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Ville de Mandelieu-La Napoule / Dir. Com. La saga du mimosa, le soleil de notre cité La saga du mimosa, le soleil de notre cité

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2 - CAPITOU - La saga du mimosa, le soleil de Capitou

Sommaire

P1 1-UNPEUD’HISTOIRE… * Les lointaines origines australes de ce drôle d’acacia…

P6 2-Quelquesnotionsdebotanique * Ou la distinction entre le vrai acacia, le faux mimosa et le vrai robinier

P10 3-lacultureetlecommercedumimosa * Des horticulteurs pionniers à Capitou * Quand des milliers de soleils quittent notre cité pour conquérir le monde

P15 4-mimosiste * Un métier, une passion

P19 5-lavannerie * Le chant du roseau…

P24 6-folkloreettraditions * Une culture partagée avec nos cousins des côtes atlantiques * Une route fleurie, de Bormes-les mimosas à Grasse * Le triangle d’or et sa singulière confrérie * Une chapelle unique au monde * Une fête populaire et solidaire

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CAPITOU - La saga du mimosa, le soleil de Capitou - 3

ÉditoLes Journées Européennes du Patrimoine sont l’occasion, pour chacun d’entre nous, de partir à la découverte des petites et grandes histoires de notre cité. Ce rendez-vous avec notre patrimoine, au sens le plus large, est très suivi par les citoyens attachés aux racines de leur ville.

Après Minelle et ses vestiges archéologiques, nous avons choisi de mettre tout particulièrement en lumière l’identité fleurie d’un quartier, et par extension, de la ville entière. Le mimosa est bien plus qu’une couleur et une odeur « cueillies » au cœur de l’hiver. Cette fragrance évoque la vie des hommes et des femmes qui ont fait battre le cœur de la fleur du soleil, depuis sa culture sur notre commune au XIXe siècle jusqu’à la fête populaire qui lui est consacrée.

La réussite de la fête du mimosa – la 3ème manifestation hivernale de la Côte d’Azur – est sans nul doute liée à cette communauté de forces vives, mimosites, associations et habitants unis par la magie de cette fleur éphémère. Cette tradition festive rassemble aujourd’hui les Mandolociens-Napoulois autour d’authentiques moments de bonheur partagé. Une liesse populaire qui a donné à Mandelieu-La Napoule, le titre de Capitale du Mimosa.

Le mimosa est ainsi un capital que nous devons valoriser et transmettre. En témoins privilégiés d’une époque « en vert et jaune », les derniers représentants de la saga du mimosa se sont ainsi prêtés bien volontiers au jeu du récit. Cette brochure est le fruit de ce travail, mené remarquablement par des élus avec le Service Archives-Documentation au terme d’un long et patient processus de recherche documentaire et iconographique. Elle est et restera un précieux legs pour les générations d’aujourd’hui et de demain.

Henri LEROYMaire de Mandelieu-La Napoule

Vice-Président du Conseil Général des Alpes-MaritimesChevalier de la Légion d’Honneur

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1-unpeud’histoire…

quand Napoléon, alors 1er consul, décide d’envoyer par mer une grande expédition afin de prendre pied sur la côte sud de l’Australie, encore inexplorée et qu’on appelle « Nouvelle Hollande », il ignore le trésor qu’en ramèneront ses marins. Et notre modeste ville de Mandelieu-La Napoule est à mille lieues d’imaginer la fortune qu’elle en tirera un siècle plus tard…

C’est en octobre 1 800 que le capitaine Nicolas Baudin embarque du port du Havre avec 2 navires, le « Géographe » et le « Naturaliste » en compagnie de 24 savants (astronomes, minéralogistes, zoologistes, botanistes…) et de nombreux dessinateurs et jardiniers.

Le voyage durera plus de 3 ans et coûtera la vie à bien des membres d’équipage dont le commandant lui-même. Seuls 6 scientifiques regagneront la France, en mars 1 804. Ayant triomphé de maintes tempêtes, infortunes et maladies, ils peuvent être fiers d’avoir parfaitement réussi leur mission. En effet, les cales des navires renferment des milliers d’échantillons de minéraux, des centaines d’animaux vivants, presque tous inconnus, ainsi qu’une multitude de plantes nouvelles parmi lesquelles… les premiers mimosas. Ils seront plantés dans le parc de la Malmaison, la demeure de Napoléon, où ils fleuriront pour la première fois en 1811, sous le regard émerveillé de Joséphine de Beauharnais.

Cette espèce d’acacia, erronément appelée « mime » (1), demeurera longtemps une curiosité rare, cultivée exclusivement à l’abri des serres chauffées et des orangeries. On pouvait l’admirer en France mais également au « Royal Botanical Gardens » de Kew, en Angleterre. Ce véritable musée à ciel ouvert abrite l’une des plus riches collections de plantes au monde, fruit des nombreuses explorations du célèbre navigateur James Cook…

Il faudra attendre le second empire pour assister à l’expérimentation d’une culture en pleine terre. Le premier Acacia dealbata (2) aurait été planté, en 1864 à Cannes, dans les jardins du Château de La Bocca, par l’horticulteur Gilbert Nabonnand.

Le « Géographe » et le « Naturaliste » (expédition Nicolas Baudin - 1800)

1- mime du latin « mimus », mouvement. Nom scientifique de la « Sensitive » (ou « mimosa pudica ») donné à une plante rampante dont les feuilles ont la particularité de se replier au moindre choc !

