La Réunion, 1959

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L A R E U N I O N

1959

PRÉFECTURE DE LA R É U N I O N

SECRÉTARIAT GÉNÉRAL,

IIIe DIVISION - 2e BUREAU

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DEPARTEMENT DE LA REUNION

1959

PREFET : M. Jean PERREAU PRADIER, Préfet de 1ère Classe

PRESIDENT DU CONSEIL GENERAL : M. Roger PAYET

Vice-Présidents : MM. Adrien CADET

Gabriel MACE

PARLEMENTAIRES : Assemblée Nationale :

MM. les Députés Marcel CERNEAU — Marcel de VILLENEUVE — Valère CLEMENT

Sénat :

,MM. les Sénateurs Georges REPIQUET — Fred ISAUTIER

Conseil Economique : MM. Roger SANGLIER — Jean JOURDAIN

PREFECTURE : Secrétaire Général :

M. Pierre BOLOTTE, Sous-Préfet hors-classe

Directeur du Cabinet : M. Jacques ALGIS, Sous-Préfet hors-classe

Chefs de Divisions : MM. JOUFFREAU — GAVARINI — de PERETTI

CONSEIL GENERAL :

Président de la Commission Départementale : M. Dominique SAUGER

Membres : MM. Irénée ACCOT — Paul BADRE. — Pierre LAGOURGUE — Hector de LA VERGNE

Conseillers : M.M. Paul ABADIE — Mme Isnelle AMELIN — MM. Maxime BARAU — Octave BENARD

— Valère CLEMENT — Gaston CROCHET — Gérard DU JARDIN — André FON- TAINE — Mme Gabriel GAMEL — MM. Paul GERVAIS — Jean HINGLO — Guy HOARAU — Mario HOARAU — Théophile HOARAU — Alfred ISAUTIER — Louis JAMIN — Joseph LACAILLE — Louis LAGOURGUE — Henri LAPIERRE — Léon de LEPERVANCHE — Evenor LUCAS — Claude MARION — Jean RAMASSAMY

— Adrien RECHERCHANT — Serge SAINT-ALME — Marcel VAUTHIER — Paul VERGES — Roger VIDOT.

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COUR D'APPEL DE SAINT-DENIS : Premier Président :

M. René CHARLES

Procureur Général : M. Fernand KIRSCHNER

TRIBUNAL ADMINISTRATIF : Président :

M. Victor ALTABERT.

DIRECTIONS ET SERVICES Trésorier-Payeur Général M. Hector MACARY Directeur de l 'Enregistrement et des Domaines M. René LEGRAS Directeur des Contributions Directes et du Cadastre M. Jean-Marie TAILLACOT Directeur des Contributions Indirectes M. Marcel BONVALLOT Directeur des Douanes ' M. Pierre ARNAUD

Vice-Recteur M. Henri CORMARY

Directeur du Service des Archives M. André SCHERER

Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées M. Jean Victor GAUDEL Chef de Service de l 'Aéronautique Civile M. Jean JESBERGER Adminis t ra teur de l 'Inscription Marit ime . M. Pierre CORBIN Directeur du C.F.R. M. Jules RAYEROUX

Directeur du Service Météorologique M. Alexandre FOISSY Directeur des P.T.T. M. Raoul MARCHASSON Directeur du Centre Radio Télécommunication M. René PETIT

Directeur de la Radiodiffusion Télévision Française M. Jean BILLAUD Directeur des Prisons M. Didier NERON

Directeur des Services Agricoles M. Albert ENOCH Conservateur des Eaux-et-Forêts M. Lucien HURIAUX

Ingénieur en Chef du Génie Rural M. Maurice AUBOUIN

Directeur Départemental du Travail et de la Main-d'Œuvre M. Jean CHIRON

Directeur Départemental de la Sécurité Sociale M. Jean-Louis JARRY Directeur Départemental de la Santé M. le Dr Edwin SCHAFER

Directeur Départemental de la Population M. Pierre JOUANNARD

Inspecteur des Pharmacies Mme Suzy CORSIN Directeur Départemental du Ministère de la Construction M. Michel OLGIATI Directeur de la Police - M. Germain GEOFFROY

Architecte Départemental • M. Jean HEBRARD Directeur des Services Vétérinaires M. Paul VESOUX

Chef du Service Départemental du Conditionnement et de la Répression des Fraudes M. Armand VIDOT

Secrétaire Général de l'Office des Anciens Combattants M. Eugène MASSINOT

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LA REUNION DEPARTEMENT D'OUTRE-MER

Situation en 1959 - Perspectives d'avenir

La loi du 19 mars 1946 a fait de cette ancienne « colonie » un Département d'Outre-Mer,

le plus éloigné, puisque plus de 10.'00'0 kms le séparent en ligne droite de Marseille.

