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Ce document a été rédigé par François Glémet, Director Emeritus de McKinsey & Company. Il s’appuie sur les statistiques publiques disponibles et sur des analyses personnelles. DOCUMENT DE RÉFLEXION ET PROPOSITIONS L’emploi des jeunes et des seniors, clef du retour au plein emploi en France Changer de politiques pour réussir là où nous avons échoué depuis 40 ans Novembre 2013

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Ce document a été rédigé par François Glémet, Director Emeritus de McKinsey & Company. Il s’appuie sur les statistiques publiques disponibles et sur des analyses personnelles.

DOCUMENT DE RÉFLEXION ET PROPOSITIONS

L’emploi des jeunes et des seniors, clef du retour au plein emploi en France

Changer de politiques pour réussir là où nous avons échoué depuis 40 ans

Novembre 2013

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Ce document a été rédigé par François Glémet, Director Emeritus de McKinsey & Company. Il s’appuie sur les statistiques publiques disponibles et sur des analyses personnelles.

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À toutes les personnes sincèrement intéressées à résoudre la problématique de l’emploi

L’emploi des jeunes et des seniors, clef du retour au plein emploi en France

Changer de politiques pour réussir là où nous avons échoué depuis 40 ans

Depuis la première crise de l’énergie, en 1973-1974, la situation de l’emploi en France a été au centre des préoccupations des dirigeants politiques, syndicaux et d’entreprise. Malgré de nombreuses initiatives et d’intenses efforts, la situation a empiré année après année, aboutissant à la quasi exclusion du marché de l’emploi des travailleurs les plus jeunes et les plus âgés, dont la plus grande fragilité devrait au contraire appeler un meilleur traitement.

Certaines initiatives récentes, comme la campagne pour l’emploi des seniors, semblent porter des fruits, mais il est encore trop tôt pour conclure. En revanche, la situation de l’emploi des plus jeunes reste très sombre et l’on est en droit de se demander si elle conduira à une rupture de la solidarité intergénérationnelle ou à des révoltes sem-blables à celles qui ont eu lieu dans certains pays du pourtour méditerranéen.

Ce document vise à identifier les causes de la situation insatisfaisante de l’emploi dans notre pays. Dans la première partie, il brosse un tableau détaillé de l’évolution de l’emploi en France au cours des quarante-cinq dernières années ; dans la seconde, il compare la situation de notre pays à celle de pays européens qui ont été soumis au même environnement et aux mêmes chocs externes, mais qui ont mieux fait face aux défis de l’emploi de leurs populations. Dans la troisième, enfin, il s’interroge sur les causes profondes des carences françaises et propose, dans la quatrième, quelques idées pour y remédier.

PRATIQUES ET POLITIQUES DE L’EMPLOI ONT ABOUTI EN FRANCE A L’EXCLUSION DES PLUS FAIBLES

Les responsables politiques, syndicaux et d’entreprise aujourd’hui au pouvoir s’efforcent de gérer la situation au mieux ; ils prennent les mesures qui leur semblent opportunes mais souvent le court-terme prend le pas sur le long-terme. Rares sont ceux qui ont connu la situation de plein emploi qui caractérisait les années soixante ; nom-breux sont donc ceux qui pensent que les problèmes actuels sont le résultat de chocs externes récents et que le retour des beaux jours de la croissance résoudra les pro-blèmes d’emploi. Funeste méconnaissance des pratiques et politiques de l’emploi qui perdurent en France depuis plus de quarante ans. Regardons en effet ce que nous di-sent les statistiques de l’OCDE et de l’INSEE.

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Forte création d’emplois mais insuffisante pour absorber l’augmentation de la population active

Au cours des cinquante-cinq dernières années, l’emploi a crû de 0,63 pour cent par an en moyenne ; sur cette période, quarante-quatre années ont connu une augmentation de l’emploi et onze une diminution, faible la plupart du temps. Sur cette même période, l’emploi féminin a crû de 1¼ pour cent par an alors que l’emploi masculin restait à peu près stable (+0,15 pour cent par an). Le bilan de création d’emploi est positif, avec une augmentation de 7½ millions sur la période.

Sur la même période, la population active s’est accrue de 10 millions de personnes, l’essentiel provenant de la population féminine (7½ millions).

Quand la population active augmente plus rapidement que le nombre d’emplois, deux indicateurs de l’emploi1 changent :

¶ le taux de chômage augmente car des personnes désireuses de travailler ne trouvent pas d’emploi ; et /ou

¶ le taux d’activité de la population active (en anglais « labour force participation rate ») diminue car des personnes en âge de travailler renoncent à travailler ;

Par ailleurs, chacun de ces indicateurs peut rester globalement stable pour la popula-tion prise dans son ensemble, mais varier fortement pour une ou plusieurs classes d’âge ; il peut aussi évoluer de façon différente pour les hommes et pour les femmes.

Que s’est-il donc passé dans notre pays, au cours des quarante-cinq dernières années ? Voici ce que disent les statistiques.

1 Taux d’activité : rapport (%) de la population active à la population en âge de travailler ; la population active est la po-

pulation qui travaille, est en recherche d’emploi ou est disponible pour travailler. Taux de chômage : rapport (%) de la population au chômage à la population active (chômeurs plus occupés).

Voir Annexe 1

05.00010.00015.00020.00025.00030.00035.00040.00045.00050.00055.00060.00065.000

1956

1958

1960

1962

1964

1966

1968

1970

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1976

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1992

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1996

1998

2000

2002

2004

2006

2008

2010

2012

Population totale, active et occupéeFrance, 1956‐2011 ; milliers

PopulationPopulation 15‐64Population active totalePopulation active totale civilePopulation active occupéePopulation active occupée civile

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Exclusion du marché du travail des plus jeunes et des plus âgés, au bénéfice des 25-54 ans

Alors que, de 1960 à 1973, la situation de l’emploi était relativement stable pour toutes les classes d’âge, le taux de chômage a augmenté rapidement à partir de 1974 et de fa-çon particulièrement vertigineuse pour les classes d’âge 15-19 ans et 20-24 ans.

Depuis près de 35 ans, le taux de chômage des jeunes est supérieur à 20 pourcent et le niveau actuel est le même qu’en 1983/85.

