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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 1

La prévention des catastrophes en AfriqueSIPC Informations

Bulletin semestriel publié parle Bureau Afrique de la

Stratégie internationale de l’ONUpour la prévention des catastrophes

(ONU/SIPC Afrique)

Responsable du bureau AfriqueFeng Min Kan

.Rédacteur en chef

R. Alain Valency

ProductionNoroarisoa Rakotondrandria

Page de couvertureMario Barrantes

Noroarisoa Rakotondrandria

Mise en pagesNoroarisoa Rakotondrandria

PhotosONU/SIPC Afrique, ICPAC (ex DMCN),

Prof. D. Benouar

DiffusionIb Knutsen

Pamela Mubuta

ImpressionImprimerie des Nations Unies Nairobi, Kenya

Pour de plus amples informations sur la préventiondes catastrophes,

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Les opinions publiées dans ce bulletin ne sont nécessairementni celles de l’ONU/SIPC ni conformes aux politiques de celle-ci.

Editorial

« DEVELOPPEMENTISER » la préventiondes catastrophes

Seize jours seulement après le tristement célèbre tsunami de décembre2004, le montant de l’assistance humanitaire s’élève à 717 millions dedollars US. « C’est tout à fait inédit », déclare Jan Egeland, secrétairegénéral adjoint de l’ONU aux affaires humanitaires.

Une telle somme pourrait-elle jamais être allouée à la prévention descatastrophes? Non. La prévention des catastrophes ne présente pas cetintérêt humanitaire et/ou politique propre aux catastrophes elles-mêmes.

Dès lors, la prévention des catastrophes relève-t-elle alors encore de« l’humanitaire »? En fait, elle relève beaucoup plus du développement.C’est pourquoi elle a toujours été quelque peu à l’écart dans le mondedes affaires humanitaires.

Et aussi longtemps qu’elle est perçue comme une « affairehumanitaire », les ressources lui allouées le seront sur des bases« humanitaires ». Or, il est clair qu’un « événement » aussi peu« exceptionnel » ne peut susciter un enthousiasme humanitaire.

La prévention des catastrophes, nous dit-on, peut bénéficier deslargesses de l’aide humanitaire accordée dans le sillage descatastrophes. Mais elle n’est pas la seule. Au contraire, ce sont lessecteurs ou sous-secteurs de développement comme la santé,l’assainissement ou les infrastructures qui sont les premiers à enbénéficier.

La prévention des catastrophes, nous dit-on encore, est une disciplinepeu connue, et une perspective humanitaire l’aiderait à se faireconnaître. Mais le problème se situe justement à ce niveau: une telleperspective humanitaire ne donne pas accès à des ressources stables,prévisibles, à plus ou moins long terme.

La « politique » est-il pour quelque chose dans un tel mélange desgenres? Peut-être. Mais il n’est pas non plus moins vrai que de nosjours on a de plus en plus tendance à se dévouer davantage à« l’urgent » qu’à « l’Important ».

Fort heureusement, l’Afrique semble accorder de plus en plusd’importance à « l’important ». Les pas qu’elle accomplit actuellement,dans le domaine de la prévention des catastrophes, sont plus résolus etplus empressés que ceux de ceux qui fixent les règles du jeu au niveaumondial.

Mais les réalités « réelles » étant ce qu’elles sont, il faut jouer les deuxcartes.

1. Tirer le maximum du statut humanitaire actuel de la prévention descatastrophes.

Voici ce qu’a déclaré, le 14 juillet dernier, l’ancien présidentaméricain Bill Clinton, envoyé spécial de l’ONU pour leredressement après le tsunami: « Nous ne pouvons pas laisserpasser cette année 2005 sans réaliser des progrès concrets enmatière de réduction de risques de catastrophe… Cette année 2005est cruciale pour l’avenir de la réduction des risques decatastrophe.»

Nous ne devons tout simplement pas laisser passer une telleopportunité. La « plus grande catastrophe humanitaire jamaisconnue » se prépare, semble-t-il, sous nos yeux sur ce continentextrêmement vulnérable. Pourquoi ne pas en faire un défi majeurpour la sagesse humanitaire?

2. Entre-temps, des efforts sont en cours pour intégrer la préventiondes catastrophes au développement. Un certain nombre de paysafricains ont déjà réalisé des progrès dans cette direction… avec labénédiction de certains grands partenaires donateurs.

On ne peut que s’en réjouir. Car il s’agit là, pour l’instant, de lameilleure manière de « développementiser » la prévention descatastrophes…

R. Alain Valency

([email protected])

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Sommaire

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M. Wolfgang StiebensCoordinateur de programmes,GTZ (PRODER),

Maputo, Mozambique

Mozambique. Un projet de

gestion des risques de

catastrophe est lancé en 2001,

au lendemain des tristement

célèbres inondations. Puis en

2004, on essaie d’intégrer la

gestion des risques de

catastrophe (GRC) au

développement rural :

succès…

Un projet pilote d’intégration de lagestion des risques de catastrophe(GRC) au développement rural a étémené avec succès dans la provincede Sofala dans la partie centrale duMozambique. Ceci ressort d’unrapport récent (mars 2005)d’évaluation du projet, lequel projetavait été lancé par la GTZ(Coopération technique allemande)en 2004, dans la sous-préfecture deBuzi, avec des communautés à labase.

Parmi les recommandations émisespar le rapport figurent l’extension decette expérience à d’autres endroitsvulnérables et l’introduction del’élément Sécheresse dans les futuresactivités de GRC.

A noter que l’évaluationsusmentionnée avait été jugéeopportune en prévision d’unemenace d’inondation signalée par lamontée des eaux fluviales.

Brève historiqueA la suite des cyclones et desinondations de 2000 et de 2001 ausud et au centre du pays, lesgouvernements mozambicain etallemand ont décidé de mettre enœuvre, de 2001 à 2003, un projet

MOZAMBIQUE: Réussite d’un projet piloted’intégration de la GRC au développementrural

d’assistance technique à travers laGTZ et en coordination avec l’INGC(Institut national de gestion descatastrophes). Il s’agit d’un projet deGRC promouvant des activitéscomme l’analyse de risques, lamitigation des catastrophes, la miseen place d’un système d’alerteprécoce et la préparation auxcatastrophes. Ce projet était mené enétroite collaboration avec tous lespaliers de l’administration et avec lescommunautés à la base. A caractèrecommunautaire donc, ce projetreconnaît le rôle important quejouent les communautés si ellesadoptent le projet et prennent part àses activités.

La Croix-Rouge mozambicaine(CVM en sigle) était égalementassociée étroitement, au niveaucommunautaire, au projet. La raisonétant la longue expérience de laCVM en matière de développementcommunautaire dans les différentsdistricts du Mozambique.

Mais en 2004, on commence àincorporer la GRC à un projet dedéveloppement rural en coursdénommé PRODER, projet mis en

œuvre également par la GTZ dans lamême province de Sofala. Le projeten question était mis en œuvre dansla sous-préfecture de Buzi. PourquoiBuzi? Parce que ce district estextrêmement vulnérable auxcyclones et aux inondations.

L’idée du projet est partie du constatsuivant : étant donné qu’une grandevulnérabilité aux catastrophesnaturelles a une incidence négativesur la vie des populations dans lesendroits à haut risque, il estextrêmement important d’incorporerla GRC dans le projet PRODER dedéveloppement rural. L’objectifprincipal étant que les « acteurslocaux » (administration sous-préfectorale et communautés)résidant dans des endroits à hautrisque appliquent des mesures deGRC indiquées dans les plans sous-préfectoraux de développement.

(Suite à la page suivante)

Carte de la région de Buzi

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Création de comités locauxde GRC dans neufcommunautésPour atteindre cet objectif, le projet,désormais baptisé PRODER-GRC,aide à la mise en place d’un systèmelocal de GRC dans les zonesextrêmement vulnérables, en tantque composante de la Politiquenationale de gestion des risques. Unede ses activités fondamentales est lacréation de comités locaux degestion de risques de catastrophe ausein des communautés vulnérables.Le rôle du comité est défini : il estchargé de la transmission desinformations relatives aux risques decatastrophe et veille à ce que lacommunauté reçoive des conseils surce que l’on doit faire en cas decatastrophe. Des comités locaux deGRC sont aujourd’hui en action dansneuf communautés du Bassin dufleuve Buzi.

Le projet PRODER-GRC apporteégalement son assistance àl’amélioration du fluxd’informations relatives à la GRC, ycompris des informations sur lessystèmes d’alerte précoce. Parailleurs la GTZ-GRC joue un rôleimportant dans l’assistancetechnique à l’intégration de la GRCaux plans sous-préfectoraux dedéveloppement.

But de l’évaluationLe but de l’évaluation de mars 2005était d’examiner l’impact de lacomposante GRC du Programme dedéveloppement rural de GTZ(PRODER) en termes de préparationdes acteurs dans le contexte derisques réels d’inondation et/ou decyclone dans le Bassin du fleuveBuzi.

L’évaluation se proposait de couvrirquatre points majeurs relatifs auxinterventions en GRC:

• Les communautés utilisent-ellesde manière effective les comitéslocaux de GRC à des finsd’information, de coordination etde soutien en cas d’urgence?

• La GRC est-elle intégréeconvenablement aux plans sous-

préfectoraux de développementsur la base d’analyses de risques?

• Un flux adéquat d’informationset de coopération existe-t-il entreles communautés et les organescompétents?

• Les communautés sont-ellesréellement motivées etconsciencieuses dans l’exécutionde leurs tâches?

Résultats de l’évaluationIl ressort des résultats de l’évaluationque l’expérience est réussie.

Des comités locaux de GRCLes comités locaux de GRC existentet fonctionnent avec l’agrément descommunautés. Celles-ci affirmentêtre désormais plus conscientes desrisques et plus capables de répondreaux catastrophes naturelles. Ellesdéclarent également être mieuxpréparées à s’organiser qu’en 2000/2001 où elles devaient « seulementattendre qu’on leur dise ce qu’il fautfaire ». En outre, à la suited’informations disséminées par uncomité, des gens ont déménagé versdes endroits plus sûrs. Les autoritéssous-préfectorales, quant à elles,sont également devenues plusconscientes des risques, apportentleur soutien aux dits comités, etdéclarent avoir constaté uneamélioration au niveau des

informations et de lacommunication.

De l’intégration de la GRC auxplans de développementDes efforts ont été menés pourintégrer la GRC dans le processus2004 de planification dudéveloppement dans le district deBuzi, et le plan résultant a étésoumis à l’approbation des instancescompétentes. L’introduction demessages GRC dans les programmesscolaires est proposée dans ce planmais les modalités pratiques de cetteproposition n’ont pas été clairementdéfinies. Par ailleurs au niveauprovincial, le concept « recours auxcommunautés » n’a pas été reçu avecbeaucoup d’enthousiasme : des liensplus solides ont dû être forgés entreles communautés et les organesintervenant dans le domaine de laGRC. Enfin, suite à certainespréoccupations sur la fiabilité desinformations transmises, desaméliorations sont requises à ceniveau.

Du flux d’informations et decoopérationPour ce qui est du flux d’informationset de coopération entre lescommunautés et les organescompétents, les communautés sontvisiblement mieux informéesqu’avant sur les questions relativesaux risques de catastrophe. Al’origine de cela serait une prise deconscience accrue de la part des

Des représentants de l’administration locale et des membres d’une communautélors d’une séance de formation en information/communication

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communautés, prise de consciencequi a entraîné une meilleurecompréhension des informationsdiffusées à la radio. Voici les proposd’un membre d’une communauté:« Avant, on entendait ces messages àla radio mais on ne savait pasvraiment à qui elles étaientadressées. Aujourd’hui, nous savonsque ces messages sont pour nous. »En tout cas, tout le monde s’accordeà dire que la radio devrait être lemoyen principal de réception desinformations sur les risques liées àune catastrophe imminente. Quantaux informations sur la prévention, lapréparation et l’organisation, il a étéconvenu que les comités locaux deGRC en seraient les sources. A cesujet, il a été constaté que lesmembres des comités locaux de GRCfont preuve d’une certaineconnaissance du Système nationald’alerte précoce aux cyclones: ilssont en mesure de décrirel’utilisation de pavillons dedifférentes couleurs pour l’émissionde différents niveaux d’alerte. Pource qui est de la communication, ilexiste une communication régulièreentre les communautés et lesadministrations sous-préfectorales.Une telle communication se fait lorsde visites effectuées à la ville deBuzi par l’équipe de GRC ou par desmembres des comités locaux pourentrer en contact avec les autoritéssous-préfectorales.

Du degré de motivation et dediligence des communautés dansleurs tâchesLes communautés sont-ellesréellement motivées etconsciencieuses dans l’exécution deleurs tâches? Tout porte à croire queles comités sont motivés etconsciencieux dans leurs tâches. Aucours des quelques mois précédant lemois de mars 2005, le mois de marsétant la période la plus vulnérableaux inondations et aux cyclones, lescomités locaux de GRC ont, de leurpropre initiative, convoqué desréunions. Les membres des comitéset des communautés auraientégalement pris une part active à desateliers et des séminaires sur laGRC. Ils aiment également interagir

avec les représentants des autoritéssous-préfectorales et provincialespour des questions qui lesconcernent.

Conclusions & recommandationsLa composante GRC du projetPRODER est perçue comme uneimportante contribution àl’amélioration des moyens desubsistance des communautésassociées au projet. Le simple faitd’avoir introduit une composante auniveau de la base a élevé le statut etla dignité des communautés aux yeuxdes différentes autorités: celles-ci lesconsidèrent désormais non seulementcomme de simples bénéficiairesd’assistance mais aussi comme despartenaires actifs et utiles possédantdes connaissances qui peuvent servirà l’élaboration de stratégies deprévention de catastrophe.

Toutefois, sur la base des résultats del’évaluation, des recommandationsont été mises, notamment lessuivantes:

Potentiel de reproduction du modèlede GRC ainsi élaboréOn devrait envisager d’étendre cemodèle de GRC à d’autrescommunautés du district de Buziainsi qu’à d’autres districts oùexistent des populations vivant endes endroits à haut risque. Un certainnombre de facteurs expliquent lesuccès obtenu par cette composanteGRC, l’un des plus importants étantl’engagement dont a fait preuvel’administration sous-préfectorale deBuzi. Un tel engagement s’expliquepar la position géographique et ledegré de vulnérabilité du district, cequi rend celui-ci extrêmementsensible aux risques. Ce détaildevrait peut-être pris en compte dansle choix d’autres zones de mise enœuvre du même projet.

Elargissement de la définition duterme “catastrophe”

Les communautés associées auprojet sont aujourd’hui fortementconscientes des risques liés auxinondations et aux cyclones, mais lasécheresse est également un sujet depréoccupation grave, sinon encoreplus grave que ces deux aléas. Cette

composante GRC a donc été élargieà des questions relatives auxchangements climatiques et, suite àcela, une enquête a été entamée pourexplorer les connaissances localesdans ce domaine. Il a été néanmoinsrecommandé d’accorder une plusgrande priorité aux risques liés à lasécheresse.

Amélioration du flux d’informationsIl semblerait que la composanteGRC a joué un rôle central dans lacréation d’un flux et d’un partaged’informations entre les trois paliersque sont la communauté, le districtet la province. Un certain nombre deséminaires et d’ateliers ont étéorganisés pour renforcer lescapacités au sein des divers groupesd’acteurs. Mais il y a notammentdeux améliorations à apporter : cellede la qualité de l’information et cellede la structure de communication.

Pérennisation des acquisLa pérennisation de cette initiativede GRC n’est pas encore entièrementdémontrée et une stratégie claire deretrait (de la GTZ) devrait êtreélaborée pour rendre durables lesacquis. L’idéal est que le plan sous-préfectoral de développement arrêtépar un district bien défini reflètel’importance que ce district accordeà la GRC. Le processus sous-préfectoral de planification devraitdès lors jouer un rôle central danstout effort visant à pérenniser leprocessus de GRC. De la mêmefaçon, ce n’est que dans le cadre duplan sous-préfectoral dedéveloppement qu’on peut accorderun appui continu aux comités locaux,associer la société civile et lespartenaires locaux, et allouer desressources supplémentaires à detelles initiatives de GRC.

Le processus sous-préfectoral deplanification du développement dudistrict de Buzi a été amorcé. Mais vuque le plan résultant n’a pas encoreété mis en application, il est trop tôtpour émettre des observations surl’incidence de ce processus. Il estdonc nécessaire, pour l’instant, decontinuer à plaider en faveur del’introduction de la GRC à l’échelonprovincial et national.

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M. Olusegun E. OjoDirecteur adjoint chargé des secours etde la réhabilitation,NEMA (National Emergency ManagementAgency – Agence nationale de gestiondes situations d’urgence),Présidence de la République, Abuja,Nigeria

Une table ronde sous le thème « Versune plate-forme nationale efficacedes intervenants en réduction desrisques de catastrophe au Nigeria » aeu lieu dans la capitale Abuja le 11mars 2005.

Organisé par NEMA (NationalEmergency Management Agency -Agence nationale de gestion dessituations d’urgence au Nigeria),l’objectif général de la réunion était defavoriser une synergie entre les diversintervenants et les différentesdisciplines professionnelles impliquéesdans la prévention des catastrophesdans le pays. La réunion, tenue ausiège de NEMA, a attiré plus de 50participants.

Catastrophes et situationsd’urgence au NigeriaLa fréquence et l’intensité descatastrophes et des situationsd’urgence se sont accrues au Nigeriapendant les 10 dernières années,surtout au cours des récentes années.Des cas fréquents de déversementd’hydrocarbures ont provoqué, dans leDelta du Niger (au sud du pays), desdégâts irréparables sur la biosphèrecôtière.

Le réchauffement général de la planèteet des phénomènes comme El Ninoexpliqueraient la hausse subite etrécente du nombre et de la gravité desinondations dans les Etats de Jigawa,de Kano, de Gombe (tous au nord dupays) et dans quelques Etats du sud.L’expansion du secteur industriel aegalement conduit à une haussecroissante de situations d’urgence

d’origine technologique comme lapollution industrielle et des déchetsindustriels.

Le Nigeria est donc désormais de plusen plus exposé à des risques émanantd’un large éventail d’aléas naturelsalors que, dans le même temps, lespressions de l’urbanisation incitent lespopulations à bâtir rapidement, sansrespect de toute norme, sur des plainesinondables et des flancs instablesreconnus comme tels. Entre-temps,heureusement, on tend à reconnaître,dans les secteurs public et privé, queseule une approche préventive, globaleet à long terme des catastrophesnaturelles – reléguant à l’arrière-plan lasimple réaction sous formed’allocation d’assistance - peut aider àfaire face à l’escalade des pertes et descoûts occasionnés par les catastrophes.Mais la plupart des administrationslocales et des collectivités n’arriventtoujours pas à admettre qu’il fautdésormais intégrer la gestion descatastrophes aux grands plans dedéveloppement. Or, pour réduire(mitigation) et gérer les pertes en vieshumaines, les pertes enregistrées sur leplan économique, sociale etenvironnemental ainsi que les autres

conséquences des catastrophes, desstratégies intégrées de développementdoivent être élaborées ensemble par lesdivers paliers de l’Etat et la sociétécivile.

Il ressort de l’expérience acquise parNEMA pendant ses quatre annéesd’existence et d’opération que lamultiplication des situations d’urgencequi auraient pu être évitées ainsi queles implications budgétaires de cesurgences sur les gouvernements (desEtats fédérés) et les populationsprennent des proportions de plus enplus inquiétantes. Il fautimpérativement et rapidement adopterune nouvelle perspective pour passer àune réduction des risques decatastrophe à moyen/long terme.

En effet, la plupart des catastrophesdévastatrices peuvent être anticipées etévitées si les autorités compétentestravaillent en synergie avec les ONG,les organisations communautaires etles autres intervenants concernés pours’attaquer aux risques de catastrophenaturelle, diffuser des prévisionsmétéorologiques et des alertesprécoces, aider les communautés àprévenir les catastrophes et à se

NIGERIA: Vers une Plate-forme nationale pourla réduction des risques de catastrophe

Le député Gyang D. Dantong (au micro), président de séance, et des représentants

des intervenants en RRC au Nigeria

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redresser de celles-ci, et construire desinfrastructures résistantes, le toutaccompagné d’éducation et desensibilisation adéquates du public.

En vue de favoriser une telle synergieentre les divers intervenants et lesdifférentes disciplines professionnelles,NEMA a identifié les objectifs suivantsen partant des principes directeursdéfinis par l’ONU/SIPC:

1. accroître la prise de consciencechez les autorités;

2. obtenir l’engagement des autorités;

3. stimuler des partenariatsinterdisciplinaires et intersectoriels;et

4. améliorer la connaissancescientifique des causes descatastrophes naturelles et de leurimpact.

C’est dans le cadre de la poursuite deces objectifs que NEMA a organisé le11 mars 2005 cette table rondeintitulée « Vers une plate-formenationale efficace des intervenants enréduction des risques de catastrophe auNigeria ».

Les travauxCes discussions en table ronde étaientdestinées à un partage de vues etd’expériences - entre les intervenants -sur le thème émergent de la« Réduction des risques decatastrophe, gouvernance etdéveloppement ». ONU/SIPC Afrique,qui est le point focal du Système del’ONU pour la réduction des risquesde catastrophe en Afrique, a fait uneprésentation lors de cette réunion aucours de laquelle la parole a étédonnée à l’Assemblée nationale fortede ses pouvoirs légiférants etd’approbation.

Le directeur général de NEMA AlhajiS. Makarfi a, quant à lui, évoqué lechangement qui s’opère actuellement àl’échelle mondiale, changementd’orientation vers la RRC au détrimentde la simple réponse. Il a alorssouligné que le Nigeria n’était pas enretard dans ce domaine. Il a égalementnoté que NEMA, étant le point focalde la gestion des catastrophes (GC)dans le pays, a la responsabilité de

mobiliser les divers intervenants (issusdes secteurs public et non public) et decollaborer avec l’ONU/SIPC pourdoter le pays d’une stratégie durable deRRC. Il a conclu en invitant lesparticipants à veiller à ce que la tableronde mène définitivement à la mise enplace d’une plate-forme nationale desintervenants en réduction des risquesde catastrophe (RRC) dans le pays.

Présidant la séance, le président de laCommission parlementaire sur lapréparation aux situations d’urgence etaux catastrophes (à l’Assembléenationale), représenté à la réunion parl’honorable député M. Gyang D.Dantong, a déclaré que cettecommission avait été créée trèsrécemment pour doter NEMA et lesautres intervenants en gestion descatastrophes d’un appui au planlégislatif et pour remplir une fonctionde contrôle parlementaire.

Il a souligné ensuite la nécessité dedécentraliser la gestion descatastrophes vers les administrationslocales et les communautés. Il aegalement mis l’accent sur la nécessitéd’un financement adéquat, d’un appuiinstitutionnel et de l’intégration de laRRC au développement national àtravers des actions appropriées deprévention, de mitigation et deréhabilitation relatives auxvulnérabilités et aux aléas potentiels. Ila egalement noté qu’il était impérieuxpour sa commission d’ambitionner, encollaboration avec NEMA, de créer denouvelles législations et de nouvellespolitiques renforçant les opérations encours pour intégrer la RRC aux plansnationaux de développement et auxbesoins du programme économique encours. Il a conclu en exprimant lesoutien de la Commissionparlementaire à la formation d’uneplate-forme nationale de collaborationentre les intervenants en RRC dans lepays. (Voir extraits de la présentationsusmentionnée dans l’encadré plusbas)

Discussions et résolutionsLa table ronde, qui a réuni 53participants issus du secteur public, dusecteur privé, des ONG et de la sociétécivile, a approuvé et adopté à

l’unanimité une proposition en faveurde la mise en place d’une plate-formenationale des intervenants en RRC.Les cinq entités suivantes, en plus deNEMA, ont été choisies pourconstituer un comité intérimaire chargéde définir les diverses modalités defonctionnement de ladite plate-formenationale : la Croix-Rouge nigérianequi représente la société civile, la Voiceof Nigeria (Voix du Nigeria) et laNigeria Television Agency (Agence detélévision du Nigeria) qui représententles médias, l’Institute of Peace andConflict Resolution (Institut pour lapaix et la résolution des conflits) etNEMA qui représentent le pouvoirexécutif, et la Commissionparlementaire sur la préparation auxsituations d’urgence et auxcatastrophes qui représente le pouvoirlégislatif.

ConclusionLa réalisation de ces buts exige unengagement politique, des approchesparticipatives et une mobilisationactive de tous les intervenants auniveau de la conceptualisation et del’exécution des programmes. Lacapacité des individus à apprécier lescauses profondes des aléas aideraitégalement énormément à promouvoirla réduction des risques et ledéveloppement durable. Et les organesexistants devaient être renforcés pardes législations appropriées à tous leséchelons de l’Etat.

Par ailleurs, en application desenseignements tirés, de modestesprojets pilotes de prévention descatastrophes seront mis en œuvre ausein de communautés vulnérables bienchoisies.

Enfin, la Plate-forme nationaleprocédera à une évaluation, par lesintervenants, des capacités techniqueset des ressources disponibles pour desactions relatives aux situationsd’urgence et aux catastrophes dans lepays, ce qui ouvre la voie àl’élaboration d’un programme nationalde mise en œuvre de la RRC.

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Gestion des catastrophes & développement : vued’ensemble

Extrait de la Présentation del’Honorable Député Jerry Sonny Ugokwe

Président de la Commission

sur la préparation aux situations d’urgence et aux catastrophes,

Chambre fédérale des Représentants,

Assemblée nationale, Nigeria

“ … Au vu des dispositions constitutionnelles qui confèrent aux Etats la responsabilité de la protection de leurs citoyens

contre les catastrophes naturelles et anthropiques, la Commission sur la préparation aux situations d’urgence et auxcatastrophes a été établie au sein de la Chambre fédérale des Représentants pour doter l’anticipation, la prévention et lagestion des catastrophes d’un appui au plan législatif et d’un contrôle parlementaire. La mise en place de cette Commissionest le fruit de diverses réunions de plaidoyer au sein de la Présidence ainsi que de la mobilisation et du soutien descirconscriptions électorales fortement victimes des catastrophes.

Depuis l’avènement, au Nigeria, de la Loi No 12 sur la NEMA [Agence nationale de gestion des situations d’urgence], amendéepar la Loi No 50, la décentralisation de la gestion des catastrophes vers les communautés locales - qui sont généralement lethéâtre des catastrophes - est devenue une nécessité. Il en est de même de l’allocation d’un financement adéquat et lerenforcement institutionnel à travers un appui au plan législatif et l’intégration de la réduction des risques de catastrophe (RRC)aux plans nationaux de développement du Nigeria. Enfin, cette Loi appuie l’adoption désormais nécessaire d’un paradigme deréduction rentable des risques de catastrophe par une bonne prévention, mitigation et réhabilitation relative aux vulnérabilitéset aléas potentiels dans le pays. Conformément aux résolutions sur l’ONU/SIPC donc, et en considération du fait que la gestiondes catastrophes est une activité multidisciplinaire faisant intervenir différents intervenants, la Chambre des Représentantsappuie la mise en place, dans l’intérêt du pays, d’une Plate-forme nationale de collaboration entre les intervenants en RRC.

La gestion des catastrophes au Nigeria : l’approche du législatifLes principaux types de catastrophe survenant au Nigeria comprennent les inondations, la desertification, l’érosion desravines, l’érosion côtière, les maladies, les épidémies, les troubles ethnico-religieux, les feux, l’effondrement de bâtiments etde barrages, les vents destructeurs, la sécheresse, l’explosion de dépôts de munitions, les accidents aériens, maritimes etroutiers ainsi que les tremblements de terre.

La mise en place, le 30 mars 2004, de la Commission sur la préparation aux situations d’urgence et aux catastrophes apermis de faire reposer, pour la première fois dans l’histoire du Nigeria, la gestion des catastrophes et la réduction desrisques de catastrophe sur des bases solides. Depuis l’indépendance du pays en effet, il s’agit là de la première réponseofficielle du législatif au problème de la gestion des situations d’urgence et des catastrophes. Cette Commission, qui exerceun contrôle parlementaire primordial sur NEMA, a veillé au renforcement effectif et adéquat de NEMA à travers unfinancement convenable prévu dans les Projets de Loi de finances. La Commission a également veillé à ce que leshélicoptères de recherche et de secours tant recherchées aient été inscrites au Budget 2005 qui vient d’être voté. Enfin, laCommission s’est également arrangé avec le Président pour organiser un Sommet national sur les situations d’urgence audébut du prochain trimestre, sommet dans lequel l’Agence [NEMA] sera au centre des événements et jouera un rôle majeur.

La Commission sur la préparation aux situations d’urgence et aux catastrophes voudrait prescrire à l’Agence de prendreconscience du fait qu’elle devrait renforcer ses capacités à évaluer, à prévoir et à prévenir les aléas avec des intervenantsefficaces. Elle doit également mobiliser efficacement les autres paliers de l’administration à être conscients de leurresponsabilité de protection des citoyens contre les catastrophes, responsabilité que leur confère la Constitution. Enfin, entermes spécifiques, la Commission devrait mener les actions suivantes en collaboration avec NEMA:

• Formulation d’une Politique nationale de gestion des catastrophes qui repose sur la réduction des risques et le

développement durable;

• Révision des législations existantes à la lumière des normes démocratiques actuelles et formulation d’un ensemble de loisconformément au changement de paradigme qui privilégie une meilleure préparation aux catastrophes et une plus grandeagressivité de la part des gestionnaires de la sûreté, à la simple réponse;

• Coopération avec NEMA et les autres agences de sûreté en vue de la sécurisation maximale des vies et des biens;

• Intégration de la RRC aux plans nationaux de développement et aux besoins du programme économique en cours; et

• Sensibilisation de la population et recherche d’une décentralisation de la gestion des catastrophes vers les populations lesplus démunies à la base.

Pour réaliser tout cela, la Commission veillera constamment à ce que NEMA bénéficie d’un financement adéquat et stable à

travers les lois de finances votées par l’Assemblée nationale. … ”

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 9

M. Abdoulaye NdiayeDirecteur de la protection civile,Ministère de l’intérieur,Dakar, Sénégal

Une « Réunion technique relative àl’intégration de la réduction desrisques de catastrophe (RRC) dans leprocessus d’actualisation duDocument de stratégie de réductionde la pauvreté (DSRP) » a étéorganisée à Dakar le 1er juin derniersous la direction du Ministèresénégalais des finances.

La réunion en question a eu lieu dansle cadre d’un atelier de trois joursde mise en place de la Plate-formenationale SIPC (Stratégieinternationale pour la prévention descatastrophes) au Sénégal, atelierorganisé conjointement par laDirection de la protection civile,PNUD Sénégal et ONU/SIPCAfrique. Ont participé à cette réuniontechnique des représentantsdes Ministères concernés par laprévention des catastrophes.

Dans un premier temps, lesparticipants ont suivi uneprésentation du DSRP. Il ressort decette présentation que le DSRP,adopté par le gouvernementsénégalais en décembre 2001 etapprouvé par les partenaires en2002, est à la fois : (1) une stratégieglobale visant à créer les conditionspropices à la croissance durable et àla lutte efficace contre la pauvreté,mais non un programme spécifiquede lutte contre la pauvreté ; (2) uneprise en compte des politiquessectorielles et décentralisées et quis’intègre aux outils de gestion dudéveloppement du pays ; et (3) uncadre de référence pour lesinterventions des partenaires.

Le DSRP révèle la relationentre pauvreté et vulnérabilitéLa présentation a été suivie de

discussions très intéressantes sur desquestions relatives à la gestion descatastrophes et aux risques decatastrophe.

On a relevé que le DSRP montre trèsbien la relation entre pauvreté etmanque de capacité à se prendre encharge dans la société. Lavulnérabilité, qui est un rapport entrele risque et la capacité à gérer lerisque, serait un élément essentiel àidentifier et à évaluer dans tous lessecteurs. Sa bonne appréciationdevient donc un impératif pourprévenir les catastrophes, ce qui enfait un donné clé du dispositif deprévention. Toutes les interventionsont alors évoqué la nécessité d’unebase de données pertinentes pourétoffer le DSRP.

Conclusion des participants : « Noustombons ainsi dans le fondementmême de la plate-forme (nationalesur la prévention des catastrophes)que nous projetons de mettre enplace. Autrement dit, la plate-formenationale fonde la stratégie derenforcement des capacités degestion des catastrophes et accidents.Son intégration et son rôletransversal devraient en faire unélément stratégique et fédérateur

dans la définition des différentesactivités du DSRP. »

Intégrer la RRC dans leDSRP avant décembre 2005Les recommandations suivantes ontété, entre autres, émises par lesparticipants afin d’intégrer laréduction des risques de catastrophedans le DSRP :1. Nécessité de la mise en place

d’une plate-forme nationale sur laprévention des catastrophes.

2. Fixer un calendrier d’échéancesavant décembre 2005 pour avoirune plate-forme nationale et unestratégie nationale et intégrercelle-ci dans le DSRP.

3. Veiller à ce que la RRC soit unepriorité nationale et locale.

4. Veiller à ce qu’un cadreinstitutionnel solide soit établipour mener à bien les activitéscorrespondantes.

5. Dissocier la prévention descatastrophes de la protectionsociale.

6. Doter les collectivités localesd’un fonds spécial destiné à lagestion de la réduction desrisques de catastrophe.

M. Abdoulaye Ndiaye, Directeur de la protection civile

SENEGAL: Réduction de la pauvreté & réductiondes risques de catastrophe

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 10

Le général de brigade (retraité)Joseph OdeiCoordinateur national de l’Organisationnationale de gestion des catastrophes(NADMO), Ghana

Le Ghana doit passer

désormais de la gestion des

catastrophes à la réduction

des risques de catastrophe.

Des initiatives ont donc été

prises pour faciliter cette

mutation. L’article ci-après est

une version abrégée d’une

présentation donnée le 16 mai

2005.

Les catastrophes ont, depuisquelques années, provoqué de gravesperturbations au niveau dudéveloppement économique et socialdes pays en développement commele Ghana. Ceci est dû principalementà une certaine incapacité à faire faceconvenablement aux aléas naturels etaux risques engendrés par lesprocessus socio-économiques etpolitiques intervenant dans ledéveloppement. De telle catastrophesont alourdi le fardeau des pauvres enmilieu rural et urbain, fait un grandnombre de morts, provoqué despertes matérielles et dévié lesressources déjà rares alloués auxprogrammes de réduction de lapauvreté vers l’assistance auxvictimes et la réhabilitation ou leremplacement des infrastructuressociales et économiquesendommagées.

Bien que le profil des aléas etl’historique des catastrophes nesoient au Ghana pas désastreux quedans un certain nombre de pays endéveloppement, l’ampleur decertaines catastrophes naturelles etanthropiques récentes commel’inondation, les incendies

(domestiques, industriels etspontanés), les conflits tribauxlocalisés, les épidémies et lesmenaces de séisme, est telle qu’il estdésormais impérieux de passer de lasimple réponse aux catastrophes etde l’assistance d’urgence à laréduction des risques de catastropheet à la mitigation des catastrophespar l’intégration de la réduction desrisques de catastrophe audéveloppement durable.

Mutation vers la réductiondes risques de catastropheMais qu’entend-on d’abord au justepar « réduction des risques decatastrophe » ? Réduire les risquesde catastrophe c’est prévoir lesdangers et prendre des mesures pourprévenir ou atténuer l’impact d’unecatastrophe par une préparationadéquate et une réponse efficace.Cela implique un certain nombred’actions : l’identification préalabledes aléas ; la prévision d’événements

imminents susceptibles de faire desvictimes, d’endommager les biens,les infrastructures oul’environnement ; la préparation et ladissémination d’alertes oud’instructions aux autoritéscompétentes et aux populationsconcernées ; la prise d’actionsopportunes au moment opportunpour réduire les risques ou atténuerl’impact d’une catastropheimminente.

