La pression de mars - numéro 2

18
de mars Le Quotidien des Municipales 2008 réalisé par les étudiants de l’École supérieure de journalisme de Lille Numéro 2 Vendredi 7 mars 2008 Et ailleurs... Amiante : à Douai, Alstom condamné à la peine maximale Focus CALAIS : dans le bastion PC, l’après-Sangatte et ses migrants enveniment les débats page 15 pages 9 à 12 page 7 page 17 Aubry-Daubresse : duel pour LMCU Une descente qui tombe à pic Photo : Gaël Cogné Et ailleurs : Strasbourg, vers un îlot socialiste en Alsace ? Après huit mois de préparation, la police a mené mardi une vaste opération à Lille-Fives. À cinq jours d’élections où la sécurité est un enjeu, les habitants s’interrogent sur ce calendrier. page 2 Le corridor qui mène à la cité Lys servait de poste de guet aux dealers. Photo : Gaël Cogné

description

Le quotidien des municipales dans le Nord Pas-ce-Calais, par les étudiants de l'Ecole supérieure de journalisme de Lille

Transcript of La pression de mars - numéro 2

Page 1: La pression de mars - numéro 2

de marsLLee QQuuoottiiddiieenn ddeess MMuunniicciippaalleess 22000088rrééaalliisséé ppaarr lleess ééttuuddiiaannttssddee ll’’ÉÉccoollee ssuuppéérriieeuurree ddee jjoouurrnnaalliissmmee ddee LLiilllleeNNuumméérroo 22VVeennddrreeddii 77 mmaarrss 22000088

Et ailleurs...Amiante : à Douai,Alstom condamné à la peine maximale

FocusCALAIS : dans le bastion PC,l’après-Sangatte et ses migrantsenveniment les débats

page 15 pages 9 à 12

page 7

page 2

page 17

Aubry-Daubresse :duel pour LMCU

Une descentequi tombe à pic Ph

oto: G

aël C

ogné

Et ailleurs : Strasbourg, vers un îlot socialiste en Alsace ?

Après huit mois de préparation,

la police a mené mardi une vaste

opération à Lille-Fives. À cinq joursd’élections

où la sécurité est un enjeu, les habitantss’interrogent

sur ce calendrier.page 2

Le corridor qui mène à la cité Lys servait de poste de guet aux dealers.

Photo: G

aël C

ogné

Page 2: La pression de mars - numéro 2

L’ É V É N E M E N T

2La Pression de mars Jeudi 6 mars 2008

Fumée sans feu

QQuu’’oonn nnee ss’’yy ttrroommppee ppaass..LLeess ddééppllaacceemmeennttss ssuurrmméé--ddiiaatt iissééss ddeess LLee PPeenn ppèèrree eettfifill llee ddaannss llee NNoorrdd tt iieennnneennttpplluuss dduu bbaarroouudd dd’’hhoonnnneeuurrqquuee ddee llaa rrééssuurr rreecctt iioonn..QQuuee ccee ssooiitt àà AArr rraass,, LLii lllleeoouu HHéénniinn--BBeeaauummoonntt.. EEtt lleessmmuunniicciippaalleess ccoonnfifirrmmeerroonnttssaannss ddoouuttee ccee qquuii aavvaaiittccoommmmeennccéé iill yy aa uunn aann,, àà llaapprrééssiiddeennttiieellllee,, ppoouurr sseeppoouurrssuuiivvrree aauuxxllééggiissllaatt iivveess :: llaa lleennttee eexx--tt iinncctt iioonn ddee llaa flflaammmmee dduuFFNN.. CCeettttee mmêêmmee flflaammmmeeqquuii bbrriill llee ddééssoorrmmaaiiss ppaarrssoonn aabbsseennccee ssuurr lleess ttrraaccttssddee ccaammppaaggnnee ddiissttrriibbuuééssddaannss lleess bbooîîtteess aauuxx lleett ttrreess..LL’’éélleecctteeuurr aavveerr tt ii aauurraa rree--mmaarrqquuéé llaa ddiissppaarriitt iioonn dduullooggoo hhiissttoorr iiqquuee dduu ppaarr tt ii ,,ppoouurr yy rreelleevveerr llaa pprréé--sseennccee……dd’’uunn ccœœuurr !!«« LLee FFNN nn’’eesstt ppaass mmoorrtt eettlleess ggeennss llee vveerrrroonntt àà ll ’’oocc--ccaassiioonn ddee cceess éélleecctt iioonnss »» ,,mmaarr ttèèllee JJeeaann--MMaarriiee LLee PPeennàà cchhaaccuunnee ddee sseess aappppaarrii --tt iioonnss,, aall llaanntt mmêêmmee jjuussqquu’’ààllaanncceerr qquu’’HHéénniinn--BBeeaauummoonnttsseerraa ppoouurr lluuii eett sseess mmiill ii--ttaannttss,, ll ’’eennjjeeuu pprriinncciippaall dduussccrruutt iinn..AAlloorrss oouuii ,, ll ’’aatt tteenntt iioonn ssee ffoo --ccaall iisseerraa ssuurr ll ’’aanncciieennnnee ccii ttéémmiinniièèrree qquuee ccoonnvvooii ttee ssaafifill llee.. MMaaiiss llaa ccoommmmuunnee dduuPPaass--ddee--CCaallaaiiss,, aavveecc sseess2266 000000 ââmmeess,, nn’’aa ffrraanncchhee--mmeenntt rriieenn dduu ttrreemmpplliinn qquuiippoouurr rraaii tt ffaaiittee rreennaaîîttrree llee FFNNssuurr llaa ssccèènnee ppooll iitt iiqquuee nnaa--tt iioonnaallee.. EEnn ééttaanntt rrééaall iissttee,,ssaannss ddéénniiggrreerr llaa vviill llee,, qquuiiccoonnnnaaîî tt HHéénniinn--BBeeaauummoonntt,,aauu--ddeellàà ddee sseess ffrroonntt iièèrreess??LLee rrééssuull ttaatt oobbtteennuu llee1166 mmaarrss sseerraa,, qquuooii qquu’’ii ll aarr--rriivvee,, ddéétteerrmmiinnaanntt aauu sseeiinnmmêêmmee dduu FFrroonntt nnaatt iioonnaall,, ooùùMMaarriinnee nnee ccaacchhee pplluuss ssoonnaammbbii tt iioonn ddee pprreennddrree lleessrrêênneess ddeess mmaaiinnss ddee ssoonnppèèrree.. LL’’aauuttrree eennjjeeuu sseerraa eeff--ffeecctt iivveemmeenntt ddee ssaavvooiirr ssiieellllee ppeeuutt aassssuurreerr llaa ssuucccceess--ssiioonn dduu vviieeuuxx pprrééssiiddeenntt..MMaaiiss lleess LLee PPeenn nnee ssee ppaass--sseerroonntt-- ii llss ppaass llee bbââttoonn dd’’uunnflflaammbbeeaauu pprreessqquuee éétteeiinntt ??

Julien Damien

É D I TO

LA PRESSION de marsQuotidien réalisé par les étudiants de l’ESJ, dedeuxième année (presse écrite) et de PHR.Refermentation et maturationDirecteur de la publication :Pierre SavaryFermentationDirecteurs adjoints de la publication :Cyril Petit, Yves Sécher,Fabrice Tassel. Laurent BrunelHoublonnage - Rédacteurs en chef :Hélène Bekmezian, Julien Damien,Delphine Lacroix, Jérémy MarotEmbouteillageRédacteurs en chef techniques :Guillaume Carré, Jean Décotte,Alexandra Nawawi, Benoist Pasteau

Sur le blog des municipales de l’ESJ, lire, écouter et regarder les reportages des deuxièmes années :http://chroniquesdemars.blogspot.comÉcole supérieure de journalisme de Lille,50 rue Gauthier-de-Châtillon, 59046 Lille Cedex.Tel : 03.20.30.44.00. www.esj-lille.fr

Mesure controversée, l’usage destémoignages anonymes s’est révéléutile, en tout cas dans l'opérationmenée cité Lys. « Ça a permis defaire remonter des informations im-portantes », reconnaît le commis-saire Gilbert, qui a dirigé le coup defilet. La procédure de témoignageanonyme, votée en 2001 sous legouvernement Jospin, se limitaitd'abord aux crimes et délits graves.Étendue par la loi Perben du 3 août2002, elle concerne désormais lesdélits punis de trois ans d'emprison-nement minimum. À l'époque, lesmagistrats, avocats et associationsdes droits de l'homme, épaulés parl'opposition de gauche, avaient criéau scandale, accusant la droite d'ins-titutionnaliser la délation.« Je remarque juste que la mairie sefélicite d'une opération menée grâceà une loi qu'elle disait “sécuritaire”,ironise Christian Decocq, chef defile de la fédération UMP du Nord.Or, elle est bien contente de l'avoirquand il le faut. » Mardi, MartineAubry se réjouissait en effet d'avoir« réussi à obtenir avec le procureurl'anonymat pour les habitants ».« Cela a donné aux victimes la possi-bilité d'enfin témoigner », renchéritRoger Vicot, adjoint à la Sécurité dela mairie de Lille.Dans les faits, les services de policechargés de l'enquête ont transmisune demande d'anonymat au par-quet. Le juge des libertés et déten-tion a alors évalué les risques de re-présailles pour les témoins,l'importance de leurs témoignages,et a finalement autorisé la procé-dure. Un coup de pouce bienvenudans une enquête engagée il y aplus de huit mois...

Jérémy Marot

Anonymat garanti

es tags sur lesportes, unevoiture désos-sée, des débrisde verre, deschaussures quipendent auxfils télépho-niques. La citéLys est dansun sale état.

« Une fois, ils ont même accroché un véloaux fils », soupire un habitant. Maissurtout, une quinzaine de personnes– dont plusieurs mineurs – faisait ré-gner sa loi sur la courée, un lieu dif-ficile à contrôler pour la police.Mardi matin, la préfecture a sorti lesgrands moyens pour mettre le grap-pin sur cette petite bande qui agis-sait en toute impunité. « Il y avait lapolice, la Bac, le GIGN, les stups », ra-conte un témoin. Deux personnesauraient échappé au coup de filet.300 grammes de cocaïne ont ététrouvés dans leur squat. Hier, lesgardes à vue s'achevaient. Une in-formation judiciaire a été ouverte.Deux personnes ont été déférées auparquet.Depuis cette spectaculaire descente,le quartier s’in-quiète d’éventuellesreprésailles, notam-ment en raison destémoignages ano-nymes d’habitants qui ont nourril’enquête [lire ci-contre]. Pendant desmois, des habitants ont discrète-ment dépeint à la police les raisonsde leur ras-le-bol : la crainte de voirson véhicule dégradé ou incendiésur le petit parking. La peur descambriolages (plusieurs chaque se-maine, souvent en plein jour), les vi-tres brisées, les coups et les insultesreçus. Le petit Casino du coin se fai-sait régulièrement piller, poussant legérant a mettre la clé sous la porteen moins d'un an.D’autres interrogations, plus poli-

tiques, circulent. « C'est trop gros. Justeavant les municipales. Alors qu'on at-tendait cette descente depuis deux ans »,s'exclame Martine qui habite dansla cité. Le commissaire Gilbert qui a dirigéles opérations affirme que la policen’est au courant que depuis huitmois, quand les cambriolages semultipliaient. Interrogé par la Pres-sion de Mars, M. Hernandez, porte-parole à la direction départementalede la police, est catégorique : « Onn'est absolument pas manipulé. On atapé quand on était sûr que cela allaitporter ses fruits. » Le commissaireGilbert est plus nuancé. « On avait degrosses présomptions sur ce qu'on allaittrouver. On n'était pas sûr à 100 %. »Pourtant, selon une source prochede l'enquête, les policiers auraientété surpris de trouver de la cocaïne. Autre fait troublant, une réunionavait été organisée par MartineAubry le dimanche précédant la des-cente. Quelques Fivois, voisins de lacité, étaient présents. La candidatesocialiste aurait laissé entendre quequelque chose se préparait et souli-gné l'implication de la mairie. Unecellule de veille, dédiée à la sécurité,

avait été mise enplace depuis quel -ques mois. Lors decette réunion, Mar-tine Aubry a af-

firmé qu’elle réclamait depuis long-temps 400 policiers supplémentairessur la métropole. Elle aurait aussiprésenté aux habitants le plan de ré-novation de leur quartier. Les habitants de la cité, eux, assu-rent ne pas avoir été invités. « Lequartier se “boboïse”. Les nouveaux ontplus de contacts, par exemple, dans lamunicipalité et les journaux », rapporteun habitant satisfait que les difficul-tés du quartier aient été prises encompte. Martine est plus amère :« Nous ça fait deux ans qu'on attend. Ilss'en foutent de nous. »

Depuis plusieurs mois, leshabitants ne se garent plussur le parking de la citéLys. De nombreux véhi-cules y ont été dégradés.

Photo:G.C.

La descentequi tombe à pic

DDeeuuxx aannss qquueelleess hhaabbiittaannttss ddee llaa ccii ttéé LLyyss

aatttteennddaaiieennttll '' iinntteerrvveenntt iioonn ddee llaa ppoolliicceeccoonnttrree uunnee

bbaannddee qquuii tteerr rroorriissaaii tt

ccee qquuaarr tt iieerr ddee FFiivveess..

EEll llee eesstt aarr rriivvééeecciinnqq jjoouurrss aavvaannttllee pprreemmiieerr ttoouurrddeess éélleecctt iioonnssmmuunniicciippaalleess..

