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Résultats scientifiques et activités IFEA Institut Français d'Études Andines UMIFRE 17 MEAE / CNRS USR 3337 América Latina 1 8 Résultats scientifiques et activités

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Résultats scientifiques et activités

IFEAInstitut Français d'Études AndinesUMIFRE 17 MEAE / CNRS USR 3337 América Latina

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Résultats scientifiques et activités

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Vue aérienne de la Structure 2 de Huaca Amarilla. On peut observer les aires de fouilles dégagées et la végétation arbustive consécutive au phénomène « El Niño Costero »© Nicolas GoepfertLes « bofedales », un milieu à la fois naturel et aménagé par les sociétés andines

© Évelyne Mesclier

IFEA Bolivie IRD : Av. Hernando Siles n.º 5290 Esquina calle 7 de ObrajesLa Paz, BOLIVIETel : 591-22 78 29 69 591-22 78 49 25Fax : 591-22 78 29 44

IFEA ÉquateurIRD : Calle Alemania No 32-188 y GuayanasQuito, ÉQUATEURTel: 593-22 05 48 56 593-22 50 39 44Fax: 593-22 50 40 20

IFEA ColombieAmbassade de France en ColombieCarrera 11 # 93-12Santafé de Bogotá, COLOMBIETel : 571-1 638 15 48

Alianza Colombo FrancesaNueva Sede ChicóCarrera 11 # 93-40 Santafé de Bogotá, COLOMBIATel : 571-1-379 33 70

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Siège BibliothèqueAv. Arequipa 4595, 2° piso Lima 18, PÉROUTel : 51-1 243 60 90

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SOMMAIRE

Histoire institutionnelle 4

Nos activités en bref 5

Les services 6

La recherche 7

Métropoles et dynamiques territoriales, environnement et risques 8

Origines, héritages et dynamiques 12

Sociétés, histoire et représentations 16

Dynamiques sociales et contemporaines, Frontières 24

Événements 35

Publications 44

La bibliothèque et la librairie 47

La communication institutionelle 49

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HISTOIRE INSTITUTIONNELLE

Le « Centre Français d’Études Andines », qui deviendra l’Institut Français d’Études Andines, a ouvert ses portes à Lima, au Pérou, en 1948. Placé dès cette époque sous la tutelle du ministère des Affaires étrangères, sa mission est l’appui aux recherches de terrain, les échanges entre scientifiques des pays andins et scienti-fiques français, la formation des jeunes chercheurs, la diffusion des connaissances.Les disciplines représentées initialement : anthropo-logie, géographie, archéologie, biologie, s’élargissent rapidement à la sociologie, à l’histoire, à la géomor-phologie. Les premiers numéros de la collection des « Travaux de l’IFEA », publiés dès 1949, réunissent des contributions en français et en espagnol et portent sur l’ensemble de la région andine.Dans les années 1960, la vocation régionale de l’IFEA s’affirme avec l’installation de chercheurs en Bolivie, en Colombie et en Équateur. Parallèlement aux recher-ches individuelles, de grands programmes pluridiscipli-naires sont lancés avec le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique). Ils se poursuivent dans les années 1970 tandis que s’approfondissent les collabo-rations avec les institutions locales. En 1972, la revue Bulletin de l’Institut Français d’Études Andines s’ajoute aux Travaux. D’autres disciplines des sciences socia-les et humaines, des sciences de la vie et de la terre s’ajoutent alors aux précédentes.Dans la deuxième moitié des années 1980, l’appa-rition des conventions de recherche, des coéditions, l’organisation de rencontres et la création des bourses destinées aux chercheurs des pays andins, comme les collaborations avec l’Orstom (aujourd’hui IRD, Institut de Recherche pour le Développement) et l’accueil des boursiers CNRS du legs Lelong prolongent les dyna-miques précédentes. Des bureaux sont alors ouverts à Bogotá, La Paz et Quito.

En 2008, un accord entre le CNRS et le MEAE trans-forme les Ifre (Instituts Français de Recherche à l’Étran-ger) en Umifre (Unités Mixtes des Instituts Français de Recherche à l’Étranger). Depuis le 1er janvier 2010, l’Institut Français d’Études Andines, Umifre 17 MEAE, forme avec le Centre d’Études Mexicaines et Centre-Américaines-CEMCA, Umifre 16 MEAE, l’Unité de Service et de Recherche USR 3337 « Amérique latine » du CNRS. Cette structuration permet de renforcer les synergies à l’échelle latino-américaine.En 2016, le siège de l’institution a quitté Miraflores et l’Alliance Française pour s’installer à Barranco, dans une demeure classée au patrimoine léguée par un archéologue péruvien, Carlos Brignardello. Les 70 ans de l’IFEA, en 2018, ont permis de discuter des pers-pectives d’avenir avec les directeurs successifs, qui ont partagé leur expérience. L’agrandissement du centre de recherche sur le terrain de Barranco consolidera les échanges entre les chercheurs expérimentés, les étu-diants et le public des séminaires et conférences. Il fa-cilitera aussi leur accès à sa bibliothèque spécialisée et à sa librairie, pour l’instant encore logées à l’Alliance. Les 70 ans ont mis en lumière la participation de l’IFEA à la production et à la circulation des savoirs, des méthodes et des questionnements nouveaux de la science, avec un recentrage sur l’archéologie et les sciences sociales et humaines, tout en conservant une ouverture aux disciplines voisines. Animé par son personnel local, sa direction, ses post-doctorants, doctorants et boursiers et fort de la participation des chercheurs qu’il a soutenus ou formés au cours des décennies, l’IFEA poursuit ses collaborations avec les universités et instituts de recherche andins et, plus largement, latino-américains, en lien avec la commu-nauté scientifique française et européenne.

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NOS ACTIVITÉS EN BREF

L’IFEA est à la fois un centre de recherche spécialisé dans l’étude des sociétés de la région andine, une plate-forme d’appui à la recherche française et euro-péenne en collaboration avec les pays où il réalise ses activités et un acteur du dispositif culturel français.En tant que centre de recherche, l’IFEA analyse les processus sociaux, économiques, politiques et cultu-rels de la région, depuis l’époque préhispanique jusqu’à l’actualité, en partant d’approches empiriques appuyées sur la connaissance des concepts théoriques développés notamment en France et dans les Amé-riques. Ses axes de recherche accueillent les activités de chercheurs qui ont fait des Andes leur terrain de recherche principal ou comparatif. L’attribution d’aide à la recherche à de jeunes chercheurs français et des pays andins, et à des chercheurs confirmés de ces der-niers, participe à leur fonctionnement. Les résultats font l’objet d’une diffusion par le biais de supports classiques : articles dans des revues, ouvrages collectifs et individuels, communications dans des colloques et séminaires, conférences invitées dans le cadre des universités ou pour des interventions grand public, aussi bien en France et dans les Andes que dans des pays tiers. L’IFEA organise par ailleurs des sé-minaires et journées d’étude avec les institutions par-tenaires dans les quatre pays où il intervient. Les doctorants accueillis sur place par l’IFEA bénéficient d’un accès au terrain privilégié. Tout en contribuant à la production scientifique, ils font l’apprentissage de la recherche en contexte de partenariat international, de la prise de parole dans des situations variées, de l’orga-nisation d’ateliers de jeunes chercheurs et du montage des événements scientifiques. Ils peuvent recourir aux conseils des chercheurs plus expérimentés, en com-plément de l’encadrement de leur directeur ou direc-trice de thèse du laboratoire d’origine. En tant que plate-forme d’appui, l’IFEA propose ses services à l’ensemble des chercheurs et étudiants qui font partie de son réseau, ainsi qu’au grand public. Sa

bibliothèque de recherche offre un fonds exceptionnel d’ouvrages spécialisés en français et espagnol : 39 000 livres, 46 000 revues, une cartothèque. Ses éditions publient les études des chercheurs de son réseau dans trois collections de livres : Travaux, Actes & Mémoires, Bibliothèque Andine de Poche et dans sa revue, le Bul-letin de l’IFEA. La plupart des ouvrages sont co-édités, au Pérou comme en Bolivie, en Colombie ou en Équa-teur. La revue est indexée dans plusieurs bases et sou-tenue par le CNRS. Les textes proposés sont évalués sous l’égide d’un comité éditorial pluridisciplinaire et international. Les ouvrages et la revue sont proposés également en version électronique grâce aux pro-grammes OpenEdition Books et OpenEdition Journals du CNRS. La librairie de l’IFEA vend aussi un grand nombre d’ouvrages sous format papier, directement, sur place, lors des salons du livre et dans des librairies. La communication de l’IFEA passe de plus en plus par les outils virtuels, qui lui permettent de diffuser des résultats de recherche préliminaires ou à destination du grand public, d’avertir sur les événements à venir et de relayer les annonces des institutions partenaires, de présenter les avancées obtenues lors des séminaires et colloques et de faire circuler des informations concer-nant son réseau à travers une Lettre périodique.En tant qu’acteur du dispositif culturel de la France dans les pays andins, l’IFEA propose en lien avec son réseau scientifique des conférences grand public, des cafés scientifiques et des expositions photographiques à ses partenaires en collaboration avec les Ambas-sades de France dans les quatre pays, l’IRD, les Al-liances Françaises, l’IdA (Institut des Amériques), l’AFD (Agence Française de Développement). Il est soutenu dans ces missions notamment par l’Institut Français et la Délégation Régionale de Coopération pour l’Amé-rique du Sud.

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Gestion

Jacques ValVerde, comptable

nora arauJo, responsable maintenance Jesús Guzmán

communication Kattia pacheco, responsable

Volontariat international lucie miramont

loGistique miGuel carreño

Éditions

anne-marie brouGère, responsable

Vanessa ponce de león, assistante

bibliothèque cecilia baldassari, responsable

JosÉ oliVera, assistant

eriKa baldassari, accueil bibliothèque

appui à l’animation scientifique anne-Gaël bilhaut, correspondante de l’ifea Équateur

Élise Gadea, correspondante de l’ifea boliVie

JÉrÉmy robert, chercheur-pensionnaire pÉrou

cÉline Valadeau, chercheure-pensionnaire colombie

Julie massal, chercheure-pensionnaire colombie

arthur morenas, coordinateur du pôle andin lima-ida perú

Page web : http://www.ifea.org.pe

Vente et diffusion alina WonG, responsable

direction

ÉVelyne mesclier, directrice

charlotte quinquis, assistante de direction

LES SERVICES

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Les quatre axes de recherche que l’IFEA partage avec le CEMCA ont des intitulés suffisamment larges pour accueillir, conformément à ses missions, les travaux des enseignants-chercheurs et chercheurs qui étudient les sociétés de la région andine, en incluant les terres basses des piémonts oriental et occidental de la cordil-lère. En 2018, la rédaction collective du projet quin-quennal de l’USR « Amérique latine », dans le cadre de la campagne d’évaluation du Haut Conseil de l’Évalua-tion de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (HCERES), a permis de mener une réflexion sur leur évolution, qui sera effective en 2019.L’équipe de recherche permanente de l’IFEA est com-posée de chercheurs et de doctorants sur postes MEAE et CNRS. Au Pérou, en 2018, elle inclut pour le MEAE la directrice de l’institution, géographe, un chercheur à temps plein, également géographe, une doctorante en anthropologie à mi temps sur un poste de volontaire ; et deux chercheures en mission longue pour le CNRS, en philosophie et en anthropologie ; ainsi qu’un doc-torant en science politique de l’IdA. En Colombie, l’IFEA a pu compter sur la présence d’une ethnobota-niste, remplacée en septembre par une chercheure en science politique au poste de responsable d’antenne en poste MEAE à Bogotá ; et sur une géographe en délégation CNRS à Medellín.Cette équipe est renforcée par des chercheurs français qui participent à des programmes associés à l’IFEA et résident dans les pays andins ou y ont fait des séjours de plusieurs mois en 2018. Une anthropologue en Équateur et une doctorante en anthropologie en Boli-vie assument bénévolement un rôle de correspondante locale. Un sociologue-démographe, deux ethnomusi-cologues, un archéologue au Pérou, une géographe en Colombie ainsi qu’une anthropologue à Santa Cruz en Bolivie participent fréquemment aux activités de l’Institut. D’autres chercheurs, associés à l’IFEA sur une base volontaire, ainsi que des doctorants en accueil,

LA RECHERCHE

ont contribué en 2018 à la vie scientifique de l’Institut à partir de leurs institutions et laboratoires respectifs, basés en France, en Europe ou dans les pays andins. Ils mènent des travaux en archéologie, anthropologie, droit, géographie, histoire, linguistique, entre autres.Par ailleurs quatre doctorants français ont obtenu en 2018 des Aides à la mobilité (AMI) de l’IFEA pour des études de terrain en anthropologie, géographie, histoire et sociologie, en Bolivie et au Pérou. Quatre chercheurs confirmés, en Bolivie, en Colombie et au Pérou, ont reçu un appui en anthropologie politique, en archéologie et histoire, en études du développe-ment et en urbanisme. Quatre étudiants de Bolivie, Colombie, Équateur et Pérou ont poursuivi leurs re-cherches avec une bourse de l’IFEA, en anthropologie, en histoire et en urbanisme. Un archéologue français et une archéologue péruvienne ont mené leurs travaux avec l’aide des bourses « Brignardello ». L’IFEA participe à des groupes d’étude impliquant des institutions partenaires dans plusieurs pays, sur des thématiques centrales pour les axes. Il est également depuis 2012 partenaire institutionnel d’un groupe de recherche international (GDRI) du CNRS, Apocamo, « Anthropologie politique contemporaine en Ama-zonie occidentale » et depuis 2018 d’un programme international financé par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), Amaz : « Que veulent les Amérin-diens ? Configurations socio-spatiales, enjeux poli-tiques et débats ontologiques en Amazonie ». En 2018 les chercheurs de l’IFEA et leurs associés ont publié cinq ouvrages, vint-et-un chapitres d’ouvrage et quarante-et-un articles dans des revues à comité de lecture. Ils ont dirigé deux numéros thématiques de revues et offert cent vingt-sept conférences et commu-nications.

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AXE MÉTROPOLES ET DYNAMIQUES TERRITORIALES - ENVIRONNEMENT ET RISQUES

PRÉSENTATION DE L’AXE

L’IFEA aborde depuis les années 1970 la métropo-lisation et ses enjeux. Les réalités et les angles d’ap-proche ont évolué avec le temps. Le phénomène de concentration des hommes et des richesses dans une ou plusieurs grandes métropoles a d’abord été inter-rogé au regard de l’évolution des réseaux urbains et des relations des villes avec leur environnement. Dans un contexte de croissance démographique accélérée, les recherches se sont ensuite saisies des dynamiques des quartiers populaires, de la production de loge-ments ou encore de l’accès au sol urbain, en privilé-giant une approche compa-rative à l’échelle régionale. Au début du XXIe siècle, le phénomène d’urbanisation tout comme les thématiques de recherche font l’objet d’importants changements. Avec des taux de croissance moins rapides, mais tou-jours en expansion, les villes des pays andins s’inscrivent dans la mondialisation des économies et des sociétés et présentent de nouveaux paysages sociaux. Ces changements renouvellent la question des inégalités, à laquelle s’ajoutent les défis de la gouvernance et les enjeux environnementaux. Les recherches actuelles menées au sein de l’IFEA pri-vilégient trois entrées thématiques : • Les infrastructures et services urbains : dans un contexte d’affaiblissement des pouvoirs publics et d’émergence de nouveaux acteurs, l’accès des popu-lations aux services essentiels (eau, assainissement, traitement des déchets, transports, etc.) tout comme

les nouvelles revendications d’une classe moyenne émergente (mobilité douce) éprouvent la gouvernance urbaine. • La durabilité des villes : le changement climatique, la sobriété ou la gestion des catastrophes émergent comme un nouveau champ d’action où les villes oc-cupent une place privilégiée. • L’informalité urbaine : souvent stigmatisée, elle caractérise pourtant une diversité des relations entre administrés et gouvernants : alternatives, bricolages et autres expériences de fabrique urbaine se confrontent

aux capacités des gouverne-ments locaux, questionnant les normes et les relations de domination du pro-jet urbain. Les recherches valorisent la pluridiscipli-narité et la comparaison entre villes de la région tout en s’inscrivant dans les principaux débats aca-démiques mondiaux. Elles s’appuient sur des collabo-rations académiques locales et internationales, et sur des échanges avec les acteurs du monde opérationnel et de la coopération.En 2019, cet axe deviendra

« Villes et métropolisation », pour prendre en compte la thématique de l’irruption des villes comme acteurs incontournables des agendas nationaux et internatio-naux, porteurs de politiques urbaines de plus en plus autonomes des pouvoirs centraux.

