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LE BULLETIN DE L’ÉLÉ PHANT Les dernières nouvelles du Programme du WWF pour l’éléphant d’Afrique © WWF / PJ Stephenson Numéro 3 – juin 2003

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LE BULLETIN DE L’ÉLÉPHANT

Les dernières nouvelles du Programme du WWF pour l’éléphant d’Afrique

© WWF / PJ Stephenson

Numéro 3 – juin 2003

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Couverture: Le personnel du projet dans le district de Transmara, Kenya, évalue les poteaux des barrières utilisées pour suspendre des cordes couvertes de piments qui dissuadent les éléphants de ravager les cultures (cf. page 5). Cette édition du Bulletin de l’éléphant a été compilée et éditée par PJ Stephenson. Traduction française: Héloïse E. Gori Cabakovic Le Bulletin de l’éléphant diffuse des informations récentes sur les activités de conservation financées par le Programme du WWF pour l’éléphant d’Afrique. Il s’adresse au personnel et aux partenaires du WWF, à savoir les gouvernements des Etats de l’aire de distribution des éléphants, les ONG nationales et internationales et les donateurs. Ce bulletin est publié deux fois par an. Publié en juin 2003 par le WWF – World Wide Fund for Nature (anciennement World Wildlife Fund), CH-1196, Gland, Suisse Toute reproduction partielle ou complète de la présente publication doit en mentionner le titre et indiquer que l’éditeur susmentionné est le détenteur des droits d’auteur s’y rapportant. Aucune photographie de la présente publication ne peut être reproduite sur Internet sans l’autorisation préalable du WWF. Le contenu et les désignations géographiques figurant dans le présent rapport n’impliquent aucune prise de position de la part du WWF quant au statut juridique de quelque pays, territoire ou zone que ce soit ni quant à la délimitation de ses frontières ou limites géographiques. © texte 2003 WWF Tous droits réservés En 2000, le WWF a lancé son nouveau Programme pour l’éléphant d’Afrique. Se basant sur 40 ans d’expérience en matière de conservation des éléphants, la nouvelle initiative du WWF a pour objectif de garantir la survie de l’espèce menacée grâce à des interventions stratégiques sur le terrain. Le dessein à long terme du Programme pour l’éléphant d’Afrique est la:

Conservation des populations d’éléphants africains de forêt et de savane. Les interventions du WWF en faveur de l’éléphant sont articulées autour de 4 objectifs. • Objectif 1 (Protection et gestion): Réduire l’abattage illégal d’éléphants à travers

une protection accrue et une meilleure gestion. • Objectif 2 (Renforcement des capacités): Renforcer les capacités dans les Etats

de l’aire de distribution pour la conservation et la gestion des éléphants • Objectif 3 (Mitigation des conflits): Augmenter le soutien du public en faveur de

la conservation des éléphants en réduisant les conflits • Objectif 4 (Contrôle du commerce): Réduire le commerce illicite de produits de

l’éléphant Pour plus d’informations sur le Programme du WWF pour l’éléphant d’Afrique, veuillez consulter notre site Internet: http://www.panda.org/africa/elephants ou contacter: Dr Peter J. Stephenson Programme pour l’éléphant d’Afrique WWF International Avenue du Mont Blanc, CH 1196 Gland, Suisse Tél.: +41 22 364 9111 Email: [email protected]

