L’analyse de l’économie mondialisée

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L’analyse de l’économie mondialisée : une dimension politique Stéphanie Gaudron 1 L’utilisation des théories de l’ Economie Politique Internationale (EPI), présentées en première partie, nous permet de dégager des outils empruntés à la science politique pour expliquer la mondialisation. Actuellement la science économique peut-elle suffire à décrire des phénomènes complexes engendrés par la mondialisation par la simple accumulation des richesses (c’est à dire expliquer la puissance d’une nation par son taux de croissance et celle des firmes par le chiffre d’affaire ou le profit) ? Il semble que la mondialisation appelle à une refonte des disciplines que sont la science économique, la science politique et la sociologie pour voir ce phénomène comme une modification de la structure du pouvoir entre les différents acteurs du Système Economique Mondialisé (SEM). La dimension politique que nous adoptons va nous permettre de noter l’affaiblissement de l’ Etat- nation face à la montée en puissance des multinationales (FMN). Afin de l’expliquer, nous nous intéresserons particulièrement, en deuxième partie, au processus de transformation de l’ Etat, c’est à dire étudier la façon dont l’ Etat est formé historiquement et socialement, puis quelles caractéristiques il possède. Il semble alors nécessaire de mettre en lumière deux éléments intrinsèques à l’ Etat- nation qui peuvent expliquer l’affaiblissement de son pouvoir vis à vis des FMN. Il s’agit de la notion de pouvoir et de la légitimité. Les théories de Gramsci et de Habermas constitueront alors les points de départ de notre étude. 1. la nécessité de prendre en compte la dimension politique dans l’analyse du Système Economique Mondialisé L’Economie Politique Internationale (EPI) fait le lien entre les relations marchandes et les relations de pouvoir pour ne plus voir les relations économiques comme un "emboîtement de marché" (Kebabdjian, 1999). 1 Doctorante en sciences économiques à l’ Université de Paris XIII- Villetaneuse, et monitrice à l’Université de Paris VII-Jussieu. 1

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Lanalyse de lconomie mondialise : une dimension politique

Lanalyse de lconomie mondialise: une dimension politique

Stphanie Gaudron

Lutilisation des thories de l Economie Politique Internationale (EPI), prsentes en premire partie, nous permet de dgager des outils emprunts la science politique pour expliquer la mondialisation. Actuellement la science conomique peut-elle suffire dcrire des phnomnes complexes engendrs par la mondialisationpar la simple accumulation des richesses(cest dire expliquer la puissance dune nation par son taux de croissance et celle des firmes par le chiffre daffaire ou le profit)?

Il semble que la mondialisation appelle une refonte des disciplines que sont la science conomique, la science politique et la sociologie pour voir ce phnomne comme une modification de la structure du pouvoir entre les diffrents acteurs du Systme Economique Mondialis (SEM). La dimension politique que nous adoptons va nous permettre de noter laffaiblissement de l Etat- nation face la monte en puissance des multinationales (FMN). Afin de lexpliquer, nous nous intresserons particulirement, en deuxime partie, au processus de transformation de l Etat, cest dire tudier la faon dont l Etat est form historiquement et socialement, puis quelles caractristiques il possde. Il semble alors ncessaire de mettre en lumire deux lments intrinsques l Etat- nation qui peuvent expliquer laffaiblissement de son pouvoir vis vis des FMN. Il sagit de la notion de pouvoir et de la lgitimit. Les thories de Gramsci et de Habermas constitueront alors les points de dpart de notre tude.

1. la ncessit de prendre en compte la dimension politique dans lanalyse du Systme Economique Mondialis

LEconomie Politique Internationale (EPI) fait le lien entre les relations marchandes et les relations de pouvoir pour ne plus voir les relations conomiques comme un "embotement de march" (Kebabdjian, 1999).

Le besoin de crer un lien entre le politique et l'conomique diffre selon les thories de l'EPI. LEconomie Politique Internationale sest toujours efforc de lier le domaine politique et ses relations de pouvoir avec le domaine conomique depuis le dbut de sa cration dans les annes 70. Ces thories ont vu le jour aux Etats-Unis et peu de temps aprs en Angleterre. Elles ont pour ligne de conduite de refuser la domination des relations marchandes sur les relations de pouvoir et vice versa. Cependant, au sein de l EPI, il faut distinguer diffrentes thories qui sopposent. Deux grands courants se dessinent: lEPI orthodoxe et l EPI htrodoxe. La premire se divise en trois thories: la thorie raliste de lconomie politique internationale avec en chefs de file Waltz et Gilpin, la thorie des rgimes internationaux de Krasner et lcole de linterdpendance complexe de Nye et Keohane. La seconde a t impulse en Angleterre par Susan Strange, Gramsci et suivie par Stopford et Cox.

L'EPI tudie depuis bientt trente ans les liens entre les relations de pouvoirs et les relations conomiques. La question remonte bien plus longtemps. Les marxistes, et Marx le premier, les structuralistes, les tenants du libralisme conomique et le no-clacissisme s'y sont intresss avant l'EPI. Toutes ces thories nous ont permis et nous permettent encore de rflchir sur le dbat tat/March, les ouvrages dont le titre contient l'un des termes ou les deux : states or markets, states and markets etc. foisonnent. En effet, les thories de l imprialisme (Boukharine, Lnine, Hilferding, Luxembourg) avaient pour objectif de transposer au niveau international leurs tudes sur les relations de pouvoir au niveau national.

Ainsi, le dbat interne entre les courants orthodoxe (Waltz, Krasner, Ruggie, Nye et Keohane) et htrodoxe de l'EPI (Strange, Cox, Gramsci) nous ont permis d'avancer dans notre rflexion thorique.

La question qui vient immdiatement est dans quels termes pouvons-nous concevoir un rapprochement des sphres politique et conomiques si souvent loignes?

Lintrt du courant raliste de l'EPI illustr par les thories de Waltz et de Krasner, pour ne citer qu'eux est quil lie les variables conomiques aux variables politiques mais leurs tudes du SEM sont caractrises par une autonomisation du politique vis vis de l'conomique. En effet, lEPI Orthodoxe fonde ses tudes sur les questions de scurit et du pouvoir coercitif des Etats, qui sont les acteurs principaux du SEM.

Etant donne la monte en puissance des FMN, et la diminution du poids de l Etat dans le SEM, il nous parat alors impossible dexpliquer la structure du SEM par des thories qui supposent la supriorit de l Etat sur les autres acteurs du SEM, ou pis encore, qui excluent de leurs analyses lexistence des autres acteurs que l Etat. Cest pourquoi, nous allons tenter de montrer que les thories orthodoxes de l EPI ne permettent pas dexpliquer le changement dans la structure du SEM, contrairement la thorie que nous nommerons strangiste.

