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OFFICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE OUTRE-MER CENTRE DE LIBREVILLE GABON LE DES FAN DU GABON ESSAI D'ANAL YSE STYLISTIQUE LOUIS P ERR OIS O. R. S. T. O. M. 1966

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OFFICE DE LA RECHERCHE

SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE

OUTRE-MER

CENTRE DE LIBREVILLE

GABON

LE ~~BYÉRr~ DES FAN

DU GABON

ESSAI D'ANALYSE STYLISTIQUE

LOUIS P ERR OIS

O. R. S. T. O. M.

1966

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Transcription phonétique •

e = eu bref comme dans veuf-0 = comme dans p~rt

Ô = comme dans pOleu = oué, è = comme en français

=

===

s

w ou comme dans oui....-...

y = comme dans p.1..edb,d,k,l,m,n,p.r,t,z, = comme en françaisg, = comme dans gâteaus - comme dans son-

tch comme dans tchèque- -'ng comme dans le participe anglais singingff,rtoT·mnt aspiré

ft

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On a souligné à maintes reprises la grande va­leur esthétique des statues d'ancêtres des Faft du Gabon. Comme lerappelle Madame D. PAULME , "elles furent des premières à retenirl'attention des amateurs occidentaux" (1). D'aillèurs toutes lesgrandes collections recèlent quelques pièces de ce style à la foisharmonieux et expressif.

Ce qui frappe au premier abord, c'est la grandehomogénéité de cet ensemble. Une pièce faft se reconna1t sans hésita­tion par quelques caractères précis : la tête au ~ront bombé, la fa­ce concave (souvent en forme de coeur), la bouche qui fait la moue,le relief très particulier donné GUX bras, aux jambeE et au tronc,l'attitude hiératique et méditative. Le thème unique traité par lesFaft est cèlui de l'Homme (homme ou femme), représenté en pied, enbuste ou en tête isolée. La ~ùjorité des pièces connues est consti­tuée de statuettes, souvent taillées de façon à ménager un supportvertical sous les fesses du personnage.

l - LES STATUES D'ANCETRES AU GABON.

l - Les Faft sont un peuple de la forêt depuisleur arrivée au Gabon, il y a un siècle et demi. Leur organisationsociale correspond à ce que H. DESCHAMPS appelle "anarchie familia­le", c'est-à-dire que le chef de famille étendue est le ma1tre toutpuissant de ses parents, en toute indépendance.

(1)PAULME (D.), "Les sculptures de l'Afrique Noire", Presses Unitrers.de France, Paria, 1956.

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L

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des autres chefs. Chaque famille possédait un Qyér~ particulier, gar­

dé par le patriarche. Le byéri lui-même n'est pas la statuette qu'onconnait, ce sont les os, fragments de crâne et d'os long qui se trou­vent dans la boite en écorce qui est dessous. Il existait d'ailleursdes ~éri sans statue, comme chez les BAKOTA proprement dits de 1'1­vindo.

2- On peut considérer le style faft comme représenta­tif d'une grande partie des styles de la zone forestière africaine.Esthétiquement parlant, il s'apparente aux styles SENUFO, BAULE,BALUBA, BAKUBA et BENA-LULUA, c'est-à-dire ces statues aux formespleines, tout en courbes, ~vnr0o de mouvement et magnifiquement pati­

nées"

Il s'oppose au contraire au style qui lui est immé­diaterr.ent voisin, le style qu'on nomme BAKOTA. En réalité les authen­tiques BAKOTA n'ont jamais façonné de figurines d'ancêtres. Ils con­servaient leurs reliques, dites mbwété, dans des filets qu'ils ac­crochaient au fond de leurs cases (2). Il semble que les FAN d'unepart et les BAKOTA, ThUŒONGvŒ, OBAMBA, MINDASA, peut-être BUS~UYE

et SHAKE d'autres part, aient eu des cultes des ancêtres très compa­rables malgré la différentiation plastique des objets rituels qui ensont l'expression.

Les célèbres sculptures à placage de laiton surmon­tées d'un croissant et supportées par un pied de forrùe losangique nese trouvent qu'au sud d'Okondja chez les OBAfiffiA et, selon ANDERSSON(3), chez les BAvn]MBU et les BANDASA.

Quant aux figures dites oSYEBA, à fines lamelles delaiton plaquées sur un support de bois légèrement concave (on les ap­pelle aussi ~ja), elles se trouvent chez les hVlliONG\VE de l'est deMékambo au Gabon. Elles n'ont rien à voir avec la population oSYEBA,

(2) Ce que SILLANS (R) appelle abvup pour les Faft,des "Rites etcroyances des J;?euples du Gabon", Présence Africaine, Paris, 1962.(3) ANDERSSON tE.) "Contribution à l'ethnographie des Kuta 1",Uppsala Almqvist et Wikselle, 1953

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en réalité les Faft MEKINA, des régions de Booué et de Ndjolé. Lessculptures I{AHON~;Œ sont aussi appelées ~bwété ; elles ont le mêmeque le pyéri Faft. Chaque famille en possédait une ou deux. Selon mesinformateurs, ces figures abstraites tendraient à représenter un an­cêtre puissant dont les reliques sont conservées dans le panier quiest en dessous. D'ailleurs chaque ~bwét~ a un nom propre.

11- RAPPEL SO:m:IAlRE DE LA :METHODE D'ANALYSE ..

J'ai exposé dans un récent aryicle (4) lem grandeslignes de ma méthode d'analyse ethnomorphologiques des arts afri­cains. Je ne ferai ici qu'un bref rappel de ses principes essentiels.

l - Un masque ou une statue d·'J..frique est la plupartdu temps un objet rituel. Ce que nous appelons objet d'art est avanttout un objet utile dans un certain milieu : le masque est indisso­ciable du vêtement de raphia qui l'accompagne comme de la danse quiy correspond; de m~me la statue d'ancêtre prend son véritable sensau sein du culte familial et des rites qui en sont l'expression.

De là ma double démarche : analyse aussi poussée quepossible des formes uu l'objet et détermination théorique des styles(le "style" étant défini comme un enseJ1.!!?1e d'éléments morpholo,giguesRertinents et c~st~s durant une certaine période du temps et dansun certain_espace géographig~~) ; puis étude du contexte ethnogra­phique dans le~lel la pièce avait sa place dans la mesure où il exis­te encore.