Qui plus est, pour la classe d’âge 15-19 ans, le taux d’activité a chuté de façon régu-lière et prononcée pour atteindre son point bas au milieu de la décennie 1991-2000 et ne remonter que légèrement après. Il en a été de même, mais de façon moins violente, pour la classe d’âge 20-24 ans.

0246810121416182022242628303234363840

1968

1969

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Taux de chômage – FRANCE, 1968‐2012Total population et par tranche d'âge

15‐19 ans 20‐24 ans

TOTAL 25‐54 ans

55‐59 ans 60‐64 ans

051015202530354045505560657075808590

1963

1964

1965

1966

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1968

1969

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2012

Taux d'activité – FRANCE 1963‐2012Total population et par tranche d'âge

25‐54 ans TOTAL

55‐59 ans 20‐24 ans

60‐64 ans 15‐19 ans

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En conséquence, dans notre pays, le taux net d’emploi2 des jeunes a chuté régulière-ment presque chaque année, passant en quarante-cinq ans :

¶ de 36½ à 9¾ pour cent, soit une chute de près de 27 points, pour les 15-19 ans ;

¶ de 71½ à 47 pour cent, soit une chute de près de 25 points, pour les 20-24 ans. ;

Pour ce qui est des travailleurs plus âgés, le taux d’activité de la classe d’âge 60-64 ans a chuté de façon spectaculaire, atteignant son point bas en 2001 et ne remontant que faiblement depuis, sans doute grâce aux politiques d’emploi en faveur des seniors lan-cées dès 2004. Seule conséquence positive de cette chute, le taux de chômage de cette classe d’âge est aujourd’hui le plus faible de tous, même s’il est toujours plus élevé qu’il y a quarante ans. Toutefois, en quarante ans, le taux net d’emploi de cette classe d’âge est passé de 50 à 21¾ pour cent, soit une chute de plus de 28 points.

En ce qui concerne la classe d’âge 55-59 ans, l’évolution a été semblable mais moins prononcée ; après un fléchissement de trente ans, taux d’activité et taux net d’emploi sont repartis à la hausse, dépassant maintenant les niveaux des années soixante.

Parallèlement, pour la classe d’âge 25-54 ans, le taux d’activité a progressé de façon constante, augmentant de 16 points ; cette évolution positive a été accompagnée d’une poussée du chômage qui s’est accru de plus de 7 points. Au total, le taux net d’emploi net des 25-54 ans a augmenté de plus de 9 points, passant de 71½ à 80¾ pour cent.

2 Le taux net d’emploi net est calculé en multipliant le taux d’activité par (1 moins le taux de chômage). Il représente –

globalement et pour chaque classe d’âge – le pourcentage de la population totale qui est employée/occupée.

0510152025303540455055606570758085

1968

1969

1970

1971

1972

1973

1974

1975

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1980

1981

1982

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1988

1989

1990

1991

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2001

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2003

2004

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2008

2009

2010

2011

2012

Taux net d'emploi – FRANCE, 1968‐2012Total population et par tranche d'âge

25‐54 ans 55‐59 ans

TOTAL 20‐24 ans

60‐64 ans 15‐19 ans

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Au cours de la même période, le taux net d’emploi de l’ensemble de la population a diminué de 2¾ points, passant de 67¼ à 64½ pour cent. En résumé, tout s’est passé comme si les pratiques et politiques de l’emploi avaient privilégié les classes « dans la force de l’âge » au détriment des plus fragiles, avec un résultat global négatif pour l’ensemble de la population. Aujourd’hui, les jeunes représentent 20 pourcent de la population mais seulement 8 pourcent de l’emploi ; pour les seniors, les chiffres sont 10 pourcent et 3 pourcent, respectivement.

Notons toutefois que ces mêmes pratiques et politiques n’ont pas pénalisé l’emploi des femmes, bien au contraire. En effet, le taux d’activité des femmes a évolué plus favo-rablement que celui des hommes, globalement et au sein de chaque classe d’âge. Quant au chômage, il n’a pas augmenté plus pour les femmes que pour les hommes ; au contraire, le différentiel avec les hommes a diminué globalement et pour chaque classe d’âge. Ainsi, le taux net d’emploi des femmes a augmenté de 10 points alors que celui des hommes a diminué de 8 points.

QUELQUES PAYS EUROPÉENS ONT RÉUSSI LÀ OÙ LA FRANCE A ÉCHOUÉ

Dans cette section, nous comparerons la situation de la France à celle des principaux pays de l’OCDE et en particulier à celle de huit pays européens qui ont su préserver le taux net d’emploi de leurs populations, y compris pour les plus jeunes et les plus âgés : la Norvège, les Pays-Bas, la Suisse, l’Islande et, dans une moindre mesure, l’Allemagne, le Danemark, la Suède et la Finlande. Ces huit pays que nous utiliserons à partir de maintenant pour nos comparaisons ont tous réussi à préserver l’emploi des classes d’âge les plus fragiles ainsi que celui de l’ensemble de leurs populations.

9,0%1,8% 1,4%

9,5%

8,0% 6,9%

61,5% 76,8% 77,9%

10,0%

10,2% 10,4%10,0%

3,2% 3,4%

Population en âge de travailler Population active totale Population active occupée

Distribution par tranche d'âge de la populationFrance, 2012

60‐64 ans

55‐59 ans

25‐54 ans

20‐24 ans

15‐19 ans

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Les caractéristiques communes – en matière d’emploi – de ces pays sont résumées ci-dessous :

Taux d’activité

Élevé pour toutes catégories d’âge (N, NL, CH)

Supérieur à la moyenne (DK, IS, S et accessoirement D, SF)

Taux de chômage

Faible pour toutes catégories d’âge (N, NL, CH)

Inférieur à la moyenne (IS et accessoirement D)

Durée annuelle du travail

Supérieure à la moyenne (IS)

Dans la moyenne (SF, CH, S)

Inférieure à la moyenne (N, D, NL)

Coût moyen du travail

Élevé : N, CH, DK, S

Dans la moyenne : D, SF

Salaire minimum

Élevé : NL

Dans la moyenne ou inexistant : tous les autres pays

Rémunération réelle

Élevée : CH, NL, DK, N

Dans la moyenne : D, S

Repassons maintenant la performance de ces pays en termes de taux d’activité et taux de chômage pour ces catégories d’âge que la France n’a pas su défendre :

Que l’on se réfère aux plus jeunes (15-19 ans) et aux jeunes adultes (20-24 ans), ces pays européens ont maintenu un taux d’activité supérieur à celui de la moyenne des pays de l’OCDE et très nettement supérieur à celui de la France.

