La Révolution Libyenne 2011
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Transcript of La Révolution Libyenne 2011
Nom: Joke Van Dooren
Numéro de matricule: 06840900
Année d'études: SPED22MS/DV
Date: janvier 2012
Cours: LDVLP2642 - Séminaire
interdisciplinaire de politique du
développement : Monde arabe
Titulaire du Cours: Vincent Legrand
La révolution Libyenne en 2011
Quelques clefs d'analyse
Sommaire
L'introduction .......................................................................................................................................... 2
Les 4 premiers jours de révoltes ............................................................................................................. 3
La Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste ................................................................. 4
Les disparités régionales ......................................................................................................................... 8
Le tribalisme Libyen ............................................................................................................................... 10
La pression démographique, le chômage et l'éducation ...................................................................... 12
Pétrole, développement et corruption ................................................................................................. 16
Les reformes économiques et politiques récentes ............................................................................... 18
La violation des droits humains ............................................................................................................. 20
Le "localisme" et le rôle de l'armée ...................................................................................................... 22
Conclusion ............................................................................................................................................. 24
Bibliographie.......................................................................................................................................... 26
“Libya today is not Libya of yesterday,
and Libya of tomorrow, God willing, will be even better”*
* Saif al-Islam al-Gaddafi, fils de Kadhafi et tête de la Fondation
Internationale Kadhafi pour la Charité et le Développement, Mars
2010
2
L'introduction
17 décembre 2010. Mohamed Bouazizi, un vendeur ambulant tunisien, s'immole par le feu devant le
siège du gouvernorat. Des émeutes suivent qui concourent vite au déclenchement d'une révolution
tunisienne. En quelques semaines, une vague de contestations s'est étendue à travers le Moyen-
Orient et l'Afrique du Nord.
Cette région est un mélange de régimes autoritaires de différentes formes (monarchies, dictatures,
républiques religieuses, ...). Pendant la période postcoloniale, la plupart des ces régimes ont été
légitimés grâce à un soutien du monde extérieur pendant la Guerre Froide. Ce conflit bipolaire
donne naissance à des formes hybrides entre les institutions occidentales - dites démocratiques - et
des institutions endogènes politique, économique, financière et sociale.
L'aide étrangère, souvent sous la forme d'aide militaire, donne une certaine légitimité à ces régimes
autoritaires hybrides. Pendant plusieurs décennies, ces régimes ont réussi à maintenir leur pouvoir
de manière répressive, et dans certains cas très violente, en supprimant toutes les voix alternatives.
Si jusqu'à présent aucune protestation contre les régimes au pouvoir n’avait généralement été
fructueuse, qu’est-ce ce qui a changé? Comment les peuples mettent-ils une fin à cette stagnation
de leur situation pénible qui a duré si longtemps? Quelles sont les particularités de ce 'réveil arabe' ?
Dans les analyses, on retrouve plusieurs facteurs déclencheurs. Certains facteurs peuvent être
généralisés pour toute la MENA-région comme la crise financière globale, la hausse des prix
alimentaires, la globalisation, la croissance accélérée de la population, la pression sur le marché de
travail, la corruption, etc.
Mais le 'réveil arabe' ne se manifeste pas avec la même intensité ni de la même manière dans les
différents pays de la région. Importants, sinon plus importants, pour l'analyse du 'réveil arabe' sont
les facteurs spécifiques liés au contexte socioculturel, politique, économique et historique de chaque
pays.
Dans ce travail, j'essaie de donner un aperçu plus ou moins complet des facteurs déclencheurs qui
peuvent expliquer les révoltes et la chute de Kadhafi en Libye. Néanmoins, les multiples facteurs et le
jeu des interdépendances entre eux sont si complexes que je me limite dans le choix des approches.
Il me semble utile d'approfondir par une analyse de la longue histoire de la Libye, les interactions
avec les acteurs internationaux, l'impact et la place des medias et les conséquences de la migration
en Libye.
3
Les 4 premiers jours de révoltes1
14 janvier:
Dans la ville d’Al-Bayda, dans l'Est du pays, il y a des manifestations populaires provoquées
par des mécontentements concernant les conditions de logement. Ils protestent contre le
manque d'infrastructures et la corruption politique dans leur région.
15 janvier:
Des manifestations ont lieu à Benghazi à l'occasion du procès du massacre d'Abou Salim
quand environ 1200 prisonniers ont tués en 1996. Les familles se sont rassemblées devant le
tribunal. Pendant la soirée, ils sont rejoints par les manifestants qui protestent contre la
détention de Faithi Tirbil, l'avocat et activiste des droits de l'homme qui a représenté les
familles des prisonniers morts.
16 janvier:
Les manifestations à Benghazi sont durement réprimées par 'les gardiens de la Révolution',
une brigade commandée par un fils de Kadhafi, utilisant des armes à feu. Il y a également
des soulèvements dans des villes de l'Ouest du pays, en particulier à Zintan qui devient un
théâtre d'affrontements entre les insurgés et les forces pro-Kadhafi. Pendant ces
manifestations, il y a des rumeurs concernant plusieurs blessés et des morts, mais les chiffres
sont difficiles à vérifier à cause d'un blocage des médias par le régime de Kadhafi. Les medias
reçoivent toutefois des nouvelles via les manifestants qui décrivent la situation sur
Facebook et Twitter.
17 janvier:
Ce jour est appelé « journée de la colère » par les opposants, à la mémoire des
démonstrations du 17 Février 20062. Excités par la réaction répressive et très violente du
régime de Kadhafi, les demandes initiales du peuple se transforment vite en un appel au
renversement de Kadhafi. Dans l'Est du pays, surtout à Benghazi, les manifestations
s'amplifient. Les insurgés s'arment.
1 BLIGHT Garry, PULHAM, Sheila, et Paul TORPEY, Arab spring: an interactive timeline of Middle East protests.
2Ces manifestations à Benghazi étaient initialement organisées contre le cartoon de Mohamed, mais se sont
transformées en révolte contre Kadhafi.
4
La Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste
Le premier Septembre 1969, le colonel Mouamma Kadhafi renverse le Roi Idris premier et seul
monarque de Libye et prend le pouvoir. Peu de temps après ce coup d'état, réalisé par un groupe de
jeunes officiers de l'armée, Kadhafi va consolider sa position comme chef du nouveau régime.
Comme descendant du Qadadfa, une tribu relativement faible et marginalisée, sans liens avec l'élite
urbaine qui a dominé la vie publique pendant la monarchie et étant arrivé au pouvoir grâce à la
faiblesse de la monarchie et non suite au soutien du peuple, il manque une source de légitimité à sa
position. Ainsi Kadhafi développe tout un discours idéologique pour valider sa prise de pouvoir et
pour désarmer ses détracteurs.3
Dans les années '70, Kadhafi introduit la Jamahiriya, sa propre vision politique, économique et sociale
expliquée dans le Livre Vert. Ce livre expose son alternative au capitalisme et au communisme , la
«troisième théorie universelle» qui dit que le peuple doit se gérer lui-même et trouver des solutions
à ses propres problèmes.
