LA REVUE CULTURELLE DE L’ARC LÉMANIQUE...Skunk Anansie: la rage londonienne traverse le temps...

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VARIÉTÉ THÉÂTRE EXPOSITION DANSE JAZZ CLASSIQUE & OPÉRA LA REVUE CULTURELLE DE L’ARC LÉMANIQUE Nouvelle saison Découvrez les programmes de La Comédie de Genève, l’esplanade du lac… Variété Amélie-les-crayons: la poésie en chanson Face à face Skunk Anansie: la rage londonienne traverse le temps Agendas détaillés pages 58 à 80 Fondation Martin Bodmer Richard Wagner Un bicentenaire au-delà du compositeur CHF 5.- | Numéro Septembre / Octobre 2013 49 9 772296 266491 JEUNE PUBLIC

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VARIÉTÉ THÉÂTRE EXPOSITION DANSE JAZZ CLASSIQUE & OPÉRA

LA REVUE CULTURELLE DE L’ARC LÉMANIQUE

Nouvelle saisonDécouvrez les programmes de La Comédie de Genève, l’esplanade du lac…

VariétéAmélie-les-crayons: la poésie en chanson

Face à faceSkunk Anansie: la rage londonienne traverse le temps

Agendas détaillés pages 58 à 80

Fondation Martin Bodmer

Richard Wagner Un bicentenaire au-delà du compositeur

CHF 5.- | Num

éroSeptem

bre / Octobre 201349

9772296266491

JEUNE PUBLIC

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2 Éditorial

3 Brèves

Dossier4 Richard Wagner – Un bicentenaire

au-delà du compositeur

Nouvelle saison8 Le Grütli sans superstition16 Musique, danse et comédie à

l’esplanade du lac24 Plans-les-Ouates: 8ème édition! 28 Éclectisme à l’Espace Culturel des

Terreaux: tous les goûts sont per-mis!

38 Thèmes et variations au Théâtre deBeausobre

56 Entre classiques et inédits, lesspectacles ne vous laisseront aucunrépit à La Comédie

Variété10 Le NED Music Club: un temple du

hip-hop renaît de ses cendres34 Amélie-les-crayons: la poésie en

chanson55 L’aventure commence…

Théâtre12 Les lois du marché tirent les ficelles 35 The Suit - Peter Brook au Théâtre

Forum Meyrin

Portrait14 Gérard Demierre: génie bienveillant

Expositions18 Les années Majorque: Miró à la fon-

dation de l’Hermitage 32 Expo au Château

À livre ouver20 “Loin de soi”, près des mots

Danse22 Synchronicity ou les détours de la vie

À portée de flèche25 Festival Alt. +1000 - La photogra-

phie contemporaine hors des sen-tiers battus

Classique & opéra30 Concours Clara Haskil42 Septembre Musical: découvrez tout

le programme!

Jeune public40 Aldebert vous présente “Enfantilla-

ges 2”

Concours43 20 ans de Green Cross, Septembre

Musical,, Geneva Camerata, L'Or-chestre de Chambre de Genève,

Les Misérables

Portfolio44 Pro-choice en images

Découverte10 La céramique à Carouge48 Genève culturelle: promenades à

travers la ville

Jazz50 Le Singe Vert: une joyeuse nostalgie

Face à face52 Skunk Anansie: la rage londonienne

traverse le temps

Agenda & adresses53 Agenda par date66 Agenda par genre76 Agenda des expositions78 Adresses des salles

Dossier

Wagner ou l’opéra hors de soi

Exposition

Expo au Château

Sommaire

4 32

À portée de flèche

Festival Alt. +1000

Face à face

Skunk Anansie25 24

JEUNE PUBLIC VARIÉTÉ THÉÂTRE EXPOSITION DANSE JAZZ CLASSIQUE & OPÉRA

L’Agenda 1

SEPTEMBRE MUSICAL31.08 – 12.09.2013 www.septmus.ch

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MASTER CLASSLe Conservatoire de musique de Genève propose une Master Class de

guitare, avec la participation exceptionnelle d'Alvaro Pierri, le 20

septembre.

FESTIVALSL'association Viviskes est très heureuse de vous présenter la 1ère édition

de son festival Les Celtiques de Vivisco qui aura lieu du 30 août au 1er

septembre à Vevey: au-dessus d’un site archéologique, des artisans, des

reconstitutions de batailles historiques, des jeux antiques et interactifs pour

tous… et des concerts! www.celtiquesdevivisco.ch

Le Festival Amadeus aura lieu du 29 août au 7 septembre à la Grange de

la Touvière, à Meinier. Départ d’un bus 45 minutes avant chaque spectacle

devant le Grand-Théâtre (Place Neuve). www.festival-amadeus.ch

Du 30 août au 14 septembre, retrouvez La Bâtie - Festival de Genève,,

dans les communes et ses environs transfrontaliers, avec une

programmation dense composée d’artistes reconnus ou émergents.

www.batie.ch

La 4ème édition du festival Nox Orae aura lieu les 6 et 7 septembre au

Jardin Roussy à la Tour-de-Peilz. Venez profiter de deux jours de musique

folk, électrique, psyché et magique ! www.noxorae.ch

Les 20 et 21 septembre, l’Esplanade du Lac de Divonne présente la 5ème

édition du Monts Jura Jazz Festival. Au programme: Robin McKelle, J.J.

Milteau, Marc Berthoumieux et Raphaele Atlan. www.jurajazz.com

À l’occasion du bicentenaire de la naissance de Wagner, le Wagner Geneva

Festival, se déroulera du 26 septembre au 5 novembre à Genève, mais

aussi à Lausanne. www.wagner-geneva-festival.ch

Du 3 au 20 octobre, a lieu la 17ème édition du festival JazzContreBand,

dans plusieurs villes de France voisine et de Suisse.

www.jazzcontreband.com

DIVERS Du 12 au 15 septembre, au Casino-Théâtre à Genève, la Compagnie

lesArts fête ses dix ans. www.lesarts.ch

Vendredi 13 septembre à 19h, le théâtre Am Stram Gram, à Genève,

organise une soirée, ouverte à tous, pour faire découvrir le programme de

la saison en détail. L’entrée est libre, mais il est recommandé d’annoncer

sa venue au 022 735 79 24 ou par mail à [email protected].

Le 14 septembre l’AMR (Association pour l’encouragement de la Musique

impRovisée) fête ses 40 ans. Dès 16h et pour toute la nuit! Fanfare,

concerts, repas, projections, scènes libres et partition instantanée… Entrée

libre. www.amr-geneve.ch

“Arsenic is open!” Pour fêter sa réouverture après travaux, le Théâtre

Arsenic ouvre ses portes au public du 20 au 22 septembre. L’entrée est

libre. www.arsenic.ch.

La tournée anniversaire 2003-2013 du cinéma itinérant Roadmovie aura

lieu dans toute la Suisse du 23 septembre au 22 novembre 2013.

www.roadmovie.ch.

L’Agenda 3

Brèves

2 L’Agenda

L’attente atteint son apogée à l’aube de l’automne. Saison de repli pour

le commun des mortels, il est un renouveau crucial dans le monde

artistique. Septembre voit l’arrivée de la saison nouvelle, vendange

culturelle minutieusement portée à maturation lors d’une intense

réflexion. Réjouissez-vous, il est venu le temps des découvertes.

Nous vous quittions sur une note printanière, désormais le ton est

sérieux. Reprises et créations reviennent vous séduire, dévoilant des

promesses mirifiques le temps d’une année. Le cycle reprend son cours,

rattrapant la vie là où elle a laissé le sien. Le temps ne s’arrête jamais.

Riche de collaborations enthousiastes, L’Agenda va son chemin,

vaillant. Les arrivées succèdent aux départs. La pérennité d’une édition

est ainsi faite. Bon vent chers amis, bienvenue chers collègues.

Aujourd’hui, le premier rôle est offert aux nouvelles saisons, reines

perpétuelles de la rentrée. Aucune ne ressemble à l’autre. Diversité et

surprise semblent être les maîtres mots du concept, pour notre plus

grand plaisir. Pour le vôtre également, nous le croyons.

Au nom de tous mes collègues – passés, présents et futurs, je vous invite

à l’émerveillement, à la stupéfaction, au bonheur que seuls l’art et la

culture savent provoquer. L’Agenda est ravi des retrouvailles.

Merci à vous, chers lecteurs.

Ophélie ThouanelRédactrice en chef

É D I T O R I A L

Passages

© Alessandra Passaseo

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L’Agenda 54 L’Agenda

Wagner est connu du (grand) publiccomme un compositeur

incommensurable, à l’origine d’opérasdémesurés. A travers cette exposition, laFondation Martin Bodmer propose un“parcours en portée diachronique”,retraçant les grandes étapes de la penséede Wagner et les courants historiques qu’ila traversés. Car Richard Wagner n’est pasun simple compositeur. Au-delà de lamusique, c’est l’art dans sa globalité qui lefait vibrer. Il théorise ainsi la portée socialeet politique de cet art, son impact possiblesur l’évolution de la société.

L’exposition s’articule en plusieurs étapes.Il y a d’abord les années de formation deWagner, son engagement au sein dumouvement Jeune-Allemagne, aux côtésde jeunes écrivains allemands. Des idéesprogressistes – notamment au sujet de lareligion, prônant la libération des mœurs,telle une contre-offensive au romantisme.Puis, dès 1848, Richard Wagner entre dansune période plus intense. Il publie desarticles explicitement engagés, participeaux journées révolutionnaires. Ferventdéfenseur des mouvements anarchistes etsocialistes, il est contraint à l’exil et se rend

Richard WagnerUn bicentenaire au-delà du compositeur

L’année 2013 sera résolument wagnérienne. Afin de célébrer comme il se doit le bicentenaire de la naissance de Richard Wagner, la Fondation Martin Bodmer présente

une exposition inédite et passionnante, à découvrir du 5 octobre 2013 au 23 février 2014:

“Wagner ou l’opéra hors de soi”.

Texte:Ophélie Thouanel Photo: Fondation Martin Bodmer, Cologny @www.agencies.ch

Richard Wagner, Tristan und Isolde, Manuscritautographe, Paris, 22 février 1860

©Fondation Martin Bodmer, Cologny

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L’Agenda 76 L’Agenda

alors à Zürich, où il séjourne pendant dixans. Il produit alors quelques essaisthéoriques sans construction, évoquant lelien entre art et société.

À cette période de sa vie, le modèle ultimede Richard Wagner est celui de la tragédiegrecque, dont les valeurs l’inspirent. Lafracture entre pensée théorique et penséepratique y est réelle. Wagner tente dejustifier un changement nécessaire de lasociété afin que ses œuvres puissent êtrereçues. Mais la musique apparaît sommetoute assez tardivement dans sa vie  : ilcompose à partir de 1850.

En 1854, Richard Wagner découvreSchopenhauer à travers “Le mondecomme volonté et comme représentation”.

Alors que le Ring est déjà imprimé,Wagner découvre le vrai sens du texte. Ilne s’agit plus de rénovation du monde parl’amour, mais de renonciation,d’aspiration au néant. Wagner effectuealors une relecture complète de sonœuvre.

Sa réflexion prend alors un sens mystiqueet il se positionne fermement au sujet de lareligion: à une critique du christianismesuccède une synthèse des religionschrétiennes et bouddhistes. Il développeson propos dans une œuvre singulière,“Religion et Art”. L’art acquiert donc unevéritable fonction religieuse, tel unmedium universel d’une religioncompassionnelle.

À travers cette exposition, la FondationBodmer présente un visage méconnu deRichard Wagner, celui d’un pionnierplaçant le mythe au cœur de ses œuvres,pourfendeur d’enjeux essentiels.

Mise au point avec Christophe Imperiali,commissaire scientifique de l’exposition.

Selon vous, “l’œuvre de Wagner a été lemiroir dans lequel l’Europe a pu (etpeut encore) lire allégoriquement sapropre histoire”. En quoi l’évolutionactuelle de l’Europe peut-elle être reliéeà l’œuvre wagnérienne?De tout temps, on a pu lire les œuvres deWagner comme un miroir de la société. Au20ème siècle, le nazisme se les est d’ailleursappropriées… Dans Parsifal, notamment,

les protagonistes attendent la venue d’unsauveur afin de racheter la civilisation, surune Terre dévastée. Quant au deuxièmeacte, c’est la tentation qui est au cœur del’action – cette même tentation que l’ontrouve dans le nazisme. Le metteur enscène Herheim Stefan a d’ailleurs proposéune version adaptée de cet opéra lors duFestival de Bayreuth en 2008, plaçant lascène finale dans le cadre du Bundestag àBonn!D’une manière générale, il est vrai quel’œuvre wagnérienne a beaucoup été reluepar rapport à l’histoire de l’Allemagne.Mais les concepts et les valeurs peuventêtre reliés à l’évolution de l’Europe engénéral, car les destins de ses membresrestent intimement liés.

Wagner représente l’apogée de l’opéra,que ce soit en termes de dimensionorchestrale, de longueur ou encore detonalités. N’est-il pas une porte ferméeà ses successeurs?Wagner a en effet été considéré comme unéteignoir, un “magicien noir”. Denombreux compositeurs ont été tétaniséspar Wagner. Chausson et Debussy fontpartie des “victimes” – bien qu’on ait plustard “Pellas et Mélisande”. Le poids duwagnérisme s’est atténué au début du20ème siècle à travers l’élévation d’unevoix contre l’esthétisme wagnérien, larecherche de contrepoisons et de modèlesplus réalistes. Le mythe de l’aspiration àl’art total a alors été déclaré utopique et unrenouveau a été possible.

Au-delà du compositeur, en quelstermes peut-on parler de Wagner entant que philosophe? Le philosophe Friedrich Nietsche a publiéen 1888 une œuvre nommée “Le casWagner”. Il considère donc RichardWagner comme un fait de société,permettant de comprendre le monde. Larécupération, plus tard, de l’idéologiewagnérienne par le nazisme la rend alorsnéfaste, voire dangereuse. Ainsi, Wagner

représente un sujet de philosophie – et depsychologie – avéré. Quant à l’idée de Wagner en tant quephilosophe, elle se défend par les écritsthéoriques du compositeur. Ils abordenttoujours la question de l’art en tantqu’aboutissement de toutes les recherchesintellectuelles, dans un mouvement à la

fois social, politique et religieux. RichardWagner cherche à dépasser la penséeintellectuelle pour toucher le public etpeut donc être considéré, dans cecontexte, comme un philosophe à partentière.