Transport public et péage de Puente Piedra : un mélange explosif© Quentin Marchand

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CHERCHEUR EN POSTE À L’ifea

Jérémy Robert. Docteur en géographie de l’Univer-sité de Grenoble – Chercheur pensionnaireGouvernance des services et transformations urbaines à LimaDans la continuité du projet ANR Bluegrass sur les lo-giques de changement des politiques de l’eau au prisme des conflits dans plusieurs villes des Amériques, Jérémy Robert a poursuivi ses recherches sur les reconfigura-tions de la gestion de l’eau face aux enjeux environne-mentaux. Cela lui a permis de questionner enjeux poli-tiques (rapports de pouvoirs) et territoriaux (contrôle de l’espace et matérialisation du pouvoir) dans les logiques de mise en œuvre d’une transition socio-écologique. Dans le cadre du projet d’accompagnement par la re-cherche de la coopération technique française pour la mobilité urbaine au Pérou (CODATU, AFD, CEREMA), il s’est aussi intéressé, en collaboration avec Quentin Marchand, aux enjeux de la co-construction des savoirs et des savoir-faire pour la conception des projets de transport urbain au Pérou. Finalement, dans le cadre du groupe de travail sur les « informalités urbaines à Lima », qu’il anime, la réflexion s’est orientée sur les enjeux contemporains de la gouvernance urbaine et du rôle du marché dans les quartiers marginaux de la capitale. Au-delà d’une vision normative et stigmati-sante, les réflexions mettent en évidence la négociation constante de l’informalité dans les politiques urbaines et son incidence sur les inégalités.

Aurélie Quentin. Docteure en sciences sociales mention « études urbaines » de l’EHESS, MCF uni-versité Paris Ouest Nanterre, en délégation à l’IFEANéolibéralisme et construction de citoyennetés ur-baines : l’accès au logement des classes populaires à MedellínAurélie Quentin aborde la dimension politique de la production de l’espace urbain dans les métropoles an-

dines, à travers l’étude de la ville de Medellín en Co-lombie, tout en s’appuyant sur des recherches menées depuis plusieurs années à Quito en Équateur. L’objec-tif est d’approfondir la compréhension des liens entre la néo-libéralisation des espaces métropolitains et la mise en place de politiques urbaines « progressistes ». L’analyse porte sur des espaces qui ont fait l’objet dans les années 2000 de programmes visant l’accès au loge-ment des classes défavorisées. Aurélie Quentin étudie les espaces produits par ces interventions positionnées comme socialement innovantes et inclusives, pour comprendre comment leur processus de production et la manière dont ils fonctionnent aujourd’hui contri-buent à façonner les subjectivités politiques des cita-dins qui les habitent et à leur octroyer des formes spé-cifiques de citoyenneté urbaine. Depuis son arrivée en septembre, elle s’est en premier lieu attachée à déve-lopper les bases d’une collaboration étroite avec les chercheurs du CEHAP-Escuela del Habitat de l’Univer-sité Nationale de Colombie à Medellín (Faculté d’ar-chitecture). Avec ce partenaire, elle commencera, dès janvier 2019, un travail de terrain consistant à réaliser des observations et entretiens biographiques avec des habitants des ensembles de logement de la Ciudadela Nuevo Occidente, une zone d’extension urbaine où s’établit, depuis le début des années 2000, la quasi-totalité des nouveaux logements sociaux de Medellín.

Ciudadela Nuevo Occidente, Medellín, Colombie© Aurélie Quentin

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RECHERCHES FINANCÉES PAR L’IFEA

Juan Edson Cabrera Quispe. Docteur de l’université de Liège, professeur de l’Université Privada Boliviana de Cochabamba. Lauréat d’une bourse andine « chercheur confirmé » de l’IFEAStratégies d’autogestion de l’eau et autofinancement du développement urbain de CochabambaCochabamba est connue pour sa « Guerre de l’eau » qui a eu lieu en 2000 contre la privatisation des sources et des services d’eau et d’assainissement et qui a entraîné le retrait d’une entreprise transnationale. Dix-huit ans après, les conditions d’accès aux services de base ont peu évolué et restent déficitaires. Les autorités publiques n’ont pas pris en compte les besoins existants et ont consacré leurs ressources économiques aux infrastructures viaires et à d’autres projets politiquement plus rentables. Dans ce contexte, les organisations locales de gestion de l’eau (OLPES) des quartiers formels et informels apparaissent comme la seule alternative et constituent aujourd’hui les principaux opérateurs, non seulement parce qu’elles gèrent le service d’eau, mais aussi parce qu’elles s’impliquent dans d’autres aspects de la gestion urbaine pour consolider leur présence. À travers l’analyse de dix-sept OLPES et des quartiers correspondants dans l’aire métropolitaine de Cochabamba, Juan Cabrera a montré la particularité de l’autogestion de l’eau et des organisations associées, son impact sur l’accès à d’autres services et son importance dans la configuration et le contrôle territoriaux. Cependant, la constitution et la consolidation de la fragmentation urbaine, comme conséquence de cette autogestion, semble confirmer la thèse de Hardin (1968) sur le libre accès aux biens communs et les risques de leur exploitation sans limites.

Quentin Marchand. Doctorant en géographie de l’Université Paris1 Panthéon-Sorbonne. Lauréat d’une Aide à la Mobilité de l’IFEAConstruire le métro, fabriquer la ville : vides structurels et arrangements institutionnels autour des stations du métro de Lima-Callao (Pérou) En questionnant les impacts de la construction d’un métro dans une métropole de 10 millions d’habitants qui en était encore dépourvue, la thèse a pour objectif de comprendre les implications du projet dans la fabrique de la ville. Trois stations de la ligne 2 de métro en construction constituent l’objet d’étude principal. Impensée au départ au moment de la conception du projet, la question de leur intégration sectorielle et urbaine surgit dans l’épreuve de sa mise en œuvre. Celle-ci met en jeu l’articulation d’échelles et d’acteurs parfois concurrents, souvent opposés dans leurs logiques d’action. Des séquences d’observation participante auprès des coopérations techniques menées autour de ces enjeux d’intégration du transport à la ville ont constitué une première dimension de l’étude. Les stations du projet apparaissent alors comme des « laboratoires », où les modèles et « bonnes pratiques » du transport intégré à la ville font l’expérience des contraintes propres à cette dernière mais aussi à l’action publique péruvienne. La seconde dimension de l’étude concerne la fabrique ordinaire des lieux d’implantation des stations. Elle consiste à dévoiler l’organisation des pouvoirs et rapports de force à l’œuvre dans ces lieux. Les trois cas d’études permettent de comparer les différentes réponses du territoire au projet et d’envisager la réception de l’objet sociotechnique des stations dans la géopolitique de la ville.

AXE MÉTROPOLES ET DYNAMIQUES TERRITORIALES - ENVIRONNEMENT ET RISQUES

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par le Niño Costero de 2017. L’étude a montré que le fait religieux est un élément important dans le quoti-dien des Liméniens, qu’il constitue une dimension non négligeable dans la perception des risques naturels et qu’il représente un facteur de mobilisation des popu-lations affectées par les catastrophes naturelles. Marie Pigeolet a mené sa recherche dans le centre historique de la capitale et principalement à Barrios Altos, quar-tier particulièrement vulnérable face à l’aléa sismique et concentrant de nombreux lieux de cultes. Une de ses spécificités réside également dans l’organisation annuelle d’une procession religieuse autour d’une image du Christ ayant survécu aux tremblements de terre historiques de Lima et dénommée le « seigneur des miracles ». L’analyse des discours retenus lors des divers témoignages a apporté des premiers éléments de réponse quant à l’importance du fait religieux dans les actions collectives menées pour faire face aux situations d’urgence. Ces résultats seront présentés dans un article en préparation qui sera proposé à l’IFEA en 2019.

Manuel César Dammert-Guardia. Doctorant en sciences sociales du Colegio de México. Lauréat d’une bourse « jeune chercheur » de l’IFEAProcessus de différenciation dans les secteurs urbains populaires et « émergents » de Lima L’objectif central de cette recherche est d’analyser les processus de différenciation et de classification des secteurs urbains « émergents » de la ville de Lima, secteurs qui ont expérimentés une amélioration des conditions de vie et de leur environnement urbain durant ces dernières décennies. Les critères de différenciation et de classification — comme matrice socio-culturelle qui organise et résulte à la fois des interactions, des arrangements organisationnels et institutionnels et des inégalités institutionnalisées — sont un objet central de la sociologie. Cette recherche constitue un pari analytique qui ambitionne de discuter le maintien et l’émergence de nouvelles et d’anciennes formes de (re)structuration des univers symboliques et sociaux, à partir de quatre dimensions pertinentes pour l’analyse sociologique : les processus d’accumulation d’avantages et de désavantages sociaux, les frontières symboliques et sociales, les réseaux sociaux et les dynamiques propres de l’espace urbain habité.

DOCTORANTS ET STAGIAIRES ACCUEILLIS PAR L’IFEA

Marie Pigeolet. Doctorante en géographie de l’Uni-versité Paris1 Panthéon-SorbonnePenser la gestion de crise et sa préparation : le rôle des savoirs informels et de la dimension religieuse Les recherches menées en 2018 ont permis à Marie Pigeolet de vérifier les hypothèses posées lors de la première année de doctorat. La vulnérabilité de Lima face aux aléas naturels, plus d’une fois démontrée au cours de ces dernières années, a été une nouvelle fois mise en lumière lors des pluies diluviennes induites Passage du seigneur des miracles dans les rues du centre de Lima

© Marie Pigeolet, 2017

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PRÉSENTATION DE L’AXE

La création à Lima, en 1948, du futur IFEA, à laquelle participa Henry Reichlen, a marqué un tournant pour l’archéologie française dans les Andes. Plusieurs grands projets de fouilles ont été entrepris dans ce cadre, notamment au Pérou. Ils ont porté principalement sur la période préhispanique et, plus rarement, sur les débuts de l’époque coloniale. Les thématiques de recherche ont pendant les premières décennies été centrées sur les rapports des sociétés préhispaniques avec les milieux, comme par exemple les processus de domestication animale ou l’utilisation des animaux de bât, la pêche, le maniement de champs surélevés, etc. ; sur les technologies employées dans les constructions, (peintures murales, céramiques, etc.) ; ainsi que sur les dynamiques territoriales et schémas d’occupation. Actuellement les recherches se concentrent sur la compréhension des évolutions climatiques de long terme et des adaptations des sociétés à ces changements, d’une part ; sur les relations entre groupes humains partageant ou occupant successivement un même territoire et sur les échanges multiculturels, d’autre part. Les recherches de l’IFEA intègrent pour traiter de ces différents thèmes les avancées technologiques contemporaines, à partir de l’utilisation de l’archéométrie, de la dendrochronologie, des images satellite et aériennes (drones), des Systèmes d’information géographique (SIG), de la bioarchéologie, entre autres.Les projets de l’IFEA sont menés en partenariat avec des universités et institutions de recherche françaises

et des pays andins. L’histoire politique mouvementée du sous-continent a parfois entravé ces recherches qui se font souvent loin des villes, voire loin des axes de communication. Cela a été le cas au Pérou dans les années 1980-1990 et l’est encore en Colombie, où l’archéologie française est invitée par ses partenaires à reprendre pied. Le développement de travaux pensés à l’échelle de la cordillère, du littoral pacifique ou des basses terres orientales est également une nécessité, à la fois pour comprendre les logiques de circulation des savoirs, des techniques et des personnes et pour saisir les particularités de chacune des histoires locales et régionales.Des étudiants sont de plus en plus systématiquement associés aux travaux des chercheurs. Des ateliers de formation ont été organisés en archéométrie ou sur l’utilisation de scanners 3D pour l’étude des artefacts, en collaboration avec le ministère de la Culture péruvien et le musée du quai Branly-Jacques Chirac. La bourse Brignardello, créée en mémoire de l’archéologue péruvien qui a légué ses biens à l’IFEA, est spécifiquement destinée à de jeunes archéologues travaillant sur le Pérou, les autres bourses restant accessibles aux archéologues des autres pays. Les projets de recherche intègrent aussi des dimensions de protection du patrimoine matériel découvert et d’implication des populations locales dans les actions de sauvetage et préservation.

AXE ORIGINES, HÉRITAGES ET DYNAMIQUES

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AXE ORIGINES, HÉRITAGES ET DYNAMIQUES

RECHERCHES FINANCÉES PAR L’IFEA

Gabriel Ramón Joffré. Docteur en histoire et archéo-logie de l’Université de East Anglia, Norwich. Pro-fesseur de l’Université Catholique du Pérou (PUCP).Lauréat d’une bourse « chercheur confirmé » de l’IFEALes potiers itinérants de Cuzcudén (San Pablo, Caja-marca): apprentissage, production et circulation des céramiques dans les Andes septentrionales péruviennes L’aide attribuée pour les chercheurs confirmés de l’IFEA a permis à Gabriel Ramón de continuer ses recherches sur les potiers itinérants de Cuzcudén, Cajamarca. Ce projet s’inscrit dans la continuité de ses recherches précédentes sur les potiers itinérants, publiées dans un ouvrage (Los alfareros golondrinos, 2014, IFEA, Sequi-lao). En 2018 ses recherches se sont centrées sur la localité de Cuzcudén ou Mangallpa. Les potiers de Cuzcudén quittent périodiquement leurs villages avec les poteries déjà élaborées ou bien avec du matériel pour les fabriquer. G. Ramón cherche à reconstruire les trajets des potiers, qui parcourent les localités de la côte, de la cordillère et de l’Amazonie. Parmi tous les villages où il a travaillé précédemment (près de 40 dans les Andes du Nord et Centrales du Pérou), les potiers de Cuzcudén ont le périmètre d’action le plus important. Gabriel Ramón s’est basé sur un ques-tionnaire pour effectuer des entretiens, en adaptant ses questions à chaque interlocuteur. Il a ainsi obtenu une base de données comparative sans pour autant perdre des informations spécifiques à chaque potier. Il a effectué près de 50 entretiens et les retranscriptions (toujours en cours) atteindront les 700 pages, ce qui constituera sûrement la plus grande base de données d’Amérique du Sud sur les potiers en général et plus particulièrement sur les potiers itinérants des Andes.

PROGRAMMES ASSOCIÉS À L’IFEA

Aïcha Bachir Bacha. EHESS-Centre de recherche sur l’Amérique préhispaniqueProjet Animas AltasLe programme archéologique Animas Altas, Ica, est la suite de prospections conduites dans les vallées du centre-sud du Pérou (Pisco, Ica, Bassin du Río Grande de Nazca) depuis 2004. Avec l’appui de la Commis-sion des fouilles (MEAE) et de l’EHESS, en collabora-tion étroite avec le ministère de la Culture du Pérou à Lima (MINCU), il s’agit de restituer l’histoire des Paracas essentiellement connue à travers des céra-miques et des textiles qui sont souvent parvenus privés de leur contexte. En parallèle à la conservation et la mise en valeur des frises et des monuments d’Animas Altas, ce programme a plusieurs axes de recherche : comprendre l’organisation territoriale d’Animas Altas/Animas Bajas, identifier les systèmes de construction Paracas, fonder une chronologie solide à partir des études stratigraphiques, comprendre le rôle d’Animas à l’échelle locale (dans la vallée, entre les différents bassins), régionale (entre les vallées, le littoral et la sierra adjacentes) et extrarégionale (côte centrale, côte nord, Sierra).

Nicolas Goepfert. Docteur en Préhistoire, Antropo-logie, Ethnologie de l’Université Paris1 Panthéon-Sorbonne. CNRS, UMR8096 Archéologie des Amé-riquesProgramme archéologique Désert de Sechura - ANR CamelandesDepuis 2015, le Programme Archéologique Désert de Sechura travaille sur les sites de Huaca Amarilla et Huaca Grande. Ces fouilles sont financées par le minis-tère des Affaires Étrangères et le CNRS, l’Université Pa-ris 1 et la fondation Fyssen, avec des co-financements

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AXE ORIGINES, HÉRITAGES ET DYNAMIQUES

privés de BGL Arqueologia et Nemo Corporation. Les chercheurs visent à mieux comprendre les modalités d’anthropisation du désert, sa chronologie, mais aussi les pratiques funéraires et rituelles qui ont pu prendre place dans cette région. Cette année, la fouille du ci-metière découvert en 2016 a été poursuivie. Cet es-pace funéraire — réservé à l’inhumation de périnataux et d’enfants — est une découverte inédite au Pérou, et probablement dans les Amériques. Ces sépultures sont datées d’entre le Xe et XVe siècle jusqu’à l’arrivée des Espagnols. Pour l’instant le corpus est composé de plus d’une centaine d’individus. Des analyses spécialisées sont en cours et notamment de l’ADN ancien et des isotopes stables pour déterminer le sexe, les liens de parenté et l’origine géographique de ces enfants. Ce corpus exceptionnel ouvre de nouvelles perspectives de réflexion sur la place et le statut des enfants dans les sociétés préhispaniques.

Marc Antoine Vella. Docteur en Structure et évolu-tion de la terre de l’Université de Corse, UMR 7619 METISProjet Archéologie et paléoenvironnement du Río Gua-quira-Tiwanaku (Bolivie)Les travaux de Marc-Antoine Vella ont eu pour objectif d’affiner la chronologie des événements climatiques et/ou tectoniques et les restitutions environnementales circum-lacustres des sites périphériques du lac Wiñay-marka, sous-bassin du Lac Titicaca. Ces sites ont été reconnus par les recherches antérieures comme des

occupations secondaires contemporaines du site monumental de Tiwanaku mais attestent aussi d’une importante continuité d’oc-cupation. Les recherches ont porté sur la caractérisa-tion des stratégies d’occu-pation, des techniques et des activités des sociétés anciennes sur ces sites. Une restitution de la mo-saïque des paysages, allant des sources sédimentaires

montagnardes aux littoraux, a été menée, ainsi qu’une analyse de l’évolution paléo-environnementale et des marqueurs de l’anthropisation.