2 - « Mimosa » est l’appellation commune, mais non scientifique, de l’acacia dealbata (ou mimosa des fleuristes).

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Dans son pays d’origine, le mimosa fleurit en septembre car l’Australie est située dans l’hémisphère sud. Cette période correspond, là bas, au retour du printemps. Appelé « wattle », l’acacia doré (3) est devenu l’emblème floral national.

Traditionnellement, les australiens se parent de brins de mimosa et défilent dans les rues pour fêter le retour du printemps chaque premier septembre, baptisé « Wattle day » et promu, depuis 1992, jour de fête nationale.

C’est ainsi que le mimosa apportera bientôt, en compagnie d’autres espèces subtropicales, une touche exotique aux jardins des somptueuses résidences que de riches hivernants érigent sur la Côte d’Azur en cette fin de 19e siècle …

La nature du sol et les conditions climatiques de notre région sont particulièrement favorables à son acclimatation. Bien vite la plante, très prolifique, déborde des riches jardins clos pour envahir les pentes de la Croix des Gardes et les collines environnantes de Mandelieu et du Tanneron…

Mimosa belle époque

Nice - Palais de la Jetée

3 - Le « golden wattle » ou « silver wattle », acacia doré (en botanique « acacia pycnantha ») est la variété choisie pour représenter l’Australie. Une première utilisation de ce mimosa comme emblème significatif des colonies australiennes est attestée dès 1838. La « Wattle Ligue » australienne est fondée en 1899 par le naturaliste A.J. Campbell. Elle sera à l’origine du « Wattle day », symbole de la nouvelle fédération d’Australie. Le vert de la feuille d’acacia et l’or de sa fleur ont été proclamées « couleurs nationales » en 1984. Elles sont notamment portées lors des compétitions sportives.

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2-Quelquesnotionsdebotanique

Dans le langage scientifique, la plante fleurissant l’hiver sur nos collines et couramment appelée mimosa, appartient au genre Acacia (1), famille des Fabacées (2) (ou légumineuses) sous-famille des Mimosoïdées. Le genre acacia est très diversifié et comporte plus de 1 200 espèces dont la grande majorité est originaire d’Australie. On trouve cependant plusieurs spécimens en Afrique et en Amérique du Sud, plus rarement en Asie…

Il ne faut toutefois pas confondre cette plante avec l’arbre communément appelé acacia qui, en fait, est un Robinier (3) ou Robinia pseudoacacia en langage botanique ! Ce « faux acacia » est originaire d’Amérique du nord (Virginie).

Il fleurit au mois de juin, en longues grappes de fleurs blanches, très odorantes et mellifères (miel d’acacia) pouvant être consommées en beignets ou en sirop. Ses feuilles sont caduques, sa sève a une saveur sucrée, proche de la réglisse, et son bois, imputrescible, est très recherché pour la confection de piquets.

1- acacia : du grec « akis », pointe, à cause des épines présentes sur certaines espèces.

2- fabacée : du latin « faba », fève. Cette famille de légumineuses est composée de plantes ornementales telles la glycine ou le palissandre mais comporte également de nombreux végétaux comestibles : haricot; pois; lentille; arachide; soja; réglisse; luzerne; trèfle…

3- robinier : nom dédié à l’apothicaire français Jean Robin, botaniste du roi Henri IV, qui introduisit cet arbre en France vers 1600. Le premier robinier fut planté place Dauphine, à Paris, en 1601. Transplanté par la suite au Jardin des plantes, ses rejets ont donné naissance à 2 arbres qu’on peut encore admirer aujourd’hui…

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Il convient également d’éviter toute confusion entre notre mimosa, ou vrai acacia, et le Mimosa pudica dit Sensitive. Cette petite plante rampante épineuse, originaire d’Amérique tropicale, possède un système de défense très original. En cas d’intempérie ou lorsqu’un prédateur s’approche, elle replie aussitôt ses feuilles et abaisse ses tiges. Les fleurs ont la forme de pompons roses. Largement répandue dans le monde, elle est connue aux Antilles sous le nom de « Marie-honte » ou « Herbe mamzelle » et à la Réunion sous le nom de « Trompe la mort » ! En résumé, le mimosa est un acacia, l’acacia est un robinier et la sensitive est un mimosa. C’est simple la botanique…!

Après cette revue de genres, revenons à notre mimosa, ou plutôt à notre acacia.

Près de 800 espèces ornementales ont été répertoriées. Les variétés cultivées sur la Côte d’Azur sont principalement issues de l’Acacia dealbata, couramment désigné sous le nom de « mimosa des fleuristes ».

L’arbre a une croissance rapide et peut atteindre 20 mètres de haut. Il affectionne les sols secs et siliceux. Épris de chaleur et de soleil, il craint les températures inférieures à -5 C°.

Le tronc est souvent lisse et gris. Au 19e siècle, l’acacia des colonies australiennes était la principale source d’écorce à tanin, élément indispensable à la préparation du cuir.Les rameaux sont duveteux. Les feuilles sont persistantes, souvent bipennées et divisées en folioles, elles-mêmes divisées en milliers de petites et fines foliolules. Leur légèreté les ont fait comparer à des plumes !