Arthur Schopenhauer, Die Welt als Wille und Vorstellung, Leipzig, 1844, vol. 2 1ère édition ©Fondation Martin Bodmer, Cologny

“L’opéra, pour Wagner, est plus qu’un genre artistique, c’est une pensée dumonde. Non pas un modèle du monde, mais la mise en œuvre d’une transformation,intérieure et sociale. Tous ses opéras racontent une histoire de rédemption, et il vitlui-même dans la conviction que le monde qui l’entoure doit être sauvé par l’art.

L’opéra hors de soi, c’est l’opéra qui passe de la scène à la salle et de la salle à la rue.En créant une œuvre musicale, où il rompait avec l’opéra italien dans sa volonté defaire du drame musical un seul bloc sonore, Richard Wagner a aussi créé un théâtreaux ambitions totalisantes, indissociable à ses yeux d’une société qu’il fallait réfor-mer. Car l’art et la pensée ont pour lui partie liée. Non seulement il ne cesse de mé-diter sur l’art et sur sa place dans la société, mais il nourrit aussi son œuvre auxsources de pensée les plus diverses.

[…] Wagner s’est confronté à ses propres risques à de grands enjeux philosophi-ques, politiques ou religieux : on croisera Bakounine, Feuerbach, Schopenhauerou Nietzsche ; on écoutera Wagner esquisser les linéaments d’une société idéale,sur le mode révolutionnaire de 1848 ou avec les accents plus gênants que susciteune certaine théorie de la “germanité” […]”

Professeur Charles Méla, directeur de la Fondation Martin Bodmer

Richard Wagner, Trisan und Isolde, livret copié par Hans von Bülow, annoté par Richard Wagner, 18v-19r, 1857 ©Fondation Martin Bodmer, Cologny

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L’Agenda 98 L’Agenda

N O U V E L L E S A I S O NN O U V E L L E S A I S O N

La saison s’ouvre avec “La nuit juste avantles forêts”, pièce de Bernard-Marie Koltès,

du 17 septembre au 6 octobre. Le cri d’unhomme, seul sur scène… Un spectaclebouleversant, qui sait toutefois être drôlequand il le faut..

Changement de registre avec un diptyque:deux pièces de Marion Aubert qui se suiventet nous embarquent pour un moment deplaisir et de rire. “Les aventures de NatalieNicole Nicole” et “Les Trublions”: à venirsavourer sans modération du 8 au 27 octobre.

Du 5 au 24 novembre, venez redécouvrir“Crime et châtiment” de Fédor Dostoïevski. Ily a vingt ans, Benjamin Knobil fut subjugué àla lecture de cette œuvre et son travaillittéraire en fut très influencé par la suite.Cette adaptation et cette mise en scène authéâtre rendent honneur au texte original etne sont à manquer sous aucun prétexte.

Fuyez le froid les 6 et 7 décembre avec“Mutant Slappers & the Planet Bang”,spectacle total, provocateur, qui ne chercherien d’autre que de débrider la foule. Le but ?Se détacher des pressions morales etreligieuses qui empêchent de vivre avecplaisir.

Frédéric Polier met en scène “La Terquedad(L’Entêtement)”, du 14 janvier au 2 février. Ladernière pièce de l’heptalogie que RafaelSpregelburd a écrite autour des sept péchéscapitaux se joue avec en arrière-plan la guerred’Espagne. Dans cette oscillation entrefascisme et démocratie, il n’y a pas de pointde vue unique; chaque personnage perçoitsubjectivement le contexte politique.

La question du choix est au centre d’ “Unavenir heureux”, de Manon Pulver, jouée du28 janvier au 16 février. Les choix traversentnos existences de part en part, c’est ainsi quel’auteur mise sur le dédoublement: chaqueacteur incarne deux personnages. Comique,étrange, mélancolique par moments, la piècene peut que faire écho chez chacun.Choisirez-vous d’aller la voir ?

À la manière de Racine, adaptant la tragédieantique d’Euripide à son époque, KristianFrederic adapte “Andromaque” à la nôtre.Pourtant, il ne se livre pas exactement aumême exercice que Racine, puisqu’il conservela structure de la pièce et l’alexandrin.Transposer une tragédie du 17ème siècle au21ème siècle, voilà le défi qu’il s’est lancé.Arrivera-t-il à la faire résonner dans voscœurs? À vérifier du 28 février au 15 mars.

Traiter le thème classique du couple en crisede manière originale, voilà tout l’intérêt de“Bientôt viendra le temps”. La pièce est unecomédie, bien que certaines scènes relèventdu burlesque, de la tragédie, ou même del’absurde. Du 18 mars au 6 avril, vous serezsurpris, déstabilisés, mais finalement ravis parles mots de Line Kutzon dans la bouched’acteurs criants de vérité et mis en scène parSophie Kandaouroff.

Aux dires de Cédric Dorier, metteur en scènede la pièce, “Misterioso 119” est une “énigmethéâtrale”. L’auteur, Koffi Kwahulé, s’inspiredu célèbre morceau de jazz de TheloniusMonk et délivre une partition de seize tableauxoù le flou est maître. Combien y a-t-ild’interprètes féminines? Le metteur en scènechoisit le nombre douze et mène la danseavec brio! À voir du 3 au 16 avril.

Encore un classique avec “Les Brigands” deFriedrich Von Schiller. La pièce retrouve safraîcheur avec la mise en scène d’EricDevanthéry. Il a choisi pour vous dereprésenter la première version, celle qui n’apas subi les affres des influences, celle qui ale plus de force et de fureur. Venez doncdécouvrir son interprétation du 2 au 18 mai.

Du 13 mai au 1er juin, Attilio Sandro Palesevous offre du rêve dans “Nobody dies inDreamland”. Une pièce sur le temps etl’espace qui finissent par s’effacer devant ceRêveur universel qui nous rêve tous.

Avec “A Naniwa, qu’importe”, le Groupe duVent présente sur scène des personnages depassage. Rencontres, croisements… Laissez-vous prendre par la beauté de ce spectacle du10 au 15 juin!

Pour terminer la saison en beauté, MatteoZimmermann rend hommage à Alfred Döblinavec “Malade d’avoir laissé passer l’amour.Berlin Alexanderplatz…”. Du 13 au 29 juin,cette adaptation du roman en pièce saura, àn’en pas douter, vous éblouir!

Le Grütli sans superstitionLe Théâtre du Grütli présente une nouvelle saison de treizespectacles, riches de cette passion qui anime tout bon auteuret tout bon acteur: faire vibrer le théâtre pour emporter les

spectateurs dans une autre réalité.Texte: Jade Sercomanens Photo: Isabelle Meister

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La céramique et Carouge, c’est unehistoire d’amour qui ne date pas

d’hier. En effet, déjà hôte de plusieursateliers de poterie, la ville entre dansl’histoire de la faïence en 1802, avecl’établissement de la manufacture defaïence fine d’Abraham Baylon, jeuneNyonnais dont la famille est dans ledomaine depuis plusieurs générations.Avec son concours, Carouge devient uneplaque tournante, une place d’échange desavoir et d’expérience où se croisent desartisans venus de partout.

À l’heure actuelle, les arts de l’union entreterre et feu ont encore une placeimportante dans les ateliers et les galeriesde la ville. Par ailleurs, cela fait presque 25ans qu’ils sont tous les deux ans àl’honneur à Carouge et à Genève durant

le Parcours Céramique Carougeois. Cettebiennale, auparavant organisée par uncomité associatif, a été reprise en 2009par la Fondation Bruckner, ce qui apermis de lui faire acquérir unerenommée internationale.

Le premier week-end de l’évènement,Swissceramics organise son marché decéramique sur la place de Sardaigne. Deplus, tous les deux ans, un concoursinternational de céramique est organisépar le Musée de Carouge; cette année, ila pour thème le nain de jardin. Laproclamation du palamarès etl’attribution des trois prix auront lieu lesamedi 28 septembre, lors du vernissagede l’exposition, qui durera jusqu’au 10novembre.

Occasion de rencontres et d’échanges, leParcours Céramique est un rendez-vousartistique de premier plan. Cettetreizième édition offre un programmevarié et accueille trente-deux céramistesde quatorze nationalités différentes, dontles œuvres sont exposées dans les galeriesd’art et ateliers de créationcontemporaine ainsi que dans troismusées genevois – l’Ariana, la FondationBaur et le Musée de Carouge –, soit vingt-cinq lieux d’expositions. En parallèle, cesneuf jours seront traversés par diversévènements: démonstrations,conférences, projections de films,cuissons ouvertes au public, librairiecéramique, performance, ou encoreatelier pour enfants. Vous n’aurez pas letemps de vous ennuyer!

D É C O U V E R T E

Amoureux des arts de la terre et du feu, artistes, collectionneurs ousimples novices, la Fondation Bruckner pour la promotion de lacéramique vous invite du 28 septembre au 6 octobre au treizième

Parcours Céramique Carouge.

Texte: Jade Sercomanens

La céramiqueà Carouge

Œuvre en lice pour le concoursinternational de céramique: “Zut, encore le printemps!”DR©l'artiste

L’Agenda 1110 L’Agenda

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L’Agenda 1312 L’Agenda

Fable politico-sociale, décalée et cinglante, la pièce s’inscritparfaitement dans l’héritage d’Offenbach, compositeur bien

connu pour ses opéras-bouffes très critiques envers la sociétéfrançaise du dix-neuvième siècle. Ici, l'on passe notre sociétéactuelle à la moulinette. C’est que la Germanie franco-saxonne,dans laquelle évoluent les personnages, n’est autre que l’Occident“qui s’enlise”.

Happystadt est en crise. L’usine de jouets a fermé. Le PDG s’estpendu. Voilà que le décor est planté. Tour à tour, grands patrons,travailleurs et conseillers dansent la gigue de la machineéconomique et changent d’avis comme de chemise pourvu que leprofit soit au rendez-vous. Alors que le sujet pourrait s’encoubler sur un ton moralisateur,Olivier Chiacchiari manie avec adresse les affres de ladécroissance en mêlant sentimental, drame et parodie comique.L’auteur genevois, d’origine italienne, se nourrit des œuvres deRousseau, Montesquieu ou encore Platon, afin de “revenir auxfondamentaux, à la naissance de nos démocraties, à leurs objectifspremiers”. Auteur de deux autres spectacles pour marionnettes“La Cour des Petits” et “Le Vilain petit mouton”, OlivierChiacchiari a accepté de répondre à quelques questions deL’Agenda.

Pourquoi destinez-vous cette pièce aux adolescents etaux jeunes adultes?Elle ne leur est pas spécifiquement destinée, mais les jeunes sontun public précieux, car ils représentent l'avenir, et lesproblématiques évoquées dans la pièce les touchent de pleinfouet. C'est le monde dans lequel ils vont entrer, devoirs'intégrer, que je fustige. Les codes de l'opéra-bouffe m'ontpermis d'apporter une lecture simple et carrée de la criseéconomique actuelle, simple mais non simpliste.

Doivent-ils avoir de quelconques connaissancespolitiques pour saisir l'œuvre?En aucun cas, ce serait une aberration. Je ne suis ni politologue,ni sociologue, je suis dramaturge et j'écris pour les profanes. Jeme fie à mon imaginaire plus qu'à mon savoir, et ce que je sais, je

le théâtralise. Si le terme “populaire” n'était pas si galvaudé, jedirais que je suis un auteur populaire au sens littéral du terme. Jeviens du peuple et j'écris pour le peuple.

Vos personnages semblent être tous sortis du mêmemonde où égoïsme et surenchère sont des termes-clés.Pourtant ils sont toujours surpris d'avoir été trompés,comme s'ils étaient naïfs ou ignorants des autres. Est-celà un paradoxe? La surenchère, exactement: plus de travail, plus de rendement,plus de croissance ! À ce jeu-là, les plus avides ne sont pastoujours ceux que l'on croit. Oui, l'égoïsme généralisé d'une partet pas mal de naïveté de l'autre. Ce n'est pas paradoxal, c'estcomplémentaire. L'égoïsme pour fustiger les personnages et lanaïveté pour les rendre attachant, afin que le public prenne plaisirà les suivre dans leurs tribulations. Tout le monde décrie le système capitaliste actuel, mais chacunen profite dès qu'il en a l'occasion. Les travailleurs incriminentles entrepreneurs, les entrepreneurs incriminent les politicienset les politiciens incriminent la crise en elle-même. C'est laquadrature du cercle. Pour ma part, je considère que noussommes tous responsables de la déroute actuelle, chacun à sonéchelle, bien sûr. La politique nous concerne tous au quotidien,qu'on le veuille ou non. Ce qui se passe en Europe m'inquiète.Mais personnellement, je ne crois plus à la politique telle qu'elleest pratiquée aujourd'hui. Je pense qu'elle vit ses dernièresannées et que les dirigeants du futur vont devoir tout réformer,repenser, réinventer. Et plus uniquement autour de l'argent, durendement et du profit.

Un seul personnage échappe, semble-t-il, à ce moule: lafemme de ménage. Pourquoi l'avoir créée muette? Que ouqui symbolise-t-elle? La femme de ménage représente la seule “victime” de cettehistoire. On l'exploite pour un salaire de misère et dès que çatourne mal, on s'en débarrasse sans ménagement. Tous lesacteurs de la crise sont médiatisés: syndicats, patronat etgouvernants. Tous n'ont de cesse de se défendre et de sevictimiser, à tel point qu'on en oublie les victimes qui n'ont pasdroit de cité. Les laissés-pour-compte qui souffrent en silence.C'est à ceux-là que je pensais lorsque j'ai créé ce personnagemuet. Pour faire retentir un peu de silence au milieu du tumulte.

Une création du Théâtre des Marionnettes de Genève pour adulteset adolescents, à découvrir du 2 au 24 novembre, dans une mise enscène de Guy Jutard.

Les lois du marché tirent les ficelles

Les personnages d’Olivier Chiacchiarin’ont pas fini de nous faire réfléchir.

Dans “Les lois du marché”, son nouveauspectacle, elles incarnent l’homo

economicus dans toute sa splendeur.

Texte: Diane Zinsel

T H É ÂT R E

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L’Agenda 1514 L’Agenda

“J ’étais enfant d’ouvrier de cheminsde fers”, commence le metteur en

scène. Ce détail façonne l’enfance dujeune Gérard: obligé de changer de ville etd’école tous les un ou deux ans, il éprouvedes difficultés à renouer à chaque fois denouvelles amitiés. “D’un canton à l’autre,même la calligraphie était différente àl’époque! Et, manque de chance, j’étais lepoil de carotte et toujours le plus petit dela classe: c’est ainsi que cela a commencé.J’ai conçu ce réflexe, trouvé le truc pourexister. J’ai commencé à jouer lacomédie!”.

