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la porte des étoiles le journal des astronomes amateurs du nord de la France 46 Numéro 46 - automne 2019

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Édition numérique sous Licence Creative Commons

À la une

Édito

La lumière zodiacale au-dessus de Los Llanos

Auteur : Simon LericqueDate : 31/03/2019Lieu : Mirador del Llano del Jable (La Palma)Matériel : Canon EOS 7D et objectif Tokina 11-16

Adresse postale

GAAC - Simon Lericque12 lotissement des Flandres62128 WANCOURT

Internet

Site : http://www.astrogaac.frFacebook : https://www.facebook.com/GAAC62Twitter : https://twitter.com/astrogaacE-mail : contact-at-astrogaac.fr

Les auteurs de ce numéro

Simon Lericque - membre du GAACE-mail : simon.lericque-at-wanadoo.frSite : http://lericque.simon.free.fr

Michel Pruvost - membre du GAACE-mail : jemifredoli-at-wanadoo.frSite : https://cielaucrayon.pagesperso-orange.fr

Yann Picco - membre du GAACE-mail : yann.picco-at-cegetel.fr

Jean-Pierre Auger - membre du GAACE-mail : francoise.auger95-at-wanadoo.fr

L’équipe de conception

Simon Lericque : rédac’ chef tyranniqueArnaud Agache : relecture et diffusionFabienne Clauss : relecture et bonnes idéesOlivier Moreau : conseiller scientifique

La Palma… C’est un nom qui résonne aux oreilles des astronomes amateurs. Cette île aux étoiles, perdue au milieu de l’océan Atlantique Nord est en effet l’un des meilleurs endroits au monde pour observer et étudier les étoiles. Les professionnels ne s’y sont d’ailleurs pas trompés et y ont installé une ribambelle de télescopes, dont le plus grand du monde, le fameux Gran Telescopio Canarias. Plus accessibles que d’autres cieux extrêmes – Chili, Hawaï, Namibie, ou bien encore Antarctique – les Canaries, et particulièrement La Palma, deviennent au fil des années un spot prisé des amateurs européens que nous sommes… Au-delà de la noirceur du ciel, extraordinaire, les visites des observatoires professionnels relativement aisées et les paysages somptueux de cette île volcanique laissent de nombreuses images gravées au fond des rétines. De retour dans l’hexagone, chacun ne pense plus alors qu’au voyage suivant...

Sommaire5.........................................................La Palma, nous revoilà !

par Simon Lericque

43...........Histoire extraordinaire : un neutrino extragalactiquepar Michel Pruvost

45....................................À la recherche de la planète Vulcainpar Jean-Pierre Auger

48...................................................L’astronomie et les mangaspar Yann Picco

56.............................................................................. La galerie

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Mission Astroqueyras

Du 21 au 28 septembre quelques membres du GAAC participeront à une mission Astroqueyras. Cette année, elle sera commune avec les copains d’Olympus Mons.

Mercure devant le Soleil

Le 11 novembre, la planète Mercure passera devant le Soleil durant plusieurs heures... Ce phénomène rare sera observé depuis l’observatoire de Lille si les conditions sont favorables.

Nuit Noire

Une nouvelle saison de Nuits Noires du Pas-de-Calais débutera le samedi 23 novembre, toujours au lycée agricole de Radinghem. Pour cette 35ème édition, le beau temps a été commandé !

Retrouvez l’agenda complet de l’association sur http://astrogaac.fr/index.php?id=9

• • • • LA VIE DU GAAC

C’était cet été

Ce sera cet automne

Conférence d’Étienne Klein à Villeneuve d’Ascq

Conférence de Jean Souchay à l’Observatoire de Lille

Visite de l’observatoire de Paris

Visite du musée de minéralogie de l’école Mines ParisTech

On the Moon Again à Arras

Inauguration du cadran solaire de la place Foch à ArrasObservation de l’éclipse partielle

de Lune du 16 juillet 2019

Animations astronomiques à la médiathèque de Bray-Dunes

Conférence d’Emmanuel Marcq à Douai

Visite de l’exposition Destination Lune à Douai

Exposition le GAAC fête ses 10 ans à la médiathèque de Courrières

La Nuit des Étoiles 2019

Assemblée Générale 2019

Nuit Astro de Grévillers du 30 août

Conférence de François Legendre à Douai

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Les instantanés

Retrouvez la vie ‘‘officieuse’’ de l’association sur la page Facebook : https://www.facebook.com/GAAC62

La Polaire, c’est par là !Los Llanos (La Palma) - 31/03/2019

• • • • LA VIE DU GAAC

On a retrouvé le vélo de Le VerrierObservatoire de Paris (75) - 28/06/2019

L’ennui en attendant la nuitTauxigny (37) - 01/06/2019

André et ses groupiesWasquehal (59) - 16/05/2019

...marée hauteTauxigny (37) - 29/05/2019Marée basse...

Tauxigny (37) - 29/05/2019

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La Palma, nous revoilà !Par Simon Lericque

Il y a deux ans et demi, en octobre 2016, quelques membres du GAAC avaient découvert le ciel d’exception des Canaries, de Tenerife et de La Palma. Ce périple extraordinaire avait d’ailleurs donné lieu à un numéro spécial de la porte des étoiles. Dès le retour de ce voyage, l’irrépressible envie de refaire un saut par 26° de latitude Nord s’est fait sentir... Si bien que quelque temps plus tard le projet était lancé. Pour cette nouvelle balade canarienne, l’on retrouve dans l’équipe Michel, Huguette et moi, mais aussi quatre nouveaux venus : Françoise, Odile, Philippe et Jean-Pierre. Cette fois, le séjour ne comprendra qu’une seule île, la plus verte et la plus étoilée : La Palma, nous revoilà !

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De la grisaille francilienne aux étoiles canariennesNous sommes le vendredi 29 mars : c’est la transhumance vers l’Île-de-France. Ce soir, tout le monde campe chez Françoise et Jean-Pierre. Nous serons ainsi plus près de l’aéroport Charles de Gaulle. Le lendemain, il nous faudra nous sortir du lit à 4 heures du matin... Toutes les heures de sommeil économisées seront précieuses pour le début du séjour ! Après l’apéro pris en terrasse et le bon dîner préparé par Françoise tout le monde regagne son lit... Le sommeil est agité et beaucoup sont pressés de partir.

Le réveil sonne à 4h30 du matin... Ça pique ! Une douche, un grand café... Personne n’a d’appétit pour prendre un véritable petit déjeuner. L’équipe est vite prête, les bagages chargés... Les voitures prennent la route de l’aéroport. À cette heure matinale, le trafic est fluide et nous pouvons rejoindre sans encombre le parking du Terminal 3. Nous sommes (presque) les premiers à nous enregistrer. Les bagages partent en soute et les sacs contenant le télescope Strock de voyage et le matériel photo restent avec nous en cabine. Il n’y a maintenant plus qu’à attendre l’embarquement... Certains en profitent pour finir leur nuit.

Voici que nous retrouvons des visages familiers. Les copains de l’association Magnitude 78 ont en effet eu la bonne idée de partir la même semaine que nous, et comme les vols de France vers Santa Cruz de La Palma ne sont pas légion, nous nous retrouvons dans le même avion. Ils sont huit et embarquent trois télescopes de 400 millimètres et un ‘‘petit’’ télescope Strock de 250 millimètres. À côté, avec notre 200 et nos jumelles, nous sommes de petits joueurs...

Le télescope StrockL’idée de départ : concevoir un télescope de diamètre relativement conséquent, compact et qui puisse voyager en avion tel un bagage cabine : cela, afin de bénéficier d’un véritable télescope sous les meilleurs ciels de la planète. C’est ce à quoi se sont attelés les membres de Magnitude 78 et notamment Pierre Strock, qui réalisa un premier prototype en 2003, basé sur le fonctionnement du télescope Dobson. Le récit du développement et les plans de construction sont disponibles sur le site Internet de l’association Magnitude 78 : www.astrosurf.com/magnitude78/telescopes/TelStrock/index.htmlCe principe de télescope ultra transportable a été nommé en l’honneur de Pierre Strock par ses amis de Magnitude 78. Depuis lors, on en voit fleurir un peu partout dans les rassemblements astronomiques, en France et même ailleurs. En se référant aux plans de Pierre, le Strock du GAAC a été réalisé par Gervais Vanhelle et Patrick Rousseau, en recyclant les optiques – miroirs primaire et de secondaire – de mon premier télescope, un Dobson ‘‘tube plein’’ de 200 millimètres de diamètre et

1200 millimètres de distance focale. Désormais, ce télescope bleu caractéristique (la couleur a fait l’objet d’un vif débat...) nous accompagne lors des balades lointaines en avion.

Le Strock du GAAC installé (sur un panier de chien retourné) sur le site du mirador de Llanos del Jable

Les (longues) périodes d’attente dans les aéroports sont mises à profit pour

préparer les observations à venir

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L’embarquement se passe sans encombre. J’ai le grand plaisir de me retrouver, côté hublot, à côté de Serge Vieillard (de M78). Moi qui ne suis pas très à l’aise en avion et qui n’aime vraiment pas la phase de décollage, je pourrai profiter de sa présence pour m’occuper l’esprit... 8 heures, c’est parti pour les vacances ! À peine la Loire survolée que chacun s’endort, plus ou moins profondément. Il faut dire que l’avion n’est pas ce qu’il y a de plus confortable pour se reposer. Cela étant, le vol se passe sans encombre et nous atterrissons à Madrid pour une escale d’une heure... Juste le temps de se dégourdir les jambes, de casser la croûte, de chercher Françoise dans le gigantesque terminal de l’aéroport madrilène et nous voilà déjà dans le second avion, direction les Canaries.

Pierre – qui est aussi grand que moi – me signale qu’à l’arrière de l’appareil, il y a des banquettes complètement vides. Ni une, ni deux, je vais m’étaler et je parviens vraiment à trouver le sommeil... Après deux heures de

vol, à travers les hublots, nous commençons à apercevoir des terres : d’abord l’île de Lanzarote, qui finit par se confondre avec Fuerteventura... Puis, plus loin là-bas, c’est Gran Canaria. Maintenant, nous survolons la côte Nord très verdoyante de Tenerife. L’île est dominée par le spectaculaire pic de Teide, encore couvert de neige.

À l’approche de La Palma, l’avion commence à manœuvrer pour se mettre dans l’axe de la piste. Qui plus est, les avions n’ont pas le droit de survoler l’île, ce qui demande quelques virages... À mesure de la descente, nous constatons que l’île est couverte de nuages, bien accrochés sur les sommets, mais les reliefs escarpés et la côte découpée sont splendides vus d’en haut... Voilà... L’avion se pose, nous y sommes !

Nous récupérons les bagages, passons par le service de location de voitures (on ne fera pas de publicité car la récupération des clés n’a pas été simple...) et prenons la route de Breña Baja, là où se situe notre gîte... Que dis-je ? Notre villa ! En effet, Michel a encore eu le nez fin et a dégoté pour l’équipe une résidence de luxe, avec cinq chambres, un patio, un grand jardin et une piscine ! La propriétaire a laissé des fruits locaux dans une corbeille, un bon gâteau et diverses victuailles de première nécessité... Mais avec les quelques ventres sur pattes qui composent l’équipe, il faut vite aller remplir le réfrigérateur : mission dont se chargent Odile, Michel, Huguette et Françoise. Avec Philippe et Jean-Pierre, nous installons les valises dans les chambres et préparons l’apéro pour le retour de nos camarades.

Premier contact avec le cielAprès une plâtrée de pâtes réparatrice, nous rassemblons les quelques forces restantes et prenons la direction des hauteurs à la tombée de la nuit. Avant le séjour, j’avais repéré un ‘‘mirador astronomique’’ relativement accessible depuis notre gîte. Ce dernier, à près de 1300 mètres d’altitude se situe près de la crête de La Palma, cette succession de volcans qui s’alignent globalement du Nord au Sud. Le site d’observation, borde la forêt mais se trouve malgré tout du côté du versant Ouest, le moins chargé de nuages... En tout cas, c’est ce que nous espérons, l’avenir ne nous donnera pas forcément raison.

Lors de la phase d’approche de l’aéroport de Santa Cruz de La Palma, la vue à travers le hublot est remarqauble

Les vacances ! Enfin !

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Pour rejoindre la LP-301 (une route que nous connaissons par cœur encore au moment où vous lisez ces lignes), il faut d’abord quitter le littoral et monter, monter, monter... Les rues de Breña Baja et Las Ledas sont raides et sinueuses ! Le chemin serpente ensuite dans la forêt jusque la destination. Il faut une grosse demi-heure depuis notre gîte pour atteindre le mirador astronómico del Llano del Jable. Le site surplombe les villes de Los Llanos (la plus peuplée de l’île), de El Paso et de Tazcorte mais l’éclairage n’est pas forcément gênant et le ciel est remarquable ! Au-dessus de nous, au zénith, c’est le cul de la constellation du Lion qui domine. La Poupe est noyée dans la Voie lactée d’hiver, qui elle-même s’étire près d’Orion et du Grand Chien. Sirius, l’étoile la plus brillante du ciel est très haute à près de 50 degrés : chose étonnante pour nous autres observateurs plus... nordistes !

Le télescope est vite installé et nous commençons nos observations. Hélas, celles-ci sont rapidement perturbées par la lumière blanche de nombreuses lampes frontales... Nous mettons un peu de temps à comprendre ce qu’il se passe. En fait, en ce samedi 30 mars, c’est le rendez-vous annuel du trail trans-volcanique nocturne où de grands sportifs (devrions-nous dire barjots ?) traversent l’île – soit approximativement 80 kilomètres – en courant à la seule lueur de la frontale. Même si nous saluons l’exploit, le fait que la route de la course croise justement notre spot d’observation s’avère très embêtant. Nous quittons les lieux pour redescendre sur le versant Est. Sur le chemin, nous avions croisé un autre mirador astronomique, celui del Llano de las Ventas.

L’horizon y est caché par la végétation. Nous sommes au beau milieu de la forêt et il y a beaucoup d’arbres autour de nous. Seul l’Est est dégagé, mais il surplombe Villa de Mazo, Breña Baja et Santa Cruz. Il y a donc un peu de pollution lumineuse et ce n’est pas dans cette direction que nous dirigeons le Strock. Au zénith et au Sud, en revanche, le ciel est superbe ! Chacun prend le temps d’appréhender ce firmament d’exception... Il est parfois difficile de repérer les constellations familières tant le ciel fourmille d’étoiles. Pour débuter, nous observons de grands classiques de l’hiver : les amas ouverts M35 et NGC 2158 dans les Gémeaux, la nébuleuse d’Orion spectaculaire, la nébuleuse M78 dont Jean-Pierre réalise un dessin, le premier de notre séjour. Odile et Michel s’amusent à repérer des constellations plus australes telles les Voiles, la Boussole ou encore la partie la plus basse de la Poupe ; pendant ce temps, j’attaque le programme ‘‘officiel’’ – en fait une liste d’objets préparée avant le départ – avec la nébuleuse du casque de Thor, dans la constellation du Grand Chien. Même avec un petit 200, la nébuleuse part dans tous les sens et nombreuses sont les volutes de gaz qu’il faut retranscrire sur le papier...

