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LA TRANSFIXION

DE LA TRÈS SAINTE VIERGE _-

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N

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JJJ?pr117?aIi;r

Moulins, le 1 11 décembre 1912.

f- N-HA Pi I

Iivéqr,e dc i!!oul/nx.

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ÉTUDE D'ICONOGRAPHIE MARIALE

LA TRANSFIXION

DE LA TRÈS SAINTE VIERGEdans l'Art et spécialement dans le vitrail

de la « Pietà » de lôglise Notre-Dantede Montluçon

N sait combien l'Art religieux, de

Z ' toutes les époques chrétiennes, a-copieusement « illustré )) et coin-men té les Saintes Ecrit ures, lesouvrages des docteurs, 'es tradi-tions populaires se rapportant auxscènes de la vie de la Ti-ès SainteVierge, et aussi la place qu'il u

faite à l'expression des souffrances éprouvées par soncoeur maternel lors de la Passion et (le lit de sonFils.

Parmi tant d'oeuvres artistiques consacrées à mettreen relief le côté douloureux (le la vie de Marie, il estintéressant de suivre, à travers le temps et les écoles,l'évolution de la pensée de nos bons « ymagiers )), -sculpteurs ou peintres, - interprétant - la doctrine de

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II h h il il hi 111111D 1111111 II

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]ÀTIiNSVtXION

l'E;lise ou si ni pi é nl e nt les manifestations de la piétémariale.

On se rend compte qu'ils ont voulu exprimer tilledouleur profonde autant que vive, intense même,mais pourtant toujours digne de Dieu qui J'inspire etde la Vierge-Martyre qui l'éprouve et que le textesacré nous montre e debout n au pied de la Croix.

L'expression de ce sentiment a un nom en i con ogra-plie mariale (1) c'est la e Tran.s-fzirion n, par ïIllusiondirecte au glaive symbolique ou ait faisceau mystiquedes sept glaives de douleurs qui transpercèrent l'âmede Marie, associée aux souffrances du Christ et par làâ Voeu vrc de rédemption du monde.

De trop nombreux-artistes de l'époque réaliste,surtout en Occident, (2) sont allés plus loin. Oubliantla dignité de Marie, - dignité et force d'âme que lesdocteurs et les chants de l'Eglise proclament pourtantsi expressément, - ils ont découronné la Mère de Dieu,la e Femme Forte n par excellence, de la vraie gran-deur qui rend sa douleur si émouvante et si haute,pour la rabaisser jusqu'aux crises de désespoir d'unecréature ordinaire, aux défaillances entre les bras dessaintes femmes et même de saint Jean... C'est ce qu'on

(1) CI> irailé d'iconographe chrélienne, par Mgr Xavier Barbierdu Montault. Paris, Vivès, édit., 1570. 2 volumes, p. 230.

(2) Le Guide rk lu Peinture, code (le l'Art cii Orient, et qui futdéco n vert au Mont A Lb os, décrit cependant le ii Cri ici li Cm en t s encos ternies « Derrière le C t i ri s t, sa Mère éva ii u u ie, d'autres femmeslIONIn soutiennent ii. Maki' l'ésano,,issen,ent si oriental, i CII Juger terles pci n tu re.s grecques, n'a rien (le Con] pa raMe an y ul gai 'e« spasme s t radu t par mis peintres sens' id is tes.

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LA Tll.sNSFIXlON 5

a appelé, en art, lie oison oui le « Spasme i' de

l'italien Spasirno (1).Nous ne parlerons pas ici de ces derii ières interpré-

t ai ion s de la- do u leu r de la Sainte- Vierge, d'abordparce quel l es sont trop eu contradiction avec le texteé\-allgéllque et la doctrine catholique, et aussi parcequelles nous apparaissent plutôt comme de miséra Mes(( ressources d'atelier n. -

S'il est de tradition - d'ailleurs conforme .lit

commun et à la vraisemblancece - que Marie a pleuréet a souffert surtout dans les scènes diverses clii Yen-di-ecfl Saint, c'est que les larmes et la souffrance, dont1')] oui me-Dieu avait donné sont divines.Mais nons ne sali rions voir la Mère de Dieu se pâmercomme une femme nerveuse, se tordre dans le spis-

(1) Les artisies peu religieux de l'époque naturaliste se sont plu ilcet évanouissement d 0111011 leu N et réisu gn an t de Ma l ie- Ils l'ontrepréselitée clans le t spasme en cinq ci rconsIa lices partietul ères -I ) à fa eh ale de, S'a are,, r monta n! or, Cajun ire (Part Ver oo ùse n t'LoUVI e) - 2) il Crucifixion (aie usée (le Moulins, un cri, ci fi e-ulielil attribué h Gérard Sin, aile ; florcuitinMelilling, h BrugesLuira Signorelli. dans lune ha III ii, ce Peine, air le est cons piète-ille n t couchée par Icire ; Jacques11es lIe!liiii, lui Louv (e et lit, Muséeli réra ; l'aras Cranach, etc.) 3) à lu descente de Croix (Giotto,i'adolle Le Sodoma - n,ltureilenielut - dans l'église (le San Fran-cisco, à Sienne Daniel 11e Volterre, à Chantill yLe Tintoret. aitlu usée de Caca, tin (les talul eaux les plus lvju i q ues de cette série ; lesal ine peintre dans une toile du mséedu I'i tti ; Vederigo Barocci, illa Caihédrale (le Pérouse : Rembrandt ; Le Brun, etc. tin émailpeint de Nardon Peinicaud, de l'ancienne collection Spitzer, etc.); -'t) à la srè,le rie /e r Piela » (Botticelli, à ta pinacothèque (leMunich ; Victor Carpaccio, ail musée de Berlin Daniel de Vol-terre, nU musée tic Clin n t i 11v ; Annibal Carrnclie, air vre

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LA .1 - R .SNSI'I NON

me, s'effondrer dans une syncope, désespérée etcouchée dans Oui sans aucundoute, Elle n pleuré et souffert mais E11ê u souffertet pleuré... debout u Sichal »..

La « l'ransfi.rion » (I) est d 011e, en Iconographie, lareprésentation des douleurs de Marie provoquées parla Passion de min Fils, sa mort et son ei)sevelisseuTsent,

Comme le disait si bien notre é ni inc nt compatriote,M. En, ile Màle (2), c'est Fécho des souffrances duChristt (la ns le CWUF (le 5t Mère.

lici ii bru id t, Pm mi«à E u gè ii e I )Cl ter. ix (184'.) - 5) é 1 'e,z.seeelis,ç-e-incal. (Les mises ail l,,rni,e,,u de l'église Sainl-I.aurenl. à Eu,de l'église Notre-Dame de S lu ni tir un énia il 'ci n t par Jean II'dnicat,d, (le I'ancieune collection Spitzer. —(Cf. en intro des oeuvresindiquées p1t,s Ii:c,it, les auteurs suivantsM. l'abbé Àul,ei.11iRloire e! lhèoric cl,, sqnihrIis,,,e ;-eligieur, 1872 7 T. [Y. p. 130; leC de ( rima û s -d (le Saint-Laurentt Guide de ('cri elrrélie;,, T. 1111étude XVII; t'. IV. études IX, X, Xi - le 11.1'. 'terrien, s. j.La Mère (le Dira, 1. 19$ - je docte abbé J. C. ItroussolleDe la Vixilolio,, à (o I'asxion. (Téqui, 194)8. pages 335. 336, et 421.)qui thrns ole de .1 u si es pro test itt ou s cool t les excès du rda li sine.cite l'opinion de l3enoit XIV, (le Suarez cl de Saint Fi-ançois dcSales sur le '1ième sujet et rappelle que te lento le tomba jamaiscia,; s (le ImmMm billes dan s ses fiesq,, es si 0001 brou ses, où lesdouleurs (le la Sainte Vi orge saut exprimées d'une ffaçon pourtant sicxi, ressivc. -La Légende I)orée ne disait-elle pas : ci S ta bat, u laec-cati, non incti,,ata non j,ueelsal, non se,leh:,t, no,, (leilique enflacrut, i-ed Stabat

(1) 1). latin1,-a na-fi.ruii, supin de lia;, s/igere. percer d'outreen outre ; (le 110 us et figo-e. Pli tuer. Littré.