Il s’y prend même tellement bien qu’il estengagé dans la troupe de théâtre amateurLes Funambules de Delémont, où on luipropose le rôle de… Poil de Carotte. Lorsd’une représentation, il a l’occasion derencontrer Pierre et Mousse Boulanger,qui sont séduits par le jeu du garçon:“C‘était mon histoire, je la jouais aupremier degré. Mais je n’avais pas encoreappris à prendre une distance. Sur scène,on ne pleure pas, on se retient, c’est lepublic qui pleure”. Le couple Boulangerl’encourage à entrer dans une école dethéâtre, mais les parents de Demierre sontréticents: il entre alors à l’école d’artsappliqués de Bâle, avec en tête l’idée detravailler sur des décors de scène.

Quelques années plus tard, à Milan, alorsqu’il travaille en coulisses, GérardDemierre observe le jeu des acteurs… etdécide d’entrer dans l’école du PiccoloTeatro. “J’ai passé toute la premièreannée dans cette école sans avoir à

prononcer une seule réplique. C’était lethéâtre du corps, qui en Suisse, n’existaitpas encore à l’époque. Un apprentissageextraordinaire pour se sentir bien dans sapeau”.

Après un passage par l’Ecole du Clown deParis, où il perfectionne ce travailcorporel, il revient en Suisse, pourtravailler comme comédien au Théâtre deVidy. Puis, lassé par des rôles trop

monotones, il franchit le pas, et se faitmetteur en scène. Entre 1976 et 2013, ilmet sur pieds plus d’une centaine despectacles un peu partout en Suisseromande. Avec Gérard Diggleman,Demierre fonde Le petit théâtre deLausanne, en 1990. Des spectaclesprofessionnels de haute qualité pour lesspectateurs en herbe, c’est l’idée brillantede ces deux passionnés: Gérard Demierrea un don pour transmettre son amour desarts de la scène.

S’il remet les clés du petit théâtrequelques années plus tard, il n’enabandonne pas moins son engagementenvers les plus jeunes: il se plie en quatre

pour les aider à trouver leur voie et leurforce dans la créativité, en organisant desstages de théâtre, chaque été enBourgogne. “J’essaie de les aider à trouverla différence entre le comédien et l’acteur:dans notre société on joue la comédie tousles jours, on nous apprend à êtrehypocrites. Il faut retrouver l’acteur. Jeveux les aider à vivre dans l’être, et nondans le paraître”. Un pari ambitieux, quisemble porter ses fruits. Demierre faittravailler les enfants sur leurs émotions,les pousse à exprimer leur personnalitédans le jeu. “Les jeunes ont besoin detendresse, d’un cadre rassurant où ilspeuvent exprimer leur créativité. Je meretrouve grand-père d’une vingtaine demômes pendant une semaine, c’estgénial”.

Homme de challenge, Demierre aimepasser d’un registre à l’autre, prendre letemps de travailler sur d’énormes projets:il a d’ailleurs été mandaté pour mettre enscène “La beauté sur la terre”, de Charles-Ferdinand Ramuz, en septembre prochainsur la Place d’Armes de Cully. Un projetde grande ampleur, qui fait participer unnombre important de comédiens amateursde la région, qui bénéficieront du soutienet du rôle de Gil Pidoux. “Je suis trèsheureux quand les gens viennent mechercher, comme à Cully, pour travaillersur des projets un peu fous. Et travaillersur les textes de Ramuz, adaptés par BlaiseHoffman, c’est un vrai privilège. J’aimecréer des choses qui appartiennent auterroir: on propose aux indigènes quelquechose qui leur appartient, on exploite lepatrimoine culturel local”.

Gérard Demierre avoue être pris jusqu’en2016: des projets dans toute la SuisseRomande, de grande ou moyenneampleur, auxquels il saura donner, commetoujours, ce petit quelque chose qui rendla vie douce.

P O R T R A I T

Comédien et metteur en scène, Gérard Demierre est un homme de théâtre hors pair. Depuis toujours, il dédie son art à tous les publics, avec une attentionparticulière pour les plus jeunes. Rencontre avec unhomme passionné.

Texte: Livia Bouvier Photo: Claude Dussex

“Le théâtre estéphémère,

marginal, mais pas moribond”

Gérard Demierre:génie bienveillant

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situations humoristiques par desenchaînements de gages et de parodies.

Cinq jours plus tard, c’est la comédieaudacieuse de Martial Courcier qui investirales lieux. “Plus vrai que nature” raconte lespéripéties de Julien (Paul Belmondo),quadra séducteur et célibataire, qui consacretout son temps à son travail et désespère dene pas trouver l’amour. Sa vie basculeralorsqu’il rencontrera la belle Chloé(Delphine Depardieu). Même François

(Jean Martinez), le meilleur ami de Julien, nerestera pas insensible à son charme.

Côté musique, danse hip-hop et univers dudessin animé, la compagnie d’AlexandraN’Possee revient avec sa nouvelle création,“Anima”. Après “Nos limites” et “LesS’tazunis”, ce spectacle, prévu le 7 novembre2013, reprend le conte de FrédéricKocourek et met en scène Zao qui perd sonombre et part à sa recherche. Pour cettepièce, dix danseurs, virtuoses des mains, des

genoux et des têtes se succèdent.. Vidéastes,dessinateurs et la marionnettiste EmilieValentin sont également de la partie.

Puis ce sera au tour d’un grand classique des’installer au théâtre. Le 22 novembre 2012,la compagnie Cartoun Sardines interprètel’indémodable “Misanthrope” de Molière.Alceste est amoureux de Célimène. Vivantdans une mauvaise humeur permanente, ildénonce l’hypocrisie de la société danslaquelle il évolue tout en conservant en luiune part d’idéalisme. Trois comédiens:Bruno Bonomo, Patrick Ponce etDominique Sicilia interprètent les huitpersonnages de la pièce.

En approchant de la période de Noël, lepianiste aux 50 doigts vient rendre unepetite visite le 5 décembre 2013. PascalAmoyel, révélé après une Victoire de laMusique en 2005, rend hommage à sonmaître le grand pianiste hongrois GyörgiCziffra. Au cours du spectacle, il livre son histoire par une interprétationbouleversante. C’est un véritable roman: nédans une famille de Roms, Györgi Cziffra,l’enfant prodige, jouera dès l’âge de 5 ansdans les cirques. La guerre le contraintmomentanément à arrêter la musique. Et cesont finalement de sordides cabaretsbudapestois qui lui permettront de renouercontact avec le clavier aux touches blancheset noires.

Enfin, le 13 décembre 2013, l’Afrique s’inviteà Divonne-les-Bains. Eric Bouvron faitdécouvrir aux spectateurs l’univers ducontinent qu’il a vu en grandissant. Danse,musique, humour et dessin créent l’universloufoque de “Afrika”. Le comédien Mathosprésente quant à lui l’Afrique du Sud.Ensemble, ils incitent au voyage et invitentle public à découvrir un autre peuple, uneautre manière de penser.

l'esplanade du lac nous réserve donc unprogramme multicolore, où chacun sauratrouver son bonheur!

Le 27 septembre 2013, “La familleSemianyki” sera au rendez-vous pour

un spectacle visant le grand public. Il s’agitde la troupe du Luceidei, fondée à St-Pétersbourg en 1968 par Slava Polunin qui agagné sa réputation grâce à son art du clown

muet. La troupe raconte l’histoire d’unefamille complètement frapadingue: un pèrealcoolique (Alexander Gusarov), une mèreenceinte à un cheveu de la libération (OlgaEliseeva) et leurs enfants (Kasyan Ryvkin,Elena Sadkova, Yulia Sergeeva). Ces

derniers cherchent, par des moyensoriginaux, à tuer leur père. Malgré le chaosde la maison, la famille continue de vivre etles événements ne cessent de s’enchaineravec un humour corrosif.

Trois musiciens et comédiens, EmanuelHussenot, Patrick Perrin et ChristianPonard, revisitent, le 10 octobre 2013, lesgrands répertoires musicaux dans “De lafuite dans les idées”. En véritablesmenuisiers, ils “bricolent” musique et

L’Agenda 17

Alors que la saison d’automne approche, l'esplanade du lac, à Divonne-les-Bains, a concocté un programmeriche en musique, en rire et en émotion.

Texte: Christelle Membrez Photo: Francis Campagnoni

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N O U V E L L E S A I S O N

Musique,danse et comédieà l’esplanade du lac

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L’Agenda 1918 L’Agenda

Les années Majorque: Miró à la Fondation de l’Hermitage

La Fondation de l'Hermitage à Lausanne tente un pari ambitieux:elle présente une exposition des œuvres de la maturité de Miró.Des créations moins connues du grand public et plusexpérimentales, à découvrir jusqu’au 27 octobre 2013.

Texte: Livia Bouvier

En 1938, la revue XXème siècle publie un texte nommé “Je rêve d’ungrand atelier”: Miró y exprime son désir de posséder un vaste lieu

de travail bien à lui.C’est en 1956 que son désir se concrétise. Grâce à son ami architecte,Josep Lluís Sert, l’atelier est construit sur l’île de Majorque. Dès lors,l’activité créatrice de l’artiste s’intensifie et se diversifie.

Dans l'atelier de Majorque, Miró se libère des méthodes traditionnellesde peinture: il adopte de nouvelles techniques, utilise de nouveauxmatériaux. La taille de l’atelier lui permet de travailler sur plusieursœuvres à la fois. Dans les années 60 et 70, les motifs sont ceux que l’onconnaît bien: des femmes, des oiseaux, des paysages. Miró produit destoiles très colorées, puis simplifie progressivement les traits, frôlant deplus en plus l’abstraction: il se laisse influencer par l’expressionnismeabstrait et la calligraphie orientale, jusqu’à dépouiller à l’extrême sestableaux, pour n’y laisser que du noir et du blanc, des taches, des jetsde peinture, quelques empruntes de pas, de main.

L’exposition retrace avec succès cette évolution dans un parcourschronologique et thématique qui réunit peintures à l’huile, esquisses etsculptures, ainsi qu’une reconstitution de l’atelier de Miró à Majorque,dans laquelle on peut voir un ensemble d’objets lui ayant appartenu. LaFondation présente une importante section biographique, des archivesphotographiques et un film documentaire, visible au dernier étage dumusée. L’exposition emmène ainsi le visiteur dans le monde et lequotidien de l’artiste, son travail, son rapport au lieu et à la nature. Selon Miró, Majorque est “poésie et lumière”, une expression qui futreprise comme titre de l’exposition, qui se concentre sur les œuvres dematurité du peintre, créées dans le grand atelier de Majorque, entre 1956et 1983. Au total, huitante œuvres issues de la Fondation Pilar i JoanMiró, à Palma de Majorque, sont exposées à la Fondation de l’Hermitage.

La Fondation de l’Hermitage a fait le pari de se concentrer sur cettepériode majorquine et d’exposer des œuvres moins connues du grandpublic. Miró, ce géant du XXème siècle, y est présenté sous un nouveaujour: un angle intime qui permet au visiteur de mieux connaître l'hommeet son œuvre.

Venez redécouvrir Joan Miró à la Fondation de l’Hermitage, jusqu’au 27 octobre!

E X P O S I T I O N

Miro à Son Boter. Photo: Josep planas i Montanyà.

Oiseaux, 1973 © Successió Miró/2013, ProLitteris, Zurich

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L’Agenda 2120 L’Agenda

Un recueil de nouvelles, c’est comme unassortiment de chocolats regroupés

sous la même enseigne, dont les parfumssont déterminés à l’avance. On ouvre laboîte, sans savoir vraiment ce qui va passerpar nos papilles ou nos pupilles. On déguste à l’aveugle.

Alors que le noir de la nuit commence àprendre ses quartiers, un petit garçon attendsa mère qui ne vient pas. Une femme va chezun médecin pour passer un scanner et décided’oublier le résultat. Une dame âgée discuteavec la photo de son défunt mari. Unornithologue cherche à photographier l’oiseau qui lui a toujourséchappé. Une adolescente fantasme sur sa professeure d’histoirede l’art. Une jeune femme contemple les étoiles avec son petit amiet se demande comment lui dire qu’elle ne l’aime plus. Des bribesde conversations, saisies au vol pendant un voyage en train. Untableau se demande qui est son créateur. Les rêves d’uneprostituée… Les sujets s’enchaînent et se suivent.Comme les chocolats d’une boîte disparate, les nouvelles dans unrecueil offrent une variété de goûts et de tons. Silvia Härri a untalent indubitable pour se fondre dans ses personnages etretranscrire leurs sensations, leurs émotions, leurs désillusions.Jouant sur différents styles, certains plus maîtrisés que d’autres,

elle crée pour ses lecteurs un panel de situationsqui relèvent souvent de questionnements de lavie quotidienne. Avec une écriture directe etmordante, un ton qui sonne juste, elle planterapidement le décor. Les textes permettent des’immerger dans l’intériorité des personnageset de faire entendre une diversité de voix. Danschacune des dix-huit nouvelles, lespersonnages sont différents: enfants,adolescents ou adultes; quant à la nouvelle “Lenom du père”, elle surprend particulièrementdans le fait qu’elle nous entraîne dans lespensées d’un tableau de la Renaissance.

Les nouvelles se terminent sans se terminer. Enles laissant sur leur faim, l’auteur donne la liberté à ses lecteursd’imaginer la suite.

Silvia Härri, “Loin de soi”, Ed. Bernard Campiche, 2013.

Prix Georges-NicoleC’est en 1969 que Maurice Chappaz, Jacques Chessex et BertilGalland décident de créer le Prix Georges-Nicole afin d’encouragerl’essor de jeunes écrivains suisses. Ils le nomment en l’honneur ducritique éponyme, décédé dix ans auparavant et ayant enseigné lefrançais au collège de Nyon. De ce fait, le prix est soutenu par la ville.Les œuvres lauréates sont publiées par Bernard Campiche Éditeur.

“Loin de soi”,près des mots

À L I V R E O U V E R T

Tout d’abord attirée par la poésie (elle compte à son actif la publication detrois recueils), elle se tourne vers le genre de la nouvelle qui, de par soncaractère court, se rapproche de ses premières amours. Elle est publiée en2011 aux éditions Encre Fraîche, dans le collectif “A quoi rêvent-ils?”..

Avec “Loin de soi”, lauréat de la quinzième édition du prix Georges-Nicole,Silvia Härri signe son premier recueil personnel de nouvelles.