Henry Tantaleán. Docteur en Archéologie préhisto-rique de l’Université Autónoma de Barcelone. Cher-cheur associé, University of South FloridaLes sociétés complexes anciennes de la côte sud du PérouLe projet vise à analyser les sociétés complexes an-ciennes de la côte sud du Pérou. Il cherche à étudier les premières formations étatiques qui se sont dévelop-pées dans la vallée de Chincha, Ica, et leurs relations aussi bien avec les sociétés plus anciennes qu’avec les sociétés contemporaines. Le projet s’appuie concrète-ment sur le site archéologique de Pozuelo, où, vers le premier millénaire av. J.-C., un groupe humain s’est installé, près de la mer et de la vallée, donnant lieu à un établissement domestique qui a développé des interactions avec d’autres communautés du littoral péruvien. Le partenariat avec l’Université de South Florida a garanti un financement de 5 ans. Le projet collabore également avec le laboratoire de Palynologie

Vue aérienne prise par drone du secteur funéraire de Huaca Amarilla© Nicolas Goepfert

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et Paléobotanique de l’Université péruvienne Caye-tano Heredia.

DOCTORANTS ET/OU MASTERS FINANCÉS PAR L’IFEA

Benoît Marie. Doctorant en archéologie précolom-bienne de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Lauréat d’une bourse BrignardelloArchitecture et Urbanisme dans le nord du Pérou (400 av. J.-C. - 100 apr. J.-C.) Durant la seconde moitié du premier millénaire av. J.-C., les mêmes changements sont observés sur la côte et dans la sierra nord du Pérou, c’est-à-dire, une rupture avec l’idéologie Chavín-Cupisnique, des changements dans la production céramique, des varia-tions dans les méthodes d’inhumation, l’introduction d’éléments liés à la guerre et finalement des transfor-mations dans l’architecture. Cette rupture dans la tra-dition technologique suggère que le changement est plus d’ordre ethnique que politique. Pour comprendre et interpréter ce phénomène, le projet étudiera, au cours de la thèse, les variations architecturales (grâce à des relevés d’architecture et de plans, SIG, etc.) dans plusieurs zones du nord du Pérou (vallée de Moche, de Chicama, bassin de Cajamarca, etc.). L’objectif est d’éclairer les hypothèses des causes à l’origine de ce changement sociétal, telles que des variations clima-tiques, une augmentation des conflits, ou des migra-tions humaines venues du nord.

Solsiré Cusicanqui Marsano. Doctorante en archéo-logie de l’Université de Harvard. Lauréate d’une bourse BrignardelloTout est une question d'échelles : unités politiques et relations panandines dans la culture Caxamarca (50 av. J.-C. - 850 apr. J.-C.)La vallée de Cajamarca, dans la cordillère du Pérou, a — du fait de sa localisation stratégique —, fonc-

tionné depuis l’époque pré-hispanique comme un lieu naturel d’accès à différentes zones écologiques. Au début de la période Intermédiaire Ancienne, ce territoire a fa-vorisé une explosion de la mobilité des personnes et des biens, en même temps que se forgeait une nouvelle identité ethnique, connue sous le nom de culture Cajamarca (100 av. J.-C - 1400 apr. J.-C), caractéri-sée par sa céramique blanche kaolinitique unique en son genre. Solsiré Cusicanqui étu-die la relation entre, d’une part, la construction de cette identité Cajamarca et sa culture matérielle, et d’autre part, les mouvements de population à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières. Après avoir cartographié les sites Cajamarca de la vallée pendant 5 ans, elle mène des fouilles sur le site de Iscoconga depuis l’an-née dernière (Périodes Initiale, Ancienne et Intermé-diaire). Grâce à un appui du MIT, elle a pu analyser des échantillons pétrographiques de céramique Cajamarca et d’argiles kaolinitiques afin de repérer les déplace-ments de groupes familiaux dans la vallée et en dehors de celle-ci. Enfin, cette recherche est complétée par des travaux ethnographiques auprès des ateliers de poterie des environs, ainsi que — grâce à l’appui du Musée du Quai Branly-Jacques Chirac—, par l’étude des travaux archéologiques et ethnographiques réali-sés par les époux Reichlen. L'année 2018 a été consa-crée à l'analyse des matériaux collectés au cours des fouilles de cette année, et à la préparation de la fouille du site monumental de Iscoconga prévue pour 2019.

Site archéologique de Iscoconga, enceinte avec canal interieur appartenant à la culture Caja-marca Ancien (50 av. J.-C.-350 apr. J.-C.)© Solsiré Cusicanqui

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PRÉSENTATION DE L’AXE

Les recherches de l’axe « Sociétés, histoires et repré-sentations » sont centrées sur l’évolution des systèmes conceptuels et des représentations que les sociétés ont élaborées dans les Andes, notamment à partir de la conquête espagnole. Ces constructions sont étudiées à travers les langues autochtones, la musique, les ar-chives des voyageurs, le langage du politique, la presse ou encore les imaginaires nationaux, tous domaines dans lesquels l’IFEA a été particulièrement présent au cours des dernières décennies.Les problématiques actuelles mettent en exergue no-tamment la question de la circulation et des échanges. Sous cet angle d’approche, les chercheurs montrent comment concepts et pratiques relient les espaces coloniaux et la péninsule ibérique, en connexion plus largement avec le reste du monde. Ils s’intéressent aus-si à la diffusion des langues autochtones, à leur diver-sification et à leurs contacts réciproques, ou encore à la présence des musiques qui célèbrent Saint-Jacques-Le-Majeur dans les Andes. Ils abordent l’émergence ou le renforcement de la présence d’acteurs culturels comme les institutions chinoises ou les groupes s’iden-tifiant à l’islam.Le renouvellement des problématiques et des ap-proches concerne aussi des dimensions politiques de l’histoire. Ainsi, les chercheurs interrogent la construc-tion des imaginaires qui ont présidé entre autres aux délimitations des territoires nationaux, thématique particulièrement importante dans le cadre des com-mémorations en cours et à venir des Bicentenaires des Indépendances dans les pays andins.Les recherches contemporaines s’appuient sur les avancées technologiques récentes comme la numéri-

sation de gestuelles et la création de bases de données internationales. Beaucoup des projets de recherche de l’axe incorporent une dimension de sauvegarde de la mémoire des socié-tés : archives sonores de la musique populaire, enre-gistrements des musiques et chants des communau-tés andines au Pérou et en Équateur, normalisation de l’alphabet de la langue ca-chinawa. Elles comportent également des dimensions de diffusion vers le grand public, avec par exemple la rédaction de manuels de langue ou la participation à la présentation de collec-tions d’art.Dans la continuité de cette préoccupation pour la pré-servation de patrimoines qui se révèlent être souvent en danger de disparition, mais également pour en inter-roger les politiques et pour en préciser les contours et les nécessités, l’axe s’intitulera à partir de 2019 « Patrimoines, pratiques et représentations ». Aux recherches sur les langues amérindiennes et leurs tra-ditions, les littératures écrites et orales, les pratiques artistiques, pourront s’ajouter des travaux portant sur les techniques envisagées sur la longue durée, sur les savoirs agro-écologiques au sein des communautés rurales, sur les interfaces entre environnement et tou-risme, sur les politiques de la nature ou encore sur le développement durable.

AXE SOCIÉTÉS, HISTOIRE ET REPRÉSENTATIONS

Joueur de quena de la région de Lampa© Xavier Bellenger

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CHERCHEURS CNRS EN MISSION LONGUE AU-PRÈS DE L’IFEAIsabelle Lausent-Herrera. Chercheure CNRS, UMR7227 - IHEAL CredaLa nouvelle immigration chinoise au PérouEn 2018, les travaux d’Isabelle Lausent-Herrera ont surtout porté sur ce qui constitue le patrimoine commun à la communauté chinoise et à la commu-nauté d’accueil péruvienne. La notion de culture est différemment comprise et mise en avant selon que l’on est immigrant chinois récemment arrivé, déjà bien implanté ou descendant de la 2ème ou 3ème génération. Cette difficulté à appréhender d’une seule façon les catégories de patrimoine et patri-moine commun paraît contredire totalement l’idée de culture telle que veut l’imposer à l’étranger le gouvernement chinois à travers la « soft diplomatie » et les Instituts Confucius. Isabelle Lausent-Herrera fait reposer sa méthodologie sur le suivi de toutes les formes de manifestations culturelles chinoises organisées par les représentants de la Chine au Pé-rou (comme l’institut Confucius, la Société de bien-faisance chinoise, les institutions de descendants de Chinois, le service culturel de l’ambassade de Chine).

Sylvie Taussig. Chercheure CNRS, UMR8230 - Centre Jean PépinL’islam en Amérique latine L’islam, comme confession religieuse, est au-jourd’hui une réalité palpable en Amérique latine et dans les Caraïbes — et même une réalité qui, tout en plongeant ses racines dans une histoire ancienne, se rend de plus en plus visible dans le cadre actuel de la mondialisation et de la mobilité culturelle et qui se configure à travers des liens transnationaux per-

mettant des processus complexes de relocalisation dans cette région. Cette réalité est pourtant insuffi-samment explorée, notamment sous sa dimension mondialisée, même s’il existe dans chaque pays des chercheurs, voire des laboratoires qui se sont emparés du thème. Sylvie Taussig cherche à rassem-bler leurs efforts pour prendre en compte l’inter-connexion internationale des différents groupes qui s’identifient sous le nom de l’islam et le caractère transrégional des discours et des acteurs.

PROGRAMMES ASSOCIÉS À L’IFEA César Itier. Professeur des Universités, Institut National des Langues et Civilisations Orientales INALCO - Centre d’Étude et de Recherches sur les Littératures et les Oralités du MondePablo Landeo - Doctorant en anthropologie - UMR7227-IHEAL Creda, répétiteur à l’INALCOLangues indigènes et traditions orales dans la région andineCésar Itier croise dialectologie, histoire et philo-logie dans le but de reconstruire les processus de diffusion et de diversification de la famille linguis-tique quechua. En 2018, il s’est concentré sur le problème de la formation du quechua équatorien et a élaboré à ce sujet une nouvelle hypothèse qui fera bientôt l’objet d’une publication. Il travaille également sur le vocabulaire des institutions socio-politiques quechuas, envisagé dans son évolution historique depuis le XVIe siècle jusqu’aux dialectes modernes. À travers la documentation historique et philologique, il remonte des usages actuels vers les emplois et significations anciennes d’une série de mots-clés souvent utilisés à mauvais escient par les ethno-historiens (p. ex. ayllu, llaqta, inka, etc.). Cette recherche, qui recourt aussi aux outils forgés par l’anthropologie sociale, vise à renouveler notre

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compréhension de l’organisation socio-politique andine ancienne. Dans cette perspective, C. Itier et ses collègues du projet LANGAS (« Langues Géné-rales de l’Amérique du Sud, XVIe – XIXe siècles », soutenu par l’ANR de 2012 à 2015) ont créé une base de données textuelles en ligne (http://www.langas.cnrs.fr/#/) qui contient des milliers de pages de documents anciens en quechua et en guarani. Elle est assortie d’un moteur de recherche lexicale polygraphe qui, grâce à la collaboration récente de collègues et d’étudiants en Traduction Automatique des Langues (à l’INALCO) a été perfectionné cette année et semble être aujourd’hui un des plus per-formants pour quelque corpus linguistique histo-rique que ce soit. Pablo Landeo a entrepris sous la direction de César Itier un doctorat sur l’interprétation de la tradition orale quechua de la région de Huancavelica (pro-vince d’Angaraes). La littérature orale, et en parti-culier celle qui circule en langue quechua, est une des expressions les plus riches et vigoureuses de la culture andine actuelle, et tout à la fois la moins visibilisée et étudiée. Les récits publiés, quand ils incluent la version originale, ce qui souvent n’est pas le cas, n’ont pas toujours été établis selon des critères scientifiques. Ils sont souvent le fruit d’une réécriture de la part du collecteur, ce qui génère une importante perte d’information et limite les possibilités d’analyser le contenu. Pablo Landeo fait le choix de travailler à partir des transcriptions les plus fidèles possibles d’enregistrements obtenus sur le terrain, en incluant les lapsus, les hésitations, les pauses, les interférences et les commentaires ajou-tés qui peuvent contribuer à une meilleure compré-hension des récits et de l’acte narratif. De même, il prend en compte les diverses ethnographies du récit et le contexte social, la ou les personnes qui content ou relatent (questions qui peuvent être as-

sociées également au genre du narrateur), le type d’auditoire et l’espace de la performance. Il a réa-lisé jusqu’à présent la transcription d’une centaine de récits et est en train de les traduire du quechua à l’espagnol.

Xavier Bellenger. Docteur en anthropologie de l’Université Paris 3Pratique artistique, patrimonialisation et numérique Ce programme de recherche dirigé par Xavier Bel-lenger explore notamment la gestualité associée, au sein de différentes populations natives andines, à des expressions musicales dans un contexte rituel, et sa relation à des espaces géographiques. Des formes particulières de jeu d’aérophones mono-calames, comme les quenas, et les pinkillu-s du Sud péruvien, et en Bolivie des Uru Chipaya de la région des Carangas ont été explorées à l’aide de l’interface de numérisation dénommée « DigiNo-tator ». Ce prototype réalisé par Franck Morisseau permet d’enregistrer, en direct sur le terrain, les formes de jeu de flûtistes traditionnels et notam-ment du doigté des instrumentistes tout au long de leur prestation. La nouvelle version développée en 2018 inclut la captation de la pression d’insufflation

AXE SOCIÉTÉS, HISTOIRE ET REPRÉSENTATIONS

Remise officielle du CD de musique chipaya aux autorités de Santa Ana© Xavier Bellenger

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dans le corps des instruments par l’adéquation d’un système « Pitot » utilisé en aéronautique. L’outil d’exploration kinesthésique permet grâce à un logi-ciel développé par Mariano Rosales de reproduire à volonté, une fois enregistrées, les formes de jeu liées aux aérophones andins précités et par exten-sion de les décrire précisément. L’ensemble des résultats de cette campagne, qui seront analysés au cours de l’année 2019, confortent l’existence de modes de productions sonores méconnus liés aux flûtes d’origine précolombienne telles les quenas. Ce qui permet d’envisager la survivance dans les Andes de formes ritualisées de production musicale très anciennes.

Gérard Borras. Professeur des universités, Uni-versité Rennes 2Les objets musicaux dans leur contexte social : Lima (1880-1950)La connaissance la plus précise possible de l’his-toire de la musique populaire liménienne implique de dépasser la traditionnelle étude de la source so-nore : le cylindre de cire et le disque de 78 tours. Il est nécessaire de prendre en compte des éléments sonores et non sonores, appartenant à la catégorie des objets musicaux dans la lignée de Pierre Scheaf-fer : les rouleaux de pianola, les partitions, les chan-sonniers, les pochettes de disques, etc. C’est bien l’ensemble de ces supports qui renseignent sur les esthétiques musicales, bien sûr, mais aussi sur les dy-namiques multiples (sociales, culturelles, politiques, économiques...) à l’œuvre dans la production et la consommation du sonore. C’est cette démarche qui est privilégiée par G. Borras dans le cadre des « Archives de la musique populaire péruvienne » (collection crée par Gérard Borras, Fred Rohner et Raúl Romero) et dans différents projets, dont celui

portant sur « La politique festive du Oncenio : La Pampa de Amancaes (1927-1930) ». Cet « événe-ment » permet la réflexion sur un moment et une pensée politiques, et met en évidence l’importance des pratiques et des productions musicales dans un contexte donné. Gérard Borras a pour projet de publier un ouvrage abordant ces thématiques et d’éditer sous forme digitale les 56 thèmes musi-caux. Dans un second projet, « Une histoire orale de la musique criolla à Lima », la récupération d’un corpus de près de 300 entretiens des principaux créateurs de la musique populaire péruvienne, réa-lisés par César Pereira Campos, permet de penser d’une part la sauvegarde numérique de ces enregis-trements, qui pour la plupart se trouvent encore sur cassettes audio, et de réfléchir d’autre part à une histoire des acteurs et de la production musicale à partir de ces témoignages.

Eliane Camargo. Docteur en linguistique de l’Université Paris IV. Associée à l’UMR 7186 CNRS-Université Paris NanterreSpatialité : la trajectoire verbale en cachinawaLes travaux sur la spatialité sont relativement an-ciens, mais connaissent un regain d’intérêt depuis le début de ce siècle. Dans la littérature linguis-tique, le système le plus connu est celui des direc-tionnels, où des morphèmes encodent la trajectoire (système bien décrit depuis la typologie de Talmy 1985 [2007], 2000). Depuis quelques années, le système dit de « mouvement associé » a fait l’objet de peu d’études ; Koch (1984) pour une langue d’Australie décrit, pour la première fois, les mor-phèmes de « mouvement associé ». Pour les lan-gues amérindiennes, les travaux pionniers sont ceux d’O’Connor (2004) pour le chontal (langue de la famille tequistlatèque, parlée au Mexique) et

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AXE SOCIÉTÉS, HISTOIRE ET REPRÉSENTATIONS

de Guillaume (2006, 2009, 2012) pour le cavineña (langue de la famille tacana, parlée en Bolivie).En cachinawa, ces travaux se focalisent sur l’enco-dage verbal de la trajectoire. Bien que les verbes de mouvement soient pris en compte dans l’exa-men linguistique, l’examen principal est axé sur le système de suffixe verbal exprimant le ‘mouve-ment’ d’orientation déictique dynamique (centri-fuge et centripète), sur la ‘trajectoire’, ainsi que sur la ‘position’ de certains mouvements (circulaire, demi-cercle, droit). Ce système est caractérisé par plus d’une dizaine de suffixes verbaux qui se com-binent entre eux, spécifiant davantage le type de mouvement ; la réduplication des suffixes apporte une valeur aspectuelle d’itérativité. Ce travail de recherche, sous forme de monographie, est réalisé en collaboration avec la linguiste Sabine Reiter.