Accueillie avec certaines réticences, la Départementalisation est maintenant acceptée sans

réserve et la phase délicate, où institutions métropolitaines et particularités locales étaient à la recherche d 'un dénominateur commun, est dépassée.

Ces douze années ont constitué pour La Réunion une étape importante vers une promo-

tion économique et sociale, qui devrait lui donner, dans quelques décades, les caractéristiques d'un Département métropolitain agricole de moyenne importance, sans qu'elle perde pour au tan t son caractère propre.

Le but de cette modeste étude est de faire rapidement le point de la situation actuelle puis de t racer les perspectives, qui s'offrent à notre Département, si l 'effort entrepris est

poursuivi encore quelques années. Une place de choix y est réservée au Comité d'Expansion Economique e t Sociale de La Réunion, qui, depuis sa création en août 1956, a mis à la dispo- sition de l 'Administration, les connaissances et le dévouement de ses membres, élus locaux, personnalités du secteur privé et fonctionnaires.

— Quels sont les besoins de La Réunion ?

—• Quels sont les impératifs, qui doivent guider l 'action des pouvoirs publics ?

On ne saurait mieux répondre à ces interrogations, qu'en reproduisant le texte de l'ex- posé fait par M. Jean Perreau Pradier, Préfet de La Réunion, devant le Conseil Général, à

l'occasion du vote du Budget Départemental de 1957, c'est-à-dire, quelques mois après son arri- vée dans le Département.

Dans un bref raccourci, le nouveau Préfet t raçai t les grandes lignes d'une action, là la-

quelle il s 'est consacré totalement, action, qui pu être entreprise grâce à l 'équipement mini-

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mum réalisé au cours de ces dix dernières années, et qui doit permettre à La Réunion d'oc-

cuper définitivement la place qui lui revient parmi les Départements de Métropole e t d'Outre-Mer.

EXPOSE FAIT PAR M. Jean PERREAU PRADIER

Préfet de la Réunion Devant le Conseil Général réuni en Session extraordinaire

le 18 Décembre 1956

Je vous avais laissé espérer, lors de ma prise de contact avec votre Assemblée Départe-

mentale, qu'à l'occasion de la discussion du budget de 1957, je dresserais devant vous un pro- gramme d'action pour notre Département. Je vais vous exposer ci-après les raisons, pour les-

quelles je ne suis point présent à ce rendez-vous, du moins sous la forme d'une demande précise de crédits.

Les problèmes certes ne manquent pas : une surpopulation, doublée d 'un déséquilibre

alimentaire grave, ne laisse pas d'être préoccupa,nte ; notre monoculture, par sa fragilité ex-

trême, pose une angoissante question ; un ravitaillement, à base essentiellement d'importations, — mieux de riz d 'Extrême-Orient et de poisson séché de l 'Europe Septentrionale, — .ne facilite

certainement pas les solutions.

Et, je me dois d 'ajouter aussitôt, que, si l'on a le désir de s 'a t taquer à tou t ce que pose

ainsi comme points d ' interrogation notre île si at tachante, l'on s'aperçoit bien vite que la tâche

ne sera guère facilitée.

Tout d'abord, il n 'y a pratiquement presque pas d'archives, presque pas de documents de base ou du moins ils sont si dispersés qu'ils en sont inutisables. Pendant des dizaines d'an-

nées, l'île semble s 'être endormie. De plus, le Réunionnais, plus Français que la France, possède

à un degré extrême, un sens critique, aigu et acéré, qui para î t vouer toute action à un déni-

grement négatif. Il suffit, pour s'en convaincre, de parcourir bien des fois certains journaux

et de constater aussi, malheureusement, les divisions intellectuelles ainsi que les oppositions

spirituelles. E t il faut encore a jouter à tout cela l'influence d'un climat tropical ainsi qu'une certaine nonchalance .naturelle, qu'excuse avec un peu d'indulgence, la menace du cyclone.