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On dit que l’arbre fleurit en hiver car il a gardé la mémoire de sa floraison australe…Les fleurs ont la forme de pompons, ou glomérules (4), disposés en grappes ramifiées. Chaque fleur comprend un calice constitué de 5 sépales, très petits et duveteux, et une corolle comportant 5 pétales. Cet ensemble floral est dépassé par de nombreuses étamines qui forment les fameux pompons jaunes, parfois blancs et quelques fois oranges. Ils donnent à la plante toute sa valeur décorative et son précieux parfum, si caractéristique... Mais le pollen, très abondant, peut provoquer des allergies.

Les fruits sont des gousses, ou cosses, aplaties et d’un brun bleuté à maturité. Elles renferment les graines.

• Le Gaulois : 30 % de la production. Grand arbre très vigoureux au feuillage vert sombre et à la floraison tardive très abondante, couleur jaune souffre (fin janvier à mars).

• Le Mirandole : 60 % de la production. Grandes feuilles bipennées vert clair. Floraison précoce, en grosse grappe d’un jaune pur brillant (fin décembre à février).

• Le Tournaire : (acacia decurrens) développement moyen. Feuilles courtes de couleur vert foncé. Floraison précoce (fin décembre à janvier). Fleurs en longues grappes jaune vif.

• Le Bon Accueil : arbre moyen. Belles feuilles vertes pennées.Folioles espacées. Floraison en grandes grappes et gros grains, très odorants (janvier-février).

• Le « mimosa des 4 saisons » ou Floribunda : (acacia rétinodes) feuillage différent, composé de phyllodes (pétioles transformés en feuilles) simples et linéaires. Comme son nom l’indique, il fleurit plusieurs fois dans l’année et contrairement aux autres variétés, il est moins sensible au froid et supporte les sols calcaires de telle sorte qu’on l’utilise souvent comme porte-greffe.

• Le Longifolia : ou « mimosa chenille ». Arbre à feuillage vert persistant. Floraison tardive en épis jaunes, très odorants, d’une longueur de 5 cm.

Parmi les variétés les plus cultivées, on citera :

4 - glomérule : du latin « glomus », boule

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5 - On peut également admirer de nombreuses variétés de mimosa dans le « jardin-musée » de la Pinéa, à Robinson.

Ces informations ont été puisées dans les écrits de notre regretté « botaniste mandolocien » Henri Mathieu qui savait si bien raconter le mimosa au cours de mémorables conférences.

Infatigable amoureux de la nature, c’est à lui que nous devons la création du sentier botanique menant au San Peyre.

Ce sentier « découverte » est riche de nombreuses espèces végétales typiquement méditerranéennes et possède une collection très variée de mimosas (5)…

La fleur du mimosa symbolise la sécurité, l’élégance, la simplicité, la tendresse et l’amitié. Elle représente aussi l’énergie féminine cachée sous une apparente fragilité. C’est probablement pour cette raison que le mimosa est devenu, en 1946, l’emblème de la Journée de la femme célébrée chaque année le 8 mars.

Quant à l’acacia, c’est le bois de l’arche d’alliance. Selon la légende, la couronne d’épines du Christ aurait été tressée avec des branches d’acacia. Dans la symbolique maçonnique, il est un arbre de résurrection et d’immortalité.

M. Mathieu lors d’une conférence sur le mimosa au château de La Napoule - le 20 février 2003

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3-Lacultureetlecommercedumimosa

Par quelle magie les premiers mimosas furent implantés à Capitou et qui furent les pionniers dans cette grande aventure qui allait faire de notre ville la capitale du mimosa ? Nombre d’écrivains ont maintes fois raconté cette belle histoire, mais on ne résiste pas à la résumer une fois de plus…

Il nous faut remonter au 19e siècle, à Golfe-Juan où vit la famille Nabonnand. Elle deviendra célèbre dans le monde horticole, principalement pour sa passion et sa science des roses…

Le père, Gilbert, est un botaniste et chercheur de talent. Toujours en quête de nouvelles espèces à cultiver, il réussit à se procurer un acacia qu’un ami voyageur lui ramène d’Australie en 1860. Quelle n’est pas sa stupéfaction de voir l’arbre se couvrir de mille fleurs dorées l’hiver suivant ! Sans tarder, il s’emploie à organiser l’importation d’une centaine de ces précieux spécimens australiens.

Toute la Gentry implantée récemment sur la « French Riviera » sollicite ce premier véritable paysagiste botaniste pour la création des parcs et jardins devant orner leurs riches propriétés. Parmi ces célèbres hivernants, on peut citer Lord Brougham, le Marquis de Morès, le Duc de Vallombrosa, Sir de Woolfield…Planté au côté des palmiers, des eucalyptus et autres espèces exotiques, le mimosa remporte un vif succès grâce sa floraison hivernale.

Son acclimatation est spectaculaire mais il reste un arbre purement ornemental durant plusieurs années, jusqu’à ce que sa nature volage le pousse à s’échapper des beaux jardins pour envahir, en sauvageon, les pentes des collines environnantes. Nos jardiniers comprennent vite le profit à tirer de la cueillette de cette fleur odorante pour la vendre aux parfumeurs grassois…

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Les fils de Gilbert Nabonnand, poursuivant les recherches entreprises par leur père, s’appliquent à créer de nouvelles variétés de mimosa, mieux adaptées aux exigences de leur clientèle…. Paul reste à Golfe-Juan tandis que Clément s’installe à Mandelieu.