Par Gaël Cogné

D

« ON ATTENDAIT ÇADEPUIS DEUX ANS »

Page 3: La pression de mars - numéro 2

L’ E S S E N T I E L

3 Vendredi 7 mars 2008

Les meilleursennemisPour la première fois depuis 1977,

la gauche part en ordre disperséaux élections municipales de Vil-

leneuve-d’Ascq. Conséquence : toutpourrait se jouer au deuxième tour. Dujamais vu dans une ville où les candi-dats socialistes ont toujours été élusdès le premier dimanche des élections.Depuis seize mois, Jean-Michel Stie-venard, actuel maire PS, ne dort passur ses deux oreilles. Et pour cause, ilse serait bien passé de la candidaturede Gérard Caudron qui n’est autre quele maire historique villeneuvois. Aprèsquatre mandats de maire sous les cou-leurs socialistes (1977-2001), celui-ciavait choisi « de prendre volontairementdu recul » et de passer le relais à celuiqui fut son premier adjoint durant dix-huit ans. Depuis, l’eau a coulé sous lesponts, les deux anciens collaborateursne sont plus amis et Gérard Caudron aquitté les rangs du PS se disant « cho-qué par le système clientéliste qui règne au-tour de Pierre Mauroy et compagnie ».Tous les coups sont permis : mercredidernier, Gérard Caudron a étécondamné par le tribunal correction-nel de Lille pour propos injurieux en-vers son adversaire via son blog.Autrement dit, le duel villeneuvois op-pose le père à son fils spirituel, l’un ac-cusant l’autre d’avoir maltraité le bébé.De retour aux affaires et soutenu parles nostalgiques de l’époque 1977-2001, Gérard Caudron débarque sansétiquette avec « un nouveau projet, unenouvelle équipe et une nouvelle gouver-nance ». Jean-Michel Stiévenard a bienessayé de rappeler son ancien ami à laraison en lui proposant de faire partiede sa liste, « même si Gérard m’a trahiaprès seulement mes huit premiers mois demandat ». Ambiance…

Jovial, direct avec les habitants deVilleneuve-d’Ascq,GérardCaudron est en terrain conquis dans la ville nouvelle. Pasétonnant, l’homme y a été maire durant vingt-quatre ans et lesVilleneuvois n’avaient connu que lui avant qu’il ne décide depasser la main à Jean-Michel Stievenard.De retour aux affaires,Gérard Caudron puise ses ressourcesdans l’histoire égyptienne : « Les Égyptiens ont une perceptionde la vie et de la mort qui me correspond. On sait qu’on est làseulement pour un temps. C’est pareil concernant un mandat,on sait qu’il faudra passer la main un jour où l’autre.Alors pour2008 si je gagne, c’est bien, et si je perds tant pis, je passerai àautre chose. »Il est aussi comme ça Gérard Caudron : un air détaché quiexplique sans doute son aisance à approcher les gens. Uncomportement à double tranchant qui peut en déconcerterquelques-uns pouvant lui reprocher de ne pas toujours seprendre au sérieux. De son propre aveu : « Je ne suis pas unhomme qui ne pense qu’à la politique. »

Même s’il peut paraître rigide, peu convivial comme le sont laplupart des hommes “de dossier”, Jean-Michel Stievenard est,selon ses proches collaborateurs, « quelqu’un que l’on peut in-viter chez soi ». Autrement dit, il y a un gouffre entre « l’appa-rence et le fond du personnage ».Décrit comme un épicurien, ce natif de Denain dans leValen-ciennois, propulsé dans le fauteuil de maire grâce au coup depouce de Gérard Caudron, ne le fait pas vraiment transparaî-tre auprès desVilleneuvois. Aussi, afin de cerner convenable-ment le personnage,mieux vaut encore jeter un œil sur sonlivre. Dans À Corps et à cœur, « pas un programme » mais plu-tôt « une méditation », on apprend par exemple qu’il n’est pasrare que Jean-Michel Stievenard enfourche son scooter pourune ballade dansVilleneuve-d’Ascq.Morceau choisi : « C’estdevenu un plaisir rituel… avec ma femme.Tous les deux sur lescooter, cadeau d’anniversaire de nos amis, nous aimons sillon-ner notre ville… » Certes, cet extrait est un brin réducteur,mais il faut un début à tout.Même ses collaborateurs le recon-naissent : « Jean-Michel est toujours un peu sur la réserve. »

Villeneuve-d’Ascq

Les arbitresSix listes sont en compétition àVille-neuve-d’Ascq pour les municipales demars 2008. Le camp de la gauche esttrès éparpillé avec quatre listes candi-dates. Outre celle de Jean-Pierre Stié-venard (PS) et celle de Gérard Cau-dron, s’ajoutent lesVerts et lescommunistes. Autrement dit, le tempsde la gauche unie de 2001 est révolu ets’il y en a un qui boit du petit lait, c’estbien Didier Plancke, le jeune candidatUMP. Bénéficiant d’une réserve de voixde 30%, le candidat de la majoritéprésidentielle ose espérer une triangu-laire. Petit bémol : la liste MoDem deChristian Carnois qui pourrait lui coû-ter des voix.

Le duel

6 200C’est le nombre de kilomètres parcouruspar un Australien en voiture, pour unsimple essai chez un concessionnaire.

GÉRARD CAUDRONEnsemble pourVilleneuve-d’Ascq,

63 ans.Ancien maire (1977-2001).

JEAN-MICHEL STIEVENARDParti socialiste,62 ans.Maire sortant (depuis 2001).

« Le MoDem ne sert à rien. »

Daniel Cohn-Bendit, lors d’un café politique à Lille mercredi. Pour “Dany le Rouge”,le parti de François Bayrou n’est indispensable à personne dans la capitale des Flandres,en particulier à Martine Aubry, assurée de gagner « sans l’aide de quiconque » selon lui.

La phrasedu jourLe chiffredu jour

Par Marc-AntoineBarreau

Photos : DR

et le crédit

La Pression de mars

[voir aussi notre article page 6]

Page 4: La pression de mars - numéro 2

E N R É G I O N

4La Pression de mars Vendredi 7 mars 2008

Le FN fait front contrele socialiste Dalongeville

HHÉÉNNIINN--BBEEAAUUMMOONNTT. Cent cinquante personnesétaient rassembléesmercredi soir pour écouter Steve Briois et Marine Le Pen, numéros1 et 2 de la liste FN de la ville. Le mot d’ordre : « Tous contre Dalongeville ! »

édicaces du programme par la “vedette” Marine LePen, poses photos et cris de victoire, la campagne

menée par le Front National passionne les militants du parti. Convaincus qu’Hénin-Beaumont sera le symbole absolu de leur victoire, cent cinquante per-sonnes étaient venus s’informer hier soir lors de la dernière réunion publique,avant le premier tour de dimanche. Ils tiennent dans leurs mains le programme de SteveBriois, la tête de liste. Un candidat qui n’est pas le leur,car beaucoup d’entre eux n’habitent même pas Hénin-Beaumont. Annick et Francis, membres du FN, vien-nent de Tourcoing et ont voulu « honorer une invitation »qu’ils ont reçu personnellement. Jacky habite Phalem-pin mais soutient les « très bonnes idées de Steve Briois etMarine le Pen, des gens qui savent se battre ». Il y aussi les jeunes encartés des communes environ-nantes, qui regrettent qu’une liste Front National n’ait pu se construire dans leursvilles respectives. Alors ils tractent et font du porte-à-porte à Hénin-Beaumont. Des candidats d’ autres villes sont également venus apporter leur soutien, commeChristopher Sczurek, candidat aux cantonales à Courrières, ou même Eric Dil-lies, la tête de liste Front National à Lille. Finalement peu d’Héninois. Ce qui nesurprend pas Steve Briois. « Les gens ont fait leur choix même s’ils n’étaient pas dans

la salle » insiste-t-il. Un choix comme celui de Michel, qui habite la ville depuistrente ans et déménage bientôt. « La politique de Gérard Dalongeville ne me convientpas », souligne-t-il. Pour faire son choix, le soixantenaire se rend à toutes les réu-nions publiques. « Je veux écouter tous les candidats. Je les compare tous. »Mais il saitdéjà qu’il donnera sa voix au Front National.

Autre exemple avec Éric, qui est revenu vivre à Hénin-Beaumont après son divorce. Il a constaté un change-ment radical depuis quelques années. « Le cadre de vien’est plus le même que sous les anciens maires Piette et Dar-chicourt », explique-t-il. Pour ces Héninois, il est impor-tant de distinguer le parti (et tout ce qu’il représente) etle candidat dans cette échéance locale. « Je vote pour lesidées de Steve Briois et non pas pour un parti. » Ce qui lesunit, c’est leur envie de tourner la page Dalongeville. Sé-duits par le Front National, ils ne veulent pas pour au-

tant apparaître comme des sympathisants FN. Le « tous contre Dalongeville », Marine Le Pen et Steve Briois l’ont suffisammentrappelé et en ont fait tout un programme pour rassembler les déçus de la politiquede la gauche. Durant son discours, le jeune candidat est revenu point par pointsur les promesses du maire sortant en 2001, « non tenues », selon lui. Marine LePen conclut : « La seule liste pour faire tomber Dalongeville, c’est la nôtre. »

Le Front National a-t-il tenté de rejouer Le Liè-vre et la tortue à Arras, sans toutefois espérer lemême résultat que dans la fable ? À vouloir at-

tendre la présence symbolique de Marine Le Pendans la cité, le parti en a été réduit à patienter jusqu’àce mercredi, soit quatre jours avant le premier tourdes élections municipales, pour présenter sa liste. Etce sur le marché de la Petite Place, devant une mai-gre assemblée de journalistes et de badauds.« Il y a quelques semaines, Marine Le Pen ne pouvait pasvenir, tente de justifier Jean-Marc Maurice, la tête deliste FN. Le week-end dernier, elle avait un meeting, lemarché d’Arras s’est donc imposé naturellement… » Er-reur de stratégie ou pas ? Fallait-il attendre que le ca-lendrier de la candidate à la mairie d’Hénin-Beau-mont soit en accord avec celui de Jean-MarcMaurice, au risque que, comme le souligne une pas-sante, « plus personne ne s’y retrouve » ?Cependant, pour le Front National, l’idée est simple.Il faut « avant tout utiliser la campagne comme tremplin

pour réimplanter le parti sur Arras ». En effet depuis1995, le FN n’a plus proposé de listes aux différentesélections. La permanence de la Grand Place a été fer-mée. Le groupe dissout au profit de celui d’Hénin-Beaumont. Autour du nouveau leader Jean-MarcMaurice, arrageois d’origine, le parti espère retrou-ver sa verve de l’époque. Pourtant le pari n’est pas encore gagné. Sur les qua-rante-trois noms qui composent la liste, trois seule-ment sont des militants FN, tous les autres colistierssont indépendants. Reste, pour mettre tout le monded’accord, un programme centré autour de la notion« d’insécurité constante ». Pour cela plusieurs solutionssont avancées : mise en place d’une police de proxi-mité 24h/24, dans tous les quartiers de la ville, l’ins-tallation d’un système de vidéo surveillance… Desvieilles recettes qui ont fait leurs preuves par le passé.« On ne fait pas de miracles, même à Lourdes, il y en a demoins en moins », ajoute, un brin fataliste, Jean-MarcMaurice.

ARRAS. « Nous attendions la présence de Marine »

Par Mélanie Carnot

Par Clémence Lambard

Steve Briois [à gauche] pouvaitcompter sur le précieux soutien

de Marine Le Pen [à droite],mercredi soir à Hénin-Beaumont.

Photo : M.C.

D« BRIOIS ET LE PEN :DES GENS QUI SAVENTSE BATTRE »

Jacky, un membre du FN

Photo:C.L

Jean-Marc Maurice,tête de liste FN.

Page 5: La pression de mars - numéro 2

E N R É G I O N

5La Pression de mars Vendredi 7 mars 2008

Bulletinsdans la natureROUBAIX. Slimane Tir, candidat desVerts, a convoqué hier soir la presse.Motif : selon lui, « des milliers » de bul-letins de vote, au nom desVerts, n’ontpas été envoyés aux bureaux électo-raux. S’apercevant de cette absence, ila enquêté et retrouvé lui-même les bul-letins. Oubli ou acte volontaire ? Selonle candidat, la deuxième option serait àprivilégier… Tout sur cette affaire dansnotre édition de samedi.

Où habiteBernard Six ?CROIX. Ira, ira pas ? À l’heure actuelle,la présence de Bernard Six (NouveauCentre) à Croix pour les municipalesn’est pas garantie.En cause: l’absencede domicile du maire sortant sur le terri-toire de la commune. « Au 1er janvier2008, je suis inscrit au rôle des contribu-tions pour (posséder) un garage et inscritsur les listes électorales », a déclaré Ber-nard Six.Cependant, aucune trace n’éta-blit que le candidat a payé des impôtsavant cette date. La menace d’une inéli-gibilité pèse donc toujours pour l’édile.

Le forcingdeVanneste

TOURCOING. Carnet de notes dansune main, DVD promotionnels dansl’autre,ChristianVanneste arpente lesrues de Tourcoing au pas de charge. Lecontroversé candidat UMP profite desderniers jours de la campagne pourfaire du porte-à-porte. « Cela permet devraiment connaître le terrain. » Mercrediaprès-midi, accompagné d’une dizainede militants, il profite de son statut dedéputé pour s’enquérir des problèmesdes habitants et promettre des solu-tions. « Bonjour madame ! Difficile le sta-tionnement dans cette rue, non ? » « Vousavez des problèmes d’insécurité dans lequartier, je crois… » Ceux qui choisis-sent d’ouvrir leur porte racontent leurssoucis,même si plusieurs habitants nele connaissent pas. Devancé dans lessondages par la gauche,ChristianVan-neste pourrait se rallier au Front Natio-nal dans l’entre-deux tours.

LesVerts se livrentNPDC. La région Nord-Pas de Calaiscompte trois maires écologistes. Jean-François Caron, Luc Coppin et BernardWeisbecker ont décidé d’écrire un livreen commun. Le titre : « La contributiondes maires verts et écologistes. En gé-rant une ville, on quitte la sphère del’idéologie, on agit sur le terrain ; pournos collègues, on est parfois considéréscomme des bêtes curieuses », a déclaréLuc Coppin.Objectif annoncé de l’ou-vrage : définir l’engagement et la sensi-bilité desVerts à l’échelle municipale.

Brigitte Mauroyréplique aux attaquesLILLE. Mise en cause par l’hebdoma-daire Charlie Hebdo, qui l’accusait dejustifier l’excision, Brigitte Mauroy s’estdéfendue hier devant la presse. Soute-nue par Sébastien Huyghe et le Dr Mau-rice Laude, ancien doyen de la facultéde médecine d’Amiens, la numéro 2 surla liste UMP à Lille a contre-attaqué. « Jen’ai pas à me justifier. Je suis indignée entant que femme, en tant que femme mé-decin, (…) et en tant que citoyenne », a-t-elle dit. À suivre dans notre édition desamedi.

