La pression de mars - numéro 5

16
de mars Le Quotidien des Municipales 2008 réalisé par les étudiants de l’école supérieure de journalisme de Lille Numéro 1 Jeudi 6 mars 2008 Sarkozy à Toulon Le Président de nouveau en campagne pour sauver les meubles Un petit tour et puis voilà Ils ont été élus dès dimanche. Portraits des maires d’Armentières, Jeumont, Maubeuge et Valenciennes. page 14 page 10 et 11 La nouvelle donne Photo : GC/BP Retour sur 48 heures de petites et grandes manœuvres dans la région pages 4 et 5 L’ ouverture a-t-elle un sens au niveau local ? L’analyse exclusive du politologue Rémi Lefebvre en page 2

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Le quotidien des municipales dans le Nord Pas-ce-Calais, par les étudiants de l'Ecole supérieure de journalisme de Lille

Transcript of La pression de mars - numéro 5

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Sarkozy à ToulonLe Président de nouveauen campagne poursauver les meubles

Un petit tour et puis voilàIls ont été élus dès dimanche.Portraits des maires d’Armentières,Jeumont, Maubeuge et Valenciennes.

page 14 page 10 et 11

Lanouvelledonne

Photo : GC/BP

Retour sur 48 heures de petiteset grandes manœuvres dans la région

pages 4 et 5

L’ouverture a-t-elle unsens au niveau local ?

L’analyse exclusive du politologue Rémi Lefebvre en page 2

L’ É V É N E M E N T

2La Pression de mars Mercredi 12 mars 2008

L’orange et le melonDDaannss ttoouuttee ssaa sspplleennddeeuurr,, llaappooll iitt iiqquuee eesstt àà ll ’’œœuuvvrree.. DDee ttoouuss ccôôttééss,, oonn ss’’aaggiittee..RRééuunniioonnss sseeccrrèètteess,,ttrraaccttaatt iioonnss.. CCeerr ttaaiinnss oonntt llaammaaiinn ssuurr llee ttéélléépphhoonnee,,ddééccrroocchheenntt àà llaa pprreemmiièèrreessoonnnneerriiee,, eessppèèrreenntt.. II ll ffaauuttfificceelleerr ssaa vviiccttooiirree oouu bbiieennss’’eenn ddoonnnneerr lleess mmooyyeennss,,ggrraappppii lllleerr qquueellqquueess ppllaacceessaauu ccoonnsseeii ll mmuunniicciippaall.. EEttccoommmmee lloorrss ddee llaa PPrrééssiiddeennttiieell llee,, aauu ““cceennttrree””ddee ttoouutteess lleess aatt tteenntt iioonnss,, lleeMMooDDeemm.. CCoouurr tt iisséé ddee ttoouutteessppaarr tt –– FFii lllloonn eett RRooyyaall oonnttttoouuss ddeeuuxx aappppeellééss àà ddeessaallll iiaanncceess gglloobbaalleess,,rreeffuussééeess ppaarr FFrraannççooiissBBaayyrroouu qquuii ppoouurr rraaiitt yyllaaiisssseerr PPaauu –– llee MMooDDeemmaaddooppttee uunn ccoommppoorr tteemmeenntt ààggééoommééttrriiee vvaarriiaabbllee.. SSoouuttiieenndd’’AAllaaiinn JJuuppppéé àà BBoorrddeeaauuxx,,ii ll vviieenntt ééttooff ffeerr lleess rraannggss ddeeMMaarr tt iinnee AAuubbrryy àà LLiill llee oouu ddeeFFrraannççooiiss RReebbssaammeenn ààDDiijjoonn.. ÀÀ MMaarrsseeii llllee,, mmaallggrréélleess aappppeellss dduu ppiieeddmmuull tt iipplliiééss ppaarr JJeeaann--CCllaauuddeeGGaauuddiinn,, cc’’eesstt aavveecc llee PPSSqquu’’ii ll ffeerraa lliissttee ccoommmmuunnee.. ÀÀ PPaa rriiss,, MMaarriieell llee ddeeSSaarrnneezz,, llaa ccaannddiiddaatteeMMooDDeemm,, aa tteenndduu llaa mmaaiinn ààBBeerr ttrraanndd DDeellaannooëë,, ssaannssggrraanndd ssuuccccèèss.. ÀÀ BBllooiiss,,QQuuiimmppeerr,, ÉÉvvrreeuuxx oouu MMeettzz,,lleess vvooiixx oorraannggee sseerroonnttddéétteerrmmiinnaanntteess.. FFaaccee àà ttaannttdd’’ééggaarrddss,, FFrraannççooiiss BBaayyrroouuppeeuutt dd’’aauuttaanntt pplluuss ssaavvoouurreerrll ’’ééttaatt dd’’ iinncceerr tt iittuuddee ddaannsslleeqquueell ii ll llaaiissssee ll ’’UUMMPP eett lleePPSS.. CCeeppeennddaanntt,, bbaallaannççaannttddee ggaauucchhee àà ddrrooii ttee,, aauu ggrréédduu vveenntt ddeess vvii lllleess,, lleeMMooDDeemm rriissqquuee dd’’yy ppeerrddrreeeenn ll iissiibbiill ii ttéé.. EEtt lleessccoonn vvooii tt iisseess nnee ddooiivveenntt ppaassffaaii rree oouubbll iieerr qquu’’ iill nneerreepprréésseennttee qquuee 33,,7744 %% ddeessssuuffff rraaggeess aauu nniivveeaauunnaatt iioonnaall.. UUnnee ppaaii llllee qquuii nneejjuusstt iififiee ppaass ddee pprreennddrree lleemmeelloonn.. UUnnee ffooiiss lleessaallll iiaanncceess ccoonncclluueess eett lleesséélleecctt iioonnss bboouuccllééeess,, lleeMMooDDeemm ppoouurr rraaii tt aalloorrss sseevvooiirr ééccoonndduuii tt ddee llaa ssccèènneeppooll iitt iiqquuee ccoommmmee uunn aammaannttdd’’uunn jjoouurr..

Jérémy Marot

ÉDITO

LA PRESSION de marsQuotidien réalisé par les étudiants de l’ESJ, de2e année (presse écrite et agence) et de PHR.Refermentation et maturation - Directeur de la publication :Pierre SavaryFermentation - Directeurs adjoints de la publication :Jacky Durand, Sylvie Larrière, Cyril Petit, et Yves Sécher Houblonnage - Rédacteurs en chef :Hélène Bekmezian, Julien Damien,Delphine Lacroix, Jérémy MarotEmbouteillage - Rédacteurs en chef techniques :Guillaume Carré, Jean Décotte,Alexandra Nawawi, Benoist PasteauSur le blog des municipales de l’ESJ, lire, écouter et regarder les reportages des deuxièmes années :http://chroniquesdemars.blogspot.com

École supérieure de journalisme de Lille,50 rue Gauthier-de-Châtillon, 59046 Lille Cedex.Tel : 03.20.30.44.00. www.esj-lille.fr

« L’ouverture n’est

qu’un gadget »

IINNTTEERRVVIIEEWW.. Débauchages,ralliements plus ou moins sincères…

Pour Rémi Lefebvre, chercheur auCeraps de l’université Lille 2

l’impact des listes d’ouverture sur levote des électeurs est assez faible.

es munici-pales ontmontré de

nombreu ses listes d’ouver-ture. Est-ce un phénomènenouveau lié à la politiqueprônée par Nicolas Sar-kozy ? Pas du tout. Les élections lo-cales ont toujours été beau-coup plus apolitiques que lesscrutins nationaux. Il s’agitavant tout d’enjeux locaux, leslistes ont toujours rassemblédes personnes d’horizons diffé-rents ayant des points deconvergence. Ce qui est nou-veau, en revanche, c’est l’affi-chage national des politiquesd’ouverture au niveau local.L’UMP a par exemple publiéune liste de mille candidatsd’ouverture aux élections mu-nicipales.

À la lumière des résultatsdu premier tour, quel bilanpeut-on en tirer ?Ce n’est pas très concluant. Detoute façon, il n’y a quasimentque les hommes politiquespour penser que ces listesd’ouverture fonctionnent etpermettent réellement de ga-gner des électeurs. Ces listesne sont que des gadgets pourfaire parler. On l’a particulière-ment vu pour SébastienHuyghe (UMP) à Lille, qui a dé-bauché Brigitte Mauroy [NDLR :nièce de Pierre Mauroy]. Si cenom ne lui a pas permis de ga-gner des voix, il ne lui en a pasfait perdre non plus.

Il n’y aurait donc aucun in-térêt à présenter des listesd’ouverture…Cela dépend en fait de la so-ciologie électorale, de l’an-crage politique de la ville. Parexemple, un candidat degauche dans une ville à qui

penche plutôt à droite auraclairement intérêt à rallier desgens de tendance différente.C’est la fragilité politique quidétermine l’opportunité ou nond’ouvrir sa liste.

Par exemple à Tourcoing,avec le succès de Michel-François Delannoy (PS) dèsle premier tour…Absolument. Et cette politiquea eu d’autant plus de succèsque se trouvait face à lui Chris-tian Vanneste (UMP), aux idéespolitiques vraiment marquées àdroite. Du coup, l’ouverture deDelannoy et le recentrage deson discours, axé sur le thèmede la sécurité notamment, n’estpas apparu comme particuliè-rement centriste aux yeux desélecteurs tourquennois.

À l’inverse, Marc-PhilippeDaubresse (UMP), réélu aupremier tour à Lambersart,présentait une socialiste endeuxième position sur saliste. Pourquoi cette ouver-ture alors que sa victoireétait assurée ?Cela n’avait rien à voir avec lesélections municipales. Dau-bresse voulait apparaîtrecomme un homme d’ouvertureet de rassemblement en vue del’éventuelle présidence à laCommunauté urbaine, au-jourd’hui plutôt compromiseavec les résultats du premiertour.

À Lille, est-ce justementcette présidence qui apoussé Martine Aubry às’allier avec le MoDem deJacques Richir alors que lesvoix des Verts d’Éric Qui-quet lui suffisaient ?Tout à fait. Pour Martine Aubry,la Communauté urbaine estbien plus importante que la

mairie de Lille qui, de toutefaçon, lui était acquise. Aubry abesoin du MoDem à la Commu-nauté urbaine parce qu’elle neveut pas être trop prisonnièredes Verts. Les tractations avecle MoDem se sont faites au ni-veau cantonal, voire fédéral etdépassent la personne deJacques Richir.

On entend souvent que leMoDem brouille les cartes.Son rôle est-il surestimé ?Le MoDem brouille les cartesdans la mesure où il encouragela politique d’ouverture. Mais ilne faut pas surestimer son rôleet la recomposition du paysagepolitique que son irruption aentraînée. Le clivage gauche-droite reste très important : lesélecteurs se sont surtout déter-minés en fonction de ça, et nonsur l’existence ou non de per-sonnalités d’ouverture sur telleou telle liste…

Autre forme d’ouverture,plus traditionnelle, la pré-sence de listes dites sansétiquettes, avec des per-sonnes issues de la “sociétécivile”. Est-ce que çamarche ?Oui et non. Cela marche pourles petites communes, maispas pour les villes. Dans lesvillages, les électeurs sont da-vantage structurés sur desidentités locales et sur les pro-grammes. Tout le mondeconnaît celui qui se présenteet donc ses projets pour lacommune. Les logiques degestion du village et le facteurindividuel jouent à plein. Enrevanche, en ce qui concerneles villes de plus grande im-portance, les électeurs se dé-terminent surtout, encore unefois, sur un clivage droite-gauche.