Le froid et la fatigue du voyage aidant, nous replions le matériel et descendons au gîte. Il n’est que 23 heures mais nous sommes enchantés de ce premier contact avec les étoiles canariennes !

Photo de groupe souvenir de la première observation nocturne de ce séjour

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La géographie de La PalmaLa Palma est l’une des îles volcaniques les plus récentes de l’archipel des Canaries. Elle s’est formée il y a 1,6 million d’années. Seule El Hierro située à 65 kilomètres au Sud est plus jeune, géologiquement parlant, environ 750000 ans. La Palma montre grossièrement une forme de triangle allongé dont une pointe s’étend vers le Sud, elle mesure grosso modo 45 kilomètres du Nord au Sud et 25 kilomètres dans sa plus grande largeur. L’île est essentiellement composée de volcans alignés du Nord au Sud.

La moitié Nord de La Palma est dominée par le volcan et la caldeira de Taburiente. La bouche du volcan est large de 10 kilomètres environ et effondrée au Sud-Ouest, ce qui donne lieu à des reliefs particulièrement tourmentés et abrupts. Au centre de l’île et au Sud, on trouve un enchaînement de cônes volcaniques qui forment une crête. Il s’agit en fait du volcan de Cumbre Vieja (le vieux sommet), qui est pourtant l’un des plus récents des Canaries, datant de seulement 150 000 ans. Il est à l’origine de la partie toujours active de l’île. Les spécialistes estiment que ce volcan pourrait être responsable d’un tsunami capable de déferler sur les côtes Ouest de l’Afrique et de l’Europe. Les dernières éruptions datent de 1971 et 2004. Elles sont d’ailleurs à l’origine du paysage sombre mais spectaculaire qui forme la pointe Sud et les environs du phare de Fuencaliente.

Le point culminant se trouve au Roque de los Muchachos, à 2426 mètres d’altitude, sur l’une des crêtes de la caldeira. C’est là que sont installés les observatoires. Deux parcs naturels nationaux, celui de la caldeira de Taburiente, et celui du volcan Cumbre Vieja protègent la faune et la flore locale. En passant par ces endroits, l’on comprend mieux le surnom de la Palma, la isla verde (l’île verte).

La population – quelque 90 000 habitants tout de même – se concentre bien évidemment sur les littoraux. La capitale, Santa Cruz de La Palma se situe à l’Est. Elle est accompagnée par d’autres villes telles Breña Baja, Breña Alta ou encore Villa de Mazo. Au Sud, les habitants se concentrent surtout à Fuencaliente également appelée Los Canarios. Enfin, l’essentiel des Palmeros se sont installés sur la côte Ouest, à Los Llanos (la ville la plus peuplée), El Paso et jusqu’au port de Tazacorte où l’on trouve une belle plage de sable noir à l’embouchure de l’effondrement de la caldeira de Taburiente.

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Le mirador del Llano del JablePremier matin à Breña Baja dans notre luxueuse villa : le réveil se fait en ordre dispersé. Après le déjeuner, les deux voitures prennent à nouveau de la hauteur... Comme la veille au soir, nous suivons les lacets de la LP-301 qui nous emmène vers le mirador astronomique. De jour, nous pouvons apprécier le paysage : d’abord la jolie vue sur Santa Cruz, puis la forêt dense sur les sommets et, en basculant sur le versant Ouest... le brouillard ! Nous arrivons au mirador del Llano del Jable, là même où nous avons été perturbés par les marathoniens... Il nous faut attendre quelques minutes pour que la vue se dégage. Un peu plus bas, la route mène vers une zone désertique... ou presque. Seuls quelques arbres – des pins des Canaries – parviennent à pousser dans un paysage lunaire, noirci de poussières et de roches volcaniques : dépaysement garanti ! Cet endroit ferait un lieu idéal pour l’observation nocturne même si, finalement, nous préférerons le confort relatif du mirador un peu plus haut.

Pendant notre promenade, le Soleil a la bonne idée de percer les nuages, on se croirait enfin en été. L’idée de boire la première cerveza du séjour au bord de la mer remporte les suffrages, nous mettons alors le cap vers Tazacorte, à l’Ouest de La Palma, à l’extrémité du gigantesque effondrement de la caldeira de Taburiente. Les voitures sont garées au pied d’une gigantesque bananeraie et au-dessus d’elle se dessine dans un ciel voilé un remarquable

halo de 22° autour du Soleil. Je n’en ai rarement vu d’aussi contrasté et coloré... Décidément, à peine arrivés, La Palma nous offre déjà de beaux spectacles.

Une bière grande, dans un verre qui sort du congélateur, une terrasse avec une jolie vue sur la mer. Vive les vacances ! Le Soleil tape d’autant que les voiles qui avaient généré le halo peu de temps avant semblent s’étioler. C’est bon signe pour l’observation du soir. D’ailleurs, comme l’heure avance, nous regagnons le gîte par la voie rapide, le tunnel de la LP-3 qui permet de joindre en un minium de temps l’Ouest à l’Est en passant par-dessous la montagne.

Après dîner, nous sommes cinq courageux – Odile, Jean-Pierre, Philippe, Michel et moi – à partir à nouveau vers les hauteurs. Le ciel est bien couvert mais à mesure que nous prenons de l’altitude, on sent que le beau temps n’est pas loin... Encore une fois, il faudra attendre le sommet de la crête et le changement de versant pour trouver un ciel clair. Les voitures sont parquées au mirador del Llano del Jable, comme la veille, mais cette fois-ci, point de lampes frontales de sportifs nocturnes pour nous perturber.

Promenade volcanique

Un superbe halo solaire au-dessus de Tazacorte

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Alors que les derniers nuages résiduels disparaissent, le crépuscule s’installe et pendant ce temps, nous montons le télescope et sortons les jumelles de leur étui. À mesure que l’obscurité gagne, plein Ouest, au-dessus de la mer, la lumière zodiacale apparaît. Elle est énorme, large et lumineuse, malgré la présence des

éclairages artificiels de Los Llanos en contrebas de notre site d’observation. Elle s’étire de l’horizon jusqu’à près de 50 degrés de hauteur où croisent l’amas des Pléiades et la discrète planète Mars. Pendant que les copains débutent leurs observations, je m’éclipse de longs moments pour immortaliser cette lumière... La plus brillante et la plus spectaculaire qu’il m’ait été donné de voir.

De retour derrière l’oculaire, les observations et les dessins s’enchaînent : les amas ouverts M93, NGC 2818, NGC 2736... et bien d’autres objets. Nous ciblons des amas, nébuleuses et galaxies relativement bas sur l’horizon Sud, si possible invisibles sous nos latitudes moyennes. La conclusion en beauté de cette soirée, est la galaxie M83 dans la constellation de l’Hydre. Certes, c’est une galaxie que nous avions déjà observée par chez nous mais ici, à La Palma, nous gagnons quelques degrés et le ciel est d’une extraordinaire limpidité... J’en réalise un dessin qui montre plusieurs détails, un cœur brillant et plusieurs bras spiralés. Pas mal pour un petit 200 ! Un peu fatigués et surtout frigorifiés – les 4°C contrastent avec le franc Soleil que nous avons connu l’après-midi – nous regagnons la villa de Breña Baja, il est 1h30 du matin.

De Herstmonceux à La PalmaCe lundi, le réveil est matinal. En effet, nous avons aujourd’hui rendez-vous au Roque de los Muchachos pour visiter deux observatoires : la coupole abritant le Isaac Newton Telescope (INT), et celle du William Herschel Telescope (WHT). Ces deux visites ont été calées avec les copains de Magnitude 78, notamment grâce à Cyrille qui travaille à l’observatoire de Meudon. Avoir un bon réseau, ça facilite toujours les choses...

Après le petit déjeuner, nous prenons la route de l’observatoire ; une route aux cent virages dit-on. Après avoir contourné Santa Cruz, il faut bifurquer vers les hauteurs et suivre la LP4 jusqu’au point culminant. Le chemin est long et sinueux, comme dans mes souvenirs ! Un bonheur pour le pilote, plus difficile pour les passagers, surtout ceux qui sont à l’arrière de la voiture. Les premiers lacets permettent d’avoir un joli panorama sur le littoral puis voilà que la route traverse une forêt dense. Vite, nous arrivons dans les nuages, bien accrochés sur les hauteurs. À mesure que nous avançons, nous sommes de moins en moins optimistes. Normalement, avec

Ambiance crépusculaire au mirador, avec les lumières de Los Llanos en contrebas

Les nuages laissent place à la lumière zodiacale

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l’altitude, nous devrions passer au-dessus de ces nuages... Mais pas cette fois ! Arrivés au sommet, après être passés entre les coupoles, nous sommes un peu déçus. Les paysages d’ordinaires arides et secs du Roque sont noyés dans le brouillard. Pire, il pleut et il ne fait pas chaud, à peine 1°C ! Le pique-nique prévu sous un Soleil brûlant se fait finalement à l’abri dans les voitures... Dire que certains avaient pensé à se tartiner de crème solaire.

Heureusement, cette météo catastrophique ne remet pas en cause nos visites de l’après-midi. Peu avant l’heure prévue, nous allons stationner les voitures au pied de la coupole de l’INT. La pluie redouble d’intensité et nous attendons l’arrivée de nos hôtes pour nous précipiter dans le hall d’entrée de l’observatoire. La petite troupe – membres du GAAC, de Magnitude 78, ainsi que Fabrice Morat, astrodessinateur français désormais expatrié à La Palma – est accueillie par Émilie Lhomé et Javier Méndez. Javier et Émilie sont ce que l’on considère des support astronomers. La partie technique sera présentée en français par Émilie et le contenu de recherche astronomique en anglais par Javier.

Il faut d’abord monter quelques marches pour atteindre la coupole. Nos guides racontent d’abord l’histoire de ce beau télescope. C’est au sortir de la Seconde Guerre Mondiale que les Britanniques décident de construire un grand instrument astronomique. Après de nombreuses tergiversations, il n’est finalement construit qu’en 1965. C’est d’ailleurs le seul à avoir connu une vie avant La Palma, puisqu’il était alors installé à Herstmonceux, au Sud de Londres en Angleterre. Il y a quelques années, lors d’une balade du GAAC chez nos voisins d’outre-Manche, nous avions pu visiter l’observatoire de Herstmonceux et apercevoir la coupole, désormais vacante, qui accueillait l’engin. À cause de l’urbanisation galopante de la région et de l’apparition de la pollution lumineuse, il a été décidé de déménager le télescope en 1985. Le site de La Palma a été retenu car situé dans l’hémisphère Nord, disposant d’un accès relativement aisé depuis l’Angleterre et sur un territoire serein. En effet, les relations au beau fixe en l’Espagne et le Royaume-Uni ont favorisé ce choix de site ; qui plus est, il facilite les projets internationaux. Après de longs mois de travaux, l’observatoire a été inauguré en grande pompe en 1987 par la Reine d’Angleterre et le Roi d’Espagne. Une plaque collée sur le mur de la coupole commémore d’ailleurs cet événement.

Photo de groupe au point culminant de La Palma

Sur la plateforme, sous la coupole du Isaac Newton Telescope

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Après avoir retracé l’historique, Émilie s’attarde maintenant sur l’aspect technique de l’INT. C’est un télescope de type Cassegrain disposant d’un miroir primaire en zérodur de 2,5 mètres de diamètre et de 38 mètres de distance focale. Le tube optique est installé sur une monture équatoriale à l’ancienne. Celle-ci est imposante car

elle doit supporter les plusieurs tonnes du télescope. Deux instruments scientifiques sont essentiellement utilisés ici : un spectromètre alors installé sur le télescope lors de notre visite et une caméra grand champ, qui trône non loin de là, sur la plateforme.

Comme le font remarquer certains de mes camarades, l’ambiance de la coupole est très ‘‘britannique’’, à l’ancienne avec ce grand socle en bois autour du cercle d’ascension droite de la monture. La main courante de la plateforme, d’où nous avons une meilleure vue sur l’instrument, est aussi en bois noble. Le télescope, ainsi que la partie basse de la salle – plancher, murs et plateforme – sont d’origine,

et ont fait le déménagement depuis l’Angleterre. Cela contraste élégamment avec le blanc de la coupole située au-dessus. Autre contraste que détaillent nos hôtes : l’optique et la mécanique classique du télescope, qui sont sur des bases jamais modifiées depuis la construction, alors que les instruments scientifiques et les commandes informatiques sont des plus récents.

Émilie, Javier et leurs collègues s’amusent d’ailleurs de constater que cet équipement est d’une longévité remarquable, inattendue lors de sa conception. Aujourd’hui encore, le télescope Isaac Newton participe à des découvertes astronomiques, notamment dans le domaine de l’étude des exoplanètes. Les observations menées avec le spectromètre permettent notamment de déterminer les masses et la structure de certaines d’entre elles.

En ce qui concerne la caméra à grand champ, celle-ci a la capacité de suivre sur le long terme des galaxies lointaines. Il faut par exemple, environ trois semaines d’observations pour mettre en évidence un mouvement. Cette configuration a jadis participé à la validation du modèle d’accélération de l’expansion de l’Univers, ce qui a, in fine, valu le prix Nobel de physique en 2011 au trio Saul Perlmutter, Brian Schmidt et Adam Riess. Par ailleurs, les observations menées mettent en évidence nombre de phénomènes en contradiction apparente avec certaines théories actuelles. Il y a donc de quoi poursuivre les recherches ici pendant de longues années encore...

Le fonctionnement de l’INT est essentiellement financé par le Royaume-Uni et certains états de l’Union Européenne. L’Espagne ne participe pas financièrement mais, en tant que propriétaire du terrain, a droit à 25 % du temps d’utilisation du télescope. Javier précise que l’administration britannique de l’observatoire fait ensuite payer cher le temps de télescope restant... L’INT est aujourd’hui dédié aux étudiants, futurs astronomes des nations qui financent le fonctionnement, et qui participent à l’entretien du matériel et aux observations. Il est plus rare que le télescope soit occupé pour des programmes privés.

