Le Chamanisme Et Les Techniques Archaiques de l'Extase - ELIADE

201
Du même auteur, à la même librairie : TRAITI: D'HISTOIRE DES RELIGIONS (Préface de Georges Dumézil) • Ce Traité marque une date dans l'histoire des religions. » J. DANIELOU, Etudes. • Cette réédition prouve le succès de cette oeu vre impor- tant e. » Revue d' Histoire des Religions. • Mircea Eliade est considéré aujourd'hui comme l'un des représentants les plus qualifiés de tout ce qui se rapporte aux symboles, aux mythes, aux rituels magiques. » Nouvelles Littéraires. • Ce traité est un grand classique, universellement admiré et justement célèbre .. . Un ouvrage de synthèse mettant en oeuvre une documentation prodigieuse. » Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques. LE YOG A, Immortalité et liberté c Un des ouvrages les mieux documentés et les plus péné- trants sur le sujet... un livre fondamental. » Bulletin critique du livre français. • Le livre le plus documenté sur les yogas qu'il nous ait été donné de lire depuis près de vingt ansCombat. • M. Eliade prétend mettre en lumière quelques structures fondamentales, universelles, de l'esprit humain, quelques traits communs du grand langage dont se servent tous les hommes, le symbolisme, pour que nous fassions notre profit de la somme des expériences spirituelles réalisées sur la terre. » Robert KANTERS, L'Express. • Une véritable somme qui se recommande autant par la compétence scientifique que par l'expérience de l'auteur. » Informations Catholiques Internationales. PAVOT, 106, boulevard Sai nt-Germain, PARIS Pr ix Ile 35.00 F BIBLIOTHÈQUE SCIENTIFIQUE MIRCEA ELIADE PROFESSEUR A DE CHICAGO LE CHAMANISME .. ET LES TECHNIQUES ARCHAIQUES DE L'EXTASE Deuxième édition revue et augmentée PAVOT, PARIS

description

Cet ouvrage d'Eliade fut le premier à embrasser le chamanisme dans sa totalité. On dispose aujourd'hui d'une masse considérable de documents concernant les divers chamanismes (sibérien, nord-américain, indonésien, océanien, etc.) et de nombreux travaux ont amorcé l'étude ethnologique, sociologique et psychologique du chamanisme. Mais, à quelques exceptions près, l'énorme bibliographie chamanique a négligé l'interprétation de ce phénomène extrêmement complexe en le situant dans le cadre de l'histoire générale des religions.Le chamanisme est l'une des techniques archaïques de l'extase, à la fois mystique, magie et dans le sens large du terme. Mircea Eliade s'est efforcé de le présenter dans ses divers aspects historiques et culturels, mais il privilégie l'étude du phénomène, l'analyse de son symbolisme et de ses mythologies. Grâce à lui, nous découvrons tout un monde spirituel qui, bien que très éloigné du nôtre, ne lui cède ni en cohérence ni en intérêt.

Transcript of Le Chamanisme Et Les Techniques Archaiques de l'Extase - ELIADE

Dummeauteur,lammelibrairie : TRAITI:D'HISTOIREDESRELIGIONS (PrfacedeGeorgesDumzil) CeTrait marqueunedate dansl'histoiredesrel igions. J.DANIELOU,Etudes. Cetterditionprouvelesuccsdecetteuvreimpor-tante.Revued' HistoiredesReligions. MirceaEliadeestconsidraujourd' huicommel'undes reprsentantslesplusqualifisdetoutcequiserapporte auxsymboles,auxmythes,auxrituelsmagiques. NouvellesLittraires. Cetraitestungrandclassique,universellementadmir etjustementclbre .. .Unouvragedesynthsemettanten uvreunedocumentationprodigieuse. RevuedesSciencesPhilosophiquesetThologiques. LEYOGA,Immortalitetlibert cUndesouvrageslesmieux documentset lespluspn-trantssurlesujet.. .unlivrefondamental. Bulletincritiquedulivrefranais. Lelivreleplusdocumentsurlesyogasqu'ilnousait tdonndeliredepuisprsdevingtans.Combat. M.Eliadeprtendmettreenlumirequelquesstructures fondamentales,universelles,del' esprithumain,quelques traitscommunsdugrandlangagedontseserventtousles hommes,lesymbolisme,pourquenousfassionsnotre profitdelasommedesexpriencesspir ituellesral ises surlaterre.RobertKANTERS,L'Express. Unevritablesommequiserecommandeautantparla comptencescientifiquequeparl'expriencedel' auteur. InformationsCatholiquesInternationales. PAVOT,106,boul evardSai nt-Germai n,PARIS PrixIle35.00F BIBLIOTHQUESCIENTIFIQUE MIRCEAELIADE PROFESSEURA DECHICAGO LE CHAMANISME .. ETLESTECHNIQUESARCHAIQUES DEL'EXTASE Deuximeditionrevueetaugmente PAVOT,PARIS B1BLIOTHQUESCIENTIFIQUE MIRCEAELIADE Professeurj'Universit deChicago LECHAMANISME ETLESTECHNIQUES ARCHAIQUESDEL'EXTASE CIlAM.I IISAiEETVU CATION- MALADIESETnVES INITIATIQUES- L' OBTENTIONDESPOUVOIRSCHMIANI QUES - L' INITIATIONCHAMANIQUE- LESYMBOLISMEDUCOSTUME ETDUTAMIlOUHCHAMANIQUES - LE CHAMANISME EN ASIE CEN-TRALEETSEPTENTRIONALE- ETCOSMOLOGIE - LE CHAMANISME NOnDETSUD-A.\1RICAlN - LE DANSLESUD-ESTDEL'ASIEETENOCANIE- [J)OLOGIES ETTECHNIQUESCHlllANIQUESCHEZLESINDO-EUnOPENS-SYMBOLISMEETTECHNIQUES CHAMANIQUES AU TIBET, EN r: HI NE ETENEXTIIAIE-ORIENT- MYTHES,SYMBOLESET11iTES PARALLLES Deuximedition,revuectaugmenle PAYOT,PARIS J06,BOULEVARDSAINT-GERMAIN 1968 TOUlldroitsdetraduction,dereproductionetd'adaptationrserv. pourtouepaytl.Copyrightd19GB,byPOYoI.Pori, . Am t ' . ~mQ're:t~ Iroll1i uelf!rrltl llis. AVANT-PROPOS Leprsent ouvrage est, not.re connaissance, le premi er embrasser lechamanismedanssatotalit,tout.enlesituantdans laperspective del'histoiregnraledesreligions ; c'estdiredjsamarged'imper-rection,d'approximationet lesrisquesqu'ilprend.Ondisposeactuel-lementd'unemasseconsidrablededocumentsconcernantlesdivcl'S chamanismes:sibrien,nord-amricain,sud-amricain,indonsien, ocanien,etc.D'autrepart,nombredetl'Rvaux,importantsilplus d'untitre,ontamorcl'tudeethnologique,sociologiqueet psycho-logiqueduchamanisme(ouplutt d'uncertain type de chamanisme) . Mais,quelquesremarquablesexceptionsprs- nous pensons avant toutauxll'avaux deHarva (Holmberg) sur le chamanismealtaque-l'normebibliographiechamaniqueangligl' inLerprtationdece phnomneextrmementcomplexedanslecadrede)'hisLoil'e gnraledesreligions.C'estentantqu'historiendesreligi onsque nousavonsnotretouressayd'aborder,decomprendreetdepr-senterlechamanisme.Loindenouslapensedeminimiserlesadmi-rablesrecherchesmenessousl'angledelapsychologie,delasocio-logieoudel'ethnologie:ellessont,notl'eavis,indispensabl es laconnaissancedesdiversaspectsduchamanisme.Maisnousesti-monsqu'ily8place pour une autre perspective - celle que nous nous sommeselTorcde dgager dans lespagesqui suivent_ L'auteurquiabordelechamanismeenpsychologueseraport leconsidreravanttoutcommelarvlationd'unepsychencrise oummeenrgression ; ilnemanquera pasde lecomparer certains comportementspsychiquesaberrantsoudelerangerparmiles maladiesmentalesdestructurehystrode oupil eptode_ Nousdirons(voirp_36sq.)pourquoi l' assimilation du chamanisme unemaladiementalequelconquenousparaitinacceptable.Mais unpoint demeure(etilest important)sur lequellepsychologue aura toujoursraisond'attirerl'attention:lavocationchamanique, l'instarden'importequelleautrevocationreligieuse,semanifeste parunecrise,paruneruptureprovisoiredel'quilibrespiritueldu futurchaman.Touteslesobservationsetlesanalysesqu'onapu 10 AVA NT - PIlQP OS accumulercesuj etsontparti culi rementprcieuses:ellesnous montrentenquelquesortesurlelesrpercussions,l'intrieur delapsych,decequenousavonsappella,dialectiquedeshiro-phaniest- lasparationradicale entrele profane etle sacr, la TUp -t lll'(>durelquienrsulte.C'est diret outel'importancequenous l' econnaissonsdet ellesrecherchesdepsychologiereligieuse. Lesociologue,lui ,scproccupedelafonctionsocialeduchaman, duprtre,dumagicien :il tudieral' originedesprestigesmagiques, leurrledansl' articulationdelasocit ,lesrapportsentreleschefs reli gieuxetlescheCspolitiques.etainside Buite.Une analysesocio-logi quedesmythesduPremierChaman,.mettracnlumire des indicesrvlat eursl ouchantlapositionexceptionnelledesplus ancienschamansdanscertainessocit sarchaques.Lasociologi cl lichamani smeresLecrire,etell ecompteraparmileschapitres lesplusimportants d'unesociologie gnrale delareligion.Detoutes cesrecberches,avecleursrsultat s.l'hi storiendesl'eli gionsestoblig det enircompte:ajoutsauxconditi onnementspsychologiques dgagsparlepsychologue, lesconditionnementssociologiques,dans le SC'0 8leplus large du t erme,viennentrenrorcerle concrethumain et historiquedesdocumenlssurlesquelsilestappeltravaill er.Cet apport concret sera encore renCorc par les recherches de l'ethnologue. II appart iendraauxmonographiesethnologiquesdesiluerlechaman danssonmilieuculturel.Onrisquedemconnallrelavritahle personnalitd' unchamant chouktchc,parexempl e,sionlitses exploits sans rien connaitre de la vie ct destradi t ions des Tchouktches . Ccseraencorel' ethnologued' tudierexhaustivementlecostume etletambourchamaniques,dedcrirelessances,d'enregistrerles textesetlesmlodies,et c.Ens'attachantt ablir)' hi stoire,. deteloutellmentconstitutilduchamanisme(dut ambour,par exemple,oudel'usagedesnarcotiquespendant tasance),l' ethno-logue,donbl,enJ'occurrence,d' uncomparatisteetd' unhistori en, parviendranousmontrerlacircul ati ondumotifenquestiondans letempsetdansl' espace jilprcisera ,danslamesuredupossible, soncentred'expansion,lestapesetlachronologiedesadiffusion. Bref,l'et hnologuedeviendra,luiaussi, historient,qu' ilfassesienne ounonlamthodedescyclesculturelsdeGraebner-Schmidt-Kop-pers.Entoutcas,ondisposeactuell ement,ct d' uneadmirable littratureethnographiquepurementdescripti ve,demaintstravaux d'et,hnologiehist orique:da_nsl' crasante.massegrisetdesfaits cuJ t urels appartenant auxpeupl esdits. sanshi st oiret,oncommence voi rscdessinermaintenantcertaineslignesdeforce;onoom-mence disti nguer de 1' histoire . lo l' on t ait habi tu rencont rer fies41 Naturvlker ., des. primitifs,. ou destJ: Ilestoiseuxd' insis(;eriisuresgrmtlnervicesquel' ethnologie historique a dj rendus l' hi st oire desreligions. Mais nous ne croyons pasqu'ell epuissesesubstit uerl'histoiredesreli gions :o'estla missiondecelle-ci d' intgrerlesrsultats del'ethnologie comme ceux delapsychologie et de lasociologie jell e nerenoncerapaspour autant AV.o\ NT- pnOPDS1 1 supropre mthode detravail etla perspective quilad finitspci-fiquemenl.L'ethnologieculturelleabeaulabli r,parexemple,les relati onsduchamanismeaveccertainscyclescult.urels,ouavecli) difTusiondet elout elcomplexechamanique ;iln' empchequeGe n'est pas sonobj etdeDOUSrvlerle sensprolonddet ous cesphno-mnesreligieux,d'clairerleursymbolismeetdelesart iculerdans l'histoiregnraledesreligions.C'estl'hist oriendesreligionsqu' iJ incombe,endernireinstance,desynthtisert outeslesrecherches particul iressurlechamanismeetdeprsenterunevued'ensembl e quisoittoutillaloisunemorphologieetunehistoi,edecephno-mnercli gieuxcompl exe. Mais il yalieu de s'entendre surl'importancequ'onpeut accorder, dans ce genre d'tudes, 1' histoire . Comme nous l'avons dj remar quplusd' uneroisailleurs,etcOlomenousauronsJ'occasiondeJe montreramplcmentdansl'ouvragecompl mentaireduTrait d' His-toire desReligionsenprparation,leconditionnement hi st orique d'un phnoUlfmereligieux,bienqu'extrmementimportant(t outfait humai nlant,endernireanalyse,unfaithist orique),nel' puise pasent il'ement,Nousn'endonneronsqu' unexempl e :lechaman altaqueescaladerituell ementunbouleaudanslequelonamnag un certai n nombre d'chelons; le bouleau symbolise l' Arbre du Monde, les chelons reprsentant les divers Cieuxque le chaman doit traverser aucoursdesonvoyageextatique au Ci el; etilest trsprohabl eque Jeschmacosmologiqueimpliqudanscerituelestd'origineorien-tale.DesidesreligieusesduProche-Orientanliquesesontpropa-gest rs avant dansl' Asiecentrale etseptentrional e etont contribu nota mmentdonnerauchamanismedelaSibri eetdel'Asiecen-t, ,alesonaspectactuel.Nousavonslunbonexempledeceque l'bi stoire,peulnousapprendresurladiffusiondesidologieset destechniquesreligieuses.Mais,nousledisionsplushaut,l'histoire d' unphnomnereligieuxnepeutpasnousrvlertoutcequece phnomne,dusimplefaitdesamanifestation,s' efforcedenous montrer.Riennepcrmet.desupposerque lesinflucncesdela cosmo-logie et de lareligion ori ental es ont cr,chez les Altaiques,l'idologie etleritueldel' ascensionclest e ;desidologiesetdesrituelssem-blabl esameurentunpeupartoutdanslemondeetdansdesrgions t eHesquelesinfluencp.spalo-orientalessont,apriori,hors