Pour faciliter une telle mutation quiest donc devenue nécessaire auGhana, des solutions doivent êtreapportées aux problèmes suivants:

• l’absence de politiques claires etde stratégies efficaces de réductionde risques, de prévention, deréponse et de réhabilitation enmatière de catastrophe ;

• la non intégration des programmesde réduction des risques decatastrophe au développementdurable ;

GHANA: Des actions de réduction desrisques de catastrophe dans la gouvernanceet la réduction de la pauvreté

Le général de brigade (retraité) Joseph Odei qui estégalement le point focal de la SIPC au Ghana

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 11

• allocation insuffisante deressources à la réduction desrisques de catastrophe et à lagestion des catastrophes ;

• faible appropriation desprogrammes de réduction derisques de catastrophe, de gestiondes catastrophes, etc. de la partdes autorités et du public.

Pour faire face à ces lacunes et cescontraintes, un atelier national detrois jours sur les catastrophes a étéorganisé à Accra en avril 2004 par leMinistère ghanéen de l’intérieur etONU/SIPC Afrique. Ont participé àcet atelier des responsables issus dedivers ministères, départements etorganes de sécurité, d’agencesonusiennes et de l’Organisationnationale de gestion des catastrophes(NADMO en anglais).

Les objectifs de l’atelier étaient lessuivants:

• revue des politiques nationales etdu cadre juridique en matière degestion des catastrophes et deréduction des risques decatastrophe (RRC);

• meilleure compréhension de laRRC et réflexion sur la manièrede l’intégrer au développementdurable;

• mise en place d’une coalitiond’intérêts (autour de la RRC)entre le gouvernement, lesministères, les organes desécurité, les administrationslocales et les organisationscommunautaires;

• consensus sur le chemin à faire.

Des propositions relatives àla gouvernanceLa recommandation la plusimportante émise par cet atelier estla nécessité d’une plus grandeimplication des ministères, desservices gouvernementaux, desagences, des organisations nongouvernementales (ONG) et desorganisations de la société civiledans la gestion des catastrophes - àtravers une Plate-forme nationale –pour faciliter la bonne gouvernanceet la réduction de la pauvreté dans le

cadre de la Stratégie ghanéenne deréduction de la pauvreté (GPRS enanglais).

Des propositions d’une portéeconsidérable sur la gouvernance ontété avancées, notamment lessuivantes:

• un leadership et un engagementpolitique fort accompagné d’unevision claire et pragmatique de laprévention des catastrophes ;

• la formulation d’une politiquenationale intégrée de réductiondes risques de catastrophe ;

• le renforcement de la mise enapplication et du respect desrèglements, y compris une revuedes compétences légiférantes deNADMO dans l’intérêt d’unemise en application effective ;

• la promotion de la réduction desrisques de catastrophe auxniveaux national, régional etsous-préfectoral ;

• le renforcement des capacités desdisaster volunteer groups(groupes des volontaires descatastrophes – DVG en anglais)au niveau de la base comme socledu renforcement de laparticipation locale à laprévention des catastrophes, à lacréation d’emplois et à laréduction de la pauvreté ;

• l’élaboration d’un programmed’actions pour pouvoir aller del’avant dans la refonte du systèmede gestion des catastrophes ;

• l’allocation de ressourcesadéquates aux organes impliquésdans les programmes deréduction des risques decatastrophe dans le pays,notamment NADMO qui est laprincipale structure responsablede la prévention et de la gestiondes catastrophes.

A noter que la gouvernance impliquedes rapports de bonne disposition àl’action entre l’Etat, le secteurprivé, la société civile et lesadministrations locales, rapportsfavorables à la réalisation et à lapréservation de la sécurité, du bien-être social, de la justice sociale et del’équité dans un environnement où

les catastrophes et les risques decatastrophe sont gérés de façondurable. Or, dans le passé, laprévention et la gestion descatastrophes au niveau nationalavaient été fortement critiquées dufait surtout de faiblesses inhérentesau processus, faiblesses relatives auxstructures et aux politiques. Un telétat de choses a donc conduit à uneffort délibéré de révision despolitiques et des structures en vue dela mise en place d’une gestion descatastrophes conforme aux pratiquesmodernes.

Le changement de paradigme précitéa également rendu nécessaire larévision de la Loi 517 de 1996portant création de NADMO, pourmettre l’accent sur la coordination,la prévention et l’éveil desconsciences par la diffusion desinformations, la communication,l’éducation, la création d’emplois etla réduction de la pauvreté.

Initiatives actuelles enmatière de gouvernanceLa gestion des catastrophes est parnature multi-sectorielle et inter-disciplinaire et fait intervenir unegrande variété d’activités intimementliées aux niveaux national et local.Au nombre des amendementsproposés à la loi précitée,amendements touchant à lagouvernance, sont donc les suivants:

a) politique claire et pragmatique deréduction des risques decatastrophe ;

b) mise en place d’un Comiténational de gestion descatastrophes présidé par leministre de l’intérieur ;

c) mise en place d’un Conseil degestion des catastrophes chargéde formuler les politiques,d’administrer et de superviser, deveiller à l’application despolitiques et à la mise en œuvredes programmes sous laprésidence du ministre del’intérieur ;

d) mise en place de comitésrégionaux et sous-préfectoraux degestion des catastrophes et de

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 12

comités techniques de gestiondes catastrophes;

e) mise en place d’un processusparticipatif efficace ;

f) renforcement des compétenceslégiférantes de NADMO parl’octroi d’une certaine immunitéà son personnel et à ses agentsdans l’exécution de leursfonctions ;

g) revue et renforcement descomités techniques pour leurpermettre d’apporter des conseilsd’expert aux programmestouchant à l’économique, ausocial et à l’environnement ;

h) mise en place d’un Fonds pourles catastrophes pour mobiliserun appui financier plus étoffé à laréduction des risques decatastrophe et à la gestion descatastrophes. Un tel fonds estnécessaire pour subventionner lesressources de l’Etat, celles-ci necouvrant pas les situationsd’urgence imprévues ;

i) mise en place de groupescommunautaires de volontaires descatastrophes (DVG) pour mobiliserla participation communautaire à laréduction des risques decatastrophe et à la gestion descatastrophes ;

j) création d’un site web pourNADMO (www.nadmo.org), celaafin de pouvoir porter les activitésde l’organisation à l’attention de lacommunauté internationale, poursolliciter davantage decollaboration et d’appui de la partde celle-ci, et pour une meilleurepartage des connaissances et desexpériences ;

k) amélioration de la performance deNADMO en matière de gestion descatastrophes. A ce sujet, l’Etat lui aoffert 100 véhicules ainsi qued’autres équipements à titre derenforcement des capacités.

Initiatives de réduction de lapauvretéLa Stratégie ghanéenne de réductionde la pauvreté (GPRS en anglais), quirésume les grandes lignes d’action dugouvernement dans sa poursuite de lacroissance et de la prospérité, a

identifié la pauvreté comme l’une desgrandes causes des catastrophesanthropiques dans le pays. En effet,pour accroître leurs maigres revenus,les pauvres des milieux rurauxcontribuent fortement à la dégradationou à la surexploitation del’environnement par des pratiquesagricoles et d’élevage inadéquates, desactivités minières à ciel ouvert, lasurexploitation des forêts pour le boisà brûler et la production de charbon,les feux de brousse, etc. Par ailleurs,les aléas naturels (séisme, sécheresse,vents forts, inondations, etc.) tendent àavoir plus d’impact chez les pauvrescar ils vivent normalement en desendroits de forte densitédémographique, aux infrastructuresmédiocres, dépourvus de logementsdécents et d’aménagements sanitairesadéquats.

Au vu de ce qui précède, NADMO aopté pour la mobilisation sociale entant que stratégie de base de laréduction des risques de catastrophe etde la pauvreté. Une telle optionimplique que des groupescommunautaires de volontaires descatastrophes (DVG) - composés dejeunes gens et de jeunes filles - soientorganisés, dotés de formation etd’équipement pour aider àl’identification des risques, à laprévention et la gestion descatastrophes, et pour entreprendre desprogrammes de réduction de lapauvreté et de développementcommunautaire.

A noter que le concept de DVG vise àassurer une participation active de lacommunauté locale au processus degestion des catastrophes. Ce conceptfait donc intervenir, entre autreschoses, les éléments suivants:

• mobilisation et formation desjeunes et des personnes sansemploi pour les doter du savoirtechnique nécessaire leurpermettant de prendre part à lagestion des catastrophes, à lacréation d’emplois et audéveloppement communautaire ;

• sensibilisation des communautéslocales pour les amener à identifierleurs potentiels et leurs forces entant qu’élément stimulateur

important du développement, de laprise de décisions et del’amélioration des moyens desubsistance au niveaucommunautaire ;

• aide aux communautés manquantd’opportunités pour les amener às’engager dans la créationd’emplois et d’équipementssociaux (blocs scolaires, lieuxd’aisances, puits, barrages, centresde soin, garderies, etc.) commestratégie de réduction de lapauvreté ;

• incitation des communautés àcomprendre et à participer auxactivités et aux programmes initiéspar l’Etat.

Bref, le concept de DVG a été élaboréet adopté, entre autres choses, commestratégie de réduction de la pauvretédont le but est d’aider les volontaires àentreprendre des activités génératricesde revenus qui leur permettent derester dans leurs communautés pouraider NADMO dans sa tâche deprévention et de gestion descatastrophes en milieu communautaire.Ce concept a également été conçu pourintégrer les volontaires, qui sontgénéralement sans emploi et démunis,au circuit économique, cela pour leurpermettre de tirer profit desopportunités créées par les différentesactions de l’Etat menées dans le cadrede la Stratégie ghanéenne de réductionde la pauvreté (GPRS).

Les DVG servent en outre de conduitspour l’éducation du public sur diverssujets comme la santé, les feux debrousse, la prévention, le reboisement,le VIH/Sida, l’environnement et lagouvernance.

Initiatives de réduction de lapauvreté en cours menéespar NADMOIl existe dans le pays environ 500groupes de volontaires (12,000membres) qui opèrent sous lesauspices et la direction de NADMO.Les projets suivants ont été mis enœuvre avec leur concours:

1. Apport de plus de 9 millions dejeunes plants de diverses essences

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 13

d’arbre en appui au programmegouvernemental de reboisementdes forets. En 2004, les DVG ontgagné sur ce projet plus de 3milliards de cédis dans tout le pays.

2. Achat et distribution de neuf (9)tracteurs à l’aide du fonds PPTE(Pays pauvres très endettés) enappui aux activités agricolesrégionales des DVG en 2003.

3. Formation et dotation enéquipement de DVG dans lescommunautés marginales desréserves forestières, cela dans lecadre de projets d’amélioration desmoyens de subsistance par diversesalternatives dans les domaines del’agriculture, des petites industrieset de l’artisanat. De tellesalternatives ont dû être trouvées carles activités économiquestraditionnelles des pauvres desmilieux ruraux (chasse, abattage auhasard des arbres pour le bois àbrûler et la production de charbon,etc.) provoquent des incendies deforêt ainsi que la destruction desforêts.

4. Petit projet de production delégumes de saison (au sud du pays)et de culture de graines de soja(dans les trois régions du nord) àl’intention de 158 DVG en 2003 eten 2004.

5. Assistance à la réinstallation deplus de 50.000 ressortissantsghanéens expulsés/rapatriés etdéplacés à l’intérieur du pays ainsiqu’à celle de réfugiés ayant fui desguerres et des conflits en diversendroits du globe.

6. En 2005, NADMO a continué àfaciliter la mise en œuvre de diversprojets de réduction de la pauvretédans les domaines dudéveloppement communautaire, del’agriculture et des petitesentreprises.

ConclusionEtant donné que la réduction desrisques de catastrophe et la gestion descatastrophes relèvent d’uneresponsabilité partagée et d’unprocessus continuel, la mise en placede plates-formes nationalesperformantes, la révision et le suivi

réguliers des programmes définis parles politiques, la bonne compréhensiondu rôle des principaux intervenants, lesoutien actif des plus hauts dirigeantspolitiques et des administrationslocales sont autant de facteurs depromotion d’une culture de préventionau sein d’une société capable derésister aux catastrophes.

Mais le défi le plus évident résidedans l’apport d’un appui financier etmatériel adéquat, la mise en placed’une coordination efficace etl’instauration d’une coopérationréelle entre les principauxintervenants.

Puisque réduire les risques decatastrophe incombe encore, dansune large mesure, au secteur publicet qu’une bonne définition despriorités est vitale pour une gestionefficace des catastrophes, les vuesdes experts et des universitairesévoluant au sein des grandesorganisations de développementpeuvent certes avoir une certaineinfluence mais elles ne peuventcependant pas aider à obtenir lesvolumes critiques de ressources et

les efforts concertés nécessaires àune réduction significative desrisques de catastrophe et à unegestion efficace des catastrophes. Ilest alors impérieux d’introduire etd’appuyer le nouveau concept degestion des catastrophes expliquédans le présent article, cela par lamise en place d’une plate-formenationale (pour la réduction desrisques de catastrophe) solide,efficace et influente dans l’intérêt dudéveloppement durable.

Une telle plate-forme éliminera lesfrustrations, les problèmes decoordination et les mésententesfutiles entre les intervenants,mésententes qui ont, depuis uncertain temps, causé du tort auprocessus de gestion descatastrophes.

En bref, une plate-forme nationaleest un élément utile à l’édificationd’une société solide et résistanteconsciencieusement préparée auxmenaces de catastrophe qu’elle auraà confronter.

Les femmes et les jeunes filles sont aussi impliquées dansle combat contre la pauvreté au Ghana

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 14

M. Michel VielleDirecteur général du Secrétariat nationalpour la gestion des risques et descatastrophes,

Seychelles

Les Seychelles sont certes

éloignées des grandes zones

de catastrophe. Mais son

gouvernement a tenu à mettre

en place une agence nationale

de gestion des risques de

catastrophe. Et à allouer 4

millions…de dollars US à un

fonds national pour les

catastrophes.

Bien que les Seychelles soientéloignées des grandes zones decatastrophe, les tempêtes et d’autresaléas s’abattent sur le pays avec uneplus grande fréquence et une plusforte intensité. A preuve lesinondations de 1997, le feu debrousse de 1999, la dépressiontropicale de 2002 - accompagnée devents supérieurs à 120 km à l’heure-,les inondations de 2004, et le récenttsunami de décembre 2004 et lespluies torrentielles qui ont suivicelui-ci. Or, dans le pays, en dépit deces événements, beaucoupd’individus et d’organisationsdemeurent réfractaires à l’idée defaire de la réduction des risques unobjectif clé ou même à protéger leurspropres projets contre les aléaspotentiels.Entre-temps, les initiatives dedéveloppement ont été encoreplusieurs fois victimes descatastrophes, et les ressourcesallouées aux projets dedéveloppement ont dû être déviéesvers les efforts de réhabilitation.Conclusion: il est tout simplementnécessaire d’introduire la réduction

des risques de catastrophe dans laplanification du développement.

Une agence d’exécution duComité national sur lescatastrophesEn octobre 2004, un Secrétariatnational pour la gestion des risqueset des catastrophes a alors été établiau sein de la Présidence, avec à satête M. Michel Vielle en capacité dedirecteur général à plein temps. M.Michel Vielle est également le pointfocal pour la coordination desactivités relatives aux catastrophesaux Seychelles.

Ce Secrétariat national opère en tantqu’agence d’exécution du NationalDisaster Committee (NDC) [Comiténational sur les catastrophes].Présidé par la Présidence, ce comité,qui , en principe, se réunit tous lesdeux à trois mois et tient aussi desréunions ad hoc, se compose dehauts responsables de la Présidence,de la Police/Sapeurs-pompiers, del’armée, du Département del’environnement, du Départementdes transports, du Département del’administration territoriale, duDépartement de la culture et duDépartement de la santé.

Les rôles immédiats du Secrétariatsont, entre autres, les suivants:

• Revoir et finaliser un Plannational de préparation contre lescatastrophes.

• Promouvoir une culture desensibilité aux situationsd’urgence aux Seychelles.

• Assurer la coordination, unecoopération, la consistance et unesynergie entre les activités deprévention/planification et de

préparation.

• Promouvoir une meilleureutilisation des ressources etmener des actions de lobby pourmobiliser des ressources.

• Assurer la tenue d’activités deformation conjointe et desimulation de catastrophes.

• S’assurer de l’existence de plansinternes de réponse et depréparation aux urgences auxniveaux ministériel et sous-préfectoral.

• Veiller à ce qu’une analyse desaléas soit réalisée, analyseconcluante sur la positiongéographique, la fréquence, laprobabilité (si la possibilité estconfirmée) et l’impact potentieldes différents aléas/risques.

• Mettre au point des outilsjuridiques pour la préparation etla réponse aux catastrophes.

S’attaquer au problème dela réduction des risques decatastrophePour pouvoir réaliser ces objectifs, leSecrétariat national a mis sur pied unSous-comité sur la planification et laréponse aux catastrophes. Ce sous-comité est chargé de s’attaquer auproblème de la réduction des risquesde catastrophe de manière globale etd’assurer l’intégration de lamitigation des catastrophes dans lesplans de développement.

Pour faciliter ce processus, cinqgroupes de travail, formés à partir dusous-comité précité, se sont vusconfiés respectivement les tâchessuivantes:

Groupe de travail 1: Campagned’éveil des consciences et de

SEYCHELLES: Mise en place d’un secrétariatnational et d’un fonds national pour la gestion descatastrophes

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 15

sensibilisation de la populationCe groupe est responsable desprogrammes d’éveil des consciences,d’éducation et de sensibilisation dela population. Une de ses premièrestâches a été de préparer uneexposition tenue lors de la Fête del’indépendance en juin dernier, uneexposition dont le succès a été fortacclamé. Des posters et desbrochures ont été préparés etdistribués et les visiteurs ont puvisionner des flash-back decatastrophes du passé à l’aide dematériels audiovisuels.

Groupe de travail 2: Systèmed’alerte précoce multi-aléaCe groupe explore les possibilitésd’élaborer des protocoles pour unsystème national d’alerte précocemulti-aléa.

Groupe de travail 3: Planification& RéponseCe groupe explore les possibilitésd’élaborer des Principes directeurssur la prévention et la planification,principes directeurs susceptiblesd’être incorporés au processus deplanification et de développement.Ce groupe sera également chargé devoir comment dresser unecartographie des aléas et des zones àrisque.

Groupe de travail 4:CommunicationCe groupe examine lesinfrastructures existantes detélécommunication disponibles pourla préparation et à la réponse auxcatastrophes, et proposera unsystème fiable et rentable detélécommunication destiné à un

nouveau Centre de commandement,système dont la fonction est deréseauter tous les services d’urgenceet de première réponse autour d’unsystème unique.Groupe de travail 5: Ce groupe estchargé de la mise en place d’uncadre juridique pour la gestion descatastrophes aux Seychelles.

Un fonds national pour lescatastrophesEn 2005, le gouvernementseychellois a mis de côté une sommede 4 millions de dollars US à titre deFonds national pour les catastrophes.Géré par le Secrétariat national pourla gestion des risques de catastrophe,ce fonds est également utilisé pourles activités de prévention, demitigation et de préparation.

M. Jacky Roland RandimbiarisonSecrétaire exécutifdu Conseil national de secours (CNS),Madagascar

Madagascar se joint à l’ONU/SIPCpour les efforts menés par celle-ci,aux niveaux régional et international,pour promouvoir la réduction desrisques de catastrophe etl’intégration de celle-ci dans lesactivités de développement,particulièrement en Afrique

C’est dans ce cadre que le présidentde la République de Madagascar, M.Marc Ravalomanana, a, au nom deson pays, offert 20.000 dollars US àONU/SIPC Afrique (voir article enpage 61).

Un tel geste de la part d’un dirigeantd’un pays africain moins avancécomme Madagascar est révélateur de

MADAGASCAR alloue un pourcentage deson fonds “Réponse aux chocs” à laréduction des risques

l’importance accrue accordée à laréduction des risques de catastrophepour le développement.

Il est vrai que la prévention descatastrophes commence à êtrecomprise et prise en compte dans lemonde entier. En témoignent lesmultiples initiatives et effortsannoncés lors de la 2e Conférencemondiale sur la prévention descatastrophes tenue en janvier dernier.

De la réduction des risquesde catastrophe àMadagascarMadagascar fait face à plusieursaléas dont les plus fréquents sont lescyclones, les inondations, lesincendies, l’invasion acridienne et lasécheresse. Le pays dispose d’uneStratégie nationale de gestion desrisques de catastrophe (SNGRC) qui

constitue le socle d’une « Loi sur lagestion des risques de catastrophe »adoptée par le Parlement malagasyen 2002 (quelques mois aprèsl’arrivée de M. Ravalomanana aupouvoir). Madagascar est égalementl’un des premiers pays africains àincorporer la gestion des risques decatastrophe dans son DSRP(Document stratégique de réductionde la pauvreté) – encore une foisaprès l’arrivée de M. Ravalomananaau pouvoir.

Ceci étant, le système existant pourl’organisation des secours d’urgenceest opérationnel. Dans toutel’organisation des secours, l’Etat, parle biais du Conseil national desecours (CNS) sous la tutelle duMinistère de l’intérieur et de laréforme administrative, assure lacoordination de toutes les actions surla base de la SNGRC susmentionnée.

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 16

Le CNS est présent, dans les plusbrefs délais, sur le site victime pourconstater les dégâts et apporter lespremiers secours.

Par rapport aux informationsrécoltées, le CNS préside un comitétechnique (qui est aussi la plate-forme nationale) dénommé CRIC(Comité de réflexion desintervenants en catastrophe)regroupant toutes les partiesprenantes : la Présidence, laPrimature, les Ministères techniques,les agences d’exécution de l’ONU,les associations et ONG nationalesou internationales, les bailleurs defonds. Certaines communautésreligieuses sont représentées parlesdites associations ou ONG. Faceaux aléas, les attributions et lestâches de chacun sont réparties ausein du CRIC suivant les moyens à ladisposition de chacun.

Pour optimiser les actions àentreprendre, les parties prenantesomniprésentes dans les zones àrisques assurent la coordination surplace avec les autorités locales etquelques responsables des structuresdécentralisées de secours au niveaude chaque unité administrative :région, district, commune etfokontany (village en milieu rural,quartier en milieu urbain).

Au cours de la mise en œuvre desopérations, des missions de suivi etd’évaluation sont organisées, et lesrésultats sont discutés et analysés auniveau central pour les actions deréajustement.

En cas de catastrophe naturelle ouanthropique, la Présidence de laRépublique, la Primature et leMinistère de l’intérieur - représentépar le Conseil national de secours(CNS) - sont les destinataires desdoléances ou requêtes de lapopulation, le CNS étant le chefd’orchestre de l’organisation desactions.

Un fonds spécial dans lefinancement des projetsLes informations officielles diffuséespar le CNS sont à la base des actions

de rétablissement de la vie de lapopulation victime. Tous les projetset les programmes existants puisentces informations au niveau du CRIC.

En 2004, nombreux sont lesdonateurs et intervenants qui se sontmanifestés et ont offert diversescontributions - vivres et autres - pourfaire revenir la vie de la population àl’état normal. Il en est de même pourla santé et l’agriculture par leursapports en médicaments et ensemences.

La même année, le Projet FID(Fonds d’intervention pour ledéveloppement) financé par laBanque mondiale a bénéficié d’unfonds spécial d’un montant de 50millions de dollars US pour lesdégâts cycloniques, et le ProjetPSDR (Programme sectoriel dedéveloppement rural) un montant de5 millions de dollars US.

L’acquisition des ces créditsadditionnels a nécessité unemodification des dossiers techniquesdes projets.

Le FID a alors assuré laréhabilitation des infrastructuressociales et socio-économiques debase détruites (écoles, centres desanté de base, adduction d’eaupotable, marchés, ouvrages d’art,pistes rurales et même bâtimentsadministratifs). Le PSDR, quant à

lui, s’est chargé de laréhabilitation desinfrastructures hydro-agricoles.

Au début de l’année2005, le sud du pays a étévictime du passage dedeux cyclones tropicaux« Ernest » et « Felapi ».Etant présent lors de larevue à mi-parcours duProjet FID, le CNS ademandé l’appui de laBanque mondiale sur desactions de réhabilitationdes infrastructures. Cettedernière a donné son

accord. Une nouvelle composanteintitulée « Réponse aux chocs » estcréée au sein du FID: un certainpourcentage du financement desprojets est ainsi destiné aux actionsde rétablissement de la vie normalede la population.

L’existence d’un tel pourcentage desprojets destiné à la réduction desrisques de catastrophe est fonda,entalcar la planification s’étend au cyclecomplet suivant de développementdes projets: Prévention – Prévision& Planification – Alerte -Interventions & Réhabilitation -Evaluation – Retour d’expérience

Satisfaction des populationsvictimesIl est à noter que les populationsvictimes des impacts des catastrophecommencent à s’intégrer, par saparticipation, à la gestion des risquesde catastrophe. Ces populationsn’hésitent d’ailleurs plus à exprimerleurs avis sur les interventionseffectuées.

C’est ainsi que depuis le début decette année 2005, nombreux sont lescommunes, districts ou régions quiont envoyé des lettres deremerciements révélateurs du degréde satisfaction des populationsvictimes après les interventions.

Comment expliquer une tellesatisfaction? Trois facteurs clésméritent d’être retenus : l’existencedes structures précitées, la

M. Jacky Roland Randimbiarison,Secrétaire permanent du CNS

Prévention des catastrophes en Afrique

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participation des communautés à labase dans certaines régions àrisques, la capacité de mobilisationau niveau central.

Enseignements tirésLa réduction des risques decatastrophe relève de tout unprocessus multisectoriel etmultidisciplinaire faisant partie

intégrante de la politique dedéveloppement du pays. Mais ilressort des expériences reçues et desobservations effectuées, du moins àMadagascar, que les deux élémentssuivants sont incontournables :

• l’engagement politique desresponsables du pays et desparties prenantes dans la mise enœuvre des actions ;

M. Abdoulaye NdiayeDirecteur de la protection civile,Ministère de l’intérieur,Dakar, Sénégal

Dans le cadre des programmes derenforcement des capacités à laprévention des catastrophes, lesprofessionnels de l’information,membres de l’Association descommunicateurs en environnement etdéveloppement durable (ACED), ontparticipé, les 22 et 23 mars 2005, àun atelier intitulé « Protection Civile– Environnement – Médias »organisé par la Direction de laprotection civile du Ministèresénégalais de l’intérieur. Au termedes travaux, les journalistes ontadopté un plan d’action et émiscertaines recommandations.

« Les médias ont une missionimportante à exercer dans le cadre del’information et de la sensibilisationdes populations en matière deprévention des catastrophes et deprotection de notre environnement, »a déclaré M. Abdoulaye NDiaye, leDirecteur de la Protection Civile auSénégal. C’était le 22 mars 2005, àl’occasion de l’ouverture de l’Atelieren question.

Quant au représentant du Syndicatdes professionnels de l’informationet de la communication du Sénégal

SENEGAL: Les journalistes à l’école de laprévention des catastrophes

(Synpics), il s’est appesanti sur lenaufrage du bateau « Le Joola »survenu le 26 septembre 2002,naufrage qui s’est traduit pard’importantes pertes en vieshumaines et des dégâtsconsidérables.

Cadre de partenariat, pland’actionSelon le dirigeant syndical, « cettecatastrophe et les calamités telles quela désertification, les feux debrousse, le péril acridien, l’érosioncôtière, les inondations, les tempêtes,les pollutions marine et urbaine, lescatastrophes chimiques, leseffondrements de bâtiments, lesaccidents de transport, interpellentcertes l’Etat mais également lesjournalistes ».

Les thèmes introduits par lesreprésentants de l’Administration etdes journalistes, ont porté sur :

• « La politique de prévention desrisques au Sénégal » par lereprésentant de la Direction de laProtection Civile ;

• « L’organisation des secours encas de catastrophe » par lereprésentant du Groupementnational des sapeurs-pompiers ;

• « Le traitement radiophonique del’information en matière

environnementale» par lereprésentant de la Radiodiffusiontélévision sénégalaise (médiapublic) ;

• « Médias et zones à risques » parle représentant de « SudQuotidien » (média privé) ;

• « Comment communiquer avec lapresse en cas de survenue d’unecatastrophe » par le Directeur dela station « FM Environnement »(média privé).

Au terme de leurs travaux, lesreprésentants de l’Association descommunicateurs en environnement etdéveloppement durable et ceux del’Administration ont défini un cadre departenariat et élaboré un plan d’actionsà court terme dont le suivi de la miseen œuvre est assuré par un comité depilotage présidé par le directeur de« FM Environnement ».

Les recommandations formulées àl’issue de l’Atelier ont porté, entreautres, sur les points suivants :développement de la culture de laprévention des risques à tous lesniveaux ; implication des journalistesdans la définition et la mise en œuvredes stratégies, programmes etpolitiques en matière de préventiondes catastrophes ; insertion de laprévention des catastrophes dans lesstratégies, politiques et programmes de

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• la mobilisation de ressourcesd’abord au niveau national dansl’intérêt de l’appropriation,ensuite au niveau international aunom de la solidarité et del’implication des donateurs et desinstitutions financièresinternationales dans ledéveloppement national.

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développement durable et de luttecontre la pauvreté et organisation desessions de formation et de visites surles sites à risques.

Recommandations1. Meilleure compréhension desquestions de protection civile, enparticulier de préventiondes catastrophes

• Renforcement des capacités desprofessionnels de l’information etde la communication:

• Organiser des sessions deformation sur les méthodes degestion des risques majeurs :accidents industriels, accidentsdomestiques, noyades, épidémies,accidents de transport, etc.

• Organiser des visites de terrainsur les zones à risques.

• Développer les connaissances desmembres de l’ACED et duSynpics.

2. Traitement de l’information enmatière de prévention decatastrophes

• Renforcement des capacités desprofessionnels de l’information etde la communication.

• Organiser des sessions deformation sur la gestion del’information en cas de crise et decatastrophe.

• Développer les connaissances desmembres de l’ACED et duSynpics.

3. Meilleure prise en compte desquestions de protection civile dansles organes de presse

• Plaidoyer auprès des services del’Administration.

• Elaborer un guide desjournalistes sur la prévention descatastrophes.

• Plus grande disponibilité desservices de l’administration

envers les représentants desmédias.

4. Information, éducation despopulations

Sensibilisation

• Impliquer l’ACED dans ladéfinition et l’exécution desprogrammes de prévention.

• Faire participer l’ACED auxexercices de mise en œuvre desplans ORSEC.

• Associer les journalistes auséminaire de restitution desrésultats de la Conférencemondiale sur la prévention descatastrophes, tenue à Kobé(Japon) en janvier 2005.

• Associer les leaders d’opinion.

• Développer la culture deprévention des risques au niveaude la population.

• Associer les professionnels del’information et de lacommunication au séminaire surla mise en place d’une plate-forme nationale sur la préventiondes risques au Sénégal.

• Impliquer les journalistes dans ladéfinition d’une stratégie intégréede prévention des catastrophes auSénégal.

• Renforcer la cellule Information -Relations Publiques des plansORSEC.

• Demander la création d’unefréquence radio à l’Agence derégulation destélécommunications (ART),fréquence utilisable uniquementen cas de situation d’urgence.

Développement de la culture de laprévention des risques au niveau dela population

• Mettre à contribution les médiasprivés par la diffusion del’information en cas de situationd’urgence.

• Organiser des émissionsradiophoniques et audiovisuellessur la prévention descatastrophes, en français et dansles langues nationales.

• Impliquer davantage lesprofessionnels de l’information etde la communication àl’organisation des Journéesmondiales sur la prévention descatastrophes, organiséesnotamment par l’ONU etl’Organisation internationale deProtection Civile (OIPC).

5. Meilleure implication del’ACED aux activités deprévention des catastrophes

Décentraliser

• Renforcer l’ACED avec les pôlesrégionaux.

• Créer une Division de lacommunication à la Direction dela protection civile.

• Renforcer les relations entrel’ACED et le bureau de Relationspubliques des sapeurs-pompiers.

• Organiser des rencontres entre lespôles régionaux et lescommissions régionales de laprotection civile.

6. Suivi du plan d’action

• Appropriation du plan d’action.

• Evaluation.

• Mettre en place un comité depilotage.

• Promouvoir le plan d’actionauprès du Gouvernement, duSynpics, des partenaires audéveloppement, etc.

• Réaliser un press book et unrapport d’activités.

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Dr Evelyne Solange N. LoubamonoDirecteur général adjointau Ministère de l’environnement,Libreville, Gabon

Libreville, la capitale du Gabon, sedéfinit par une multitude de bassinsversants dont les principales rivièresse jettent dans l’Estuaire du Como.Parmi ceux-ci, cinq ont étédénombrés, qui constituent à l’heureactuelle une véritable préoccupationpour les dirigeants. En effet, au fildes ans, les fonds des vallée de cesrivières ont été occupésprogressivement par les populationsdémunies matériellement etfinancièrement venues de l’intérieurdu pays sous l’impact de l’exoderural, à la recherche du bien-être envue de satisfaire la question desurvie.

La forte implantation de cespopulations dans ces fonds de valléea transformé ces milieux envéritables zones à risque où sedéveloppent tous les risques sociaux.Ces populations ont été ainsi depuistoujours exposées en permanenceaux risques d’inondations annuellesqui accentuent davantage leurvulnérabilité. Ces milieux instablessont devenues de véritablescomplexes et bassins de risques oùse déclenchent et évoluent denombreux risques en interaction,notamment les inondations, lesérosions, les pollutions, etc.… Parmices bassins versants à risque, laBatavéa a bénéficié de mesurespréventives pour pallier auxmanifestations des phénomènesd’inondations annuelles.

Origines et manifestationsdes inondations de la valléede la BatavéaLa vallée de la Batavéa regroupe unepopulation importante implantée

massivement et de manière disparatedans le lit d’inondation et sur lesversants instables de nombreux sous-affluents de premier ordre de larivière et en amont du cours d’eau.Cette population provient des neufprovinces du Gabon. Elle s’estimplantée dans les zonesabandonnées que sont les fonds devallées marécageux qui n’onttoujours pas fait l’objet d’un réelattrait. Cette population qui ne cessede s’accroître est de ce fait exposéeaux inondations annuelles quisévissent avec acuité pendant lesdeux saisons pluvieuses deseptembte-décembre et de mars-juin.Ces inondations sont liées auxprécipitations importantes quitombent sur la ville etparticulièrement sur l’ensemble dubassin versant. Elles sont accentuéespar les implantations humaineseffectuées de manière disparate dansle lit d’inondation qui entraînent lerehaussement du niveau de base de larivière et du débit du cours d’eaupendant les saisons pluvieuses.

Cette situation est à l’origine desinondations de plus en plusfréquentes et souventcatastrophiques.

En outre, la production des déchetsprovenant des nombreuses activitésménagères, des garages, deshôpitaux, des usines, des morgues,etc. déversés sans aucun traitementdans les cours d’eau transformés endépotoirs, notamment dans la valléede la Batavéa, entraînent desmodifications hydrodynamiques ducours d’eau par une sédimentationimportante. La Batavéa est devenueainsi un véritable bassin de risquesoù les laisses de crues, notammentles déchets hétéroclites, charriés etdéposés en période inondable,accentuent le processus de pollutionqui amplifie le phénomène desinondations.

De ce fait, le processusd’inondations annuelles devient deplus en plus fréquent dans la valléede la Batavéa. Mais, de tout temps,même en absence d’une occupationhumaine importante de la vallée, lesinondations se sont toujoursmanifestées avec beaucoup d’acuitéet ont entraîné des impacts aussi biensur le milieu physique que sur leshommes. Les enfants ont toujours étéla classe d’âge la plus vulnérable.