Pierre admire la caméra grand champ

Vue générale de l’INT

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Adjacent à la coupole de l’INT, il y a également un atelier de réaluminure de miroir. Celui-ci est utilisé par toutes les équipes des autres observatoires installées au sommet du Roque de los Muchachos... Tous sauf le Gran Telescopio Canarias qui dispose, pour des raisons pratiques et financières, de son propre atelier sous le plancher du télescope.

Javier aborde l’avenir de l’INT avec enthousiasme, car la programmation des chantiers est déjà définie pour les 10 ans à venir. Cela commencera notamment par l’installation prochaine de l’instrument HARPS-3, qui est un spectromètre développé pour l’étude des atmosphères exoplanétaires. Un équipement de tir laser sera aussi bientôt couplé au télescope. Ce dernier, en fonctionnement, projettera une étoile artificielle dans le ciel au-

dessus des coupoles de l’observatoire du Roque ; cette étoile sera alors ciblée par l’autre télescope britannique, le Herschel, situé non loin de là. L’analyse des déformations dues à l’atmosphère locale de cette étoile artificielle permettra, grâce à la technique de l’optique adaptative, d’améliorer sensiblement la résolution du télescope Herschel, déjà particulièrement remarquable.

De Newton à HerschelNous quittons la coupole du télescope Isaac Newton pour nous diriger vers l’une des plus grandes coupoles du site. Comme la pluie n’a pas cessé, ce qui aurait pu être une petite promenade sous le Soleil se transforme en un court trajet en voiture. L’accès à l’observatoire se fait par une jolie porte en bois, style château british. Comme lors de la précédente visite, il nous faut gravir quelques marches pour accéder à l’instrument. Dans la cage d’escalier, le portrait du ‘‘propriétaire’’ du château nous accueille. Autre monument de l’histoire des sciences, William Herschel a en effet été choisi pour baptiser le dernier né des télescopes britanniques de la Palma. Sur le portrait cela dit, son sourire n’est pas très engageant... L’entrée sous la coupole, gigantesque, donne l’impression de pénétrer dans une cathédrale et nous oublions vite le portrait de William Herschel.

Ce sont à nouveau Émilie et Javier qui prennent le temps de décrire l’instrumentation et les objectifs scientifiques de l’engin. Le William Herschel Telescope (WHT) a été conçu et installé là en 1987, il a donc un peu plus de 30 ans. Il est l’un des derniers ‘‘monolithes’’, c’est-à-dire un télescope à un seul miroir. En effet, depuis lors, les télescopes géants sont composés d’une multitude de miroirs plus modestes, avec une structure en nid d’abeilles, à l’instar du GTC (que nous visiterons plus tard). Les 4,2 mètres du miroir du WHT pèsent tout de même près de 16 tonnes ! Ici, le système optique Ritchey-Chrétien dispose de deux foyers différents, d’une extrémité à l’autre des possibilités. Le foyer Newton est ouvert à 2, tandis que le foyer Cassegrain dispose d’une focale de 45 mètres !

L’engin est doté d’un miroir tertiaire mobile qui est utile pour rediriger le flux lumineux vers les instruments scientifiques – photomètres, spectrographes, caméra à haute résolution – qui sont installés de part et d’autre du télescope. Ce sont ici environ cinq tonnes de matériel de recherche qui sont hébergés sur les deux plateformes adjacentes.

Au pied de l’impressionnant WHT

La fine équipe au grand complet

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Le tube optique est installé sur une imposante monture azimutale qui nécessite une compensation mécanique plus importante que le télescope Newton, installé quant à lui sur une monture équatoriale. Le système de commande et de pointage du télescope a été renouvelé à plusieurs reprises depuis sa mise en service. Il a d’abord connu une longue période analogique, avant de passer au numérique et ce n’est que récemment que tout se fait désormais grâce à des écrans tactiles depuis la salle de commande.

Comme pour le INT, Javier nous parle de l’avenir de cet instrument impressionnant, à commencer par le renouvellement des optiques qui interviendra sous peu. Il détaille ensuite l’installation d’un correcteur de champ, au niveau du miroir secondaire. Ce correcteur, unique en son genre, sera couplé à un nouveau spectromètre de 3000 fibres optiques, dont 1000 pourront être utilisées de concert !

Comme la météo semble se dégrader davantage à l’extérieur, après la coupole nous ne passons que rapidement par la salle de contrôle où, comme souvent, l’on trouve un poste pour l’opérateur technique et un autre pour l’astronome. Émilie raconte plusieurs anecdotes où elle a insisté auprès de son collègue technicien pour poursuivre des observations en cours. Celui-ci, incorruptible et l’œil rivé sur ses moniteurs, a pour obligation de ne prendre aucun risque. Il a la consigne de fermer la coupole si le vent atteint des rafales de 70 kilomètres par heure ou si le taux d’humidité dépasse les 80 %. Cela risquerait en effet d’avoir des conséquences néfastes sur le fonctionnement de la coupole et risquerait d’endommager le matériel. Il y a donc parfois des tensions entre l’astronome et le technicien... Tensions qui retombent immédiatement quand le ciel se dégage à nouveau.

Dans la salle de contrôle du WHT

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La coupole du WHT dans un brouillard épais...

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Soirée en bord de merHélas pour nous, ce n’est justement pas le cas... La pluie s’est transformée en mélange de grêle et de neige. Notre visite, passionnante, s’arrête là. Nous remercions chaleureusement Émilie et Javier pour le précieux temps qu’ils ont bien voulu nous accorder. Alors que nous continuons à deviser sur le pas de la porte, devant la coupole, nous voyons tout le personnel quitter l’observatoire à la hâte. Visiblement, les consignes ont été données pour fuir les hauteurs avant que les routes ne soient verglacées et impraticables.

Nous en prenons de la graine et, vite, sous la neige qui tombe de plus en plus fort, nous décidons de nous retrouver avec les copains de Magnitude 78 pour un dîner commun. Pour descendre du point culminant de La Palma, les premiers lacets de la route glissent un peu... Heureusement, lorsque l’altitude diminue, la neige laisse place à la pluie qui ne s’arrêtera pas de la journée...

En attendant la troupe de Magnitude 78 repassée au gîte, nous autres membres du GAAC, nous trouvons au port de Tazacorte un bar face à la mer, en bordure d’une plage volcanique de sable noir ! Là encore… Dépaysant ! La cerveza est vite sifflée car Pierre nous appelle pour dire qu’une table est réservée au restaurant playa mont à l’autre extrémité de la plage. Au menu ce soir : une orgie de poissons et de fruits de mers et beaucoup de rigolade. À défaut d’observations astronomiques, nous aurons quand même passé une superbe soirée ! Le retour à Breña Baja se fait sous la pluie, toujours... Une vraie nuit de repos s’annonce. Elle est salutaire car les premiers jours de notre séjour ont été denses.

Balade à Santa CruzMardi... Réveil tardif et dispersé... Le Soleil est de retour et c’est tout de suite beaucoup mieux pour mettre en valeur les beautés du paysage. Cet après-midi, c’est le traditionnel moment shopping à Santa Cruz, la capitale de l’île. Comme lors de notre précédent passage ici, nous faisons une halte à la boutique La Palma Galpa. Chacun y

trouve son bonheur : T-Shirts, mugs, magnets, stylos... Dans une autre échoppe de la rue commerçante, c’est dégustation de produits locaux, notamment des rhums arrangés au miel, au caramel, à la banane (la fameuse banana chère à notre ami Dédé).

Un peu plus loin, nous flânons sur la plaza de España. Cernée de hautes bâtisses aux murs blancs, nous trouvons un peu d’ombre sous de grands palmiers. Quelques marches plus haut, se trouve la Real Sociedad Cosmológica, aujourd’hui une bibliothèque... Mais comme lors de notre précédent séjour, les portes sont fermées et nous ne pourrons en apprendre davantage sur ce lieu. L’équipe se rabat alors vers la très belle Iglesia

Matriz de El Salvador. Celle-ci plaît particulièrement à Philippe et à Jean-Pierre qui s’attarde notamment sur les vitraux... Lui-même s’adonne d’ailleurs à la réalisation de vitraux et aimerait en reproduire un à l’identique, une fois rentré en France.

La plage de Tazacorte... Sous la pluie !

À table !

Après-midi shopping

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Sur le chemin du retour, nous faisons une halte à la Placeta, un restaurant que nous avions déjà su apprécier par le passé. Nous commençons par une bonne bière bien fraîche, ainsi qu’une sangria, histoire de changer un peu de breuvage. En insistant un peu, les serveurs nous trouvent de la place en terrasse pour rester dîner. Ce n’est pas le cagnard mais la température est agréable... Comme d’habitude, chacun parvient à se débrouiller avec son espagnol scolaire et l’art du mime pour se faire comprendre. Pendant le repas, nous apercevons que le ciel jusqu’alors ‘‘moutonneux’’ se dégage : pas de dessert donc ! Nous retrouvons les voitures, garées le long de la plage... C’est là que, pour la première fois, nous apercevons l’étoile Canopus, la deuxième étoile la plus brillante du ciel.

Deux objets mythiquesEn plus de cette étoile remarquable, cette nuit, nous allons pouvoir observer deux autres objets mythiques, mais ça, nous ne le savons pas encore. Le temps de repasser au gîte pour charger le matériel et prendre quelques affaires chaudes, nous arrivons à notre mirador à 1300 mètres alors que le ciel est encore bien chargé... Comme nous sommes là et qu’il ne fait pas encore nuit noire, nous décidons de patienter. Bien nous en a pris car, effectivement, le ciel se dégage comme par miracle... Ce soir, l’ambiance est beaucoup plus humide que les précédentes nuits ; avec tout ce qui est tombé la veille forcément. Malgré cela, la transparence semble bonne : une mesure de SQM à 21,77 le confirme.

La plaza de España au coeur de Santa Cruz

Le SQMLe Sky Quality Meter (ou SQM) est un outil qui, comme son nom l’indique, permet d’évaluer la qualité du ciel nocturne. Conçu par la société canadienne Unihedron, ce photomètre mesure en fait la brillance du fond de ciel. La valeur donnée par ce boîtier varie entre 16 et 23 ; où 16 signale un ciel très lumineux et pollué et, 23 un ciel digne du vide spatial et donc très noir. La mesure donnée est une moyenne calculée sur une zone de ciel définie par le cône de 20° ou 80° (selon le modèle du SQM). Paradoxalement, si la Voie lactée est trop éclatante, elle minore la mesure de 0,1 ou 0,2 unité. Si, à Grévillers, le SQM peine à dépasser les 19, à La Palma, depuis le site du mirador del Llano del Jable, une valeur de 21,77 a été mesurée, signe d’un ciel d’excellente qualité.

La paire de jumelles passe de mains en mains ; Odile et Michel s’amusent à identifier les étoiles et les constellations visibles au Sud. Le télescope Strock est pointé en bas de la Poupe vers les amas stellaires NGC 2298 et NGC 2477, puis sur la célèbre galaxie du Sombrero M104. Puis, c’est la nébuleuse planétaire NGC 3132, qui porte bien son surnom d’anneau austral tant elle ressemble à l’anneau de la Lyre M57. Tous ces objets, nouveaux pour nous tous, sont observés avec attention et parfois dessinés.

L’heure avance, le ciel tourne, mais un doute assaille Michel... L’observation de deux objets mythiques – Centaurus A et ω Centauri – semble compromise. L'horizon local du mirador est bouché au Sud et il n'est pas certain que la galaxie et l'amas globulaire passeront au-dessus de la cime des arbres. Je prends alors le pocket sky atlas qui a fait le voyage avec moi,

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cherche la déclinaison des étoiles les plus australes que l’on puisse voir à ce moment-là... Au bénéfice de deux petites échancrures dans le relief, elles frôlent la déclinaison -50°. Ça devrait pourvoir le faire pour les deux objets du Centaure mais il ne faudra pas rater la fenêtre de tir !

Une petite heure après, comme prévu (ouf !) la galaxie Centaurus A s’extirpe du relief et s’observe facilement. Michel et moi en réalisons un dessin. La boule lumineuse de cette galaxie elliptique est barrée d’une zone sombre caractéristique. Pendant l’observation, on ne peut s’empêcher de se remémorer les magnifiques images de cet objet hors du commun réalisées par le télescope spatial Hubble et d’autres télescopes professionnels. Cela facilite d’ailleurs un peu la réalisation du dessin, qui montre, forcément, une part de subjectivité... Car, comme la fenêtre de visibilité est très courte et que nous ne voulons priver personne de cette belle observation, les dessins sont réalisés à la va-vite.

D’autant plus qu’un autre sujet arrive : ω Centauri. Il est encore plus bas, à -47° de déclinaison. Ce ne sera pas chose facile de l'observer, le télescope presque à l'horizontale. Le champ de l'oculaire est centré sur le bord de la montagne, là où doit apparaître l'amas globulaire. Mon œil est vissé au télescope... J'attends, finalement, peu de temps, le voilà qui arrive : vite, il sort du paysage et c’est un monstre ! Superbement lumineux, résolu de part en part, il remplit d'étoiles le champ de l'oculaire, pourtant un 20 mm, qui ne grossit que 60 fois. Accroupis dans la poussière sombre, nous nous succédons derrière l'oculaire une première fois, puis une deuxième... puis une troisième ! L'objet est fascinant, énorme ! Il s'agit en fait d'une pelote de plusieurs millions d'étoiles située à seulement 15800 années-lumière, ce qui en fait l'un des plus proches de nous... Au sein du Groupe local, seul Mayall II (que nous avons déjà observé à Saint-Véran avec le T62), célèbre amas globulaire en périphérie de la galaxie d'Andromède est plus imposant... Oméga du Centaure est si spectaculaire qu'il en est visible à l’œil nu ; c'est d'ailleurs pour cette raison qu'il porte une lettre de Bayer, d'ordinaire réservée aux étoiles les plus brillantes. Bref, là encore, c'est un

sujet hors norme qu'il nous est donné de voir.

Jean-Pierre a la bonne idée de pointer le télescope vers un autre amas globulaire, celui d'Hercule, M13, histoire d'en faire une comparaison. Ce dernier nous parait ridicule : 4 à 5 fois plus petit que ω Centauri. C'est la dernière observation de la ''nuit''. Il est presque trois heures du matin et il y a un petit peu de route jusqu'au gîte. Sur le chemin du retour, dans les lacets qui serpentent vers la côte, chacun y va de son commentaire sur les belles observations réalisées ce soir... Elles ont en effet été mémorables !