(2) L '11 1 1 ;elis,i-ieux de la fin du ruoqen 6 4-e eu France, Paris,ris,lih.Ar p ,u:.nd Colin, 1908, p. IlS.

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i,TliÀNSrixION

i!Eglise l'avait déjà fait entendre quand, le 13 mai6O). par la bouche du Pape Boniface IV, elle con 511

cru it â la Mère (le Dieu, l'a nei en Panthéon de Rom e,sous le titre assez e suggestif n (le Sainte « Marie desMartyrs n (1) Elle devait bientôt l'invoquer en touslieux sous celui de « Reine des Martyrs n, ReginaMarlyrum...

Les Docteurs, les auteurs ecclésiastiques ne firentque commenter cette pensée, au cours des siècleschrétiens.

Albert-le-G ra id nommait Marie e le Martyr desMarty rs n (2). Les Saints, les inspirées, qui exercèrentune si grande influence sur la piété de leurs contem-porains professaient la même doctrine que les gravesthéologiens et l'exprimaient avec plus d'abondanceet d'émotion.

Sainte Brigitte rie prêtait-elle pas à la Vierge cestendres paroles e les douleurs de Jésus étaient niesdouleurs. parce que son cœur était voeu coeur n. (3)

Ce que le Miroir de l'humaine Salvalion - qui futle livre (le dévotion le plus populaire du moyen-âge- traduisait au XI V' siècle par ces mots e toutes lesdouleurs que N ostre (lit Sauveur porta, Marie pareil-lem eut, par compassion, supporta. (4) n

(1) Cr. Article, dii Il. P. Lepicicr. flibliothùque des .4na!ec/rin' 21, r( rie Marlqrio Iieaier Virg un.' s

(2)1k iaurlibux heai. Maria., lii,. lU, ca l) . XII.(3) Révélations. T. 1, p. 35.

(4) I vers . 1324) fol. XXI V. cfEt ode si.. le Spec. S. h. Thèse rom plénien ta ire, par Paul Per-

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J,A TflNSFlXiOÇ

Le chapitre XXV f du même Miroir, entièrementconsacré à la Compassion de Marie, fait exactement lependant des premiers chapitres employés à décrirela Passion : « Danss les précédents chapitres, 110 usavons entendu k récit de la Passion de notre Sauveur,Coflséquenimenl nous allons écourter celui des douleursde sa très douce Mère n...

Les manuscrits, les livres d'l-leures du quatorzièmesiècle et du suivant sont pleins de touchantes considé-rations sur les douleurs et la Compassion (le laVierge (I).

En fin les églises, les mon as! ères, jusqu'aux P1 Us

hum Mes oratoires de l'Occident retentissaient alors(les strophes du Siahal, formé de fragments de prosesdu xi t' siècle, et qui trouva sa formule définitive ausiècle sui van t S

o us lit plume de Jacopone da Todi oùcelle de Thomas de Celano (2). On chantait

drizet. maure (le conférences à l'Université (le Nancv, Paris. U.Champion. éd. 1008. ch.XX V, XXXV. XLIV. L'auteur pense (p. 1)que 'e chapitre consacré aux sept douleurs de la Vierge s pu êtreajouté vers le milieu du XIV' siècle au texte primitif du S. Il. S.

(I) Cf. Prières à in Vierge, d 'apriO( les /11(177 uscrii.s dii fllOIJCfl -

par Léon Gautier, Victor Palmé, éd. 1879, 5'' édition, p. 13'tet suivantes.

(2) Cf. ltoppeuot « La Sainie Vierge n , p. 217. Le jésuite éruditfil remarquer que dans un manuscrit du XII' siècle, on trouve unfragmn en t qui a pour titre -: 4m Pin ric/ns Marie n, et qui offre lamoitié d'une strophc du Stabat, avec un léger change nient

Quis est homo qui non IleretC], risti Matrem si videretIn ianié

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LA iRA NSFI NION PAR liN GLAIVE 9

Stabat Mater dolorosa,Debout au pied (le la Croixj usta cruceni lacryrnosa,à laquelle soit étaitDuni pendeha' Filius.suspendu, la Mère de dou-

leur pleurait.Cujux aninam geinenleïn,Son finie géni j ssante, rem-Conlrislakun et doienteinplie de tristesse et désolée,PERTuAN5IVIT gtadius.-.lut transpercée d'un glaive.

Les artistes instruits par toute cette littérature ascé-tique, par les thèses des docteurs, les manifestationsde la piété populaire, après avoir célébré les vertuset les gloires de la Vierge Mère, scrutèrent les dou-leurs de la Corédernptrice.

Ils rendirent d'une façon sensible la Tran siixionde l'aine de Marie et dotèrent l'art religieux d'unedouble série de symboles.

L - La Transiixion par un glaive

L'art marial interpréta tout 'e mot qui, dansl'Evangile, voue la Vierge à la douleur pour toute savie, je veux dire les redoutables prédictions du vieil-lard Siméon au jour de la Présentation de Jésus et dela Purification de Marie, au temple..

Le vieux prophète, après avoir parlé des gloires duMessie et des effets de sa mission, avait annoncé à lapauvre Mère qu'à cause de Lui, son âme à elle seraittranspercée d'un glaive de douleur: « Et Itiani ipsiiisanimam pertransibit giadius » (1)...

(I) Saint Lue, 11, 35.

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10 LATIL'hNSFIXION

i)evan! les berceaux les mères aiment à se faire des'.'CS (le bonheur et sont heureuses qu'on leur montre

la destinée de leurs fils en rose. Marie entend, autemple, des promesses (le souffrances et la prédiction,pour son Fils, et pour elle, d'un avenir plein de sang...

L'Egl j se avait commente' la sinistre prophétie danssForai son de la fête de la Compassion (1

« O Dieu, dans la Passion duquel, selon la prédic-tion du prophète Sirnéon, lit douce âme de la glo-rieuse Vierge Marie, voire Mère, a été transpercée parun glaive de douleur, daignez nous accorder qu'enhon oran t pieusement lit Irans/i.vion (t ra n sf1 xi oiiem) etla passion de cette même Vierge, nous obtenions_ departiciper aux heureux fruits (le votre Passion. Vousqui vivez et régliez, etc.))

Le glaive annoncécé par Siméon exprimait donc, dansla pensée (le l'Eglise, toutes les tortures de la vie deMarie. Mais elle alla plus loin et précisa le coup parti-entier qui devait les résumer toutes: la vile 1e 5011

Fils mourant sur la Croix. Pour elle, la lance de Lon-glu qui ouvrit le coeur du Christ et attesta cette mort,lui sembla percer aussi le coeur de sa Mère.

Voilà pourquoi l'Office de Notre-Dante '(les Sept-Douleurs fait dire ii tous les clercs

« Le fer (le la lance du soldat qui perça le côté duSauveur, transperça aussi l'âme de la Vierge saMère a (2)..

(1)M ssel. Feriasex la s »l Dons iii cari] Passion s, n ' Leste septe nl)olorn p i, U. M. V.— et Dorninica 111 Sc1flembris.

(2)B révi aile - Pars Ver nn.1' en n VI posi d oiu iii. 'l'ast OIS S.

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I.À TIIANSFIXION PAIS UN GLAIVE Il

C'est l'idée mystique que l'art chrétien des treizièmeet quatorzième siècles interprèta de préférence etavant tout autre.

Tandis qu'on liC COfl tuait pas d'oeuvres exprimant, àpropos de la Pu r lica t Ofl (le Mari e, là terrible parole<le Sitnéoii, les exemples du glaive qui, au Calvaire,transperça du mêmee cou p le cI et' r du Christ et celuide sa Mère, sont nombreux.

Les i lui agi ers ont, rigoureusement et à la lettre,interprété la considération symbolique dont nousVenons de parler, A) dans la scène du Crucifiement, etB) dans celle de la Piela qui lui fait suite.