Impacts sur le géosystème, lesociosystème et l’HommeL’application de mesures préventivesdans la vallée de la Batavéa s’estavérée plus que jamais urgente. Eneffet, les impacts de la manifestationde ce phénomène sur le géosystème, lesociosystème et sur l’homme onttoujours été importants.

Sur le géosystème, les inondationsentraînaient la prolifération d’espècesvégétales dont la croissance est audépart favorisée par la morphologie dece fonds de vallée. Elless’accompagnaient souvent d’érosionsimportantes. Sur le sociosystème, leshabitations de fortune étaient souventemportées, ainsi que les ponts de boisservant de passage d’une rive à uneautre. Sur les hommes, la force ducourant entraînait des pertes humaines,les enfants particulièrement, et lesnoyades répétitives. Sur le plansanitaire, la période inondableaccentue le risque sanitaire, notammentles maladies hydriques: la bilharziose,la typhoïde, l’hépatite virale, ladysenterie, la diarrhée. Les risquesd’épidémie sont à cet effet importants.Le développement du paludismefavorisé par la création des maresconstitue un véritable risque sanitairepour les populations.

En outre, certaines sections de cettevallée représentent les zonesprivilégiées de prolifération de reptiles.

GABON: Un cas de réussite de la réductiondes risques de catastrophe dans la capitale

Prévention des catastrophes en Afrique

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 20

M. Yinka R. AdebayoAdministrateur hors classe chargé de laplanification stratégique,Organisation météorologique mondiale(OMM),

Genève, Suisse

Plus de 90 % des catastrophes

naturelles sont d’origine hydro-

météorologique. Cela, on le sait.

Mais que les changements

climatiques pourraient poser

des problèmes encore plus

graves pour l’Afrique? On n’en a

souvent qu’une vague

conscience. L’article ci-après

appelle l’Afrique à plus de

vigilance…

L’un des défis les plus pressants qui seposent aujourd’hui à l’Afrique est celui

Bref regard sur certaines préoccupations liéesaux catastrophes hydro-météorologiques enAfrique

de l’allégement de la pauvretéengendrée, entre autres, parl’insécurité alimentaire et la gestionnon durable des ressources agricoles etnaturelles.

Vu que les activités socio-économiques de divers pays africainsreposent surtout sur l’agriculture, etque l’agriculture est généralement lesecteur le plus sensible à la variabilitédu temps et du climat, on ne soulignerajamais assez le rôle joué par lesconditions météorologiques etclimatiques dans le développementdurable. Et on ne peut que se persuaderde la nécessité de prêter attention auxpolitiques et aux activitésopérationnelles touchant à certainespréoccupations liées aux catastropheshydro-météorologiques. Des effortssupplémentaires devraient donc être

investis dans des recherches plusperformantes et une planificationadéquate. Cela d’autant plus que leseffets adverses du temps et du climatsur les vies humaines et les biens nesont pas étrangers à un grand nombrede problèmes de développement enAfrique.

M. Yinka R. Adebayo

Analyse et Opinion

En période pluvieuse, elles sontentraînées par les eaux vers leshabitations où ils s’enfouissent ets’enroulent sous les lits dans les coinsobscurs. Ils constituent à cet effet unvéritable danger pour les populationsqui en sont exposées. Le risquesanitaire s’accentue ainsi sous l’impactdes morsures sur les populations parles reptiles.

Succès des mesurespréventivesFace à la montée des risques et dansl’optique de remédier aux effets desmanifestations des risques naturelsd’inondations, les autorités en placeont décidé d’appliquer des mesurespréventives efficaces basées sur laprotection de quelques sections dubassin versant par la création d’unsystème de canalisation de la sectionaval jusqu’à l’exutoire et de quelquesparties des sous affluents de la rivière.

Cette mesure visait aussil’assainissement d’une partie de lazone insalubre en vue d’améliorer àterme le cadre de vie des populations.Cette canalisation a permis ainsid’atténuer les phénomènesd’inondation qui sévissaient avecacuité dans le fonds de cette vallée.Durant les périodes inondables, onassiste aux phénomènes crues sansgrande importance. En dépit desinondations ponctuelles observées trèssouvent à l’exutoire, ces phénomènesn’ont plus été suivis de conséquencesgraves telles que les pertes humainesou les noyades. Ces inondationscatastrophiques ont été atténuées.

Les mesures préventives mises enplace ont constitué, à cet effet, un réelsuccès en dépit de la croissance et del’accumulation des déchets dans denombreuses sections du cours d’eauqui entraînent la montée rapide deseaux dans cette zone. A l’exutoire, le

phénomène de crues est accentué parle processus ponctuel du flux marinqui repousse les eaux continentales.Les crues dans cette zone sontfréquentes.

La réalisation de ce canal a été faite entenant compte de la crue maximale,c’est-à-dire la crue de projet. Ce qui aconcouru à atténuer le phénomène desrisques d’inondation dans ce coursd’eau. Le système de canalisation acontribué ainsi à amortir le phénomènede crues.

La mesure préventive mise en place neconstitue qu’un élément de laprévention. Il serait judicieux, en vuede parvenir à des résultats plusconséquents, d’appliquer les autresaspects de la prévention telles que laprécaution. Pour y parvenir, lasensibilisation des populations auxrisques encourus dans ces zones àrisque est à cet effet nécessaire.

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 21

Plus de 90 % des catastrophesnaturelles sont d’originemétéorologique ou hydrologiqueSi la nécessité de s’attaquer auxproblèmes liés aux catastrophesnaturelles s’apprécie donc mieux à lalumière de la variabilité du climat, onpeut également en dire autant del’impact possible des changementsclimatiques, surtout dans la périodeactuelle. Les changements climatiques,du fait de leurs effets prévisibles sur lebien-être de l’Homme etl’environnement, sont indubitablement,et tout simplement, une despréoccupations majeures de notretemps.

Il est donc nécessaire d’examiner uncertain nombre de préoccupationsfondées sur une bonne intelligence dufonctionnement des phénomènesclimatiques aux niveaux régional etmondial. Cela en vue de réponsesadéquates à des scénarios actuels et àdes anticipations du futur.

Une de ces préoccupations a trait àl’effet probable des changementsclimatiques sur la nature, l’ampleur, lacouverture spatiale et la périodicité descatastrophes d’origine hydro-météorologique. Maismalheureusement, nous avons encoredu chemin à faire pour biencomprendre et gérer les catastrophesnaturelles déjà connues sous lesscénarios météorologiques etclimatiques actuels.

Notons, en passant, que les statistiquesde ces dernières décennies font état dufait significatif suivant : plus de 90pour cent de toutes les catastrophesnaturelles sont d’originemétéorologique ou hydrologique, etl’impact de ces catastrophes sur lesmoyens d’existence est plus lourd enAfrique que sur les autres continents.

Les changements climatiquespourraient poser de plusgraves problèmes à l’AfriqueMais revenons aux changementsclimatiques. Le Troisième Rapportd’évaluation du « Groupeintergouvernemental d’OMM/PNUE1sur les changements climatiques »

prévoit un réchauffement de la planètede l’ordre de 1.4 à 5.8 degrés Celsiuspendant les 100 prochaines années.

De tels changements climatiques vonten principe engendrer, en Afrique, uncycle hydrologique plus rigoureuxcaractérisé probablement par unnombre plus élevé de sécheressesgraves en certains endroits et degrandes inondations en d’autres.

Cela tient au fait que de petitschangements au niveau des moyennesclimatiques peuvent produire deschangements relativement importantsau niveau de la fréquence desévénements climatiques extrêmescomme l’inondation et la sécheresse.Sur les zones côtières par exemple, unemontée du niveau de la mer, combinéeà des marées de tempête et à unemarée haute, peut provoquer degrandes inondations côtièrescomparables à celles rencontréesrégulièrement sur les grandes villescôtières d’Afrique de l’Ouest.

Dès lors, il est tout à fait normal deconclure que les changementsclimatiques peuvent poser desproblèmes encore plus graves àl’Afrique. Les sécheresses rencontréesau Sahel à la fin des années 60 et audébut des années 70 confirment cescraintes. De même que cescatastrophes naturelles récentesd’origine climatique qui avaient unimpact certain sur les populations etleurs biens : elles sont suffisammentgraves pour attirer l’attention desscientifiques et des décideurs sur desproblèmes liés au temps et au climat.

Au nombre de ces catastrophesnaturelles récentes est, entre autres,cette sécheresse grave qui s’estabattue, dans un passé récent, surplusieurs parties de la Corne del’Afrique ainsi qu’ en Afrique orientaleet australe.

Autre cas récent toujours en Afrique:ces grandes inondations de l’an 2000au Mozambique qui ont réduit de plusde 10 pour cent le produit national brut(PNB) de ce pays. Et que dire de cescyclones tropicaux qui représententune menace constante pour les paysinsulaires de l’Océan indien ?

Encore une fois, les plus touchés sontles sociétés fortement tributaires del’agriculture - et la majeure partie ducontinent africain relève de cettecatégorie. Elles sont les plus touchéesparce qu’elles sont moins aptes à faireface aux caprices des conditionsclimatiques du fait d’un savoir-fairetechnologique limité et des optionséconomiques réduites, et du faitqu’elles ont des problèmes de capacitéau niveau des ressources humaines,leurs compétences n’étant passuffisamment compétitives sur lemarché économique mondial.

Les points scientifiques« essentiels » méritent uneattention adéquate etconstanteAu vu de ce qui précède, unecollaboration s’avère nécessaire entreles nations, notamment au niveau ducommerce, du transfert destechnologies et du renforcement descapacités.

Un telle collaboration est égalementrequise entre ceux engagés dans lestravaux de projection des changementsclimatiques, les études d’impact et lesstratégies de réponse dans le cadre dela prévention des catastrophes. Il estalors urgent d’appliquer des mesuresrelatives à la planificationenvironnementale, à la mise encommun des données et desinformations, à des systèmes améliorésd’observation, à l’échanged’informations sur les meilleurespratiques, à une coopération techniquerenforcée et à une coopération étroiteavec les décideurs et le secteur privé.

Un certain nombre d’idées existentquant à la manière de distiller lesbonnes informations pour les passerensuite aux consommateurs/utilisateursciblés. Il est donc nécessaire de voircomment renforcer les capacités.D’ailleurs, les problèmes les plusimportants se ramènent généralementaux besoins en matière de formationet d’infrastructure.

Par ailleurs, sur la base des preuvesscientifiques disponibles, la questionest aussi de savoir comment amener

Analyse et Opinion

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 22

les décideurs à adopter des politiquesadéquates et applicables. Ainsi, ens’attaquant à ces problèmes relatifs auxcatastrophes liées au temps, à l’eau etau climat, nous devons, entre autreschoses, veiller à continuer d’accordertoute l’attention qu’il faut aux pointsscientifiques essentiels en appuyant lamise en place des infrastructuresnécessaires aux alertes précoces et auxanalyses qui s’y rattachent. Opter pourle contraire revient tout simplement àlaisser des vies humaines, des biensainsi que l’environnement à la mercides caprices destructrices de la nature.

Le défi qui se pose à l’AfriqueAu vu du péril engendré par unecertaine résignation face à la pesanteurdes problèmes socio-économiques, ilrevient aujourd’hui aux pays africainsde faire un usage accru des produitspréparés par la communauté deshydro-météorologues, agir avec uneplus grande efficacité, et parler à plushaute voix de la nécessité d’optimiserles opportunités non exploitées crééeséventuellement par des conditionsmétéorologiques et climatiquesfavorables.

Le défi et le problème gravitent parconséquent autour de la questionsuivante: où se trouvent-elles toutesces excellentes opportunités à saisir? Ilrevient aux décideurs - et auxtechniciens -, où qu’ils soient (dans lecadre de leurs contributions à lasociété), de les identifier et d’en tirerune stratégie efficace de mise à profitde ces opportunités, cela dans lemeilleur intérêt de l’humanité.

Il est donc essentiel, surtout enAfrique, de porter un regard plusconscient sur toutes les opportunitésexistantes. Cela d’autant plus qu’onn’a pas fait grand cas, pendant denombreuses années, des effets variésdes conditions atmosphériques, sousprétexte que l’humanité, les espècesbiologiques en général savent vivresous différentes conditionsmétéorologiques et climatiques. Maisfort heureusement, sous la pression desgrandes forces économiques ettechnologiques ainsi que celle d’unesophistication accrue au sein de la

société, le monde a fini par se rendrecompte que les ressourcesatmosphériques ne sont pasinépuisables, et qu’elles ont un impactconsidérable sur toute entreprisehumaine ainsi que surl’environnement.

En bref, le véritable défi qui se poseest de savoir comment œuvrer avec lesdépartements hydro-météorologiquespour une plus grande visibilité de lanécessité des alertes précoces hydro-météorologiques au sein des diverssecteurs d’activité de la société. Audépart donc, il s’agit d’une affaire decoopération.

Nouveau programme del’OMM sur la prévention et lamitigation des catastrophesA ce sujet justement, l’un des plusgrands exemples de mécanismes depromotion de la coopération mondialeest l’OMM, dont les infrastructures,considérables, s’étendent au mondeentier, particulièrement chez les 187pays, Etats et territoires membresqu’elle compte (du moins en 2004). Lacoopération entre les membres del’OMM a favorisé une meilleurecompréhension des conditionsmétéorologiques, climatiques et desressources aquifères au meilleur profitdu bien-être de l’humanité et del’environnement.

Puisque des efforts supplémentairesplus considérables sont requis pourune meilleure couverture des terres etdes océans en termes de collecte dedonnées, mais aussi de formation desressources humaines, il va sans direque le renforcement des capacités restecrucial. Conscient de la multiplicationrapide de ces besoins, l’OMM a mis enplace un « Programme pour laprévention et la mitigation descatastrophes ». Approuvé par le 14eCongrès météorologique mondial tenuen 2003, ce Programme est appelé àjouer un rôle très significatif. Il sepropose, entre autres, de contribuer àl’identification des grandes menaces etdes mesures adéquates à prendre àdifférents niveaux.

Le Programme a été également conçupour promouvoir l’échange de

connaissances et d’expériences. Et auniveau national, il renforcera lescapacités des Services de météorologieet d’hydrologie pour en faire deséléments essentiels des infrastructuresnationales de réduction des risques decatastrophe et d’une planificationsocio-économique élargie.

Ce Programme promeut également lamise en place de partenariats adéquatset synergiques aux niveauxinternational, régional et national, celadans l’optique d’une mise en commundes connaissances, des expériences etdes compétences des différentesorganisations impliquées dans laréalisation d’objectifs communs.

L’Afrique devrait faire lemeilleur usage possible duprogramme de l’OMMEn bref, ce Programme fait partie deces opportunités mentionnéesprécédemment. Il serait doncprofitable à l’Afrique d’en faire lemeilleur usage possible. Cela nouspermettrait, à nous tous, de parvenir àde meilleures prestations aux niveauxnational et international.

Les résultats attendus de ceProgramme de l’OMM se ramènent àceci : une réponse plus performante etplus efficace à des besoins humainsréels, notamment ceux relatifs à laprotection de la vie, del’environnement et du développementsocio-économique.

Il est à noter que d’autres programmessur les catastrophes naturelles sont encours. Ce Programme de l’OMM nevise qu’à renforcer ces autres actions.

Et puisque les pays africains sont enmesure de tirer un maximum de profitdes activités de ce Programme, il seraitpeut-être opportun que tous lesintervenants œuvrent ensemble pours’assurer que ledit Programme ait unimpact maximal sur les activités dedéveloppement en Afrique.

1 Organisation météorologique mondiale/Programme des Nations Unies pourl’environnement

Analyse et Opinion

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 23

Professeur ‘Bola AyeniUniversité d’Ibadan, Nigeria

La prévention commence par

l’information. Oui. Mais elle se

poursuit également avec

l’information. Y compris celles

relatives à la gouvernance et

au développement. L’article ci-

après est un extrait d’un

exposé plus exhaustif sur les

besoins du Nigeria dans ce

domaine.

La contexture écologique,économique, politique et socialed’un peuple influe généralement surles causes et les effets descatastrophes, que celles-ci soientnaturelles, technologiques,biologiques ou provoquées par desconflits internes. Ainsi, certainesactivités et actions de l’Hommepeuvent mener à des catastrophesmondiales de grande envergurecomme le tsunami du 26 décembre2004 dans l’Océan indien. Le facteurhumain qui intervient dans les causesde la montée du niveau de la mer oude l’aggravation du déboisementpeut carrément avoir des résultatsdésagréables. Les menaces d’unetragédie écologique d’origineanthropique se font en effet de plusen plus pressantes, de même que lapression exercée par la surpopulationsur l’environnement.

Entre-temps, l’approchetraditionnelle de la gestion descatastrophes se résume à l’apportd’assistance après les catastrophes. Ils’agit là certes d’une activitéextrêmement importante mais quis’avère cependant insuffisante. Selimiter à cette seule approche neconstitue pas une réponse agressive

REDUCTION DES RISQUES DE CATASTROPHE,GOUVERNANCE & DEVELOPPEMENT

Les besoins informationnels du Nigeria

et volontaire au besoin de réduirel’impact des catastrophes à venir surla population et l’environnement. Lescourants de pensée actuels, dans ledomaine de la gestion decatastrophes, font donc état de lanécessité d’un nouveau paradigmeaxé sur la réduction des risques decatastrophe et impliquant laparticipation des administrations etdes communautés locales dans lagestion de l’impact des catastrophes(Shaw & Okasaki, 2004).

Dans le cadre de ce paradigmeémergent, les pays et lescommunautés doivent accorder uneimportance plus grande à uneapproche globale de la réduction desrisques de catastrophe. Une telleapproche fait intervenir uneévaluation des risques, la réductiondes risques, l’alerte précoce et lapréparation contre les catastrophes,tout cela pour réduire de manièreefficace les coûts sociaux,économiques et écologiques descatastrophes.

Rapport entre réduction desrisques de catastrophe,gouvernance etdéveloppementIl est à noter tout d’abord que lescatastrophes ne sont pas des faitsisolés : elles résultent de diversprocessus d’accumulation de risquesdont les causes profondes résidentdans les décisions actuelles, récenteset passées prises en matière dedéveloppement. Elles résultent de lacombinaison entre aléas – qui sontdes événements ou des processussusceptibles de causer des dégâts –et vulnérabilité de la population àces aléas (DFID, 2004). Si unecatastrophe peut se produire du faitd’un seul aléa, les catastrophes

importantes sont cependant lasomme de nombreux événements demoindre importance provoqués parun ensemble d’aléas. L’impact descyclones ou des séismes peut, parexemple, à leur tour provoquer desglissements de terrain et des feux. Etla plupart des aléas sont des produitsdu processus de développement.Mais les catastrophes sont égalementde plus en plus perçues comme desmenaces potentielles sur lesinitiatives de développement durableet de réduction de la pauvreté, ainsique sur la réalisation des objectifs dedéveloppement.

Réduction des risques decatastropheLa réduction des risques decatastrophe cherche à anticiper lescatastrophes et à mettre en place,après l’apparition d’une catastrophe,un processus de réhabilitation quirétablit la capacité locale derésistance aux futures catastrophes.La réduction des risques decatastrophe se focalise, parconséquent, sur les politiques et lespratiques qui réduisent au minimumles pertes dues aux catastrophes, celaà travers des interventions visant àréduire au minimum les aléas, àréduire le degré d’exposition et desensibilité aux aléas et à améliorer lacapacité de réponse et d’adaptation.

GouvernanceLe terme “gouvernance” renvoiegénéralement à l’ensemble desinstruments utilisés par la populationd’un Etat partageant des valeursfondamentales communes pours’administrer au moyen de lois, derègles et de règlements dontl’application est assurée parl’appareil étatique (ONU/SIPC,2004). Elle implique un système devaleurs, des politiques et des

Analyse et Opinion

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institutions sur la base desquels lasociété gère ses affaireséconomiques, politiques et sociales àtravers une interaction entre l’Etat, lasociété civile et le secteur privé. Elleimplique également des processus etdes institutions à travers lesquels lescitoyens et les groupes exprimentleurs intérêts, exercent leurs droits,remplissent leurs obligations etrèglent leurs disputes.

Une bonne gouvernance se traduitpar l’existence d’un engagementpolitique et d’institutions solides entant que dispositifs clés de la réussited’une réduction efficace et durabledes risques de catastrophe. Unebonne gouvernance ferait, parexemple, de la réduction des risquesde catastrophe une priorité enmatière de politique, alloue lesressources requises pour réduire lesrisques de catastrophe, met enapplication les mesures de réductiondes risques de catastrophe, établit laresponsabilité des échecs, et facilitela participation de la société civile.Une bonne gouvernance établitégalement des rapports plus directsentre les composantes économiques,politiques et administratives de lagouvernance et de la réduction desrisques de catastrophe. Cela à traversdes politiques, la planification, à descadres juridiques et réglementairesappropriés, et à travers unemobilisation de ressources, desorganisations et des structures.

En l’absence d’une bonnegouvernance s’établissent lesconditions qui conduisent lespopulations émigrer à tout prix, à sedisputer sur des questions foncièresou d’autres ressources, à s’engagerdans des guerres civiles, dans desconflits ethniques ou dans d’autresformes de troubles. Ces conditionssont davantage aggravés par lapauvreté, la surpopulation et lapression sur l’environnement(Diamond, 2005).

DéveloppementSans verser dans la polémique sur lesens et l’interprétation du terme“développement”, entendons par

“développement” une croissanceéconomique qui s’accompagne d’uneamélioration du niveau de vie.Développement est donc synonymed’amélioration au niveau de lasociété en termes d’accès auxservices sociaux, d’acquisition debiens économiques, d’une plusgrande productivité et d’uneréduction des vulnérabilités (ONU/SIPC, 2004). Le rapport entredéveloppement et catastrophe est misen évidence dans le Tableau 1 ci-après.

Le Tableau 1 en question estimportant car il met en relief la véritésuivante : une catastrophe peutfreiner ou promouvoir ledéveloppement selon la gestion deson impact par les instancesdécisionnaires et exécutives del’appareil étatique. Si ledéveloppement est entrepris demanière positive, par exemple enaméliorant l’accès aux nouvellestechnologies ou en introduisantcelles-ci, alors il peur aider à réduireles risques, et les catastrophes elles-mêmes peuvent créer desopportunités pour introduire desaméliorations au développement lui-même.

Les questions abordées dans ceTableau 1 aident à harmoniser et àsystématiser les divers élémentsnécessaires à une réduction généraledes risques de catastrophe. Et du faitqu’elles constituent un ensemble decritères de référence pour l’efficacitédes mesures de réduction des risquesde catastrophe, et qu’ellesconstituent également un outil desuivi des progrès réalisés, elles nousdonnent une idée de l’ensemble desdonnées et des informations requisespour une réduction des risques decatastrophe, la gouvernance et ledéveloppement.

La place de l’informationMention a été faite précédemment dela nécessité d’un nouveau paradigmeau niveau de la conceptualisation dela gestion des catastrophes et de lanécessité, pour un tel paradigme, dese focaliser sur la réduction des

risques sans toutefois négliger leséléments Assistance et Réponserapide. Ce nouveau paradigme (voirAriyabandu et al, 2005) percevraitles catastrophes comme faisant partiede l’écologie qui devrait être plutôtgérée que contrôlée. En outre, iltraiterait les catastrophes en tant queproblèmes de développement et degouvernance, et rendrait lesgouvernements et les administrationslocales réceptifs, sensibles etresponsables vis-à-vis des requêtes,des doléances, des besoins et desdroits des communautés et des zonessujettes aux catastrophes.

Il ressort de ceci que les politiquesde gestion de catastrophes devraientêtre redéployées vers la réductiondes vulnérabilités plutôt que vers laréponse sous forme d’indemnisationet d’assistance. Les stratégies degestion des catastrophescomprendraient alors des mesuresrelatives à la construction(construction de digues, de bâtimentsrésistants, etc.) et des mesures nonrelatives à la construction telles quele renforcement des droits et dupouvoir de négociation descommunautés et des groupes les plusvulnérables. Enfin, les communautéssujettes aux catastrophe seraientimpliquées équitablement dans leprocessus de prise de décisionsrelatives aux catastrophes et à celuide la planification, de la mise enœuvre et du suivi du développement.

Par ailleurs, les études sur laréduction des risques et sur lesvulnérabilités occuperaient alors uneplace honorable au sein de la gestiondes catastrophes. Et la naturecomplexe et à facettes multiples descatastrophes prendrait toute sonimportance, nature particulière quirequiert des analyses et des solutionssous diverses perspectives : sociale,économique et environnementale.

La première étape, dansl’identification des besoinsd’information sur les risques liés auxaléas naturels, serait alors menéedans le cadre du processus de revuede l’état de l’environnement. Unetelle revue fait intervenir une collecte

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des informations sur les aléaspotentiels et sur la probabilitéd’apparition des aléas. Elle faitégalement intervenir une premièreévaluation des vulnérabilités.

L ’idéal serait que l’analyseenvironnementale portant sur lesaléas comprenne une collation desdonnées de base aux niveaux local,étatique (celui des Etats fédérés duNigeria), régional et national.L’évaluation des aléas naturels et desvulnérabilités qui s’y rattachentseraient alors menée dans le cadre detoutes les autres formes d’évaluationde projet. Des études complètesd’impact environnemental seraientnécessaires pour les nouveauxprojets mis en œuvre dans lesendroits à haut risque.

Il faudrait par ailleurs renforcer lacommunication, le dialogue et lepartage d’informations relatives auxvulnérabilités et aux initiatives etresponsabilités en matière deréduction des risques entre lesagences responsables de la gestiondes aléas et des catastrophes. Cesagences devraient mettre en place,

sous une forme ou une autre, despoints focaux chargés d’émettre desdirectives générales sur l’évaluationet le traitement des risques liés auxaléas naturels, et, par conséquent, dedisséminer les informations qui s’yrattachent.

Suivi-EvaluationLes besoins d’information del’activité Suivi-Evaluation seraientégalement d’une importanceparticulière pour la prévention descatastrophes. Et des méthodes decollecte et d’analyse de données(pour les activités de suivi-évaluation) doivent être élaborées.Certaines directives sont notammentrequises sur l’identificationd’indicateurs appropriés pour lesdifférentes formes que lescatastrophes peuvent prendre.

Toutefois, les systèmes d’alerteprécoce et d’information sont desoutils clés de l’atténuation del’impact des catastrophes. Et desefforts considérables doivent encoreêtre faits au Nigeria pour améliorerl’apport d’informations à court terme

anticipant les événementsclimatiques extrêmes, les cruessoudaines, les éruptions volcaniqueset les crises alimentaires. Ce sont làdes informations qui permettent deprendre à temps des actionsopportunes de gestion decatastrophes.

Par ailleurs, il faudrait également dessystèmes d’information pour appuyerune évaluation et un suivi à plus longterme des risques. De tels systèmesdevraient se focaliser tant sur lesvulnérabilités que sur les aléas afinqu’elles puissent servir de base à desinitiatives de réduction des risquesde catastrophe menées dans le cadredu développement.

L’effort considérable mis, dansplusieurs parties du continentafricain, dans les systèmes d’alerteprécoce sur la sécurité alimentaireont généralement porté leurs fruitsen ce qui concerne l’évaluation àtemps des conditions saisonnièrespour les récoltes et les pâturages.Ces systèmes ont débouché sur desestimations des stocks alimentairesnationaux et, plus récemment, sur

Tableau 1: Rapport entre développement et catastrophe

Tableau dressé à partir de l’ouvrage intitulé “Reducing Disaster Risk: A Challenge for

Development” [Réduire les risques de catastrophe: un défi pour le développement]

(PNUD 2004, p.20)

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l’identification des conséquences deces estimations sur les diversescatégories de moyens de subsistance.Ce sont là des résultats tout à faitlouables révélateurs du fait que desrésultats semblables pourraient êtreégalement obtenus pour d’autresaléas et d’autres catastrophes danslesquels la fonction importante dessystèmes d’alerte précoceconsisterait à communiquer lesalertes directement aux populationstouchées.

Il serait également crucial pour lagestion des catastrophes d’intégrerles systèmes d’alerte précoce auxsystèmes d’alerte au public,d’évacuation et de réponse d’urgenceà travers divers secteurs. A cet effet,et pour parer à l’inefficacité dessystèmes centralisés opérant du hautvers le bas, ces systèmes devraientêtre à base communautaire car ilspeuvent ainsi être plus directementintégrés aux stratégies de réponselocale et de réduction des risques.Mais en dépit de leur grande utilité,les systèmes d’alerte précoce etd’information ont cependantquelques limites importantes: (1) leurcapacité relativement limitée deproduction ou d’acquisition degrands volumes de données, ycompris celles issues de latélédétection; (2) la faiblesse qui enrésulte pour eux dans l’analyse etl’interprétation; (3) leur incapacité,dans certains cas, à communiquerconvenablement leurs constatationset leurs conclusions aux intervenantssous une forme incitant à l’action.

Il n’en reste pas moins qu’une placehonorable est accordée, dans laréduction des risques de catastrophe,à la collecte, au traitement et àl’archivage d’informations à des finsd’accès à temps réel et pour que cesinformations soient utiles à laconception, à la planification, à lamise en œuvre et à l’évaluationd’impact de tout projet dedéveloppement touchant àl’environnement.

Il serait, par conséquent, nécessairede disposer d’une matriced’informations et de connaissancessur les diverses perspectives dans

l’espace et le temps, ainsi que d’uneappréciation des diverses interactionsqui s’y rattachent.

Il ressort de ceci que ladétermination des besoins eninformation est une exigencefondamentale de l’integrationbénéfique d’informations relatives àl’environnement et aux ressourcesdans les processus de réduction desrisques de catastrophe, degouvernance et de développement.Le développement durable a besoind’informations techniquement etscientifiquement fondées sur lanature, la situation géographique,l’ampleur, la qualité, la capacité, letaux d’utilisation et l’impact deschangements provoqués par la natureet l’Homme.

L’interdépendance qui caractériseces questions sur lesquelles nousnous penchons exige des solutionsinterdisciplinaires etintersectorielles; solutions qui à leurtour exigent une collecte,l’intégration et la gestion d’unevariété de données et d’informations.A ce sujet, les informations requisespour mener des études relatives à laprévention des catastrophes, à lagouvernance et au développementsont, entre autres, les suivantes:

a) des cartes affichant desinformations de base sur lesdonnées politiques, topogra-phiques, hydrographiques,démographiques, etc. des régions,des Etats [fédérés du Nigeria] etdes circonscriptions gérés par desadministrateurs locaux;

b) des inventaires des composantesbiophysiques de l’environnement(sol, eau, végétation, géologie,climat, etc.) à des fins deréférence sur la situationgéographique, l’ampleur, lespropriétés et les caractéristiquesde chaque composante;

c) des informations sur l’utilisationactuelle, la capacité et lessystèmes de gestion desressources requis;

d) des informations sur les activitésde développement humainmenant à des changements

dynamiques au niveau desressources naturelles etécologiques, changements quid’habitude ne favorisent pasl’apparition d’aléas, donc decatastrophes;

e) le suivi des paramètres dedétermination ou d’identification,dans le temps, des effets tantpositifs que négatifs des activitésde développement ainsi que de lagouvernance sur la réduction desrisques et la gestion descatastrophes.

Le volume des données requisespour produire des informationspertinentes ainsi que la multituded’intérêts à satisfaire en vue d’uneréduction durable des risques decatastrophe exigent la mise en placede technologies de géo-informationtelles que la télédétection, le Systèmemondial de localisation (GPS enanglais) et le Système d’informationgéographique (SIG). Cestechnologies devraient êtrecomplétées par la technologie decommunication satellitaire qui s’yrattache, technologie qui renforce latransmission de l’information. Ilrésulte de faits nouveaux récentssurvenus à la NEMA (Agencenationale de gestion des urgences),de la mise en place du MissionControl Centre (Centre de contrôledes missions) et de la mise sur piedd’un Laboratoire de systèmesd’information géographique à partentière, il résulte de tout cela que laNEMA est aujourd’hui en mesure detirer grandement profit destechnologies précitées.

Mais cela implique également qu’ilest temps et opportun d’accorder uneplus grande importance aurenforcement des capacités au seinde la NEMA en général - et au seinde son Département de laplanification, de la recherche et desprévisions en particulier. Cela afinque cette agence puisse se mettre audiapason du changementd’orientation de la gestion descatastrophes et des apportsbénéfiques de ces technologiesmodernes.

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ConclusionLe présent exposé démontreclairement le besoin d’une collectesystématique de données et de laprésentation de celles-ci sous formed’informations sur les aléas et lescatastrophes, de profils et de cartes.En se focalisant sur la création desystèmes d’informations relatives àla gestion des catastrophes et desaléas, on s’oriente également vers lamise au point d’outils d’évaluationdes aléas, des vulnérabilités et desrisques relatifs aux catastrophes. Detels outils permettent de dresser desrapports périodiques sur le degréd’exposition aux aléas naturels d’unepart, et sur les tendances et leschangements de ce degréd’exposition d’autre part. Tout celaprofite à la mise en place d’un réseauintégré d’informations sur les aléas etles vulnérabilités, réseau dont lesdivers échelons de l’appareilétatique, le secteur privé, le grandpublic et tous les intervenants ontbesoin.

En outre, le système d’informationssouhaité faciliterait les recherchessur les facteurs d’aggravation desaléas et des vulnérabilités et sur lesmesures nécessaires à la réduction de

ces vulnérabilités. Un tel systèmeconduirait à la mise au point deméthodologies d’analyse des aléas etd’indicateurs de vulnérabilité et derisque. Il permettrait également dedisséminer les résultats desrecherches et les méthodologies - parle biais de réseaux d’informations etd’autres conduits - pour favoriserune plus grande prise de consciencevis-à-vis des aléas naturels etanthropiques et pour promouvoir lapréparation contre ceux-ci.

Par ailleurs, en fournissant desinformations sur les caractéristiquesphysiques et socio-économiques despopulations et des territoires sujets àdes aléas et à des catastrophes, leditsystème d’informations peutconduire à l’élaboration d’un atlas.Un tel atlas indiquerait l’apparitionde catastrophes dans le pays et dansses entités administrativessubalternes (Etats fédérés etadministrations locales). Un tel atlasservirait de guide au gouvernementet à la population sur les incidencesdes catastrophes. Il révéleraitégalement les conséquencesmajeures des catastrophes qui se sont

produites, favoriserait la prise deconscience, aiderait à la préparationcontre les aléas et permettrait de voircomment mieux résister à ceux-ci.

Ouvrages & publications deréférenceAriyabandu, M.A; T. Dissanaike and R.L.Weragoda eds. (2005) Meeting the Challenge

of Disasters - ITDG South Asia Publication.

DFID (2004) Disaster Risk Reduction: A

Development Concern: A Scoping Study on the

Link Between Disaster Risk Reduction, Poverty

and Development. Department for InternationalDevelopment.

Diamond Jared (2005): Extracts From How

Societies Choose to Fail or Survive. GuardianUnlimited © Guardian Newspapers Limited2005, http://www.guardian.co.uk/guardianweekly/story/0,12674,1389650,00.html

Rajib Shaw and Kenji Okazaki (2004)Sustainable Community Based Disaster

Management (CBDM) Practices in Asia. A

User’s Guide. UNCRD Disaster ManagementPlanning Hyogo Office, Kobe Japan.

UN/ISDR (2004) Disaster Risk Reduction,

Governance and Development. InternationalStrategy for Disaster Reduction (ISDR) AfricaEducational Series, Volume 2, Issue 4.

UN/ISDR (2004) Poverty Reduction and

Disaster Risk Reduction. International Strategyfor Disaster Reduction (ISDR) AfricaEducational Series, Volume 2, Issue 5.

