattan Institute) fut le point dorigine de la politique de la "Tolrancezro" et de ltat pnal aux Etats-Unis.

    Aujourdhui il existe plus dune centaine dinstituts et de boites--penser de cette sorte dans le monde, partisansdune drgulation et dtats policiers. Certains de ces instituts sont prsents simultanment dans diffrents pays(lAspen Institute existe en Italie, en Allemagne, au Japon, en France, aux Etats-Unis). Dautres, bien que faisantpartie ouvertement ou tacitement du rseau, ne dpassent pas le niveau national. En France, ce rseau estreprsent aujourdhui par lInstitut Montaigne (Claude Bbar et Alain Mrieux), lInstitut Euro 92 cr parAlain Madelin (son prsident est Jean-Pierre Raffarin, premier ministre franais) ou encore, le Cercle Pinay, crpar un proche de lOpus Dei, ancien prsident du Conseil sous la IVe Rpublique, Antoine Pinay. Dans les paysdEurope de lEst, les Fondations Soros ont pilotes la transition des pays dEurope Orientale et Centrale versleur intgration au capitalisme plantaire (cration de fondations en Hongrie en 1984, en Chine en 1986, en

    URSS en 1987, en Pologne en 1988...). En Amrique latine, la Fundacion Internacional para la Libertad(FIL)compte parmi ses membres des boites--penser no-conservatrices telles que The Cato Institute, The HeritageFoundation, The Manhattan Institute, The Atlas Economic Research Foundation et dautres organisations sud-amricaines telles que laBrazils Instituto Atlantico, le Chiles Instituto Libertad y Desarrollo et le Centro deEstudios Legales, lEcuadors Instituto de Politicas Publicas (IPPE) et le Cedice (Venezuela). Leonard Liggio,vice-prsident de lAtlas Economic Research Foundation, a t choisi par laMont Pelerin Society commenouveau prsident le 10 octobre 2002. Si certains de ces instituts sont classs dans le "camp" no-conservateurs,dautres appartiennent la faction librale ou socialiste (lInstitute for Public Policy Research ouDemos avec A.Giddens en Grande Bretagne, le Cercle de lIndustrie de DominiqueStrauss-Kahn en France), occupant ainsila totalit du champ de visibilit des dmocraties.

    LE CUR FINANCIER

    Dun point de vue structurale, les transformations financires mondiales et le mouvement de drgulationpoussrent lintgration des curs financiers nationaux et du mme coup amorcrent la construction dun coeurfinancier mondial. Dans les annes 1970, les curs financiers taient encore nationaux. En France, le curfinancier tait bti autour des deux banques daffaires Suez et Paribas (Franois Morin, Structure du capitalisme

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    franais, Calmann-Levy, 1974) ; en Italie, autour des socits bancaires ou industrielles Mediobanca, Generali,Agnelli etBenedetti ; en Allemagne autour des banquesDresdner Bank, CommerzbanketDeutschebank; enAngleterre, autour deBarclays, Prudential etMorgan Guarantee. En France et en Allemagne, le taux deconcentration de la proprit a toujours t trs lev : en 1999, dans 80% des 170 premires socits cotes auxbourses de Paris et de Francfort, un seul actionnaire possdait 25% des actions pour chacune dentre elle (ColinMayer, Firm Control, University of Oxford, 18 fvrier 1999).

    Un rapport de 1976 montre lexistence dun cur financier international stable dans les annes 1970... hritantde 50 annes dintrigues, dalliances et dincestes financiers ou politiques (Federal Reserve Directors : A Study

    of Corporate and Banking Influence. Staff Report, Committee on Banking, Currency and Housing, House ofRepresentatives, 94th Congress, 2nd Session, August 1976). On peut vrifier lexactitude de ce rapport en lisantles biographies des diffrentes personnalits impliques dans sa direction. Ces lectures croises permettent ainside comprendre les liens unissant les grands groupes financiers de lpoque (J. P. Morgan, Chase Manhattan,

    Rothschild,Brown Brothers,Lazard, Harriman,National City Bank, Warburg,J. Henry Schroder- aujourdhuiIBJ Whitehall Bank & Trust Company, filiale deIndustrial Bank of Japan) et les banques dAngleterre et deNew York (la Federal Reserve de New York dtermine la politique des diffrentes Federal Reserve amricainesregroupes dans la FED). Ces lectures croises permettent galement de saisir des alliances passant outre lesdiffrends qui ont oppos les nations les unes aux autres au cours du XXe sicle : Prescott Bush, pre duprsident George Herbert Walker Bush prsident des Etats-Unis de 1988 1992, directeur excutif chez