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LES NOUVELLES DU TERRAIN Le piment et l’huile de moteur encouragent les communautés locales à soutenir le parc nouvellement créé au Mozambique Grâce à une utilisation originale du piment, de l’huile de moteur, du crottin d’éléphant et de cordes, le WWF aident les communautés locales du Mozambique à éloigner les éléphants de leurs terres et parallèlement, à obtenir leur soutien en faveur du parc nouvellement créé. En juillet 2002, un nouveau parc national a vu le jour au Mozambique. Le parc national Quirimbas protège 600 000 hectares de forêts et de savanes destinés aux déplacements des éléphants et plus de 150 000 hectares d’habitats marins et d’îles. Le Programme du WWF pour l’éléphant d’Afrique a soutenu l’établissement du parc national de Quirimbas. Le personnel du WWF a largement contribué à sa création par ses activités de lobbying et il collabore à présent à l’établissement d’un plan de gestion. Grâce au soutien du Programme pour l’éléphant d’Afrique, le personnel du parc a pu bénéficier d’un véhicule, de matériel et de formation. Huit gardes forestiers ont déjà participé au forum national de formation à la gestion de la faune sauvage à Gorongosa, et cinq autres y participent actuellement. Cinq collaborateurs du parc sont allés en Namibie pour se familiariser avec les techniques locales de gestion de la faune sauvage. Le WWF a aussi contribué à l’élaboration de nouveaux règlements nationaux concernant la forêt et la faune sauvage. Ils ont été adoptés et constituent à présent les principes directeurs des activités de conservation à Quirimbas. Le problème croissant du conflit Homme/Eléphant est une des raisons qui a poussé les communautés locales à apporter leur soutien à l’établissement du parc. En effet, les éléphants quittent souvent le parc pour dévaster les cultures des champs voisins. Le projet prévoit donc une collaboration entre les communautés locales et le personnel du parc afin de mettre au point des systèmes pour stopper les éléphants. Les deux méthodes les plus fréquemment employées sont les barrières de cordes enduites d’huile de moteur et de piment et les "bombes" de piment (mélange irritant d’excrément d’éléphant et de piment que l’on fait brûler). Elles sont toutes deux efficaces, mais requièrent souvent de la patience. Peter Bechtel, coordinateur du projet du WWF pour le parc Quirimbas, a raconté comment ces deux systèmes ont fonctionné pour un des villages. “A Guludu, les éléphants venant s’abreuver toutes les nuits au point d’eau proche du village, détruisaient les cultures dans leurs déplacements. Nous avons aidé les communautés à mettre en place un système de barrières de cordes huilées autour du point d’eau. Pendant trois nuits, l’odeur de piment a tenu les éléphants à l’écart; la quatrième nuit, ils ont détruits les cordes et sont venus s’abreuver. Les cordes ont été réparées, mais les éléphants les ont détruites une nouvelle fois. Le village avait presque renoncé à cette technique, persuadé qu’elle n’était pas efficace, mais les éléphants ne sont plus jamais retournés à Guludu. Après deux tentatives, ils ont compris la leçon." Les éléphants ont alors essayé de ravager le village voisin de Ningaia, mais les cordes huilées et les bombes de piment les ont tenu à l’écart des champs de cassava. Ces bombes sont particulièrement efficaces parce qu’elles agissent vite. La "bombe", un mélange d’excrément d’éléphant et de piment séché mis en boule, est posée sur le feu et dégage une fumée irritante qui éloigne rapidement les éléphants lesquels, de toute évidence, n’apprécient pas l’odeur.

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© WWF / Peter Bechtel © WWF / Peter Bechtel