Propos recueillis par Nicolas Kienast

C Photo : DR

L’ E S S E N T I E L

3 Mercredi 12 mars 2008

Hénin et Bouchartau coude-à-coude

Natacha Bouchart peut-ellemettre un terme à trente-sept ans d'investiture com-

muniste à Calais ? C’est ce que tout lemonde se demande dans la capitale dela dentelle, à l’issue du premier tourdes élections municipales. Avec 36 %des suffrages, la candidate UMP, têtede la “liste d’ouverture populaire et so-ciale”, talonne de près le maire com-muniste sortant, Jacky Hénin. Pour cedernier, c’est évidemment la surprise.En 2001, le numéro 1 du PCF à Calaisrécoltait 47,23 % des voix au premiertour. Dimanche soir, il ne rassemblaitque 37,7 % des Calaisiens. La douchefroide pour Jacky Hénin ? Selon lui,pas du tout. Il considère déjà que« seule la gauche est capable de rassemblerplus de 50 % des suffrages ». En effet, lecommuniste n’a pas mis longtemps àfaire les comptes et s’aperçoit que lesvoix réunies des Verts, de Lutte ou-vrière et de la LCR lui apporteraientplus de treize points supplémentaireslors du second tour. Une perspectiveque Natacha Bouchart ne peut entre-voir. Pour l’emporter dimanche, elle nepeut compter que sur ses voix, oucelles... du FN [voir ci-dessous]. La can-didate d’ouverture préfère toutefois af-fronter le duel du 16 mars en rassem-blant les abstentionnistes à sa cause, etnon les voix d’extrême droite. Unemanœuvre pas plutôt habile au vu dela faible participation de dimanche quis'élevait seulement à 56,52 %.

C’est en 1978, le jour de ses 18 ans, que Jacky Hénin adhèreau Parti communiste français.Trente ans plus tard, cet ancienrugbyman est plus que jamais engagé en politique et comptebien renouveler son mandat après avoir passé sept ans à latête du beffroi calaisien. « Je ne suis pas le plus beau, je ne suispas le meilleur,mais je travaille et je donne tout ce que je peuxpour être bon », déclarait-il en février dans LaVoix du Nord.En 2000, il est intronisé malgré lui à la tête de la mairie deCalais, suite à la démission inattendue de Jean-JacquesBarthes, ancien maire communiste de la ville. Jacky Héninn’avait pas prévu de tenir cette première place,mais il a prisgoût à ses nouvelles responsabilités. « J’ai pris les choses enmain en faisant face à une opposition très dure.On m’a qualifiéde maire par intérim.Aujourd’hui, chacun s’aperçoit qu’il y a uncapitaine dans le bateau. »

Conseillère de l’opposition dans la municipalité de Calais,Natacha Bouchart compte sur sa liste d’ouverture pour mettrefin à trente-sept ans d’investiture communiste à Calais.Considérant « qu’il n’est pas sain d’être dirigé par les mêmeshommes », la candidate étiquetée UMP joue en effet surl’orientation au centre et à gauche de ses colistiers, ce quis’avère être une situation inédite. Le numéro 2 de cette “listed’ouverture populaire et sociale” en est d’ailleurs un parfaitexemple puisqu’il s’agit de Philippe Blet,membre du Partisocialiste.En s’entourant de collaborateur du MoDem et du PS, la candi-date UMP peut donc attirer les électeurs de tous bords.Ce-pendant, la stratégie peut également se révéler préjudiciabletant elle sème le trouble parmi les Calaisiens. Une telle ouver-ture peut en effet manquer d’une certaine identité.

Calais

Les arbitresPourtant inexistant à Calais en 2001, leFront National fait figure d’arbitre àl’occasion de ces élections munici-pales. Le parti mené localement parFrançois Dubout a en effet récolté unpeu plus de 12 % des suffrages lors dupremier tour de scrutin.Malgré ce ré-sultat qui le propulse au second tour, leFN calaisien ne semble cependant pasen mesure de faire de l’ombre à JackyHénin et Natacha Bouchart, créditésrespectivement de 37 % et 36 %.Tou-tefois, François Dubout a proposé unealliance à Natacha Bouchart dans le butde faire tomber le maire sortant.Mal-heureusement pour le parti de l’ex-trême droite, la candidate d’ouverturea refusé la proposition. FrançoisDubout devra donc se contenter dequelques sièges au conseil municipal.

Le duel

37 millions d’euros.C’est la sommed’argent que deuxsœurs japonaisesauraient cachédans des boîtesen cartons pouréchapper au fisc.

JACKY HÉNIN,PCF, 47 ans.

Maire sortant (élu depuis 2001)

NATACHA BOUCHARDUMP, 44 ans.Conseillère régionale

« C'est l'alliance de la carpe et du lapin. »

Sébastien Huyghe (UMP), à propos du ralliement de Jacques Richir (MoDem) et Éric Quiquet (Verts)à Martine Aubry (PS) lors d'une conférence de presse à son QG de campagne mardi.

La phrasedu jourLe chiffredu jour

Par Jonathan Roux

Photos:GaëlArcuset

Photo:DR

La Pression de mars

E N R É G I O N

4La Pression de mars Mercredi 12 mars 2008

“Speed-dating” enDrague effrénée sur le littoralCALAIS. Les petits partis sont les plus cour-tisés. À Calais, ce sont eux et la possiblemobilisation des 43 % d’abstentionnistes,qui feront la différence. Au coude-à-coudeau soir du premier tour, les deux principauxcandidats se sont lancés dans une dragueeffrénée.D’un côté, Jacky Hénin, le mairecommuniste sortant [ci-contre], a récolté37,70 % des voix et se rapproche des partisde gauche : lesVerts, la LCR et Lutteouvrière, qui comptabilisent au total près de13 % des suffrages.Mais leur soutien est loind’être indéfectible, certains fustigeant unegestion vieillissante de la ville (Hénin est au pouvoir depuis1971) ou le manque de respect du maire sortantà leur égard.De l’autre côté, Natacha Bouchart pointeen deuxième position avec sa Liste d’ouverture,populaire et sociale. Avec 386 voix de retard,elle pointe à 36,36% des voix, laissantprésager un second tourdifficile pour le maire communiste.Plus de 12 % des suffrages sont allés au FN.

Union sacrée contre le sortantBÉTHUNE. Les élections se suivent et ne se ressemblent pas. Éludès le premier tour en 2002 après l’invalidation du maire sortant,Jacques Mellick (PS, ci-contre) se retrouve aujourd’hui dans une si-

tuation bien inconfortable. Arrivé en tête dimanche soir avec41,49 % de suffrages, il doit faire face à un front uni de l’ensemble

de ses adversaires. L’union sacrée anti-Mellick balaie tout le spectre politique : on y

croise son ancien directeur de cabinet,Stéphane Saint-André (PS dissident, 22,35 %),

Olivier Gacquerre (MoDem soutenu parl’UMP, 23,74 %) et Bernard Seux (PS, invalidéen 2002, 12,42 %). La fusion des trois listes seretrouve donc favorite pour le second tour.

Après quatre élections à la mairie de Béthune(de 1977 à 1995), Jacques Mellick avait dû

démissionner en 1996 à cause d’une condam-nation pénale dans l’affaire OM-VA.

Les rancœurs après le divorceSAINT-OMER.Maire sortant, Jean-Jacques Delvaux(UMP) s’est présenté face à son ancienne adjointe,MurielleVolle-Gens, qui arborait de son côté les cou-leurs du MoDem.Au final, il arrive en deuxième positionavec 40,89 % des suffrages, alors que le MoDem encompte 16,56 %. La division de l’équipe du maire sor-tant propulse le challenger Bruno Magnier (PS, ci-contre)

en tête avec 42,55 % des voix. S’ilpeut compter sur la mobilisationdes abstentionnistes, il pense quela marge de progression, à droite,est beaucoup moins grande que lasienne.Car si le MoDem ne se ral-lie pas, ce qui risque de se pro-duire, Jean-Jacques Delvaux aurabien du mal à combler l’écart... etse retrouvera pris à son proprepiège.

LENS. Quincangulaire ?Pentangulaire ? Les36 000 Lensois font faceà un problème de voca-bulaire : cinq listes sesont qualifiées pour lesecond tour. Depuis plusde cinquante ans, c’est lapremière fois qu’unmaire socialiste n’est pasréélu dès le premier tour.La désunion de la gauchea sans doute fait leur fai-blesse. Guy Delcourt (PS,47,22 %, ci-contre),maire

depuis 1998, était passésans problème en 2001.En 2008, il fait face àquatre listes qui de-vraient se maintenir le16 mars,mais qui ontpeu de chance de luiravir son fauteuil :Béatrice Permuy (UMP,18,41 %), AnnieSaint-Arnoult (gauche,12,70 %), Jean-MichelHumez (PCF, 11,15 %),et Vincent Naceira(Verts, 10,52%).

RRÉÉGGIIOONN.. Séduction, chantage, tractations... Ils avaient 48 heures pour se placer dans les principales villes de larégion. Panorama des accords et désaccords entre listes.

Quinte de toux pour le maire socialiste

Photos

: ESJ

Photo: Assem

blée nationale

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5La Pression de mars Mercredi 12 mars 2008

Nord-Pas de CalaisAubry scelle un ménage à troisLILLE. De l’art de jongler avec les forces enprésence. Martine Aubry [ci-contre], mairesortant et probablement réélue à l’issue dusecond tour, négocie au plus large. Soutenuedepuis sept ans par les Verts, elle a trouvéun accord avec le parti d’Éric Quiquet qui,avec 11,58 %, ne fait pas un score à la hau-teur de ses espérances. Mais Martine Aubrya aussi réussi à rallier le MoDem de JacquesRichir (7,79 %), en échange du retrait de lacandidate socialiste aux cantonales au profitdu MoDem. Avec ses 46,02 % et l’apport desvoix des Verts et du MoDem, elle n’a rien àcraindre du second tour qui l’opposera à Sébastien Huyghe, 21,64 %.Elle prouve, en outre, qu’elle est capable de faire des allianceslarges, un point très important pour sa candidature à Lille métropolecommunauté urbaine (LMCU).

Passer devant le maire sans alliancesROUBAIX. Chacun pour soi. À Roubaix, les trois listes se maintien-nent. Le maire sortant René Vandierendonck [ci-dessous], qui a menéune liste d’union PS-MoDem-PC, a viré en tête dimanche soir, avec48,06 % des voix. Un bon score, nuancé par une très forte abstention. En ballotage favorable, l’édile socialiste a choisi de maintenir inchangée sa listeentre les deux tours. Deux adversaires tenteront de combler le fossé qui les sépare de Vandierendonck : d’un côté, Max-AndréPick (UMP, 19%), qui espère mobiliser les abstentionnistes. Et de l’autre, les Verts,qui, bien que membres de la majorité sortante, ne font pas alliance avec les socia-listes. Ils auraient cherché, en vain, un ac-cord avec la LCR (5,37 %). Slimane Tir(13,67 %) se maintient donc au second tour.

Deux socialistes font chambre à partVILLENEUVE-D’ASCQ. La surprise, c’est le mauvais score de Jean-Michel Stievenard. Le maire socialiste sortant ne récolte que27,01 % des voix. Pour lui, le choc a été dur :c’est la première fois en trente ans que le candidat investi par le PS est en difficulté àVilleneuve. Gérard Caudron, candidat dissident du PS etmaire de la ville jusqu’en 2001 [ci-contre], arrive en tête avec 42,82 % des voix et devrait logiquement retrouver son siègelaissé en 2001. Quant à Didier Plancke, can-didat de droite malheureux avec 10,74% desvoix, il devra probablement se contenter di-manche d’un poste d’observateur.

