La récolte des coquillages dans la région Cantabrique au Magdalénien : la grotte de « Tito...

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Article original La récolte des coquillages dans la région Cantabrique au Magdalénien : la grotte de « Tito Bustillo » (Asturies, Espagne) § Shellfish gathering in Cantabrian Spain during the Magdalenian: The cave of ‘‘Tito Bustillo’’ (Asturias, Northern Spain) Esteban Álvarez-Fernández Département de préhistoire, Histoire antique et archéologie, GIR PREHUSAL, faculté de géographie et histoire, université de Salamanca, C. Cerrada de Serranos s/n., 37002 Salamanca, Espagne Disponible sur Internet le 1 er mars 2013 Résumé Dans cet article sont présentés les résultats de l’étude des restes malacologiques marins provenant des fouilles archéologiques de M.A. García Guinea et J.A. Moure Romanillo dans la grotte de Tito Bustillo entre 1970 et 1986. Cette étude a été réalisée principalement d’un point de vue taxonomique, quantitatif, taphonomique et biométrique. Se détachent les mollusques pêchés pour leur intérêt alimentaire (Patella vulgata et Littorina littorea), mais sont aussi importantes les coquilles de différentes espèces qui pâtissant de valeur bromatologique, en partie transformées en objets de parure. En dernier lieu, l’information obtenue a été comparée avec celle d’autres gisements de la Région Cantabrique présentant des industries du Magdalénien. # 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Malacologie marine ; Taphonomie ; Exploitation de mollusques ; Objets de parure ; Paléolithique supérieur ; Magdalénien ; Région Cantabrique Abstract This paper presents the results obtained through the study of the marine malacological remains recovered during M.A. García Guinea’s and J.A. Moure Romanillo’s archaeological excavations at Tito Bustillo Cave between 1970 and 1986. This research has been carried out mainly from the taxonomic, quantitative, taphonomic and biometric points of view. These include, at first, molluscs was gathered as food (Patella www.em-consulte.com Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com L’anthropologie 117 (2013) 6293 § Traduction de l’ article en français : Philip Le Roux ([email protected]). Adresse e-mail : [email protected], [email protected]. 0003-5521/$ see front matter # 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2013.01.005

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Article original

La récolte des coquillages dans la région Cantabriqueau Magdalénien : la grotte de « Tito Bustillo »

(Asturies, Espagne)§

Shellfish gathering in Cantabrian Spain during the Magdalenian:The cave of ‘‘Tito Bustillo’’ (Asturias, Northern Spain)

Esteban Álvarez-FernándezDépartement de préhistoire, Histoire antique et archéologie, GIR PREHUSAL, faculté de géographie et histoire,

université de Salamanca, C. Cerrada de Serranos s/n., 37002 Salamanca, Espagne

Disponible sur Internet le 1er mars 2013

Résumé

Dans cet article sont présentés les résultats de l’étude des restes malacologiques marins provenant desfouilles archéologiques de M.A. García Guinea et J.A. Moure Romanillo dans la grotte de Tito Bustillo entre1970 et 1986. Cette étude a été réalisée principalement d’un point de vue taxonomique, quantitatif,taphonomique et biométrique. Se détachent les mollusques pêchés pour leur intérêt alimentaire (Patellavulgata et Littorina littorea), mais sont aussi importantes les coquilles de différentes espèces qui pâtissant devaleur bromatologique, en partie transformées en objets de parure. En dernier lieu, l’information obtenue aété comparée avec celle d’autres gisements de la Région Cantabrique présentant des industries duMagdalénien.# 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Malacologie marine ; Taphonomie ; Exploitation de mollusques ; Objets de parure ; Paléolithiquesupérieur ; Magdalénien ; Région Cantabrique

Abstract

This paper presents the results obtained through the study of the marine malacological remains recoveredduring M.A. García Guinea’s and J.A. Moure Romanillo’s archaeological excavations at Tito Bustillo Cavebetween 1970 and 1986. This research has been carried out mainly from the taxonomic, quantitative,taphonomic and biometric points of view. These include, at first, molluscs was gathered as food (Patella

www.em-consulte.com

Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com

L’anthropologie 117 (2013) 62–93

§ Traduction de l’ article en français : Philip Le Roux ([email protected]).Adresse e-mail : [email protected], [email protected].

0003-5521/$ – see front matter # 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2013.01.005

vulgata and Littorina littorea). Equally, a large number of shells of various species with no bromatologicalvalue were gathered and, in part, transformed into shellbeads. Finally, the information obtained has beencompared with the results of other sites in Cantabrian Spain with levels dated in the Magdalenian period.# 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Keywords: Marine archaeomalacology; Taphonomy; Shellfish exploitation; Shellbeads; Upper Palaeolithic; Magdale-nian; Cantabrian Spain

1. Introduction

Les premières preuves que nous avons de l’exploitation des ressources marines en Europeremontent au Moustérien, tel que cela a été noté dans différents gisements comme Figueira Brava(Arrabida, Portugal) (Callapez, 2000) et Los Aviones (Murcia, España) (Zilhão et al., 2010).Cette exploitation reste présente au cours de tout le Paléolithique supérieur.

La Région Cantabrique est la région européenne ayant le plus de gisements duPaléolithique supérieur présentant des preuves de l’exploitation des ressources marines. Dansla majorité des cas, il s’agit de coquilles de mollusques, mais on a aussi répertorié des os demammifères marins, des pinces de crabes, des vertèbres et des arrêtes de poissons, desplaques et des piquants d’oursin de mer, etc. (Álvarez-Fernández, 2011). Les premièrespreuves de l’exploitation remontent aux débuts du Paléolithique supérieur, dans des fouillesrécentes de gisements comme El Cuco (Niveau X, Aurignacien) et La Garma A (Niveau E,Gravettien) (Álvarez-Fernández, 2007, 2010a). Dans ces dernières, à Tito Bustillo, nousavons répertorié principalement des restes de Patella sp. et de Littorina littorea, gastéropodesrécoltés dans les substrats rocheux de la zone intertidale. Avec ces découvertes, on rompt avecl’idée classique selon laquelle l’exploitation des ressources marines par des groupes dechasseurs-cueilleurs en Cantabrie commença à partir du Solutréen (Straus, 1992 ; GonzálezSainz et González Urquijo, 2007).

Dans la Région Cantabrique, l’information malacologique la plus abondante provient decontextes magdaléniens comme à Altamira (Niveaux 1 et 2, Magdalénien inférieur) (Álvarez-Fernández, 2010b, 2010c), dans la Galerie Inférieure de la Garma (Zone I, Magdalénien moyen)(Arias et al., 2011) et à La Garma A (Niveaux N et O, Magdalénien supérieur) (Álvarez-Fernández et al., 2011 ; Álvarez-Fernández, 2012, sous presse a) (Fig. 1).

Dans cet article, sont présentés les résultats de nos recherches sur les mollusques d’originemarine provenant des fouilles réalisées par M.A. García Guinea en 1970 et par J.A. MoureRomanillo entre 1972 et 1986 dans l’Aire d’Habitat et dans l’Aire de Décoration de la grottede Tito Bustillo. Tous les restes archéologiques se trouvent au Musée Archéologiqued’Oviedo (Asturies), hormis une petite collection de la première campagne de fouille qui estconservée au Musée de Préhistoire et d’Archéologie de Cantabrie (Santander). Les restes sontanalysés à partir de différents points de vue. En premier lieu, ils sont classés par espèce,comptabilisant le NR et estimant à partir de ceux-ci le NMI. Ensuite, on répertorie lesaltérations qu’ils portent, tant celles présentes sur les coquilles avant leur récolte par lesgroupes humains (épifaune, etc.), que celles provoquées par ces derniers (traces de travail,etc.), ainsi que les autres modifications du matériel une fois qu’il a été enfoui (précipitationsde carbonate de calcium, etc.). S’ensuit la réalisation des analyses biométriques pour aboutirà une vision globale de l’exploitation des mollusques marins en d’autres gisementscantabriques appartenant à la même période que Tito Bustillo.

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2. La grotte de Tito Bustillo : localisation et histoire des recherches

La grotte de Tito Bustillo, sur la commune asturienne de Ardines (Ribadesella) (438 270 3500

Lat. N.–58 230 1000 Long. W.) est située à 200 m de l’estuaire du fleuve Sella etapproximativement à un kilomètre de l’actuelle ligne de côte (Fig. 1). Elle présente undéroulement linéaire orienté d’est en ouest d’environ 550 m de long.

Cette grotte est connue au niveau mondial pour ses peintures et ses gravures, découvertes parle groupe spéléologique « Torreblanca » en 1968.

En différentes zones de la cavité ont été pratiquées des fouilles archéologiques. Ce fut fait àl’entrée de la grotte entre 1968 et 1969. Les travaux furent probablement réalisés parM. Berenguer, à cette époque Délégué Provincial des Beaux Arts1.

En 1970, M.A. García Guinea réalisa les premières fouilles dans l’Aire de d’Habitat et dansl’Aire de Décoration (García Guinea, 1975). Entre 1972 et 1986, J.A. Moure Romanillo continuales fouilles dans l’Aire d’Habitat (campagnes de 1972, 1974, 1975, 1977, 1979, 1981, 1982,1983 et 1986), et dans l’Aire de Décoration (Campagne de 1984) (Moure Romanillo, 1975, 1989,1990, 1997 ; Moure Romanillo et Cano Herrera, 1976) (Fig. 2).

En 2001, R. de Balbín et son équipe découvrirent de nouvelles preuves archéologiques àl’ouest de l’entrée de la Galerie des Anthropomorphes, dans la partie supérieure de la paroi nordde la Galerie principale (Balbín Behrmann et al., 2002). À partir de 2003 et jusqu’en 2008, on aréalisé différents sondages de l’Ensemble XI, dans la zone de l’entrée originale de la grotte (« ElCoxu », Vestibule original de la grotte et Zone intérieur) (Balbín Behrmann et Alcolea González,2012 ; Balbín Behrmann et al., 2009).

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Fig. 1. Localisation de Tito Bustillo (Ribadesella, Asturies) et des principaux gisements magdaléniens de la RégionCantabrique avec présence de mollusques marins.The location of Tito Bustillo’s Cave (Ribadesella, Asturias, Spain) and the main Magdalenian sites in Cantabrian Spainwhere marine resources are documented.

1 Au Musée Archéologique des Asturies sont conservés les matériels archéologiques dans des caisses, sur lesquelles onpeut lire « Restos de conchero, Tito Bustillo » (Restes d´amas coquilliers, Tito Bustillo). Parmi le matériel faunistiqueprovenant de cette fouille non-systématique, se détachent des restes de coquilles de grande taille, conservées complètes,parmi lesquelles nous avons déterminé les espèces marines: Patella vulgata, Patella ulyssiponensis, Patella intermedia,Ostrea edulis, Ruditapes decussatus, Mytilus edulis et Scrobicularia plana. La composition malacologique pourraitindiquer une chronologie des débuts de l’Holocène, plus que de la fin du Pléistocène supérieur.