1.1 Lanalyse errone de lEPI orthodoxe

L'intrt de l'EPI est d'offrir une vision neuve l'conomie internationale. En effet, mme s'il ne faut pas confondre leurs thories Krasner, Strange, Kehoane, Nye, Ruggie, Young, Gilpin, Cox... se sont efforcs de rapprocher les domaines conomique et politique.

L'EPI orthodoxe offre un caractre confus, vue la multiplicit des thories qui la forment. L'EPI orthodoxe est amricaine. Elle est ne dans les annes 70. Les nombreux auteurs amricains, tenants du courant orthodoxe, offrent tout un tas d'analyses plus floues les unes que les autres. Certains chercheurs franais les opposententre elles. Kebabdjian (1998 et 1999) a mme extrait la Thorie des Rgimes Internationaux de lEPI orthodoxe pour la comparer et la rapprocher de la Thorie de la Rgulation (Boyer, 1996 et Aglietta, 1991) franaise et htrodoxe. Et ce, au nom dune seule et unique notion commune aux deux courants: le rgime.

Les thories qui composent le courant de l'EPI orthodoxe ne s'opposent pas vritablement. Elles sont fondes sur des hypothses identiques et se compltent. Distinguons trois thories de l'EPI orthodoxe :

- le ralisme "pur" de K.N. Waltz et de R. Gilpin

linstitutionnalisme libral amricain qui se compose de deux thories: la Thorie des Rgimes Internationaux de S.D. Krasner (lEcole des Rgimes Internationaux), suivie par O.R. Young et J.G. Ruggie et l' cole de l'Interdpendance Complexe de J.S. Nye Jr et R.O. Keohane (le Structuralisme modifi).

Lapport de ces thories est grand. Elles montrent que la mondialisation est un phnomne plus construit que subi et pose alors le problme de la matrise de la mondialisation.

La thorie de K.N. Waltz est ne dans les annes 70 en raction aux thories des relations internationales prcdentes. Elle est construite selon un ensemble de lois politico-conomiques observes qui refltent les actions des diffrents tats et qui servent les prdire. Selon lui sa thorie (et une thorie en gnral) doit servir plus qu'elle ne doit expliquer la ralit (K.N. Waltz, 1986). Ainsi, mettre au centre de son analyse l'tat comme acteur unique au sein du SEM doit servir comprendre les stratgies internationales tatiques. Celles-ci sont donc extraites du SEM et sont considres comme exognes et uniques. Les relations entre les tats vont dterminer entirement le systme conomique. La conqute de nouveaux territoires par la force militaire permet laccroissement de la production nationale. Ses tudes ont pour principal objectif de chercher un quilibre gnral optimal entre les tats par la maximisation de leurs intrts individuels. Ce principe de rationalit est la base de ses travaux et des tudes de l'EPI orthodoxe en gnral. Cette hypothse qui sera reprise dans les autres courants de lorthodoxie peut tre remise en cause. Avec la mondialisation, les dcisions des Etats sont conditionnes par les volonts dautres acteurs conomiques. La multiplicit des acteurs interdpendants (les FMN sont impliques dans les marchs financiers, qui ne sont pas sans rapport avec les Etats qui eux-mmes subissent les pressions des lobbies) intervenant dans le SEM rend quasiment impossible la prvision de leurs actions. La rationalit est une hypothse qui a permis uniquement aux auteurs de lEPI orthodoxe de modliser les comportements des Etats et dutiliser la thorie des jeux cet effet.

L'autre hypothse principale qu'il postule est l'tat de nature anarchique du systme tant donnes les relations conflictuelles entre les tats. Seule une guerre hgmonique partagera le pouvoir entre les plus puissants. Le passage de l'tat de nature (anarchie) l'hgmonie (ordre taxinomique) est appel "balance des pouvoirs". Il se fait par la force qui est le seul moyen de rguler le systme international. En effet, pour Waltz le droit de guerre comme moyen de survie est une cause de l'tat de nature donc de l'anarchie mais c'est aussi une consquence puisque, en raison de l'anarchie aucun autre tat ne peut obliger l'tat hgmon respecter sa parole quelle qu'elle soit. Cest pourquoi pour Waltz, cest lanarchie qui prvaut long terme. La force militaire explique le changement de lordre conomique en temps de guerre (Gilpin, 1981 et 1987), mais comment la thorie raliste expliquerait-elle que des pays semi-industrialiss tels que le Mexique ou le Chili ou la Core du Sud renforcent leur pouvoir conomique et sintgrent dans lordre conomique international actuel dans un climat de paix? Dans lconomie mondiale actuelle, le gain attendu en accdant aux capitaux trangers et une certaine main duvre (peu chre, trs qualifie ou peu revendicatrice) est plus recherch que le gain attendu dune expansion territoriale.

Pour Susan Strange, il existe dautres moyens de rgulation de lordre conomique international qui sollicitent lintervention des divers acteurs autres que les Etats tels que les FMN, les banques internationales et les organisations internationales Strange parle de bargaining ou de marchandage entre ces acteurs. Le rle des Etats tant amoindri et celui des autres acteurs augment, il sen suit le dveloppement dun soft power au dtriment du hard power (force militaire).

Krasner et Ruggie, dans le dbut des annes 80 reprendront lhypothse de Waltz que Strange qualifie de stato -centrisme (Ruggie, 1983, p.196). Mais Krasner ne part pas du mme tat de nature que Waltz. Pour celui-ci c'est l'anarchie, pour Krasner l'tat de nature du systme est caractris par l'existence de rgimes internationaux (RI). Le fait que les rgimes internationaux soient une hypothse vite Krasner d'expliquer la naissance d'un rgime, sa mort, son volution et sa nature. Lexistence de RI a pour consquence de produire un ordre de long terme (contrairement aux accords qui doivent tre considrs comme des accords de court terme et ad hoc), stable sans hgmonie. C'est pourquoi il insiste sur le fait qu'il se produit un dclin de l'hgmonie amricaine depuis plus de vingt ans. L'quilibre gnral de long terme obtenu sera donc un optimum de second rang. Toutefois, la multitude de rgimes internationaux formant le SEM n'exclut pas l'existence d'une hirarchie des puissances tatiques comme dans la thorie du ralisme pur, mais celle-ci est contenue l'intrieur d'un rgime.

Les tats vont obir aux rgles et procdures formant le rgime limitant ainsi leur rationalit (bounded rationality). Il existe pour Krasner une multitude de rgimes internationaux. Par exemple il existerait un rgime international dans le domaine de la pche maritime mais pas de rgime international montaire ni de rgime de scurit internationale (tant donn les assassinats des hommes politiques). Autrement dit, Krasner et plus gnralement les tenants de lEcole des Rgimes Internationaux vacuent de leur thorie tous les domaines conomiques qui ne peuvent fonctionner sous lexistence dun RI (drogue, crimes, corruption) (Strange,1982). Pourtant comment expliquer la cration de rgles qui prvalent sur les marchs financiers et montaires et dans lordre politique international (droit dingrence) et les contraintes quelles exercent sur les dcisions des FMN, des Etats et des individus?