de cause. Plusprobablement,lesidesorientalesn'ontlaitquemodifierla formulerituell ect.lesimpli cationscosmologiquesdel'ascension cleste :cett.ederniresemblet reunphnomne originaire,nous voulonsdirequ' eUeappartientl' hommeentantquet el,dansson intgri t ,et.non entantqu'trehist orique :tmoinlesrves d'ascen-sion,leshall ucinationsetlesimagesascensionnell esquiserencon-t rentpartoutdanslemonde,endehorsdet out conditionnement ,. hist.oriqueouautl'c.Touscesrves,cesmythesetcesnostal gies, ayantpourthmecent rall' ascensionoulevol,neselaissentpas puiserparuneexplicationpsychologique jilsubsistetoujoursun noyauirrd uct ibl el' expli cation,etcejenesai squoid'i rrductibl e 12 AVANT-PROPOS nousrvlepeut-trelavritablesituation le Cosmossituationqui ,nousnenouslasseronsJamaIsdelereptCl', n'est uniquement .histori que. Ainsi,t outens' occupantdesfaits etenayant soind'organiser,danslamesuredupOSSIbl e,sesdocumentsdansla perspectivehi storique- laseulequileurgaranti sseleurcaractre concret- l' histori endesreligionsnedoitpasoublierquelesph-nomnesauxquelsilaaffairervlent,ensomme,deslimitesdel'homme,etque cessituationsdemandent tre comprIses etrenduescomprhensibles.CetravaildedchilTrementdusens profonddesphnomnesreligieuxappartientdedroitl' historien desreligions.Certes,lepsychologue,lesociologue,l'ethnologue,mmelephilosopheoulethologienaurontleurmotA dire,chacun dans la perspective etavec la mthode qui luisont propres.Maisc'est l'historiendesreligionsquidiraleplusdechosesvalablessurle rait religieux en tant que (ait religieux - et non entant que fait psycho-logique,social,ethnique,philosophiqueoummethologique.Sur cepointprcis,l'historiendesreligionssedistinguegalementdu phnomnologuecarcederniers'interdit,enprincipe,lecomparaison:il seborne,devantteloutelphnomnerelIgieux,a l' approcher .etendeviner le sens,tandisque l'historiendesreli -gionsn'aboutitlacomprhemon....d ' unphnomneq:u' aprsl' avojr dmentcomparavecdesmilliersdephnomnessemblablOS-D.u diffrents,qu'aprsravoir situ parmi eux : etcesmiJJiersde phno-mnes sont spars entre euxaussibienpar l'espaceque par le temps. Pourunerai sonanalogue,l'historiendesre1igionsne sebornera pas simplement une typologie ouune morphologie desfaitsreligieux: ilsait bien que l' histoire. n'puise pas le contenu d' unfait religieux, maisiln'oubliepasnonplusquec'esttoujoursdansl' Histoire-ausenslargeduterme- qu' unfaitreli gieuxdveloppetousBes aspectsetrvletoutessessignifications.End' autrestermes,l'bis-toriendesreligionsutilisetouteslesmanifestationshistoriquesd'un phnomnereligieuxpourdcouvrirceque veut .dire .untelnomne:ils'attache,d'unepart,auconcrethIstorique,mais ll s'applique,d' autrepart,dchiffrercequ' unfai treligi euxrvlede traversl' histoire. 11n' est pas besoinde nousattarder sur cesquelquesconsidrations mthodologiquesjpour lesexposerconvenablement,ilnousraudrait beaucoup plus d'espace que n'en consent uneprface.nan-moinsquelemot hi stoire .porteparfoi sconrusion:car11 peut signifieraussibienJ'historiographie(J'acted'crirel' histoirede quelquechose)quepurementetsimplement ccquis'estpass1 danslemonde.Or,cette deuxime acceptiondut ermesedcompose elle-mmeenplusieursnuances:l'histoireausensdecequis'est passdanscertaineslimitesspati alesoutemporell es(hi stoi red' un certainpeupl e oud' une certaine poque),c' est-A-direl'histoired' une continuitoud' unestructurejmaisaussil' histoireausensgnral duterme,commedanslesexpressionsl' existencehi stori quede A.VANT-pnoPOS13 l'hommel,situationhistorique" momenthistorique"etc.,ou mmedansl'acceptionexistentialist edumot:l'hommeest. en situation "c'est--dire dansl' histoire. L' histoiredesreligionsn' estpastoujoursetncessairementl'his-torwgraphitdesreligions :carencrivantl' histoired'unereligion quelconque oud'unfait religieuxdonn (l e sacrifi cechezles Smites, lemythe d'Hracls,et c.),onn'est pastouj oursmme demontrer tout cequis'est pass, dans une perspective chronol ogique ; certes, onpeut lefaire si lesdocuments s'y prtent , maisonn' est pas oblig deCairedel' historiographiepour avoirlaprtentiond'crire de l' his-toiredesreligions.Lapol yvalenceduterme hi stoire, aCacilitici lesmalentendusentre leschercheurs; en ralit,c'est lesensphiloso-phiqueetgnrallafoisdel'histoire, quiconvientlemieux notrediscipline.Onraitdel'histoiredesreligionsdanslamesureo l'ons' appliquetudierlesCaitsreligieuxcommetels,c'est--SerrantCortlabranche,lecan-didattaitprtreprendre.onvolquandilentenditdenouveau unevoixhumaineluirvlantlesvertus mdicinale. des.ept plante. et luidonnant certainesinstructionsconcernant l' artdecham aniser. Mais,ajouta lavoix"jldevrait pousertroisCemme.(cequ'ilfit,par ailleurs,enpousant t'roi.orpheline. qu'il avait guriesde lavariole). Ensuite, ilarrivaprsd' unemersansfinettrouvaldeset sept pierres.Ce. derniresluiparlrent tour derle.LapremIre avaitdesdentscommelesdentsdel'oursetunecavitenformede corbeill e; elle lui rvla qu'elle tait la pierre de presse dela Terre: elle Ii iC'est--direqu'ilappritlesconnattreetlesgurir. 21Ell esluiontprobablementenseignchanter. aIl s'agit desanctresdesnations,quisetrouvent entrelesbranchesdel'Arbre duMonde,mythequenousrencontreronsaussiaill eurs(voirp.220sq). (4)Surlesymbolismedutambour=ArbreduMonde,etsurlesconsquences qu'ilcomportedanslatechniquechamanique,voirplusloin,p.1014sq. LeChamanisme4 50 MALADIESETRVESINITIATIQUES pesaitdetout sonpoidssurleschampspourqu'ilsnesoientpas emportsparlevent.Ladeuximeservaitfondrelefer.Ilresta sept jours prs de ces pierres et apprit dela sorte quoi elles pouvaient servir auxhumains. Lesdeuxguides,lasouriset l'hermine,leconduisirentensuiteSur unemontagnehauteet arrondie.Ilaperutuneouverturedevantlui et il danscavernetrslumineuse,couvertedeglaces,et au mlheu de laquelle Ilyavait quelque chosequi ressemblait un leu. Ilremarquadeuxfemmesnues,maiscouvertesdepoilscommedes (1).Il.obs,ervaensuitequ'aucunfeunebrlait,maisquela lumirevenaItdenhaut,paruneouverture.Unedesfemmeslui annonaqu'elletait enceinteet donneraitnaissancedeuxrennes: l' unserait l'animal sacrificiel (2)desDolganeset desEvenkes, l'autre celUIdesTavgy.Elleluidonnaaussiunpoilquiluiseraitprcieux lorsqu'ilseraitappelchamaniserpourlesrennes.L'autrefemme donnapareillementlejour deuxrennes,symbolesdesanimauxqui aideraient l'hommedanstous ses travaux et quiserviraient aussisa nourriture.Lacaverneavaitdeuxouvertures,vers leNordet vers ]e Sud .; parchacuned'eUeslesfemmesenvoyrentunjeune rennepour servIrauxgensdelalort(DolganesetEvenkes).Ladeuxime femme luidonna,eUeaussi,unpoil;lorsqu'ilchamaniseilsedirige .,, enesprIt,verscettecaverne. Ensuite, le .candidat arriva dans un dsert et, une grande distance, aperut au lornune montagne. Aprs trois jours demarche, il s'appro-cha,pntra parune ouverture et rencontra unhommenutravaillant avec soumet.Sur lefeusetrouvaitunechaudire. grandecomme lamOitIde la terre J.L'homme nu l'aperut et le saisit avec UDenor-me tenaille. 4: Je suis mort 1J,eut le temps de penser le novice. L'homme luicoupa la tte, luidivisa lecorpsenpetits morceauxet mit letout dans la chaudire.Il lui cuisit ainsi le corps pendant trois ans. Il y avait aUSSItrOISenclumesetl'hommenuforgeasattesurlatroisime cellequiservaitforgerlesmeilleurschamans.Iljeta ensuite la dans l'unedestroismarmitesquisetrouvaientletdontl'eautait la .plusIroide.Il lui cette occasionque, l'orsqu'on est appel SOIgnerquelqu'un, SIl'eau est trs chaude, ilestinutiledechamaniser car l'hommeestdj perdu;sil'eauest tideil est malade maisgu-rira;l'eaufroideest caractristiqued'unhom'mesain. Leforgeronrepchaensuitesesosqui flottaientdansun fleuveles remitensembleet lesrecouvritdechairs.Illescomptaet luiqu'ilpossdait troispicesentrop: il devraitdoncseprocurer trois costumesdechaman.Illuiforgealatteetluimontracomment lireleslettresquisetrouventdedans.Illuichangealesyeuxet c'estpourcelaque,lorsqu'ilchamanise, ilnevoitpasavecses yeux charnelsmaisaveccesyeuxmystiques.Illuiperalesoreilles,le rendantcapabledecomprendrelelangagedesplantes.Ensuite,le (1)Cesont desperson!1i,Ocations,de laMr:edes Animaux,tremythiquequijoueun grandrOledanslesrehglOns et Sibriennes. (2)C'est-direqu'ilseraitlaisslibreparlemalade. MALADIESETRtVESINITIATIQUES 51 candidatseretrouvasurlacimed'unemontagne,et enfinserveilla dans layourte,prsdessiens.Maintenant,ilpeut chanter et chama-niserindfiniment,sansjamais selatiguer (1). NousavonsreproduitcercitcausedeSODtonnanterichesse mythologiqueet religieuse.Sionavaitmislemmesoinrecueillir lesconfessionsd'autreschamanssibriens,ilestprobablequ'onne seraitjamaisrduitl'habituellelormule:lecandidat restauncer-tainnombredejoursdansl'inconscience,rvaqu'iltaitcoupen morceauxpar les espritset port aux Cieux,etc.Onvoit que l'extase initiatiquesuitdetrsprscertainsthmesexemplaires:lenovice rencontreplusieursfiguresdivines(laDamedesEaux,LeSeigneur desEnfersla Dame des Animaux) avant d'tre conduit par ses guides-,. animaux au Centre du Monde, sur le sommet de la Montagne CosmIque, osetrouvel'ArbreduMondeet leSeigneurUniversel;ilreoitde l'ArbreCosmiqueetdelapart duSeigneur lui-mmeleboispourse construireuntambour;destressemi-dmoniaquesluirvlentla natureetletraitementdetouteslesmaladies;enfin,d'autrestres dmoniaques lui coupent le corps en morceauxqu'ils cuisent et chan-gent contre desorganesmeilleurs. Chacun de ces lments du rcit initiatique est cohrent et s'encadre dansunsystmesymboliqueourituelbienconnudeJ'histoirede. religions.Surchacund'entreeuxnousauronsrevenir.L'ensemble constitueunevariantebienarticuleduthmeuniverseldelamort et delarsurrectionmystiqueducandidat par letruchementd'une descenteauxEnferset d'uneascensionauCiel. L'INITIATIONCHEZLESTONGOUSES,LESBOURIATES,ETC. Le mme schma initiatique se rencontre aussi chez d'autres peuples sibriens.LechamantongouseIvanTcholkoassurequ'unfutur chamandoittremalade,avoirlecorpscoupenmorceauxetque sonsangdoittre bupar lesmauvaisesprits(saargi).Ceux-ci- qui sont enralit lesmesdeschamans morts - lui jettent la ttedans unechaudireoonlalorgeavecd'autrespicesmtalliquesqui leront ensuite partie desoncostume rituel (2).Unautre cbaman ton-gouseracontequ'il at malade toute une anne.Pendant cetemps, ilchantaitpoursesentirmieux.Sesanctres-chamanssontvenuset l'ont initi: ils l'ont perc de flches jusqu' ce qu'il et perdu connais-sanceet lt tombterre; ilslui ont coup lachair,luiont arrach lesoset lesont compts;s'illui enavait manqu,iln'auraitpaspu devenirchaman.Durantcetteopration,ilrestauntentiersans manger ni boire (Ksnofontov, Legendy, p. 103; Schamanengeschichten, p.212-13). (1)LBIITI SALOpensequelerOlejouparleest secondaire dans les lgendes et, dansdesaffabulations cell equenousvenonsde citertralutunemfluencetrangre (Del"Todund d,eWu!' del"gebul't,p . .13).Enertet, lesrlationsent.relamtallurgieetlechamanismesontbeaucoupplusimportant.es danslamyt.hologieetlescroyancesbouriates.Voirplusloin,p.866sq. (2)KdNOFONTOV,utend".p.102;Scltamanengelehiehten,p.211. 52 MALADIESETn VESI NITIATIQUES BienquelesBouriatesaientdescrmoniespubliquesdecons-cration chamanique trs compl exes, ils connaissent aussi les maladies-rves, detypeinitiatique.Ksnofontovrapportelesexpriencesde MichailStepanov:celui-cisaitqu'avantdedevenir chamanlecan-didatdoittrelongtempsmalade ;lesmesdesl'entourentalors,letorturent,lefrappent ,luicoupentlecorps avec.un.couteau,etc.Durantcetteopration,lefuturchaman restemarum:safaceetsesmainssontbleuessoncurbat peine(Ksnofontov,Legeruly, p.101;Schamaneng;'chichten,p.208). un:utrechamanbouriate,BulagatBuchatcheyev,les esprIts des ancetresportent l'meducandidatdevantl'Assemble desSaaitans ,dans le Cieletc'estl qu'on l'inst.ruit. Aprs l'initiation on lui cuit lesenseignerl'art de chamaniser.C'est pen-dantcettetortureImtIatlquequelechamanresteseptjoursetsept comme Acetteoccasionlesparents(saufleifemmes) s approchentdelUIetchantent:Notrechamanressusciteetilva nousaider l ,Pendant que son corps estmorcel et cuit par les anctres aucun tranger ne peut le toucher (i bid., p. 101; Schamanengeschicluen; p.209-10). Les mmesexpriencesseretrouventailleurs(1).Unefemmetl-oute est devenue chamane aprs avoir vu, en vi siondes hommes incon-luicouperle,en morceaux etle cuire da'ns une marmite (2). D aprslestradItIOnsdeschamansaltalques,lesespritsdesanc-tresleurmangentlachair,leurboiventlesang,leur ouvrentle ventre,etc.