3. Les fouilles de M.A. García Guinea en 1970 et de J.A. Moure Romanillo en 1972–

1986 à Tito Bustillo

3.1. Les fouilles dans l’Aire d’Habitat

En 1970, M.A. García Guinea réalisa les premières fouilles dans l’Ensemble XI, à environ 7 mde l’ancienne entrée de la grotte, aujourd’hui bouchée par un éboulement (Fig. 2). Cette zone

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Fig. 2. Plan de la grotte de Tito Bustillo indiquant les carrés fouillés dans les Aires d’Habitat et de Décoration (Álvarez-Fernández, sous presse b, modifié à partir de Moure Romanillo, 1975, 1990 ; Balbín Behrmann et al., 2009).Plan of Tito Bustillo’s Cave. Living Area and Area of the Paintings are situated and excavation grid are shown (Álvarez-Fernández, in press b, modified by Moure Romanillo, 1975, 1990; Balbín Behrmann et al., 2009).

s’appellera postérieurement « Aire d’Habitat ». Ce chercheur ouvrit 3 m2 (Carrés A1, B1 et C1).Il a répertorié quatre niveaux archéologiques, qu’il nomma I, II, III et IV (García Guinea, 1975).

J.A. Moure Romanillo continua les travaux entre 1972 et 1986. Il fouilla une superficie de22 m2. Prés de l’éboulement, il ouvrit 2 m2 de plus (carrés VI.J et VI.I) (Moure Romanillo, 1990,1997 ; Moure Romanillo et Cano Herrera, 1976).

Lors des fouilles, deux niveaux ont été distingués, nommés niveau 1 et niveau 2.Le niveau 1, situé dans la zone la plus profonde, atteint une épaisseur d’environ 50 cm. On a ici

enregistré beaucoup de preuves archéologiques (foyers, fosses, etc.) qui indiquent que cette zone dela grotte fut utilisée comme lieu de vie. Ce niveau fut divisé en différents sous-niveaux ou couchesarchéologiques, regroupés en deux complexes (Complexe Supérieur et Complexe Inférieur),compte tenu de la structure géologique et des restes archéologiques rencontrés (Fig. 3).

Le Complexe Supérieur (CS) s’étend de la couche 1a à la couche 1c1 et possède une épaisseurde 30 cm à 32 cm. La couche 1a correspondrait au niveau superficiel ; la couche 1b seraitcomposée de blocs calcaires formant une espèce de dallage. Ces couches n’apparaissent pastoujours de manière continue, pour cela les espaces entre elles furent nommés couches 1a–b et1b–c. La couche 1c1 a seulement été répertoriée dans les carrés XIII.D et XI.B.

Le Complexe Inférieur (CI), de 18 cm à 20 cm d’épaisseur, englobait lors des premièresfouilles la couche 1c. Lors des campagnes plus récentes, et dans certains carrés, ce niveau a puêtre subdivisé en différentes couches. Seuls les carrés XII.D et XIII.D du complexe inférieur (CI)furent divisés (de haut en bas) en 1c2, 1c3 et 1c4. La couche 1c2 correspondrait à la couche 1c despremières campagnes. Le Complexe Inférieur (CI) se distingue par la présence de structuresvariées de combustion.

La présence de ces couches du niveau 1 n’a pas été décrite dans tous les carrés fouillés. Deplus, la stratigraphie de ce niveau est de moindre épaisseur dans la séquence des carrés X et IX,surtout dans les carrés X.B, IX.F, IX.E et IX.D, où seule fut identifiée et fouillée la couche 1a. Ici,et juste en dessous de cette couche, apparaissait le niveau 2.

Les niveaux 1a et 1b correspondent au niveau I, la couche 1b–c au niveau II et la couche 1c auniveau III de la stratigraphie des fouilles effectuées en 1970.

Le niveau 2 correspond à une période d’activité sédentaire de la grotte et présente peu de restesarchéologiques. Dans les carrés fouillés, XII.E, XIII.E (C1 et B1 des fouilles effectuées en 1970),XII.F et XIII.F, sa base ne fut jamais atteinte. Ce niveau 2 correspond au niveau IV de la premièrecampagne effectuée sur le gisement.

Les niveaux 1 et 2 s’inscrivent dans le Magdalénien. Cette attribution temporelle, peu précise,provient de la classification des industries et des preuves environnementales.

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Fig. 3. Tito Bustillo. Aire d’Habitat. Stratigraphie correspondant à la coupe XIV.D – XI.D (Modifiée à partir de MoureRomanillo, 1997). CS : Complexe Supérieur ; CI : Complexe Inférieur.Tito Bustillo. Living Area. Stratigraphic section (XIV–XI/D) (modified by Moure Romanillo, 1997). CS: Upper Complex;CI: Lower Complex.

Dans le cas du niveau 1, on a enregistré différents outils lithiques et osseux, tout comme desobjets d’art mobilier caractéristiques du Magdalénien inférieur (nucléus, os hyoïdes avec desincisions courtes parallèles sur le bord, sagaie de type Lussac-Anglais), du Magdalénien moyen(sculptures en ronde-bosse) et du Magdalénien supérieur (harpons, burins de type « bec deperroquet », ciseau gravé de bouquetins en position frontale). Les industries lithiques et osseusessont similaires tout au long de la séquence (Moure Romanillo, 1997). Le niveau 2 manqued’éléments caractéristiques assignables à un moment déterminé du Magdalénien.

Les analyses polliniques du niveau 1 indiquent l’existence d’une phase froide de type steppe(abondance de bruyère, prédominance des graminées sur les éricacées). Les données disponiblespour le niveau 2 indiquent une phase humide avec un environnement de forêt (pin, aulne, bouleauet arbres thermophiles : noisetier et chêne vert). A. Boyer-Klein et A. Leroi-Gourhan (1987)datent le niveau 1 du Dryas II et le niveau 2 du Bölling. Cependant, l’attribution à ces phasesclimatiques s’appuie, selon Moure Romanillo (1989), exclusivement sur la stratigraphiearchéologique.

Jusqu’alors, seules sont connues les données des recherches des campagnes de 1970 (Fuenteset Mejide, 1975), 1972, 1974 et 1975 (Altuna Echave, 1976). La faune caractéristique dugisement est principalement le cerf (entre ca. 79 % de la couche 1a et 95 % du niveau 2, selon leNR). Les autres animaux présents dans le gisement sont, dans cet ordre : le bouquetin, le cheval,le chamois et les grands bovidés.

Le renne (Rangifer tarandus), le phoque annelé (Pusa hispida) et le campagnol (Microtusratticeps oeconomus) ont été considérés comme taxons d’un climat « froid » (Altuna Echave,1976). Cependant, les restes de ces animaux sont très rares. Une extrémité distale de métapode estl’unique reste de renne enregistré dans la couche 1b. De P. hispida on a seulement répertorié unastragale dans la couche 1a et de M. ratticeps oeconomus, deux molaires dans le niveau 1a, deuxmolaires dans la couche 1b et trois molaires dans la couche 1c.

Pour finir, diverses datations au carbone 14 (méthode conventionelle et AMS) etarchéomagnétiques ont été effectuées sur différents matériels (Moure Romanillo, 1990,1997). Cependant, elles ne sont pas cohérentes avec la succession stratigraphique et elles situentle gisement à différents moments du Magdalénien, entre 15 000 et 13 000/12 500 BP (entreenviron 18 500 et 14 500 cal BP).

3.2. Les fouilles dans l’Aire de Décoration

En 1970, quand fut abaissé le sol pour faciliter les visites publiques de la Salle du Grandpanneau polychrome (Ensemble X), M.A. García Guinea a recueilli un ensemble de matérielsarchéologiques procédant d’un unique niveau « fertile » situé à une profondeur entre 50 cm et75 cm (Fig. 2). D’autres restes ont été laissés « in situ » (García Guinea, 1975). Cette zone futappelée Aire de Décoration.

En 1984, les travaux furent poursuivis (Moure Romanillo, 1990, 1997). Environ 12 m2 ont étéfouillés, dans lesquels fut localisé un niveau de 2 à 5 cm d’épaisseur. Sous la partie centrale duplafond décoré a été enregistrée une structure de combustion plane à laquelle étaient associés desrestes archéologiques (lithiques et fauniques, colorant, charbon, etc.). Tout cela fut interprétécomme un foyer destiné à faciliter la peinture et la gravure des parois. La présence de colorants àl’état brut et de taches sur le sol seraient des preuves de l’exécution des peintures. L’étudefonctionnelle des burins répertoriés ici indique qu’ils furent utilisés sur la paroi décorée. Ceniveau repose sur un lit d’inondation qui peut-être mis en rapport avec le niveau 2 de l’Aired’Habitat.

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L’occupation de l’Aire de Décoration de Tito Bustillo ainsi que celle de l’Aire d’Habitat, sesituent au Magdalénien, entre 18 500 et 14 500 cal BP. Cette attribution recoupe aussi lesdatations absolues obtenues par le biais des techniques du carbone 14 (conventionnelle et AMS)et par l’archéomagnétisme. Avec ces dates, il est impossible d’indiquer s’il s’agit d’un uniquedépôt synchronique ou si, au contraire, les restes de ce niveau se rapportent à différentes phasesde l’exécution du Grand Panneau (Moure Romanillo, 1990, 1997).

4. Études préalables réalisées à Tito Bustillo sur les mollusques marins

Dans l’Aire d’Habitat, B. Madariaga réalisa les premières études archéomalacologiques descampagnes de 1970 (Fouilles de M.A. Garcia), 1972, 1974 et 1975, et R. Moreno celles descampagnes de 1977, 1979, 1980 et 1982. Ces deux chercheurs apportent seulement les donnéesafférentes au NMI, tout comme les premières données biométriques de Patella vulgata etL. littorea (Madariaga, 1975a, 1975b, 1976 ; Moreno et Morales, 1987). Parallèlement à l’analysearchéomalacologique de R. Moreno, M.A. Deibe réalisa la première étude des objets de parure deTito Bustillo provenant de toutes les campagnes de fouilles, excepté la dernière (1986). Ici sontinclus des comptes élaborés sur les coquilles (Deibe, 1985). En 2006, nous avons publié notrethèse doctorale, dans laquelle nous étudions une grande partie des objets de parures de toutes lescampagnes réalisées sur le gisement (Álvarez-Fernández, 2002, 2006). Récemment, nous avonspublié une étude des restes archéomalacologiques provenant des dernières campagnes de fouilles(années 1983 et 1986) (Álvarez-Fernández, sous presse b).

Dans l’Aire de Décoration, les seuls restes d’origine marine répertoriés sont trois spécimensde Trivia sp. transformés en objets de parure et localisés dans les travaux de 1970 (Álvarez-Fernández, 2006). Nous avons publié une étude des restes archéomalacologiques provenant de lacampagne de fouilles de 1984 (Álvarez-Fernández, sous presse b).