Young et Ruggie ont tent de complter sa dfinition en crant deux critres de mesure d'un rgime : l'efficacit et la robustesse. En citant deux autres exemples de rgimes internationaux : le libralisme orthodoxe (avant la deuxime guerre mondiale) et le libralisme enchss (aprs 1945), Ruggie nous donne un peu plus d'explications sur la nature de ces rgimes et leur transformation. En effet, le second (embedded liberalism) est caractris par la poursuite d' un objectif social ( la stabilit domestique) qui unit tous les tats qui y participent. Dans la priode de l'Entre-deux guerres rgnait le dsordre parce qu'il manquait selon lui cet objectif social. Par exemple, il explique que la tentative de cration d'un rgime montaire a chou cette priode parce qu'il tait incompatible avec l'objectif de stabilit domestique.

La nature du rgime international dans la thorie institutionaliste librale amricaine reste floue, le rgime peut la fois concerner la pche maritime et le libralisme enchss. Par consquent, le rgime international dans ce courant de lEPI peut rassembler des Etats autour dune idologie (le libralisme) et autour dune activit conomique (la pche maritime), mais il nexiste pas de monnaie qui rassemble des Etats actuellement selon Krasner.

Linstitutionnalisme libral amricain est rapprocher avec la thorie conomique de lchange pur ou le modle de Ricardo (la thorie des avantages comparatifs) o il existe un gain mutuel pour les Etats qui participent un change: le jeu nest pas somme nulle. Alors que dans la thorie raliste de Waltz, si un Etat renforce son pouvoir par la force il le fera au dtriment des autres Etats.

Seule l'cole de l'Interdpendance Complexe a donn l'impression de s' loigner du ralisme, mais elle reste proche de la thorie de Waltz. Les auteurs expliquent eux-mmes que leur thorie complte celle de Waltz. Nye et Keohane (1972) ont entam trois pistes de recherche jusque l indites en EPI : s'il existait d'autres moyens que la force de rgler les conflits entre les tats, s'il y avait d'autres acteurs que les tats sur la scne conomique internationale et si les relations internationales bnficiaient des tats en particulier. Malgr cela Nye et Keohane ne s'opposent pas au ralisme pur et encore moins l'EPI orthodoxe en gnral. Nous pouvons justifier les ressemblances entre lcole de linterdpendance complexe et la thorie raliste en avanant trois raisons:

les vocations d'acteurs nouveaux (FMN...) sont prsentes mais l'tat reste l'acteur privilgi du SEM et plus prcisment les tats-Unis. Le terme utilis pour nommer les relations conomiques est d'ailleurs transnational relations, autrement dit la nation est toujours au centre de l'analyse.

Au pluralisme des acteurs voqus par les auteurs s'ajoute le pluralisme des domaines internationaux du SEM. Ceux-ci n'avaient jamais t spcifis avant Nye et Keohane ; quatre types de flux intressent les auteurs : les flux d'information, d'change, de monnaie et de personnes. Pourtant, les moyens de rgulation du SEM ne sont pas plus diversifis que dans les thories prcdentes. La force cest dire le pouvoir coercitif de l Etat (le "warfare") domine quelque soit le domaine tudi (Nye et Keohane, 1972, p. xii). Ainsi, comme pour Krasner et Waltz, la scurit des Etats- nations reste au centre de leurs analyses.

A la question quils posent de savoir qui bnficierait des relations internationales, ils n'y rpondent pas.

La notion de rgime est trs prsente dans la thorie de Nye et Keohane. Trois rgimes internationaux sont cits : le rgime montaire, le rgime commercial et le rgime ptrolier. Autrement dit selon les deux auteurs, les tats ont intrt crer des rgimes, mais contrairement Krasner , les rgimes internationaux ne sont pas le point de dpart de leur thorie. C'est l'hgmon qui va favoriser la cration du rgime sa demande. Toutefois, la dfinition du rgime international n'est pas plus explicite.

Ainsi, des notions intressantes chez Nye et Keohane sont suggres mais non traites. Et celles-ci ne sloignent pas beaucoup des autres thories orthodoxes qui mettent en avant l Etat comme acteur unique du SEM.

Seule, la thorie de Strange qui, au contraire de l EPI orthodoxe, insiste sur le caractre diffus du pouvoir au sein du SEM.

1.2. Adoption de la thorie strangiste pour expliquer la nature du SEM

L'internationalisation des changes, des savoirs, des techniques, de la finance, de la main duvre etc. ne se fait pas sans cadre politique dfini par des puissances ingales toujours en volution. La mondialisation exige aujourd'hui de s'intresser l'volution du cadre dans lequel elle se droule : les acteurs changent, l'tat n'est plus au centre de la structure politico-conomique.

La thorie de Susan Strange se construit autour de plusieurs points:

- le pouvoir coercitif de l Etat tend disparatre pour laisser place un pouvoir quelle nomme structurel et loppose au pouvoir relationnel quont les Etats entre eux. Le pouvoir structurel se partage entre les Etats et diffrents acteurs: les FMN, les organisations internationales (OI) telles que le FMI ou la BM, les zones dintgration rgionales (l Union Europenne par exemple) et les organisations non gouvernementales (ONG). Il est caractris par la volont quont ces acteurs dacqurir des parts de march dans les diffrents domaines: financier, commercial, informationnel, culturel, productif, et de scurit, alors que le pouvoir relationnel qui prdominait encore dans la premire partie du 20me sicle concerne la volont quont les Etats dacqurir des territoires.

Cependant, pour Strange, dire que l Etat nest plus au centre des dcisions qui se font au sein du SEM, ne veut pas dire que le march gagne du terrain. L'opposition Etat- march n'est plus systmatique.

lhgmonie amricaine, travers les Organisations non gouvernementales et internationales, les Firmes MultiNationales (FMN) et les banques et le dollar, est responsable du dsordre qui rgne dans le SEM. Elle soppose alors lEPI orthodoxe qui crot en une disparition progressive de lhgmonie amricaine. Celle-ci reprsente en mme temps pour Strange une solution au dsordre mondial, autrement dit, lhgmonie peut tre aussi bien malveillante (cest le cas actuellement) que bienveillante (si elle offre une stabilit de lordre conomique mondial).