Sous les rires, la metteur en scène EstherMollo lit et mime en italien un extrait deRécits d’une femme de Dario Fo et France

Rame… Un millier de personnes sont rassembléesau Grand Palais de Lille pour fêter, avec trois joursd’avance, la Journée de la femme. Une majorité defemmes, de la grand-mère à la plus jeune, de toutesles origines. L’ambiance est chaude et festive, les ap-plaudissements nourris, le spectacle varié. On pour-rait croire à une trêve au milieu de la campagne élec-torale. Et pourtant… Même cet événementfédérateur a réussi à échauder les esprits.La décision d’avancer la fête, traditionnellement or-ganisée le 8 mars, suscite une mini-tempête dans lemonde politique lillois. Pour la Mairie, il s’agit d’unajustement pour ne pas enchaîner la Journée de lafemme samedi prochain et le premier tour des élec-tions dimanche. Pour l’opposition, c’est une mani-pulation du calendrier à des fins électorales. « Je suisfurieux ! s’emporte Étienne Forest, candidat social-démocrate. Martine Aubry a avancé la soirée au 5 marspour que les journaux lui fassent de la pub, alors qu’ilsn’auraient pas pu le faire le 8. Soit, mais dans ce cas, qu’ellemette les 4 000 invités dans ses frais de campagne, pas surle budget de la Mairie. » Le candidat, qui accuse lamaire de « se croire au-dessus des lois », a déjà monté undossier avec son avocat pour déposer un référé. « C’est

le plus gros scandale de cette campagne » conclut-il. Àl’UMP, les réactions sont plus réservées, teintées decynisme : « Tous les maires sortants, quelle que soit leurcouleur politique, sont tentés de manipuler le calendrier àleur avantage, s’amuse Loïc Lesserre, conseiller mu-nicipal de l’opposition. C’est un mélange d’artifice,d’électoralisme et d’opportunisme, et c’est bien dommage,car la Journée de la femme vaut mieux que ces tripatouil-lages politiques. »Les suspicions sonnent pourtant creux, à mesure quela fête se déroule sans la moindre allusion politique.Poétesses, musiciennes, danseuses et metteurs enscène sont, seules, mises à l’honneur. Tout au plusMartine Aubry valorise-t-elle, par le programme cos-mopolite de la soirée, sa politique multiculturaliste.Et refuse d’aborder la question électorale. « On a bienvu ce soir que ce n’est pas une réunion politique, commetous les ans c’est une grande fête pour lutter contre la dis-crimination féminine », souligne Danielle Poliautre, ad-jointe au développement durable. Les accusationssemblent d’autant moins convaincantes que d’autresvilles ont fait le même choix que la mairie de Lille, àcommencer par Paris. Alors, ultime manœuvre pourcapter des voix ou banale adaptation du calendriermunicipal ? « C’est peut-être un coup de pub, on ne saitpas », admet Audrey, 27 ans, danseuse de hip-hop.Elle est pourtant dubitative. « De toute façon, quand lesgens votent, ce n’est pas le jour J qu’ils choisissent. Une dateou une autre, ça ne va pas changer grand chose. »

La Fédération identitaire,groupe xénophobe et régio-naliste, composé par les

déçus d’un FN jugé « ramolli »,s’impose dans le Nord. N’ayantpas reçu l’investiture du FN àLomme, Luc Pécharman s’est alliéà Virginie Crépin, responsable dela Fédération identitaire Flandresqui revendique de « très bonnes rela-tions » avec le sulfureux Vlaams Be-lang belge.Trois Identitaires ont rejoint la listede Luc Pécharman, qui tenait hiersoir son dernier meeting, sous leslogan “Rendre Lomme aux Lom-mois”. Au cœur de la campagne,la remise en cause de l’associationavec Lille : « La fusion coûte aux

contribuables lommois, puisque ladette par habitant pour Lille (717euros) est beaucoup plus importanteque pour Lomme (446 euros). Parmiles thèmes chers à l’extrême droite,Luc Pécharman reprend ceux dela sécurité et de la famille. L’arri-vée des Identitaires sur la liste yajoute la culture. « Cela passe par laréhabilitation de nos monuments oul’apprentissage du néerlandais dansnos écoles. »La présence des Identitaires surune liste dans une ville de 28 000habitants constitue une reconnais-sance importante. Jusqu’alors, lesIdentitaires n’étaient qu’un grou-puscule violent, né d’Unité radi-cale, dissout en 2002 après l’atten-

tat manqué d’un proche du mou-vement contre Jacques Chirac. Au-jourd’hui, les Identitaires progres-sent sur l’échiquier politique local.Carl Lang, président du groupeFN au Conseil de région du Nord-Pas de Calais, déclarait début no-vembre : « Je suis agréablement sur-pris par le travail fourni par lesIdentitaires depuis cinq ans. Je ne voispas pourquoi on exclurait certainesmouvances de l’extrême droite. » Auniveau national, Marine Le Pencritique avec virulence le groupus-cule, rejetant officiellement toutealliance avec le FN. Mais officieu-sement, selon Fabrice Robert, leleader des Identitaires, les contactssont pris.

Le FN s’allie aux IdentitairesPar Flore Thomasset

Entourée d’élues, Martine Aubry a lancéles festivités.

Photo:Jérém

yMarot

Photo:D

R

Photo : CB

Polémiqueau sujet dela journéedes femmesLLIILLLLEE.. La Journée des femmes a été fêtée avec trois jours d’avance dans la capitale nordiste, au grand dam de l’opposition qui dénonce une manipulation électorale.

Par Caroline Bozec

Page 6: La pression de mars - numéro 2

E N R É G I O N

6La Pression de mars Vendredi 7 mars 2008

L’oppositiondéfend son bilanSAINT -ANDRÉ. Maire de 1989 à 2001avant de perdre son siège au profitd’Olivier Henno (Modem), Paul Laue-rière (PS) invoque le passé pour envisa-ger l’avenir à l’Hôtel de ville de Saint-André. Mercredi soir, devant environquatre-vingts personnes, il a tenu à« rectifier quelques erreurs profitant àune majorité qui veut prouver qu’elle faittout plus vite que tout le monde ». Et lesocialiste d’égrainer les crèches, can-tines, maisons de retraite, « des réalisa-tions lancées sous (son) mandat dont Oli-vier Henno s’est arrogé l’inauguration ».Pour Paul Lauerière, le maire sortant,se « cache derrière une forme d’apoli-tisme » en insistant sur les personnalitésd’ouverture qui composent sa liste, sibien « qu’on en oublie les idées poli-tiques. »

Mort de RobertHazebrouckBEUVRY.À la veille des municipales,Beuvry est endeuillé. Robert Haze-brouck (indépendant), maire de la villeentre 1997 et 2007, est décédé ce mer-credi à l’âge de 59 ans, des suites d’unemaladie cardiaque. En juin dernierdéjà, cet universitaire avait dû laisser saplace à Voltaire Bouque pour raisons desanté. Son mandat reste marqué parl’assainissement des finances de laville, mais aussi par le détachement deBeuvry par rapport à Béthune en 1997,qui avait rendu à la ville sa pleine indé-pendance.

Marine Le Pen s’offreun DVD de campagneHÉNIN-BEAUMONT. Marine Le Pens’offre un joli coup de pub. La candidateFront national a cassé sa tirelire pourfaire réaliser une vidéo par des produc-teurs parisiens qui ont souhaité resteranonymes. Ce sont quelque 11 000 DVDqui ont été distribués ces derniers joursdans les boîtes aux lettres de Hénin-Beaumont. Coût de l’opération :10 000 € soit un tiers du budget de cam-pagne de la candidate. Sur ce film, d’unpeu plus de cinq minutes, des habitantstémoignent sur ce qu’ils attendent de lacandidate frontiste. Des points de cam-pagne clés, tels que la solidarité, le tra-vail, l’insécurité ou encore les impôts lo-caux sont au cœur de leurspréoccupations. Et pour cause : ils nesont autres que les membres de la pro-pre liste de Marine Le Pen.

Sur la liste du MNR…à son insuROUBAIX. Philippe Loridan, un chô-meur de 34 ans, a découvert avec effa-rement qu’il figurait avec sa compagnesur la liste du MNR. Il affirme avoir étévictime d’un abus de confiance, ce queconteste Luc Van Engelandt. Lui et sacompagne Séverine Vandenberghe,également colistière à son insu, ont dé-cidé de porter plainte. « C’est ma fillede 12 ans qui en feuilletant les docu-ments électoraux m’a lancé: dis papa, il ya ton nom et celui de maman aussi. »Philippe, un électeur de gauche, esttombé des nues [voir notre édition dusamedi] !

Dansla courdes

grands ?HHEELLLLEEMMMMEESS.. C’est un peu Davidcontre Goliath. Dans une ville dirigéependant près de deux décennies par Bernard Derosier, président du Conseil général, une associationpolitique fait trembler les élus: Les gens d’Hellemmes.

P etit Poucet des municipales de 2001, laliste Les gens d’Hellemmes avait déjouétous les pronostics en échouant de peu der-

rière la liste PS de Bernard Derosier lors de la trian-gulaire avec le FN au second tour. Crédité de 18,68%des voix au premier tour et de 36,77% au second en2001, les gens d’Hellemmes étaient parvenus à ravirsix sièges au Conseil munici-pal. Dimanche, ils devront semesurer à la liste de GillesPargneaux (PS), de CarolineVannier (UMP) et de LudovicCoupin (Verts). Désormais ac-teurs majeurs et atypiques dela vie locale hellemmoise, Nabil El-Haggar et ses co-listiers entendent poursuivre leur ascension. « On a l’impression que le temps s’est arrêté à Hellemmes.On ne veut pas d’une ville dortoir. On veut lui redonner vie »,revendiquait, mercredi soir lors d’une réunion, le can-didat Gérard Burnol, martelant ainsi la profession defoi de ces « citoyens-acteurs. » S’appuyant sur des va-leurs de gauche sans pour autant être affiliée à unparti, cette association à but politique veut proposerune alternative plus dynamique. « En général, il estd’usage que le monde associatif ne se mêle pas à la vie poli-tique mais nous, on veut offrir une éducation politique et ci-

toyenne », explique Anne Lefèvre, numéro 2 sur la listeet conseillère sortante. Une particularité qui leur coûteune absence de subvention aussi bien de la mairie qued’un parti politique. C’est de leurs poches que pro-viennent les 5 000 euros déboursés pour la campagne.« On est devenu la réserve foncière ou la résidence secon-daire du Conseil général », s’insurge Nabil El-Haggar.Pour la tête de liste, la situation ne peut plus durer. Ilsouhaite améliorer la concertation et l’information

avec la mise en place deMaisons des Gens et deConseils de Rues. Lemanque d’équipementsculturels et la dégrada-tion des rues font aussipartie des grands chan-

tiers du mouvement. « La priorité du prochain mandatest de rattraper le niveau des quartiers de Lille. Il faut re-donner une identité à la ville. »Avec ce scrutin municipal, Hellemmes, vieille villeouvrière, très ancrée à gauche, semble être à un tour-nant de son histoire. « Si la municipalité actuelle venaità remporter les élections, j’ai bien peur que ce soit les der-nières que nous vivions ici », s’inquiète Nabil El-Hag-gar. La crainte que leur ville soit rattachée à Lilledans un avenir proche est dans leurs têtes. Une vic-toire de cette liste sans étiquette politique marqueraitla fin de la politique de l’ère Derosier.

«Pour cette élection, j’ai le ventdans le dos. » La division dela gauche à Villeneuve-

d’Ascq ne semblait pas inquiéter lemaire sortant, Jean-Michel Stieve-nard (PS), lors de son dernier mee-ting avant le premier tour. Mer-credi, entre un concert de gospel etdeux démonstrations de hip hop,l’édile a placé la soirée sous lethème de l’union et du rassemble-ment. Un thème que ses colistiersreflètent fidèlement : membres deLutte ouvrière, d’Avenir écolo oudu Parti socialiste, étudiants et re-traités, hommes et femmes, d’ori-gine française ou d’ailleurs…Cette image d’Épinal n’a cepen-dant pas pu faire oublier l’autreliste de gauche indépendante, celle

de l’ex-PS Gérard Caudron. L’om-bre de l’ancien maire a plané surla soirée sans qu’il ne soit jamaisnommé. Le directeur du comité desoutien de Stievenard, ClaudeVandeputte, a ouvert les hostilités,évoquant les déboires de Caudronavec certains de ses colistiers, es-timant que « ce climat de perpé-tuelle suspicion est invraisembla-ble et la politique du rentre-dedans qu’il affectionne est dan-gereuse. » Revenant sur les ten-sions entre les listes de gauche, ila jugé que « nous, nous n’avonsjamais mis en cause notre adver-saire, voilà notre différence. »À la tribune, Jean-Michel Stieve-nard a continué sur cette lancée,ironisant sur les listes concur-

rentes, « le MoDem inexistant » et« la droite tétanisée » car « on lareconnaît pour ce qu’elle est, leparti du Président qui a tant déçuet rendu indigne la direction del’État. » Mentionnant la liste deCaudron à demi-mot, il a estimé« qu’on a voulu nous entraînerdans des querelles, on a préférés’engager contre la droite ».Après le meeting, le maire sortants’est toutefois laissé aller àquelques piques plus prononcées.« Je suis le candidat légitime,Caudron est une candidatured’aventure personnelle et n’in-carne pas l’avenir » avant deconclure : « Notre victoire seraitle triomphe de la convictioncontre la méchanceté. »

Guerre des gauches à Villeneuve-d’Ascq

Par Florian Pottiez

Par Séverine Rouby

Tête de liste, Nabil El-Haggar ne veut plusqu’« à l’avenir, un élu préside une association »

Photo : FP

« ON A L’IMPRESSIONQUE LE TEMPS S’EST AR-RÊTÉ À HELLEMMES »

[voir aussinotrearticlepage 2 ]

Page 7: La pression de mars - numéro 2

L’ E N J E U

7La Pression de mars Vendredi 7 mars 2008

Daubresse mise surl’économie et l’habitatAlors que Martine Aubry refuse d’exposer sonprogramme avant la fin des élections municipales,Marc-Philippe Daubresse a dévoilé le sien.Son projet s’organise autour de deux principaux axes :l’économie et l’habitat.

Économie

� Réviser le Plan local d’urbanisme (PLU) pour déve-lopper le foncier économique afin de permettre auxentreprises de s’implanter.� Développer un bassin d’emploi transfrontalier.� Développer les partenariats publics-privés.� Promouvoir les nouvelles technologies et l’implanta-tion d’industries high-tech à forte valeur ajoutée.� Accueillir une agence nationale pour l’environne-ment.� Créer une agence pour le développement écono-mique pour développer les entreprises existantes etpromouvoir la métropole à l’échelle internationale.

Habitat

� Réviser le PLU et libérer le foncier.� Mettre en place un plan d’urgence pour les loge-ments très sociaux.� Expérimenter une baisse des charges sociales de25 % dans le parc public.� Généraliser l’accession à la propriété à mensualitémodérée sur le fondement d’un foncier à bas prix, desprêts à taux zéro et une TVA à 5,5 % dans certainsquartiers.� Développer le parc locatif privé :multiplier les loge-ments à loyers conventionnés, vendre 500 à 1 000 loge-ments sociaux par an.� Développer une politique de logement HQE : expé-rimenter un éco-quartier et rendre obligatoire le COSénergétique (Coefficient occupation du sol).

LMCU en ligne de mireMÉTROPOLE. Pour Martine Aubry et Marc-Philippe Daubresse,candidats à Lille et Lambersart, le véritable enjeu, c’est le 18 avrilet l’élection du président de la communauté urbaine de Lille.Un duel attendu entre deux personnalités controversées.