Isabelle Combès. Docteur en ethnologie de l’EHESSAppropriations, représentations et usages du nom et de la mémoire dans les basses terres boliviennesLes recherches d’Isabelle Combès portent principa-lement sur le Chaco bolivien (rivière Pilcomayo) au XIXe et début du XXe siècle. Il s’agit de comprendre les représentations forgées sur les indiens du Pilco-mayo et ceux du piémont andin, qui ont déterminé les « politiques indigénistes » de l’époque, mais aussi d’analyser comment les groupes indiens eux-mêmes ont réagi à et/ou utilisé ces représentations en leur faveur. Ces recherches se déroulent dans le cadre du projet «Memoria y representación en las tierras bajas de Bolivia» (IFEA/TEIAA, I. Combès & P. García Jordán). Dans ce cadre, deux livres sont en cours de publication (sous presse à Sucre et Cocha-bamba respectivement). Le récit de voyage de H. A. Weddell, « Voyage dans le sud de la Bolivie » (1851),

a été traduit et édité, sorti aux presses El País, Santa Cruz. Ces recherches ont également fait l’objet de quelques articles et communications orales, et ont motivé deux séjours (janvier et décembre) consa-crés aux archives de Sucre et Tarija. En plus de ses recherches personnelles, Isabelle Combès a orga-nisé un symposium dans le cadre du 56° Congrès international des Américanistes (juillet 2018, Sala-manca ; en collaboration avec Pilar García Jordán) et les «Jornadas de Tierras Bajas» (Santa Cruz, 7-8 novembre). Elle a également collaboré avec le Mu-seo de Historia de Santa Cruz et les Archives Fran-ciscaines de Tarija pour le classement de nouveaux fonds d’archives récemment acquis.

Georges Lomné. Université Paris-Est, Marne-la-Vallée (UPEM). Laboratoire « Analyse Comparée des Pouvoirs » (ACP), EA 3350Histoire de la modernité politique dans la région andineGeorges Lomné propose dans ses recherches de restituer au monde andin la part qui lui revient dans

Plan topographique de dix adjudications de terres sur les rives du Pilco-mayo, 1907. Illustration de l’avancée de la colonisation bolivienne dans cette régionSource: Archivo y Biblioteca Nacionales de Bolivia, Instituto de Coloniza-ción 896/56

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le processus occidental d’invention de la Liberté. En 2018, la réflexion a continué de porter sur les voyages politiques et l’analyse des transferts poli-tiques entre l’Europe, les États-Unis et l’Amérique andine durant le « moment axial » (1820-1830). En association avec le Projet : Transcultur@ ANR/FAPESP 2015 (Olivier Compagnon et Anaïs Flé-chet, dir.), une réflexion plus vaste a été menée sur la circulation des personnes et des objets culturels dans l’espace atlantique de la fin du XVIIIe siècle à nos jours. Avec le concours d’Olivier Christin, d’Arnault Skornicki, de Noemí Goldman, Cristó-bal Aljovín, Erika Pani et Priscila Pilatowski, l’IFEA a été associé au programme « Républicanisme » (CEDRE-PSL, EHEHI-Casa de Velázquez, Madrid et UPEM-ACP). Trois colloques successifs ont été orga-nisés (Madrid, Lima, Mexico), afin de contribuer à renouveler l’histoire culturelle du républicanisme dans les Andes et, plus globalement, dans l’espace atlantique. Enfin, un nouveau chantier a été ou-vert : « Quito, au futur antérieur », dans le cadre du projet Tremplin « ARCHIVAL-CITY. Bridging Urban Past & Future » (I-Site Future). L’enjeu est de com-prendre le paradoxe d’une cité méconnue, alors qu’elle possède les archives les mieux préservées de la région andine.

Philippe Picone. Docteur en musicologie de l’EHESSProblématique des musiques et du culte de saint Jacques-le-Majeur à l’époque baroqueImporté d’Espagne dès le début de la Conquête, le culte de l’apôtre saint Jacques-le-Majeur, dont la première apparition est relatée par les chroni-queurs espagnols dès le mois de mai 1536, s’est rapidement développé sur l’ensemble du territoire. Les nombreuses églises de fondation coloniale et

celles qui furent construites à l’époque baroque, soit comme fondations nouvelles, soit en rempla-cement des anciens édifices détruits par des trem-blements de terre, sont l’un des signes de la diffu-sion de ce culte, aussi bien en zone urbaine qu’en zone rurale. L’étude des musiques liées à ce culte, qu’il s’agisse de célébrations liturgiques ou para-li-turgiques, passe par l’exploration des sources archi-vistiques : on y trouve de rares livres de confréries de saint Jacques, mais de manière plus abondante des relations de visites pastorales, des inventaires, des correspondances, des contrats passés devant notaires, c’est-à-dire des sources faisant mention — en l’absence, pour l’instant, de partitions musi-cales — d’une pratique musicale, de l’emploi de musiciens instrumentistes ou chanteurs, de l’instal-lation ou de la restauration d’un orgue, de l’achat d’instruments de musique, de livres de chœur, de partitions ou de papier à musique.

« Santiago Apóstol », Arequipa, église des Jésuites (1698)© Photo Philippe Picone

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AXE SOCIÉTÉS, HISTOIRE ET REPRÉSENTATIONS

Pascal Riviale. Docteur en histoire de l’Univer-sité de Paris X. Chargé d’études documentaires aux Archives nationales. Associé à l’UMR 7186 CNRS-Université Paris NanterreHistoire des voyages et des représentationsLes travaux de Pascal Riviale abordent la question des relations entre la France et l’Amérique latine — principalement le Pérou — du XVIIIe au XXe siècle à travers des angles complémentaires : l’his-toire des voyages et des représentations ; celle des collections américanistes en France ; celle de la présence française au Pérou ; les transferts de savoirs. L’exploitation de documents d’archives et de sources secondaires croisées permet d’envisager une approche originale ainsi qu’une analyse cri-tique des voyages et de leurs apports réels ou sup-posés. Pascal Riviale a ainsi publié plusieurs articles et chapitres d’ouvrages collectifs dans ce champ d’étude cette année. De même, la production ico-nographique dans les Andes (dessins, estampes, photographies) doit être interprétée au prisme d’influences mutuelles et d’une circulation com-plexe des images. Pascal Riviale a réalisé en 2018 une mission en Allemagne (financée par le CNRS) qui lui a permis de travailler sur d’importants fonds photographiques très peu connus. Enfin, concer-nant l’histoire de la présence française au Pérou, il a mis l’accent cette année sur la recherche de sources d’archives inédites aux Archives nationales.

DOCTORANTS ET ÉTUDIANTS FINANCÉS PAR L’IFEA

Lucía Katerinne Orquera Polanco. Doctorante de l’Université Andine Simón Bolívar – Équateur. Lauréate d’une bourse « jeune chercheur »Presse, modernisation et espace public à Quito, 1935-1945. Le cas du journal El Comercio

Katerinne Orquera analyse le rôle social de la presse à Quito en prenant pour exemple le journal El Co-mercio entre 1935 et 1945, décennie marquée par une crise sociale, économique et politique en Équa-teur. Son objectif est de caractériser les ressources matérielles et humaines qui faisaient de ce jour-nal un acteur spécifique dans l’espace public de la ville. Grâce aux outils méthodologiques de l’histoire culturelle, elle a choisi deux angles d’approche pour définir le journal et l’espace dans lequel il circulait. Il s’agit pour le premier des conditions matérielles de la publication : moyens financiers et technologie employée, en prenant en compte les changements et permanences pendant la période considérée ; autres produits de communication mis en circulation par le journal ; et autres activités économiques de ses propriétaires. Le second angle d’approche consiste à étudier l’équipe qui a soutenu cette entreprise cultu-relle, laquelle lui permettait d’exprimer et de publier ses idées. Pour ce faire, Katerinne Orquera analyse les diverses activités des producteurs culturels et ma-tériels du journal, à un moment de définition et de changements dans ce champ, et leur influence dans l’espace public de la ville.

Víctor Hugo Machaca Mamami. Inscrit en licence à l’Université «Mayor de San Andrés» (UMSA). Lauréat d’une bourse « jeune chercheur »Une carte en noir et blanc. Sur la route des carto-graphes de la Carte de la République de Bolivie de 1859Au XIXe siècle, plusieurs explorateurs et d’autres types d’informateurs, envoyés de l’État, militaires mandatés par leur hiérarchie, botanistes, topo-graphes notamment, ont fourni des descriptions de la géographie bolivienne, dans le cadre de sa construction territoriale. Víctor Hugo Machaca a

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choisi d’étudier le cas des explorateurs Juan Ondar-za et Juan Mariano Mujía, cartographes officiels du gouvernement de José Ballivián, qui ont parcouru une grande partie du territoire bolivien pour éta-blir une cartographie de sa topographie à l’échelle des départements. Leur travail a abouti à l’établis-sement de la seconde carte officielle de la Bolivie, la « Carte de la République de Bolivie » publiée en 1859. Ces cartographes, dont l’œuvre a à ce jour été peu étudiée, établirent des itinéraires spéci-fiques pour collecter les données dont ils avaient besoin. Víctor Hugo Machaca s’est penché sur la « route de Ondarza et Mujía » et son tracé sur la carte. Les résultats permettent de comprendre, à ce premier stade de la recherche, quels espaces par-coururent ces cartographes, dans un pays encore immensément grand au milieu du XIXe siècle et doté d’une géographie physique compliquée, et donc difficile à gouverner en l’absence de moyens financiers et matériels.

François Bignon. Doctorant en histoire de l’univer-sité Rennes 2, rattaché au laboratoire CerhioEl Perú y la cuestión ecuatoriana: guerra de fronteras y de Amazonía (1933-1945)Ce travail réinterroge, sur la période 1933-1945, les implications de la question litigieuse frontalière avec l’Équateur sur la construction nationale péruvienne dans les domaines diplomatique, politique, militaire et culturel. Le règlement de la question péruano-colom-bienne de Leticia en 1932-1933 a été le déclencheur d’un regain d’intérêt pour les frontières septentrionales du Pérou et en particulier de l’espace amazonien, de la part de certains cercles diplomatiques et militaires. Les années suivantes sont pourtant celles d’une relative absence de la question équatorienne dans le jeu politique péruvien, absence que l’on interroge,

et la courte guerre de 1941, sans qu’elle surprenne, s’enclenche et se dénoue rapidement. Il faut ainsi pour en comprendre les profondes implications replacer les opérations militaires de juillet-août 1941 dans la moyenne durée, et éclairer les zones d’ombres qui subsistent, notamment l’occupation de la province équatorienne de El Oro, qui a été invisibilisée au Pérou jusqu’à aujourd’hui. Au-delà du fait militaire, l’impact immédiat de cette guerre se mesure politiquement sur le mandat du Président Manuel Prado, ainsi que par l’amarrage culturel des territoires amazoniens définiti-vement rattachés au Pérou par un ensemble de mani-festations publiques. L’année 2016 a été l’occasion de collecter d’importants matériaux en Équateur (Quito et Machala) permettant une approche comparative Pérou/Équateur sur de nombreux points, et de resserrer les objectifs de re-cherche avant l’ultime campagne d’archives en 2017.

La prise de Machala (Équateur) par les troupes péruviennes en 1941© Centro de Estudios Histórico Militares Del Perú (CEHMP)

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AXE DYNAMIQUES SOCIALES ET CONTEMPORAINES, FRONTIÈRES

PRÉSENTATION DE L’AXEL’IFEA a étudié depuis ses origines la diversité, les iné-galités, les différences, les tensions et les affrontements entre les groupes sociaux, leurs territoires et les projets qu’ils portent. Les constructions géographiques issues de l’histoire de l’Amérique de la cordillère andine et de ses piémonts ont constamment recréés des fron-tières entre les espaces et les identités. Tout en même temps, ces frontières sont constamment traversées, remobilisées, bouleversées, comme l’ont montré les nombreuses recherches menées sur les espaces régio-naux, ruraux, amazoniens.Les évolutions actuelles des rapports de force et des re-présentations autour de la démocratisation des sociétés amènent à reposer la question des relations et de leur politisation à partir de nouveaux sujets de recherche. Les transformations de l’exercice politique en Amazo-nie sont une des entrées privilégiées. Questions envi-ronnementales et questions identitaires sont de plus en plus liées sur les scènes politiques et étudiées de façon conjointe, dans des approches s’inspirant de l’écologie politique et qui interrogent la frontière entre l’humain et le non-humain (plantes, animaux) et les rapports in-terspécifiques. Les chercheurs de l’axe « Dynamiques sociales et contemporaines - Frontières » abordent aus-si les processus de patrimonialisation de la nature et de la culture et leurs conséquences. Ils s’intéressent à la construction des savoirs et à leur transmission, dans des contextes de relations complexes entre les com-munautés nationales et locales.L’histoire récente a confirmé par ailleurs la pré-gnance de la violence dans les recompositions politiques, sociales, identitaires et territoriales du continent. C’est pourquoi les approches portant sur la violence, que ce soit à travers sa mémoire, expri-mée à travers les moyens et les formes de recons-truction du passé mises en œuvre par les différents groupes concernés, les politiques de réparation pro-

posées par les États aux victimes, la reconnaissance officielle de la justice dite « indigène », les mouve-ments sociaux associés aux processus de pacifica-tion, les relations entre genres et générations, entre autres thématiques, ont gagné en importance dans l’activité de l’IFEA au cours de la dernière décennie. Les chercheurs de l’IFEA abordent les transforma-tions de ces différentes frontières dans des contextes amazoniens et andins, et ruraux et urbains. Ils s’ins-crivent dans des débats qui s’organisent à l’échelle mondiale, et ils participent à leur résolution et à leur évolution grâce à l’élaboration de problématiques propres aux Andes. En 2019 l’intitulé de cet axe deviendra « Dynamiques sociales et politiques ». Les recherches qui s’y inscriront pourront porter des questionnements sur le politique et ses liens avec les transformations sociales au cours du temps et non plus seulement à la période contem-poraine. Cela permettra de prendre en compte à la fois l’espace et le temps dans les processus complexes qui relient les changements sociaux et culturels et les évolutions des régimes politiques.

Port de Pebas, embouchure de l’Ampiyacu, fleuve Amazone (Loreto), 2011© Jean-Pierre Chaumeil

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CHERCHEURS DE l’IFEA

Julie Massal. Docteure en science politique compa-rée de l’Université de Aix-Marseille 3. Responsable de l’antenne de l’IFEA en Colombie depuis sep-tembre 2018Mobilisation sociale et processus de démocratisation dans l’aire andineJulie Massal examine la recomposition du panorama politique et social en Colombie en lien avec la négo-ciation (2012-2016) puis l’application de l’Accord de paix de la Havane, conclu en 2016 entre le gouver-nement Santos et la guérilla des Forces Armées Ré-volutionnaires de Colombie (FARC). Son objectif est d’analyser les évolutions et spécificités de la mobilisa-tion sociale en Colombie dans ce contexte, mais aussi les obstacles qu’elle rencontre. L’hypothèse est que le processus de paix en Colombie a stimulé de nouveaux phénomènes de mobilisation (mobilisations estudian-tines en 2011 et 2018 ou paysannes en 2013-2014). Julie Massal propose d’examiner leurs formes d’articu-lation. Il s’agit ainsi de montrer à la fois comment le processus de paix influe sur les acteurs (en apportant, ou non, des opportunités d’action) mais aussi com-ment les acteurs tirent parti du processus de paix pour promouvoir des changements plus amples, vers une démocratisation du système politique.

Évelyne Mesclier. Directrice de recherches à l’IRD, HDR, actuellement directrice de l’IFEAEspaces périphériques et formes de la démocratieÉvelyne Mesclier et les chercheurs du groupe Péri-marge réfléchissent au sens à donner au concept de périphérie dans le contexte de la globalisation. À partir d’enquêtes réalisées entre 2013 et 2017, avec un financement de l’ANR obtenu par l’UMR 8586

Prodig et le CIRAD, dans plusieurs pays d’Amérique latine (Bolivie, Brésil et Pérou) et en Côte d’Ivoire, ils analysent les flux entre des espaces périphériques et d’autres lieux pour comprendre comment diffé-rents types d’acteurs, publics ou privés, opérant à diverses échelles, construisent des relations basées sur la domination, la coopération ou la participation, la transparence ou l’opacité, le partage de principes et de valeurs, l’imposition de normes globales ou le ren-forcement de fonctionnements locaux. Ils partent du modèle proposé par A. Reynaud en 1981 et cherchent à développer à partir de leurs observations empiriques une nouvelle approche théorique. É. Mesclier poursuit par ailleurs ses propres travaux sur les liens entre les dispositifs spatiaux et les formes de la démocratie.