Texte: Jade Sercomanens Photo: Philippe Pache

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Barrer
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D A N S E

L’Agenda 2322 L’Agenda

Avec un style bien particulier, Carolyn Carlson, directrice duCentre Chorégraphique National de Roubaix Nord-Pas de

Calais et de l’Atelier de Paris-Carolyn Carlson, est une figureincontournable de la danse contemporaine. Elle a créé plus d’unecentaine de ballets; le dernier en date, “Synchronicity” (2012), estl’une des pièces essentielles de son œuvre. Pour “Synchronicity”, la chorégraphe s’est inspirée de laphilosophie de Carl Jung, qui est d’ailleurs à l’origine du termequalifiant “deux ou plusieurs évènements simultanés, dont lacoïncidence peut bouleverser l’existence de celui qui les perçoit”.Au fil de seize séquences, la création s’interroge donc sur cessituations qui changent le cours de nos vies, qui viennent toutchambouler… Ces hasards, ces rencontres… Tout ce qui fait letemps et ses détours: l’amour, le deuil, ou encore ledéracinement…Pour que le spectacle prenne forme, Carolyn Carlson s’est appuyéesur la sensibilité et les idées des neufs danseurs, sur leur proprevécu. Une approche qui chasse l’artificiel et fait que le public peut

s’identifier à ce qu’il voit. Les personnalités se révèlent dans lemouvement des corps, la beauté de la danse se mêle avec lesémotions… Et le spectacle ne saurait être complet sans les jeux de lumière etla musique. La chorégraphe s’est appuyée respectivement sur JohnDavis et Nicolas de Zorzi. Ce dernier a créé des paysages sonoreset a également aidé dans le choix ainsi que le montage desmusiques, dont le programme est éclectique, allant de HenryPurcell à Alela Diane, en passant par Jean Sibellius ou LeonardCohen. Cette diversité musicale donne de la profondeur à la danse;à la poésie visuelle vient s’ajouter un quelque chose qui rendl’œuvre inoubliable.

Une innovation dans les procédés artistiques de Carolyn Carlson:la présence, en arrière-plan, d’une vidéo reproduisant au ralentiles mouvements des danseurs. Elle ajoute à ce propos: “le film aété comme une trame, un scénario sur lequel j'ai pu m'appuyerpour apposer ma marque et entamer la réflexion avec les danseurs”.

“Il n'est pas question d'intellect ou de rationnel, on est dans lasensation, le ressenti. Ce sont des thèmes universels, des

évènements auxquels chacun ou presque peut être confronté,mais que chacun vit et ressent différemment. L’idée est de

laisser la porte ouverte pour chaque spectateur.”Carolyn Carlson

Synchronicity ou les détours de la vie

Texte: Jade Sercomanens Photo: Olivier Madar

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L’Agenda 2524 L’Agenda

Spectacles jeune public, danse con-temporaine, musiques du monde,

théâtre … la nouvelle saison prometd’être palpitante. La programmationmet les femmes à l’honneur: le 26 sep-tembre venez découvrir la diva de lasoca, ambassadrice de la musique ca-ribéenne Calypso Rose à l’espace Vélo-drome.

Elle sera suivie par la très belle YilianCañizares, violoniste et chanteuse dugroupe de jazz cubain, Ochumare, le 17octobre. Nous poursuivons avec les con-tes de Catherine Gaillard, les 14 et 15novembre, dans Le cosmorgasme… etautres conquêtes! à La Julienne.

Laurence Vielle, quant à elle, interpré-tera Jeanne d’Arc les 19 et 20 octobre,alors que Zabou Breitman, l’actricefrançaise jonglera seule en scène avecune galerie de portraits étonnants, les 6et 7 mars.

Finalement, le 23 mai Khaira Arby, la

jeune Malienne partagera avec nous sonblues berbère et son groove ouest afri-cain dans un concert qui sera précédéde Vieux Farka Touré pour une soiréeDesert Blues.

Côté musique, venez découvrir“PUNKT”, le nouvel album de Pierre La-pointe le 7 février à l’Espace Vélo-drome. Laissez-vous bercer égalementpar la musique des Balkans le vendredi21 mars, avec le duo Meduoteran. Fina-lement, Hariette et Chahut revisitentles grands classiques de la chansonfrançaise les 4 et 5 avril prochain, à laJulienne.

Du côté des petits, découvrez le 14 sep-tembre, “Danse étoffée sur musiqueaiguisée”, premier spectacle jeune pu-blic de la saison: un piano préparé unpeu bizarrement, un spectacle musical àne pas rater! Par la suite, le Pop-Up Cir-cus mettra Plan-les-Ouates sans des-sus-dessous les 23 et 24 novembre. Lesplus jeunes (de 1 à 3 ans) pourront éga-

lement découvrir l’oasis de Caban, unspectacle interactif où les enfants et lesparents construisent, jouent, créent lesnotes. À ne pas manquer, le 26 février!Les apprentis spectateurs sont invités àdécouvrir “Yonn”, les 12 et 13 avril, unconte de Philippe Campiche, accom-pagné par trois musiciens. Dès 7 ans.

Côté théâtre, venez découvrir la Suissede Massimo Rocchi dans “RocCHipé-dia”, un spectacle humoristique où lecomédien raconte ses observations dupays, et les aléas de la naturalisation. Le31 octobre à l’Espace Vélodrome. LeThéâtre Pied de Biche nous présente en-suite “Il va vous arriver quelquechose”, une pièce drôle et décalée, les5 et 6 décembre.

De la danse enfin, avec “Al menos doscaras”, le 13 février, de la compagniede Sharon Fridman. Ce jeune chorégra-phe d’origine israélienne crée un spec-tacle où se déroule toute la palette dessentiments humains les plus touchants,les plus extrêmes, au travers d’une sim-ple trame: le point de vue.

Un programme en rythmes et en images,à découvrir tout au long de la saison!

N O U V E L L E S A I S O N

La commune étoffe son offre culturelle dans une nouvelle saison colorée et très variée.Elle ajoute cette année un nouveau volet à son éventail de thématiques culturelles: lachanson francophone.

Texte: Livia Bouvier Photo: Pénélope Henriod

Plan-les-Ouates:

8ème édition!

À P O R T É E D E F L È C H E

Festival Alt.+1000La photographie contemporaine hors des sentiers battus

Nine nameless mountains, 2012 – MaanantaiCollective, FinlandeUn voyage sur l’archipel des Lofoten, guidé parlatitude et altitude, distance et échelle: voici le filconducteur d’une aventure photographique,emmenée par neuf photographes finlandais. Conçucomme un road trip, ce projet décalé s’éloigne del’individualisme artistique pour revisiter au contrairedes valeurs telles que l’amitié. On y découvre despaysages, mais aussi des portraits décalés ouencore des œuvres plastiques.

Pig Shadow, from the series Nine NamelessMountains, 2012 © Maanantai Collective

La troisième édition du festival de photographie contemporaine Alt. +1000 a lieudu 13 juillet au 22 septembre, dans le village de Rossinière. Une formule inédite,mêlant jeunes artistes et photographes confirmés.

Texte : Ophélie Thouanel

Le cadre, d’abord. Imaginez.Rossinière, un village niché au creux

d’une vallé du Pays-d’Enhaut, à quelquesencablures de Gstaad. L’endroit est à lafois pittoresque et sublime, entremontagne et bois. C’est en arpentant lesruelles escarpées que l’on découvre, augré des constructions, le travail des

photographes sélectionnés notammentpar Nathalie Herschdorfer, directrice dufestival. Au fil des anciennes granges,marquées d’une grande croix rose – le“plus” de l’exposition, on découvre plusde 150 œuvres éclectiques, variant lessujets, les supports et les techniques.Aperçu.

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L’Agenda 27

Thirty thousand feet, 2010 - Wang Lin, Chine, 1973Hôtesse de l’air de métier, Wang Lin souhaitemettre en exergue ses préoccupations écologiquesd’une part, la beauté de la nature de l’autre. Àtravers le hublot d’un avion, on découvre les villeschinoises, brumeuses, écrasées par la pollution.Puis, l’appareil prenant de l’altitude, le spectateurretrouve le ciel bleu et limpide, auquel chacunaspire. Des œuvres en dyptique, pour un contrastefrappant entre deux visions à la fois proches etterriblement éloignées.

Changsha City, from the series Thirty ThousandFeet, 2010 © Wang Lin/Courtesy BeaugesteGallery, Shanghai

26 L’Agenda

Vertigo - Cyril Porchet, Suisse, 1984De loin, les clichés ont de faux airs de bandedessinée. En s’approchant, on constate qu’il s’agit,en réalité, de voûtes d’églises baroques, décoréesde trompe-l’œil sacrés, dans une architecturerichement ornementée. La perspective adoptéeannihile tout repère. Un sentiment accentué par lechoix du noir et blanc, né de la confusion entrepeinture, architecture et photographie. La frontièreentre deux et trois dimensions se floute, créantainsi un vertige étrange. Cyril Porchet trouve dansces représentations exubérantes une "analogieavec la société actuelle, en permanentereprésentation".

Untitled n°1, from the series Vertigo, 2011-2013 © Cyril Porchet

Swissair, 1971-1996 – Georg Gerster, Suisse, 1928Pionnier de la photographie aérienne, lephotographe zürichois Georg Gerster a survolé lemonde entier et fourni ainsi des clichés ayant servid’identité visuelle pour la compagnie Swissairpendant vingt-cinq ans. Des visuels hypergraphiques, révélant la diversité des panoramastransfigurés ici en tableaux d’art abstrait. Pays etcontinents se succèdent, placés côte à côte, àl’intérieur d’un stand de tir ancien – la calèched’époque accueille les visiteurs - comme autant decibles invitant au voyage.

Europe, 1979 © Photograph by Georg Gerster.Design by Emil Schulthess(Hans Frei. CourtesyGalerie 123, Geneva

“Pour voir la vie, pour voir le monde, être témoin des grands

évènements, observer les visages des pauvres et les gestes des

orgueilleux; voir des choses étranges: machines, armées,

multitudes, des ombres dans la jungle et sur la lune; voir le travail

de l’homme – ses peintures, ses tours et ses découvertes; voir

des choses lointaines à des milliers de kilomètres, des choses

cachées derrière les murs et dans les chambres, choses qui

deviendront dangereuses, des femmes, aimées par les hommes,

et beaucoup d'enfants; voir et avoir plaisir de voir, voir et être

étonné, voir et être instruit.”

Henry Luce, éditeur du magazine américain Life, années 1930

Palace - a scenario for high society, 2012 – Valentina Suter, Suisse, 1989Un hiver à Gstaad. Point de neige, point de glisse.C’est dans les coulisses de l’hôtel Gstaad Palaceque Valentina Suter s’est rendue, immortalisant desinstants volés lors de la réfection del’établissement. De l’autre côté du miroir, uneclientèle huppée se prête au traditionnel jeud’apparat, sous le regard froid et précis de laphotographe. Délicieusement cynique.

Untitled n°12, from the series Palace – A Scenariofor High Society, 2012 © Valentine Suter/CEPV,Vevey

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Les 26, 27 et 29 septembre: Jacques B. chante BrelQuand Jacques Barbaud découvre JacquesBrel, il a 25 ans. Cette rencontre va marquerun tournant dans sa vie. Alors ouvriermétalleux, il décide de suivre le chemin decet autre Jacques, de se glisser dans ses pas.C’est ainsi qu’il se met à interpréter lestextes de Brel. La voie n’est pas dénuée

d’embûches et ce n’est qu’en 1998 qu’ilquitte son ancien métier pour se vouerentièrement à la chanson. Il ne cherche pas à imiter son idole, mais ditlui-même qu’il “[l’]interprète à [sa]manière, avec [sa] sensibilité”. C’est pourcette raison – dans ce souci de fuirl’imitation et de rester dans son propre style– qu’il avoue n’avoir jamais regardé une

vidéo de Brel sur scène, il ne le veut pas.Jean-Claude F. Abécassis, président del’agence Manhattan, témoigne de la justessede l’interprétation: “En fermant les yeux,j’ai vraiment cru que Brel était revenu”.

Les 31 octobre, 1er et 3 novembre:“Célimène et le Cardinal”Jacques Rampal, alliant émotion et rire avectalent, imagine une suite à la pièce deMolière. Avec la beauté de son écriture etdes comédiens qui vibrent par ses mots, ilfait revivre l’alchimie entre Célimène etd’Alceste. Amateurs de Molière, vous neserez pas déçus!

Les 14 et 17 novembre: Compagnons duJourdain – 60ème anniversaireFondé en 1952, le groupe des Compagnonsdu Jourdain de Lausanne se sont réunissous une même enseigne afin de fairepartager leur foi chrétienne à travers deschants, les negros spirituals et gospel songs,dont l’origine remonte aux work songs,fredonnés par les esclaves sur les champs decoton. Si l’envie de découvrir cette musiquevous prend, ou, si vous la connaissez déjà,de la savourer une nouvelle fois, nemanquez pas l’évènement!

Les 21, 22 et 24 novembre: “Sur le balcon du Baobab”La pièce se joue avec, en arrière-plan, lesrapports entre le Nord et le Sud de la fin du19ème au début du 21ème siècle, associésaux notions de développement et decolonisation. Une compagnie demande àquatre comédiens, d’origines différentes,de créer un spectacle sur le café. De ce sujetpart une réflexion approfondie et globale.Débat intéressant auquel il serait dommagede ne pas assister pour se faire sa propreidée.

Les 12, 13, 14, 15 et 19 décembre: “Les 3 coups de minuit”Chérie des critiques, cette pièce est unconte de Noël réfléchissant sur les préjugéset l’étroitesse d’esprit de certains. Elle est

L’Agenda 2928 L’Agenda

Pour sa dixième édition, l’Espace Culturel des Terreauxa concocté un programme varié, où, à n’en pas douter,

chacun pourra trouver son bonheur !

Éclectisme à l'Espace Culturel des Terreaux:

tous les goûts sont permis

Texte: Jade Sercomanens

portée par des comédiens solides et devraiten émouvoir plus d’un!

Le 16 janvier: “Un fou noir au pays des Blancs”C’est l’histoire d’un intellectuel, forcé dequitter son pays, la Républiquedémocratique du Congo, en 1995 et de seréfugier en Europe, en Belgique plusprécisément, où il est regardé de haut et oùl’on doute de ses compétences. Histoire dela volonté de retrouver une place dans lasociété. Pie Tshibanda se dévoile sur scène,dans un spectacle où sa parole est à la foisauthentique, drôle, mordante etbouleversante.

Le 23 janvier: Les 100 Violons TziganesJouant sans partition et sans chef,l’orchestre des 100 Violons Tziganes deBudapest s’est formé en 1985, àl’enterrement de Sandor Jaroka, soliste etchef tzigane. Tout est parti d’une émotionet dégage de ce fait une énergie particulièrequi ravit et enchante le public.