A cette époque, les producteurs locaux cultivent essentiellement la fleur à parfum pour la ville de Grasse : rose, jasmin, tubéreuse… Ils vont, à leur tour, se convertir au mimosa et le cultiver sur les restanques à la Bocca, la Croix des Gardes, Vallauris et … Capitou.

Cependant cette fleur d’hiver, de part son flétrissement rapide, demeure sans grand intérêt pour les fleuristes. La découverte fortuite du « forçage » va pourtant révolutionner sa culture et autoriser le développement de son commerce. En effet, ce procédé permet de « préparer » le mimosa pour une conservation fleurie pendant 8 jours et plus… Ils sont plusieurs à revendiquer la paternité de cette trouvaille(1). Une certitude demeure : c’est au même moment, vers 1882, que le mimosa se met à fleurir dans de nombreuses cuisines et buanderies !

Tous les pépiniéristes rivalisent d’ingéniosité pour mettre au point des forceries où les bouquets de mimosa seront traités dans l’eau tiède, à la vapeur, puis séchés, emballés et expédiés aux 4 coins du monde.

Les saisons se succèdent multipliant le nombre de mimosistes de façon extraordinaire. Au début du 20e siècle, la commune compte 80 exploitants, presque tous à Capitou. Parmi ces pionniers du mimosa, citons Louis Brun-Fleurdespois, botaniste créateur de plusieurs variétés dont le célèbre « Bon Accueil », Albert Armando, l’inventeur du « Montbrilland », les familles Perrissol, Paulhan, Brunel, Bareste, Osella, Avril, Négrin, Rougier et bien d’autres, sans oublier Marius Martin, le grand-père de Maurice Muller, notre sympathique et emblématique figure capitoulane…

1- Concernant la découverte de la technique du forçage, nous connaissons plusieurs versions pittoresques :L’une est celle de la famille Tournaire. Elle nous est livrée par Henri Mathieu qui la détient de l’arrière-petite fille d’Honoré Tournaire. Ce dernier avait hérité d’un petit lopin de terre cultivable à La Bocca, à la suite la fermeture de la Verrerie. Un jour, sa fillette de 9 ans lui apporte un bouquet de mimosa cueilli clandestinement en bordure de propriété. Dès que la petite a le dos tourné, sachant pertinemment que le mimosa allait faner, le père le jette sur un gros tas de fumier fermentant au soleil dans un coin du jardin. Le bouquet serait tombé dans une flaque d’eau sur le fumier. Le lendemain, quelle ne fut pas la surprise de voir le bouquet épanoui. Honoré Tournaire renouvelle l’expérience avec un bouquet à peine éclos. Il le place dans une bassine d’eau tiède et le ressort en pleine floraison le lendemain. Le forçage est inventé ! Une variante nous est rapportée par Emmanuelle de Marande. Une cannoise aurait laissé le soir, dans sa buanderie, un bouquet de mimosa encore vert. Au matin, elle l’aurait retrouvé fleuri.

Fine Osella La doyenne des mimosistes

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Famille Avril Brunel Famille Armando

Famille PelazzaFamille Oggero

Betty Ulmer, L. Bobet, Romeo et Georges Bareste Départ des paniers de fleurs (forcerie Armando)

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Puis vient le choc de la grande guerre. Tout s’arrête. Les mimosistes sont mobilisés et les trains ont d’autres marchandises à transporter que des fleurs…

Dans les années 20, la production reprend. Le métier attire de nouveaux cultivateurs venant tenter l’aventure florale sur notre commune où des promoteurs, peu scrupuleux, revendent les terrains à prix d’or…

Les marchés se développent et des wagons entiers de mimosa quittent tous les jours les gares de Cannes et La Napoule. Maurice Muller se souvient qu’on expédiait, en saison, plus de 400 000 colis, soit 1 200 000 kg de mimosa…

Mais en février 1929, le thermomètre descend jusqu’à 9 C° sous zéro, anéantissant les agrumes, les eucalyptus et les mimosas… Il faut tout replanter.Nos horticulteurs ne baissent pas les bras.

En 1931, soit 2 ans plus tard et grâce au mimosa sauvage qui, partout, a rejeté de souche et fleuri, le Syndicat d’initiative de Mandelieu crée la première fête du mimosa !

Diplôme médaille d’or mimosa greffé - Chiappello - 1929

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En 1956, les horticulteurs décident de se grouper en coopérative de vente. Intitulée « France Mimosa », elle a pour buts d’assurer une meilleure répartition dans la distribution sur les marchés et trouver de nouveaux débouchés; améliorer les variétés et perfectionner les productions; mettre en commun les moyens de promotion … Ils se grouperont par la suite en Comité Économique Agricole Européen.

La découverte d’un conservateur magique, la poudre « Chrysal », révolutionne la profession en 1967. Cette solution nutritive assure un épanouissement complet des bouquets immatures ainsi qu’une durée de vie optimale en vase.

Hélas, la seconde guerre mondiale, les maladies, de nouveaux gels et des incendies ravageurs(2) ont, à maintes reprises, détruit les plantations et obligé nos mimosistes à repartir à zéro. Bon nombre d’entre-eux, découragés, finiront par abandonner.