À. - Pour la série du Cnue,t'lr.IlNi' nous citeronsentre autres oeuvres ca ractéri si iq tics qui représententteiu talternativementcli t un glaive oui un trait partant du côté

nocturne. I .eçn ii V. verset « l'es-,-,? ni in n( ive in ilitaris (obis q uirle,,tSa l,'aior,-s, r n je' an, trin ira nui,',! I 'irgi,t/s 3h, (ri-v. n

Cest celte consid ému on qui faisait di le à Saint Bern ard « C'estvotre coeur, 'i Mète, qui est tra nspercé par le fer tic cette lance,Mcii plus que celui de voire fils, quia déjà re,irlu son (lei-nier sou-p' Son Aine n'est Plus lii niais c'est t;u vôt,-e qui ne s'en peut déta-cher ii... - e O Marie, en considérant la violence (te ta dnuletir quin Irarersè Votre Anie, nous vous pmoeta nons plus que Al artyr...N'a-l .el te ISIS été pi ti pé ii dl ra il te fin',... gin i '-e dans votre âme P...Comment votre Auiie su tendre "'cil sciait-elle pas traversée, qti:iiiduns coeurs à 00115. nos coeurs de fer et (te bronze, se sentent déchi-rés au seul souvenir de ce. ( l ire le vôtre dut alors souffrir, n

Et plus tard, ii .t3u,ssi,el:s il faut donc vous entretenir des aiflic-tiens sic M n rie. il fan t (lue j'eN pnse à vos veux celte sangla nieble"u" e qn j perce s-o;: cœur, et que vous voyez s'il se peut encorexrlij,-nei' relie ,,la je. » ci'' sel mon sin la Coin passion (le Isu SainteVierge, P' point.) -

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Fig.

12 1.1%IItÀNSFIX ION

ouvert par lit dans lit (lu Sauveur etatteignant ic coeur de la Vierge- Un ivoire du XIIV siècle (dans 'e Musée d0

Vatican (I). - C'est un /rait qui frappe Marie).- Une inznu'zlurc du Xi Y' siècle (/iR 1). qui sert h

illustrer mie « Bible en figu jes n, manuscrit, n 4(X),du fonds français, à lit Nationale (2).

(I) cr. 'lgr t3arj,ier (leMul,tault. CLIV. cité. .t1, 240.

(2) D'après M. l'abbé Broussolic (uuv. cité, fig. 115, cl i' 8'il), ilaurait été exécuté en Angleterre. S la fin (lu XIII' siècle 011

débutut du XIV'. 1%!. M û le, j ns pres.si ona é par certains détails (le COS tu in e,

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w

I 'I

lÀ TRANSFIXION PAR UN GLAIVE 13

- Une autre minialure du ms. 188 (fol. L) de lamême bibliothèque e avec cette différence, ditM. l'abbé Broussolle, que l'énorme glaive planté dansla poitrine de Marie ne - ort pas directement, commedans le n° 400, de la plaie ouverte dans le coeur deJésus ».

Fig. 2. 8t.NE , Devant dAiteP. (XlVIidI)

- C'est également le cas de la Crucifixion quidécore un large devant d'autel (fi . 2) du XIVe siècle,conservé cii Suisse, dans le trésor de la Cathédrale deBerne, sous la dénomination d' « antiquités bourgui-gnonnes n. Cette belle étoffe tissée fut trouvée au soir

pense que le 400 n été enluminé vers 1380 ou 1390_N on s crovo us queIl lu ésu.cc. des e quatre clous s sur le crucifix rappelant les pro-cédés du siècle précédent doit fai te adnsel li-e une l'inspiration de cemotif au moins ii été empruntée an X111 siècle.

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Li ouvre Ivoire60Fig. 3.

14 LA TRANSFIX ION

de la bataille de Granson, le 3 mars 1476, dans ht tentede Charles-le-Téinér;tire dont elle ornait la chapelleportative (1).- Un vitrail du XIVO siècle de Fribourg-en-Bris-

gau (2).

- Une crucifixion du second registre du feuillet degauche d'un diptyque en ivoire, ir 60, du musée duLouvre, (ft. 3). de la première moitié du XIV"siècle (3).

(1) Elle est reproduite ici d'après les planches des u A r/.ç auilfotjen-Jt ge u, par André du Soni iii erarti, Pinris, 1M6,0, AIlas V. série10, planche XXIX.

(2)M. E. MAie /4,'! Religieux (lu XIII" siècle en 1"rauee. Paris,Ernest Leroux, lii,., édition de 1898. p 211 -et Vllruua deBourges, élude XII.

(3)M. Meliuier Le Louvre. catalogue des ivoires, p. 139. Celuiqui BOUS occupe provient de l'ancienne collection Sauvageol(n' 293)— cf. Grirnoflard tic Saint-Laurent, Guide (le l'1r1 Chrèlien,T.IV, P 316 7 fig. 28.

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Fi 4.

LA iI(ANSFINION PAR UN GLAIVE 15

- Le feuillet de gauche d'un autre diptyque enivoire, du XIV siècle (fig. 4), qui provient de la col-lection de M. Albert Maignan (I). Un trait ici encoreremplace le glaive.

- Un autre ivoire du musée de Dijon. De la poi-trine de Jésus s'échappe UI] rayon sous forme de lancequi frappe le coeur de la Vi eige.

t) tes Ails, 1906. novembre p. 28.

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e16 LA TRANsFt5I0N

- Une peinture sur bois, du XVC siècle, représen-tant la « Mater dolorosa » avec un glaive planté aussidans le coeur (1).-.

- Dans un tableau consacré au - Crucifiement etattribué à Albert Dürer, de 1500 environ (2). LaVierge, une[épée dans la poitrine, est évanouie aupied dela Croix.

- L'imagerie de dévotion, artistique oit populairen reprit ce thème au XIX' siècle. C'est ainsi que nousavons de E. Steinle (3) une image de Dusseldorf quimontre Marie dolente, près de la croix dont le Christest absent. Une dague le remplace et dirige sa pointeaiguë vers la poitrine de la Vierge. - La maisonDesclée, de Lille, a édité une vierge assise en pleursau pied de la croix et dont le coeur est percé par unelongue épée. Cette petite vignette en! couleur, qui alesallures des miniatures du XV' siècle, reproduiraitl'image porte sur lui, depuis sa conversion jusqu'à samort, par saint Ignace (4). - L'ancienne maison Bas-set et celle plus moderne de Bouasse-Lebel (750), cheznous, et de Benziger, en Suisse, pour ne parler quedes principales, ont toutes des images qui dérivent plusou moins du type de transfixion que nous étudions.

(t) M. L. Ctoquet, ElénienM d'iconographie chrétienne. Deselée,Lute, 1890, p. 126.

(2)D'après Weisbach. L'original est dans te cabinet d'Estampes deBerlin deux autres états sont dans le cabinet (le Dresde, cf. Dûrerhachette, 1908, 5. 346.

(3) Elle est gravée très finement par N. NtIlTer.

(4)Son titre principal est s Maria à corde

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.3 Ci .I ::3r EXI, del, cf ;,ho!.

VITRAIL DE LA « PIETA»l3glise Notre-Dame de Montluçon (Allier)

ART FRANÇAIS

(Co,nmencc'n7en/ du X1 71- siècle)

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LA TI5ANSFIXION PAR UN GLAIVE 19

B. - Pour la scène de la PIETÀ, nous pouvons citerentre autres oeuvres anciennes et modernes qui sontpresque toutes conçues suivant la même inspirationle beau vitrail de l'Eglise de Notre-Dame, à Montluçon,Allier. (Voir la planche hors lexie).

Il est placé dans une des fenêtres de la nef méridio-nale de l'église reconstruite à la fin du XIV" siècle.

Cette représentation de la J'iela nous montre laVierge en pleurs, le coeur percé par un large glaive etadorant le Christ descendu de la croix et reposant surses genoux. A droite saint Jean l'Evangiliste, vêtud'une riche tunique soutient la tête du Sauveur, tan-dis qu'à gauche, la Madeleine, agenouillée, porte danssa main le vase de parfum qui doit servir à embaumer1e corps du Rédempteur lors de sa mise au tombeau.