.Derrière les élections municipales, laprésidence de Lille métropole com-munauté urbaine (LMCU) est en jeu.

Les 170 conseillers de LMCU pourraient bien voirleur majorité basculer à droite. Car aucun des can-didats déclarés jusqu’ici ne fait l’unanimité…même dans son propre camp. Le challenge estpourtant de taille : succéder au fondateur de lacommunauté urbaine : Pierre Mauroy (PS).Le 18 avril, le duel pour la tête de LMCU oppo-sera Martine Aubry (PS), la candidate lilloise, àMarc-Philippe Daubresse (UMP), son homologueà Lambersart. Pour ces deux poids lourds régio-naux, si la campagne pour les municipales s’est ré-vélée assez confortable, la bataille pour la prési-dence s’annonce acharnée.Auréolée de sa victoire probable à la mairie deLille, Martine Aubry part favorite. De son côté,pas question de parler de son projet pour LMCUavant les municipales, même si son équipe resteconfiante. « Je pense qu’on va facilement gagner Tour-coing, et je n’ai pas plus d’inquiétude pour LMCU quepour Lille », confie Pierre deSaintignon, premier adjoint etporte-parole de Martine Aubry.Mais son fort caractère pourraitbien lui poser problèmes: prési-der LMCU, c’est savoir jouer des alliances, provo-quer le consensus. « Jamais Lille n’a fait l’objet d’au-tant de concertation. C’est le première fois depuis cinqmandats que le parti communiste et les verts vont aubout », se défend Pierre de Saintignon. Pour l’out-sider, Marc-Philippe Daubresse, « être maire de Lilleest un handicap. Les petites communes chercheront un

équilibre et avec le maire de Lille, elles pourraient crain-dre que leurs intérêts soient mal défendus ». Politicienaguerri, bien implanté dans la région, il connaît lesacteurs locaux et a déjà présenté son programme.Martine Aubry à la mairie de Lille,Marc-PhililippeDaubresse à LMCU, plusieurs points de blocagepourraient compromettre les politiques locales

comme la gare TER de Lille-Sudvoulue par la maire de Lille,alors que son concurrent défendplutôt une nouvelle gare TGVeuropéenne. « Ils n’ont pas la

même vision de choses à long terme :Marc-Philippe Dau-bresse a un programme très axé sur le Sud de la métro-pole, que fera-t-il pour le Nord ? », s’interroge GrégoryVandenberghe, animateur fédéral des jeunes socia-listes du Nord.Dans ce duel gauche-droite, deux éléments ferontpencher la balance. Le basculement de Tourcoing à

droite serait un élément fort pour Marc-PhilippeDaubresse, même s’il minimise l’enjeu : « Tourcoingn’est pas une condition ni nécessaire ni suffisante. » Pourlui, c’est Henri Ségard, président du groupe Mé-tropole passion commune, qui arbitrera l’élection.Il chapote une équipe de 47 conseillers sans éti-quette alors qu’il faut 85 sièges pour obtenir la ma-jorité. De sensibilité plutôt de droite, il se rêvait enadversaire de Martine Aubry à la mairie de Lille. Ilaurait alors soutenu Marc-Philippe Daubresse àLMCU, mais ce dernier a refusé le marché. HenriSégard prolonge le suspens. « Aucun de nos élus nedoit prendre position avant les municipales. Il n’y a riende gagné ni pour l’un ni pour l’autre », tempère HélèneGaridel, directrice de cabinet du groupeMétropolepassion commune. Marc Philippe Daubresse en abien conscience : « L’appui de Henri Ségard est fonda-mental, s’il soutient ma concurrente, ma candidature n’aplus de sens. »

Communauté urbaine,mode d’emploi

Séverine Fiévetet Flore Thomasset

Séverine Fiévet et Flore Thomasset

DIVERGENCESD’OPINIONS

Pour Martine Aubry et Marc-Philippe Daubresse, l’enjeu dépasse le cadre de la commune.

Phot

o:R

apha

elle

Laur

ent

Phot

o:D

R

60

9

8 947

1122 3

Non inscrit

FN

UMP

UDFet apparentés

Divers droite

Divers gauche

Groupe des Verts

Groupe socialiste et apparentés

Groupe communiste

Al’issu du deuxième tour des municipales, la dé-signation des membres du conseil de Lille mé-tropole communauté urbaine se fait par les

conseillers municipaux. Ses membres voteront, le 18avril, pour élire leur président.Le conseil est composé de 170 membres représentant85 communes, dont 29 pour Lille, 13 pour Roubaix, 12pour Tourcoing et 9 pour Villeneuve d’Ascq.Les petites communes, elles, sont surreprésentées car

chacune possède au moins une voix quel que soit sonnombre d’habitants.La communauté urbaine a pour mission d’accompa-gner les politiques de la ville dans la métropole. Elle estcompétente dans les domaines de l’aménagement duterritoire, l’habitat, les équipements urbains. Elle prendégalement en charge les transports et services publics, lavoirie, l’eau… Enfin, elle gère le musée d’Art modernede Villeneuve-d’Ascq et le Stadium Lille-Métropole.

Répartition des membres duconseil de la communauté urbaine(Nombre de sièges par groupe)

Page 8: La pression de mars - numéro 2

P O I N T S D E V U E

8La Pression de mars Vendredi 7 mars 2008

Les municipalespeinent à motiver

nos aînés

Des novices en campagne

Ils ont entre 85 et 95 ans. Pour eux,les élections municipales, c’est avanttout ce qui se passe dans un lointain

et brumeux “dehors”. Ces résidents dela maison de retraite lilloise Edilys, prèsde Gambetta, n’ont pas reçu les pro-grammes des candidats. De quoi am-plifier leur sentiment de vivre dans unebulle hermétique à la vie municipale.« On est un peu à l’écart de tout ce qui sepasse dehors, alors je n’ai pas trop suivi lesprogrammes. Je crois que Martine Aubry estintallée dans son fauteuil pour assez long-temps de toute manière », explique un ré-sident de la maison de retraite, un peufataliste. « On vit en milieu fermé ici, alorsil n’y a pas de choses bien importantes »,lance son voisin. Une autre, un peugênée, avoue qu’elle ne sait pas qui sontles principaux candidats. « Je ne m’y suispas tellement intéressée », lâche-t-elle dubout des lèvres.Beaucoup ne voient pas les enjeux, sesentent en décalage et peu concernéspar les programmes, mais tous irontaux urnes dimanche. « J’ai toujours ex-primé mes opinions, le droit de vote c’est uneliberté que je souhaite à tous les peuples dumonde, mais j‘avoue que je ne me suis pas

intéressé aux programmes. Je suis un peu laset je sais déjà pour qui je vais voter. La villen’est pas mal gérée mais je souhaite que lacouleur politique change », poursuit lemême résident.

Personnalités. D’autres sont plus im-pliqués. Pour cette habituée des urnesqui s’y rend depuis que les femmes ontle droit de vote, « aux municipales, mis àpart les extrêmes, le parti politique a peud’importance. On vote pour une personna-lité, Martine Aubry, on a vu ce dont elleétait capable, son concurrent, on n’en saitrien. Je compte sur elle pour améliorer lestransports dans la ville, prévoir des places deparkings devant les maison de retraite,comme ici, où on ne peut jamais se garer ».Une autre se lance dans une batailleverbale avec sa voisine de table : « Je nesuis pas d’accord avec vous c’est très impor-tant d’aller voter dimanche, l’abstension,c’est quelque chose de très grave. »À 95 ans,cette résidente a déjà choisi son favori :pour elle, se sera Sébastien Huyghe. « Jepense à tous ceux qui n’ont pas de travail.Elle, elle ne propose rien pour eux. Pour moil’emploi c’est ce qu’il y a de plus important.Il faut penser aux jeunes. »

L undi 3 mars, 20 h.Benjamin Vande-waele accueille à

l’entrée de la salle GérardPhilippe le public venu pourDidier Debels (PS), tête de laliste d’ouvertureWasquehal au-trement. Qui se serait douté, sixmois plus tôt, que Benjamin se-rait sur cette liste en 19e posi-tion ? Personne, pas même lui.Car pour ce jeune de 19 ans, lapolitique c’était avant tout ma-nifester dans la rue et coller desaffiches. Jamais il n’aurait puimaginer se retrouver aussi im-pliqué dans la vie politique dela ville qui a bercé son enfance.Sa présence sur cette liste, il ladoit bien sûr à Didier Debels.Durant l’année 2007, Benjaminet lui se croisent maintes fois àl’occasion de la campagne pré-sidentielle puis législative.

« Nous avons vite sympathisé, sesouvient Benjamin. Et puisquej’étais assez motivé pour faire bou-ger Wasquehal, je n’ai pas hésitélongtemps. » Car finalement,cetétudiant en licence de maths sedit qu’il n’est pas impossible deconcilier son cursus universi-taire et ses envies politiques :« C’est une acti-vité que j’ai enplus, je veuxfaire évoluer maville au seind’une équipemunicipale, toutsimplement.C’est une occupation qui demandebeaucoup d’investissement, mais lamotivation est la même que pour lesengagements sportifs, culturels ouassociatifs. »Ce sentiment va plus loin pourÉtienne Diot, étudiant deScience-Po Lille. Ce jeune de23 ans est 29e sur la liste UMPde Sébastien Huyghe, à Lille.Si Étienne s’investit autant en

politique, c’est pour défendreses opinions et ses valeurs.« Mais ce que je veux avant tout,c’est m’occuper des autres »,lance-t-il entre deux tracts dis-tribués sur le marché de Wa-zemmes.Issu d’une famille engagée enpolitique dans son village de

Picardie, ce res-ponsable ad-joint des jeunesUMP de Lillen’en est pas àson coup d’es-sai et a des am-bitions concrè-

tes pour la capitale desFlandres. « Après cinq annéesd’études et d’investissement dansla vie locale, j’ai acquis une cer-taine expérience et une bonneconnaissance du terrain. Une listemunicipale se doit de représentertoute une mosaïque d’habitants, ycompris les jeunes », conclut-il,déjà rompu à la langue debois.

LLIILLLLEE.. Derrière les murs des maisonsde retraite, des résidents oubliés des candidats tentent de s’intéresser aux élections municipales.

« JE N’AI PAS HÉSITÉ

LONGTEMPS »

Par Séverine Fiévet

Par Jonathan Roux

Étienne Diot est 29e sur laliste de Sébastien Huyghe

photo : Jonathan Roux

Dans la maison de retraiteEdilys, à Lille

Photo: Séverine Fievet

WWAASSQQUUEEHHAALL eett LLIILLLLEE.. IIllss ssoonntt ééttuuddiiaannttss eett cchhooiissiisssseenntt ddee ssee pprréésseenntteerr ssuurr uunnee ll iissttee ppoouurr lleess mmuunniicciippaalleess..

QQuu’’eesstt--ccee qquuii lleess mmoottiivvee ??

Page 9: La pression de mars - numéro 2

∆ Habitants : 73 200∆ Taux de chômage : 14 %∆ Maire sortant : Jacky Hénin (PC)∆ Nombre de listes : 6

Dossier réalisé par :Jonathan Roux,Gaël Arcuset,Florian Hervieuxet Éric Filliastre

L a vague de froid qui vient des’abattre sur la France n’apas épargné Calais. Sur le

port, à proximité du phare, lesquelques centaines de migrants finis-sent de prendre leur repas chaud et defaire le plein de couvertures distri-buées par les bénévoles de l’associa-tion humanitaire Salam. Il est tempsd’aller dans la “jungle” - sorte de “noman’s land” boisé improvisé par lesréfugiés, pour pouvoir dormir tran-quille. Demain, ils retenteront de pas-ser la douane pour rejoindre l’Angle-terre. En repartant du dock par petitsgroupes, certains ne prennent pasgarde et se font surprendre par un ca-mion de CRS prêt à les interpeller.Les bénévoles accourent aussitôt pourapporter leur soutien. Cette fois-ci, latentative des policiers échouera. Unesituation qui, avec le temps, est deve-nue habituelle pour Calais.

Victime de sa situation géogra-phique, la ville compte chaque jourplus de 400 migrants sur son terri-toire. Elle devient ainsi le point deconvergence des routes migratoiresvers le Royaume-Uni, qui se trouve àmoins de 35 km de ses côtes. Il estdonc très difficile pour les six candi-dats aux élec-tions munici-pales de fairel’impasse sur cesmouvements depopulations, dontla situation esttrès préoccupan-te. « Avec la ferme-ture du centre deSangatte, les réfu-giés n’ont pasd’autres choix que d’investir les plages lanuit et la ville de Calais le jour, déploreSylvie Copyans, bénévole de Salam.Trouver des solutions pour ces migrantsdevient plus qu’urgent. Ce n’est pas seu-

lement le problème de l’État, c’est aussicelui de Calais ! » Sur les six candidatsqui briguent la mairie, cinq d’entreeux ont l’ambition de solutionner lasituation des migrants. En effet, seulle FN, mené par François Dubout, nejuge pas utile de faire quoi que ce soitpour ces “illégaux”.

Le projet le plusimportant est sansdoute celui de Ca-therine Bourgeois,tête de liste desVerts. Engagée de-puis quatre ansdans le collectif desoutien d’urgenceaux réfugiés, ellepropose un centrede jour qui pour-

rait accueillir les migrants afin de ra-tionaliser et d’optimiser le dispositifd’aide humanitaire. Pour l’écologiste,c’est avant tout à la mairie d’apporterune aide au fonctionnement d’une

telle structure. Un avis partagé parDominique Wailly (LO) et JackyHénin, maire communiste sortant, quitravaille déjà sur ce projet « d’antennede jour ». Pour ce qui est de « la listed’ouverture populaire et sociale » menéepar Natacha Bouchart, la construc-tion d’un tel centre aurait pour effetimmédiat de reconstituer le phéno-mène « d’aspiration » connu à San-gatte. Selon la candidate UMP, « il fautenvisager des espaces sanitaires, de soins etde distribution de repas dans des lieux dif-férents pour éviter les points de rassemble-ment et de fixation favorisant l’activité despasseurs ». Pour gérer la situation, ellepropose d’autre part la création d’unconseil de migrants qui rassembleraitla municipalité, l’État et les représen-tants des associations humanitaires.Une solution à laquelle Laurent Rous-sel est favorable. Toutefois, le candi-dat de la LCR semble penser que« c’est au niveau national qu’il faut revoirtoute la politique de migration. »

9La Pression de mars Vendredi 7 mars 2008

F O C U S

Calais

L’impassemigratoiresur le devantde la scène

« CE N’EST PASSEULEMENT

LE PROBLÈMEDE L’ÉTAT,

C’EST AUSSI CELUIDE LAVILLE ! »

REPÈRES

Photo : Jonathan Roux

Page 10: La pression de mars - numéro 2

Nom :BouchartPrénom :NatachaÂge : 44 ansParti :UMP

� Création d’un conseil dedéveloppement économiqueavec les élus. Favoriser l’adap-tation des formations aux be-soins de la population et desentreprises. Création d’un es-pace de congrès et de salons.