    Brown Brothers Harriman (dirige par Averell Harriman, mari la mre de Winston Churchill, source :www.churchill-society-london.org.uk/wscminor.html), conduisit les oprations bancaires du gouvernementnational-socialiste Wall street.LUnion Banking Corporation, filiale dHarriman dirige par Prescott Bush,

    tait lantenne new-yorkaise du Thyssen-Flick German Steel Trust, une firme esclavagiste notoire (Webster G.Tarpley & Anton Chaitkin, George Bush : The Unauthorized Biography).

    lpoque, les avocats de Prescott Bush Wall Street ntaient autres que Allen Dulles (travaillant pour labanque Schroder, futur directeur de lOSS, crateur de la CIA et futur prsident de laRockefeller Foundation) etJohn Foster Dulles, son frre. Ce dernier travailla longtemps dans le groupe Rockefeller (de 1922 1949, il futdirecteur de lInternational Nickel Compagny of Canada appartenant Rockefeller) et fut directeur de laConsolidated Silesian Steel Compagny dans les annes 30 (possde 66% par Friedrich Flick).

    Lhistoire des Dulles montre bien comment se rapporte lun lautre le financier, lindustriel, le juridique (J.F.Dulles est avocat de Wall Street), le politique et le diplomatique (il est conseiller des Etats-Unis la confrencedu Trait de Versailles en 1919 et conseiller de la dlgation amricaine lors de lorganisation des Nations Unies San Francisco en 1945). Elle permet aussi de saisir les liens stratgiques et idologiques qui uniront desanciens nazis et imprialistes japonais aux dirigeants des Etats-Unis dans laprs-guerre. Le gouvernementamricain dclara vouloir dmanteler les Konzerns allemands et procda la fermeture de lorganisationallemande de vente du charbon (cette organisation appele DKV-Deutsche-Kohl Verkaufs Gesellschaft,permettait la mainmise des industries de lacier sur les mines de charbon). Pourtant en 1951, le Haut-Commissaire amricain en Allemagne, John Jay McCloy (ex-prsident de la Banque mondiale), ordonna lalibration des criminels de guerre SS, les industriels Alfred Krupp et Friedrich Flick qui recouvrrent bienttleur fortune (Frederich Flick tait considr en 1955 comme la cinquime fortune mondiale). John Mac Cloy,devint par la suite directeur de la Chase de 1953 1972, aprs avoir t charg du compte Rockefeller dans lafirme de droit des Rockefeller, laMilbank Tweed. John Foster Dulles, sarrangea de son ct pour que le Japonnait pas payer de rparations et que le gouvernement revienne aux anciens cadres de lEmpire nippon. Par leTrait de paix de 1951, il empcha enfin les poursuites des prisonniers de guerre et des travailleurs forcs contreles exactions japonaises. La demande des Britanniques que "le Japon remette aux gouvernements des Nations

    Unies tout lor quils staient indment appropri" (Foreign Office Records, 7 mars 1951) fut galementrapidement abandonne par lAngleterre qui se rangea en avril 1951 sur la position amricaine demandant desrparations hauteur de 60 millions de Livres-Or. Les Etats-Unis sapproprirent ainsi limmense trsor japonais(le "Lys dor") constitu des 175 trsors impriaux cums en Asie de lEst et du Sud-Est par les Japonais dansune douzaine de pays pendant la Seconde Guerre mondiale (voir ce sujet lenqute mene pendant dix-huitannes par Serling et Peggy Seagrave, relate dans Opration lys dor, Michalon, 2002). Un tel trsor maintenusecret par Truman permit notamment de financer en partie la politique anti-communiste des Etats-Unis, encorrompant des gouvernements ou des militaires ou encore en achetant des votes. Il contribua aussi complterles rserves amricaines en or (les Etats-Unis possdaient la moiti du stock dor mondial aprs la SecondeGuerre mondiale).

    Dans laprs-guerre, Nelson Rockefeller invita "les pires fascistes et les pires nazis Washington" selon Tucci,chef du Bureau de recherche latino-amricaine au dpartement dtat. Et Rockefeller de lui rpondre :"tout le

    monde est utile ; nous allons amener ces gens-l adopter une attitude amicale envers les Etats-Unis" (cit dansPeter Collier et David Horowitz, Les Rockefeller, une dynastie amricaine, Seuil, 1976, p. 284). DavidRockefeller disait bien quil est "impossible de dissocier une grande banque internationale, du gouvernement etde sa politique". La Chase (banque des Rockefeller) en est la preuve clatante. "En 1948, aprs la rupture entre

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    Tito et Staline, la Chase devint la principale liaison bancaire avec laBanque de Yougoslavie et en 1950 elle futlune des premires banques accorder des crdits lEspagne de Franco. 20 ans plus tard, elle fut la premirebanque amricaine ouvrir une succursale Moscou et la premire sinstaller en Chine aprs la visite deNixon Pkin" (Peter Collier et David Horowitz, op. cit., p.286).