7,7

8,0

8,5

9,2

10,6

12,8

14,4

14,7

17,5

17,8

26,6

28,1

28,5

30,7

33,6

34,3

42,4

43,0

44,3

48,2

49,5

54,6

54,9

55,5

61,1

70,3

KOR

GRC

BEL

LUX

ITA

PRT

FRA

JPN

ESP

IRL

European Union 15

OECD countries

DEU

SWE

FIN

USA

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AUT

NZL

GBR

Canada

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DNK

NLD

ISL

Taux d'activité – 201215‐19 ans

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7

Certes, l’Allemagne et la Suède n’y ont pas réussi aussi bien que les Pays-Bas, le Da-nemark, la Suisse ou la Norvège, en particulier pour les plus jeunes (15-19 ans). Leur performance est cependant nettement meilleure que celle de la France.

En même temps qu’ils maintenaient des taux d’activité élevés pour les classes d’âge les plus jeunes, ces mêmes pays – à l’exception de la Suède – ont su prendre les me-sures nécessaires pour que le chômage des jeunes n’atteigne pas les sommets observés en France.

44,8

47,2

48,9

50,9

52,5

60,2

61,0

61,0

64,4

64,9

65,3

67,9

69,5

70,9

71,1

71,4

72,4

72,6

73,9

75,0

75,1

76,1

78,3

78,8

79,1

81,3

LUX

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KOR

GRC

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European Union 15

OECD countries

IRL

JPN

DEU

USA

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SWE

NOR

DNK

GBR

NZL

AUT

Canada

NLD

CHE

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ISL

Taux d'activité – 201220‐24 ans

72,6

65,7

56,5

56,3

48,4

36,5

32,7

29,3

29,0

26,8

26,6

25,8

24,0

22,3

20,1

19,8

16,7

16,6

16,2

12,7

10,9

10,0

9,2

8,8

7,9

7,7

ESP

GRC

PRT

ITA

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GBR

BEL

European Union…

FIN

NZL

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Canada

OECD countries

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Taux de Chômage — 201215‐19 ans

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On notera que pour la Suède – qui connaît aujourd’hui un taux de chômage des jeunes semblable à celui de la France – l’aggravation de la situation n’a commencé que dans les années 1990, soit quinze ans plus tard qu’en France.

* * *

Ainsi, ces pays ont réussi à maintenir un taux net d’emploi élevé pour les jeunes…..

53,6

49,1

34,0

31,7

28,8

21,8

20,7

18,8

18,4

18,0

17,2

14,9

13,8

13,3

13,1

12,3

11,7

11,0

9,0

8,9

8,6

8,1

8,0

7,8

7,3

7,1

GRC

ESP

PRT

ITA

IRL

FRA

European Union…

SWE

BEL

LUX

GBR

OECD countries

FIN

USA

NZL

DNK

ISL

Canada

KOR

CHE

AUS

AUT

JPN

DEU

NOR

NLD

Taux de Chômage — 201220‐24 ans

2,8

4,6

4,8

5,6

6,0

7,0

7,1

9,2

9,7

13,5

19,5

19,5

22,6

24,7

25,9

26,1

32,9

34,1

37,8

38,7

39,6

45,7

46,3

50,4

53,4

58,9

GRC

ITA

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BEL

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LUX

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JPN

European Union 15

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OECD countries

FIN

DEU

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Taux net d'emploi — 201215—19 ans

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9

…..et aussi pour les jeunes adultes.

* * *

Pour ce qui est des seniors, là encore, la performance de ces pays est remarquable, tant au plan du taux d’activité…..

23,7

31,0

32,2

36,7

40,2

42,9

44,5

46,5

47,1

51,1

55,2

58,0

61,2

61,3

61,5

62,5

63,7

64,1

65,2

67,1

67,7

69,1

71,7

71,8

72,3

72,8

GRC

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LUX

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European Union 15

OECD countries

SWE

GBR

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DEU

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Canada

AUT

ISL

CHE

AUS

NLD

Taux net d'emploi — 201220—24 ans

21,7

21,9

22,9

23,1

24,0

27,9

37,6

37,8

40,3

44,5

45,3

45,7

46,1

47,0

47,6

49,8

51,7

53,4

55,2

57,8

60,0

60,5

62,8

68,1

70,7

79,4

AUT

BEL

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European Union…

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OECD countries

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Taux d'activité – 201260‐64 ans

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10

…..qu’au plan du taux de chômage…..

….. ce qui a pour conséquence positive un taux net d’emploi élevé pour cette catégorie d’âge.

16,0

11,5

11,5

9,2

7,0

6,6

6,5

6,1

6,0

5,9

5,5

5,5

5,2

4,8

4,8

4,6

4,6

4,1

4,1

3,9

3,3

3,2

2,8

2,6

1,8

0,8

ESP

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Taux de Chômage — 201260‐64 ans

21,0

21,2

21,7

22,5

22,8

24,7

31,8

35,0

35,6

40,4

42,9

43,5

43,9

44,4

45,3

46,5

48,3

51,7

52,0

56,1

57,6

58,1

62,3

64,4

67,8

75,8

BEL

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European Union 15

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OECD countries

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JPN

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Taux net d'emploi — 201260—64 ans

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Avant de conclure ces comparaisons, il faut souligner un point qui peut paraître para-doxal au vu de ce qui précède. En France, on pourrait en effet s’attendre qu’avec la mise au rebut des classes d’âge les plus âgées et le très faible appel du monde du tra-vail aux jeunes, les autres classes d’âge bénéficieraient d’un taux net d’emploi particu-lièrement élevé. On pourrait en particulier s’attendre que, pour la classe d’âge 25-54 ans, la France ferait beaucoup mieux que les pays auxquels nous avons comparé sa performance dans les lignes qui précèdent.