Susan Strange refuse lexistence de rgimes internationaux (RI) pour plusieurs raisons: la premire concerne le fait quils sorganisent autour dun acteur unique, l Etat, la seconde est quil existe diffrents domaines mondiaux o ces RI ne font pas autorit: la scurit (beaucoup dhommes politiques se font encore tus), la drogue, la mafia etc., la troisime raison tient au fait que les rgimes internationaux sont un substitut au dclin de l hgmonie amricaine que les thories orthodoxes de l EPI pensent effectif depuis laffaire du WaterGate qui a affaibli le pouvoir des Etats-Unis, la quatrime raison concerne la nature mme du RI qui est dfinie de manire imprcise, cest dire quon ne sait pas comment un RI est cr, sil volue, sil peut tre dtruit, la cinquime et dernire raison de refuser lexistence du RI dcoule de la prcdente, autrement dit Strange refuse la vision statique de lordre conomique mondial quoffrent les RI

Au lieu de parler de RI, elle prfre parler de bargaining international ou darrangements multilatraux ou bilatraux entre les divers acteurs du SEM quelle nomme institutions. La multiplicit des acteurs et leur nature si diffrente augmente le degr de diversit des marchandages, augmente leur rapidit et les rend souvent impalpables. Ainsi, elle insiste sur limportance du dynamique dans ltude du SEM.

Il existe un pouvoir de sintgrer au sein de quatre structures dtermines (financire, de production, culturelle, et de scurit) cest le pouvoir structurel et celui-ci prvaut sur le pouvoir relationnel, dtach de la structure conomique et politique du SEM et trop centr sur les relations de pouvoir en elles-mmes.

Selon nous, la thorie de Susan Strange est celle qui explique le mieux la diminution du pouvoir de l Etat et de lmergence dacteurs nouveaux au sein du SEM. Ses analyses mettent en vidence les transformations dans la structure du pouvoir mondial entre les divers acteurs de lconomie mondiale. Afin dclaircir les transformations elles-mmes quont subies ces acteurs et plus particulirement les Etats, tentons de voir sil nexiste pas des lments intrinsques lEtat-nation qui pourraient expliquer son affaiblissement. Pour cela, il est ncessaire de sinterroger sur la notion de pouvoir de l Etat- nation et sur sa lgitimit. La thorie dAntonio Gramsci analyse la formation de l Etat et celle de Jurgen Habermas dfinit la lgitimit de l Etat moderne; elles constitueront les points de dpart de notre analyse pour comprendre laffaiblissement du pouvoir de l Etat vis vis de la monte en puissance des multinationales.

Quand un acteur a du pouvoir, cela veut dire quon lui obit. Selon Ian Hurd (International Organization, 1999), on obit selon trois raisons: soit parce quon est menac par le pouvoir coercitif, soit parce quon trouve un intrt obir, soit parce quon estime que le pouvoir du dominant est lgitime. Transpose au plan international, ltude du pouvoir devient plus dlicat, surtout si lon part du principe quil existe diffrents acteurs autres que les Etats. En effet, une FMN ne possde pas de pouvoir coercitif par exemple. Comment mesurer le pouvoir dune FMN pour le comparer celui dun Etat? Rpondre cette question est lobjectif que nous nous fixons dans la deuxime sous-partie.

2. Sur la notion de pouvoir

Ian Hurd a conclu dans son article de 1999 dans la revue International Organization (n2, vol.53) quil existait une lgitimit internationale pour essentiellement trois raisons:

parce quelle passe par des rgles internationales (prsence dun ordre sans gouvernement),

parce quil existe une analogie du systme international avec le systme domestique,

parce que la souverainet au niveau international ( comprendre ici comme la puissance dune institution internationale) peut tre lgitime comme une norme quon internalise.

Pour en arriver ces conclusions, lauteur sest pos la question de connatre les raisons pour lesquelles on obissait. Son objectif dans larticle tait de dmontrer quil existe une lgitimit internationale sans montrer comment une institution le devient; ce qui ne loblige pas dfinir la lgitimit.

Notre objectif est de donner une dfinition de la lgitimit, organise autour de celle de Habermas afin de vrifier la corrlation ngative entre la puissance et la lgitimit. Nous dfinissons la puissance comme tant le pouvoir de l Etat exercer des politiques dfinissant sa marge de manuvre pour agir face aux FMN.

Pour cela, nous verrons que les natures de pouvoir des deux acteurs sont diffrentes, nous tenterons alors de mettre en vidence le fait au contraire des FMN, les Etats naissent au sein de la nation quils reprsentent (Etat- nation) et que les FMN ne ncessitent pas dtre lgitimes contrairement aux Etats qui sont sans cesse sous contrainte de sanction par la socit civile (quand l Etat est bien videmment lgitime). Ainsi, un Etat est plus puissant, quand celui-ci est illgitime, cest dire quand ses actions sautonomisent de la socit civile, Habermas dirait que l Etat connat un manque defficacit (il ny a pas cohrence entre les besoins et les volonts de la socit civile et ceux de la socit politique ou Etat).

Nous traiterons deux points rattachs la notion de pouvoir: les natures du pouvoir de l Etat et des FMN et la lgitimit comme outil de mesure de la puissance de l Etat et des FMN.

2.1 Les origines de la formation du pouvoir de l Etat.

Contrairement aux auteurs ralistes et no-ralistes de lEPI, nous mettons en vidence que lhgmonie amricaine est loin davoir disparu et plus que cela encore nous soulignons le fait que celle-ci sest accentue, renforce et semble tre devenue invincible. Simplement, elle sappuie sur le pouvoir grandissant des acteurs privs. Pourquoi le pouvoir de l Etat nest pas larme la plus redoutable pour former un pouvoir hgmonique? Pourquoi la puissance des FMN semble-t-elle invincible?

Afin de rpondre ces questions, il est ncessaire dtudier la manire dont se forme l Etatet sa nature de classe.

L Etat est garant des rapports de production de lconomie dune nation. L Etat est donc lorganisation de la nation dont les individus sont soumis des lois communes. De ce fait, l Etat a une nature de classe qui est dtermine par le mode de production dominant dans lconomie nationale. Il est alors le reflet du mode de production qui caractrise lconomie nationale. La nature de l Etat actuelle dans les pays industrialiss est capitaliste. Ainsi l Etat est impliqu dans lconomie et il ne doit pas tre considr comme une entit extrieure (Salama et Mathias, 1983). Il est impliqu de deux manires par rapport au capital: parce que dune part, l Etat instaure un cadre politique qui dtermine lvolution du capital, donc de lconomie, et dautre part parce qu il est amen intervenir dans les diffrents secteurs conomiques de faon directe (l Etat produit lui-mme) ou de faon indirecte (par les politiques conomiques interventionnistes) et de manire plus ou moins intensive selon les pays. Ainsi, la classe dominante parmi les classes sociales qui composent la socit dtermine la nature de classe de l Etat.

Chez Gramsci, l Etat existe de par sa puissance quil acquiert en se formant lui-mme. Il dcrit la puissance tatique comme ayant deux caractristiques: elle est coercitive (autrement dit l Etat peut se servir de sa force et de lappareil judiciaire quil construit pour imposer sa volont ) et est idologique. La puissance idologique se dfinit sur le plan national par le fait quune classe sociale associe un certain processus de production se soit mancipe par rapport une autre et la domine. Au plan international, la puissance idologique se dfinit par le fait que des institutions dominantes soient reconnues comme lgitimes par les faibles, ce qui garantit leur obissance. Ainsi, deux notions sont trs lies: puissance et lgitimit. La relation nest pas vidente faire entre les deux.

