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L’Homme océan

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S y l v i e C a s t e r

L’Homme océan

raconter la vie

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Collection dirigée par Pierre Rosanvallon

et Pauline Peretz

isbn : 978‑2‑ 37021‑135‑4

© Raconter la vie, octobre 2015

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions desti‑nées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction inté‑grale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanction‑née par les articles L. 335‑2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

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Jean‑ Marie Baudry est marin pêcheur sur le bassin d’Arcachon.

Il a 51 ans et encore ce qu’il appelle un « potentiel de force ».

Mais ce n’est pas un pêcheur type. Dans sa famille, il n’y a aucune transmission de cette profession.

Jean‑ Marie dit : « Marin est un drôle de métier à tous points de vue. On risque sa vie. J’ai des copains qui sont morts. Moi‑ même, j’ai failli y passer plusieurs fois.

Mais la mort, entre nous, on n’en parle pas. À quoi ça servirait ? »

Actuellement, son activité principale est le dragage des moules sur le bassin. Il pêche aussi la civelle, les alevins d’anguille dans l’estuaire de la Gironde. Il a fait des pêches en haute mer jusqu’aux Açores, en Irlande. Bien sûr, ces pêches ne se ressemblent pas. Il y a un monde entre sa vie

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de marin pêcheur sur le bassin d’Arcachon et celle qu’il a eue sur les bateaux qui partent en pêche des semaines durant sur l’océan.

Mais il y a une constante : « Le risque fait partie du métier. »

Ici même, sur le bassin d’Arcachon, lagune dont les eaux ont l’air calmes, si tranquilles, un navigateur trouve des endroits très dangereux : les passes, à l’entrée du bassin.

On ne peut rallier l’océan qu’en empruntant les passes, ces seuls chenaux qui contournent les nombreux bancs de sable qui ferment presque toute l’entrée du bassin.

Les passes sont la frontière entre le bassin et l’océan, le point de passage obligé.

Dans les passes, s’accomplit le brassage incessant du sable et de l’eau, les bancs de sable y bougent, entraînés par de forts courants. Et dans cette géographie incertaine et mouvante, on se trouve confronté à un changement brutal, d’un côté, l’océan et ses hauts‑fonds, de l’autre, de faibles tirants d’eau recouvrant à peine des sables abondants.

Se créent là des fonds traîtres. Deux eaux se rencontrent, celle de l’océan surpuissant et celles apparemment si calmes du bassin.

En roulant vers les passes, les vagues venant

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de l’Atlantique peuvent y prendre une violence destructrice.

Les vagues qu’on dit « jaunes », parce que chargées de sable, y sont particulièrement redoutées.

Elles peuvent se modifier d’un coup, leur hauteur se multiplier par cinq, prenant une amplitude qu’on ne peut maîtriser.

Quand une de ces vagues explose, elle explose tout sur son passage.

On a coutume de dire : « Vert, ça passe. Jaune, ça casse. »

Dans cet univers où le sable et l’eau sont sans cesse imbriqués, la rencontre de ces eaux si contraires donne de spectaculaires panoramas.

On vient admirer l’océan à la pointe du Cap‑Ferret. De l’autre côté du bassin, du haut de la dune du Pyla, la vue est grandiose.

Mais « ici, tout le monde craint les passes ».Il y a toujours eu des morts dans les passes.

Elles sont parmi les plus dangereuses du monde.Pris par la force de la vague qui se hausse, le

bateau se retourne avant de sombrer.

Au Cap‑Ferret, on peut profiter à la fois de l’océan et du bassin. S’avançant en pointe à l’entrée du bassin, sa forme permet de bénéficier d’un côté

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des plages immenses et des vagues de l’Atlantique, de l’autre de la douceur tranquille du bassin.