Hélas, il n’en est rien ; tous les pays précédemment donnés en exemples de « bonne performance » font mieux que la France en termes d’emploi des 25-54 ans ; il semble donc se profiler une règle empirique selon laquelle l’emploi des jeunes et des seniors serait la condition nécessaire de l’emploi de l’ensemble de la population !

* * *

En fin de compte, le sacrifice – volontaire ou non – de l’emploi des plus jeunes et des plus âgés au bénéfice des travailleurs de la classe d’âge 25-54 ans ne porte pas les fruits attendus et ce malthusianisme pénalise l’emploi de l’ensemble de la population.

Une réflexion de fond sur les attitudes mentales et les croyances profondément enraci-nées qui ont conduit notre pays à cette situation calamiteuse est nécessaire. Elle est l’objet de la section qui suit.

CHANGER L’ÉTAT D’ESPRIT ET LES MODÈLES MENTAUX POUR FAVORISER LE RETOUR AU QUASI PLEIN EMPLOI

Malgré une forte progression du nombre total d’emplois, la France n’a pas su protéger l’activité de sa population active, celle-ci ayant crû plus rapidement que le nombre

64,1

66,3

69,4

70,3

74,7

75,4

75,6

75,7

77,3

79,3

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79,8

80,3

80,5

80,8

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81,9

82,0

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85,1

85,2

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86,7

GRC

ESP

IRL

ITA

KOR

PRT

OECD countries

USA

European Union 15

BEL

AUS

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GBR

JPN

FRA

Canada

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LUX

DEU

NLD

NOR

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AUT

CHE

Taux net d'emploi — 201225—54 ans

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d’emplois. Un choix – implicite ou explicite – a été fait de sacrifier l’emploi des plus jeunes et des plus âgés, dans l’espoir de protéger celui de la tranche 25-54 ans. Huit pays européens ont atteint en matière d’emploi une performance que tous les Français appellent de leurs vœux. Quel est leur secret ?

En premier lieu, force est de constater qu’on ne peut recourir à des explications faciles, de nature « structurelle », qui justifieraient qu’après avoir « tout essayé », la France est dans l’incapacité absolue de rejoindre les rangs des meilleurs. En effet, on ne peut ex-pliquer la performance des meilleurs par de simples références à la « religion domi-nante », au modèle politique ou au coût du travail. Parmi les meilleurs il n’y a pas que :

¶ des pays majoritairement protestants ;

¶ des monarchies constitutionnelles ;

¶ des pays à faible coût du travail.

À mon sens, l’explication de notre piètre performance tient essentiellement à nos mo-dèles mentaux, à notre état d’esprit et à notre incapacité à remettre en question des ap-proches qui, même si elles ont été utiles autrefois, ne sont plus de mise aujourd’hui.

Prenons comme simple exemple un dogme qui a été largement accepté par une majori-té de nos concitoyens et sur lequel notre pays est engagé depuis trente ans : celui du « partage du travail pour employer un plus grand nombre ». Cette idée ne repose sur aucune théorie économique validée, comme l’indique le graphe qui suit.

Taux net d'emploi

Heures travaillées par an

Taux net d'emploi et heures travaillées par an2012, pays OCDE (34)

Beaucoup d'heures, beaucoup d'emploiPeu d'heures, beaucoup d'emploi

Peu d'heures, peu d'emploi Beaucoup d'heures, peu d'emploi

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13

En effet, en France le taux net d’emploi de la population est faible alors que la durée annuelle du travail est parmi les plus basses. Sur 34 grands pays de l’OCDE, seuls trois (Allemagne, Norvège et Pays-Bas) ont une durée du travail plus basse que celle de la France et un taux net d’emploi plus élevé que le nôtre. Vingt-et-un autres pays ont à la fois un taux net d’emploi et une durée du travail supérieurs à la nôtre.

Ainsi, au fil des ans, la France est devenue un pays qui accepte une charge de travail annuelle relativement faible et en même temps, de faibles taux d’activité et d’emploi de sa population, ce qui n’est pas le cas de ces autres pays. En France, donc, on par-tage peu le peu de travail !

Quels sont donc l’état d’esprit et les croyances fausses qui sous-tendent des pratiques et politiques de l’emploi conduisant à un aussi piètre résultat ? Que faut-il faire pour corriger une situation inacceptable qui, ayant duré quarante ans, est à tort considérée aujourd’hui comme normale ou inévitable ? C’est ce que cette section tente d’établir, avant de se tourner vers des solutions possibles pour revenir au quasi plein emploi.

Principales croyances et pratiques françaises néfastes à l’emploi

Pour modifier de façon durable les attitudes, pratiques et politiques insatisfaisantes qui durent depuis quarante ans, il faut commencer par sonder l’inconscient collectif des ménages, des syndicalistes, des dirigeants d’entreprises et des politiques et décideurs de l’administration. Il faut faire le tour des croyances et habitudes néfastes à l’emploi, dans le but de les modifier. Une enquête approfondie se justifie ; elle est toutefois hors du champ de réflexion de ce document.

En l’attendant, voici les observations que je soumets au lecteur, sur la base de quarante ans d’expérience du monde du travail, en France et dans d’autres pays (européens en particulier). Il s’agit d’une description résumée qui vise à illustrer les principales causes de la situation décrite précédemment et non à en établir la liste exhaustive.

¶ Croyances et pratiques des ménages : pour des raisons historiques, liées à une vi-sion assez traditionnelle du statut social, la majeure partie des ménages encouragent les jeunes à poursuivre des études bien au-delà de la période de scolarité obligatoire, dans le seul but d’obtenir un diplôme élevé. Il existe effectivement dans l’inconscient collectif la conviction que le diplôme est garant de l’obtention d’un « bon travail » ou « bon emploi » alors que c’est la formation à un métier et non le diplôme qui l’assure.

Quelques études publiées de façon trop épisodique et surtout sans approfondisse-ment indiquent que le taux de chômage est plus faible pour les titulaires de di-plômes plus élevés ; mais ces études ne prouvent jamais de relation de causalité. On est en effet en droit de se demander si c’est le diplôme qui garantit le moindre chô-mage ou les caractéristiques personnelles de l’individu qui aura une bonne « em-ployabilité » qui permettent à celui-ci d’obtenir plus facilement un diplôme élevé.