Ainsi, une certaine faveur va aux solutions de facilité et à ce que l'on peut appeler la « for-

mule de l 'heure » sans se soucier de l'avenir, sans se soucier d'un travail en profondeur.

Enfin, il fau t bien le dire, les problèmes quotidiens sont, dans ce Département, extrême-

ment prenants. Depuis mon arrivée, ce furent notamment les incidences de la campagne de cou- pe de la canne ; puis les répercussions sur le plan local des évènements de Suez, les menaces

de l ' interdiction de l 'aérodrome de Gillot aux superconstellations d'Air France, la sup-

pression du journal parlé à la Radiodiffusion de Saint-Denis, la liquidation des séquelles de la fermeture de la branche Sud du C.F.R., une rupture de nos approvisionnements en riz; la vi-

site de nos communes ainsi que des usines, et j 'en passe. Certes, tout cela s 'est for t heureu-

sement terminé ; mais les démarches, les efforts et le temps ainsi spécialisés n'ont pu être consacrés à l'étude du grand problème de l'Ile.

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A mon avis, en effet, il est un problème qui domine tous les autres : c'est celui de l'eau,

de l 'eau potable comme de l'eau d'irrigation. C'est la raison pour laquelle je me suis penché per-

sonnellement et activement sur nos expériences de pluie artificielle. C'est la raison aussi, pour laquelle j 'a i demandé et obtenu du FIDOM les crédits nécessaires à l 'établissement d'urgence

d'une carte géologique. Certes, de gros efforts avaient été faits dans le passé. Il suffit pour

s 'en convaincre de lire, par exemple, les rappor ts de MM. Kopp et Coiste, ou encore de par-

courir les conférences de M. Rivais. Mais, tout cela, il faut le mettre en une forme scientifique

et pratiquement utilisable. E t c'est le but assigné aux géologues, qui, avant la fin de l 'année prochaine, doivent nous fournir la carte indispensable à tous nos t ravaux futurs. Déjà, un hy-

drologue prospecte notre sous-sol : et, dès l 'achèvement de la carte géologique, il pourra donner les grandes lignes de notre carte hydrologique, ce qui permet t ra enfin de dresser non seulement

un programme rationnel d'action agricole, mais aussi un plan harmonieux d' implantation des agglomérations humaines.

La Réunion étant une Ile, j 'ai pensé, par ailleurs, demander au FIDOM de financer une

nouvelle mission de prospection de nos richesses côtières. A mon avis, en effet, du côté de la

pêche, nous devons pouvoir étendre notre activité. Malheureusement, l ' Inst i tut Océanographi-

que manque de personnel. Faut-il renoncer alors à la question ? Non, et pendant que se pour- suivent les programmes de constructions de points d'accostage tout autour de l'île, le désen-

sabla ge du port de Saint-Pierre — notre futur port de pêche hauturière, de cabotage et de refuge —, la modernisation ainsi que l 'amélioration des installations de la Pointe des Galets,

des pourparlers ont été engagés avec l'Office de la Recherche de la France d'Outre-Mer, pour

obtenir de cet organisme ce que l ' Inst i tut Océanographique ne peut nous donner.

Notre île é tant une île volcanique, je me suis penché sur les problèmes que peut poser

le Piton de la Fournaise. E t une mission d'études est déjà venue sur place ; elle a repris les

t r avaux anciens et établi un programme d'action pour les mois à venir. Bien qu'il n'y ait point

de danger immédiat, j ' insisterai pour que soient adoptées certaines mesures devant permettre une prévision sérieuse des éruptions possibles et donc une protection efficace des populations qui doivent venir, demain, met t re en valeur les environs immédiates de l'enclos.

En ce qui concerne le problème de notre monoactivité, après bien d'autres, j 'ai entrepris

de rechercher dans notre sous-sol des éléments de richesse et de travail, que, jusqu'ici, à pa r t les sables t i tanifères de la région Ouest, rien ne nous laisse malheureusement trop espérer.

A ce titre, une mission a déjà prélevé un certain nombre d'échantillons. Nos géologues, de

leur côté, tout en poursuivant le relevé de leur carte, vont continuer les prospections et, le cas

échéant, alerteront le .Bureau Minier. Parallèlement à cette recherche de minerais, comme d'hy-

drocarbures est entreprise la reconnaissance d'éventuels matériaux de construction, qui, extraits de notre sol, pourraient faciliter notre politique du bâtiment actuellement en cours, et ac- croîtraient l 'activité de nos populations laborieuses.