Les 13, 14, 16 février: “Lapidée”La lapidation. Le mot en lui-même sonne demanière tranchante. C’est pour dénoncerl’horreur de cette pratique qui subsisteencore aujourd’hui que cette pièce a été

écrite et réalisée. Une réalité dure, maisbien présente.

Les 6, 7 et 17 mars: “Ayiti”Daniel Marcelin, celui qui a été leFernandel Noir, nous parle d’Haïti et de sonhistoire, cherche à la comprendre, maissurtout à nous la faire comprendre. Unspectacle intéressant si le goût nous prendde découvrir le destin de cette île qui fut la"Perle des Antilles".

Le 20 mars: Swing New OrleansLe chœur Fa7 présente un spectacle de jazzet gospel où se mêlent chant, danse et texte.Un spectacle complet qui a même un côtéinstructif, puisque c’est une occasion de seplonger dans l’histoire de La NouvelleOrléans.

Les 3, 4 et 5 avril: “Les Pères”Être père aujourd’hui, qu’est-ce que celaveut dire ? Qu’est-ce que cela implique ?

Julie Annen donne la parole à des hommesqui ont vécu ce tournant dans leur vie, quisont devenus pères. Une mise en scène oùdisparaissent pudeur et faux semblants, untémoignage qui trouve forcément un échodans nos cœurs. À voir!

Les 1er et 2 mai: Les MummenschanzQue dire des Mummenschanz ? Sortes demarionnettes mises en scène, elles ravissentles publics de tous pays et de tous âgesdepuis maintenant quarante ans. Unspectacle enchanteur et féérique qu’il seraitregrettable de manquer!

Les 11, 18 & 25 mars et le 1er avril: Bible et Cinéma: la passion de Jésus(conférence)Jean Zumstein et Serge Molla se penchenten quatre soirées sur la Passion du Christ.Pour ce faire, ils se concentrent sur despassages des Évangiles ainsi que sur desfilms réalisés entre autres par GeorgeStevens, Martin Scorcese ou encore MelGibson.

Jacques B. chante Brel Les 100 Violons TziganesLes Mummenschanz

N O U V E L L E S A I S O N

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C L A S S I Q U E & O P É R A

Ce prix romand, qui fait partie des dixplus grands concours au monde, a

été créé à la mémoire d'une immensevirtuose du piano réfugiée à Vevey, ClaraHaskil. Fondé à Lucerne en 1963, le concoursbiennal se déroule à Vevey depuis 1971.Cette année, pas moins de cent quarante-

sept talents, âgés de 16 à 27 ans, ontenvoyé leur candidature – un recorddepuis l’introduction de l’éliminatoire surCD ou DVD. Un jury présidé par MartinEnsgtroem, fondateur et directeur duVerbier Festival, a sélectionné vingt-quatre candidats, dont deux Romands.Ces jeunes pianistes, logés par des

familles de la région, garderont un lienindéfectible avec la Riviera: il n’est pas

rare qu’ils reviennent, des années plustard, revoir ces familles qui les ontaccueillis lors de cet épisode riche enémotions qu’est le Concours Clara Haskil.

Le répertoire du Concours correspond àcelui que Clara Haskil affectionnait: lessonates de Domenico Scarlatti côtoientdes œuvres de Claude Debussy ouMaurice Ravel. Aux épreuves en solos’ajoute une épreuve de musique dechambre – légitime de par le parcours deClara Haskil, chambriste émérite. Trois particularités rendent l’édition 2013unique: la commande d'une œuvre, laparticipation de l'Orchestre de la SuisseRomande, ainsi que la collaboration avecla Schubertiade d'Espace 2 (7 & 8septembre à Monthey). Dans ce cadre,

quinze anciens lauréats du concours(depuis 1963) donneront chacun unrécital. Parmi eux, le public aura le plaisirde retrouver Christoph Eschenbach,Richard Goode, Till Fellner, MartinHelmchen ou encore Hisako Kawamura.

Lors des quarts de finale et de la finale, lescandidats interpréteront l’œuvrecommandée à Bruno Mantovani, “Worstof”. L’actuel directeur du Conservatoirede Paris est l’héritier lointain de GabrielFauré, qui accueillit la jeune Clara Haskildans ses murs, alors âgée de dix ans. Laboucle sera ainsi bouclée, célébrant lapérennité de la mémoire d’une grandedame.

Concours Clara HaskilTexte : Ophélie Thouanel

En automne, le Concours International de Piano Clara Haskil célèbre 50 ansd’existence et 25 éditions à son actif. À cette occasion, il collabore avec la

traditionnelle Schubertiade d’Espace 2, du 4 au 12 septembre, au Théâtre de Vevey.

30 L’Agenda L’Agenda 31

Clara Haskil sur les quais de Vevey

Clara Haskil –l’aventure d’une vieClara Haskil naît le 7 janvier 1895 à Bucarestdans une famille juive roumaine. À trois ansdéjà, elle fait preuve de dons exceptionnelspour la musique. Sa mère lui donne sespremières leçons de piano, tandis que lafillette débute également l’apprentissage duviolon. À cinq ans, elle intègre leConservatoire. Deux ans plus tard, Clara partà Vienne étudier auprès du professeurRichard Robert, dont Rudolf Serkin aégalement été l’élève. À l’âge de dix ans, elleest admise au Conservatoire de Paris. Elle yétudie le piano et le violon, jusqu’à ce qu’unescoliose déformante, diagnostiquée quelquesannées auparavant, l’empêche de poursuivrecet instrument. Elève d’Alfred Cortot – trèsdur avec elle, Clara Haskil est prise enaffection par Gabriel Fauré, qui déclare aprèsl’avoir entendue jouer ses “Thèmes etvariations”: “Je ne savais pas qu’il y avaitautant de musique dans ce que j’avais écrit!”.C’est à la fois pour des raisons musicales etmédicales que Clara Haskil vient en Suisse.Elle joue à Lausanne avec l’Orchestre de laSuisse Romande dirigé par Ernest Ansermet.Cependant, malgré le soutien de nombreuxmécènes, Clara Haskil peine à être reconnue.De lourds problèmes de santé mettentégalement un frein à sa carrière. C’est à la finde la Seconde Guerre mondiale que sapersévérance est récompensée. En 1949, elledemande et obtient la nationalité suisse, cequi met fin à certains problèmesadministratifs et lui permet ainsi de seproduire dans de nombreux pays. Qu’ils’agisse de concerts en soliste ou de musiquede chambre, Clara Haskil connaît un succèsmérité et se produit avec les plus grands:Pablo Casals, Arthur Grumiaux, Herbert vonKarajan, Charles Munch, Paul Paray… Unautre personnage illustre, Charlie Chaplin, selie d’amitié avec la pianiste: “J’ai connu troisgénies dans ma vie: Einstein, Churchill etClara Haskil”. Clara Haskil décède des suitesd’une chute, le 7 décembre 1960 à Bruxelles.

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L’Agenda 33

E X P O S I T I O N

Le saviez-vous? Depuis 2008, le Château de Chillonaccueille dans ses murs des expositions temporaires entous genres: peinture, photographie, objets d’art,expositions historiques, tout cela dans un cadreexceptionnel, tout au long de l’année.

32 L’Agenda

Expo au Château

Texte: Livia Bouvier

Le cadre est sublime,l’accrochage sobre et

élégant. Les expositionstemporaires organisées par laFondation du Château de Chillonsont devenues incontournablespour tous les visiteurs du site.

Si le château a toujours été un deshauts lieux du tourisme en Suisseromande, il se positionneégalement, dès 2007, en tant que“lieu de culture et de loisirs”. Onparle alors de “site culturel” etnon plus seulement de “château”,afin de souligner que“l’expérience Chillon” n’est passtrictement limitée aumonument. À ce titre, lafondation décide d’organiser desexpositions temporaires dans lebut d’inviter le public régional àredécouvrir le Château deChillon. Ainsi, la premièreexposition, intitulée “LémanZen”, voit le jour en 2008. Les expositions ont toujours un rapport, direct ou indirect, avec leChâteau de Chillon. L’eau, la musique, le paysage environnant,l’histoire du monument sont autant de thèmes abordés en peintureou en photographie…

Cet été, l’espace a été accordé à la Fondation Alpes-Encres deChine, qui a présenté une exposition de paysages suisses, réaliséspar des peintres chinois: l’encre de chine procure aux paysages

pourtant si familiers une auradélicatement exotique.Les peintres avaient été invitésen 2012 en Suisse par laFondation, afin de peindre lepays dans l’art traditionnelchinois: le résultat estmagnifique et a déjà remportéun grand succès dans uneprécédente présentation àPékin. Une quarantained’œuvres illustrent notre pays,des paysages du Lavaux auxvues du Cervin, avec, aupassage, quelques vaches, etmême… des skieurs !

Dès le 31 août, découvrez untout autre thème avec “Chillon:la belle époque de l'affiche”,une exposition qui retracel’histoire de la représentationdu château dès le XVIIIèmesiècle. Jean-Jacques Rousseauet Lord Byron contribuent à ladiffusion à large échelle de

l’image du château, qui sert à promouvoir hôtels, chocolats, etautres produits et lieux de la Riviera. 50 ans de publicités autours du monument seront retracés danscette exposition “home made”, au fil de quatre des salles duchâteau.

Tous les dimanches à 15h15, découvrez les visites guidées insolites,qui vous aiderons à mieux comprendre les lieux et les œuvre.Les vignes,

He Jialin, 2012

Chocolat Café Crème Zürcher, Montreux, vers 1900Coll. Bibliothèque de Genève, Ea 188

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L’Agenda 3534 L’Agenda

Retour aux sources Peter Brook est un artiste aux multiplesfacettes. Son œuvre se distingue parl’hétérogénéité des genres (théâtre, opéra,cinéma, écriture) et des registres. Depuisplusieurs années, ce metteur en scèneaudacieux revisite ses modèles fétiches –Shakespeare, Tchékhov, Beckett et Mozart.Revenir à “The Suit”, l’une de ses piècescultes, semble être une étape de larelecture de son théâtre.

Vers 1970, Peter Brook est à Johannes burg.Au Market Theater, l’un des rares lieux oùle théâtre noir est toléré, il découvre “TheSuit”, pièce tirée d’une nouvelle de CanThemba. Ce brillant journaliste et écrivainpublie ce texte dans les années 1950, alorsque de nouvelles réglementationsjuridiques sont mises en place par lapolitique de l’apartheid. Au début desannées 1960, le régime interdit les œuvresd’auteurs noirs. Can Themba quitte alorsl’Afrique du Sud pour le Swaziland où ilmeurt en 1967, pauvre et alcoolique.

D’emblée fasciné par ce texte fort, PeterBrooks l’adapte en français et présente en1999 “Le Costume”. Douze ans après, ilreprend le texte dans sa langue originale.Pour cette nouvelle adaptation, il s’estentouré de ses compagnons de La flûteenchantée: le musicien Franck Krawczyket sa collaboratrice depuis plus de trenteans, Marie-Hélène Estienne, qui était déjàprésente lors de l’adaptation en français.La boucle est bouclée.

Un invité étouffantL’intrigue est imprégnée du vécu del’auteur, puisque qu’elle se situe dans lequartier noir de Sophiatown, bidonville deJohannesburg où Can Themba a vécu etécrit la majeure partie de son œuvre.Philémon et Matilda forment un coupleheureux et amoureux. Un matin, Philémonrentre chez lui à l’improviste et découvreson épouse en compagnie d’un jeunehomme qui parvient de justesse às’échapper. Une histoire à priori banaled’adultère dont le metteur en scène tire

une réflexion sur l’amour fou et les ravagesde la jalousie. Car Philémon,profondément blessé, va infliger à sonaimée une vengeance sournoise etmeurtrière, à la hauteur de sa propresouffrance. Dans sa fuite, l’amant deMatilda a laissé son complet brun.Philémon demande alors à Matildad’accrocher l’habit sur un cintre et de leplacer en face du lit. Elle devra s’enoccuper comme d’un invité de marque: leconvier à leur table, lui faire partager leurrepas, leur chambre, leur quotidien. Refletd’une passion envolée, preuve tangible dela trahison et de la culpabilité dévorante,mais également métaphore de l’insidieusediscrimination raciale, le costume faitperdre peu à peu la raison à Matilda.Tension et émotion attendent lespectateur.

En avant la musique ! Si Peter Brook reprend un vieux costume,il l’a reprisé et raffraîchi.. Le principal ajoutde cette mise en scène est la présence d’un

À découvrir les 3 et 4 octobre 2013, “The Suit”, spectacle en anglaisavec sous-titres en français, tiré de la nouvelle éponyme de Can

Themba mise en scène par Peter Brook. Un conte cruel dans lequel ledrame de l’adultère résonne avec l’histoire douloureuse

de l’Afrique au temps de l’apartheid.

The SuitPeter Brook au Théâtre Forum Meyrin

Texte: Marie-Sophie Péclard Photo: Johan Persson

T H É ÂT R E

Le 11 octobre, venez vousémerveiller devant Amélie-les-crayons, qui se produit

à L'Arande de Saint-Julien-en-Genevois.

Amélie-les-crayons a toujours étéappréciée pour sa poésie légère, son

humour irrésistible et la qualité de sesspectacles. Dans les bois, sur la mer ou àflanc de montagne, les chansons dunouveau spectacle “Jusqu'à la Mer” sontautant de petits galets à suivre sur cetteroute cousue par une artiste nomade,insaisissable, imprévisible.

Amélie n’a pas de plan de carrière. Elle n’enn’a jamais eu. Entre chaque projet d’albumou de spectacle, elle disparaît. Cette fois-ci,elle se sera effacée du devant de la scènependant près de trois ans. Elle était làpourtant, dans l’ombre, en regard extérieurpour des spectacles en création, à fairechanter ou écrire des enfants, en invitée surscène chez les amis Radix, Jamait ouAldebert, en studio pour chanter Leprest,mais surtout en voyage pour prendre le large.

Toujours se réinventer, ne pas répéter cequi a déjà été fait… Voilà la devise d’Amélie.Il en ressort cette fois ci un ensemble très“folk”, presque “trad” par moment où l’ondécouvre, autour du piano ou de la guitare,des instruments plutôt inhabituels tels lalyre ou le banjo. Avec ses trois acolytes –

tous multi-instrumentistes – elle aura vousemporter dans un nouvel univers naviguantsur des textes qui parlent d’amour bien sûr,mais aussi de partir ou rester,d’accompagner, de se battre et d’avancer.Un album en mouvement donc, entrecourses folles et pauses romantiques, oùl’on retrouve encore une fois l’étonnanttalent de mélodiste d’Amélie et cette poésiejoyeuse qui fait tout son charme depuis dixans déjà.