Mais pour les marins, c’est différent.Ce n’est pas pour rien que les gens, ici, ont une

trouille bleue des passes.« Moi‑ même, dit Jean‑ Marie, mon bateau s’est

retourné dans les passes. »

Parmi ces nombreux bancs de sable qui obturent presque toute l’entrée du bassin, le plus célèbre est le banc d’Arguin, au milieu des passes. Il est si connu qu’il est devenu un emblème du bassin d’Arcachon, reproduit sur des centaines de cartes postales.

Réserve naturelle d’oiseaux peuplée de sternes et de migrateurs, durant les mois d’été, il est pris d’assaut par les vacanciers. Il devient impossible d’y compter le nombre de plaisanciers qui y accostent chaque année avec des bateaux de plus en plus nombreux, de plus en plus gros.

Les plaisanciers y passent la journée. On y pique‑ nique. On s’y baigne. Impossible de rentrer du banc d’Arguin sans avoir bronzé, au moins rougi comme un homard. C’est un solarium splendide : face à la dune du Pyla, devant les premières vagues de l’océan. La dune a des airs de Sahara.

L’été, sur le banc d’Arguin, on peut tout

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voir. Même des couples qui viennent se faire photographier, le jour de leur mariage, en tenues de mariés. En costume et robe blanche, ils avancent vêtus de façon un peu décalée sur le sable.

L’été, qui ne va pas sur le banc d’Arguin ? Des vacanciers les plus fortunés qui y font montre de leurs bateaux aux touristes qui empruntent les navettes maritimes qui les déposent quelques heures sur le banc avant de revenir les y chercher.

Ces bateaux pour touristes qui n’ont pas de bateaux, on les appelle ici « des promène‑ couillons ».

Jean‑ Marie : « Je vais draguer les moules sur des zones que je connais, pas très loin du débarcadère du Cap‑Ferret et de la dune du Pyla. »

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Port d’Arcachon. Fin septembre. Cinq heures du matin.

Nuit noire. Pour seules lumières, celles qui entourent le port d’Arcachon. Mais ce noir n’est pas absolu, complet.

L’eau a des reflets argentés. À part le bateau de Jean‑ Marie, aucun autre bateau sur l’eau. On avance seuls dans l’obscurité. En naviguant, on va mettre à peu près une demi‑ heure, partant d’Arcachon, pour atteindre son lieu de pêche.

On a dépassé le débarcadère du Cap‑Ferret.Dans le noir, se devinent la masse blanche de la

dune du Pyla, la ligne du banc de sable d’Arguin.On se retrouve presque en face de ce banc

d’Arguin, si envahi l’été. Là si nocturne et solitaire.Seul le moutonnement blanc des premières

vagues de l’océan parvient à transpercer le noir. En fait, on est au bord des passes, dans un silence total.

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Dans ce silence et dans ce noir, seulement des oiseaux.

Des goélands blancs plantés chacun sur un piquet de bois. Un cormoran qui passe.

Jean‑ Marie : « Ici, maintenant, on est seuls. On est au milieu de nulle part. C’est pour cela aussi qu’on aime bien être ici. »

On est à la limite de ces passes si dangereuses.

En ce qui semble un rien de temps, Jean‑ Marie et son matelot Greg vont remonter trois tonnes de moules avec leur drague. À chaque fois qu’ils tirent ce cabestan hors de l’eau, le bateau tangue, comme s’il avait un sursaut.

Dans le noir, Jean‑ Marie sait parfaitement où il va lancer sa drague, où sont ces moules qu’il va ramener par tonnes.

Il connaît à la perfection ces endroits.On est soi dans le noir comme un aveugle. Lui

non.« Les moules se mettent dans des endroits

particuliers. Je sais où je vais les trouver parce que je sais où elles trouvent ce dont elles ont besoin. »

Sur le bassin d’Arcachon, seuls quinze marins ont la licence pour le dragage des moules.