Du côté agricole, je dois vous concéder, que, s'il me paraî t indispensable de tenter d'é-

chapper à la hantise d'un ravitaillement, qui nous vient presque en totali té de l 'extérieur, et

ce même au prix de subventions publiques, je suis cependant obligé de reconnaître, que, dans la plus grande part ie cultivable de l'île, la canne-à-sucre, dans les conditions actuelles, est la

production la plus rentable. Est-ce à dire, qu'il ne faut pas faire un effort pour développer nos plantations de géranium, d'huiles essentielles, de vanille, de tabac, et, demain peut-être, d'ana-

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nas, de thé, de café, de poivre ou de coton ? Je suis, personnellement, intimement persuadé

du contraire. Nous échapperions ainsi aux dangers de la monoculture ; et, sous réserve no- tamment pour le tabac, de la recherche d'une qualité impeccable et d'un label str ict garantis-

san t celle-ci, nous devrions pouvoir exporter certains produits et prendre, en ce qui concerne

notamment les bois précieux et les plantes médicinales, certaines places laissées vacantes sur

le marché métropolitain. Pa r ailleurs, dans une île, où se pose le problème de la faim, tant par

suite de la faiblesse de la ration alimentaire, que sur tout de son déséquilibre, il est inconce- vable, que le petit jardin, semblable au jardin familial, au jardin ouvrier de Métropole, ne se

développe point et n 'assure pas ce minimum, que les familles nombreuses peuvent produire à

des prix défiant toute concurrence : pommes de terre, patates douces ou arachides- Et, avec

,ce peti t jardin, pourquoi ne point développer les vergers, qui, autrefois, florissaient en ce Dé-

par tement et qui devraient pouvoir fournir sans gros efforts, à. notre population, les vitamines qui lui sont indispensables ?

Mais, il est aussi un problème sur lequel il est urgent de se pencher : c'est celui de la

source d'énergie, indispensable à notre petite industrie artisanale, qui, déjà existante, peut, no-

t amment en ce qui concerne le meuble ou même le mobilier métallique, se développer rapide- ment, comme à toute éventuelle industrie, à base de produits de notre sous-sol ou des récifs

coraliens (productions d 'engrais) , il ne fau t d'ailleurs pas oublier que notre agriculture, de plus

en plus, au ra besoin d'énergie tant pour la t ransformation de ses produits que pour la recher- che de l 'eau indispensable à son développement et c'est ainsi que j 'ai non seulement engagé

des recherches du côté de l 'utilisation de l'énergie solaire mais plus immédiatement, j 'ai acti-

vement participé aux t ravaux de la future Centrale hydro-électrique de La Réunion. Je veux,

à ce t i tre, souhaiter, que, bien vite, soient départagés les projets dits de Langevin et du Bras

de la Plaine et que l 'un ou l 'autre soit rapidement engagé dans la phase d'exécution. Dans le

cas, où, pour des raisons techniques, les autori tés centrales devraient retenir le projet de

Langevin, dès maintenant à mon avis, devraient se poursuivre les études de l 'aménagement du

B r a s de la Plaine, aménagement, qui sera un jour indispensable au développement économique de notre Ile.

A la réalisation de ce programme d'avenir, il m'a pa ru utile d' intéresser la population. Il faut, qu'elle soit avertie des buts poursuivis, des succès et des échecs connus dans les efforts

tentés, et c'est ainsi, que j 'ai été amené à mettre sur pied un « Comité départemental d 'Ex-

pansion Economique et Sociale », dont la présidence, — et je m'en réjouis —, est revenue à

votre si sympathique et si actif Président. Ce Comité, auquel participent des membres de votre

Assemblée, doit permettre à l 'Administration de rencontrer les représentants des principaux

intérêts de l'Ile et de met t re sur pied, en commun, un programme. Il me semble absolument

indispensable, que l'élite et le peuple tout entier soient associés à nos travaux. Il faut, que l'on

comprenne le sens des sacrifices demandés. Il faut, que l'on se pénètre de la nécessité des ef-

fo r t s entrepris, il faut, que tous, unanimes, participent au but commun, qui, seul, permet t ra la richesse de chacun.