Dans les pays industrialiss, l Etat est form au sein de la socit. En effet, il prend naissance parmi la population compose des diffrentes couches sociales. La classe sociale dominante dtermine la nature de l Etat et les politiques qui en dcoulent. Pour Gramsci, une classe sociale devient dominante si elle est organise pour prendre le dessus sur les autres et si elle a su et pu laborer une stratgie pour y parvenir.

Chaque groupe voudrait sortir de la dchirante lutte de la concurrence en imposant son monopole. L Etat amne composition, sur le plan juridique, les dissensions intrieures des classes, les dsaccords entre intrts opposs, il unifie les couches et modle laspect de la classe tout entire. Avoir le gouvernement, le pouvoir, cest sur ce point que saffirme la concurrence entre couches diverses. Le gouvernement est le prix qui revient au parti, la couche de la bourgeoisie qui se montre la plus forte, qui, avec cette force, conquiert le droit de rgenter le pouvoir de l Etat, de lorienter vers des objectifs dtermins, de le modeler essentiellement selon ses programmes conomiques et politiques. (Gramsci, p.151, Ecrits politiques, 1974).

L Etat est devenu capitaliste dans lhistoire par la domination de ceux qui dtenaient le capital sur la classe des ouvriers. La classe bourgeoise reprsente le capitalisme parce quelle est forme de groupes capitalistes toujours plus nombreux qui participent au dveloppement conomique. Ainsi la nature de classe de l Etat est la classe bourgeoise, les deux entits tant imbriques lune dans lautre. L Etat est et restera bourgeois. En effet, la bourgeoisie est la classe intermdiaire; elle se situe entre la classe proltaire et la classe des aristocrates, cest cette position sociale qui fera que la classe bourgeoise est la seule qui dans lavenir a la fois quelque chose perdre et quelque chose gagner. En outre elle reprsente la majeure partie de la population actuelle. Ainsi, elle aura toujours intrt en vouloir plus, et elle sera toujours la plus dynamique et la mieux organise. On peut noter ce propos que dans les pays non industrialiss, si la classe bourgeoise est inexistante, lconomie est instable, cest le cas actuellement de la Russie.

Une classe sociale russira devenir dominante uniquement si elle parvient tablir un large consensus au sein des couches anciennement domines. Ainsi, l Etat est la classe la plus puissante. Lillustration quil fait de la dfinition de cette puissance concerne lex-Russie et lItalie (entre autres), o seule la puissance idologique, grce aux intellectuels, parviendrait rassembler les couches proltaires italiennes et russes contre la classe dominante bourgeoise. Ainsi, avant la phase terminale qui consiste prendre le pouvoir par la force --si celle-ci a lieu dexister-- la classe bourgeoise dominante est neutralise. Ainsi, le pouvoir de domination ne doit pas ncessairement tre li la force. Les classes domines acceptent lassujettissement parce quelles ne peuvent agir contre cette domination, institutionnalise lgalement, faute dorganisation de leur part. La domination apparat ainsi comme lgitime donc accepte; comme lexploitation du travailleur par le capitaliste lest dans la thorie de Marx. Cette question de lgitimit signifie que certains individus de la classe dominante ont le droit de gouverner les autres.

Si l Etat nutilise pas la force pour se faire entendre, elle utilise forcment un autre moyen que Gramsci nomme: lidologie. Il sagit l de lgitimer la domination dune classe sociale que reprsente l Etat par lidologie. La classe bourgeoise aura pris le pouvoir grce au consensus des intellectuels des couches bourgeoises, et deviendra dominante. La prise de pouvoir est lgitime et la classe domine est consentante et dite faible parce quelle na pas su sorganiser et ne peut pas se rvolter. Lhgmonie publique est stable. La classe sociale dominante instituera une culture, la sienne, par diffrentes institutions: l Eglise, lducation, linformation, le syndicalisme, etc. et formera alors le bloc historique (Gramsci, 1974). Cest ainsi que la puissance de l Etat devient hgmonique, parce qu il sinstaure une espce de suprmatie de lidologie de la classe dominante sexerant travers les fonctions de l Etat directement (par lducation nationale pour la fonction ducative, par les tribunaux pour la fonction rpressive) et travers une multitude dautres initiatives et activits dites prives qui forment lappareil dhgmonie politique et culturelle des classes dominantes et qui tendent vers le mme but (Gramsci, Cahiers de prison, p.360, 1975). Ceci fait dire Gramsci que chaque Etat est thique.

Lanalyse gramscienne du pouvoir hgmonique de l Etat a trois caractristiques:

elle est nationale (il sagit de lhgmonie de l Etat sur la socit civile nationale),

elle est dcrite en termes de lutte entre les diffrentes classes sociales formant la socit civile, elle sinscrit alors dans un processus de matrialisme historique et

est idologique avant dtre coercitive (il met au premier plan limportance de l action des intellectuels pour constituer la classe dominante pour diffuser lhgmonie).

Ceci permet dexpliquer comment la socit politique (cest dire d Etat) se forme partir de la socit civile (forme par les institutions et les individus) et comment elle influencera celle-ci en retour. Et de montrer que les transformations de la Socit civile et politique sont avant tout des transformations sociales. Ainsi, l Etat coercitif nest pas au centre de son analyse. Pour Gramsci, la puissance de l Etat passe aussi par linfluence idologique de divers acteurs (quil nomme institutions) tels que les individus, les syndicats, les journalistes, lducation, l Eglise, les tribunaux etc.

Pour Gramsci, Salama et Mathias, la socit civile est mise en avant pour expliquer:

la dtermination de la nature de classe de l Etat chez Salama et Mathias et

la dtermination de la puissance de l Etat chez Gramsci.

Ces deux analyses se basent sur la thorie de Marx pour dfinir l Etat et ce quil reprsente. Notre objectif est de conceptualiser l Etat, sa nature et les conditions de sa formation afin de montrer que l Etat est le seul acteur de la scne conomique et politique internationale qui se doit dtre lgitime. Et ceci constitue les limites du pouvoir de l Etat.

Gramsci reprend le terme socit civile pour nommer le peuple form de diffrentes classes sociales et socit politique pour l Etat. Pour Marx et Engels la socit civile reprsente la forme dchange et les forces productives dune nation (Idologie allemande, p. 59, 1946). Pour Salama et Mathias, il en est de mme: l Etat des pays industrialiss et prcisment sa nature naissent des entrailles de la socit, du fait des contradictions internes de celle-ci.

Quel serait loutil thorique qui nous permettrait de mesurer le pouvoir (ou puissance) la fois de l Etat et la fois des FMN? La lgitimit semble tre linstrument adquat;elle contribue expliquer les diffrences de pouvoir entre les divers acteurs du SEM (notamment les FMN et l Etat) au niveau national comme au niveau international.