5. Les mollusques marins de Tito Bustillo

5.1. Méthodologie de l’étude

La totalité des restes de mollusques marins répertoriés tant dans l’Aire d’Habitat que dansl’Aire de Décoration de Tito Bustillo a été étudiée.

Pour cela, nous avons classé les coquilles de mollusques marins en nous basant sur leursattributs généraux (ornementation, forme, etc.), déterminant ainsi à quelle espèce ilsappartiennent chaque fois que cela a pu être possible. Cette détermination est basée sur lacomparaison entre les restes archéologiques et notre collection de référence. L’information surl’habitat des mollusques a été obtenu à partir de différentes publications (guides, étudesspécialisées, etc.) (par exemple, Borja et Muxica, 2001 ; Llera et al., 1983 ; Palacios et Vega,1997 ; Poppe et Gotto, 1991 ; Rolan et al., 1987) ainsi que de la nomenclature systématique deCLEMAM2.

La méthodologie de quantification des restes malacologiques a été définie par d’autres travauxantérieurs (Álvarez-Fernández, 2007, 2009, 2010b, 2012, sous presse a ; Álvarez-Fernándezet al., 2011) prenant comme base d’autres travaux préalables (Madariaga, 1975a, 1975b ;Moreno, 1994). Nous avons comptabilisé le total du NR, qui inclut toutes les preuves

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2 Check List of European Marine Mollusca, Muséum national d´Histoire naturelle, Paris : http://www.somali.asso.fr/clemam (consulté le 10/09/2012).

individuelles de chaque niveau archéologique. Le NMI a été calculé dans le but d’éviter unesurreprésentation des espèces ayant une plus grande capacité de fragmentation. Nous avons suivila formule de R. Moreno (1994) pour le calcul du NMI des escargots (principalementL. littorea)3 : ICOM + IFRA + (FAPI ou [FEST + FUMB], le plus grand). Pour le gastéropodeP. vulgata4 la formule serait la suivante : ICOM + IFRA + FAPI.

Dans le cas des bivalves5, nous avons pris en compte la charnière. Le calcul s’est fait en tenantcompte aussi du travail de R. Moreno (1994) : VCOM + VFRA + FCHC + (FCHA ou FCHP, leplus grand). Les valves droites et gauches s’additionnent séparément et on garde pour NMI lechiffre le plus élevé.

Nous n’avons pas appliqué d’indice de fragmentation (Álvarez-Fernández et al., 2010) entreles deux zones de la grotte, étant donné que dans l’une d’elle (Aire de Décoration) les restes sonttrès rares. Nous n’avons pas, non plus, pris en compte le poids des coquilles, ni individuel, nicollectif (Álvarez-Fernández, sous presse a). La précipitation de carbone calcique que présententcertains des restes augmenterait ce poids, tout comme la décalcification d’une grande partied’entre eux le diminuerait.

Nous avons étudié les altérations des coquilles (épifaune, de type taphonomique etc.), suivantla méthodologie d’autres travaux publiés (Álvarez-Fernández, 2006, 2007, 2009, 2010a, 2010b,2010c, 2012, sous presse a ; Fernández López, 1998).

En dernier, et de manière systématique6, on a obtenu des données biométriques des espèces lesplus abondantes (P. vulgata et L. littorea), dans le but d’établir de possibles indicateursclimatiques et de pêches sélectives. Des patelles, nous avons pris en compte le diamètre et lahauteur maximum, des bigorneaux, la hauteur et la largeur maximum (Álvarez-Fernández et al.,2011). Dans cet article, nous avançons les premiers résultats obtenus à partir de l’informationbiométrique.

5.2. Étude des mollusques de l’Aire d’Habitat de Tito Bustillo

5.2.1. Composition malacologique et habitat des espècesDans l’Aire d’Habitat de Tito Bustillo, le nombre de restes procédant d’un contexte clair

s’élève à 40 721. À ceux-ci, on doit en ajouter seulement 29 sans carré, ni niveau assigné. Enprenant séparément les interventions de M.A. García Guinea et de J.A. Moure Romanillo, dansles premières on a répertorié un total de 1575 restes de mollusques, à partir de ces derniers nousavons calculé un NMI de 1443. Dans les fouilles effectuées entre 1972 et 1986, on atteint un totalde 39 146 restes, à partir desquels nous avons estimé un total de 15 661 individus (Fig. 4).

Si on met en relation le NR et le NMI des deux interventions, on observe que dans lespremières fouilles les deux indices sont assez similaires. Cela indique que tous les restes de

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3 ICOM : individus non fragmentés ; IFRA : individus fragmentés conservant l’extrémité ; FAPI : fragments apicaux ;FEST : zone buccale ; FUMB : fragments avec le bout de la columelle intacte ou avec le nombril complet.

4 ICOM : individus complets ; IFRA : individus fragmentés (avec extrémité et morceau de bord de la coquille) ; FAPI :fragments apicaux.

5 VCOM : valve complète ; VFRA ; FCHC : fragment de charnière complet ; FCHA : fragment de charnière antérieur ;FCHP : fragment de charnière postérieur.

6 Les données proviennent seulement des fouilles de J. A. Moure Romanillo. Dans le but d’avoir un échantillonabondant, nous avons sélectionné cinq cadres (XI.B, XI.C, XII.B, XII.C et XIV.D), dans lesquels nous avons pris lesmesures de tous les gastéropodes répertoriés au niveau 1 (toutes les couches). Pour ce qui est du niveau 2, les donnéesproviennent exclusivement de trois cadres (XII.E, XIII.E et XIV.D).

mollusques n’ont pas été recueillis durant le processus de fouille, c’est-à-dire, seuls les restescomplets et de grande taille ont été conservés. Nous considérons que l’information de la premièrecampagne est biaisée en ce qui concerne le NR (ce qui affecte aussi le NMI) et possiblement, ence qui concerne le nombre d’espèces (absence peut-être de quelques-unes de petite taille).

Malgré cette différence, la composition malacologique de Tito Bustillo est évidente tout aulong de la séquence : la pêche quasi exclusive de deux espèces : P. vulgata et L. littorea (Fig. 5).En prenant en compte le NMI, on observe, en règle générale, une dominance de la première desespèces, tant dans les fouilles de 1970, que dans celles effectuées postérieurement (Tableau 1 et2). Il est possible que les restes déterminés comme Patella sp. correspondent en fait à P. vulgata,étant donné qu’il n’y a pas de preuves d’autres espèces de patelles dans ce gisement.

Les deux espèces furent récoltées, très probablement, dans la zone de l’estuaire rocheux dufleuve Sella. P. vulgata occupe principalement des zones de roches propres avec des algues, oùl’action des vagues est modérée (zone intertidale), mais aussi les zones intérieures des estuaires.L. littorea est très commune dans les roches, aux côtés des algues. Elle vit dans les estuaires et surles côtes ouvertes, mais elle est très exposée car elle ne se fixe pas suffisamment fort sur les rochespour résister aux fortes vagues.

Le reste de l’ensemble est formé par au moins 30 taxons différents, principalement desgastéropodes sans valeur nutritive. Ces gastéropodes vivent principalement sur les roches et lesalgues de la zone littorale laissées à découvert par les marées. Cependant, ces espèces, commenous le verrons plus loin, ne furent pas récoltées vives en leur habitat ; pour le moins quelques-unes de ces coquilles proviennent, sans l’ombre d’un doute, des plages. Les bivalves et lesscaphopodes sont aussi répertoriés. Hormis les moules, probablement ramassées comme alimentdans les zones rocheuses de la zone intertidale. Les restes des valves et les spécimens de Antalissp. furent aussi trouvés sur les plages.

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Fig. 4. Tito Bustillo, Aire d’Habitat, campagne de 1975. Fouilles effectuées au niveau 1c au cours desquelles on aobservé une concentration de Patella vulgata (Photo : J.A. Moure Romanillo).Tito Bustillo, Living Area, Campaign of 1975. Excavations in layer 1c showing a concentration of shells of Patella vulgata(Photo: J.A. Moure Romanillo).

De cette façon, les espèces récoltées comme aliment (P. vulgata, L. littorea et Mytilusgalloprovincialis) l’ont été dans les zones rocheuses de la côte proche du gisement. Le reste desespèces fut ramassé probablement sur les plages voisines. Les espèces comme, par exemple,Littorina obtussata et Nassarius incrassatus, vivent sur les côtes cantabriques. Cependant, la

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Fig. 5. Patella vulgata (à gauche) et Littorina littorea (à droite) de Tito Bustillo (Aire d’Habitat, couche 1a).Specimens of Patella vulgata (left) and Littorina littorea (right) from Tito Bustillo (Living Area, layer 1a).

Tableau 1Distribution des taxons par niveaux répertoriés dans l’Aire d’Habitat de Tito Bustillo (Fouille de M.A. García Guinea),selon le NR.Abundance of taxa in the levels at Tito Bustillo, Living Area, (M.A. García Guinea’s excavations), according to theNumber of Rests.

Niveau I Niveau II Niveau III Niveau IVNR NMI NR NMI NR NMI NR NMI

GastéropodesPatella vulgata 129 129 450 422 209 198 230 223Patella sp. 3 5 3 1Littorina littorea 106 104 169 132 125 110 32 11Littorina obtusata 47 47 27 27 14 14Littorina fabalis 10 10 8 8 3 3Littorina sp. 1 1Natica sp. 1 1Trivia sp. 2 2

ScaphopodesAntalis sp. 1 1

Totaux 296 292 662 592 354 325 263 234

NR : number of rests.

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Tableau 2Distribution des taxons répertoriés dans l’Aire d’Habitat de Tito Bustillo (Fouilles de J.A. Moure Romanillo), selon le NR.Abundance of taxa in the levels at Tito Bustillo, Living Area, (J.A. Moure Romanillo’s excavations), according to the Number of Rests.