« Et cinq le font sérieusement. Comme je suis

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celui qui le fait depuis le plus longtemps, ils ont un peu tendance à me suivre avec leurs bateaux. »

Voilà aussi pourquoi on est partis pêcher de nuit.

Pour garder ses coins un peu secrets.

Cette pêche finie, nous repassons tout près du Cap‑Ferret qui devient chaque année de plus en plus prisé, de plus en plus « Saint‑ Tropez », avec trois tonnes de moules dans des « big bags », d’énormes sacs en plastique blancs.

Nous passons non loin de chez Benoît Bartherotte, un homme d’affaires qui a englouti des fortunes pour construire une digue qui protège sa propriété, la toute première à l’extrême pointe du Cap‑Ferret à affronter érosion et violents courants de l’océan. Il a fait construire de splendides « cabanes » à cet endroit où le panorama est grandiose. Ces luxueuses « cabanes », on les a vues dans à peu près tous les magazines de décoration.

Elles ne ressemblent évidemment plus en rien aux modestes cabanes en bois ostréicoles du bassin dont elles se sont inspirées.

Elles en ont cependant gardé le matériau : le bois.

Bartherotte pense que, sans lui et sa digue, non seulement la pointe du Cap‑Ferret aurait

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déjà été avalée par l’océan mais que, de plus, une grande partie du Cap‑Ferret serait déjà engloutie. Il a ses partisans qui pensent comme lui. Et ses détracteurs qui objectent : « Bartherotte, c’est moi d’abord. Il protège avant tout ses propriétés. » Des camions tournicotent sans arrêt pour lui amener de nouveaux empierrements pour sa digue. Combat sans fin contre l’océan, avec un Sisyphe assez motivé pour ne jamais s’arrêter.

Bartherotte est un sauvage mais un sauvage médiatique qui a toujours su faire de la publicité pour ses « cabanes », le Cap‑Ferret et lui‑ même. Il est devenu une célébrité dont on parle obligatoirement quand on parle du Cap‑Ferret.

Dans une émission de Thalassa, cet homme incontournable disait qu’il louait une de ses « cabanes » pour pouvoir payer les frais de sa digue.

Une location qui coûte tout de même de dix à vingt mille euros la semaine. Un paradis fait pour des stars comme Leonardo DiCaprio, qui atterrissent en hélicoptère et peuvent vivre leur célébrité en toute tranquillité dans ce Cap‑Ferret où l’on fait semblant de ne pas les reconnaître pour ne pas les déranger.

On passe donc devant cette pointe où on peut jouer aux invisibles dans des « cabanes » hors de

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prix qui donnent sur une des plus belles vues du bassin.

Jean‑ Marie : « Tout le monde connaît Bartherotte et sa digue, bien sûr. À vingt mille euros la semaine, j’espère que, quand on loue, on n’est pas gêné par les camions qui viennent déverser ses empierrements. »

À ce prix‑ là, en effet, ça serait un comble d’être dérangé par le bruit des camions.

De l’eau, on ne voit pas ses « cabanes ». Monde invisible.

« Mais nous aussi, on est invisibles. »Dans la nuit.

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Jean‑ Marie travaille à la commande pour deux grossistes, un « local » et un « qui se trouve en Bretagne ».

Son matelot Greg a 30 ans. Jean‑ Marie l’appelle « mon fils ». Ils pratiquent cette pêche toujours à deux.

« Quand la commande est en dessous de trois tonnes, on ne la prend pas. »

Elle ne vaut pas le coup.Il ne prend la commande qu’à partir de trois

tonnes et peut ramener « de trois tonnes jusqu’à dix tonnes par jour ».

Le commanditaire d’aujourd’hui est le grossiste local. Il est installé sur le bassin dans le port ostréicole de Gujan. Sur le bassin, les ports ostréicoles se succèdent.

Il faut repasser devant le port d’Arcachon, aller jusqu’à Gujan, livrer, avant de revenir à Arcachon pour y remettre le bateau à quai.