L’accroissement des récoltes du fait de ces méthodes anti-éléphants est un grand pas en avant pour de nombreux fermiers. Peter a raconté qu’un villageois de Ngura avait décidé d’utiliser des bombes de piment pour défendre son lopin de choux, dévasté par les éléphants. "Une nuit, alors que le fermier entendait s’approcher les éléphants par la forêt, il a émietté des bombes de piment sur des bûches incandescentes aux quatre coins de son champs libérant ainsi une grande quantité de fumée. Après, il a attendu. L’éléphant mâle est arrivé le premier et s’est heurté à la fumée. Il a reniflé bruyamment et a secoué la tête, puis il s’est retourné avant de détaler. Les autres l’ont suivi et sont restés à l’écart du village pendant cinq semaines!" Les répercussions de cette action ont été positives pour tout le village. Les éléphants étant tenus à l’écart, les villageois de Ngura ont pu récolter des mangues pour la première fois depuis la fin de la guerre civile en 1992. Afin de renforcer encore la protection des cultures, le projet conseille aux villageois de planter leurs produits en blocs à proximité les uns des autres et hors de la forêt pour qu’ils soient plus faciles à défendre. La plupart des villages ont établis des comités villageois; le projet prévoit une formation qui devra permettre au comité de superviser les activités de protection des cultures. C’est ce qui rend le travail du WWF durable sur le long terme. Par ailleurs, les villageois ont aussi commencé à planter du piment, ingrédient de base des techniques de protection contre les éléphants; ce faisant, ils ne dépendent plus du soutien du projet. Les villageois qui savent comment cultiver le piment aident les autres. Il s’agit là d’un effort combiné de la communauté toute entière. Le succès initial des activités de mitigation des conflits Homme/Éléphant menées dans des villages pilotes ont permis au projet Quirimbas du WWF d’aider trois fois plus de communautés que prévu, à savoir 25 au lieu de 8. Les échos de la réussite du projet ont déjà entraîné une demande de la part de responsables d’autres districts. Il semble que le Mozambique aura besoin de plus de corde, de crottin, d’huile de moteur et de piment pour éloigner les éléphants. Selon Helena Motta, coordinatrice du programme du WWF au Mozambique, "L’élément primordial de ce travail est de montrer que le parc vient en aide aux communautés locales dans tous les aspects de leur vie quotidienne. La diminution des saccages et l’augmentation des récoltes ont rendu les gens enthousiastes et favorables à la création de ce nouveau parc national. Pour nous, cela signifie la durabilité du parc et la survie des éléphants!"

Villageois à Ngaia produisant des “bombes” au piment et des cordes huilées pour dissuader les éléphants de détruire leurs champs de cassava.

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Pour plus d’informations, consulter l’adresse http://www.panda.org ou (en portugais) http://www.wwf.org.mz ou contacter: Peter Bechtel, responsable de projet Parc national de Quirimbas, Programme du WWF au Mozambique ([email protected]) Gestion du commerce de produits d’éléphant - évolution en Tanzanie et au-delà En Tanzanie, les autorités de protection de la faune sauvage et d’application de la loi n’ont jamais été aussi bien préparées pour la surveillance du commerce illicite de produits d’éléphant. En effet, en fin d’année passée, plus d’une trentaine de responsables ont été formés par TRAFFIC (le réseau de surveillance du commerce de la faune sauvage du WWF et de l’UICN) avec le soutien du Programme du WWF pour l’éléphant d’Afrique. TRAFFIC est mandatée par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) pour élaborer et gérer le système d’information sur le commerce d’éléphants (ETIS). ETIS est un des deux systèmes de surveillance mis en place pour faire en sorte que la CITES ne prenne pas de décisions qui pourraient s’avérer néfastes pour les éléphants d’Afrique et d’Asie. La pièce maîtresse d’ETIS est sa base de données sur l’ivoire et les saisies d’autres produits d’éléphant intervenues dans le monde depuis 1989. Les parties à la CITES sont obligées de fournir les données concernant les saisies de produits d’éléphant à ETIS en dedans des 90 jours suivant leur avènement; cependant, de nombreux pays ne disposent pas des capacités ni d’un degré de sensibilisation nécessaires pour remplir cette obligation. Pour pallier cette situation, TRAFFIC a mis au point le ETIS Action Toolkit, un outil de formation. Soutenu par le WWF, TRAFFIC a initié les tests de cet outil en Tanzanie. Un atelier de travail d’ETIS s’est tenu à Dar es Salaam en décembre 2002. Quelque 30 responsables d’institutions représentatives du secteur de la faune sauvage, des douanes, de la police et des autorités portuaires y ont participé. L’objectif de cet atelier était d’une part de sensibiliser les participants aux obligations de la CITES et aux exigences d’ETIS ; d’autre part, de montrer comment, par l’observation des ces obligations, les institutions et organes habilités à faire appliquer la loi pouvaient contribuer à la saisie de produits illicites d’éléphants sur le territoire tanzanien. L’atelier de travail a remporté un franc succès et a abouti à une proposition visant à créer une agence gouvernementale pour coordonner la collaboration avec ETIS. L’outil de formation de TRAFFIC a aussi fait l’objet de critiques constructives, et après quelques améliorations, il sera diffusé dans d'autres pays.