    Aujourdhui comme hier, les liens entre les fonds dinvestissement et la politique demeurent aussi importants.Paribas-Genve accueillit un compte numrot de Mobutu (www.ppp.ch/devPdf/Mobutisme.pdf), le Crdit

    Lyonnais ou lUnion Bancaire Prive les comptes numrots des gnraux algriens (www.maroc-hebdo.press.ma et www.anp.org/apelbanques/appelauxbanques.html). Citibank(aujourdhui Citigroup) accueille

    des comptes du prsident mexicain Carlos Salinas ou du prsident gabonais Omar Bongo. Citibankest parailleurs hautement implique dans le Plan Colombie (elle est lun des premiers investisseurs trangers dans cepays, www.under.ch). Inversement, nombre de leaders politiques profitent de leur position pour constituer desfortunes financires (les dictateurs Duvalier Hati, Marcos aux Philippines, Suharto en Indonsie, SaddamHussein en Irak, pour ne citer que ceux-l).

    Le processus de fusion entre puissance financire familiale et politique parvient son point daboutissementavec le clan des al-Saoud qui sigent aux Nations Unies (Arabie Saoudite) et qui financent plusieursorganisations politico-religieuses mondiales (Ligue Islamique Mondiale, Organisation de la Confrence

    Islamique, Organisation Mondiale de la Jeunesse Islamique). Au Canada, la fusion, moins visible quen ArabieSaoudite, nen est pas moins bien relle : les leaders des trois principaux partis sont lis Paul Desmarais ou sa socit, Power Corporation. John Rae, conseiller pour la campagne lectorale du Premier Ministre JeanChrtien au Canada fut executive vice-president de Power Corporation (la socit de Paul Desmarais), la sur

    du premier ministre tant elle-mme marie Andr, fils de Paul Desmarais. Le leader du parti conservateurainsi que le leader du parti socialiste, tous deux opposants Jean Chrtien, ont eux-mmes chacun travaillpour la Power Corporation. Et lactuel Premier Ministre Paul Martin, vient lui-mme de Power Corporation

    La continuit stratgique entre investissement et diplomatie explique la prsence danciens de la CIA (CentralIntelligence Agency) parmi les plus grands fonds dinvestissement amricains (Robert Gates est au conseildadministration de Fidelity, John Deutsch celui de Citygroup, Maurice "Hank" Greenburg lAmerican

    International Group-AIG), ou, la prsence danciens duMI5 et duMI6(Services secrets anglais) dans les fondsbritanniques. Cela explique aussi les choix des prsidents successifs de la Banque mondiale cumulant desexpriences dans les offices de rgulation et dans les conglomrats financiers (John Mac Cloy a travaill avecRockefeller, notamment dans sa firme de droitMilbank, Tweed, Hadley & McCloy ; Eugene R. Black et EugeneMeyer ont t prsidents de la Banque centrale amricaine, la Fed; Black a t administrateur du PopulationCouncil cr par Rockefeller, de la Ford Foundation, duBrooking Institute et directeur de la Chase Manhattan

    Bankde Rockefeller ; Robert Mc Namara a t membre de laRockefeller Foundation ; George D. Woods a tdirecteur de First Boston Corporation ; Lewis T. Preston a t prsident deMorgan Guaranteeet de GeneralElectric (Rockefeller) ; James Wolfensohn a cr une socit avec Rothschild (laRothschild, Wolfensohn &Co), a travaill avec Salomon Brothers, Schroder Banking Group, Darling and co. et a galement fait partie de la

    Rockefeller Foundation et du Population Council.

    Les transformations des curs financiers au sein de la Trilatrale influent sur lorganisation et le climat politiqueinternationale. lintrieur de lanneau gouvernemental mondial - le complexe de fonds dinvestissement et debanquesBarclays Plc (1er fonds dinvestissement priv mondial), famille Rockefeller et Fidelity (1er fondsdinvestissement institutionnel mondial, appartenant Edward C. Johnson),JP Morgan Chase(Rockefeller/Rothschild),Rothschild, Citigroup, UBS, Merrill Lynch, Deutsche Bank, Mellon, Goldman Sachs,

    Axa, Pargesa - se forment des alliances, des cooprations, des partenariats rgionaux. Les concentrations dans le

    monde financier amricain se sont renforces suite labrogation, le 22 octobre 1999, de la loi Glass-Steagall(cre en 1933, aprs le Krach de 1929) qui imposait un cloisonnement entre les banques daffaires, les banquescommerciales et les compagnies dassurance.