Ainsi donc, dans notre pays, on privilégie l’obtention du diplôme à la préparation à un métier ; l’apprentissage et les formations « professionalisantes » sont dévalori-sées. En même temps, les bancs des facultés sont couverts d’étudiants qui, le bacca-

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lauréat en poche, suivent des cours qui leur permettront d’obtenir un diplôme mais pas – ou difficilement – un emploi dans des secteurs porteurs.

Tout ceci est confirmé par l’analyse du chômage en fonction de l’âge et du di-plôme : comme le montre le graphe qui suit, le diplôme ne protège aucunement les jeunes du chômage. Tout au plus opère-t-il un tri au sein d’une classe d’âge donnée.

En parallèle, il est notoire que des secteurs d’activité entiers en particulier l’artisanat traditionnel, l’hôtellerie-restauration, les services aux personnes – pour ne citer que ceux-là – ne trouvent pas assez de candidats pour les postes qu’ils ont à pourvoir. Ils voient défiler des candidats munis de diplômes « élevés » mais inutiles pour ces emplois, et en revanche bien peu qui ont suivi une formation pratique à ces métiers pour lesquels les emplois sont disponibles.

Quant aux diplômés qui obtiennent un emploi après une longue et difficile re-cherche, ils se retrouvent souvent dans une situation de « surqualification » par rap-port à l’emploi obtenu. Cette situation porte en elle le ferment de la frustration et de l’insatisfaction qui trop souvent débouche sur la sortie prématurée de l’emploi.

¶ Croyances et pratiques des syndicalistes : le monde syndical organise souvent des grèves et manifestations « pour la défense de l’emploi » ; ces actions ne visent qu’à défendre les travailleurs « en poste », typiquement ceux dans la force de l’âge, c'est-à-dire dans la tranche d’âge 25-54 ans. Les manifestations en faveur des chômeurs, des jeunes exclus du monde du travail ou des seniors mis au rebut ne sont pas – ou bien rarement – la priorité du monde syndical.

Cet état de fait provient sans doute de ce que les syndicats ne considèrent pas les jeunes et les seniors comme de « bons clients ». Il s’agit en effet de publics diffici-lement mobilisables ; les premiers parce qu’ils sont encore peu motivés et difficile-ment contrôlables (voire rebelles), les seconds parce qu’ils sont désabusés.

40,129,1

22,217,4

13,013,7

22,017,3

12,28,4

7,64,55,3

8,49,4

6,16,0

4,94,24,5

6,3

CEP

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15‐24 ans

25‐49 ans

50+ an

s

Taux de chômage selon l'âge et le diplômeFrance, 2011 – %

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Ajoutons à cela le fait que la France est l’un des pays d’Europe occidentale dans le-quel le taux d’adhésion à un syndicat est l’un des plus faibles et l’on comprendra que la priorité des syndicats français n’est pas encore de « rouler pour les jeunes et les seniors ».

Concluons en rappelant que le monde syndical voit encore le travail comme un mal nécessaire et une aliénation de l’être humain. Il semble n’avoir retenu de la Bible que les conséquences du péché originel pour l’homme (« tu travailleras à la sueur de ton front ») et n’avoir en aucune manière fait sienne la parabole des talents.

Sur ce dernier point, précisons que de nombreux anthropologues, psychologues et sociologues ont expliqué depuis longtemps que la réalisation d’un travail tout au long d’une vie fait partie intégrante de l’accomplissement de l’être humain.

¶ Croyances et pratiques des dirigeants d’entreprises : à l’exception du cas de quelques entreprises particulièrement avancées ou de culture plus internationale qu’hexagonale, la majorité des dirigeants d’entreprise français portent sur les jeunes et les seniors un regard proche de celui des syndicats. Pour de nombreux « pa-trons », les jeunes sont peu dociles et les seniors peu motivés et/ou moins produc-tifs. Ces deux groupes ne sont donc pas employés en priorité.

Qui plus est, on observe aussi des pratiques d’entreprise troublantes :

L’abus du recours aux conditions d’emploi réservées en principe aux seuls stages en entreprise (rémunérés en dessous du SMIC), même lorsqu’il s’agit d’un em-ploi qui n’est pas un stage. Les employeurs pratiquant ces méthodes ne rehaus-sent pas l’attrait du monde de l’entreprise pour les plus jeunes ;

L’« optimisation » de l’utilisation des conditions et régimes dérogatoires aux conditions d’emploi normales ; ces conditions sont ainsi détournées de leurs fins, des « effets d’aubaine » se manifestent et les effets pervers apparaissent ;

Le recrutement de profils pour lesquels l’État offre un allègement de charges ou une subvention plutôt que le recrutement de compagnons de travail sur lesquels on veut compter dans la durée.

¶ Croyances et pratiques des politiques et décideurs de l’administration : en premier lieu, force est de constater qu’en France peu de politiciens et décideurs de l’administration comprennent en profondeur le monde de l’entreprise ou l’économie (micro-économie). D’ailleurs, la majeure partie d’entre eux n’ont pas – ou insuffi-samment – l’expérience du travail dans le monde de l’entreprise (ou en dehors du secteur public et parapublic). Ne comprenant donc pas en détail les fondements et mécanismes qui créent un marché de l’emploi efficace et sain, ils :

élaborent et votent des lois qui réduisent la fluidité du marché du travail ;

– en instituant des obstacles importants aux licenciements qui, en fin de compte deviennent un frein aux embauches / recrutements ;

– en permettant l’existence d’un nombre excessif de types de contrats de travail (CDD, CDI, etc.) qui, lui aussi, freine l’embauche « ferme et définitive » ;

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– en définissant un « salaire minimum » du travailleur (payé par l’entreprise) plutôt qu’un « revenu minimum » du citoyen (financé par l’impôt sur les béné-fices et/ou sur les revenus), ce qui accroît la pression sur les entreprises et les employeurs. Qui plus est, ce salaire minimum est fixé au même niveau pour toutes les industries et toutes les régions géographiques :

Le salaire minimum en France est le plus élevé des grands pays européens qui en définissent un et il augmente plus rapidement que dans les autres pays. Il est devenu un frein à l’emploi des moins qualifiés ou moins expérimentés ;

– en faisant porter par les entreprises et les employeurs une part excessive du coût de la solidarité nationale ; celle-ci devrait être financée davantage par la redistribution des revenus et moins par les charges sociales qui alourdissent excessivement le coût du travail, surtout pour les emplois les moins qualifiés. En France, le coût du travail est l’un des plus élevés du monde développé…..