Dr. Chris HartnadyUmvoto Africa (Pty) Ltd,PO Box 61, Muizenberg,Afrique du Sud 7950

([email protected])

Une pente continentale

escarpée et des îles

volcaniques isolées se

trouvent dans l’ouest de

l’Océan indien. Les parties qui

leur sont adjacentes posent-

elles des risques de tsunami

sur la côte est-africaine et les

îles de l’Océan indien? « Oui »,

affirme un spécialiste des

sciences de la Terre…

Un très fort séisme (Mw9.3) s’est

produit le 26 décembre 2004 auSumatra en Indonésie et dans les îlesAndaman voisines de la Thaïlande,provoquant un tsunami dévastateurdans l’Océan indien, surtout sur lesrives orientales et septentrionales decelui-ci. Après ce tragiqueévénement, une question vient àl’esprit des spécialistes des sciencesde la Terre en Afrique: pourrait-onvoir un tsunami local et régional seproduire dans la partie ouest del’Océan indien, notamment sur lacôte orientale africaine et les Etatsinsulaires avoisinants? Etant donnél’existence d’une pente continentaleescarpée et d’îles océaniques

volcaniques isolées justement danscette partie ouest de l’Océan indien?A cette question, la réponse la plussimple est « oui ».

Trois grandes catégories de sourcesde tsunami existent effectivementdans cette partie ouest de l’Océanindien :

1. la formation de failles dechevauchement liées à lasubduction dans la zone desubduction de Makran entre lesplaques Arabie et eurasienne(rectangle du haut sur laFigure 1) ci-après ;

2. des éboulements sous-marins degrande envergure sur les marges

De la possibilité d’apparition de tsunamis sur lacôte est-africaine et les îles de l’Océan indien

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 28

continentales, éboulementshérités généralement de frontièrestransformantes de grandeenvergure datant du début deformation du (proto) Océanindien (autres rectangles sur laFigure 1) ; et

3. des éruptions ou effondrementsde flanc d’une île océaniqueactive ou de volcans “de pointchaud” dans l’ouest de l’Océanindien (cercles sur la Figure 1).

Un tsunami provenant de lazone a fait plus de 4.000morts en 1945A noter qu’à la suite d’un fort séisme(Mw 8.0), un tsunami parti de lazone de Makran le 28 novembre1945 a fait au total plus de 4.000morts. Ce tsunami, d’une hauteursupérieure à 10 m le long de la côtepakistanaise et à Kutch dans leGoudjerât en Inde, a complètementeffacé de la carte un village depêcheurs dénommé Khudi, situé àprès de 50 km à l’ouest de Karachi(Pakistan).

La zone de Makran a certes été detout temps tsunamigénique, mais lepotentiel tsunamigénique des autressources doit également être évalué àpartir de certains éléments

géologiques et géophysiques marinsexistants. Et à ce sujet, deux endroitsprésentent un potentield’éboulements sous-marins à grandeéchelle : 1) la zone de graben desKerimbas située le long de la margecontinentale du sud de la Tanzanie etdu nord de la Mozambique ; 2) lazone de méga-éboulements de laWild Coast située au large de la côtesud-est d’Afrique du Sud entre lesprovinces de Kwazulu-Natal et duCap Oriental.

Des éboulements sous-marins entre Beira et Dar esSalam en 1910Des éboulements sous-marins ont enfait été déjà observés de manièreindirecte autour de la zone desKerimbas. A la suite d’un grandséisme (M

s7.4) qui s’est produit le

13 décembre 1910 (Ambraseys,1991) dans un endroit éloigné de lacôte près du sud du Lac Tanganyikaet du Lac Rukwa, des éboulements etdes courants de turbidité nonsignalés ont fait des coupures – encinq endroits – sur le câbletélégraphique Beira-Dar es Salam.Mais aucune vague de tsunami n’aété à l’époque observée ou, dumoins, enregistrée sur la côtevoisine.

Sachons que les possibilités d’unéboulement à grande échelle dans legraben des Kerimbas (rectangle vertdu nord sur la Figure 1) reposent surla conjugaison des éléments suivants:

1. l’inclinaison relative de la pentecontinentale formée comme rejethorizontal ou limite faillée parune transformante lors del’ouverture du Bassin somalienentre l’Afrique et Madagascar(Martin et Hartnady, 1986);

2. la réactivation sismique deslignes de fracture de Davie dansle cadre de l’évolution en coursde la limite de plaque Somalie-Rovuma (Hartnady, 2002; Calaiset al., 2005); et

3. le taux accru de sédimentationpléistocène-holocène autour dudelta de la plate-formecontinentale du fleuve Rovuma,suite à un soulèvement et à uneérosion au niveau des eaux degraben en amont. En outre, ilexiste des preuves de sismique-réflexion d’une déformationgéologiquement récente au piedde la pente continentale, parexemple des chevauchementsgravitaires énormes (Raillard,1990).

Eboulement sous-marinrécent au large de la côtesud-africainePar ailleurs, en ce qui concerne laWild Coast située au large de la côtesud-est d’Afrique du Sud entre lesprovinces de Kwazulu-Natal et duCap Oriental, Dingle (1977) a été lepremier à signaler l’existence depreuves géophysiques marines d’unéboulement sous-marin récent sur lapente continentale au large de cetteWild Coast (rectangle vert du sudsur la Figure 1).

Les structures de cet éboulementapparaissent sur des profils desismique-réflexion dressés à des finsd’exploration pétrolière offshore(Ben-Avraham et al., 1998, Fig. 5).Le navire de recherche RV ProfessorLogachev (Hartnady et al., 1992) aégalement fourni d’autres profils de

Figure 1. Sources de risques de tsunami à l’ouest de l’Océan indien (se référer autexte pour les explications)

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WIOHazards

Subduction

Slopelandslides

Oceanicvolcanoes

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 29

sismique-réflexion d’un côté àl’autre de leurs marges extérieures(Niemi et al., 2000; Reznikov et al.,2005, Fig. 4-7). Cet endroit, notons-le, représente un prolongement oupropagation offshore du sud de lalimite sud de la Plaque somalo-nubienne (Hartnady, 2002).

Un volcan extrêmementpréoccupant aux ComoresPour ce qui est de la troisièmecatégorie de sources de tsunami,celle-ci a trait aux activités desvolcans actifs et intra-plaques decertaines îles océaniques de l’ouestde l’Océan indien, notamment leKarthala aux Comores, le Piton de laFournaise à l’Ile de la Réunion etMarion à quelques 2.000 km au sudde la ville sud-africaine du Cap (lestrois cercles rouges de la Figure 1,respectivement du nord vers le sud).

Parmi ces trois volcans, le Karthalaest actuellement le plus préoccupant.Un rapport (Rapport No 1 sur l’étatde la situation) du Bureau de l’ONUpour la coordination des affaireshumanitaires (OCHA) en date du 18avril 2005 indique, entre autres, quelors de la dernière éruption de cevolcan (du 17 au 19 avril 2005), lesautorités comoriennes se sontmontrées préoccupées par lapossibilité d’une « coulée souterrainede lave susceptible de vomir dans lamer et d’augmenter les dimensionsd’une petite île qui avait émergé, aucours des mois précédants, à 15 kmau large de la côte ».

Or, la carte hydrographique couvrantl’Archipel des Comores, par exemplela carte BA563 de l’Amirautébritannique en date de 1993, indiqueque les récifs du Récif Vailheupeuvent atteindre une profondeur de5 m au dessous du niveau de la meret qu’ils sont situés à environ 15 kmde la côte ouest de l’île de GrandeComore. On peut alors présumer quece sont ces récifs qui ont « émergé »pour devenir une « petite île ».

Manifestement, un soulèvementvertical d’au moins 5 m s’est produit

là pendant les 10 dernières annéessans aucune indication visibled’effusions souterraines de lave(vapeur, décoloration, etc.), ce quisemble impliquer l’existence d’uneinflation significative récente d’unechambre magmatique située plus enprofondeur sous le flanc ouest dumassif volcanique, un flanc abrupt ettopographiquement complexe.

Des explorations urgentessur le terrain sont requisesEtant donné que les éruptions/effondrements sur le flanc des grandsvolcans (sous-) marins peuvent être àl’origine de tsunamis, et quel’endroit est situé à proximité d’uncertain nombre de grandes villesportuaires est-africaines (lemaximum de temps d’alerte –indiqué sur la Figure 2 - pour Pemba,Dar es Salam et Mombassa étantrespectivement < 0.5 heure, ~1 heure

et ~1,5 heures), la situation justifievraisemblablement la conduited’explorations urgentes sur leterrain, explorations menées à partirtant de la terre que d’un navire.

Par ailleurs, au lendemain dutsunami désastreux du 26 décembre2004, il ne faudrait surtout pas queceux qui sont chargés de la mise enplace du futur Système d’alerte auxtsunamis dans l’Océan indien soientcomme une « armée qui se prépareen permanence à la toute dernièrebataille ». Car le prochain tsunamidésastreux de la région peut provenird’une autre source qui n’a rien à voirà la plaque est-indienne ouaustralienne.

En bref, le futur Système d’alerte auxtsunamis dans l’Océan indien devraitratisser aussi large que possible enprenant également en considérationles sources de tsunami situées dansl’ouest de l’Océan indien.

FIGURE 2. Modèle de tsunami d’effondrement de flanc sous-marin sur l’ouestdu volcan du Karthala (Hartnady, Annunziato et Best, en préparation) : les

isochrones rouges sont dessinées à des intervalles d’une heure comptées àpartir du temps d’origine

Voir le site web suivant du Centre commun de recherche de la Commissioneuropéenne: http://tsunami.jrc.it/model/Reports/16340/report.asp?id=16340

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 30

Ouvrages de référenceAmbraseys, N.N., 1991. The Rukwa

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Ben-Avraham, Z., Hartnady, C.J.H., andKitchin, K., 1998. Structure and Tectonics of

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Secrétariat de l’ONU/SIPCGenève, Suisse

La 2e Conférence mondiale sur laprévention des catastrophes s’estdéroulée à Kobé, dans la préfecture deHyogo au Japon, du 18 au 22 janvier2005. Réunissant plus de 4.000participants représentant 168 pays, 78organisations observatrices, 161 ONGet 154 maisons de presse, cetteconférence a fait le bilan des progrèsréalisés dans le domaine de laréduction des risques de catastrophedepuis la 1ere Conférence mondiale de1994 (tenue à Yokohama également auJapon) et arrêté des plans pour les 10prochaines années.La Conférence s’est déroulée selontrois processus: un segmentintergouvernemental, un segmentthématique et un forum public.

Le Segment intergouvernementalLe Segment intergouvernemental,auquel a pris part des délégations de160 Etats membres de l’ONU, apermis aux délégués de faire desdéclarations générales sur desquestions relatives à la prévention descatastrophes. En plus de la Plénière, unComité principal (Comité derédaction) a été mis sur pied pour lesnégociations et les travaux derédaction. Au dernier jour de la

Conférence, le président du Comité derédaction a présenté les versionsfinales des textes des documents issusdes négociations (« Le Cadre d’actionde Hyogo » et « La Déclaration deHyogo ») pour les soumettre àl’adoption de la Conférence.

le Segment thématiqueLe Segment thématique a été conçu demanière à compléter les discussionsmenées au niveau intergouvernementalsur le(s) programme(s) adopté(s) par laConférence.

Ce segment était composé de troisTables rondes de haut niveau et d’un

2e CONFERENCE MONDIALE SUR LA PREVENTION DESCATASTROPHES : travaux & résultats

certain nombre de Sessionsthématiques regroupés sous cinqGroupes thématiques, ainsi que deSessions régionales. Ce segment, quioccupait la majeure partie de laConférence, a offert un grand nombrede manifestations dans tous lesdomaines connexes à la réduction desrisques de catastrophe. Les Groupesthématiques furent dirigés par desreprésentants des Etats avec l’appuides agences onusiennes.

Forum publicLe Forum public, ouvert au grandpublic et aux participants à la

L’ouverture de la 2e Conférence mondiale sur la prévention des catastrophes

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 31

Conférence, se composait d’ateliers,de stands d’exposition etd’expositions de poster. Attirant prèsde 40.000 visiteurs (y compris lesparticipants à la Conférence), ceforum a permis aux organisationsprésentes de faire la promotion deleurs activités (par des présentations,des posters et des expositions) et detenir des débats ouverts au public,des séminaires ainsi que diversesautres manifestations.

A noter que les organisateurs de laConférence comprenaient desgouvernements, des agencesonusiennes, des organisationsinternationales, des ONG, desorganes techniques et le secteurprivé.

Les objectifs de la ConférenceCette 2e Conférence mondiale sur laprévention des catastrophes a étéconvoquée sur décision del’Assemblée générale de l’ONU envue des cinq objectifs spécifiquessuivants:

(a) finaliser et dresser le rapportd’une Revue de la Stratégie deYokohama et de son Pland’action pour actualiser leCadre directeur de la préventiondes catastrophes pour le 21esiècle;

(b) identifier des activités biendéterminées qui permettentd’appliquer certainesdispositions du Plan deJohannesburg pour la mise enœuvre des résolutions duSommet mondial du 2002 sur ledéveloppement durable :dispositions sur lesvulnérabilités, l’évaluation desrisques et la gestion descatastrophes;

(c) procéder à un partage desbonnes pratiques et desenseignements tirés, afin defaire avancer la prévention descatastrophes dans le contexte dela poursuite du développementdurable, et d’identifier leslacunes et les défis;

(d) faire une plus grandesensibilisation sur l’importance

des politiques de prévention descatastrophes, ce qui permet defaciliter et de promouvoir lamise en œuvre de ces politiques;

(e) améliorer la fiabilité desinformations relatives auxcatastrophes et les rendre plusaccessibles au public et auxagences de gestion descatastrophes dans toutes lesrégions, tel que le stipulentcertaines dispositions du Plande Johannesburg pour la miseen œuvre des résolutions duSommet mondial de 2002 sur ledéveloppement durable.

But final recherchéAu vu de ces objectifs et desconclusions de la Revue de laStratégie de Yokohama, les Etats etles autres acteurs présents à laConférence devaient poursuivre lebut final suivant dans les 10prochaines années: réductionsignificative des pertes dues auxcatastrophes dans les communautéset dans les pays, pertes en vieshumaines, pertes dans le secteursocial et économique, pertes dans lesecteur de l’environnement.

La réalisation de ce but exige leplein engagement et l’implicationtotales de tous les acteurs concernés,y compris les gouvernements, lesorganisations régionales etinternationales, la société civile(dont les volontaires), le secteurprivé et les milieux scientifiques.

La Stratégie de Yokohama :enseignements tirés etlacunes identifiéesAdoptée lors de la 1ere Conférencemondiale de 1994 sur la préventiondes catastrophes, la « Stratégie deYokohama pour un monde plus sûr :Principes directeurs pour laprévention, la préparation et lamitigation des catastrophesnaturelles » et son Plan d’action (letout connu sous l’appellation brèvede « Stratégie de Yokohama »)fournit des orientations et des pointsde repère sur la réduction des risqueset de l’impact des catastrophes.

La revue des progrès réalisés dans lamise en œuvre de la Stratégie deYokohama identifie des défismajeurs pour les prochaines années,défis au niveau de la prise d’actionssystématiques sur les risques decatastrophe dans le contexte dudéveloppement durable maiségalement au niveau du renforcementde la résistance face aux catastrophespar de meilleures capacitésnationales et locales à gérer et àréduire les risques.

La revue souligne qu’il est importantque la réduction des risques decatastrophe soit étayée par uneapproche plus anticipative etagressive de l’information, de lamotivation et de l’implication despopulations dans tous les aspects dela réduction des risques decatastrophe au sein de leurs proprescommunautés locales. La revuerelève également la faiblesse desressources allouées par les budgetsde développement aux objectifs deréduction de risques au niveaunational et régional ou à partir de lacoopération internationale et desmécanismes financiers. Mais la revuefait remarquer également que lesressources existantes et les pratiquesétablies n’ont pas été encore exploitéesà fond en vue d’une réductionvéritablement efficace des risques decatastrophe.

Enfin, la revue relève des lacunes bienprécises et des défis importants dansles cinq grands domaines suivants: (a)Gouvernance : cadre organisationnel,cadre juridique et politique générale;(b) identification et évaluation desrisques, suivi et alerte précoce; (c)gestion des connaissances etéducation; (d) réduction des facteurssous-jacents; (e) préparation en vued’une réponse et d’un redressementefficaces.

Tels sont les points clés pourl’élaboration d’un bon cadre d’actionpour la décennie 2005–2015.

Résultats de la ConférenceLes quatre documents suivants sontles principaux résultats de cette 2eConférence mondiale sur la prévention

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des catastrophes. Ces documentstraduisent un engagement vigoureux dela communauté internationale às’atteler à la prévention descatastrophes et à adhérer à un pland’action résolu, axé sur les résultatspour les 10 prochaines années:1. Revue de la Stratégie et du Plan

d’action de Yokohama pour unmonde plus sûr.

2. Déclaration de Hyogo (voirl’intégralité du document plus bas).

3. Cadre d’action de Hyogo pour2005-2015 : Pour des nations etdes collectivités résilientes face auxcatastrophes.

4. Déclaration commune de la Séancespéciale consacrée à la catastrophedans l’Océan Indien : Réduction

des risques pour un avenir plussûr.

* Pour de plus amples informations sur cetteConférence mondiale et ses résultats,veuillez accéder au site web www.un.org/wcdr

Déclaration de HyogoNous, délégations participant à la Conférence mondiale sur la prévention des catastrophes, nous sommes réunies du 18 au22 janvier 2005 dans la ville de Kobé (préfecture de Hyogo, Japon), ville qui s’est admirablement relevée du grandtremblement de terre de Hanshin-Awaji du 17 janvier 1995.

Nous adressons nos sincères condoléances et exprimons notre sympathie et notre solidarité à toutes les populations etcollectivités touchées par des catastrophes, en particulier à celles durement frappées par le tremblement de terre et letsunami d’une violence sans précédent et aux effets dévastateurs survenus dans l’Océan Indien le 26 décembre 2004. Noussaluons les efforts que celles-ci, leurs gouvernements respectifs ainsi que la communauté internationale ont déployés pourfaire face à cette tragédie et la surmonter. En écho à la Réunion extraordinaire des dirigeants de l’Association des nationsde l’Asie du Sud-Est consacrée aux conséquences des tremblements de terre et des tsunamis, tenue à Jakarta le 6 janvier2005, nous nous engageons à les aider, notamment pour qu’elles puissent prendre des mesures appropriées aux fins de laprévention des catastrophes. Nous sommes également convaincues que les enseignements tirés de cette catastrophe valentaussi pour d’autres régions. À cet égard, la séance spéciale que la Conférence mondiale a consacrée à la catastropheprovoquée par les récents tremblements de terre et tsunami, envisageant celle-ci dans l’optique de la réduction des risques,a débouché sur l’adoption de la «Déclaration commune de la séance spéciale consacrée à la catastrophe dans l’OcéanIndien : Réduction des risques pour un avenir plus sûr».

Nous reconnaissons que la communauté internationale a acquis une vaste expérience de la réduction des risques decatastrophe dans le cadre de la Décennie internationale de la prévention des catastrophes naturelles, puis de la Stratégieinternationale de prévention des catastrophes. Depuis la Conférence de Yokohama de 1994, en particulier, en prenant desmesures concrètes conformes à la Stratégie et au Plan d’action de Yokohama pour un monde plus sûr, nous avons apprisbeaucoup, notamment au sujet des lacunes à combler et des défis à relever. Néanmoins, nous constatons avec une profondepréoccupation que, partout dans le monde, les collectivités continuent de subir des pertes excessives, pertes de précieusesvies humaines et de biens matériels de grande valeur ainsi que de graves dommages, qu’elles restent contraintes à desdéplacements massifs suite à diverses catastrophes.

Nous sommes convaincues que les catastrophes compromettent gravement, à très bref délai, les résultats desinvestissements consacrés au développement et qu’elles demeurent donc un obstacle majeur à l’instauration d’undéveloppement durable et à l’élimination de la pauvreté. Nous savons aussi que les investissements consacrés audéveloppement qui ne tiennent pas dûment compte des risques de catastrophe sont susceptibles d’accroître la vulnérabilité.Faire face aux catastrophes et les prévenir de façon à permettre le développement durable des nations et à le conforterconstituent donc l’un des défis les plus importants que la communauté internationale ait à relever.

Nous sommes déterminées à réduire, partout dans le monde, les pertes en vies humaines, les pertes socio-économiques et lesatteintes à l’environnement causées par les catastrophes, conscientes de l’importance de la coopération, de la solidarité etdes partenariats internationaux, ainsi que de la bonne gouvernance à tous les niveaux. Nous réaffirmons le rôle capital dusystème des Nations Unies dans la réduction des risques de catastrophe.

En conséquence nous déclarons ce qui suit:

1. Nous nous attacherons, en prenant appui sur les engagements et cadres internationaux pertinents, ainsi que sur lesobjectifs de développement convenus à l’échelon international, notamment sur ceux énoncés dans la Déclaration duMillénaire, à renforcer partout dans le monde les activités de prévention des catastrophes pour le XXIe siècle. Lescatastrophes sont extrêmement préjudiciables aux initiatives prises à tous les niveaux pour atténuer la pauvreté dans lemonde; l’impact des catastrophes demeure un obstacle majeur au développement durable.

2. Nous reconnaissons qu’il existe un lien profond entre la prévention des catastrophes, le développement durable etl’élimination de la pauvreté, notamment, et qu’il importe d’associer toutes les parties prenantes, notamment les

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 33

gouvernements, les organisations et les institutions financières régionales et internationales, la société civile, y comprisles organisations non gouvernementales et les volontaires, le secteur privé et la communauté scientifique, à l’actionentreprise. Nous nous félicitons donc de toutes les réunions et manifestations organisées sur ce thème durant laConférence et le processus préparatoire, ainsi que des contributions correspondantes.

3. Nous reconnaissons également la nécessité de promouvoir à tous les niveaux, depuis le niveau individuel jusqu’auniveau international, une culture de la prévention des catastrophes et de la résilience face à celles-ci, ainsi que la mise enœuvre de stratégies préventives, qui représentent des investissements judicieux. Les sociétés humaines doiventapprendre à vivre avec le risque que font peser les aléas naturels. Toutefois, devant ce risque, nous sommes loin d’êtreimpuissants et nous pouvons nous préparer à faire face aux catastrophes et à en atténuer l’impact. Nous pouvons et nousdevons atténuer les préjudices causés par les divers aléas en faisant en sorte que nos sociétés soient moins vulnérables.

Nous pouvons et nous devons renforcer la résilience des nations et des collectivités face aux catastrophes grâce à dessystèmes d’alerte précoce centrés sur les populations, à l’évaluation des risques, à l’éducation et à d’autres démarches etactivités multisectorielles intégrées visant à anticiper tous les aléas possibles au cours du cycle de prévention descatastrophes, qui comprend la prévention proprement dite, la préparation et l’intervention en cas d’urgence, ainsi que lerelèvement et la remise en état. Les risques de catastrophe, les aléas et leur impact représentent une menace, mais lastratégie appropriée pour y faire face peut et devrait conduire à l’adoption de mesures visant à réduire les risques et lesfacteurs de vulnérabilité dans l’avenir.

4. Nous affirmons que les États ont la responsabilité première de protéger les populations et les biens présents sur leurterritoire contre les différents aléas et qu’il est donc capital qu’ils accordent un rang de priorité élevé à la réduction desrisques de catastrophe dans le cadre de leur politique nationale, compte tenu de leurs capacités et des ressources dont ilsdisposent. Nous nous accordons à reconnaître qu’un renforcement des capacités des collectivités pour réduire le risquede catastrophe au niveau local est tout particulièrement nécessaire, vu que l’application de mesures appropriées deprévention des catastrophes à ce niveau permet aux collectivités et aux individus qui les composent de réduiresensiblement leur vulnérabilité face aux aléas. Les catastrophes compromettent toujours gravement la survie, la dignité,les moyens d’existence et la sécurité des populations et des collectivités, en particulier des pauvres. Il est donc urgent derenforcer les capacités dont les pays en développement exposés aux catastrophes, en particulier les pays les moinsavancés et les petits États insulaires en développement, disposent pour réduire l’impact des catastrophes, ce qui passepar des efforts nationaux plus importants et par une coopération bilatérale, régionale et internationale renforcée et,notamment, par une assistance technique et financière.

5. En conséquence, nous adoptons le «Cadre d’action de Hyogo pour 2005-2015: Pour des nations et des collectivitésrésilientes face aux catastrophes», notamment ses dispositions concernant le résultat escompté, les buts stratégiques etles priorités, ainsi que les stratégies de mise en œuvre et les mesures de suivi correspondantes, en tant que cadredirecteur pour la prochaine décennie de la prévention des catastrophes.

6. Nous estimons qu’il est extrêmement important que le «Cadre d’action de Hyogo» se traduise par des mesures concrètesà tous les niveaux et que les résultats obtenus fassent l’objet d’un suivi dans le cadre de la Stratégie internationale deprévention des catastrophes en vue de la réduction des risques de catastrophe et des facteurs de vulnérabilité. En outre,nous reconnaissons la nécessité de mettre au point des indicateurs permettant de suivre les progrès des activitésentreprises, selon les situations et les capacités, pour réduire les risques de catastrophe dans le cadre des efforts déployéspour atteindre les résultats escomptés et les objectifs stratégiques définis dans le «Cadre d’action de Hyogo». Nousinsistons sur le fait qu’il est important de renforcer la coopération et d’intensifier les échanges générateurs de synergiesentre les diverses parties prenantes et de promouvoir l’instauration de partenariats volontaires pour la prévention descatastrophes.

Nous sommes également résolues à développer plus avant les mécanismes d’échange d’informations sur lesprogrammes, les projets, les meilleures pratiques, les enseignements tirés de l’expérience et les technologies applicablesen vue de la réduction des risques de catastrophe afin que les résultats et les fruits des efforts entrepris puissent êtrepartagés avec l’ensemble de la communauté internationale.

7. Nous invitons maintenant toutes les parties prenantes à agir, en sollicitant le concours de celles qui ont des compétencesparticulières en matière de prévention des catastrophes et qui ont acquis une expérience dans ce domaine, sachant que laConférence mondiale ne portera vraiment ses fruits que si, collectivement, nous nous employons résolument etinlassablement à mieux protéger le monde contre les risques de catastrophe au cours de la prochaine décennie dansl’intérêt des générations actuelles et futures et si nous faisons preuve d’une solide volonté politique, assumant ainsi parcet investissement commun une responsabilité partagée.

8. Nous exprimons notre profonde gratitude au Gouvernement et au peuple japonais qui ont accueilli la Conférencemondiale sur la prévention des catastrophes, et nous remercions tout particulièrement les habitants de la préfecture deHyogo pour leur hospitalité.

L’ONU/SIPC en action

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 34

Mlle Tine RamstadONU/SIPC Asie centraleDouchanbé, Tadjikistan

La « 2e Réunion consultativerégionale des pays d’Asie centralesur la réduction des risques decatastrophe » a eu lieu à Alma-Ataau Kazakhstan du 24 au 26 mai2005.

Les participants à la réunion ontreconnu, en partant de la« Déclaration de Hyogo » et du« Cadre d’action de Hyogo pour2005-2015 : Pour des nations et descollectivités résiliantes face auxcatastrophes » - adoptés à la 2eConférence mondiale sur laprévention des catastrophes tenue àKobé au Japon du 18 au 22 janvier2005 -, qu’il est nécessaire deprendre les responsabilités requisespour des mesures effectives deréduction des risques de catastrophe.

Ils ont alors convenu que le butfondamental à poursuivre était deprotéger la population, lesinfrastructures et les territoires, engardant à l’esprit l’interdépendancecroissante qui prévaut au niveaumondial et le fait que la coopérationinternationale et l’échange deconnaissances, d’expériences et detechnologies innovatrices sont autantde facteurs contribuant à uneréduction durable des pertes en vieshumaines et des pertes d’acquissociaux, économiques etenvironnementaux sous la menacedes situations d’urgence.

Rappelons que la « 1ère Réunionconsultative régionale des paysd’Asie centrale sur la réduction desrisques de catastrophe » avait eu lieudu 1er au 2 décembre 2004 àDouchanbé, capitale du Tadjikistan,quelques semaines après l’ouverture

du bureau d’ONU/SIPC Asiecentrale dans cette même ville.

En tout cas, à l’issue de la 2eRéunion consultative régionaled’Alma-Ata, les participants ont émisles recommandations suivantes.

Recommandations1. Les agences gouvernementales

responsables des politiques deprévention et de réponse auxsituations d’urgence, de concertavec les organisationsrégionales et nationales opérantdans les pays de la région Asiecentrale, devraient chercher àadhérer aux principes directeursénoncés par la Déclaration deHyogo et le Cadre d’action deHyogo, cela pour quel’application de ces deuxdocuments soit conforme auxspécificités et capacitésrespectives des pays de la région.

Les deux documents précitésdéfinissent les points suivants:

Résultats escomptésRéduction durable des pertes en vieshumaines et des pertes des acquissociaux, économiques etenvironnementaux dues auxcatastrophes.

Buts stratégiques• Intégration plus effective de la

réduction des risques decatastrophe aux politiques et à laplanification du développementdurable.

• Mise en place et renforcementdes institutions, des mécanismeset des capacités requises pourrésister aux aléas.

• Incorporation méthodiqued’approches « réduction desrisques » au développement et àla mise en œuvre de programmesde préparation, de réponse et deredressement relatifs auxsituations d’urgence.

Domaines prioritaires d’action• Veiller à ce que la réduction des

risques de catastrophe soit une

ASIE CENTRALE: 2e Réunion consultativerégionale sur la réduction des risques decatastrophe

L’ONU/SIPC en action

Les participants à la Réunion consultative régionale des pays d’Asie centrale

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 35

priorité nationale et locale dont lamise en œuvre est entreprise dansun cadre institutionnel solide.

• Identification, évaluation et suivides facteurs de risque decatastrophe, et amélioration del’alerte précoce.

• Utilisation des connaissances, desolutions innovantes et del’éducation pour créer desconditions de sûreté satisfaisanteset une capacité de résistance àtous les niveaux.

• Réduction des facteursélémentaires de risque.

• Amélioration de la préparationcontre les catastrophes en vue deréponses effectives à tous lesniveaux.

2. Approuver le « Projet derecommandations de la 2eRéunion consultative régionaledes pays d’Asie centrale »soumis par la délégation tadjik

Les agences gouvernementalesresponsables, dans les pays d’Asiecentrale, de l’exécution despolitiques dans le domaine de laprévention et de la réponse auxsituations d’urgence veilleront:

• à réviser le Projet derecommandations en question età soumettre leurs propositions aubureau d’ONU/SIPC dans undélai d’un mois;

• à prendre en compte lesRecommandations en questiontout en procédant à la mise enplace de plates-formes nationalespour la réduction des risques decatastrophe ainsi que demécanismes de coordinationnationale et de plans nationaux;

• à assurer la mise en œuvred’activités de suivi visant àappuyer la réalisation desobjectifs stratégiques et desdomaines prioritaires pour 2005-2015, sur la base d’une approchemultisectorielle, d’unecoordination réciproque et d’unecoopération constructive;

• à intégrer les facteurs deréduction des risques de

catastrophe aux politiques et à laplanification relatives audéveloppement durable à tous lesniveaux;

• à faciliter une coordination plusétroite de la réduction des risquesde catastrophe sur la base de laStratégie internationale deprévention des catastrophes(SIPC) ; et

• à renforcer la capacité desorganisations et mécanismesrégionaux en vue de l’élaborationde plans régionaux, en vued’actions de plaidoyer, decoordination, d’échanged’informations et de savoir-faire,de surveillance des aléas et desvulnérabilités sur des basesscientifiques, et en vue durenforcement des capacitésinstitutionnelles requises pourfaire face au problème desrisques de catastrophe.

3. Dans le cadre du Domaineprioritaire d’action No 1 duCadre d’action de Hyogo pour2005-2015

Les recommandations suivantessont adressées aux agencesgouvernementales responsables,dans les pays d’Asie centrale, del’exécution des politiques dans ledomaine de la prévention et de laréponse aux situations d’urgence:

• voir s’il serait opportund’élaborer et d’adopter des loissur « la protection contre lesséismes »;

• prêter attention à la nécessité deréviser la législation nationale surles situations d’urgence pourl’harmoniser avec les normes etles règlements internationaux,cela en vue d’un processusd’intégration des législationsrespectives des pays;

• voir s’il y a lieu de changer etd’amender les accordsintergouvernementaux existantset s’il serait opportun d’élaborerde nouveaux accordsintergouvernementaux dans ledomaine de la prévention et de laréponse aux situations d’urgence,

et enfin soumettre lespropositions éventuelles selon lesprocédures et dispositionsprévues par les législationsnationales en vigueur.

4. Dans le cadre du Domaineprioritaire d’action No 5 duCadre d’action de Hyogo pour2005-2015

• Approuver l’initiative duMinistère des urgences de laRépublique de Kazakhstan pourl’établissement, au Kazakhstan,d’un Centre de coordination de laréponse aux catastrophes en Asiecentrale, et prendre note du faitque les propositions relatives auxmodalités pratiques de cetteinitiative et aux activitésnécessaires à celle-ci serontsoumises par le Kazakhstan àl’examen des autres Etats lors dela prochaine (la 3e) Réunionconsultative régionale des paysd’Asie centrale.

• Le Ministère des urgences de laRépublique du Kazakhstan devrasoumettre, dans un délai d’unmois, des propositions sur lastructure du Centre decoordination proposé et leplanning de travail pour la phaseinitiale des opérationsd’établissement du Centre enquestion, cela pour que les autresMinistères des urgences desautres pays d’Asie centralepuissent les examiner.

5. Accepter la proposition de ladélégation kirghize de tenir la 3eRéunion consultative régionaleau Kirghizistan.

Les participants appellent, par laprésente, toutes les parties prenantesà accroître leurs activités. Ils lesexhortent également à contribuer à lapoursuite des objectifs stratégiqueset des domaines prioritaires énoncésdans la Déclaration de Hyogo et leCadre d’action de Hyogo. Ledocument élaboré à cet effet a étéadopté pendant la séance plénière du25 mai 2005.

L’ONU/SIPC en action

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 36

Mlle Christel RoseResponsable des programmes,ONU/SIPC Asie & Pacifique,Bangkok, Thaïlande

L’ONU/SIPC vient de lancer unProgramme régional Asie-Pacifique.Cette initiative intervient après laConférence mondiale de janvier2005 dernier sur la prévention descatastrophes et à la suite du tsunamidévastateur de décembre 2004 dansl’Océan indien.

Le nouveau bureau régional d’ONU/SIPC opère à partir des locaux de laCommission économique et socialede l’ONU pour l’Asie et le Pacifique(CESAP) à Bangkok en Thaïlande.

La région la plus exposéeaux catastrophesL’ouverture de ce bureau s’est avéréedésormais opportune en raison duconcours de deux circonstancesmajeures.

D’abord, l’Asie-Pacifique est larégion la plus exposée auxcatastrophes dans le monde. Rienqu’en 2004, c’est-à-dire l’annéedernière, elle a connu desinondations (au Bangladesh, enChine, en Inde, en Indonésie, auxPhilippines), des cyclones (au Japon,au Vietnam), des séismes (enIndonésie, en Iran, au Japon) et cetristement célèbre tsunami dedécembre dernier qui, en un seulcoup, a frappé plusieurs paysriverains de l’Océan indien.

Ensuite, l’impact de ces aléasnaturels déjà multiples est exacerbépar d’autres facteurs, notamment uneforte densité démographique, unniveau inégal de développement danset entre les pays, et les effets cumulés

L’ONU/SIPC ouvre un bureau régional Asie-Pacifique à Bangkok

des catastrophes sur ledéveloppement durable.