    Les normes du capitalisme dtermines par lanneau gouvernemental simposent naturellement auxconglomrats russes, japonais, indiens, chinois, brsiliens... en qute de clients et de partenaires. Lesconglomrats chinois ou russes doivent se conformer aux rgles et usages du cur financier mondial pour trevalus par des agences de notations telles que Fitch, Standard & Poors ou Moodys, tre audits par Ernst andYoung (essentiellement des socits anglo-saxonnes) et pouvoir ainsi avoir accs aux outil et systme bancaire,assurantiel ou financier de la trilatrale ... Cependant, certaines fractions de classe entendent bien conserver leurcontrle sur les entreprises dtat. En Russie, la rcente arrestation du magnat du ptrole MikhailKhodorkovsky (qui avait revendu ses actions dans Yukos Rothschild) montre bien que Vladimir Poutinetient conserver les conditions de reproduction de son clan (un autre exemple est la dtention de Vyacheslav

    Sheremet, premier-adjoint au prsident de Gazprom et PDG de Sibur, et son remplacement par le "poutiniste"Alexei Miller). De mme, en Chine, malgr lafflux massif dinvestissements trangers, lentre dAndrDesmarais (Canada) dans le capital dun conglomrat dtat (CITIC Pacific) demeure une exception. Au Japon,les participations trangres - europennes ou amricaines - sont rares dans les conglomrats Mitsui, Mitsubishi

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    ou Sumitomo. Il ny a pas de participations amricaines ou britanniques dans un des premiers groupes financiersmondiaux, laMizuho Financial Group, ou dans la troisime institution financire mondiale la Sumitomo Mitsui

    Banking corp. La classe mondiale nest pas seulement "blanche" ou WASP (White Anglo Saxon Protestant). Elleest "multiculturelle", compose de familles bourgeoises historiques (impriales, nobles) japonaises, chinoises, ousinises, de vieilles familles arabes, jordaniennes ou libanaises, corennes, thalandaises, indiennes, etc.

    ACCUMULATIONS SOCIALES : LIGNES, COMMUNAUTS, CLASSE

    La classe mondiale marie ou concilie les vieilles familles - le capital financier, social, culturel, symbolique

    voire gntique - de chaque rgion des cerveaux sans filiation (Henri Kissinger, Franck Carlucci, JeanMonnet, Jacques Delors) employs pour accrotre les capitaux, les conciliations et lorganisation dugouvernement mondial. Elle nest pas ferme sur elle-mme ; elle intgre en permanence des comptences etintgre de nouveaux entrants qui accumulent du pouvoir et dmontrent la perfection lidal de russite, decarrire et de cration de la classe moyenne. Ces nouveaux entrants doivent tre accrdits par la bourgeoisie etlaristocratie financire historiques. Ainsi en France, il est peu vraisemblable que Vincent Bollor aurait eu lapossibilit de btir un empire sans Antoine Bernheim (Lazard), ami de sa mre.

    On ne peut pas distinguer une noblesse qui constituerait une aristocratie archaque et une bourgeoisiedynamique, mergeant de la rvolution industrielle et capable de dvelopper les affaires : la noblesse est sur-reprsente dans les conseils dadministration ou dans les organigrammes de ltat (Michel Pinon et MoniquePinon-Charlot, Sociologie de la bourgeoisie, La dcouverte, 2003). Les politiques dites "no-librales"poursuivies depuis la fin des annes 1970 ont largement renforc leurs fortunes et la mise en question desrgimes dmocratiques qualifis "dingouvernables". Aux Etats-Unis, les taux dimposition des revenus de plusde 400 000 dollars passrent de 91 % durant la Seconde Guerre mondiale 70 % dans les annes 1960 et 50 %en 1986, puis 28 % dans les annes 1990. De ce fait, 1 % des plus riches gagnrent mille milliards de dollarspendant les seules annes Reagan soit une hausse de 87 % de leur revenu. Le ratio entre le salaire des PDG et desouvriers qui tait de 1 40 en 1970 est pass de 1 531 dans les annes 90 tandis que 6 millions de personnessont dsormais prives de droit civique, un ordre de grandeur comparable celui du temps des goulags dans lesannes 1950 en URSS (www.democratie-socialisme.org, 13 septembre 2003).