(4) PERROIS (L.), "Note sur une méthode d'analyse ethnomorphologiquedes arts africains", Cahiers d'Etudes Africaines, :'::f':Hl:, VIEl section,nR 21, vol. VI, 1966. .

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2- L~~aly~~ morpholo~i9ue part du principe qu'unestatuette est composée d'une charpente fondamentale sur laquelle sontaccrochés des détails secondaires. La charpente (ou structure formelle)résulte de l'agencement spécifique de trois éléments essentiels: latête, le tronc et les jambes. On considère ces éléments lS dans leurhauteur, (hauteur particulière par rapport à l' Cll1:Jcmble), 2.2 dans leur

lnrgeur les uns par rapport aux autres (c'es~-à-dire qu'on remarques'il y a un effet de colonne ou un effet d'étranglement), 3~ dansleur épaisseur.

On peut alors se poser le problème de la pertinencede cette structure interne au niveau de la détermination des stylesparticuliers et de sa non-partinence au niveau de la différenciationde l'ensemble des arts africains. En effet on a déjà remarqué (5) quetoutes les statuettes africaines présentent en gros ce qu'on appellela ]F_~orti~~ africaine, (la t0te représente 1/3 ou 1/4 de la hauteurtotale de la pièce).

Mais si cette proportion africaine est une notionpertinente au niveau de l'ensemble des arts africains, en revanche

. pourelle ne sert pas à grand-chose différencier et analyser les particu-larités de tel ou tel style local. La charpente structurale qui cons­titue le squelette de la statue est une ~~~~ée de ~tyle qui est a peuprès inconsciente et qui relève de ·la pure tradition. Le sculpteur,dans la ligne d'une plus ou moins grande conformité à ce schéma debase, n le libre choix du détail des proportions et surtout de la fa­cture des décors q~i sont surajoutés à l'objet.

Ce qui est paraioxal, c'est que cette proportionoriginale, tille grosse tête et un corps relativement trapu, sert à

(5) FAGG (W.) "Cent tribus, cent chefs-d'oeuvre ll, Catalogue de l'Ex­

position des Arts Décoratifs, Paris, 1965

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identifier d'une manière à peu près certaine une statue d'Afrique;mais ne permet absolument pas de la situer dans son contexte artistiquelocal. La structure interne parait donc Eignificative

1° au. niveau de l'ensemble africain, opposé aux ensemblesasiatique ou américain, par exemple ;

2° nu niveau des sous-styles particuliers.

Il semble qu'elle ne puiose pas servir à différen­cier nettement les styles régionaux les tillS des autres car on retrouve,dans presque tous, des statues aux proportions diverses. On s'aperçoitde ces différences particularisant chaque école sculpture quc~d onétudie U11 grand nombre d'objets du même peuple.

Ce qui me fait penser que la question des propor­tions est importente, c'est que dans une analyse de plus de deux centpièces fa:t\ du Gabon, on remarque que les stD.tues se distribuent statis­tiquement en catégories bien tranchées, du point de vue des proportionsassociées de la t~te, du tronc et des jambes. Si cette structure étaitdue au basard seul (le sculpteur pouvant choisir librement les propor­tions de son oeuvre), la distribution ne serait pas aussi régulière.

Aussi, partant de ces quelques principes, l'analysemorphologique va se dérouler de la. façon suivante : on va décomposerchaque objet en éléments simples (nez, oeil, bouche, etc.). On peutalors comparer et classer ces éléments en catégories. Par exemple, pourl'oeil, il y aura sept catégories différentes. On procède alors par unsystème de numéros qui permet de détecter d'une manière précise quelssont les points communs des objets étudiés. J'ai exposé un exemple del'emploi de ce r~stème dnnn ~rnrtiq16 cité, avec les tableaux g~i en

découlent et qui constituent une sorte de preuve théorique de l'ap­partenance des pièces à chaque sous-style donné.

III LES SOUS-STYLES FAN •._. -------------

1 - Le style faft s'étend de la Sanaga au

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Cameroun vers le nord jusqu'à l'Ogooué au Gabon, vers le sud. Les li­mites ouest et est sont constituées respectivement par l'Océan Atlan­tique et la rivière Ivindo.

Les Fa.:ft se répartissent en trois groupes principau:::(6) qui sont : au nord, les BETI (YAUNDE, EWONDO) ; au centre (nu sudCameroun) les BULU ; enfin, au Gabon, les Faft proprement dits.

Ceux-ci se subdivisent à leur tour en 1° FMi, de lavallée de l'Ogooué au sud Cameroun ; 2° NTmm ou NTUM dans le Woleu­Ntem, le Rio Muni et la région d'Ambam au sud Cameroun; 3° MVAE, depaDt et d'autre des NTillmJ ; 4° OSSYEBA ou FAN ~mKINA dans l'Ogooué­Ivindo.

D'après les renseignements recueillis sur les objetsétudiés, il semble que le style faft traditionnel ne se trouve q~e

dans le groupe dos FAN du sud. Cela se comprend si on admet que ccsont eux qui ont constitué le fer de lance de la. poussée faft au XIXè:le

Siècle, tandis que les autres n'auraient fait que suivro.

Le problème des origines exactes de ces populationsreste posé et du même coup celui des IJromiers éche..nges stylistiques 0

On a souligné la tendance des Faft à emprunter des traits culturels à

leurs voisins ~ on peut alors Se demander si co style est un art es­sentiellement faft ou bien une synthèse originale d'éléments morpholo­giques pris à des styles rencontrés au cours dos migrations.

J'ai étudié quelques statuettes bulu, yaundé, éton etewondo ~ 10 petit nombre de pièces ne me permet pas àe conclure abso­~LùJnent, Hais il est d'ores et déjà sûr que nous sommes là en presence18 styles complètement différents.

2- L'ensemble faft se subdivise en trois sous-stylesprincipnux ~ un sous-style longiforme au sein duquel on peut distin­guer deux tendances suivant l'accentuation donnée

----_.---~--~---

(6) ALEXA1'ifDRE (P.) & BINET (J.) "La groupe dit Pahouin ... o", PressesUniversitaires de France, Paris, 1958.

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à l'allongement des for~es ; un sous-style é~~fo~ aux volumes équi­librés les uns par rapport RUX autres ; enfin un sous-style bréviforme,trapu et ramassé •

2 , a - Le sous-style hYEG!-long1!o~ se caractérisepar un tronc très allongé, très étroit ; par une t~te moyenne (la hau­teur de la t~te représente une valeur moyenne au sein de la totalitédes hauteurs mesurées) ou petite associén à des jambes très courtesun long cou d'un diamètre comparable à ~plui du tronc. Ces volumess'inscrivent dans un cylindre de petite Bection et donnent une impres­sion de légèreté.