Sa démocratie populaire est basée sur le rejet de toute forme de représentation politique. Kadhafi
veut faire de la Libye un "état des masses" officiellement gouverné par le biais d’une démocratie
directe. Selon lui, chaque citoyen fait partie du processus politique au niveau local par la
participation à des assemblées populaires. À côté de chaque assemblée populaire il existe un comité
populaire, une sorte de ministère, pour le travail exécutif et qui doit se justifier par rapport à
l'assemblée. Les présidents de chaque assemblée résident dans la Comité Populaire Général qui est
dirigé par le Secrétaire Général du Peuple et est en charge de l’exécution des décisions prises par
l'Assemblée Générale du Congrès du Peuple.4
Dès le début, Kadhafi a utilisé son idéologie pour rejeter tous les partis politiques. Il prohibe toute
participation aux activités collectives qui ne sont pas conformes aux principes de l'idéologie de la
Jamahiriya. L'élimination de la plupart des organisations et institutions qui potentiellement peuvent
contester le régime, est une des grandes conséquences de la Jamahiriya. Kadhafi a réussi à créer un
système politique très complexe de comités et assemblées, qui est très limité au niveau des prises de
décision. Ce système politique officiel est plutôt une façade derrière lequel Kadhafi et son entourage
réussissent à maintenir leur pouvoir.5
3 INTERNATIONAL CRISIS GROUP, Popular Protest in North Africa and the Middle East (V): Making Sense of
Libya. 4
VAN HOUTE, Joeri, Libië: welke route is er gekozen? 5
INTERNATIONAL CRISIS GROUP, Ibid.
5
Les assemblées et comités populaires forment des communautés autonomes et personne dans les
communautés n’a la souveraineté de prendre des décisions. Le pouvoir central d'un gouvernement
est aboli et les ministères sont devenus des secrétariats. En raison de leur manque de pouvoir et
d'influence, les organes d'Etat officiels ne sont devenus que des véhicules de la corruption.
Un autre déficit de ce système sont les divergences entre les idéaux de l'idéologie et le
fonctionnement réel du système: ces sont les organes généraux à Tripoli qui vont mettre des sujets à
l’agenda des assemblées locales pour atteindre certains objectifs dans le pays. On constate en réalité
plutôt un processus top-down qu'un processus bottom-up qui est envisagé dans les principes de la
Jamahiriya.
En plus, certain sujets sont exclus du processus démocratique direct. Les assemblées ne discutent pas
des affaires du secrétariat au pétrole, des revenus des membres des secrétariats, de l'armée ou de la
police. Le Livre Vert exclut aussi le contrôle de la violence par les assemblées populaires.
D'ailleurs il est remarquable que le rôle de Kadhafi ne soit pas mentionné dans le Livre Vert. Depuis
les reformes dans les années '70, il n'a plus de fonction officielle . Il n'a pas le titre de président ou de
chef d'état. Il est indiqué comme "guide de la Révolution" qui mène le peuple vers le summum de la
Révolution. Cette position lui permet de se distancier par rapport aux organes d’état officiels et de
leur imputer les défaillances de l'État. Comme cela, il pouvait être épargné et rester dans une
position confortable. Jusqu'à l'éclatement de la révolution en février 2011, aucune décision n’a été
prise sans le consentement de Kadhafi.
6
La concentration du pouvoir par Kadhafi et son entourage
La Jamahiriya, avec ses institutions et ses principes, a permis Kadhafi de gouverner la Libye pendant
quatre décennies. Au lieu de concevoir un État moderne avec des institutions stables, une répartition
du pouvoir et un vrai processus démocratique avec une représentativité du peuple, Kadhafi n'a fait
que créer une concentration du pouvoir autour lui et de sa tribu. Quatre institutions6 lui assurent sa
position forte en Libye;
Les comités révolutionnaires:
Les Comités révolutionnaires ont comme but d'accélérer la mise en œuvre du nouveau
système, mais fonctionnent rapidement comme une sorte de milice. Ces comités fournissent
à Kadhafi un certain contrôle idéologique notamment sur les comités et assemblées
populaires. Ces organes – n’ayant aucune existence légale - lui permettent de surveiller et
sanctionner des opposants, mais aussi de redistribuer la rente et organiser un système de
clientélisme. Ces comités forment un pilier essentiel au pouvoir de Kadhafi pour fournir un
support de sécurité et idéologique.
L'appareil de sécurité:
Cet appareil de sécurité garantit à Kadhafi le contrôle sur la population par un monopole de
la violence. Kadhafi s’est toujours méfié des forces armées libyennes et les a volontairement
affaiblies par peur qu'elles ne se retournent contre lui. Par contre, il a renforcé les milices et
les forces de sécurité spéciales dirigées par la famille du chef et les membres de sa tribu.
La National Oil Corporation:
La Compagnie Nationale du Pétrole libyenne est l'acteur principal de l'industrie pétrolière
qui contribue à la moitié du PNB libyen. Il assure à Kadhafi l'exploitation et la gestion de la
rente pétrolière.
L'Autorité libyenne d'Investissement:
Cette institution aide Kadhafi à recycler une partie de la rente pétrolière et à diversifier les
ressources. D'autre part cette autorité joue aussi un grand rôle dans les politiques étrangères
de Kadhafi, notamment en Afrique Subsaharienne.
6 DAGUZAN, Jean-François, MOISSERON, Jean-Yves, "La Libye après Kadhafi: essaie de prospective géopolitique
du conflit libyen".
7
Ces quatre institutions sont les piliers d'un système centrifuge du pouvoir vers Kadhafi, sa famille et
sa tribu, ses clients et alliés et enfin aussi vers les responsables des institutions aux différents
niveaux. Dès le début, Kadhafi a donné à sa famille et sa tribu une place centrale dans son régime.
Les dernières années, les fils de Kadhafi ont joué un rôle de plus et plus important sur la scène
politique, mais aussi dans l'appareil de sécurité et l'économie, notamment dans le secteur pétrolier.
Ils ont profité de la rente pétrolière et de la croissance économique de la Libye et se sont construit
des fortunes. Leur influence croissante et leurs excès sont mal accueillis par la majorité de la
population libyenne. Le rôle central des descendants de Kadhafi ne crée pas seulement des
ressentiments parmi les citoyens ordinaires. Même les personnes siégeant dans les institutions ont
peur de perdre leurs positions que peuvent s’approprier les fils de Kadhafi.
Selon les rumeurs, il y a une rivalité intense entre les fils de Kadhafi. Cependant, tous les membres de
la famille Kadhafi ont formé un front pendant les révoltes récentes. Même Saif, le fils le plus
réformiste, est resté fidèle à son père et la famille.7
7 INTERNATIONAL CRISIS GROUP, Popular Protest in North Africa and the Middle East (V): Making Sense of
Libya.