Un constat s’impose cependant : lespopulations de la région sontrelativement alertes, informées etactives dans le domaine de laréduction des risques de catastrophe.D’importantes initiatives multi-aléassont en cours au niveau régional avecl’appui, entre autres, de donateursbilatéraux et multilatéraux, desagences onusiennes ainsi qued’organisations régionales etnationales et d’ONG. Et le tsunamide décembre 2004 a fait accroîtreencore davantage les niveaux déjàrelativement élevés d’activité, deprise de conscience et de réceptivitésur tout ce qui a trait auxcatastrophes dans la région.

L’ONU/SIPC est désormaisprésente dans les troisrégions les plus vulnérablesLe nouveau bureau régional Asie-Pacifique d’ONU/SIPC, quant à lui,servira de cadre de facilitation, depromotion et de plaidoyer pour lerenforcement des capacités deprévention des catastrophes dans larégion. Ce rôle, il le jouera encollaboration avec l’AsianPartnership on Disaster Reduction(Partenariat asiatique sur laprévention des catastrophes), uncadre de partenariat associant lePNUD, OCHA (Bureau de l’ONUpour la coordination des affaireshumanitaires), la CESAP(Commission économique et socialede l’ONU pour l’Asie et lePacifique), l’ADPC (Asian DisasterPreparedness Center – Centreasiatique pour la préparation contreles catastrophes), l’ADRC (AsianDisaster Reduction Center – Centre

asiatique pour la prévention descatastrophes) et également l’ONU/SIPC.

Par ailleurs, le nouveau bureauœuvrera étroitement avec desintervenants régionaux et nationauxclés tels que le Système des NationsUnies dans la région, lesgouvernements, les communautéslocales, les médias et les ONG, pourfaciliter l’application du Cadred’action de Hyogo (adopté à laConférence mondiale de janvier2005) en vue de promouvoir laréduction des risques de catastrophedans la région et mettre en œuvre leProgramme « Système d’alerteprécoce aux tsunamis pour l’Océanindien ».

Avec l’ouverture de ce bureau - et dubureau désormais sous-régionald’Asie centrale neuf mois auparavant-, l’ONU/SIPC, créée sur décision del’Assemblée générale de l’ONU en2000, est aujourd’hui présente dansles trois régions du monde les plusvulnérables aux catastrophes:l’Amérique latine/Caraïbes,l’Afrique et l’Asie-Pacifique.

* Pour toute information supplémentaire,veuillez vous adresser aux adresses e-mailsuivantes : [email protected] ou [email protected]

La SIPC en action

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 37

Melle Brigitte LeoniSecretariat de l’ONU/SIPCGenève, Suisse

Pour cette année 2005, le thème de laJournée internationale de laprévention des catastrophes et de laCampagne mondiale de l’ONU/SIPCvise à accroître la résistance auxcatastrophes par le recours à lamicrofinance et aux filets de sécurité.L’objectif est double: (1) sensibiliserles institutions et groupes sociaux etfinanciers au rôle qu’ils peuventjouer dans la réduction des risquesde catastrophe; (2) sensibiliser lagrande famille des gestionnaires decatastrophes et de risques au fait queles outils microfinanciers et les filetsde sécurité aident à réduire lavulnérabilité des populationsconfrontées aux aléas naturels.

Les aléas naturels représentent desrisques majeurs pour les pauvres etles populations marginalisées. Etantles plus vulnérables, la destructionde leurs biens et de leurs moyens desubsistance les précipite encore plusbas dans la spirale descendante de lapauvreté. Les séismes et le tsunamirécents qui se sont produits dansl’Océan indien sont des exemplestragiques de vulnérabilité auxcatastrophes et de communautésréduites à la pauvreté extrême enl’espace de quelques heures.

Toutefois, investir dans la réductiondes risques de catastrophe permet deréduire une telle vulnérabilité et debriser le cercle vicieux de lapauvreté.

Pour réaliser les Objectifs duMillénaire et donc réduire de moitié

CAMPAGNE MONDIALE 2005DE SENSIBILISATION A LA PRÉVENTION DES CATASTROPHES

Microfinance, filets de sécurité & préventiondes catastrophes

la pauvreté avant 2015, il nous fauttrouver des mécanismes viables et lesappliquer.

Les mérites du microcrédit ne sontplus à démontrer dans de nombreuxpays: il s’agit d’une arme contre lapauvreté et la faim. Par l’accès aumicrocrédit, les populations à faiblesrevenus peuvent accroître leursrevenus et se protéger davantagecontre des pertes et des reversinattendus.

Mais le microcrédit et lamicrofinance en général n’ont pasencore été pleinement utilisés commeoutils de réduction de l’impact descatastrophes, même si desexpériences concrètes menées enInde et au Bangladesh ont révélé leurpotentiel et incitent à une plus grandeexploration des opportunités qu’ilsoffrent. Si l’utilisation de lamicrofinance pour la gestion des

risques de catastrophe en est doncencore à un stade plus ou moinsexpérimental, il n’en reste pas moinsque les collectivités devraientexplorer ses approches, diverses etflexibles, et son impact sur laréduction de la pauvreté.

Entre-temps, l’Assemblée généralede l’ONU a déclaré l’année 2005« Année internationale dumicrocrédit » et ajoute que cetteinitiative donnera une forteimpulsion aux programmes demicrofinance dans le monde entier.

Cette Année internationale estcoordonnée par le Fondsd’équipement des Nations Unies(FENU) et le Département desaffaires économiques et sociales(DESA) de l’ONU, et est marquéepar toute une série de manifestationsà travers le monde entier.

La SIPC en action

Un risque évident d’inondation au Kenya (Photo Thomas, Kenya, GTZ)

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Ses cinq objectifs fondamentaux ontété arrêtés pour unir les Etatsmembres de l’ONU, les agencesonusiennes et les partenairesmicrofinanciers autour du thèmechoisi, cela dans le cadre général dela poursuite des Objectifs duMillénaire. L’Année internationaledu microcrédit 2005 vise:

1. à évaluer et à favoriser lecontribution de la microfinance etdu microcrédit à la réalisation desobjectifs évoqués dans laDéclaration du Millénaire;

2. à améliorer la prise de consciencepar le public et sa compréhensionde la microfinance et dumicrocrédit comme élémentsvitaux de l’équation dudéveloppement;

3. à promouvoir des secteursfinanciers intégrants;

4. à promouvoir un accès durableaux services financiers; et

5. à encourager l’innovation et lesnouveaux partenariats en assurantla promotion et le soutien auxpartenariats stratégiques pourconsolider et étendre la portée etl’efficacité du microcrédit et de lamicrofinance.

Et dans le cadre de cette Annéeinternationale, le Secrétariat del’ONU/SIPC et ses partenairesdésirent promouvoir un débat et undialogue autour de la questionsuivante: comment mettre les filetsde sécurité, le microcrédit et lesmicro-assurances au service de laréduction des risques de catastrophe.

C’est ainsi que l’ONU/SIPC sepropose :

• d’encourager les partenaires etles experts à passer en revue lesfilets de sécurité existants pours’attaquer à la vulnérabilité et à laréduction de la pauvreté, et àexplorer de nouveaux mécanismessusceptibles d’aider à réduirel’impact des aléas;

• de procéder à la promotion detables rondes nationales et localesavec des institutions

microfinancières, des banquescommerciales, des compagniesd’assurance, des ONG, desorganisations à basecommunautaire et des experts enprévention des catastrophes;

• d’inviter les plates-formesnationales pour la prévention descatastrophes et les autreshomologues nationaux et locaux àdiscuter et à élaborer desprogrammes de filets de sécuritésociale et économique àl’intention des pauvres, afind’accroître la résistance deceux-ci aux catastrophes ainsi queleur capacité de redressement aprèsles catastrophes;

• de procéder au recueil de bonnespratiques et d’expériencespertinentes ; et à ce sujet, nousvous invitons à nous envoyer desétudes de cas et des casd’expérience qui méritent d’êtreévoqués dans les dossiersd’information que nous destinonsaux audiences concernées et auxmédias;

• d’inviter les décideurs et les ONGimpliqués dans les efforts deredressement suite aux récentsséismes et tsunami de l’Océanindien à renforcer les capacitésdans l’intérêt d’une réduction à

long terme des risques decatastrophe ; et à ce sujet, nousvous prions de bien vouloir nousfaire part de vos idées sur lamanière dont la microfinance et lesfilets de sécurité peuvent aider dansce processus de redressement.

Pour élargir l’éventail deconnaissances et d’innovations,nous invitons la nomination depersonnes faisant preuveexpériences pertinentes et debonnes pratiques relatives à lamicrofinance, à la réduction de lapauvreté, aux filets de sécurité et àla prévention des catastrophes auprocessus de nomination au PrixSasakawa 2005 pour la préventiondes catastrophes.

En collaboration avec les autresagences onusiennes et les ONG quitraitent de la microfinance, leSecrétariat de l’ONU/SIPCcontribuera également à l’Annéeinternationale du microcrédit pardes manifestations organisées àtravers le monde entier,manifestations dont l’apogée est laJournée internationale de laprévention des catastrophes prévuele 12 octobre prochain.

* Pour de plus amples informations sur cetteCampagne, veuillez consulter le site http://www.yearofmicrocredit.org

Le microcrédit peut etre utisé comme outil de réduction de la pauvreté(Photo Thomas, Kenya, GTZ)

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 39

M. Martin OworCommissaire adjoint au Ministère chargéde la préparation aux catastrophes etdes réfugiés,Point focal national d’ONU/SIPC,Kampala, Ouganda

Le gouvernement ougandaisreconnaît que les interventions enmatière de réduction des risques decatastrophe sont des activités dedéveloppement et que, pour éviter ouréduire au minimum l’impact négatifdes aléas naturels et anthropiques surles moyens de subsistance, lesstratégies et les programmes dedéveloppement doivent être sensiblesaux risques de catastrophe.

Divers documents soumisau Parlement et auGouvernementA la suite de la 2e Conférencemondiale sur la prévention descatastrophes tenue en janvier 2005, undocument d’information sur lesrésultats de cette conférence a étépréparé par le Point focal nationalSIPC et soumis au Parlement et à tousles ministères concernés. Un autredocument a été également soumis pourexamen au Secrétariat général duGouvernement. Ce documentrecommande au Gouvernementd’adapter les cinq actions prioritairesdu Cadre d’action de Hyogo 2005-2015 (adopté à la Conférencemondiale) aux six objectifsstratégiques du Plan d’action de l’UA/NEPAD.

A noter qu’à son retour de laConférence mondiale, le Premier Vice-Premier ministre et Ministre chargé dela préparation aux catastrophes etdes réfugiés avait déjà rendu compteau Président de la République etavait prié celui-ci de porter les

recommandations du Cadre d’actionde Hyogo à l’ordre du jour duSommet de l’Union africaine prévuen Libye en juillet 2005.

Sensibilisation médiatiquesur le Cadre d’action deHyogoImmédiatement après la Conférencemondiale également, une réunion aété tenue avec des journalistesougandais ayant pris part àl’« Atelier sur les médias et laréduction des risques de catastropheà l’intention des journalistesd’Afrique orientale et australe »,atelier tenu à Nairobi en décembre2004 (voir article à la page 49). A lasuite de la réunion, les journalistesont mené une campagne desensibilisation sur le Cadre de Hyogodans la presse écrite et audiovisuelleougandaise.

Dans le cadre de cette campagne desensibilisation, le Point focalnational SIPC de l’Ouganda, M.

Martin Owor, qui était aussi présentà la Conférence mondiale, s’estexprimé sur les ondes de la radionationale ougandaise (couvrant toutle pays) lors d’une émission en directau cours de laquelle il a répondu auxquestions des auditeurs sur le Cadred’action de Hyogo.

Par ailleurs, des articles sur le Cadred’action de Hyogo ont été égalementpubliés dans les grands journaux dupays, et des discussions entrejournalistes ont été diffusées sur lesondes des stations FM locales.

Vers un plan d’actionintégrant les priorités duCadre d’action de HyogoEntre-temps, avec l’appui du PNUD,le gouvernement ougandais a recrutédeux consultants pour élaborer unplan d’action sur la poursuite desobjectifs stratégiques et des prioritésdu Cadre d’action de Hyogo, un pland’action orienté vers l’obtention derésultats.

OUGANDA: Début d’application du Cadred’action de Hyogo et de la Stratégierégionale africaine

M. Felix Osike, responsable de la rédaction au journal ougandais « New Vision », et M.Martin Owor qui est aussi le Point focal national SIPC en Ouganda

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Embauchés pour une période de 12mois, les deux consultants ont pourmission d’aider le Département dela gestion des catastrophes (auprèsde la Primature) à adapter et àdiriger l’application du Cadred’action de Hyogo en intégrant lescinq priorités de celui-ci auxprogrammes et plans des grandsministères d’exécution.

Par ailleurs, deux réunions de laPlate-forme nationale ougandaisepour la réduction des risques decatastrophe (qui se réunit tous lesmois) ont été dévolues aux

activités sous-tendant chacun descinq actions prioritaires du Cadred’action. Les deux consultantstravaillent actuellement avec lesministères d’exécution àl’identification des activités déjàmenées dans le cadre desprogrammes en cours et celles quidevraient encore introduites aumoment favorable.

Parmi les autres tâches confiéesaux deux consultants figurel’élaboration de stratégies pour:

• une promotion active del’intégration de la réduction des

risques de catastrophe (RRC) àtous les programmes et activitésdes ONG, des partenaires audéveloppement, desadministrations locales et dusecteur privé;

• l’élaboration d’un plan depromotion d’une culture deplanification et d’actionsensibles à la RRC dans lescommunautés locales;

• la conception de bases dedonnées dotées d’informationscomplètes pertinentes pour laRRC en Ouganda.

M. S. K. MainaPoint focal d’ONU/SIPC,Secrétaire général adjoint,à la Présidence de la République duKenya

L’adoption de la politique nationalekenyane de réduction des risques decatastrophe est prévue pour cetteannée. Ceci ressort d’une réunion dela Plate-forme nationale kenyanepour la réduction des risques decatastrophe tenue le 10 mars 2005dans la capitale Nairobi. Cetteréunion a passé en revue les progrèsréalisés dans les activités de la Plate-forme et reçu un rapport émanant deses membres qui avaient pris part àla 2e Conférence mondiale sur laprévention des catastrophes tenue àKobé, au Japon, en janvier 2005.

Appliquer les résultats de laConférence mondialeA noter que parmi les membres de ladélégation kenyane à cetteconférence mondiale étaient troisresponsables auprès de la Présidence

- dont un secrétaire général, ainsiqu’un responsable issu de NEMA(Office national de gestion del’environnement) et l’ambassadeurdu Kenya au Japon.

Lors de leur réunion de Nairobi, lesmembres de la Plate-forme se sontscindés en trois groupes pourexaminer trois différentes questions.Les trois questions étaient lessuivantes:• Comment les membres de la

Plate-forme nationale pourraient-ils faciliter l’intégration de laréduction des risques decatastrophe à leurs secteursd’activité respectifs?

• Comment appliquer au Kenya lesrésultats majeurs de la 2eConférence mondiale sur laprévention des catastrophes?

• Quelles sont les prioritésimmédiates de la Plate-formenationale dans la mise en œuvrede la Politique nationale deréduction des risques decatastrophe dont l’adoption estprévue pour cette année?

Faire adopter le Projet de loi2005 sur la gestion descatastrophesA l’issue des discussions, lesmembres de la Plate-forme ont émisles recommandations suivantes:

1. La Plate-forme devrait mener unplaidoyer pour l’adoption duProjet de loi 2005 sur la gestiondes catastrophes.

2. Institutionnaliser la Plate-forme,mettre en place une Agencenationale de gestion descatastrophes (National DisasterManagement Agency, NADIMA)ainsi que des unités de gestion descatastrophes au sein de tous lesministères clés et des grandsdépartements de l’Etat.

3. Procéder à une évaluation et à unecartographie des risques et desvulnérabilités.

4. Mobiliser des ressources pour laPlate-forme.

5. Mettre en place des unitéssectorielles et des unités decoordination de la gestion des

KENYA: Vers une politique nationale deréduction des risques de catastrophe avantfin 2005

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 41

catastrophes, et établir desliaisons et une collaborationadéquates avec les principauxintervenants. Chaque organisation/secteur devrait désigner un pointfocal devant siéger au sein de laPlate-forme nationale et informerles autres membres de toutchangement éventuel sur ce point.

6. S’engager dans des activités deplaidoyer, d’éveil des consciences,d’éducation et de renforcement descapacités.

7. Elaborer et/ou renforcer lespolitiques sectorielles de réductiondes risques de catastrophe, lescadres juridiques et veiller à leurmise en application.

8. Mettre en place des bases dedonnées sur la gestion descatastrophes et les informationsrelatives aux catastrophes, parexemple les systèmes d’alerteprécoce, la cartographie desressources, etc.

9. Intégrer les stratégies de préventiondes catastrophes aux grandesfonctions sectorielles.

10. Le Secrétariat devrait distribuer

aux membres de la Plate-formeun projet de rapport sur le statutde la réduction des risques decatastrophe pour commentaire etamendement en vue d’uneévaluation nationale initiale avantle 30 avril 2005. Par la suite, lerapport sera disséminé auxniveaux local, national, régional

Mme Feng Min Kan, responsable d’ONU/SIPC Afrique, et M. Mahboub Maalim,secrétaire général du Ministère kenyan des programmes spéciaux auprès de la

Présidence de la République

et international.

11. Le Secrétariat devrait procéder àune collecte continued’informations auprès desmembres de la Plate-forme et àl’élaboration de rapports annuelssur la réduction des risques decatastrophe.

Colonel Mamadou TraoréDirecteur général de la protection civileau Ministère de la sécurité intérieure etde la protection civile,Bamako, Mali

Le Mali s’est doté d’une Plate-

forme nationale SIPC lors d’un

atelier national tenu dans la

capitale malienne, Bamako, les

26 et 27 mai derniers.

L’ouverture officielle de l’atelier adébuté par une intervention duCoordinateur résident du Système

des Nations Unies au Mali, M.Joseph Bill-Cataria, sur l’importancede la tenue de cet atelier dont lesprincipes fondamentaux sont laprévention des risques, lerenforcement de la coopération, dupartenariat aux niveaux local,national, international ainsi que ladéfinition des priorités pour ladécennie 2005–2015.

L’allocution d’ouverture a étédonnée par le Secrétaire général duMinistère de la sécurité intérieure etde la protection civile, M. AnatoleSangaré, qui était aussi le président

MALI: Mise en place d’une plate-formenationale SIPC

de séance. Après les mots debienvenue, les salutations d’usage etremerciements, le président deséance a situé l’atelier dans soncontexte.

Le profil des catastrophesau MaliDepuis une trentaine d’années, leMali subit de manière drastique lescontrecoups importants liés auxchangements climatiques setraduisant par l’installationprogressive de la sécheresseaggravée par l’exploitation abusive

Les plates-formes nationales en action

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 42

du couvert végétal entraînant unappauvrissement des sols.

En 2003, du fait d’une pluviométrieexceptionnelle, le Mali, à l’instar deplusieurs pays de la sous-région, adû faire face à des dégâts importantscausés notamment par l’abondanceet la présence de l’eau sur des sitesqui n’en avaient pas eue depuis delongues années. Il s’y ajoute lesrisques annuels d’invasionacridienne sur les cultures et diversesépizooties (peste bovine, etc.) telsque ce fut le cas en 2004.

Les conséquences immédiates de cesphénomènes sont la faiblesse voire laperte de récoltes (entraînant souventla famine) et la perte de bétail,perturbant l’économie nationaleessentiellement basée sur lesactivités rurales qui occupent 80 %des populations. En plus d’autresaléas naturels communs à la régioncomme la sécheresse, la partie nord-est du pays souffre de fumerolles(émanation de gaz) très chaudesatteignant une température de 500degrés C.

Toutes ces calamités et catastrophesont nécessité la mise en place desystèmes de réponse adéquats et ontpoussé la Ministère de la sécuritépublique et de la protection civile à

mettre en place une plate-formenationale SIPC au Mali.

Des travaux de l’atelierL’allocution d’ouverture de M.Anatole Sangaré a été suivie desprésentations des participants, de lalecture et de l’adoption duprogramme de l’atelier, et d’unerevue de la situation en matière degestion des risques et decatastrophes par le Directeurgénéral de la protection civile, leColonel Mamadou Traoré.

Cette revue a été suivie decommunications sur les activitésdes différents Ministères,notamment celles du Ministère del’agriculture à travers la Directionchargée de la lutte contre le criquetpèlerin, celles du Ministère de lasanté à travers la Directionnationale de la santé, celles duMinistère de l’environnement et del’assainissement à travers laDirection nationale de laconservation de la nature.

D’autres communications ontégalement été faites par leCommissariat à la sécuritéalimentaire, le Ministère del’équipement et des transports àtravers la Direction nationale demétéorologie, et le Ministère des

mines à travers la Directionnationale des eaux.

Lacunes actuelles enmatière de gestion descatastrophesLes lacunes suivantes, en matière degestion des catastrophes, onttranspiré des diversescommunications présentées et desdiscussions qui ont suivi cescommunications :

• insuffisance de données pour laprévention et la gestion descatastrophes ;

• absence d’une banque de donnéescentralisées sur la prévention et lagestion des catastrophes ;

• méconnaissance des risques ;

• insuffisance de politiquenationale en matière deprévention et de gestion descatastrophes ;

• insuffisance de la coordinationpour la gestion des catastrophes ;

• insuffisance dans l’applicationdes textes législatifs etréglementaires en matière degestion dans les domainessuivants: foncier, environnementet assainissement, santé,agriculture, sécuritéalimentaire, transport, mines,énergie et eau, développementsocial, industries ;

• insuffisance d’information, decommunication voire desensibilisation des populations ;

• insuffisance deressources humaines, matérielles,financières, techniques etlogistiques.

Facteurs principauxcontribuant à ces lacunes• multitude des risques et manque

d’évaluation des risques ;• déficit de moyens de collecte, de

communication et de diffusion ;• absence de cadre de

concertation ;• manque d’équipement approprié

Les plates-formes nationales en action

Ouverture officielle de l’atelier national de mise en place de laplate-forme nationale du Mali

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 43

pour le stockage et le traitementdes données (outils informatiqueset logiciels – Systèmed’informations géographiques,SIG) ;

• manque de formation etd’information ;

• la non prise en compte de laprévention et de la gestion desrisques dans les plans dedéveloppement ;

• absence de plan stratégiqueprenant en compte tous lesprogrammes ;

• manque de communication ;

• incivisme des populations ;

• manque de rigueur dansl’application des textes législatifset réglementaires ;

• faible niveau d’implication desmédias ;

• manque de diffusion des

informations dans les languesnationales ;

• faible niveau deprofessionnalisme en matièred’information et decommunication.

Actions urgentes requises• mise en place d’une plate-forme

nationale pour la prévention descatastrophes ;

• identification des zones à risquede catastrophes ;

• élaboration d’un plan stratégiquede prévention et de gestion desrisques et des catastrophes ;

• renforcement des capacitéstechniques de tous les acteursimpliqués dans la prévention et lagestion des catastrophes ;

• mise en place d’un système desurveillance et d’alerte précoce ;

• mise en place d’un réseau decommunication en rapport avecles institutions spécialiséesrégionales, sous-régionales etinternationales ;

• promouvoir la coopération et lepartenariat de manière àrenforcer la recherche dans ledomaine de la prévention descatastrophes.

Recommandations• formaliser la mise en place de la

plate-forme nationale SIPC ;

• mobilisation de ressources en vued’appuyer les actions prioritairesen matière de prévention et degestion des catastrophes ;

• diligenter l’approbation du pland’action global et sectoriel enmatière de réduction des risquesde catastrophe.

M. Edmond MakimouhaDirecteur du département Droit international &Environnementau Ministère congolais de l’économie forestièreet de l’environnement& Point focal de l’ONU/SIPC,Brazzaville, République du Congo

La Plate-forme nationale pour lagestion des catastrophes (PFNGC) dela République du Congo avait étémise en place en août 2004 à l’issued’un séminaire atelier auquel ont prispart toutes les administrationspubliques, les ONG et associationsimpliquées dans la gestion descatastrophes et des problèmeshumanitaires. Ce séminaire, organisépar le Ministère de l’économieforestière et de l’environnement,avait bénéficié de l’appui financier ettechnique d’ONU/SIPC Afrique.

CONGO: Paralysie de la plate-forme nationalefaute de reconnaissance juridique et demoyens

Pour maintenir un contact permanententre la Plate-forme et ONU/SIPCAfrique, la Direction générale del’environnement a alors nommé unPoint focal ONU/SIPC, ce qui apermis au Congo de participer àplusieurs rencontres internationalessur la prévention et la gestion descatastrophes.

Entre-temps, pour rendre formellel’existence de la Plate-forme etrendre effectif le rôle potentiel duGouvernement et des communautés,il a été élaboré un cadre juridiquefondé sur un avant-projet de décretportant création, attributions,composition et fonctionnement de laPlate-forme nationale placée sousl’autorité du chef du Gouvernementqui est secondé par trois vice-présidents, dont le Ministre en

charge de l’environnement. Pour sonfonctionnement, il sera doté d’unsecrétariat permanent et de comitésde secours d’urgence.

Avant la soumission de cet avant-projet au Gouvernement, il estpréconisé une consultation nationalepour d’éventuels amendements. Maisle manque de moyens opérationnelsempêche les membres de la Plate-forme d’intervenir. Tel fut, parexemple, le cas avec la résurgencede la fièvre hémorragique à virusebola dans la cuvette ouest.

Toutefois, une rubrique sur lesinterventions en cas de catastrophesnaturelle a été portée au budget 2005du Fonds pour la protection del’environnement, comme le prévoitl’Article 88 de la Loi N° 003/91 du

Les plates-formes nationales en action

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 44

23 avril 1991 sur la protection del’environnement.

A noter qu’une fois instituée,reconnue et acceptée par tous, la

Plate-forme pourra alors élaborer sonprogramme d’activités annuelles ense référant à la Déclaration deHyogo, au Cadre d’action de Hyogo

M. Abdoulaye NdiayeDirecteur de la protection civileau Ministère sénégalais de l’intérieuret Point focal d’ONU/SIPC,Dakar, Sénégal

Le Sénégal vient de se doter d’une« Plate-forme nationale de laStratégie internationale pour laprévention des catastrophes (SIPC)».Ladite plate-forme a été mise enplace lors d’un atelier nationalorganisé à Dakar du 1er au 3 juin2005 par le Ministère de l’intérieursous la Direction de la protectioncivile et en collaboration avec leSystème des Nations unies et ONU/SIPC Afrique.

Les catastrophes naturelles telles queles inondations, la sécheresse etautres catastrophes auxquelles leSénégal est confronté ont souventdes conséquences énormes sur lespersonnes, leurs biens et leurenvironnement, annihilant tout effortde développement. Pour réduire ceseffets néfastes, les autoritéssénégalaises ont donc décidé de sedoter d’une plate-forme nationalepour la prévention des catastrophes.Ce qui est à tout à fait conforme auxconclusions et aux recommandationsde la 2e Conférence mondiale sur laprévention des catastrophes tenue àKobé, au Japon, en janvier dernier.

L’atelier national de mise en place decette Plate-forme nationale aregroupé 35 participants issus desdifférents Ministères, de la sociétécivile, des médias et du Système desNations Unies dans le pays.

Intégrer les risques decatastrophe audéveloppement durableLa cérémonie d’ouverture a étéprésidée par le directeur de cabinetdu Ministre de l’intérieur, M. NdariTouré. Pendant son discoursd’ouverture, il a rappelé quenombreux programmes sectoriels deprévention des catastrophes ont étéadoptés, tels que la charte signée parle Patronat sur la prévention et lagestion des accidents en milieuprofessionnel et le Protocoled’accord signé avec l’Associationdes maires sur la prévention desnoyades.

Seulement, a-t-il ajouté, desinsuffisances ont été notées dans lesefforts d’intégration des risques decatastrophe aux stratégies et aux

politiques de développement durableet de réduction de la pauvreté.

Il a également relevé que les pays envoie de développement se trouventconfrontés à des difficultés portantnotamment sur la mobilisation desmoyens techniques et financiersnécessaires à la mise en œuvre desprogrammes de réduction des risquesde catastrophe et des plansd’intervention en cas de situationd’urgence humanitaire.

Les lacunesAprès des travaux de discussion engroupe, les participants ont noté uncertain nombre d’insuffisances etd’incohérences en matière de gestiondes catastrophes au Sénégal,notamment les suivants :

SENEGAL: Mise en place d’une plate-formenationale SIPC

M. Abdoulaye Ndiaye, Directeur de la protection civile, et M. Ndari Touré, Chef decabinet du Ministre sénégalais de l’intérieur

Les plates-formes nationales en action

pour 2005-2015 et à la Stratégierégionale africaine pour la réductiondes risques de catastrophe.

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• absence de concertation entrestructures de gestion et deprévention descatastrophes émanant de l’Etat;

• problème d’identification desrisques et de cartographie deszones de vulnérabilité ;

• absence de cadre juridiqueadéquat qui fixe les domaines etmodes d’intervention de chaquestructure ;

• problèmes de coordination dansla gestion des catastrophes auniveau de l’Etat et sesdémembrements ;

• absence de structures appropriéesdans les collectivités locales,pour faire de la prévention ;

• absence de vision des décideurssur les questions de prévention(mauvaise prise de conscience,problème de prioritisation et deprise en charge de la politique deprévention des risques) ;

• absence de statistiques fiables surles zones à risques, sur le nombreet les types de catastrophes et lestypes survenus à ce jour auSénégal ;

• absence de système decommunication rapide en cas decatastrophes majeures, ce quidébouche souvent sur lesdifficultés à transférer lesinformations des zones decatastrophe aux sitesd’intervention ;

• manque sérieux de prise deconscience de l’utilité del’information à caractèremétéorologique dans laprévention des accidents et descatastrophes ;

• défaut de sensibilisation despopulations dans les médias ;

• absence d’éducation à laprévention (exemple duProgramme de formation etd’information enenvironnement) ;

• absence de système d’alerteprécoce et défaut de surveillancedes zones à risque ;

• mauvaise qualité des secoursnotée en cas d’accident ou decatastrophe, surtout du côté de la

médicalisation des secours en casd’accident de la route parexemple ;

• difficultés d’accès à certains sitesd’habitation en cas d’accident àcause de l’étroitesse des rues: casdes villages traditionnels deDakar (Yarakh, Hann, Ouakam,Ngor et Yoff) ;

• manque de moyens chez l’Etat,les collectivités décentralisées etles populations pour faire face àcertaines catastrophes. Ceproblème est aggravé parl’absence de synergie et deconcertation entre structures etorganismes d’intervention ;

• pas de contrôle effectif desanciens immeubles, mais aussides bâtiments neufs ou enconstruction ;

• occupation anarchique (comme àDakar) des lits majeurs des voiesd’eau pour des besoinsd’habitation et de maraîchage(les Niayes par exemple) ;

• absence de maîtrise des cruessauvages comme à Saint-Louis,Podor, Matam, Bakel, le long dufleuve Sénégal ;

• déforestation de certaines partiesdes bassins fleuves, notammenten amont dans les zones à hauteintensité pluviométrique ;

• pas de dispositif approprié desuivi rapproché du comportementdes cours d’eau ;

• problèmes liés à la maîtrise destypes de catastrophe (feux debrousse, débordement des eauxfluviales ou avancée de la mer,etc.) ;

• non-application des lois etrèglements en vigueur ( textes ducode de l’urbanisme, du code del’hygiène, de l’environnementetc.).

Les facteurs principauxcontribuant à ces lacunesSur ce point, le groupe a ciblé uncertain nombre d’insuffisances quiont pour conséquence d’aggraver lasituation dans le cadre de la

prévention et de la gestion descatastrophes. Les points suivants ontété retenus :

Au niveau de l’Etat et de ses

démembrements

• insuffisance ou absence totaled’information et de formation desdécideurs, des élus, desadministrations, du privé et mêmede la société civile sur lesquestions de prévention ;

• inexistence de textes adaptés auxquestions de prévention (pour cequi est du transport des matièresdangereuses par exemple dans lesgrandes agglomérations commeDakar) ;

• manque de moyensd’intervention rapide en cas decatastrophe (hélicoptère desecours par exemple) ;

• faible capacité d’accueil desstructures sanitaires pour faireface aux catastrophes ;

• inadaptation de certains moyensd’intervention en casd’inondation par exemple(comme le pompage des eaux quine se fait que chaque fois qu’il ya une inondation) ;

• problèmes de délimitation etd’organisation des compétencesdes différentes structuresd’intervention ;

• non-respect des périmètres desécurité entre zones réservéesaux industries et programmesd’habitat et de logement.

Du côté des collectivitésdécentralisées et des populations

• problèmes d’information, desensibilisation et d’éducation à lanotion de prévention ;

• ignorance ou méconnaissance dela notion de risque du fait de laforte influence exercée chez lespopulations par des présupposésculturels liés à un certain nombrede croyances et de mythes.

• absence d’étude d’impactenvironnemental dans les projetsurbains en général (immobiliers,travaux publics, logements, etc.)

• non-respect des plansd’aménagement du territoire

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 46

(plans d’urbanisme etd’aménagement du territoire) ;

• occupation anarchique decertaines zones (anciens lacs,voies d’eau, Niayes, Duneslittorales, etc.)

Les actions urgentesrequisesL’atelier a retenu, à la suite de cesconstats, quelques actions urgentesélaborées en guise derecommandations immédiates ou àentreprendre dans le court ou moyenterme.

1. d’abord éduquer, sensibiliser etinformer l’ensemble descomposantes de la société depuisles décideurs jusqu’au citoyenordinaire ;

2. répertorier dès à présentl’ensemble des zones à risquespartout au Sénégal et spécifier àchaque fois la nature du risque ;

3. faire une cartographie exhaustiveet détaillée des zones à risques ;

4. activer le plaidoyer en directiondes décideurs (Présidence de la

République, Gouvernement,Assemblée nationale, Conseil dela République et des affaireséconomiques et sociales, éluslocaux, etc.)

5. réévaluer le cadre juridique en lecomplétant sur certains pointsspécifiques et susceptibles depromouvoir une bonne politiquede prévention des risques etcatastrophes ;

6. mettre en place un systèmed’alerte et de prévention descatastrophes ;

7. déplacer et délocaliser toutes lespopulations installées dans leszones à risques ;

8. réaliser des ouvrages adaptés àune prévention des inondations etdes avancées de la mer ;

9. utiliser de manière efficace tousles moyens offerts par lesNouvelles technologies del’information et de lacommunication (NTIC) ;

10. mettre en place un dispositif desuivi des donnéesmétéorologiques etpluviométriques pour une bonne

Des membres du corps diplomatique et de la Plate-forme nationale lors de lacérémonie d’ouverture

lisibilité du comportement desvoies d’eau ;

11. faire un état des lieux sur lesdifférentes actions et les modesd’intervention menées en cas decatastrophe déjà survenue auSénégal ;

12. approuver le plan derestructuration du Groupementnational des sapeurs-pompiers(Gnsp) ;

13. vérifier les plans d’organisationinterne au niveau desentreprises à risques ;

14. mise en place d’un vasteprogramme d’information et decommunication en vued’assurer la sensibilisation etl’éducation des Sénégalais enmatière de prévention et degestion des risques. Ceci, avecl’aide de la télévision, desradios, de la presse en général etaussi des ateliers, forum etséminaires d’échange.