Le sous-style l~forme lui est évidemment apparenté.Les jambes sont courtes, la tête moyenne. Le tronc est moins allongé.Toutefois l'association des jambes courtes et du tronc sur-moyen souli­gne l'aspect longiforme de ces pièces.

2 , b - Le sous-style .~Cl~J..:f..9~ est le plus·.classique dessous-styles fafl.. Il est caractérisé par une tête, un tronc, et desjambes noyennes 0 Le cou est très court. La forme du morceau de bois ini­tial est toujours sensible : le bassin et les épaules sont de mêmelargeur, la tête à ~eine plus étroite.

2 , c - Enfin le sous-style bréviforme présente des carac­téristiques originales : une très grosse tête, un tronc court et étroit,des jambes moyennes. Les bras sont bien détachés du corps. Les troiséléments essentiels de l'objet tendent à avoir des hauteurs senblablos.

Si on compare terme à terme ces trois sous-styles ons'aperçoit que du groupe longiforme au groupe bréviforme : 1° la têteva en grossissant ; 2° le tronc va en diminuant de hauteur et de lar­geur ; les jambes vont en s'allongeant (cette constatation est mise enévidence dans un schéma comparntif des sous-stylos faft) (7)"

(7) PERROIS (L.) ibid •

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comme exemples

3, a. , 1/ So~s-s.:tYle .Al - Hyper;:1-ongif9!,me. (Planche 1)Byéri faft (Gabon ou sud Cameroun), H= 0, 55 ID, L=0,14m ; HamburgischesMuseum für VéSlkerkunde und Vorgeschte (nO 51-14_1).Numéro d'identification morphologique (7) : 352-42843-415313.Détail des caractéristiques :

-Proportions .du tronc : type 3, tronc supérieur à 5/10 de lahauteur totale ..

-Proportions associées de la tête et des jambes type 5,tête moyenne et jambos très courtes.

-Face: type 4, sous-concave ..-Forme de la tête: type 2, norma facialis = en poire;

norma lateralis = en cassis.-Coiffure : type 8, casque à tresses ..-Bras: typc 4, geste d.'offrande, bras décollés du corps.-Jambes : type 3, position assise-Bouche: type 4, lèvres très en relief.-Nez: long' à base plate, type 1.-Oreille: type 5, sans oreilles.-Yeux: type 3, métal incrusté, forme circulaire.-Nombril: type l, cylindrique, en forme cheville.-Seins: type 3, pas de seins marqués, homme.

Décor: placage de métal (laiton ?) sur la ceinture scapulaire etle nombril, avec un dessin géométrique ciselé ; collier de perles detraite. La patine est claire, les surfaces soigneusement polies sauf surles jambes où l'on peut distinguer de réguliers coups de taille.

La sureté des courbes, la symétrie des volumes et les propor­tions mêmes montrent que le sculpteur était en pleine posséssion de sesmoyens techniqueso

,\ j

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.. 9 -

Planche 1-

SOUS-STYLE A 1 - HYPERLONGIFORME •

2,4/10

1,9/10

5,7/10

o

,

Cliché HAbIDURGISCHES MUSEUMFsda Allemande). (Rép.

Dans le sous-style Hyperlong1~orme, la hauteur du tronc estsupérieure à la somme des hauteurs de la t~te et des jambes •On peut considérer que :

Tr "> T~ + J.

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,

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3 , a , 2/ sous-style A II - Longifo~. (Planche II)Byéri faft (Gabon), H=0,48m ; ancienne collection Paul GUILLAUME~fusée de l'Homme, Paris (nO 41-13-8).Numéro d'identification morp~ologique 251-2321-132226.Détail des caractéristiques :

- Proportions du tronc : type 2, moyen.- Proportions associées de la tête et des Jambes

type 5, tête moyenne et jambes très courtes.- Face : type 2, concave.- Forme de la tête: type 3, norma facialis= ovale,

norma lateralis = en cassis, arrière vertical.- Coiffure : type 2, casque à crête centrale.--Brns: type l, collés au corps, mains au ventre.-.Jambes : type 3,pgsition assise.- Bouche: type l, large, au niveau du menton.- Nez: type 3, en "bouton de bottine".- Oreilles : type 2, en arc de cercle sculpté.- Yeux: tyPe 2, en "grain de café"~

- Nombril : type 2, en demi-sphère.Seins: type 6, en pis de chèvre ou en obus (femme).

La pièce n'a aucun décor. L(:,;J~L;Ill'fncos sont SOi{P1cusodentpolies. Bollo patine foncée. •

La statue est soutenue par un support postérieur solidaire del'ensemble. On remarque deE trous pratiqués au niveau des aisselles,de part et d'autre de la poitrine (devant et derrière), au sommet dufront et à travers la coiffure. Peut-être servaient-ils à fixer desplumes de touraco comme on en trouve sur certaines pièces.

Cet objet est représentatif du sous-style longiforme malgréun cou très court : celui-ci est compensé par l'association de trèspetites jambes et d'un tronc sur-moyen (4,8/10). On ne peut considérerles yeux en grain de caf~ comme caractéristiques de ce groupe car letype 3 (métal plaqué) est aussi représenté •

3 , b - Sous-style B - Eguiforme (Planche III)Byéri faft, homme assis avec tige postérieure (dimension et

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Planche 11-

SOUS-STYLE A 2 - LONGIFOEaΠ~

,

:~

.:-:-~. ;,

2,8/10

4,8/10

2,4/10

L

Bféri taft, Musée de l'homme, Paris;~iché Perrais.

Dans ce sous-style, si on ajoute les hauteurs de la tête etdes jambes, on obtient approximativement la hauteur du tronc. On peutconsidérer que : Te + J::: Tr.

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arrièresurfaces

,

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détention inconnues) : CENEPOM 55-17_233, Musée Royal d'AfriqueCentrale, Tervuren, Belgique : cliché nO 78 373, Dossier MRCE XXIII.Numéro d'identification morphologique: 211-23242-132211.

- Proportions du tronc: type 2, 4/10 c'est-à.diresous-moyen.

-Proportions associées de la tête et des jambes :type l, tête et jambes moyennes.