� Création d’un conseil mu-nicipal des jeunes. Créationd’un foyer des jeunes et desalles d’animations sportivespour les jeunes au Beau-Ma-rais et au Fort-Nieulay.

� Création d’une maison del’environnement et organisa-tion d’un salon pour sensibili-ser la population. Achat dematériel plus adapté pour net-toyer les trottoirs. Réduire laconsommation d’eau potable.

Nom :BourgeoisPrénom :CatherineÂge : 50 ansParti :LesVerts

� Aménagement du centre-ville pour relancer l’attracti-vité économique. Valorisationde la pêche touristique. Créa-tion d’un centre de recherchepour les métiers du dévelop-pement durable.

�Mise à disposition de sallespour les associations dejeunes. Utilisation de produitscertifiés dans les cantines sco-laires. Mise en place de zonesprotégées aux abords desécoles.

� Création de zones vertesdans le cœur de la ville et dezones piétonnes. Étude du dé-veloppement du train-tram-way. Isolation et emploi desénergies renouvelables pourles bâtiments municipaux.

Nom :DuboutPrénom :FrançoisÂge : 48 ansParti :FN

� Projet d’un Palais desCongrès à Fort-Risban pourl’accueil de séminaires inter-nationaux. Étude pour l’im-plantation d’une compagnielow-cost sur le site de l’aéro-port de Calais-Marck.

� Recrutement d’animateursen musique et en arts plas-tiques chargés d’intervenirdans les écoles aux côtés desenseignants. Création possi-ble d’un skate-park.

� Remplacement des pou-belles par des sacs plastiques.Encourager les entreprises àrespecter les normes environ-nementales en vigueur. Privi-légier l’esthétique dans le do-maine de l’urbanisme.

Nom :HéninPrénom :JackyÂge : 47 ansParti :PCF

� Développement des zonesd’activité de Transmarck –Turquerie. Raccordement auréseau ferroviaire et auxzones d’activités du nouveauport prévu en 2015.

� Création d’un événementprésentant les jeunes Calai-siens. Favoriser l’accès à laculture pour les jeunes avec lacréation d’un “pass-jeunes”.Création d’aires de jeux dansles quartiers dépourvus.

� Aménagement de la zonenaturelle du Colombier-Vir-val et de la Maison de l’eau.Aménagement de l’espacevert du Boulevard Curie. Ré-habiliter le bois de Campagnecomme espace public.

imanche 9mars, votez non àSarkozy et oui à Calais ! »Tels sont les panonceaux

que les militants communistes iront accrocher auxportes des Calaisiens dans les prochains jours. Il fautdire que le PCF n’y est pas allé de main morte sur sestracts. D’un côté, une face rouge avec le portrait deJackyHénin, lemaire sortant, et une invitation à votercommuniste. De l’autre, une photo en noir et blanc deNicolas Sarkozy, la main sur l’épaule de NatachaBouchart.Les communistes sont très critiques envers la listed’ouverture de la candidate UMP, qui a su rallier leMoDem et certains socialistes déçus de la politique deJacky Hénin [voir en page suivante]. « Aujourd’hui, ladroite essaye de se camoufler. Il faut qu’on rétablisse la vé-rité », affirme Jean-Claude Vanzavelberg. Pour l’adjoint

à la communication de lamairie, la situation est claire :Natacha Bouchart est la représentante à Calais de lapolitique deNicolas Sarkozy. « Elle répète en permanenceque les frais de fonctionnement de la ville sont trop élevés, auniveau du personnel notamment. Si elle était élue, elle conti-nuerait à casser le service public, ce qui correspond à la poli-tique de la droite au niveau national. »Pourtant, le communiste reste conscient des enjeux dusuffrage. « Ce ne sont pas des élections présidentielles, maisdes élections locales. Il faut juste rappeler aux électeurs la vé-ritable affiliation de chaque candidat. ». De son côté, lacandidate UMP fait tout pour recentrer le débat au ni-veau local. Sa prochaine réunion publique aura lieu cevendredi. Objectif annoncé : « Faire passer nos derniersmessages de campagne.Ma démarche sera d’expliquer que jene suis pas la méchante femme de droite que l’on présente. »Là encore, les tracts sont emblématiques : une liste

d’union de Calaisiens, Fiers d’être Calaisiens, qui re-cueille des “paroles de Calaisiens”…Bref, une alliancecomposée de personnalités politiques diverses, maisqui s’accordent sur un point : l’enjeu, c’est Calais.« Le maire essaye de politiser les débats à l’extrême en les re-situant au niveau national alors qu’ils portent avant tout surle plan local », affirme Philippe Blet, socialiste et nu-méro 2 sur la liste de Natacha Bouchart. « Jacky Héninse cache derrière la politique nationale pour masquer son ab-sence de programme, notamment enmatière d’emploi », ren-chérit Michèle Courmont, du MoDem.Une affirmation qui fait bondir Jean-Claude Vanza-velberg : « Ce n’est pas à Calais que se joue la politique na-tionale et industrielle de la France ! » Sarkozy ou Héninpour le Parti communiste, Hénin ou Calais selon Na-tacha Bouchart : le choix sera-t-il vraiment clair pourles électeurs calaisiens ?

10La Pression de mars Vendredi 7 mars 2008

F O C U S

Contre Sarkozyou pour Calais ?

Jeunesse

Écologie

Emploi

Les militants DU PCFiront accrocher cesaffichettes aux portesdes Calaisiens.

Photo : Éric Filliastre

CALAIS. Alors que lacampagne bat son plein,Le Parti communiste deJacky Hénin et la listed’ouverture de NatachaBouchart s’affrontent surl’enjeu des élections :faut-il élire un maire ousanctionner ungouvernement ?

Page 11: La pression de mars - numéro 2

Nom :RousselPrénom :LaurentÂge : 42 ansParti :LCR

� Incitation à l’embauche deCalaisiens pour le nouveauport en 2015. Relancer l’arti-sanat local en faisant travail-ler les sociétés locales. Créerdes associations favorisantl’emploi.

� Allocation pour les jeunesde 18 à 25 ans en fonction dubudget de la ville. Cautionprise en charge par la mairiepour l’accès au logement.Création d’un conseil munici-pal de jeunes.

� Sensibiliser sur le thème del’environnement. Opposé àl’idée de déléguer le tri des dé-chets à la communauté d’ag-glomération de Calais. Retourà la gestion de l’eau et del’électricité à la mairie.

Nom :WaillyPrénom :DominiqueÂge : 55 ansParti :LO

� Soutien aux personnes ensouffrance et en manque depouvoir d’achat. Aide enversles quartiers en difficulté. Per-mettre aux employés deconsulter les comptes des en-treprises par la municipalité.

� Mettre plus de locaux à ladisposition des jeunes desquartiers avec des éducateurssociaux pour favoriser la pra-tiques d’activités culturelles,musicales et sportives.

� Favoriser l’esprit civiquedes citoyens dans ce domaine.Mise en place de liens entreles comités d’hygiène des en-treprises et la municipalité etles associations concernéespar la question.

11La Pression de mars Vendredi 7 mars 2008

F O C U S Quelle premièremesure doitprendre votre

prochain maire ?

« Pour moi, la prio-rité est d’attirer lesentreprises pour fa-voriser la création

d’emplois.On en a vraiment besoin et demanière urgente. Beaucoup d’entreprisesont fermé ces dernières années commela Dentelle de Calais. La ville manqued’activité économique et ça ne favorisepas la baisse du chômage. »

Prénom : BertrandÂge : 49 ansProfession :Vendeur

Petits taclesentre amis

Une tête de liste appar-tenant à la majoritéprésidentielle, un nu-

méro deux apparenté socialiste,des encartés au MoDem : la listeconduite par Natacha Bouchartpour les élections municipales deCalais continue d’alimenter lesconversations. « J’ai du mal à m’yretrouver avec cette liste. Mais finale-ment, pour Natacha Bouchart c’est leseul moyen de rallier les mécontents dela gauche », commente Christelle,jeune commerçante. Elle appré-hende avec perplexité, comme denombreux Calaisiens, la liste d’ou-verture populaire et sociale de lacandidate UMP.Antoine Deguines, membre ducomité directeur du club de foot-ball de Calais, en quatrième posi-tion sur cette liste, se veut pourtantrassurant. Il n’hésite d’ailleurs pasà parler d’une « union historique ».Mais d’historique, on ne garderapeut-être, à l’aube de ce premiertour, qu’un climat politique pesant et des petitesphrases assassines prononcées par candidats et mili-tants. À l’image de Claude Vanzavelberg du Particommuniste, adjoint à la communication à la mairie,qui n’hésite pas à qualifiercette liste comme étant une« fausse ouverture, une listeUMP qui ne veut pas dire sonnom ».Quant àDominiqueWailly,candidat Lutte ouvrière, ildéfinit la candidate comme « la représentante locale deSarkozy. Elle s’est affichée avec lui dans le passé et au-jourd’hui, elle ne se revendique plus en tant que candidateUMP », précise-t-il.« Cette liste d’union est inhabituelle puisque, avant, la listeUMP portait les valeurs de la droite dure, explique Ca-

therine Bourgeois, des Verts. Cela démontre leur forteambition de prendre la mairie à tout prix. »Pour François Dubout, candidat soutenu par leFront National, « c’est une trahison de l’électorat de la

droite traditionnelle qui est àseul but électoraliste ». Visi-blement, la tête de listed’extrême droite l’a mau-vaise. En juillet dernier, ilavait sollicité NatachaBouchart pour créer une

liste “anti-Hénin”. « Mais, elle avait refusé », confieFrançois Dubout.Quoi qu’il en soit, avec cette liste clairement aty-pique, les opposants du communiste Jacky Hénin es-pèrent empêcher l’actuel maire de briguer un nou-veau mandat.

« Je pense qu’il fautrendre la ville pluspropre.Dans cer-tains quartiers, la si-

tuation s’est améliorée car les pavés ontété enlevés. Il faudrait mettre en placedes sacs plastiques pour le ramassagedes crottes de chiens.Mais je pense quele problème vient essentiellement desgens, qui manquent de savoir-vivre. »

Prénom : CarolineÂge : 41 ansProfession :Cadre administratif

« J’aimerais qu’onrétablisse les placesde parking gratuites.Il faut que je me

gare dans la rue, et je trouve anormal depayer lorsqu’on est habitant. Je penseque si Mme Bouchart passe, elle ne feraqu’empirer la situation.Mais peu importela liste qui l’emporte au soir des élec-tions, cette mesure ne sera pas prise, caril faut toujours remplir les caisses ! »

Prénom : JeanineÂge : 65 ansProfession :Retraitée

« Il faudrait régler leproblème des mi-grants qui souhaitentpasser en Angle-

terre. Il y a déjà les associations qui sonttrès impliquées à leurs côtés mais la mu-nicipalité devrait davantage intervenirpour la prise en charge de ces gens depassage. La mairie devrait aménager unlocal décent pour les accueillir. »

Prénom : JulienÂge : 18 ansProfession :Étudiant

MUNICIPALES2001

PRÉSIDENTIELLES2001

Natacha Bouchart et Philippe Blet, exclu du PS suite à son allianceavec la candidate UMP, mercredi après-midi lors d’une conférence depresse à Calais Photo :G..A.

« NATACHA BOUCHART (UMP)A REFUSÉ UNE LISTE“ANTI HÉNIN” »

François Dubout, candidat FN à Calais

Demassieux UMP(24,52%)

LeclairDVD(14,19%)

Bonay Les Verts(6,45%)

Wailly LO(6,04%)

Delplanque SE(1,57%)

Hénin PCF(47,23%)

Jacky Hénin, Parti communiste a été réelu au secondtour avec 57,86% face à Arnaud Leclair (DVD42,14%).

Sarkozy UMP(24,21%)

BayrouMoDem(12,78%)Royal PS(25,35%)Le Pen FN(16,65%)Besançennot LCR(7,15%)Buffet PC(4,63%)

Autres(9,22%)

Au second tour, Ségolène Royal (PS) a remporté le scrutinavec 55,44% des suffrages exprimés, face àNicolas Sarkozy(UMP 44,56%).

Page 12: La pression de mars - numéro 2

F O C U S

12La Pression de mars Vendredi 7 mars 2008

Un homme engagé…Laurent Roussel, candidat LCR aux mu-nicipales, est bien connu à Calais. En2003, il avait fait une grève de la faim.Un geste motivé par le jugement défa-vorable qui lui avait été donné suite à laplainte déposée à l’encontre de sonpropriétaire pour logement insalubre.Après cet événement, il a fondé une as-sociation contre le logement insalubreet lancé la Ligue Communiste Révolu-tionnaire sur Calais.

… lesVerts aussiMercredi 5 mars, lesVerts rencontraientles agriculteurs biologiques de la ré-gion. Ils ont pu partager leur expé-rience avec des confrères italiens. Lesécologistes ont, ensuite, organisé uneréunion privée sur le thème de l’aideaux migrants. Catherine Bourgeois, têtede liste du parti, trouve « inadmissibleque les migrants soient privés de tous lesdroits élémentaires ». Hélène Flautre,députée européenne et présidente dela sous-commission des droits humainsétait également présente.

Sur le Frontdu programmeCe mercredi, le Front National présen-tait son programme définitif pour lesélections municipales, avec en gueststar Carl Lang, président du groupe FNau Conseil régional du Nord-Pas deCalais. Le feuillet est, depuis mardi,distribué aux Calaisiens.

Clandestins

Les Lords britanniques ont estimé,mer-credi, que les clôtures à Calais étaientinsuffisantes pour endiguer l’afflux declandestins. Ils ont exhorté les autoritésfrançaises et britanniques à prendredes mesures en la matière. Une déci-sion qui relance le débat sur les mi-grants. « Ce n’est pas à la commune degérer cette situation. Le problème vientde l’Angleterre qui refuse de mettre enapplication les accords de Schengen », adéclaré Jean-ClaudeVanzavelberg, élucommuniste.

Fin de campagneLes communistes organisent leur opé-ration porte-à-porte jusqu’à samedimatin. Ils visiteront les quartiers deFort-Nieulay et des Cailloux.Objectif :accrocher des panonceaux « Non à Sar-kozy. Oui à Calais » au domicile des ci-toyens calaisiens.

Réunion publiqueLa « liste d’ouverture sociale et popu-laire » conduite par Natacha Bouchartorganise une réunion vendredi, à19 h 30. Elle aura lieu à l’hôtel Kyriad,au 693,Digue Gaston Berthe, à Calais.But de la soirée : « adresser nosderniers messages aux Calaisiens »,selon la candidate.