Michel en plein dessin

Photo souvenir au mirador del Llanos del Jable

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Cap au SudComme nous nous sommes couchés tard, ce mercredi matin est consacré à une grasse matinée... Le petit déjeuner est sauté pour plusieurs membres de l’équipe et, après le déjeuner, nous prenons la route vers le Sud. En plus des visites touristiques, nous espérons également dénicher un horizon dégagé pour, à la nuit venue, observer Gacrux, une étoile de la constellation de la Croix du sud. Celle-ci est théoriquement visible juste au-dessus de la ligne d’horizon vers minuit.

Mais en attendant, l’après-midi est radieux, propice aux balades dans la partie Sud de La Palma. Sur le chemin sinueux qui mène à el faro, les paysages sont remarquablement sombres. La route traverse des coulées de lave solidifiée et des roches noires... C’est là le lieu de la plus récente éruption volcanique de l’île, elle ne remonte qu’aux années 70. À l’extrémité Sud, les falaises sombres se jettent dans la mer. Autour du phare historique, des salines ont été installées entre des murets faits de roches volcaniques. En contrebas, on trouve une petite crique avec une plage, Odile et Huguette en profitent pour mettre les pieds dans l’eau... Michel quant à lui s’amuse à laisser la trace éphémère du GAAC sur la plage de sable noir (comme à Tenerife en 2016).

En remontant un peu dans les terres, les plus courageux se lancent dans une courte balade sur les flancs du volcan San Antonio, où les pentes sont abruptes et plongent en direction de la mer. Il y a un peu de vent et un Soleil radieux, la mer est d’un bleu profond... Le panorama est parfait ! Puis, en attendant l’heure de dîner, nous faisons une halte à Fuencaliente. Ce n’est pas une ville très touristique : il n’y a guère de centre historique, de monument, ou centre d’intérêt. Aussi, les dames se contentent d’une halte dans un supermarché pendant que les hommes préfèrent un bar typique et sifflent une Gara, une bière locale (fameuse s’il en est) produite à Los Llanos. Cela nous met en appétit et, après quelques tergiversations, nous atterrissons dans un restaurant au bord du volcan San Antonio où nous avions déjà été il y a deux ans. Ce soir, la viande d’Uruguay remplace exceptionnellement le poisson. Fameux.

Au sortir de table, la météo est variable. Hélas, il est déjà trop tard pour observer l’étoile Canopus. Après quelques kilomètres de route sinueuse, l’on déniche un site d’observation à la sortie du village de Las Caletas sur le chemin qui descend vers le phare. La plateforme surplombe la mer ; le Sud est parfaitement dégagé et l’on peut repérer aisément, et en entier, la constellation des Voiles. Le télescope Strock est installé à la hâte et vite dirigé vers l’obscure constellation de la Machine Pneumatique, difficile à voir par chez nous... Difficile à voir tout simplement. L’idée est de réaliser un dessin d’un objet de cette constellation, histoire d’en avoir une de plus au tableau de chasse. Ce sera la galaxie NGC 2997. Avec le 200 millimètres, la galaxie montre même quelques détails.

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Le GAAC est passé par là

La pointe sud de La Palma Les salines de Fuencaliente Dégustation de produits locaux

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Malheureusement, les nuages passent et d’autres semblent même se former sur la côte, rendant difficiles les observations. Pendant que les copains jonglent avec les éclaircies pour diriger le télescope, je réalise quelques photographies d’ambiance avec un bel arbre, fort bienvenu. Vers minuit, le ciel se couvre définitivement, même la fine bande de ciel clair au ras de l’horizon finit par disparaître. C’est définitivement raté pour Gacrux ! Un peu déçus par cette nouvelle observation avortée, la route du retour vers Breña Baja se fait dans une ambiance un peu morose...

La isla verdeAujourd’hui, c’est balade et découverte. Cap sur Los Tilos au Nord-Est de l’île. Il s’agit là d’un parc naturel qui abrite la dernière forêt primaire de La Palma. Pour y accéder, il faut abandonner la côte près de la ville de Los Sauces et grimper dans les terres... Une petite route encaissée serpente ainsi au milieu de la verdure. Mais, plus nous avançons, plus le ciel se couvre... Les nuages ici doivent souvent être accrochés à la montagne car la forêt est dense. Les voitures sont garées au bout de la route et la balade à pied débute. Elle se fait dans un canyon encaissé en longeant un petit filet d’eau... L’ambiance est très humide, d’autant qu’il s’est mis à pleuvoir. Tout est vert ! C’est dans ce genre de décor que l’on comprend pourquoi La Palma est surnommée la isla verde, l’île verte.

La végétation est luxuriante et diversifiée. Philippe s’amuse d’ailleurs à détailler les plantes qui courent le long des rochers qui bordent le ‘‘chemin’’. La piste remonte le canyon qui serpente lui-aussi et la balade nous mène jusqu’à la belle cascade de Los Tilos. On se croirait dans le film Jurassik park et on s’attendrait presque à ce qu’un méchant T-Rex déboule du prochain virage. L’on suppose que ce canyon grimpe jusqu’aux bords de la caldeira de Taburiente… et qu’il nous faudrait des jours pour remonter jusque là-haut. Alors, nous rebroussons chemin et profitons alors d’un autre point de vue sur ce canyon remarquable. Après la flore, c’est la faune qui se dévoile. Au moment de reprendre les voitures, des pinsons, endémiques de l’archipel des Canaries, débarquent en nombre et s’amusent avec nous.

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Ambiance nocturne sur le site d’observation de Las Caletas

La cascade de Los Tilos Un nouveau copain... Pinson des Canaries

Philippe le botaniste

En route vers la cascade

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Après cette balade humide, aussi bien par l’atmosphère chargée d’eau, que par la cascade ou la pluie, nous continuons vers le Nord. Au menu de cette fin d’après-midi, une traversée des bananeraies et une halte au pied du faro de punta cumplida. Il y a là un jardin bien entretenu orné de cactus et, surtout, une jolie vue sur les falaises et la côte découpée. Nous ne l’avions pas compris, mais il s’agit en fait de l’espace réservé d’un hôtel... Mais, renseignements pris par Jean-Pierre, le prix des chambres est bien au-dessus de nos moyens.

CanopusSur la route du retour, nous faisons une halte à Los Sauces pour quelques emplettes et pour acheter de quoi manger rapidement le soir. Au gîte, une pizza (pas terrible) est engloutie à la hâte et nous reprenons la direction du Sud. Notre mission : réussir à observer au télescope et dessiner l’étoile Canopus, dans la constellation de la Carène. Tout au long de la route – une bonne demi-heure –, alors que le crépuscule se fait de plus en plus sombre, la deuxième étoile

la plus brillante du ciel nous nargue, mais impossible de s’installer sur le bord de la route. Finalement, nous retrouvons notre spot de la veille à la sortie de Las Caletas. Canopus frôle alors un banc de nuages... Le Strock est monté en trois minutes chrono et pointé à l’horizontale (ou presque) vers sa cible : mission accomplie !

Michel, Jean-Pierre et moi en réaliserons un dessin qui n’a d’autre intérêt que de montrer l’objet le plus austral que nous ayons observé lui et moi : -52 degrés de déclinaison ! Hélas, très vite, le ciel se couvre… Décidément, la météo n’est pas propice pour ce séjour. Retour au gîte assez tôt dans la soirée, mais cela n’est pas très gênant car le lendemain nous nous levons à l’aube...

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Joli point de vue au faro de punta cumplida

Le Strock (presque) à l’horizontale et Michel, en plein dessin de Canopus

Les nuages s’accrochent sur la pointe Sud de La Palma

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Le Gran Telescopio CanariasRéveil à 7 heures… Déjà qu’en temps normal ça pique, mais durant les vacances encore davantage. Heureusement, c’est pour la bonne cause puisque aujourd’hui, la troupe remonte au Roque de los Muchachos, en espérant que la météo soit meilleure que lundi. Les créneaux des visites des observatoires (en l’occurrence le GTC et le TNG, le télescope italien) avaient été négociés bien avant le voyage. Hélas, les conditions météorologiques exécrables pour la saison nous avaient forcé à annuler nos rendez-vous prévus initialement en milieu de semaine.

En effet, il a neigé au sommet ! Antonio Cabrera, mon contact à l’observatoire avec qui j’avais calé la visite du grand télescope espagnol m’a envoyé une vidéo de la route couverte de plusieurs centimètres de neige… Incroyable ! Tous les astronomes et les techniciens des observatoires que nous aurons rencontré au cours de notre séjour nous annoncerons qu’ils n’ont jamais vu une pareille météo en avril depuis bien des années…. C’est bien notre veine ! Heureusement, après des échanges par e-mail, avec mon anglais scolaire, nous avons pu trouver un nouveau moment, ce vendredi, pour découvrir les coupoles.

Pas de contre-ordre pour aujourd’hui donc, Antonio me confirme notre rendez-vous à 11 heures, mais qu’il faut prendre garde sur les derniers lacets car il y a du verglas. Effectivement, la route glisse et à quelques endroits, elle est couverte de rochers tombés durant la nuit. C’est vraiment la haute montagne... Arrivés sur le site du Roque, le Soleil perce enfin et un ciel d’un bleu profond fait son apparition.

Au pied de l’immense coupole du GTC, nous retrouvons les copains de Magnitude 78 avec qui nous ferons ‘‘visite commune’’. Nous sommes accueillis par quelques mots de français prononcés par le directeur Romano Corradi. Romano avait eu la gentillesse de prendre la pose dans la salle de contrôle du GTC avec le numéro spécial de la porte des étoiles publié en décembre 2016 et dédié à notre précédent séjour à La Palma. Je suis ravi de le croiser à nouveau. La visite guidée est faite par Peter Pessev, un support astronomer comme on dit aussi ici, qui travaille comme permanent. Le groupe de frenchies est aussi accompagné par trois astronomes professionnels tchèques de passage sur l’île.

Peter nous rappelle l’histoire de la conception du télescope : les financeurs, le choix du site et présente la mécanique de l’engin. Notre ami Serge ne manque pas d’interroger notre hôte sur le support des 36 miroirs hexagonaux qui composent le primaire du plus grand télescope du monde. Après un rapide passage dans la salle de contrôle où Peter nous explique les différents domaines des recherches scientifiques menés ici, nous passons dans une salle de projection (en fait, un large couloir dont un mur a été réhabilité en écran) : c’est la nouveauté par rapport à il y a deux ans : un film d’une dizaine de minutes, plutôt bien fait, sur l’histoire de l’Univers, son évolution et

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La route d’accès à l’observatoire en milieu de semaine

Rendez-vous sur l’esplanade, au pied du plus grand télescope du monde

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sur le fonctionnement du Gran Telescopio Canarias. Cela permet aussi de réviser la langue de Cervantes car le documentaire est diffusé uniquement en espagnol. Dans cette vidéo, nous avons le plaisir d’apercevoir Gianluca Lombardi, l’astronome qui nous avait accueilli il y a deux ans et qui est désormais parti sous les cieux chiliens. Le documentaire est d’ailleurs agrémenté d’un certain nombre de ses timelapses réalisés à l’extérieur de la coupole.

Puis vient le grand moment : celui de mettre un casque de chantier sur la tête (c’est la loi espagnole nous rappelle Peter) et de grimper les quelques marches qui nous séparent de la coupole. Voilà… C’est la même sensation que la première fois ! Un monstre de métal sous une gigantesque cathédrale… J’abandonne un long instant le groupe pour aller photographier l’engin sous toutes les coutures. Le télescope est en position zénithale pour maintenance, ce qui permet de voir parfaitement le miroir secondaire en berrylium, un matériau rare (et toxique) pour un miroir de télescope qui a coûté la bagatelle de 2 millions d’euros à lui seul. Les prises de vues s’enchaînent, les explications de Peter aussi : le télescope dispose d’une formule optique Ritchey-Chrétien, à miroir segmenté. Les composantes de ce miroir sont changées six à la fois, et par tranches, afin de conserver au maximum l’homogénéité de l’ensemble. À toutes fins utiles, dans le numéro 35 de la porte des étoiles, le lecteur pourra relire le compte-rendu de notre précédent passage sous cette coupole pour y trouver les informations techniques et scientifiques relatives à cet équipement d’exception.

Hélas, l’heure avance et les visites publiques s’enchaînent... Le rendez-vous initial, mercredi, était en dehors de ces créneaux pour ‘‘touristes’’. Nous aurions alors eu plus de temps pour discuter avec les astronomes du GTC. Dommage. Mais les petits nouveaux de l’équipe sont tous ravis d’avoir pu découvrir ce temple de l’astronomie mondiale. Au sortir de la coupole, nous croisons d’ailleurs un groupe guidé par Sheila Mc Crosby, l’auteure d’un livre qui présente les différents instruments de l’Institut d’Astrophysique des Canaries, et que nous avions dans les bagages. Dans ce groupe, Jean-Pierre retrouve des amis du forum Webastro, dont certains que nous avons déjà côtoyé sur les rassemblements d’astronomes amateurs en France, à Valdrôme ou Tauxigny notamment...

En quittant l’observatoire, nous remercions chaleureusement Peter notre guide et, sur le parvis nous saluons les copains de M78. Eux redescendent sur la côte, tandis que nous autres du GAAC restons au sommet, car une dernière visite astronomique nous attend.

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Peter Pussev détaille le miroir du GTC Dans la salle de contrôle La vidéo de présentation du GTC

Vue rapprochée du miroir secondaire du GTC

Photo de groupe au pied du plus grand télescope du monde

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Telescope Nazionale GalileoAu sommet, nous déjeunons dans les voitures car la météo se gâte. Si nous étions arrivés au Roque sous un beau ciel bleu, c’est désormais le retour de la pluie. Cela est assez problématique car pour la visite suivante, celle du Telescope Nazionale Galileo, l’accès à l’instrument ne peut a priori se faire que par la passerelle extérieure. Mon contact à l’observatoire, Gloria Andreuzzi, avait déjà annulé notre visite de mercredi pour des raisons climatiques. Le nouveau créneau déniché ce vendredi était lui-aussi soumis aux aléas du ciel... Cela dit, depuis ce matin que je surveille ma boite mail sur mon téléphone, pas de contre-ordre de la part du personnel de l’observatoire italien. Peu avant 14 heures, nous sommes donc à l’extrémité de la passerelle pour attendre notre guide, tantôt sous le Soleil, tantôt dans les nuages.