8
Les disparités régionales
Les révoltes ont commencé en Cyrénaïque. Cette région, riche en pétrole, était le centre du pouvoir
sous la monarchie du Roi Idris. Après le coup d'État en 1969, Kadhafi centralise son pouvoir dans la
région autour de Tripoli où sa tribu réside.
Le territoire libyen est subdivisé en trois régions - Tripolitaine à l’Ouest, Cyrénaïque à l’Est et Fezzan
dans le Sud. Les spécificités géographiques ont joué un rôle important dans cette division. Des
superficies désertiques étendues créent de grandes distances entre les villes principales dans l'Est,
l'Ouest et le Sud. Le transport et la communication entre les différentes régions est limité. Ces
disparités spatiales ont comme conséquence que le peuple à l'Est se sentait plus proche de l'Egypte
que de l'Ouest de leur pays. Ce sentiment est renforcé par le fait que plusieurs tribus de Lybie
s'étendent aussi dans l'Ouest de l'Egypte. On retrouve la même dynamique en Tripolitania où le
peuple se tourne plutôt vers la Tunisie. Le peuple de Tripoli, la capitale du pays, est plus orienté vers
l'Europe et ils se considèrent plus comme 'citoyens mondiaux' que leurs compatriotes dans l'Est.
Une autre disparité spatiale est basée sur la répartition de la population sur le territoire Libyen. La
majeure partie de la population réside dans une étroite bande côtière, l'intérieur du pays étant
désertique. Dans les régions de la Tripolitaine et de Cyrénaïque, la densité atteint une moyenne
d'environ 50 habitants par km². Dans le reste du pays, ce chiffre tombe à moins d'une personne par
km². Ainsi 90% de la population se sont installées sur 10% du territoire libyen. Plutôt que parler d’une
disparité Est-Ouest, on constate dans cette optique une division entre l Nord et Sud du pays. 8
8 Libye. Wikipedia.
source: nybooks.com
9
D’autre part le pays est fortement fractionné par les différentes structures tribales. Ces structures sont encore plus présentes dans l'Est suite à l'histoire coloniale de cette région. Plus loin, j'expliquerai ce facteur important en détail. L'Est de la Libye a la réputation d'être plus traditionnelle et conservative et est souvent associé à l'Islamisme. L'établissement de la famille Al-Sanussi sur le trône est à l'origine de cette image. Le Roi Idris faisait parti de la famille dirigeante de la confrérie religieuse Sanussia qui fut fondée à la Mecque. La Sanussia a étendu son influence par la pénétration dans les structures tribales. Ils ont contrôlé une grande partie des routes commerciales entre la côte de Cyrénaïque et l'Afrique Centrale. En conséquence, la Sanussia est devenue la religion dominante et un acteur politique considérable dans la région de l'Est. Au moment où cette confrérie était à l'apogée de sa gloire à la fin des années '90, la région était gouvernée quasi indépendamment. Un autre facteur qui répond à l'hypothèse de la division Ouest-Est dans le pays. Dans les années récentes, il est de plus en plus apparent que l'Est devient un foyer pour différents courants d'islamisme, soit modéré , soit jihadiste. Bien que certains leaders viennent de l'Ouest, la majorité des militants sont d'origine de l'Est. La prison d'Abou Salim de Tripoli est connue pour avoir "hébergé" la plupart des islamistes qui sont arrêtés par le régime Kadhafi. Ceci explique le fait que les manifestations des familles à l'occasion du procès du massacre d'Abou Salim du 15 janvier 2011 ont eu lieu à Benghazi. 9 À partir cette histoire tribale et de l'influence islamiste, il est évident que Kadhafi a toujours éprouvé de la méfiance à l'égard de l'Est. Pendant quatre décennies, il a géré «de manière fluide l'équilibre toujours instable des rapports de force, satisfaire des demandes sociales, faire et défaire des alliances, intimider, surprendre, frapper, acheter, amadouer, ...»10. Cette histoire tendue explique pourquoi les habitants de l'Est ont le sentiment d'être des citoyens de seconde zone. Ils ont l'idée que Kadhafi a structurellement gardé leur région dans un état de sous-développement et que tous les investissements vont quasi exclusivement vers la Tripolitanie. Par contre, il n'y a pas assez de statistiques légitimes qui prouvent cette attitude discriminatoire de Kadhafi vis à vis cette région.
Néanmoins, le fait qu'ils se sentaient victimes d'un traitement discriminatoire a sous doute joué un
rôle considérable pendant la révolution récente. L'escalade des manifestations contre la caricature
Danoise en février 2006 était déjà un signe des frustrations refoulées du peuple de cette région. Les
promesses d’ investissements dans l'infrastructure, le tourisme et d’autres projets de
développement, montrent que le régime était conscient de ces frustrations. Mais la plupart de ces
promesses sont restées sans effet à cause du manque de volonté politique, des querelles au sein du
régime et les lenteurs bureaucratiques. Le 18 février, le fils de Kadhafi a déclaré dans un speech à la
radio qu'il a prévu un plan de développement pour la ville Benghazi, mais il était trop tard. La bombe
avait déjà explosé.11
9 INTERNATIONAL CRISIS GROUP, Popular Protest in North Africa and the Middle East (V): Making Sense of
Libya. 10
DAGUZAN, Jean-François, MOISSERON, Jean-Yves, "La Libye après Kadhafi: essaie de prospective
géopolitique du conflit libyen". 11
INTERNATIONAL CRISIS GROUP, Ibid.
10
Le tribalisme Libyen
Le tribalisme est un autre facteur géopolitique qui est important à prendre en considération dans les
analyses des événements récents. Les dynamiques sociale, politique et économique dans la société
libyenne peuvent être comprises à travers les réseaux de parenté. Selon des estimations, il y a plus
au moins 140 tribus en Libye dont quelques-unes s'étendent en Egypte et Tunisie.12
Après le coup d'État, Kadhafi a vite compris qu'il a besoin des tribus pour consolider son pouvoir. La
culture politique tribale a pris une place centrale dans la Jamahiriya. Kadhafi a réussi à créer un
mécanisme complexe de légitimation de son pouvoir par une représentation du « non-État ». Il a
séduit les chefs de tribu, les seules instances qui pouvaient lui garantir une légitimité politique, en
leur donnant une grande autonomie par rapport à un État central assez faible. Les chefs de tribu
reçoivent des postes administratifs importants et bénéficient en de multiples manières de la richesse
du régime Kadhafi. Les tribus jouent un rôle important dans la redistribution de la rente et des
pouvoirs. Les réseaux tribaux sont un instrument puissant pour trouver un emploi, accélérer des
démarches administratives ou pour obtenir des autorisations diverses. Ces réseaux approuvent
l'implémentation de formes structurelles de clientélisme.13
Le soutien tribal au régime dépend principalement de leur niveau de réussite économique. Kadhafi a
besoin des tribus pour légitimer son pouvoir, en même temps que les tribus ont besoin de Kadhafi
pour se procurer des ressources. L'un ne peut pas tenter de perdurer sans l'autre. Kadhafi a été
capable de consolider sa position puissante en jouant sur la rivalité mutuelle des tribus en
récompensant ceux qui restaient loyaux par des postes politiques importants. Ce jeu de pouvoir
entre les différentes tribus se traduisait par leur affirmation de la conscience nationale libyenne.14
La Qadadfa, sa propre tribu, est relativement faible et marginalisée avec environ 100.000 membres.