La guerre des roses face au FNHÉNIN-BEAUMONT. Au premier tour, les candidats de droite et degauche ont bien fait barrage au FN de Steeve Briois et Marine Le Pen,

qui ne récoltent que 28,53 % des voix. Mais pour la seconde manche, ils n’iront pasjusqu’à l’union. Le maire sortant PS, GérardDalongeville [à gauche], a fait le meilleur résultat avec 43,09 %. Il dépose la mêmeliste pour dimanche prochain, mais reçoit lesoutien de Laurent Bocquet, candidat UMP(5,49 %). Candidat socialiste dissident, Daniel Duquenne repart au second tour avecses 18,64%. Il aurait, un temps, courtisé Bocquet, selon les dires de ce dernier, maissans succès. Son inimitié profonde enversDalongeville a empêché de faire l’union de la gauche.

Par Flore Thomassetet Hélène Bekmezian

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6La Pression de mars Mercredi 12 mars 2008

Le Caudron vertVILLENEUVE-D’ASCQ. La gauche dissidente et les Verts font alliance pour le scrutinde dimanche. Jean-Michel Stievenard, maire PS sortant, se retrouve lui isolé.

e n’est pas fauted’avoir appelé au« rassemblement ».Le maire PS sortantde Villeneuve-d’Ascq,Jean-Michel Stieve-nard, pensait débou-cher en tête à l’issue

du premier tour. Il n’en a rien été. Avec seule-ment 27 % d’électeurs, il est le grand perdantdu premier tour. Faute de mieux, Jean-MichelStievenard aurait aimé pouvoir s’unir à GérardCaudron, Divers gauche, qui a rassemblé 42 %des voix. « Il m’aurait semblé logique que levainqueur rassemble toute la gauche. » Maisle candidat PS s’est heurté au refus de son ad-versaire.« On a d’emblée exclu toute réconciliation surl’oreiller avec Jean-Michel Stievenard », ex-plique Gérard Caudron. La campagne tendueentre les deux hommes a laissé des traces. Gé-rard Caudron a déjà été maire de Villeneuved’Ascq durant plus de 20 ans sous la bannièresocialiste. À l’époque, le maire actuel était sondauphin. Caudron a claqué la porte du parti en2001 pour revenir aujourd’hui en tête de liste

d’un Rassemblement citoyen. Une liste plus àgauche que le PS, qui a choisi dès dimanche des’allier au second tour avec les Verts (6 %) plu-tôt qu’avec le MoDem (9,4 %). « J’ai beau-coup de sympathie pour le MoDem ChristianCarnois, mais je ne suis pas le seul à décider :mon équipe a fait un choix politique. » Troisplaces éligibles sur la liste Caudron, telle est laproposition faite aux Verts. Après négociations,la chef de file des écologistes, Florence Le-cocq, en obtient finalement quatre. Pour le can-didat de l’UMP et ses 10 % de fidèles, leschoses sont simples. « Mon portable n’a passonné », résume Didier Plancke. Le dernier re-présentant de la droite repartira donc en soli-taire, comme la semaine dernière. Le MoDem,éliminé, n’a contracté d’alliances ni à gaucheni à droite. Le parti qui fait figure d’arbitre auplan national devra se contenter des gradins àVilleneuve-d’Ascq, d’où il observera le résul-tat final.

Aucune fusion, aucune alliance.On prend les mêmes candidatset on recommence. Guy Del-

court, le candidat PS crédité de 47 %des suffrages au premier tour, devraitdonc conserver les rênes de la ville.Malgré son avance, personne ne sou-haite s’allier à la liste du maire sortant.Ses opposants fustigent son manque dediplomatie et les difficultés à travailler àses côtés.Pourtant l’opposition est incapable des’unir. Écologistes et PRCF (Pôle de re-naissance communiste en France) em-menés par Annie Saint-Arnoult (12 %),et communistes du PCF (11 %) ont né-gocié durant la journée de lundi. Sanssuccès. Chaque liste reproche bien sûr àl’autre d’être responsable de l’échec.Michel Herman, mandataire financierde la liste écologiste dit regretter ce ca-potage. « Hélas, la fusion ne se fera pas. Onvoulait une vraie gauche à Lens. Mais ils neveulent pas prendre d’engagements clairs. »« Ils », ce sont les communistes de laliste de Jean-Michel Humez. Pour lui,même constat : c’est la faute des autres.En cas d’union, « la liste Saint-Arnoultveut conserver les deux premières places », sedéfend Herman. La crainte de ces listesd’opposition : être peu ou pas repré-sentées au conseil municipal. Alors

chacun préfère partir de son côté.Le premier tour a mis en évidence lapoussée de la droite lensoise. BéatricePermuy, la candidate UMP a obtenu18 % des suffrages, soit quasiment ledouble des dernières municipales. GuyDelcourt, maire depuis 1999 a lui col-

lecté huit points de moins qu’en 2001.La division de l’opposition rend tout demême sa victoire quasiment certaine.Seule véritable inconnue : la participa-tion. Dimanche dernier, près de la moi-tié des Lensois n’a pas pris la peine dese déplacer jusqu’au bureau de vote.

Retour à la case départ

Par Joël Bronner

Par Joël Bronner

Après un premier tour décevant,Jean-Michel Stievenard risquede se retrouver isolé au second tour.

Photo : Séverine Rouby

C

LENS. Les cinq listesprésentes dimanchedernier semaintiennent,ce qui fait de Lensla seule ville dela région avec autantde candidats en lice.Le second tourdes municipales auraun goût de déjà vu.

Guy Delcourt va devoir reprendre le micropour haranguer les foules. Il aura quatreconcurrents pour la Mairie de Lens.Photo : DR

Photo:DR

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7La Pression de mars Mercredi 12 mars 2008

HHÉÉNNIINN--BBEEAAUUMMOONNTT..Quand le candidat UMPsoutient le maire sortant PScontre son ennemi intimeégalement de gauche, celadonne un grand désordre dont le Front National risque de tirer parti.

L aurent Bocquet, tête de liste UMP arrivéquatrième au premier tour (5,49 %) àHénin-Beaumont a annoncé lundi appor-

ter son soutien à Gérard Dalongeville (PS), sorti pre-mier avec 43,09 %. Il avait été approché par uneautre liste de gauche et du MoDem conduite par Da-niel Duquenne (18,64 %) et ennemi intime de Dal-longeville : l’Alliance républicaine. En dépit de sonrefus, certains colistiers du candidat UMP se démar-quent en appelant à voter pour Duquenne. Du coup,l’ambiance devient électrique à Hénin-Beaumont.« Si Bocquet soutient Dalongeville, il va subir la foudre dela part du parti. »Ces mots prononcés par Francis Co-tard, membre de la liste de Daniel Duquenne illus-trent la guerre fratricide que se livrent les deux listes

de gauche autour des voix de la droite. La situationrisque de faire le jeu du Front National, arrivé troi-sième (28,53 %) et sur qui risquent de se reporter lesvoix de droite. Mais en attendant, le jeu des alliancesen vue du second tour, empreint de trahisons,croche-pieds et menaces, provoque un grand désor-dre. Une situation dont les origines ne datent pasd’hier.Tout commence en 2001 lorsque Gérard Dalonge-ville, alors directeur de cabinet du maire Pierre Dar-chicourt, se présente contre son supérieur et lui ravitsa place. Calife à la place du calife, le nouveau maireva procéder à l’éviction du directeur des services dela mairie d’Hénin-Beaumont, qui n’est autre que Da-niel Duquenne. Sept ans plus tard, le licencié, dési-reux de prendre sa revanche sur le maire sortant, seprésente contre lui.

La rivalité entre les deux hommes va provoquer unescission au sein de la gauche héninoise. La liste del’Alliance républicaine de Daniel Duquenne fédèreainsi tout ceux à gauche, et même au-delà, qui rejet-tent aussi bien la personne, que la politique de Gé-rard Dalongeville. Les Verts rejoignent la fronde.Sortis de la majorité dès 2001, ils critiquent « les pra-tiques de clientélisme et d’autoritarisme » du maire enplace. Jean-Pierre Chruszez, directeur de cabinet deGérard Dallongeville, balaie d’un bon mot ces accu-sations : « Une liste qui réunit tous les mécontents, raille-t-il, les exclus du PS, du MRC et le MoDem. » « Le soutiende Bocquet à Dalongeville n’était pas la réponse préparéepar les instances du parti », explique Francis Cotard,ex-UMP et membre de la liste de Duquenne. Boc-quet confirme, expliquant que sa décision relèved’une « démarche personnelle ».

ÀBerck-sur-Mer, l’al-liance entre le maireUMP sortant et le

candidat divers droite auraitassuré la réélection du mairesortant. Mais la journéed’hier n’a pas permis de trou-ver un terrain d’entente. PS et UMP sont au coude-à-coude dans la commune :46 % de voix pour la socialisteJean-Marie Krajewski et 42 %pour Bruno Cousein, le mairesortant. Une alliance avecl’autre candidat de droite,Jean-François Beraud auraitfacilité sa réélection. Maisl’avenir de Berck et son déve-loppement économique sontau cœur des divergences entreles deux candidats de la ma-

jorité. « J’ai rencontré MonsieurBeraud. […] Il n’a pas été envi-sagé d’alliance. Pour lui nos pro-grammes présentent trop de diffé-rences sur le fond », déclareBruno Cousein. « Aucun com-mentaire », indiquait de soncôté Jean-François Beraud, lecandidat Divers droite qui re-présente 11 % des voix. Endébut de campagne, il décla-rait : « Si je partageais ses choix,ses opinions, je serais avec BrunoCousein. »Malgré la défaite, saposition n’a pas changé. Dimanche prochain, la divi-sion de la droite garantira unminimum de suspens aux15 000 habitants de la stationbalnéaire.

Joël Bronner

Berck-sur-Mer. Cousein sans la famille de droite

Par Madjiasra NakoL’UMP Laurent Bocquet roule pour le socialiste, Gérard Dalongeville. Gares aux représailles de la majorité présidentielle !

Les deux listes de gauchequi pointaient en tête àHarnes dimanche soir

refusent de s’accommoder duFront National classé troi-sième. Du coup, il y aura undeuxième tour à trois. Devan-cée de 54 voix par le PCF di-manche, la liste PS du mairesortant espère rattraper sonretard. Le Parti communistemené par Philippe Duques-noy a totalisé 2 389 voixcontre 2 335 voix pour le PS.Le FN de Jean-Pierre Klein-peter a réalisé 11,27 % desvoix et Daniel Clin réalise5,45 % des voix avec une listede Divers droite.« Pour nous, il n’est pas questionde s’allier avec le FN », explique

Marianne Thomas, directricede cabinet du maire sortant.« Nous allons essayer de mobili-ser les habitants qui ne sont pasvenus voter. Avec eux, on espèrerattraper notre retard. »C’est sans doute vers les abs-tentionnistes que va seconcentrer la campagne decette semaine. Il y a eu 37 %d’abstentions pour 9 434 élec-teurs. Pour le FN aussi, iln’est pas question d’une quel-conque alliance : « Il faut tou-jours s’allier pour avoir quelquechose. C’est manquer de respectpour son parti. C’est honteux »,expliquait hier après-midi, letête de liste du FN Jean-Pierre Kleinpeter.

MN

Harnes.Un deuxième tour à trois

Ton universimpitoyable

Photo : Amélie Tulet

E N R E G I O N

8La Pression de mars Mercredi 12 mars 2008

SlimaneTir fait cavalier seul

MMÉÉTTRROOPPOOLLEE.. À Lille et à Roubaix,les écologistes ont passé la barre

des 10 %. Ils peuvent donc se maintenir au second tour

des élections municipales. Mais si laliste d’Eric Quiquet à Lille a choisi

de s’allier à Martine Aubry, Slimane Tir se maintient seul

au second tour à Roubaix. Coup de projecteur sur ces deux

stratégies différentes.