Un astronome s’approche, c’est Hristo Stoev. Heureusement, ce dernier confirme que la visite pourra bien avoir lieu mais que, comme la météo est très incertaine, il ne pourra pas ouvrir la ‘‘coupole’’ de l’observatoire. Qu’à cela ne tienne, nous passerons par les étages inférieurs. Sur le chemin, des copains de Jean-Pierre (son carnet d’adresses est riche) se joignent à nous pour la visite. Il ne fait pas bien chaud et nous sommes finalement contents de nous retrouver à l’abri dans la salle de contrôle du télescope. Hristo en profite pour se présenter ; c’est un astronome bulgare en mission à l’observatoire. Il nous présente grossièrement l’instrument ainsi que le fonctionnement de la partie informatique où son collègue surveille justement les prévisions météorologiques. Comme dans toutes les salles de contrôle visitées cette semaine, l’informatique est divisée en deux postes : l’un pour l’opérateur, l’autre pour l’astronome.

Après cette halte, nous grimpons les 50 marches qui mènent vers le télescope. La coupole qui l’abrite n’en est d’ailleurs pas vraiment une. Déjà de l’extérieur, le bâtiment original et atypique par rapport aux autres coupoles, attire l’œil. La géométrie de l’ouverture, à flanc de montagne, permet une atmosphère la plus stable possible avec un écoulement d’air le plus paisible possible. Point de turbulences donc et une stabilité extrême pour les images ! Ce bâtiment est composé de deux parties : une fixe et une mobile. Cette dernière

comprend notamment la partie supérieure de l’observatoire avec le télescope et le local technique. Ainsi, et comme le précise Hristo, l’on peut parfois perdre ses repères lorsque l’on passe plusieurs heures dans le local technique la nuit, alors que la ‘‘coupole’’ a suivi le mouvement apparent des étoiles.

Le TNG a été inauguré en juin 1996 et mis en service en 1998. C’est une copie (presque) conforme du télescope NTT (New Technology Telescope) installé sur le site de La Silla au Chili. Il s’agit d’un télescope de type Ritchey-Chrétien de 3,58 mètres de diamètre et de 38,5 mètres de distance focale. Le miroir primaire en céramique et en verre est très mince, à peine 15 centimètres dans sa partie centrale la plus creusée. L’ensemble est installé sur une monture azimutale.

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Le TNG abrité sous une ‘‘coupole’’ fort originale

Casque obligatoire sous la coupole

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Au talkie-walkie, Hristo demande alors à son collègue resté dans la salle de contrôle de faire pivoter le télescope. Jusqu’ici en position ‘‘repos’’ et pointant vers le zénith, ce monstre de plusieurs tonnes se déplace avec grâce et en silence. Nous sommes impressionnés par la précision et la fluidité des mouvements et découvrons maintenant l’arrière du tube. Le miroir repose sur 65 points ! Sous le télescope, ce nombre impressionnant de supports saute aux yeux. Malgré le très faible coefficient de dilatation du miroir, celui-ci est couplé à un système d’optique adaptative permettant une centaine d’oscillations par seconde. En déformant très légèrement le miroir, cela permet d’annuler les effets de la turbulence atmosphérique locale, pourtant déjà très faible.

Lors de notre visite, le TNG était équipé de deux instruments pour le domaine visible et de deux autres pour l’infra-rouge proche. Ces instruments scientifiques sont installés aux foyers Nasmyth, de part et d’autre du tube optique. Il y a notamment là un photomètre et le spectromètre HARPS-N (High Accuracy Radial velocity Planet Searcher). C’est un instrument similaire à celui installé sur le télescope de La Silla, le jumeau du télescope italien. La conception du télescope est ici réfléchie pour passer rapidement d’un instrument scientifique à l’autre et ainsi combiner les données des diverses mesures.

Grâce également à une caméra CCD de très haute résolution, tout cet arsenal scientifique permet d’étudier avec une extrême précision les exoplanètes, notamment ce que l’on appelle les super-terres. Après un échange de questions/réponses, in english, au pied de ce magnifique télescope, nous regagnons la salle de contrôle, remercions Hristo pour sa gentillesse et sa disponibilité et continuons les conversations passionnées sur le parvis de l’observatoire où le ciel a eu la bonne idée de se parer à nouveau d’un bleu profond...

Hristo présente le TNG

Encore une photo de groupe à l’arrière du Telescope Nazionale Galileo

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Le Roque sous un ciel bleuC’est sous un Soleil radieux que les copains remontent au sommet du pic pour tenter d’apercevoir le fond de la caldeira de Taburiente. De mon côté, je vais me balader parmi les coupoles pour les photographier. Je retourne notamment près des télescopes Newton et Herschel dont les coupoles étaient noyées dans le brouillard lundi. Au hasard de mes déambulations, je découvre des dômes flambants neufs qui n’existaient pas il y a trois ans : il s’agit de l’instrument SuperWASP (Wide Angle Search for Planets), un instrument composé de plusieurs caméras couplées à des gros téléobjectifs. Ces configurations permettent de photographier un large champ céleste et sont dédiées à la recherche d’exoplanètes par la méthode des transits.

Après ma promenade, je retrouve finalement mes camarades au pied des gigantesques miroirs du MAGIC (Major Atmospheric Gamma-ray Imaging Cherenkov), cet observatoire étonnant qui étudie les rayons gamma à haute énergie. Là encore, un nouveau miroir, de 50 mètres de diamètre, a poussé depuis la dernière fois. La science est plus que jamais en marche à l’Observatoire Astrophysique des Canaries.

Un dernier coup d’œil sur le point culminant de l’île, coiffé de multiples coupoles, et nous redescendons vers Santa Cruz. Même si la route est plus belle que ce matin, la centaine de virages aura raison du déjeuner de Philippe (ou seraient-ce les produits contre le mal des transports que lui a donné Odile ?). Après une courte pause à la villa, nous reprenons les voitures pour une dernière soirée au mirador del Llano del Jable. Nous y arrivons peu avant le coucher du Soleil, le ciel est parfaitement dégagé et la nuit s’annonce belle !

Les coupoles de SuperWASP

Le nouveau miroir du MAGIC

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Un dernier passage au miradorEn ce moment même, dans le Nord de la France, nous aurions pu nous retrouver avec quelques copains pour une staparty à Grévillers. L’on imagine que celle-ci a été délocalisée à La Palma... D’autant que d’autres curieux du ciel arrivent sur ‘‘notre’’ spot astronomique. En les interrogeant, nous apprenons qu’un rassemblement est prévu ce soir même, là où nous venons d’installer notre télescope de voyage. Il s’agit en fait d’une ‘‘prestation’’ astronomique avec une guide. Finalement, la troupe d’une quinzaine de curieux ne sera pas gênante et nous pourrons même échanger quelques mots avec la guide, et des touristes allemands… Le hasard des rencontres, c’est toujours sympathique !

Le crépuscule est remarquablement coloré… La lumière zodiacale s’allume à mesure que la nuit s’installe. Nous commençons les observations par NGC 1851, un bel amas globulaire dans la constellation de la Colombe (seule constellation issue des écrits bibliques précisera Michel le lendemain en farfouillant dans ses bouquins…). Avec ce dessin, chacun accroche une constellation supplémentaire à sa collection. Malheureusement, dès l’arrivée

de la nuit noire, des passages nuageux barrent le ciel par endroits, ne facilitant pas le pointage des objets. Au moment d’observer l’amas ouvert NGC 2451, très bas dans la constellation de la Poupe, un nuage se forme et reste accroché sur le sommet. Notre site d’observation est désormais noyé dans le brouillard et même l’éclatante Sirius peine a être aperçue à travers cette purée de pois.

Nous attendons presque une demi-heure mais la situation ne s’arrange guère. À regrets, nous replions le télescope et regagnons le gîte… Décidément, il aura fallu batailler contre cette foutue météo durant tout le séjour !

Miradores astronómicosPour valoriser son patrimoine astronomique et son ciel nocturne exceptionnel, l’administration de La Palma, via son office de tourisme, a installé en différents points de l’île des sites d’observation. Ces miradores astrononómicos sont des emplacements spécialement choisis pour inviter les touristes de passage à observer les étoiles. On les repère facilement avec un mat sur lequel est flanqué une flèche dirigée vers l’étoile Polaire (l’on se rend d’ailleurs bien compte que la latitude est plus basse que chez nous). En réalité, tous les sites ne sont pas parfaits pour l’observation astronomique, loin de là. Certains miradores se trouvent le long de la LP-1, la principale route palmera, en surplomb de Santa Cruz. D’autres en revanche, comme ceux del Llano del Jable ou celui del Llano de Las Ventas, offrent des points de vue intéressants, même si l’on ne retrouve pas la qualité extrême du sommet de l’île. On en trouve une quinzaine sur l’île. Voir ici : https://www.adastralapalma.com/miradores-astronomicos

Une rasade de banana sous les étoiles...

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La fin des vacancesOn s’approche tout doucement de la fin des vacances et cela se ressent dans la motivation des uns et des autres... Les réveils sont épars, certains – comme le mien – sont carrément tardifs. Grasse matinée au programme ! Ce samedi, c’est relâche. Deux courageux cependant, Michel et Jean-Pierre, se jettent dans la piscine. Pour les autres, c’est lecture ou glandouille... Après le déjeuner et la sieste, la fine équipe se regroupe et prend le chemin de Santa Cruz pour une dernière balade dans la ‘‘capitale’’. Trop habitués à nos habitudes de consommateurs acharnés, nous avions oublié que les boutiques ici ne sont pas ouvertes le samedi après-midi. Pour compenser cette déception immense, il faut bien una cerveza... La journée se poursuit dans un restaurant de Breña Alta, Las tres Chimeneas, trouvé par hasard (mais avec quelques difficultés). Pour ce dernier repas des vacances, nous avons quelque peu abusé du vino tinto et du vino blanco...

Nous rentrons au gîte et, comme le ciel est parfaitement dégagé, sortons le Strock dans la ruelle et attaquons une dernière session d’observations. Bien sûr, une bonne partie de l’horizon est cachée par les habitations proches et nous sommes en pleine ville, mais le SQM affiche malgré tout 20,90. Nous n’aurions pas ça en centre-ville de Lille ! Quelques observations et quelques dessins plus tard, les étoiles sont à nouveau cachées par les nuages qui se forment au-dessus de la mer et semblent remonter vers l’intérieur des terres... De toute façon, nous ne serions pas allés beaucoup plus loin. Au lit !

Philippe termine sa nuit au bord de la piscine

Un dernier resto arrosé de vins locaux

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Le dernier matin, chacun rassemble ses effets et s’affaire au rangement et au nettoyage du gîte que nous quittons à regrets en fin de matinée. Encore quelques lacets vers le littoral et les voitures de location sont déposées dans un parking sous l’aéroport. Commence alors une longue attente pour pouvoir enregistrer nos bagages et embarquer dans l’avion. Dans l’aérogare, nous retrouvons les copains de Magnitude 78 (sauf Serge qui poursuit ses vacances à Hierro) et faisons le bilan de cette semaine astronomique.

Le vol retour – avec une nouvelle longue escale à Madrid – se passe sans accroc. À Paris-Charles de Gaulle, une fois les bagages récupérés, nous disons au revoir aux copains franciliens. Un rapide crochet par Auvers-sur-Oise, chez Jean-Pierre et Françoise où nous avions laissé quelques affaires (dont ma voiture) et nous reprenons définitivement le chemin du Nord de la France. Philippe sera le dernier à rentrer chez lui, vers 3 heures du matin. Les vacances sont finies...

Une semaine sous les étoiles, mais pas que...Cette escapade astronomique - La Palma 2019 - n’aura pas été aussi étincelante que nous l’aurions souhaité ; la faute à une météo capricieuse qui n’aura pas laissé la possibilité de mener des observations à la hauteur de la réputation du ciel canarien. Il

aura souvent fallu jongler avec les nuages et parfois précipiter la réalisation des dessins. L’observation de l’amas globulaire ω Centauri restera néanmoins un moment exceptionnel, la plus belle vision du séjour à travers le télescope !

Un autre aspect à retenir et non des moindres : celui de l'excellente ambiance régnant dans l'équipe, ainsi que les belles rencontres avec les astronomes amateurs et professionnels sous les coupoles de l'IAC ; sans oublier les bons gueuletons et les bières fraîches savourés de-ci de-là au milieu de splendides et dépaysants paysages... Bref... Quand est-ce que l'on revient ici ?

En voir plus- La galerie de photos (près de 500) sur la page des albums du GAAC : http://astrogaac.fr/index.php?id=33- La visite virtuelle de l’observatoire du Roque de los Muchachos : http://astrogaac.fr/fileadmin/ressources/VR/La_palma.html

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Les valises sont prêtes

Longue escale à l’aéroport de Madrid... Derniers moments ensemble

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Quelques résultats astro

Ambiances nocturnes sur les miradores astrononomicos - Photos Simon LERICQUE

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La lumière zodiacale au-dessus de Los Llanos - Photo Simon LERICQUE

La Voie lactée d’hiver frôle l’étoile Sirius - Photo Simon LERICQUE

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Michel admire le ciel à Las Caletas - Simon LERICQUE

Quelques nuages se forment sur la côte et viennent menacer la constellation d’OrionPhoto Simon LERICQUE

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La Terre tourne aussi à La Palma - Photo Simon LERICQUE

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Le Strock pointé vers les étoilesPhoto Simon LERICQUE

La Voie lactée d’hiver dessinée par Philippe NONCKELYNCK

Canopus, la 2ème étoile la plus brillante du ciel, domine le paysage canarien - Dessin Philippe NONCKELYNCK

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L’étoile Canopus, un point brillant...

