La place de la pédagogie dans l’espace culturel. La médiation est-elle un outil de...

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Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne UFR 04 - Métiers des Arts et de la Culture Mémoire professionnel Monnaie de Paris M1 Professionnel Métiers des Arts et de la Culture Mai 2015 La place de la pédagogie dans l’espace culturel. La médiation est-elle un outil de démocratisation de la culture ? Maritza ARANGO VARGAS Tuteurs universitaires : Françoise DOCQUIERT et Philippe BARTHÉLEMY Maître de Stage : Anna MILONE, chargée de l’action culturelle et de la pédagogie à la Monnaie de Paris 1

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La place de la pédagogie dans l’espace culturel. La médiation est-elle un outil de démocratisation de la culture ?Un questionnement sur les différentes méthodes utilisées dans la culture en comparaison avec les différentes expériences vécues dans la médiation culturelle et les différents projets autour de la pédagogie dans des espaces culturels.

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  • Universit Paris 1 Panthon-Sorbonne UFR 04 - Mtiers des Arts et de la Culture !!!!!!!

    Mmoire professionnel Monnaie de Paris !!!

    M1 Professionnel Mtiers des Arts et de la Culture !!Mai 2015 !!!!!!

    La place de la pdagogie dans lespace culturel. La mdiation est-elle un outil de dmocratisation de la culture ?

    !!!!!!!!!Maritza ARANGO VARGAS !!!!!!!

    Tuteurs universitaires : Franoise DOCQUIERT et Philippe BARTHLEMY !

    Matre de Stage : Anna MILONE, charge de laction culturelle et de la pdagogie la Monnaie de Paris

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  • Prambule :

    !!!La place de la pdagogie dans lespace culturel. La mdiation est-elle un outil de dmocratisation de la culture? !Un questionnement sur les diffrentes mthodes utilises dans la culture en comparaison avec les diffrentes expriences vcues dans la mdiation culturelle et les diffrents projets autour de la pdagogie dans des espaces culturels. !Un stage principal est mis en rfrence avec des appuis sur d'autres expriences dans le mme champs professionnel. !La pdagogie, la mdiation et la dmocratie culturelle sont les sujets qui ont retenu un fort intrt de ma part pendant la formation de la Licence et le Master Mtiers des arts et de la culture. C'est pourquoi, nous allons nous intresser aux diffrents questionnements qui sont ns partir de la thorie et lexprience pratique vcue pendant ce temps de formation lUniversit Paris 1, Panthon-Sorbonne. !Grce toute lquipe des professeurs de cette formation et plus particulirement grce notre Directrice, Madame Franoise DOCQUIERT, jai pu approfondir les problmatiques de la culture de nos jours, en France mais aussi l'tranger et minterroger sur les possibilits du futur des socits travers des processus de dmocratisation de la culture. !Je remercie donc tous mes professeurs ainsi que Madame Franoise DOCQUIERT pour m'avoir prsent et m'avoir permis de connatre plus en dtail la culture, lart et les politiques culturelles franaises. Cest grce aux connaissances acquises pendant ma formation que jai pu dcouvrir un rel intrt et qu'est n en moi le rve de travailler sur laction pdagogique. Construire grce cette action pdagogique, un futur qui compte avec un dveloppement et une croissance de la dmocratie de la culture. !Je remercie Philippe BARTHLEMY et Franoise DOCQUIERT pour mavoir guide durant la rdaction de ce mmoire professionnel. Mes remerciements vont aussi toutes les personnes qui ont particip au processus de la ralisation de mon mmoire ainsi qu' ma famille, mes amis et mes professeurs qui mont soutenu durant toutes les annes de ma formation professionnelle en France. !!!!

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  • !Rsum du mmoire professionnel :