(3).Lebaqakirghi ze-kazakaffirme : ,J 'aidansleciel cinq espritsquimecoupentavec40couteaux,mepiquentavec 40clous,etc.(4)., L'exprienceextatiquedumorcellement du corps suivid'un renou-vellementdesorganesestconnueaussidesEsquimaux.Ilsparlent d'unanimal(ours,chevaldemer,morse,etc.)quiblessele candidat, le dpce ouledvore;ensuite,une chairnouvelle croit autour de 8es osp. 20 sq.).Parfois, l'animal qui le torture devient l' esprit aUXIlIaIrememedufuturchaman(,bid.,p.21-22).D'habitude,ces casdevocationspontanesemanifest ent,sinonpar une maladiedu moinsparunaccidentsingulier(lutteavecunanimalmario,chute souslaglace,etc.)quiblessesrieusementlefuturchaman.Mai sla plupartdeschamansesquimauxcherchenteux-mmesl'initiation (1 ),cr.H. SCMmanentum,d41'ge8tclltamBeispiclduBCSCS8cntheiu_ pr,es/eTnortkuraslatuchu. Volker(Stuttgart ,1957) ,p.36 sq. (2) P.DYRE,rn',o.wA.cltopar V.1.PROPP,LeradicistorieMdeirauontidi(ate (Tunn, 1 .dltlonrussedatede1946),p.154.ChezlesBhaigaet lesGond,10 chamanprimordialdemandesesfils,sesfrresetsondisciplede(airebouillir soncorps dansunchaudronpendant douzeans; cf.R.RAil MANN',Shamanistcand Re16teclPMnomenainNOf'thunandMiddlel ndia(in .Anthropos.LIV1959 p.681-760) ,p.72627.Voi rd'autresexemplesdansH.F INDEISEN, p.52sq. (3)A.V.AI'IOCRI N,Afaurialy po "hamanstvuualtajuv,p. 1.31iLERTI SALODu Tod und dieWiedergdurt.p.18.' (4)W,RADLOV,ProbtnduYolksliUeratw'dertilrkischtnStmmeSild-Si birit118 V?1.IV1870),p. 60.;id., A usSibir:n . Lose Blul!1'aus dem Tagebuch eme.rel"endenLlngulsten,Il(Leipzig, p.65;LEHTISALO,op.cit., p.18. MALADI ESETRtVESINITIATIQUES 53 extatique et, au cours de cette initiation, ils subissent maintes preuves, parfoisbienprochesdumorcellement duchaman de Sibrie et d'Asie centrale.Enl'occurrence,il s'agit d'une expriencemystiquedemort etrsurrectionprovoquepar lacontemplationdesonpropresque-lette et surlaquelle nousaUonsrevenirtout l'heure. Pourl'instant, citons quelquesexpriencesinitiatiquesparalllesauxdocuments que nous venonsde passerenrevue. L ' INITIATIONDESMAGI CIENSAUSTRALIENS Lespremiersobservateursontattestdepuislongtempsquecer-tainesinitiationsdes australienscomportentlamort rituelle et le renouvellement des organes du candidat, action accomplie soit par des esprits soit par les mesdes morts. Ainsi, le colonelCollins (quipubliaitsesimpressionsen1798),rapportequechezlestrIhus dePort Jackson, ondevenaitsi ondormait sur unbeau . L'esprit du mort venait, leprenaitparlagorge,l' ouvrait,lui prenait les viscres, les remplaait et la plaie se fermait d'elle-mme, (1). Lestudesrcentesontpl einement confirm etcompltcesinfor-mations.D'aprslesrenseignementsdeHowitt,lesWotjoballuk pensent que c'est un tre surnaturel,Ngatya, qui consacre lemedicine man: il luiouvreleventreet yinsrelescri stauxderochequicon frentlapuissancemagique (2).Pourenfaireunmedicine-man,les Euahl ayiprocdent delafaonsuivante:il s portent lejeunehomme choisi dansuncimetire et lelaissent l,li,pendant plusieursnuits. Dsqu'ilresteseul,nombred'animaux(ontleurapparition,tou-chentetlchentlenophyte.Apparaltensuiteunhommeavecun bton ; illui enfonce le bton dans la tt e et dpose une pierre magique de lagrosseur d' un citrondanslaplaie.Surviennentalorslesesprits quientonnentdeschansonsmagiqueset initiatiques,pour l'instruire de cette faondans l'art de gurir (3). Chezles;autochtonesdeWarhurtonRanges(Australie occidentale), l'initiationa lieude lamanire suivante : l'aspirant pntre dansune caverne et deux hros totmiques (le chat sauvage etl' meu)letuent, luiouvrent le corps,enretirent lesorganesqu' il sremplacent pardes substancesmagiques.Ilsenlventaussil' omopl ateetletibia,qu' ils schent,et,avantdelesreplacer,ilslesfarcissentdesmmessub-stances.Durant cettepreuve,l'aspirant estsurveillpar sonmattre initiateur,quimaintientles(euxallumsetcontrlesesexpriences extatiques (4). (1)COLLINScitparA.W.HOWITT,TheNativeTribe.ofSouth-ElUeAu.tralia (London,19(4),p.405;voiraussiM.M:,-uss,L'ori,inede.pouoi,..magiqlU'dan. .ocitis(19011;repubhdansH.HUBERTetM.MAUSS,Milanle. d'histoiredesreligions,2' dition,Paris,1929, p,131-181). (2)A.W.OnAu.tralianMedicineMen.(1J ournal. orRoyal pologicallnsbtute., XVI, 1887,p.2358), p. ; ,d., The T"be. ofSouthEa, t Au,'ralia,p,13lK.LANCLOHPARKER,TheEuahlayiTribe(Londres,1905),p.25-26. A.P.ELK.IN,TheAustralianAborigine" 1938),p.223. 54 MALADIESET INITIATIQUES o Les Aruntatrois mthodes pour faire des medicine-men : 1par ],8S ou esprits.; 20 par lesETuncha(c'est-A-dire esprIts des.Eruncha des tempsmythiques Alchera); 30 par d Dans]epremierC8S,lecandidats'approche louvertur,edunecav,ern,e. etArriveunlruntariniaqui CJettesur unelanceIDV1sibleqmluicoupelanuque,traversela langue enfaIsantune large blessureet sort par la bouche. Lalangue duca?dldatresteperforepar lasuite;onpeut facilementymettre lepetItd?lgt.La deux:melanceluicoupelatteet lavictimesuc-combe.LIruntannta1 emporte l'intrieur de lacaverne,qu'ondit et ol'onsupposequeleslruntarinia viventdansune lumIre contmuelle et prs de sources fralches(en effet,c'estleparadis desAr,unta).Daoslacaverne,l'espritluiarrachelesorganes et lUIen remet d'autres,tout neufs.Le candidat revientA la vie quelquetemps,secomportecommeunfou.Les esprItsIrun.ta.nnta- quisontinvisiblespourlerestedeshumains, les med,ne-men -le portent ensuite dans son village. L'tiquette lm mterdlt deavant un an; si, entre-temps, l'ouverturefaite d.anslalangues estferme,lecandidatrenoncecarsesvertusma-gIquessontavoirdisparu.Durantcettepriodeilapprend .autresmedtctne-menlessecretsdu mtier,spcialement comment utlhser lesmorceauxdequartz(atnongara)(1)queleslruntarinia lui ont enfoncsdanslecorps(2). La defaireunmedicine-manressemblesensi-blement alapremIre,aveccettediffrencequelesErunchaaulieu d'emporterlecandidatdansunecaverne,l' entralnentavecsous laterre.Enfin, la troisimemthodecomporte unlongritueldansun heudsert .oledOitsouffrir,ensilence,l'oprationfait e deuxVIeux :ceux-ciluifrottentlecorpsavecdes cristaux derochede mamre corcher la peau,luipressent descris- sur le. cuir?hevelu,luipercentuntrousousl'ongledelamain dr.Olteet lUIpratiquent u:Deincisionsur la langue.Finalement,onlui faItsurlefrontundessmnommerunchilda,,la main dudiable, Erunchale mauvais esprit des Arunta. Sur le corps, on lui fait autre deSSIn, avec en son centre une lignenoirereprsentant l'Eruncha d'elle, des lignessymbolisant,semble-t-il,lescristaux ma-gIquesqu Ilportedanssoncorps.Aprscetteinitiationlecandidat est sou.mis un rgime spcial comportanttabous(3). I1pallurkna..unclbremagICIendelatribuUnmatjera,raconta Spencerque.lorsqu'ildevintmedicine-man,untrsvieux docteurvmtunJour lUIjeterquelquespierresatnongara(4)avecun (1)Sur cespierresmagiques,voirplusbas,note4. (2)B.SPENCERet .F.J.OILLBN,TMNativeT,.ibe.o{CentralAustrali6(Londres 1899),p.522sq.;Id.,TMArurtta.Astudyo{IJSUmeAgePeople(Londrest9'7)' vol.Il, p.391 sq.'4., (3)Th,!: Tribe.,p.526sq. ;TMA.runtIJ!II ,p.394sq. (t,,)atnongarasontdepetitscrIstauxqu'unm.edicine-manestcens pouvOI r sortir volontde son corps, dans lequel oncroitqu'ilssontrpart'sC't lapossessiondecesquidonnesonpouvoiraumedicine-mane:t OrLLZl'f,TheNortlul"nTnbe.o{CentralAWltralia(Londres,1904),p.480,note1). MALADIESETRVESINITIATIQUES55 lance-javelot. Quelques-unes de ,cesl'a,tteignirent lad'autres lui traversrent la tte dune oreille 1 autre et le turent. PUllS, levieillardluienlevatouslesorganes internes- l' intestin,lefoie,le cur et lespoumons- et le laissatendutoutela nuitsur lesol.Il revintlelendemain,leregardaet,aprsavoirplac pierres atnongaral'intrieurdesoncorps,desesbraset desesJambes,le couvritdefeuilles;puisil chantaau-dessusdesoncorpsjusqu'ce que celui-ci seft enfl.Ille munit ensuite d'organes neufs,. dposa en luibeaucoupd'autrespierresatMngara,et lUitap?ta latet.e,.ceqw leranimaet lefitsauLersursespieds.Alors,leVieuxmed/.Cme-man luifitboiredel'eauetmangerdelaviandecontenantdespierres atnongara.Lorsqu'il s'veilla,il ne savait pas o iltait:. J e .crois je suisdit-il.Mais,ayant regard autour de Il":Itlelardsescts,qui lui dit: Non,tu n'es pasperdu: Je t 'al tu IIya longtemps.,I1pailurknaavaittoutouhlidelui:mmeetdesavie passe. Le vieillard le ramena enswte au camp eLIUl montrasafemme, sa lubra: il avait tout oubli d'elle.Son retour si curieux et sont ementtrangefirentcomprendretoutdesuiteauxindignesqu'il tait devenumedicine-man (1).> ChezlesWarramunga,l'initiationsefaitparlesespritspuntidir, quisont lesquivalents deslruntarinia des Arunta.Un medicine-man racontaSpenceretGillenqu'ilavaittpoursuivipendantdeux jourspar deux esprits qui sedisaient tre sonpreet son La deuximenuit,cesespritss'approchrentdenouveaudelUIetle turent . Pendant qu'ilgisait l,mort,ilslui ouvrirent lecorpset en retirrentlesorganesqu' il sremplacrent,cependant,.pardenou: veaux ;finalement,il s dposrent dansson corpsun petit. serpent qUI lui confra lepouvoir demedicine-man> (The Northem Trtbes, p.484). Uneexprience similaire a lieu l'occasion la initiation desWarramungaqui,d'aprsSpenceretGIlIen(,bid.,p.485),est encoreplusmystrieuse.Lescandidatsdoiventmarcherourester deboutcontinuellementjusqu'cequ'ilss'effondrentextnuset inconscients.(C Alorsonouvreleurs flancs et,comme decoutume,on enlveleursorganesinternesqu'onremplacepardesnouveaux. Onleur introduit un serpent dans la tteet on leur perce lenezavec unobjetmagique(kupitja)quileurserviraplustardsoignerles malades.Cesobjets ont t fait s dans les t empsmythIquesAlchertnga parcertainsserpentstrspuissants(ibid.,p.486) . ChezlesBinbinga,lesmedtcme-mensontcenssetre. c.onsacrslesesprits Mundadji et Munkaninji (pre et fil s).Le magICIenKurkutJl racontacomment,pntrantunjour dansunecaverne,vieuxMundadjiquilesaisitaucouet letua.,MundadJlIUlouvrIt le corpsauniveau delataille, lui enleva leset, dp?-sant lessienspropresdanslecorpsdeKurkutJI,yajouta uncertam nombredepierressacres.Quandtoutcelafutfini,l'espritplus jeune,Munkaninji , s'approcha delui et luiredonna lavie; illuisigni-56MALADI ESETRtVESfiaqu' iltaitmaintenant medicine-man etluimontracomment arra-chef des08et dlivrerleshommesvictimes d' unmauvais 8ort.Aprs l' avoirfait monter jusqu'auciel,Ble r am6DQSUrterre, son camp, o onlepleurait, lesindignes croyant qu' iltaitmort .Il demeuralong-t emps dans un t at de st upeur,mais il revint.pet itpetit lui -mme i lesindignescomprirent alorsqu' iltait devenumedicine-man.Lors-qu' ilefTectueuneoprationmagique,l'espritMunkaninj i estcensse trouver prsdeluipour lesurveillersaos, naturellement,trevupar levulgai re.Lorsqu' ilarracheun08- oprationralisecommu-nment sous le couvert de la nuit - Kurkutji sucet out d'abord inten-smentl' endroitdel'estomacdupatient etenenl veunecertaine quantitdesang.EnsuiteilCaitdespa..es au-dessusducorps,lui donnedescoups depoing,lemartleetlesucejusqu'cequel'os en soit sorti ,puis lejettet out de suite, avant quelesassist antspui ssent s'en apercevoir, vers le li eu o Munkaninji estassis etd'oil surveille t outcalmement.AlorsKurkutji raconteaux indignesqu' ildoit all er demanderMunkaninjilapermissiondefai revoirl' os;aprs l'avoirobtenue,ils'envaversl'endroitoil enavaitprobabl ement dpos un auparavant, et s'en ret ourne avec lui .