Cou: type l, court.- Face : type 2, concave- Tête, formes : type 3 (voir 3,a,2/)

Coiffure : type 2, casque à cr~te centrale.Bras : type 4 (voir 3,a,1/)

- Jambes : type 2, demi-fléchies.Bouche : tJ~e l, large, au niveau du menton.Nez: type 3, en "bouton de bottine".Oreilles: type 2, (voir 3,a,2/)

- Nombril: type l, cylindrique, en cheville.- Seins: dessinés (homme), type 1.

La pièce repose sur un long support vertical, placé très enpar rapport au tronc. Elle a une belle pa.tine foncée: les

sont polies et semblent laquées.

Le personnage a un tatouage frontal et nasal gravé en creux.C'est le seul décor qu'il présente. L'ensemble est traité avec habi­leté Gauf los mains qui soht figurées par de vngues triangles aplatis.Il faut remarquer la continuité du tronc et du cou à la limite des­quels sont "accrochés" les bras.

3 , c - Sous-style C - »réviforme (Planche IV).Figure funéraire F~ (homme), H=14" (O,35m); ancienne collectionpaul GUILLAUME, The Museum of Primitive Art, New-York, U.S.A.,Numéro 59 104 •Numéro d'identification morphologique : 122-23442-111248.

- Proportions du tronc : type l, court.- Proportions associées de la tête et des jambes

type 2, grosse tête et jambes moyennes.

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Planche 11I-

2,8/~ ro

4/10

Cliohé ~~8ée Royal de l'AfriqueCentrale,Tervuren (Belgique).

La somme des hauteurs de la têteet des jam~es égale approximative­ment les 3/2 du tronc.

On peut considérer que :

Tê + J C:: TI.' x 3/2

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- Cou : type 2, long.- Face : type 2, concave •- Forme de la tête: type 3 (voir 3,b)- Coiffure : type 4, casque à deux crêtes.- Bras: type 4, décollés du corps, geste d'offrande •- Jambes ; type 2, demi-fléchies.- Bouche ; type l, au niveau du menton.- Nez : long à base plate, type 1.- Oreilles: type 1, très en avant, demi-hémisphériques.- Yeux: type 2, en "grain de café".- Nombril : type 4, conique- Seins : type 8, en volumes arronclis (homme).

Ce byéri soigneusement poli et laqué présente une belle patine fon­cée. La tête, très grosse par rapport à l'objet entier, est sculptéeavec plus d'aisci".c:: que les pieds et les mains qui -sont bûclG0.c. C'estun beau spécimen du sous~style bréviforme. Il faut le comparer, élé­ment par élément, avec la pièce de la Planche l, du Musée de Hc:.r:.-···

bourg. On constate alors la différence fondamentale qu'il y a entreles deux sous-styles, malgré la rcmJc,~blD.llCl' des détails secondaires.

IV - LE PROBLEME DES TETES SCULPTEES 0

A côté des statuettes dites byéri, on trouve chezles Faft, des têtes sculptées qui par~issent avoir la même fonction(Planche V).

Les têtes ont des analogies certaines avec les sta­

tues mais jusqu'ici on n'a pas pu déterminer pourquoi les Faft fai­saient de telles sculptures. Car il n'est pas Qoutcux que cettedifférence fomelle recouvre une différence sensible de fonction à

Roins qu'il ne s'agisse a'une différence d'origine géographique. Ence qui concerne les "bustes" fafJ., je pense qu'il s'agit le plussouvent des statues cassées et réparées ou encore rongées par lesinsectes; nais le buste en tant que tel n'est pas une forne d'ex­pression plastique utilisée en Afrique pour la statuaire de bois.

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Planche IV-

SOUS-STYLE C - BREVIFORME ~--------------...-----------

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3,1/10

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·Courtesy of The Museum of Primitive Art~New-~ork.USA.

La tête, les jambe.a et le tronc tendent à devenir de~ hal:rJ;eurséga1e·a. Dn ,peu't considérer que 1 Tê=-J =Tr",

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'....

- 16 -

Les têtes sont en bois dur ; soigneusement polies et pa­tinées, la plupart sont laquées avec une préparation noirâtre, comneles statues •

Ce qui frappe à l'exanen de ces pièces, c'est leur grandeunité stylistique. Sur la vingtaine de têtes de J'la collection de cli­chés photographiques, il y en a 13 qui présentent un type de coiffuresenblable : le casque à tresses. Or ce type de coiffure est assez peurépandu dans l'ensenble de statuettes; ce qui laisse à penser qu.ona là un style différent, correspondant à une $ubdivision véritablede l'ense~ble faft (subdivison fomelle ou bien formelle ~ rituelle).

Les deux types d'oeil trouvés sont les yeux en métal plaquéet les yeux en grain de cp~é. La face est toujours concave ct curieu­senent allongée vere le bas. Quelquefois le front est énorrle au dessusd'une face triangulaire. La coiffure s'accroche très en arrière sur lecrâne. Toutes les lignes qui constituent le visage convergent vers labouche qui se trouve au niveau du r.lenton. le support (le cou ?) esttoujours très haut, parfois aussi haut que la tête elle-m.êne.

Je ne pense pas qu'il y ait de rapport entre ces têtes etles marionnettes faft. Celles-ci sont habillées et servent durant lescérémonies de deuil pour représenter les ancêtres. Aucun rapport di­rect non plus, avec les marionnettes byéma de la danse nangane. Cesobjets sont faits de bois léger, souvent peints de couleurs vives ethabillés d'étoffe. On se retrouve même pas entre ces divers types desculpture faft une quelconque analogie de fOIT.le.

v - I\1ATIERES ET TECHNIQUES.

l, a - La principale lnatière utilisée est évidemment le bois. Je neferai ici que reprendre les données fournies par un spécialiste,

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.. 17

Planche V -•

(,

Tête sculptée f~ •

•Musée de I f Homme, Paris, H= 0,23 m•

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R. SILI~S, ethnobotaniste et ethnoloeue ; il s'est déjà penché sur laqUGstion avec une cor:pétrllce que je suis loin de posséder (8) •

Les bois enployés sont l'ébène (Diospyros cra~siflora ­Hiern), IG bois de mbikan (Newbouldia laevis-SeeM), le bois d'o~.(~Ylopi~~thiopica- Rich), le boisd'eWlli~i (Coula cdulis Baill.), Gt,quelquefois, le padouk (ptérocarpus Soyauxii-Taub.). Pour le non-spécia­liste on peut distinguer deux sortes principales de bois : le bois denseet sombre de la plupart des belles pièces faft et le bois tendre et clairdes pièces récentes .. Le "boiS de fer", très lourd ne sEmble pas avoirété enplo:yé traditionnelenent : les deux pièces du Musée de l' HomJ'le(33-12-95 & 96), des têtes de style assez hétérodoxe, ne ne seMblentpas avoir réellement servi dans un culte du bY~i.