    !Ce mmoire professionnel est le bilan des tudes ralises pendant le Master Mtiers des Arts et de la Culture lUniversit Paris 1, Panthon-Sorbonne. Je me suis intresse aux apprentissages reus dans la mdiation culturelle, la dmocratie culturelle et limportance et limpact de laction pdagogique et culturelle pour le dveloppement des socits. !Ce mmoire est aussi une analyse du stage professionnel ralis auprs du dpartement de laction culturelle et pdagogique la Monnaie de Paris. Nous nous servirons de lexprience reue lors du dveloppement dun projet personnel qui a t mis en place durant le droulement du stage. Aussi, nous verrons dautres exemples et des expriences professionnelles dans laction pdagogique et culturelle. Nous essayerons de rpondre la question de limportance quoccupe la pdagogie dans les processus de dmocratisation culturelle et linclusion de tous dans lchange et la participation de la culture. !Bilan documentaire : !Nombre de signes : 99935 !Nombre de Pages annexes : 72 pages en 3 documents !Nombre dillustrations dans le texte : 1 !Dix mots clefs du domaine professionnel propre au stage : Art Contemporain Pdagogie Outils Echange Interaction Patrimoine Conceptuel Ateliers Ecoute Discussion !Cinq mots clefs de la problmatique : Dveloppement Dmocratie Populations Pdagogie Inclusion

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  • Sommaire :

    !!Prambule.2 !Rsum du mmoire professionnel..3 !Sommaire..4 !1.Rapport de Stage5 !I. Prsentation du stage la Monnaie de Paris 5 II. La Monnaie de Paris..5 III. Monnaie dchange6 IV. Paul McCarthy et son oeuvre.7 V. Travail dvelopp la Monnaie de Paris9 VI. Projet personnel dvelopp pour la Monnaie de Paris..10 VI.I. Appel projet...10 VI.II. Processus de slection11 VI.III. Prsentation du projet pdagogique...12 VI.IV. Dmarche et dveloppement du projet..14 VII. Rapport avec dautres stages.16 VIII. Les expriences du stage la Monnaie de Paris..18 !2. Problmatique.22 !I. Les moments clefs de la pdagogie culturelle22 II. Les diffrentes formes de pdagogie dans lespace culturel..26 III. Les diffrents types de publics et ladaptation du discours pdagogique..30 IV. La pdagogie culturelle au service de la dmocratisation culturelle..36 !3. Conclusion40 !Bibliographie.42 !Anexes43 !!!!

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  • !1. Rapport de Stage, la mission !!I. Prsentation du stage la Monnaie de Paris : !!Stage ralis la Monnaie de Paris entre le 13 octobre 2014 et le 4 janvier 2015 dans le cadre du programme Monnaie dchange pendant lexposition Chocolate Factory de lartiste Paul McCarthy. !!!II. La Monnaie de Paris !!La Monnaie de Paris a t fonde en 1864 par Charles le Chauve. Aujourdhui la Monnaie de Paris est promulgue comme la plus ancienne institution du monde. Elle exerce la mission de frappe de la monnaie courante : leuro franais. !Depuis 1973, la monnaie courante est frappe dans une usine construite Pessac. A Paris, on continue frapper les mdailles de collection, les objets dart et les bijoux qui sont produits aussi par linstitution. !En 2012, la Monnaie de Paris est la premire institution franaise publique obtenir le Label Entreprise du patrimoine vivant et elle est aussi classe au patrimoine mondial de lUNESCO. !Depuis 2007, un projet appel Mtalmorphoses , veut restructurer tout le btiment de la Monnaie de Paris, situ sur le Quai de Conti dans le 6me arrondissement en plein centre de la ville de Paris. Le projet a pour but d'ouvrir les portes du btiment au public, donnant accs un parcours des ateliers, un restaurant, une boutique et un espace ddi l'art contemporain. !Le parcours des ateliers va permettre aux visiteurs de dcouvrir les processus de fabrication des diffrents objets qui se travaillent la Monnaie de Paris mais aussi un parcours architectural dans ce btiment du XVIIIe sicle. !Le projet devrait tre achev et ouvrir ses portes au public dans sa totalit en 2016. En 2014, avec louverture de lespace dexposition dart contemporain, la Monnaie de Paris a fait un dbut douverture de son projet. !