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 47

Mme Mariama OusseiniResponsable des programmesà l’Unité de suivi de la Coordination dusystème d’alerte précoce auprès de laPrimature,Niamey, Niger

Pays sahélien et enclavé d’Afriquede l’Ouest, dont le port le plusproche est situé à environ 1.000 kmde sa capitale Niamey, le Nigercouvre une superficie de 1.267.000km2. Les 3/4 du pays sontdésertiques, comprenant le désert duTénéré qui est l’un des plus austèresdu monde.

Le climat du pays estparticulièrement aride. Le Nigerappartient en effet à l’une des zonesles plus chaudes du globe. Il connaîtdeux types de climats chauds: unclimat désertique sur la majeurepartie de sa superficie, et un climattropical avec une seule saison depluies. La pluviométrie estcaractérisée par une forte variationdans l’espace et dans le temps.

D’innombrablescatastrophes périodiquesLe Niger est confrontépériodiquement à d’innombrablescatastrophes naturelles ouprovoquées, notamment lessécheresses, les inondations, lesincendies, les épidémies, les conflitssociaux et surtout les attaques desprédateurs de cultures au cours descampagnes agricoles.Profondément préoccupé par lafréquence et la gravité des situationsde crise, le Niger, à l’instar de bonnombre de pays africains, s’estrésolument engagé à développer et àrenforcer ses capacités à prendre encharge les situations d’urgence par laprévention, le renforcement descapacités institutionnelles,notamment du système d’alerteprécoce.

Crises alimentairesA cet effet, les autorités ont pris desdispositions conséquentes en mettanten place des mécanismes deprévention et de gestion descatastrophes, à travers la Cellule decoordination du Système d’alerteprécoce (CC/SAP) et la Cellule decoordination des crises alimentaires(CCA).

En effet le Système d’alerte précocefut créé, auprès du Cabinet duPremier Ministre, le 23 août 1989. Ila été modifié le 31 mai 1995 encomplétant l’alerte par la réponseaux différentes catastrophes (lagestion des catastrophes). Sonobjectif est de contribuer à laprévention des catastrophes et descrises alimentaires et nutritionnelles.

A ce titre, il est chargé de suivre etd’animer toutes les activités d’alerteprécoce et de gestion descatastrophes afin d’éliminer ou deréduire les risques et/ou les effetsd’une catastrophe dans les domainesalimentaire, socio-économique,sanitaire et nutritionnel.

Depuis décembre 1998, leGouvernement, avec l’appui de lacommunauté internationale, tented’apporter des réponses techniques

et institutionnelles qui permettent demieux gérer les crises alimentaires -sans porter atteinte à la capacité deréponse des ménages - et d’améliorerdurablement la sécurité alimentairede la population.

Un dispositif national limitéà la crise alimentaireC’est ainsi que l’Etat du Niger et lesprincipaux donateurs ont mis enplace un dispositif national deprévention et de gestion des crisesalimentaires qui s’articule autour :

• d’un organe commun, laCommission mixte deconcertation Etat–Donateurs(CMC) qui est une instance dedécision et de coordination dudispositif ;

• d’un bien commun, le Stocknational de réserve (SNR), qui estmobilisable en cas de crisealimentaire grave. Il est composédu:

1. Stock national de sécurité (SNS)qui est un stock physique ;

2. Fonds de sécurité alimentaire(FSA) qui constitue un stockfinancier ;

3. D’un fonds d’intervention destinéà financer les actionsd’atténuation des crises en cas decrise localisée, et composédu Fonds commun des donateurs(FCD) et du Fonds decontrepartie de l’aide alimentairesous gestion bilatérale.

Dans le cadre de la relance de laPolitique nationale en matière deprévention et de gestion des crisesalimentaires et l’intensification de laconcertation entre le Niger et sesprincipaux partenaires, il a été décidéde l’élaboration d’un Plan nationald’urgence (PNU). Actuellement, lesréflexions sont en cours en vue del’élaboration d’un Plan nationald’intervention d’urgence (en matière

NIGER: Pourquoi le Niger veut-il mettre enplace une plate-forme nationale SIPC ?

Mme Mariama Ousseini, responsable desprogrammes à l’Unité de suivi de la

Coordination du système d’alerte précoceau Niger

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 48

de crise alimentaire). Ce pland’urgence est devenue uneimpérieuse nécessité pour le Nigeren raison :

• des insuffisances observées dansla gestion des différentes crisesalimentaires ;

• de la nécessité de créer un cadreapproprié pour la mise en œuvred’une Stratégie nationale deprévention et de gestion descrises alimentaires ;

• de la nécessité d’une meilleurecoordination des interventionspar la redéfinition des rôles desdifférents acteurs.

Ce Plan d’urgence a pour objectifprincipal de permettre une prise dedécision adéquate, rapide et adaptéeaux besoins en :

• identifiant les différents types decrise et leurs risques ;

• identifiant les mesuresnécessaires à leur prévention ;

• déterminant les seuils dedéclenchement des crises ;

• mobilisant les outils principauxselon la nature de la crise et enfonction des échellesd’intervention ;

• définissant l’organisation et lesprocédures à suivre en cas decrise alimentaire ;

• améliorant le ciblage desbénéficiaires.

Il est clair que le dispositif actuel neprend en compte que l’aspect crisealimentaire.

Vers un dispositif élargi àtous les types de catastropheLe Niger s’est ainsi engagé dans larecherche de voies et moyensadaptés pour une prévention et unegestion des catastrophes naturellesqui, de nos jours, sont devenues unfléau insupportable pour toutel’humanité. C’est dans ce cadre que

le Niger envisage la mise en placed’une plate-forme nationale decoordination des actions en matièrede prévention des risques et degestion des catastrophes.Comme la plupart des pays africainsdisposent de leurs plates-formesnationales, ceci permettra d’aboutir àune harmonisation des stratégiesd’interventions dans la partie Afriquede l’Ouest.

Mais l’expérience et l’analyse ontégalement montré que malgré toutesles dispositions prises, la stratégie deprévention et de gestion descatastrophes demeure insuffisantepour atténuer leur impact sur lespopulations les plus affectées.

Plans, projets etrecommandations pour laplate-forme nationalePour le Niger, au niveau de la plate-forme nationale, on retiendra doncprincipalement l’élaboration d’unPlan d’intervention d’urgence quiprendrait en compte tous les types decatastrophe qui peuvent intervenir auNiger. Ce plan aurait les mêmesobjectifs que celui des crisesalimentaires mais élargis à tous lestypes de catastrophe.

Les principes de base de ce Planseraient les suivants :

• prise en charge progressive duniveau local, sous-régional etnational selon l’ampleur de lacatastrophe ;

• approche participative etconcertée qui nécessite uneimplication des acteurs sur leterrain et des bénéficiaires ;

• approche globale de la sécuritéalimentaire pour évaluer lesrisques de dégradation de lasituation alimentaire ;

• démarche évolutive permettantdes adaptations et améliorationsen fonction de l’évolution dudispositif d’information et ducontexte économique ;

• adoption du Plan par l’ensembledes acteurs impliqués dans lagestion des catastrophes ;

• reconnaissance juridique du Planaussi bien au niveau nationalqu’au niveau régional et sous-régional.

La principale recommandation est lerenforcement du systèmed’information, du suivi et del’évaluation des programmes.

Des enfants sous-alimentés au Niger (Photo : Eden Foundation)

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 49

ONU/SIPC AfriqueNairobi, Kenya

Une catastrophe n’est pas un

événement isolé qui se produit

à un moment donné, il est le

résultat de divers processus.

Les journalistes devraient donc

passer d’une approche

« événement » et

« sensationnelle » à une

approche « processus » et

« contextuelle » de la

couverture médiatique des

catastrophes...

« Nous reconnaissons les mérites desefforts déployés actuellement àl’échelle mondiale pour réduire lesrisques de catastrophe. Nousestimons que ces efforts sont d’uneimportance capitale pour ledéveloppement durable. … Nousnous engageons à œuvrer à l’unissonavec le Secrétariat de l’ONU/SIPC etles Gouvernements africains à laréalisation des buts ultimes de cesefforts. Nous appelons tous lesjournalistes, où qu’ils/elles soientdans le monde, à se joindre à cesefforts. … »

Ces propos ressortent d’unedéclaration faite par des journalistesafricains quelques semaines avantl’ouverture de la Conférencemondiale sur la prévention descatastrophes au Japon le 18 janvier2005.

Intitulée « Déclaration de Nairobirelative à une prise de conscience dela nécessité de la réduction desrisques de catastrophe », elle a étéémise à l’issue d’un « Atelier sur lesmédias et la réduction des risques decatastrophe à l’intention dejournalistes africains d’Afriqueorientale et australe », atelier tenu à

Nairobi, au Kenya, du 14 au 17décembre 2004.

Organisé conjointement par InWent(Renforcement des capacités auniveau international, Allemagne) etONU/SIPC Afrique, cet atelier dequatre jours a vu la participation de20 délégués : des journalistes desmédias publics et privés couvrant lesquestions relatives àl’environnement, au développementet à l’actualité journalière ainsi quedes journalistes d’agence de presseet des responsables de l’informationau sein de diverses institutions. Unentrepreneur de presse étaitégalement présent. Les participantsétaient en provenance des huit paysanglophones suivants d’Afriqueorientale et australe: l’Ouganda, leKenya, la Tanzanie, le Zimbabwe, laZambie, le Malawi, le Lesotho et leMozambique.

Le but de l’atelier était desensibiliser les journalistes au faitqu’ils pouvaient jouer un rôleessentiel dans la promotion d’unpassage d’une culture de réactionaux catastrophes à une culture deprévention des catastrophes enAfrique, cela par une meilleure

Des journalistes africains se joignent à lapromotion d’une culture de prévention

approche de la couverturemédiatique des catastrophes.

GénéralitésLa prévention des catastrophes faitl’objet d’une attention croissante enAfrique. Au niveau national, desPlates-formes nationales pour laprévention des catastrophes ont étémises en place dans un certainnombre de pays africains, et biend’autres devaient être établies en2005. Dans certains pays, deslégislations relatives à la gestion descatastrophes ont été adoptées et desorganes de gestion des catastrophesont été restructurées vers laprévention des catastrophes. Auniveau continental, des grands pasont été réalisés pendant les deuxdernières années sous l’initiative del’Union africaine (UA), dusecrétariat du NEPAD (Nouveaupartenariat pour le développementafricain) et de la Banque africaine dedéveloppement (BAD), avec l’appuid’ONU/SIPC Afrique.

En fait, un « Projet de Stratégierégionale africaine pour la réductiondes risques de catastrophes »,élaboré par des experts africains, a

Les participants à l’atelier des journalistes africains

L’ONU/SIPC Afrique en action

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 50

été adopté par la Conférenceministérielle africaine surl’environnement en juin 2004, etsoumis à l’Assemblée des chefs d’Etatet de gouvernement de l’UA en juillet2004. Ce Projet de Stratégie a été alorsaccueilli favorablement par lesdirigeants africains et ceux-ci ontappelé à l’élaboration du Plan d’actionafricain recommandé dans le Projet deStratégie.

Mais de telles réalisationssignificatives ne peuvent êtrepleinement fructueuses si le grandpublic n’était pas sensibilisé. Etantdonné que les médias peuvent jouer unrôle essentiel dans la sensibilisation dugrand public, notamment en comblantle fossé entre informations disponibleset informations reçues, les journalistesdoivent donc être sensibilisés. D’oùl’idée d’organiser un atelier sur laprévention des catastrophes pour desjournalistes comme premier pas danscette direction. Un « Atelier sur lesmédias et la prévention descatastrophes à l’intention dejournalistes d’Afrique orientale etaustrale » a été donc organisé commepoint de départ de tout le processus.

Les travauxLes travaux, qui ont duré quatre jours,ont été dirigés par deux facilitateurs :M. R. Alain Valency (facilitateurprincipal), journaliste international etrédacteur en chef des versionsanglaise et française du magazined’ONU/SIPC Afrique appelé « Laprévention des catastrophes enAfrique », et M. Ib Knutsen,journaliste et responsable desinformations au sein d’ONU/SIPCAfrique.

La 1ere journée était destinée à aiderles journalistes à comprendre ce qu’estla prévention des catastrophes en tantque discipline émergente, notammentque la prévention des catastrophes estune activité pluridisciplinaire et multi-sectorielle et que, pour qu’elle puissepleinement porter ses fruits, elle doitêtre complétée par une prise deconscience de la part tant desdécideurs que du grand public.

A cet effet, des présentations ont été

données respectivement par laresponsable d’ONU/SIPC Mme FengMin Kan, le Conseiller régionalAfrique du PNUD pour la préventiondes catastrophes M. KennethWestgate, le climatologue M. ZacharyAtheru du Centre de l’IGAD pour lesprévisions climatiques et lesapplications de ces prévisions (ICPACen anglais) et le coordinateur desprogrammes de InWent auMozambique M. Torsten Wegner.

La 2e journée a démarré avec uneprésentation intitulée « Gouvernanceet prévention des catastrophes » de lapart de M. Ron Cadribo, consultant endéveloppement et en administrationpublique. Cette présentation a étésuivie d’une autre intitulée « Médiaset prévention des catastrophes :Redéfinir la couverture médiatiquedes catastrophes » par M. R. AlainValency, journaliste international etrédacteur en chef des versionsanglaise et française du magazined’ONU/SIPC Afrique.

La présentation de M. Valency a faitpart de la nécessité d’une nouvelleapproche à la couverture médiatiquedes catastrophes. Il a souligné que lescatastrophes n’étaient pas de simplesévénements isolés qui se produisent àun moment donné mais qu’ellesétaient le résultat de divers processusqui font intervenir les aléas naturels,les vulnérabilités, l’état de lagouvernance, etc. Dès lors, a-t-ilpoursuivi, les journalistes devraientpasser d’une approche « événement »de la couverture médiatique descatastrophes à une approche« processus » de celles-ci. L’approche« processus », selon lui, permet depasser d’un journalisme du« sensationnel » à un journalisme du« contextuel » plus responsable car ilpermet d’enquérir/expliquer pourquoitelle ou telle catastrophe s’est produiteet d’enquérir/expliquer comment leurimpact aurait pu être évité ou aumoins réduit. M. Valency a expliqué,divers exemples à l’appui, qu’unetelle approche « processus » avaitégalement l’avantage d’offrir desperspectives illimitées en matière decouverture : politique/gouvernance,sociale, économique,

environnementale, technique,scientifique et humaine.

La présentation de M. Valency a étésuivie d’un débat animé sur lespriorités des journalistes en matière decouverture ainsi que les conflitséventuels d’intérêt entre journalistes etgestionnaires de catastrophe au niveaude la diffusion des informations. Cedébat a été, à son tour, suivi dediscussions en groupe sur des sujetsprécis ainsi que des activitésjournalistiques pratiques d’applicationde la nouvelle approche préconisée.

La 3e journée a démarré avec uneprésentation intitulée « Propositionpour la mise en place d’un Réseau dejournalistes sensibilisés à laprévention des catastrophes enAfrique », présentation donnée encoreune fois par M. Valency. Dans saprésentation, celui-ci a déclaré qu’unetelle structure était nécessaire pourconsolider les acquis de l’atelier. A ceteffet, a-t-il poursuivi, le réseau enquestion devrait fournir à ses membresdes matériaux journalistiques etéducatifs. Ceci est important, a-t-ilsouligné, car toute institution oustructure qui veut s’inscrire dans ladurée doit non seulement promouvoiret défendre une ou des valeurs maiségalement répondre à des besoinspratiques.

Cette dernière présentation a été suiviede discussions en groupe.L’appellation suivante a été retenuepour le réseau: « Journalists in Africafor Disaster Risk Reduction Network »(JADRR Net) [Réseau de journalistesen faveur de la réduction des risquesde catastrophe en Afrique]. Le mandatdu Réseau a été finalisé par un comitéde rédaction pour être soumis à desdiscussions en plénière le jour suivant.Le comité de rédaction a égalementélaboré un Projet de Programmed’actions 2005 pour le Réseau ainsiqu’un Projet de déclaration devant êtreémise par le Reseau.

La 4e et dernière journée de l’ateliera démarré avec une séance plénièred’adoption du mandat, du Programmed’action 2005 et de la Déclaration duRéseau. A la fin des discussions, les

L’ONU/SIPC Afrique en action

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 51

versions finales de ces documents ontété adoptées par les participants.

Le point suivant à l’ordre du jour étaitun exercice individuel de rédaction deslogans et de messages chocs mettanten relief l’essence du rapport entreprévention des catastrophes etdéveloppement durable.

L’atelier s’est clôturé par uneallocution donnée au nom desparticipants par le journalisteougandais Henry Baguma, lesobservations finales de M. TorstenWegner de InWent Mozambique et lesmots de clôture de Mme Feng MinKan d’ONU/SIPC Afrique, qui s’estdéclarée satisfaite des résultats del’atelier.

Résultats de l’atelier• Les journalistes ont pris conscience

de la nécessité de la réduction desrisques de catastrophe et del’importance de celle-ci pour ledéveloppement durable. Il ressortmême des slogans et des messageschocs produits vers la fin de

l’atelier que les journalistes ontatteint une conscience « avancée »du sujet. En fait, un certain nombred’entre eux ont commencé àsensibiliser leur public dès la 2ejournée de l’atelier en envoyant desarticles et des émissions radio àleurs sièges.

• Les journalistes ont fait preuved’une compréhension claire de lanécessité de passer d’une approche« événement » de la couverturemédiatique des catastrophes à uneapproche « processus » de celle-ci.Et pour les besoins de la continuitéet d’une connaissance plus avancéedu sujet, ils ont mis en place unréseau dénommé « Journalists inAfrica for Disaster Risk ReductionNetwork » (JADRR Net) [Réseaude journalistes en faveur de laréduction des risques decatastrophe en Afrique], réseaudoté d’un mandat propre et d’unprogramme d’actions pour 2005.

• Les journalistes se sont engagés àétendre leur prise de conscience à

d’autres journalistes, aux décideurset au grand public. Un telengagement est évoqué de manièreexplicite dans le mandat1 duRéseau ainsi que dans leProgramme d’actions 2005 et laDéclaration officielle du Réseau(voir début du présent article).

• Les journalistes sont enfin allésjusqu’à exprimer ouvertement et enpublic un tel engagement. Car leurdéclaration officielle était exposéeà la communauté mondiale desgestionnaires de catastrophe lors dela Conférence mondiale sur laprévention des catastrophes qui aeu lieu au Japon du 18 au 22janvier 2005.

1 Vision et mission de JADRR Net : “ Le Réseause propose d’être une voix forte etindépendante dans la promotion de la réductiondes risques de catastrophe. Une telle aspirationsera réalisée à travers des actions de plaidoyeret de couverture médiatique sur l’importance dela réduction des vulnérabilités aux catastrophesdans l’itérêt du développement durable enAfrique”.

L’ONU/SIPC Afrique en action

ONU/SIPC AfriqueNairobi, Kenya

La « Première réunion consultativesur les plates-formes nationalespour la réduction des risques decatastrophe en Afrique » a eu lieudu 21 au 23 avril 2005 à Nairobi auKenya. La réunion a vu laparticipation de 27 responsables enprovenance de sept des neuf paysafricains disposant de plates-formes nationales (les Comores, laRépublique du Congo, le Gabon, leGhana, le Kenya, Madagascar etl’Ouganda) et de cinq autres paysqui ont l’intention de mettre enplace des plates-formes nationales

prochainement (le Tchad, le Mali,le Niger, le Nigeria et le Sénégal).Parmi les 27 participants étaientégalement deux journalistes(zambien et ougandais) membresdu “Réseau des journalistes enfaveur de la réduction des risquesde catastrophe en Afrique”, deuxconsultants (ghanéen et sud-africain), le responsable régionaldu Bureau du PNUD pour laprévention des crises et lerelèvement (PNUD-BPCR), leresponsable des plates-formesnationales au siège de l’ONU/SIPCà Genève, ainsi que la responsableet le personnel d’ONU/SIPCAfrique.

L’ONU/SIPC et les plates-formes nationalesDepuis sa création en octobre2002, ONU/SIPC Afrique a œuvré,sur la base de ses principes detravail et à travers des activitésd’animation, de réseautage, decoordination et de collaborationavec les principaux intervenants, àl’avancée du processus deréduction des risques decatastrophe en Afrique.

Un des grands secteurs d’activitéd’ONU/SIPC Afrique est la mise enplace de relations formelles detravail avec les gouvernementsnationaux, cela pour promouvoirl’appropriation de la prévention

Première réunion consultative sur lesplates-formes nationales SIPC en Afrique

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 52

L’ONU/SIPC Afrique en action

des catastrophes et l’intégration decelle-ci à la planification dudéveloppement et aux programmesde développement. Or, l’existenced’une plate-forme nationale permetjustement de promouvoir une telleappropriation au niveau national.

Jusqu’à ce jour, ONU/SIPC Afriquea répondu favorablement auxrequêtes de neuf gouvernements pourla mise en place de plates-formesnationales.

L’objet de la réunionLa réunion a été organisée pour:

• servir de forum aux points focauxdes plates-formes nationalesafricaines afin qu’ils puissentpartager leurs succès et lesenseignements qu’ils ont tirés dela coordination d’une plate-formenationale;

• passer en revue l’efficacité et lapertinence des principesdirecteurs existants sur la mise enplace de plates-formesnationales;

• voir comment faire progresser laréduction des risques decatastrophe (RRC) au niveaunational;

• voir comment renforcer leréseautage entre points focauxdes plates-formes nationalesafricaines;

• examiner la pertinence despublications d’ONU/SIPC pourl’établissement de liens entreréduction des risques decatastrophe et développementdurable;

• des discussions sur le Cadred’action de Hyogo, la Stratégierégionale africaine pour laréduction des risques decatastrophe et le Plan d’actionafricain pour la RRC.

Les travauxAprès l’ouverture de la réunion, lesresponsables des divers paysreprésentés ont donné desprésentations sur le profil descatastrophes, les mécanismes

existants de prévention decatastrophes et les activités desplates-formes nationales (là où ellesexistent déjà) dans leurs paysrespectifs.

Ces présentations ont été suiviesd’autres présentations sur diversthèmes par le responsable du PNUD-BPCR et des responsables del’ONU/SIPC.

Ensuite les travaux ont porté surdivers sujets, notamment:

Le Cadre d’action de HyogoLes participants ont noté que lespays africains n’avaient pas uneposition commune lors de la 2eConférence mondiale sur laprévention des catastrophes tenue àKobé au Japon en janvier 2005.Notant que cela était peut-être dû àun manque de leadership résultant del’absence des organes régionauxconcernés à la Conférence, lesparticipants ont cependant estiméque cela ne devrait pas être perçucomme un frein à la participationafricaine aux activités internationalesmais plutôt comme une opportunitépour approcher les acteurs régionauxsur lesquels les plates-formesnationales pouvaient avoir unecertaine influence.

Il a été par ailleurs noté que lesactions de lobby sur les chefs d’Etatrelevaient d’abord de laresponsabilité des plates-formesnationales. Mais que pour appuyerdavantage les efforts de plaidoyermenés par les plates-formesnationales, l’ONU/SIPC devrait, lorsdu prochain sommet de l’UA,donner des présentations sur lesrésultats de la dernière Conférencemondiale en rappelant aux chefsd’Etat africains les engagementsqu’ils avaient pris à Kobé et ce quidevait être fait pour appliquer leCadre d’action de Hyogo. Il a étésuggéré que les chefs d’Etat africainssoient invités, à leur tour, à profiterdu prochain sommet du G-8 pourfaire un suivi convenable desengagements pris à Kobé.

Par ailleurs, il a été relevé que s’ilétait normal que les pays africainsseraient enclins à s’identifierdavantage à la Stratégie régionaleafricaine qu’au Cadre d’action deHyogo, les pays africains devraientcependant parler le langage des paysdonateurs quand ils recherchentl’appui de ceux-ci (car les donateursconnaissent davantage le Cadred’action de Hyogo).

Les points focaux des plates-formes nationales africains

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 53

L’ONU/ SIPC Afrique en action

La Stratégie régionale africaine &le Plan d’action africain pour laRRCLes vues ont généralement convergévers le constat suivant: étant donnéque l’engagement politique envers laréduction des risques de catastrophereste plutôt faible sur le continent,des points d’entrée doivent donc êtreidentifiés pour le plaidoyer au niveaunational et les actions de lobby surles dirigeants politiques. Parexemple, des actions de lobby sur lesministres des finances et de laplanification pourraient aider à fairefigurer la prévention descatastrophes au menu des politiqueset des parlementaires et donc, par lasuite, dans les politiques et stratégiesnationales de développement. Unautre point d’entrée suggéré étaitd’emprunter une voie similaire versla réduction de la pauvreté, unsecteur qui a bénéficié récemment del’engagement des décideurs de trèshaut niveau et ces décideurss’attaquent aujourd’hui à ceproblème de manière agressive.

Autres excellentes opportunités àexplorer pour des actions de lobby àun très haut niveau : de grandesinstances internationales comme laCommission pour l’Afrique, leCommonwealth ou la Francophonie.

Les participants ont en outre suggéréqu’ONU/SIPC Afrique devraitdavantage compléter et appuyer lesefforts de plaidoyer au niveaunational en approchant les hommeset femmes politiques influents auniveau national tout en utilisant saposition au sein du Système del’ONU pour faire la même choseauprès des systèmes onusiens établisdans les pays.

Les participants ont ajouté qu’uneapproche de bas en haut du plaidoyerpourrait également compléter lesefforts déployés au niveau national.Car une prise de consciencegénéralisée au sein d’un vaste publicpeut, selon eux, amener les décideursà mettre en place des politiques etdes stratégies de prévention descatastrophes. De la même façon, ont-ils précisé, les prises de consciences’obtiennent plus facilement au

lendemain des catastrophes quandles médias et l’attention du publicsont encore braqués sur lesévénements.

Enfin, d’autres opportunités pourl’éveil des consciences seraient, parexemple, l’instauration d’un PrixSasakawa de l’ONU pour laprévention des catastrophes enAfrique. Ce prix prestigieux, a-t-onfait remarquer, avait d’ailleurs étédécerné à une Camerounaise ( MmeEsther Tadzong) en 2003.

La prévention des catastrophes et laprévention des conflitsLa réduction des risques decatastrophe ne devrait-elle pas êtreélargie à la prévention des conflits?Cette question a été égalementabordée, au vu du contexte africaindans lequel les conflits peuvent êtreassimilés à des catastrophes. Il aalors été relevé que les conflitspouvaient parfois être déclenchés pardes catastrophes et que lescatastrophes pouvaient aussi offrirl’occasion de résoudre des conflits,par conséquent la réduction desrisques et des vulnérabilités estégalement applicable aux conflits.

Toutefois, a-t-on noté en ce quiconcerne le Système de l’ONU,l’Assemblée générale de l’ONU areparti les rôles clairement entrel’ONU/SIPC, le PNUD et OCHA(Bureau de l’ONU pour lacoordination des affaireshumanitaires), ce dernier étantchargé des actions à prendre dans lapériode qui suit les conflits. Et il aété également relevé que le nombrede personnes touchées par lescatastrophes était six à sept foissupérieur au nombre de personnestouchées par les conflits.

La mobilisation de ressourcesLa question de la mobilisation deressources a été également abordéeet les plates-formes nationales ontété encouragées à solliciter desappuis financiers à des initiatives et àdes projets bien identifiés ensoumettant des propositions à l’ONUet à des organes donateurs. Il a éténoté que les plates-formes nationalespouvaient mobiliser des fonds en

présentant clairement leursinitiatives et leurs besoins en matièrede prévention des catastrophes à desdonateurs qui ont manifesté leurintérêt pour de tels projets. Lesplates-formes nationales ont étéinformés que les fonds et ressourcesexistants pour la prévention descatastrophes provenaienttraditionnellement du secteurhumanitaire, et que de tels fonds etressources n’étaient pasnécessairement les mêmes que ceuxdestinés à la reconstruction et audéveloppement.

Les cadres d’assistance de l’ONULe Bilan commun des pays/Cadred’assistance de l’ONU audéveloppement (CCA/UNDAF enanglais) sont des outils qui offrent deréelles opportunités pour plaider lacause de la RRC en introduisantcelle-ci dans les programmes etplanification du développement dessystèmes onusiens établis dans lespays. Les CCA/UNDAF, a-t-on faitremarquer, sont essentiellementconçus pour être des initiativesgouvernementales à traverslesquelles les pays établissent leurspriorités de développement pouraider les systèmes onusiens locaux àidentifier les besoins nationaux. A cepropos, un responsable de l’ONU/SIPC a déclaré que pour appuyer laprévention des catastrophes auniveau national, l’ONU/SIPCœuvrait actuellement avec le PNUDpour promouvoir l’intégration de laréduction des risques de catastropheau processus CCA/UNDAF. Lesplates-formes nationales ont été alorspriées de se familiariser avec lesCCA/UNDAF pour maximiser leurschances d’obtenir des appuis.

Enfin, il a été relevé quel’expérience du processus CCA/UNDAF varie d’un pays africain àl’autre selon le degré de familiaritédes systèmes onusiens locaux avec laRRC et le rôle que joue celle-ci dansle développement. Toutefois, lePNUD-BPCR, ONU/SIPC Afrique etles plates-formes nationales, a-t-onsouligne, peuvent exercer uneinfluence sur ce processus au moyen

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 54

L’ONU/SIPC Afrique en action

des actions de plaidoyer évoquées ci-dessus.

Les résultats de la réunionLa réunion consultative a abouti auxrésultats suivants: meilleureréseautage entre plates-formesnationales ; meilleure

Recommandationsde la 1ère réunion consultative des plates-formes

nationales pour la réduction des risques decatastrophe en Afrique

tenue les 21, 22 et 23 avril 2005 à Nairobi au Kenya

compréhension de l’expérience etdes besoins des plates-formesnationales ; des idées sur la manièrede faire progresser la réduction desrisques de catastrophe au niveaunational ; recommandationsconcertées en faveur durenforcement des plates-formesnationales ; des idées sur

l’application du Cadre d’action deHyogo, de la Stratégie régionaleafricaine et du Plan d’action africain.La réunion a enfin émis une série derecommandations (voir encadré ci-après) à l’intention des plates-formes nationales, du PNUD-BPCRet d’ONU/SIPC Afrique.

Préambule

NOUS, PARTICIPANTS À LA « 1ère RÉUNION CONSULTATIVE DES PLATES-FORMES NATIONALES POUR LA RÉDUCTION DES RISQUES DE CATASTROPHE EN

AFRIQUE »,

en considération des engagements internationaux majeurspris en matière et en faveur de la réduction des risques decatastrophe (RRC) et du développement durable,engagements exprimés dans

• les Objectifs du Millénaire,

• le Plan de Johannesburg pour la mise en œuvre desrésolutions du Sommet mondial de 2002 sur ledéveloppement durable,

• le Cadre d’action de Hyogo (CAH) 2005-2015 adoptéen janvier 2005,

et des engagements pris par l’Union africaine (UA) et leNouveau partenariat pour le développement africain(NEPAD), engagements reflétés par

• la Stratégie régionale africaine pour la réduction desrisques de catastrophe,et le Programme d’action deladite stratégie,

et dans le cadre général des Principes directeurs de l’ONU/SIPC pour les plates-formes nationales,

RECOMMANDONS LES ACTIONS D’URGENCE SUIVANTES:

1ère PARTIE

A l’intention des plates-formes nationales

Il est recommandé aux plates-formes nationales deprocéder aux actions suivantes:

1. Identifier des points d’entrée pour influencer lesdirigeants politiques, par exemple en ciblant lesparlementaires (députés) et en sensibilisant ceux-ci lorsd’ateliers et de séances du même genre. (Date limited’exécution : octobre 2005)

2. Formuler des propositions et des projets dans le cadredesquels la réduction des risques de catastrophe (RRC)est intégrée dans les programmes de développement,cela pour obtenir l’appui des donateurs. (Date limited’exécution : juin 2006)

3. Présenter un plan bien coordonné ayant pour objectifd’influencer des initiatives internationales de hautniveau, par exemple par le biais des Observateursafricains au Sommet du G-8, de la Commission pourl’Afrique, du Commonwealth et de l’Agence de laFrancophonie. (Date limite d’exécution : octobre 2006)

4. Etablir des liens entre la RRC et les domainesthématiques clés - comme la réduction de la pauvretéet la gouvernance – relatifs à la poursuite des Objectifsdu Millénaire à des niveaux local, national et régionald’exécution, cela à travers les méthodes recommandéesdans le document intitulé « Principes directeurs del’intégration de l’évaluation des risques de catastrophedans le développement ».

5. Contacter l’ONU/SIPC et le PNUD-BPCR (Bureau pourla prévention des crises et le relèvement) en vue de lamise au point d’outils de communication des besoinsdes pays aux donateurs, parmi ceux-ci la Banquemondiale et d’autres institutions financièresinternationales.

6. Concevoir des moyens pratiques de renforcer lasensibilisation du public de manière consistante,notamment au moment où l’attention des médias et dupublic est fortement rivée à un événement particulier,par exemple au lendemain d’une catastrophe.

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 55

L’ONU/ SIPC Afrique en action

7. Aider les pays ne disposant pas encore de points focauxde la RRC ou ne disposant pas de plates-formesnationales à établir des mécanismes similaires.

8. Prendre en considération les principes du droithumanitaire dans l’élaboration de documents et deprincipes directeurs relatifs à la RRC.

9. Participer activement aux processus dénommés Bilancommun de pays (CCA) et Cadre de l’ONU pour l’aideau développement (UNDAF).

10.Veiller à ce que les activités nationales de RRC soientsensibles aux questions relatives aux femmes etassocient des groupes vulnérables comme les enfants.

2ème PARTIEA l’intention de l’ONU/SIPC et du PNUD-BPCR

Il est recommandé à l’ONU/SIPC et au PNUD-BPCR de

procéder aux actions suivantes:

Réseautage (networking)

1. Institutionnaliser la tenue de réunions semestrielles desplates-formes nationales; la seconde réunion étantprévue avant octobre 2005.

2. Créer une liste électronique LISTSERV qui facilite lesinteractions automatisées sur e-mail et connecter laditeliste aux sites web de l’ONU/SIPC et du PNUD-BPCR.

3. Elaborer un répertoire des ressources existant enAfrique dans les domaines de la réduction de risquesde catastrophe (RRC) et de la gestion de catastrophes(GC) - répertoire comparable à celui de l’Organisationde coopération et de développement économique(OCDE) sur la stratégie nationale de développementdurable - ; publier régulièrement des extraits d’un telrépertoire dans le magazine « La prévention descatastrophes en Afrique – SIPC Informations » ; etprocéder à une large diffusion dudit répertoire.

Promotion de l’engagement politique

1. Veiller à ce que le directeur de l’ONU/SIPC basé àGenève entreprenne des actions de lobby et deplaidoyer directement auprès des dirigeants politiqueset des communautés régionales économiques ducontinent, cela par le conduit de la Commission de l’UAet en collaboration avec les plates-formes nationales -là où celles-ci sont en place - et avec les points focaux/organes de gestion de catastrophes - là ou les plates-formes nationales n’existent pas.

2. Appuyer les efforts de plaidoyer déployés au niveaunational en menant des actions de lobby auprès desdirigeants politiques afin que la réduction des risquesde catastrophe (RRC) soit inscrite à l’ordre du jour duSommet de l’UA, une de ces actions étant uneprésentation de l’ONU/SIPC sur les rapports entre laRRC et les thèmes de la sécurité alimentaire et dudéveloppement durable à ce sommet.

3. Plaider pour l’établissement de liens entre RRC,environnement et d’autres domaines d’activité auxniveaux national, sous-régional et régional, cela encollaboration avec le Programme des Nations Uniespour l’environnement (PNUE).

4. Aider les plates-formes nationales à traduire le Cadred’action de Hyogo (CAH), la Stratégie régionale africaine

pour la réduction des risques de catastrophe et leProgramme d’action (pour l’application de laditestratégie) en projets concrets aux niveaux national etlocal.