Derrière Marie, deux saintes femmes, dans lesquel-les il convient de voir Marie, mère de Jacques, etMarie Salomé, considérent, en larmes, cette scèneémouvante.

C'est une belle oeuvre du commencement du XVI'siècle que.la représentation ci-jointe nous dispense dedécrire plus minutieusement (I).

(l) Nous. avons été autorisé à faire restaurer- ce - vitrail d'après noscartons. Ils ont été utilisés pour établir te cliché qui e illustre ncette présente étude. liencadreanent suffit à le dater. De plias noustrouvons les ptaas grandes ressemblances entre les ornements quidécorent d'arabesques la tunique rie saint Jean (tans cettc verrièreet ceux (lui composent te (taillas des costumes d'un vitrail de Che-vrières, près Soissons, attribué par M. Otto, ail XVI' siècle M.Otto le vitro!!, p. 68). En Ii n la garniture des manches de la robe desainte Madelei ne. faite (l'une petite ruche en mousseline, assigne bienà l'oeuvre, comme date, tes débuts du seizième siècle.

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20 LA TRANtWIXI&4

Une gravure du doucereux L.-.!. Haliez, gravée parF. Ludy, chez Em. Berthiault, imprimeur a•Tours(Il s lOi) reproduit à peu près la donnée artistique du-vitrail de Montluçon avec cette différence que lecorps du Christ repose sur le sol, et que la Viergeassise le considère, le glaive dans te coeur et lacouronne d'épines dans les mains.

Enfin le glaive unique figure dans la scène qui suitcelle de la PIETA, dans l'Ensevelissement du Christ.C'est ainsi que nous avons une curieuse petite imageenluminée en partie, ayant pour titre EnvSEPVL1VISA, et comme signature « Petr. Clouwetexcud n, qui représente la Vierge debout, une longueépée dans le coeur, contemplant les instruments de laPassion déposés à ses pieds, tandis que deux person-nages qui pourraient bien être saint Jean l'Evangé-liste et Joseph d'Arimathie, portent le divin crucifiéau tombeau.

C'est la même pensée qui a inspiré la MATER 901M-nosA, in monte calvario venerala, dont la maisonTu rgis et fils a donné une assez bonne estampe danslaquelle Marie comprime les soupirs de son coeur percépar un glaive (1).-

(-I) Ces trois images font partie tic la collection de M. Marc Denierde Moulins.

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l,ATRANSPIXION PAIS SEPT GLAIVES 21

II. -. La Transfixion par sept glaivesaccompagnés de Médaillons

A dévotion aux souffrances éprouvées par laJ Très Sainte Vierge lors du Crucifiement etdes scènes qui le précédèrent ou le suivi-

rent (1) porta logiquement les âmes chrétiennes àrechercher et à méditer chacune des circonstancesParticulières de la vie (lu Christ qui eurent leurrépercussion douloureuse dans l'âme maternelle deMarie (2).

De cette nouvelle orientation de la pensée chré-tienne naquit la dévotion aux Sept Douleurs de laTrès Sainte Vierge.

Les artistes ne firent que la rendre concrète et. lasymboliser en plantant dans le coeur (le Marie nonplus un glaive unique qui résumait son mart yre, maistitant d'épées que les théologiens et les mystiques

comptaient de douleurs principales dans sa vie.On ne sétoi,nera pas de trouver dans les premières

(I) Le Moyen Age a multiplié les vocables qui rappellent lesdouleurs de Marie Notre Daine des Douleurs, N. D. (les LarmesN. 1). de Pitié N. I). des Langueurs, etc.

(2) Cf. Analecta flollandiana, 1893. pp. 333-352 iMérisoire, par leP. Delaliave, sur les origines délit dévotion aux Sept douleurs, sousle titre decta Vierge aux Sept G ah-es » - et Abt,é Perretant ;VouecauMa nue!, p. 34. - Le Spec,,I.zn: h,, nia net Sa l,,alion ix, dont nousavons délit dit l'influence décisive sur la piété du 1M aven Age, aconsacré tout le chapitre XLI V aux Sept douleurs sic la Vierge;

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f.,' t!(ANSlCiÔ

manifestations de cette nouvelle dévotion, dans ladésignation et le nombre des souffrances éprouvéespar son coeur, quelques tâtonnements et des diver-gences facilement explicables.

Ces « flottements » tiennent à ce que pendant toutle Moyen Age la vie de Marie étant considérée commela « Passion continuée », chaque époque et surtoutchaque groupement de piété pouvait méditer, suivantses préférences, les scènes que chacun jugeait pluscaractéristiques des douleurs de la Vierge.

C'est ainsi qu'à la fin du XIII siècle, le miniaturistequi illustra la e Bible en figures » conservée aujour-d'hui à la Bibliothèque Nationale, dans le fondsfrançais, n" 4 (fig. 6), énumère ait 44, NEUFscènes douloureuses pour Marie (1), contre-coups deneuf souffrances de son Fils

1) - e la Salutation angélique à Nazareth n. — « Aujour de l'Annonciation, dit Bossuet, Marie donna sonconsentement à l'incarnation de Jésus; elle ratifia ence jour le traité de sa Passion, puisque ce jour en étaitla figure et comme lin premier préparatif

2) - la )Vafïrifé à /ielhlée,n ». — A cause de ladureté des Bethléemites qui refusèrent, ait dumonde qui allait naître, une place à leur foyer (2)

(I) Cf. Abbé l3roussolle, pp. 3'12, 381. 387, 403, 416, 423 n" 66, 424n" 67.

(2) La Nativité a bien sa place naturelle dans les M ystères joyeux,mais la piété du XIII' siècle a vu dans celte naissance (le l'Homme.Dieu, un côté douloureux pour Marie. La Crèche lui paraissait unautel, l'autel du futur sacrifice. - M. l'abbé Broussolle fait très bien

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LA TIIANSFJXIÙN PÂTI SEPT GLAIVES 23

3) - « la Cène en Jérusalem u. C'est le prélude dela Passion douloureuse. ,jésus s'humilie au ((Lavement

(les Pieds u, puis s'offre comme la victime du doublesacrifice de la Croix et de la Messe

4)— «le Jardin où il fui pris))

ressortir comment le souvenir de cet événement , pouvait causer de ladouleur à la Vierge « telle une pauvre Mère, après la mort de sonfils, se met à pleurer, quand elle se rappelle les sourires de sonenfant dans son petit berceau (p. 416).

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AI' ILAXSi'iXION

5) - e la Il!a,o!2 de Cazjp/ias 011 il fut voilé clnzølc'.s'lé s)

6) - « la Maison (le Pilule oit il fui cunrlanmé »7) - e le Mon? (lu Calvaire où il /'til crucifié »8) - « te Sépulcre oit il fui enseveli9) o le 1I'Iojai d'Olivel oit il ascendil au ciel »,

laissant la Vierge seule et privée des doux entre-tiens de son Fils....

Cette représentation d ut j OSI j r cl' tiiie ce r (aille faveurau NI Il' siècle et au sui%'ant, car on la retrouve dansdeux miniatures du Miroir de l'humaine Salua-lion (1).

Une des miniatures de Ce célèbre traité, réduit fiiiun' les sujets douloureux de la Passion (lu Christ quiaffligèrent N3 leme ni l'â me de sa Mère. Le pieuxartiste l'a re pi'ésen t,ée en face d'u nee e armoire » (2)contenant des objets q t Ji lui rappellent les souffrancesde Jésus.

À Cette vue elle se voile la figure de ses mains etcomprime les soupirs qui l'oppressent. Les nUIT

comparti mcii ts renfermentLa Crèche; ic glaivec/'Hérode q ui mit fi mort les. Innocents le Câlice de

(J) Abbé Broussolle. pp. MS.

(2) Le présence lie ce meuble. g l tli parait étrange au premier abord,.révde )uie'u la finesse d'observation (le nos tifs Mai' j e senio ni re encore ici v(r j la blein cii L ma Le mcl le. C'est aussi, en effet, unni ou "emen t, un geste de M ê me. que ( l é rassembler da lis mi ni eu bi eramilier les objets épar› (Ici ont itpluartents ?t tin bis défunt, et de lesen tirer aux heures de sulituck 'pour les contempler en promenantsur eux son regard et tin peu (le son coeur.