$0$1$2$3$4$5$6$7$8$9$10$11$12

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2012

Salaire horaire minimum – 1983‐2012US$, parité de pouvoir d'achat

Luxembourg

France

Australia

Belgium

Netherlands

Ireland

United Kingdom

New Zealand

Canada

United States

Austria

Japan

Korea

Spain

Greece

Portugal

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5 €

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25 €

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35 €

40 €

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2011

Coût du travail tous secteurs hors agriculture – 1983‐2011US$ par heure, parité de pouvoir d'achat

United StatesFranceNetherlandsNorwayGermanySwedenAustriaDenmarkFinlandAustraliaItalyCanadaSpainIrelandKorea

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…..mais la rémunération du travailleur est l’une des plus basses ;

veulent croire que « les problématiques de l’emploi se résolvent au ministère » et ont une grande difficulté à accepter que ce sont les entrepreneurs et les em-ployeurs – et eux seuls – qui offrent les postes de travail économiquement viables. Ils privilégient donc les lois, règlements et autres dispositifs qui « impo-sent » à l’entrepreneur et à l’employeur et n’utilisent pas assez les mécanismes d’incitation positive. J’ai en particulier dénombré plus de 20 lois et accords sur l’emploi depuis 1975 ; quel a été leur effet positif sur l’emploi ?

s’inspirent insuffisamment des solutions efficaces adoptées par d’autres pays. Dans ce domaine, il serait particulièrement judicieux qu’ils étudient en détail les mécanismes de l’apprentissage qui semble réussir particulièrement bien en Alle-magne et en Suisse, pour ne mentionner que ces deux pays.

Il serait donc utile que politiques et décideurs de l’administration adaptent davan-tage leurs actions aux besoins des entrepreneurs et employeurs et donnent plus de poids à l’incitation qu’à la réglementation. Aujourd’hui en effet, leurs décisions aboutissent à établir un coût du travail qui est le plus élevé des grands pays euro-péens ainsi qu’à imposer des rigidités extraordinaires dans le fonctionnement du marché de l’emploi ; tout cela réduit très fortement la fluidité de ce dernier et péna-lise fortement la création de nouveaux emplois, en particulier pour les plus jeunes.

¶ Autres croyances et pratiques : enfin, il existe aussi un certain nombre de croyances et pratiques partagées par la majorité de nos concitoyens, indépendam-ment de leur position et rôle dans le monde de l’emploi. Mon propos n’est pas de les juger, mais juste de les rappeler « pour mémoire » ; en effet, la France est l’un des rares pays développés – voire le seul– dans lequel elles perdurent :

$0

$5.000

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$15.000

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$30.000

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Rémunération annuelle moyenne – 1990‐2011US$, parité de pouvoir d'achat

LUXIRLCHENDLDNKGBRBELNORAUTDEUFRASWEESPITAGRCPRT

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Une préférence endémique pour la loi et la réglementation plutôt que le contrat ;

Une préférence (implicite ou explicite) pour le « service public » plutôt que pour l’initiative privée ;

La conviction qu’un État fort et centralisé est préférable à la subsidiarité et à la décision « au niveau le plus proche du terrain » ;

La recherche de la présence de l’État dans la résolution des conflits et dans la né-gociation au sein de l’entreprise ;

Le conflit comme préalable à la négociation, avec un faible taux de syndicalisa-tion ;

L’abandon ou tout au moins la forte « mise en veilleuse » de ces pratiques contri-buerait fortement à la relance d’un marché de l’emploi rendu plus fluide et plus ef-ficace.

Principales pratiques et croyances observées dans les pays qui réussissent en matière d’emploi

À l’inverse de ce qui se passe en France, les pays qui réussissent bien en termes de performance d’emploi ont des convictions, des approches et des méthodes bien diffé-rentes des nôtres. Parmi celles-ci, les plus importantes et efficaces me semblent être les suivantes :

¶ La préoccupation pour la formation à un métier débouchant sur l’emploi durable comme priorité commune des politiques et du monde économique ; associée à cela, une profonde compréhension dans les ministères et milieux correspondant à notre « Éducation Nationale » d’une proposition simple. Celle qui suggère qu’il ne sert à rien de diplômer 90 pour cent d’une classe d’âge avec un titre académique qui ne débouche pas sur l’emploi mais uniquement sur la possibilité de poursuivre des études qui, à leur tour, ne déboucheront pas sur l’emploi.

¶ La haute considération accordée par tous à l’apprentissage et à la formation profes-sionnelle qui sont valorisés autant que l’enseignement « académique » ; en corolaire à cet état d’esprit positif, la mise en place de mécanismes d’apprentissage adaptés aux industries performantes qui réussissent à l’exportation, année après année.

¶ L’élaboration d’une règlementation du travail, d’une gestion du chômage et de poli-tiques de formation qui incitent fortement l’employeur à maintenir l’emploi en pé-riode difficile, le travailleur à reprendre rapidement un emploi et toutes les parties concernées à recruter des jeunes, tant en apprentissage qu’en contrat de travail défi-nitif comme à maintenir les « seniors » dans l’emploi. Cette approche privilégie la flexibilité et personne ne considère qu’il s’agit là d’un privilège accordé aux em-ployeurs. Au contraire, tous s’accordent à reconnaître que c’est l’une des clefs de l’adaptabilité rapide aux changements extérieurs.

Il faut également mentionner que, dans le courant des années 80/90, certains de ces pays qui réussissent aujourd’hui fort bien sur le front de l’emploi ont connu des situa-

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tions comparables à celle que connaît aujourd’hui la France. Ils ont alors su prendre des décisions courageuses, grâce à :

¶ Une forte conviction partagée par tous qu’attendre serait pire que traiter les pro-blèmes sur le champ ;

¶ La disposition sincère de tous à remettre en question les « avantages acquis » ;

¶ L’ouverture intellectuelle et le courage (politique et syndical) pour examiner des modèles différents existant ailleurs ;

¶ Une forte collaboration et appui mutuel de toutes les parties concernées pour élabo-rer et mettre en place des solutions apportant de façon durable les résultats escomp-tés ;

¶ Le strict respect des « règles du jeu » de la part de tous ; comme corolaire de ce res-pect, une grande exigence de transparence et la mise en place de mécanismes et moyens permettant qu’elle se manifeste.