«Je préfèrerais perdre les municipales quede les gagner avec les Verts », a lancéRené Vandierendonck, maire sor-

tant PS, dimanche soir, fort des 48,06 % desa liste d’Union avec le MoDem. Une posi-tion reléguée par son directeur de campagneAndré Renard qui rejette l’idée « d’une alliancemal ficelée, préparée au petit matin, sur un coin detable. Ce qui est important, c’est de faire campagneensemble, de faire du porte-à-porte ensemble, pourêtre soudés », explique son directeur de cam-pagne. Pas d’accord de dernière minute doncqui aurait pu mettre un terme aux distensionsapparues bien avant lepremier tour. Les Vertset leur chef de file Slimane Tir, avaient décidé de présenterune liste indépendantedont le nom, Ouverte-ment à gauche, est enlui même une critique voilée du maire sor-tant. « C’est un homme de droite qui est retournéà droite », attaque Slimane Tir, qui a du mal àdigérer le choix du PS de s’allier avec leMoDem.Pourtant, quatre élus au conseil municipal etune adjointe sont affiliés aux Verts, alliés à lamajorité. « Au sein de la majorité, depuis 2001, lesVerts étaient d’une solidarité à géométrie variable »,estime néanmoins André Renard. Ces der-nières années, les Verts se sont opposés à lapolitique de René Vandierendonck sur plu-sieurs points. « Ils ne sont pas parvenus à travail-ler ensemble, reconnaît André Renard, ils ontétalé leur différends dans la presse ou au Conseilmunicipal au lieu de les régler au sein de la majo-rité ». Au nombre des points de blocage, la gestiondu musée de la piscine ou la politique du lo-gement. « Les Verts se sont plus comportés en élusde l’opposition qu’en conseillers de la majorité ».Selon le directeur de cabinet, René Vandie-rendonck aurait proposé en 2005, une alliance

à Slimane Tir pour les élections législatives etmunicipales. « Il a décliné cette offre, ce qui ex-plique aussi notre choix d’alliance avec leMoDem ». Une proposition de liste communequi n’aurait jamais eu lieu selon Slimane Tir.Le militant vert va plus loin et en fait une af-faire de personne… voire de patronyme. « Jecrois que ce qui était valable pour Guy [Hascoët,avec qui Slimane Tir avait conduit la liste auxdernières élections municipales, NDLR] en2001 n’est pas valable pour Slimane en 2008. J’aibien intégré le message de la section socialiste : c’estun message extrêmement négatif sur leur concep-tion de la diversité », attaque-t-il. La liste de Sli-mane Tir se maintiendra donc au second tour

après avoir obtenu13,7 % des voix di-manche. Un score quipourrait être améliorési les quelque 29 000abstentionnistes (plusde 60 %) se rendaientaux urnes, ou si un ac-

cord était trouvé avec la liste d’extrêmegauche menée par Yann Merlevede (5,37 %).Une alliance que la liste de celui-ci a refusé.Ils seront donc trois à s’affronter dimanche àRoubaix : les Verts, le Parti socialiste et la liste(UMP) de Max-André Pick. Derrière ce scrutin, c’est aussi la compositiondu conseil communautaire de Lille métropolequi se joue. René Vandierendonck et SlimaneTir ont toutes les chances d’y être élus. Ils de-vront donc défendre côte à côte les dossiersroubaisiens à Lille-Métropole communautéurbaine (LMCU). Mais là, les adversaires lo-caux pourraient avancer main dans la main. Au moins pour soutenir la candidature deMartine Aubry à LMCU. « Slimane a toujoursété actif et impliqué à la Communauté urbaine.C’est un bon allié… à LMCU », affiche confiantAndré Renard. Slimane Tir assure, lui, qu’ilsuivra la ligne du parti. « Le problème n’est pasavec le Parti socialiste, il est avec René Vandieren-donck. J’ai pour ma part toujours affirmé que jesoutiendrai Martine Aubry »

«N ous n’accepterons aucune allianceavec le MoDem », affirmait jusqu’àlundi Michel Ifri, colistier d’Eric

Quiquet (Verts) à Lille. C’est pourtant lesourire aux lèvres que ce dernier a fait uneconférence de presse commune avec Mar-tine Aubry hier midi. Malgré l’annonced’un accord avec le MoDem, le chef de filedes Verts de Lille est plutôt satisfait. « On ad’abord travaillé sur du contenu », estime-t-il. Traduction : le programme de la liste aété établi par les Verts et le PS. Le MoDems’est juste rallié à leur projet. Il faut direqu’avec 11,58 % des voix, la marge de né-gociation des Verts était réduite par rapportà 2001, où ils avaient atteint 15,52 %. Etpuis, pour Eric Quiquet, « tout ne se passepas à Lille, il y a aussi l’enjeu de la commu-nauté urbaine. »Car derrière l’alliance Lilloise se jouent desstratégies pour le contrôle de Lille métro-pole communauté urbaine (LMCU), avec enligne de mire, la présidence pour MartineAubry. Les Verts conservent leurs six postes deconseillers communautaires pour Lille, ainsique les quatre adjoints à la mairie et dixconseillers municipaux dont ils disposentactuellement. Ils s’en sortent donc avec lesmêmes postes qu’à l’issue des municipalesde 2001 malgré leurs résultats en baisse de4 points. « Je suis très réaliste, si tout sepasse bien à Roubaix avec Slimane Tir, nousaurons neuf conseillers communautairesavec Villeneuve d’Ascq et Tourcoing », es-time Eric Quiquet. Comme un marchandage n’arrive jamaisseul, les Verts ont signé un accord de ges-tion qui les engage« à soutenir la candidature de Martine Aubryà la présidence de la communauté urbaine ».

Par Séverine Fiévet

Par Séverine Fiévet

À Lille, tous avec Aubry

Le QG de Slimane Tir reste ouvert une semaine de plus.

Pour le candidat Vert, il n’est pas question d’alliance avec le PS.

« UNE SOLIDARITÉÀ GÉOMÉTRIE VARIABLE »

Photo ESJ

L’ E N J E U

9La Pression de mars Mercredi 12 mars 2008

Double rationde programmes

électorauxL’association de communes présentedes effets secondaires amusants. Unesemaine avant le scrutin, Florent La-croix a reçu dans sa boîte aux lettres lesprogrammes électoraux pour Hel-lemmes… mais aussi pour Lille. De quoisurprendre cet électromécanicien de25 ans. « Je n’avais pas pensé que lesdeux communes faisaient partie de lamême agglomération.Ça m’est venu àl’esprit en ouvrant les enveloppes »,s’amuse le jeune homme. Une discus-sion avec sa sœur, juriste, finit de clari-fier la situation. Et au final, l’expériencene déplaît pas à Florent. « Je me suisrendu au bureau de vote pour voter àHellemmes,puis je suis allé dans lapièce à côté pour voter sur Lille. » Lejeune aura donc présenté deux fois sacarte d’électeur. Et surtout, il aura votépour deux candidats différents. Une ex-périence inoubliable ? « Pas vraiment,sourit-il. Je suis surtout content de pou-voir mettre en avant mes convictions po-litiques. Je suis marqué à gauche, j’aidonc pu appuyer le vote PS des deuxvilles. »

Aubry et associéesHELLEMMES-LOMME. Deux communes. Deux votes,pour leur Conseil communal et la mairie de Lille.Martine Aubry pourra compter sur les communesassociées pour briguer un nouveau mandat.

Qui vote pour Martine Aubry ? Pierre Mathiot, directeur deSciences-Po Lille, expliquait dans Le Point, le 7 juin 2007,que les périphéries votent à droite. À l’inverse, le centre ville

favorise la gauche. Cette tendance, valable aux dernières élections prési-dentielles et législatives, s’est pourtant inversée au premier tour des mu-nicipales. Martine Aubry a fait le plein de voix à Hellemmes et Lomme,mais a perdu des électeurs dans le quartier du centre.Sur les 27 202 suffrages exprimés en faveur de la maire sortante, 37,11 %viennent des deux villes rattachées à Lille*. Un nombre de voix non né-gligeable sur laquelle l’équipe socialiste devra compter pour asseoir sa vic-toire au second tour.Depuis 1977, Hellemmes est rattachée à Lille. Anne Lefebvre, ancienneprésidente Des gens d’Hellemmes, association politique ayant obtenu23,95 % des voix pour l’élection du Conseil communal, est formelle. Les

communes associées ramènent des voix de gauche à Lille. « En 1977, l’as-sociation était clairement validée pour faire gagner la gauche. À l’époque, Lilles’embourgeoisait et avait besoin de voix socialistes pour conserver sa mairie. Hel-lemmes constituait une réserve importante de voix à gauche », explique-t-elle.La numéro 2 de la liste Les gens d’Hellemmes a sa propre explication.Les Hellemmois sont proches du Parti socialiste local du fait de son im-

plantation historique dans lacommune. Ils se sentiraientdonc obligés de voter à gauche.« Est-ce une intension délibérée ouun état de fait historique ?, s’inter-roge-t-elle, Martine Aubry estpeut-être moins dans le calcul poli-tique que ne l’était Pierre Mauroy,le maire en 1977, mais il est certainqu’elle sera élue grâce aux com-munes associées. »À Lomme, même constat. Lesélecteurs ont toujours voté àgauche depuis 1919. En 2000,la commune s’est associée à

Lille. Didier Trédez, le candidat UMP, battu dimanche dernier par lemaire socialiste sortant Yves Durand, le confirme : « Cette décision est unpur calcul électoral pour s’assurer que Lille reste bien à gauche. »Il y a donc bien un enjeu électoral derrière l’association de Lille, Lommeet Hellemmes. Ludovic Coupin, le candidat Verts, est conscient que les Hel-lemmois reconduiront la maire sortante au second tour. « Les électeurs ontvoté et voteront majoritairement pour Martine Aubry. Pourvu qu’elle se souviennede cette contribution dans l’avenir. » Il réclame une meilleure transparence dansla gestion financière de la commune. Un petit geste de Martine Aubry neserait pas de trop.* La loi du 16 juillet 1971 sur les communes associées, dite “Loi Marcellin”, visait àréduire le nombre de petites communes.Les maires élus dans ces villes deviennentmaires délégués, et perdent prise sur la gestion budgétaire.

«D ans le bureau de vote, vous allez voter deux fois :pour le conseil municipal de Lille-Lomme-Hellemmes et pour le conseil communal d’Hel-

lemmes. »Cette année, les écologistes étaient les seulsà évoquer ouvertement l’existence de l’associationde communes sur leurs programmes électoraux, sedéfinissant comme “Les Verts de Lille, Lomme &Hellemmes”. À titre de comparaison, le maire so-cialiste sortant, Gilles Pargneaux, n’avait pas eu unmot à ce sujet. Une situation qui s’explique facile-ment, selon Ludovic Coupin, tête de liste des Vertsdans la ville. « En occultant l’association des communes,Gilles Pargneaux tente de faire croire que c’est lui le maireet qu’il a tout pouvoir en matière de décision. »Il faut dire que les Hellemmois semblent peu infor-més de l’existence du double vote. Les écologistesont donc la charge de la pédagogie : « Nous sommesles seuls à expliquer aux électeurs qu’ils vont élire deux can-didats différents. Le problème de l’association des com-munes doit être remis à plat. » Derrière le manque decommunication de la part de la commune, Ludovic

Coupin voit une forme d’hypocrisie. Et aussi de cal-cul politique : « La logique de Gilles Pargneaux est defaire croire que rien n’a changé à Hellemmes alors que cen’est pas le cas. La majorité des décisions est prise par leconseil municipal de Lille. » S’il fallait chercher à la villeun nouveau statut, l’écologiste s’inspirerait de la ca-pitale. « On pourrait avoir un modèle calqué sur Paris,avec des arrondissements disposant de pouvoirs spéci-fiques. » En attendant, sur leur programme, les Vertsd’Hellemmes appellent toujours à voter Éric Qui-quet, le candidat écologiste à… Lille.