4'

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L¼ -rnÀNsl lx FON PAR SEPT GLAIVES 25

l'Agonie, an jardin des Oliviers ; la colonne et lesfouets de lit la croix, le titre de la croixcl les clous de la Crucifixion ; le suaire de SainteVéronique; la pierre du Sépulcre et la trace des piedsdu Sauveur au mont de l'Ascension (1).

On a pu remarquer que dans l'énumération desdouleurs du Christ qui sont contemplées par Marie,dans la miniature du ms. 400, - ainsi qu'en témoignel'inscription placée au-dessus de la tête de la Vierge« Maria contemplons bec et dans celle du Miroir,deux scènes figurent qui devaient bientôt être aban-données par la piété des fidèles et l'Art, soitNous voulons parler de l'allusion à Fi n stit ut ion del'Eucharistie et à l'Ascension du Sauveur. Evidem-ment elles durent paraître « commémorer » pour ladouce contemplative, plutôt des joies et des gloiresque des douleurs.

Aussi tes mystiques en arriveront bientôt à restrein-dre les douleurs de Marie, au nombre de SEPT (2), autantpour résumer les principales phases de sa Passion quepour obéir aux inspirations du symbolisme des Nom-bres dont l'influence se fit sentir impérieusementpendant tout le Moyen Age dans les manifestations de

(I) Mgr Barbier sic Monlault, t. il, p. 231.

(2) Il faut mentionner connue une exception bien significative, lasérie den quinze (loueurs s adoptée à la (in du XVr siècle parcertains livres de piété comme tes Louanges de Notre-Daine(incunable imprimé chez Miche! Le Noir). Cf. M. Mâle, p. 120, note 3.

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26 LÀ THANSI'tXlOx

la Piété comme dans la construction et l'ornementa-tion des édifices et du mobilier religieux (1).

Les sept douleurs de Marie paraissent fixées dès lafin du N IV siècle suivant les scènes suivantes (jut

1) M. (le Griniofiarcl de Saint-Lancent (00v. cité, t. III, p. -III),rappel le que e d'après une -er-s °ii (10111 B e nol t XIV lu i-I,, ne (deFexils. Eh. Il, cap IV. q 9), s'était fait l'interprète, le chiffre (lessept (I ou leurs '-ion (Irai t (les sept fol! [lUe tirs de lOr(lie (les Se r' I t es,qu4 s'étant proposé, comme sujet spécial dcméditation. ces dota-lei' rs (le la Sainte Vierge, s'en seraient fait entre eux le partage s...Rien ne ciinlirnic celte opinion; et l'auteur. dit de l'ArtChrétien I ro u -e la vraie rai soi' titi choix des sept douleurs danss

l'idée iii vs tér e use Vtlni,ersi,lité attachée ;lit ii 0mbre de sept. I!011 sait cli effet continent le choix, lit etc., de toute chose,

étaient il . M uven Age réglés pot un symbolisme rigoureux, etaussi la place prise, paroi ces Noni 1)1-es, par le chiffre 7. Commelue lefa it i cola rq u er M. l'abbé Auber (lus-L e! théorie du S;1n: lin lis "lereligieux air, FI? e! depuis le Cl,rix?iu,l is-,ae, Paris. Eh. Eja ici1870, T. I., eh. VI.. p. t?, 107 et suivantes) le chiffe 7 pris en lui-même ou dans ses multiples re'-ient ïl chaque instant dans les calculs(le la Sainte Ecriture. Les Prophètes en lisent constamment. la Loies[ plei ne (le prescr i pt i on s où il figure. El parmi ces cxc ni les cités -I ongsm enie pst par M. Auber, ou trouve les 7 jours de lit créa ii on les7 joLi rs (le la semaine; les 7 tons de lit musique les 7 (Ions di Sai il- -Esprit ; les sept sacrementsles 7 chandeliersles 7 péclsés en pi-taux et les 7 crins qui leur sont opposées les 7 heures canonialeset les 7 psaumes de la Pénitence ; les 7 diacres élus par les apèt cesles 7 églises des temps apostoliques, etc... Spécialement par rap.Port ail sujet qui nous occupe le sagace auteur ajoute (Il.'4 délias P"' léra il Li hi n t dc la Croix sept paroles, et sa pensese Mère,dont OFF (CFFFp!e les- sept (loulcurx pendantlit I li I'assio n, hi t consolée,après s:, I ésurreciion par s-e»! allégresses. LEgI se vénèie toutes ceschoses, et l ' Église 11e lait rien qu'avec une honte raison ll. - Cf. surl'influence au Mo yen Age, du symbolisme (les Nombres M. .Eni.Mâle L-A,-1 rcligieax au VIII' siècle, 1' édition, E. Leroux. 1878,introduction, p. M.

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t,ï TuA N5FIX ION PA II SEPT GLAIVES 27

s'appuvaien t sur l'autorité du texte sacré ou de laLiturgie

- la Prophétie (le Siméon.au jour de la Purifica-tion « Un glaive transpercere aussi votre âme ».Saint Lue, lI, 35.

2 - la Fuite en JQgyple. - (LLè vo-toi promptement,prends l'Enfant et sa Mère, et fuis en Egvpte ». SaintMatIt. 11, 13.

3 - la perle de l'En fan/'Jé.sus dans le temple, à,Jérusalern. - i( Nous vous chôrchions dans les lar-mes ». Saint Lue. il, 48.

4 - la ren con Ire, sur le chemin du Calvaire, duChrist allant au supplice. :- ' ,O votrs qui passez,considérez s'il fut Jamais don leur comparablerabie à niadouleur ». Lamentations. I, 12.

5 - Marie an pied (le la c'roir sur laquelle meurt.Jésus. - « Or. près de la Croix se tenait, debout,Marie». Saint Jean, XI X. 25.

G - la descente de

Croix cl la scène de la Piéta. -u Joseph d'Arimathie demanda le corps de Jésus que saMère reçut et étreignit dans ses bras lorsqu'il fuit des-cendu de la Croix ». Liturgie : répons de l'office dela fête des Sept Douleurs, 3° du. de Septembre.

7 - Jésus enseveli sous tes jeux de sa Mère. -Saint Marc, XV, 46, et Liturgie (id.) : « Quels senti-ments fuirent les vôtres, ô Mère de Douleurs, pendantque Joseph eti veloppait votre Fils dans le linceul etle déposait dans le sépulcre! >i

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28 L5 TRANSFI?CION

• Telles sont les sept douleurs (1) qui, après quelquesvariantes (2), furent universellement adoptées (3).Elles font encore aujourd'hui l'objet de la Dévotionspéciale aux souffrances de la Très Sainte Vierge (4).

(I) Cf. saint Alphonse de Liguori r Les gloires de jilarie, troi-sième partie.

(2)pour saint Alphonse de Liguori, la 6' douleur fut le doublé

souvenir du coup de lance et de la descente (le Croix. - Pont laLégende Dorée la seconde douleur se complique du Massacre desSaints Innocents dans la septième, la Vierge souffre plutôt d'ètreforcée d'abandonner le corps de .hsus qu'on va porter dans lesépulcre que mêlée directement à cet ensevelissement. D'autresouvrages y introduisent le récit /ail par saint Irait à la Vierge dela trahison de Iodas le pèlerinage quotidien qu'elle faisait auxlieux ait s '&aienl déroulées les phases de lu Passion. A la placetic la perte (le lés ('5 n 't temple, un manuscrit (Recueil de prières àla Vierge, fin XIV' siècle, bibi. ?slaxarine n" 520, cité par M. Mâle,

120, note J) plaçait la scène des soufflets lors de la Flagellation.On aurait aussi bien pu faire dans ce catalogue douloureux une

place aux A dieux dit à sa Jliùre, apa,,l lu Passion z ainsiqsi'h l'Agonie rie Jésus au jardin (les Oliviers qui figure dans lesmystères douloureux, cl ta Condamnation (le Jésus par Pilote quicompte parmi les stations du Chemin (le la Croix. (Cf. Broussolle.pp. 417, 418 r et G'rimoûard de Saint Lanrent, III, p. III).