Dessin Jean-Pierre AUGER Dessin Simon LERICQUE

La galaxie du Sombrero au télescopeDessin Philippe NONCKELYNCK

La nébuleuse planétaire NGC 3242Dessin Philippe NONCKELYNCK

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Quelques dessins réalisés au télescope 200/1200 par Jean-Pierre AUGER

La nébuleuse M78 dans Orion L’amas ouvert M93 dans la Poupe

La galaxie du Sombrero M104 dans la Vierge L’amas globulaire NGC 1851 dans la Colombe

L’amas globulaire NGC 2298 dans la Poupe L’amas ouvert NGC 2477 dans la Poupe

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D’autres dessins réalisés par Jean-Pierre AUGER

À gauche, l’amas globulaire NGC 3201, dans la constellation des Voiles

en bas à gauche, la nébuleuse planétaire du fantôme de Jupiter NGC 3242 dans l’Hydre,

en bas à droite, les galaxies des Antennes NGC 4038 et NGC 4039 dans le Corbeau

La galaxie Centaurus A, NGC 5128Dessin de Simon LERICQUE

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Quelques dessins réalisés au télescope 200/1200 par Simon LERICQUE

La galaxie du Sombrero M104 dans la Vierge La galaxie M83 dans l’Hydre

L’amas globulaire NGC 1851 dans la Colombe L’amas globulaire NGC 2298 dans la Poupe

La nébuleuse du casque de Thor dans le Grand Chien L’amas ouvert NGC 2451 dans la Poupe

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L’amas ouvert NGC 2477 dans la Poupe La nébuleuse planétaire NGC 3242 dans l’Hydre

L’amas ouvert NGC 2818 et la nébuleuse planétaire NGC 2818B dans la Boussole

La galaxie NGC 2997 dans la Machine Pneumatique

La nébuleuse planétaire NGC 3132 dans les Voiles L’amas globulaire NGC 3201 dans les Voiles

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La nébuleuse du Crayon NGC 2736 dans la constellation des Voiles

Simon LERICQUE

L’amas globulaire Omega du Centaure NGC 5139 - Dessin Simon LERICQUE

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Quelques dessins au télescope Strock 200/1200 par Michel PRUVOST

L’amas globulaire Omega Centauri La galaxie Centaurus A

L’amas globulaire NGC 2298

La galaxie M83 La galaxie du Sombrero M104 L’amas globulaire NGC 1851

L’amas ouvert NGC 2218 et la nébuleuse planétaire NGC 2218A

L’amas globulaire NGC 3201

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Rayon vert au-dessus de l’Atlantique

Photo Simon LERICQUE

Halo solaire au-dessus de Tazacorte - Photo Simon LERICQUE

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Par Michel Pruvost

Histoires extraordinairesUn neutrino extragalactique

• • • • SCIENCES

Nous sommes le 22 septembre 2017, une journée comme toutes les autres pour Francis Halzen, physicien responsable du projet IceCube. Implanté en Antarctique, exactement au Pôle Sud, l’observatoire Ice Cube est utilisé pour la détection de neutrinos par effet Cherenkov. Achevé en décembre 2010, Ice Cube se compose de milliers de détecteurs disposés sur les faces d’un cube de glace d’un kilomètre de côté entre 1450 et 2450 mètres de profondeur.

Détecter des neutrinos n’est pas facile. Ces particules non chargées électriquement et de masse pratiquement nulle interagissent très peu avec la matière, ce qui les rend quasiment indétectables. Mais quasiment n’est pas totalement. Il arrive que des neutrinos réagissent avec des atomes contenus dans les molécules d’eau. La molécule frappée par le neutrino émet alors une particule chargée de type lepton (électron, muon ou tau). Ces particules peuvent alors, si elles ont suffisamment d’énergie, voyager à une vitesse supérieure à la vitesse de la lumière dans la glace (mais qui reste toutefois inférieure à c, la vitesse de la lumière dans le vide). Cela génère alors une onde de choc émettant une lueur bleutée, c’est l’effet Cherenkov et c’est ce qui va pouvoir être détecté.

Alors que des milliers de milliards de neutrinos traversent la Terre à chaque seconde, l’observatoire

IceCube, qui est le plus performant du monde, n’en captera que 75 par jour. Cette recherche est importante en astrophysique car elle permet de comprendre les phénomènes de grande énergie qui se cachent au cœur des étoiles et des supernovæ, la formation d’étoiles à neutron ou de trous noirs. Ice Cube peut aussi bien étudier l’intérieur du Soleil que les neutrinos émis lors des sursauts gamma à des millions d’années-lumière.

Mais revenons au 22 septembre 2017 où Francis Halzen reçoit un e-mail lui confirmant la détection d’un neutrino dans IceCube 43 secondes auparavant. Rien d’extraordinaire. Un neutrino, particule fantomatique s’il en est, vient d’interagir avec une molécule d’eau dans un kilomètre cube de glace situé à 1500 mètres de profondeur sous la surface de l’Antarctique. Non, vraiment rien d’extraordinaire.

L’observatoire détecteur de neutrinos IceCube

Le neutrino du 22 septembre détecté par plusieurs collecteurs

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• • • • SCIENCES

Comme pour toutes les autres, la détection de ce neutrino fait l’objet d’un message d’alerte envoyé à d’autres observatoires dans le monde et, quelques jours plus tard, Halzen et son équipe sont informés qu’il existe, dans la région de provenance du neutrino, une galaxie active. Jusqu’à ce jour de septembre, aucun neutrino n’a encore pu être associé à une source extra-galactique, aussi l’équipe de Francis Halzen se met immédiatement au travail. La probabilité de provenance du neutrino est calculée mais reste faible. ‘‘Rien de vraiment excitant’’ déclarera-t-il plus tard.

Mais, en recherchant dans les archives, les chercheurs découvrent que plus d’une dizaine de neutrinos en provenance de cette région ont été détectés entre la fin de 2014 et le début de 2015. Aussitôt, plusieurs autres observatoires dirigent leurs capteurs vers la galaxie soupçonnée d’être à l’origine du neutrino. Parmi ces observatoires, le MAGIC aux Canaries et le Fermi Gamma-ray Space Telescope, ainsi qu’une dizaine d’autres observatoires gamma, X et radiotélescopes dans le monde.

À la fin 2017, c’est l’effervescence dans les observatoires de hautes énergies. En juillet 2018, les résultats sont publiés dans la revue Science. Les neutrinos détectés proviennent bien de cette galaxie. C’est ce que les scientifiques nomment un blazar. Au centre, un trou noir supermassif crée deux jets perpendiculaires au plan de rotation de la galaxie et un de ces jets est dirigé vers la Terre, projetant une grosse quantité de rayonnements très énergétiques et de particules chargées, y compris des neutrinos pouvant être capturés par les détecteurs d’IceCube.

La collaboration d’observatoires dédiés aux rayonnements gamma, aux rayons cosmiques, aux rayons X, d’observatoires spatiaux et de radiotélescopes au sol a permis de confirmer les sursauts d’émissions de hautes énergies de cette lointaine galaxie et de connecter l’observation de neutrinos avec ces émissions. La dizaine d’observatoires impliqués et les centaines de chercheurs qui ont analysé ces données ont permis de confirmer, pour la première fois, qu’un neutrino

détecté provenait d’une source très lointaine accélérant quasiment jusqu’à la vitesse de la lumière les plus énergétiques des particules émises par un trou noir.Sans la collaboration des observatoires, ‘‘ç’aurait été juste un neutrino de plus’’ dit Francis Halzen.

Le 22 septembre 2017, un neutrino émis il y a plus de 4 milliards d’années dans une lointaine galaxie à plus de 4 milliards d’années lumière de la Terre a frappé une molécule dans un kilomètre cube de glace, à plus de 1500 mètres de profondeur sous la surface perpétuellement gelée de l’Antarctique et il nous a raconté son histoire.

TXS 0506+056 est une galaxie à quatre milliards d’années-lumière découverte en 1983 dans la constellation d’Orion

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Par Jean-Pierre Auger

• • • • HISTOIRE

À la recherche de la planète Vulcain

Dans la série télévisée Star Trek des années soixante, Vulcain est la planète d’où vient Monsieur Spock. Son réalisateur Gene Roddenberry l’avait située près de l’étoile triple Keid dans la constellation de l’Éridan. C’est donc, par analogie, le nom qui a été donné en octobre 2018 par le docteur Angelle Tanner et ses collègues du Caltech à une exo-terre découverte près de Keid, avec le télescope de 1,30 mètre de l’observatoire du Mont Lemmon, en Arizona.

Si, aujourd’hui, la planète Vulcain n’est plus un mystère pour nous, il n’en a pas été toujours de même. La trajectoire d’une planète autour du Soleil devrait être selon les lois de Newton une ellipse parfaite. Son point de périhélie (la position la plus proche du Soleil) devrait être invariable et toujours être le même pour chacune de ses révolutions. Or, pour la planète Mercure, les mesures effectuées par les astronomes du XIXème siècle montraient qu’il n’en était rien et que ce petit point avançait de 43 secondes d’arc par siècle par rapport à la position calculée. Ainsi, petit à petit, ce décalage s’accumulait autour du Soleil. Cet effet est appelé la précession du périhélie. Les valeurs mesurées, bien qu’extrêmement petites, étaient suffisantes pour qu’elles soient une énigme pour nos scientifiques. Cette perturbation du mouvement elliptique de chaque planète a pour cause divers facteurs : l’attraction des autres planètes tournant autour du Soleil, la masse du Soleil ou le mouvement de rotation de la planète sur son axe...

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• • • • HISTOIRE

En septembre 1846, l’astronome Urbain Le Verrier (1811-1877), en étudiant les irrégularités de l’orbite d’Uranus, avait prédit, à l’aide de difficiles et complexes calculs, l’existence de la planète Neptune (un chapitre sur les calculs d’Urbain Le Verrier se trouve dans le Traité de mécanique céleste de François-Félix Tisserand consultable sur le site Internet BNF/Gallica.). Cette planète fut trouvée et observée visuellement sur ses indications par son collègue allemand Johann Gottfried Galle, le 25 septembre à l’observatoire de Berlin. Cette découverte démontrait l’exactitude des calculs effectués par le scientifique et leur suprématie sur l’observation directe.

Dix ans plus tard, en étudiant les irrégularités de l’orbite de Mercure, Le Verrier échafauda l’hypothèse que la cause en était la présence d’une planète invisible à l’observation visuelle entre le Soleil et Mercure, voire d’un ensemble d’astéroïdes de masse comparable. Cette hypothèse restait parfaitement plausible si la planète se trouvait derrière le Soleil et orbitait en synchronisme avec notre Terre. La luminosité de la lumière du Soleil pouvait parfaitement en occulter la vision, sauf lors des éclipses.

Le 28 mars 1859, l’astronome amateur Edmond Modeste Lescarbault, qui était médecin à Orgères (une commune d’Ille-et-Vilaine), écrit à Le Verrier qu’il a observé deux jours avant une tache noire qui passait devant le Soleil et qui pourrait être le transit d’une hypothétique planète. Le docteur Lescarbault reçut d’ailleurs la légion d’honneur pour cette découverte. Lorsque son ami Camille Flammarion fonda la Société Astronomique de France, il en fut le douzième (ou le dix-septième) adhérent.

À partir des données récoltées par ce médecin, Le Verrier calcula la position que cette planète devrait avoir pour justifier l’anomalie de la précession de Mercure. Il trouva que son orbite se situait très près du Soleil, entre Mercure et notre étoile, à 0,1427 Unité Astronomique (pour rappel, une Unité Astronomique est la distance moyenne séparant la Terre du Soleil). Comme près du Soleil, il se doit de faire très chaud, il nomma cette hypothétique planète Vulcain, nom venant du dieu romain du feu, assimilé à Héphaïstos, le forgeron des dieux chez les Grecs.

Selon ses calculs, la révolution de Vulcain autour du Soleil devait être de 19 jours et 7 heures. Elle devait avoir 2000 kilomètres de diamètre et sa masse devait être le 1/17ème de celle de Mercure. Le 2 janvier 1860,

Lettre de Galle à Le Verrier, datée du 25 septembre 1846, l’informant de la découverte de Neptune à l’endroit qu’il lui avait indiqué.

L’observatoire du docteur Lescarbault

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• • • • HISTOIRE

il en présente à l’Académie des Sciences la possible existence. Pour parachever son hypothèse, Urbain Le Verrier annonce que la nouvelle planète devrait passer devant le Soleil le 29 mars et le 7 avril 1860… Or, ces jours-là rien ne se produisit ! Cela n’altérera en rien les recherches concernant cet astre. Même après la mort de Le Verrier et pendant près d’un demi-siècle, les astronomes tenteront de l’observer. Leurs recherches furent toujours infructueuses. Vulcain restait introuvable.

Il fallut attendre 1916 pour que la solution de l’énigme de la précession de Mercure soit enfin trouvée. Quelle meilleure preuve Albert Einstein pouvait-il apporter à ses collègues que la justification de l’énigme de l’avance du périhélie de Mercure se trouvait dans l’application de ses idées sur la déformation de l’espace-temps ? Il avait déjà essayé d’en apporter la preuve mathématique en 1913, mais avait dû abandonner devant les résultats aberrants donnés par ses calculs.

En 1915, Albert Einstein peaufine et publie cependant sa théorie de la relativité générale. Une théorie largement contestée par le monde scientifique. En 1916, il recommence ses calculs sur le périhélie de Mercure, mais en y incluant le tenseur métrique proposé par son ami le mathématicien Grossmann en 1913,

mais qu’il avait négligé. Il trouve alors la valeur exacte de la précession. Sa théorie est démontrée. Les anomalies constatées trouvent bien leur réponse dans l’application de la relativité générale. Le monde scientifique est alors obligé de s’incliner. Mais les partisans de l’existence de Vulcain ne désarment pas…

La mise à mort de leurs idées sera portée en 1923 par les astronomes américains Campbell et Trumpler qui démontrèrent qu’aucun astre de plus de 20 kilomètres de diamètre ne pouvait se trouver entre le Soleil et Mercure. Le coup de grâce sera donné en 1973 par les observations effectuées dans des conditions optimum avec les instruments de la station spatiale Skylab qui démontrèrent que la présence de la planète Vulcain ou d’un disque de débris rocheux était une vue de l’esprit.

Représentation du Système solaire mentionnant l’orbite de la planète Vulcain. Crédit document : E. Jones et G.W. Newman — Library of Congress.

Carte des étoiles voisines du Soleil pendant la totalité, indiquant les déplacements observés et les déplacements calculés d’après la théorie d’Einstein.

Source : L’Astronomie (1919)

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• • • • CULTURE

L’astronomie et les mangasPar Yann Picco

Pendant oriental de nos bandes dessinées, ce que nous appelons les mangas sont une industrie voire une institution inébranlable de la culture nippone. Bien entendu l’astronomie fait partie intégrante de cette culture, de par des sujets évocateurs et de par des thèmes pouvant être exploités. L’espace offre une infinité de possibilités scénaristiques…

L’espace, un lieu d’exploration et d’aventuresDans cette première partie, l’espace en tant que lieu est abordé. Stations spatiales, planètes, vaisseaux, bon nombre de mangas reprennent les canons de la SF en utilisant l’immensité de l’espace et la diversité des lieux comme trame de fond à l’intrigue. L’aspect scientifique n’est que peu ou pas abordé et n’est pas un élément primordial de l’intrigue.

Un premier thème dans les mangas est la transposition d’une histoire bien terre à terre (far west, piraterie) au domaine spatial. Dès lors, planètes et stations spatiales remplacent villes et bourgades tandis que des vaisseaux spatiaux suppléent bateaux et chevaux. Dans les années 80-90 au club Dorothée, sur la 5 ou dans récréA2 nous

avons découvert un certain nombre de ‘‘dessins animés’’ venant du soleil levant reprenant principalement les thèmes des la piraterie et du far west. Les deux mangas phares de cette époque sont Cobra et Albator.