A l'occasion de la réunion du « Comité Départemental d 'Expansion Economique et So-

ciale », j ' a i tenu, pour faciliter les débats, à saisir cet organisme d'une étude rapide et sommai-

re, exposant les problèmes de l'heure, évoquant la question des cultures vivrières et celle de

l 'éducation des vers à soie, brossant un programme d'action pour le développement de nctre

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-troupeau, qui, alimenté par nos pâturages revivifiés, par des aliments mélassés ou par de la farine de manioc travaillée dans nos anciennes féculeries, devrait suffire à certains de nos be-

soins. J 'ai surtout tenu à y faire connaître les possibilités de la première industrie susceptible,

à mes yeux, d'un développement t rès rapide à La Réunion : j 'a i nommé le Tourisme. En effet, M. le Professeur Merklen, venu grâce, une fois de plus, à des crédits allo'ués par le FIDOM,

a reconnu l'importance d'une de nos sources ; et, s'il nous a déçu en ce qui concerne Hell-

Bourg et Mafatte, il nous a, au contraire, laissés plein d'espérance en ce qui concernè notre belle station de Cilaos, e t peut-être même, sous une forme plus modeste, quant à l 'avenir de la source du. Bras Cabot. ! .

Thermalisme associé au Tourisme, éventuelleme.nt à des Jeux pouvant se déplacer entre

Cilaos et notre plage de Saint-Gilles, voici ce qui devrai t t rès rapidement donner à une part ie

de notre population une activité nouvelle e t par là même des ressources. Il suffirait, que soit

rapidement réglé le problème de l'hôtel de St-Denis — pour lequel d'ailleurs votre Assemblée

Départementale a déjà fait un ges'.e, dont je tiens à la remercier publiquement, en offrant le terra in de l'ancien dépôt de rhums. Il faut, en ce domaine, aller vite; car, si je viens d'es-

quisser un programme d'action future, ce dernier ne doit point, — bien au contraire — rester en re tard quant aux réalisations en cours.

C'est en effet, dans les mois prochains, dès le début de l'année qui vient, que doivent

se poursuivre les si intéressantes réalisations de la route littorale, du pont :de la rivière Saint- Denis, des aménagements du Por t et de notre aérodrome, avec une mise en valeur de l'aéro-

gare comme de la Gare Maritime, et ce alors qu'à une cade.nce accélérée se poursuit l'amélio- ration de notre réseau. routier, notamment du côté des Plaines et même du tour de l'Ile. De

leur côté, les Eaux-et-Forêts non seulement mettent en valeur nos massifs forestiers, préparent ,nos ressources de demain en bois-d'oeuvre, en choux-palmistes, en essences précieuses et mé-

dicinales, mais t racent les sentiers, qui rendront accessibles les points les plus intéressants de

notre Ile. Il suffira, que le long des routes soint plantés des .flamboyants ou des jacarandas,

e t que, par une modeste prime donnée à nos cantonniers, soient enterrées deci-delà les quel-

ques boutures indispensables pour développer, propager, compléter les bordures fleuries de

tous nos itinéraires, pour que La Réunion demain s'affirme comme « la fleur des fleurs ».

Certes, dans tout ceci, je n'ai point tenu compte du cyclone. Je n'en nie point l'existence

. et je ne veux pas sourire de sa violence, qui doit être extrême; mais je supplie le Réunionnais

de se souvenir qu'en Métropole, ses ancêtres ont connu des catastrophes de la Nature : inon-

dations, sécheresse, gel comme celui, qui, au début de cette année, a ravagé toute l 'agriculture

métropolitaine. Certes, ces catastrophes d'Europe me sont pas comparables Il l 'action du cyclone ;

mais elles sont beaucoup plus durables et beaucoup plus profondes. Or, quand elles ont pris fin, nos paysans, ressortant la charrue, retenant leurs larmes et ser rant les poings, refont la

tâche démolie. Leurs descendants ici ne doivent point faillir à ces tradit ions et je veux être persuadé, que, solidaires les uns des autres dans cette Ile à près de 13.000 kilomètres de Paris,

notre Capitale, ils sauront, le cas échéant, trouver en eux-mêmes les forces nécessaires, pour réparer, reconstruire et poursuivre les programmes en cours.