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Le jour se lève quand on atteint Arcachon. Sur l’eau, nous ne sommes plus le seul bateau.

On rentre dans la navigation normale du bassin.On croise des bateaux menés par des

ostréiculteurs que Jean‑ Marie connaît.Jean‑ Marie : « J’ai rempli la commande. Je

deviens livreur. Ce que j’aime dans cette pêche‑ là, c’est chercher. »

Entre les deux jetées d’Arcachon, il est impossible de ne pas avoir l’œil attiré par l’œuvre d’art contemporain qui émerge de l’eau. Elle représente une monumentale queue de baleine. Surgissant de l’eau, elle est spectaculaire.

Cette queue de baleine est l’œuvre d’un sculpteur belge (Emmanuel Janssens Casteels). Cette sculpture a plusieurs fois changé de couleur. Elle a d’abord été blanche. Puis rose. Aujourd’hui, elle est bleue. Elle plaît à Jean‑ Marie qui voudrait aller voir l’exposition d’Hokusai au Grand Palais à Paris et qui, à cinq heures du matin, dans sa voiture pour rallier le port, a ouvert la radio sur Schubert.

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Jean‑ Marie est une personne très complexe.On s’en rend compte assez vite. Il aime Schubert,

mais il s’est composé une carapace de protection dans le style « plus viril tu meurs ».

Cheveux coupés en brosse, coupe style commando de l’armée, carapace du blouson, impressionnant tatouage, très visible, très marqué sur la peau, très noir. Rien du petit tatouage à la mode. Tout le bras imprimé de marques noires dont il connaît l’effet quand il montre volontairement son bras.

Faisant office de provocation, de marque de « gueux », voire d’intimidation, ces marquages sur sa peau sont aussi son autoportrait secret.

Pas très grand mais très costaud, il se dégage de lui une force.

Il sait la force qu’il dégage et dit de lui : « J’ai toujours eu un physique impressionnant. »

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C’est un introverti peu loquace mais qui devient confiant et amical dès qu’il ressent que l’autre ne présente pas de danger.

Alors il sourit.

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Dans le port de Gujan, Jean‑ Marie débarque sa livraison du jour à son commanditaire. Avec son matelot, il pose les énormes sacs blancs sur le bord du quai.

De tous les ports ostréicoles qui se suivent, installés sur le pourtour du bassin d’Arcachon, celui de Gujan est le plus grand ; très actif, il se compose à lui seul de sept ports.

On y pratique l’ostréiculture bien sûr, mais aussi la construction navale.

On y trouve quelques jolies cabanes de dégustation d’huîtres qui se présentent de façon pimpante, mais y subsistent encore quelques cabanes ostréicoles parmi les plus anciennes, noires, en bois, peintes au coaltar, rustiques et sombres au bord des chenaux.

Le commanditaire local de Jean‑ Marie est un mareyeur dont l’entreprise, qui se trouve à trois mètres du quai, « a toute la chaîne », les bassins

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d’eau pour désensabler les moules, les entonnoirs, les trieuses.

Son commanditaire de Bretagne revend ses moules dans les hypermarchés où on les retrouve dans des sachets, emballées sous vide. 1 kg 400 de moules est vendu dans le commerce cinq euros quarante centimes. Il est acheté à Jean‑ Marie cinquante centimes.

Les grands sacs blancs sont à quai.« Quand la livraison est finie, on est libre. On

n’a plus de programme. »C’est d’évidence aussi cette liberté qui plaît à

Jean‑ Marie, qui aime partir de nuit à la limite des passes.

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Pour aller plus loin (vidéos, photos, documents et entretiens)

et discuter le livre : www.raconterlavie.fr/collection

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réalisation : nord compo à villeneuve- d’ascqimpression : corlet imprimeurs-à-condé-sur-noireau

dépôt légal : octobre 2015. n° 118852 (0000)Imprimé en France