Mobilisation de ressources

1. Aider les plates-formes nationales à élaborer desprogrammes d’action et des projets de budget baséssur leurs stratégies nationales de RRC ainsi que sur laStratégie régionale africaine pour la RRC, et soumettreces programmes et projets aux bailleurs de fondspotentiels en vue de la mobilisation des ressourcesrequises. (Date limite d’exécution: juin 2006)

2. Réunir les donateurs potentiels et les plates-formesnationales dans un forum au cours duquel les plates-formes nationales peuvent présenter leurs programmesd’action. (Date prévue: septembre 2006)

Sensibilisation du public

1. Appuyer l’introduction de la réduction des risques decatastrophe (RRC) et de la gestion des catastrophes(GC) à tous les niveaux d’enseignement, cela par laproduction et la dissémination de matériaux etdocuments faisant état des principes directeurs yafférents, matériaux et documents destinés àl’enseignement primaire, secondaire et supérieur ainsiqu’à l’éducation/formation des adultes.

2. Appuyer le recours systématique et régulier aux médias

pour vulgariser la RRC et la GC en temps de crise ainsi

qu’en temps normal.

Formation et renforcement des capacités

1. Appuyer les plates-formes nationales dans la conceptiond’un programme régional de formation et derenforcement de capacités sur la base du répertoire deressources devant être publié par l ’ONU/SIPC(conformément à la paragraphe A3 ci-dessus) etcoordonner les financements y afférents offerts pardifférents donateurs.

LES RECOMMANDATIONS SUSMENTIONNEES SONT

EMISES EN CE JOUR DU 23 AVRIL 2005 A NAIROBI, AU

KENYA, PAR LES PARTICIPANTS A LA « 1ère REUNION

CONSULTATIVE DES PLATES-FORMES NATIONALES

POUR LA RRC ».

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 56

ONU/SIPC AfriqueNairobi, Kenya

Une structure nouvellement crééedénommée « Groupe consultatifafricain sur la réduction des risquesde catastrophe » a tenu sa premièreréunion à Nairobi, au Kenya, les 10et 11 juin 2005. Ont pris une partactive à cette réunion un hautresponsable de l’Union africaine(UA), des représentants des autoritésnigérianes, sénégalaises, ougandaiseset malgaches ainsi que deux expertsen provenance respectivement duGhana et d’Afrique du Sud.Ce Groupe consultatif africain a étéétabli pour faciliter la réalisation dece but général qu’est l’avènement enAfrique de nations et decommunautés capables de résisterface aux catastrophes dans le cadreglobal de la Stratégie internationalede prévention des catastrophes(SIPC).

Un Groupe consultatifafricain : pourquoi ?Ce Groupe consultatif africain(GCA) a été mis en place par ONU/SIPC Afrique pour conseiller etappuyer les Plates-formes nationalespour la réduction des risques decatastrophe (RRC), lesgouvernements, les autorités sous-régionales et régionales dans leurquête d’une plus grande efficacitédans la mise en œuvre et lapromotion de la RRC en Afrique.

Ces dernières activités comprennentl’intégration de la RRC auxnombreuses initiatives de réductionde la pauvreté et de développementdurable, initiatives contribuant à laréalisation des Objectifs duMillénaire. A noter que le GCAprend note de l’existence de conflitsen Afrique, leur impactenvironnemental négatif et la

vulnérabilité qui en résulte pour lespersonnes déplacées.

Raison d’être du GCALe GCA a pour raison d’être defaciliter et d’apporter des conseils àl’édification, en Afrique, de nationset de communautés capables derésister aux catastrophes à traversdes activités de RRC.

Objectifs spécifiques duGCA1. Conseiller et appuyer les

gouvernements nationaux, lesorganes sous-régionaux etrégionaux ainsi que les agencesonusiennes compétentes dansleur mise en œuvre de laStratégie régionale africaine deRRC et du Plan d’action africainpour la RRC dans le cadre duCadre d’action de Hyogo adoptéen janvier 2005 et dans lecontexte global de la réalisationdes Objectifs du Millénaire enAfrique.

2. Conseiller et fournir un appuitechnique à la mobilisation del’engagement politique et de

ressources pour la RRC de la partdes autorités nationales, sous-régionales et régionales (ex.CEDEAO, UA/NEPAD) dans lecadre des programmes et forumsrégionaux et internationaux.

3. Appuyer l’établissement de liensentre les gouvernementsnationaux et les autorités sous-régionales et régionales afin depromouvoir l’intégration etl’introduction de programmes deRRC dans les politiques etstratégies notamment deréduction de la pauvreté, debonne gouvernance, dedéveloppement durable, depromotion de la femme etd’éducation.

Termes du mandat du GCA

Objectif 1Conseiller et appuyer lesgouvernements nationaux, lesorganes sous-régionaux et régionauxainsi que les agences onusiennescompétentes dans leur mise enœuvre de la Stratégie régionaleafricaine de RRC et du Plan d’actionafricain pour la RRC dans le cadre

Mise en place d’un Groupe consultatifafricain sur la RRC

Les membres du Groupe consultatif africain

L’ONU/SIPC Afrique en action

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 57

du Cadre d’action de Hyogo adoptéen janvier 2005 et dans le contexteglobal de la réalisation des Objectifsdu Millénaire en Afrique.

Promouvoir la création de plates-formes nationales et aider celles-ci etles partenaires au développement àmettre en œuvre la Stratégierégionale africaine de RRC et le Pland’action africain pour la RRC en yapportant une sensibilité particulièreaux préoccupations et besoinsrelatifs aux femmes.

Aider les plates-formes nationales etles partenaires au développement àreconnaître l’existence de besoinssocio-psychologiques chez lescommunautés victimes et à répondreà ces besoins par la RRC, notammentpendant les phases de réponse, deredressement et de réhabilitation et làoù les catastrophes sont exacerbéespar les conflits ou les flux deréfugiés.

Appuyer et promouvoir le profil del’expertise africaine en RRC et dansles activités connexes, et faciliter laparticipation active et focalisée decette expertise africaine auxprogrammes et forums nationaux,sous-régionaux, régionaux etinternationaux.

Veiller à ce que le savoir africaincontribue à l’identification despriorités dans le domaine de la RRCet veiller à ce que l’on réponde auxbesoins africains dans lesprogrammes internationaux etrégionaux, cela à travers lareconnaissance et l’implication del’expertise africaine.

Soutenir le renforcement accru descapacités africaines dans lesprogrammes internationaux mis enœuvre par des agencesinternationales en Afrique ou dansles programmes dont les résultatsseraient appliqués en Afrique.

Objectif 2Conseiller et fournir un appuitechnique à la mobilisation del’engagement politique des autoritésnationales, sous-régionales etrégionales (ex. CEDEAO, UA/NEPAD) dans le cadre des

programmes et forumsinternationaux.

Faciliter la mise en place d’uneplate-forme politique de haut niveaucomposé de ministres et de chefsd’Etat des pays disposant de plates-formes nationales particulièrementactives, cela en vue de la formulationde diverses déclarations à faire dansles instances appropriées.

Promouvoir l’implication d’expertsafricains dans l’appui à uneinteraction entre plates-formesnationales, organes sous-régionaux,UA/NEPAD et partenairesinternationaux au développement envue de l’intégration des prioritésafricaines et de l’expertise africainedans les programmes desditspartenaires internationaux.

Fournir aux plates-formes nationalesdes conseils sur la manièred’influencer les orientations despolitiques nationales parl’intégration de la RRC auxpolitiques et aux programmes dedéveloppement tels que la DSRP(Document stratégique de réductionde la pauvreté) et les processus CCA(Bilan commun des pays) et UNDAF(Cadre d’assistance de l’ONU audéveloppement) du Système desNations Unies.

Apporter des conseils et un soutienactif aux plates-formes nationales etaux organes sous-régionaux etrégionaux sur toute question relativeaux géo-aléas en Afrique et sur lesvoies et moyens éventuels demesurer, de surveiller et d’atténuerl’impact des catastrophesprovoquées par ces aléas, cela en vued’accroître le rôle positif que lascience et les technologies del’information et de la communicationpeuvent jouer dans le domaine de laRRC.

Objectif 3Appuyer l’établissement de liensplus étroits entre gouvernementsnationaux et autorités sous-régionales et régionales pourpromouvoir l’intégration deprogrammes de RRC aux stratégiesde développement des différentspays.

Aider les plates-formes nationales àcommuniquer les progrès réalisés etles résultats des suivis dans ledomaine de la RRC en recourant àdes instruments et processuspertinents comme les Objectifs duMillénaire, le DSRP (Documentstratégique sur la réduction de lapauvreté), la Convention des NationsUnies pour la lutte contre ladésertification et la Convention-cadre des Nations Unies sur leschangements climatiques.

Identifier les programmesinternationaux intéressants etconseiller sur la manière de se servirde tels programmes pour appuyer lesactivités de RRC en Afrique.

Aider les plates-formes nationales àélaborer des programmes d’action etdes budgets pour la RRC sur la basede la Stratégie régionale africaine deRRC et du Plan d’action africainpour la RRC, et appuyer le marketingde ces programmes aux donateurspotentiels et aux agences onusiennes,par exemple à travers les stratégiesde l’ONU/OCHA (Bureau de l’ONUpour la coordination des affaireshumanitaires) dénommées « Appelconsolidé » et « Appel éclair ».

Mode de fonctionnement duGCALes membres du GCA, l’ONU/SIPCet les autres intervenants doiventencore se pencher sur ce pointparticulier.

Des membres du GCALe GCA sera composé de personnesfaisant preuve d’un engagementpersonnel envers la RCC, d’uneconnaissance particulière de celle-ciet d’une expérience de la mise enplace de plates-formes nationales enAfrique. Les membres qui disposentd’une connaissance particulière desdéfis posés par les catastrophes audéveloppement dans les différentessous-régions africaines bénéficierontde l’appui des experts africainsévoluant dans le domaine de la RRC.

L’ONU/SIPC Afrique en action

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 58

“ M. le Président, HonorablesDélégués, Mesdames etMessieurs,

Je suis heureux de pouvoirm’exprimer à cette 20e Session duConseil d’administration d’ONU-Habitat. Mais tout d’abord, jevoudrais souhaiter la bienvenue auKenya à tous les délégués : je voussouhaite à tous un agréable séjourdans notre joli pays.

Il y a près d’un mois, certains d’entrenous qui sommes présents en ceslieux ont pris part à la 23e Sessiondu Conseil d’administration duPNUE, programme sœur d’ONU-Habitat. C’est un grand privilègepour mon pays d’abriter ces deuxprogrammes des Nations Unies. Aumoment où nous nous réunissons icipour un partage des meilleures

pratiques et pour relever les défisposés par les besoins en matièred’habitat décent et d’établissementhumain durable, nous devonségalement nous rappeler des diversescatastrophes qui ont réduit la portéede nos initiatives.

Nous avons certainement encore àl’esprit ce très fort séisme du 26décembre 2004 qui a engendré destsunamis gigantesques sur les îlesd’Extrême-Orient et sur une grandeparties des rives de l’Océan indien.Cette catastrophe a eu des effetsdévastateurs sur les vies humaines etles établissements humains de 12pays, dont le Kenya.

Au moins 150.000 personnes ontperdu la vie et beaucoup d’autressont devenues sans abri. En tout, lesmoyens de subsistance de près de 5

millions de personnes ont étéparalysés par cette catastrophe. Jevoudrais encore une fois exprimermes condoléances à la fraternité desNations Unies en général, et auxfamilles et pays touchés enparticulier.

M. le Président,Nous évoluons dans un monde où lesconflits et les catastrophes continuentde causer d’immenses souffrancesaux populations, notamment entermes de perte de vies humaines etde dégâts considérables sur lesinfrastructures, les biens etl’environnement. Chaquecatastrophe de ce genre nousramène plusieurs années en arrièredans nos efforts de mise en placed’établissements humains durables.

Parmi les catastrophes naturelles lesplus partagées figurent les conditionsclimatiques extrêmes qui sont àl’origine de la sécheresse, des feux, desinondations et des glissements deterrain. Et les pays en développementsont ceux qui en sont les plus touchés,car ces pays se caractérisent par unfaible niveau de préparation ainsiqu’une faible capacité de réponserapide et efficace.

En ce qui concerne les catastrophesanthropiques, le plus grand défiprovient des conflits civils qui font desréfugiés et des personnes déplacées ausein des territoires nationaux. Cesconflits font également augmenter leport illégal d’armes individuelles, cequi fait régner l’insécurité à l’intérieuret à l’extérieur des frontières des Etatsimpliqués.

Le président kenyan Mwai Kibaki a ouvert la dernière Session du Conseil

d’administration d’ONU-Habitat. Son allocution comporte deux parties : la

première est sur la nécessité de réduire l’impact des catastrophes…

Discours de Son Excellence M. Mwai Kibaki,Président de la République du Kenya

à l’ouverture de la 20e Session du Conseil d’administration d’ONU-Habitat

le 4 avril 2005 au Complexe des Nations Unies à Nairobi au Kenya

Son Excellence lePrésident Mwai Kibaki

La parole aux décideurs africains

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 59

Mesdames et Messieurs,L’Afrique, bien plus que les autrescontinents, souffre de l’impact detels conflits et d’autres catastrophescomme l’épidémie du VIH/Sida quireprésente actuellement une menacepour les acquis des secteurs de lasanté et du secteur économique. Etcela est des plus inquiétants.Toutefois, je suis certain que lesconflits et les catastrophes offrentdes perspectives pourl’accélération des efforts dedéveloppement.Mais du fait du coût élevé de latransition entre assistance etdéveloppement au lendemain d’unconflit ou d’une catastrophe, unpartenariat étroit est nécessaire entreles gouvernements et le secteurprivé, les organisations nongouvernementales, les organisationscommunautaires et la communautéinternationale.

Par ailleurs, nous devons améliorerla préparation communautaire auxcatastrophes par un financementadéquat. Je me réjouis du fait quel’un des thèmes spéciaux retenuspour cette Session du Conseild’administration d’ONU-Habitat atrait à la mitigation en période depost-conflit et la mitigation descatastrophes. J’espère que lesdélibérations sur ce thèmecontribueront de manièresignificative à la réduction del’impact des catastrophes, surtoutdans les pays en développement.

M. le Président,La notion selon laquelle le monde estdevenu un « grand village » pose undéfi majeur surtout aux pays endéveloppement. La plupart des paysen développement, y compris leKenya, connaissent une urbanisationrapide et un flux massif depopulations vers les villes et lesgrandes villes. L’implication d’un telétat de choses est que la populationmondiale sera concentrée dans lescentres urbains avant 2020.Ce mouvement vers les villesdépasse la capacité de prestation desresponsables des centres urbains enmatière d’habitat, d’infrastructure, deservice et d’emploi. Nous en arrivons

donc à ce phénomène appelé« urbanisation de la pauvreté ».

Une Etude de suivi du bien-être auKenya indique, par exemple, que laville de Kisumu connaît le plus forttaux de prévalence de la pauvretéabsolue – 63 pour cent –, suivie deNairobi - 50 per cent -, de Nakuru -41 per cent –, et de Mombassa - 38per cent. Une telle situation appelle àdes efforts concertés qui fontintervenir la réduction de lapauvreté, un meilleur accès à l’eau età l’hygiène, l’amélioration desconditions de vie dans les taudis et larégularisation du régime foncier.

Cependant, l’urbanisation étant unphénomène incontrôlable etirréversible, nous devons égalementadopter des politiques et desprogrammes anticipatifs, y comprisla bonne gouvernance et lerenforcement des capacités desresponsables, afin de prévenir lamultiplication et la croissance destaudis et des établissements humainsinformels.

Réduire de moitié le nombre despersonnes qui n’ont pas accès à unebonne eau potable et à une hygièneadéquate avant 2015, et améliorer lesconditions de vie d’au moins 100millions d’habitants de taudis avant2020 sont des défis extrêmementdifficiles à relever dans nos pays endéveloppement. Nous reconnaissonsque chaque pays a l’obligation detrouver les ressources requises pourla réalisation de ces objectifs, mais,pour compléter les ressources localesprovenant du secteur public et privé,les partenaires au développementdevraient honorer l’engagementqu’ils ont pris d’allouer 0,7 pour centde leurs PIB respectifs à l’assistanceofficielle au développement.

En outre, la communautéinternationale devrait, entre autreschoses, procéder à un allégement, àune conversion ou à une suppressionde la dette pour mobiliser lesressources qui permettraientd’accélérer la réalisation desObjectifs du Millénaire sur l’eau,l’hygiène et les établissementshumains.

M. le Président,Les taudis sont les endroits les plusindiqués pour la réalisation dechacun des Objectifs du Millénaire.Au vu de cette réalité, monGouvernement a signé le 15 janvier2003 un Mémorandum d’accord avecONU-Habitat pour l’améliorationméthodique des taudis dans tout lepays, cela dans le cadre duProgramme d’amélioration des taudisau Kenya.

Nous accordons une grande priorité àl’amélioration des taudis et nousprocéderons à cette tâche enréduisant au minimum ledéplacement de leurs habitants, celadans l’intérêt d’une bonneplanification et de l’apport adéquatdes infrastructures et des servicesnécessaires. J’ai procédépersonnellement au lancement de laphase d’exécution de ce Programmeà l’occasion de la célébration de laJournée mondiale de l’habitat le 4octobre 2004 au site de décantagevoisin des taudis tentaculaires deKibera à Nairobi.

Mon Gouvernement a également misen place un Fonds pour l’améliorationdes taudis et pour les habitations etinfrastructures à coût modéré, fondsà partir duquel seront financées lesactivités d’amélioration des taudis. Ace propos, je voudrais appeler nospartenaires au développement,locaux et internationaux, à contribuerà ce Fonds pour nous aider àaméliorer les conditions de vie dansles taudis.

A l’échelle mondiale, je note avecsatisfaction les efforts déployés parle Directeur exécutif d’ONU-Habitatpour renforcer la Fondation desNations Unies pour l’habitat et lesétablissements humains et,particulièrement, pour mettre enplace le Mécanisme d’améliorationdes taudis.

Je voudrais dès lors prier lesdonateurs et les pays qui en ont lesmoyens à contribuer à ce Mécanismeafin qu’ONU-Habitat puisse appuyerdes activités nationalesd’amélioration des taudis. J’espèrequ’ONU-Habitat travaillera

La parole aux décideurs africains

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 60

étroitement avec des organisationsappartenant ou non au Système desNations Unies, notamment la Banquemondiale et les autres banquesrégionales, pour appuyer lesprogrammes nationaux d’améliorationdes taudis.

Je voudrais terminer mon allocutionen réitérant que pour réaliser lesobjectifs, les buts et les échéancesétablis par le Sommet du Millénaireet le Sommet mondial pour ledéveloppement social, nous avons

besoin d’un engagement plus fermede la part de toutes les partiesconcernées, si nous tenons à réaliserles objectifs convenus.

Sur ce, je vous souhaite desdélibérations fructueuses dans lepartage de vos expériences dans ledomaine des établissements humains.

Enfin, Mesdames et Messieurs,permettez-moi de noter que leKenya, destination touristique priséedans cette partie du monde, dispose

d’une population accueillante, d’unefaune variée et de divers endroitspropices à la détente. Je voudraisdonc inviter tous les délégués àprendre le temps de goûter à larichesse de la culture kenyane.

Sur ce, j’ai l’honneur et le plaisird’ouvrir officiellement la 20eSession du Conseild’administration d’ONU-Habitat.

Je vous remercie.”

Mme Feng Min KanResponsable du Bureau régional Afriquede l’ONU/SIPC (ONU/SIPC Afrique)

Nairobi, Kenya

Le président malgache offre

une aide financière à la

prévention des catastrophes

en Afrique. Le président

ougandais prête l’oreille au

“message de la prévention des

catastrophes”. Le président

Obasanjo du Nigeria a plaidé la

cause au dernier sommet de

l’Union africaine…

La Conférence mondiale de janvier2005 sur la prévention descatastrophes a clos ses travaux avecdeux documents stratégiques: la« Déclaration de Hyogo » et le« Cadre d’action de Hyogo 2005-2015 – Renforcer la résistance desnations et des communautés face auxcatastrophes ».

Le premier document réitèrel’engagement politique des Etatsmembres de l’ONU sur les questionsrelatives aux catastrophes ; le secondfournit des orientations stratégiquespour la réduction des risques de

PLAIDOYER A TRES HAUT NIVEAU: débutsencourageants d’ONU/SIPC Afrique

catastrophe au cours de la décennie2005-2015.

Garder l’élan pris à laConférence mondiale…Pour garder l’élan pris à cetteConférence mondiale et pourappliquer les actions prioritairessoulignées par le Cadre d’action deHyogo, une compréhension et uneattention plus grandes sontnécessaires de la part desresponsables étatiques de hautniveau, notamment de la part deschefs d’Etat et de gouvernement.Ceci est particulièrement vrai pourl’Afrique où le VIH/Sida, la faim etles conflits armés font des ravagesjour après jour. Or, contrairementaux autres continents, la réductiondes risques de catastrophe ne figuretoujours pas parmi les priorités deschefs d’Etat et de gouvernementdans beaucoup de pays africains.

Pour remédier à une telle situation,ONU/SIPC Afrique a établi, enAfrique, de bonnes relations departenariat avec les gouvernementsnationaux et les organisationsrégionales, cela pour promouvoir unebonne compréhension de la réductiondes risques de catastrophe (RRC) et

pour que celle-ci soit menée dans lecontexte du développement durable.Un tel partenariat permet en outre àONU/SIPC Afrique de se focalisersur des interventions stratégiques enfaveur de la réduction des risques decatastrophe.

…en promouvant la cause àun très haut niveauA titre de suivi des résultats de ladernière Conférence mondiale donc,et pour mettre en application leCadre d’action de Hyogo, ONU/SIPC Afrique a mis en place un« Forum régional africain des plates-formes nationales pour la réductiondes risques de catastrophe » et un« Groupe consultatif africain (GCA)sur la réduction des risques decatastrophe ».

L’objectif de ces deux initiatives estde renforcer la confiance et lepartenariat avec les gouvernementsnationaux dans la promotion de laRRC et l’intégration de celle-ci dansla planification du développement etles programmes de développement.

Et c’est avec le concours du Groupeconsultatif africain précité qu’ONU/SIPC Afrique a pu entamer, au cours

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 61

des deux derniers mois, un plaidoyerà un très haut niveau.

Le président malgache MarcRavalomanana

C’est ainsi que le 6 mai 2005, unedélégation d’ONU/SIPC Afrique aété reçue par Son Excellence lePrésident de la République deMadagascar M. MarcRavalomanana. Lors de cetteentrevue, la délégation d’ONU/SIPCAfrique a expliqué au chef d’Etatmalgache le mandat et les grandesfonctions de l’ONU/SIPC, ainsi queles principales activités de celle-ci enAfrique. Le président MarcRavalomanana a manifesté un vifintérêt pour le sujet. Il a déclaré qu’ilétait en fait en train de voir avec lesdonateurs comment construire desbâtiments résistants aux cyclonespour la population des zones sujettesaux cyclones dans son pays.

Le chef d’Etat malgache a égalementrelevé l’extrême importance querevêt la gestion de l’information etdes connaissances pour la réductiondes risques de catastrophe. Et pourappuyer le travail effectué parl’ONU/SIPC en Afrique, le présidentRavalomanana a offert, au nom deson pays, une contribution de 20,000dollars US au Fonds internationald’affectation spéciale à la préventiondes catastrophes, fonds servant de

mécanisme de financement à l’ONU/SIPC.

Le président ougandaisYoweri Museveni

Quelques semainesplus tard, le 24 juin2005, la responsabled’ONU/SIPC Afrique,Mme Feng Min Kan, aeffectué une visiteéclair d’une journée àKampala en Ouganda,visite au cours delaquelle elle a étéreçue par plusieurshauts responsablesgouvernementaux,dont le Premier Vice-Premier ministreougandais, le généralde brigade Moses Ali,

qui est également ministre d’Etatchargé de la préparation auxcatastrophes et des réfugiés, ainsique le secrétaire général de laPrimature et le Commissaire à lagestion des catastrophes.

Lors de l’entrevue avec le PremierVice-Premier ministre ougandais,celui-ci a souligné l’importance de laréduction des risques de catastropheet a affirmé son engagementpersonnel sur ce sujet. Il a affirméson intention d’informer SonExcellence le Président de laRépublique de l’Ouganda M. YoweriMuseveni des résultats de laConférence mondiale de janvier2005 sur la prévention descatastrophes. Et de conseiller à sonprésident de bien vouloir évoquer cesujet, entre autres choses, au Sommetde l’UA de juillet 2005, ajoutantqu’il parlerait de ce point particulierau Commissaire à la gestion descatastrophes. Le Premier Vice-Premier ministre a égalementsouligné l’importance et la nécessitéd’une action de promotion de laréduction des risques de catastropheauprès des parlementaires ougandais.

La brève visite effectuée par laresponsable d’ONU/SIPC Afrique aété très fructueuse grâce au concours

du gouvernement ougandais.L’ONU/SIPC a appris plus tard quele Premier Vice-Premier ministreMoses Ali avait abordé la questionavec le chef d’Etat ougandais.

Le président Obasanjo duNigeriaEnfin le 1er juillet 2005, c’est-à-dire une semaine après sa visite enOuganda, la responsable d’ONU/SIPC Afrique, Mme Feng Min Kana été également reçue par SonExcellence le Président de laRépublique fédérale du Nigeria M.Olusegun Obasanjo. Lors de cetteentrevue, la responsable d’ONU/SIPC Afrique a expliqué au chefd’Etat nigérian les buts de sa visite,le mandat de l’ONU/SIPC, lesgrandes fonctions de celle-ci et sesprincipales activités en Afrique, ainsique les résultats de la Conférencemondiale de janvier 2005 sur laprévention des catastrophes.

Abordant la question des effortsmenés actuellement en Afrique pourpromouvoir la réduction des risquesde catastrophe, Mme Feng Min Kana demandé au chef d’Etat nigérian debien vouloir promouvoir cette causeauprès des autres chefs d’Etat et degouvernement africains, en portant laréduction des risques de catastropheà l’ordre du jour des prochainssommets de l’UA.

Le président Olusegun Obasanjo amanifesté sa compréhension du sujeten citant une expérience personnellede la gestion des risques, ajoutantque les pauvres étaient les plustouchés par les catastrophes et que,par conséquent, il fallait traitersérieusement ce problème. Laréunion s’est terminée en beauté parles propos suivants du chef d’Etatnigérian: “ Madame, vous êtes à larecherche d’un défenseur de cettecause, vous l’avez trouvé en mapropre personne.”

L’ONU/SIPC Afrique a appris plustard que le Président Obasanjo avaitsouligné, lors du Sommet de l’UAtenu à Syrte en Libye en juillet 2005

Son Excellence le Président MarcRavalomanana

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 62

dernier, qu’il était importantd’intégrer la réduction des risques decatastrophe (RRC) dans lespolitiques et les programmes deréduction de la pauvreté.

A ce sujet, voici les propos qu’il aémis dans son allocution en saqualité de Président du Sommet:« Après le tsunami dévastateur quis’est abattu en Asie et en Afrique, laStratégie internationale pour laprévention des catastrophes aaccordé une plus grande attention àla question de savoir comment sepréparer adéquatement auxcatastrophes naturelles etanthropiques. Nous, en Afrique, nousdevons nous joindre à cet effort enintégrant la réduction des risques decatastrophe à nos politiques etprogrammes de réduction de lapauvreté, tant au niveau national querégional. A ce propos, j’appelle lacommunauté internationale à allouerdes ressources à une telle initiative. »

Débuts encourageants ;« issue à triple avantage »Bref, débuts encourageants pour leplaidoyer à un très haut niveauentamé par ONU/SIPC Afrique. Celad’autant plus que tout succès obtenuen matière d’éveil des consciences

(sur l’importance de la RRC) etd’engagement politique (en faveurde l’intégration de la RRC dans ledéveloppement en général) est,comme l’affirme M. O.E. Ojo del’Agence nationale nigériane degestion des situations d’urgence, une« issue à triple avantage » :

1. pour ONU/SIPC Afrique car celafacilite sa tâche de promotiond’une culture de prévention descatastrophes dans la perspectivede l’édification de nations et decommunautés résistantes auxcatastrophes ;

2. pour les institutions ou agencesnationales responsables desquestions relatives auxcatastrophes car cela leur permetde s’attaquer à la réduction desrisques de catastrophe de manièreglobale et complète avec lespartenaires au développement ; etenfin

3. pour le continent car celacontribue à la réalisation desObjectifs du Millénaire enAfrique.

Mme Feng Min Kan (ONU/SIPC Afrique) et M. Makharfi, directeur général de NEMA

Rencontre avec Son Excellence le Président Olusegun Obasanjodans son bureau à Abuja

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 63

M. R. Alain ValencyRédacteur en chef,« La prévention des catastrophes enAfrique »

« Il faut avancer rapidement dans laréduction des risques de catastropheà l’échelle mondiale et améliorer lespolitiques et les systèmes existantsavant l’apparition descatastrophes... »

Tels sont les propos de l’ancienPrésident des Etats-Unis Bill Clintondevant le Conseil économique etsocial (ECOSOC) de l’ONU le 14juillet 2005 dernier au siège del’ONU à New York. M. Clinton estintervenu en sa qualité d’Envoyéspécial du Secrétaire général del’ONU pour les efforts deredressement suite au tsunami.Et l’ancien président américaind’ajouter: « Nous ne pouvons paslaisser passer cette année 2005 sansréaliser des progrès concrets enmatière de réduction des risques decatastrophe… Cette année 2005 estcruciale pour l’avenir de laréduction des risques decatastrophe. »

A noter que le Conseil économiqueet social (ECOSOC) est l’un des sixorganes centraux du Système desNations Unies, les cinq autres étantl’Assemblée générale, le Conseil desécurité, la Cour internationale dejustice, le Conseil de tutelle et leSecrétariat. L’ECOSOC coordonneles activités économiques et socialesmises en œuvre par des agences etinstitutions spécialisées de l’ONUcomme le BIT (Bureau internationaldu travail), la FAO, l’UNESCO,l’UNICEF, etc. Il se compose dediverses commissions techniques etde cinq commissions économiquesrégionales, celle pour l’Afrique - la

Commissionéconomique pourl’Afrique(CEA) - étantbasée à Addis-Abeba.

M. Clinton s’est exprimédans le cadre deréunions-débats del’ECOSOC sur les« Enseignements tirés dela réponse au tsunami del’Océan indien ». Sonallocution a porté sur cequi a été réalisé pendantses cinq mois de fonctionet sur ce qui restaitencore à faire.

La première partie de sonintervention (plus de 30% de son allocution) aporté sur la nécessité de réduire lesrisques de catastrophe. Nous vouslivrons ci-après cette premièrepartie:

“M. le Président, M. le Vice-

Président, les Membres etResponsables de l’ECOSOC, M. leSecrétaire général de l’ONU,Mesdames et Messieurs.

Je suis honoré pour moi de pouvoirprendre la parole devant vousaujourd’hui. Et je suis égalementhonoré de pouvoir assumer lafonction d’Envoyé spécial duSecrétaire général de l’ONU pour leredressement suite au tsunami, unefonction que j’ai l’intentiond’assumer pendant les deuxprochaines années, et peut-être plussi les besoins du travail l’exigent. Jevais essayer d’abréger monintervention pour accorder plus detemps à notre dialogue et à noséchanges d’aujourd’hui.

Pendant ces cinq derniers mois, jeme suis attelé à essayer de faire ce

que le Secrétaire général m’ademandé de faire : veiller à ce quenous disposions, dans la phase deredressement, d’un processus mieuxcoordonné, mieux organisé et dotéd’une plus grande transparence ;veiller, dans la phase dereconstruction à long terme, à la miseen place d’un système uniforme decommunication et de suivi desprogrès que nous réalisons; veiller,dans toute la mesure du possible, àproduire une stratégie deprévention et de réduction desrisques ainsi que de meilleuresprocédures de gestion des situationsd’urgence ; et enfin achever notretravail avec un ensemble demeilleures pratiques susceptiblesd’être reprises par d’autres paysconfrontés aux mêmes problèmesdans le futur.

Et fidèle à ce mot d’ordre que nouspartageons tous ensemble, à savoir

Bill Clinton appelle à une rapide avancée dela réduction des risques de catastrophedans le monde

L’ancien Président des Etats-Unis BillClinton devant le Conseil économique etsocial (ECOSOC) de l’ONU

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 64

« Rebâtir quelque chose de mieux »,nous nous efforçons effectivement derebâtir quelque chose de mieux. Et jevoudrais tout d’abord dire quelquesmots à ce sujet : là où les réalisationssont visibles et la tâche facile, et làoù la tâche a été difficile et lesrésultats incertains. J’ai rencontrédans les régions touchées par letsunami, mais également ici à NewYork et également en Europe, desresponsables des pays touchés, desreprésentants d’ONG, des agencesonusiennes, des chefs d’entreprise etde simples citoyens qui se sententconcernés par le sujet. Et récemment,ici à New York, nous avons organiséun Consortium mondial réunissantles plus grandes agencesmultilatérales et ONG donatricesd’assistance ainsi que desreprésentants des pays touchés. Unengagement commun est sorti decette rencontre : celui d’améliorernotre coordination ainsi que notresuivi et communication de tout ce quia trait à nos finances, et celui demettre en place un système uniformed’évaluation des progrès réalisés - jereviendrai sur ce dernier point dansune minute.

J’ai vraiment apprécié cetteopportunité. J’ai eu l’occasiond’entendre les avis de représentantsdes pays, des ONG et de beaucoupd’autres sur les défis rencontrésactuellement au niveau desopérations. En tout cas, ces cinqmois ont confirmé ma foi en lavaleur des Nations Unies, un pôlefédérateur qui rend la coopérationinternationale possible. A ce sujet, jevoudrais remercier, comme je l’aidéjà fait en d’autres occasions, JanEgeland [secrétaire général adjointde l’ONU pour les affaireshumanitaires et coordinateur dessecours d’urgence – sous l’autoritéduquel opère l’ONU/SIPC] etMargareta Wahlstrom [sous-secrétaire général de l’ONU chargédes affaires humanitaires etcoordinateur adjoint des secoursd’urgence] pour le travailextraordinaire de coordination qu’ils

ont accompli. Je tiens à préciser quedans chacun des pays touchés, leséquipes onusiennes qui mettentensemble toutes les agences font, àmes yeux, du bon travail ettravaillent dur pour apporter leurappui aux actions gouvernementalesde mise en œuvre des plans dresséspar les gouvernements eux-mêmes.

Toutefois, j’estime qu’il faut avancerrapidement dans la réduction desrisques de catastrophe à l’échellemondiale, améliorer les politiques etles systèmes existants avantl’apparition des catastrophes, et aiderà l’accélération du rythme duredressement dans les pays touchés.

Permettez-moi d’essayer d’être aussiexplicite que possible. Parlonsd’abord de la prévention et lamitigation des catastrophes. Si laplupart des dégâts matérielsprovoqués par ce tsunami de trèsgrande envergure était certesinévitable, on ne peut pas en direautant des pertes en vies humaines.Ces pertes en vies humaines auraientpu être moins élevées si une alerte

précoce adéquate et d’autresstratégies de prévention étaient enplace.