l , b - Les ~atières annexes sont le cuivre ou le laiton (~lacages

décoratifs sur la poitrine, les épaules, la face, le nonbril et surtoutpour figUrer les yeux) : les perles de traite (colliers, bracelets, etparfois a~ssi pour figurer les yeux); le tissu de coton (pagnes et cein­tures - d'utili~ation assez rare et surtout récente); le oiroir (pourfigurer les yeux - cela viendrait d'une influence plus ou nains congo­laise car les pièces anciennes du nord Gabon ct du sud Caneroun n'enpossèdent ~aà); la peinture (pratiqueoent jnr.lais employée dans les objets"orthodoxes" - il Y a quelques statues d'origine douteuse, peut-êtrefaft, (J.ui sont polychromes ainsi que des pièces yaundé, eHondo, etc •••du Cameroun nais qu l on ne peut pas rattacher directement au style fafttraditionnel).

2 - Techniques de façonnage.

Le sculpteur avait pour outils une herMinette et un couteauforgée au villago. Aujourd'hui les artisans se servent encore de cesdeux outils essentiels nais ils s'aident aussi du ciseau à bois et de

--.

la lime. On trouve encore des sculpteurs au Gabon. On ne peut

(8) SILLANS (R.) & WALKER (A.R.), Les plantes utiles du Gabon,ed. Le Chevalier, Paris, 1959.

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dire co~nent leur technique a évolu~ car les renseignements sur les ar­tisans du début du siècle nanquent conplètenent.

Actuellement ils procèdent de la façon suivante : leclient fournit lui-même la bille de bois ; le oculpteur fait un dessinapproximatif à la craie sur le mur de son ,atelier pour fixer les propor­tions des trois principaux élénents de la statue (voir Planche VI); ildégrossit la b~che suivant ce schéma puis il affine la statue en finissantpar la tête. Il se sert de l 'herninette , du couteau, du ciseau à bois et

- ' -de ln lino (nutrcfoiu 011 utilisait une feuille rugueuse de akô - figuiercormun Ficus exasperata-Vahl). La face se taille de haut en bas, dans lesens du bois; les yeux, le nez 'et la bouche sont gardés en réserve: oncreuse les joues autour de ces détails.

tes pièces anciennes sont laquées avec uh enduit fait decopal ('copa.ïfcrc.) qui donne un éclat senblable à celui d'un vernis. On

• ................. 1

pouvait y mettre du charbon de bois pour noircir; l'huile de palmeservait de liant pour étendrè le produit quton appliquait à chaud (9).

Rennrquons cependant que si on trouve encore quelquessculpteurs, ceux-ci ne façonnent plus que des pièces médiocres (saufquelques masques originaux)' moins du fait de leur incoT.~étence techniqueque du fait des clients exigeants, pressés et snns goüt. La statuaire apratiquement disparu au Gabon, le masque résitel:lieux : cela tient à laliaison étroite des statues avec le culte àes ancêtre qui n'a plus droitde cité chez les Fnft, tandis que le nasque est l'expression de sociétésde danses encore vivantes purce que profanes et folkloriques.

VI - L'ORNEMENTATION.

l - L'ornementation s'oppose à la structure formelle fon­damentale ccnme ln contingence de l'nspect extérieur du corps humains'oppose à ln relative uniformité du squelette et des orgnneo internes.Elle prend toute son importance nu niveau des styles locaux car ellepermet d'identifier les pièces de mêne origine. Le détail de tel ou teltatouage sculpté peut orienter le chercheur

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r

- 20 -

Planche VI -

Un seulpteur gabonais au travaU..m.PA!fA (M6kmtbo ,G~bon )

Pour travailler il met la pièc~ ~JX 6e~ g8noua.Son mul11et ~st faitdtun morceau de bois dur. SUT la t~te de ln st~tue on r~l~~qus lostraces du achéd de la facE! ( limite des orbites ,YIEltl:X, bouohltJ) •

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- 21 ...

pour l'attribution d'une pièce à tel sous-style ou tel autre. Mais ledécor est secondaire par rapport aux proportions et à l'~genceMent desvolumes entre eux.

L'ornementation de la statuaire rituelle fafi est trèssobre. Les st3tues ne présente que de rnres tntounges incisés sur lasurfnce du bois. Le décor est bien plus dessiné que sculpté. On trouveaussi Qro placages de laiton ou de cuivre.

2 - Les- t~ouages.

Les tatounges sont assez rares duns le style faft nais nonpas exceptionnels. Les plus courants sont l~s tatouages faciaux.

2 , a - ~es tat~ages de corps. Il senble qu'ils soientune copie fidèle de ln réalité, ce qui est nornal si l'on songe que letatouage sert à particulariser le byéri et à le définir en tant qu'an­cêtre de telle lignée. Il se pourrait d'ailleurs que le ~~ri ait unnon- propre conne le BÈ~ét~ des Mahongwé de Mékambo (Gabon). On retrouvela plupart des motifs tatoués sur les statues dans l'ouvrage de TESS: r:..N(10). Les tatouages de corps sont figurés par les lignes pointillés quirèprésentent peut-~tre des tatouages par piqÜres. (voir Planche VII).

2 , b - Les tatounges faciaux. Ils sont toujours d'unegrande sobriété de fonne. Ils décorent sans surchnrger. Là encore onretrouve les motifs relevés par TES~ : triangle, pointe de flèche etligne verticale sur le front.

A côté des décors incisés on trouve une ornenentation denétal plaqué : le cuivre ou le laiton en plaque est ciselé suivant desmotifs sinples - cercle, triangle, ligne droite -, puis fixé à la piècepar de petits crochets ménagés sur les bords. De tels décors se trouventsur la surface, les épaules et le nombril.

(9) SILLANS (R.o et WALKER (A.R.), Rites et croyances des peuples du• Gabon, Présence Africaine, Pnr~s, 1962.

'\ ~ .' ~t.~ft~r;·~

(10) TES~UΠ(G.) Die Pangwe, Wasmuthed, Berlin, 1913~

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Planche VII •

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;LES ~ATOU.AGES DE CORPS.--------------_...---

1

1-

1

........:....:.-·i­...... ~ ....