© TRAFFIC / Simon Milledge

Un participant de l’atelier de travail ETIS à Dar es Salaam discute de l’identification de l’ivoire avec Tom Milliken de TRAFFIC (à droite) et Simon Milledge (au centre).

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Simon Milledge, responsable du bureau de TRAFFIC en Tanzanie, a indiqué que "de nombreux organes majeurs habilités à faire appliquer les lois ont bénéficié de cet atelier de travail et comprennent à présent la nécessité de dépister et de répertorier les saisies de produits d’éléphant grâce au procédé de la CITES. Cette approche permettra de régulièrement insérer les données tanzaniennes dans le système ETIS. Il s’agit d’un développement important dans la mesure où la Tanzanie compte une des plus nombreuse population d’éléphants sur le continent". Au-delà des formations, le Programme du WWF pour l’éléphant d’Afrique a permis à TRAFFIC de continuer de développer les bases de données ETIS au deuxième semestre 2002. Ces bases de données contiennent des indications inscrites dans le temps et spécifiques aux pays. Ce sont notamment les mesures d’exécution des lois et leur efficacité, l’ampleur et le degré de réglementation des marchés domestiques de l’ivoire et une série de données économiques générales. Grâce aux multiples fonctionnalités d’ETIS, il a été possible d’analyser et évaluer plus de 7800 saisies. TRAFFIC a ensuite produit trois rapports substantiels présentés à la Conférence des parties de la CITES à Santiago, Chili, en novembre 2002. Ces rapports représentent l’analyse la plus détaillée et la plus crédible faite sur le commerce illicite de l’ivoire depuis l’embargo en 1989. Les résultats obtenus ont encouragé les parties de la CITES à envisager le problème des marchés domestiques « sauvages » de l’ivoire et la non observation des obligations de la CITES dans dix pays prioritaires issus de l’analyse de TRAFFIC.

© TRAFFIC / Simon Milledge Selon Tom Milliken, Directeur de TRAFFIC pour l’Afrique australe et orientale, "Nous avons parcourus un sacré chemin depuis le système défaillant de base de données sur l’ivoire, élaboré par TRAFFIC en 1992. Le mandat de la CITES en 1997 qui visait à faire de notre projet une plate-forme internationale fût un réel défi; de même, la dernière conférence de la CITES représentait le dernier espoir de survie d’ETIS. Le fait que la CITES ait accepté notre analyse critique et qu’elle ait soumis dix Etats à un processus d’amélioration des réglementations des marchés internes de l’ivoire signifie qu’ETIS a enfin accédé au premier rang mondial des systèmes de surveillance du commerce illicite de l’ivoire. Cela confirme aussi l’efficacité de la méthodologie novatrice et crédible mise au point par TRAFFIC qui consiste à évaluer la dynamique d’une situation pour laquelle il n’existe pratiquement pas de données, vu la nature illicite de l’activité considérée". Tom d’ajouter que, "La capacité d’ETIS à se concentrer sur les composantes objectives du problème du commerce illicite de l’ivoire représente un réel espoir pour les éléphants." Pour plus d’informations, consulter l’adresse: http://www.traffic.org ou contacter: Tom Milliken, Directeur, TRAFFIC Afrique australe et orientale ([email protected])

Un assortiment d’ivoire brut et travaillé confisqué par la Division de la faune sauvage en Tanzanie.