Niemann tiresa révérenceConseiller municipal depuis 1983, l’em-blématique Christian Niemann prend saretraite politique.Ce « gaulliste degauche », comme il aime lui-même sedéfinir, a terminé sa carrière d’élu parune réunion de la communauté d’ag-glomération du Calaisis (CAC).

Entre les sections locale et nationaledu Parti communiste, la rupture sembleconsommée. Les militants reprochentà la direction son manque de pugnacité.Et voient Calais comme l’un desderniers fers de lance de l’organisation.

Tout juste 4,63%. C’est le score qu’a enregis-tré Marie-George Buffet à Calais aux prési-dentielles, en 2007. À l’échelle nationale,

Calais n’échappe pas au naufrage du PC. Sur le planlocal, le Parti communiste reste pourtant fortementimplanté : au premier tour des municipales de 2001,Jacky Hénin avait recueilli plus de 47 % des suffrages.Des résultats symboliques de la désunion actuelleentre les sections locale et nationale du parti.« L’échec des présidentielles pèse encore lourdement dans lesconsciences, affirme Bertrand Péricaud, militant. UnCongrès aurait dû avoir lieu en décembre dernier, mais il aété reporté. » Le communiste pointe la nécessité d’unbilan autocritique sur l’évolu-tion du parti au cours des der-nières années, « pas pour couperdes têtes, mais pour ne pas continuerdans la mauvaise direction. »Yves Desenclos, militant luiaussi, dresse le même constat. « À Calais, on n’adhèrepas toujours aux idées du parti national. Nous sommes levillage gaulois du communisme ! » s’amuse l’homme, quidéplore l’attentisme de l’organisation. « La direction dis-cute toujours des idées. C’est nécessaire, bien sûr, mais aufinal on a plus l’image d’un appareil de salon qui regroupedes penseurs. Nous sommes un parti militant, on veut une or-ganisation qui bouge ! »Pour lui, l’idéologie n’est pas en cause. Le problèmevient de son application. Le constat est sans appel : leparti oublie parfois d’être le moteur de la revendica-tion. « Ce n’est pas le tout d’avoir raison, encore faut-ilconvaincre les autres. Il faut faire des révoltés, pas des révo-lutionnaires ! » Un vrai désamour, en somme. À tel

point que Bertrand Péricaud évoque « un problème exis-tentiel. On se demande parfois si le parti est encore utile. »Pour les deuxmilitants, une chose est sûre : Calais peutservir demodèle pour une organisation en pleine crise.« Ici, on a le souci du contact avec les adhérents, c’est quelquechose de très important pour nous. Nous sommes fiers de notreancrage ouvrier et nous n’hésitons pas à parler de classe ou-vrière, une expression qui n’est plus reprise au niveau natio-

nal. », affirme Bertrand Péricaud.Yves Desenclos, lui, critique lemanque de pugnacité de la di-rection du PCF. Et loue la com-bativité de la section locale : « ÀCalais, nous nous sommes bagarrés

pour l’hôpital ou pour compenser les délocalisations. C’est uneautre façon de faire progresser nos idées. »De toute façon, les communistes de Calais ne comp-tent pas sur le parti national pour les aider dans cesmunicipales. « La direction ne nous a pas contactés. Nousaurons avant tout des comptes à rendre aux Calaisiens », ex-plique Jean-Claude Vanzavelberg, adjoint à la com-munication. Marie-George Buffet ne s’est pas dépla-cée dans la capitale du Pas-de-Calais pour soutenirJackyHénin, le maire sortant. « Elle avait sûrement d’au-tres chats à fouetter », estime Bertrand Péricaud. Avantd’ajouter, une pointe d’ironie dans la voix : « En toutcas, on espère faire un meilleur score qu’elle pour les prési-dentielles… »

Lamairie de Calais n’aurait-elle de communiste que lenom ? Quelques-uns le pen-

sent. Laurent Roussel, candidat dela LCR, espère bien surfer surcette idée, et n’hésite pas à se mon-trer ironique.« Il affiche les couleursdu PCF, mais plus de la moitié de saliste est issue du PS », commente t-ilau sujet de l’alliance effectuée parle maire actuel, Jacky Hénin.Laurent Roussel s’attaque désor-mais aux municipales après avoirrécolté 4 % aux législatives de2007. Pour lui, aucune alliance envue. « Les Verts et LO ne souhaitentpas négocier. Jacky Hénin a lui souli-gné qu’il ne négocierait pas avec l’ex-trême gauche. » Pour Laurent Rous-sel, ce refus démontre que la mairiea bel et bien abandonné ses idéaux

communistes. Et il justifie sonpoint de vue par le bilan du mairesortant : mise en place du parkingpayant, d’une police municipale ré-pressive, manque de débat ci-toyen… Les reproches sont nom-breux, car les actions sont jugéesen contradiction avec une étiquettecommuniste. « Le maire doit montrerl’exemple. Quand une mairie commu-niste embauche 300 personnes à tempspartiel, ce n’est pas normal. »Laurent Roussel n’est pas le seul àpartager cet avis. Catherine Bour-geois, tête de liste des Verts, semontre acerbe sur la question.« La mairie fait preuve de beaucoup declientélisme et accueille des entreprisessans critères sociaux et environnemen-taux spécifiques. Dans les faits, ellen’est pas communiste. »

Au QG de Jacky Hénin, oncontre-attaque : « C’est sûr quelorsqu’on prend les responsabilités, onse pose des questions sur l’applicationou non de nos idées. C’est le problèmequi se pose lorsqu’on est gestionnaire. »Bertrand Péricaut, militant com-muniste défend également sonpoulain. « Dans les années 1930 ou1940, les villes communistes avaientune gestion sociale que les autresn’avaient pas. Maintenant, toutes lesmunicipalités en dispose. »Pourtant, Laurent Roussel espèrebien créer la surprise dimanche,en s’appuyant sur la popularité deson leader national, Olivier Be-sancenot, et en jouant la carte de« pure » extrême gauche : « Notreobjectif est d’atteindre les 10 % et le se-cond tour. Je suis serein. »

Un communisme de façade

Le PC local a gardéson enseigne audétriment du logodu parti. Un symbole.

Le villagegauloisdu PCF

Phot

o:É

ricFi

llias

tre

Phot

o:J

onat

han

Roux

CALAIS POURMIEUX REPARTIR ?

Page 13: La pression de mars - numéro 2

L’ E N Q U Ê T E

13La Pression de mars Vendredi 7 mars 2008

es sondages sont préoccupants. Même si jereste persuadé que l’on obtiendra un meilleurrésultat à l’arrivée. Mais affirmer que l’on va

l’emporter serait faire preuve d’un optimisme béat. »Christian Decocq, numéro trois de la liste de Sébas-tien Huyghe, ne se fait pas d’illusion sur l’issue duscrutin.En 2002, après sa défaite aux dernières législatives,l’ex-chef de file de l’UMP à Lille renonce à prendrela tête des opérations. Il faut lui trouver un succes-seur. Decocq battu, Marc-Phillipe Daubresse hési-tant, l’éventuelle venue de Jean-Louis Borloo envi-sagée d’un mauvaisœil par les élus lo-caux… Le castingmanque de “stars”et voilà SébastienHuyghe, député de38 ans, propulsé surle devant de la scènepour 2008.Peu connu du grand public, l’ancien notaire avaitpourtant créé la surprise en l’emportant lors des lé-gislatives de 2002 face à une certaine Martine Aubry,avant d’être réélu en 2007. Une victoire et une légi-timité censées combler son déficit de notoriété. Pourjustifier les mauvais chiffres dont il est crédité par lesinstituts d’opinion, Sébastien Huyghe n’hésite pas àprendre des accents de victime. Et à jouer le rôle dupetit candidat isolé face à la machine de guerre de lamairie en place. Mais dans le fond, à droite, la vic-toire n’a jamais été sérieusement envisagée.

« Actuellement l’émergence d’un leader de droite à Lille re-lève de la politique-fiction, donc c’est aussi un candidat pardéfaut. De toute façon, on ne lance pas une campagne mu-nicipale à six mois des élections. L’objectif pour la droitelilloise était de limiter la casse et de préparer l’avenir », ana-lyse Frédéric Sawicki, professeur de sciences poli-tiques à l’université Lille 2.À droite aussi, par pragmatisme donc, on se met àdésirer l’avenir. Et à rêver plutôt à de futurs scrutins.Christian Decocq parle des municipales commed’une « demi-finale ». Sébastien Huyghe refuse luid’envisager sa défaite avant les premiers résultats

mais concède avoir en-tamé un travail censéporter ses fruits « dansla durée ».Marc-Philippe Dau-bresse, ancien ministreet maire de Lamber-sart, a préféré se lancer

à l’assaut de la présidence de la Communauté ur-baine au détriment de la mairie. Il n’est pasconvaincu par le choix de Sébastien Huyghe. PourDaubresse, malgré la défaite, le meilleur candidatrestait Christian Decocq. « Le problème de Sébastienc’est qu’il doit d’abord mener une campagne de notoriété.Il peut planter un essai, mais pas le transformer. C’est plusune candidature pour la prochaine fois. »En l’absence de leader charismatique, la droite lilloises’est donc lancée dans la bataille des municipales sansréel espoir de victoire. Tout en espérant que le sacri-fice de Sébastien Huyghe ne restera pas vain.

Huyghe,au casse-pipe

Par Joël Bronner

« SÉBASTIEN DOIT D’ABORDMENER UNE CAMPAGNE

DE NOTORIÉTÉ »

Quand oppositionrime avec figurationBMW : Bondues, Mouvaux,Wasquehal.Les trois maires conduisent tous à droite.L’opposition n’a pas même l’espoir dejouer les copilotes. Démocratie oblige,des candidats de gauche se lancentpourtant sur la route des élections.Bondues, 10 000 habitants, compte ainsisa liste Bondues pluriel. Dans une villeoù Nicolas Sarkozy a recueilli plus de82% des suffrages, difficile pour lagauche de se faire entendre. Mario Gon-zales, la tête de liste PS a tout de mêmeune polémique à se mettre sous la dent :plus de 400 logements sociaux de retardà Bondues. « Ce n’est pas normal quecertaines personnes cherchent un loge-ment à Bondues et n’en trouvent pasparce qu’ils n’ont pas les moyens suffi-sants. » La liste opposée au maire sortantPatrick Delebarre, compte sur ce dossierpour peser, au moins un peu, sur le tra-vail du futur conseil municipal.Pour se faire connaître, Bondues pluriel amonté son blog. À la date du 2 mars, unévénement hors du commun est décritcomme « meilleur souvenir de la cam-pagne » pour ces candidats. Le mairesortant leur aurait-il promis sa voix ? Leshabitants militent-ils en faveur d’un votesanction à l’encontre de la politique sar-koziste ? Rien de tout cela. La scène sedéroule au salon du livre de la com-mune. Au cours d’une séance de dédi-caces, l’acteur Richard Bohringerapporte son soutien à la cause de l’op-position en leur dédicaçant leur pro-gramme. À Bondues, à gauche, il en fautpeu pour être heureux…

«LLILLE. Largement décroché dans les sondages, Sébastien Huyghe,le candidat UMP, ne semble pas en mesure de l’emporter à Lille face auPS de Martine Aubry. Une défaite annoncée liée à la frilosité des figuresde la droite locale et à leurs difficultés à trouver un leader charismatique.

Le candidat UMP pense déjàaux futures échéances.

Photo : Gaël Arcuset

Page 14: La pression de mars - numéro 2

L E FA I T D U J O U R

14La Pression de mars Vendredi 7 mars 2008

Les retraitésdescendent dans la rue

Par Sophie Bouillon(avec AFP)

Face aux manifestationsdes retraitéspour la revalorisationde leur revenu,François Fillon a déclaréqu’il ouvrirait les négociations…après les municipales.

Nicolas Sarkozyrassure

Nicolas Sarkozy veut rassurerles électeurs de droite : dansune interview publiée dans leFigaro, il certifie qu’ « il n’y aurapas de remaniementministériel » après le scrutin. Ila aussi choisi des paroles ras-surantes pour les Français, enniant tout « plan de rigueur »après les municipales, àl’image de ce qu’avait sous-en-tendu Eric Woerth, son ministredu Budget. Nicolas Sarkozycraint que les élections munici-pales ne soient un vote contrele gouvernement UMP. Il a ap-pelé les Français à « choisirceux qui gèrent leur ville » et àle faire « en pensant d’abord àcette mission ». Dans un son-dage CSA pour i-Télé et Le Pa-risien publié jeudi, le présidentde la République recule encoreà 38% d’opinions favorables,tandis que François Fillon enre-gistre une cote de popularitéde 55%. Nicolas Sarkozy a toutde fois assuré « qu’on nechange pas un premier ministreen fonction des sondages ».

S.B

Cinq mille retraités, selon la CFDT, ont manifesté jeudipour une revalorisation des retraites.

Nicolas Sarkozy avait annoncé uneavance de revalorisation du minimumvieillesse de 200 euros, qui devrait être

versée fin mars. Mais la promesse ne concerne que700 000 retraités, dont les carrières sont incom-plètes. Ceux, au contraire, qui sont allés au termede la leur mais touchent une très basse pension deretraite ne sont pas concernés par cette promesseque d’aucuns jugent “démagogique”.Plus de quatre mil-lions de personnesvivent avec ce mini-mum contributif etdevraient voir leurretraite en augmen-tation d’ici la fin duquinquennat. Maisla date est incon-nue. L’augmenta-tion de 1,1% en janvier dernier a été jugée insuffi-sante, compte tenu de la baisse du pouvoir d’achatet de l’inflation de 2,6% enregistrée en décembre.C’est ce qui a poussé les retraités à manifester jeudimatin à l’appel de six syndicats pour une revalori-sation immédiate et « significative » des retraites. Ilsétaient 5 000 selon la CFDT à défiler dans la capi-tale en direction de Matignon. L’une des déléga-tions syndicales a été reçue l’après-midi par unconseiller de François Fillon. Le Premier ministrea déclaré qu’il ferait bientôt des propositions, maisrien dans l’immédiat. La concertation sur la ré-forme des retraites sera officiellement lancée aprèsles municipales. Sujet visiblement trop épineux en

pleine campagne municipale. Avant de poursuivreles négociations, le gouvernement fait comme si lepassage à quarante et un ans de cotisation était déjàun fait accompli. En effet, la loi Fillon prévoit cetallongement automatique, sauf décret contraire.Mais Jean-Claude Mailly, à la tête de Force ou-vrière (FO) reste visiblement confiant : « Le gou-vernement est bien revenu en arrière sur les taxis avecdeux jours de manifs ! »Le président de la République, en déplacementdans l’Allier, s’est dit favorable à une prime d’inté-

ressement pour aug-menter le pouvoird’achat des retraités :« Je voudrais une sociétéoù l’on se dise que sur100 de bénéfices […] untiers aille aux salariésqui ont participé à lacréation de richesses »pour préparer sa pen-

sion de retraite. Une des propositions de Jean-Claude Mailly, qui se réjouit et encourage NicolasSarkozy à « poursuivre dans cette voie ».Globalement, en incluant le patrimoine, « la situa-tion moyenne » des 14 millions de retraités françaisest proche de celle des actifs, selon le Conseild’orientation des retraites (COR). Mais les dispa-rités sont bien plus grandes. Les femmes en sontles premières victimes, qu’elles soient veuves, ouayant connu des parcours professionnels en dentsde scie. Globalement le montant du minimumcontributif versé aux nouveaux retraités qui rem-plissent toutes les conditions de durée de cotisationest de 558,86 euros par mois.