D'ailleurs, la Jeunesse, qui vie.nt me confirme en cette espérance. Je l 'ai vue lors des

fêtes de l'Ecole Publique et je pense, que bientôt, pourra être organisée une fête départemen- tale de la Jeunesse. Je sais, par ailleurs, que nos, soldats sont appréciés de leurs chefs. Je fais

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donc confiance à nos jeunes. Demain, je veux d'ailleurs espérer, qu'ils seront tous appelés à

ent rer en ce creuset vivifiant, qu'est le passage dans l'Armée. Déjà, les fils de nos inscrits marit imes doivent, — selon certaines récentes promesses —, porter l 'uniforme de notre Marine Nationale sur les unités de cette dernière et prendre ainsi une intime connaissance de cette

Mer, qui demain, doit leur assurer les moyens de vivre, tout en permet tant à l'Ile de se ravi-

tailler sur ses propres réserves de pêche. De même, je veux espérer que nos jeunes, appelés sous

les drapeaux, iront en Métropole voir des horizons nouveaux, prendre conscience de leur valeur

et de leur mission et après avoir, les uns fait leur carrière sous l'uniforme, les autres après avoir profité, à la sortie de leur service militaire, de tout l 'enseignement professionnel et tech-

nique, que la Métropole peut leur offrir, d 'autres encore après avoir gagné à Paris ou en pro- vince, une honnête fortune, ils reviendront doter La Réunion des cadres dont elle a tant besoin.

Cette jeunesse ainsi formée, plus forte grâce à une meilleure connaissance de ses possibilités,

doit t rouver ici ou dans la Grande Ile des conditions d'épanouissement ; l'expérience de la Sa- k ay, en un domaine trop limité, comme d'ailleurs la remise en valeur de certaines terres de la

région de Saint-Benoît, n'en sont que les premiers balbutiements, prouvant qu'en t ra i tan t des,

problèmes économiques on apporte des solutions sociales.

Pa r cet exposé, malheureusement un peu long, j 'ai voulu vous montrer que mon pro- gramme d'action ne se limiterait pas à la seule petite expérience de la ve.nte de quelques pom-

mes-de-terre frites à Saint-Denis, ni à la demande de deux bourses pour créer, grâce à l'Ins-

t i tu t d 'Ar t appliqué de Tananarive, de futurs artisans, producteurs de souvenirs pour notre tou- risme. de demain. JTai voulu sur tout vous faire par tager ma conviction, que, si, pour le moment,

les résultats sont maigres, l 'avenir est plein de promesses et qu'il nous faut, plus que jamais, nous a t tacher à un programme à longue échéance. Croyez-moi, quand j 'ai sous les yeux, dans mon bureau, cette pierre de fondation posée par Jacob de la Haye, Vice-Roi des Indes, ou que je regarde cet Atlas, sur lequel deux îles, Saint-Paul et Amsterdam, semblent nous appeler pour

être demain un aérodrome, tout en continuant à être des terres de pêche et d'élevage, je n'ai

nulle raison de douter de l 'avenir de cette Ile, qu'est La Réunion, département de France qui flotte en l 'immensité de l'Océan Indien.

Cet exposé, d'un optimisme raisonnable, définit l'essentiel des préoccupations, que ce-

Département impliquait, il y a près de trois ans. Les délais ont certes été allongés, car les dif-

ficultés se sont souvent rassemblées et les bonnes volontés se sont parfois éparpillées. Mais finalement à peu près tout ce qui a été alors annoncé est maintenant en t rain de se réaliser.

Aussi, en cette année 1959, pouvons-nous, d'une part, faire le point de ce qui a été fait sous le signe de la Départementalisation, et définir, d 'autre part, nos perspectives d'avenir.

Ce sera notre propos dans le présent exposé. Le cheminement de nos activités sera, de surcroît,

utilement retracé par l'exposé des t ravaux de notre « Comité d'Expansion Economique et Socia-

le ». Ainsi sera établi un document, à la fois, bilan et programme, qui — nous l'espérons —,.. pourront être utiles au lecteur, pour une meilleure -connaissance de notre Ile.