1a 1a/b 1b 1b/c 1c1 1c (g) 1c2 1c3+1c4 2NR NMI NR NMI NR NMI NR NMI NR NMI NR NMI NR NMI NR NMI NR NMI

GastéropodesPatella vulgata 2275 1820 57 50 2788 2091 661 463 165 132 1496 1226 1408 1128 216 200 118 101Patella sp. 3142 455 119 7 2504 697 278 198 89 33 1171 270 1356 280 204 16 105 17Littorina littorea 5731 1501 186 38 6125 1839 1206 472 309 128 3872 1278 2378 814 582 67 116 30Littorina obtusata 15 14 0 0 17 17 5 5 2 2 31 30 14 14 7 7 2 2Littorina fabalis 4 4 0 0 4 3 0 1 1 0 6 6 1 1 0 0 0 0L. obtusata/fabalis 1 1 0 0 1 1 1 1 2 2 5 5 0 0 0 0 0 0Littorina saxatilis 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Littorina sp. 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Trivia sp. 41 22 0 0 20 18 5 5 5 5 14 14 6 4 0 0 0 0Nassarius incrassatus 7 7 0 0 2 2 1 1 0 0 6 6 0 0 0 0 0 0Nassarius reticulatus 1 1 0 0 5 5 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Nassarius sp. 0 0 0 0 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Nassarius mutabilis 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Nucella lapillus 12 11 0 0 5 5 1 1 1 1 5 5 2 2 0 0 0 0Gibbula sp. 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 1 2 2 0 0 0 0Turritella communis 1 1 0 0 2 2 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Homalopoma sanguineum 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 8 8 0 0 0 0 0 0Cyclope pellucida 4 4 0 0 2 2 2 2 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Apporrhais pespelecani 0 0 0 0 1 1 0 0 0 0 1 1 0 0 0 0 0 0Phalium saburon 1 1 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 1 1 0 0 0 0Charonia rubicunda 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Gast indet. 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 1 0 0 0 0

Total gastéropodes 11239 3846 362 95 11478 4684 2161 1149 573 303 6616 2850 5169 2247 1009 290 341 150

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Tableau 2 (Suite )

1a 1a/b 1b 1b/c 1c1 1c (g) 1c2 1c3+1c4 2NR NMI NR NMI NR NMI NR NMI NR NMI NR NMI NR NMI NR NMI NR NMI

BivalvesMytilus galloprovincialis 77 8 2 1 163 7 3 1 0 0 23 2 4 1 1 1 2 1Pecten maximus 6 1 0 0 0 0 1 1 0 0 0 0 3 1 1 1 0 0Glycymeris sp. 2 2 0 0 1 1 2 1 0 0 0 0 1 1 0 0 0 0Acanthocardia sp. 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Laevicardium norvergicum 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 1 0 0 0 0 0 0Cerastoderma sp. 0 0 0 0 1 1 1 1 0 0 1 1 0 0 0 0 0 0Chlamys sp. 4 1 0 0 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Callista chione 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Scrobicularia plana 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Total bivalves 92 15 2 1 166 10 7 4 0 0 25 4 8 3 2 2 2 1

ScaphopodesAntalis sp. 0 0 0 0 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Total scaphopodes 0 0 0 0 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Totaux 11333 3863 364 96 11545 4695 2169 1154 573 303 6641 2854 5177 2253 1011 292 343 151

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Tableau 3Tito Bustillo (fouilles de M.A. García Guinea et J.A. Moure Romanillo). Distribution absolue (NMI) des mollusquesmarins du niveau 1 (Complexe supérieur : CS et inférieur : CI) et du niveau 2 dans l’Aire d’Habitat et dans Aire deDécoration.Tito Bustillo (M.A. García Guinea’s and J.A. Moure Romanillo’s excavations). Summary table of marine mollucsc(according to the Minimum Number of Individuals). Level 1 (CS: Upper Complex; CI: Lower Complex) and 2 from LivingArea and Area of the Paintings.

Aire d’habitat Niveau 1 (CS) Niveau 1 (CI) Niveau 2 Totaux

GastéropodesPatella vulgata 5107 2752 324 8183Patella sp. 1390 566 17 1973Littorina littorea 4212 2269 41 6522Littorina obtusata 112 65 2 179Littorina fabalis 26 10 0 36L. obtusata/fabalis 5 5 0 10Littorina saxatilis 1 0 0 1Littorina sp. 2 0 0 2Trivia sp. 52 18 0 70Nassarius incrassatus 10 6 0 16Nassarius reticulatus 7 0 0 7Nassarius sp. 1 0 0 1Nassarius mutabilis 1 0 0 1Famille Naticidae? 2 0 0 2Nucella lapillus 18 7 0 25Gibbula sp. 0 3 0 3Turritella communis 3 0 0 3Homalopoma sanguineum 1 8 0 9Cyclope pellucida 8 0 0 8Apporrhais pespelecani 1 1 0 2Phalium saburon 1 0 0 1Charonia rubicunda 1 0 0 1Gastéropode non déterminé 0 1 0 1

Total gastéropodes 10961 5711 384 10756

BivalvesMytilus galloprovincialis 17 4 1 22Pecten maximus 1 1 0 2Glycymeris sp. 4 1 0 5Acanthocardia sp. 1 0 0 1Laevicardium norvergicum 0 1 0 1Cerastoderma sp. 1 1 0 2Chlamys sp. 1 0 0 1Callista chione 1 0 0 1Scrobicularia plana 1 0 0 1

Total bivalves 27 8 1 36

ScaphopodesAntalis sp. 2 0 0 2

Total scaphopodes 2 0 0 2

Totaux 10990 5719 385 17094

Aire de décoration Niveau 1 (CS) Totaux

GastéropodesPatella vulgata 3 3Littorina littorea 1 1

présence d’escargots d’origine exclusivement méditerranéenne (Homalopoma sanguineum,Cyclope pellucida et Nassarius mutabilis) nous indiquerait qu’au moins quelques-unes desespèces présentes à Tito Bustillo proviennent de la Méditerranée. Comme nous le verrons plustard, il s’agit d’échantillons sans équivoque de l’existence de contact des groupes de chasseurs-cueilleurs à longue distance.

Étant donné que les compositions malacologiques des fouilles de M.A. García Guinea et deJ.A. Moure Romanillo sont semblables, nous avons d’abord opté pour les réunir. En premier lieu,et suivant les indications de Moure Romanillo, 1975, nous avons rapproché les niveaux de1970 avec ceux des campagnes postérieures. De cette façon, le niveau I, correspondrait avec lescouches a et b du niveau 1, le niveau II avec les couches b/c du niveau 1, le niveau III avec lescouches c du niveau 1 et le niveau IVavec le niveau 2. Deuxièmement, et selon Moure Romanillo(1989, 1997), nous avons réuni les différentes couches du niveau 1 en deux « Complexes ». Lecomplexe supérieur engloberait les couches 1a + 1a/b + 1b + 1b/c + 1c1, tandis que le complexeinférieur serait représenté par les couches 1c générale + 1c2 + 1c3 + 1c4. Sous le niveau 1 setrouve le niveau 2 (Tableau 3).

De cette façon, dans l’Aire d’Habitat le NMI calculé atteint 17 094. Les différences decomposition entre les deux complexes du niveau 1 sont minimes. P. vulgata atteint 60 % (59,13 %dans le CS, 58,01 % dans le CI), suivi de L. littorea (respectivement, 38,33 % et 39,67 %). Lepourcentage restant (< 3 %) est composé de différentes espèces principalement de gastéropodeset, en moindre mesure, de bivalves et de scaphopodes. Dans le niveau 2, le nombre de taxonsdiminue notablement (seulement quatre sont répertoriés). Le pourcentage de patelles estbeaucoup plus important que celui des escargots (88,6 face à 10,6 %).

5.2.2. L’altération des restesLa conservation du matériel archéologique de Tito Bustillo n’est pas très bonne. Les coquilles

apparaissent altérées (Tableau 4).

5.2.2.1. Épifaune. En premier lieu, nous devons évoquer les altérations sur les coquillagesprovoquées par les organismes marins avant que les groupes humains ne les pêchent sur la côte.Ces organismes (Polydora sp., Balanus sp., Spirorbis sp.) peuvent nous apporter des données detype paléoclimatique et préciser l’endroit sur la côte (zones plus ou moins exposées) où furentpêchés les mollusques. De plus, selon la localisation sur la coquille, ils nous indiquent s’ils« l’occupèrent » avant (s’ils se trouvent, par exemple, à l’extérieur de la coquille) ou après la mortdu mollusque (s’ils se trouvent à l’intérieur).

Un petit nombre d’individus apparaît attaqué par les annélides (Polydora sp.) (Fig. 6), quiperforent la surface des coquilles de P. vulgata et, dans une moindre mesure, de L. littorea. Dansla grotte, ces organismes affectent principalement les individus les plus vieux. Ils appartiennentprobablement à l’espèce Polydora ciliata, espèce qui se développe dans les zones abritées. Elleest caractéristique des eaux froides et aujourd’hui on la retrouve sur les côtes de la Mer du Nord et

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Tableau 3 (Suite )

Aire de décoration Niveau 1 (CS) Totaux

Trivia sp. 4 4Total gastéropodes 8 8

Totaux 8 8

CS : Complexe supérieur ; CI : Complexe inférieur.

de la Mer Baltique. Ces polychètes construisent des galeries avec deux trous communiquant avecl’extérieur. Dans la majorité des cas ils attaquent seulement la surface externe des coquilles. Dansles patelles, des mud blisters, dont la fonction est de protéger et isoler ces vers en sécrétant de lanacre qui forme des protubérances, ont été détectés sur les surfaces internes (Baxter, 1984 ;Lauckner, 1980, 1983). À Tito Bustillo, ils existent des P. vulgata sur lesquelles ces vers ontréussi à traverser la coquille, surtout dans la zone proche des bords, pouvant aller jusqu’à blesserles tissus et les organes de quelques-uns des gastéropodes. La présence de Polydora sp.indiquerait qu’au moins une partie des mollusques provient des zones rocheuses abritées,protégées des fortes vagues.

On a aussi répertorié des preuves de présence de Spirorbis sp. (Famille Serpulidae), annélidesavec des tubes calcaires de petite taille en spirale qui habitent dans la zone intertidale. LesSpirorbis sp. apparaissent associés aux roches et aux algues (par exemple, Fucus serratus)(O’Connor et Lamont, 1978). Seulement deux spécimens de P. vulgata du niveau 1 présentent destubes calcaires de ces vers (Fig. 7 gauche).

Une seule coquille de Tito Bustillo porte des balanes sur sa surface externe. Il s’agit de troisindividus de petite dimension situés sur une P. vulgata. Une plaque de balane est apparue isoléedans le CI (couche 1c). À cause de sa mauvaise conservation, nous n’avons pas pu déterminerl’espèce ou les espèces auxquelles elle appartient (Com. pers. R.-P. Carriol) (Fig. 7 droite). Lesbalanes sont caractéristiques de la zone intertidale (Southward, 2008).

Les coquilles présentant des orifices provoqués par des mollusques lithophages (surtout de lafamille des Muricidiae et Naticidiae) sont aussi rares. Ces gastéropodes percent la coquille avecleur radula (langue pourvue de microdents), laissant des perforations circulaires d’environ 4–

5 mm de diamètre (Fretter et Graham, 1962), qui dans le cas de quelques spécimens des deuxcomplexes (CS et CI) les ont complètement traversés. Si les spécimens présentent cesperforations sur leurs surfaces, il est possible que les organismes perforants attaquent les animauxalors qu’ils sont encore en vie. Ces altérations ont été observées principalement sur les coquillesde mollusques sans intérêt bromatologique qui ont été récoltées sur les plages et qui, en partie, ontété transformées en objets de parures.