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  • Il existe une Direction des programmes culturels, une direction qui est en charge de faire une mdiation entre les ateliers historiques et la cration contemporaine. La Direction des programmes culturels sinscrit dans le projet de Mtalmorphoses et elle est en charge de lespace ddi lart contemporain. !En octobre 2014, lespace a t ouvert avec lexposition de lartiste amricain Paul McCarthy et son exposition Chocolat Factory . La commissaire dexposition et directrice des programmes culturels, Chiara Parisi, a mis en place cette exposition. Louverture de lespace ddi lart contemporain Monnaie de Paris a particip de la FIAC 2014 avec la pice Tree , install sur la place Vendme. Louverture au public de lexposition a eu lieu durant le mme week-end de la FIAC. !La Monnaie de Paris continue aujourdhui tre une entreprise avec une trs forte activit industrielle mais qui prserve aussi un contact et une forte relation avec lart de lpoque. Dans ses origines, les graveurs, les artistes et les artisans de diffrentes poques ont t mis en valeur par linstitution. Aujourdhui, le travail se poursuit et veut sinscrire aux progrs de lart. !!!III.Monnaie dchange !!La Direction des programmes culturels, a cre un programme appel Monnaie dchange . Ce programme est un espace ouvert pour des jeunes travaillant dans le milieu de la culture et de lart contemporain pour raliser des internship . Le programme dinternship est un laboratoire 1

    dexprimentations pour de nouvelles formes de mdiations et de contacts avec les diffrents publics. !Chaque participant est slectionn daprs un appel projet. Le projet doit tre prsent et conu pour chaque nouvelle exposition par la Monnaie de Paris. Il met en relation son activit artisanale et industrielle ainsi que lartiste invit chaque nouvelle dition dexposition. !Dans le programme de Monnaie dchange , plusieurs formations sont donnes aux participants : Des formations en rapport avec la Monnaie de Paris, son histoire, son architecture, son projet dentreprise, le projet de Mtalmorphoses, lactivit artisanale et industrielle et son organigramme. Des formations approfondies sur lartiste pour lequel le projet sera mis en place et son oeuvre. D'autres formations plus gnrales sur le mtier de la mdiation avec des cours: de technique

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    Internship : Stage en anglais. 1La Monnaie de Paris utilise le terme en anglais pour traiter le programme et les stagiaires.

  • vocale, de relations avec le public, de dveloppement et d'adaptation du projet personnel au travail attendu par la Monnaie de Paris. !Dans le programme de Monnaie dchange , la Direction des programmes culturels est organise de la manire suivante : Chiara Parisi dirige tout le programme, Anna Milone est charge de laction culturelle et pdagogique ainsi que des personnes qui travaillent pour les diffrentes expositions. Ces personnes sont toujours choisies par Chiara Parisi et Anna Milone. Anna Milone tant la responsable directe des internes. !!!IV. Paul McCarthy et son oeuvre !!Pour la premire exposition produite pour et par la Monnaie de Paris, lartiste invit a t lamricain Paul McCarthy. !McCarthy est une figure majeure de la scne artistique internationale contemporaine. Lartiste, n en 1945, est connu pour ses performances, ses vidos et ses diffrentes faons de crer son art partir dun mlange de techniques artistiques venant du cinma, des arts plastiques et des arts visuels. !Lexposition ralise la Monnaie de Paris du 25 octobre 2014 au 4 janvier 2015, est sa premire exposition personnelle dans une institution franaise. Lartiste compte avec un grand nombre dexpositions personnelles dans des institutions trs importantes reconnues mondialement comme: ! Le Museum of Modern Art de los Angeles et le New Museum de New York (2000) La Tate Modern de Londres (2003) La Haus der Kunst de Munich (2005) Le Moderna Museet de Stockholm (2006) Le Whitney Museum of American Art de New York (2008) La Fondation Trussardi Milan (2010) La Neue National Galerie Berlin (2012) Le Park Avenue Armory New York (2013). !Il a aussi particip dans des biennales dart contemporain, les plus importantes du monde dont : ! Cinq ditions de la Biennale de Venise (2012, 2001,1999, 1995, 1993) Trois ditions de la Biennale du Whitney Museum de New York (2004, 1997, 1995) La Biennale de Lyon (2003)