(ibid., p. 487-88). Danslat ribuMara,lat echniqueestpresqueidentique.Celuiqui dsiredevenirmedicine-manallumeunfeuetbrledelagraisse, at t irantdelasortedeuxesprits,Minungarra.Ceux-cis' approchent etencouragentlecandidat ,enl' assurantqu' il sneletuerontpas tout fait . En premier lieu, ils le rendent insensible et, comme d' habi-tude,ilsluiContuneent ailledans lecorpset luiretirentlesorganes qu'onremplaceensuiteparceuxd' undesesprits,Pui s,onlui redonnelavie,onluiditqu' ilestmaintenantmedicine- man, onluimontrecommentextrairedesosauxpatientsoulibrerles hommesdesortilges ; ilest ensuitetransport au ciel.Finalement , on l'enCait descendreetonleplacetout prsducamp,o.let rouvent sesamis qui le pleuraient ... Parmi les pouvoirs que possde un medicine-mandelatribu Mara,figure celuide grimperpendant lanui t,l' aide d' unecorde invisibl e aucommun desmortels,jusqu' au ciel, o il peut s'entreteniraveclesespritssidraux. (ibid.,p.488 isurd'autres aspectsdel'initiationdesmedicine-menaustraliens,voirplusloin, p.120sq.) . P ARALLLESA USTRALIE-SIBRIE-AMRIQUEDUSUD,ETC. Commenousvenonsdelevoir,l' analogieentrelesinitiationsdes chamanssibriensetcell esdesmedicine-menaustraliensestassez troite.Dans un cas comme dans l'autre,le candidat subit, delapart d' tressemi-divins oud' anctres,une opration qui comprend le dp-cementducorpset lerenouvellementdesorganesinterneset desos. Dansuncascommedansl'autre,cetteoprationalieudansun tenfer .oucomporteunedescenteauxenfers.Quantauxmorceaux dequar tz ouautresobjet smagiquesque lesesprits sontcenssint ro-MALADI ESETRtVESI NITI AT IQUES57 duire dans le corps du candidat australien (1), cett e pratique n'a qu' une importanceminimechezlesSibriens.En effet ,commenousl'avons vucen'estquerarementqu'onfaitallusiondesmorceauxdefer etobj etsmisfondredanslammechaudireol'onajet lesosetleschairsdufuturchaman.Uneautrediffrencespare laSibriedel' Australie :laplupartdeschamansysont ,choisis par lesesprits et lesdieux, t andis qu'en Australie lacarrire des .medi-cine-mensembl etreaussibienlersultatd' unequt evolontairede lapartducandidatqueceluid' une, lection .spontaneparles espritsetlestresdivins... ... D'aut re part, il Caut ajouterque lesmthodes IDltlatlquesdesmagI-ciensaustraliensneserduisentpasauxtypesquenousavonsCits (voirplusbas,p.120sq.).Bienquel'lmentimportantd' uneini-t iationsembl etrelemorcell ementducorpsetlasubstitut iond'or-ganesinternes,ilexist eencored'autresmoyensdeconsacrerun medicine-man : enpremierli eul'exprienceextatiqued' uneascen-sionauCie]incluantuneinstructiondelapartdestresclestes. Parfois,l' initiation comporte t out laCois ledpcementducandidat et sonascensionauCiel(nousvenonsde voirque c'estlecaschez les BinbingaetlesMara).Aill eurs,l'init iationseparfaitaucoursd' une descentemystiqueauxEnfers.Nousrencontronsgalementt ous cestypesd' initiation chez leschamansdeSibrieet . d' Asie Une symtriepareilleentredeuxgroupesdet echmquesmystIques, appartenantdespopulationsarchalquessiloignesdansl' espace, n'estpassansconsquencessur laplacequ'ilconvient d'accorderau chamanismedansl' histoiregnraledesreligions. Det outemanire,cetteanalogieentrel'AustralieetlaSibrie confirmesensiblementl' authenticitetl'anciennetdesritescha-maniquesd' initiation.L' importancedelacavernedansl'initiation dumedicine-manaustralienrenforceencorecesoupond'antiquit . Lerl edelacavernedanslesreligionspalolithiquessembleavoir t assez important (2).D'autrepart, la caverne et le labyrint he cont i-ooentderemplirunefonctiondepremierordredanslesritesd' ini-tiationd'autresculturesarchaques(comme,p.ex.,Malekula) i lesdeuxsontenefTet,dessymbolesconcretsd' unpassageversl'au-,. tre monde,d'une descente auxEnfers. D'aprs lespremi ers renseigne-mentsqu' onaeussurleschamansAraucanduChili ,ceux-cirali-saientleurinitiationdansdescavernessouventdcoresdettes d'animaux(3). (1)Sur l'importanceaccordeparlescristaux de roche, voirplusbas,p.122sq.Cescr5taux sont du.parlest tresSu prmesou dtachs des trnes clestes de ces divlntts; 1Is parllClper.t par consquent larorcemagieo religieuseouranienne,., (2)Voiren der nier lieuO.R.l'he of Horn.Astudyof tMconu p ,ion.oflM andIMlrupon thought. (Lo,ndres,spcialementp.46sq.,50sq.,151sq.;J .MARINGER,\ZuriChetCologne,1956).p.148sq. 3)A.M t TI\A. UX,Le araucanIl RevistadeiInslitutodeAntropologia de laUniversidadnacionaldeTucuman ., l, 10,T.ucumn, 1942!,P.309-62),P. ' 313. En Australie aussi il existe descavernes peintes, malSelles &Ont utiliSespour dautres 58 MALADIESET INITIATIQUES deSmithSound,l'aspirantdoits'approcher, de.d une etmarcherdroit devantluidansle noIr. S il est prdestm devemr chaman il pntrera directement dans unecaverne,smonil 8ecogneracontrela roche.Dsqu' ilest entr la caverne seferme derrire luiet nes'ouvre denouveauquequelqu 1 temps LecandidatdoitprofiterdecetterouverturesortIr, autrement,ilderester enferm pour toujoursdans (1).LescavernesJouentaussiunrleimportant dansl'ini. ttatJOD..deschamansnord-amricains;c'estlquelesaspirantsont leurs reveset rencontrent leursesprits auxiliaires(2). D'autrepart,ilimportedemettredsmaintenantenvidence lesp.arallles qu'onpeuttrouverailleurslacroyancodansl' intro-duotlOndecrIstauxderoohedans lecorpsducandidat par lesesprits etles OnrencontrecettecroyancechezlesSemangde Malaoca(3):Matselleestdescaractristiques les plus marquantes duchamamsmesud-amrICaIn.(1 LechamanCabenointroduitdans lattedunovicedesc.ristauxderochequiluirongentlecerveauet lesyeuxpour substttuercesorganesetdevenirsa,force,(4). Ailleurs,lescrIstauxderochesymbolisentlesespritsauxiliairesdu (Mtraux,ibid ...p.210).Engnral,pourles:ohamansde 1 AmrIque. du SudtropIcale,laforcemagiqueest conortiseenune substance guelesmaUrespassentauxnovices,parfoisde (,bid.,p.214) . Entre lasubstance magique, masse IDv,slblemaIStangIble,et lesflches,pines,cristauxderochedont lechaman est farci , iln'y apasdiffrencedenature.Cesobj etsmat-flahsent la force du chaman, laquell e,dansdenombreusestribus,est conuesous forme. vagueettantsoitpeuabstraite d'une substance,(,bid.,p. 215;of.Webster,Magic,p.20sq.). Cetr.alt qUi rehe lechamanisme sud-amricain lamagie australienneestImportant.Nousallonsvoirdansuninstantqu' il n' est pasleseul(5) . Austade !lctueldenosconnaissances,il estmal aisdeprcisersilescavernes del'AfriqueduSudont ser vijadispourdescrmOniesd'initiationchama-mques; v.L EVY,TheGaleof Horn,p.38-39. (}lNA. L.KR.OEBRa,TheEskimo of Smith Sound(Bulletinofthe AmericanMuseum aa1uralHlstory,.1899,p.303 sq.),p.307. Le .motif desportes qui s'ouvrent .seule.ment pour lesImtl!J.etne restent ouvertesque peu de t empses t assez frquent dansleslgendeschamanlques13.1 au.tres;voirplusloh,p.371. (21 WILLARDZ .PARK,Shamanlsm,.nWesternNorthAmerica,p.27sq. (3P. SClIEBBSTA,$ Pygm,(Parls, 1940),p. 154. Cf.aussi Ivor EVANSSchebesta inSacerdo.Therapyof tk Semangs(i n .JournaloftheRoyal .,1930,p.t15-25), 119 : le hala,lemedicinemandesSemang,traite 1 descristaux quartz,qUIpeuventtreobtenusdirectement desCenoy.Ces dern!ers sont desesprits clestes.Ils parfoisaussidans lescristaux et,dans ce C3JJ!ils sont a.uxordres duhala;avecaide,lehala voit dans les cristauxle malqui lepatientet,d.ummecour'iltrouvelemoyendeJegurir.Remarquons 1des (Cenoi:ellenousindiquedjlasourcedespouvoirs dumed'c&ne-man. VOIrplus1010,p.122. (4)A.MTRAUX,3kamanismeche::lesInditmsd"l'AmriqueduSudtropicali1 216., (5)Surleproblme.desrelationsentrel'Australieetl'AmriqueduSud v.W.KOPP!!:Rs,Dit:Fracee"entuelli1,.aU",.KulturbeJehungen::wischenSada.h' und(.ProceedingsXXIIIInter.Congressof .a Ne" York,1928,lb,d.,NewYork,1980,p.678-686).cr.aUSli P. RIYU, Le. Melano: MALADIESETatvEsINITIATIQUES 59 DtPCEMENTI NITI ATI QUEENAMtRIQUEDUNORDETDUSUD, ENAFRIQUEETENINDONtSIE En effet,aussibienlavocationspontanequelaquteinitiatique impliquent,enAmriqueduSudcommeenAustralieouenSibrie, soitune maladiemyst rieuse,soit unrituelplus ou moins symbolique demortmystique,suggreparfoisparunmorcellementducorps etunrenouvellementdesorganes. Chez les Arauoan, le cboixsemanifeste gnralement par une mala-die soudaine : la jeune personnetombe comme morte. et, quand ene retrouvesesforces,dclarequ'elledeviendramachi(1).Unefillede pcheursraconta auP.Housse: Jeramassaisdescoquillagesparmi lesrcifs,quandje sentiscommeunchoc sur la poitrine,et une voix dudedans,trsnette,medit: Fais-toimachilC'estmavolont l , Enmmetemps,deviolentesdouleursd'entraillesmefirentperdre laconscience.C'taitvidemmentleNgenechen,ledominateurdes hommes,quidescendaitenmoi .(Mtraux,Le shamanismea-raucan, p.316). Engnral,commeleremarquejustetitreMtraux,lamort symboliqueduchamanestsuggrepar lesvanouissementsprolon-gsetparlesommeillthargiqueducandidat(2).Lesnophytes Yamanadela TerredeFeuscfrottentlevisagejusqu'cequ'appa-raisse unedeuxime et mmeunetroisime peau, la peau nouvelle &,visibl eseulementauxinitis(3) .ChezlesBakairi,lesTupi-Imbaet lesCarabes,la mort,(parlesucdetabac)etla rsurrection, ducandidatsontformellementattestes(4).Durant laftedecons-cration du.chaman araucan, les maltres et les nophytes marchent pieds nus sur lefeu sans sebrl er et sans que leurs vtements prennent feu. Onlesvoyait aussis'arracherlenezoulesyeux. L'initiateurfai sait croireauxprofanesqu'ils'arrachaitlalangueetlesyeuxpourles ohanger contre ceux de l'initi. Ille transperait aussi d'une baguette qui ,entrepar leventre,luisortaitpar l' chinesans efTusion desang PolynisieruetlesAustraliensenAmrique XX,t 925,p.5t -54 rapprochements linguistiquesentre P\ltagons et Australiens,p. 52) . Cf.aussiplus bas p.120sq. !1)A.IH TRAUX,Leshamansmearaucan,p.315.

u,hamani,m",he./"lndi,n,("Am"iqU4duSud'''pi.."" 3)M.GUSI NDF.,Unecoled'hommes-mdecineCM::lesYamanasde TerredeFe." RevueCiba"no60,aoOt19'.1,p.2159-2162),p.2162:L'anCiennepeaudOIt isparaltreetfaireplaceunonouvellecouchedlicateettranslucide.Silespre-miressemainesdefrottementetdepeinturel'ontenfinrendueappareille- du moinsselonl'imaginationetleshallucinationsdesyhamush(:c-lhomme-mdecine) expriments - les vicux initis n'prouventplus aucun doute l'gard des capacits du candidat.Ds cemoment,ildoit redoublerdezle et trotter I.oujours dlicatement sesjouesjusqu'cequ'unctroisimepeauencoreplusfineetdlicatesurvienne; elleestalorssisensiblequ'onnepeutl'emourersanscauserdeviolentesdouleurs. Lorsguel' lvoan[lulementatteint cestade,l'instructionhabituelle,tellequepeul l'oftrlrLoima-Ykamush. esttermine . (4)IdaL UBLINSI.I,De,.MedizinmannbtidenNruu,.,,61ke,.nSiJdame,.iktU(.Zeit BchrirtfrEthnologi e.,vol.52-53,1920-1921,p.p.sq. 60MALADIESETRt VESINITIATI QUES nidouleurHistoriageneraldeiRegnadeChile,t.J,p.168) . Les chamans Lobyeoivent en pleine poitrine une baguette qui pntre eneuxcommeuneballedefusil .(1). Destraitssimilairessontattestsdanslechamanismenord-amri-cain.Les initiateurs Maidu placent lescandidats dans une fossepleine demdecinet) et les tuent avecune 41 mdecine-poison ; la suite decetteinitiation,lesnophytes deviennent capables de tenir dans les mains,sans seCaire demal,despierresrougiesaufeu(2).L'initiation danslasocitchamanique41 GhostceremonydesPorno comporte lat orture,lamortetlarsurrectiondesnophytes ;ceux-ci gisent terrecommedescadavresetsontcouvertsdepaill e.Lemme rituelserencontrecbezlesYuki ,lesHuchnometlesMiwokdela cte(3) .L'ensembledescrmoniesinitiatiquesdeschamansPorno delacteportelenomsignifi catifdet aillade(4).Chezles RiverPatwin,l'aspirantlasocitKuksuestcensavoirl'om-bilictranspercavecunelanceetunefl cheparKuksului -mmei iltrpasseetest ressuscitpar unchaman(5).LeschamansLuiseno se tuent l' unl'autreavecdesfl ches. ChezJesTlingit,lapremire possessiond'uncandidat-chamansemanifesteparunetransequi leterrasse.LenophyteMenominiest. lapid> avecdesobjetsma-giquesparl'initiateur;ilestensuiteressuscit(6).Inutiled'ajouter qu'unpeupartoutenAmriqueduNordlesritesd' initiationdes socitssecrtes (chamaniques ounon)comportent lerituel de la mort et delarsurrectionducandidat(Loeb.op. cit.,p.266sq.). Le mme symbolisme de la mort et de la rsurrection mystiques, sous laformesoitdemaladiesmystrieuses,soitdecrmoniesd'initia-tionschamaniques,seretrouve ailleurs.ChezlesSoudanais desMonts Nuba,lapremireconscrationinitiatiques'appelle tte"etl'on racontequ' onouvrelattedunovicepourquel' espritpui sse entrert(7) .Maisonconnaitaussilesinitiationsparvoiederves chamani quesoud'accidentssinguliers.Par exemple,unchamaneut, versl' gede30 ans,unesriedervessignificatifs:ilrvad'unche-valrougeauventreblanc,d'unlopardquiluiposaitlapatte sur l'paule,d'unserpent qui le mordit - ettous ces animaux jouent rleimportantdanslesrveschamaniques.Peudetempsaprs, ilcommenat outcouptrembler,perditconscienceetsemit (1)A.MiTuux, Le shamaniBmeal'aucan,p.9t 9-314..Lors de l'initiationdu chaman Warrau,onannonaitsamort .Ii grands cris;MiTRAUX,Leshamani.mechezle. Indiens de l' Amrique du Sud tl'opicale, p.339. (2)E.W.GIHORD,SouthernMaidureli&ioUlceremonie.(.AmericanAnthropo-IOfst.,vol.29,nO3,. 1927,{> p.24".... ... (3E.M.Lo n,Tl'lbalIn&tl alwnandSecl'erSocaetlU(Urnv.ofCahformaPubli-cationsinAmericanArchaeologyandEthnology,XXV,3,p.249-88,Berkeley, '9291.p.267.