Il demeure, à ce jour, 4 vaillantes familles d’horticulteurs sur Capitou, bien décidés à résister et poursuivre leur exploitation : les Cometti, Courrin, Oggero et Pelazza. C’est grâce à leur courage et à leur passion du métier que se perpétue, aujourd’hui encore, cette belle tradition doublement centenaire…

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2 - Plusieurs incendies de forêts dévastèrent la Provence. Mais nous gardons tous en mémoire celui de 1970 au cours duquel l’écrivain Martin Gray perdit toute sa famille. Son livre « Au nom de tous les miens » et le film qui s’en inspire retracent ce tragique évènement.

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4-Mimosa,unefleur,unmétier,unepassion

Ce chapitre traite du savoir-faire des horticulteurs à qui nous devons ce magnifique patrimoine naturel. Respectant la tradition ancestrale, ils « cultivent le mimosa, l’entretiennent et l’aiment tout simplement ».

Ce travail nécessite une grande technicité et beaucoup d’amour du métier. Je cède donc la plume à Emilie Oggero, jeune mimosiste capitoulane, qui nous livre son expérience, son ressenti et ses espoirs…

« Les mimosistes ont développé l’art de cultiver la nature pour la sublimer et ensoleilleravec ces jolis pompons jaunes les maisons du monde entier.

Derrière un simple bouquet, se cachent des mains expertes et des yeux avisés pourréaliser la récolte, le conditionnement et le forçage.

Tout commence dans les plantations. Cette plante méditerranéenne, pourtant venuede l’autre bout du monde, a trouvé ici un sol et un climat favorables pour se développer.

Horticulteur Daniel COMETTI

Récolte du mimosa - horticulteur Guy PELAZZA

Horticultrice Michelle OGGERO

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Les branchages sont récoltés à un stade de floraison dit « vert » ou « demi-fleuri » car les fleurs sont encore de couleur verte. Ils sont ensuite ramenés à l’atelier pour y être conditionnés en grands bouquets avant d’être placés en forcerie.

Cette chambre climatique est un élément indispensable dans la production du mimosa. Chaque mimosiste a la sienne. Son rôle est de provoquer et maîtriser la floraison des rameaux florifères. Les pieds de ces derniers sont disposés dans de l’eau.La salle est chauffée à 23-24 C° avec une hygrométrie supérieure à 85%. Ils vont y rester entre 12 et 48h selon l’avancée de l’épanouissement. Tout l’art du mimosiste consiste dans la lecture pointue du stade optimal de cueillette. Bien menée, cette opération amène quinze jours d’avance dans la floraison et allonge la saison.

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Forcerie Guy Pelazza

Atelier Pellaza Atelier Cometti Atelier Oggero

Forcerie René Courrin Forcerie Richard Oggero

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Une fois fleuris, les branchages sont sortis de la forcerie afin d’être triés. Les branches sont coupées à la bonne dimension, effeuillées dans leur partie basse et séparées selon leur degré de fleurissement. Les fleurs abîmées sont également retirées. Aucune de ces opérations n’est mécanisée puisque seuls l’oeil et la main de l’homme peuvent les réaliser.

Contrairement à d’autres végétaux, le mimosa est vendu au poids et non à la tige. Lapesée est donc obligatoire pour réaliser des bouquets de 150 à 500 grammes. Une foisconfectionnés, ces derniers sont emballés dans des cartons ayant une capacité de 3 kgou directement dans des seaux.

Les mimosistes cultivent également une autre plante méditerranéenne, l’Eucalyptus.Les plantations insérées entre les parcelles de mimosa constituent de véritables coupe-feux. La culture sur de fortes pentes rend le travail difficile.

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Atelier Courrin

Atelier Oggero

Atelier Cometti Atelier Oggero

Forcerie Cometti

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Quelques chiffres :

Les gelées du terrible mois de février 1956 atteignant -15 C° ont eu pour effet dediviser par deux les surfaces cultivées, passant de 800 à 430 Ha.

Les productions saisonnières sont sujettes aux aléas climatiques. Après les gels de 1971, 1985 et 1986, entre 70 et 80 % des surfaces antérieurement cultivées en mimosa ont été replantées par des espèces à feuillage, notamment en Eucalyptus.

Entre 1989 et 2002, le nombre d’exploitations dans les Alpes Maritimes est passé de 169 à 77. De plus, environ 80% des surfaces sont détenues par des chefs d’exploitation de plus de 50 ans.

Aux vues de ces statistiques, nous pouvons nous demander quel sera l’avenir de cette profession et le devenir de ce patrimoine dans les années à venir. D’autant que les besoins en main d’oeuvre sont conséquents mais que les recrutements deviennent de plus en plus difficiles. »

Souhaitons que ce cri du coeur d’Emilie suscite des vocations auprès de la nouvelle génération et préserve de la disparition ce beau métier, exigeant mais si passionnant…

Emilie OGGERO

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La plantation Pelazza

Emilie Oggero

Atelier Oggero La plantation Pelazza

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5-LesvanniersdeCapitou

Il ne reste de cet artisanat que la mémoire de nos anciens, le nom d’un carrefour et celui d’un chemin…Pourtant l’art du tressage des paniers fut très recherché dans les années 1900 et les ateliers de vannerie connurent une activité intense jusqu’aux années 1950. De fait, pour acheminer leurs bouquets de mimosa aux quatre coins de l’Europe, les premiers cultivateurs commandaient des paniers, faits de « cannes » (1) et d’osier, que des vanniers italiens fabriquaient à Nice. Le transport se faisait en charrette tirée par un cheval…

La demande des producteurs de la région devient de plus en plus forte si bien que plusieurs vanniers décident de s’établir à Cannes-La-Bocca, facilitant ainsi l’approvisionnement de nos mimosistes mandolociens.En 1927, deux familles originaires des environs du village de Bologne ont la bonne idée de poser leurs pénates à Capitou et d’y installer leur atelier : les Lorenzelli et les Giacometti. Très vite, ils s’associent et font prospérer l’entreprise. Leurs cousins, les Buttelli, les rejoignent en 1934.