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11-~, -·t·.':.:·::.:: :.~: .:!.: .. ~ .

• • : •• ., '. I.e •.•• · t • ... t •••• • 41. ••• • ••• a••• • •• •• •••• ..... et·' ...• •

o

1- Quelques types de tatouages figurés sur les bléri l"aft.II... On peut comparer les tatouages sculptés aux motifs :uéellementut111stfs par les !&ft (selon !ESMAlIlN (G.),D1e ,Pangwe ••• ,vol.l,BerJ.iin,1913, Abb. 215). Le mot1~ â se' retrouve en l et 5 J ! en 4 J ~ en , •

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.,

- 23 ...

Planche VIII •

LES TATOUAGES FACIAUX •---- ------_.._-----...

.. 1-

c

11-

2 4

5 6 7

I-Types de tatouages facieux des Fb selon D8lU.NN, ib:lid. ,A.bb .. 21511- Types de tatouages faciaux sculpt'e sur les byi.ri. On retrouve lesmotifs' 4e la raie médiane du front et du triangle.

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3 , a - Les colliers et les bracelets. Il faut distinguerlos colliers sculptés dans le. masso et ceux passés au cou de la statue.Les colliers sculptés figurent exacter:ont les types trf'.ditionnels : on.,trouve le lourd collier de laiton ou de bronze des honJll.es - ékar é ftgô -

(11) à plusieurs anneaux superposés ainsi que le collier des fennes ­pkYéné (voir Planche X). Les colliers enfilés sur la pièce sont faits deperles de traite. Ils sont plus rares (voir Plache 1).

On trouve des bracelets de poignet, de bras et des chevillesculptés nais le plus souvent ils sont figurés ~~r un Œnr!eau do cuivreenroulé autour du bois.

3 , b - I:!..e::,s vêter1ents. En général les. sto.tues sont nues.~ On ne trouve jamais de vêtenent sculpté. Dans les pièces récentes on a des

byéri habillés de pagnes de coton ct quelquefois de raphia. On ne sauraitdire si c'est p~r lm souci de réalisne ou de pudeur. Quelquos pièces an­c:hennco ont tout de nêne une ceinture, souvent en osier.

4 - Les coiffures.

Le type de coiffure ne s81~blc pas lié au soxe du personnage.Là encore il y a un souci certain de réalisme : tous les types de coif­fure représentés ont existé réelle~ent conne l'atteste l'ouvrage deTESMANN. Le casque à crête centrale, la plus belle parure des Faft, étaitdécorée de cauris, quelquefois figurés sur les pièces. Les coiffuresd'homme étaient plus ornées et plus compliquées sans qu'on puisse les dif­férencier à coup sÜr des coiffures de fonne. Cela devait dépendre descirconstances (danses, rites de passage, de naissance, de deuil, etc.) etla richesses de la personne. Le casque à tresses, orne surtout les têtessculptées. (voir les Planches IX et X).

(11) GALLEY (S.), Diotionnaire Fang-Français, Français-Fang, éd.H. Messeiller, Neuchatel, i964 •

...

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Pl"anche IX •

LES TYPES DE COIFFUIΠDES BYERI FAN.--------------_......._----.....-------

•a

1

D

a

2

4

b

b

Ir

5

l-Casque sur l'arrière de la t@te~.2(a-b)-Casque à crête oentrale ettrou transverse;,-ealvitie ,4(a-b -(lasque à deux crêtes et bandeaufrontaJ.;5-erête transverse ;6(a-b .. Casque à tresses.

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'f

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:Planohe X •

DEUX TYPES DE COIFFURE 'DES FAN •

~--------------~--------------

(selon TESltIABN,ibid.)

•(Abb.14,p.2S) Coiffurede femme - Fam. ESSAUONG,GuiDée espagnole •La crête est déoorée deq10us de ouivre ; les pen­dentifs sont faits deetuIr1s , au 0 ou , deuxD!l"~ superposés.

(Tafel XIV) Coiffure.. •homme- Fam. OM'fANG,Guinée espagnole.Déoor de .cauris ~t deperles de verre (sur:Des tempes) ; pendantiffaits de fines chalnesde m'tal.

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t

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VII - AA SIGNIFICATION ,]iL'Z.lê}l.L.!.._:Q.Fd.~ PIECES

1 - Les byéri faft ont tous une atti tnf.o do r:édit("..tio!'l_.;le visage est calme et serein. Les deux Moitiés de l~ pièce sont e:général syr~étriques, autant qu'elles peuvent l'être snns l'aide d'au­cun instrument de ne sure • Les gestes sont touj ours figÉE. '.0: :"~oC ~.:;J.C h~"e­

bilité qui rend le maintien hiératique et dOILne ~Ule certaine raideur"gothique" au..."'C stc.tues. On trouve quelques exceptions à cette règle :en pl:\rticulier deux "r:mternités" - l'une représente une femne tenantson enfnnt à c21ifourchon sur le dos, l'autre sur les épaules -. Maissont-ce bien là des ~éri au m~~e titre que les autres? Je ne le pensepas, n~is pour l'instant, c'est un problÈne s~s solution, faute d'in­forMation précinc.

La nudité est de règle dans le style faft traditionnel.Trois élénents sont toujours à une plus grande échelle que le restela tête, les organes sexuels et 10 nOAbril. Les stntues africaines sonttoujours Yortenent sexualisées, l'art faft ne fait pus exception. Lenombril p~oéTIinent senble correspondre (?) à une énome esthétique plusqu'à un cQncept hautement métaphy.sique car, en réalité, le "gros non­

bril" -~ é dol - est très courant encore aujourd'hui, surtout-chez les ter;unes (traditionnelleJ'lent plus "conservatrices" que les hom-

mes).La répartition des personnages en horu~es et fennes est

équilibrée. Mais cette répartition équitable pose un problène si onconsidère le caractère patriarcal de la société faft. La descendancese fait en ligne paternelle : on devrait s'attendre à ne trouver quedes byéri nasculins, représentant les ancêtres valables de la faBille.Or curieusonent de nombreuses pièces représentent des fennes. Certainsgroupes de parenté faft se réfèrent à un ancôtre féminin : ce sont lesm.vor • La ferane qui est à l'origine du gyor serait une femme très fé­conde qui a dom~é naissance à une nombreuse ddscendance. Je n'ai pusavoir si cette fenrrùe était assimilée à un honne (c'est le cas pour lamère des jurtieaux chez les Bakota) ou bien regardée COmfle une fe~no à

part entière. Mais le grand nOflbre de byéri féninin D'incline à penserque c'est cetto dernière solution qui est la bonne. D'ailleurs le