Céline Valadeau. Docteure en ethnobotanique de l’Université Toulouse 3. Responsable de l’antenne de l’IFEA en Colombie entre septembre 2014 et août 2018La forêt riposte-t-elle ? Actions politiques et gestions environnementales chez les Cubeo des Basses TerresCéline Valadeau étudie les discours liés à l’écolo-gie en Amazonie occidentale colombienne (Vaupés, peuple cubeo) et dans le piémont andin péruvien (Selva Central, peuple yanesha). Elle cherche à identi-fier d’une part, les représentations et les relations des différents composants de l’environnement et, d’autre part, la manière dont ces conceptions sont exposées lorsqu’elles entrent dans le discours politique exprimé sur la scène nationale. L’interrogation porte sur la dy-namique de ces transformations discursives en mettant en perspective certaines analogies des représentations écologiques de ces deux populations qui partagent des influences linguistiques et des changements de milieu imposés par des migrations successives (déplacements forcés, etc.). Les matériaux écologiques, ethnobota-

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niques et ethnographiques sont repensés afin d’appor-ter une vision plus précise des rapports qui existent entre l’homme et son milieu, compris tel un ensemble indivisible. Céline Valadeau examine les relations des unités composant cet ensemble à la lumière de l’usage des végétaux interagissant sur, pour et dans la chair des hommes. En somme, il s’agit de comprendre les relations interspécifiques que conçoivent ces deux groupes sociaux et leurs façons de les retranscrire à ceux qui leur sont exogènes. Les activités scientifiques et de valorisation ont permis la consolidation du ré-seau des chercheurs colombiens travaillant sur des thé-matiques liées à l’ethnoécologie, à la political ecology et à l’anthropologie du corps et de l’environnement.

Lucie Miramont. Doctorante en anthropologie de l’Université de Toulouse 2 – Jean Jaurès. Volontaire internationale en administration (VIA) affectée à l’IFEARecompositions sociales depuis une scène indépen-dante à Lima. Cumbia fusión et gráfica popular dans un contexte néolibéralLucie Miramont étudie une scène musicale et artis-tique indépendante de Lima sur laquelle elle vient de terminer cette année une enquête de terrain commen-cée en 2015. Entrée dans la phase de rédaction de sa thèse, elle propose une réflexion sur la construction et l’organisation informelles et autogérées de ces groupes d’artistes, ainsi que sur le message politique et iden-titaire que véhiculent leurs discours. C’est à partir de cela qu’elle essaie d’appréhender les paradoxes aux-quels cette scène alternative se retrouve confrontée, entre le refus de s’inscrire dans un marché culturel global et le désir de continuer à grandir. En d’autres termes, il s’agit de voir comment et en quoi cette scène culturelle revendiquée comme alternative et indépendante peut être considérée comme une sorte

de radiographie de la société liménienne actuelle, car elle concentre des héritages culturels, des luttes et des transformations ou adaptations propres à des enjeux et à des questionnements locaux actuels et, à plus grande échelle, propres au monde contemporain.

DOCTORANT de l’IdA AFFECTÉ AUPRÈS DE L’IFEA

Arthur Morenas. Doctorant en science politique, Université de Strasbourg, UMR 7363 SAGEÉtude sociopolitique des politiques économiques au PérouUn consensus semble régner au Pérou au sein du cercle des décideurs politiques et économiques autour d’un cadre de politique économique qui a pris une forte dimension libérale dans les années 1990. Ce consensus interroge la manière dont sont construites les politiques publiques dans le pays : entre réac-tivation de la vision d’un pays divisé et dominé par une élite technocratisée et production d’un discours d’intérêt général fondé sur une forme légale-ration-

Concert auto-géré, centre de Lima, 2016© Lucie Miramont

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nelle de gouvernement. Mettre la production de ces politiques au cœur de l’analyse, en les replaçant dans leurs contextes socio-politiques particulier, permet de réinterroger le rôle de l’État et des politiques publiques dans la régulation des rapports sociaux en sortant de visions a priori dichotomiques. La recherche s’est pour le moment centrée sur les années 1980-1990, et la manière dont une série d’espaces sociaux se sont reconfigurés dans un contexte de crises multiples. La montée en puissance d’économistes issus d’une « nou-velle génération », formés dans des universités privées puis aux États-Unis, ne peut se comprendre qu’en rap-portant ces stratégies professionnelles aux évolutions plus générales que traverse le pays dans ces années (déclin relatif des universités publiques, perte d’impor-tance des groupes d’agents publics liés au système de planification, renouveau du poids de la banque pri-vée et internationale dans la compétition économique dans un contexte de crise de la dette externe...).

CHERCHEURES CORRESPONDANTES LOCALES DE L’IFEA

Anne-Gaël Bilhaut - Docteur en ethnologie de l’Université Paris 10. Correspondante de l’IFEA en ÉquateurPatrimoines et patrimonialisationLa recherche d’Anne-Gaël Bilhaut vise à décrire et comprendre les savoirs liés à l’environnement, à l’agrobiodiversité, à la conservation et la restauration des écosystèmes dégradés, en tenant compte de la di-versité des acteurs. Dans le cadre de sa recherche sur les agroécosystèmes, elle a conduit plusieurs terrains courts en collaboration avec les membres du projet SENAC (Social and Ecological Networks Adaptation to a Changing world, Université Paris Sud, CNRS, INRA, AgroparisTech) autour du cacao en Amazonie équato-rienne. Ce travail a permis de proposer une nouvelle

approche de la restauration des écosystèmes forestiers, en tenant compte de la valeur culturelle et sociale que les communautés locales attribuent à l’environnement. Anne-Gaël Bilhaut a également mené des enquêtes de terrain sur les changements dans les pratiques alimen-taires liés à la transition nutritionnelle et à l’accès aux terres cultivables. Cette étude sera poursuivie dans d’autres contextes. Un travail est également en cours sur le tourisme et son rapport aux patrimoines où il s’agit de comprendre comment les communautés indi-gènes valorisent ou donnent à voir leur culture dans un contexte touristique, mais aussi comment elles parti-cipent à de nouvelles routes agrotouristiques.

Élise Gadea. Doctorante en anthropologie de l’IHEAL - UMR7227 CREDA. Correspondante de l’IFEA en Bolivie Institutionnalisation du pluralisme juridique en BolivieEn 2009, la nouvelle Constitution Politique de l’État Plurinational de Bolivie reconnaissait les formes de jus-tice dites indigènes. Par la suite, la loi de délimitation juridictionnelle, dénommée loi de « deslinde », fut pro-mulguée en décembre 2010. La thèse doctorale d’Élise Gadea se centre sur l’application de cette loi. L’ins-titutionnalisation du pluralisme juridique concentre les enjeux des politiques « décolonisatrices » d’Evo Morales. Où vont se cristalliser les conflits émanant de la coordination entre justice dite occidentale et jus-tice dite indigène ? Comment seront-ils résolus ? Au travers de la justice indigène, c’est la reconnaissance de la diversité qui est en question. Il s’agit d’étudier comment s’institutionnalise un système juridique qui vise à concilier une pluralité de logiques culturelles dif-férentes et comment l’État accorde plus de légitimité aux pratiques indigènes. L’enjeu sera aussi de voir dans quelles mesures les communautés indigènes acceptent le contrôle étatique.

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GROUPES DE RECHERCHE ASSOCIÉS À L’IFEA Groupe de recherche Âges de la vie et éducation (EVE) Patricia Ames, Professeure de la Pontificia Univer-sidad Católica del Perú (PUCP) et chercheure asso-ciée à l’Institut d´Études Péruviennes (IEP)Robin Cavagnoud, Professeur de la PUCP et cher-cheur associé à l’IFEALe groupe de recherche « Âges de la vie et éducation » [Edades de la Vida y Educación] (CISEPA – PUCP, IFEA), créé en janvier 2016, est une initiative de Patricia Ames (PUCP, IEP) et Robin Cavagnoud (PUCP, IFEA) mettant en œuvre une plateforme scientifique commune entre l’IFEA et la PUCP autour de cinq axes de recherche : 1. Âges de la vie : transitions, trajectoires et diversité, 2. Familles et stratégies en contexte de précarité, 3. Violence, sexualité et situations « extrêmes », 4. Poli-tiques et pratiques éducatives, 5. Savoirs et environ-nement. Son principal objectif est de produire, échan-ger et transmettre des connaissances scientifiques sur les problématiques liées aux âges de la vie (enfance, jeunesse, âge adulte, vieillesse) et à l’éducation dans une perspective régionale couvrant l’ensemble des pays andins (en particulier le Pérou et la Bolivie), des-tinées au milieu académique et aux acteurs du déve-loppement concernés par ces questions. Parmi les activités menées par le groupe de recherche EVE en 2018 figurent la participation aux 70 ans de l’IFEA à La Paz et Lima (Conversatorio: Movilidades, migraciones, cultura y bienes comunes. ¿Las movilidades espaciales y sociales contribuyen a redefinir los bienes comunes y su construcción?) et la publication du dossier thé-matique intitulé « Niños, adolescentes y jóvenes en las migraciones internas. Trayectorias, aprendizajes y territorio en los países andino-amazónicos » pour la Bolivian Research Review (Urquieta, P., Lewandowski, S., Cavagnoud, R.).

Groupe de recherche international du CNRS (GDRI) APOCAMO Anthropologie politique contemporaine en Amazonie occidentale Alexandre Surrallés - Directeur d’études à l’EHESS, directeur de recherche CNRS - UMR 7915 LAS (La-boratoire d’Anthropologie Sociale), responsable du GDRI ApocamoJean Pierre Chaumeil - Directeur de recherche émé-rite CNRS – UMR7186 LESC (Laboratoire d’ethnolo-gie et de sociologie comparative)Raphaël Colliaux - Docteur en sociologie de l’EHESSSilvia Romio - Docteure en études politiques de l’EHESSDepuis maintenant plusieurs décennies, les sociétés indigènes d’Amazonie occupent un rôle de plus en plus actif sur l’échiquier politique des pays d’Amérique du Sud. Leurs organisations sont entrées en force dans l’arène politique nationale, leurs membres accédant parfois à des postes stratégiques au sommet de l’État. Ces mêmes organisations deviennent également les acteurs principaux dans des centaines de conflits dits « environnementaux » qui secouent la région, contre les entreprises et les appareils d’État. Toutefois, leurs motivations et leur projet politique restent ambigus, et leur rhétorique complexe. Le groupe coordonné par Alexandre Surrallés, en présentant et discutant des recherches menées sur la question dans différents pays (Brésil, Équateur, Pérou, Venezuela, etc.), cherche à étudier la manière dont les sociétés amazoniennes parviennent à construire une représentativité politique. Le projet s’intéresse aux styles d’exercice du politique dont elles font preuve, en montrant qu’il faut les comprendre en regard de logiques culturelles et sociales internes (parenté, pra-tiques rituelles, etc.), mais aussi de trajectoires et de situations historiques particulières.

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Jean-Pierre Chaumeil développe depuis plusieurs an-nées une réflexion anthropologique sur un important corpus photographique concernant l’Amazonie péru-vienne (1865-1950). Cette réflexion a donné lieu à un ouvrage (2016) en co-édition avec l’IFEA ainsi qu’à la participation à plusieurs expositions et conférences à Lima et à Paris. Un second axe de recherche concerne les transformations sociales et politiques des sociétés indigènes amazoniennes contemporaines à travers l’étude des nouvelles formes et pratiques du leadership amérindien. Ces transformations peuvent être le fait de politiques étatiques, de groupes de pression divers, d’églises — qu’elles soient indigènes ou non — ou encore d’initiatives indigènes. Cette recherche s’inscrit dans le cadre du GDRI APOCAMO (2012-2019) et a donné lieu à des publications ainsi qu’à l’organisation ou la participation à des colloques et séminaires. Un troisième axe porte sur l’étude comparée du chama-nisme en Amérique du sud et sur ses relations avec le christianisme. J.-P. Chaumeil a ainsi co-organisé le col-loque international du GDRI APOCAMO concernant l’impact du christianisme et ses expressions contem-poraines sur les pratiques politiques et religieuses amérindiennes en Amazonie. Il coordonne la publica-tion d’un numéro spécial du BIFEA 2018 consacré au thème du colloque. La recherche de Raphaël Colliaux sur « Scolarisation, migration et échange chez les Matsiguenga du Madre de Dios et de Cusco (Amazonie péruvienne) » inter-roge les procédés par lesquels les Matsigenka, une population amérindienne du sud-est de l’Amazonie péruvienne, ont investi ces deux dispositifs coloniaux que sont la scolarisation et les regroupements au sein de « communautés administratives ». Il part de l’hypo-thèse que c’est en s’appropriant ces institutions qu’une partie des Matsigenka se construit aujourd’hui comme « groupe » et qu’elle tente d’assurer l’interface avec l’État, voire avec le reste de la société nationale. Ainsi,

l’école communale permet d’acquérir le lexique et les outils pour assurer la représentativité du groupe, dans les termes exigés par les institutions publiques. Scolariser la jeune génération, c’est donc renforcer les institutions communales, et vice-versa. L’enquête montre que la poursuite des études supérieures pro-longe cette affinité élective entre scolarisation et construction de la communauté administrative amé-rindienne. En effet, de nombreuses « communautés » matsigenka sélectionnent quelques étudiants parmi les plus doués pour les envoyer se former à Lima ou à Cusco, dans des secteurs jugés utiles pour le groupe (droit, médecine, enseignement). Dès lors que des étudiants sont mandatés — et parfois financés — par leur communauté d’origine, diverses stratégies visent à encadrer au plus près leurs migrations, de manière à garantir in fine leur retour et celui des connaissances qu’ils ont acquises à l’extérieur. Silvia Romio propose une étude ethnographique sur la mémoire de la violence chez les Awajún du nord de l’Amazonie péruvienne. Habitant un espace de fron-tière entre le Pérou et l’Équateur, au cours du siècle

Vente hebdomadaire de bananes, communauté matsigenka de Palotoa-Teparo, dépar-tement de Madre de Dios© Raphaël Colliaux

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passé, les Awajún ont vu leur espace vital devenir tour à tour le théâtre principal de toute une série de conflits entre ces deux pays, puis un objet de conquête pour les colons andins et les militaires, et finalement un terrain d’exploitation par les entreprises extractives. Grâce à l’étude ethnographique détaillée de ce groupe, et particulièrement de ses formes locales d’organisation politique, S. Romio analyse les productions narratives des Awajún concernant leur histoire récente, afin de mettre en lumière leur effort pour, d’un côté, renforcer le modèle de l’ « homme fort » comme figure politique de résistance culturelle et, de l’autre, exprimer leur engagement dans la « modernité ». En combinant les approches anthropologique et historique, il s’agit d’ex-plorer les formes et les moyens par lesquels ce peuple indigène reconstruit son propre passé et élabore une définition socio-politique et culturelle de lui-même. PROGRAMMES DE RECHERCHE ASSOCIÉS À L’IFEA

Valérie Robin Azevedo - Professeure en anthropo-logie sociale et culturelle à l’Université Paris Des-cartes, laboratoire CanthelViolences post-conflits au PérouValérie Robin Azevedo poursuit ses réflexions sur les politiques de deuil associées aux programmes éta-tiques d’exhumation de personnes disparues dans le conflit armé péruvien. À partir d’une étude de cas dans laquelle les morts exhumés et leurs familles ne corres-pondent pas au modèle de « victime innocente », mais furent membres du PCP Sentier Lumineux, elle cherche à saisir les limites des politiques de réparation, suppo-sées être également de réconciliation, au regard d’un « enterrement digne », dans la lignée d’un modèle inter-national et globalisé de justice transitionnelle. Elle exa-mine les polémiques autour du « mausolée terroriste » qui est à l’origine d’une « panique morale » médiatique et politique majeure depuis 2016. Cet épisode permet

de réfléchir sur la perspective normée du deuil mise en œuvre par la sphère publique et de questionner le rôle de l’État, qui a finalement détruit l’édifice funèbre où se trouvaient enterrés huit membres du Sentier Lumi-neux exécutés extrajudiciairement alors qu’ils étaient prisonniers, durant la matanza de los penales (1986). Valérie Robin Azevedo analyse la relation entre le deuil, la citoyenneté et la Nation au moment d’enterrer les morts « indésirables », associés à la figure du « terro-riste », ce qui lui permet de penser les limites d’un pro-cessus sociopolitique de post-conflit qui n’arrive pas à s’enraciner au Pérou, malgré les deux décennies écou-lées depuis la fin du conflit armé.