Hellemmes.LesVerts

voient rouge

Par Mélanie Carnot

Par Éric Filliastre

“CETTE DÉCISIONEST UN PURCALCULÉLECTORALPOUR S’ASSURERQUE LILLE RESTEÀ GAUCHE”

Ludovic Coupinappelle à voterdeux fois.

Lille-Centre boude Aubry, qui n’a obtenuque 40 % des voix contre 48 % à Hellemmes.

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P O R T R A I T S

10La Pression de mars Mercredi 12 mars 2008

« Le tempsde la reconstruction »

MMAAUUBBEEUUGGEE.. Dès le premier tour des municipales, Rémi Pauvrosa conservé son siège. Il est le premier maire sortant à être rééludepuis plus de vingt ans dans la cité au clair de lune.

H ôtel-de-Ville de Maubeuge. Il est unpeu plus de 20 h. En ce dimanche9 mars, soir d’élections munici-

pales, le salon d’honneur de la mairie est bondéde plusieurs centaines de personnes. Dans unbrouhaha d’applaudissements et de cris de joie,

Rémi Pauvros, le maire socialiste sortant, vientd’être réélu avec près de 54 % des suffrages. Loindevant les deux listes de droite, reléguées à 30points. Une victoire éclatante dès le premier tour duscrutin qui met fin à une étrange tradition quicollait à la ville de Maubeuge. Une tradition quivoulait, depuis 1984, qu’aucun élu sortant nesoit jamais réélu. Une valse des maires commeun symbole des difficultés de reconversion querencontre cette commune de 30 000 âmes, situéeen plein cœur de la vallée de la Sambre.L’ancien bassin minier et industriel du Nordreste durement frappé par le chômage depuis lafin des années 1970. Sa population, la plus jeunede France dans une villemoyenne, attend beau-coup de ses représen-tants politiques. Aussicette réélection estlourde de sens pourRémi Pauvros. « Nous entrons dans unnouveau cycle. Les Maubeugeois s’apaisent, repren-nent confiance, commente-t-il. Et ça, c’est le fruitd’un travail de sept ans. Un travail de reconstructionque nous avons entrepris en 2001. »Et c’est vrai que la municipalité affiche un bonbilan. Plusieurs grands projets sont en cours : letramway, l’université, le développement de lazone d’activité, la requalification du centreville… « Mais surtout, nous avons veillé à ce que la

ville soit plus propre, plus belle. Parce qu’une belleville, on la respecte. On l’aime », ajoute-t-il.Né en 1952 à Hautmont, une commune voisine,d’un père enseignant et d’une mère institutrice,Rémi Pauvros a grandi à Maubeuge. C’est “l’en-fant du pays”. Après avoir dirigé la Maison desjeunes et d’équipements socio-éducatifs jusqu’en1982, il poursuit sa carrière dans la capitale desFlandres. Il devient directeur de cabinet du pré-sident du conseil régional du Nord-Pas de Ca-lais, Bernard Derosier, puis de l’Agence régio-nale de développement. Parallèlement, il est éluconseiller municipal à Hellemmes.« J’aurais très bien pu rester à Lille, j’y avais ma place.Mais j’ai fait le libre choix de revenir ici, dans la ville

de mon enfance. »En 2001, à la surprise géné-rale, il souffle la mairie à ladroite… En 2004 il est éluvice-président du conseil gé-néral du Nord. Des mandatssuccessifs qui lui permettentde défendre nombre de dos-

siers sambriens devant la Région ou le Départe-ment. Aujourd’hui Maubeuge semble petit àpetit voir le bout du tunnel, et peut enfin espérersortir de son enclavement. Un travail de reconstruction qui n’est pas sansrappeler celui qu’avait entrepris au sortir de laSeconde Guerre mondiale un certain Pierre Fo-rest. Figure emblématique locale et maire so-cialiste de la ville de 1946 à… 1984.

Après Cysoing il y a sept ans,c’est à Jeumont, près deMaubeuge, qu’a été élu le

plus jeune maire de la région. Ben-jamin Saint-Huile s’est imposé àseulement 24 ans avec son style dy-namique et naturel.« TF1, M6, France 3, 20 Minutes, LaVoix du Nord... Depuis ce matin[NDLR : lundi], ça n'arrête pas. »C’est un véritable tourbillon média-tique qui s’est emparé de la ville deJeumont. Et pour cause : en battantChristine Marin (UMP), maire sor-tante avec 56,44 % contre 43,56 %,Benjamin Saint-Huile (PS) est de-venu l’un des plus jeunes maires deFrance. Au-delà de ses ambitions.« J’espérais créer la surprise, mais jamaisavec un tel score », avoue le nouvel élusocialiste, dont l’emploi du tempss’est accéléré ces dernières heures.Même s’il porte le costume et la cra-vate, c’est par son côté naturel et sonhumour que Benjamin Saint-Huilea séduit les électeurs. Le jeunehomme est perçu comme « très sou-cieux des problèmes des gens, toujours à

la recherche du contact et prêt à fairebouger les choses ». Une force de per-suasion qu’il exerçait déjà lorsqu'iln’était encore qu’étudiant. « Pour laPrésidentielle de 2002, Ben avait été lepremier à faire des tracts entre les deuxtours pour les manifestations à Lille. Ilavait photocopié la Une de Libé avec“Non !” à Le Pen et les distribuait.C’était son premier geste politique », sesouvient Pierre-Joachim Mubiri, unde ces proches amis de l’universitéde droit de Valenciennes.

Compétences. Si ses adversairesont fait de son âge et de son inex-périence une faiblesse durant toutela campagne, lui les a valoriséscomme atouts. « Il faut faire confianceaux jeunes. D'ailleurs, dans monéquipe, la plupart ont moins de 45 anset sont représentatifs de tous les quartiersde la ville ainsi que du monde associa-tif », argumente ce jeune Jeumon-tois. Quant à sa compétence, aprèsun Master de sciences politiques,Benjamin Saint-Huile occupe de-puis plus d’un an les fonctions de

directeur de cabinet dans la com-mune de Ferrière-la-Grande ainsiqu’au Syndicat mixte du Val deSambre. « C'est une expérience qui a ététrès bénéfique car j'ai pu travailler surbeaucoup de dossiers. Et il ne faut passe le cacher, ça m’a permis de me consti-tuer un réseau de personnes compétentesautour de moi. »Aujourd'hui, les électeurs l’ont choisiet il est conscient de l’ampleur de latâche. Surtout dans cette ville touchéepar la crise industrielle. « Ça va être dif-ficile, mais je n’ai pas peur. » Même sises principaux projets concernent laréhabilitation de la base de loisirs enpôle touristique – « parce que tous lesJeumontois n’ont pas les moyens de partiren vacances » – et l’image de Jeumontau niveau départemental, BenjaminSaint-Huile veut avant tout être un“homme de terrain”. Dès la semaineprochaine, il pourra mettre en œuvreses actions plus sereinement. « Désolé,je dois vous laisser. La préfecture me rap-pelle », s'excuse le nouveau maire. Dé-cidément, les sollicitations ne sontpas prêtes de s'arrêter.

Par Julien Damien

Par Florian Pottiez

« NOUS ENTRONSDANS UN NOUVEAU

CYCLE »

Benjamin Saint-Huile a de quoi triompher. Photo : La Sambre

Rémi Pauvros, au soir de la victoire, à la mairie de Maubeuge.

Photo : La Sambre

JJEEUUMMOONNTT.. À 24 ans, le maire Benjamin Saint-Huiledétient la palme du plus jeune élu de la région.

Benjamin des maires de la région

P O R T R A I T S

11La Pression de mars Mercredii 12 mars 2008

Riquet, un ami fidèleVVAALLEENNCCIIEENNNNEESS. Le maire sortant UMPa su convaincre ses électeurs de le rééliredès le premier tour. Il va pouvoir continuersereinement le travail entamé depuis 1989avec son ami Jean-Louis Borloo.

puisé mais heureux. Cette soi-rée du 9 mars 2008 restera gra-vée dans sa mémoire commeune consécration. DominiqueRiquet se maintient à la mairiedès le premier tour avec

55,54 % des voix, faisant ainsi taire tous sesdétracteurs. Celui qui a succédé à Jean-Louis Borloo àla mairie en 2002, lorsque ce dernier est de-venu ministre, a gagné son pari. « On espéraitpasser dès le premier tour. On visait les 54 %. Ona fait plus, c’est une vraie victoire », confie Pas-cal Dubois, son chef de cabinet et ami de-puis quinze ans. L’amitié, c’est l’une desprincipales qualités de Dominique Riquet.Ce colosse de 90 kgpour 1,90 m saits’entourer, délégueret faire confiance.« Mais il exige beau-coup en retour et c’estnormal », renchéritPascal Dubois. Autre qualité de Do-minique Riquet : letravail. Cet homme de 60 ans ne compte passes heures. Chirurgien urologue de profes-sion, il troque sa blouse blanche à 19 heurestous les soirs contre la cocarde. Un de sesproches confie que « cela ne l’arrête pas. Il ren-tre de sa clinique et reste jusqu’à 22 h à la mairie.Il connaît tous les dossiers sur le bout des doigts ».Dominique Riquet, c’est la révélation de labande à Borloo, ces novices en politique quiprirent les rênes de la ville en 1989. Rien neprédisposait à la politique ce Valenciennoisqui se décrit comme « issu d’un milieu très mo-deste ». Mais, quand Jean-Louis Borloo toque

à sa porte, il décide de « sortir de [sa] bulle ».« Je ne pouvais rester indifférent aux difficultés dema région », dit-il.Si Dominique Riquet n’est devenu mairequ’en 2002, il joue un rôle de tout premierplan depuis le deuxième mandat del’équipe, de 1995 à 2001. C’est lui qui a suconvaincre Borloo de miser sur la culturecomme moteur du développement écono-mique. Valenciennes lui doit notamment larénovation du musée des Beaux-Arts, laconstruction de la médiathèque-biblio-thèque, ou le Phénix, une scène nationalequi ne pèse, de ce fait, presque pas sur les fi-nances municipales. Point noir de son bilan,selon le chef de file socialiste Jean-Luc

Chagnon, le tracépas toujours cohé-rent du tramway.« Il n’arrive même pasdevant l’hôpital, etcertains quartiers nesont pas desservis »,ajoute l’opposant àDominique Riquet.Au fil du temps, il

est devenu un intime du ministre. Jean-LouisBorloo et Dominique Riquet partent d’ail-leurs souvent en vacances ensemble. Quandil se représente pour un deuxième mandat,il peut donc naturellement compter sur leministre d’État à l’Écologie pour figurer sursa liste, en numéro 5. Il réussit également àconvaincre Valérie Létard, secrétaire d’État à la Solidarité,d’être sa numéro 2. Grâce au succès obtenudimanche dernier, Dominique Riquet prenden main les clés de Valenciennes, où l’ombrede Jean-Louis Borloo plane toujours.