En conclusion, je voudrais mentionner une expérience personnelle de contribution à la résolution de cette problématique de l’emploi dans notre pays. En 1997, puis à nou-veau en 2002, l’Allemagne et la France ont reçu sur ces problématiques, le même dia-gnostic de la même source : le McKinsey Global Institute. Comme responsable du vo-let français de ces travaux, j’ai rencontré de nombreux hommes politiques, décideurs de la haute administration, dirigeants syndicaux et chefs d’entreprises. Mon homo-logue allemand a fait de même dans son pays. Toutefois, les dirigeants et décideurs des deux pays se sont comportés différemment, le dialogue entre entreprises, syndicats et pouvoirs politiques n’étant pas le même.

¶ En Allemagne, toutes les questions et tous les débats ont eu trait à la façon de mettre en œuvre nos recommandations et à la nécessité d’aller plus loin dans la pré-cision et les détails des recommandations. Quinze ans plus tard, les résultats sont là.

¶ En France, les débats ont porté essentiellement sur les raisons pour lesquelles nos recommandations n’étaient pas applicables et pourquoi il n’était pas possible de changer ce qui ne fonctionnait pas depuis plus de quarante ans. La seule évolution positive qui a découlé de nos recommandations a été la mise en place – assez réus-sie – du plan pour l’emploi des seniors.

* * *

Comment, alors, modifier de façon claire et durable tous ces éléments d’inconscient collectif qui amènent les différents acteurs du monde du travail en France à accepter des pratiques et politiques de l’emploi néfastes ? Comment faire en sorte que ces mêmes acteurs acceptent d’examiner et d’envisager des solutions qui fonctionnent dans d’autres pays ? La section qui suit conclut avec quelques pistes de réflexion.

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PISTES DE RÉFLEXION ET IDÉES POUR LA CONCERTATION

Compte tenu de l’ampleur des défis et de l’importance des modifications de compor-tement à obtenir, il faut prévoir un effort de longue durée (une législature au moins), réparti entre de nombreux acteurs. Quelques prérequis doivent être mentionnés, toute-fois :

¶ Comprendre que l’on ne résoudra pas la situation avec des modifications margi-nales ; accepter que des changements profonds sont nécessaires, impliquant des re-mises en question déchirantes ;

¶ Être convaincu que le calendrier du changement sera long et qu’il est irréaliste de croire aux résultats rapides, pire de les promettre ; des promesses de résultats ra-pides ne seraient que le reflet d’une incompréhension profonde de la situation ou, pire encore, les symptômes de motivations discutables ;

¶ Ne pas hésiter à s’inspirer de solutions qui fonctionnent de façon durable et remar-quable dans d’autres pays ; inutile de « réinventer la roue », focalisons-nous sur son « adaptation » ;

¶ Commencer par des « expérimentations contenues » (sectorielles ou autres) ; ne pas hésiter à corriger souvent pour améliorer les solutions initialement retenues ; privi-légier l’approche contractuelle à l’approche législative ;

¶ Communiquer de façon prudente mais opportune pour célébrer les réussites, accep-ter et expliquer quelques inévitables échecs en en recherchant les causes et adopter une attitude et des messages favorisant les « améliorations continues ».

Encore une fois, il me paraît fondamental de souligner que la seule recherche de solu-tions qui auraient un impact à court-terme serait au minimum l’aveu de l’incompréhension profonde du diagnostic des pages qui précède et de l’ampleur du défi. Au pire, une manifestation de motivations électorales plus que la recherche au-thentique et sincère de l’amélioration du sort de nos concitoyens.

* * *

Les actions nécessaires sont connues ; elles ont fait l’objet de nombreux rapports. L’un des plus anciens est sans doute le rapport du comité Rueff-Armand (1959) ; l’un de plus récents, le deuxième rapport de la commission Attali (2010) ; citons également pour mémoire le rapport Camdessus de 2004. L’annexe 2 de ce document regroupe celles qui me paraissent les plus pertinentes pour la problématique de l’emploi.

La seule action additionnelle que cette étude veut proposer, car les analyses ont identi-fié la corrélation entre emploi des jeunes et emploi de toute la population, c’est la « réorientation vers le travail » – dès la fin de la période de scolarité obligatoire – des jeunes qui n’ont rien à gagner à la poursuite d’études longues qui ne déboucheront pas sur l’emploi. En d’autres termes, il faut arrêter de « parquer » ces jeunes dans des études inutiles qui, de surcroît, réduisent leur capacité à apprendre un vrai métier et à obtenir un emploi stable bien rémunéré. Il faut au contraire les (ré) orienter vers ces formations professionnelles qui leur permettront d’acquérir un métier, en particulier

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dans ces secteurs dans lesquels existent de nombreuses offres de travail que l’on n’arrive pas à pourvoir.

Pour la mise en œuvre des nombreuses actions nécessaires, la coordination de l’effort de longue durée requis devra être assurée au plus haut niveau de l’État (Présidence, Premier Ministre) ; les étapes pourraient en être les suivantes :

1. Étape 1 (3 à 6 mois) : réunir un petit nombre d’acteurs réellement représentatifs et leur faire part du diagnostic ; recueillir leurs suggestions ; évaluer leur intérêt et ré-ceptivité ;

a. dans un premier temps, individuellement ;

b. dans un deuxième temps, ensemble ;

2. Étape 2 (12 à 18 mois) : amorcer un effort de grande envergure auprès des princi-paux acteurs. Lancer plusieurs initiatives parallèles au sein des différents groupes d’intérêt ; les laisser avancer chacun de son côté et ne les réunir que lorsque chacun sera individuellement convaincu du problème (diagnostic effectué / partagé) et per-suadé de la nécessité d’agir.

a. Ministères : travail/emploi, solidarité sociale, économie/finances, éducation na-tionale, etc.

b. Patronat : AFEP, CGPME, MEDEF, etc.

c. Syndicats ;

d. « Think tanks » de tous bords : Conseil de l’emploi, des revenus et de la cohésion sociale, Fondation pour l’Innovation Politique, Fondation Jean Jaurès, Fondation Robert Schuman, Institut Montaigne, La Forge, Terra Nova ;

e. Cabinets de conseil ;

f. Autres à définir ;

Dans cette étape, il sera important de faire en sorte que les différents acteurs impli-qués rencontrent leurs homologues dans les huit pays mentionnés précédemment et approfondissent à leur contact la compréhension des solutions efficaces pour l’emploi des jeunes, des seniors et donc de l’ensemble de la population active.