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Tableau 4Tito Bustillo, Aire d’Habitat (Campagnes 1970–1986). Niveau 1 (Complexes supérieur et inférieur) et niveau 2.Altérations du matériel archéologique. Nous avons tenu compte de l’ICOM et de l’IFRA.Tito Bustillo, Living Area (Campaigns from 1970 to 1986), Levels 1 (Upper and Lower Complexes) and 2. Alterations inthe shells. It only takes into account the ICOM (complete individuals) and the IFRA (fragmented individuals).

Niveau 1 (CS)n = 10987 (%)

Niveau 1 (CI)n = 5719 (%)

Niveau2 n = 385 (%)

Polydora sp. 1,37 1,45 3,63Spirorbis sp. < 0,01 0,01 0Balanus sp. 0 0,01 0Gastéropodes perforants 0,18 0,03 0Érosion marine 0,22 0,34 0Carbonisation (absence d’oxygène) 0 0,01 0Objets de parures 0,81 1,01 0Ocre 0,74 2,13 0,51Feu 0,77 1,15 1,29Concrétion de carbonate 1,90 0,26 0,25Décalcification 94,10 80,90 77,67

CS : Complexe supérieur ; CI : Complexe inférieur.

5.2.2.2. Altérations mécaniques et chimiques. Du fait de l’exposition continue des patelles etdes bigorneaux à l’action des vagues, les parties les plus extérieures, les apex, sont plus érodéesque le reste de la coquille. Cela s’observe sur deux exemplaires plus âgés (de plus grande taille)répertoriés dans les deux niveaux de Tito Bustillo.

L’action des vagues et du sable affecte les coquilles qui, une fois que le mollusque est mort,sont transportées et déposées sur les plages. L’érosion affecte les zones les plus pointues etprésentant le plus de reliefs (umbos, dents de la charnière, apex, sculptures externes, etc.), bienque dans certains cas cela peut affecter toute la surface. Le Tableau 4 reflète seulement lepourcentage des coquilles qui, selon l’érosion qu’elles présentent, nous indiquent qu’elles furentramassées sur la plage après la mort de l’animal. Dans le niveau 1, cela n’affecte exclusivementque les espèces sans valeur alimentaire (Trivia sp., Littorina obtusata, N. incrassatus, etc.), toutesde petite taille, sauf les spécimens de Glycymeris sp. et de Laevicardium norvegicum.

La carbonisation ou l’encrassement des coquilles marines pour causes anaérobiques du faitd’être restées enterrées durant un certain temps sous le sable de la plage, a été observé sur un seulspécimen de L. obtusata du CI.

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Fig. 6. Tito Bustillo (Aire d’Habitat, couches 1c et 1b). Exemples de Patella vulgata avec altérations de Polydora sp. sursa surface (gauche) et à l’intérieur (droite).Tito Bustillo (Living Area, layers 1c and 1b). Specimens of Patella vulgata with perforations caused by worms of thePolydora genus on its surface (left) and inside (right).

5.2.2.3. Altérations provoquées par l’homme. Pour récolter les patelles, les groupes humainsont probablement imaginé de les frapper et de les séparer directement des roches. Ils ont toutaussi bien pu se servir de fragments d’os, d’éclats de silex, etc. Dans ce cas, en faisant levier entrele coquillage et la roche, parfois une partie des bords se brisait. Quelques patelles répertoriéesdans les niveaux 1 et 2 présentent des bords cassés, probablement dus à leur séparation de la rocheavec un instrument. Cependant, du fait du haut niveau de décalcification de l’ensemblemalacologique, dû à des processus post-dépositionnels, ces empreintes de possible origineanthropique n’ont pas pu être identifiées comme telles avec certitude.

Dans l’Aire d’Habitat, on a répertorié un total de 150 objets de parure en coquillages (Álvarez-Fernández, en préparation) et cela seulement dans le niveau 1 (Fig. 8). Ils ont été élaborés à partird’un total de 20 espèces différentes, principalement des gastéropodes (plus de 94 %) et, dans une

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Fig. 7. Tito Bustillo (Aire d’Habitat, couche 1c). À gauche : Patella vulgata avec altérations de Spirorbis sp. et Polidorasp. À droite : Patella vulgata avec Balanus sp. sur sa surface.Tito Bustillo (Living Area, Layer 1c). Left: Specimen of Patella vulgata with alterations caused by worms of Spirorbis sp.and Polydora sp.; Right: Specimen of Patella vulgata with Balanus sp. on its surface.

Fig. 8. Tito Bustillo (Aire d’Habitat). Objets de parures provenant du niveau 1. CS : Complexe supérieur (n = 89) et CI :complexe inférieur (n = 58).Tito Bustillo (Living Area). Shellbeads from Level 1. CS: Upper Complex (n = 89) and CI: Lower Complex (n = 58).

moindre mesure, des bivalves et des scaphopodes. Il s’agit dans la majeure partie des cas, decoquillages de petite taille qui appartiennent presque tous à des espèces manquant d’intérêtbromatologique. On observe une dominance de Littorina sp. de petite taille (L. obtussata yL. fabalis) et de Trivia sp., qui ensemble représentent un peu plus de 50 % du total. Le premiertype est plus abondant dans le CI, tandis que le second se trouve dans le CS. Le reste est formé pardes espèces présentes dans les deux complexes (H. sanguineum, N. incrassatus, Nucella lapillus,Aporrhais pespelecani). D’autres espèces ont été répertoriées, tant dans le CS (les gastéropodesNassarius reticulatus, N. mutabilis, Turritella sp., C. pellucida, un gastéropode indéterminé, lesbivalves Phalium saburon et Glycymeris sp. et le scaphopode Antalis sp.), que dans le CI (un

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Fig. 10. Tito Bustillo (Aire d’Habitat, couche 1a). Spécimen perforé de Nassarius mutabilis.Tito Bustillo (Living Area. Layer 1a). Perforated Nassarius mutabilis.

Fig. 9. Tito Bustillo. Objets de parure. De gauche à droite : Trivia sp. (Aire de Décoration) ; Cyclope pellucida (Aired’Habitat, couche 1b), Littorina obtusata (Aire d’Habitat, couche 1a) et Nassarius reticulatus (Aire d’Habitat, couche1a) ; en haut : Antalis sp. (Aire d’Habitat, couche 1b).Tito Bustillo. Shell beads. From left to right: Trivia sp. (Area of the Paintings); Cyclope pellucida (Living Area, layer 1b),Littorina obtusata (Living Area, layer 1a) and Nassarius reticulatus (Living Area, layer 1a); top: Antalis sp. (Living Area,layer 1b).

gastéropode indéterminé et le bivalve Laevicardium novergicum) (Fig. 9 et 10). La majeure partied’entre elles ont été récoltées sur les plages, pour preuves, les empreintes laissées par l’abrasiondue à l’eau de mer et au sable. Les espèces ayant une valeur bromatologique qui ont ététransformées en objet de parure sont très rares. On a répertorié seulement un spécimen deP. vulgata (CS) et cinq de L. littorea (trois provenant du CS et deux provenant du CI).

Hormis les spécimens de Trivia sp., presque tous avec deux orifices, le reste possède une seuleperforation située au bord du labre et, dans une moindre mesure, sur la face antérieure de lacoquille. Pour sa fabrication, nous avons identifié plusieurs techniques (Álvarez-Fernández,2006), bien que l’abrasion et la pression directe sur la coquille soient les plus utilisées. Unnombre important de pièces conserve des empreintes d’usure, principalement sur les contours desorifices, ce qui indique qu’elles ont été portées suspendues durant un laps de temps déterminéavant d’être perdues ou abandonnées. Ces preuves ont seulement pu être reconnues sur lesspécimens les mieux conservés.

On a aussi répertorié d’autres altérations dues à l’action humaine, une fois que les mollusquesaient été préparés et consommés. En premier lieu, il faut indiquer la présence d’ocre dans lescoquilles de patelles et d’escargots dans presque toutes les couches du niveau 1 (CS et CI) et dansle niveau 2. Bien que le pourcentage de coquilles avec de l’ocre soit de 1,11 % du totald’individus du gisement, le plus haut pourcentage appartient aux couches du CI du niveau 1(Fig. 11).

En ce qui concerne les patelles, dans les niveaux 1 et 2, nous avons rencontré un nombreimportant de spécimens possédant des restes d’ocre à l’extérieur, à l’intérieur ou sur les deuxparties de la coquille. Les coquilles de P. vulgata avec des restes d’ocre à l’intérieur sontrépertoriées dans le niveau 1 (34 dans le CS, 72 dans le CI) et dans le niveau 2 (seulement deuxspécimens). Dans la majeure partie, la poudre est rougeâtre, mais nous avons aussi répertoriéquatre spécimens avec des pigments jaunâtres provenant du CS. Une grande partie d’entre ellesprésente des restes abondant d’ocre écrasé, ce qui implique qu’elles auraient été utilisées comme

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Fig. 11. Tito Bustillo (Aire d’Habitat, couche 1b). Patella vulgata avec des restes d’ocre à l’intérieur et à l’extérieur.Tito Bustillo (Living Area, layer 1b). Patella vulgata shell with ochre on the inside and outside.

récipients. L’étude des diamètres maximum des patelles des niveaux 1 et 2 (n = 50 ; moyenne :38,7 mm) avec des traces de colorant indique qu’il n’y a pas de sélection par la taille.

En plus des patelles, on a répertorié 20 coquilles de L. littorea, trois de L. obtusata et une deAcanthocardia sp. avec des traces de colorant rouge sur leurs surfaces externes. La majeure partied’entre elles provient du niveau 1.

Des restes de colorant rouge se sont conservés aussi sur les surfaces externes et dans les partiesinternes (mur, spire, etc.) plus de 20 % des objets de parure du niveau 1. Ces pièces ont, soit ététeintées de façon intentionnelle, soit elles prirent la couleur d’un cordon teint de colorant ouencore au contact de la peau imprégnée d’ocre.

Dans l’Aire d’Habitat, quelques-uns des restes de coquilles ont aussi été modifiés par le feu.Le pourcentage de spécimens brûlés est très bas (> 0,3 %). Il s’agit de deux coquilles deL. littorea provenant de la couche 1a et d’une coquille de N. lapillus qui a été transformée en objetde parure, et qui se trouvait dans la même couche. Etant donné la rareté des cas affectés par le feu,nous tendons à penser que le brûlage fut fortuit (Fig. 12).

5.2.2.4. Altérations taphonomiques. En dernier lieu, nous devons souligner les typesd’altérations taphonomiques produits après l’enfouissement des coquilles dans le sédiment.

Quelques-uns des restes apparaissent affectés par les précipitations calcaires dues àl’infiltration d’eau de ruissellement. Celle-ci affecte presque exclusivement les individus desdeux niveaux du gisement. La couche 1a du CS est celle qui possède le plus de preuves. De cettecouche superficielle proviennent quelques groupes de coquilles unis à d’autres matérielsarchéologiques par des concrétions calcaires. La carbonatation n’a pas empêché, cependant, dedéterminer les espèces de mollusques du gisement.