Dorothée Delacroix - Docteure en anthropologie sociale et historique, post-doctorante à l’Université Catholique de Louvain, Institut de Sciences Poli-tiques Louvain-Europe (ISPOLE), Centre d’étude des crises et des conflits internationaux (CECRI)Anthropologie politique et anthropologie du corps et de la mort au Pérou et en EspagneDorothée Delacroix aborde des thèmes d’anthropolo-gie politique et d’anthropologie du corps et de la mort au Pérou et en Espagne. Sa réflexion se concentre sur la gestion contemporaine, politique et intime des guerres civiles dans ces deux pays. Dans le cadre d’une recherche post-doctorale (UCLouvain/Marie Sk. Curie, 2017-2019), elle se focalise sur les impacts des exhu-mations des corps qui sont d’actualité de part et d’autre de l’Atlantique. Ces dernières sont issues de politiques publiques de réparations aux victimes, dont D. De-lacroix questionne également la mise en place et les objectifs. À partir d’une approche qualitative et com-parative (Espagne, Pérou, prochainement Colombie), il s’agit de chercher à comprendre le rôle et la circula-tion des normes et des acteurs internationaux (ONG et médecine légale), leurs relations avec les familles des

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victimes, ainsi que les défis politiques de l’image des cadavres et de la couverture médiatique des rituels fu-néraires et commémoratifs au moment de ré enterrer les corps. D’autre part, Dorothée Delacroix effectue une ethnographie de l’intime, qui s’intéresse à l’évolu-tion de la représentation de la mort et des maladies qui portent atteinte au corps pendant et après la violence. Cet axe d’analyse oblige à prendre en compte les rela-tions tissées entre les vivants et les morts de la guerre, mais aussi les sens associés au corps en souffrance ainsi que l’assimilation de l’expérience de la violence. En mai et juin 2018, une recherche ethnographique a été menée dans le cadre du ré enterrement de neuf corps dans une communauté paysanne de l’Apurímac ; en octobre, il a été possible de consulter les dossiers de la Salle Pénale Nationale concernant certains accusés de délit de terrorisme pendant le conflit armé.

RECHERCHES FINANCÉES PAR L’IFEA

María Cecilia Roa García. Professeure à l’Univer-sité des Andes. Lauréate d’une bourse « chercheur confirmé » de l’IFEADémocratie environnementale sur le piémont amazo-nien du CaquetáL’objectif de la recherche de María Cecilia Roa García est d’explorer le sens et la portée de la démocratie en-vironnementale auprès d’organismes regroupant des communautés touchées par des projets d’extraction pétrolière au sud du Caquetá. À la lumière de lectures sur la démocratie participative et la démocratie radi-cale, il s’agit d’explorer comment les communautés des territoires de l’Amazonie colombienne perçoivent la démocratie dans le cadre de la relation entre la so-ciété et la nature au sens large, et à l’Amazonie en particulier. Les questions abordées par le projet sont : quelle est la portée démocratique des mécanismes ins-titutionnels de participation, et quelles sont les aspi-

rations qui surgissent à partir de leur activation ? La démocratie participative ou la démocratie radicale offrent-elles une option alternative de mise en relation avec l’Amazonie du Caquetá ?

Pablo Sandoval López. Professeur à l’Université Nacional Mayor de San Marcos (UNMSM). Lauréat d’une bourse « chercheur confirmé » de l’IFEAAnthropologie et anthropologues au Pérou : indigé-nisme, marxisme et Sentier Lumineux (1945 - 1980)Le projet de Pablo Sandoval López vise à étudier com-ment, entre 1950 et 1970, l’anthropologie péruvienne a assumé un courant marxiste-maoïste qui cherchait à représenter les populations indigènes et paysannes, en étroite relation avec une faction du Parti Communiste du Pérou, le groupe maoïste connu sous le nom de « Sen-tier Lumineux ». L’étude de cas porte sur la communauté anthropologique de l’Université Nacional San Cristóbal de Huamanga (UNSCH), centre d’étude situé à Ayacu-cho. Pablo Sandoval López soutient que la relation entre maoïsme et anthropologie a créé une situation inédite pour les sciences sociales de la région andine, et esquis-sé une nouvelle manière de comprendre les relations entre les politiques indigénistes, la théorie de la moder-nisation et de la dépendance, et le marxisme-léninisme dans l’anthropologie latino-américaine.

DOCTORANTS et/ou MASTERS FINANCÉS PAR L’IFEA Jeanne-Solène Rey-Coquais. Doctorante en géogra-phie de l’Université Paris1 Panthéon-Sorbonne, UMR 8586 Prodig. Lauréate d’une Aide à la Mobilité de l’IFEAEnjeux de la régulation environnementale publique dans les nouveaux fronts extractifs andins : le cas des projets d’extraction de ressources minérales « straté-giques » en Bolivie, au Chili et au PérouAu travers d’une étude comparative entre deux ex-

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ploitations minières, situées l’une au Chili, l’autre au Pérou, et exploitées par la même multinationale, Jeanne-Solène Rey-Coquais questionne la place du territoire dans l’évolution des normes de gestion socio-environnementale de l’entreprise minière à l’échelle de sa zone d’impact. Grâce au soutien financier accor-dé par l’IFEA en mai et juin 2018, un terrain de deux mois a pu être réalisé dans la région de Moquegua, au Pérou, autour du projet cuprifère Quellaveco, qui a permis d’aboutir à un certain nombre de résultats et d’hypothèses de recherche. Le projet Quellaveco est considéré comme un exemple des dynamiques de co-régulation socio-environnementale qui tendent au-jourd’hui à s’imposer au travers des modes de contrôle environnemental participatif des projets miniers en Amérique latine. Les efforts de systématisation entre-pris par le PNUD et la Banque Mondiale autour de la table de concertation de Quellaveco, mise en place entre 2011 et 2012 suite au conflit engendré par le projet à l’échelle locale, tendent à questionner la place de l’acteur étatique dans ces nouvelles dynamiques de régulation et soulignent le rôle accru des organisations internationales, notamment financières, dans la formu-lation de nouvelles normes de gestion socio-environ-nementales des projets extractifs. Ces recherches ont fait l’objet d’une présentation sous forme de poster lors du colloque Tramin (Socio-environmental trajec-tories of mining territories) en octobre 2018.

Clément Renault. Doctorant en anthropologie so-ciale et ethnologie de l’EHESS. Lauréat d’une Aide à la Mobilité de l’IFEAChacun sa croix. Les Ashéninka de Dulce Gloria et l’évangélisme (Haut Yurua, Pérou) La recherche de Clément Renault porte sur le rapport au christianisme des Ashéninka du Yurua péruvien (région de Ucayali). L’arrivée de missionnaires

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évangélistes sur leur territoire dans les années 1970 a été perçu par les Ashéninka comme une nouvelle opportunité d’alliance susceptible de transformer le rapport de force entre les acteurs régionaux et de leur fournir les moyens d’investir certains secteurs de la société nationale. Outre l’aspect politique de ces nouvelles relations, la thèse tâche d’expliciter les modes d’influence dé-ployés par les missionnaires dans cette région. La re-cherche de terrain financée par l’IFEA (mai 2018 - sep-tembre 2018) visait ainsi à mieux saisir la teneur et les logiques d’enseignement de la formation pastorale destinée aux Indiens, et dispensée dans les missions de Pucallpa. Il s’agissait également de mieux comprendre les modalités d’ap-propriation d’éléments liturgiques et discursifs diffusés par les évangélistes, comme la prière ou la notion de « cœur ». L’enquête montre que les Ashéninka inves-tissent le champ symbolique évangéliste à partir d’une perspective animiste et le réactualisent pour constituer un cadre de communication et d’action commun avec l’étranger.

Delma Constanza Millan Echeverría. Doctorante en anthropologie sociale de l’Université Ibéroaméri-caine (UIA), México. Groupe de recherche Socialisa-tion et Violence de l’Université Centrale en Colom-bie. Lauréate d’une bourse « andine » de l’IFEA

Un Ashéninka face à la rivière Yurua, 2017© Clément Renault

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Trajectoires de la transmission intergénérationnelle des mémoires de la douleur associée à des faits de violence politique dans deux organisations d’afro-descendants du Pacifique colombienLe projet de Constanza Millán a pour objectif d’iden-tifier les trajectoires des processus de transmission intergénérationnelle des mémoires collectives des faits de violence politique dans deux organisations d’afro-descendants du Pacifique colombien, et leur relation avec la manière dont se construisent des com-munautés émotionnelles et des actions politiques. Les questions qui orientent le champ de la problématique sont : quelle est la nature des processus de transmis-sion intergénérationnelle de mémoire collective sur des faits de violence politique ? Comment ces der-niers abordent-ils et passent-ils sous silence des faits, des connaissances, des expériences, des lieux et des acteurs ? Que font ces processus, quels effets et affects produisent-ils sur les générations qui n’ont pas vécu les faits retransmis, mais pour qui le présent se caractérise toujours par des contextes sociaux qui évoluent entre des dynamiques de violence et de pacification ? Quel type d’interactions politiques se produisent entre ceux qui ont vécu les faits et ceux qui ne les ont pas vécus, à partir de la transmission de cette mémoire ? Pendant la bourse de recherche de l’IFEA 2018, Milan a mené la première étape du travail de terrain auprès d’orga-nismes de victimes afro-descendantes dans les villes de Quibdó et Buenaventura. La méthodologie mise en œuvre a combiné des procédés d’une ethnographie à caractère réflexif, et des techniques de la méthode his-torique biographique. Les résultats obtenus apportent des éléments pour comprendre les caractéristiques des processus de transmission intergénérationnelle des mémoires collectives afro-descendantes de transition, ainsi que les engrenages existants entre générations au niveau des diverses pratiques publiques et intimes de remémoration.

DOCTORANTS EN ACCUEIL À L’IFEA Alice Langlois - Doctorante en Anthropologie sociale et ethnologie de l’EHESSDe la valorisation à la création patrimoniale, les mondes miniers en question dans la région de Junín, PérouLa recherche d’Alice Langlois porte sur l’implication de jeunes adultes de la sierra central péruvienne dans les processus de valorisation territoriale. En même temps que le Pérou entre dans un nouveau cycle d’exploi-tation minière, la concep-tion de ses territoires comme construits cultu-rels, appuyée par des po-litiques multiculturelles, permettrait de consoli-der à la fois identités et économies locales et de revendiquer les pratiques de l’interculturalité. C’est par le bas que cette étude compare l’implication de jeunes adultes dans des activités culturelles à Jau-ja, La Oroya et Lima, avec pour objectif de soulever les enjeux de la question des représentations des espaces miniers et de leur rôle comme vecteurs de territorialité. Le cas de la ville de la Oroya constitue ainsi un espace privilégié de l’analyse : c’est à la fois le lieu où les représentations de l’activité minière se cristallisent dans la construc-tion d’un discours national, mais aussi un espace subi, remémoré et réifié comme territoire du déclin. Les territoires déclinants de l’activité minière sont ainsi porteurs d’enseignements sur la manière d’aborder et d’assumer un passé minier controversé.

Chacranegro, connue comme danse du mineur≠ de Motococha, Acolla© Alice Langlois

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Maud Delevaux - Docteur en Ethnologie de l’univer-sité Paris NanterreConstruire l’altérité : représentations et narratives iden-titaires des Afro-Péruviens au sein du contexte liménienAu cours de l’année 2018, Maud Delevaux a soutenu sa thèse d’Ethnologie intitulée « Construire l’altérité : représentations et narratives identitaires des Afro-Pé-ruviens au sein du contexte liménien », réalisée dans le cadre d’une affiliation avec l’IFEA. À partir d’une perspective transdisciplinaire combinant anthropolo-gie et histoire, ses recherches ont porté sur la construc-tion des identités « noire » et « afro- péruvienne » à Lima. Elle a analysé l’élaboration de représentations attribuées aux « noirs » qui entrecroisaient à la fois des catégories socio-économiques et raciales liées à une histoire culturelle de la ville dite criolla (créole) au cours du XIXe siècle. Maud Delevaux a étudié la réappropriation et la re-signification de ces images par une partie de la population afro-descendante. En effet, au XXe siècle, à partir de la revalorisation d’expres-sions artistiques, plusieurs artistes revendiquèrent leurs origines africaines, réécrivant une narrative identitaire et culturelle inédite. Ce mouvement artistique, tout en maintenant des relations ambiguës avec lo criollo, questionna le discours hégémonique en définissant un corpus culturel singulier afro-péruvien. Celui-ci devint central et fondateur pour les subjectivations identi-taires des générations suivantes d’Afro-descendants. Enfin, dans une dynamique globale d’affirmation de l’afro-descendance et un contexte politique national de reconnaissance de la diversité ethnique et cultu-relle du pays, son travail a contribué à la compréhen-sion de l’institutionnalisation de l’afro-péruvianité.

Poder Negro. Artiste Jackson KSEncre sur papier2018© Maud Delevaud

AXE DYNAMIQUES SOCIALES ET CONTEMPORAINES, FRONTIÈRES

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ÉVÉNEMENTS SCIENTIFIQUES

L’IFEA organise des événements scientifiques qui vont du séminaire de spécialistes destiné à des chercheurs et étudiants jusqu’aux expositions et débats d’idées tournés vers un public large, intéressé par l’approche critique des sciences sociales et humaines et par les comparaisons internationales. La plupart de ces évé-nements sont co-organisés avec des institutions par-tenaires. L’IFEA intervient parfois comme organisateur principal, parfois en appui ponctuel.Les descriptions des événements peuvent être consultées sur ifea.hypotheses.org et sur le site www.ifea.org.pe

LES ÉVÉNEMENTS « 70 ANS DE L’IFEA »

En 2018 l’IFEA a commémoré ses 70 ans et a profité de cette occasion pour offrir une série de débats cen-trés sur les « biens communs », notion qu’il s’agissait d’interroger depuis diverses lignes de recherche. Trois considérations ont guidé le choix de cet objet : il est transversal aux disciplines et aux thématiques de l’IFEA et plus largement de l’USR « Amérique latine » ; il sus-cite un intérêt grandissant auprès du monde univer-sitaire mais aussi chez des acteurs comme l’AFD, par son lien avec les grandes problématiques globales ; l’expérience de l’Amérique latine en termes de biens communs est particulièrement originale et intense et peut contribuer à enrichir le débat international. Les activités des 70 ans ont combiné séminaires scien-tifiques, débats grand public et commémorations en Bolivie, Colombie, Équateur et Pérou. La plupart ont été réalisées dans les quatre capitales, Bogotá, La Paz, Lima et Quito, mais l’institution a aussi été présente à Santa Ana de Chipaya en Bolivie, à Morona Santiago en Équateur et a participé à une mission d’archéologie exploratoire dans le parc national de Chiribiquete en Colombie. Les Ambassades et leurs services culturels et universitaires, l’IdA, l’IRD, l’AFD et les Alliances Fran-

çaises ont tout particulièrement contribué à la réussite de ces fêtes scientifiques, accompagnées également par plusieurs universités et centres de recherche.Les échanges régionaux et internationaux étaient éga-lement au cœur des 70 ans. Chaque événement a per-mis de réunir des chercheur-e-s de toutes nationalités travaillant dans les quatre pays ainsi qu’en France et plus généralement en Europe, avec l’appui de leurs institutions. L’IFEA a ainsi fêté dignement 70 ans d’une existence riche et mouvementée, en compagnie de nombreux ami-e-s, collègues et partenaires.

Table de débat des 70 ans de l’IFEA, 29 octobre 2018© Kattia Pacheco

Les directeurs successifs aux 70 ans de l’IFEA, 31 octobre 2018© Kattia Pacheco

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ÉVÉNEMENTS SCIENTIFIQUES

les JournÉes « 70 ans » à lima « Les biens communs en question. Patrimoines, territoires et pouvoirs dans les pays andins »Lima, Pérou, Alliance Française de Lima, Miraflores, 29-31 octobre 2018Institutions participantes : IFEA, Ambassade de France au Pérou, Institut Français, Délégation régionale de coopération pour l’Amérique du Sud, Alliance Fran-çaise de Lima, IdA, IRD, AFD, Université Sorbonne-Nouvelle Paris 3, Uni-versité Paris 8 Vincennes Saint-Denis, Consejo Superior de Investiga-ciones Científicas (CSIC – Espagne)Responsables scienti-fiques : Évelyne Mesclier, Jérémy Robert et Lucie Miramont, IFEA

la JournÉe « 70 ans » en boliVie Culture et éducation : Es-paces de construction de nos biens communs ou d’affirmation de nos différences ? La Paz, Bolivie, Hôtel Europa, 16 octobre 2018Organisateurs : IFEA, Ambassade de France en Bolivie, Institut Français, Délégation régionale de coopération pour l’Amérique du Sud, Université Paris 8 Vincennes Saint DenisResponsable scientifique : Élise Gadea, correspon-dante de l’IFEA en Bolivie

la JournÉe « 70 ans » en colombie

« Construire des territoires communs »Bogotá, Colombie, Alliance Française de Bogotá, 16 novembre 2018Organisateurs et soutiens : IFEA, Ambassade de France en Colombie, Institut Français, Délégation régionale de coopération pour l’Amérique du Sud, Alliance Française de Bogotá, IdAResponsable scientifique : Julie Massal, IFEA

la JournÉe 70 ans en Équateur « Comment construire des biens culturels dans des sociétés inégalitaires ? »Quito, Équateur, Alliance Française de Quito, 23 oc-tobre 2018Organisateurs et soutiens : IFEA, Ambassade de France en Équateur, Alliance Fran-çaise de Quito, Institut Français, Délégation régio-nale de coopération pour l’Amérique du Sud

Responsable scientifique pour l’IFEA : Anne-Gaël Bilhaut

les confÉrences et sÉminaires « 70 ans de l’ifea »Séminaire « Gestion commune des ressources natu-relles. Territoires, luttes sociales et politiques pu-bliques en Équateur »Quito, Équateur, FLACSO, 25 avril 2018Organisateurs : IFEA, FLACSOResponsable scientifique pour l’IFEA : Anne-Gaël Bilhaut

Journées des 70 ans de l’IFEA à La Paz,© Xavier Bellenger

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ÉVÉNEMENTS SCIENTIFIQUES

Le colloque, organisé par Anne-Gaël Bilhaut et Nasser Rebaï (IRD-Équateur) a abordé les modes de gouver-nance des ressources naturelles à partir d’études de cas et les contradictions d’un État garant des droits de la nature depuis la Constitution de 2008, mais autori-sant l’extractivisme.