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LES NOUVELLES DES PROJETS Aider les gens à cohabiter avec les éléphants: mitigation des conflits Homme-Éléphant En plus des activités menées à Quirimbas (cf. page 1), deux autres projets, financés par le Programme du WWF pour l’éléphant d’Afrique, se concentrent exclusivement sur la mitigation des conflits Homme-Éléphant. Dans le district de Transmara au Kenya, le Durrell Institute of Conservation and Ecology, GB, mène un projet bâtit sur des années de recherche visant à aider les populations locales à résoudre les problèmes de saccages des cultures. Avec le soutien du Programme du WWF pour l’éléphant d’Afrique, le projet a pu aider quatre communautés kenyanes à réduire l’impact des éléphants sur leur existence. Le projet tente de trouver des solutions au conflit en collaboration avec les associations paysannes locales. Les techniques qui fonctionnent comprennent entre autres des tours de guet, des torches puissantes et (champion des techniques modernes de mitigation des conflits) du piment! Le projet encourage aussi d’autres alternatives ainsi que l’utilisation durable de l’habitat des éléphants à des fins touristiques. Les communautés locales Masai ont mis sur pied une unité spéciale afin de stopper le braconnage et proposer des visites guidées chez les éléphants de forêt (de préférence lorsque les éléphants n’y sont pas !). Avec le soutien du WWF, le groupe de spécialistes sur l'éléphant de la commission Sauvegarde des espèces de l’UICN met lui aussi en pratique les résultats d’expériences passées en matière de mitigation. Son but est de former le personnel responsable de la faune sauvage et les communautés locales aux techniques de mitigation dans dix sites sur le continent. En 2003, la formation a commencé en Tanzanie au parc national de Tarangire et la réserve Selous. Des visites préliminaires ont aussi été effectuées en Afrique centrale.

© WWF / PJ Stephenson © WWF / PJ Stephenson

Noah Sitati (centre), responsable du projet Mara de mitigation des conflits Homme-Éléphant et 7 des 10 guides locaux employés pour mesure les saccages des cultures et conseiller les fermiers en matière de prévention.

Une unité spéciale Masai avec des guides locaux financés par le WWF dans le district de Transmara au Kenya. L’unité patrouille pour stopper le braconnage et aider la faune sauvage à se régénérer et attirer les touristes

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Le WWF se fait le porte-voix des Etats africains de l’aire de distribution de l’éléphant Les grandes différences entre pays africains quant au statut et au nombre d’éléphants entraînent des perceptions et des opinions variées sur la manière de les protéger et de les gérer. Ces divergences d'opinion font régulièrement surface lors de réunions de la CITES et autres forums internationaux où les pays traitent de questions relatives au commerce de l’ivoire et autres produits de l’éléphant. Afin de mieux comprendre le problème et de permettre un meilleur échange d’informations entre les Etats africains de l’aire de distribution, le WWF a soutenu une série de visites d’échange entre des représentants d’Afrique occidentale, orientale et australe en août 2002. Des représentants de neuf Etats (Botswana, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Namibie, Nigeria, Sénégal, Afrique du Sud et Zimbabwe) ont pris part à des visites dans des sites d’éléphant au Zimbabwe, au Botswana, en Namibie et en Afrique du Sud. Ces visites ont chacune donné lieu à des débats féconds et stimulants. Cette initiative a remporté un franc succès; en effet, en plus de la sensibilisation aux spécificités régionales de la conservation des éléphants, ces visites ont contribué à renforcer les capacités en matière de conservation et de gestion des éléphants. Par ailleurs, en permettant d’envisager conjointement les différences, les similitudes, les opportunités et les contraintes auxquelles chaque région doit faire face, cette initiative a donné un sens plus profond à la conservation des éléphants pour les Etats africains représentés. Les participants ont exprimé leur désir de faire une visite en Afrique centrale et occidentale et souhaitent avec force que d’autres pays puissent participer à ce genre d’échanges. Des enquêtes du WWF révèlent la présence d’éléphants et de gorilles dans les forêts de plaines du Cameroun En 2002, les équipes de terrain du WWF qui travaillent avec le Ministère de l’Environnement et des Forêts ont mené des enquêtes importantes sur les mammifères des forêts de plaine du sud-est du Cameroun. Les équipes enquêtaient sur les éléphants et autres mammifères présents sur les 2425 km2 couvrant le Mont Nlonako, Makombe et les forêts d’Ebo, toutes des zones destinées à devenir des réserves de faune sauvage. Le soutien du Programme du WWF pour l’éléphant d’Afrique a permis la formation des équipes et la réalisation des enquêtes. Les résultats de l’enquête sont encourageants. Ils ont démontré que cette barrière de forêt est essentielle aux éléphants, les plus grandes densités se trouvant dans la forêt du Mont Nlonako. On a répertorié des chimpanzés, principalement dans les forêts d’Ebo. L’enquête a également révélé la présence d’une importante population de mandrills (Mandrillus leucophaeus). Cette espèce compte parmi les espèces de primates les plus menacées du Cameroun, et dans son aire de distribution limitée - les forêts de Nlonako, de Makombe et d’Ebo – elle représente une des populations existantes les plus importantes. Les équipes ont également constaté l’existence de nids de gorilles. Des poils ont été envoyés à des laboratoires pour analyse afin de déterminer s’il s’agit du gorille occidental de plaine (gorilla gorilla gorilla) ou de l’espèce plus rare de gorille dit de Cross River (gorilla gorilla diehli). Des traces de braconnage ont été trouvées dans la forêt, les forêts d’Ebo et Makombe étant les plus touchées. C’est pourquoi il est vital d’assurer une protection formelle des populations d’éléphants et de primates. Les forêts d’Ebo et du Mont Nlonako recèlent la plus grande variété d’espèces, cependant le Makombe