On doit aussi considérer la fragmentation des coquilles comme altération taphonomique,provoquées par des agents animaliers, anthropiques anciens (trampling) et modernes (dérivés duprocessus de fouille, lavage et stockage des restes), sédimentaires, etc. Dans la séquence de TitoBustillo cette fragmentation affecte plus les bigorneaux que les patelles, puisque ces dernièrespossèdent une coquille plus résistante.

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Fig. 12. Tito Bustillo (Aire d’Habitat, couche 1c et 1c2). Patella vulgata et Littorina littorea affectés par le feu.Tito Bustillo (Living Area, layers 1c and 1c2). Patella vulgata and Littorina littorea shells affected by fire.

Pour finir, il est important de signaler aussi que presque la totalité des restes de tous lesniveaux apparaît altérée, dans une plus ou moins grande mesure, par la décalcification. Lessurfaces les moins bien conservées apparaissent corrodées, pulvérulentes et avec une couleurblanchâtre, probablement le résultat de la réaction aux conditions de son enfouissement (actionde l’eau, etc.) (Fig. 13). La décalcification interdit l’étude des modifications anthropiques sur unepartie des restes archéomalacologiques (perforations, empreintes de levier sur les patelles, etc.).

5.2.3. BiométrieLes études préliminaires sur la biométrie des espèces les plus abondantes documentées au

niveau 1, P. vulgata (CS : n = 793 ; CI : n = 448) et L. littorea (CS : n = 386 ; CI : n = 136)indiquent que les dimensions sont similaires tant dans le CS comme dans le CI, avec desmoyennes de ca. 39,5 mm de diamètre maximum pour les patelles et ca. 29,5 mm pour lesbigorneaux. Ainsi, dans le cas des patelles, les exemplaires de diamètres inférieurs à 30 mmreprésentent 0,75 % dans le CS et 1,56 % dans le CI. Dans le cas des bigorneaux, les spécimens dehauteurs inférieures à 15 mm représentent 1,29 % dans le CS et 0,75 % dans le CI (Fig. 14).

5.3. Études des mollusques de l’Aire de Décoration, campagne de 1970 et 1984

Le sol de l’Aire de Décoration, laissé in situ lors de l’intervention de M.A. García Guinea en1970, fut quadrillé et fouillé en 1984 (Moure Romanillo, 1990). Nous avons seulement répertoriéquatre coquilles de mollusques ayant un intérêt alimentaire, trois P. vulgata et une L. littorea. Ilfaut ajouter la documentation de quatre objets de parure réalisés, tous, en coquilles de Trivia sp.(Álvarez-Fernández, en préparation) (Fig. 9).

6. Conclusions et premières réflexions sur l’exploitation des mollusques marins enRégion Cantabrique durant le Magdalénien

6.1. Les restes de mollusques de Tito Bustillo

Tito Bustillo est le gisement européen du Pléistocène supérieur comprenant le plus de restesde mollusque marins.

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Fig. 13. Tito Bustillo (Aire d’Habitat, couche 1b). Spécimen de Patella vulgata affecté par la décalcification.Tito Bustillo (Living Area, layer 1b). Patella vulgata shell affected by decalcification.

Les fouilles réalisées par M.A. García Guinea et par J.A. Moure Romanillo dans l’Aired’Habitat, à peu de distance de l’entrée originale de la grotte, scellée par un éboulement, ontrendu possible la découverte de presque 41 000 restes, à partir desquels on a déterminé plus de17 000 individus. La majeure partie des restes est répertoriée dans le niveau 1, d’environ 50 cmd’épaisseur. Ce niveau fut divisé en deux complexes (Complexe supérieur et Complexeinférieur). Le niveau 2 fut à peine fouillé.

La méthodologie de recueil du matériel archéologique de la première campagne de fouilles etcelles des suivantes ne furent pas les mêmes. Dans la première, ont été recueillies les preuves lesplus petites, alors que dans la seconde intervention on a utilisé des tamis de différentes maillesmétalliques. La grande quantité de restes de petite taille récupérée indique que des tamis de deuxou trois millimètres de lumière ont été utilisées. Bien qu’une bonne partie d’entre eux apparaissealtérée (principalement par la décalcification et la fragmentation), l’identification des espèces demollusques marins n’a pas présenté de grande difficulté.

L’analyse de toutes les preuves archéofaunistiques (fragments, individus fragmentés,individus complets) a permis une meilleure précision du NMI de chacun des niveaux identifiés,tout comme la découverte d’espèces de petite taille (Natica sp.), et de grande taille, complètes(N. mutabilis) et fragmentées (Charonia rubicunda, Scrobicularia plana, etc.), qui avaient éténon découvertes ou mal classifiées lors des études précédentes. Avec cette révision, le nombred’objets de parure réalisés en coquilles de mollusques a aussi été précisé. Ainsi, quelques-unesdes pièces perforées avaient été considérées, dans les études antérieures, comme de la faune ;d’autres, classifiées comme objets de parure, n’en sont pas. Enfin, parmi les restes de petitetaille7, ont été répertoriés des objets de parure fragmentés.

À Tito Bustillo la presque totalité des restes appartient à des espèces ayant un intérêtalimentaire (> 97,5 %). Les mollusques ont été recueillis exclusivement sur les substrats

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Fig. 14. Tito Bustillo, Aire d’Habitat, niveau 1. Boxplots représentant la distribution de la longueur variable pour Patellavulgata (en mm) et de la hauteur (en mm) pour Littorina littorea. CS : Complexe supérieur ; CI : Complexe inférieur.Tito Bustillo, Living Area, Level 1. Boxplots showing the distribution of the variable length for Patella vulgata (in mm) andheight (in mm) for the Littorina littorea. CS: Upper Complex; CI: Lower Complex.

7 La révision des ces restes a rendu possible le développement des restes de mollusques terrestres, des poissons(vertèbres) et des crustacés (deux pinces de crabe et une plaque de balane). On a répertorié aussi des objets de parureréalisés dans d’autres matières premières (os, dents, etc.).

rocheux, probablement sur la côte voisine du gisement. P. vulgata est l’espèce la plus abondante(entre 58 % et 88,8 %), suivie de L. littorea. En plus des patelles et des bigorneaux, il y a aussi derares preuves (< 1 %) de Mytilus sp. et d’autres espèces comme Gibbula sp., qui proviennent dela zone intertidale, mais aussi de substrats rocheux, et qui ont aussi pu être récoltées commenourriture. Ces espèces furent probablement récoltées durant la marée basse. Les preuves demollusques provenant de substrats sableux et vaseux (par exemple, S. plana, Cerastoderma sp.)sont de simples témoignages.

P. vulgata et L. littorea sont des espèces de gastéropodes qui se développent très bien dans leseaux froides. L’absence totale sur le site de mollusques d’espèces habitant les eaux plus chaudes,comme la patelle Patella intermedia et Patella ulyssiponensis, et l’escargot Osilinus lineatusindiquerait que la température de la surface de la mer était plus froide qu’actuellement. De plus,la quasi absence de balanes dans le gisement serait aussi un indice d’eaux froides.

La présence de vers de P. ciliata sur quelques patelles et quelques bigorneaux nous indiqueraitque quelques-uns furent récoltés dans une zone abritée de la côte et que la température de l’eauétait plus froide qu’actuellement. La présence de Spirorbis sp. indiquerait que quelques patellesfurent recueillies dans la zone intertidale.

On observe une sélection intentionnelle de deux espèces de gastéropodes, P. vulgata etL. littorea, probablement parce qu’elles étaient les plus abondantes. Les données sur la biométriede ces restes indiquent qu’il n’y a pas de différence entre les tailles des gastéropodes du CS et duCI du niveau 1, ni entre ceux du niveau 1 et du niveau 2. Dans ces niveaux, nous remarquons unesélection des individus les plus gros, c’est-à-dire, les plus mûrs et qui ont donc le plus de chair,tandis que les plus petits individus n’étaient pas ramassés, ils étaient laissés entre les rochers,sûrement pour assurer les récoltes ultérieures.

Le ramassage des escargots n’impliquerait aucun effort, ils se détachent facilement de laroche. Dans le cas des patelles, un instrument rigide et résistant est nécessaire pour faire levier.L’utilisation de cette technique provoquerait des cassures sur les bords des patelles, comme onpeut l’observer sur les coquilles trouvées dans le gisement. Pour ce qui est des moules qui viventen groupe, il paraît possible de tirer sur chacune d’elle avec force pour les séparer du byssus,peut-être en employant aussi un instrument de pierre pour le couper (Madariaga, 1976).

La présence de grandes quantités de coquilles de mollusques à Tito Bustillo, nous indiquequ’ils ont été ramenés non préparés sur le site, probablement dans des récipients fabriqués enfibres végétales. Cependant, nous ne pouvons pas écarter la réalisation d’autres pratiques sur lacôte, par exemple la consommation in situ ou la préparation d’une partie des mollusques.

Une fois ramenés à la grotte (datée du Magdalénien) située à une distance de 4 à 9 km de lacôte, les mollusques étaient consommés aussitôt ou stockés durant plusieurs jours8. Patelles etbigorneaux se conservent quelques jours en dehors du milieu marin à température ambiante. Letemps de conservation augmente si on les recouvre d’algues ou si on dispose les patelles les unessur les autres pour éviter qu’elles se dessèchent. Il faut signaler aussi qu’en cas de bassetempérature, ces gastéropodes peuvent survivre trois ou quatre semaines, étant donné que ce sontles espèces qui présentent une meilleure capacité de résistance au dessèchement (Madariaga,1975b ; Ortea, 1986), nous considérons que cela serait aussi un critère utilisé par les groupeshumains pour leur sélection.

Suivant les études ethnographiques, nous pouvons noter que probablement, la chairétait extraite après que les mollusques aient été cuisinés ou grillés. Dans les cas des patelles,

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8 Peut-être l’existence de fosses dans l’Aire d’Habitat (A. Moure Romanillo, communication personnelle) doit êtremise en relation avec le dit stockage.

la chair se sépare facilement, alors que pour extraire celle des bigorneaux on utiliseraitplutôt des instruments aiguisés et effilés (par exemple, des os pointus). Cependant, pource qui est des patelles nous n’écartons pas d’autres formes de préparation comme lefumage, le séchage ou la salaison, qui permettraient le stockage. Toutes ces optionsde préparation et de conservation des mollusques ont été largement documentées dansle registre ethnographique (Claassen, 1999 ; Meehan, 1982 ; Swanton, 1979 ; Waselkov,1985).