Elle est implantée principalement à Sirte, avec cependant des membres à Sebha et Tripoli. En raison
de la faible position de sa tribu, Kadhafi s'est allié à deux tribus puissantes : la Magarha (Megrahi),
grande tribu au Centre-Ouest du pays, et la Warfallah (Werfella), une tribu très importante installée
un peu partout dans le pays, mais principalement dans la région de Bani Walid. Kadhafi s'est appuyé
sur les membres de ces deux grandes tribus et de la sienne pour son organisation de sécurité privée
et le contrôle du peuple. Mais ces loyautés tribales lui ont aussi créé des problèmes. Kadhafi a été
longtemps dans une situation difficile suite à l'affaire Lockerbie pour laquelle les États Unis ont
demandé l'extradition d'Abdel Ali Al-Megrahi, un membre de la tribu Magarha . En 1993, des
membres de cette tribu ont tenté un coup d'État. Depuis ce moment, il a commencé à se méfier de
cette alliance.15
12
INTERNATIONAL CRISIS GROUP, Popular Protest in North Africa and the Middle East (V): Making Sense of
Libya. 13
DAGUZAN, Jean-François, MOISSERON, Jean-Yves, "La Libye après Kadhafi: essaie de prospective
géopolitique du conflit libyen". 14
BAXLEY, Richard, "Shifting Loyalties. Libya's Dynamic Tribalism". 15
INTERNATIONAL CRISIS GROUP, Ibid.
11
À la fin du 19e siècle, l'émergence des États-Nations dans la région MENA a conduit à l'érosion des
structures tribales traditionnelles. La transition démographique, la vague d'urbanisation et
l'augmentation du nombre de femmes scolarisées ont modifié les structures tribales dans la plupart
des pays. La Libye est cependant un cas particulier. Le tribalisme a continué à jouer un rôle important
dans la société libyenne grâce à la persistance de la culture du non-État qui est enracinée dans
l'idéologie Kadhafienne. Mais malgré son fort discours politique, Kadhafi n'avait pas beaucoup
confiance dans les institutions qu'il a créées lui-même. C'est pourquoi il a donné un pouvoir
disproportionné à sa propre tribu et ses alliés, ce qui a créé des ressentiments auprès des autres
tribus16. «En ce sens, la Libye a été semblable à une énorme marmite à pression prête à exploser»17.
Source: the-american-interest.com
16
BAXLEY, Richard, "Shifting Loyalties. Libya's Dynamic Tribalism". 17
INTERNATIONAL CRISIS GROUP, Popular Protest in North Africa and the Middle East (V): Making Sense of
Libya.
12
La pression démographique, le chômage et l'éducation Pendant les 30 dernières années, la
population dans la région MENA a plus que
doublé, avec un des taux de croissance les
plus hauts du le monde. La Libye est la
championne dans cette région.
Ces graphiques de 1950 à 2010 montrent
que la population libyenne a augmenté de
près d'un million habitants passant à plus
de 6 millions. Cette croissance est pour une
grande partie due à une politique ouverte
d'immigration qui a attiré des migrants des
pays voisins arabes et de l'Afrique
Subsaharienne.
Entre 1950 et 2010, le taux de mortalité
infantile a diminué de 300 à 24.4 et dans
la même période l’espérance de vie est
passée de 41.87 à 74.85 ans.18
18
Gapminder has compiled the data you see in this graph from several sources, such as official international
statistics, various historical sources and our own estimates. (http://www.gapminder.org/)
Gapminder:
Croissance de la population entre 1950 et 2010 en Libye
Gapminder:
Évolution de l’espérance de vie en Libye entre 1950 et 2010
13
De cette transition démographique résulte une population très jeune dans laquelle environ un tiers a
moins de 15 ans. Cette pression démographique cause de multiples problèmes dans le domaine de
l'éducation, de la santé, du logement et des autres services publics.
Cette situation démographique met le marché de travail sous pression. On constate 4 grandes tendances durant les dernières années. 19
Premièrement, comme dans la plupart des pays MENA, le taux de chômage est très élevé, particulièrement chez les jeunes et les gens qualifiés. Le marché du travail n'arrive pas à absorber le nombre croissant d’étudiants relativement bien éduqués qui viennent de finir leurs études.
Malheureusement il y a une manque des statistiques économiques de qualité qui permet de justifier cette tendance.
La Banque Mondiale estime le taux de chômage à 25 %, alors que l'Organisation Internationale du Travail publie un pourcentage un peu plus élevé. Il est bien possible que ce chiffre soit beaucoup plus grand en réalité en raison du nombre élevé de travailleurs illégaux qui ne sont pas enregistrés.
19 WANISS, A. Otman, KARLBERG, Erling, The Libyan Economy. The Forces Shaping Libya’s Future. Springer,
2007.
Gapminder: données de International Labour Organisation
Pourcentages des jeunes (15-24 ans) qui sont au chômage
par rapport à la population totale
14
Le régime a beaucoup investi dans son système d'éducation. Kadhafi voulait assurer un accès libre à l'éducation pour tous les membres de la société, tant pour les hommes que pour les femmes. L'enseignement primaire est obligatoire et les établissements scolaires publics sont gratuits. Depuis 1975, sept universités nouvelles ont été ajoutées ce qui a contribué à une forte augmentation des étudiants universitaires. La Libye est la meilleure en termes d'alphabétisation dans le monde arabe. Malgré cette dynamique positive, on constate une discordance entre le système d'éducation et le marché du travail. Il y a une pénurie de la main-d'œuvre de base qui attire un grand nombre des migrants moins qualifiés que le moyen citoyen libyenne.
Deuxièmement, on constate un accroissement du rôle des femmes dans tous les segments de la vie sociale libyenne. Cette amélioration des conditions de la femme résulte d’une augmentation du pourcentage de femmes qui continuent leurs études. Cette tendance entraîne une croissance du nombre de femmes sur le marché de travail, ce qui va renforcer le taux de chômage. La migration du milieu rural vers le milieu urbain constitue la troisième tendance démographique qui va contribuer à la pression sur le marché de travail et à l'augmentation du taux de chômage. Cela malgré le fait que le régime fasse des investissements et des restructurations du secteur agricole en espérant diminuer l'exode rural. La quatrième tendance est la migration internationale. La Libye est, comme pays riche en pétrole, un pôle d'attractions pour des migrants en provenance des pays voisins.