Au final, ce n’est pas moins de quinzeinstruments qui seront utilisés, del’accordéon à la lyre, de la kora au dulcimer,de la clarinette au hang.... La mise en scènesera à nouveau confiée à Fred Radix. Unefois encore, prenons le pari qu’elle sauravous surprendre!

la poésieen chanson

VA R I É T É

Amélie-les-crayons:

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L’Agenda 3736 L’Agenda L’Agenda 37

® Brigitte Faessler

36 L’Agenda

petit orchestre composé de troismusiciens: Arthur Astier (guitare),Raphaël Chambouvet (piano) et DavidDupuis (trompette). La partition deFranck Krawczyk mélange Schubert aujazz des townships, fait quelques empruntsnotamment à Miriam Makeba et NarcissoYepes. Le drame prend des allures de fêteet de comédie musicale. Le public pourradécouvrir la belle Nonhlanhla Keswa, dontla voix sublime éclate de pureté. Cetteartiste Sud Africaine vit aujourd’hui à NewYork, a travaillé en tant que choriste duchanteur Wyclef Jean et s’apprête àenregistrer un disque avec le pianisteprodige Lang Lang. Son interprétation deMatilda, tout en retenue, estbouleversante. Pour la saison 2013, unenouvelle troupe l’entoure: Jordan Barbour,comédien et chanteur américain, et IvannoJeremiah, acteur ougandais basé àLondres. L’amant est interprété par RikkiHenry, auparavant assistant à la mise enscène sur la saison précédente.

Vitalité et simplicitéLe décor est épuré: quelques chaisescolorées et des portemanteaux, setransformant selon les besoins, parexemple en arrêt de bus ou cuisinière. Unvide scénique qui contraste avec laprofondeur du texte et la mise en scèneénergique. Les acteurs agissent, serépondent avec fluidité et douceur: leurenthousiasme et leur naïveté atteignent lepublic. Car si l’on pleure souvent,l’émotion passe aussi par le rire, dans undosage savamment orchestré.Créé au Théâtre des Bouffes du Nord, “TheSuit” poursuit depuis deux ans une tournéemondiale qui s’arrêtera au Théâtre ForumMeyrin à Genève les 3 et 4 octobre 2013.Une occasion unique de découvrir cettefable cruelle et musicale, et de se laisseremporter par la magie de Peter Brook.Certainement l’un des plus beaux rendez-vous de la saison théâtrale genevoise.

Back to the rootsPeter Brooks is a very versatile artist. Heperforms a in variety of domains (theatre,opera, cinema, writing) and registers. Forsome years now, this audacious writer hasbeen revisiting his favourite authors –Shakespeare, Chekhov, Beckett and Mozart.His coming back to “The Suit”, one of hismost famous pieces, could stand as a phaseof his reinterpretation of his own work. Around 1970, Brook is in Johannesburg. Atthe Market Theater, one of the few whereblack theatre was tolerated, he discovers“The Suit”, a play drawn from a short storywritten by Can Themba. Brilliant journalistand writer, Themba he publishes his shortstory in the 50’s, as the apartheid politicsstarts to settle new legal regulations. In thebeginning of the 60’s, texts by black authorsare forbidden by the regime. Themba thenleaves South Africa for Swaziland, where hedies a broken alcoholic. Peter Brooks is fascinated by the strong textstraightaway and adapts it in French: hepresents “Le costume” in 1999. Twelve yearslater, he decides to direct it in its originalEnglish language, with musicians FranckKawczyk and Marie-Hélène Estienne, whoalready worked with Brooks on “Lecostume”: The circle is then complete.

A stifling guestThe plot of this short story is closely entwinedwith the author’s real life; he sets it in theblack township of Sophiatown, where helived and wrote most of his work. Philomenand Matilda are happy in love. But as hecomes back home unexpectedly one finemorning, Philomen catches his wife withanother man, who narrowly escapes. Theauthor draws from this ordinary event areflexion about passionate love and thedisastrous consequences of jealousy:Philomen is deeply hurt and the insidious anddeadly vengeance he wreaks upon his wifeis as distressing as his own sorrow. In hisflight, Matilda’s lover has forgotten to take his

brown suit. Philomen demands her to hang itin front of their marital bed and to treat it likeit was their honoured guest, inviting it toshare meals, room, and everyday life.Spectators will witness how Matilda slowlyloses her mind as tension and emotions arerunning high, the suit standing as a reflectionof their lost passion, her infidelity andunbearable guilt, but also as a metaphor forthe insidious racial discrimination of the time.

Let the music play The introduction of a band on stage is themain innovation in this reinterpretation. It iscomposed of Arthur Astier (guitar), RaphaëlChambouvet (piano) and David Dupuis(trumpet). Krawczyk’s composition mixesSchubert and other musicians, like MiriamMakeba et Narcisso Yepes, with townshipjazz. The drama takes on an air of a cheerymusical. Nonhlannhla Keswa is wonderful ina deeply moving interpretation of Matilda.Born in South Africa, she now lives in NewYork, has worked for Wyclef Jean as abacking vocalist and is soon to record withLang Lang. Jordan Barbour, Ivanno Jeremiahand Rikki Henry complete the cast.

Vivacity, simplicityThe uncluttered set converts chairs and coatracks into a bus stop or a cooker. Thissimplicity contrasts with a deep, meaningfultext, and a dynamic stage play. The wayactors play and interact is sweet and flowing,and their enthusiasm and innocence fullyreach the audience’s feelings, skilfully takingthem from tears to laughter in a full range ofemotions.

Created in Théâtre des Bouffes du Nord inParis, “the Suit” is currently on a 2-yearsworld tour that will end in Théâtre ForumMeyrin in Geneva le 3rd ad 4th of October.This is a unique occasion to discover thiscruel and musical tale and the masterlyenchantment of Peter Brook’s work., certainlyone of the best events this year in Geneva.

“The Suit” is an English show directed by Peter Brooks, inspired by the eponymousshort story by Can Themba. This harsh tale exposes the devastating effects ofadultery in Africa, during the painful apartheid era.

Peter Brook put on his “Suit”at the Théâtre Forum Meyrin

Un conte crueldans lequel ledrame del’adultèrerésonne avecl’histoiredouloureuse de l’Afrique autemps del’apartheid.

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HUMOURHumourLes 7, 8 et 9 octobre, la saison commencefort avec Olivier Benoist qui va faire chaufferla salle avec son nouveau spectacle:“Fournisseur d’excès”.

Humour musical“Operetta”, ce sont vingt-cinq chanteurscatalans avec de l’énergie à revendre et quipartagent l’amour de l’Opéra. Un spectacleinventif et comique où vous retrouverez lesplus célèbres compositeurs. Le 4 février.

THÉÂTREThéâtreLa première pièce de la saison n’est pas dumoindre intérêt ! En effet, Alain Delon et safille Anouchka se donnent la réplique dans“Une journée ordinaire”, une pièce surl’amour filial et l’envie d’indépendance. Les11 et 12 octobre.

Théâtre visuelLe 10 décembre, pas de frontière de la languepour le spectacle du Suédois Jakop Ahlbom,“Lebensraum”. Une pièce sans paroles, desacteurs qui n’émettent aucun son: un silenceexpressif, souligné par une musiqueorganique, dans lequel évoluent les arts dumime, du théâtre, de la danse et du cirque.

Théâtre-concertLe 14 janvier, Jacques Gamblin et Laurent deWilde vous présenteront un spectacle où lavoix se mêle à la musique dans un dialogueparfois improvisé: “Jacques Gamblin jazze deWilde Sextete”.

MUSIQUEArtiste complet, Stéphane Eicher séduit lepublic depuis plus d’un quart de siècle. Il seproduira les 29 et 30 octobre, soyez sûrs debien réserver votre place!

JEUNE PUBLICLe dimanche 3 novembre, emmenez votreenfant voir Cuche et Barbezat faire desbêtises. Dès 6 ans, explosion de rire garantie!

CIRQUECirque-poèmeUne femme expulsée de chez elle erre dansun décor mouvant et fait des rencontresétranges. Entre théâtre, cirque et danse,Aurélia Thierrée, petite-fille de CharlieChaplin, digne héritière des grands talents desa famille, se produira devant vous dans unspectacle d’une poésie envoûtante.“Murmures des murs”, les 21 et 22novembre (photo).

Cirque-clownAprès la poésie, le rire! “Circus Incognitus”est le spectacle de Jamie Adkins, qui a faitses premières armes au Cirque du Soleil etau Cirque Eloize. Son talent est indéniablepour détourner gags et numéros traditionnels.Il n’aura aucun mal à se faire apprécier devous le 29 novembre.

JAZZ“Blue flower songs”, c’est la nouvellecréation de Jérôme Berney, où se rencontrentdivers genres: jazz et classique, instrumentset voix, musique écrite et improvisée,musique et poésie… Elle est fausse l’idéeque les fleurs meurent en hiver, puisque vousentendrez leurs voix le 1er décembre.

DANSEDanse classiqueLe 30 mars, les danseurs de l’Opéra de Parisse produiront rien que pour vous dans“Incidence chorégraphique”. Extraits deballets, mais aussi pièces d’autres genres, neratez pas ce spectacle où éclectique rimeavec magique!

Danse hip-hop“Koukansuru”, “échange” en japonais, estune présentation de figures de hip-hop plusmaîtrisées les unes que les autres où lescultures se rencontrent et se mêlent. Adécouvrir le samedi 3 mai, dès 9 ans.

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Thèmes et variations au Théâtre de BeausobreBeausobre vous invite à réfléchir, sourire, rire, vousémouvoir; en bref, vous laisser porter par les mots, la musique ou l’humour qui se présenteront sur sesplanches. Les différents genres se côtoient,répondant ainsi à toutes les envies. Nous avonssélectionné pour vous un échantillon de chaquegenre, en guise de mise en bouche. Retrouvez laprogrammation complète au fil de nos agendas!Texte: Jade Sercomanens

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J E U N E P U B L I C

Avec la poésie et l’espièglerie qui ont faitle succès du premier opus –

“Enfantillages”, disque d’or avec 80’000albums vendus – Aldebert replonge dans lemonde des enfants, fait apparaître denouveaux personnages – dragons, fakirs,médecins, parents débordés, voisinsmusiciens. Il s’interroge sur lesproblématiques qui font la réalité des enfantsd’aujourd’hui: l’avenir, l’ouverture sur lemonde, la famille, la tolérance, l’amour etsurtout l’ivresse de la transgression! Avecprès de 300 représentations, “Enfantillages”a déjà ravi plusieurs centaines de milliers despectateurs, des petites salles aux grandsfestivals, en passant par l’Olympia ou l’OpéraGarnier. Après avoir réuni une premièrefamille de chanteurs et chanteuses sur lepremier volet (Maxime Le Forestier, Cali, AnneSylvestre, Hubert-Félix Thiéfaine, Renan Luce,Amélie-les-crayons, Les Ogres de barback,...)

Aldebert propose à nouveau à des artistes degénérations et d’horizons différents departiciper à ce second album. Le spectacleoffre une toute nouvelle scénographie et unemise en scène dans un décor inédit: la“Machine musicale interactive”, haute encouleurs, où se mêlent jeux d’ombre,projection vidéo, théâtralité et instrumentsfarfelus. Qu’il s’agisse du cadre scolaire oufamilial, Aldebert, accompagné de ses quatremusiciens, propose à son public un momentd’évasion et de bonne humeurcommunicative.

Découvrez “Enfantillages 2” le 6 octobre auThéâtre de Vevey.

Aldebert vous présente“Enfantillages 2”un deuxième volet à découvrir avec plaisir!

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L’Agenda 4342 L’Agenda

SAMEDI 31 AOÛT, 19h30,AUDITORIUM STRAVINSKI Orchestre de la Suisse RomandeNeeme Järvi, directionElisabeth Leonskaja, pianoEdvard Grieg – Concerto pourpiano et orchestre en la mineurSergueï Prokofiev – Symphonien° 5 en si bémol majeur(Concert diffusé en direct sur RTSEspace 2)

DIMANCHE 1 SEPTEMBRE,18h00, THÉÂTRE DE VEVEY Daniil Trifonov, pianoDaniil Trifonov – Sonate en quatremouvements (en Premièremondiale)Nikolaï Medtner – Contes de fées(extraits)Igor Stravinski – L’Oiseau de feu,suiteFrédéric Chopin – Vingt-quatrePréludes op. 28

LUNDI 2 SEPTEMBRE, 19h30,TEMPLE ST MARTIN Roland Muhr, orgueDes œuvres de Mendelssohn,Schumann, Rüdinger, Guilmant,Boëllmann, Verdi(Retransmission sur grand écran)

MERCREDI 4 SEPTEMBRE,19h30, CHÂTEAU DE CHILLON Cheng Zhang, pianoLudwig van Beethoven – Sonatepour piano n° 13en mi bémol majeur op. 27 n° 1 « Quasi una fantasia »Leoš Janá�ek – Dans les brumesLudwig van Beethoven – Sonatepour piano n° 14

en do dièse mineur op. 27 n° 2 « Clair de lune »Johannes Brahms – Variations surun thème de SchumannRobert Schumann – Gesänge derFrühe (Les Chants de l’aube)Robert Schumann – DieGeistervariationen (Variationsfantômes)(En collaboration avec la VerbierFestival Academy)

JEUDI 5 SEPTEMBRE, 19h30,AUDITORIUM STRAVINSKI Royal Philharmonic OrchestraLondonCharles Dutoit, directionKirill Gerstein, pianoModest Moussorgski – Une Nuitsur le Mont-ChauveSergueï Rachmaninov – Concertopour piano et orchestre n° 2Igor Stravinski – Le Sacre duprintemps, Tableaux de la Russiepaïenne

VENDREDI 6 SEPTEMBRE,19h30, CHÂTEAU DE CHILLON Alexandra Conunova, violonLilit Grigoryan, pianoJ.-S. Bach – Chaconne de laPartita n° 2 en ré mineur pourviolonEdvard Grieg – Sonate pour violonet piano n° 3 en do mineurClaude Debussy – Sonate pourviolon et piano en sol mineurFranz Schubert – Fantaisie pourviolon et piano en do majeur D 934(En collaboration avec la VerbierFestival Academy)

SAMEDI 7 SEPTEMBRE, 19h30,AUDITORIUM STRAVINSKI Royal Philharmonic OrchestraLondonCharles Dutoit, directionMartha Argerich, pianoAndrea Meláth, mezzo-soprano Balint Szabo, basseFrédéric Chopin – Concerto pourpiano et orchestre n° 1Béla Bartók – Le Château de Barbe-Bleue Sz. 48 op. 11 (version concert)