Au sujet de la distribution des restes dans le gisement, il faut préciser que, sauf dans lecarré VI.J (prés de l’éboulement), apparaissent des mollusques dans tous les carrés ettoutes les couches du niveau 1. Cependant, la distribution des coquilles de mollusques n’estpas uniforme. Nous avons sélectionné les carrés XII.F, XIIIF, XI.D, XII.D, XIC et XIIC,qui ont une stratigraphie complète (CS et CI du niveau 1) et nous avons calculé la moyennedes patelles et des bigorneaux par m3. Le nombre d’individus au m3 du CI (4057) est plusdu double de celui du CS (1758). De cette façon, nous n’observons pas de différences dansles pourcentages de la composition malacologique des deux complexes, ce qui confirmeraitce qui fut publié sur les ensembles d’artefacts lithiques et osseux (Moure Romanillo,1990, 1997), mais il y a une différence sur les quantités d’individus au m3. Dans tous lescarrés dans lesquels on a commencé à fouiller le niveau 2, on a répertorié des restes demollusques.

Pour savoir quelle fut l’importance réelle des ressources malacologiques dans le régimealimentaire des habitants de l’Aire d’Habitat de Tito Bustillo, on doit les mettre en relation avecles restes biotiques (restes archéobotaniques et autres restes archéofaunistiques) répertoriés dansle gisement.

En ce qui concerne les restes végétaux, seule a été publiée l’information sur le pollen(Boyer-Klein et Leroi-Gourhan, 1987). L’existence de pollen de noisetier dans le niveau2 pourrait peut-être indiquer la récolte de ses fruits à fins alimentaire. D’autres végétauxcomme la bruyère (niveau 1) et le bouleau (niveau 2) pourraient avoir été utilisés à des finsmédicinales.

Les données sur le reste des preuves faunistiques du gisement (mammifères, poissons,crustacés) ne sont pas non plus abondantes. Seuls ont été étudiés et publiés les restesdéterminables de mammifères (n = 5107) des premières campagnes de fouille (jusqu’à lacampagne de 1975, comprise) (Fuentes et Mejide, 1975 ; Altuna Echave, 1976). Ceux-ciprésentent une dominance dans toutes les couches du CS et du CI (niveau 1 et niveau 2) du cerf(> 78 %), et du bouquetin. Le cheval, l’aurochs et le chamois les suivent avec une fréquencenotable, tandis que la présence d’autres mammifères, comme le renne ou le chevreuil, estoccasionnelle.

En ce qui concerne les mammifères d’origine marine J. Altuna (1976) déterminatrois restes de phoque. Il s’agit d’un astragale de Phoca vitulina/Helichoerus grypus, unautre de P. hispida, provenant tous deux de la couche 1a (CS) et un humérus sans lesépiphyses d’un animal très jeune de la couche 1c (CI). Les restes de poissons provenantdes campagnes 1972 et 1982 furent étudiés par A. morales et E. Roselló, qui citèrent laprésence de Salmo truta truta (truite de mer), tant dans le CS que dans CI. Cette espèce futpêchée dans la zone de l’estuaire. Dans le CS on cite également un reste de Salmo salar(saumon) et un otolithe de Pleuronectiniforme (poisson plat) (Morales, 1984 ; MoureRomanillo, 1990). Les uniques restes de crustacés (mis à part les balanes) que nous avonsidentifié sont deux pinces de crabes. Dans le gisement, il n’y a pas de restes d’échinodermesrépertoriés.

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Les études préalables de type saisonnier sur les mammifères et les mollusques, qui seront àconfirmer dans l’avenir, indiqueraient que l’Aire d’Habitat aurait pu être occupée tout au long del’année (Altuna Echave, 1976 ; Madariaga, 1975b).

Il faut signaler qu’après avoir été transportées à la grotte et consommées, quelques-unes descoquilles de patelles (< 1,5 %) furent probablement utilisées comme récipients pour colorant(principalement rouge). La présence de ces preuves, qui se distribuent sur une grande partie descarrés fouillés, conjointement à des fragments de minéraux tant à l’état brut qu’avec des tracesd’abrasion et de taille de facette, des galets ronds considérés comme des pilons à colorants etd’autres preuves avec des taches d’ocre, comme des plaques de grés et des coquilles demollusques (patelles et escargots) avec des traces d’ocre sur leur surface, indiquerait qu’au moinsdans le CS et dans le CI du niveau 1 se fabriquait de l’ocre. Peut-être, comme le suggère MoureRomanillo (1989), cette « production » doit être mise en relation avec la technologie de l’hampe(comme abrasif) et avec l’exécution de peintures dans la grotte. L’origine de ce colorant seraitpeut-être locale. Dans la grotte elle-même, on a découvert des dépôts géologiques d’ocre (Iriarteet al., 2009; Hernanz et al., 2011).

Dans cette zone de la grotte, en plus de coquilles de mollusques recueillies pour leur intérêtalimentaire, ont été répertoriées les coquilles d’autres espèces de petite taille. Dans le niveau 1, cetype de preuves représente seulement un pourcentage inférieur à 2,5 % (2,37 % dans le CS et2,18 % dans le CI). Dans le niveau 2, le pourcentage est inférieur à 1 %. Il s’agit quasiexclusivement de gastéropodes, en l’occurrence L. obtusata est l’espèce la plus abondante.Beaucoup de coquilles présentent des altérations sur leur surface, ce qui indique qu’elles furentprobablement récoltées sur les plages après la mort de l’animal. Ces altérations seraient dues àl’érosion des vagues et du milieu sablonneux, à des perforations par des mollusques lithophageset à la carbonisation. Puisque la majeure partie des espèces se trouve dans la Région Cantabriqueactuellement, nous considérons que leurs coquilles furent récoltées sur les plages, peut-êtreproches du gisement. Cependant, nous devons compter avec la présence d’espèces qui viventseulement sur les côtes méditerranéennes et qui purent seulement être ramassées sur ces plages.

Une grande partie des mollusques du niveau 1 qui n’a pas été récoltée comme nourriture a ététransformée en objets de parure (34,7 % du CS et 46,4 % du CI) (Álvarez-Fernández, enpréparation). À Tito Bustillo, on a répertorié 20 espèces différentes. L. obtussata et Trivia sp. sontles escargots les plus utilisés comme parure et ensemble ils dépassent 50 % des preuves du niveau1. La première espèce est plus abondante dans le CS, la seconde l’est dans le CI. L’existenced’une coquille de L. obtusata avec des débuts de fabrication d’un orifice à sa surface indiqueraitqu’il est possible qu’au moins une partie des objets de parure se fabriquait sur le gisement.Cependant, la présence d’objets de parure élaborés avec des coquilles d’espèces méditerra-néennes nous évoque des contacts à longue distance avec des groupes éloignés du gisement. Lesescargots répertoriés (H. sanguineum, C. pellucida, N. mutabilis) apparaissent toujours perforéset avec des empreintes d’usure sur les contours, ce qui indiquerait que ces pièces furentfabriquées possiblement en région méditerranéenne. Le reste des coquilles non modifiées peutêtre interprété comme matière première ramassée sur la plage et rapportée au gisement pour lafabrication d’objets de parure. Il faut préciser que 60 % des mollusques sans intérêtbromatologique qui ont été transformés en objets de parure, conservent des restes d’ocre ensurface. Cela peut être interprété soit comme une teinture intentionnelle des pièces, soit commeune teinture indirecte (contact avec un lien, avec la peau, etc. imprégnés de colorant).

Concernant la distribution de ce type d’objets, nous pouvons avancer qu’ils se trouvent en unegrande partie de la surface fouillée et qu’on observe des concentrations d’espèces déterminéesdans des carrés et des couches déterminés, ainsi, les huit spécimens de H. sanguineum du CI

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proviennent tous du carré XIIF, couche 1c. Le même phénomène s’observe avec d’autres typesd’objets de parure réalisés avec d’autres matières premières d’origine animale et minérale(Álvarez-Fernández, 2006 ; Álvarez-Fernández, en préparation).

En plus de l’Aire d’Habitat, M.A. García Guinea et J.A. Moure Romanillo fouillèrent dansl’Aire de Décoration, située à plus de 150 m de l’entrée originale de la grotte. Ici, face à la zonefouillée à l’entrée, les restes de mollusques répertoriés sont très rares (trois P. vulgata, uneL. littorea et quatre Trivia sp.). Ce petit nombre de coquillages doit être mis en relation avecl’exécution des peintures (Álvarez-Fernández, 2006), ainsi qu’avec le reste des objets lithiques,osseux, etc. répertoriés ici (Moure Romanillo, 1989, 1990, 1997). La présence de restes osseuxmet en avant le fait que des bouquetins entiers furent amenés dans cette zone de la grotte, ce quinous mettrait devant une zone rituelle liée à l’art pariétal.

6.2. Tito Bustillo et l’exploitation des mollusques au cours du Magdalénien dans la RégionCantabrique

La présence de grandes accumulations de mollusques dans des gisements magdaléniensdéterminés de la côte cantabrique nous indique l’importance qu’ils avaient dans le régimealimentaire des groupes de chasseurs-cueilleurs qui habitaient les grottes plus ou moins prochesdes côtes. Le nombre de site était probablement plus important, cependant la montée du niveau dela mer aux débuts de l’Holocène submergea les plus proches des côtes (Álvarez-Fernández,2011 ; Fano, 2007).

Au Magdalénien, les espèces de mollusques les plus pêchées sont celles qui habitent lessubstrats rocheux, alors que les pêches en substrats sableux et vaseux sont très rares.

P. vulgata et L. littorea, des gastéropodes vivant en zones d’estuaire et en zones de côteouverte dans lesquelles l’action de la houle est modérée, sont pratiquement les seules espèces quiont été récoltées comme aliment sur les sites avec industries datées du Magdalénien inférieur (ElJuyo, Altamira, Erralla et niveaux 19/20 et 20 de La Riera) (Madariaga et Fernández, 1987 ;Ortea, 1986 ; Álvarez-Fernández, 2009, 2010b ; Altuna Echave, 1985 ; Álvarez-Fernández,2011) et moyen (Galerie Inférieure de La Garma, Zone I) (Arias et al., 2011). Dans tous cesgisements, P. vulgata est l’espèce la plus abondante. Dans les gisements du Magdaléniensupérieur (niveau 26 de La Riera, de La Garma A, de La Pila et de La Fragua) (Álvarez-Fernández, 2012, sous presse a ; Ortea, 1986 ; Gutiérrez, 2009), en plus des espècesprécédemment citées, P. intermedia, O. lineatus qui occupe la zone intertidale haute et moyenneet P. ulyssiponensis qui occupe la zone intertidale basse, beaucoup plus battue par des vagues,commencent à avoir de l’importance dans le régime alimentaire des groupes humains (Álvarez-Fernández, 2011). Mytilus sp., qui occupe la zone intertidale, est l’unique bivalve présent dansdes contextes magdaléniens, et il fut probablement ramassé comme aliment.

Ainsi, d’après les données disponibles, la composition malacologique des niveaux de l’Aired’Habitat de Tito Bustillo est similaire à celle des gisements du Magdalénien inférieur (Altamira,Juyo et Erralla) (Fig. 15).