Ce graphique20 nous montre l'évolution du stock des immigrants internationaux en Libye. Selon un rapport de la Banque Mondiale publié en 2011, 10,74 % des habitants libyens en 2010 sont nés dans un autre pays.
20
TRADING ECONOMICS. International migrant stock (% of population) in Libya.
Gapminder: données UNESCO
Taux d'alphabétisation chez les jeunes (15-24 ans)
En Libye, Tunisie et Egypte -
Stock international de migrants
(% de la population) entre 1970 et 2010 en Libye
15
La situation migratoire a été bouleversée dans les années '90 par une série d’événements. La fin du monde bipolaire et les modifications dans les relations internationales ont changé les dynamiques migratoires. L'embargo international de 1992 a aussi eu un impact considérable sur la politique migratoire en Libye. Les difficultés économiques et le taux de chômage très élevé poussent le régime à adapter la politique de migration: plus de 300 000 personnes quittent la Libye pour aller travailler ailleurs. L'échec de sa politique pan-arabique, en partie à cause de l'embargo, a conduit Kadhafi à se tourner vers l'Afrique Subsaharienne. Dès 1998, Kadhafi a commencé de faire de la propagande pour la libre circulation des biens et des personnes et l'ouverture des frontières vers l'Afrique. En 2000, son idéologie panafricaniste a entraîné la présence d'environ 1,5 millions de migrants africains sur le territoire libyen.21 Dans le passé, la Libye a toujours pu répondre à la pression démographique grâce à sa richesse
pétrolière. Sous le régime Kadhafien, les standards de vie ont augmenté en permanence et atteint
un niveau beaucoup plus élevé que celui des pays voisins. Mais en même temps, les attentes et le
degré de conscientisation de la population libyenne ont cependant augmentés grâce à l'émergence
des TIC, les relations commerciales internationales et l'influence des médias. Le peuple est devenu
plus exigeant. Les modifications des attentes de la population, de la place des femmes dans la société
et des dynamiques migratoires, vont contribuer à une forte pression sur le marché de travail. Cela
résulte en un taux de chômage très élevé qui était sans doute un facteur déclencheur des révoltes.
21
RITIMO, L'espace libyen. Plaque tournante de l'Afrique. Un espace migratoire mal régulé.
16
Pétrole, développement et corruption
La Libye est un des plus grands producteurs de pétrole dans le monde. Le secteur pétrolier contribue
à 95% des exportations totales et un peu plus de la moitié du PIB. La découverte du premier
gisement de pétrole à la fin des années '60 a transformé la pauvre Libye en pays le plus riche en
Afrique. La Libye a une population réduite avec environ 6,6 million d'habitants (estimations, juillet
2011)22 ce qui résulte en un PIB par tête très élevé. Malheureusement très peu de cette richesse
profite à l'homme ordinaire.
Selon les estimations, 30% des citoyens libyens n'ont pas travail et environ un tiers vit en dessous du
seuil de pauvreté. Plus de 16% des familles n'ont personne dans la famille qui a un revenu stable et
moins de la moitié n'ont qu'un membre de la famille qui apporte régulièrement de l’argent. Malgré
le taux de chômage très élevé, il y avait une pénurie de main d'œuvre continue qui a stimulé une
migration des travailleurs africains. Ce fait remarquable s’explique en partie par une dévaluation de
la main-d'œuvre suite à la croissance des opportunités d’emplois qu’offre le secteur public. La
majorité de la population travaille pour l'État.
Dans les premières années postrévolutionnaires, Kadhafi a mené une politique volontariste dans le
secteur pétrolier. Entre 1969 et 1974, les recettes pétrolières étaient multipliées par huit.23 Grâce à
cette fortune, Kadhafi a réussi à établir un système de sécurité sociale par la distribution des
allocations et des logements. Il était capable de satisfaire aux attentes de la population. En même
temps, cette richesse a lui donné l'opportunité de s'allier à des familles et des tribus importantes
pour garantir sa propre sécurité et sa
position.
La Libye a un Indice de Développement
Humain de 0.760 en 2011. Beaucoup plus
élevé que l'IDH d'Egypte (0.644) et la
Tunisie (0.698).24 Le système de sécurité
sociale se compose d'éducation gratuite,
des services de santé gratuits et des
allocations pour des logements. Depuis
2005, il y a une augmentation continue du
niveau de cet indicateur, qui combine
l'espérance de vie, le niveau d'éducation et
le niveau de vie, en Libye.
22
THE WORLD FACTBOOK, Libya. 23
Économie de la Libye. Wikipedia 24
List of countries by Human Development Index, Wikipedia
Graphique 1: IDH de Libye, Egypte, Tunisie et la Belgique
Source: UNDP - Gapminder
17
Mais il y a aussi une renverse de la médaille. En 2003, le Fonds Monétaire International a critiqué la
Libye pour son utilisation des dépenses extrabudgétaires:
«We urged the authorities to implement stricter control over all extra-budgetary funds,
particularly the Oil Reserve Fund, and reassess the mechanical distribution of oil revenue
between capital and current expenditures. We urged the authorities to move toward greater
budget transparency and to cast the budget within a coordinated medium-term framework
that takes into account the non-renewable nature of Libya's hydrocarbon resources. »25
Par une absence d'une société civile libre auquel les décideurs politiques doivent se justifier, ils ont
'carte blanche' quand il s'agit de gérer les fonds publics. Cette forte concentration de pouvoir dans
des mains d'un petit group des intermédiaires forme le noyau d'un système très corrompu. Chacun
sur un poste supérieur s'enrichit par la création d'un réseau clientèle autour lui. Tous ces réseaux de
clientélisme garantissent la redistribution de la richesse dans les différents niveaux de la société. La
corruption s'enracine plus en plus profonde dans la société libyenne.
L'ONG Transparency International, un ONG international publie chaque année une analyse du degré
de corruption perçu dans chaque pays. L'ONG classe les pays selon leur 'Indice de Perception de la
Corruption', un indicateur qui est élaboré sur base des enquêtes réalisées auprès des analystes de
risques, des hommes d'affaires et des universitaires. Les indices se situent entre 10 (pas corrompu) et
0 (très corrompu). En 2010, Indice de Perception de la Corruption Libyenne était 2.2, qui lui donnent
la 146ième place dans une liste de 178 pays. La Libye est classé beaucoup plus base que des pays
comme l'Egypte (98ième place) ou la Tunisie (59ième place). On constate une augmentation de la
corruption car en 2005, le pays était encore sur la 117ième place.26 La corruption a augmenté au
moment que Kadhafi s'est approché à l'Ouest en 2003 ce qui a stimulé les implications économiques
étrangères en Libye.27
Vu que Kadhafi n'a pas une fonction officielle dans le régime, il peut rejeter la faute sur les
institutions officielles. Sa position lui permet de se distancier par rapport aux organes d’état officiel
et de les blâmer au fils du temps pour les défaillances de l'État. Kadhafi et son fils Saif ont
régulièrement annoncé des intentions pour combattre cette corruption. Étant donné qu'on constate
une augmentation du degré de corruption, leurs grandes paroles étaient peu crédibles.