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T I T R E 1

RAPPEL DES REALISATIONS DE LA PERIODE 1946 à 1958

Les efforts entrepris pendant ces 12 années, de départementalisation ont eu essentielle-

ment pour but de développer la production agricole, seule ressource véritable de l'Ile, de sau- vegarder son patrimoine forestier et de lui donner une infrastructure et un équipement, qui lui

faisaient crellement défaut : -

— Infrastructure générale : Routes, Ports, Aérodrome, Energie Electrique.

— Equipement sanitaire et social : Hôpitaux, dispensaires, adductions d'eau.

— Habitat

— Equipement scolaire : Ecoles primaires, terrains de sports, Ecoles techniques.

Car, il faut bien le dire, dans tous les secteurs, les insuffisances étaient très grandes,

et, dans bien des domaines, tout était à faire.

CHAPITRE 1er

PRODUCTION AGRICOLE

La production agricole étant la base de la vie économique de La Réunion, des efforts

remarquables avaient déjà été entrepris avant la Départementalisation par les Services Pu-

blics et les organisations professionnelles ; malheureusement la Guerre 1939-1945 avait remis

en cause une grande partie des progrès acquis.

Dans une première période, l 'effort a porté sur l 'équipement des services ; puis le per- sonnel et les premiers moyens mis en place ont permis d'aborder dans une 2e étape :

— le problème de l 'amélioration des techniques traditionnelles (canne-à-suere, élevage, t rans- ports ruraux, etc...).

— et de la qualification professionnelle des fu turs agriculteurs (enseignement agricole).

— enfin, dans une dernière phase, l 'effort s 'est orienté vers la recherche, l ' implantation et le développement de cultures nouvelles.

EQUIPEMENT DES SERVICES

Il fallait d'abord loger les services et doter les agents des moyens indispensables de tra-

vail. C'est ainsi, que le FIDOM a pris en chai ge la construction d'un immeuble destiné aux

services vétérinaires, et la restaurat ion de la station agricole de la Providence. Le Ministère

de l 'Agriculture vient de son côté d'achever la construction d'un ensemble moderne, qui abrite,

à la fois, la' Direction des Services Agricoles et le Génie Rural, et a mis sur pied un programme de construction de logements pour ses agents, programme, dont la réalisation conditionne le re-

crutement d'un personnel technique qualifié malheureusement encore insuffisant (6 logements sont actuellement en cours de construction).

AMELIORATIONS DES TECHNIQUES

Le Centre Technique de la Canne et du Sucre

Le premier souci a été évidemment d'améliorer les méthodes de culture et, par voie de

conséquence, le rendement de la canne, qui est la richesse principale de l'Ile. Le « Centre Tech- nique de la Canne et du Sucre » créé par un décret du 1er juillet 1952 est venu compléter l'ac-

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tion de la Station de sélection des cannes de la Bretagne installée depuis déjà de nombreuses -

années par les professionnels. Il comprend un laboratoire de diagnostic foliaire et un laboratoire pour le règlement des cannes à la richesse ; tous deux sont pourvus d'un matériel moderne, qui permet les analyses de diagnostics foliaires sur un plan industriel, analyses qui facilitent

la recherche des carences et par suite l 'application des fumures rationnelles.

Le bon fonctionnement du Centre Technique a enfin autorisé, après une série d'études

minutieuses, l 'adoption dès 1954 du paiement des cannes d'après le tonnage et la richesse en su-

cre, ce qui représente, sans conteste, un grand progrès par rappor t aux errements anciens.

L'amélioration des méthodes de cultures, la sélection rigoureuse des cannes ont d'ailleurs

été déterminantes, comme le prouvent les résu l ta t s des campagnes sucrières de ces dernières, années :

L'équipement des ,usines

Parallèlement, les usines sucrières se sont équipées pour faire face aux besoins ; et des

efforts considérables ont été fai ts dans ce domaine, grâce aux dispositions du Décret du 13

février 1952, qui a permis aux sociétés d'investir une partie de leurs bénéfces en franchise

d'impôts dans la modernisation de leurs installations. Au mois de juillet 1958, on pouvait esti-

mer à plus de 2.300 millions CFA le montant des investissements agréés au t i t re du Décret du 13 février 1952 pour la dite modernisation.