La présence de P. intermedia, de O. lineatus et de P. ulyssiponensis indiquerait uneaugmentation de la température de l’eau superficielle de la mer, étant donné que ces espèces sedéveloppent mieux dans les eaux chaudes (Álvarez-Fernández, 2011). Ainsi, durant leMagdalénien, la température de l’eau serait plus basse qu’actuellement. On peut le déduire grâceà l’observation d’espèces de balanes qui occupent aujourd’hui les eaux du nord de l’Europe.Semibalanus balanoides (Linnaeus, 1767) est présent au Magdalénien inférieur à Altamira et auMagdalénien moyen à La Garma A et Balanus crenatus (Bruguière, 1789), dans ce dernier

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gisement (déterminations du Dr. Y. Gruet) (Álvarez-Fernández, 2009, 2010a, 2010b, 2010c).Cependant, la présence de balanes associées à des coquilles de mollusques marins, dans desgisements antérieurs à l’Holocène est très rare. Ces crustacés se développent beaucoup mieuxdans les eaux chaudes et sont beaucoup plus abondants dans les gisements de la RégionCantabrique datés du Mésolithique et à des périodes postérieures.

Pour ce qui est de la biométrie des espèces les plus abondantes, les premières données pointentle fait que la taille moyenne de P. vulgata dans les gisements datés du Magdalénien inférieur sesitue entre 40,5 (Erralla, niveau V) et 45 mm (Altamira, niveaux 1 et 2), alors que dans lesgisements datés du Magdalénien supérieur, comme La Garma A, le diamètre est d’environ.35 mm. Dans le cas de L. littorea, au Magdalénien inférieur d’Altamira et d’El Juyo, la hauteurmaximum se situe entre 27,5 et 29,5 mm ; au Magdalénien supérieur de La Garma A, la moyennede la hauteur est de 21 mm (Álvarez-Fernández, 2009 ; Álvarez-Fernández et al., 2011). De cettefaçon, les moyennes des deux gastéropodes répertoriés au niveau 1 de l’Aire d’Habitat de TitoBustillo paraissent garder plus de relation avec ceux répertoriés dans les gisements magdaléniensanciens qu’avec ceux des gisements récents. De même qu’à Tito Bustillo, dans les différentsniveaux d’El Juyo (Madariaga et Fernández, 1987) on observe une sélection des spécimens deplus grande taille, tant de patelles que de bigorneaux.

Durant le Magdalénien, la pêche des mollusques avait probablement lieu à toutes les périodesde l’année. Cependant, et jusqu’à cet instant, l’étude d’analyses isotopiques sur les coquilles a étéachevée sur quelques échantillons provenant de La Riera. Au Magdalénien inférieur (niveau 19),P. vulgata (n = 30) était pêchée en été, en automne et en hiver. Au Magdalénien supérieur (niveau26), P. vulgata (n = 19) et P. intermedia (n = 14) étaient pêchées à toutes les saisons de l’année(Bailey et Craighead, 2004).

Au Magdalénien, les gisements sur lesquels ont été répertoriées des preuves abondantes demollusques marins n’étaient pas à plus de 16 km de la côte. Cette distance est la limite proposéepar Buchanan (1988) pour le ravitaillement en mollusques par les groupes de chasseurs-cueilleur.

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Fig. 15. Pourcentage de mollusques répertoriés dans les gisements de la Région Cantabrique datés du Magdalénien.Seuls sont pris en compte les niveaux ayant un NMI supérieur à 100.Percentages of molluscs documented at sites in Cantabrian Spain in the Magdalenian period. It only takes into account thelevels where the Minimum Number of Individuals is greater than 100.

Dans cette limite, se trouvent deux des sites sur lesquels ont été récupérés le plus de restes demollusques marins durant cette période, El Juyo et Altamira. Dans d’autres gisementsmagdaléniens situés plus à l’intérieur, les restes de mollusques ayant une valeur bromatologiquesont très rares (par ex. Las Caldas et El Horno) (Fano et Álvarez-Fernández, 2010). Cependant,l’absence de coquilles de mollusques ou d’autres animaux dans les gisements magdaléniensne veut pas dire que les groupes ne s’en alimentaient pas. Ainsi, et dans le cas des patelles, lesgroupes humains pouvaient les récolter sur la côte et extraire la chair sur le mêmelieu (abandonnant les coquilles ici). Postérieurement, la chair était transportée au gisement oùelle était consommée ou stockée (fumée, séchée, etc.) pour une consommation différée dans letemps.

Les données archéofaunistiques pouvant préciser le rôle que jouèrent les mollusques marinsdans l’alimentation des groupes de chasseurs-cueilleurs magdaléniens sont très rares, car soit lesrestes de la faune sont en cours d’étude (La Garma A, Altamira) ou seule une partie a été étudiée(Tito Bustillo, El Juyo) ou encore parce que l’information quantitative interdit toute comparaison(fouilles anciennes, absence de mollusques dans le gisement, etc.). À partir des données de LaRiera, dans lesquelles sont comparés les poids des restes osseux de macromammifères et celuides coquillages (Ortea, 1986 ; Craighead, 1999), il est conclu que les mollusques furent toujoursun complément à la diète et qu’ils furent recueillis de façon occasionnelle jusqu’au Magdaléniensupérieur et, c’est à partir de ce moment, que leur ramassage a été plus intensif. Cependant, dansces études, il n’a pas été tenu compte des altérations taphonomiques qui ont affectées les restesosseux, les restes malacologiques (précipitation calcique, décalcification, etc.) des différentsniveaux de La Riera, altérations qui sont présentes en d’autres collections faunistiques degisements en grotte de la fin du Pléistocène supérieur dans la Région Cantabrique, comme parexemple Altamira (Álvarez-Fernández, 2009, 2010b) ou La Garma A (Álvarez-Fernández, souspresse a).

En plus des mollusques, dans les gisements magdaléniens se trouvent d’autres preuvesarchéologiques d’autres restes d’origine marine. Les rares restes osseux de mammifères marinsindiqueraient que les groupes humains profitaient de phoques (Santa Catalina) et de cétacés (LasCaldas) échoués sur la côte, où leur chair était découpée, et postérieurement transportée augisement. Les rares restes de crustacés (crabes) indiquent que leur capture fut opportuniste, c’est-à-dire qu’ils furent attrapés durant la pêche aux mollusques. Dans le cas des oursins marins (LaGarma A), des oiseaux et des poissons (Santa Catalina), leur exploitation commença à avoir del’importance durant le Magdalénien supérieur (Álvarez-Fernández, 2011).

Une fois les patelles vidées, leurs coquilles dans quelques cas étaient utilisées commerécipient à colorant. En dehors de Tito Bustillo, ce type d’utilisation a été répertoriée dans lesniveaux du Magdalénien inférieur à Altamira (Álvarez-Fernández, 2009, 2010b).

En plus des coquilles de mollusques ayant un intérêt alimentaire, dans presque tous lesgisements magdaléniens de la Région Cantabrique apparaissent des coquillages de petite taille,qui habituellement sont transformés en objets de parure. Ils étaient ramassés sur les plages, où ilsétaient choisis probablement pour leur couleur, leur forme, leur relief, etc. Bien qu’avecbeaucoup moins d’échantillons qu’à Tito Bustillo (niveau 1), El Juyo (niveaux 9 à 4) et La GarmaA (niveau L) sont les gisements de références. De même qu’à Tito Bustillo, sur ces gisementsdomine l’utilisation des espèces L. obtussata et Trivia sp. Dans le cas des niveaux F et G deUrtiaga, qui présentent un nombre de preuves supérieur à celui de Tito Bustillo, l’espècedominante est L. obtussata (Álvarez-Fernández, 2006). La présence d’objets de parure faitsd’espèces récoltées comme aliment est rare, par exemple Patella sp. du niveau D de Urtiaga(Magdalénien supérieur) et L. littorea du niveau D de Cueto de la Mina (Magdalénien inférieur).

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Dans ce domaine, l’utilisation de mollusques marins qui aujourd’hui se trouvent sur les côtesatlantiques domine. La présence d’espèces méditerranéennes s’observe, outre à Tito Bustillo, surdes gisements comme au niveau 17 d’El Mirón (Magdalénien inférieur), d’où provient unexemplaire de H. sanguineum, au niveau L de La Garma A (Magdalénien moyen) avec unexemplaire de Zonaria pyrum et au niveau 1 d’El Horno (Magdalénien supérieur) avec unexemplaire de N. mutabilis. Ces preuves malacologiques, de même que l’observation d’autrespreuves (autres objets de parure avec des formes et des décorations caractéristiques et autrespièces d’art mobilier) consolident l’existence des contacts à longue distance avec des groupes dechasseurs-cueilleurs de territoires très éloignés (Álvarez-Fernández, 2005, 2006 ; Rivero etÁlvarez-Fernández, 2009).

La presque totalité des objets de parure en coquillages (et dans d’autres matières premières,comme des dents, des os ou des bois de cervidés) proviennent des aires d’habitat de grottes oud’abris. Cependant, ce type d’objets se rencontre dans des zones éloignées de l’entrée des grottes.Ainsi, en plus de l’Aire de Décoration de Tito Bustillo, où tous les restes sont de Trivia sp., enRégion Cantabrique ont été répertoriés des objets de parure dans la Zone IV de la GalerieInférieure de La Garma (L. obtusata, Trivia sp., Natica sp et N. reticulatus), bien qu’ils neproviennent pas d’une fouille mais de l’étude de la surface. Ces objets sont en relation avec lacréation de l’art pariétal et peut-être se rapportent-ils à des activités cérémonielles ou rituellesmenées dans ces parties éloignées de l’entrée des cavités (Álvarez-Fernández, 2006 ; Arias et al.,2011).

L’étude d’autres preuves archéologiques répertoriées sur les gisements (analyses d’autrespreuves faunistiques, provenance des matières premières lithiques, analyses isotopiques desrestes humains, etc.) précisera, dans le futur, l’importance que tenaient les milieux côtiers pourles groupes de chasseurs-cueilleurs durant le Magdalénien.

Remerciements

Nous remercions le Dr J. Alfonso Moure Romanillo pour nous avoir confié le matérielarchéologique des dernières fouilles effectuées à Tito Bustillo afin de l’étudier, ainsi que MiriamCubas, Marián Cueto et Alejandro Gomez pour leurs commentaires du texte et R.-P. Carriol pourl’étude des balanes. Nos remerciements vont aussi aux personnels du Musée Archéologique desAsturies et du Musée de la Préhistoire et de l’Archéologie de Cantabrie pour les facilitationsqu’ils nous apportèrent dans l’étude des restes archéomalacologiques. Ces recherches ont étéfinancées par le Plan National de I+D+I du Ministère des Sciences et de l’Innovation (HAR2011-29907-C03-03/HIST) (Chercheur principal, Esteban Álvarez-Fernández).

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