« LE GOUVERNEMENT ESTBIEN REVENU EN ARRIÈRESUR LES TAXIS AVEC DEUX

JOURS DE MANIFS ! »

Photo:D

R

Page 15: La pression de mars - numéro 2

A C T U

15La Pression de mars Vendredi 7 mars 2008

Mme Bruni-Sarkozy nevotera pas dimancheC’est RTL qui le révèle : après Cécilia quin’avait pas voté au second tour de la Pré-sidentielle, c’est Carla qui ne votera paspour les élections municipales à venir.Mme Bruni-Sarkozy est italienne, certes,mais, ressortissante de l’Union euro-péenne, elle pourrait tout à fait voter di-manche prochain. Seulement, elle n’estpas inscrite sur les listes électorales …

Chirac et le passifdu RPRL’ancien président Jacques Chirac devrase rendre prochainement devant le jugeJean-Marie d’Huy pour être entenducomme dans le cadre d’une enquête surla Sempap.Cette société d'économiemixte, chargée entre 1986 et 1996 des tra-vaux d'imprimerie de la mairie de Paris,avait été victime d'importants détourne-ments qui auraient alimenté les caisses duRPR. La date de cette convocation n’estpas encore fixée.Cette affaire est la troi-sième concernant le RPR et dans laquelleJacques Chirac est cité.

Laurence Parisotconvoque le CAC40Laurence Parisot, présidente du Medef adécidé de convoquer les patrons des en-treprises du CAC40 pour tenter de sortirde la crise, sans précédent dans l'histoirepatronale, entre le Medef et l'Union desindustries et des métiers de la métallur-gie (UIMM) avec en ligne de mire larecomposition de la représentationpatronale.

Juppé se lache !Alain Juppé, le « meilleur d’entre nous »selon les mots de Jacques Chirac, s’estlivré, lors d’une émission télévisée enre-gistrée le 21 février, à un jeu qui ne luiressemble guère. Interviewé par Jean-Pierre Elkabbach pour la chaîne localebordelaise TV7, l’ancien Premier ministre,pourtant réputé austère, a multiplié lesbras d’honneur envers le journaliste.Quine s’est pas privé pour répondre à sontour. Le tout sur le ton de la rigolade biensûr. Extraits : Interrogé sur le « sens »d’une éventuelle défaite, Juppé arépondu : « Si je suis battu, ça aurait dusens pour vous.Moi… » Et paf, bras d’hon-neur. « Hein, voilà.Vous vous débrouillerezavec ma défaite. » Elkabbach, interloqué :« C’est quoi, ça », demande-t-il, accompa-gnant sa question d’un bras d’honneur.

À propos du droità mourir…Le débat sur l’euthanasie a été relancéhier par Chantal Sébire, atteinte d’unemaladie orpheline douloureuse, incurableet évolutive.Cette quinquagénaire a en-voyé successivement son dossier à l’Asso-ciation pour le droit de mourir et une let-tre accompagnée d’une cassette vidéo àNicolas Sarkozy pour l’inciter à compléterla loi sur le droit des malades. « Je subisdes souffrances atroces. Je suis au bout durouleau et me sens aujourd’hui prête àmourir dignement », explique-t-elle. Elle aprévu de partir en Suisse, où l’euthanasieest autorisée.

Une bourdede La PosteAnaïs, une petite fille de13 ans habitantede Mâcon, inconsolable depuis le décèsde sa maman, décide de lui envoyer unedernière lettre.“Un message d’amourcomme une bouteille à la mer”qu’elleadresse “rue du paradis au Ciel”. Deuxjours plus tard, le courrier lui revientavec la mention “n’habite pas à l’adresseindiquée”. Une indélicatesse du plusmauvais effet de la Poste, qui pour sa dé-fense assure que « la rue du paradis estinconnue ».

ForteamendepourAlstom

C’est un virage important dans le trai-tement pénal de l’amiante. Hier lasociété Alstom a été condamnée par

la cour d’appel de Douai à 75 000 euros d’amendepour “mise en danger d’autrui” après avoir exposé sessalariés à ce minéral thermique hautement cancéri-gène. Depuis 1997, 30% des salariés sont malades etsept sont décédés. Il s’agit de la peinemaximale, qui, de surcroît, s’ajouteaux dommages et intérêts (1,5 milliond’euros) infligés en première instance.L’ancien directeur de l’usine de fabri-cation de chaudière de Lys-lez-Lannoy, en pleurs, a demandé pardonaux quelque 160 salariés « s’il y a eu des dommages àcause de ce que j’ai fait ou de ce que je n’ai pas fait. » Peut-être émue par les larmes de Bernard Gomez, la Courd’appel a réduit la peine de l’ancien directeur à troismois de prison avec sursis, contre neuf en premièreinstance, et 3 000 euros d’amende.L'amiante a été interdite en France en 1997. En 1995,la direction de l’usine avait déclaré à l'inspection dutravail qu'il n'y avait plus d'amiante dans ses locaux.Pourtant en 2002, trente-trois tonnes de poussièred'amiante avaient été déblayées lors du rachat del’usine. Selon une enquête de l’inspection du tra-vail, l’amiante a toujours été présente dans les procé-

dés de fabrication des chaudières. Les poussièress’étaient infiltrées partout, dans les ponts, dans les te-nues de travail, dans les fours, et dans tous les moyensde production.Martine Aubry, maire sortante et candidate à Lille,était présente aux côtés des victimes, mercredi, et desveuves qui défilaient devant le tribunal avant l’ouver-ture du procès. La maire de Lille conteste toute récu-pération politique du combat contre l’amiante à trois

jours du premier tour du scrutin. «Oui, la maire de Lille était présente cematin pour défendre les salariés.Comme depuis quatre ans d’ailleurs »,a déclaré son porte-parole Pierrede Saintignon, selon lequel Mar-tine Aubry s’est dite satisfaite de

la peine maximale requise contre la multinationale Als-tom, bien qu’ «elle soit toujours trop faible, car la loi fran-çaise est ainsi faite ».Le maire de Roubaix René Vandierendonck s’est as-socié à la candidate PS de la commune de Lys-les-Lannoy, Josiane Willoqueaux, pour soutenir les an-ciens salariés de l’usine. Fanny Bullaert, adjointe aumaire de Roubaix, avait déjà passé les quatre jours deprocès en première instance avec les familles des vic-times en septembre 2006. Dans le Nord-Pas de Calaisle secteur secondaire occupe encore 34% de la popu-lation totale, alors qu’il ne dépasse pas les 29% sur leterritoire français.

Enfin, une bonne nouvellepour Nicolas Sarkozy. Mal-mené dans les sondages, il

peut se prévaloir, à trois jours desmunicipales, d'une victoire sur lefront du chômage. En effet, pourle septième trimestre consécutif,le taux de chômage a reculé, pours'établir à 7,8% de la populationactive selon l'Insee (7,5% si l'onexclut les départements d'outre-mer). « C'est historiquement au plusbas depuis 1983 », s'est félicitée laministre de l'Économie et de l'Em-ploi, Christine Lagarde. « L'évolu-tion tient tout simplement à la créa-tion d'emplois, environ 340 000 autotal en 2007, du jamais vu depuis2000 », a-t-elle ajouté. Au final, le

taux de chômage moyen pourl'année 2008 tombe à 8,8% de lapopulation active, soit 2,1 mil-lions de personnes sans emploi,contre 8,8% en 2006.Si l'on inclut les Dom, le taux dechômage moyen 2007 ressort à8,3%. Néanmoins, cette baissecache des fortes disparités enfonction de l'âge. Les jeunes res-tent les plus touchés, et de loin,même si le taux de chômage esten recul.Ainsi, pour les moins de 25 ans,le chômage a baissé de plus detrois points en 2007 tout en res-tant presque trois fois supérieur àcelui des 25-49 ans, à 18,1% auquatrième trimestre 2007. Même

si le gouvernement a indiqué quela baisse générale « va durer », leséconomistes restent sceptiques auvu de la conjoncture économiquemondiale.Les spécialistes tendent à expli-quer ce recul par l'accélérationdes départs en retraite en 2007plus que par les effets des poli-tiques publiques. Par exemple,l'économiste de Xerfi, AlexanderLaw, invite « à ne pas trop se bercerd'illusions », car « la conjoncture estparticulièrement mal orientée ». « Il ya certes une tendance de fond, liée aupapy boom, mais penser que cela vaencore baisser fortement me paraît il-lusoire », affirme quant à lui MarcTouati de Global Equities.

Le chômage baisse,sans convaincre

Par Sophie Bouillon (avec AFP)

Par Jérémy Marot (avec AFP)

Le 4 septembre 2006, l'ancien directeur dela société Alstom, Bernard Gomez (au centre),entouré de ses avocats. Photo : AFP

DEPUIS 1997,SEPT SALARIÉSSONT DÉCÉDÉS

DOUAI. La société Alstoma été condamnée à 75 000 euros d’amendedans le procès des victimes de l’amiantede Lys-lez-Lannoy. « Condamnationmaximale, mais condamnation faible »,selon Martine Aubry.

Page 16: La pression de mars - numéro 2

Le ton reste musclé après l’en-trée en scène mercredi desforces armées équatoriennes

et vénézuéliennes à la frontière co-lombienne. Après le raid mené leweek-end dernier par les forces co-lombiennes contre les Farc en terri-toire équatorien et la rupture des re-lations diplomatiques, le Venezuelaa déployé avec fracas 6 000 hommesà la frontière colombienne, tandisque l'Équateur mobilisait une unitéd'élite. La Colombie se déclare pourl’instant résolue à « ne pas répondreaux provocations ».Dans le même temps les États-Unis, alliés traditionnels de la Co-lombie, minimisent le déploiementdes troupes vénézuéliennes. Robert

Gates, le secrétaire américain à laDéfense, estimant « très peu proba-ble » un conflit armé. La MaisonBlanche a d’ailleurs jugé « préma-turé » de parler d'aide militaire amé-ricaine à Bogota.Le président équatorien RafaelCorrea et son allié vénézuélienHugo Chavez s’indignent de la vio-lation de territoire perpétrée parleur voisin, et exigent de lacommunauté internationale une« condamnation claire » du raid. Ce àquoi le vice-président colombienFrancisco Santos riposte en accu-sant les deux dirigeants de compli-cité avec les Farc. Il appelle cettemême communauté internationaleà « désamorcer la bombe sur le point

d'exploser » que constitue selon lui« l'appui clair » d’Hugo Chavez à laguérilla. Appuyant ces accusationssur des documents saisis lors duraid, au cours duquel l’armée co-lombienne a éliminé le numéro 2des Farc et une vingtaine de guéril-leros. Selon le gouvernement équa-torien, le raid a interrompu des né-gociations en vue d’obtenir lalibération de plusieurs otages, dontIngrid Betancourt. Après cette ten-tative avortée, Hugo Chavez a as-suré qu’il continuait sa médiationavec les Farc. Nicolas Sarkozy a ap-pelé « tous les acteurs concernés à la re-tenue » et également encouragé lesguérilleros à continuer « dans la stra-tégie de la libération humanitaire. »

E T A I L L E U R S

16La Pression de mars Vendredi 7 mars 2008

Main tendue par lesnationalistes basquesESPAGNE. À trois jours des électionsespagnoles, le Parti nationaliste basque(centre-droit), qui dirige le gouverne-ment régional au Pays Basque, a pro-posé hier au Premier ministre espagnolJosé Luis Zapatero un « pacte pour jeterles bases d'une solution au conflit poli-tique basque », évoquant « un nouveaumodèle » pour l’Espagne basé sur « lalibre adhésion de ses nations ». En casde majorité relative pour les socialistes,pronostiquée par les sondages,M. Za-patero pourrait avoir besoin de l'appuides petits partis nationalistes catalanset basques pour obtenir l'investiture auParlement.

Un opposantassassiné ?TCHAD. Arrivé très mal en point hier àParis, l’opposant tchadien NgarlejyYo-rongar, porté disparu après l'attaquerebelle sur N'Djamena début février etréapparu au Cameroun, dit craindrequ'un autre opposant, Ibni Oumar Ma-hamat Saleh, ne soit mort. « Je crois sa-voir qu'il est mort, vu l'état dans lequelon l'a mis.À moins d'un miracle,mais jene crois pas à ce miracle », a-t-il déclaré.La France, qui soutient le présidenttchadien Idriss Deby Itno, s'est dit prêteà accorder l'asile politique à M.Yoron-gar s'il en faisait la demande.

Enfin un gouvernementpour le RoyaumeBELGIQUE.Le futur Pre-mier minis-treYves Le-terme arenoncé àl'élargir auxécologistes,ce qui auraitdonné uneassise aussilarge quepossible àun cabinetqui devranégocierune difficileréforme desinstitutionsdu royaume.Le gouvernement définitif sera doncune reconduction de la majorité ac-tuelle, formée par les chrétiens-démo-crates et libéraux et le parti socialistefrancophone. La Belgique est privée degouvernement stable depuis les élec-tions du 10 juin 2007, qui ont accru lesdivisions entre Flamands etWallons.

Conflits sur le pétroleUKRAINE. Le Premier ministre ukrai-nien Ioulia Timochenko rejette plu-sieurs clauses de l'accord gazier concluentre les présidents russeVladimir Pou-tine et ukrainienViktor Iouchtchenko.Cet accord avait été atteint au lende-main d'une nouvelle guerre du gazrusso-ukrainienne, pendant laquelle legéant russe Gazprom avait réduit demoitié ses livraisons de gaz à l'Ukrainependant deux jours.M.Timochenko es-time que « le gouvernement ne peut ac-cepter certaines conditions », comme leprix de 315,6 dollars pour 1 000 m3.