Chez les vanniers, chaque membre de la famille accomplit la tâche qui lui est dévolue. Les hommes sont chargés d’aller couper les roseaux croissant au bord des rivières (2) ainsi que les fines branches de saule qui, une fois séchées, deviendront l’osier indispensable au montage des paniers. Ils entreposent ensuite les « cannes » et les laissent sécher sous la forme de hautes meules. Puis, ils les ébarbent (3) et les fendent afin de pouvoir les travailler.

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Vanniers italiens

Mme Elvire Michel - Vannière

Jean Buttelli, dit « pépé Giovanni », devant les meules de cannes Mme Hélène Lorenzelli

1- La «canne provençale » ou « roseau à quenouilles » est une variété de plante herbacée de milieu aquatique.2- le long des berges de la Siagne ou aux étangs de Villepey, à Fréjus.3- ébarber = éplucher, racler pour enlever les rugosités.

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Les femmes sont chargées de fabriquer les paniers. Elles tressent les roseaux sur un « canevas » d’osier. Ce travail demande beaucoup d’habileté et de rapidité. A la pleine saison du mimosa, 100 à 200 paniers sortent, chaque jour, de l’atelier pour être livrés aux producteurs locaux et il n’est pas rare de voir œuvrer les vanniers sans relâche, de 4h du matin à 21h du soir, durant les forts rendements…

Ces paniers répondent à des critères spécifiques : 30 cm de largeur de fond et 20 à 30 cm de hauteur, pouvant ainsi contenir 3,5 kg de fleurs. Ces dimensions sont, bien sûr, variables en fonction du contenu. Ainsi, les paniers destinés au transport des glaïeuls, appelés « malles », sont beaucoup plus grands.

Cet artisanat ne sera, hélas, qu’éphémère. Après 1945, les paniers en roseau seront progressivement remplacés par des cartons, plus pratiques et moins onéreux.

Nous avons cependant la chance d’avoir pu rencontrer le fils de Jean Buttelli, le dernier vannier de Capitou. Blaise Buttelli se souvient très bien de son enfance, quand il aidait ses parents à travailler la canne et confectionner les fameuses corbeilles destinées à contenir non seulement le mimosa mais également les roses, les œillets, les glaïeuls, les fraises… ainsi que des chocolats, des fruits confits ou des parfums.

Il nous a raconté le beau métier de son père et accepté de réaliser un panier dans la pure tradition ancestrale.

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Atelier de vannerie Les Buttelli devant leur atelier

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Voici l’illustration détaillée des différentes étapes de sa fabrication :

1 - Les cannes sont cueillies sur les berges de la Siagne. On utilise une serpette pour cette opération.

2 - Elles sont nettoyées de leurs feuilles et lissées avec un ciroir appelé «  plume-canne ».

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3- Vient l’étape du fendage des cannes au moyen d’ un fendoir appelé « esclape » ou« esclapoun » en provençal. C’est un outil en bois dur pourvu de 2, 3 ou 4 ailettes (suivant l’épaisseur de la canne) renforcées de métal et servant à fendre le brin en plusieurs lamelles.

4- on confectionne ensuite le fond du panier à partir d’un instrument caractéristique appelé «la forme». Cette tâche était souvent réalisée par les femmes.

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5- Puis, on prépare le montage du corps de l’ouvrage au moyen de brins d’osier. Cette étape s’appelle «le plantage du panier». Elle était généralement faite par les hommes. Ils dressaient ainsi une «ossature» sur laquelle les femmes allaient pouvoir tresser les côtés, puis le couvercle du panier.

Le chant du roseau s’est tu. Les meules de cannes séchant au soleil ne sont plus qu’un souvenir. Disparues aussi les piles de corbeilles livrées par dizaines aux portes des forceries. Le mimosa voyage aujourd’hui dans d’autres écrins…Mais si le quartier de Capitou a perdu aujourd’hui le pittoresque et le charme que lui apportait ce bel artisanat, parions sur l’avenir pour faire revivre le noble métier de vannier qui fait partie intégrante de notre patrimoine…

Les outils étaient fabriqués par le forgeron des Termes, dans un métal spécial.

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6-Folkloreettraditions

Une culture partagée avec nos cousins de l’Ouest

Si le mimosa s’est particulièrement bien acclimaté sur la Côte d’Azur, cet d’acacia australien a également fait souche sur la côte atlantique française, à la faveur d’un climat hivernal singulièrement doux.Ainsi peut-on le rencontrer sur l’île de Noirmoutier (1), appelée « l’île aux Mimosas » et qui inspira la chanteuse Barbara. L’île est renommée pour ses belles mimoseraies, notamment celle du Bois de la Chaize…

On le cultive également à Saint-Trojan-les-Bains, sur l’île d’Oléron(2). Les premiers plants y furent introduits en 1892. L’histoire raconte qu’une femme de chambre originaire de la commune, Gertrude Testard, fit la rencontre d’un cocher savoyard, Nicolas Martin, alors qu’elle travaillait dans un hôtel niçois. Elle l’épousa et le ramenaau « pays », emportant dans ses bagages quelques plants de mimosa…

Depuis 1959 la fleur est devenue le symbole de la cité. Elle est célébrée en février, aucours de la traditionnelle « Cavalcade du Mimosa » qui rassemble joyeusement toutesles générations : cortège de chars décorés et de costumes bigarrés, élection d’une miss mimosa et, pour clôturer ce week-end festif, remise du trophée « le mimosa d’or »au lauréat du concours de photographies.