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  • La Biennale de Berlin (2006) La Biennale de Sydney (2010, 2000) ! Chocolate Factory est cre pour la premire fois en 2007 et elle est prsente New York dans la Maccarone Gallery. Lexposition prsente la Monnaie de Paris est une rinterprtation et une radaptation de la premire version de lexposition. Un nouveau processus de cration conu par lartiste en travaillant avec la commissaire dexposition, Chiara Parisi. !Contrairement la premire version de la Chocolate Factory o lexposition tait uniquement base sur le systme de la fabrication du chocolat, lexposition mise en place la Monnaie de Paris, a t installe comme un systme avec plusieurs lments disposs pour crer un ensemble et une oeuvre totale. !Linstallation compose de plusieurs lments, prsentait une fort darbres gonflables situs lentre de lexposition et d'un gonflable expos galement sur la place Vendme, Paris, en partenariat avec la FIAC. Les formes des arbres taient des formes lies au plaisir avec des tailles gigantesques qui rappelaient aussi la publicit urbaine faisant appel la culture de consommation. Sujet trs prsent dans loeuvre de Paul McCarthy et plus particulirement dans cette exposition. !Passant lentre et les gonflables, le visiteur accdait une salle de rception royale noclassique qui hbergeait une fabrique de chocolat en pleine activit industrielle. Des machines et des performeurs qui jouaient le rle de chocolatiers taient en pleine activit tout au long des heures douverture de lexposition. !La chocolaterie tait un dcor de cinma et les clairages faits galement de lumires de cinma. Le spectateur tait invit simmerger dans la scne, crant une rupture entre la ralit industrielle et la faon dont les performeurs jouaient un rle apparent de ce qui pouvait tre presque un film. !Entre 200 et 300 figurines de chocolat taient produites chaque jour avec les mmes formes des gonflables situs lentre de lexposition. Les figurines taient places par les performeurs dans 8 salles conscutives qui suivaient la salle principale, lieu de stockage et de continuation du circuit de la visite. Les objets, phmres par leur matriel de fabrication, taient produits dune faon massive et accumuls linfini, rappelant la notion de fabrication en srie produite aussi par lactivit industrielle mene par la Monnaie de Paris. !Dans lenfilade des salons et entre le stockage des chocolats, une vido tait projete dans tout lespace. La vido a t ralise par lartiste aprs une attaque porte sur l'une de ses oeuvres : le gonflable install sur la Place Vendme. !

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  • Aprs lagression, lartiste dcide de ragir en rponse son agresseur et il installe une srie de vidos qui sinsrent dans lide de srie et des lments reproduits la chaine linfini. La vido fait partie de lexposition, remplaant la vido initialement prvue pour tre installe avec toute la conception de lexposition. Dans la vido se trouvait lartiste en train dcrire sans arrt les insultes reues de la part de son agresseur. Pendant quil dessinait et qu'il crivait, on pouvait entendre les mmes choses quil crivait avec une voix modifie de faon trs bruyante et excentrique. !Pendant le parcours de la visite, les performeurs/chocolatiers occupaient tout lespace en se baladant dans toutes les salles faisant leur travail comme s'ils taient dans une vraie usine. !Les chocolats se vendaient 50 pice en billetterie et dans la librairie/boutique. !Lexposition tait accompagne par la production dun livre conu par Paul McCarthy, publi par Hatje Cantz. Ainsi quune mdaille et un coffret de neuf mdailles dessines par lartiste, produit par la marque Moleskine. !!V. Travail dvelopp la Monnaie de Paris : !Le travail ralis pendant le stage la Monnaie de Paris, a t divis en trois missions principales : !Premire mission, mdiation en salle : !La mdiation en salle prenait de presque la moiti du temps de travail. Durant les heures douverture de lexposition, un groupe de mdiateurs tait toujours sur place pour accueillir les visiteurs. !La prsence des mdiateurs tait dune grande importance pour laide la comprhension de lexposition car ni lartiste ni la commissaire nont voulu installer de cartels dans les salles. !Les visiteurs taient invits vivre lexprience dune faon trs ouverte, pouvant compter sur une information provenant des livrets dexposition et des mdiations en salle. !Dans un premier instant, nous tions disposition du public pour toutes questions ou informations complmentaires par rapport lexposition. Ainsi que pour dvelopper un dialogue autour de lexposition en recueillant les ressentis personnels de chacun, des dbats sur loeuvre et les intentions de lartiste. !!!