25
VAN HOUTE, Joeri, Libië: welke route is er gekozen? 26
TRANSPARENCY INTERNATIONAL , Corruption Perceptions Index 2011. 27
CJPME, Libya’s Civil War 2011.
18
Les reformes économiques et politiques récentes
L'arrivée de l'idéologie Kadhafienne socialiste a fortement modifié l'économie libyenne dans les
années ' 70. La décennie précédente, la Libye a bien profité de la découverte du pétrole par la
taxation des bénéfices des compagnies pétrolières étrangères. Kadhafi a changé de tactique. À
l'occasion du choc pétrolier en 1973, le régime a pris le contrôle des compagnies pétrolières. Kadhafi
a remplacé tout les entreprises étrangères par des entreprises nationales ou les a mises sous
contrôle avec des contrats en faveur de l'état. L'interdiction des Investissements Étrangères Directs a
contribué au processus de nationalisation de l'économie libyenne. Cette nationalisation est allée de
pair avec un plan ambitieux d'industrialisation et de modernisation économique avec le but de
diversifier l'économie et de garantir l’équilibre avec les importations.
En 1978, avec l'application du Livre Vert, des réformes plus radicales étaient introduites.
Paradoxalement par rapport à la réalité, les réformes prescrites par Kadhafi, ont pour but d’interdire
l'accumulation privée de richesse pour promouvoir une distribution équitable du bien-être dans le
pays. Les changements dans les politiques économiques se sont faits en parallèle avec des
changements des institutions politiques et sociales. Louer une maison était interdit. Chaque famille
était obligée d'acheter un logement. Mais en même temps, la propriété des biens était limitée à une
maison ou un appartement par famille. Pour éviter toute forme de subordination, les entreprises
étaient obligées d'organiser des 'comités de travailleurs' pour éliminer des relations inégales entre
employeurs et employés. Se basant sur le même principe d'égalité socialiste, le régime imposait à
toutes les femmes leur participation, comme les hommes, dans tous les sphères de la vie sociale. Les
comptes privés étaient éliminés. Ces changements radicaux ont provoqué un étouffement du secteur
privé et beaucoup d’hommes d'affaires et de gens qualifiés ont quitté le pays durant cette période.
Cependant ce modèle socialiste Kadhafien a été de courte durée suite aux effets du choc pétrolier à
la fin des années '80. La chute des recettes pétrolières a réduit les revenus du régime et est à la base
d'un recul majeur de l'économie libyenne. Cette situation précaire a obligé le régime à réhabiliter le
secteur privé pour diversifier ses revenus. Dans les années '90, le Libye commençait à faire de petits
pas vers une libéralisation de l'économie. Pourtant l'ouverture du marché n'a pas mené à la
croissance économique désirée à cause des modifications de la structure économique durant la
décennie précédente.
Dans les années '80, les relations avec l'Occident, notamment avec les États-Unis et le Royaume-Uni,
étaient très tendues. Suite à l'attentat de Lockerbie en 1988, la Libye est mise sous un embargo
sévère. Les sanctions imposées l’ont placée dans une isolation internationale. Les sanctions ont
affecté fortement l'économie libyenne qui a connu une pénurie majeure en matières premières et un
manque d'innovation, ce qui a limité fortement l'activité industrielle libyenne. Cependant les
sanctions n'ont pas empêché la Libye de maintenir des relations commerciales, notamment avec
l'Italie. Malgré ces relations commerciales, l'impact négatif des sanctions s’est amplifié au cours des
années '90. 28
28
BANQUE MONDIALE, Socialist People’s Libyan Arab Jamahiriya Country Economic Report
19
Les conséquences de la chute des recettes pétrolières, l'impact des sanctions internationales et les
effets négatifs d’une mauvaise gestion du système économique, se font sentir de plus en plus. Le
mécontentement du citoyen ordinaire grandit de plus en plus. Le régime fait face à des défis
majeurs.29
Confronté avec ces conséquences, Kadhafi s'est rendu compte de la nécessité de reconstruire les
relations avec la communauté internationale. Par des réformes, Kadhafi voulait montrer au monde
sa bonne volonté pour changer la situation dans son pays, surtout avec le but de convaincre
l'Occident de restaurer les relations commerciales avec la Libye. Bien que les fondements de la
Jamahiriya ne puissent pas être touchés, le régime s'est engagé à une modernisation de l'économie
par de multiples réformes économiques.
En même temps, Saif Kadhafi s'est manifesté comme partisan de réformes politiques entraînant une
plus grande ouverture démocratique dans son pays. Il a accepté des médias semi-indépendants et
manifesté plus d'ouverture vis à vis des organisations de droits humains. Mais comme expliqué dans
un autre chapitre, cette ouverture reste très limitée. Néanmoins, elle stimule les citoyens plus en
plus à exprimer leur critiques par rapport au situation politique.
Ces reformes, à la fois économiques et politiques, sont fortement contrôlées et orchestrées par le
régime Kadhafien. Malgré les grandes promesses, ces réformes semblent plutôt une façade qui n'a
pas changé grand chose à la situation des citoyens ordinaires. Il semble que l'ouverture du marché a
surtout aidé les riches à s'enrichir encore plus et que le fossé entre riches et pauvres se soit
agrandi.30 Les réformes sont aussi fortement contestées par l'élite loyale à Kadhafi et son idéologie,
mais qui ont peur de perdre leurs privilèges. Kadhafi, en expert en manipulation, a monté un camp
contre l'autre pour garantir sa position.31
29
INTERNATIONAL CRISIS GROUP, Popular Protest in North Africa and the Middle East (V): Making Sense of
Libya. 30
Malheureusement, une manque des données détaillées et fiable sur l'économie libyenne rend impossible à
calculer le coefficient de GINI et des justifier ses inégalités. 31
INTERNATIONAL CRISIS GROUP, Ibid.