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1 - île de Vendée, située au nord du golfe de Gascogne et reliée au continent par un pont depuis 19712 - île de la Charente-Maritime, située au sud de l’île de Ré et de la ville de La Rochelle

La Cavalcade du mimosa à Saint-Trojan les Bains Le « mimosa d’or 2012 »

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La route du mimosa

Il demeure, néanmoins, que notre région est le berceau traditionnel et privilégié de la culture et de la célébration de cette fleur d’or en France…

De Bormes, qui en arbore le nom depuis un siècle, à Grasse, qui distille son essence pour en sublimer le parfum, le mimosa se décline, du mois de janvier au mois de mars, sur les 130 km d’une route merveilleuse. L’éclat du soleil hivernal s’allie aux bleus de l’azur et de la mer, à l’ocre roux de la terre, aux verts des feuillages et au camaïeu de jaunes des mimosas pour nous offrir une explosion suave de couleurs…

Huit villes-étapes jalonnent ce voyage parfumé, entre le Var et les Alpes maritimes :Bormes-les-mimosas; Rayol-Canadel-sur-mer; Sainte-Maxime; Saint-Raphaël;Mandelieu-La-Napoule; Tanneron; Pégomas; Grasse.

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Au gré des envies, on se promène sur de pittoresques chemins de randonnée. On parcourt des marchés typiques, des jardins sublimes. On visite des pépinières réputées, des forceries en pleine activité. On vibre au rythme des corsos fleuris, des concerts et des expositions. On goûte la gastronomie des fleurs, comme la « tarte mimosette ». On hume des compositions parfumées à base de mimosa…

En résumé, cette escapade florale éveille tous les sens et permet d’appréhender notre région avec un autre regard et sous un nouvel angle, plus convivial et authentique.

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Le triangle d’or et sa singulière confrérie

A l’origine, huit horticulteurs décident de se regrouper en guilde associative dans le but de perpétuer la tradition et le savoir-faire des mimosistes, tout en développant les initiatives sur le territoire du fameux «Triangle d’Or» réunissant les localités de Mandelieu, Tanneron et Pégomas.

La « Confrérie du Mimosa » naît donc en 1999, sous l’impulsion de M. Michel Livernet. Elle compte aujourd’hui une soixantaine de membres solennellement intronisés par le « grand maître  ». Parmi eux, quelques personnalités reconnues comme Julien Lepers, Jacques Chibois, la photographe Sandra Maggiore et notre sympathique Maurice Muller… Les « confrères » s’engagent à promouvoir leur fleur fétiche par une série d’actions telles que la création d’évènements culturels, la participation aux diversesmanifestations ou l’organisation de visites et de conférences… Ils ne passent pas inaperçus avec leur beau costume traditionnel : magnifique cape en velours vert foncé, bordée d’or jaune; chapeau provençal et médaille en terre cuite de Vallauris !

Emilie Oggero

La confrérie à la Fête du Mimosa

Maurice Muller

Intronisation de Jacques Chibois

Michel Livernet et Blaise Butetlli

Intronisation de Julien Lepers

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Une chapelle unique au monde

La ville de Mandelieu-La Napoule est la seule à posséder une chapelle dédiée à Notre Dame des Mimosas ! Celle-ci fut construite en 1927 au quartier des Termes, grâce à la générosité des habitants pour la plupart paysans et mimosistes. Une souscription publique avait permis de financer l’édification de la partie principale sur un terrain offert par M. Jacquin.

Quelques années plus tard, les princesses d’Orléans finançaient la construction d’une nef consacrée à Saint-Louis, à droite de l’édifice. Enfin, l’intervention du curé Louis Guillon permit l’adjonction de la nef gauche.Malheureusement, des infiltrations d’eau dans le soubassement provoquent, au fil du temps, de graves fissures qui nécessiteront, en 2007, la fermeture de la chapelle pour des raisons de sécurité. Elle sera sauvée de la destruction grâce à la mobilisation des paroissiens(1) et grâce à l’intervention généreuse de M. Iskandar Safa, propriétaire du domaine de Barbossi.

C’est dans cette chapelle qu’un concert inaugural donne, chaque année, le coup d’envoi de la fête du mimosa le vendredi soir…

Chapelle vers 1928

Chapelle en 2010 Concert - février 2011

Notre Dame des Mimosas

1- l’Amicale Chrétienne a recueilli plus de 1500 signatures pour tenter de sauver l’édifice fissuré.

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Une fête populaire et solidaire

Probablement inspirée des anciennes «cavalcades»(1), la première fête du mimosa estcréée en 1931 par le Syndicat d’Initiative de Mandelieu.