La Régie de Mécano culture

De création récente, puisqu'elle ne fonctionne effectivement que depuis le 2e semestre 1957, la Régie de Mécanoculture est d'une importance capitale pour un pays comme La Réu-

nion ; grâce au matériel lourd, qu'elle met à la disposition des planteurs, des petits et moyens

de préférence, elle permet la mise en valeur de surfaces improductives ou abandonnées, ren-

dant , par là, possible, la fixation de petits exploitants agricoles sur les nouvelles zones récu-

pérées ; elle augmente le potentiel de production des terres sous cultures grâce à l 'épierrage,

le sous-solage et même la défense des terres contre l'érosion, opérations prat iquement irréali- sables sur le plan de l ' initiative purement individuelle. •

L'équipement actuel comprend 5 t racteurs « Continental » dont 3 CD7 de 85 CV et 2 CD8

de 130 CV, complètement équipés en vue de t ravaux d'améliorations foncières ; l 'achat d'une nouvelle unité de travail de 5 t rac teurs est envisagé pour les années 1960 et suivantes.

Quelques chiffres relevés pour 1958, qui est pratiquement une année de « démarrage »,, - justifient les espoirs fondés dès l'origine sur la Régie : plus de 185 ha ont été t rai tés :

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LA Util N i 0 N

Le Relief

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— défrichement et épierrage . . . 116 ha

— épierrage et sous-solage . . . . . . 66 — —• sous-solage uniquement . . . . . . 2 —

— nivellement et dessouchage . . . . 1 —

En outre, plus de 30 km de chemin d'exploitation ont été ouverts.

La modernisation des t ransports ru raux

La modernisation des t ransports ruraux s'est, pour sa part , avérée l'une des premières

actions à entreprendre en raison des conséquences immédiates sur la diminution du prix de re- vient de la canne et de la nécessité d'éviter la détérioration continuelle des routes et. des chemins.

C'est ainsi, que l'on a réussi, en un laps de temps relativement éourt, à supprimer tou-

tes les charret tes à bandages métalliques (4.000 environ), grâce aux efforts consentis par le

Conseil Général, qui a accepté de subventionner à 50 % l 'achat d'essieux à pneus agraires et

par la « Caisse de Crédit Agricole », qui a « prêté » le complément aux planteurs dans des con-

ditions particulièrement avantageuses.

Le Centre d'élevage de la Plaine des Cafreis

L'installation et l 'équipement d 'un centre d'élevage à la Plaine des Cafres, l ' importation

de géniteurs d'élite ont, de leur côté, permis d'élever le .niveau zootechnique de l'élevage réu- nionnais. En l'absence de toute documentation statistique sérieuse, on peut admettre, que le

cheptel réunionnais de bovins et ovins reste stationnaire. P a r contre, la qualité a net tement augmenté (25 à 30 % en poids) ainsi que sa production laitière.

Laboratoire de lutte contre la maladie de Teschen

Le problème est encore beaucoup plus grave pour l'élevage porcin; car il s 'agit d'une vé-

ritable reconstitution d'un troupeau décimé par la maladie de Teschen. Le Comité Directeur

du FIDOM vient d'ouvrir une autorisation de programme de 10 millions destinée à la construc-

tion d'un laboratoire pour la fabrication du vaccin. Le terrain sera fourni par le Département,

qui assurera, avec le Ministère de l 'Agriculture, les frais de fonctionnement. Tout d'ailleurs laisse prévoir que la construction pourra être prochainement lancée. Cette réalisation est urgen-

te : car la maladie de Tesdhen a fait disparaî t re plus de 60 % de notre troupeau porcin, source de viande et de corps gras (saindoux), cependant indispensable pour la masse pauvre de

notre population trop souvent sous-alimentée.

UHydraul ique Agricole

Les t ravaux jusqu'ici entrepris ont surtout été consacrés à des études de base sous la

direction du Directeur des Services Agricoles. Toutefois, une réalisation est à noter : le Canal

Général de la Ravine à Marquet, qui assure l ' irrigation de 60 à 80 hectares dans la Plaine de la Possession. Les t ravaux effectués ont ainsi permis d'atteindre un débit de 600 litres/secon-

des, qui permettront, après l'exécution d'une tranche ultérieure, d ' i rr iguer environ 400 hectares.

Les engrais

L'emploi des engrais grâce, d'une part, aux méthodes de vulgarisation appliquées par

les Services Agricoles et, d 'autre part, à l'action du « Centre Technique de la Canne et du Su- cre », tend à se généraliser. Les importations ont ainsi atteint, en 1957, 377 millions CFA,