Le baril de bruttoujours plus cherPÉTROLE. On ne l’arrête plus : lecours du pétrole a atteint hier de nou-veaux records en franchissant la barredes 105 dollars, après une déflagration,d’origine encore inconnue mais sansconséquence d’après les premièresconclusions, au cœur de NewYork, qui aaccentué la nervosité des intervenants.Mercredi, la nervosité avait été exacer-bée par la chute des réserves améri-caines de brut, la première baisse enre-gistrée depuis plus d'un mois et demi.

Depuis mercredi, la grève desfonctionnaires pour une revalorisation

des salaires connaît une nouvelleampleur et atteint tous les domaines

des services publics..

Grèves dans les hôpitaux, transports pa-ralysés, administrations fermées… Leblocage menace l’Allemagne. Le mou-

vement social lancé il y a un mois a pris une brusqueampleur mercredi, les grèves d’avertissement attei-gnant pour la première fois dix aéroports d’Allemagnede l’Ouest à l’appel de Verdi, puissant syndicat des ser-vices et du GdP, le syndicat de la police. La compa-gnie aérienne allemande Lufthansa a dû annuler 300des 1 200 vols intérieurs.La réunion hier entre Verdi d’une part, l'État fédéral,les Länder et les communes d’autre part semblait peususceptible de débloquer la situation, puisque d’entréede jeu Verdi déclarait n'attendre aucun accord à l'is-sue de ces pourparlers. Ce n’est qu’une étape de pluspour le mouvement revendicatif lancémi-février pourexiger une revalorisation des salaires.Depuis début janvier, Verdi négocie un accord salarialpour les 1,3million de salariés de la fonction publique.Là où le syndicat réclame 8% de hausses de salaires,le camp des employeurs propose pour le moment 4%et une augmentation du temps de travail. En attendantun déblocage, le chaos menace dans les services pu-blics : les bus et les trains régionaux sont restés audépôt, des centaines de crèches, des caisses d'épargneet diverses administrations publiques sont restéesportes closes depuis mercredi.Même le syndicat GdLdes conducteurs de trains, qui avait donné le “la” àd'autres mouvements sociaux en paralysant l'Alle-magne l'an dernier, a menacé de reprendre de plusbelle sonmouvement de grève. La Rhénanie duNord-Westphale, l'État le plus peuplé d'Allemagne avec lesvilles de Düsseldorf et Cologne, était la plus affectée,avec 67 000 grévistes attendus par Verdi dans la jour-née. À Berlin, le ramassage des ordures n’est plus as-suré, et les salariés de la société de transport en com-mun BVG ont entamé une grève qu'ils veulent mener

jusqu'au 14 mars.Il est vrai que le climat social n’est guère favorable aupatronat. Alors qu’une étude de l’institut de conjonc-ture DIW vient d’annoncer que la population pauvreen Allemagne a crû de 19 à 25% entre 2000 et 2006,les scandales creusent un peu plus le fossé entre la so-ciété et les élites économiques : vaste fraude au fisc deKlaus Zumwinckel, ex-patron de la Poste ; corruptionchez Volkswagen et chez Siemens, ce qui a valu à despersonnalités telles que Peter Hartz, directeur des res-sources humaines du groupe automobile, ouHeinrichvon Pierer, président du conseil du conglomérat mu-nichois, des sorties peu glorieuses. L’écart est aussicreusé par de flagrantes différences de rémunération :le salaire du président de Daimler a bondi de 68% en2007 alors que les salariés ont connu depuis quelquesannées plans sociaux et salaires stagnants. Un terrainéconomique et social qui explique l’exaspération desfonctionnaires et la progression continuelle du partid’extrême-gauche, die Linke, qui siège désormais dansles parlements de dix des seize États fédérés.

Menaces militairesentre la Colombie et ses voisins

Par Caroline Bozec(avec AFP)

Manifestation dans les rues de Berlin le 5 mars.

Yves Leterme

Par Caroline Bozec (avec AFP)

Photos

:DR

L’Allemagne menacéede paralysie

Page 17: La pression de mars - numéro 2

E T A I L L E U R S

17La Pression de mars Vendredi 7 mars 2008

Keller et Grossmann :le tandem enrayé

Strasbourgl’européenne

Comme le prouve la proximité des deux membres du “tandem”Keller–Grossmann,mairie et communauté urbaine sont intime-ment liées et constituent deux facettes de la ville de Strasbourg.Les politiques actuelles visent à transformer Strasbourg en « unevéritable métropole européenne. Et ce notamment grâce au districteuropéen envisagé en collaboration avec la ville de Kehl en Alle-magne » comme le met en avant Renaud Dorandeu, directeur desétudes de l’ENA et professeur de sciences politiques à l’Institutd’études politiques de Strasbourg. À l’heure actuelle, aucuneautre ville française ne présente une telle imbrication entre cesdeux types d’instances locales.

À Strasbourg, durant les campagnes électorales, l’Europe n’estjamais bien loin.Comme le prouve la polémique sur le manquede ferveur du candidat PS envers la cause européenne.Conser-ver le Parlement Européen à Strasbourg reste une préoccupationpour une ville qui en tire des bénéfices économiques essentiels àson développement. Au niveau local, poursuivre le désenclave-ment des quartiers difficiles, comme le Neuhof, et tenter de lesdynamiser fait partie des priorités. Au PS particulièrement, cetteélection semble faire office de « transition entre deuxgénérations » ajoute Renaud Dorandeu. Sur la liste qui voit coha-biter une ancienne équipe dirigeante de la mairie, Roland Ries etCatherine Trautmann, en sixième position, les jeunes commen-cent à se placer. À l’image de Mathieu Cahn, Pernelle Richardotou Caroline Ctorza.

J.B.

Strasbourg : fiche techniqueLa ville, chef lieu de la région Alsace, se situe dans le département du Bas-Rhin. Fabienne Keller (UMP, photo ci-contre) y estmaire depuis 2001.Elle compte 272 000 habitants pour 78 km2 au niveau de la ville intra-muros ou 460 000 habitants pour 305 km2 pour la com-munauté urbaine (CUS).La ville est majoritairement jeune. 36,7% de la population a entre 20 et 40 ans, c’est-à-dire 10% de plus que la moyenne na-tionale. Un pourcentage élevé lié à une population étudiante importante. Durant l’année scolaire 2005-2006, 40 358 étudiantsse sont répartis dans les trois universités strasbourgeoises.Dans le domaine des transports, les pistes cyclables s’étendent sur plus de 400 km.Côté culture, Strasbourg compte au total 11 musées, 15 bibliothèques (dont la Bibliothèque Nationale Universitaire,deuxième bibliothèque de France), 5 cinémas et 17 salles de spectacles. L’essentiel de l’offre culturelle se concentre néan-moins au centre-ville. Des quartiers comme Hautepierre ou la Meinau disposent tout de même d’une salle de spectacle.

ille pionnière dans ledéveloppement duvélo, Strasbourg etses 440 kilomètres depiste cyclable abritenttout naturellement un“tandem” à la mairie.Fabienne Keller, lemaire numéro un, etRobert Grossmann,

le maire délégué, également présidentde la communauté urbaine. Vainqueurssurprise en 2 001 face à Catherine Traut-mann, ils se représentent sur le mêmeticket mais Roland Ries, le candidat so-cialiste, les devancerait d’une courte tête.Les adversaires du maire sortant ne s’at-taquent guère aubilan de sept annéesde mandat. La poli-tique de grands tra-vaux qui a été menéey contribue beau-coup. Grande biblio-thèque, Zénith, pati-noire, arrivée du TGV, allongement deslignes de tram, réaménagement en coursde la place Kléber...Alors l’opposition a trouvé un autre che-val de bataille : la personnalité des deuxcandidats UMP. Rigide, froide, autori-taire, le capitaine de corvette de réserveKeller en prend pour son grade. Son fi-dèle lieutenant Grossmann ne seraitguère plus agréable. Le portrait se des-sine de deux monstres froids, intransi-geants et fermés au dialogue.Roland Ries, leur adversaire, a déjà en-dossé le costume de maire entre 1997 et2 000. Il assurait alors l’intérim alors Ca-therine Trautmann, appelée au minis-tère de la Culture par Lionel Jospin. Elletrône aujourd’hui en sixième position de

la liste. Roland Ries est accusé par ladroite d’être insuffisamment européiste.Dans une ville dynamisée par la pré-sence des institutions européennes et quia voté à plus de 60% en faveur de laconstitution européenne, ce n’est pasrien. La polémique est née à Versailleslorsque le député Ries s’est abstenu lorsdu vote pour la révision de la constitu-tion. Révision nécessaire à l’adoption dutraité européen simplifié.Tandis que les deux grands partis sechamaillent, un parti folklorique local afait parler de lui en invoquant la justice.Alsace d’abord représente l’extrêmedroite en dissidence avec le Front Na-tional. Robert Spieler, tête de liste, ne se

contente pas defaire de la figura-tion. Il avait récolté9% des suffragesaux dernières élec-tions municipales,et cherche à toutprix à déstabiliser

ses adversaires : il a a ainsi saisi la jus-tice en raison de la présence sur la listede Fabienne Keller d’une cabarettistesous son nom de scène et pas son nomvéritable. La justice a débouté la requêtedu parti extrémiste qui souhaitait inva-lider la liste du maire sortant.Dans la capitale européenne, l’enjeu deces élections est de taille pour l’UMP.« La vraie défaite de la droite serait le bascu-lement de l’une des ces trois villes : Marseille,Toulouse et Strasbourg », souligne Frédé-ric Dabi de l’Ifop. Pour l’instant, les ora-cles annoncent à la gauche et à RolandRies un avenir souriant. Méfiance ce-pendant, en 2 001, les mêmes sondagesdonnaient Catherine Trautmann large-ment en tête.

V

STRASBOURG. Le maire sortant, Fabienne Keller,et le président de la Communauté urbaine, RobertGrossmann, disposent d’un bilan jugé plutôt bon.Les accusations d’autoritarisme plombent néanmoinsleur campagne. Depuis un mois, Roland Ries,le candidat socialiste, est en tête dans les sondages.

Par Joël Bronner

UN AVENIRSOURIANT POURLA GAUCHE ?

L’hémicycle du Parlement européen.Photos : D.R.

Page 18: La pression de mars - numéro 2

L’alimentation électriquede la maison de retraitede Fontaine-au-Pire vient

de lâcher. Soixante personnes sontplongés dans l’urgence. Jean-Marie Lemaire tente de réguler lasituation, par téléphone. Êtremaire d’une commune rurale,c’est tout un sport. « Le groupe élec-trogène disponible n’a qu’une capacitéde 3 kW. On m’informe que ledeuxième déniché délivre 5 kW. Troppeu. Il me faut un 160 kW », com-mente-t-il après avoir raccrochéavec énergie.Jean-Marie Lemaire ressemble àun jeune retraité. À 73 ans, ilbrigue son neuvième mandat à latête de Fontaine-au-Pire, une com-mune du Cambraisis comptant1 100 habitants. Le mot dynastiene serait pas trop fort. Comme sonpère, il est maire. À deux, ils ontaccompagné les Fontainois pen-dant près d’un siècle. « Il est décédébrutalement en 1956. Mon père enétait à la troisième année de son man-dat. J’ai été sollicité par ses conseillerspour le remplacer. »Bien que son nom en fasse un par-fait édile des temps modernes,Jean-Marie Lemaire a un par-cours atypique. Reprendre l’ateliertextile de son père était sa mission.Il cumulera la mairie et la direc-tion de cette usine. Son deuxièmemandat est celui de la premièreélection. Il est désigné au secondtour. Depuis, chaque victoire serascellée dès le premier dimanchedu scrutin. Une famille bien im-plantée localement que les Le-maire. « L’atelier textile n’embaucheplus personne. Les difficultés de tréso-rerie se sont fait sentir dès la fin des an-nées 1980. En 1994, je cède mon postede directeur. Onferme trois ans plustard. »Assumer la mairieet l’atelier privaitJean-Marie Le-maire d’une vraievie de famille. « Lesmaires cumulent tropsouvent une vie pro-fessionnelle et cette vie institutionnelle.C’est regrettable sur un plan person-nel. »Le maire de Fontaine-au-Pire as-socie la malice à l’expériencequand il tente de comparer l’évo-lution de sa fonction. « Quand j’aidébuté c’était technique, si je puis dire.J’ai fait de la sensibilisation à marcheforcée, pour que soient installées lespremières canalisations d’eau cou-rante, à la fin des années 1950. Très

peu d’habitants aspiraient à abandon-ner les pompes. Une maison sur trois

était très attachéeaux pompes à eau.Les premiers tra-vaux de voirie ontengendré des pro-blèmes. La pose dumacadam gênaitles exploitants agri-coles. Certainesrues étaient inter-

dites à la circulation. Mais je jugeaisce bitumage nécessaire. »La vraie difficulté pour les mairesde commune rurale, aujourd’hui ?« On est toujours en première ligne !Une brique chutant sur un habitant etje peux me retrouver au tribunal, alorsqu’il y aurait la commission des tra-vaux susceptible d’anticiper ces pro-blèmes. Il y a trente ans, le mairen’était pas forcément responsable de cegenre d’incident. »

Pour autant, il reste attaché à sonfief.« Il est un peu tard, maintenant,pour se présenter comme candidat à lamairie d’une ville plus importante.Fontaine, c’est mon pays. Le bonheurpersonnel est ailleurs, selon moi »,sourit-il. « Être retraité est un avan-tage pour consulter les Fontainois. Êtreproche d’eux est mon premier devoir demaire. Je reçois les Fontainois qui ontbesoin d’aide. Lorsqu’ils viennent àmon bureau, c’est souvent pour desproblèmes personnels. Des questions depaiement à échelonner ou des affairesde voisinage. »Le 9 mars approchant, Jean-MarieLemaire est tenté de parler de sonopposition. « Cette année, une liste seprésente face à moi. Cela permet de seremettre en question. Et puis la donnechange. Trente-deux candidats pourquinze places. » Une configurationqui ne s’était pas présentée depuisdeux décennies.

D É C A L É

18La Pression de mars Vendredi 7 mars 2008

Lemaire cumuleles mandats FONTAINE-AU-PIRE.

Jean-Marie Lemaire est mairede cette petite communedu Cambraisis depuis 1956.Il a connu les pompes à eau,il a voulu l’eau courante pourtous. Il brigue un neuvièmemandat, un record.Par Frédéric Coulon

« ON ESTTOUJOURS ENPREMIÈRELIGNE ! »

Jean-Marie Lemaire, a menéde front la direction de sonatelier textile et la gestionde Fontaine-au-Pire

Jean-Marie Lemaireen dates :1938 : naissance1956 : remplace son père1959 : première élection réus-sie, au second tour1966 : début d’une longuesérie, en cours, de victoires mu-nicipales dès le premier tour1994 : cède son poste de direc-teur de son atelier textile1996 : accueille une étape desQuatre Jours de Dunkerque1997 : fermeture de l’ateliertextile

Photo : FC