(3) Mgr Barbier de Montauli (p. 231) signale h Home, dansl'église de Saint-Etienne-le-Rond. une fresque du XVII"' siècle (luireprésente les mêmes douleurs. Les seules divergences sont dans lesdémuni nations.ns. La I douleur y est nommée r o Circoncision 8, latroisième: « Dispute dans le temple » z la sixième: o La descente deCroix »...

('I) Pour tout ce qui regarde l'origine, l'histoire et le culte desSept Douleurs, on lira avec les plus grands fruits et la plus parfaiteédification La Dé,,otion aux Sept Douleurs de la Sainte-Viergepar M, l'abbé Peri-etant z fils. Sauzet, à ilellev, et Nouveau Manuel,du même auteur, lib. Em. Vitte, L yon, 1904.

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LA TILANSFIXIOX l'AIS SEPT GLAIVES 29

• Cette dévohoa qui répondait aux caractèrès de lapiété de la seconde moitié du Moyen Âge devint sur-tout populaire (J) par les progrès de l'O rd t desServiles. institué au XIII' siècle, consacré spécialement5 honorer les douleursrs de lit Vierge et pourlequel la Via Mal ris - fui comme aine sorte (le cheminde Croix parallèle à celui (le SOfl Fils qu'on ne séparaitplus de sa Mère dans l'ordre des joies et des gloiresconi nie dans celui (les Souffrances.

L'Egl i se sanctionna elle-mêmee celte forme nouvelleledu (aille marial, en approu van t la première Confrériefondée en son honneur, l'an 1490, par le pieux Jean (leCoudemherghe, doyen de Saint-Cilles d'Ahembrœc]cet plus tard secrétaire de Pc ni pereu r Chai-les Quint.

Elle fit plus encore pour la dévotion aux Douleursde Marie. Elle institua cieux fêles (2) qui, réservées

(1) Au XVI I siècle la (lévotion aux Sept Douleurs était honoréedans pi us lie .000 sa o et ou res. (Cf. Pc r retint, Vo,,r Mon tir!, p. 35).

(2) Fêtes (le Net reJt)a ne des Se1, t-Don le tirs et de la compassionion (tela T. Sainte Vierge le vendredi (te la semaine (le la Passion, et le 3edimanche tic septembre. Lii déeréiniil ces (ôtes, l'Egtise ne faisait quesanctioniier la décision (lu Sviiode provincial de Cologne, cii l'i23,pal' laquelle. pour rtglenseiater (les pratique.s qui i-en,ontaient :ilimoi os au siècle précédent, une tète des i angoisses et (les douleursde Notre-Dame » était instituée. En 1482. le pape Sixte IV fil insé-rer d ails t e Missel la fête de iVo/re- I)anw (k Pitié que l'on trous' e('ails lin missel romain inipriinéis Lvon cii ifs)i, et dans celui (leParis. en 1507, cii elle figure sous le titre (le e Notre-Daine deCousp ass i o ii - En Allemagne in la dés i g ne de préférence a(>,., celuide « 1l!cxse do JlJai/l/rc ' p et (le « Douleur in Fuite (le Marie )i, -Cf Sa cr. tonsit, 'toila cl (1111/)!. collcclio. Venise, I78.5. t. 28, col.1057, ou ('00e. Colon,- a1,sid Labbe, XII. 365 - Petits Iiollan-

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30 LA ERANSFIXION

d'abord à l'Ordre des Servites et à celui des Augus-tins très répandus en France, furent concédées à lacatholicité tout cuillère.

ICONOGRAPHIE

Les progrès de la piété envers 'es sept douleurs deMarie dotèrent l'art marial de séries de représenta-tions qui témoignent, par la modification des attitudesdiverses de la Sainte Vierge et de ses attributs, com-ment l'objet de cette spéciale dévotion s'est précisé etcomplété de siècle en sièclé.

En suivant d'un peu près les efforts des artistes dansles recherches du nouveau symbole on arrive à pou-voir enfermer leurs oeuvres dans trois formules prin-cipales.

Première formule Les sept Glaives

L'art qui avait déjà traduit les intimes douleurs deMarie ait du glaive prédit par Siméon, voulutà soit rendre sensible les causes diverses de laPassion, et il multiplia les épées suivant le nombre dessouffrances qu'énuméraient, est méditant, lespieuses considérations des écrivains mystiques.

rlisles, par Mgr Guérin, article du I', Gir y, dans le t. XVI. -Eubricariuni Iireuiarii..., explanalio, auclore .I.-,J. !)ieusoilbé ni.Kong-Kong, tvphis soc. Miss. ad Externes, 1901. On consultera aussiutilement ].a de Noire-Dame des Sept-Douleurs,donnée par 'Al. l'abbé Broussolle, ouv. cité, p. 403, note S.

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LA TRANSFIXION l'An StPt GLAIVES

C'est ainsi que nous avons une première séried'images représentant les sept glaives perçant le coeurde la Vierge, « les glaives triomphaux de Marietriomphales gladios » comme s'expriment les textesdu XIV° siècle (1).

On peut diviser ce groupe en trois variétés princi-pales suivant les différentes positions qu'affectent lesglaives (2).

A) - A l'origine, c'est-à-dire vers le milieu-du XVesiècle, l'art les a réunis en un UNIQUE FAISCEAU.

On en peut donner comme exemple l'image datéede 1495 et signalée par le pieux auteur du NouveauManuel.

B) - Ensuite, dès les débuts du seizième siècle,commentant une à une les douleurs de la Passion deMarie, les artistes élalèreni les glaives sur sa poitrineou leurs pointes vinrent converger. Ils sont alorscommunément répartis trois d'un côté, quatre del'autre (3).

Le type en est donné par l'image de la premièreédition (1510) des Miracula Confraiernilatis SeplemDolorum, de Jean Coudemberghe (4).

C'est la représentation qui semble avoir obtenu lespréférences du public et qui se vulgarisa.

(L) Bibi. Mazarine, ms. 520, folio 53. - Cf. M. Mâle, p. 120.

(2) Cf. Abbé Perrelant, ouv. cité, p. 401.

(3) Cf. De Griinoûard de Saint-Laurenl, éd.

(/.) Cf. Abbé Perretant, p. 402, et M. Mâte, p.121.

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82 1.5 TRANSFIXION

Les seules variantes de ce t ype sont dans l'attitudede la Vierge r

a)—. tantôt assise, datas la scène de la Pjihs : vitrailde Contréxeville (Vosges), du XYP siècle (I).- ou reposant, solitaire, sur un petit tertre, devant

la Croix: - Image du frontispice de l'Orlus et pro-grêssus, de Jean Coudemberghe, dans l'édition donrnée par Colvener. Aux pieds de la Vierge on lit ladevise Sicul lilium inter spinas (2).- la gravure xylographique décrite par Sehreiher.

La Vierge esi assise sur un banc et porte sept glaivesjoignant leur pointe au milieu dû sa poitrine (3).

b) — tantôt enfin éloignée de la Croix, et portantavec elle le souvenir poignant de ses douleurs- deux xylographies qui figurent dans lait

de laQuodlibetica decisio de septeni doloribusMonoe.., imprimé à Schatenthal, en Autriche, en1.501 (4). - La première. placée en frontispice, repré-sente Marie en buste, pressant sur soit la pointedes épées. Dans la seconde, la Vierge, debout entreSaint Augustin et Saint Bernard, regarde douloureu-sement les sept glaives qui la transpercent.

(t) Cf. Mgr Barbier (te Monlauli. nov. cité p. 231.

(2)Cf. abbé Perretant, p. 44)8, et gravure, p. 1(Y).

(3)Cf. abbé Broussolle. p. 393.