«Garçon, ne fais pas de poli-tique », disait MadameHaesebroeck à son fils

Bernard. Raté. Depuis dimanchesoir, il est maire d’Armentières.Près des trois quarts des votantsl’ont choisi, contre l’avis demaman. Il faut dire que les parentsHaesebroeck n’ont pas donné lebon exemple. La mère était mili-tante. Le père, Gérard, fut l’édile dela ville jusqu’en 1999. « Quaranteans à la tête de la ville », sourit le fis-ton.De son enfance, le nouveau mairegarde le souvenir de la courée, desusines, l’esprit de lutte et le goût del’effort. « Mon père qui était vernisseurprenait des cours du soir. » Il deviendrasecrétaire général de mairie. En1973, l’ouvrier bat Maurice Schu-mann, alors ministre des Affairesétrangères. Fierté.Fils d’ouvrier, Bernard Haese-broeck a des valeurs. Il croit au tra-

vail et à l’éducation comme ascen-seur social. Docteur en scienceséconomiques, il n’en tire pas parti-culièrement de fierté, mais goûte la« revanche sur la vie ». « J’ai appris àme battre », affirme-t-il. Son tempé-rament, plus que le soutien de sesparents, lui a permis de faire desétudes. « Je suis un battant, un ga-gneur », martèle notre homme.« Soilleut. C’est le surnom que me don-naient mes parents. » En Chti : « unsoilleut, c’est quelqu’un qui scie. Du pa-tois d’Armentières. Le soilleut estquelqu’un de très déterminé, presque ir-ritant, tant il est insistant. »Quelqu’unde pénible dans son obstination.

« Pas un métier. » Dès 20 ans,Bernard Haesebroeck prend sacarte au Parti socialiste. Il seraConseiller général et premier ad-joint à la mairie. Ses domaines :l’urbanisme et l’aménagement.Pourtant, cet obstiné soutient que

devenir maire comme papa, cen’était pas forcément son truc.N’empêche qu’à la communautéurbaine de Lille où il a travaillécomme secrétaire général adjoint, ilapprend la politique auprèsd’hommes comme Arthur Notebart(président de LMCU de 1971 à1989) et Pierre Mauroy, à qui ilvoue une franche admiration. Maisil reprend : « La politique ce n’est pasun métier. » « Je suis désolé qu’actuelle-ment on oppose les gens les uns aux au-tres. Des gens pauvres se déchargent surles plus pauvres qu’eux. Il y a un dés-amour pour la chose publique, mais jerefuse d’abandonner », déplore-t-il.Dimanche soir, Haesebroeck pèreétait là pour le voir. Lui qui a dûabandonner la politique après unetrès grave maladie. « J’ai vu mon pèreà deux doigts de la mort. » Tout unsymbole. « Si l’on m’avait demandémon avis pour choisir mon père, j’auraischoisi… le mien. »

De Gérard l’ouvrier à Bernard le “soilleut”

Par Jeffrey Martin

Par Gaël Cogné

« JE NE POUVAIS RESTER INDIFFÉRENTAUX DIFFICULTÉS DE MA RÉGION »

Les deux modèles de Bernard Haesebroeck : Pierre Mauroy

et… son père !

Et de deux !DominiqueRiquet en-tame sondeuxièmemandatconsécutif.

AARRMMEENNTTIIÈÈRREESS. Bernard Haesebroeck (PS),le nouveau maire d’Armentières suit les pas de son père, Gérard, maire de la ville pendant quarante ans.

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P O I N T S D E V U E

12La Pression de mars Mercredi 12 mars 2008

Engagés maisprudents

De l’amphi aux urnes

«Didier Debels est venu me chercher pourmon engagement au DAL, avoue Pa-trick Everaert, l’un des adminis-

trateurs de l’association Droit au logementde Lille (DAL). Mais cela ne veut pas dire queje modifie ma façon de voir les choses. Je resteavant tout un militant de l’association. Ce n’estpas parce que je figure sur cette liste que je ne suispas indépendant. » Il tient beaucoup à ce quel’on ne fasse pas l’amalgame entre son en-gagement associatif et sa présence sur laliste municipale d’ouverture de Didier De-bels (PS) à Wasquehal. « Je ne suis pas en po-sition éligible, pré-cise le militant, cardans le cas contraire,je devrais abandonnerma fonction d’admi-nistrateur du DAL. »Et ça, pour PatrickEveraert, il n’en estpas question. Ce Wasquehalien l’a d’ail-leurs bien fait comprendre à Didier Debelsquand ce dernier est venu le voir en décem-bre. « Après un temps de réflexion, j’ai finale-ment accepté, confie-t-il, mais je n’ai pas nonplus oublié de lui dire que le jour où je serai endésaccord avec lui, je n’hésiterai pas à faire face. »Par conséquent, Patrick Everaert agirait entant que “consultant” auprès de la ville deWasquehal. Une position qui rassure da-

vantage Philippe Deltombe, président ré-gional du DAL. « Notre force se situe dans notreindépendance vis-à-vis des politiciens et des par-tis, indique-t-il, s’engager pour tel ou tel bord ris-querait de remettre en cause notre liberté d’action.Nous devons pouvoir travailler librement par-tout. » Le DAL compte en effet sur sa capa-cité de pression sur les élus pour faire avan-cer la cause du logement. PhilippeDeltombe reste donc très vigilant quant à larécupération du DAL dans la campagne desmunicipales. « Tous les membres de notre asso-ciation présents sur des listes doivent l’être de ma-

nière personnelle etprivée, insiste-t-il. Àaucun moment ils nepeuvent invoquer leurstatut de militantpour le Droit au loge-ment. »Pourtant, s’impli-

quer dans la vie locale peut être un outil deplus pour les militants. « Je trouve intelligentqu’un élu fasse appel à des personnes qui connais-sent bien le terrain et les enjeux liés à l’habitat »,avance Patrick Everaert. Une compétencequi peut s’avérer utile, d’autant plus que siWasquehal fait partie du riche “BMW”avec Bondues et Mouvaux, le logement nereste pas moins un dossier sensible pour le-quel il apportera son expérience.

uatre étudiants en his-toire autour d’une tableronde, sandwichs et ca-nettes à la main, à la ca-fétéria de Lille 3 (Ville-

neuve-d’Ascq). Ils étudient dans lamétropole lilloise, mais votent tou-jours chez leurs parents, dans descommunes de la région, où ils re-tournent week-ends et vacances.C’est le cas de Pauline, qui rentrevoter pour l’unique candidat de sacommune de 1 000 habitants. Mal-gré l’absence de tout enjeu. « C’est im-portant de voter parce que les anciens sesont battus pour qu’on en ait le droit, ilfaut en profiter », explique-t-elle avecun brin d’ironie. À l’inverse, Gio-vanni ne s’est pas déplacé au premiertour, concours à passer oblige. « J’aivoté à la Présidentielle, mais je m’inté-resse moins aux municipales. Je suis plussensible aux enjeux nationaux que lo-caux », admet-il, bien en peine pourciter le nom de son maire actuel, àHaubourdin.Des enjeux que saisissent mieuxKévin et Myriam, électeurs d’Ar-

mentières et de Loon-Plage. Tousdeux s’entendent sur un objectif, dé-signer un maire « qui fasse quelquechose ». « Chez moi, le choix se pose entrele maire sortant (UMP) qui a réalisé denombreuses choses ou l’ancien maire quin’avait rien fait pour la commune. La dé-

cision est vite prise », estime Myriam.Elle cite médiathèque, animationspour jeunes et moins jeunes, villefleurie ou encore les skateparks :« Peu importe l’étiquette politique, c’est leprogramme sur place qui compte. Je pour-rais voter pour la gauche si ses proposi-

tions étaient intéressantes. » Et Giovannid’admettre que même s’il ne voterapas, il aimerait bien un maire plusactif : « Ils ont mis plus d’un an à créer lapiste cyclable. »Quant à Kévin, s’il n’apas encore choisi son candidat, il saitdéjà que pour lui aussi, le critère localdépassera les enjeux nationaux. « Lemaire parle d’aménager le centre-ville, deréorganiser les lignes de bus et d’ouvrir unnouveau ciné. Mais ça n’avance pastrop. » Il ajoute, avec un grand sou-rire : « L’important, c’est que ça change,et à Armentières on n’est pas aidé… »Et au plan national ? Giovanni selance tout de suite : « J’espère que ça vavoter à gauche dans les grandes villes,pour montrer le dégoût profond envers ladroite de Sarko. » Le débat s’engage,Kévin estime que les maires n’ontaucune influence, que seules les lé-gislatives importent pour la politiquedu pays. Même si, souligne Myriam,ça pourrait être une piqûre de rappel.Mais plus important selon eux que levote « pour ou contre Sarko », se trou-ver un maire qui fasse bouger leurville, pour eux, les jeunes.

WWAASSQQUUEEHHAALL..LLeess mmiill ii ttaannttssaassssoocciiaatt ii ffss oonntt ééttéé ffoorr tteemmeennttccoouurr ttiissééss ppoouurr rreejjooiinnddrree lleess ll iisstteesséélleeccttoorraalleess,, ttoouutt eenn ccoonntt iinnuuaanntt ddee rreevveennddiiqquueerr lleeuurr iinnddééppeennddaannccee..

UUNNIIVVEERRSSIITTEE LLIILLLLEE 33.. Pour ces quatre étudiants de quatre communesdifférentes de la région, l’essentiel est d’élire un maire actif et innovateur.

Par Jonathan Roux

Par Caroline Bozec

Les étudiants lillois gardent un oeil surla politique de leur commune d’origine.

Patrick Everaert : « Je suis avant toutun militant du DAL »

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Photo : JR « NOUS DEVONS POUVOIR TRAVAILLERLIBREMENT PARTOUT. »

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L’ E N Q U Ê T E

13La Pression de mars Mercredi 12 mars 2008

ous m’apprenez quelque chose ! Jem’étais informée pour la Présiden-tielle, on m’a dit que je ne pouvais pasparticiper. Je n’ai donc pas eu l’idée deme renseigner pour les élections decette année. » Dorotea Zwerenz estsecrétaire à la Maison de la Polo-nia, une association franco-polo-

naise. « J’habite près de Douai. Les candidats ont beau-coup communiqué sur leurs programmes, mais n’ont pasévoqué le vote des ressortissants européens. » En instau-rant la citoyenneté européenne, le Traité de Maas-tricht a permis aux étrangers originaires de l’Unionde voter aux municipales. Une information quireste ignorée de bon nom-bre d’électeurs.Edmond Oszczak, respon-sable des programmes del’association, le confirme :« Beaucoup de gens peuventvoter, mais ne s’en sont pasrendu compte. J’habite àHénin-Beaumont, et l’admi-nistration n’en a pas parlé. »Dans la plupart des com-munes du Nord-Pas de Calais, le constat est lemême : un service spécialement dédié à l’informa-tion et à la communication des ressortissants euro-péens fait cruellement défaut.À Arras, par exemple, « les services municipaux ontmené la même campagne d’inscription pour tout le monde,affirme Edith Sadrin, responsable du bureau d’élec-tions. L’inscription sur les listes électorales est obligatoire,mais en pratique, on n’a aucun moyen de vérification. »Conséquence : seuls 53 ressortissants européensétaient inscrits pour les élections. Une paille en com-

paraison des quelque 16 000 votants de ce dimanche.À Lille, Marie-Françoise Baju, responsable du ser-vice élections, se montre plus optimiste. « Les Euro-péens ont été bien informés. On compte environ 500 inscritscette année, soit le double de 2001. »Certes, mais cela nereprésente que 0,4 % des électeurs lillois… « Il ne fautpas oublier que la démarche doit être volontaire », rappellel’employée municipale.C’est bien là que réside le problème : comment pous-ser les Européens à entreprendre d’eux-mêmes cettedémarche ? Selon un sondage, ils ne seraient que37 % à savoir qu’ils peuvent voter aux municipales.Pour Edmond Oszczak, Européen convaincu, la so-lution serait de créer un département d’information

dans les hôtels de ville à rat-tacher au service culture ouélection des mairies. Selonlui, « les ressortissants del’Union européenne ne sont pasassez au courant de leurs possi-bilités en termes de citoyen-neté. »Il faut dire que les Euro-péens ne représententqu’une petite partie de la

population des communes. Dans une région quicompte plus de quatre millions d’habitants, ils nesont que 45 000. Pas de quoi en faire un enjeu élec-toral pour les candidats, donc. Même un parti réso-lument pro-européen comme Les Verts n’en fait passa priorité. « Nous n’avons pas fait de recensement spéci-fique. Il faut dire aussi que ce n’est pas notre angle d’ap-proche principal, reconnaît Bernard de Weylder, délé-gué aux élections pour les écologistes. Notre combatvise plutôt à légaliser le vote des étrangers hors de l’Unioneuropéenne. » Tant pis pour les électeurs potentiels.