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doit aussi être protégé pour servir de couloir de passage entre les forêts aux éléphants et aux autres espèces. Le WWF donnera suite à ces enquêtes en réitérant son soutien au gouvernement camerounais afin que les trois réserves voient effectivement le jour. © WWF Cameroun MIKE commence à compter Avec le soutien du Programme du WWF pour l’éléphant d’Afrique et d’autres donateurs dont le US Fish and Wildlife Service, on a initié en Afrique centrale les enquêtes les plus systématiques jamais entreprises jusqu’ici sur les éléphants. En collaboration avec les projets de terrain du WWF et la Wildlife Conservation Society, le programme MIKE (Surveillance des abattages illicites d’éléphants) de la CITES a débuté ses activités de formation du personnel des parcs nationaux et autres responsables concernés aux techniques de surveillance des éléphants dans six pays de la région. Les protocoles normalisés de MIKE permettront de collecter des données sur le braconnage d’éléphant de façon à pouvoir être analysées aussi bien au niveau national que continental. MIKE aide aussi les gouvernements d'Afrique centrale à recenser les populations d’éléphant afin d’en évaluer le nombre. L’objectif étant de déterminer, en fonction de ces résultats, quels seront les sites prioritaires pour les activités de conservation et de lutte anti-braconnage.

© WWF-Canon / Frederick J. Weyerhaeuser

Personnel du Ministère camerounais de l’Environnement et des Forêts en train de planifier la coupe transversale des enquêtes sur les mammifères dans le cadre d’une formation subventionnée par le WWF.

Eléphants de forêt près d’un point d’eau en République Centre Africaine – une des aires de distribution surveillée par le programme MIKE. Le Cameroun, la République Démocratique du Congo, la Guinée Equatoriale, le Gabon et la République du Congo sont autant de pays où les enquêtes ont commencé ou sont sur le point de l’être.

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Des études sur le commerce de l’ivoire révèlent l’existence de marchés domestiques inquiétants en Afrique occidentale En 2002, le WWF a apporté son soutien à TRAFFIC pour l’élaboration d’une étude sur les marchés domestiques de l’ivoire dans trois pays d’Afrique: le Nigeria, la Côte d'Ivoire et le Sénégal. Des rapports préliminaires ont été présentés avant la conférence des parties de la CITES qui a eu lieu en novembre au Chili. Ces rapports établissent clairement des liens inquiétants entre les marchés domestiques « sauvages » de l’ivoire et le commerce illicite international. Le rapport final est à l’étude actuellement et sera publié sous peu. Le prochain numéro du Bulletin de l’éléphant contiendra une analyse des résultats de ce rapport. Entre-temps, surveillez les sites Internet du WWF (www.panda.org) et de TRAFFIC (www.traffic.org) pour de plus amples informations sur ces rapports. Dans la prochaine édition...