Lon, op.cil.,p.268. 5)Lou,ibid.,p.269. 6)ConstanceGoddardDUBOIS,TheReligionoftheLuiserl 0Indiant(Univ.oC alilorniaPubl.iryArchaeologyand:Ethnology,VIlI,1908),p.81 ; SWANTON,TheThngl t/ ndlafUfAnnualReport, ofAmericanEthnology, vol.26, 1908),p.466; Lou, op. Clt.,p. 270-278.Cr.aussI plus bas,p.254sq. (7)S.F.N ADU,AStudyofShamanismintheNubaMourHain.,p.28. MALADIESETRtVESINITIATIQUES61 prophtiser.C'tait le premiersigne de l' lection "mais ilattendit 12ansavantd'treconsacrKujur.Unautrechamann'eutpasde rvesmais,unenuit,sacabanefutfrappede foudreet il .resta commemortpendantdeux(Nadel,of'co'"p.28;29) . .. UnsorcieramazuluraconteasesamISqu Ilarevqu unerIVIre l'emportait.Il rvedediffrenteschoses.Soncorpsestaffaiblietil esthantderves.Il rvedenombreuseschosesetsonrvellil ditsesamis:Moncorpsestbrisauj ourd' hui .J' airvquede nombreusespersonnes taient en de me J e me suis chapp, je ne sais trop comment. A monrveilune partIe de corps prou-vait des sensations difTrentes de l' autre. Mon corps n' taIt plus partout lemme(1) . Rvemaladieoucrmonied'initiation,l'lmentcentralreste lemme:mortetrsurrectionsymboliquesdu nophyte, comportantunmorcellementducorpsexcutsousdiversesformes (dpcement,taillade,ouvertureduventre,et c.) .Dansles.exemples qui vont suivre,la misemort du candIdat par lesmaUresIDltlateurs estencoreplusclairementindique... Voicilapremirephased'uneinitiationdemedtcme-man kula (2): Un Bwili deLol-narong reut la visite du fil s de sa sur qul luidit :,- J edsirequetumedonnesquelquechose.,LeBWllt dit: ,_As-turemplilesconditions ? - Oui,jelesairemplies., Ilditencore: - N' as-tupascouchavecunefemme?Leneveu rpond : ,_ Non. 'Le Bwili dit: .-C'est bien . lldit alors son neveu: _Viensici.Couche-toi sur cettefeUlne. ,Le l eunehomme secou-chasurelle.LeBwilisefituncouteaudebambou.Il coupalebras dujeunehommeet leplaasurdeuxfeuilles.Il ritde,sonneveuet celui-cirponditparunclatdem e.JIcoupaalors1 autrebraset leplaa sur lesfeuillesauprs du premier .. JIrevmt et lesdeux JIcoupaunejambelahauteurdelaCUIsseet 11 laplaa des bras. Il revint etil rit ainsique lejeune homme.11coupaalors1 autre jambeetl'tenditauprsdelapremire. Il revintetrit.Leneveu riaittoujours.Enfiniltranchalat teetillatmtdevant lUI.Il rIt etlatteaussiriait.JIremitensuitelat tesaplace.JIreprItles bras etlesjambesqu' ilavait enlevset il lesremit en place. ,La Sut te decettecrmonieinitiatiquecomprendlatransformatIOn dumaltreetdudiscipleenpoule,symbolebienconnudela,PUIS-sancede voler .deschamans et dessorciers en gnral,et sur laquelle nousauronsrevenir. SelonunetraditiondesPapousKiwai,unenuit,unhommefut tuparunaboro(espritd1unmort)jcedernier!ui tousles.os etlesremplaapar.desosd'O?oro. 1le l'hommetaitpareIlauxesprIts,c est--dlrequ IltaItdevenu (1 )CanonC,uLAWAY, l!eligio./U .S.ysm of tMAmaJulu(Natal , 1870),p. 259sq., cilfarP.RADIN,lA religionprlmltl."e(tra4fr.,19li1),p.10li.. . (2)W.Lu UD,Malehula:Fl yln gTl'lcksters,GJwsts,Codlp.507.Nous utilisonsla traductionde M TR AUX(P.RADIN,LaReli gionprunil UJe , p.99sql 62MALADIESETntvEsINITIATI QUES chaman.L'oboroluidonnaunosaveclequelilpouvaitappelerles esprits(1). ChezlesDayakdeBorno,l'initiationdumanang (chaman) com-portetroiscrmoniesdiffrentes,correspondant aux Lrois degrs du chamanismedayak.Lepremierdegr,besudi(vocablequisignifi e, parat til, palper,toucher '), estaussileplus lmentaire et s'ohtient moyennanttrspeud'argent.Lecandidatgt,commeunmalade, sur la vranda et lesautres manang luifontdespassesdurant la nuit entire.Onsupposequ'onluienseignedecettemanirecommentle futurchamanpourradcouvrirlesmaladiesetlesremdesparla palpationdu patient.(Il n' est pas excluqu' cetteoccasionlesvieux maUresintroduisent la forceItmagiquedanslecorpsducandidat souslaformedepetitscaill ouxoud'autresobjets.) La deuximecrmonie,beklili (. ouverture '), est pluscomplique et revt un caractrenettementchamanique. Aprsunenuit d'incan-tations,lesvieuxmanangconduisentlenophytedansunechambre isolepar des rideaux . L,d'aprscequ' ils affirment, ils luicoupent la t te et lui enlvent lecerveau; aprs l'avoir lav,ils le remettent en placeafindedonneraucandidatuneintelligencelimpidepourpou-voirpntrerlesmystres desmauvais esprits et desmaladies; ils lui insrent ensuite del'or dans les yeux afindelui donnerune vue assez pntrantepour tre capabledevoir l'me oqu'ellepuisse setrou-ver gareet vagabonde;ils luiplantent descrochets dentsaubout desdoigts pour lerendre capahl ede capt urer l'me et de la tenir forte-ment;enfin,ilsluipercentlecurd'uneflchepourlerendre compatissantetpleindesympathiepourceuxquisontmaladeset souffrent(2) . Bienentendu,lacrmonieestsymbolique;onlni metunenoixdecocosur lat teet on labriseensuite,etc.Ilexiste encoreunetroisimecrmoniequiparfaitl'initiationchamanique, et quicomprendun voyageextatique au Cielsur unecheUe ritueUe. Nousreviendronssurcetteultimecrmoniedansunchapitreult-rieur (p.113sq.). Comme on levoit,onest enprsenced'unecrmoniesymbolisant la mort et larsurrectiondu candidat.La substit ution desviscresse faitd'unemanirerituellequin'implique pasncessairementl' exp-rienceextatiquedurve,delamaladieoudelafolieprovisoiredes candidatsaustraliensousibriens.Lajustificationqu'ondonnedu renouvellement des organes(confrerune meilleure vision, la tendresse decur,etc.)trahit- sieUeestauthentique- l'oublidusens originaldurite. (1)G.LANDTMAN,TheKi.waiPapuaTUofBritishNewGuinea(Londres,1927), 32S.J (2)H.LingROTHTMNati(le,o(SarawakandB,.itishNorthBonuo(Londres, 1896),l ,p.280-281,encitant lesobservationspubliespar l'ArchdeaconJ .Porham, dansle.JournaloftheStraitsBrandlofAsiaticSocietyJ,19,1887.Cf.aussi L.NVUAI:,ReliriolURite.and ClUwm.o( tM[ban0,.Dvalcso( Sarawak(i n. An .. thropos"l, 1906,p.1.1-23,165-8",403-25/,p.173sq.; E.li. 00MB8,Year. amon&,tluSeaDlIak,o( Bomeo(Philade phia,1911),p.178sq.;etlemythedu dmembrementduchamanprimordialchezlesNodoraGond,inV.ELWIl'I,Mye'" Df Middk 11lllia(Londrea,19f,,9),p.450. MALADIESETRVESINITIATIQUES63 INITIATIONSDESCHAMANSESQUIMAUX ChezlesEsquimaux Ammasilik,cen'estpasledisciple. quise pr-sentedevantlevieuxangakok(plurielangakut)pouretrelmtl ; c'estlechamanluimmequilechoisit,dsl'geleplustendre(1). Celui-cidistingueparmi lesgarons(de68ans)ce.uxqu' iljuge les mieuxdouspourl'initiation, afinquelaconnaIssance,deshautspouvoirsexistantspuissetrepourles futures ,(Thalbitzer,TheHeatkenPnests,p:.454) . .' Seulesmes spcialement doues,desrveurs,des VISIOnnaIresdiSpositiOns hystriques,peuvent .trechoisis.Unvieilangakoktrouveunlve et l'enseignement a lieudans leplus profond mystre, lolOdela hutte, danslamontagne(2).L'angakokluienseignecomment seretirer danslasolitudeauprsd' unevieilletombe,aubordd'unlac, et, l, ,' Al frotterunepierresuruneautreenattendant1 vnement.ors l'oursdulacouduglacierdel'intrieursortira,ildvoreratoutela chairet feradetoiunsquelette,ettumourras.Mais turetrouveras tachairtut erveillerasett esvtementsvolerontverstoi(3). Chezles'EsquimauxduLabrador,c'estleGrandEsprit lui-mme, Torngarsoak,quiapparatBOUSlaformed' un oursblanc, etdvorel'aspirant(Weyer,op.cit.,p.429).Dans1 ouest duGroen-land,quandl'espritapparat,lecandidatreste morttroisjours (ibid.). Us'agit,bienentendu,d' uneexprienceextatiquede etde rsurrectionrituelles,pendant laquelle le garonperdconSCiencepour quelquetemps.Quantlarductiondudiscipleensqueletteet sonrecouvrementultrieurd'unenouvellechair,c'estlunenote spcifiquedel'initiationesquimaudequenousretrouveronstout l' heure, en tudiant uneautre technique mystique.Le nophyte frotte sespierresl'tentier,et durant?tsjusqu'aumomentoilobtIentsesauxIhaIresTheHeatltenPriests,p.454;Weyer,op.e,t.,p.429);malSchaque saisonilchercheunnouveaumaUrepourlargirsesexpriences (carchaqueangakokestspcialisted' unecertainet echnique)et seconstituerunetrouped'esprits(Thalbitzer,LesMag,aens,p.78). Pendantqu' ilfrottelespierres,ilestsoumisdiffrentstabous(4). Unangakokinstruit 5ou 6discipleslafoi s(Thalbitzer,LesM ag'-(1 )W.THALBITZ ER,T iuHeathenp,.iest. o(E4!fe(angakUl)(XVI.Inter nationalenAmerikanisten-Kongresses,1908,Vlenne-Lelpzlg,1910,Il,p.f"ft7-4.64.), p.4S2sq..dJ.J.'" (2)W.THALBtTZER,LesMagicunsesquimaux!ku!,sCOncephOTUumonue, .ueume etdela(lie(_JournaldelaSocitdesAmrlcamstes."N.S. , 1930, p.13.106).p.77.cr.aussiE.M.WEYER,Jr.,TheEshmos:TheIl'En(llronflUnland. Folkways(NewHaven,1932!o.p.428.... (3)W.THALBITZF,R, LesMaglcltns esqutmaux,p.78; Id., TheIleatMn Prlests, p. 454. (4)TIIALBITZER,T MHeathenPrults,p.454.Partout danslemonde,et ordre qu'elle soit, l'initiationincJut un certain nombredetabous. Il serait:fasttdleux de rappelerl'normemorphologiedecesinterditsquisont,ensomme,sansintrt directpour nosrecherches. VoirH. WBBSTBR,Taboo. A.ociolotical.tudy,(Stanford, 1942),spcialementp.213-76. 64MALADIESETRtVESINITIATIQUES ciens,p.79)etilestpaypourleurinstruction(id.,TheHeatken Priests,p.454 ;Weyer,p.433-434)(1). ChezlesEsquimaux19lulik,leschosessemblenttrediffrentes. Quand un jeune homme ouune jeune femme dsirent devenir chamans, ilsseprsententavecuncadeaudevantlematrequ'il sontchoisi etdclarent : J evienscheztoiparcequej edsirevoir. Lesoir mme,lechamaninterrogeses espritsafind' carter tous lesobst a-cles. Lecandidatetsafamilleprocdent ensuite laconfessiondes pchs(infractionsaux t abous, et c.)et , ce faisant, sepurifient devant lesesprits.Laprioded' instructionn'estpaslongue,surtoutlors-qu'ils'agitdeshommes.EUepeut mmenepasdpassercinqjours. Mais ilestentenduque le candidatpoursuivra sa prparation dans la solitude.L' instructionali eulematin,midi ,lesoiretpendantla nuit.Durantcettepriode,lecandidatmangetrspeuetsafamill e ne participepasla chasse(2). L' initiationproprement ditedbutepar uneoprationsur laquelle noussommesassezmalrenseigns.Desyeux,ducerveauetdesen-trailles dudisciple,le vieilangakokextraitson me l),afinqueles espritsconnaissentcequ'ilyademeilleurdanslefuturchaman (Rasmussen, op.cit.,p. 112). A lasuite de cette . extraction del' me., lecandidatdevientcapablederetirerlui-mmel'espritdesoncorps etd'entreprendrelesgrandsvoyagesmystiquestraversl'espace etlesprofondeursdelamer(ibid. ,p.113).Ilsepeutquecettemys-t rieuseoprationressemble enquelque sorte aux t echniquesdes cha-mansaustraliensquenousavonstudiesplushaut.Entoutcas, l' extractiondel'me desentraillescamouflemalun renouvelle-ment desorganesinternes. Ensuite,lemaUreluiprocurel'angakoq,appelaussiqaumaneq, c'est--dire son clair J) ouson illumination 1),car l'angakoq consiste ..enunelumiremyst rieusequelechamansent soudainement dans soncorps,l'intrieur desa t te, au cur mme du cerveau, un inex-plicablephare,unfeulumineux,quilerendcapabledevoirdansle noir,aupropreaussibienqu'aufi gur,carmaintenantilrussit, mmelesyeuxclos,voirtraverslest nbresetapercevoirdes chosesetdesvnementsfuturscachsauxautreshumains ;ilpeut delasorteconnat reaussibienl' avenirquelessecretsdesautres* (Rasmussen, op.cit. ,p.112) . Le candidatobtient cette lumire mystique aprsdelongues heures (1 )Surl' instructiondesaspirants,voiraussiSTEFA NSSON,T MMaclceruieEslcimo (,delacorde, dupont,etc.).Lemmesymbolismeascensionnelestattestpar la corde(= Pont)quirelielesbouleauxet sur laquellesontsuspendus desrubansdediversescouleurs(=lesrayonsdel'Are-en-Ciel,les