Séminaire-Atelier international « Mémoires de la violence et post-conflit en contextes périphériques »Bogotá, Colombie, Bibliothèque Luis Angel Arango et Alliance Française de Bogotá, 26 et 27 avril 2018Lima, Pérou, UNMSM et PUCP, 24 et 25 octobre 2018Organisateurs et soutiens : IFEA, UNMSM, PUCP, UNAL-antenne Leticia, Institut Français, Délégation régionale de coopération pour l’Amérique du Sud, Ambassade de France en Colombie, Ambassade de France au Pérou.Responsables scientifiques pour l’IFEA : Silvia Romio, Céline ValadeauÀ Bogotá, l’objectif était d’examiner l’évolution des re-cherches portant sur la mémoire dans un contexte à la fois de post-guerre et d’interculturalité. À Lima, les in-tervenants ont centré leurs travaux sur la lutte armée et les anciens combattants. Ils ont aussi abordé la condi-tion de victime. Les arts, et notamment la production audiovisuelle, ont fait l’objet de débats spécifiques et de projections animées par les réalisateurs. Les deux événements avaient également pour ambition de fa-voriser les approches comparatives et les partenariats académiques entre le Pérou, la Colombie et la France.

Colloque international « Archéologie et patrimoine en Amazonie »Bogotá, Colombie, amphithéâtre Paul Rivet de l’ICANH, 5 et 6 juin 2018

Organisateurs et appui : IFEA, Instituto Colombiano de Antropología e Historia (ICANH), Délégation régionale de Coopération pour l’Amérique du Sud, Ambassade de France en ColombieResponsable scientifique : Céline Valadeau, IFEALe colloque, auquel ont participé deux archéologues français, du CNRS et du Musée de l’Homme, a permis de présenter les travaux effectués en matière d’archéo-logie amazonienne. La socialisation des résultats de recherche récents visait à permettre de dégager des points communs et à identifier les lacunes existantes dans ce domaine, afin de pouvoir envisager des par-tenariats solides entre les chercheurs et les institutions. De plus, ce colloque a permis de présenter les pro-blématiques liées à la conservation des collections et au patrimoine archéologique autant dans les musées que sur le terrain, notamment au cours d’une visite du Musée National et au cours d’une mission d’archéolo-gie exploratoire dans le parc national de Chiribiquete.

Conférences de l’Université de Tous les Savoirs (UTLS) spéciales « 70 ans de l’IFEA » en BolivieLa Paz, Bolivie, Faculté de sociologie de la UMSA, les 5, 12, 19, 26 septembre et le 12 novembre 2018Organisateurs : IFEA, Université Mayor de San Andrés (UMSA), Ambassade de France en Bolivie Responsable scientifique : Élise Gadea, correspon-dante de l’IFEA en BolivieCes conférences UTLS organisés dans le cadre des 70 ans de l’IFEA ont permis de débattre entre universi-taires, experts, acteurs et un public nombreux de la notion de « biens communs » appliquée à divers objets et contextes.

5 septembre : « Le rôle de l’État dans la construction du patrimoine et du folklore »

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ÉVÉNEMENTS SCIENTIFIQUES

12 septembre : « Produits gastronomiques et bien commun » 19 septembre : « La justice et le bien commun » 26 septembre : « Territoire et patrimoine “ naturel ” » 12 novembre : « Le service de l’eau “ en commun ” par les acteurs du territoire, est-il possible et durable ? » (avec l’appui de l’AFD)

Conférence « Services urbains et bien commun »Bogotá, Colombie, Université Nationale de Colombie (UNAL), 23 octobre 2018Organisateurs : IFEA, UNAL, Département de Géogra-phie, AFD, IdA, Le Mans UniversitéResponsable scientifique : Matthieu Durand, Le Mans Université

Séminaire international « Les défis du bien com-mun dans les villes du futur »Quito, Équateur, FLACSO, 25 octobre 2018 et Alliance Française de QuitoOrganisateurs : LISST- IFEAResponsable scientifique pour l’IFEA : Jérémy Robert, IFEA

Journée « Les forêts en tant que réserve de vie. Bien commun et droits indigènes à l’ère de l’anthropocène »Lima, Pérou, Alliance Française de Lima, 26 octobre 2018Organisateurs : ANR Amaz, GDRI Apocamo2, IFEA, LAS, LESCResponsables scientifiques pour l’IFEA : Jean-Pierre Chaumeil, Alexandre Surrallés, CNRS

Au XXe siècle les peuples indigènes réclamaient leurs terres, c’est-à-dire l’espace nécessaire à leurs activités productives. Au début du XXIe siècle, cette demande s’est transformée en demande de « territoire », c’est-à-dire de la totalité d’un environnement écologique et symbolique nécessaire pour assurer la vie d’un peuple souverain. Mais aujourd’hui cette problématique va au-delà des peuples indigènes, car les effets de la destruc-tion du couvert végétal sur le climat de la planète trans-forme la forêt en bien commun vital pour l’humanité. Les chercheurs ont abordé ces nouveaux défis pour la territorialité des peuples indigènes à partir de cas locaux concrets mais également ancrés dans le monde global.

les expositions photoGraphiques « 70 ans de l’ifea »• « Le Peuple Uru-Chipaya de l’ombre à la lumière » La Paz, Bolivie, Musée National d’Ethnographie et Folklore (MUSEF), du 20 avril au 19 mai 2018Santa Ana de Chipaya, Bolivie, 13 et 14 octobre 2018Organisateurs : IFEA, Museo Nacional de Etnografía y Folklore (MUSEF), Fundación Cultural del Banco Cen-tral de Bolivia (FCB), Ambassade de France en BolivieResponsable scientifique : Xavier Bellenger, chercheur associé à l’IFEAL’exposition présentée au grand public dans les locaux du MUSEF, en avril-mai 2018, par l’anthropologue et musicologue Xavier Bellenger, avec l’appui de l’Insti-tut Français d’Études Andines et de l’Ambassade de France en Bolivie, comportait des reproductions de photographies que ce chercheur a prises en 1978 à Santa Ana de Chipaya, alors qu’il accompagnait sur ses terrains l’historien et anthropologue Nathan Wachtel, et des objets prêtés par le peuple Uru-Chipaya.

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ÉVÉNEMENTS

Xavier Bellenger a ensuite remis personnellement l’exposition photographique et des exemplaires d’un CD reprenant des enregistrements de musique de l’époque, qu’il a édité avec l’IFEA, au musée perma-nent du Gouvernement Autonome de la ville de Santa Ana de Chipaya, en présence notamment de l’Am-bassadeur de France en Bolivie, Denis Gaillard, du Conseiller culturel, Patrick Riba, et de la directrice de l’Institut Français d’Études Andines, Évelyne Mesclier.

• « Nous, sociétés, nous construisons l’environnement »

Quito, Équateur, murs de l’Ambassade de France en Équateur puis Alliance Française de Quito, inaugurée le 5 juin 2018Organisateurs et soutiens : IFEA, Ambassade de France en Équateur, Institut Français, Délégation régionale de coopération pour l’Amérique du sud, Ambassade de France en BolivieResponsable pour l’IFEA : Évelyne Mesclier, IFEA

Lima, Pérou du 25 octobre au 13 novembre 2018Organisateurs et appui : Museo Nacional de Arqueolo-gía, Antropología e Historia del Perú (MNAAH), CNRS Images, INSHS, Labex DynamiTe, MEAE, IFEA, BGL Arqueología, Nemo Corporations, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Fondation Fyssen, Universidad Nacional de Trujillo, Laboratoire UMR 8096 Archeolo-gie des Amériques, laboratoire Dupon Phidap (impres-sion des photographies). L’inauguration a été assurée par Sonia Guillén, direc-trice du MNAAH, et Évelyne Mesclier, directrice de l’IFEA, et marquée par une conférence de N. Goepfert.L’exposition rejoignait ensuite les locaux de l’Alliance Française de Trujillo pour y être exposée en 2019.

autres ÉVÉnements scientifiques 2018 co-or-GanisÉs par l’ifeaCycle de conférences Passé et Présent : Penser les ordres sociauxBogotá, Colombie, Bibliothèque Luis Ángel Arango, 15 mars 2018 et Pontificia Universidad Javeriana, 31 mai 2018Organisateurs : UNAL, IdA, IFEAResponsables scientifiques : Laura Lema (IdA), Max Herring Torres (UNAL), Georges Lomné (Université Paris-Est Marne la Vallée, IFEA)

Colloque Science et société « Désastres naturels au Pérou »Lima, Pérou, Bibliothèque Nationale du Pérou, 22 mars 2018Organisateurs : Concytec et IFEAResponsable scientifique pour l’IFEA : Évelyne Mes-clier, IFEAIntervenante invitée par l’IFEA : Pascale Metzger, IRD

Exposition de photos « Nous, sociétés, nous construisons l’envi-ronnement », sur les murs de l’Ambassade de France à Quito© Anne-Gaël Bilhaut

• Exposition de photographies, « Sechura, le désert révélé aux archéologues »

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ÉVÉNEMENTS SCIENTIFIQUES

Séminaire « Gérer l’eau pour construire des villes plus résilientes ». 50 ans de l’IRD en BolivieLa Paz, Bolivie, Casa de la cultura - Gouvernement autonome municipal de La Paz GAMLP, 28 mars 2018Organisateurs : IRD, GAMLP, AFD, IFEA, UMSAResponsable scientifique pour l’IFEA : Jérémy Robert

Colloque international « Migrations en et depuis la Bolivie : changements, défis et perspectives »La Paz, Bolivie, Université Mayor de San Andrés (UMSA), 2 de abril de 2018Organisateurs : IRD, UNSA, IFEA, Aix-Marseille Université Responsable scientifique pour l’IFEA : Robin Cavagnoud

« Yapankam. Les voix de la recherche en Haute Ama-zonie équatorienne »Morona Santiago, Équateur, Centro de acopio de Se-villa don Bosco, 19-21 avril 2018Organisateurs : Instituto de Idiomas, Ciencias y saberes ancestrales del Ecuador (IICSAE), IFEAResponsable scientifique pour l’IFEA: Anne-Gaël BilhautIntervenante invitée par l’IFEA: Anne Christine Taylor, CNRS

La Nuit de la Philosophie 2018 : Morale et PolitiqueLima, Pérou, Centro Cultural PUCP, San Isidro et Tea-tro Vichama ,Villa El Salvador, le 20 avril 2018Intervenante invitée par l’IFEA : Meriam Korichi (cré-trice de l’événement)Organisateurs : Centro de Estudios Filosóficos et Cen-tro Cultural de la PUCP, Teatro Vichama de Villa El Sal-vador, Goethe Institut, IFEA

Débat : Problématisations de la participation ci-toyenneLima, Pérou, IEP, 5 juillet 2018Organisateurs : IEP, Fondation Mohme Llona, IFEAIntervenant invité par l’IFEA : Danillo Marticcelli (uni-versité Paris-Descartes)

Séminaire atelier : Politique indigène et relations interethniques Quito, Équateur, FLACSO, 23 et 24 juillet 2018Organisateur : groupe de recherche international APOCAMOResponsable scientifique pour l’IFEA : Alexandre Sur-rallés, CNRS

Congrès international « Un nouveau regard sur les indépendances » Lima, Pérou, IRA-PUCP, 12-14 septembre 2018Organisateurs : IRA-PUCP, IFEA, Université Paris 3 Sor-bonne-NouvelleResponsable scientifique pour l’IFEA : Scarlett O’Phe-lan, PUCP

X Congrès international d’Ethnohistoire. Regards renouvelés et connectés Quito, Équateur, FLACSO, 19-21 septembre 2018Organisateur : FLACSO, 19-21 septembre 2018 avec la participation de l’IFEA

Congrès international « Traditions républicaines : Une spécificité andine ? » Lima, Pérou, UNMSM, 5 et 6 novembre 2018Organisateurs : UNMSM, Centre Européen d’Études Républicaines (CEDRE), Casa de Velásquez, IFEA,

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ÉVÉNEMENTS

Ambassade de France au Pérou, Université Paris Est Marne la ValléeResponsable scientifique pour l’IFEA : Georges Lomné, Université Paris Est Marne la Vallée, IFEA

« Terres Basses 3». Journées d’Anthropologie, His-toire et ArchéologieSanta Cruz de la Sierra, Bolivie, 7 et 8 novembre 2018Organisateurs : Centro de Investigaciones Históricas y Antropológicas del Museo de Historia de la Universi-dad Autónoma Gabriel René Moreno de Santa Cruz, IFEA, Programa de Pós-Graduação em História de la Universidade Federal da Grande Dourados (MS, Bra-sil), Grupo de pesquisa ‘Fronteira Oeste: Poder, Eco-nomia e Sociedade’ de la Universidade do Estado de Mato Grosso (MT, Brasil).

« Informalité et ville au Pérou. Nouvelle approche : Pourquoi n’est-il pas possible de formaliser l’infor-malité ? »Lima, Pérou, Fundación Telefónica Perú, 24 novembre 2018Organisateurs : Groupe de recherche Urbes-Lab de l’Université UNI, avec la participation du groupe de travail Informalités urbaines de l’IFEA et le CIDAPResponsable scientifique pour l’IFEA : Jérémy Robert

RENDEZ-VOUS PÉRIODIQUES de l’IFEA

Rendez-vous de l’IFEALima, Pérou, Alliance Française de Lima, Miraflores13 juin 2018

« Un regard français sur les identités culturelles et sur les prérogatives des comunautés du Pérou »Conférencier : Youssef Guenzoui (Université Paris 13 - Sorbonne Paris Cité)

28 août 2018Empreintes, traces y figurations de Julia CodesidoConférencier : Isabelle Tauzin-Castellanos (Université Bordeaux Montaigne)

Conférence de Isabelle Tauzin le 28 août 2018© Kattia Pacheco

Cafés scientifiques à Lima, PérouOrganisateurs : IFEA, IRD, Ambassade de France au Pérou, librairie El Virrey

5 juin 201813e café scientifique« Le droit au service de l’environnement : vers de nouveaux accords »Intervenants : Ana Peña Doig, Directora de Medio Am-biente del Ministerio de Relaciones Exteriores, Pedro Solano, Director Ejecutivo de la Sociedad Peruana de Derecho Ambiental, Gabriela Ramírez Parco, Do-cente del Departamento Académico de Derecho de la

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ÉVÉNEMENTSÉVÉNEMENTS SCIENTIFIQUES

PUCP, INTE-PUCP, Marco Chevarría Lazo, Profesor en la Escuela de Posgrado de la Universidad Nacional San Antonio Abad del Cusco

25 octobre 201814e café scientifique« Réchauffement global : commentaires sur le rapport Réchauffement 1,5 C 2018 du Groupe Intergouvernemental d’Experts sur le Changement Climatique »Intervenants : Jhan Carlo Espinoza (IRD/IGE - Programa Make Our Planet Great Again), Ivonne Montes (Instituto Geofísico del Perú), Mariana Montoya (WCS Perú)

20 novembre 201815e café scientifique« Les sociétés préhispaniques face au désert. Pratiques et modalités d’adaptation à l’environnement de la côte paci-fiqueIntervenants : Cecilia Mauricio, Pontificia Universidad Católica del Perú, Nicolas Goepfert, Centre National

de la Recherche Scientifique, Elise Dufour, Musée d’Histoire Naturelle de Paris

Cafés scientifiques à Quito, ÉquateurAlianza Francesa de Quito, Galería de ArteOrganisateurs: Alliance Française de Quito, IFEA, IRD, La Gallete23 janvier 2018« Nos plats sont-ils trés toxiques? » : Intervenante : Laurence Maurice (IRD)27 février 2018« Le sens des rêves »: Intervenant : Iván Sandoval Car-rión13 mars 2018« Rêver en Amazonie. Anthropologie de la nuit chez les Záparas »: Intervenants : Anne-Gaël Bilhaut, IFEA, Manari Ushigua, communauté Zápara17 avril 2018 « Les défis de l´anthropocène »: Intervenant : Philippe Descola, Collège de France

Cafés citoyens Alliance Française de Lima, MirafloresOrganisateurs : Ambassade de France au Pérou, Al-liance Française de Lima, IFEA6 juillet 2018« Pour quoi le social est-il devenu personnel ? » : Inter-venant : Danilo Martuccelli, professeur de sociologie, Université Paris Descartes (USPC)7 septembre 2018 « Corruption et culture citoyenne » : Intervenant : Mi-guel Giusti, professeur de philosophie, PUCP

Café scientifique: « Le droit au service de l’environnement : vers de nouveaux accords »© Kattia Pacheco

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ÉVÉNEMENTS

Les présentations d’ouvrages Allliance Française de Lima 12 mars 2018 : Arqueometría. Estudios analíticos de materiales arqueológicosÉditeurs scientifiques : Remy Chapoulie, Marcela Sepúlveda, Nino Del Solar-Velarde, Véronique WrightCommentaires : Christophe Moulherat, Denise Pozzi-Escot

23 Feria Internacional del libro de Lima 28 juillet 2018: Narra la Independencia desde tu Pue-blo. Huacho, Arequipa, TarapacáAuteurs : Luis Alberto Rosales, Guido Riveros et Paulo LanasCommentaires : Cecilia Méndez, Juan Carlos Estensso-ro, Luis Rosado Loarte, José Carlos Agüero

4 de agosto de 2018: La Ópera Chola. Música popular en Bolivia y pugnas por la identidad socialAuteur : Maurico Sánchez PatzyCommentaires : Juan Carlos Estenssoro, Gérard Borras

Lima, Escuela de Mú-sica – PUCP17 décembre 2018 : Cuentos Fabulosos. La invención de la música incaica y el nacimiento de la música andina como objeto de estudio etnomusicológico.