CobraCobra est une oeuvre de Buichi Terasawa publié sous forme de manga entre 1978 et 1984. Il est composé de 18 tomes. Vient ensuite un film d’animation (OAV - original animation video) réalisé en 1982 et un anime créé la même année. Diffusée sur sur nos écrans en 1985 par la nouvelle chaîne Canal +, l’anime comporte 31 épisodes de

24 minutes. En 2010, une deuxième adaptation en 13 épisodes de 26 minutes est diffusée. Cobra raconte l’histoire de Johnson, qui lors d’une séance de rêve artificiel (largement inspirée de Souvenirs à vendre de Philip K. Dick) retrouve la mémoire. Johnson est Cobra, un aventurier et accessoirement pirate de l’espace qui cache dans son bras gauche une arme redoutable. Il décide de reprendre ses aventures avec le soutien d’Armanoïde, androïde féminin complice de toujours du pirate. Toujours à la recherche de richesses et de belles filles, il arpente la galaxie avec son vaisseau spatial et lutte contre des anciens ennemis pirates de l’espace et leur chefs successifs, l’homme de verre et Slamandar. L’auteur du manga était un fan de Jean-Paul Belmondo, de ce fait on retrouve largement les traits et le caractère cabotin des films de l’acteur retranscrit dans le personnage de Cobra. Le thème de l’aventurier un peu borderline est ici reprit et transcrit dans l’espace.

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• • • • CULTURE

AlbatorVéritable franchise créée par Leiji Matsumoto, Albator est un univers complet regroupant les mangas Gun Frontier (publié à partir de 1972), Galaxy Express 999 (1977), Capitaine Albator (1977), Queen Emeraldas (1977) et l’Anneau des nibelungen (1989), ainsi que leurs adaptations en anime associées. Les plus connues étant Albator 78 et Albator 84, les deux séries cumulent au total 64 épisodes de 24 minutes (42 pour Albator 78 et 22 pour Albator 84). Plusieurs OAV et un film en images de synthèse sont sortis ultérieurement. La série narre les aventures du corsaire Albator (captain Harlock en version originale) et de son équipage, luttant contre le mal dans un monde asservi et amorphe. Il lutte contre les Sylvrides, redoutables femme-plantes dont l’ambition est de

conquérir la Terre. Dans cette série, l’action se déroule dans plusieurs lieux comme Mars, Vénus, la Terre, des trous noirs. La richesse de cette série est telle qu’il lui faudrait un article entièrement dédié pour expliquer l’ensemble de son univers. Le groupe français Daft Punk s’est associé a Leiji Matsumoto pour créer un film d’animation illustrant les chansons de l’album Discovery (2001), le film complet sort en 2003 et le design des personnages ressemble très fortement à celui de l’univers d’Albator.

Cowboy BebopCowboy Bebop, transpose quant à elle le thème du far west à l’espace. L’anime est sorti en 1998, il est réalisé par Shin’ichirō Watanabe et scénarisé par Keiko Nobumoto. Il comprend 26 épisodes d’une vingtaine de minutes. Cowboy Bebop raconte l’histoire de Spike et Jet, des chasseurs de primes vivant à bord du vaisseau spatial Bebop et traquant des criminels sur lesquels sont placés une mise à prix. L’univers de Cowboy Bebop est assez sombre, le postulat de départ étant que la Terre est détruite suite à l’explosion d’une porte permettant le voyage en hyperespace. Le reste de l’humanité vit, soit enterré sur la Terre, soit éparpillé aux quatre coins du Système solaire, sur des satellites naturels ou sur la planète Mars. Face à l’anarchie naissante, le système de prime est rétabli.

La série est un véritable bijou d’animation et l’action se déroule sur diverses planètes (Vénus, Mars, Jupiter ou stations spatiales), le tout accompagné d’une bande son jazz écrite par

Yoko Kano. Un manga est sorti en 1999 et comporte trois tomes.

Ulysse 31 et Jayce et les conquérants de la lumièreDurant les années 80, une collaboration se créée entre un producteur français, Jean Chalopin, et un dessinateur japonais, Shōji Kawamori. Il en naît Ulysse 31 diffusée à partir de 1981. Uniquement en anime, cette série est à part (avec Jayce et les conquérants de la lumière) car elle n’est pas à proprement parler un manga mais s’y rapproche très fortement par bien des aspects et par le savant mélange des différentes techniques d’animations lui donnant un aspect visuel plus proche des dessins nippons que du graphisme occidental. La série composée de 26 épisodes de 26 minutes transpose au XXXIème siècle les aventures d’Ulysse, dépeint dans l’Odyssée d’Homère. Chaque péripétie se déroule sur une planète

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• • • • TECHNIQUE

différente, le navire étant remplacé par le vaisseau spatial l’Odysseus. Et puis surtout, comment ne pas oublier Nono le petit robot et le générique (‘‘Uuuuulysse Reviennnnnt !’’) qui à eux seuls valent la peine de voir ou de revoir ce dessin animé culte.

Une autre création de Jean Chalopin est Jayce et les conquérants de la lumière. Réalisée plus tard et toujours avec le soutien des Japonnais, la série comporte 65 épisodes de 20 minutes. L’anime raconte les pérégrinations de Jayce et de ses acolytes (les conquérants de la lumière) luttant contre les monstroplantes tout en essayant de retrouver le père de Jayce. L’origine de cette série est purement marketing car il s’agit d’une commande de Mattel visant à promouvoir des jouets déjà sortis (Wheeled Warrior). Elle connait un grand succès en Europe, mais moins aux États-Unis, ce qui n’entraîne pas la production d’une seconde saison, laissant les aventures de Jayce inachevées.

GummnPublié en 1990, il s’agit d’un des mangas les plus connus dans le monde occidental (avec le cultissime Akira). Le manga raconte les aventures de Gally, humaine entièrement cybernétique, découverte dans la décharge de Zalem par Udo, un médecin spécialiste dans la réparation de cyborg et accessoirement chasseur de prime la nuit. Zalem est une gigantesque cité volante au-dessus de Kusurestu (la décharge), patrie d’une élite intouchable et de Destiny Nova, scientifique totalement fou étudiant de Karma. L’accès à Zalem est l’objectif de bon nombre

Un peu de vocabulaireMecha : désigne un robot de taille variable, généralement de forme humanoïde pouvant se transformer ou non en autre chose (avion, vaisseau, etc.). Glodorak, les évangelions (EVA 00, EVA 01 etc) ou les gundams sont représentatifs du genre.

Mangaka : le dessinateur et ou scénariste principal, il faut le voir comme le réalisateur ayant toute une équipe de dessinateurs sous ses ordres.

Seyu : les doubleurs des animes. Dans l’industrie du manga, ce sont de véritables stars, aussi connues que des acteurs.

OAV : Original Animation Video, il s’agit d’un format vidéo destiné à une diffusion cinéma ou direct-to-vidéo, généralement d’une durée équivalente à un film. La vidéo reprend, soit une histoire originale avec les personnages du manga, soit un format plus adapté à une diffusion cinéma (en condensant les épisodes en un seul film).

• • • • CULTURE

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d’habitants de la décharge, et nous découvrons tout au long des aventures de Gally, l’histoire de cette cité, qui est le point bas de l’unique ascenseur orbital rescapé d’une guerre entre la Terre et les colonies martiennes.

Suite à des problèmes de santé, le mangaka Yukito Kishiro à écourté l’histoire de Gunmm en ‘‘bâclant la fin’’ selon ses dires. Sa santé s’améliorant, il a décidé de reprendre le manga en ‘‘occultant’’ les deux derniers tomes pour sortir Gunmm Last Order suite et fin de l’aventure de Gally. Gunmm Last Order est plutôt axé shōnen, tandis que la première série était un pur seinen. Des séquences dans l’espace, la vie sur Jéru (l’autre pendant de Zalem mais dans l’espace) sont foison dans la seconde partie de ce manga futuriste.

À noter qu’une adaptation du manga est en cours par James Cameron, fan de l’oeuvre. Le premier film (Alita : Battle Angel) réalisé par Roberto Rodriguez est sorti en février 2019 et reprend la trame des OAV diffusés en 1993 et reprenant l’intrigue des deux premiers tomes.

Gunnm est une transition toute trouvée vers le deuxième thème qui, toujours dans la thématique de lieu, pose cette fois-ci les bases d’une histoire originale tout en n’approfondissant pas les aspects scientifiques et les contraintes liées à l’espace. Les mangas contenant des mechas sont privilégiés dans cette partie.

MacrossLe manga Macross est plus connu sous sa version américaine, nommée Robotech. Il est du type shōnen et contient des mechas (des robots à forme humanoïdes se transformant en avions). La saga est véritablement un best seller qui dure depuis 1975 et dont de nouvelles séries sortent encore. Elle raconte les aventures d’êtres humains coincés dans un vaisseau spatial gigantesque découvert sur Terre et dont le premier saut dans l’espace a échoué. Ils se retrouvent perdus dans l’espace à affronter deux espèces humanoïdes (une composée uniquement de mâles, et une composée uniquement de femelles), tout en cherchant à rentrer chez eux. Le manga fait la part belle à l’exploration spatiale (forcée) et à la découverte de l’inconnu.

Les suites de ce manga reprennent les divers jalons posés par la série initiale tout en étendant l’univers de la franchise. Ainsi, Macross 7 dépeint la vie dans de gigantesques vaisseaux permettant à l’humanité d’émigrer vers d’autres planètes et le centre de la galaxie tout en luttant contre une race extra-terrestre. Macross Frontier montre plutôt la vie sur des colonies situées sur des planètes habitables… Tout en luttant contre une nouvelle race extra-terrestre. Macross Delta continue dans cette veine…

Les différents types de mangaLes mangas se répartissent en trois principaux médias de diffusion. Le manga à proprement parler, est le support papier. Décliné sous deux modes de publications. Pour des premières publications, il paraît sous forme de chapitres hebdomadaires ou mensuels dans des revues spécialisées. Souvent, si le manga est bien reçu, ou fait partie d’une franchise, il fait alors l’objet d’une publication sous forme de tome regroupant les chapitres publiés précédemment.

L’anime est le dessin animé, publié sous forme d’épisodes d’une longueur comprise entre 20 et 25 minutes en général, il fait souvent suite à une publication manga réussie. Le nombre d’épisodes est de 12 à 24 épisodes, voire 50 épisodes pour des séries phares.

Le visual novel, hybride entre roman et bande dessinée, est un support contient du texte écrit et des illustrations.

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GundamLe manga date de 1979, il intègre des éléments technologiques plausibles. Le manga raconte la guerre entre la Terre et des colonies situées aux points de Lagrange. Ces colonies ont la forme de cylindres de O’Neil. Cette série marque l’avènement d’un nouveau genre ou le mécha (les Gundam) ne sont pas des robots surpuissants mais uniquement des armes mises entre les mains d’un pilote. L’autre aspect marquant de la série vient du fait que la narration se place du point de vue du simple soldat et prend en compte l’aspect politique de l’action tout en évitant une vision manichéenne de la situation, plaçant de ce fait la série dans un univers cohérent et qui se veut réaliste dans un futur plus ou moins lointain.

L’astronomie (à petite dose) est intégrée en modélisant par exemple une catapulte orbitale, la rentrée atmosphérique des Gundam, l’attraction de la Terre, en impliquant des vaisseaux spatiaux spécialisés (seuls peu d’entre eux peuvent aller dans l’espace depuis la Terre). Au total, plus de 30 séries (animés ou mangas) réparties sur plus de 40 ans font de Gundam une des ‘‘franchises’’ les plus rentables de l’animation avec plus de 465 millions d’euros de revenus par an ! Les plus notables sont les séries Mobile Suit Gundam (la série initiale), Gundam Wing, Gundam Seed et Gundam Seed Destiny.

Ultime clin d’œil : Goldorak de Go Nakai, sorti en 1975. Même si l’action se déroule sur terre, les méchants viennent de l’espace. Autre particularité du manga, tous les alliés d’Arctarus ont des noms d’étoiles.

Une vision plus réaliste de l’espaceTerra Formas

D’autres mangas se veulent plus réalistes dans la représentation de l’espace, tout en maintenant l’univers qu’ils souhaitent instaurer. Terra Formars en fait partie. Manga seinen publié depuis 2011, sanglant et particulièrement original. Il raconte la tentative de terraformation de Mars à l’aide d’une algue spéciale et de cafards, elle devient ainsi verte et non rouge. Mais l’évolution en a décidé autrement, et lorsque la première équipe d’humains – génétiquement modifiés pour résister à la faible atmosphère et à la quasi-absence d’oxygène – arrive sur Mars pour éradiquer les cafards restants, celle-ci se fait décimer par des monstres de deux

mètres de haut et dotés d’une force herculéenne. Une seconde équipe entraînée est de nouveau envoyée sur Mars pour cette fois-ci éradiquer les cafards et reconquérir la planète.

La série se décline en un manga en cours de rédaction avec 22 tomes publiés pour l’instant, deux OAV, une série anime de 13 épisodes et un film live avec des vrais acteurs réalisé par Takashi Miike. Il montre un aspect intéressant d’une future terraformation de Mars, tout en abordant le sujet sous une forme de pure science-fiction. Le cadre initial étant de pouvoir ‘‘optimiser l’humain’’ pour pouvoir survivre à l’atmosphère de Mars en cours de transformation. TerraFormars prends en compte la gestion des préparatifs du voyage et le temps nécessaire pour atteindre la planète rouge. Le délai de voyage est aussi une partie intégrante du scénario, puisque nos héros devrons survivre le temps nécessaire pour que les renforts arrivent.

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Knights of sidoniaKnights of sidonia est dans la même veine. Personnellement l’un de mes préférés, il est dessiné par Tsutomu Nihei (auteur également de Blame ! et de Bioméga) et paru en 2009. Il se compose de 15 tomes en version papier et de 24 épisodes de 25 minutes en anime. Outre les aventures de Nagate Tanikaze au sein d’une escouade de mechas, Knights of Sidonia relate la guerre contre les Gaunas, des extra-terrestres ayant détruit le Système solaire il y a 1000 ans. Sidonia est l’un des grands vaisseaux humains rescapés – personne ne sait s’il en existe d’autres – et erre dans l’espace à la recherche d’une planète habitable ou les restes de l’humanité pourront s’installer tout en combattant les extra-terrestres.