    Lidologie classiste sappuie en partie sur les stratgies dynastiques voire communautaires (biocratie) seconstruisant au fil des gnrations. Dans lesprit dynastique, lindividu nest quun usufruitier, le maillon dunelongue chane quil reoit de ses ans et quil doit transmettre. Le pouvoir de la grande bourgeoisie et delaristocratie rside dans sa conscience et sa solidarit de classe, diffrente en cela de lindividualisme des

    classes moyennes rvant de russite, de carrire et de cration. Dans le pool des familles nobles, certainesparviennent se reproduire sur plusieurs sicles, tandis que dautres mergent et tendent tre anoblies au fur et mesure de leur avance en ge. Certaines, importantes aujourdhui, se sont constitu au XIXe sicle ou au XXesicle grce lindustrie ou la finance (Sellire/Demachy/Wendel en France, Ford, Bass, Lynch, Farish ouBush aux Etats-Unis, Rockefeller dans le monde, Krupp en Allemagne, Tata en Inde, Li Ka Shing ou HenriFok en Chine, Desmarais au Canada, James Riady en Indonsie). Dautres - notamment les familles royales ouprincires - ont un capital historique sur plusieurs sicles (Windsor, Stuart ou Grovesnor en Grande-Bretagne,Soong en Chine, Mitsui, Mitsubishi, Hitotsubashi au Japon, Sultan Hassanal Bolkiah Brunei, familleCisneros en Espagne-Amrique latine, famille Bin Abdulaziz Alsaud, Aga Khan, Warburg, Oppenheimer ouRothschild). Elles se sont frquemment appuyes sur des religions qui, transformes en religion dtat oudempire ont divinises le sang des familles.

    Une tude serait ici faire dans le dtail pour valuer limpact de certaines familles dans lhistoire du monde. A

    titre dexemple, en Chine avant Mao, rien ne se passait sans laccord de la famille Soong. Charlie Soong (SongJiashu, 1866-1918), un cantonnais dbarqu clandestinement Boston reut laide dun riche capitaliste deDurham, Julian Carr, qui finana ses tudes de thologie dans le Tennessee avant dtre envoy en Chinecomme prtre par la China Mission Conference ce qui lui permit dtendre son influence sur les chrtienschinois. Plus tard, il se tourna vers les affaires en utilisant ses relations dans le monde des missionnairesprotestants et btit, grce lAmerican Bible Society, une fortune qui lui permit notamment de financer lesactivits de la Ligue jure de Sun Yat-sen partir de 1894. Son premier fils, Zewen Soong (T. V. Soong, 1894-1971) fut diplm de laHarvard Business School. Plusieurs fois ministre des Finances dans les gouvernementsdu Guomindang, il donna la Chine son premier budget organis, sa premire monnaie unique et sa premirebanque centrale. Mais sa rputation de libral pro-capitaliste moderniste en Occident masquait la ralit dunpersonnage nationaliste en relation trs troite avec les triades de lOpium et les socits secrtes chinoises. Lafille ane de Charlie Soong, Ailing Soong, aprs avoir t la secrtaire de Sun Yat-Sen (qui voulut lpousersans succs aprs que Charlie Soong eut refus) se maria au dbut du XXe sicle un jeune banquier ( Kong

    Xiangxi), authentique descendant de Confucius (73e descendant) et redoutable spculateur qui fut lun despiliers du rgime de Chiang Kai-shek. Lune de ses surs, Quigling Soong (1892-1980), secrtaire son tourde Sun Yat-sen pousa ce dernier en 1915 avant de jouer un vritable rle aux cts des communistes et de Maoqui en feront la vice-prsidente de la Rpublique Populaire de Chine. A ce titre, Quigling fut la Grande Dame de

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    Cartogrammes

    Les cartogrammes reprsentent des vues synoptiques et gravitaires du pouvoir aujourdhui.Ils en figurent les liens (liens croiss, liens personnels, administratifs, techniques), lesidentits (entreprises, administrations, dispositifs techniques, normes, clubs, personnes ou

    familles), les natures (mdiatique, financire, judiciaire, technique, militaire) et leshirarchies (actionnaire majoritaire/filiale, vieille noblesse, aristocratie, nouvellebourgeoisie, hyperbourgeoisie, nomenklatura capitaliste). Ils cherchent montrer lesconnexions invisibles, les identits transversales, produisant ainsi dautres hirarchies etdautres subordinations que les organigrammes fonctionnels. Ils contournent ladsinformation et la manipulation de linformation pratiques par les mdias dominants. Lecartogramme permet ainsi de sorienter, de construire des stratgies, voire de mener desactions tactiques. La collection Cartogrammes est anime parBureau dtudes.

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