Auteur : Julio MendívilCommentaires : Gabriel Ramón, Omar Ponce, Raúl R. Romero

Après-midi des jeunes chercheursLima, Pérou, Alliance Française de LimaOrganisateur : IFEAResponsables scientifiques : Lucie Miramont, Arthur Morenas26 janvier 2018 : L’approche déductive et sa confron-tation avec le travail de terrain, Marie Pigeolet23 février 2018 : Le Pérou aux XVIII-XIXe siècle, Alonso Alvarado Luna et Ronald Elward23 mars 2018 : Histoire Culturelle et sportive du Pé-rou, David Rengifo et Gerardo Alvarez27 avril 2018 : Le programme Fichoz : gestion de base de données et étude des réseaux, Coralie Razous25 mai 2018 : Le travail interdisciplinaire en Archéolo-gie, Jules Coulin, Mathieu Galera, Nausicaa Jean, Guil-laume Schiltz22 juin 2018 : Séance de formation : « Les logiciels

Scrivener, Atlas.ti et Zotero, Ma-lena Muller et Arthur Morenas

Apreès-midi des jeunes chercheurs, 2018© Kattia Pacheco

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PUBLICATIONS

Une revue et trois collections de livres composent l’éventail des éditions de l’IFEA: Le Bulletin, qui sort 3 fois par an ; Les Travaux qui comportent à ce jour 357 volumes ; Les Actes & Mémoires, 47 volumes ; la Bibliothèque Andine de Poche, 35 volumes. Ces dif-férents supports permettent d’accueillir des textes qui vont de premiers résultats de recherche pour leur mise en discussion à des ouvrages de synthèse ambitieux. Le Bulletin bénéficie du soutien du CNRS aux revues.

Les publications de 2018 reflètent les préoccupations actuelles de la communauté scientifique internationale et latino-américaine. Les thématiques dominantes sont l’environnement et les identités. Cependant, dans le cadre de l’IFEA, ces thématiques font l’objet de travaux qui se distinguent à la fois par leur caractère empirique, qui permettent par la suite de monter en généralité, et par des approches centrées sur les sciences sociales et humaines. Les archéologues et les historiens interro-gent les variations climatiques mais aussi les méthodes et les représentations sociales qui en rendent compte. Les anthropologues, historiens ou encore ethnomusi-cologues examinent l’identité et la différence à travers l’action politique, l’art et la culture, les constructions territoriales. Les recherches portant sur les femmes et leur position particulière dans des contextes de con-struction identitaire forte émergent plus timidement.

LE BULLETIN DE L’IFEA

En 2018, le Bulletin a publié deux numéros théma-tiques et un seul varia. La revue confirme son ouver-ture à l’ensemble de la communauté scientifique, tout en proposant un support privilégié aux travaux des chercheurs associés à l’IFEA. Sur les 35 auteurs, seuls 4 sont, ou ont été, des chercheurs en poste à l’IFEA. En même temps, un des numéros thématiques est issu des avancées d’un des groupes de recherche de l’IFEA, Apocamo (axe 4).

En 2018, les disciplines des auteurs se répartissent entre l’archéologie (22), qui reste une des disciplines utilisant le plus le Bulletin de l’IFEA pour la diffusion de ses résultats de recherche, l’ethnologie (6), l’histoire (6) et la sociologie (1).

No 47 (1) Espacio e historia regional: cinco casos latinoamerica-nos en perspectiva comparada: Sous la direction de Alexandre Betancourt Mendieta

No 47 (2) Anna Schmit « Quand le sexe devient politique... Enjeux et périls du contre-rapport des femmes autochtones de Colombie aux Nations-unies »

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François Bignon «Propaganda pradista: Patria, caídos y Amazonía en torno a la guerra Perú-Ecuador de 1941»María del Rosario Prieto, Facundo Rojas, Leonardo Castillo «La climatología histórica en Latinoamérica. Desafíos y perspectivas» Marc-Antoine Vella, Sofía Sejas, Karen Lucero Ma-mani, Luis Alejandro Rodríguez, Ramiro Bello Gómez, Claudia Rivera Casanovas, José Menacho Céspedes, Jaime Argollo, Stéphane Guédron, Élodie Brisset, Gre-gory Bièvre, Christelle Sanchez, Julien Thiesson, Roger Guerin, Katerina Escobar, Teresa Ortuño, Paz Núñez-Regueiro «La misión franco-boliviana ”Paleoambiente y Arque-ología del río Guaquira-Tiwanaku (Bolivia)”: un estu-dio multidisciplinario de las interacciones entre las so-ciedades antiguas y el medioambiente» Edward Swenson, Jorge Chiguala «Relaciones entre espacio ritual y doméstico en el valle de Jequetepeque, Perú» No 47 (3) La evangelización y las nuevas religiones en la transfor-mación del panorama político de los pueblos indíge-nas amazónicos Sous la direction de Jean-Pierre Chaumeil, Óscar Espi-nosa et Alexandre Surrallés

TRAVAUX DE L’IFEA Deux des ouvrages publiés dans cette collection por-tent sur la Bolivie, et le troisième aborde l’ensemble du monde andin. La publication d’un ouvrage de référence en archéométrie a aussi matérialisé le renforcement des liens avec des universités en France et au Chili.

No 348 Marta IrurozquiCiudadanos armados de ley. A propósito de la violencia en Bolivia, 1839 – 1875, 324 p. Co-édition avec Plural Editores

No 351 Rémy Chapoulie, Marcela Sepúlveda, Nino Del-Solar-Velarde, Véronique Wright (éds.)Arqueometría. Estudios analíticos de materiales arque-ológicos, 669 p.Co-édition avec l’université de Bordeaux Montaigne et l’Universidad de Tarapacá

No 352Xavier BellengerPueblo uru chipaya. Música y cultura de Bolivia, 1 CD + un livretCo-édition avec World Images & Music (WIM)

No 353Charles WalkerColonialismo en ruinas. Lima frente al terremo-to y tsunami de 1746, 330 p.Deuxième édition en co--édition avec l’Instituto de Estudios Peruanos

No 354Julio MendívilCuentos fabulosos. La in-vención de la música in-caica y el nacimiento de la música andina como objeto de estudio etno-musicológico, 307 p.

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Co-édition avec Instituto de Etnomusicología (PUCP)

ACTES & MÉMOIRES DE L’IFEA

Deux ouvrages sont sortis dans cette collection, avec une approche régionale.

No 36 Christophe Giudicelli (coor.)Luchas de clasificación. Las sociedades indígenas entre taxonomía, memoria y reapropiación, 374 p.Co-édition avec Prohistoria Ediciones

No 45Iván Ghezzi, Luis E. Salcedo (eds. y comp.)La cooperación científica francesa en Latinoamérica. Avances recientes en datación y arqueometría en los Andes, 378 p.Co-édition avec Plural Editores

LA NUMÉRISATION DES PUBLICATIONS DE L’IFEA

Les Bulletins de l’IFEA sont publiés en ligne sitôt après leur impression. Les autres ouvrages sont numérisés après un délai variable, qui dépend des accords pas-sés avec les auteurs et les co-éditeurs (https://books.openedition.org/ifea/). Il y a eu 6 117 181 visites sur le site OpenEdition Books en 2018, ce qui représen-te une très nette augmentation par rapport à 2017 (https://books.openedition.org/ifea/).

Par ailleurs, le Bulletin est aussi présent sur la nouvelle plateforme de Redalyc depuis l’an dernier. Les nu-méros sont numérisés au fur et à mesure de leur sor-tie, avec un softwere différent de celui d’OpenEdition Journals.

Le programme PERSÉE a été contacté pour la mise en ligne des numéros antérieurs à ceux qui se trouvent sur OpenEdition Journals. La qualité de la numérisación que l’IFEA avait effectuée n’est en effet pas suffisante pour publier en ligne les numéros les plus anciens en prenant en compte les standards actuels. Persée a accepté la candidature du BIFEA et est en train de numériser cette collection dont les premiers numéros remontent à presque 50 ans.

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BIBLIOTHÈQUE ET LIBRAIRIE

Depuis sa fondation en 1948, l’IFEA a constitué une bibliothèque de recherche spécialisée qui comprend à ce jour 39 076 ouvrages, 46 126 numéros de revues et 2068 cartes. Cette collection est une des plus com-plètes disponibles sur les sciences humaines et sociales et en archéologie à l’échelle de la zone andine. Elle s’enrichit grâce aux donations et legs — une des der-nières collections déposées a été celle de l’archéo-logue péruvien Carlos Brignardello — , aux échanges de publications entre institutions et aux acquisitions. En 2018, 610 volumes sont venus augmenter ce fonds, essentiellement grâce aux échanges. La bibliothèque est ouverte gratuitement au public, 5 jours sur 7, et propose des services de photocopie et photographie des documents. La librairie propose à la vente les publications de l’IFEA, sur place, par correspondance et lors des salons du livre et des manifestations scientifiques et de dif-fusion vers le grand public organisées par celui-ci ou ses partenaires. Prochainement, bibliothèque et librai-rie rejoindront le siège à Barranco afin de constituer avec les bureaux des chercheurs, la salle de réunion et les autres services un ensemble consacré aux études andines. La salle de lecture de la bibliothèque formera également un auditorium disponible pour les événe-ments scientifiques de périmètre limité (jusqu’à une quarantaine de personnes) en complément des activi-tés présentées chez les partenaires institutionnels.

LES 70 ANS, UNE OCCASION DE METTRE EN VALEUR LA BIBLIOTHÈQUE ET LA LIBRAIRIE

À l’occasion des 70 ans de l’IFEA, l’Institut a organisé des visites guidées de la bibliothèque, dont les livres et revues ne sont pas en libre accès pour des raisons de sécurité. Le bien commun que constitue la biblio-thèque qui abrite, sauvegarde et diffuse un patrimoine

bibliographique exceptionnel, a été largement recon-nu à l’occasion des différents échanges et des discours institutionnels. L’IFEA a effectué en avril 2018 des aménagements ponctuels dans la salle de lecture, pour donner plus de visibilité à la librairie et améliorer le confort des lecteurs.

Local rénové de la bibliothèque© Kattia Pacheco

LES DONATIONS DES PUBLICATIONS DE L’IFEA

Les coûts élevés des envois de livres par la poste sont une des difficultés principales que rencontre l’IFEA pour envoyer régulièrement ses publications aux bi-bliothèques partenaires en Amérique latine et dans le reste du monde. Les publications dans les pays autres que le Pérou, dont la commercialisation est générale-ment assurée par les partenaires sur place, sont par-ticulièrement difficiles à faire entrer dans le système d’échanges, pour des raisons légales et financières. Les chercheurs et le personnel se chargent d’une partie du transport entre continents et entre pays à l’occasion de leurs missions en France ou dans les Andes.

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BIBLIOTHÈQUE ET LIBRAIRIE

En octobre 2018, à l’occasion de l’inauguration de l’ex-position « Peuple Chipaya. Entre ombre et lumière » en Bolivie, et après avoir effectué les démarches lé-gales nécessaires, la voiture de l’IFEA a transporté près de 60 kg des livres destinés à 13 partenaires boliviens ainsi que deux universités publiques de La Paz, qui en avaient fait la demande. Au retour, le véhicule a pu ramener à Lima des exemplaires des livres que l’IFEA a publié avec les éditions Plural.Sur place, l’IFEA a fait don d’une collection complète de ses publications, auparavant utilisée par le centre de documentation de l’IRD, qui a fermé, à la Fondation Xavier Albó. Trois autres bibliothèques ont demandé à l’IFEA de les aider à compléter leur collection, en soulignant l’importance d’une collection d’ouvrages reconnue pour son sérieux et son intérêt.Au Pérou, l’IFEA a donné des livres provenant du fonds des doubles en réponse à la demande du maire du District de Machu Picchu (Cusco). Ces livres alimente-ront des bibliothèques municipales en cours de déve-loppement.

LA DIFFUSION DES PUBLICATIONS DE L’IFEA

Le stand de l’IFEA était présent en 2018 comme lors des années précédentes au Salon International du Livre de Lima. Cette 23e édition s’est déroulée du 20 juillet au 5 août 2018 et a reçu plus de 586 000 visi-teurs. Il était également présent au 39e salon du livre Ricardo Palma, du 26 octobre au 11 novembre 2018.L’IFEA vend ses publications en format électronique à travers la plateforme OpenEdition Books (https://books.openedition.org/ifea/ )Les publications de l’IFEA ont également été diffusées lors des salons du livre et manifestations scientifiques suivantes :

Lima V Congreso Nacional de Arqueología (14 au 17 août 2018)XIII Coloquio de estudiantes de Arqueología (7 au 9 novembre 2018)AyacuchoII Feria internacional del libro de Ayacucho (du 8 au 22 mars 2018)IV coloquio de estudiantes de Arqueología e Historia de la Universidad Nacional San Cristóbal de Huaman-ga (UNSCH) (17 au 20 octobre 2018)Arequipa Onzième Festival du Livre d’Arequipa (25 mai au 8 juin 2018)Puno 3° Foire du livre de Puno (25 juin au 9 juillet 2018)Cusco V FIL Cusco (24 août au 2 septembre 2018)

Stand au salon du livre Ricardo Palma, 2018© Kattia Pacheco

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LA COMMUNICATION INSTITUTIONNELLE

La communication institutionnelle de l’IFEA s’organise autour de plusieurs outils. Elle a joué un rôle particu-lièrement important en 2018 lors de la commémora-tion des 70 ans.Le site web : ifea.org.pe permet de centraliser et de diffuser les activités de l’institut auprès du grand public. Il a reçu en 2018 un total de 209 328 visites venant, par ordre décroissant, du Pérou, des États-Unis, de France, de Colombie, de Bolivie et d’Équateur.Les réseaux sociaux constituent une plateforme de rencontre importante entre l’institut et son public. L’IFEA utilise trois réseaux sociaux : - Facebook : @ifeanet est le réseau social le plus uti-lisé par l’Institut. Le nombre de fans a augmenté de façon progressive au cours des années, atteignant 14 726 followers en décembre 2018. Permettant une communication massive en peu de temps et avec peu de ressources, le compte Facebook est devenu un outil essentiel pour la diffusion des événements de l’IFEA. Ainsi en 2018, 21 événements ont été créés, obtenant une portée totale de 192 200 personnes.- Twitter : @IFEAPeru est le deuxième réseau utilisé par l’IFEA. Sa portée régionale et internationale offre la possibilité de promouvoir des activités à plus grande échelle que sur Facebook. Au cours de 2018, le compte a été administré d’une façon plus interactive : en améliorant l’utilisation des hashtags, en évitant les retweets et avec la création des listes de chercheurs et des institutions partenaires. Le nombre d’abonnés a atteint 1 268 en décembre 2018.- YouTube : la chaîne de l’IFEA est utilisée pour la diffu-sion et le partage des vidéos des événements scientifiques (conférences et ateliers), mais aussi pour diffuser des in-terventions de chercheurs de l’IFEA dans les médias. Le Blog Hypothèses : ifea.hypotheses.org diffuse des connaissances scientifiques à travers des comptes-ren-

dus et des articles publiés en français et en espagnol. La fréquence des publications a augmenté en 2018 et le nombre de visiteurs a doublé, atteignant 40 769 visites.La collection HAL SHS IFEA : halshs.archives-ou-vertes.fr/IFEA, est un réservoir de documents scien-tifiques en libre accès qui contient 207 articles tam-ponnés. Le nombre de consultations a atteint 23 805 requêtes en 2018, ce qui représente une légère aug-mentation par rapport à 2017.La newsletter présente trois fois par an les activités et la production scientifique de l’Institut, ainsi qu’une note sur un sujet d’actualité vu depuis les sciences so-ciales. Elle est publiée en français et en espagnol et est diffusée auprès d’un large public local, régional et eu-ropéen. Les articles publiés restent accessibles aux lec-teurs sur le blog hypothèses et la page web de l’IFEA.Les médias. Les 70 ans ont été une occasion de mieux faire connaître les activités de l’IFEA. La diffusion s’est surtout faite dans la presse écrite (40 %) et, dans une moindre mesure, dans les médias institutionnels et en ligne. L’Institut est apparu dans des articles de revues scientifiques, dans les notes de diffusion des agences de presse ainsi qu’à la télévision et à la radio. Les journées des 70 ans de l’IFEA à Lima ont été annoncées en particulier par une interview de la directrice, Évelyne Mesclier, sur Ideele Radio et la chaîne 11 de télévision (https://www.youtube.com/watch?v=HPrJM5mOoiE&t=347s) et par une parution en couverture du journal « El Comercio » (Pérou) et accompagnée d’une double page dans «Luces» (la sec-tion culturelle). De nombreuses publications ont également suivi l’ex-pédition d’archéologie exploratoire réalisée dans la région de Chiribiquete en Colombie, en France (France Info, Sciences et Avenir, La Croix) et sur place (El Colombiano, El Comercio).