2.2 La lgitimit comme outil de mesure de la puissance de l Etat.

Pourquoi voit-on une institution comme lgitime?

Pour Habermas, seul un ordre politique peut tre lgitime. De cette faon il relie le concept de lgitimit avec la lgalit:

Il est moins vident de circonscrire lextension du concept de lgitimit, car seuls des ordres politiques possdent ou perdent leur lgitimit, eux seuls ont vritablement besoin de lgitimation. Des entreprises multinationales ou le march mondial ne sont pas susceptibles dtre lgitims. (Habermas p.251, Aprs Marx, 1985).

Aprs avoir vu comment se forme l Etat, la dtermination de la nature de son pouvoir et celle du pouvoir des FMN, examinons maintenant en quoi il existe une corrlation ngative entre pouvoir et lgitimit. La puissance de l Etat et celle des FMN doivent pouvoir se mesurer.

En ce qui concerne l Etat au niveau national, il est habituel dtudier des diffrentes caractristiques de son pouvoir selon le rgime politique dans lequel il sinscrit. On note quen rgime dmocratique, les reprsentants de l Etat; le prsident de la rpublique et le chef du gouvernement; nont pas les pleins pouvoirs, savoir le pouvoir lgislatif et judiciaire en plus de l excutif. Ceci est d au fait quil existe au sein de l Etat une sparation entre le Pouvoir (lexcutif) et la Justice mme si linterdpendance subsiste entre les trois pouvoirs (le lgislatif, lexcutif et le judiciaire).

Si lon accepte encore une fois de dterminer le pouvoir de l Etat selon le type de rgime politique qui le reprsente, on est enclin dire qu en rgime non dmocratique, l Etat aurait tous les pouvoirs, parce que le ou les gouvernants les incarnent tous les trois, et il ny a pas de sparation entre le judiciaire, le lgislatif et lexcutif; alors qu en rgime dmocratique, l Etat a un pouvoir limit tant donne la sparation entre les trois pouvoirs cits prcdemment.

Cependant, la sparation entre les pouvoirs ne peut seule mesurer le pouvoir de l Etat. A lintrieur du systme dmocratique, les diffrents Etats dmocratiques nont pas la mme fonction gouvernementale pour reprendre le terme de G. Burdeau. Ce terme regroupe le pouvoir de faire des lois, ddicter des rglements autonomes et la conduite des relations extrieures. Prendre la fonction gouvernementale comme critre permettant ltude pouvoir de l Etat est plus prcise. Ainsi, au sein des dmocraties, mme sil y a sparation des pouvoirs, on note que la matrise de la fonction gouvernementale se fait diffremment et donc que le pouvoir de l Etat peut tre plus ou moins fort.

La dmocratie est purement idologique ou normative et ne peut tre quidologique puisquelle exprime la volont de rendre les hommes libres et non assujettis une autorit suprieure. Les dmocraties au sens de la dfinition prcdente ne peuvent exister. La dmocratie est alors irraliste. Cest pourquoi, comme le pense Habermas, on ne peut mlanger les notions de dmocratie et de lgitimit. Rappelons que pour les marxistes, afin dengendrer une dmocratie authentique, il est ncessaire de dissiper le capitalisme. Ainsi, les pays socialistes entrent dans la dfinition idologique de la dmocratie, alors quen systme socialiste le pouvoir de l Etat est plus important quen systme libral parce que le premier jouit dune certaine indpendance vis vis du peuple mme si le peuple la voulu. Ainsi, nous navons pas automatiquement dmocratie et affaiblissement du pouvoir de l Etat. Dans le cas des conomies socialistes, la puissance de l Etat est telle que Marx dit que l Etat reprsente la dictature rvolutionnairedu proltariat. Mais idologiquement, ce pouvoir ntant pas jug nfaste pour le peuple, il ntait pas ncessaire de le casser pour le partager.

Le rgime politique ou lopposition dmocratie -autoritarisme est trop restrictif dune part et trop idologique dautre part pour tre un juste lment de mesure du pouvoir de l Etat. Le vritable critre qui puisse nous clairer sur les limites du pouvoir de l Etat quelque soit le cadre du systme politique dans lequel il sinscrit est le concept de lgitimit.

Le pouvoir de l Etat est partag entre lui-mme et le peuple de la nation correspondante ds lors que deux lments sont runis:

quand les individus formant la socit civile ont la possibilit de participer llection du chef de l Etat: il peut alors y avoir sanction par le vote, et quen parallle il y a gnralisation des rapports de production, cest dire que la classe dominante de la socit civile dterminera la nature de classe de l Etat et apparatra comme lgitime,

et quand les politiques exerces par l Etat rpondent aux exigences qui forment lintrt gnral de la socit civile.Par ce principe, l Etat maintient la cohsion sociale de la socit civile.

Ces deux lments composent le concept de lgitimit. Le premier reprsente ce que nous appellerons la lgitimit dorigine et le deuxime la lgitimit dexercice. (Ainsi, le socialisme peut runir la seconde condition uniquement, pourtant on la vu il peut tre considr comme dmocratique). La lgitimit apparaissant plus prcise pour mesurer le pouvoir de l Etat que les rgimes politiques nous montre quil existe une corrlation ngative entre le degr de puissance de l Etat ou sa souverainet et le degr de sa lgitimit.

Etudier la lgitimit de l Etat cest voir les rapports entre les socits civile et politique car dans le principe de lgitimit, cest la socit civile ou au moins une partie de celle-ci qui consent lexercice durable de l Etat. Il y a, selon nous, trois faons de concevoir les rapports entre socit civile et socit politique. La premire assure les deux types de lgitimit, la deuxime nassure que la lgitimit idologique, la troisime nassure aucune lgitimit. (Voir les schmas correspondants).

La premire faon de concevoir les rapports entre la socit civile et la socit politique:

(1)

Socit civile

Socit politique

Lutte des classe

(1)

Politiques conomiques et sociales (2)

(1) et (1) La dfinition de la nature de classe de l Etat passe par la gnralisation des rapports de production. Si en outre le reprsentant de l Etat form est lu par la participation du peuple directement (France) ou indirectement (Etats-Unis), on dit quil y a lgitimit dorigine.(2) Quand il y a rponse de l Etat par des politiques qui correspondent lintrt gnral de la socit civile, on dit quil y a lgitimit dexercice.La plupart des pays industrialiss correspondent ce cas.

La deuxime faon de concevoir les rapports entre la socit civile et la socit politique:

Socit civile

Socit politique

Lutte des classe

(1)

Politiques conomiques et sociales (2)

(1) On note ici que la lgitimit dorigine nest pas entirement ralise (1), il peut en effet avoir gnralisation des rapports de production cest dire que la classe dominante de la socit civile dterminera intrinsquement la socit la nature de classe de l Etat mais le peuple ne participera pas llection du reprsentant de l Etat.