Dans le courrier ci-dessus Denis Bodden, Président du Syndicat d’Initiative et adjoint au maire de Mandelieu, Laurent Gandolphe, sollicite l’exonération de la taxe pour la fête provençale du mimosa qui aura lieu sur l’hippodrome le 16 février 1931, signalant que le bénéfice de cette fête sera attribué aux bureaux de bienfaisance des villes de Cannes et Mandelieu. La fête, en raison de son caractère d’intérêt général et philanthropique, sera exonérée des dites taxes communales !

Demande d’exonération de taxe pour la fête du mimosa - 9 février 1931Archives municipales de Mandelieu-La Napoule

1 - cavalcade : défilé de carrosses ou charrettes tirés par des chevaux (cavale) dont la tradition remonte au 17e siècle. Plus récent, le corso (signifiant «rue» ou «promenade publique» en italien) est apparu peu après la création de la «Côte ’Azur», à la fin 19e siècle. Dans la tradition du sud de la France, c’est un défilé de chars fleuris, tirés par des ânes ou des mulets. Tout comme le carnaval, il célèbre généralement la fin de l’hiver et coïncide avec la période du mardi gras. La « carretto ramado » (charrette fleurie) traverse allègrement le village, suivie de son cortège bariolé. Car les participants se griment et se déguisent pour se moquer avec bonhommie des travers de la société et attirer le regard du spectateur, en l’invitant à rejoindre la fête et participer à la liesse générale, au son de musiques locales…

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Au traditionnel défilé de chars fleuris, viendront bientôt se greffer des groupes de majorettes, des fanfares et autres troupes musicales, des acrobates, ainsi que des batailles de fleurs, l’élection d’une reine du mimosa et de féeriques parades nocturnes …C’est ainsi que peu à peu, la manifestation prend de l’envergure, affichant un caractère populaire et carnavalesque…

L’histoire de la fête du mimosa a connu des années fastes. Elle a également vécu des années noires, quand les hivers rigoureux, les incendies dévastateurs ou la guerre interrompaient momentanément sa programmation. Cependant, elle ne tomba jamais dans l’oubli, portée par quelques groupes d’amis et quelques familles ayant à coeur de maintenir la tradition…

Organisée, dans les années soixante-dix par le Comité des fêtes et du Tourisme de Mandelieu-La Napoule, la manifestation annuelle connaît même des heures de gloire. On se souvient particulièrement de février 1978 quand, parmi les invités de marque, figuraient le chanteur Hervé Villard et l’animateur Guy Lux…

Char fleuri (Années 50) Char des mineurs (1966)

Diplôme du plus beau char décoré (1967)

Fête du mimosa 1978

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Cette année là, Geneviève Jean, présidente de « La Cigale poétique » du Cannet-Rocheville, composait une chanson toute à sa gloire !

En voici la partition.

Mais, en 1985, de mauvaises récoltes occasionnées par les fléaux déjà cités, entraînent la mise entre parenthèses de cette fête pendant une dizaine d’années…Elle renaîtra de ses cendres en février 1996, sous la première municipalité du maire Henri Leroy. Dans une délibération du Conseil municipal du 25 septembre 1995, Maurice Muller s’adresse à l’assemblée en exprimant sa « volonté de réhabiliter la fête traditionnelle du mimosa (…) interrompue à la suite de graves incendies des années 1980 et du gel des hivers rigoureux. Mandelieu est la capitale du pays du mimosa et les mandolociens sont très attachés à cette fête (…) Cette manifestation aura un impact sur la jeunesse et associera l’ensemble des enseignants et des écoliers de la Commune (…) De plus, ces festivités interviennent entre les fêtes de Carnaval et de Pâques, et constitueront une animation au coeur de l’arrière saison. »

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Fête du mimosa 1996

Fête du mimosa 2009

Fête du mimosa 2003

Fête du mimosa 2011

Fête du mimosa 2004

Fête du mimosa 2012

La manifestation rencontrera un franc succès populaire et sera reconduite tous les ans, au fil de thèmes variés.

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Fidèle à la tradition, l’organisation de la fête est confiée aux habitants de la commune, à ses associations et à son Comité d’Animation.

Ensemble et dans la bonne humeur, ils garnissent les chars avec du mimosa fraîchement cueilli et fourni, exclusivement, par les mimosistes du « Triangle d’or»  : 12 tonnes de fleurs sont nécessaires à la réalisation de ce merveilleux décor…

Le travail méticuleux du tressage des branches se fait autour d’une carcasse en fer, recouverte de «grillage à poule». Ces maquettes sont réalisées chaque année selon la thématique choisie.

La bonne volonté des participants donne à la fête une ambiance folklorique authentique, reconnue par tous les visiteurs.

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Les retombées médiatiques et économiques générées par l’ensemble des éditions de la Fête du Mimosa la positionnent aujourd’hui parmi les grands évènements hivernaux de la Côte d’Azur, au même titre que le Carnaval de Nice et la Fête du Citron à Menton.

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REMERCIEMENTS

Nous remercions les mimosistes du «Triangle d’Or» et leur Confrérie, Blaise Buttelli ainsi que tous les habitants de Mandelieu-La Napoule pour leur précieuse aide dans la réalisation de cette brochure. Nous tenons également à remercier Patrick Delpierre dont les belles photographies nous ont permis, une nouvelle fois, d’illustrer remarquablement le texte et les divers reportages qui la composent.

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Service des Archives MunicipalesRond-point de l’Espace

06210 Mandelieu-La Napoule Tél. : 04 92 97 37 11

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