L’Europesans voix

Par Meak Em et Éric Filliastre

45 000 RESSORTISSANTSEUROPÉENS VIVENT

DANS LENORD-PAS DE CALAIS

Rosita Espolin,l’Espagne àWattrelosÀWattrelos, l’Espagne n’a pas passé lepremier tour. Rosita Espolin était enquatrième position sur la liste de Nor-dine Bellal, candidat Divers gauche.Ayant obtenu moins de 3 % des suf-frages, l’Espagnole n’accèdera doncpas à la mairie.Mais elle a tout demême atteint son objectif. « En tant querésidente en France, je trouve normalque l’on puisse s’engager dans la vie po-litique de son pays d’adoption, ou aumoins y participer. » Née à Tourcoing,Rosita Espolin est partie à Barcelonedans le cadre d’un projet d’études. Ellea alors abandonné sa nationalité fran-çaise pour devenir Espagnole. À son re-tour en France, elle a rencontré des dif-ficultés inattendues. « Quand je suisarrivée àWattrelos, j’ai demandé à lamairie s’il était possible de me réinscriresur les listes électorales,mais le serviced’accueil étaient incapables de me ré-pondre. » Un exemple emblématiqueselon laWattrelosienne, qui dénonce lemanque de connaissance de certainesmunicipalités en la matière. « Souvent,les ressortissants européens viennent enFrance pour travailler et n’ont pas un ba-gage culturel et politique très déve-loppé. J’ai l’impression que la situationn’est pas très nette pour les services pu-blics, alors, pour les électeurs… » Unmanque de clarté regrettable, selonelle, d’autant que le vote demeure « lepremier facteur d’intégration.Cela per-met aux ressortissants européens de par-ticiper à la politique de leur paysd’adoption,plutôt que de la subir. »

VRRÉÉGGIIOONN. Depuis 2001, les ressortissants européens peuvent voter aux municipales. Dimanche, ils ont été peu nombreux à se déplacer.Une situation probablement liée à un manque d’information de la part des mairies… et des candidats.

À Lille, 500 “Européens”

sont inscrits sur les listes.

Ils représentent0,4 % des électeurs

de la ville.

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Dialogue à ParisPARIS. Le duel entre Bertrand Delanoëet Françoise de Panafieu aura finale-ment lieu. Elle le voulait sur LCI-RTL,lui sur Canal +, c’est finalement lui quia gagné la première manche : une ren-contre en direct sera organisée entreles deux candidats à la mairie de Parisdevant les caméras de Canal et présen-tée par Laurence Ferrari. Rendez-vousaujourd’hui, en clair, à 18h30.

Extorsions de fondsentre candidatsTOUL. Nadine Morano, porte-parole del’UMP et candidate à la mairie de Toul(Meurthe-et-Moselle), a déclaré avoirété victime d’une tentative de chantageet d’extorsion de fonds de la part d’unautre candidat. Alain Oger, qui a récolté3,14% des suffrages dimanche a étéplacé en garde à vue.Nadine Morano asubi, quant à elle, un dur revers face àla maire PS sortante Nicole Feidt, etn’arrive qu’en troisième position.

Marie-Jo Zimmermanlâchée par l’UMPMETZ. L’UMP abandonne Marie-JoZimmerman, arrivée troisièmedimanche, loin derrière la liste d’unionde gauche (PS, PCF,Verts et transfugesdu MoDem) et après Jean-Marie Rausch(DVD) qui brigue son septième mandat.La direction régionale de l’UMP n’a pasapprécié le rapprochement de Marie-JoZimmerman avec la candidate MoDem,Nathalie Griesbeck. « C’est un coup deJarnac », a dénoncé un cadre de l’UMPmosellane, sous couvert d’anonymat.L’UMP a donc reporté son investitureà Jean-Marie Rausch, 78 ans, celui « quiest arrivé en tête des listes de droite »,a déclaré le président de la fédérationrégionale.

Leçon de politique

BORDEAUX. Alain Juppé, réélu au pre-mier tour des élections à Bordeaux, selâche dans une interview accordée auMonde hier. « C’était une erreur de vou-loir politiser cette élection.C’étaitun mauvais mélange des genres, encoremoins bon quand la situation nationalen’est pas porteuse. » Et voilà l’ancienami de Jacques Chirac qui donne desleçons de politique à Nicolas Sarkozy :« Quand il est venu à Bordeaux, je lui aidit que ce n’était pas une bonne stratégieet il a compris. » Interrogé sur une éven-tuelle « réhabilitation nationale », il aconcédé que « pour des responsabilitéssuprêmes », il avait été mis « hors-jeu ».

Mauvais gagnantCAMPAGNE. Jean-Christophe Camba-délis s’indigne. Réagissant aux proposde Nicolas Sarkozy hier matin à Toulon,qui se félicitait des résultatsde ses ministres au premier tourdes municipales, le député PS a qualifiéde « fanfaronnade » un tel encourage-ment. Dans un communiqué il a appeléles électeurs à infliger une « vraie sanc-tion » à la politique du présidentde la République.

Ausecoursde l’UMP

Affaibli par les sondages, le chefde l’État était resté jusqu’à présenttrès discret pendant la campagnedes municipales. Dans l’urgence,

et face aux difficultés, le présidentrevêt ses habits de candidat.

Nicolas Sarkozy reprend les rênes de la cam-pagne UMP pour le second tour des munici-pales. Hier, il a retrouvé sa verve de candidat

qu’il affectionne tant. Et les discours efficaces. En visite àToulon, dans l’ancien bastion de l’extrême-droite que lecandidat UMPHubert Falco a remporté dès le premier tour,Nicolas Sarkozy a renoué avec son thème de prédilection :l’immigration. Lors d’une séance de naturalisation à la pré-fecture du Var, il a rappelé la lutte de l’État français contrel’immigration clandestine. Sujet qui avait fait son succès lorsde sa campagne présidentielle en 2007. Reste à voir si celamobilisera les électeurs de l’UMP dimanche.Et pourtant, le président de la République ne veut pas don-ner l’air de s’impliquer dans un scrutin local, assénant à quiveut l’entendre que ce n’est pas le rôle du chef de l’État. Lasemaine dernière, dans une interview accordée au Figaro, ilavait refusé toute modification de l’équipe gouvernementaleau lendemain des municipales, dénonçant cette « maladiefrançaise » du remaniement ministériel « qui donne le tournis ».Il avait alors affirmé vouloir garder le cap de ses réformes, nerien changer au programme pour lequel il avait été élu.Aujourd’hui, le ton est plus nuancé. À Toulon, il a déclaréqu’il tiendrait « naturellement » compte du vote des Français :« Après le deuxième tour, il appartiendra à chaque responsable po-litique, et d’abord à moi-même, de tirer les leçons de ces élections. »

De quoi donner là aussi le tournis. Face au retard qu’accusela droite (45 % contre 47 % pour la gauche à l’échelle na-tionale), au ballottage dans les grandes villes comme Mar-seille et Strasbourg et à l’échec de Françoise de Panafieu àParis, on comprend son inquiétude.Il a tenu quand même à féliciter les quatorze ministres élusdès le premier tour. Reste Rachida Dati (Justice), XavierDarcos (Éducation) et Christian Estrosi (ministre de l’Ou-tre-mer), en ballottage dans leur ville. Mais avant de penserà l’après, il engage ses forces pour le second tour de di-manche. Jean-Claude Gaudin, en position très délicate àMarseille, a dévoilé au lendemain du premier tour la cor-respondance privilégiée qu’il entretient avec le chef de l’État.Dans une lettre adressée au maire sortant, titrée « Mon cherJean-Claude », Nicolas Sarkozy s’engage à soutenir la citéphocéenne dans son développement économique et dans lalutte contre la délinquance. On aurait presque oublié cedeuxième thème fétiche du candidat Sarkozy. Jean-ClaudeGaudin, numéro 2 de l’UMP, ne devance son rival Jean-NoëlGuérini que de deux points. Alors le président s’engage à la« création d’une compagnie de fonctionnaires spécialement recrutéset formée pour la lutte contre les violences urbaines » et à la parti-cipation de l’État à hauteur d’un quart (« au moins »), pour leprojet de développement du Port autonome. Visiblement,Nicolas Sarkozy n’a pas oublié qu’une bonne campagne, cesont avant tout de belles promesses.

Le résultat du premier tourstrasbourgeois est l’une desplus grandes surprises du

9 mars. Et le basculement de laville de droite à gauche devrait seconfirmer le 16. Avec près de 50 %des voix, en comptant le seul ral-liement des Verts, Roland Ries nedevrait pas laisser échapper la mai-rie de Strasbourg. Le PS retrouve-rait alors une ville perdue en 2001.Le maire sortant, Fabienne Keller(UMP), avait certes perdu despoints dans les sondages pendantles dernières semaines de la cam-pagne, allant jusqu’à se faire chiperla vedette par son adversaire socia-liste. De là à prendre dix points de

retard sur la gauche… Au final,Roland Ries arrive largement entête avec 43,9 % des voix, laissantle maire sortant loin derrière avecses 33,93 %, malgré un bon bilanque les socialistes n’ont que peucritiqué.Ce serait donc les enjeux nationauxet le “style” politique du tandemKeller–Grossmann (le président dela Communauté urbaine de Stras-bourg), souvent jugé autoritaire,qui auraient pénalisé la droite. Audeuxième tour, l’UMP aura du malà se relever. Surtout que le candidatet sénateur socialiste va bénéficierde la fusion avec les Verts d’AlainJung qui ont enregistré 6,37 % au

premier tour. Après avoir trouvéavec eux un « accord de gouver-nance », Roland Ries leur a offert,dès lundi, sept places sur sa liste,dont six éligibles. Aucun accord n’apar contre été trouvé avec leMoDem de Chantal Cutajar, crédi-tée de 5,73 % des voix au soir du9 mars. Roland Ries leur auraitproposé deux places éligibles maissans contrepartie. L’opposition duparti centriste à rejoindre la liste so-cialiste s’est accompagnée d’unrefus de donner une quelconqueconsigne de vote. La position cen-triste ravit d’ailleurs les Verts qui re-jetaient certaines mesures du pro-gramme MoDem.

La revanche de la gaucheà Strasbourg

Par Flore Thomasset, avec le Monde.fr

A Toulon,Nicolas Sarkozya retrouvé les joiesde la campagne.

Alain Juppé a été rééludès le premier tour.