A Banda Aceh [en Indonésie] parexemple, nous disposons de preuvesconcrètes de l’utilité des règlementsde construction : beaucoup deconstructions en béton armé sontrestés intacts alors que les autresconstructions ont été balayées par lesvagues. Autre exemple : la protectionprocurée par la végétation sembleavoir apporté une différence énormeen Indonésie et au Sri Lanka : lesmangroves semblent avoir diluél’impact des vagues sur la côte. Autreexemple encore : la préparation auxcatastrophes explique probablementla grande différence qui existe auniveau des pertes en vies humaineschez les communautés côtièresindiennes du district de Cuddaloredans l’Etat de Tamil Nadu. Carcertains villages avaient auparavantsuivi des formations sponsorisées parle PNUD, d’autres non. Et bien sûr,nous sommes tous probablement aucourant de l’histoire de cette jeunefille britannique pleine d’initiatives

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Bill Clinton parmi les sinistrés du tsunami de décembre 2004

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 65

du nom de Tilly Smith : ayant acquisdes connaissances sur les tsunami àson école quelques semaines avantde venir passer des vacances enThaïlande, elle a reconnu les signesavant-coureurs du tsunami et auraitsauvé la vie de 100 personnes setrouvant sur la plage. Enfin, sil’alerte précoce a apporté unecertaine différence en Thaïlande, à310 miles (498 km) seulement del’épicentre, elle aurait certainementpu faire mieux en Somalie qui est à3.000 miles (4.827 km) del’épicentre.

Toujours sur le même sujet, celui dela prévention et de la mitigation descatastrophes donc, 168 pays se sontréunis, moins d’un mois après letsunami, pour mettre au point leCadre d’action de Hyogo,poursuivant ainsi une tâchecommencée en 1994 à la Conférencede Yokohama sur la prévention descatastrophes. Ce Cadre d’action deHyogo stipule des objectifsstratégiques, des priorités pourl’action et les démarches devant êtremises en œuvre par les Etats etd’autres intervenants. Je n’ai qu’unmot à dire sur ce sujet : nous nepouvons pas laisser passer cetteannée 2005 sans réaliser des progrèsconcrets en matière de réduction desrisques de catastrophe. Je voudraisappeler les membres de ce Conseil àappliquer, de manière systématique,le Plan d’action de Hyogo etparticulièrement à introduire despolitiques et des pratiques deréduction des risques de catastrophedans les efforts de redressement, celapour ne pas revenir au niveau devulnérabilité précédant, notammenten introduisant des cours desensibilisation aux risques decatastrophe dans les programmesscolaires, en renforçant les capacitésnécessaires pour réduire ces risqueset en établissant des systèmesd’alerte précoce qui reposent surdes bases techniques solides etdurables et qui sont bien intégrés auxautres systèmes d’alerte précocecomme ceux des cyclones tropicaux.

L’année 2005 est cruciale pourl’avenir de la réduction des risquesde catastrophe. Je suis totalementconfiant que le redressement del’économie touristique dévastée auxMaldives et sur la côte thaïlandaisene sera pas encore achevé quandchacun des pays dispose d’unsystème d’alerte précoce. Il le seralorsqu’un système d’alerte précoceintégré, coordonné par l’Asie du sudet associant toutes les nations de larégion est en place.

Par ailleurs, je suis convaincu que dufait de la visibilité acquise par cespays, il existe par exemple au SriLanka et en Indonésie un potentieltouristique encore plus énorme. Maisde telles potentialités ne serontréalisées que si nous avons un bonsystème d’alerte précoce et que cesystème fonctionne bien avec lesautres systèmes. Les pays touchésont certes fait un grand pas enacceptant d’œuvrer ensemble etd’utiliser des technologiescompatibles les unes avec les autres,mais il faut aller jusqu’au bout.Chacun a dit des choses fortpertinentes mais il est très, trèsimportant de traduire tout cela enréalisations concrètes et le fairemaintenant.

Je voudrais maintenant dire deuxmots sur la réponse aux urgences.La réponse humanitaire immédiate,sans précédant était tout simplementformidable. La politique et labureaucratie ont été laissées de côté,tout le monde a travaillé ensemble,mais nous en sommes maintenant à lapartie la plus difficile.

Le redressement est une affairebeaucoup, beaucoup plus complexeet frustrante. Tout le monde veutaujourd’hui des abris temporairesdécents, mais beaucoup de gensvivent encore dans des tentes. Etd’autres vivent encore dans des abristemporaires dans lesquels la chaleurest très élevée car les toitures ou lesrevêtements extérieurs sont en ferblanc. Par ailleurs, quelques 170.000personnes à Aceh [Indonésie] et

70.000 autres au Sri Lanka viventencore dans des tentes. Nous avonslà un gros problème. Lesgouvernements de la région agissentvite, mais il faut beaucoup de tempspour construire des abris permanentspour tout le monde. Par exemple auxEtats-Unis, des victimes de notredernier ouragan ne disposenttoujours pas à l’heure actuelled’abris permanents. Il s’agit d’ungros problème. Et puisque lesressources disponibles sontsuffisantes pour construire des abrissemi-permanents satisfaisants, jevoudrais appeler chacun de vous àveiller à ce que toute défaillance decoordination et querelle politiqueéventuelles non résolues sur cetteaffaire ne fassent pas entrave auxefforts menés par les gens pouraccéder aujourd’hui à des abrisdécents. Lors de mon dernier passagedans la région, la plus grandefrustration que j’ai observée étaitchez des gens qui avaient lesentiment de vivre dans desconditions relativementinsupportables.

Enfin, je suis préoccupé égalementpar une chose : nous n’appliquonspas nos connaissances et notreexpertise de la réponse aux urgencesà la phase actuelle de redressement.Permettez-moi de m’expliquerdavantage : il n’existe, par exemple,pas de protocole bien établi pourdéployer des formateurs enformation professionnelle ou mettreen place des systèmes de suivi desprojets et des finances pour laprésente phase dont l’échéances’étend cependant du moyen au longterme. Or, nous savons que cesbesoins vont apparaître. Je voudraisdonc, encore une fois, appeler leConseil à apporter son appui auxaccords institutionnels ainsi qu’aupré-positionnement en préparation auvolet « redressement » des tâches que

nous menons actuellement. …”* Pour le texte intégral de l’intervention del’Envoyé spécial M. Bill Clinton, veuillezcontacter ONU/SIPC Afrique.

La parole aux décideurs

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 66

Dr Eric PatrickSpécialiste des politiques,Centre de développement des terresarides (DDC), PNUDNairobi, Kenya

La sécheresse est au premier

rang des aléas naturels les

plus fréquemment cités en

Afrique. Mais le premier

« Forum africain sur la

sécheresse » n’a cependant eu

lieu qu’en… février 2005.

« Les risque de sécheresse, en tantque problème de développement,devraient être traités plusglobalement qu’un simplephénomène météorologique ou aléanaturel. »

Ceci ressort du « Premier forumafricain sur la sécheresse » organisédu 31 janvier au 2 février 2005 àNairobi, au Kenya, par le Centre dedéveloppement des terres arides(PNUD-DDC), le Bureau du PNUDpour la prévention des crises et lerelèvement (PNUD-BPCR) et ONU/SIPC Afrique.

Ont participé à cette rencontre prèsde 45 participants en provenance desquatre coins d’Afrique: despraticiens chevronnés etmultidisciplinaires, des hautsresponsables d’organisations sous-régionales, des décideurs disposantde l’expérience requise et despartenaires clés. Le coût élevé desservices d’interprétariat a cependantlimité la participation des paysafricains francophones qui disposentcependant d’une très vasteexpérience sur le sujet.

ContexteL’idée d’un forum de discussions surles risques de sécheresse et les

politiques de développement enAfrique est née lors d’une réunion duGroupe de travail ad hoc de l’ONUsur la sécheresse tenue en avril 2003.Un large éventail d’experts enmatière de sécheresse, issus dediverses institutions, avaient alorsdiscuté de la sécheresse en tant queproblème de développement. Il estdevenu évident, lors des discussions,que la sécheresse devait être abordéeplus globalement qu’un simplephénomène météorologique ou aléanaturel. Un « type idéal » de modèlede société vulnérable à la sécheresseet de société résistante à lasécheresse s’est également dégagédes discussions.

Les participants à cette rencontred’avril 2003 ont également convenude la nécessité de mettre en place unréseau global des réseauxSécheresse, ou au moins d’un réseaude réseaux plus focalisés sur lesaspects politique, réduction desrisques et développement de lasécheresse. Les participants ontsurtout constaté qu’un réseau de cegenre n’existait pas encore au niveaupanafricain et que celui-ci devaitdonc être mis en place avec pourinstitutions hôtes le Centre dedéveloppement des terres arides(PNUD-DDC) et ONU/SIPCAfrique, ces deux institutions étantpar ailleurs toutes les deux basées àNairobi.

Mais étant donné que la connectivitéà l’Internet est limitée dans lamajeure partie du continent africain,un réseau électronique devrait êtrecomplété par une discussion annuelleen face-à-face baptisée « forum ». Etla première édition d’un tel forum –que les uns et les autres souhaitentdevenir “annuel” – est celui dont ilest question dans le présent article:ce « Premier forum africain sur la

sécheresse » qui a eu lieu du 31janvier au 2 février 2005 à Nairobi.

Les travauxRegroupant un groupemultidisciplinaire évoluant dans lesdomaines des politiques et de lapratique relatives à la sécheresse, ceforum a été structuré autour d’uncertain nombre de questions. Huit (8)thèmes semblent cependant avoirémergé des présentations et desdiscussions menées:

1. L’accès au marché pour lesproduits des terres arides (celuides intrants et celui des produitsproprement dits), y compris lesinformations qui s’y rattachent.

2. La diversification des moyens desubsistance, notamment en termesde dépendance climatique de lavaleur ajoutée apportée par lessystèmes de production dans leszones sujettes à la sécheresse. End’autres mots : dans quellemesure la valeur de ce qui estproduit est-elle prejudiciée par lavariabilité climatique ? Il s’agit làd’une question que l’on peutaborder sous une perspective tantlocale que nationale. Parexemple, au lendemain de lasécheresse de 1991 auZimbabwe, le PIB de ce pays achuté (temporairement) dequelques 11 % du fait de lasensibilité de son économie auxconditions météorologiques: lasécheresse a frappé l’agricultureet la production d’électricité, etensuite la combinaison des deuxa provoqué une réaction enchaîne dans tout le secteur de latransformation agro-industrielle.

3. Les modèles requis pour intégrer/introduire les risques desécheresse dans les réflexions, les

PREMIER FORUM AFRICAIN SUR LA SECHERESSE

Pour une approche globale aux risques desécheresse

Les partenaires en action

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 67

politiques et la pratique enmatière de développement,surtout au niveau des stratégies.Ceci est particulièrementimportant pour les pays souffrantd’une sécheresse chronique, paysdont le nombre est très élevé enAfrique et dans lesquels lasécheresse est devenue unepréoccupation majeure dudéveloppement.

Premier forum africain sur la sécheresse

tenue du 31 janvier au 2 février 2005

à Nairobi (Kenya)

RECOMMANDATIONS

1. Nous reconnaissons l’importance du contexte de l’économie politique internationale de l’aide alimentaire et ducommerce ainsi que celle de l’impact potentiellement significatif d’un tel contexte sur les options existant enmatière de gestion des risques de sécheresse à l’échelle locale et nationale. Si, à des fins de planification sur lecourt terme, une telle économie politique doit être perçue comme un élément « donné », elle doit cependant êtrenégociée à plus long terme pour pouvoir améliorer les options en matière de gestion des risques.

2. Nous soulignons l’importance de la volonté politique pour l’amélioration de la gestion des risques de sécheresse,mais nous ne supposons cependant pas son existence. Il est de la responsabilité des Gouvernements de créer unenvironnement favorable dans lequel les ménages peuvent améliorer les options qu’ils disposent en matière demoyens de subsistance, et ainsi contribuer à l’économie nationale.

3. Nous reconnaissons la valeur des stratégies traditionnelles de gestion des risques sans toutefois en exagérer lesmérites. Si nous reconnaissons qu’elles sont au centre de toute réalisation réussie des objectifs de gestion desrisques, elles doivent cependant être adaptées aux changement structurels qui se sont produits. Beaucoup de cessystèmes se sont avérés inefficaces sous diverses pressions mais leurs capacités d’adaptation restent un atout mêmesi elles sont particulièrement sous-estimées.

4. Nous insistons pour une vue globale de la gestion des risques et de la sécheresse, donc sur la nécessité d’impliquerles perspectives, diverses, de multiples disciplines et groupes dans la conceptualisation et la conception destratégies de mitigation des sécheresses.

5. Nous plaidons avec force pour une approche basée sur la demande aux interventions et aux stratégies de réductionde l’impact des sécheresses au niveau des ménages, cela en mettant en relief la marginalisation politique etéconomique de nombreuses communautés victimes de la sécheresse. Seule leur démarginalisation assurerait leurparticipation, et seule leur participation permettrait de s’attaquer, de manière rentable, à l’impact des risques desécheresse.

6. Nous proposons l’institutionnalisation de la collaboration entre les parties concernées par les risques climatiques -notamment les risques de sécheresse - en Afrique, collaboration à l’identification d’objectifs multiples susceptiblesd’être réalisés de façon réaliste sur diverses échéances, en se focalisant d’abord sur les pays qui souffrent le plusdes impacts de la sécheresse.

7. Nous soulignons que notre manière de penser la sécheresse dégage un modèle implicite étayé par toute une série desuppositions non soumises à des examens préalables, et qu’un tel modèle implicite influe énormément sur le choixque nous faisons des options à prendre en matière de gestion de risques de sécheresse. Par ailleurs, étant donné lagrande diversité de situations existant même à l’intérieur d’un seul pays, il faut encourager la multiplicité deperspectives et concevoir un large éventail de stratégies et d’options – en identifiant leurs avantages et leursinconvénients ainsi que leurs coûts et leur applicabilité - au lieu de s’adonner à la recherche d’une solution unique.

4. Les rapports existants entre lasécheresse, l’accès auxressources et les conflits violentsdans le contexte d’une certaineévolution de l’histoire qui arendu un tel accès plus réduit dufait de pressions démographiquesaccrues. La question connexe dela prestation de services mobilesa été également abordée.

5. L’utilité/faisabilité d’uneapproche par les « droits » auxservices, à la sécurité alimentaireet au développement en général.

6. La nature du mécanisme desfinancements des bureaucratiesdu développement, ainsi que lastructure de ces bureaucraties etles incitatifs institutionnelsexistants en leur sein, en tant

Les partenaires en action

(suite à la page suivante)

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 68

qu’obstacles à la réduction/renégociation de l’écartgigantesque entre secours/assistance et développement.

7. Les expériences régionales etinternationales de la gestion desrisque de sécheresse commesources d’inspiration pour larecherche de solutions innovantesau niveau national. La questionde la collaboration sur desquestions d’ordre transfrontaliera été également abordée.

8. La nécessité d’établir desrapports entre risques au niveaudes ménages et processusgouvernementaux de prise dedécision et de planification dudéveloppement. Les participantsse sont également posés la

question suivante: faut-il partirdu haut, du milieu, du bas ou detous les trois simultanément? Parailleurs, les participants se sontégalement penchés sur le rôle desONG, des organisationscommunautaires de service etd’autres « tiers », ainsi que sur laquestion de savoir quels seraientles points d’entrée et les pointsmultiplicateurs.

9. La nécessité d’ajuster lesmessages de réduction desrisques de catastrophe relatifsaux risques climatiques auxdiverses audiences.

Les résultats des travauxSi l’objectif principal de la réunionétait au départ de permettre aux

participants de mieux se connaître etd’amorcer des activités deréseautage, l’accent, vers la fin destravaux, était mis davantage sur lescontributions éventuelles de chacunà la promotion du message généralde la réduction des risques decatastrophe dans le domaine desrisques climatiques en Afrique.

Des recommandations formelles(voir encadré dans la pageprécédente) ont été émises par leForum, recommandations basées surun consensus implicite qui s’estinstauré lors des travaux; desrecommandations qui pourraientéventuellement servir de« déclarations » pour une « charte »sur la gestion des risques desécheresse en Afrique.

Mme Aida M’bo NdembeleConseillère au Programmeenvironnementaldu PNUD Mali,Bamako, Mali

Dû à son appartenance géographiquetropicale, le Mali, situé en Afriquede l’Ouest, est un pays exposé enpermanence aux risques climatiques(pluviométrie aléatoire et souventinsuffisante pour les cultures et lesanimaux) et à leurs conséquencescatastrophiques. Son vaste territoire(1.241.000 km2) dont plus de lamoitié est désertique, sacontinentalité et son enclavementintérieur et extérieur sont desfacteurs amplificateurs de cesrisques.

Les deux plus grands fleuves del’Afrique de l’Ouest, le Niger et leSénégal, qui le traversent sur une

MALI: Intervention du PNUD dans lerenforcement des capacités nationales degestion des catastrophes

longueur totale de plus de 2 200 kmconstituent cependant sa chance etses atouts en temps normal. Parcontre, ils deviennent des sourcesd’aggravation des risquesclimatiques en cas de pluviométrieexceptionnellement abondantepouvant provoquer des inondationssuivies de pertes matérielles et devies humaines telles qu’on l’a vu en2001 à Sélingué et en juillet/août2002 en plusieurs endroits du pays,notamment au nord (zone lacustre) etdans la région de Kayes (au sud-ouest du pays).

Les contrecoups deschangements climatiquesEn 2003 également, du fait d’unepluviométrie exceptionnelle, le Mali,à l’instar de plusieurs pays de lasous-région, a dû faire face à desdégâts importants causés notamment

par l’abondance et la présence del’eau sur des sites qui n’en avaientpas eue depuis de longues années. Ils’y ajoute les risques annuelsd’invasion acridienne sur les cultureset diverses épizooties (peste bovine,etc.) tels que ce fut le cas en 2004.

Les conséquences immédiates de cesphénomènes sont la faiblesse voire laperte de récoltes (entraînant souventla famine) et la perte de bétail,perturbant l’économie nationaleessentiellement basée sur lesactivités rurales qui occupent 80 %des populations.

Depuis une trentaine d’années, leMali subit de manière drastique lescontrecoups importants liés auxchangements climatiques setraduisant par l’installationprogressive de la sécheresseaggravée par l’exploitation abusive

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 69

Des membres du personnel de la Direction générale de la Protection civile au Mali, etMme Aida Ndembele du PNUD Mali

du couvert végétal entraînant unappauvrissement des sols. Toutes cescalamités et catastrophes ontnécessité la mise en place desystèmes adéquats de réponse .

Mise en place d’unestructure de gestion descatastrophesEn 1998, la Direction générale de laprotection civile (DGPC) a été crééepar le gouvernement avec pourmission principale la gestion et laprévention des catastrophes ainsi quela coordination des actions deprotection civile de tous les servicesnationaux et des partenaires. Cettestructure a été mise en place auniveau de certaines régions du pays.Mais il faut reconnaître que de sacréation à nos jours, la DGPC n’apas pu jouer pleinement son rôle entant que structure chargée del’organisation et de la coordinationdes actions de prévention et desecours, et surtout dans l’élaborationde plans de gestion de sinistres etcatastrophes et leur mise en œuvre.

On constate que les organismes nesont pas suffisamment outillés(capacités humaines etopérationnelles) quand il s’agit deprévenir et de gérer les catastrophes

et les risques naturels auxquelss’ajoutent ceux liés à l’activitéhumaine comme ce fut le cas avec lacrise ivoirienne.

Intervention du PNUD MaliSur la base du Plan cadre de l’ONUpour l’assistance au développementet en référence à l’axe Actionenvironnementale et conditions devie durables du Programme decoopération 2003-2007 signé avec legouvernement du Mali, il est prévula mise en place d’un programme derenforcement des capacités engestion de catastrophes naturelles.Démarré en mai 2004, le projetexécuté à travers la Directiongénérale de la protection civile viseles principaux objectifs suivants :

• Sensibiliser/former et informerles différents partenaires (Etat,collectivités territoriales, servicesdéconcentrés, société civile…)sur les risques et catastrophestout en menant un plaidoyer enfaveur de la prévention.

• Développer des mécanismesd’échange d’informations entreles niveaux local, régional etnational en matière de gestion derisques et catastrophes naturels,

• Appuyer la mise en place d’uncadre juridique et institutionneldevant assurer la cohérence entreles politiques de développementet celles relatives à la préventiondes risques.

• Elaborer des plans régionauxparticipatifs et intersectoriels deprévention des risques valorisantle savoir-faire traditionnel.

• Elaborer un plan nationalcohérent de gestion et préventiondes catastrophes naturelles avecles bénéficiaires et lespartenaires locaux du Systèmedes Nations Unies… et en étroitecollaboration avec ONU/SIPCAfrique, le BCPR (Bureau duPNUD pour la prévention descrises et le relèvement),l’UNITAR (Institut des NationsUnies pour la formation et larecherche).

Partenariats stratégiquesDans le cadre de sa mise en œuvre,le projet mettra un accent particuliersur le partenariat avec les ONG, lescollectivités locales, les institutionsde la république, les communautés àla base, avec pour chacun des rôlesclairs et bien définis.

Avec les communautés donc, ils’agira de « cultiver la connaissancedes risques » :

1. à travers la validation des fichescommunales d’analyse desrisques (FICAR) de catastropheque chaque cercle/commune/région est en train d’élaborer ;une carte/plan régional desrisques majeurs sera mis en placeet intégrera dans la suite duprocessus le plan national duMali en la matière ;

2. à travers la mise en œuvre decette approche, le projet vise lerenforcement des capacités del’Etat, des collectivitésdécentralisées et descommunautés à la base afinqu’elles puissent mieux préveniret gérer les catastrophesnaturelles.

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 70

Connaître les risquesLes différentes actions en cours et/ouprogrammées telles que lerecensement et l’analyse des risquesde catastrophe naturelle, l’élaborationde carte nationale des risques etl’adoption par l’Assemblée nationaledes textes d’organisation des secoursen matière de catastrophe sont autantd’éléments qui militent en faveur du

Mali. Le PNUD s’est donc engagé auxcôtés du gouvernement du Mali afinque des informations fiables, desmesures de prévention adéquatessoient établies, partagées et connuesdes communautés concernées.

Après avoir pris part aux travaux de la2e Conférence mondiale sur laprévention des catastrophes tenue auJapon en janvier 2005 aux côtés de la

communauté internationale, le Malidevra mettre en œuvre des stratégiesintégrées incluant des mesuresefficaces d’adaptation auxchangements climatiques pour unemeilleure gestion des écosystèmes etune prévention idoine des risques decatastrophe, stratégies qui pourrontlui assurer un développementéconomique et social durable.

ONU/SIPC AfriqueNairobi, Kenya

La Communauté économique

des Etats d’Afrique de l’Ouest,

la CEDEAO, envisage la mise

en place d’un mécanisme de

gestion des catastrophes pour

la sous-région. Une réunion

d’experts a été tenue à cet

effet. Nous vous livrons ci-

après le rapport final de cette

réunion.

Convaincue de l’urgente nécessité derenforcer la capacité de l’Afrique del’Ouest à prévenir et à gérer lescatastrophes, la 51e Session duConseil des ministres de laCEDEAO, tenue à Accra (au Ghana)du 15 au 18 décembre 2003, avaitdécidé la mise en place d’unmécanisme sous-régional deprévention et de gestion descatastrophes.

A cet effet, quatre pays étaientdésignés membres du Comitétechnique y afférent : la Côted’Ivoire, la Gambie, le Niger et leNigeria. Et la première réunion desambassadeurs représentant ces quatre

pays avaient eu lieu le 27 mai 2004au siège du Secrétariat exécutif de laCEDEAO.

Lors de cette réunion avait étérecommandée la tenue d’une réuniond’experts des quatre Etats membresen question pour arrêter lesmodalités techniques del’établissement dudit mécanisme.

Cette réunion d’experts a eu lieu du8 au 10 mars 2005 au siège duSecrétariat exécutif de la CEDEAOsous la présidence du Secrétaireexécutif de la CEDEAO, M.

Mohamed Ibn Chambas,accompagné de hauts responsablesdu Secrétariat exécutif. Des agencesonusiennes (ONU/SIPC, UN/OCHA,HCR) et des organisations de lasociété civile ont été égalementreprésentées à la réunion.

Dans son mot d’ouverture, leSecrétaire exécutif de la CEDEAO aévoqué l’impact dévastateur descatastrophes sur les économies despays ouest-africains. Il a cependantréitéré la détermination de laCEDEAO à prévenir non seulement

AFRIQUE DE L’OUEST / CEDEAO: Vers unmécanisme sous-régional de gestion descatastrophes

Des participants à la Réunion des experts

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 71

les catastrophes mais aussi lesconflits, et a souligné la nécessitéd’intégrer la prévention et la gestiondes catastrophes aux plans etprogrammes de développement encours en Afrique de l’Ouest. Pourconclure, le Secrétaire exécutif de laCEDEAO a émis l’espoir de voir laréunion aboutir à desrecommandations pertinentessusceptibles d’aider à la mise enœuvre réelle du projet discuté.

Apres l’allocution du Secrétaireexécutif, la réunion a élu un bureauprésidé par le Niger qui assureactuellement la présidence de laCEDEAO.

GénéralitésLa sous-région ouest-africaine a sapart de catastrophes naturelles etanthropiques. Des études montrentque les conséquences de telsévénements sont plus désastreusessur les pays pauvres que sur les paysriches.

Au fil des ans cependant, le conceptet la définition d’une catastropheainsi que ses causes et ses effets ontchangé. L’accent est désormais missur l’impact social des catastropheset la capacité collective à faire face àelles.

Les catastrophes naturelles qui seproduisent ou qui peuvent seproduire en Afrique de l’Ouest sontles suivantes: aléas climatologiques,activités sismiques, conflits, insectesnuisibles, maladies phytosanitaires,épidémies, accidents industriels etchimiques, pannes des systèmestechnologiques, feux.

Objectif de la réunionLa réunion a été convoquée pourarrêter les modalités de la mise enplace dudit mécanisme sous-régionalde gestion des catastrophes enAfrique de l’Ouest.

Résultats des délibérationsLes discussions ont surtout porté surles quatre points suivants:

• Cadre institutionnel et juridique

• Politique commune

• Cadre d’opération

• Mobilisation de ressources

Cadre institutionnel et juridiqueLes participants ont convenuqu’il était nécessaire de créer uneunité dotée de fonds adéquats ausein du Département des affaireshumanitaires du Secrétariatexécutif de la CEDEAO pourcoordonner la prévention et lagestion des catastrophes d’unepart, et d’un Comité techniquecomposé d’experts issus des Etatsmembres d’autre part. L’Unité degestion des catastrophes devraittenir des consultations annuellesavec le Comité technique.

Politique communeUne bonne mise en œuvre dumécanisme nécessiterait unestratégie sous-régionale communequi fait intervenir les élémentssuivants:

• la désignation de points focauxnationaux;

• l’adoption d’une politiquecommune de formation sur desquestions techniques; et

• l’identification des capacités.

Cadre d’opérationLe cadre d’opération proposé est lesuivant:

• un organe central decoordination;- les pays de la sous-région;- les agences internationales; et- les communautés locales.

Mobilisation de ressourcesEn ce qui concerne les ressources,les participants ont convenu qu’ilétait nécessaire :

• d’explorer les possibilités d’unmécanisme de financement àpartir du Fonds pour la paix de laCEDEAO;

• d’étudier la possibilitéd’organiser des sessions deformation à la mobilisation deressources; et

• d’associer les autres partenaires àtravers des partenariats

stratégiques.

Observations émises

Lacunes• Absence de vision commune.

• Manque de coordination et decoopération au niveau régional.

• Informations inadéquates.

• Capacités et formationinadéquates au niveau régional.

Conditions de réussiteLes Etats membres de la CEDEAOont exprimé leur volonté et leurdisposition à appuyer toute mesureéventuellement prise par leSecrétariat exécutif de la CEDEAOpour remédier aux lacunes précités.

Recommandations de laréunionLes experts ont émis lesrecommandations suivantes:

Cadre institutionnel• Une Unité de prévention et de

gestion des catastrophes devraitêtre établi au sein duDépartement des affaireshumanitaires du Secrétariatexécutif de la CEDEAO.

• Les réunions du Comitétechnique devraient êtreinstitutionnalisées.

• Les Etats membres devraientdésigner leurs points focauxnationaux.

Politique commune• Une étude devrait être menée sur

les catastrophes majeures pouridentifier les domainesprioritaires d’action au niveaurégional.

• Une stratégie sous-régionaled’orientation sur la préventiondes catastrophes devrait êtreélaborée, et la prévention descatastrophes devrait être intégréeaux plans et programmes dedéveloppement.

• Une réunion consultativerégionale devrait être organiséepour associer les Etats membres

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 72

plus étroitement à la mise enplace d’une stratégied’élaboration du mécanisme ainsiqu’à la définition d’initiativessous-régionales.

• L’appui des Chefs d’Etat et degouvernement devrait êtrerecherché pour s’assurer que lesautorités participent activement,au niveau sous-régional, à laprévention et à la gestion descatastrophes dans l’intérêt dudéveloppement durable.

Cadre d’opération• Une étude devrait être menée sur

les vulnérabilités des paysrespectifs pour identifier lesrisques majeurs auxquels ilsdoivent faire face.

• Une liste détaillée des outils degestion des catastrophesdisponibles dans chaque paysdevrait être dressée.

• Aucun effort ne devrait êtreménagé pour assurer unecompatibilité et unecomplémentarité entre leséquipements et les matériels.

• Des institutions appropriéesdevraient être établies.

• Les forces de défense et desécurité devront être impliquéesdans les efforts de gestion descatastrophes.

Mobilisation de ressources• La Communauté devrait

envisager ce qu’il faudrait fairepour renforcer le Fonds pour lapaix de la CEDEAO et l’étendreaux activités de gestion descatastrophes.

• Des programmes de formation àla mobilisation de ressourcesdevraient être organisées enpartenariat avec les agences

onusiennes, les autresorganisations internationales etles ONG.

Partenariat• Des liens plus étroits de

coopération devraient être tissésavec les partenaires, les agencesonusiennes, les organisations etinstitutions humanitaires, lesmultinationales, les organisationsdu secteur privé, lesgouvernements, les organisationsde la société civile, etc.

Les participants ont émis l’espoir devoir les agences onusiennes fournirl’assistance nécessaire à la mise enplace dudit mécanisme sous-régionalde gestion des catastrophes.

M. Benedict TemboJournaliste, Zambie

Des lacunes au niveau du

partage d’informations ont fait

inutilement des morts en

Afrique australe. Mais des

lacunes au niveau des

informations tranfrontalières

seraient encore plus graves.

Les pays de la SADC se

penchent sur ces problèmes,

rapporte Benedict Tembo1.

Cinq heures après le séisme qui s’estabattu au nord-ouest de l’îleindonésienne de Sumatra, séisme quia déclenché un tsunami de grande

GESTION DES RISQUES DE CATASTROPHE

La SADC se dote d’un plan régional deformation à la gestion de l’information

envergure dont les vagues se sontpropagées rapidement dans toutl’Océan indien, des pays africainsont été touchés : la Somalie,l’Afrique du Sud, Madagascar, leKenya, Tanzanie et les Seychelles.

La Tanzanie, où 13 personnes onttrouvé la mort, estime que lapropagation des vagues de cetsunami était suffisamment lentepour pouvoir lancer des alertes dansles pays touchés mais que de tellesalertes n’étaient enclenchées quelorsque la catastrophe s’est abattue.Résultat : ce nombre très élevé demorts.

Confrontés également à ce genre deproblèmes d’informations, les pays

membres de la Communauté pour ledéveloppement de l’Afrique australe(SADC en anglais) ont prisconscience de la nécessité d’unpartage d’informations dans tous lesaspects de la prévention, de lapréparation et de la réponse auxcatastrophes.

Une organisation allemande derenforcement des capacités, du nomde InWent, est donc intervenue pouraider les 13 pays membres de laSADC à combler le fossé existantentre ces pays en matièred’information. Inwent a doncorganisé, du 19 au 22 avril 2005 enTanzanie, un « Atelier d’élaborationd’un Plan régional de formation à lagestion de l’information ».

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La prévention des catastrophes en Afrique - SIPC Informations No 5/juillet 2005 73

Un élément “clé” des mesurescontre les catastrophesCet atelier, qui a eu lieu dans la villecôtière de Bagamoyo (ancien portd’embarquement d’esclaves – unevéritable catastrophe pourl’humanité), était une rencontre derenforcement des capacités engestion intersectorielle del’information pour la prévention etla mitigation des catastrophestransfrontalières.

Procédant à l’ouverture de l’atelier,Rose Lugembe, secrétaire général àla Primature en Tanzanie, a déclaréque la gestion des catastrophesrepose sur la collecte et ladissémination rapides d’informationscorrectes. « Ceci tient au fait quel’information est un élément clé detoute réussite des mesures relativesaux catastrophes, » a–t-elle précisé.

Mlle Lugembe a également soulignéque l’impact des inondations de l’an2000 au Mozambique aurait étémoins grave si on avait auparavantdonné à la population desinformations relatives à leursvulnérabilités aux inondationsimminentes. Sur un tout autre plan,elle a déclaré que le séisme ettsunami du 26 décembre 2004 avaitbeau se passer à 5.000 kilomètres,cela n’empêche que la Tanzanie aitété touchée et que cela a causé lamort de 13 personnes.

Et Mlle Lugembe de conclure: « Cesdeux exemples révèlent l’existencede certaines lacunes au niveau desinformations et de la disséminationde celles-ci aux populations. Les

lacunes au niveau des informationstransfrontalières sont encore plusgraves du fait d’une certainefaiblesse des connaissances et del’absence de systèmes decommunication. Nous devonstrouver le moyen de résoudre cettequestion à travers des mécanismeset des plans d’exécution bien aupoint. »

Le plan régional de formationde la SADC est prêtSussane Breuer, directeur de projetsde InWent basée à Berlin, a poursa part indiqué que le monde a prisconscience de l’importance de laprévention des catastrophes suite àce tsunami qui s’est produit peu detemps avant l’ouverture de laConférence mondiale sur laprévention des catastrophes àKobé, au Japon, en janvier 2005dernier.

« Le monde a pris conscience del’importance des mesures relativesaux risques, des mesures depréparation et des systèmesd’alerte précoce opérationnels sicruciaux pour éviter ou au moinsatténuer l’impact désastreux descatastrophes naturelles, » a-t-elleprécisé.

Et Mlle Breuer d’ajouter: « Unefois encore, nous avons là desexperts qui savaient à temps quel’événement allait se produire,mais il n’y avait pas de système oude structure pour envoyer unealerte aussi importante auxautorités compétentes, encoremoins aux populations. »

Enfin, en ce qui concerne l’atelier,elle a noté que beaucoup de bonnesidées avaient été produites, et queInwent allait bientôt planifier lesprochaines actions à mener.

Quant à M. Florian Bemmerlein-Lux, expert en gestion descatastrophes, il a noté que l’atelierde Bagamoyo a abouti au moins àtrois bons résultats : « Le plan deformation est prêt et les troispremiers cours seront offerts. Etune quantité suffisante dematériaux a été rassemblée, ce quipermet d’entamer laconceptualisation d’uneproposition de projet dès que lesappels aux propositions de projetsont lancés. »

M. Bemmerlein-Lux réside àNürnberg en Allemagne et dirigeune firme de consultants appeléeEco-Institutional DevelopmentConsult [Consultations endéveloppement éco-institutionnel].

A noter que l’atelier de Bagamoyoa été organisé dans le cadre d’unprocessus commencé à Pretoria, enAfrique du Sud, en août 2004. Ceprocessus vise à l’élaboration d’unPlan régional de formation à lagestion de l’information dans ledomaine de la gestion des risquesde catastrophe.

1 Benedict Tembo, un journaliste zambien, estmembre de JADRR Net (Journalists in Africa

for Disaster Risk Reduction Network - Réseaude journalistes en faveur de la réduction desrisques de catastrophe en Afrique), réseau néen décembre 2004 avec l’appui d’ONU/SIPCAfrique.

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