DIMANCHE 8 SEPTEMBRE,18h00, AUDITORIUM STRAVINSKI Royal Philharmonic OrchestraLondonCharles Dutoit, directionRenaud Capuçon, violonClaude Debussy – Prélude àl’Après-Midi d’un fauneEdouard Lalo – Symphonieespagnole, pour violon et orchestreClaude Debussy – La Mer, troisesqui sses symphoniques pourorchestreMaurice Ravel – Boléro, pourorchestre

LUNDI 9 SEPTEMBRE, 19h30,CHÂTEAU DE CHILLON Eben TrioTerezie Fialóvá, pianoRoman Pato�ka, violonMarkéta Kubínová, violoncellePetr Eben – Trio pour piano, violonet violoncelleJohannes Brahms – Trio pourpiano, violon et violoncelle n° 3Bedrich Smetana – Trio pourpiano, violon et violoncelle(En collaboration avec la VerbierFestival Academy)

MARDI 10 SEPTEMBRE, 19h30,MONTREUX PALACE Corey Cerovsek, violonPaavali Jumppanen, pianoJohannes Brahms: Sonate pourviolon et piano n° 1 en sol majeurop. 78Sonate pour violon et piano n° 2en la majeur op. 100Sonate pour violon et piano n° 3en ré mineur op. 108

MERCREDI 11 SEPTEMBRE,19h30, AUDITORIUM STRAVINSKI Orchestre philharmonique deSaint-PétersbourgYuri Temirkanov, directionLisa Batiashvili, violonAnatoly Liadov – Kikimora,légende symphoniquePiotr I. Tchaïkovski – Concertopour violon et orchestreDimitri Chostakovitch –Symphonie n° 6 en si mineur

JEUDI 12 SEPTEMBRE, 14h00,AUDITORIUM STRAVINSKI Orchestre du Collège de GenèvePhilippe Béran, direction etcommentairesClément Dami, violoncelleCésar Cui – Ouverture du Chatbotté(orchestration: Elena Langer)Camille Saint-Saëns – Allegroappassionatopour violoncelle et orchestreMichel Godel – De Byzance àIstanbul, poème symphoniqueHoward Shore – Le Seigneur desAnneaux, suite symphoniqueArturo Márquez – Danzón n° 2pour orchestre(Concert organisé pour lesécoliers de la région)

JEUDI 12 SEPTEMBRE, 20h00,THÉÂTRE DE VEVEYFinale du 25e Concours inter -national de piano Clara HaskilOrchestre de la Suisse Romande Frédéric Chaslin, directionTrois candidats finalistesŒuvres de Beethoven, Chopin,Mozart et Schumann(Coproduction Concours ClaraHaskil - Septembre MusicalMontreux-Vevey; Concert diffuséen direct sur RTS Espace 2)

CONCOURSNous sommes heureux de vous proposer des billets pour les spectacles suivants:

20 ans de Green Cross5 x 2 places pour le récital du pianiste Andrei Gavrilov, le lundi 2 septembre à 20h,

au Victoria Hall (en présence de Mikhaïl Gorbachev), à l'occasion du 20ème anniversaire de Green Cross.

Septembre musical2 x 2 places pour le concert de l’Orchestre de la Suisse Romande,

le samedi 31 août à 19h30 à l’Auditorium Stravinski.2 x 2 places pour le concert de Daniil Trifonov,

le dimanche 1er septembre à 18h au théâtre de Vevey.2 x 2 places pour le concert du Royal Philharmonic Orchestra London,

le jeudi 5 septembre à 19h30 à l’Auditorium Stravinski.

Geneva Camerata1 x 2 places pour le Concert Prestige 1 - “Création”,

le jeudi 12 septembre 2013 à 20h, au Bâtiment des Forces Motrices.1 x 2 places pour le Concert Prestige n°2 - “Une Flûte Enchantée”,

le mercredi 30 octobre 2013 à 20h, au Victoria Hall.

L’Orchestre de Chambre de Genève5x2 places pour chaque concert affiché dans nos agendas. Une occasion en or!

Les Misérables5 DVDs du film "Les Misérables" (Universal Studio): un film musical prenant,

basée sur le roman de Victor Hugo. Par William Nicholson, avec Hugh Jackman, Russel Crowe, Sacha Baron Cohen, Helena Bonham Carter, Anne Hathaway & Amanda Seyfried.

Pour plus de détails, reportez-vous aux agendas par date et par genre à la fin de la revue.

Envoyez-nous un e-mail avec vos coordonnées et le prix de votre choix à [email protected] plus de concours, chaque semaine sur notre blog! bloglagenda.wordpress.com

C L A S S I Q U E & O P É R A

Septembre musical: découvrez tout le programme!

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Yesterday I tried to paint you (II) - C. Rodriguez & Composition noire au cuivre et au plat d'argent - A.-L. Sacriste & Limits of paradise - NG.

Étudiante en Lettres de vingt-quatre ans, Alessandra Passaseodécouvre le monde de la photographie à cinq ans, quand elle

reçoit son premier appareil. À vingt ans, la jeune femme s’offre unReflex: elle a trouvé sa voie. Alessandra intègre alors le journal desétudiants en Lettres de l’Université de Genève, en tant querédactrice et photographe, ce qui lui permet de développer son art.Couvrir des expositions, parcourir l’université, arpenter les ruesà la recherche d’inspiration… La diversité l’enrichit, mais elles’aperçoit rapidement que “son dada à elle”, c’est le portrait:

“j’aime fouiller sur le visage de mes modèles, découvrir desémotions, faire tomber les masques et plonger dans le regard del’autre”. Pour L’Agenda, elle change de style pour approcher l’artet le graphisme.

Révéler la beauté du monde qui l’entoure, voilà ce qu’est, pour elle,la photographie: “la photo me pousse à observer et à être attentiveaux détails: des couleurs vives, la lumière si particulière du soir,un regard malicieux, l’architecture de la nervure d’une feuille…”

Pro-choice en images P O R T F O L I O

Milk-Toast; Fountain; Speedfreak - Y. Mudry.

Flesh fade/ Mortal trash - O. Dunbar & Read Lips - K. Rosen (détail).

The Testo Junkie series - B. Preciado & L. Reynaud-Dewar (détail).

Alessandra Passaseo, jeune photographe genevoise,vous fait découvrir une partie de l’exposition Pro-choice,

qui s’est tenue du 25 mai au 18 août à l’espace Fri Art (Fribourg).

Texte: Jade Sercomanens

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L’Agenda 4746 L’Agenda

Paletas de pintura y otras tecnicas de los maestros #6 - N. Ibáñez Lario (détail).

2 shoes - S. Levine.

Hall - présentation

Santa Saturnia - V. Gastaldon (détail).

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L’Agenda 4948 L’Agenda

D É C O U V E R T E

Texte: Jade Sercomanens

Genève culturelle:promenades à travers la villeRedécouvrir les musées, porter un regard nouveau, sureux, mais aussi sur les chemins, rues ou quartiers qui ymènent et sur la culture genevoise; voilà l’idée des“Sentiers culturels”, née de l’initiative de Sami Kanaan,conseiller administratif de la Ville de Genève, en chargede la culture et du sport.

Le système des “Sentiers culturels” sematérialise autour de différents parcours

entre certains musées, qui se veulentconviviaux, à sillonner seul, en famille ouavec des amis.

Afin de répondre à toutes les envies et pourenrichir chaque itinéraire, plusieurs outilssont à votre disposition: un plan, qui contienttant des informations culturelles ethistoriques que des renseignementspratiques (restaurants, WC, bornes wi-fi,parkings, transports publics), un guide audio,à télécharger ou à écouter depuis le site(ville-geneve.ch/sentiers-culturels), et, enfin,des pages internet, qui permettent nonseulement d’accéder aux deux outilsprécédents, mais offrent également lapossibilité de visionner des photos d’époque. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec lalangue de Rousseau, tous ces outils sontégalement disponibles en anglais. Certains organismes extérieurs se saisissentde l’occasion pour proposer des animations,comme Dimanches à pied ou Cité Seniors:n’hésitez pas à aller vous renseigner !

Au fil des “Sentiers culturels”, les rues et lesquartiers se révèlent grâce aux différentesanecdotes: on en apprend un peu plus sur

leur histoire, sur les personnalités qui les ontarpentés et qui y ont apposé leur marque.

Pour l’instant, le sentier des Nations est leseul ouvert. Ce parcours relie six musées: lesConservatoire et Jardin botaniques, le Muséedes Suisses dans le Monde, le Muséeinternational de la Croix-Rouge et duCroissant-Rouge, le Musée de la Société desNations, le Musée Ariana, ainsi que le Muséed’histoire des sciences. Parcs, arbres centenaires, villas de maîtres,palais, œuvres d’art… Le promeneur estamené à admirer, entre autres, le Palais desNations, La Villa Mon Repos, la Forêt deSequoias du Parc Barton, la Cloche Honsen-ji, ou encore la Fresque de la Paix. En arrière-plan de la balade, se dessinent lesombres de l’Impératrice Joséphine, d’AlbertThomas, de Gustave Revilliod ou deCasanova, qui ont tous marqué les lieux deleur présence.

A partir d’octobre, vous pourrez explorer unautre endroit de Genève, celui desTranchées; et tout ne s’arrêtera pas là,puisque plusieurs parcours sont peu à peumis en place: deux autres sont déjàannoncés pour l’année prochaine et lasuivante: Plainpalais ainsi que la Vieille Ville.

Ces “Sentiers culturels” ont pourvocation de s’adresser aussi bien auxhabitantes et habitants de Genève qu’auxtouristes et gens de passage. J’ai en effet lavolonté d’affirmer à la fois le rôle de laGenève culturelle comme facteur derayonnement de notre ville à l’étranger,mais aussi comme moyen pour lesGenevoises et les Genevois de partager desexpériences nouvelles, redécouvrir notrepatrimoine et notre histoire pour mieuxengager une réflexion sur notre présent.

Sami Kanaan ”

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Un mercredi matin, un peu avant 10 heures,Mme Suzanne Doidy, présidente du Singe

Vert, décroche le téléphone. Elle répond avecenthousiasme qu’elle est occupée à préparerdes mousses au thon pour le repas du staff duSinge Vert… le ton est donné!Le Singe Vert est un lieu mythique du vieuxjazz: les spectateurs viennent de toute laSuisse romande, notamment de Genève, deSuisses-Allemande également. Inauguré enoctobre 1980 par Claude Luter, célèbreclarinettiste français, le Singe Vert n’a pasdévié de sa ligne: bien qu’il s’ouvre au Boogieet au jazz manouche, la programmationprivilégie le jazz New Orleans traditionnel,

comme au tout début: “pas de jazz moderne,parce qu’on n’aime pas trop ça”, me confie laprésidente. Le Caveau accueille les meilleuresformations de Suisse, ainsi que des groupesinternationaux, venus de France, d’Allemagne,d’Angleterre, d’Italie ou encore d’Autriche.Toutefois, la programmation 2013-2014n’accueillera exceptionnellement que desorchestres nationaux: “nous avons de trèsbons musiciens en Suisse, c’est important deles mettre en avant”, complète Suzanne Doidy. Le caveau accueille régulièrement de grandsnoms: “Les gens aiment le Singe Vert : il n’y aplus beaucoup de lieux pour le vieux jazz. Lefestival de Cully, ce n’est pas pareil et

Montreux, c’est tout à fait différent. Il y a bienquelques lieux sur Genève, mais peu pour levieux jazz…”.D’ailleurs, suite à de nombreuses demandesde groupes étrangers, plusieurs concerts de lasaison 2014-2015 sont déjà fixés: “Lesmusiciens aiment venir: on les accueille avecl’apéro, le repas, ils sont logés en chambred’hôte, nous passons tout notre temps aveceux. Ils ressentent cette convivialité: c’est unechose à laquelle nous tenons beaucoup”.C’est que la convivialité est le maître mot auSinge Vert: un accueil chaleureux et, sur lestables, tout le terroir vaudois, sans oublier…les fameuses tartines au Cenovis!

La présidente insiste, l’équipe n’accueille quedes orchestres de très haut niveau: dansl’équipe, quelques musiciens jouent le rôle deguides dans les méandres des propositionsreçues.D’ailleurs, la programmation est appréciée: lecaveau affiche complet à presque chaqueconcert – raison pour laquelle il faut réserverà l’avance – et il est même arrivé que les

auditeurs doivent installer leurs tabourets surla scène tant la salle était comble! Dèsl’ouverture des portes, les spectateurs seprécipitent sur les tables et en oublient mêmeparfois, pour un temps, de payer leur entrée.Un public fidèle et varié donc, qui a tendanceà rajeunir ces dernières années: si, au début,la moyenne d’âge du public grisonnants’approchait de la septantaine, le caveau

accueille de plus en plus de trentenaires voirede plus jeunes fans de jazz traditionnel. Le caveau ouvre ses portes d’octobre à maiavec deux concerts par mois environ. Mais,avant le début de la saison, Suzanne Doidy aencore du pain sur la planche: préparation del’affiche, mises sous pli, réservation pourl’accordage du piano et surtout… commandemassive de saucissons vaudois!

L’Agenda 51

J A Z Z

Le SingeVert:

une joyeusenostalgie

Écrin musical dissimulé dans les ruelles du village deLutry, le Singe Vert est un caveau à Jazz réputé loin à laronde. Amoureux du New Orleans jazz, découvrez ouredécouvrez ce petit lieu magique du Lavaux.

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Découvrez la programmation 2013-2014 du Singe Vert! 11 et 12 octobre MaMa & The Kids8 et 9 novembre Newcastle Jazz Band 13 et 14 Les Manouches Tsé Tsé10 et 11 janvier The Glug Glug five

7 et 8 février Les Jazztronomes14 et 15 mars Cosanostra Jazz Band4 et 5 avril Bogalusa New Orleans Jazz Band2 et 3 mai Swiss Yerba Buena Creole Rice Jazz Band

Texte: Livia Bouvier Photo: John Hottinger

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L’Agenda 5352 L’Agenda

F A C E À F A C E

Avant d’enregistrer votre premier albumlive acoustique, vous avez joué auZermatt Unplugged Festival en avrildernier: une bonne expérience?Cass: Oui, c’était incroyable. C’était lapremière fois que nous avons vraimentessayé de jouer un concert sans brancher deguitare électrique et de distorsion! C’étaitdonc le premier concert acoustique que nousavons fait, pour de vrai.