Le manga aborde des thèmes intéressants sur l’exploration spatiale. Comment survivre dans un vaisseau ancien, sans avoir forcément un espoir de trouver un nouveau chez soi ? Comment gérer une population restreinte et la nourriture associée ? Le transhumanisme est aussi abordé dans cette optique, Nihei imagine ainsi un troisième sexe, une possibilité de photosynthèse pour les humains, moyennant une manipulation génétique

et le clonage en masse. Il aborde également le thème de l’humanité et jusqu’à quel niveau l’on est considéré comme un humain avec le montage d’une opération de secours pour un cyborg et les interrogations que cela implique (doit on mettre en danger des humains pour un robot ?). Des pages bonus à la fin des chapitres décortiquent la structure du vaisseau apportant un peu plus de ‘‘réalisme’’ à l’ensemble.

L’anime, d’un design particulièrement soigné, offre de bons moments d’actions avec par exemple un combat d’anthologie entre Bénisuzume (un Gauna humanoïde) et Tsumugi (une chimère humain/Gauna) aidé de Tanikazé qui est probablement un des meilleurs que j’ai eu l’occasion d’apprécier.

À chaque public son mangaLes mangas sont des bandes dessinées possédant des codes et des structures bien définies. Pour les jeunes hommes, les ‘‘ados’’, le manga shōnen, est un récit initiatique où les héros, de préférence des jeunes hommes de 12 à 16 ans, se découvrent des pouvoirs et apprennent à les maîtriser. Dans cette catégorie se classent également les mangas de sport, ou des mangas parlant de la vie scolaire.

Pour les jeunes filles de la même tranche d’age, le manga shojo est plus centré sur des histoires amoureuses. Il existe un un sous-genre traitant des relations sentimentales homosexuelles baptisé yaoi ou yuri.

Le manga seinen est destiné à un public plus âgé : ce sont généralement des récits dont les scénarios sont plus adultes (attention toutefois, ces mangas peuvent contenir des images choquantes, de nudité ou d’horreur). Il ne faut pas confondre avec des mangas érotiques, ou plus... nommés hentail ou ecchi).

Pourquoi les yeux sont ils si grands ? La culture Japonaise étant tout en retenue, les expressions faciales et principalement les yeux sont des vecteurs d’émotions, d’où l’accentuation des yeux surtout dans le cadre des mangas shojo

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2001 Nights2001 Nights est quant à lui un hommage à Kubrick. Publié en 1985, le manga est dessiné par Yukinobu Hoshino. Vibrant hommage à 2001, l’Odyssée de l’espace de Kubrick, le manga tente au travers de 19 histoires différentes de construire une suite à l’univers défini dans le chef d’œuvre de 1968. L’humanité a réussi à survivre à une guerre nucléaire et découvre une météorite contenant des ressources jusqu’alors inconnues. Peu à peu, l’humanité quitte le Système solaire. Reprenant les bases du film, Hoshino peint un futur hommage aux films et à la hard science-fiction initiée depuis les années 60 et dont le film 2001, l’Odyssée de l’espace est une œuvre majeure. L’histoire se veut réaliste (par rapport à l’époque de création de l’œuvre) et n’est pas en contradiction avec les technologies contemporaines.

La dernière partie est plutôt le manga réaliste, se déroulant généralement dans un futur très proche mais essayant de garder une réalité et une cohérence scientifique.

Moonlight mileManga seinen de Yasuo Ōtagaki sorti en 2000, il contient à l’heure actuelle 23 volumes et il est toujours en cours de parution. Un anime est diffusé en 2007 et comporte deux saisons de 12 et 14 épisodes de 25 minutes. En 2013, de l’Hélium 3 est découvert sur la Lune, relançant la course vers notre satellite en vue d’obtenir cette ressource. Deux amis, Gorô Saruwatari et Jack F. Woodbridge, souhaitent aller sur la Lune. Chacun prend un chemin différent pour arriver à ses fin. Gôro devient un technicien spécialisé tandis que Jack s’engage dans l’armée ; l’un comme l’autre ont comme objectif d’aller toujours plus haut avec la Lune en point de mire. Ce manga offre une vision plus réaliste de la conquête de l’espace et de la Lune, l’hostilité de l’espace et les difficultés de s’y déplacer sont bien représentés, tandis que l’approche de la technologie – bien que dans un futur proche – aborde un aspect plus réaliste que bon nombre de séries (Gundam ou Macross par exemple).

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PlanètesLe manga écrit par Makoto Yukimura en 2001 est composé de quatre tomes. Un anime de 26 épisodes de 25 minutes est sorti en 2003. L’histoire de Planètes se déroule en 2075, période ou les voyages spatiaux sont courant. Toutefois, la conquête de l’espace a laissé des traces et des employés ‘‘astronautes’’ sont chargés de nettoyer l’environnement proche de la Terre des débris laissés par les différentes fusées pour sécuriser les voyages et éviter le syndrome de Kessler. Hoshino, employé comme récupérateur spatial est chargé de former Aï, nouvelle arrivante à ce métier peu flatteur et sous payé. Ce manga est un must have à lire ou regarder d’urgence. Les personnages sont fouillés et les problèmes de la vie dans l’espace sont abordés de manière réaliste

ConclusionLe thème de l’astronomie n’est qu’une infime partie de ceux abordés dans les mangas, vaste univers ou chacun peut trouver le style qui lui plaît. Hollywood commence à s’y intéresser en adaptant des histoires originales comme Edge of Tomorrow avec Tom Cruise issu du manga All you need is Kill ou encore l’adaptation par Robert Rodriguez (sous la houlette de James Cameron) du manga Gunnm. Chaque histoire est abordée suivant un angle qui lui est propre, allant de la pure fiction à l’ultra réaliste et aux problèmes de société actuelle. Cet immense réservoir d’histoires ne demande qu’à être parcouru au grand bonheur des lecteurs.

• • • • CULTURE

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La galerie

57......................................................................................... Belle partielle

60.................................................................................Souvenirs des NAT

66..................................................................................... Un peu de Soleil

69...........................................................................Festival de noctiluques

78....................................................................................La petite dernière

Sommaire

Les Nuits Astronomiques de Touraine 2019 furent un grand cru... Avec un ciel dégagé chaque nuit, il a été possible d’admirer la Voie lactée et de capter au fond des rétines nombre de photons venus parfois de très... très loin !

Cette année, les nuages noctulescents ont été particulièrement visibles depuis le Nord de la France... La soirée du 21 juin 2019 restera d’ailleurs dans les annales avec une apparition remarquablement brillante et complexe.

Le 16 juillet dernier, la Lune passait dans l’ombre de la Terre. Cette éclipse, partielle mais assez marquée, a pu être observée et photographiée malgré des conditions météorologiques difficiles. Un beau souvenir.

Sa surface s’est montrée plutôt calme ces dernières années. Néanmoins, l’astre du jour n’en reste pas moins une cible de choix pour les astrophotographes. Dans toutes les longueurs d’ondes, le Soleil s’avère souvent spectaculaire.

• • • • LA GALERIE

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• • • • LA GALERIE

Belle partielle

Chapelet d’éclipse - Canon EOS 7D et lunette Orion 80ED16 juillet 2019 - Guémappe (62) - Simon LERICQUE

Un avion devant l’éclipse

Canon EOS 70D et objectif Sigma 150-60016 juillet 2019 - Templeuve en Pévèle (59)

Olivier DERACHE

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• • • • LA GALERIE

La Lune éclipsée et le moulin de Vertain - Canon EOS 70D et objectif Canon 18-13516 juillet 2019 - Templeuve en Pévèle (59) - Olivier DERACHE

Près du maximum de l’éclipse - Canon EOS 7D et lunette Orion 80ED16 juillet 2019 - Guémappe (62) - Simon LERICQUE

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• • • • LA GALERIE

L’éclipse en HDR - Canon EOS 7D et lunette Orion 80ED16 juillet 2019 - Guémappe (62) - Simon LERICQUE

Canon EOS 7D et lunette Orion 80ED16 juillet 2019 - Guémappe (62) - Simon LERICQUE

La Lune, peu après son lever La surface plongée dans l’ombre apparait

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• • • • LA GALERIE

Souvenirs des NAT

L’observatoire de Tauxigny sous la Voie lactée... En peinture...Juin 2019 - Tauxigny (37) - Myriam FAYOLLE

L’observatoire de Tauxigny sous la Voie lactée... En photo...31 mai 2019 - Tauxigny (37) - Simon LERICQUE

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• • • • LA GALERIE

Ambiances nocturnes sous le ciel de Touraine - Canon EOS 7D et objectif Tokina 11-1629, 30 et 31 mai 2019 - Tauxigny (37) - Simon LERICQUE

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• • • • LA GALERIE

Diverses images d’objets du ciel profond - Camera ZWO Asi294mcpro et télescope RC 10’’29, 30, 31 mai et 1er juin 2019 - Tauxigny (37) - Gervais VANHELLE et Sébastien GOZE

Le grand amas globulaire d’Hercule M13 La nébuleuse planétaire Dumbbell M27

La nébuleuse planétaire du Hibou M97La nébuleuse planétaire de la Lyre M57

La galaxie M101 Les environs de la galaxie NGC 3718

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• • • • LA GALERIE

Dessin de l’amas globulaire NGC 6712 et de la nébuleuse planétaire IC 1295 - Oculaire Ethos 13 et Dobson 400/1800 - 31 mai 2019 - Tauxigny (37) - Simon LERICQUE

La supernova SN2019ein dans NGC 5353

Oculaire Ethos 13 et Dobson 400/1800 - 28 mai 2019

Tauxigny (37)

Simon LERICQUE

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Le quasar Q1634+706 à 8.6 milliards d’années-lumière - Oculaire Ethos 13 et Dobson 400/180030 mai 2019 - Tauxigny (37) - Simon LERICQUE

La nébuleuse NGC 7538 - Oculaire Ethos 13 et Dobson 400/1800

30 mai 2019 - Tauxigny (37) - Simon LERICQUE

Les galaxies NGC 4747, 4725 et 4712 - Oculaire Ethos 13 et Dobson 400/1800

30 mai 2019 - Tauxigny (37) - Simon LERICQUE

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L’amas ouvert NGC 7142 et la nébuleuse NGC 7129

Oculaire Ethos 21 et Dobson 400/1800

28 mai 2019 - Tauxigny (37)

Simon LERICQUE

L’astérisme du 5 inversé - Oculaire Ethos 21 et Dobson 400/1800

28 mai 2019 - Tauxigny (37) - Simon LERICQUE

L’astérisme Ferrero 27 - Oculaire Ethos 13 et Dobson 400/1800

28 mai 2019 - Tauxigny (37) - Simon LERICQUE

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Petites taches solaires en Ha - Caméra ASI 290, filtre Quark Ha et lunette 80/450 23 avril et 7 mai 2018 - Pérenchies (59) - Mikaël DE KETELAERE

Un peu de Soleil

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Un Soleil calme en CaK - Caméra ASI 290 et lunette Lunt 60 B1200 CaK4 août 2018 - Courrières (62) - Mikaël DE KETELAERE

Protubérances en Ha - Caméra ASI 290, filtre Quark Ha et lunette 80/4503 septembre 2018 - Pérenchies (59) - Mikaël DE KETELAERE

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Le Soleil se couche derrière le beffroi d’Arras - Canon EOS 7D et lunette Orion 80ED16 juillet 2019 - Guémappe (62) - Simon LERICQUE

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Depuis le port de Dunkerque - Canon 6D et objectif 24 mm12 juin 2019 - Dunkerque (59) - Philippe SENICOURT

Au-dessus des toits - Canon EOS 6D et objectif 70-20019 juin 2019 - Pérenchies (59) - Mikaël DE KETELAERE

Festival de noctiluques

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Noctiluques au moulin de VertainEn haut, Canon EOS 50D et objectif Tamron 17-50 par Damien DEVIGNE

En bas, Canon EOS 600 D et objectif Canon 70-200 par Laurie PEYROCHE22 juin 2019 - Templeuve-en-Pévèle (59)

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Autoportrait et noctiluques - Canon EOS 7D et objectif Tokina 11-1616 juin 2019 - Guémappe (62) - Simon LERICQUE

Noctiluques à l’horizon - Canon EOS 7D et objectif Tokina 11-1618 juin 2019 - Guémappe (62) - Simon LERICQUE

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La croix du Heninel-Croisilles Road Cemetery - Canon EOS 7D et téléobjectif 75-300 22 juin 2019 - Héninel (62) - Simon LERICQUE

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Aux alentours du Heninel-Croisilles Road Cemetery - Canon 7D et objectif 22 juin 2019 - Héninel (62) - Simon LERICQUE

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Vues rapprochées sur les vagues - Canon EOS 7D et téléobjectif 75-300 18 juin 2019 - Guémappe (62) - Simon LERICQUE

Les plus précoces de la saison - Canon EOS 7D et objectif Canon 35mm10 juin 2019 - Monchy-le-Preux (62) - Simon LERICQUE

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Panorama de l’apparition du 21 juin au soir - Canon EOS xxD et objectif xxxxxTempleuve-en-Pévèle (59) - Olivier DERACHE

Panorama global de l’apparition du solstice - Canon EOS 7D et objectif Tokina 11-1621 juin 2019 - Courrières (62) - Simon LERICQUE

En pleine séance photo - téléphone Samsung Galaxy S721 juin 2019 - Courrières (62) - Laurie PEYROCHE

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Diverses vues rapprochées des structures noctulescentes - Canon EOS 7D et objectif téléobjectif 75-30021 juin 2019 - Courrières (62) - Simon LERICQUE

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Étonnantes structures de Kelvin-Helmoltz - Canon EOS 7D et téléobjectif Canon 75-300 21 juin 2019 - Courrières (62) - Simon LERICQUE

Jolies vagues - Canon EOS 7D et téléobjectif Canon 75-300 21 juin 2019 - Courrières (62) - Simon LERICQUE

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La petite dernière

En 2019, il n’y a pas que les 10 ans du GAAC qui se fêtent... Cette année est aussi l’anniversaire des premiers pas de l’Homme sur la Lune, c’était il y a tout juste 50 ans ! Dans divers médias, magazines, journaux, émissions de télévision ou de radio, l’événement a été longuement commémoré. De quoi remplir intelligemment les vacances estivales... Une fois n’est pas coutume.

La porte des étoiles ne déroge pas à la règle et rentre dans le rang, avec cette photographie émouvante. On y voit l’ombre du module lunaire Eagle - celui qui a amené Neil Armstrong et Edwin ‘‘Buzz’’ Aldrin sur la Lune - se projetant sur la surface de notre satellite.

On aperçoit aussi la poussière lunaire piétinée par les moonboots des deux astronautes... Preuve s’il en fallait encore une que des êtres humains ont bien marché sur la Lune dès 1969.