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réGimo "patriarcal" au sons strict n'existe pas: les femmes ont tou­jours un rôlo important, mêfle dans los sociétés de typo patrilinéaire.le byéri féminin serait alors l'ancêtre du liYor

2 - Le byéri Le b~éri proprenent dit est consti­tué par un ensemble d'objets dot le principal est le crâne de l'ancêtre.Ces os sont recouverts de poudre rouge dans une ù01te cylindrique enécorce - ?~ekh ô byéri. Parfois il y a une statue ou une tête au dessusde la bolte. De là l'utilité du support postérieur de certaines pièces.On offre de la nourriture au byéri,. puis l'officiant la mange lui-~ême

après. Le "fétiche" favorise la chasse, la pêche, rend les femmes fé­condes et donne des richesses (12). Seuls les initiés - mvôm i byéri ­peuvent le connaitre et l'invoquer. La bolte est placée, selon LARGEAU(13), dans une petite case "ad hoc", dite nda éki ou case sacrée, pla­cée à côté de la case du chef de famille. Le byéri éloigne les sorciers- be yee - et détruit les maléfices. On le consulte pour tout ce quiest important et on reconnalt toujours à certains signes que le byériapprouve ou condamne l'entreprise projetée.

Ces objets se répartissent en quatre catégories : corne,flftte ou sifflet, petit pot, bâton.

3 , a - La corne. Elle pourrait représenter la corned'antilope, "fétiche" bourré d'un l'médicament" - biaft - qui est trèsrépandue en Afrique équatoriale. Dans TESi&,HJ\:ltJ(14), il est préciséque la corne-fétiche est utilisée comme médécine d'amour. Mais son rôle

'ne se limite pas à cela. : elle sert aussi à chercher la cause d'une mortsuspecte., Elle est aussi utilisée lors des rites qui marquent la nais­sance d'un enfant, soit comme médicament protecteur à suspendre au cou

--------------------'/

l12l GALLEY ~·S·l13 LARGEAU V.14 TESSl-\A.N G.

, ibid., Encyclopédie pahouine, Leroux, Paris, 1901., ibid.

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du bébé soit pour contenir le cordon ombilical.

3 , b - L0 petit pot. Il est lié, chez les NTUMU, aux rites deconnaissance: on y met le cordon ombilical de l'enfant. Selon d'au­tres sources, ce pot pourrait être celui qui contient une préparationd'herbes et de feuilles destinûc à être placée dans le bain du nouveau­né pour le protéger de tous les maux physiques et surnaturels. D'où uneliaison possible entre le culte des ancêtres et le concept de conser­vation de la vie ou de protection des enfants du clan.

3 , c - La flüte ou le sifflet. Chez les F~ la trompe - ékyérna ­sert à se venger de celui qui vous a fait du tort: on souffle dedans

• pour attirer le malheur sur lui. Là encore on peut établir un lien entrele byéri et l'idée que les ancêtres sont là pour venger les membres de

=4

la. famille.On trouve aussi, dans les nains des statues, des b~tons :

les renseignements manquent complètement à ce sujet. (voir Planche XI).

Il semble qu'il y ait un symbolisne précis qui s'attache auxobjets tenus par les byéri. Mais on se heurte à un double obstaclepour l'expliciter: les jeunes informateurs ne savent rien, et les vieuxse refusent à révéler des connaissances encore ll~portantes, drolgereusede toutes façons clandestines depuis l'essor du culte bwiti (15).

4 , a - "Le !!!~!ê:!} a pour origine l'ancêtre faft MANEGO'O"

(15) le bwiti est un culte syncrétique complexe, dforigine MITSOGO,qui s'est répandu et développé chez les Faft à partir de 1927.(16) MINI8A (J.), Biéri, Réalités Gabonaises, nSo"7, p. Il à 13 •

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- ;0 -

Ex e 011. P.GUILLAUMESous-style A 2

Planche XI •

MUsée de l'HommeParis ; H=O,56mSous-style A 2

Echelles' d1ve~sea~

.------.._------------......- ........LBS, OBJETS TENUS PAR LES BIERI •

2

Pe"tit pot

l

Corne

MUsée Ethna. deLeipzig.Sous-style A. 1

"

Flllte (?)4

MUsée d'Ethno. deBUe ; H=O,26 mSous-style B

BAton

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qui voyant qu'à sa mort~ laissait ses enfant sans soutien, leurrecommanda de prendre son crâne pour en faire une relique. Le mélnnest "un dieu bienveillant, miséricordieux et prompt à secourir chaquefois que le besoin sien présente". Le mélan ressemble à la "sainte Tri­nité" en ce sens qu'il se composait du père, crâne de l'ancêtre, desécorces d'arbres qui réprésentent le fils (?), et du poison, forceagissante".

Ces informations sont intéressantes car les données sur leculte du byéri sfJnt trèo' rares mais on voit que l'informateur à subi de

nettes influences chrétiennes et qu'il veut catholiciser les croyancestr0èitionnelles faft.

"Les officiants qui dirigeaient les cérémonies s'appellentr ~ et l'ensemble du groupe des initiés, ngun mélan. Le nom de~

ou~ désigne aussi le néophyte qui va ~tre initié par la présenta­tion du byéri, c'est-à-dire le crâne de l'ancêtre. La principale mani­festation de ce culte est l'initiation des nouveaux. L'officiant donnede la nourriture sacrée aux novices. et ensuite leur adresse des parolesde bénédiction" (interprétation de l'informateur).

Il s'agit d'un chant enregistré au cours d'une danse publi­que du mélan, don d'une réunion profane. Le chanteur y raconte cequ'était la "religion que les Fan pratiquaient autrefois". Il ser.1ble quele mendzang, xylophone sur tronc de bananier avec dos resonnaitcurr: -en:-_

calebasses, ait joué un grand rÔle dans cette danse et peut-être dumê~e coup dans le culte du byéri.

"C'est ~oi NANG DONG d'Agon. Je vais montrer aux gabonaisla religion que nous les Fan pratiquions autrofois.

Nous possédions un coffre-fétiche qui fit toute chose surla terre (?). Quand nous organisions la cérémonie en forêt pour initierles mvom, au jour convenu nous placions les novices en file indienneainsi que les

(17) ARCHIVES CULTURELLES GABONAISES, dossier 62-20-01, Musée del'Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer,Libreville, Gabon.