Il y a eu cet autre concert acoustique àChelsea (Londres)...Cass: ...que nous avons donné le jourd’après. Zermatt était le tout premier, etensuite Chelsea. Nous l’avons enregistré etfilmé pour nous-mêmes, pour notre propreDVD qui sortira en septembre.

D’où est venue l’idée de sortir unalbum acoustique?Mark: En fait, nous l’avonstoujours évitée. Nous avonstoujours su que c’était quelquechose que nous ferions à uncertain moment, mais nous nevoulions pas bâclerl’opportunité. Quinze ans, vingtans sont donc passés sansjamais faire un concert

acoustique. Alors quand l’opportunité s’est

présentée de jouer au ZermattUnplugged, je pense que ça a été lecatalyseur pour faire notre propreconcert acoustique et le filmer, à Londres. Cass: Je voudrais juste ajouter que c’était

l'une des expériences les plus effrayantesque j’aie traversées avec Skunk Anansie!Désolé, continue… Mark: Oui, c’était terrifiant! Tout était

organisé, nous avions cette possibilité etnous avons décidé, “oui, on veut le faire”.C’est quelque chose de complètementdifférent et nous voulions le fairecorrectement. Nous avons probablementrépété plus pour ce concert que nous nel’avons jamais fait pour un show! Cass: On ne plaisante pas, on a vraimenttravaillé dur pour ça!Mark: Et même avec ça, on ne se sentait pasprêts. C’était terrifiant parce que tu estellement nu, musicalement, tu sais, tu n’aspas un énorme drum kit derrière toi, tupianotes. Cass: Je n’avais jamais été aussi nerveuxavant un concert qu’à Zermatt, en plus il yavait le concert de Chelsea le lendemain.Mais pour Chelsea, j’étais complètementdétendu! Nous étions passés par là, nousl’avions fait, savions que nous pouvions lefaire….Et ensuite... je me retrouve face à la plusgrande plantée qui me soit jamais arrivée.J’ai oublié une chanson, complètement. J’aieu un vide, un black out total. Je ne pouvaisplus me rappeler de rien. Je savais où étaientles notes, mais je ne me souvenais pluscomment allait la chanson, c’était parti! Mais j’ai fait ça pour le groupe, j’ai pris surmoi, parce que je savais que n’importe quid’autre dans cette situation… Ace (leguitariste) serait mort de stress! J’ai donné une chance à tout le monde de sedétendre! “J’assume, c’était moi”.Heureusement, je n’étais pas stressé pour ceconcert. Si j’avais été tendu, je me seraisécroulé, mort!

Vous avez lancé votre propre label,Verycords, en 2012. Depuis, la dynamiquedu groupe a changé.

Skunk Anansiela rage londonienne traverse le temps Texte: Livia Bouvier Photo: Edel Records

Skunk Anansie, c’est la révolte, la protestation, un grand doigt d’honneur à lapolitique répressive de l’Angleterre des années 90… et maintenant, un sourirenarquois aux politiques économiques mondiales. Cet automne, après vingt ans dedisto rugissante, ils sortent leur premier album live acoustique – une occasion deredécouvrir ce groupe mythique sous un autre jour.

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Mark: Oui, nous devons faire tourner ce label!C’est pour ça que nous avons un été bienrempli. Fondamentalement, on a juste dit ouià tout! Ça doit marcher maintenant, parceque nous devons faire tenir notre labelfinancièrement. Cass: Et nous devons financer notre proprealbum, la tournée, et tout ce qui va avec.. Çafait sens logistiquement et financièrement dejouer dans beaucoup de festivals. Mark: Et nous faisons tout nous-mêmes. Jedois encore les persuader de m’offrir unséjour de six mois tous frais payés pour toutapprendre. Cass: Oui oui, aux Bahamas. Mark: (rires) oui, aux Bahamas! Cass: Oui, c’est une question délicate, j’ypense toujours… mais tu auras mon vote!Parce que je prévois aussi un genre d’étudespour le studio à heu… l’île Maurice!Mark: Oui, c’est bien, c’est bien.

Le dernier album est assez engagépolitiquement.Mark: Ça, c’est une question pour Cass. Jedéprime vraiment quand je regarde lesnouvelles, je deviens complètementléthargique quand ça concerne la politique,parce que les politiciens sont tous desmenteurs. Je trouve très difficile de croire enqui que se soit, alors que les autres dans legroupe semblent capables de naviguer surune carte d’opinions. Cass: Non, on ne s’en sort jamais. Quiconquedevient politicien le fait, honnêtement, pourl’argent. Parce que si tu veux changer lemonde, tu ne deviens pas un politicien.

Pas en Angleterre du moins… Cass: En fait … pas en Occident. Parce quepour réaliser de vrais changements dans lemonde, on ne passe pas par la politique. Lapolitique, c’est comment prendre l’argent dusecteur public pour le mettre dans le secteurprivé. Et quand un politicien met cet argentdans le secteur privé, il le met dans lesecteur privé de ses propresinvestissements, ou dans ceux de ses amis.Ils tirent donc l’argent de la société, l’argent

qui reste, que la reine n’a pas encore pris, etque les grosses corporations n’ont pasencore pris: le peu qu’il reste, ça, c’est pourles politiciens. Ce sont des vautours.

Nous avons beaucoup parlé des dernièresrévisions de l’aide sociale en Angleterre?Cass: Tu veux dire, retirer les subventions auxgens, et les taxer parce qu’ils ont une piècesupplémentaire dans leur appartement?C’est une situation ridicule. C’est ce qu’ilsfont sur les assurances sociales et, pendantce temps, les politiciens ont deux ou troismaisons qui sont financées par les taxes. Plus un politicien est riche, plus son pouvoirest garanti. C’est une équation simple.Pourquoi penses-tu que Boris (Johnson) estdevenu le maire de Londres? C’est un crétin,mais… il est très riche. Et tous sesinvestissements… Je me rappelle, je me suis rendu compte dufonctionnement du milieu politique enpremier à Londres. Avant, tu pouvaisconduire ta voiture dans le centre, allerjusque dans le West End et parquer sansproblème. Ensuite, il y a eu toutes cesrestrictions sur le parcage, et puis cettecompagnie a émergé: National Car Park.C’était après que j’aie découvert que lepoliticien qui avait soutenu toutes lesrégulations sur la restriction du parcage avaitcommencé avec cette compagnie et achetétous les espaces vacants dans le West Endpour construire des parkings. Ils ont créé celade toutes pièces: ils ont interdit à tout lemonde de parquer dans la rue pour remplirleurs parkings payants.Ken Livingstone n’était pas meilleur. Tout lemonde se plaignait continuellement des“Bendy buses” (bus articulés) à Londres etpersonne ne savait pourquoi ils étaient là. Ehbien, Livingstone avait investi dans cetteentreprise et, en devenant maire, avait faitvenir tous ces drôles de bus. Si tu regardesbien, tu te rends compte qu’ils sont plusintelligents que nous. Tu n’a pas besoind’être un actionnaire ou d’être le directeur,ni même un secrétaire, pas besoin d’être surle papier pour tirer profit de leurs activités.

C’est crasseux. Margaret Thatcher faisait ça aussi, mais ellele faisait à travers son fils et son mari. Ilsfaisaient le sale travail pour elle. Tony Blair,un autre crasseux. Mais je ne veux pascommencer avec ça. S’il te plaît, nementionne aucun nom (rires).

On a souvent l’impression que les gens nese sentent pas concernés par lesquestions politiques. Cass: Ce n’est pas qu’ils s’en fichent, c’estqu’ils sont apathiques. Tu dois te rappeler letype de gens qui vivent en Angleterre,l’histoire du pays… En France, par exemple,si tu contraries un chauffeur de camion, il vabloquer toutes les routes de la ville ! Tout lesystème européen est basé sur le souvenirdes révolutions: ils ont eu leurs révolutions,tué les familles royales, et la société a étébâtie sur cet idéal socialiste. En Angleterre,nous avons toujours une famille royale… onse fait avoir depuis très longtemps. Et noussommes devenus apathiques. Ce n’est doncpas que les gens s’en fichent, c’est qu’on nese plaint pas trop fort. Nous avons étéconditionnés pour être obéissants… ou plusobéissants.

Des commentaires sur les émeutes del’été 2011 à Londres?Cass: Quand je mentionnais cette apathiegénérale et ce comportement dont je teparlais avant, je parlais des gens qui fontpartie de la société. Mais il y a une nouvellegénération en Angleterre de gens qui n’ontaucun engagement dans cette société. Ilsn’ont pas eu d’éducation scolaire, pas deréseau de soutien, ils ne sont jamais entrésdans le système: tout ce qu’ils ont apprisvient de la télévision ou d’internet. Tout doitêtre immédiat: tout le monde veut être richeet célèbre, avoir la plus belle voiture, les plusbeaux vêtements, et ils n’ont même pas deformation de base. Et parce qu’ils n’ontaucune attache à la société, tout peut lesfaire exploser, car ils savent qu’ils ne sontpas du tout valorisés dans la société, ils nela valorisent donc pas en retour.

Kay Saunders, jeune Genevoise de vingt-cinq ans, s’est démarquée des autres

candidates grâce à sa tonicité et sa créativité,et surtout grâce à son investissement, savolonté de tout faire pour parvenir à ses fins.N’ayant pas totalement convaincu le jury aupremier tour, elle l’a bluffé au second, en semettant parfaitement dans la peau dupersonnage: en une semaine, Kay Saundersavait préparé chorégraphies et costumespour chaque morceau présenté, cequ’aucune autre candidate n’avait tenté.

Issue d’une famille de musiciensamateurs, elle a toujours baignédans la musique; il était donctout naturel qu’elle se dirige,elle aussi, vers cette voie.Même si elle n’en vit pas pourle moment, elle caresse l’idéeque la chose soit possible un jour.

La première chanson produite parAloud Records, Only my desire, sortiradans le courant du mois de septembresur les diverses chaînes musicaleseuropéennes. À guetter !

Par ailleurs, Aloud Records organise unnouveau casting à mi novembre, visant toutejeune femme de 20 à 25 ans qui, comme KaySaunders, aurait envie de déployer ses ailespour s’envoler vers le monde de la musique.Les candidates sont priées de s'annoncerauprès de [email protected].

VA R I É T É

L’aventure commence…Créé fin 2009, Aloud Records est un petit label Suissespécialisé dans la dance music. Après avoir produitdivers artistes internationaux, la direction a décidé,début 2013, de se tourner vers les artistes et technicienssuisses. Au printemps, un casting a été lancé pourinterpréter plusieurs chansons écrites par Dj Landry (François Yene), directeur du label. Texte: Jade Sercomanens Photo: Nathalie Rendu

L’Agenda 55

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L’Agenda 5756 L’Agenda

Pour ouvrir les festivités, voix et musiquese mêlent dans “Danses nocturnes”. Les

19 et 20 septembre, vous serez envoûtés parl’union des mots de Sylvia Plath dans labouche de Charlotte Rampling, et de lamusique de Benjamin Britten, sous l’archetde Sonia Wieder-Atherton.

Alliance entre musique, théâtre et danse,“Tragedy of a friendship” explore la relationentre Richard Wagner et Friedrich Nietzsche.À découvrir du 26 au 29 septembre.

On reste du côté de Wagner avec “Siegfried,nocturne”. Véritable questionnement desrapports entre culture et société, cemonodrame se situe en Allemagne, auxlendemains de la Seconde Guerre mondiale.Replongez-vous dans cette période troubledu 13 au 18 octobre.

Envie de revisiter un classique? Du 29octobre au 2 novembre, Brigitte Jacques-Wajeman vous présente deux nouvellesmises en scène de “Pompée” et“Sophonisbe”, de Pierre Corneille.

À travers les lettres qu’Antonin Artaud aécrites à Jean-Louis Barrault, “Artaud-Barrault” vous livre l’histoire de l’homme de

théâtre ainsi que celle d’une amitié profondeet paradoxale entre les deux hommes. Uneamitié inébranlable qui subsiste même dansla séparation. Du 5 au 24 novembre.

Nalini Menamkat lance “Amphitryon” sur lesplanches. Célèbre pièce de Molière, elle estpeu représentée. Ne ratez pas cette occasiond’entrer dans la France de Louis XIV. Du 3 au21 décembre laissez-vous emporter par lamagie de l’écriture de Molière.

Reflets d’une critique de la réalité politique,sociale et culturelle d’Israël, les scénettes quiforment “Cabaret Levin” promettent de nepas vous laisser indifférent. À voir dès le 9janvier.

Autre dyptique à venir apprécier du 21 au 26janvier: “Des héros: Ajax / Œdipe Roi”. WajdiMouawad relie les deux œuvres de Sophoclepour vous présenter un spectacle, danslequel démesure et refus du compromisseront à l’honneur.

Des thèmes tels que la condition de lafemme, la sexualité, la solitude,l’adolescence, ou encore l’éducation seretrouvent dans les courtes pièces quicomposent “Récits de femmes” de Dario Foet Francesca Rame. Place à la fraîcheur et aurire du 28 janvier au 2 février!

Puis c’est un monologue qui aborde dessujets variés avec liberté et justesse quiprendra ses quartiers à la Comédie du 4 au7 février. Un spectacle drôle et émouvant quimet en scène un missionaire belge loind’incarner le passé colonial.

Le temps qui se déroule, le passé, levieillissement… Du 4 au 22 mars, dans “Ohles beaux jours” de Samuel Beckett, YvetteThéraulaz sera Winnie, femme d’unecinquantaine d’années. Elle partagera avecvous ses craintes et la force de son instinctde vivre.

“Yvonne, princesse de Bourgogne” prendrale relais. La pièce, fascinante, se construitautour d’un paradoxe: un prince héritierprend pour fiancée une jeune fille sanscharme et sans attrait. Il ne peut la souffrir,mais décide de l’aimer. Du 8 au 11 avril.

Pour terminer la saison en beauté, LaComédie vous présente, du 29 avril au 11mai, “Désir sous les ormes”, d’EugeneO’Neill. Au milieu du 19ème siècle, dans uneferme de Nouvelle-Angleterre, un pèrerevient marié alors que ses fils se disputaientdéjà pour sa succession. Désir de la fermequi se mue en désir de la femme.

La Comédie étoffe sa saison avec de lamusique! La Geneva Camerata viendra yjouer un programme éclectique les 14octobre, 10 mars et 14 avril.

N O U V E L L E S A I S O N

Entre classiques et inédits, les spectacles

ne vous laisserontaucun répit à La Comédie

La Comédie de Genève est prête àenchanter vos sens. Le programme

varié de sa saison 2013-2014s’annonce haut en couleurs.

Texte: Jade Sercomanens

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