Le diplôme, la vraie fracture sociale - Le Monde - 21 novembre 2012
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article suivant 21 novembre 2012 La France des diplômés n'est...
Le diplôme, la vraie fracture sociale
La France rattrape son retard, mais à peine plus d'un adulte sur huit (13,4 %) a un niveau scolaire
supérieur à bac + 2
Un gros retard accumulé, des progrès récents, une note générale
convenable. Voilà ce que dirait le bulletin de la France si elle était évaluée
sur son niveau de diplômes. A peine plus d'un Français adulte sur huit
(13,4 %) dispose d'un diplôme supérieur à bac + 2. En la matière, l'image
que l'on se fait de la France (du moins dans les milieux favorisés) est plus
flatteuse que la réalité, souligne Louis Maurin, consultant au Centre
d'observation et de mesure des politiques sociales (Compas), bureau
d'étude des besoins sociaux des territoires.
Deux raisons à cela, selon lui : " La concentration des pouvoirs dans la
capitale est associée à une concentration des populations qualifiées.
L'espace dans lequel évoluent les commentateurs n'a rien à voir avec la
moyenne de la France, qui s'établit au mieux au niveau BEP. D'autre part,
on confond bien souvent le niveau des jeunes sortant du système et celui
de l'ensemble de la population adulte. " Or, dans les années 1960, moins
d'un jeune sur dix était bachelier.
On dénombre 18 % de diplômés de l'enseignement supérieur chez les 55-64
ans, quand la moyenne des pays de l'OCDE atteint, sur cette tranche d'âge,
les 22 % (chiffres 2009). Les Français qui sortaient du système scolaire il y
a une trentaine d'années étaient largement moins formés que les habitants
d'autres pays comparables. Chez les 25-34 ans, en revanche, 43 % ont
décroché un diplôme du supérieur, contre 37 % dans l'OCDE. Voilà, sur l'ensemble de la population (les
25-64 ans), de quoi améliorer le bilan : au total, 29 % des Français détiennent désormais un diplôme du
supérieur (contre 20 % en 1997). La moyenne de l'OCDE (30 %) est quasiment rejointe.
Echec au secondaire
" Il y a trente ans, on pouvait trouver du travail sans diplôme, enseigner avec un simple bac ", rappelle Eric
Charbonnier, expert à la direction éducation de l'OCDE. Des paliers d'orientation précoce existaient dès la 5e.
" Aujourd'hui, la France a rattrapé son retard dans le secondaire, le supérieur est sur le bon chemin, si la
tendance actuelle se poursuit, dans dix ans, nous dépasserons la moyenne OCDE. "
La politique des " 80 % d'une classe d'âge au niveau du bac ", lancée par Jean-Pierre Chevènement, en 1981 ;
la création des bacs professionnels ; la démocratisation de l'enseignement supérieur, avec la création des
instituts universitaires de technologie (IUT) en 1966, offrant des formations universitaires courtes : tout cela
a joué en faveur du rattrapage. En doublant en trois décennies son taux de jeunes diplômés du supérieur (de
18 % à 43 %), la France a très largement dépassé l'Allemagne et même les Etats-Unis, mais elle n'égale
toujours pas les pays qui produisent le plus de diplômés, comme la Corée du Sud, le Japon, le Canada et la
Russie, où la moitié des jeunes sont diplômés du supérieur.
Pour Eric Charbonnier, la progression est donc " à poursuivre ". En résolvant une difficulté : " L'échec
scolaire au secondaire, qui s'aggrave. " Seuls 84 % des 25-34 ans disposent d'un diplôme de niveau
secondaire. C'est 4 points de moins qu'aux Etats-Unis, quasiment 16 de moins qu'au Japon. Plus
globalement, le problème de la France est, aux yeux de cet expert, davantage qualitatif que quantitatif. " La
massification a été une réussite, il est temps de questionner les débouchés sur le marché du travail. "
Marie Duru-Bellat, sociologue à Sciences Po, le rejoint, déplorant la " course aux objectifs quantitatifs ". " Le
seul but de la politique éducative est d'atteindre le niveau des autres. Mais regardez l'Espagne, qui a fait de
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gros efforts de rattrapage, la situation des jeunes y est catastrophique, car le marché du travail n'est pas en
phase ! " Selon elle, il s'agit de penser qualité. De prendre aussi en compte les capacités d'absorption de
l'économie. Et de citer l'exemple des masters généraux, de plus en plus nombreux, tandis que les emplois de
cadres n'explosent pas, ce qui nuit à leur efficacité professionnelle. " Nous avons besoin d'une politique
économique. Malgré le développement considérable de l'éducation, en France, l'emploi des jeunes ne s'est
pas amélioré en vingt ans. Eût-ce été pire autrement ? Invérifiable ! "
Pascale Krémer
© Le Monde
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