diffrentesrgionsclestes).Cesthmesmythiquesetcesrituels, bienquespcifiquesdesreligionssibriennes et altaques,nesont pas exclusivement propres cescultures, leur aire dediffusion dpassant, etdebeaucoup,leCentreetleNord-Estdel'Asie.Onsedemande mme siun rituelaussicomplexequel'initiationduchaman bouriate pourraittreunecrationindpendantecar,ainsiqu'UnoHarva l'a observ ilyadj un quart desicle,l' initiation bouriate rappelle trangementcertainescrmoniesdesmystresmithriaques.Lecan-didat,torsenu,estpurifiparlesangd'unboucqu'onimmolepar-foisau-dessus desa tte; en certains lieux,il doit mme boire du sang del' animalsacrifi(cf.Harva(Holmberg),DerBaumdesLebens, p.140sq.;DiereligiOsenVorslellungen,p.492sq.),crmoniequi ressembleautaurobolwn,leriteprincipaldesmystresde Mithra(1). Et,danslesmmesmystres,onutilisait une chelle(climax)sept chelons,chaque chelontant fait d' un mtal diffrent. D'aprs Celse (Origne,ContraCelsum,VI,22),lepremierchelontait deplomb (correspondantau ciel, dela plante Saturne), ledeuximed'tain (Vnus),letroisimedebronze(Jupiter), lequatrime defer(Mer-cure),lecinquimed' alliagemontaire(Mars), le siximed'argent (la lune), le septime d'or (le soleil). Le huitime chelon, nous dij.Celse, reprsentaitlasphredestoilesfixes.Engravissant cett chelle crmonielle,l'initiparcouraiteffectivement les septcieux"s'le-vant ainsi jusqu' l'Empyre (2).Si on tient compte des autres lments iraniensprsents,BOUSuneformeplusoumoinsdfigure,dans les (1)AuIl'sicledenotre re,PRUDENCE(Pel' sreph.,X,1011sq.)dcrit cerituelen IasonaveclesmystresdelaMagnaMater,maisil yadesraIsonsdecroireque JetaurobolionphrygienatempruntauxPersans;cf.Fr.CUMONT,Lesreligions orientalesdanslepaganismeromain(ald.,Paris,1929),p.6asq.,229sq. (2)Sur J'ascensionauCielpardesmarches,chelles,montagnes,etc.,cf.A. RICH,EineMithrasliturgie(21d.,Leipzig-Berlin,aux est assoz rpandu, spcialement en Amrique du Nord: v. Stith THOM l'SON, Motif-Index,voLIII,p.10,38 1.Encoreplusfrquentestlemotifd'unere-oiseau qui,marieunhumain,prend.sonvoldsqu'ellerussit s'emparerdelaplume gardeparsonCt..U.HARVA( HOLMBERG) ,Finno-Utric[and] [Mythology],p.50'1.VOIraUSSIlalgende de la chamanebouriate qui s'lve sur sonchevalmagiqueft huitpattes,plusbas,p.365. 12)KaiDONNER,Beitriige::urFragenachde'"UrBprUntderJenssei-Osljalr.erl JournaldelaSocitFinno-Ougrienne "XXXVIII,l,1928,p.1-21),p.15; id., EthnologicalNotesabout1114 YenisseyOstyah,p.80.Dernirementcetauteur semble avoirchangd'avis;cr.LaSibrie,p.228.' 138LESYMBOLI SMEDUCOSTUME rest epasdedoutepossibl eque,dans beaucoupdecns,onaenvue ]a reprsentati ond' unsqueletted'homme.Findeisen(DerJflfenschund seineTeile,fi g.39) reproduit un objet enrer imitant admirabl ement le tibiahumain (Berliner MuseumfrVolkerkunde). Quoiqu' ilensoit,lesdeuxhypothsesseramnentaulondla mme idefondamentale : en s'efforant d'imiter le squelette, d' homme oud'oiseau,lecost umechamaniqueproclamelestatutspcialde celuiqui le revt, c'est--dire de quelqu' un qui est mort et est ressuscit. Onavuque,chezlesYakoutes,lesBouriatesetd'autrespeuples sibri ens,leschamans sont censs avoir t tus par lesesprits de leurs anctres, qui , aprs avoir .cuit l Ieurs corps,en ont compt les os qu' il s ontrepl acsenlesreliantpardeslersetenlesenveloppantd' une chairnouvelle(1).Or,chezlespeupl eschasseurs,lesosreprsentent la sourceultime de la vie,aussi biende lavie de l'homme que decell e de l'animal, source partir de laquelle l'espce se reconstitue souhait. C'estpourcetteraisonquelesosdugibiernesontpasbriss,mais recuei1lis avec soin et disposs suivant la cout ume, c'est--dire enterrs, dposssurdesplates Iormesoudanslesarbres,jet sdansla mer, etc. (2). De cepoint de vue, l' enterrement des animaux suit exact e-ment la mani re de disposer des humains (Harva, Die religiosen Vorstel-lungen,p.440-4111)car,pour lesuns commepour lesautres, l' .me rsidedanslesoset,parconsquent,onpeut esprerlarsurrection des individus partir de leurs os. Lesqueletteprsentdanslecostumeduchamanrsumeet ractualise le drame de l'initiation,c' est--dire ledramedelamort et delarsurrection.Peuimportequ'ilsoitcensreprsenterunsque-lette d'homme oud'animal; dans un cascomme dans l' autre, ils'agit dela substance-vie,de lamatirepremire conserveparlesanctres mythiques.Lesquelettehumainreprsenteenquelquesortel'arch-typeduchaman,puisqu'ilestcensreprsenterlaCamilled'oles anctres-chamanssontnssuccessivement.(Ondsigned'ailleursla soucheCamili ale comme l' os.; on dit fid'os de N. dans le sens de des-cendant de N . ) (3).Le squelette d'oiseau est une variante de lamme conception;d' unepart,lepremierchamanestndel'uniond' un aigl e et d' une Cemme et , d'autre part,le chaman lui-mme s'efforce de se transCormerenoiseauet devoler,et,eneffet,il estunoiseaudansla (1)Cf.H.NAC IITIGALL, kulllUhiswrisCMWur;elderSchamanenskeleuierung (in1ZeitschriltfrEthnologie"LXXVII,Berlin,1952,p.1S8-97),passim.Surla conceptiondel'oscommesigedel'mechezlespeuplesdunorddel'Eurasie,voir IvarPAULS01f ,Dieprimit'enSeenl'orstellungMdernordelUtui,chenVnlker(Stock-holm,1958),p.137sq. ,202sq.,236sq. (2)Cf.UnoHARVA(HOLMllEI\G),berdieJagdrilenn6rdlichMVOlkerA,ien. undEuropas(1 JournaldelaSocitFi nno-Ougri enne"XLI,l,1925),p.34sq.; id.,DierigosMVors/lungM,p.43'1 s9.;AdolfFRIEDRI CH,KnoeMnundSkeu inderVor,' ellungswlNorda.iens(IWienerBeitrl1gezurKulturgeschichteund Linguisti k"V,19f. 3,p.189-2/17),p.194sq.;K.lIhuL' ,OpferbriiueM (.PhyloboliarurPetervonderMUIILzum60.Oeburtstagam1.Augus t1945. , lUJe,1946,p.185-288),p.234sq.avecunetrsrichedocumentation;H.NACII-TI CALL,Dieu h6hteinNo,.d- undHoehasien(in Anthropos.,XLVIII, 1-2,1953,p.4fI-70) ,paS61m. (3)cr. A.FRIEDRICH etO.BUDDRUSS,Schamanenge.ehichten,p.36sq. ETDUTAMBOURCHA MA NI QUES 139 mesure o ilaaccs,comme ce derni er, auxrgions suprieures.Dans le casocesquelette - ou lemasque - transformele chaman enun autre animal(cerf, etc.)nous avons affaireunethorie similaire(1), carl'animal-anctremythiqueestconucommelamatriceinpui-sable de la vie del'espce,matri ce reconnue dans les os de ces animaux. Onhsiteparlerdetotmisme.li s'agitpluttdesrelationsmysti-quesentrel' hommeetsongibi er,relationsCondamentalespourles socit sdeschasseursetqueFriedrichetMeuliont,dernirement, assezbi en mi sesen valeur. R ENATREDESESOS Quel'animalchassoudomestiqupuisserenaitredesesos,c'est lune croyance qu' on rencontre aussi dans d'autresrgions, endehors delaSihrie.Frazeravaitdj enregistrquelquesexempl esamri-cains(2).D' aprsFrobenius cemotif mythi co-rituel est encore vivace chezlesAranda,chezlestribusdel'intri eurdel'AmriqueduSud, chez lesBoshimans etlesChamitesalricains(3) .Friedri chacompl t etintgrleslaitsalricains(4),toutenlesconsidrantjustetitre commeuneexpressiondelaspiritualitpastorale.Cecomplexe mythico-rituel s'estconserv d'ailleurs dans des cultures plus volues, soitaucurmmedelatraditionreligieuse,soitsouslormede contes(5).UnelgendedesGagautzracontecommentAdam,pour Cournir desCemmes sesfil s,rassembla des osde diffrents animaux et priaDieudelesanimer(6) .Dansuncontearmnien,unchasseur assiste un mariage des esprits des bois. Invit au banquet, il s'abstient demangermaisgardelactedubulqu'onluiavaitoffert.Par la suite,enrassemblanttouslesosdel'animalpour lefairerevivre,les (1)P.ex.lecostumeduchamantongousereprsenteuncerf,dontlesqueletteest suggrpardesmorceauxdeter.Sescornesaussisontenfer.D'aprsleslgendes yakoules,leschamanslullententreeuxsouslaformedetaureaux,etc.cr. ibid., p.212 ;voirplushaut,p.90. (2)DenombreuxIndiensMi nnetaris1croientquelesosdesbisonsqu'ilsonttus etdpecsrenaissentavecunenouvellechairetunenouvellevie,s'engraissentet sont prts tretus encoreune Coi s dslemoisde juin suivant ., sirJamesFRAZER, Spiritsof lMComandofthtlWild(Londres,1913) ,Il ,p.256.Ontrouvelamme coutumechezlesDakota,chezles'Esqui mauxdelaTerredeBalTinetdelabaie d'Hudson, chez les Yuracares de Bolivie. chez les Lapons, etc. Voir ibid.,Il , p.24 7 sq.; O.ZI!RRII! S,Wild- undinSdamerika,p.174sq.,303-04;L.SCHMIDT, Der1JIu,. duTiereintlinigenSagtlnlandschaflenEu,.opasundEu,.asiens(in1An-thropos., ;952,p.509-39),p.525 sq. P.SAINTYVRS,u. ConIe.de Perrault(PariS,19.3),p.39sq.;EOSMA N,19ntl dWlnus,p.151sq. (3)L. FROJJ RN I us,KulturgeschlchleAfrikas. Prokgomena zu eine,.his/orischmGes/alt -khre(Zurich,1933),p.183-85. (4)A.FHIEDRICIT ,Afrikan!JcMp,.itlsUrtme,.(Stuttgart,1939),p.184-89. (5)\ValdemarLI UNCMAN(T,.adi/ion.wanderungtln.- Euphl'l-llhn(Helsinki1937-1938),vol.Il ,p.1078sq. )rappellequel'interdictiondebriserlososdes seretrouvedanslescontesdesJuifsetdesanciensGermains,da . sleCaucasela l'Autriche,lespaysla laBelgique,l'Angleterreetla Sude.1aiS,esclavede sesthses orlCntalo dlfTuslmstes,Je savant sudois considre toutescesroyancescommeanassezrCMesetd'origine orientale. (6)C.FillinghamCOXWELI.,S ibtlrianandotMrFol/Hait.(Londres,1925),p.422. 140LESYMBOLISMEDUCOSTUME esprits Bontobligs de remplacer lactemanquanteparunebranche de noyer(1). Onpourraitrappele'.-Ueproposundtaildel'Eddaenprose: l'accidentduboucde Partienvoyageavecsoncharetses boucs,Thrrpritlogementchezunpaysan . Cesoir-l,TMrrprit sesboucset les abattit. Onlescorchaet onles mit dans le chaudron. Quand il slurent bouillis,ThOrret sescompagnons s' installrent pour souper.Thrrinvitaaussilepaysan,safemmeetJeursenfants avec eux ...PuisThrrpl aalespeauxdeboucsprsduloyeretditau paysan et ses gens de jeter les os sur lapeau.Thjlfi, lefil s du paysan, avaitl'osd'unecuissed'undesboucs :illefenditavecsoncouteau pouratteindrelamoelle.TMrrpassalanuitl.Lelendemain,il se leva avant lejour, s' habilla,prit le marteau Mjllnir et bnit lesrestes desboucs.Lesboucsselevrent,maisl'undesdeuxboitaitd' une pattedederrire,(Gyl{aginning,ch.26,p.49-50,trad.G.Dumzil, Loki,Paris, 1948,p. 45-46)(2).Cet pisode atteste la survivance, chez lesanciensGermains, de la conception archaque des peuples chasseurs etnomades.Cen'estpasncessairementuntraitdelaspiritualit chamaniste J.Nous l'avons nanmoins enregistr dsmaintenant, en nous rservant d'examiner lesrestesdu chamanisme indo-aryen aprs avoirobtenuunevued'ensembledesthoriesetdespratiquescha-maniques. Touj oursproposdelarsurrectionpartirdesos,onpourrait laire tat de la clbre vision bienqu'elle s'intgre dans un toutautrehorizonreligieuxquelesexemplescitsplushaut:"La main de l'ternelseposasurmoi; l'ternel m'enleva enesprit et me transportaaumilieud'unevallepleined'ossements ...Ilmedit: t:- Filsd'homme,cesossementsrevivre ? J erpondis: - Seigneur c'est toiqui le sais 1 Alorsilmedit: ,- Pro-fphtise sur cesossements,et dis-leur:Ossementsdesschs,coutez * laparoledel'ternel.Ainsiparlele Seigneur,l'ternel,cesosse-t:ments:jevaisfaireentrerl'espritenvous,etvousrevivrez;et vous saurezquej e suis l'ternel.J e prophtisai donc,comme j'en avais reu l'ordre; et comme jeprophtisais, ilyeut un frmissement, puis un bruit retentissant, et les os se rapprochrent les uns des autres. Jeregardai,etvoiciqu' ilseformaitsureuxdesmusclesetdela chair ., etc.(zchiel, 37,1-8 sq.)