En plus de nouvelles informations sur les marchés domestiques de l’ivoire en Afrique occidentale, dans le prochain numéro du Bulletin de l’éléphant vous découvrirez: • Combien d’éléphants y a-t-il dans la forêt? – ou comment les enquêteurs du

programme MIKE gèrent leur travail en Afrique centrale? • Foire aux questions/réponses sur les conflits Homme-Éléphant et la mitigation • Une discussion sur les partenariats – pourquoi et comment le WWF soutient-il la

conservation des éléphants en s’associant à d’autres organisations internationales de conservation et aux gouvernements africains

• .... et bien sûr, des mises à jour et nouvelles sur les projets en cours financés par le Programme du WWF pour l ‘éléphant d’Afrique.

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QUOI DE NEUF AU-DELA DU PROGRAMME POUR L'ELEPHANT Le WWF s’occupe des éléphants dans les aires protégées Au-delà des projets directement financés par le Programme pour l’éléphant d’Afrique, le WWF continue de soutenir de nombreuses autres initiatives qui contribuent à la conservation des éléphants en Afrique. Notamment, le WWF procure une assistance financière et technique à plusieurs aires protégées où les éléphants sont en sécurité. Parmi les sites soutenus ces dernières années, il y a les parcs nationaux de Comoé et de Tai en Côte d’Ivoire, la réserve forestière de Dzanga-Sangha en RCA, la forêt de Minkebe et le complexe d’aires protégées de Gamba au Gabon, la réserve de Selous et le parc national de Tarangire en Tanzanie et enfin le parc national de Gashaka Gumpti au Nigeria. Au sud-est du Cameroun, le WWF a soutenu l’établissement et le développement de trois parcs nationaux recouvrant l’aire de distribution des éléphants: Lobeke, Boumba Bek et Nki. En 2001, le WWF a initié la surveillance des éléphants dans ces trois aires en collaboration avec le ministère de l’environnement et des forêts et le Carolina Zoological Park, USA. Le programme prévoyait l’application de colliers radio-émetteurs sur cinq éléphants qui devaient donner des informations quant à leurs aires de distribution, leurs schémas de déplacements et leur habitat. Ces informations sont utiles à la gestion des parcs, notamment à Lobeke qui (de même que le parc national voisin de Nouabale Ndoki en République du Congo et la réserve forestière de Dzanga-Sangha en RCA) fait partie du parc national Sangha Tri. Le projet, comprenant une collaboration avec les parcs voisins, devra identifier les couloirs de migration des éléphants et fournir des informations nécessaires à l’élaboration de stratégies transfrontalières de lutte contre le braconnage.

© WWF / Leonard Usongo © WWF / Leonard Usongo

Personnel de terrain du WWF au parc national de Nki, Cameroun, en avril 2003. Avec l’aide d’un vétérinaire d’un zoo de Caroline du nord, les éléphants de forêt sont immobilisés et équipés d’un collier radio-émetteur. Les animaux se sont réveillés sans problème. Les signaux envoyés par les colliers aux satellites permettent de suivre leurs mouvements.

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REMERCIEMENTS Le Programme Afrique & Madagascar du WWF est très reconnaissant au WWF-Pays Bas pour son soutien financier continu au Programme pour l’éléphant d’Afrique.