20
La violation des droits humains
La situation des droits humains en Libye est catastrophique. Amnesty International et Human Rights
Watch rapportent une longue liste des violations des droits humains: des disparations mystérieuses
de dissidents, la perpétuation de la peine de mort, manque de liberté de presse, des pendaisons
publiques, des pratiques discriminatoires vis-à-vis de certains groupes cibles, l'emprisonnement sans
procès, le massacre dans la prison d'Abu Salim, ... La liste est infinie.32
Freedom House est une ONG basée à Washington qui fait de la recherche et du lobbying pour la démocratie, la liberté politique et les droits humains dans le monde. L'organisation établit un classement des pays sur base d'un Indice de la Liberté de la Presse. Les pays reçoivent un score entre 0 (meilleur) et 100 (le pire) sur base des résultats d'un sondage. En 2011, la Libye a un indice de 94 ce que lui donne le statut du pays le plus censuré dans la région MENA .33
32
VAN HOUTE, Joeri, Libië: welke route is er gekozen? 33
FREEDOM HOUSE, Freedom of the Press
21
Bien que la télévision satellite et l'Internet aient un impact positif sur la divulgation d'informations, le terrain des medias reste limité à cause des régimes qui interdisent la critique des autorités et des pratiques d'élimination des voix dissidentes. En Libye, comme en Syrie, Tunisie et Saudia Arabie, l'État a le contrôle total sur le propriété des médias et la production de l'information. Chaque journaliste ou bloggeur qui ose s'exprimer indépendamment, est confronté à des répercussions souvent violentes de l'État.34
Les rapports très récents d'Amnesty International, de Human Rights Watch et d'autres organisations concluent sans exception qu'il n'y a pas d’améliorations dans la situation libyenne par rapport aux droits humains, au système juridique et à la démocratie. Les évolutions positives sont rares et toujours anéanties par des pratiques négatives. La seule démarche positive est le fait que les droits humains sont de plus et plus au centre de l'attention en Libye.
Amnesty International a publié ce paragraphe en juin 2010 dans son rapport «Libya: 'Libya of
tomorrow': What hope for human rights? ». En 2011, les citoyens ont pris le risque de parler, et
beaucoup moins modestement et de façon limitée que prédit. La question reste si la révolution
récente va changer cette situation inhumaine. Kadhafi a laissé son pays dans une situation des droits
humains qui est encore beaucoup moins brillante qu'avant.
34
FREEDOM HOUSE, Freedom of the Press.
« Libya today is no longer the pariah state it was not so long ago, when gross violations of human
rights took place against the backdrop of UN, EU and US sanctions against the country, which was
designated as a state sponsor of terrorism by the USA until 2006. There is no doubt that the
climate of fear and repression that prevailed in Libya for more than three decades is subsiding
gradually, and that some Libyans are now more willing to take risks – albeit modest and within
limits – to speak out about issues that affect their everyday lives. »1
22
Le "localisme" et le rôle de l'armée
Le 'réveil arabe' ne se manifeste pas de manière égale dans la région. Pourtant plusieurs facteurs
explicatifs de ces révoltes sont communs, mais l'impact et les dynamiques sont différents en Egypte
et Tunisie comparés à la Libye, la Syrie ou le Bahreïn. Il est intéressant d'analyser l'origine de ces
disparités. Pourquoi était-il possible pour la population en Egypte et en Tunisie de renverser leur
régime en respectivement 18 et 28 jours, alors que des protestations semblables en Syrie ou Libye
ont conduit à des impasses violentes? 35
Contrairement à la Libye et la Syrie, on retrouve en Egypte et en Tunisie des facteurs majeurs qui ont déterminé l'effet des révoltes populaires. Un aspect similaire dans ces deux pays est que le peuple s'unifiait derrière des revendications communes, en particulier la fin du régime autoritaire. En plus, le fonctionnement de l'armée a joué un rôle particulier. Au contraire de la Libye, la protection nationale est la mission centrale de l'armée en Egypte et Tunisie.36 Le consensus national et le rôle de l'armée déterminent pour une très grosse part l'impact de la révolution. Le fait qu’ un régime puisse réussir à réprimer des révoltes dans son pays, dépend largement des structures clientélistes qu'il a mises en place. Kadhafi était un expert dans la manipulation de la population en créant des dépendances socio-économiques par rapport au régime. Il a utilisé le tribalisme dans son pays pour consolider son pouvoir. Le tribalisme, et encore plus la jonglerie de Kadhafi avec ses tribus, n'ont pas contribué à un consensus national. Kadhafi a longtemps été capable de réprimer les protestations grâce à cette manque de consensus national. C'est ce consensus qui est nécessaire pour le succès de la révolution.37 Il est important de mentionner que des clivages ethniques n’entraînent pas automatiquement une absence de consensus national. En outre, il est devenu difficile d’analyser l'impact effectif du tribalisme dans les dynamiques révolutionnaires récentes. Selon de nombreux témoignages, les logiques tribales sont encore très présentes actuellement dans le pays. Mais en même temps, ces appartenances tribales évoluent de plus en plus en milieu urbain et font place à de nouveaux mécanismes de solidarité. La guerre de 2011 est profondément marquée par des formes de 'localisme'. Les premières insurrections en février 2011 ont très vite évolué en guerre civile, dans laquelle le peuple n'avait pas le choix de s'engager ou pas. La situation a rapidement connu une escalade. Ce n'était plus la question d'être pour ou contre Kadhafi, mais plutôt la question de s'organiser pour survivre. Pour les insurgés, il restait deux options; soit la chute du régime autoritaire, soit la mort, vue l'attitude répressive du régime. De cette conscience résulta en une forte solidarité et cohésion sur le front des rebelles. Malgré les clivages tribaux et géographiques, un mélange des acteurs sociaux s'organise dans un même mouvement révolutionnaire. Sur le plan local, on a constaté une mobilisation des réseaux de solidarité civile.
35
EL-SHIMY, Yasser M., "The Arab Spring Gathers Clouds: Why the Revolts for Change Have Stalled." 36
Ibid. 37
Ibid.
23
Du côté pro-Kadhafiste, la plupart des militants sont été mobilisés par la peur de la répression et/ou par des incitations économiques. Kadhafi a donné des récompenses abondantes à tous ceux qui sont restés loyaux. Les révoltes ont surtout été un moyen de survivre économiquement et territorialement. La plupart des citoyens libyens se battent essentiellement pour leur propre tribu, ville et territoire. Selon Arthur Quesnay38, l'idéal abstrait de démocratie n'est pas le motif pour la majorité de la population. La perception des gens sur leur marge de manœuvre et les bénéfices qu'ils peuvent tirer de la situation est un facteur indispensable qui explique pourquoi les citoyens vont participer aux révoltes. 39
La composition et la doctrine de l'armée est un deuxième facteur majeur qui détermine l'impact des révoltes. Dans le cas où l'armée est composée par des membres de tous les segments de la société et de différentes régions, et leur tâche est la sécurité de l'État-nation, il est moins probable que l'armée contribue à la répression des manifestations populaires pacifiques. En Libye, ceci n'est pas le cas. Kadhafi a toujours privilégié les membres de sa propre tribu et ses alliés pour faire partie de l'appareil de sécurité. Les tribus Kadhaffa, Warfalla le Magarha ont alors un pouvoir disproportionné dans l'armée par rapport aux autres tribus. De plus, l'armée libyenne est appelée à protéger le régime contre des dissidents, et la sécurité nationale n'est pas leur priorité.40
La structure militaire de la Jamahiriya était assez complexe. Dans les années postrévolutionnaires, l'armée régulière était estimée à 70 000 soldats. Mais Kadhafi se méfiait de cette armée, et pas sans raison car elle est responsable des nombreuses tentatives de coup d'État qui ont eu lieu depuis 1969. Dans le but d'affaiblir cette armée régulière, Kadhafi avait créé des milices élitaires, bien équipées et payées, et commandées par des membres de sa tribu, la Kadhafa. Le reste de l'armée était mal ou pas payée et sous-équipée. Dans les années '70, Kadhafi a composé des 'Comités Révolutionnaires' avec le but de propager l'idéologie révolutionnaire et de contrôler les Comités Populaires. De plus ces comités sont légitimés pour défendre et consolider cette idéologie. Ils sont devenus des forces de sécurité informelles à côté du système officiel. Cette forme de l'appareil de sécurité libyenne explique pourquoi les revendications des révoltes ont immédiatement été considérées de nature politique et ont vite été militarisées.