(4) CC. Mâle (p. 121) qui a retrouvé ce recueil, relié avec un autreIvre imprimé à Anvers, en 1 àIO, clans le fonds (le la bibliothèqueMazarine incunables, n 11 73. -

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LA 1RANSPIXIÙN PMI SEPt GLAIVES

- plusieurs vitraux du XVI siècle, à Ecouen (I);à Brienne-la-Ville (Aube), (Marie figure ici comme lapatronne d'un des donateurs du vitrail) (2) z à laCouture de Bernay (fin XV!' siècle)

- un buste en bois, qui émerge d'un socle ou figu-rent les instruments de la Passion, représentant laVierge, les mains jointes sur la poitrine où sont fixéssept gros glaives. C'est un(> oeuvre attribuée au XVII'siècle, d'origine espagnole (3).

Ce motif se retrouve dans les nombreuses statues del'Espagne où le culte des douleurs de la Vierge est sifervent et où le nom de D3lorès est si populaire.

C'est aussi celui qui fut cher à l'Italie qui nousoffre plusieurs spécimens célèbres de Vierge « doulou-reuse » dont le coeur apparent est percé des septglaives, comme à Home l'Addolorata du tableaud'Ubaidini, élève de Pierre de Cortone, peint vers lafin du XVIe siècle et placé dans l'église de Saint-Marco!, où il obtint les honneurs du Couronne-ment (4) la statue de I'Addolorala, placée sur legrand autel de l'église SaintetMarie « in-via n.

L'imagerie moderne a interprété fréquemment ce

(1) Cf. Otto, le Vitrail, P. 230. Cette Verrière est pacéc clans laneuvième fenetre (lu Dur méridional.

(2) Cl. Mille, p. 121, ligure .52.

(3) Cf. R. P Delattie e Lc culte de la Sainte Vierge en itfrique,d'après les n:onuln rats archéologiques, De.sclèe, Paris-Lille, (1907)pp. 192, 196; description, p. 700. - Cf. abbé Bronssolle, p. 391.

(4) Cf. De Grinioùard de Saint-Laurent, miv. cité et n 2359 denotre collection iûariale....:............

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34 LA TRANSFIXIOX

type, en représentant la Viérge soit au pied de laCroix, soit dans la scène de la Piéta, soit isolée, etordinairement la poitrine ou même le coeur • à décora-vert, percés par les glaives.

M. l'abbé Broussolle (1) en donne un exempleemprunté à Madame Jameson qui l'attribuait elle-même au Guide (2).

Fig. 7.

Nous reproduisons ici (fig. 7) une image (n" 710) de

(I) Cf. abbé Broussolle, p. 380. figure I 1G.

(2) Cf. de Grirnoflard de Saint-Laurent, III, p-112.

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I.ATilN5liXION PAR SE I l l GlAIVIls

l'importante nia Son Ben s iger. d'E in sie(Ie In, Cil S tu SSC,

qui résume tontes ces caractéristiqttes.

Les collections des éditeurs Ch. Letaille, 13es etI) u breu il, Rouasse-Le bel. Desel ée, etc, en renfler-ment de nombreux Spécimens.

C) - Enfin Fart trouva tille formule plus heureuseselon les critiques de goût r et disposa les se,?! glaivesCOIIIJfl C 1111 nimbe, vers la tête (le la Vierge autour delaquelle ils forment commee u n e auréolee de d nul eu rmais aussi (le gloire. -

On peut citer dans ce genre- IiflC des deux vignettes de linclinable signalé

par M. Emile Mâle (1).- un petittableau (le Van Dvcic (1599-1641) (2).

I)ruziè,n e /hr#n rie

Les Glaivès accompagnés de Médaillons

Pour accentuer la signification des épées et pour enrappeler toutela portée aux spectateurs ignorants ousimplement oublieux, les artistes dela lin du X V siè-cle firent aboutir les poignées (les glaives à desinscriptioiiset surtout ii des médaillons qùi nommaientou reproduisaient chacune des scènes ayant occasionnéfille spéciale douleur.

(1) N 1173 tic la bib]. Manu-inc.(2) Cf. abbé Peiretani, p.402; - abbé l3rnussnlle. p. 387, fig. Il?.

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3G LÂT1IANSIIXtÔN

C'était, comme on le voit, la co nception Sym 2)0] iq u edes artistes du XII]'* siècle. - enlumineurs de la « Iii-bic en figures'» et du Miroir de l'humaine Salualion,dont nous avons parlé. - qui est reprise et complétéeii l'époq Lt réaliste. L'art des quinzième et seizièmesiècle ne fait que combiner les représentations desscènes de la Pasion, telles que la miniature du folio44 du ms. 400 de la Bibliothèque Nationale les figureau XIIP siècle, avec les sept glaives introduits par lequatorzième siècle dans l'iconographie (les douleurs deMarie.

D'après lit des LteIxl)Es ou des M thA ILLONSon petit distinguer plusieurs variétés de ce thèiiieartistique

(t) LE rvrr AUX LÉGENDES

Nous cii trouvons ait excmpIe dans nu tableau quiipeut passer pour tin essai dont devait sortir toutecette nouvelle série (le représentation des glaives. Ilest mentionné par Georges Col 'ener (1) com mee étantconservé dans la collégiale de Douai. Chacun (lessept glaives (lui y figuraient soutenait une sorte decartouche qui portait simplement le titre dune desdouleurs de la Vierge.

(I) Go !erida riu ra S. Viri,iix Marin,ria' rio,i..s/ri 'z,;: xc,; 't zulu,,:.!l!arianu,,i im ptinié à 1)0 liai en W38. lœu vie (In chancci1er (le]'Académie de D.uai ii élé reprod mie, d'api-ès Ni. l'abbé l'erretanl,dans le tonne HP de la Surr nu, .4 arc',;.

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LA TI{ANSFU(ION PAR SEPT GLAIVES - 37

b) LE TYPE AUX SCÈNES ENFERMIES

DANS LES MÉDAILLONS

Des cartouches ou des philactères portant l'inscrip-tion des douleurs particulières de Marie, à la représen-tation même de chaque scène de la Passion, il n'y avaitqu'un pas qui fut vite franchi. Et les artistes nousmontrèrent alors les sept épées, et plus ordinairementla poignée du glaive unique prédit par le vieillardSiméon dirigé vers un des sept médaillons retraçantles phases de la Voie douloureuse de Màrie.

Comme exemple nous citerons- un lableau de l'église de Brou, oeuvre flamande

du commencement XVP siècle dans lequel Marieest représentée assise et en méditation entre deuxanges, un glaive dans la poitrine et entourée de septmédaillons, retraçant ses douloureux mystères. Des« juges compétents n' attribuent ces derniers à unautre peintre que celui de la Vierge et les regardentcomme d'une facture postérieure (1).

C'est une intéressante peinture sur bois qui a faitpartie de la galerie de Marguerite d'Autriche, à Mali-nes. Ce tableau fut 'envoyé par les exécuteurs testa-mentaires de la prkcesse à l'église de Brou fondéepar elle. Posé d'abord au-dessus du Maître-autel, il futensuite placé dans la chapelle de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs érigée en 1516, où il se trouve aujour-

(I) Cf. abbé Perretant, pp. 407.409, et gravure, en frontispice. Letableau mesure 290'de hauteur et 1'64 de largeur.

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38 LA. tIIANSFIXtON

d'hui. Il a été attribué, par quelques critiques d'art, àMeinling, et par d'autres i ses principaux disciples,Bernard Van Orley où Jean de Manlieuge (1).

- un autre tableau, de l'écoleflamande, au Muséede Bruxelles. connu sous le titré de « La Vierge aux

Sept DoulSr » qui est dé Joachim Patenier, et dudébut du XVI' siècle (2) (fig. 8.)

(1) Cf. tu dévotion à Notre-Darne des Sept-Douleurs avecquelques détails sur son histoire dans l'église (le Brou, 1,arN. l'abbé Perretant. L yon, Em. Vitte, éd., 1891, in-18, PP' 250-268.

(2)Patenier ou Pateuir, reçu dans la corporation de Saint-LueAnvers eu 1515, émit mort en 1524. Ci. bic!, des Peintres de Ad.Siret.