(3) Cependant mme sans la lgitimit dorigine, l Etat peut assurer la lgitimit dexercice dans le sens o la volont du peuple est satisfaite.

Lexemple du Maroc correspond ce cas.

La troisime faon de concevoir les rapports entre la socit civile et la socit politique:

Socit civile

Socit politique

?

(1) et (1) Dans ce cas il ny a pas de lgitimit dorigine tant donn que la nature de classe de l Etat nest pas dtermine de manire intrinsque la socit, elle est alors impose par les pays trangers et industrialiss. La gnralisation des rapports de production est ici dfaillante. Etant donn que la classe dominante est et sera toujours la classe bourgeoise, comme nous lavons dit prcdemment, et tant donn que celle-ci manque dans ce cas o lconomie nest que pr- capitaliste, l Etat se substitue cette classe. Ainsi, l Etat ne peut paratre lgitime face la socit civile tant donn que le peuple na particip daucune faon la formation de l Etat et la dtermination de sa nature de classe.

(2) En outre, la lgitimit dexercice nest pas assure non plus. Il sen suit une instabilit du systme.

On peut citer beaucoup de pays en dveloppement dans ce cas tels que l Indonsie.

Le systme dorganisation indonsien repose sur un systme de parent quon appelle le npotisme, par consquent, il ne ncessite pas de lgitimit pour exercer son pouvoir.

Prendre en considration les distinctions parmi les trois sortes de liens entre la socit civile et la socit moderne permet de voir que mme des Etats quon ne considre pas dmocratiques au sens classique du terme (cest dire dmocratie oppose autoritarisme), peuvent apparatre en partie lgitimes aux yeux du peuple. En effet, dans les conomies les moins avances ou pr- capitalistes les chefs du gouvernement peuvent tre dsigns par la religion. Au Maroc par exemple, le roi Mohammed VI est avant tout vu comme le descendant du prophte, il reprsente alors une certaine autorit divine de fait. De mme dans plusieurs pays dAfrique noire, le systme politique repose sur un systme de parent o le chef de l Etat fera partie de la famille la plus riche et la plus instruite du pays, il est alors tout fait lgitime quil dirige le peuple et quil place des membres de sa famille au pouvoir. Il peut aussi paratre lgitime quil demande en change de bienfaisances des avances ou des cadeaux, pour la simple raison que cela fait partie de la culture du pays: que lon accepte jamais un cadeau sans en offrir un et rciproquement. En effet, Habermas considre que les lgitimations peuvent tre convaincantes ou crues (Habermas, Aprs Marx, 1985, p.257). Cest pourquoi un systme politique comme celui du Maroc peut apparatre comme lgitime au Maroc et non lgitime dans une autre pays. Il en est de mme pour le systme politique de nature npotique.

Mais actuellement, le concept de lgitimit, ou ce que lon peut appeler la lgitimit moderne, est rattach au principe de la lgalit, il est alors construit partir de lide que le droit est form par le peuple et que celui-ci ne se contente pas de croire en des rcits. Ainsi, la premire faon de voir les liens entre la socit civile et la socit politique, correspondant au premier schma prcdent, illustre la lgitimit que nous dsignons comme tant moderne, et quHabermas dfinirait comme celle concernant l Etat moderne.

Habermas indique les causes dune baisse de lgitimit de l Etat, susceptibles dengendrer une sanction par le vote de la socit civile.

Pour Habermas, il existe quatre types de crise:

Lieu de naissance de la criseCrise du systmeCrise didentit

Systme conomiqueCrise conomique

Systme politiqueCrise de rationalitCrise de lgitimation

Systme socio - culturelCrise de motivation

Tableau pris dans Habermas, Raison et lgitimit, 1978, p.69.

Les quatre types de crises sont extrmement lis entre elles, puisque les systmes conomique, politique et socio- culturel le sont galement entre eux. Ainsi, une crise conomique est essentiellement due linefficacit des politiques conomiques de l Etat quine dpense pas de faon rationnelle les ressources fiscales prleves(crise de rationalit), il y a donc remise en question des comptences de l Etat (crise de lgitimation): ce qui affaiblit la motivation des citoyens croire en l Etat tel quil est (crise de motivation).

Le concept de lgitimit nationale prend racine dans lhistoire. Au temps de la monarchie en Allemagne et en France, ce sont les bourgeois qui avaient cr un pouvoir parallle et contre la monarchie. Le pouvoir des bourgeois consistait juger celui de la monarchie, ce qui rendait lgitime le pouvoir monarchique. Si lon transpose cette notion de lgitimit nationale sur le plan international, on saperoit quil existe un espace public international (Badie, 2000) compos de diffrents acteurs du SEM (les ONG, les OI, et mme les Etats-Unis etc.) qui jugent les actions des Etats. Par exemple, lopinion publique internationale considre la dforestation brsilienne comme la destruction dun bien commun. Ainsi, les Etats se verraient attribuer une lgitimit internationale. Ainsi, avec la mondialisation des changes et la modification, parfois la disparition des frontires, linterdpendance des actions des acteurs au sein du SEM, les Etats voient leur pouvoir diminuer parce quil se doit dtre lgitim au niveau international. Au temps o la mondialisation nen tait qu ses balbutiements, les Etats avaient un pouvoir beaucoup plus important quactuellement. La raison tient au fait que leur lgitimit navait quune dimension nationale.

En ce qui concerne les FMN, celles-ci ne peuvent pas tre lgitimes daprs la dfinition que nous avons donne la lgitimit. Cest la raison pour laquelle, ne craignant pas dtre sanctionnes directement par la socit civile, leur pouvoir est quasi-total dans le SEM actuel. Les FMN, tant des acteurs privs du SEM, celles-ci ne se doivent pas dtre lgitimes, elles ont alors actuellement le pouvoir le plus fort au sein du SEM.

Conclusion

Nous avons essay de montrer limportance de la dimension politique dans le dbat sur les effets de la mondialisation sur les rles que jouaient les multinationales et les Etats. Pour cela nous avons utilis deux variables explicatives empruntes la science politique, savoir le nouveau partage de la puissance mondial entre deux acteurs de lconomie mondiale: les multinationales et l Etat puis la lgitimit.

Non seulement on a not la monte en puissance des FMN mais aussi le fait quelles ne ncessitent pas dtre lgitimes renforce leur pouvoir. Ainsi, on assisterait une indpendance relative des multinationales. On peut alors se demander si ces acteurs conomiques privs constituent un pouvoir parallle en soctroyant un pouvoir de rgulation propre.