(3). A.Friedrichrappelleaussiunepeinture dcouverte par Grnwedel (1)COXWII.LL,op.ci",p.1020.T.LSHTISALO TodunddieWiedergeburtMI kanftgenSchamanen,JournaldelaSocitFinno-Ougrienne"XLVIII,1937, p.19)rappellel'aventuresemblabled'unhrosduBogda,GesserKhan:unveau tu etdvorrenalt desespropres os,mais il lui enmanqueun. (2)Ilexiste surcetpisodeune tudetrsrichedeC.W:von8voow(Torsfii rdrill Utgard:J.Torsbockslaktning,1 DanskeStudierl,19tO,p,65-105),qu'utiliseEDS-MAN (Igni&divinua,p.52sq.).cr. aussiJ.W.E.MAN'NHARDT, 2Berli n,1858),p.57-75. 3}EnJ!1gypleaussilesosdevnienttreconserv8pour larsurrection:voirLe .IVreMSMoru,ch.cxxv CI.:Coran,Il,259.Dansunelgendeaztque,l'huma-mtprendnaissancedesosar.portsdela rgionsouterraine: cf.H. B.ALBXANDU. Latin. [Mythology]1TheMythology of ailRaces.,vol.XI,BostOIl,1920); p.90. ETDUTAMBOURCHAMANIQUES 141 dans lesruinesd'un templeSllngimllghizet qui reprsentelarsur-rectiond'unhommedesespropresos,rsurrectionobtenueparla bndictiond'un moine bouddhiste(1) . Cen'est pasici le lieu d'entrer dansdesdtailsconcernant lesinfluencesiraniennessurl'Inde dhiste,nid'entamerleproblme,encoremaltudi,dessymtries entrelestraditionstibtaineetiranienne.CommeJ .J.Modi(2)l'a remarqu ilyaplusieursannes,il existeune ressemblancefrappante entre lacoutume tibtaine d'exposer lescadavres et celle des Iraniens. Lesuns comme lesautres laissent leschiens et Jes vautours dvorer les corps; pour lesTibtains,il estd' une grande importance quele corps setranslormeauplusttensquelette.LesIraniensdposentlesos dansl'astodan,laplacedesost,oattendentlarsurrec tion(3).Onpeut considrercette coutumecommeune survivancede laspiritualitpastorale. Danslelolkloremagiquedel'Inde,certainssaintsetyogissont censspouvoirressusoiterlesmortspartir_deleurs osoudeleurs cendres; c'est cequelaitGorakhnth(4),par exemple,et iln'estpa. sansintrtderemarquerdsmaintenantquecefameux magicien estconsidrcommelefondateurd'unesecteles Knphatayogis,chezlesquelsnousaurionsl'occasionderencontrer plusieursautresvestigeschamaniques.Enfin,ilserainstructifde rappelercertainesmditationsbouddhi st esayantpour but lavision ducorpsset ranslormantensquelette(5);lerleimportantqueles crnes et les os humains dtiennent dans le lamaisme et le tantrisme (6) ; la dansedu squelette au Tibet et enMongolie(7); lalonction remplie par labrdhmarandhra(=suturaIrontalis)danslest echniquesexta-tiquestibto-indiennesetdanslelamaisme(8) ,etc.Touscesrites ettoutesoesconceptionsnoussemblentmontrerque,malgrleur intgrationprsentedansdessystmestrsvaris,lestraditions archaiquesdel'identificationduprincipevitaldanslesosn'ontpas compl tementdisparudel' horizonspirituelasiatique. Mais l'os joue aussi d'autres rlesdans les rites etlesmythes chama (1)A.GRUNWEDEL,TeufelMIA"tala(Berlin ,1924),II ,p.68-69,fig.62; A.FRIB-DRICH,KnochenundSkektt,p.230. (2)Cf.TibetanModeof the Duposal of theDead(dans lesMemorialPapers, Bombay, 1922),p.1 sq. ; FRIEDRICH, op.cit. , p,227.Ct.Yalt, 18,11; Bundahiln,220(renatlre descsos ). (3)Cr.lamaisondesosdansunelgendedesGrandsRusses(COXWELL,Siberian andOtherFolk-taka,p.682),Ilseraitintressantderexaminerlalumiredetes faits le dualisme iranien qui, on le sait, oppose au 1spirituel Ile terme uSldna, osseux 1 Enoutre,commeleremarqueFRIBDRICIJ(op.cil .,p.245 sq.), le dmon As tovidatu, lebriseurdesosl,n'estpassansrapport avec lesmauvais esprits qui tourmentent leschamansyakoutes,tongousesetbouriates. (4.)Voir,p.ex.,GeorgeW.BRIGGS,GorakhndthandtheKdnphat4Yog.(Oxford, 19381.p.189,190. (5)cr.A.POZDNEJEV,DhynaundSamdhiimmongoli3chenLamaismus(1Un ter-suchungenzurGeschichtedesBuddhismusundverwandterGebietel,vol.XXIII, Hanovre,1928),p.2/1sq.Concernant les1mditationssurlamort .dans letaotsme, cf.HOUSSBLLB,DieTypeRMrMeditationinChina(Chinesisch-deulscher Almanach frdasJahr 1932)spe.p.30sq . (6)Cf. BLEICBSTBIN'U,L'gliseJauM(trad.del'allemandparJacquer Marty,Paru;,1937),p.222sq.;FRIEDRICH,p.211. 171BLEICH8TEIN'BR,op.cie.,p.222;FRIEDRI CH,p,225. 8MirceaELUDa,LeYo,a,p.321sq.,iFIIiIDRICH,p,286. 142LES" M 80LISM E0UCOSTU ,\] E niques.Ainsi,parexemple,quandlecha manvasyugan-ostyakpart.. larecherchedel'medumalade,ilutiliseunebarquefaited'un coffrepoursonvoyageextatiquedansl'autremondeetilemploie uneomoplatecommerame(Karjalainen,DieReligionderJugra-Volker,Il ,p.335).Ilfaudraita ussiciterceproposladivination paruneomoplatedeblieroudebrebis,trsrpanduechezlesKal-mouks,lesKirghiz,lesMongols,oupal'une omoplatedephoque chez lesKoryaks (1).La divination, en elle-mme, est une technique propre actualiser lesralits spirituelles qui sont la base du chamanisme, ou Cacilit..erlecontactavecelles.L'osdel'animalsymbolise, ici encore, la Vietotale en continuelle rgnration et,parLant, inclut en lui -neft -cequevirtuellement - toutcequiappartient aupassetau futurdecette'Vie. Nousnecroyonspasnoustretroploigndenotresuj et- le squelettereprsentsurlecostumechamanique- enrappelanttou tescespratiqueset toutescesconceptions.EUesappartiennent,pres. queenleurtotalit,desniveauxdecuJLuresimiJairesouhomolo-gableset,enlesnumrant,nousavonssignalcertainspointsde repredanslavasteairedelacuJLuredeschasseursetdespasteurs. Prcisons,nanmoins,quetoutescesreliquesnednotentpasgale. mentunestructure(C chamaniste Ajoutonsenfinqu'encequi concernelessymtriestabliesentrecertainescoutumestibtaines, mongoles et nord-asiatiques, voire arctiques, ilya li eu de tenir compte desinfluencesvenuesdel' Asiemridionaleetparticulirementde l' Inde,influencessur lesquellesnousauronsrevenir. LESMASQUESCHAMANIQUES Onse rappellequeNil,l'archevquedeIaroslav,ment ionnaitun masquemonstrueuxparmilesaccessoiresduchamanbouriate(voir plushaut ,p.133).Denosjours,l'usageenadisparu chezlesBou-riates.D'ailleurs,lesmasqueschamaniquesserencontentassezrare-fl )L'essentieladjldilparR.ANDRBE,Scapulimant ia(in.Anthropological WritteninotFranz. ,Yor k,1906,p.14365).Voiraussi FRIEDRICH,p.214 sq.; sabibliographieG.L.KITTREDGE,JYitchraftin Old and Eng?'nd Mass. , 1929),p.H4 el462, n./,4.Le centredegravit decetletechmquedl '2!lat.omlsemblelrel'AsieCentrale; cl.B.LAUFER,Columbus Cathaytheof America tolheOrientalist(1J ournalorlheArnerican SOCiety!,L.I,2,New, Haven,1931,p.87103),p.99;elletaittrsusite enprotolustorlqu.ods1 poquedesChang(v.H.G.CREEL,La Ck la tra d.fr ., p.17 .sq.).?trmatechniquechezlesLolo;cr.L. ;eg"o.lleth.Lolo(Milan,19(1fa),p.151.Lascapulimancienord. a":lr.lCame,IlInlteedailleursauxtribusduLabradore tduQubec,es td'ori gine asiatique.;cf.John.M.NorlhunAlgonkianScryingandW.SCHMIOT,Mdhng,1928,p. 207-215) etD. LAUFEn,op. cil.,p.99.VOir Da! aus Schullublatt(in .Intrnalionales ArcluvfurEthnographie_,XXXV,Leyde,1938,p.49-116),passim;H.HOFF-MANN,Ouellen-zurder (Wiesbaden,1950) ,p.193 sq.; L. SCHMIOT,Pelops(i n .Laos"l ,Stockholm, 1951,p.67-78), p.72,n.38;F.BOEHM,Spatulimantie(in .HandworterbuchdesdeulschenAber-glau.bens"Vll ,p.125sq.),passim;F.ALTlfElH, thrHu.nnen(4vol., Berlin,195962),l,p.268sq.; C.R.BAWOEN,On tMPraChceof Scapultmancyamong theMongols(in1Cen tralAsia ticJ ournal.,I V,LaHaye,1958,p.1.31 ). ETDUTAMBOURCIIAMANIQUES 143 mentdanslaSibrieetleNorddel' Asie.Shirokogorovrapporteun seulcasounchaman tongouse aimprovisunmasque41 pourmon-trerquel'espritmaluestenlui (PsyclwmemalComplex,p.152, n.2).ChezlesTchouktches,lesKoryaks,lesKamchadalesYouka-girsetYakoutes,lemasquenejoueaucunrledans le : ilestplutt,etsporadiquement,utilispoureffrayerlesenfants (commechezlesTchouktches)et,pendant lesfunrailles,pour n'tre pas reconnu par les mes des morts (Youkagirs).Parmi les populations c'est surtoutchezlesEsquimauxd' Alaska,fort.ement lllfluencsparJesculturesamrindiennes,quelechamanutiliseun masque(v.Ohlmarks,p.65.sq.). .r.arescasattestsrelventpresqueexclusiv.ementdes t ,ibusmridional es.ChezlesTatarsNoirs,leschamans utilisentpar-foisunmasqueencorcedebouleaudont lesmoustacheset lesSom'. cil ssontfaitsenqueued'cureuil(1).MmeusagechezlesTatarsde Tomsk(2).Dansl' A1taiet chezlesGoldes,quandlechamanconduit l' medudfuntdansleroyaumedesombres,ils'enduitlafacede suiepour pasreconnuparlesesprits(3).Lemmeusagese rencontre ailleurs,et avec lemme but,dans lesacrificedel' ours(4) . Ilfautsera!,pelerceproposquelacoutumedes'oindrelafigure avec. de la SUleest assezrpandue chezles primitifs etque sa signi-fi catIOnn'estpastoujoursaussisimplequ'e1l eendonnel'impression. Il nes'agit past oujoursd'uncamouflagevis-visdesespritsoud'un moyendedfensecontrecesderniers,maisaussid' unetechnique l-mentairepoursuivantl'intgrationmagiqueaumondedesesprits. EnefTet,enbeaucoupdergionsduglobe,lesmasquesreprsentent lesanctresetlesporteursdesmasquessontcenssincarnercesan-ctresmmes(5).Barbouiller sonvisageavec dela suiec'est une des manireslesplussimpl esdesemasquer,c'est--dir;d'incorporer lesm.esdfuntes.Lesmasquessont,paraill eurs,enrelationavec lessoc,tssecrtesd' hommesetlecultedesanctres.L'colehisto-rico-culturell econsidre]ecomplexe masques-culte des anctres-soci-t ssecrtesd' initiationcommeappartenanta ucyclecultureldu matriarcat,]essocitssecrtestant,seloncette cole,uneraction contreladominationdesfemmes(6). (1)o. N.POTANIN,Otchcrki Mongolii,IV,p.54; HARVA,reli,i- p.52f, . (2)D.ZELE NIN,EinRitU.tin thn. derallaiscknlTrken(1l n. ternat.ArchivtrEthnograrhie.,XXI X,1928,p.8398),p.84sq. 13)RADLOV,AilSl,p.55;HARVA,p.525. 4)NIORAOZE,p.77. 5)K.MEUtl,(dansHannsBXCHTOLO,d.,HafidworMrbuchthsBd.V,Berlin,1933,col.1749 sq.); id., Schweizer undMasken-(Zurich,p. sq.;A.SLAWIA,Ku.ltischederJapaner undGermaTl!n .l- Wi enerBeltrngezurKulturgeschlchleundLinguislik.,I V,Sab. bourgel 1936,p.675 764),p.717sq.;K.RANKE,l ndogermanucM"erehrung(mFolkloreFellows 1951,140),l ,p.11 1sq' (6)Ct .p.Georgesd Cullurelk(Paris,193/l ), p.723 sq.VOIrlesrserves,pour1 Amerlque,deA.L.KROEBERet CatharineHOI T Mas.ksandMoieticsasaCulture(.J ournaloftheRoyal . ,vol.50,1920,p.452.1, 6),clin rponsedeW.SCIIMIOTDie Kullurhislo. Mel hotku,uirlordamuikallische (fvol14-15' p.546-563),p.553sq.,., 144 LESYMBOLISMEDUCOSTUME Lararetdesmasqueschamaniquesnedoitpasnoussurprendre. EneffetcommeHarva l'a remarqu juste titre(op.cit.,p.524sq.), le costu:ne duchamanest enlui-mmeunmasque et peut tre consi-drcommedrivd'unmasqueoriginaire.Onaessaydeprouver l'origineorientaleet,parLant,rcente?uchamanismesibrienen invoquantjustement,entreautres,lefaItqueles plusfr-quentsdans lesrgionsmridionalesdel'Asie,deVIennentdeplusen plusraresetdisparaissent versl'extrmeNord(1) .Nou.nepouvons pas aborder ici la discussionde }' orlgme duchamalllsme sibrien. Remarquonspourtantque,danslechama,nisme et arctique,lecostumeet lemasqueonttvalorIss.En certains lieux (p. ex. chez les Samoydes, cf. Castrn, CIt par Ohlmarks, p.67),lemasqueestcensfaciliterla Nous avonsvu quelemouchoirquicouvrelesyeuxvisageentIer..du chamanremplit,pour certains,unrleslffillalre.D p,art.,merne siparfoisonneparle pasd'un masqueproprement dIt.,il 8nan-moins d' un tel objet: p.ex. lesfourrures et les mouchOirs qUI,chez les GoldesetlesSoyotes,couvrentpresqueentirementlatteducha-man(Harva,fig.86-88).. Pourcesraisons,ettoutentenantcomptedesmultiplesvaleurs qu'ilsrevtentdanslesrituelset lestechniquesdel' extase,onpeut conclure que lemasquejoue lemmerleque lecostumedu chaman et lesdeux lments peuvent tre considrs comme interchangeables. En effet,dans toutes lesrgions o onl'emploie (et en dehors de l'ido-logiechamanisteproprementdite),lemasquepro?lamemamfeste-mentl'incarnationd'unpersonnagemythIque(ancetre,BOlroaImy-thique, dieu) (2) . De son ct, le costume transsubstantialise le chaman, letransformant,devantlesyeuxdetous,enuntresurhuma,in, quelquesoitl' attributprdominantqu'onveutmettreenpleme lumire: leprestiged'unmortquiest ressuscit(.quelette),lacapa-citdes'envoler(oiseau),lergimedemarid'une pousecleste, (costumedefemme,attributsfminins),etc. LETAMBOURCHAMANIQUE Letambourjoueunrledepremierplandansleschamaniques(3).Sonsymbolismeestcomplexe,sesfonctIOnsmagI-ques sont multiples.Il est indispensable au droulement de la sance, (1)Cf.A.GADSdansW.SCHMI DT,DerUrsprung,111(Mnster,1931),p.336sq.; opinioncontraire:A.OHLMAIIKS,p.65sq.Vi?irplusbas,p.?86,sq.... (2)SurlesmasquesdesmagiciensprhistoriquesetleurstgmflcatlOllrehgICuse, ct.J.MARINOU.,VorftschichdicheReligion,p.1.84.sq.. (3)Enplusdelabib iographiecitedansl,anote1, 'page128,vOirA.A.PoPov, CeremonlaodjivtenijabubnaUostyak-'llJtIojedov(Lemngrad,1934)jJ.PARTANEN, Adescription ofBUI'&atSh4mani8m,p. 20; W. SCIUIIDT,DerUrsprung,IX, P:258sq. 696sq.