3. Étape 3 (3 mois) : communiquer à chacun des différents acteurs de l’étape 2 l’ensemble des conclusions de tous ;

4. Étape 4 (3 à 6 mois) : réunir les différents acteurs de l’étape 2 et les faire travailler ensemble pour arriver à des conclusions communes et partagées par tous ;

5. Étape 5 (6 mois) : Communiquer à un public plus large – mais encore restreint – les conclusions de l’étape 4 ; observer les réactions et les critiques / suggestions ;

6. Étape 6 (longue durée) : faire du sujet une grande cause nationale (comme la sécuri-té routière) et lancer la communication à grande échelle, utilisant les media tradi-tionnels et non-traditionnels ; prendre les mesures nécessaires (budgets, lois, règle-ments, etc.) ;

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7. Étape 7 (longue durée) : ajuster les mesures en fonction des résultats ; communiquer les succès au fur et à mesure qu’ils apparaissent, de façon à renforcer la création d’une dynamique positive et consolider le changement des mentalités (modification des croyances et pratiques).

* * *

Voilà donc quelques idées et pistes d’action qui devraient permettre, avec le temps, de mettre fin à des pratiques néfastes à l’emploi qui durent depuis plus de quarante ans. Pour en assurer la mise en œuvre, il est nécessaire qu’elles soient défendues et pous-sées par un champion ; celui-ci pourrait être le chef de l’État ou une personne que ce dernier aura désignée et avec laquelle il gardera un contact étroit et fréquent.

Une fois encore, l’effort à accomplir est de longue durée et doit s’inscrire dans le cadre d’une législature entière ; promettre de le faire plus rapidement ne serait pas réaliste et ne pourrait conduire qu’à de graves désillusions ; en effet, on ne résout pas en quelques semaines ou mois un problème accumulé et aggravé pendant quarante ans.

Novembre 2013

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A—1

ANNEXE 1— RAPPEL DE QUELQUES DÉFINITIONS

Chômeur : en application de la définition internationale adoptée en 1982 par le Bu-reau international du travail (BIT), un chômeur est une personne en âge de travailler (15 ans ou plus) qui répond simultanément à trois conditions :

¶ être sans emploi, c'est à dire ne pas avoir travaillé, ne serait-ce qu'une heure, durant une semaine de référence ;

¶ être disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours ;

¶ avoir cherché activement un emploi dans le mois précédent ou en avoir trouvé un qui commence dans moins de trois mois.

Population active occupée : la population active occupée regroupe l'ensemble des personnes qui ont un emploi mais sa mesure diffère selon l'observation statistique qui en est faite. On peut actuellement distinguer trois approches principales : au sens du BIT, au sens du recensement de la population, au sens de la comptabilité nationale.

La population active occupée « au sens du BIT » comprend les personnes (âgées de 15 ans ou plus) ayant travaillé (ne serait-ce qu'une heure) au cours d'une semaine donnée (appelée semaine de référence), qu'elles soient salariées, à leur compte, employeurs ou aides dans l'entreprise ou l'exploitation familiale. Elle comprend aussi les personnes pourvues d'un emploi mais qui en sont temporairement absentes pour un motif tel qu'une maladie (moins d'un an), des congés payés, un congé de maternité, un conflit du travail, une formation, une intempérie, etc. Les militaires du contingent, les apprentis et les stagiaires rémunérés font partie de la population active occupée.

Taux d’activité : le taux d'activité est le rapport entre le nombre d'actifs (actifs occu-pés et chômeurs) et l'ensemble de la population correspondante.

Taux de chômage : le taux de chômage est le pourcentage de chômeurs dans la popu-lation active (actifs occupés + chômeurs). On peut calculer un taux de chômage par âge en mettant en rapport les chômeurs d'une classe d'âge avec les actifs de cette classe d'âge.

Taux net d’emploi : le taux net d'emploi d'une classe d'individus est calculé en rap-portant le nombre d'individus de la classe ayant un emploi au nombre total d'individus dans la classe. Il peut être calculé sur l'ensemble de la population d'un pays, mais on se limite le plus souvent à la population en âge de travailler (généralement définie, en comparaison internationale, comme les personnes âgées de 15 à 64 ans), ou à une sous-catégorie de la population en âge de travailler (femmes de 25 à 29 ans par exemple).

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A—2

ANNEXE 2 PRINCIPALES ACTIONS NÉCESSAIRES POUR REDONNER DE LA

FLUIDITÉ AU MARCHÉ DE L’EMPLOI EN FRANCE

Principales action recommandées (non exhaustif) Préconisée dans rapport

Rueff-Armand Camdessus Attali

Réduire les rigidités qui affectent l’économie ● ● ●

Ententes et pratique restrictives ● ● ●

Profession fermées / réglementées ● ● ●

Réduire le coût du travail ●

Éliminer les atteintes à la véracité des couts et des prix ● ● ●

Assurer l’efficacité des marchés des biens et services ● ●

Écarter les obstacles à une croissance harmonieuse ● ● ●

Distribution ●

Normalisation et standardisation des facteurs de progrès ●

Emploi à temps partiel ● ● ●

Immigration ●

Aménagement du temps de travail ● ● ●

Politique économique régionale ●

Préférer l’emploi à l’assistanat ● ●

Permettre aux seniors de travailler plus longtemps ● ●

Permettre une intégration plus facile des jeunes sur le marché ● ●

Faciliter la création d’emplois ● ●

Favoriser la demande de travail ● ●

Remédier aux insuffisances de l’information et de l’instruction ● ● ●

Enseignement ● ● ●

Information statistique ●

Formation et information économique ● ● ●

Former pour le XXIème siècle ● ●

Favoriser le développement d’une économie innovante ● ●

Réformer l’administration ● ● ●

Agiliser l’État ● ●