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Les divergences entre les principales thories de lEPI dans les analyses du SEM:

EPI orthodoxeEPI htrodoxe

Waltz (ralisme pur)Krasner (thorie des rgimes internationaux)Nye et Keohane (Ecole de lInterdpendance Complexe)Strange (Ecole du Pouvoir Structurel diffus)

Caractristiques du pouvoirrelationnelrelationnelCoexistence du hard power et du soft power*Pouvoir structurel diffus

HgmonieOui, court terme. Cest une condition suffisante pour peser dans la balance des pouvoirsNon, car il y a prsence des rgimes internationauxOui, cest lhgmonie qui cre les rgimes internationauxOui, ce sont les Etats-Unis. Cest une condition ncessaire mais non suffisante pour la stabilit du SEM

Existence de rgimes internationauxNon, anarchie de long termeOui, une multitude. Et cest une hypothse. Mais cest un optimum de second rangOui, les principaux tant les rgimes commercial, montaire et ptrolierNon. Existence du bargaining entre les acteurs

Rationalit des acteurs du SEMRationalit absolue des Etats: ils maximisent leur utilit individuelle. Les Etats agissent de telle faon si cest dans leur intrt particulier ou sils se croient menacsRationalit limite des Etats. Les Etats agissent de telle faon si cest dans leur intrt particulierRationalit limite des Etats. Les Etats agissent de telle faon si cest dans leur intrt particulierNon rationalit des Etats et des autres acteurs: les Etats agissent dune certaine faon sils croient la cause lgitime**

Instabilit du SEMOui, car ltat de nature du SEM est lanarchie par dfinition. La balance des pouvoirs est donc instableOui en raison du dclin de lhgmonie amricaineOui en raison du dclin de lhgmonie amricaineOui en raison de la mauvaise gestion des capacits de lhgmon, en loccurrence les Etats-Unis qui nont pas perdu leur hgmonie sur le

SEM

Rgulation du SEMPar la force. Le domaine de scurit domine les autresSil y a cration de rgimes internationaux cest dire crations de principes, normes, on na pas besoin de la force. Mais, on ne prcise pas comment naissent les rgimes internationauxLarbitrage entre lutilisation du hard power et du soft power dpend de lintrt qua un Etat utiliser lun ou lautre.Par le bargaining entre les divers acteurs du SEM, y compris les institutions (ONG, marchs, banques, FMN, OI et zones dintgration rgionales)

ActeursUnique: l EtatUnique: l EtatMultiples mais l Etat reste le plus importantMultiples. Les acteurs conomiques tels les FMN, les OI, les ONG ont un poids de plus en plus important dans le SEM

*Nye a t le premier distinguer le hard power du soft power et noncer le fait que lutilisation pour un Etat de sa puissance conomique et financire (soft power) au lieu de sa puissance coercitive (hard power) puisse tre plus avantageuse, cest dire moins coteuse. Ainsi, l Etat dcidera dutiliser telle ou telle sorte de pouvoir selon lintrt quil a dutiliser la premire sorte ou la deuxime.

**Cest pourquoi le leader hgmonique sera suivi sil est jug bienveillant. Sil est jug malveillant, il sera la cause du dsordre de lordre conomique mondial. (Cette analyse est approfondie par Cox et les fondements sont ceux de Gramsci).

Etat

Nature de classe

De l Etat

Lutte des classes

Etat

Nature de classe

De l Etat

Lutte des classes

Etat

Nature de classe

De l Etat

Doctorante en sciences conomiques l Universit de Paris XIII-Villetaneuse, et monitrice lUniversit de Paris VII-Jussieu.

Le rgime pour les rgulationistes internationalistes reprsente les normes et les institutions qui orientent les dcisions des agents privs, qui fixent des rgles aux interventions tatiques et qui se prtent la rgulation internationale. Les principes reprsentant les croyances aux faits, les normes sont le comportement standard (droits et obligations), les rgles sont les prescriptions ou proscriptions et les procdures reprsentent les pratiques pour faire un choix collectif.

Pour lEPI institutionnaliste (Krasner, Keohane et Nye), le rgime est un ensemble de principes, de normes, de rgles et de procdures de prise de dcision qui assurent la stabilit et la cohrence des comportements des diffrents acteurs de la vie internationale, et qui se mettent en place pour viter les conflits coteux.

On peut citer plusieurs raisons la croyance au dclin de l hgmonie amricaine par l cole de l interdpendance complexe:

les changes internationaux sintensifient et deviennent plus rapides, il est alors plus difficile de croire en une domination dune puissance mme amricaine

le caractre de la puissance a chang, celle-ci est moins diplomatique actuellement quconomique et financire, et comme un type de puissance ne peut tre transfrable en un autre type, les Etats-Unis qui possdaient la puissance mondiale de la diplomatie jusqu la fin des annes 70, ne peuvent possder la puissance mondiale conomique et financire dans les annes 80 et 90.

Une classe sociale regroupe des individus ayant les mmes intrts.

A la fois dans les cahiers de prison (1971, Gallimard, traduit de litalien), et dans Ecrits politiques 1914-1920 et 1921-1926 (Gallimard).

Chez Gramsci, la force est latente mais non obligatoire.

La puissance de l Etat est contenue dans ses fonctions et ses actions politiques: la puissance de l Etat reprsente la marge de manuvre qua l Etat exercer ses fonctions, ses politiques.

Il faut comprendre ici la justice comme reprsentant le droit au sens de Georges Burdeau.. Autrement dit, servir la justice ou le droit cest servir lintrt gnral. Avec l Etat, ils (les gouvernants) nont qualit pour agir que dans la mesure o ils servent linstitution Avant linstitutionnalisation, ils pouvaient encore, dans leur activit, mler ce qui tait laccomplissement de lide de droit et ce qui tait service de leurs intrts personnels leur titre de chef recouvrait tout. Avec lexistence de l Etat, il cesse den tre ainsi Les gouvernements ne peuvent plus que servir lide de droit qui sest incarne dans linstitution, car ils nont comptence- donc autorit- qu cet effet. Dtachs de cette ide, leurs ordres et leurs actes perdent non seulement toute lgitimit, mais encore toute qualit juridique. Il ny a plus que prtention vaine ou manifestation de force. (Burdeau, LEtat, 1970, p.73-74).

Quil faut comprendre comme tant la forme du gouvernement.

Dans un rgime socialiste, on considre que l Etat reprsente le peuple ouvrier en masse et rpond ses volonts par les moyens de la planification.

Pierre Salama et Gilberto Mathias, L Etat sous-dvelopp, La Dcouverte, 1983.

Lexemple du procs contre Microsoft provoqu par la socit civile aux Etats-Unis est rare. Il doit tre impuls par un nombre assez grand de consommateurs pour que le gouvernement se sente menac de sanctions si toutefois il ne rpondait pas aux accusations portes par les consommateurs Microsoft. Par consquent dans cette affaire, le gouvernement naurait pas rpondu favorablement la socit civile, si le pouvoir de celui-ci ntait pas lgitime. Le gouvernement amricain na fait quassurer, dans cette affaire, sa lgitimit dexercice. Ainsi, l Etat (que reprsente le gouvernement) est lintermdiaire entre la socit civile et les FMN.

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