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Par Sophie Bouillon,avec AFP

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15La Pression de mars Mercredi 12 mars 2008

Reims s’offrele tramway

Guère de différence entre le programme deRenaudDu-treil et celui de Catherine Vautrin. Sauf sur un pointd’importance : le tramway. L’idée du tram vient de

Jean-Louis Schneiter, le maire sortant. Le coup d’envoi destravaux sera donné en avril 2008... juste après lesmunicipales.Au total, 11 kilomètres de voies doivent être construits d’icioctobre 2010 pour un coût d’environ 300 millions d’euros.Très vite, le projet est devenu un enjeu politique. Désireuse degagner le soutien de Jean-Louis Schneiter, Catherine Vautrins’est vite rangée du côté des supporteurs du tramway. La can-didate PS-PC-Verts, rappelle pour sa part qu’elle a toujoursété favorable à cet équipement, « pour créer du lien entre les quar-tiers ».RenaudDutreil se pose en chef de file des opposants. Dèsmai2006, le député de la Marne distribue un tract remettant enquestion l’utilité du tramway. « Jeme pose la question, je vous posela question : est-ce vraiment, pour Reims et son agglomération, lapriorité des dix ans qui viennent ? ». Il faut dire que Jean-LouisSchneiter a tout fait pour s’assurer de la réalisation du projet,quelle que soit l’issue du scrutin. Le préfet a ainsi signé la dé-claration d’utilité publique le 5 mars, pressé par les multiplesdemandes du maire sortant. Selon le journal local l’Union,Jean-Louis Schneiter aurait souligné l’importance du projetau regard des emplois qu’il génère.Il n’en fallait pas plus pour irriter Dutreil. Il s’est dit « surprisdu chantage à l’emploi que fait M. Schneiter dans son courrier ».Avant d’ajouter: « On dirait que le tramway n’a d’autre objectifque d’assurer l’emploi des salariés du groupement Mars (fabricantdu tramway, ndlr) ou de recruter des ambassadeurs du tramway. »Le retrait forcé deDutreil règle de toute façon la question. Lesuccesseur de Schneiter se retrouvera ainsi avec un tramwaysur les bras, avec, en corrolaire, son lourd financement.

REIMS, sous-préfecture de la Marne, se situe en région Champagne-Ardennes. Jean-Louis Schneiter (DVD) en est le mairedepuis 1999.Avec 187 206 habitants, c’est la treizième ville de France par sa population (mais vingt-neuvième en comptant l’aggloméra-tion) et la ville la plus peuplée du département et de la région, bien que n’en n’étant pas le chef-lieu.Reims est le premier pôle économique de la région Champagne-Ardennes devant Troyes et Châlons-en-Champagne. Lesprincipaux secteurs d’activité économique sont l’agroalimentaire, la santé, l’industrie automobile. L’arrivée du TGV Estplace Reims à seulement 45 minutes de Paris (gare de l’Est), 35 minutes de Marne-la-Vallée et 30 minutes de l’aéroport deRoissy-Charles de Gaulle.La “Cité du sacre”, appelée ainsi car les rois s’y faisaient couronner, compte quatre édifices classés au patrimoine mondialde l’Unesco : la cathédrale Notre-Dame, le Palais du Tau, la basilique Saint-Rémi et l’ancienne abbaye royale Saint-Rémi.Côté culture, Reims compte huit musées, deux médiathèques, cinq bibliothèques et quatre théâtres. La ville accueille, entreautres, un festival de jazz et un festival de musique électronique.

e ce duel fratricide,l’arbitre en sortirapeut-être vain-queur. Entre Re-naud Dutreil et Ca-therine Vautrin,tous deux candi-dats à Reims

(Marne) et anciens du gouvernementVillepin, de la détestation avant tout.Leur opposition au premier tour a per-mis à Adeline Hazan, candidate PS-PC-Verts, de virer largement en tête,avec 42 % des voix. Dernier épisode endate, lundi, d’un psychodrame long deplusieurs mois. Dutreil, troisième(23 %), est sommé par l’UMP de s’ef-facer devant sa rivale, qui le devancede deux points (25 %). En position deforce, Vautrin rencontre Dutreil à13 heures. Chacunrepart alors dans sonQG, puis Dutreil ap-pelle sa concurrenteà 20 h 30. Il lui si-gnifie qu’il refuse deprendre la tête d’un comité écono-mique de développement de l’agglo-mération rémoise, comme la candidatele lui avait proposé plus tôt.L’énarque, mauvais perdant, annonceégalement qu’il ne lui apportera passon soutien. « Elle en prend acte. MmeVautrin estime avoir fait le nécessaire pourpermettre la réunion des deux listes », ex-plique Xavier Albertini, son directeurde campagne.Dutreil, de son côté, rejette la faute surson adversaire. « Je lui ai proposé de fu-sionner nos listes arrivées au coude à coudeavec un millier de voix d’écart. Mme Vau-trin a écarté mes propositions ». Un refusqu’il « regrette ».Pour Dutreil, l’échec à Reims n’est quele dernier d’une longue série, démon-trant que le parachutage est un art dé-

licat. Savoyard de naissance, il ad’abord été député de l’Aisne, puiss’est intéressé à la mairie de Lyon.Multipliant, à l’époque, les voyagesministériels dans la capitale desGaules, ce diplômé de Sciences-Po etde Normale Sup s’était finalement faitchiper sa place par Dominique Perben.La mairie de Château-Thierry (Aisne)lui avait aussi échappé en 1995. De-puis, il parle de « passion pour Reims ».Ephémère ? En tout cas, son image decavalier seul lui a peut-être coûté cher.Il a ainsi dédaigné le soutien de poin-tures nationales. « C’est un problèmeparce que je suis moi-même une personna-lité nationale, je fais venir qui ? Fillon ?Franchement, ça m’apporte quoi ? »En face, Catherine Vautrin peut se pré-valoir de ses origines rémoises.

Conseillère muni-cipale depuis 1983,elle se voit commel’héritière désignéede Jean-LouisSchneiter, le maire

sortant. Soutenue par Simone Veil,Vautrin, ancienne ministre déléguée àla Cohésion sociale, s’est d’abord dé-clarée en dissidence de l’UMP avantd’en recevoir le soutien pour le secondtour. « Je n’en veux pas à Renaud, disait-elle avant le premier tour. Tellement pasque je suis prête à le raccompagner person-nellement jusqu‘à Paris. Comme ça, sonépouse et ses enfants, qui vivent toujours,pourront le voir tous les soirs. » Am-biance...En attendant, Adeline Hazan compteles coups. Et peut envisager, si les par-tisans de Dutreil suivent la consigne etne reportent pas leurs voix sur Vautrin,de prendre une ville manquée pour1 500 voix en 2001. Une revanche dela gauche unie, longtemps raillée, pourses divisions, par la droite...

DRREEIIMMSS.. Dans le combat des droites, Renaud Dutreil se voyait sacré, Catherine Vautrin se posait en héritière. Leurs déchirements pourraient profiter à la candidate de gauche, Adeline Hazan,largement en tête au premier tour.

Par Jérémy Marot

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« JE FAIS VENIRQUI ?FILLON ? »

Vautrin enfin seule,Dutreil tellement seul

Duel à droite entre Catherine Vautrin (à gauche) et Renaud Dutreil (à droite).

Photo: D.R.

D É C A L É

16La Pression de mars Mercedi 12 mars 2008

Le maire de Lillea 11 ans PORTRAIT. Sacha, déjà passionné de politique,

dirige la capitale des Flandres… dans un jeuvidéo. Pendant une semaine, il a reçu les conseilsavisés de Martine Aubry, qui, séduitepar sa curiosité, l’a accueilli en stage.Aurait-elle déjà trouvé son successeur ?

l s’appelle Sacha de Sousa, il a 11 anset il est maire de Lille. Maire virtueld’un Lille virtuel, via le jeu vidéo Sim-City (http://simcitysocieties.ea.com),qui permet de gérer une ville que l’oncrée de toutes pièces. Il y a un an, lejeune écolier lillois, coupe de bébé

rockeur et répartie incontestable, se passionnepour ce jeu d’adultes. Lorsqu’en octobre2007, il rencontre Martine Aubry à l’inaugu-ration du jardin des Coccinelles de Lille Sud,tout près de chez lui, il la bombarde de ques-tions. « Je voulais savoir si être maire, en vrai, çaressemble à SimCity. » Des conseils pour dirigerson Lille virtuel, il en avait besoin, reconnaît-il en plaisantant : « Au début, pour voir, j’aibaissé tous les salaires et j’ai augmenté les impôtsde 100 %. Résultat, les gens sont descendus dans larue. »À l’issue de l’inauguration, la vraie maire deLille, séduite par la curiosité et l’audace dugarçonnet, lui propose un stage. « Au début, onn’y croyait pas trop », raconte sa maman, Es-telle, qui travaille dans l’industrie pharma-ceutique. Mais Martine Aubry tient parole :un samedi en février, « le premier samedi des va-cances », elle sonne à la porte des de Sousa, àLille-Sud, et embarque Sacha pour la se-maine. « Je l’ai suivie partout, j’ai pu comprendreles difficultés de la vie de maire », se souvient le

garçon. Ce samedi-là, ilassiste avec elle à unspectacle de hip hop.« C’était chouette ! » Maisle lundi matin, dès neufheures, place aux réu-nions de travail. « Àmon avis, à la longue, çadoit être saoûlant. »Il n’empêche, il a« adoré ». En particulier« les réunions avec les ar-chitectes, concernant desprojets pour Lille-Europe ».Il faut dire que sonpapa, Gilles, est archi-

tecte. Il a d’ailleurs construit et aménagé luimême leur maison ouvrière de Lille-Sud : pla-fonds hauts, duplex, originaux du peintre lillois Guillaume Caronaccrochés aux murs. Un appartement à l’ambiance plutôt bobo.Sacha a également assisté à la rencontre entre Martine Aubry etle maire israélien d’Haïfa, « une ville où les communautés arabes etjuives cohabitent pacifiquement ». À 11 ans, l’élève de sixième neperd pas une miette de l’actualité. Vocabulaire de jeune adulte,phrasé posé, il a l’audace des petits derniers choyés.Son stage auprès de Martine Aubry l’a conforté dans sa voca-tion de maire. « J’ai vraiment compris qu’être maire c’est aider plein degens différents. » Les qualités nécessaires à la fonction ? « Il faut êtreintelligent, généreux, gentil, il faut aussi faire ce qu’on dit. » Le jeunegarçon à la tête blonde semble déjà se débrouiller questionlangue de bois. Mais surtout, il admire la maire sortante, et luisera « toujours reconnaissant de cette expérience ». Il viserait bienl’Hôtel-de-Ville mais pas l’Élysée : « Être président de tout un paysc’est énorme, ça fait peur surtout quand on voit les polémiques qu’il y aautour de Sarkozy en ce moment... » Quand, bluffé par une telle ma-turité, on lui demande quelle est sa sensibilité politique, il répondenfin comme un enfant. « Ben je ne sais pas trop encore, je n’ai que

11 ans. Quand j’en aurai 18, je pourrai sûrement répondre. Pour l’ins-tant, je suis trop petit. » Sous le regard protecteur de sa maman, ilcommente les déboires du président de la République : « Quandon voit ce qu’il fait en ce moment, on aurait quand même pu laisser unechance à Ségolène. »Avec ses copains du collège, il aime aller à la piscine ou tchatter.« On ne parle pas de politique : ça ne les intéresse pas. » Il avoue préfé-rer l’histoire aux mathématiques et profitera d’un exposé en édu-cation civique pour raconter son incroyable expérience à ses ca-marades.Dimanche prochain, comme il l’a fait pour l’élection présiden-tielle, il accompagnera sa maman dans l’isoloir. « Elle fera ce qu’ellevoudra, mais j’espère qu’elle votera pour Martine. » Estelle, qui se ditcentriste, et « refuse de choisir un bord », sourit : « Il y a des chances. »« Martine, elle est géniale, conclut Sacha. C’est sûr, ce n’est pas BrigitteMauroy [liste de l’UMP Sébastien Huyghe] qui m’aurait permis dela suivre ainsi ! » Sa mère le reprend d’un réprobateur : « Ça tu n’ensais rien mon chéri, tu ne la connais pas. » « Oui, enfin d’après ce que tum’en as dit... » Pas si langue de bois.

Par Françoise Marmouyet

QUAND ONVOITCE QUE SARKOFAIT EN CEMOMENT,

ON AURAIT PULAISSER

UNE CHANCEÀ SÉGOLÈNE ” Pour Sacha, c’est clair : quand il sera

grand, il sera maire de Lille.Photo : Nathalie Gros

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