(Altalques,TatarsAbakan);XI,p.306sq.(Yakoutesl,Mt(lmssens) XII,p.733-4.5(synt.hse);E.EMSHEUtER.SchamanentrommelundTrommelbaum id.,ZUI'I deologie derlappl.8chen Zaubertrommel (in. Ethnos . , IX, 194.4.,3-4.. p. 141-69) ETDUTAMBOURCHAMANIQUES 145 soitqu'ilportelechamanau CentreduMondet,soitqu'illuiper-mettedevolerdanslesairs,soitqu'ilappelleet"emprisonne,les esprits,soit,enfin,queletambourinementpermetteauchamande seconcentreretdereprendrecontactaveclemondespirituel qu'ilseprpareparcourir. Onserappelle que plusieurs des rves initiatiques defuturs chamans comportaientunvoyagemystiqueau CentreduMonde>,ausige del'ArbreCosmiqueet duSeigneurUniversel.C'estd'unedesbran-chesdecetArhre,queleSeigneurlaissetomberceteffet,quele chamanfaonnelacaissedesontambour(of.plushaut,p.51).La signification de cesymbolismenoussembleressortir assezclairement ducomplexedanslequelilestintgr :lacommunicationentrele CieletlaTerrepar letruchementdel' ArbreduMonde,c'est--dire par l'Axequisetrouveau;CentreduMonde.Dufailquelacaisse deson tambouresttireduboismmedel'ArbreCosmique,lechaman, entambourinant,estprojetmagiquementprsdecetArbre;'ilest projetau CentreduMondetet,dummecoup,peutmonter aux Cieux. Vusouscetangle,letambourpeut treassimill'arbrechamll.-niquemultipleschelonssurlqui lechamangrimpesymbolique-mentauCiel.Enescaladantlebouleauouenjouantdutambour, lechamans'approchedel'ArbreduMondeetymonteensuiteeffec-tivement.Leschamanssibriensontaussileursarbrespersonnels quinesontautrechosequelesreprsentantsdel'ArbreCosmique; certainsutili sentaussides arbresrenverss&(1),c'est--direfixs avecleurs racinesen l'air,et qui,onlesait,comptent parmi lessym-boleslesplusarchaiquesdel'ArbreduMonde.Toutcetensemble, jointauxrapportsdjnotsentrelechamanet lesbouleaux cr-moniels,montrelasolidaritquiexisteentrel'ArbreCosmique,le tambourchamaniqueetl'ascensioncleste. Lechoixmmedu boisaveclequelonfaonnera lacaissedutam-bourdpenduniquementdes espritsoud' unevolonttrans-humaine.Lechamanostyak-samoydeprendsahacheet,fermant lesyeux,pntredansunefortet toucheunarbreauhasard;c'est decetarbreque,lelendemain,sescompagnonstirerontleboisde id.,Eine,ibiri'CMP(lI"aUele:lUI"lappischenZaubertrommel'(in1Ethnos_,XII, 194.8,1-2, p.17-26); E. MAlfJ:ER, lafPische Zaubertromnul.Il : Die Trommel alsUrkumkgeutigenLebe1l8(. Acta lappoI Ica.,VI,Stockholm,1950),enparticu-lierp.61sq.;H.FINDBISBN,SchamalUntum,p.14861;L . Zurphaseolo-,iscMn Stellu",(c.Schamanismru,p.475,n.8; V.DI6sZBGI, Typenund inter-ethnischenderSchamanentromnulnbeidenSdhupen(Ostjak-Samo-jeden)(in1Actaethnographicat,IX,Budapest,1960,p.159-79);E.LOTFALCK, L'aRimation du tambour,(in1JournaJasiatique"CCXLIX,Paris,1961,p.213-39); id.,Aproposd'untambourcchamantongorue(in'L'HommeJ,2,Paris,1961, p. 2350). (1)Cf.E.KAGAROW,DerumgelceheruSchamanenbaum(.ArchivfrReligions-geschichte',1929, vol. 27,p.183-85); voiraussi U .HARVA(HOLfllBlRC),DerBaum c.Lebe1l8,p.17,59,etc.;id.,Finno-Ugric[and)Siberian [1ythology],p.349sq.; R.KARSTEN,TMRelifionof ,heSamek(Leyde,t9551,p.48; A.COOIURASWAIIIY, TMlnverudTree(1TheQuarterlyJournaloftheMythicSociety.,XXIX,2, Bangalore,19a8,p.1-38);M.ELIADE,Traitd'Histoirec.Religion"p.24.0sq. LeChamanisme '0 146LESYMBOLISMEDUCOSTUME la caisse(1).A l'autre bout de la Sibrie, chez lesAltaques, le chaman reoitdirectementdesesprits l'indicationprcisedelafort et l'en-droitocraUl'arbre,etilenvoiesesauxiliairespourle reconnallre etendtacherleboispourlacaissedutambour(2).End'autres rgions,lechamanramasselui-mmetouslesclatsdu bois. Ailleurs, onoffredessacrificesl'arbre,enl' enduisantdesangetdevodka. Onprocdeaussi]' animationdutambour ,.,enarrosant lacaisse avecdeJ'alcool(3).ChezlesYakoutes,onrecommandedechoisir unarbrequelafoudreafrapp(Sieroszewski,Duchamanisme, p.322).Toutescescoutumesetprcautionsrituellesmontrent clai-rementquel'arbreconcretattransfigurparlarvlationsur-humaineetqu'enraHtil acessd' treunarbreprofaneetrepr-sentel'ArbremmeduMonde. Lacrmoniedel' animationdutambourl)estextrmement intressante.Lorsquelechamanaltaquel'arroseavecdelabire, lecerceaus'anime.et,parletruchementduchaman ,raconte comment l'arbre dont ilfaisaitpartie apoussdans la fort, comment il atcoup,apportdans levillage,etc.Lechamanarrose ensuite la peaudu tambour et,ens' c animant ., ell eaussi raconte sonpass. Par lavoixdu chaman, l'animal parl e de sa nai ssance,de sesparents, desonenfanceet detoutesaviejusqu'aumoment o ilat abattu parlechasseur.Ilfinitparassurerlechamanqu'illuirendrade nombreuxservices.Dansuneautretribualtaque,lesTubalares,Je chamanimitelavoixet ladmarchedeJ'animalainsiranim. Commel'ontmontrL.P.PotapovetG.Buddruss(Schamanen-geschichten,p.74sq.), l'animal que le chaman ranime .est son alter ego,sonpluspuissantespritauxiliaire ilorsqu'ilpntredansle nb-aman,cederniersetransformeenl'anctremythiquethriomor-pile.Oncomprendalorspourquoi ,durant leritedel' ani mation" lechamandoitraconterlaviedel'animal-tambour:ilchanteson modleexemplaire,l'animalprimordialquiestl'originedesa tribu.Dans lestemps mythiques, chaquemembredelatribu pouvait semtamorphoserenanimal,c'est--direquechacuntaitcapabl e departagerlaconditiondel'anctre.Denosjours,detelsrapports intimesaveclesanctresmythiquessontrservsexclusivement auxchamans. Retenonscefait:pendantlasance,lechamanrtablit,pour luiseul,unesituationqui,l'origine,taitceBedetous.La signifi-cationprofondedecerecouvrementdelaconditionhumaineorigi-nellenousdeviendraplus claire lorsquenous aurons examind'autres exemplessemblables.Pourl'instant,ilnoussuffitd'avoirmontr quetantlacaissequelapeaudutambourconstituentdesinstru-mentsmagico- religieuxgrceauxquelslechamanestcapabled'en-treprendre le voyage extatique au Centre duMondeJ .Dansnombre detraditions,l'anctremythiquethriomorphevitdanslemonde (IIA.A.PoPov,Ce,.emon!a ...p.94;EMSIU!IMER.Schamanentrommel.p.167. (2EMSHEIMBR,p.168.d' aprsMENGESetPOTAPOV. (3)E/lUHBIMER,p.172. ETDUTAMBOURCHAMANIQUES 147 souterrain,prsdelaracinedel'ArbreCosmiquedontlesommet toucheleciel(A.Friedrich,DasBewusstseinein..Naturvolk .. p',52).NousavonsafTaireicidesidesdistinctes,maissolidaires: Dpart,lechaman,entambourinant,s'envoleversl'ArbreCos-mIque ;nousverronsdansuninstantqueletambourcomporteun grandnombredesymbolesascensionnels(p.148 sp.).D'autrepart, grce sesrapports mystIques avec la peau ,ranime. du tambour lechamanarrive lanaturedel'anctrethriomorphe; autrement dIt,il peut abolIr letempset recouvrer la conditionorigi-nelledontparlent lesmythes.Dans uncascomme dans l'autrenous avonsaffaireuneexpriencemystiquequipermetaucham'ande transcenderletempsetl'espace.Lamtamorphoseenl'animal- de quel'extaseascensionnelle,sontdesexpressions dlffrentes,malShomologables,d'une mme exprience:la traoscen. dancedelaconditionprofane,lerecouvrementd'uneexistence ,paradisiaque.perduelafindutempsmythique. Letambour est,en gnral,deformeovaleBapeauestderenne d'lanoudecheval.ChezOstyakset lesdela oCCIdentale,lasudaceextrIeureneporteaucundessin(1).D'aprs Georgl(2),desOiseaux,desserpents ainsi que d'autres animaux sont reprsentssurpeau destambours tongouses.Shirokogorov dcrit delamamreswvantedesdessinsqu'ilavussurlestambours des Tongouses. transbaikaliens:lesymboledelaTerreferme(carle chaman utilIse sontambour en guisedebarque pour traverser la mer etc'estpourquoiilindiquesespartiescontinentales); defiguresdroiteet gauche,et nombre daOlIDaux.OnnepelOtaucuneimageaumilieudutambour'les huitlignesdoublesquiysontfigures,symbolisentleshuit qUIsupportentlaTerreau-dessusdelaMer(PsychomentalComplex, p.297).ChezlesYakoutes,onobservedessignesmystrieux peints enrouge et nOIr,figurant des hommesetdesanimaux (Sieroszewski p.322).Des images diverses sont galement dessines sur lesdesOstyaksdel'l nisse(KaiDonner,LaSibrie,p.230). ,Derrire letambour il yaunepoigneverticale en boiset enfer quelechamantient delamaingauche_Desfilsde mtal ou des cIis: sesdeboishorizontalessoutiennentd'innombrablesmorceauxde mtaltintinnahulants,desgrelots,dessonnettes,desimagesde1er reprsentantdesesprits,diversanimaux,etc.,et souventdesarmes commeune /lche,unarcouuncouteau(3).,Chacundecesobjet; magiquesestinvestid'unsymbolismeparLiculieret remplitsonrle dans la prparation ou laralisation du voyage extatique ou des autres expriencesmystiquesduchaman. LesdessinsquiornentJapeaudutamboursontunecaractris-111Kai DONNRR.La Sibrie, p. 230;' .V'HAR.VA,Pie ,.eligi6.enV01'lrellungen,p. 526 sq 2J .G.GEORGI,Bemtrkungenellle,.RelSelm,.ua.i.chenReichimJah,.e1772 St-Ptersbourg,1 775),l ,p.28. 3)K.DONNBR,La Sibrie,p.230; IIARvA,p.527,530; W.SCIIMIDTDe,.U,.,p,.ung, X,p.260,etc. 148 LESYMBOLISMEDUCOSTUME tiquedetouteslestribustataresetdesLapons.ChezlesTatars, les deuxfacesdelapeausontrecouvertesd'images.Ellessecaractri-sentparUDegrandevarit,bienqu'onpuissetoujoursydistinguer lessymboleslesplusimportants,comme,p.ex.,l'ArbreduMonde, leSoleiletlaLune,l'Arc-en-Ciel,etc.Lestamboursconstituent,en effet,unmicrocosme:unelignededmarcationspareleCieldela Terreet,encertains endroits,la Terrede l'Enfer.L'Arbredu Monde, c'est--direlebouleausacrificielescaladparlechaman,lecheval, l' animalsacrifi,lesespritsauxiliairesduchaman,leSoleiletla Lunequ'ilatteintaucoursdesonvoyagecleste,l'Enferd'Erlik Kan (aveclesSeptFilset les Sept Fillesdu Seigneur desMorts,etc.) danslequelilpntrelorsdesadescenteauroyaumedesmorts-tousceslmentsquirsumentenquelquesortel'itinraireetles aventures duchaman,seretrouvent figurssur 80n tambour. L'espace nousmanquepourdtaillertouslessigneset images,etcommenter leursymbolisme(1).Retenonssimplementqueletambourfigure un microcosmeavec sestroiszones- Ciel,Terre,Enfer - entempsqu'ilindiquelesmoyensgrceauxquelslechamanralise larupturedesniveauxettablitlacommunicationaveclemonde d'enhautetd'enbas.EnefTet,commeonvientdelevoir,l'image dubouleausacrificiel(=l'ArbreduMonde)n'estpaslaseule ;on rencontregalement l'Arc-en-Ciel: lechaman s'lvedans lessphres suprieures en escaladant l' Arc-en-Ciel (2).Onrencontre aussi l'image duPont,surlequellechamanpassed' unergioncosmiquedans l'autre(3). L'imagerie destambours est dominepar leextatique,c'est--direparlesvoyagesquiimpliquentune ,rupture deniveauet,partant,unfCentreduMondet .Letambourmement initialdelasance, destinvoquer lesesprits etles. enfermer. dansletambourduchaman,constituelesprlimin