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LA 1IANSFiXIONPÀR UN GLAIVE 39

- un troisième tableau attribué à un des Pourbus(1556) et qui fait partie aussi du Musée. de Bruxel-les (1).

- deux miniatures; la première du livre d'heuresdé .Perrenod de Granvelle, et la seconde de l'Evangé-haire des Célestins d'Amiens, (BibI. de l'Arsenal rns.n° 625, fo 171, vo) (2).

Troisième formule les Médaillons, sans les Glaives

Mais bientôt tout glaive disparait pour plaire sangaucun doute à une génération de tièdes chrétiens quetoute idée de souffrance, brutalement symbolisée su?-tout, scandalise... Et l'on ne trouve plus autour deMarie gémissante que les seuls médaillons qui luirappellent les scènes douloureuses.

Les exemples de cette nouvelle interprétation serencontrent de préférence dans les oeuvres du com-mencement de la Renaissance.

Le R. P. P. Delahaye, savant Bollandiste qui aspécialement étudié ce genre de représentations dansl'école flamande (3), en signale quatre spècimens- I L le, tableau de Notre-Dame de Bruges, attribué

(I) On connail quatre peintres flamands (lu nom de Fourbus. Peutêtre convient-il, à cause de ].a inscrite clans le catalogueduMuséede Bruxelles, de voir dans Pierre de Pourbus le jeune (1510-1584) lepeintre de ce tableau.

() cf. M. MAle, p. 121, note 4.

(3) C. Analecta Jlollandiana, 1893, p. 333.

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40 LÂFRÀNSFIXION

5 Mostaèrt ou à Jean de Maubeuge, oeuvre lu premiertiers du XVIC siècle (1).

2 - un autre tableau du Musée d'Anvers dontAlbert Drirer serait l'auteur.

3— une réplique de ce dernier, au Musée dede Bruxelles.

k -. une toile de grande dimension peinte parJérôme Wierix.

On peut ajouter, en France, un retable peint en 1.515par un peintre de Marseille, Etienne Peson (2).

Le type de ce genre paraît être un curieux tableaude la chapelle (le l'OEuvre de la Miséricorde à Aix-en-Provence. Il fut apporté dans cette ville parie cardinalAlphonse de Richelieu, frère du grand ministre deLouis XIII, lorsqu'il fut nommé archevêque d'Aix, en1625, et donné par lui au vénérable fondateur desreligieuses Augustines de Noire-Dame de la Miséri-corde (3). Selon la donnée généralement admise dans

(I) Cf. abbé .Ilruossolle, (p. 426), dont « l'attention avait été attiréesur ce genre d'hiiages de dévotion en 1902, à l'Exposition (les Pri-n I tifs flamands de Bruges». - Il vit le tableau qui nous occupedans la salle V, sous le numéro 178. Le catalogue le datait (le 1530environ.

(2)Cf. Eau. Male (p. 120) d'après le Bulletin archéologique de laCo,,rnii.çsion des fraoaux liAloriques, 1885 p. 388.

(3) Cf. abbé Perrelant, p• 405 et simili-gravure p. 394. Cette gra-vure A été reproduite par M. l'abbé l4roussolle, fig. liS, p. 889 sousle litre de « Vierge de Richelieu s. - Pour la description détailléede cctableau voir abbé Perrelant, et Vie dit Vénérable P. Yvan, parM. le chanoine Buathier.

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LA TRÂNSI2IXION PÂlI SEPT GLAIVES 41

ce groupe, la Vierge assise et dolciite est entourée dessept médaillons dont chacun reproduit une de. ces dou-leurs, tandis qu'autour de sa tête une longue banderoleflottante porte un texte opportun autant qu'expressifdes lamentations de .Jérémie et dont la traduction nesaurait rendre la vigueui « Mon coeur est renversé enmoi-même, car je suis remplie d'amertume ;... mesgémissements sont nombreux et mon âme est maladed'affliction s (1).,. -

(1) Le texte est emprunté au livre de., l'hrènes, chapitre J, en par-tic au verset 20. en partie ait 2!.

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42. LA TIIANSPINION

L'époque de la Régence et celle des encyclopédistesétaient peu favorable à ce genre de manifestationmariale. Les images de la Vierge aux Sept Douleurs n'yabondent guère... Après la révolution, la renaissanceartistique religieuse a vu reprendre le type moinsheureux de Mater Dolorosa (1) inauguré par le païdnRembrandt qui, sur commande, montrait la Vierge,vieillie, en buste, les mains jointes et contemplant,posés devant elle, sur un banc, la couronne d'épines etles clous (2). Frédéric Overbeck (1789-1869), mieux

(I) Nous devons faire observer que nous ne parlons pas dans cetteétude du groupe de la « Vierge de Douleurs n, qui comprend lesreprésentations innombrables de la Mater Dolqroxa sans aucun svm-hole ou attribut relatif aux scènes de la Passion, par conséquentsans les glaives, sans la couronne d'épines, sans les clous. Celtesérie de madones douloureuses n'offre pas, à proprement parler, lescaractéristiques de la « Trar,f//o;, » nu sens étroit du mot, maiselle reste très expressive de l'état d'âme général de la Vierge Mar-tyre. Elle a sa place, en iconographie Mariale, dans un chapitre à partque je serais tenté de regarder comme un appendice complémentaireà celui de lit qui nous occupe. En général, la Vierge deDouleur s'y montre,— I. soit assise ait de la croix, dans une atti-tude désolée, comme la Vierge de Sébastien Bourdon, au Louvre, etla petite image de l'éditeur Biot, à Paris —2, soit d'ordinaire enbuste, les mains jointes, le visage très voilé, reflétant une vive dou-leur. C'est le genre qui eut tant de succès en Flandre. en France, enEspagne et surtout dans les écoles d'Italie, aux seizième et dix-sep-tième siècles. On en peut citer comme exemplestoile de Juste Van Gand, aux Offices, à Florence, et les jolies ou ten-dres « Mater Dolorosa » des Sassoferato, Carlu l)olci, Guido Réni.Muridés, le Titien, Roger Van der Weyder. etc.

(2) Le Beato avait déjà représenté la Vierge sans les glaives,assise, dolente, adossée à la croix- A ses piedà une couronneet les trois clous disent assez l'objet de sa tristesse. Mais entre cettefigure si douce et si pieuse et la gravure brutale de Rembrandt, onsent toute la différence qui sépare l'époque idéaliste de la périoderéaliste, l'âme d'un saint d'un pinceau du peintre charnel.

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LA TRA45FIXI0N PAR SEIt GLAIVES 43

inspiré, dans une jolie image éditée par Alca,i, n 26,la représente en pleurs, et serrant contre sa poitrinela Sainte Couronne et les trois clous.

Mais l'idée se - perd de plus en plus au cours duXIXt siècle, et Jean-Marie Bonnassieux (1810-1892)a sculpté une Notre-Dame des Douleurs debout etcontemplant la couronne d'épines que tiennent sesdeux mains dissimulées sous le large manteau quil'enveloppe toute entière.

Seule l'imagerie de dévotion a fait revivre depuiscinquante ans, pour la piété populaire, 'e souvenirdes sept glaives auquels l'art de la période idéalisteavait su attacher au moins tant d'émotion chrétienne.

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TABLE DES MATIÈRES

Avant-propos ...............3

La i'ransfixion ..............(I

I.TRANSFIXION PAR UN GI,À I'......... . 9

A. flans la scène du Crucificinen!......1B. Dans la scène (le la Pieta........19C. flans la scène de lEnscnelis.se,,zen I du Chrisl20

Il. L THANSFIXII)N l'Ait SEI'l e.i,Al"eS ...... . 2!

Première for,nulc Les sept Glaives .....30Deuxième formule Les Glaives accompagnés do

Médaillons .........5Q. ic type aux Légendes .......36b. le I vpe aux scèn es enfermées dans les

Médaillons. .....37

Troisième /brn,ule Les Médaillons sans lesGlaives ........39

Depuis le dix-septième siècle jusqu'à nos jours...4!

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Extrait de la /kpuc du Centre, 'i' I et 2

(l)écciiibrn i9I, Janvier 1913)