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miyom be ngos.~ est ie nom du nouvel initié, niyonbe ngos celui des anciens. On foms un rang en alternantles nouveaux et les anciens. Puis l'un des anciens porte le~~r1 (le coffre) et se tient en tête de la colonne. Il ex­plique alors l'origine de biaft (s ' agit-il là du ·''médicar.J.ent'' ?)

en dansant :

Pé ka;;;:l~é-.;;;.é--...!_b;;..,e;;,;;'k_a;;;;l;;";;é;",..,,,;;é---:;..!o biaft 0 né te te teetc.

(9 fois)? 0 biaft

Le choeur répond a basu a 0 0 0 ! Engugolé é é é é é( Pitié )ngoa a bongwé mbeng - é é é é é é é( Joli )bor bé nbo ya é é é é é é(Que feront les hommes ?)

Le soliste reprend : ~ fétiche, toi qui vient de Mébing,r.léka, Angon, v{a' a, ~ fétiche, t0i qui vient d' Okala, Mibé,Edzambeng, la vraie et la fausse canne à sucre 0nt un noeud,seul le banbou n'en a pas. Pitié pour les pa.uvres honneschauves. A BEKA BE GIHNGONE NANE vient revoir le nendzangdu fétiche.Le Choeur répond: pitié ! joli ! Que feront les hOMMes?Le soliste termine en parlant : En ce noment solennel del'apparition du coffre-fétiche on allait d'un c~té et del'autre du village pour le purifier de toutes ses souillures.Enfin le voilà pur ; et voilà que les blancs sont venus su­primer le .bYér:i;,. A présent, nous. n'avons plus rien".

Ce texte qui reste pour nous assez herMétique mon­tre tout de Même qu'il y avait un certain nonbre de rites précis at­tachés au byéri (intégration au groupe familial par la procession,instruction des néophytes, invocations et supplications au Il.fétiche'',purification du village - en fait peut-être détection dos sorciers -,~tc.). Il ~Iest pas mentionné ici de statuette ~nis il se. peut qu'ily en ait eu sans qu'on en parle èar ce qui est i; lportant c'est le . ~. ~

crC:ff.r?"·-:eétiche.

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(

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VIII - L'ART FIGURATIF ABSTRAIT DES FAN.

On Et souvent parlé dans les ouvrages d'art de ln tendro1ceréali "(;, des styles de la zone forcstière par op]iosition au synbolismeabstrait des styles soudanais.

E. LEUZINGER pense, par contra, quo "les Fang ont un penchantpour l'abstraction: les Pangwé du Nord (Bulu, YaUlidé, Eton) tendentvers une plus gran.de liberté et plusd8 fidélité à la nature" (18). Enfait, les styles faft du nord diffèront très sensiblonent de ceux quinous ont occupé dans ce travail. Il se caractérisent par l'enploi de lapolychronie et surtout par la reprise des thènes norphologiques desFafl. du sud, nais sans leur na1trise formelle et plus sinplel"1ent techni­que. Ce sont cles styles de transition dans lesquels on sent qu'il n'y apas d'inspiration vraiment originalc.

Le pur style faft se particularise . surtout par une heureuseutilisation des courbes qui habillent un squelette aux proportionsharmonieuses et originales. Je rejoindrai sur ce point H. LAVACHERY (19)qui parle de "style concave curvuligne" à propos cles faft. Mais si onaisément conparer les productions WAREGA, ZANDE, WABEMBE et FAN, jepense qu'il faut isoler le style BAKOTA. Cclui-ci est bien fait decourbes et de plro1s concaves mais l'orgro1isation dos vollmles et tropspéciale pour qu 1 -':'. ~uir;,;:. 1.: clf.:J~~(;r (~ .: .' le n~ne ensemble stylisti­

que.Il est vrai que LAVACHERY se défend de vouloir enferr.:wr la

statuaire dans une classification trop étroite, nais au niveau del'étude des styles tribaux,. il faut essayer de définir le plus exacte­ment possible les courants qui les composent, et donc les situer parmitoutes les classifications qui ont été proposées.

Liart africain est essentiellement fi~~ ; ce qui ne veutpas dire automatiquenent réaliste ou ~~r_~~te. Le sculpteur p2rt del'observation poussée de la nature et de la réalité du milieu tribalpour en tirer une abstraction qui dépasse toute conpHraison inmédiate

(18) LEUZINGER (E.) L'art dans le Monde, Afrique, Albin Michol, Paris1962.(19) LAVACHERY (H.) Statuaire de l'Afrique Noirè, la Bâconnière,NeucMtel. lq4-7.

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avec les modèles dont il s'est inspiré (20). Il Y a des degrés danscette abstraction de la réalité: depuis le nbwété Bahongwé franche­nent abstrait jusqu'au ~ortrait de l'Oni d'Ifé à peine idéalisé. Mais. "

on ne trouve )Jas dLU1;.: cût art de volonté llc confon1Ïté quasi phôtogra-phiquc au modèle réel, comme dans les périodes du réalisme et du na­turalisne français au XIXe. siècle. La nature est toujours revue selonles conceptions plastiques qu'on doit qualifier d'abstraites, sans q~e

pour cela le sculpteur oublie de concrétiser le plus exactement possi­ble les détails décoratifs. L'art nègre est symbolinte en ce sens quela forme doit ôtre sentie ct comprise car elle exprine l'invisible dansle langage du monde des vivants.

On peut dire pour conclure, en r:~renant des propos d'Al­bert AURIER, rapportés par Louis HAUTECOEUR dans l'HISTOIRE DEL'ART (21) que l'art, et ici".j'applique ces ternes à l'art nègre,est à la fois idéaliste puisque l'idéaliste choisit dans la nature;idéiste puisque son but est l'expression d'une idée; synbolistepuisqu'il exprime cette idée par des fo~es; subjectif puisque l'ob­jet n 'y est ja.rmis considéré en tant qu'objet nais en tant que signeperçu par un sujet; décoratif car le rôle de l'oeuvre d'art est aussid'orner et enfin riche de l'émotion qu'éprouve l'âme devant le drameondoyant des abstractions.

(20) UNDERVN10D (L.) Figures in wood of West Airica, John Tiranti LtdLondon, 1947.

(21) HISTOIRE GENERALE DE L'ART, FID.mr.1arion , Paris, 1950, 2 vol."Le XIX èoe siècle" par Louis HAUTECOEUR.