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PROGRAMME DU WWF POUR L’ELEPHANT D’AFRIQUE – PORTEFEUILLE DE PROJETS Projets soutenus par le Programme du WWF pour l’éléphant d’Afrique, avril 2001-mai 2003 Intitulé du projet Agences

d’exécution Début et fin

But du projet Budget total (CHF)

9F0725.02 Utilisation de méthodes et outils modernes de mitigation des conflits Homme-Éléphant dans des sites choisis en Afrique

Groupe de spécialistes sur les éléphants d’Afrique de l’UICN en collaboration avec les bureaux locaux du WWF et les projets de terrain à travers l’Afrique

Avril 2002 à mars 2005

Réduire l’occurrence de conflits Homme-Éléphant dans les sites sélectionnés par le renforcement des capacités des gestionnaires de la faune sauvage et des communautés locales grâce à l’utilisation supervisée et l’expérimentation de produits techniques du GSEA pour la mitigation des CHE.

213 870

9F0726.01 Conservation des éléphants de forêt de la barrière forestière du Mont Nlonako-Makombe-Ebo Cameroun

WWF Cameroon Programme Office et le ministère de l’environnement et des forêts

Juin 2001 à juin 2002

Conservation de la deuxième plus grande population d’éléphants de forêt au Cameroun par la recherche, le renforcement des capacités et la création de 3 nouvelles réserves au Mt Nlonako, Makombe et Ebo.

100 380

9F0726.02 Recensement des populations d’éléphants dans les forêts d’Afrique centrale

Le Programme MIKE de la CITES (surveillance des abattages illicites d’éléphants)

Octobre2002 à juin 2003

Procurer l’information nécessaire aux Etats de l’aire de distribution pour leur permettre une gestion appropriée et une prise de décision informée et pour renforcer leurs capacités de gestion institutionnelle quant à la protection des éléphants sur le long terme.

113 000

9F0727.01 Mitigation des conflits Homme-Éléphant dans l’écosystème de Mara, Kenya

Durrell Institute of Conservation and Ecology, GB, en collaboration avec le WWF Eastern Africa Regional Programme Office et le Kenya Wildlife Service

Avril 2001 à sept. 2003

Mitigation des conflits Homme -Éléphant dans l’écosystème de Mara au Kenya, grâce à un programme de surveillance, de recherche, d’exécution et de renforcement des capacités qui devrait être, sur le long terme, bénéfique aussi bien aux pop-ulations locales qu’aux éléphants.

248 748

9F0727.02 Soutien à l’élaboration et à l’application d’ETIS

TRAFFIC en collaboration avec le WWF Tanzania Programme Office

Juin à nov. 2002

Avant la CoP12 de la CITES, ETIS doit être opérationnel pour la surveillance et l’évaluation des tendances du commerce illicite des produits d’éléphant.

55 773

9F0728.01 Visites d’échange entre l’Afrique occidentale, centrale et australe pour par-tager les expériences sur la conservation et la gestion des éléphants

WWF Southern Africa Programme Office et le Département des Parcs Nationaux & de la gestion de la faune sauvage, Zimbabwe

Janvier à juin 2002

Elargir les connaissances en matière de conservation et de gestion des éléphants dans les Etats de l'aire de distribution à travers des échanges d’idées, d'expérience, de résolutions de problèmes, d’approches utilisées et de leçons tirées.

90 613

9F0728.02 Conservation des éléphants dans une nouvelle aire protégée au Mozambique

WWF Mozambique Country Office et WWF Southern Africa Regional Programme Office

Juin 2002 à juin 2003

Le personnel du parc national de Quirimbas mène des opérations de lutte contre le braconnage et aide les communautés locales à mitiger les CHE d’ici juin 2003.

118 704

9F0729.01 Evaluation des marchés domest-iques de l’ivoire en Afrique occidentale

TRAFFIC Avril à sept. 2002

Surveillance à long terme des trois marchés domestiques majeurs de l’ivoire en Afrique occidentale et compréhension de leur impact sur la conservation des éléphants.

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Page 14: LE BULLETIN DE L’ÉLÉPHANT Les dernières nouvelles du …assets.panda.org/downloads/bulletindeelephantno3francais.pdf · 2005-11-02 · Selon Helena Motta, coordinatrice du programme

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