38
QUESNAY, Arthur, La victoire des insurgés en Libye, c'est celle de la solidarité. 39
Ibid. 40 EL-SHIMY, Yasser M., "The Arab Spring Gathers Clouds: Why the Revolts for Change Have Stalled."
24
Conclusion
Depuis 1969, Kadhafi a réussi à consolider son pouvoir. Pendant quatre décennies, Kadhafi a
manipulé l'équilibre instable entre les différentes forces: les tribus, les islamistes, les commerçants
des grandes villes puissantes, le peuple des différentes régions et les acteurs internationaux. Kadhafi
était un jongleur du pouvoir. Mais peu à peu, cet équilibre a été désarticulé.
Comment peut-on expliquer le bouleversement récent de cet équilibre? Quels sont les facteurs à la
base de la révolution? Quels sont les éléments qui expliquent l'éclatement des révoltes en Libye?
L'auto-immolation de Mohamed Bouazizi, le petit vendeur ambulant tunisien, était très
probablement l'étincelle nécessaire pour allumer le feu des révoltes. Et la chute du régime de Ben Ali
a sans doute contribué à l'encouragement du peuple libyen. Et bien entendu le taux de chômage
très élevé, le manque de liberté et l'absence d'un vrai système démocratique ont aggravé la
situation. Mais tous ces facteurs n'expliquent pas totalement la révolution libyenne.
Je forme ma conclusion en me référant à la théorie de James Chowning Davies qui explique les
dynamiques révolutionnaires à l'aide d'une « courbe en J ». Le Courbe de Davies montre comment la
discordance croissante entre les attentes du peuple et les conditions socio-économiques dans
lesquelles ils vivent, va augmenter le risque de révoltes et de révolutions idéologiques, économiques,
ou sociales comme suit.41
41 REDCARGO, Authoritarianism in the MENA Region (Part II).
25
La théorie de Davies affirme qu’une révolution est une réponse subjective à un brusque bouleversement après une longue période de prospérité, ce qu'il appelle 'la privation relative'. Sa théorie explique que des attentes frustrées sont à l'origine des révoltes populaires. Ces frustrations peuvent être le résultat de plusieurs facteurs. Si l'état prend des mesures efficaces pour répondre aux attentes de la population, il n'apparait pas de problème. Même si les attentes des gens sont un peu plus importantes que ce que la réalité leur offre mais que la discordance est acceptable, le pays reste stable. Mais dès que la discordance devient trop grande et que l'état ne réussit pas à combler les attentes du peuple, les frustrations vont augmenter et conduire les gens à se révolter.
Ce modèle est idéal pour analyser ce qui s’est passé en Libye pendant les dernières années. Dès son coup d'état, Kadhafi a réussi à créer de la prospérité dans le pays. Il a mené une politique économique volontariste et a établi un système de sécurité sociale grâce aux recettes pétrolières. Le standard de vie a augmenté rapidement. Tous ont reçu accès à l'enseignement gratuit et aux services de santé. Kadhafi a introduit la démocratie directe qui a donné au peuple dans un premier temps, l’impression de disposer d’une participation véritable aux décisions politiques. Durant cette période, Kadhafi a su bien gérer l'équilibre entre les forces traditionnelles (les tribus, la Sanussia, l'armée régulière, ...) et les nouvelles forces (comités révolutionnaires, brigades élitaires, assemblées générales, ...). Il y avait déjà du chômage, du clientélisme, des violations des droits de l’homme et une forte concentration du pouvoir, mais jusqu'à ce moment la situation est restée stable. Le Libye a connu une croissance économique et les espérances de vie ont augmenté. La majorité des gens étaient satisfaits et croyaient en un bel avenir.
Mais tout à coup, la situation a basculé. Le choc pétrolier de 1973 a eu des conséquences néfastes pour l'économie libyenne. Ce déclin a été renforcé par l'isolation internationale suite à l'embargo en 1992. L'échec du panarabisme a contribué à une chute de la crédibilité de Kadhafi. L'économie était en crise et le pays avait besoin de reformes. Pendant cette période, Kadhadi et son entourage ont fait beaucoup de promesses au peuple. Ils ont promis d'investir plus dans la région de l'Ouest, de se battre contre les pratiques de corruption et de poursuivre les réformes économiques et politiques. Mais à l'Ouest, la situation du peuple n'a pas vraiment changé. Le niveau de corruption a encore augmenté au cours de la dernière décennie. Et les réformes promises semblaient n’être qu’une mascarade pour que les riches puissent continuer à s'enrichir. La population libyenne a été confrontée avec la capitalisation et les excès de l'entourage de Kadhafi. Les violations des droits de l’homme se sont poursuivies et la répression par la force a continué. La tribu de Kadhafi et ses alliés ont obtenu une position de plus en plus puissante ce qui a désavantagé les autres tribus. La pression démographique, la présence de plus d'un million de migrants et le manque de volonté ont renforcé le mécontentement du peuple.
Durant cette même période, le taux d'alphabétisation a atteint un niveau beaucoup plus élevé que dans les pays voisins avec une forte augmentation d’étudiants universitaires. Les femmes ont joué un rôle beaucoup plus important dans toutes les sphères de la vie. Grâce à l'ouverture vers le marché international et l'émergence des TIC, le peuple libyen a été plus fortement connecté au monde extérieur. Grâce à la télévision satellite, les citoyens ont aussi commencé à comparer leur situation avec celles d’autres pays, notamment avec Dubai où l'économie est aussi basée sur les recettes pétrolières mais où la distribution des revenus est beaucoup plus transparente. Tous ces facteurs ont contribué à une augmentation des attentes. Des attentes auxquelles le régime de Kadhafi ne pouvait, ou ne voulait, pas répondre.
La discordance était devenue inacceptable. Les frustrations avaient atteint un point culminant. La Libye était devenue un tonneau de dynamite et les révoltes dans les pays voisins ont été l'étincelle nécessaire qui l’a fait exploser.
26
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