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  • Deuxime mission, visites guides : !Les horaires douverture au public gnral : tous le jours de 11h00 19h00. !Des visites guides pour les groupes se faisaient avec des rservations. Les visites se ralisaient avec un mdiateur pour chaque groupe de dix personnes, assurant des petits groupes qui permettaient le dialogue et lchange. !A la diffrence de la mdiation en salle, les visites guides taient conues pour accompagner les visiteurs tout au long de la visite de lexposition. Le principe restait toujours celui de lchange et la discussion autour des ressentis et des intentions de lartiste. !!Troisime mission, projet personnel : !Le dveloppement du projet personnel devait se raliser aussi avec des visites guides de lexposition avec les personnes concernes par le projet. !Des rencontres ont aussi t ralises hors de la Monnaie de Paris, la fin de la ralisation du projet avec lassociation Vivre Autrement. !!!VI. Projet personnel dvelopp pour la Monnaie de Paris : !!VI.I Appel projet : !!Pendant lt 2014, le dpartement culturel de la Monnaie de Paris fait un appel projet pdagogique pour le programme de Monnaie d'change . !Des projets pdagogiques et de mdiations sont en appel pour la ralisation de projets dexprimentation de nouveaux formats de mdiations. Des projets innovants, ralisables et adaptables aux prochaines expositions et plus spcifiquement pour lexposition de Paul McCarthy, Chocolate Factory . !Les projets devaient essayer de rpondre certaines thories de pdagogie active qui fait du visiteur le moteur de sa propre dcouverte et de son appropriation des oeuvres. !

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  • Le projet devait trouver un lien et une inspiration de loeuvre de Paul McCarthy mais aussi du projet artisanal et industriel de la Monnaie de Paris. Tout en rflchissant aux thmatiques du savoir faire de lentreprise et de lartiste. !A partir du concept de lexposition et des recherches faites sur le travail de lartiste, le projet ciblait un certain public avec des activits spcifiques pour chaque type de public. !Les activits dveloppes avec le public devaient proposer un scnario de rencontre et/ou dateliers et les objectifs ducatifs. !Sept options dactivit et/ou public ont t donns : ! Une visite active, tous publics Une visite active pour le jeune public et des tudiants Une visite active/atelier pour les familles Une visite active/atelier pour les enfants Une visite active/atelier pour les scolaire Une visite active/atelier pour les groupes dadulte Une visite active/atelier adapte pour les groupes dadulte en situation dhandicap !Le projet prsent trait dune visite active/atelier pour des enfants. !Les projets slectionns ont t crdits et prenniss pour laction pdagogique de la Monnaie de Paris. !!!VI.II Processus de slection : !!Aprs avoir rpondu lappel projet, un entretien a eu lieu au sein de luniversit. Anna Milone est venue pour rencontrer lensemble de la classe du master afin de prsenter le nouveau projet culturel de la Monnaie de Paris et de raliser ensuite des entretiens avec les tudiants qui avaient prsent des projets. !Pendant lentretien, j'ai pu prsenter et expliquer le projet de faon plus prcise ainsi que mes expriences passes et mon cursus universitaire. !La slection a t faite d'aprs l'entretien et le projet crit.

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  • Une quipe de trois personnes a t slectionne pour travailler et dvelopper son projet pdagogique personnel pendant lexposition de Paul McCarthy. !Les trois candidats slectionns ont rpondu aux caractristiques demandes pour les profils des internes. Ceux-ci taient : davoir raliss des tudes en histoire de lart, d'avoir le sens de la pdagogie, de possder une passion pour la transmission, de lintrt pour des publics diversifis, des capacits rdactionnelles et dexpression, d'avoir des capacits dinitiative, dautonomie et le sens de lorganisation, le sens du travail en quipe, de la ponctualit, de la rigueur et pour terminer une matrise de langlais et/ou une troisime langue. !!! VI.III Prsentation du projet pdagogique : !!Public envisag : Une visite active/atelier pour les enfants. !Le projet sest travaill avec un format dune visite active/atelier adapte pour les groupes dadultes en situation dhandicap. Lexposition tant dconseille pour les mineurs par l'artiste et le service du commissariat de l'exposition, les groupes denfants nont pas t convoqus comme public. !En rponse lappel la ralisation d'un projet pour le laboratoire dexprimentation de la Monnaie de Paris, je me suis fortement intresse imaginer un projet ddi, dun ct pour tout public et de lautre ct, un projet qui envisage une interaction et un espace de libre cration pour des visites actives. Des visites prvues dans un premier temps pour tre ralises avec des enfants, o lapprentissage serait une dcouverte personnelle, accompagne dun guide fait partir des propositions avec une approche artistique, un atelier de cration o un outil de mdiation nous amne travers le processus de crativit. !Paul McCarthy a cr dans son uvre Chocolate Factory, une production en srie de chocolats. La Monnaie de Paris, dans la mme ide de production, a cr Paris depuis des annes, des pices de monnaie et des mdailles. Des produits faits en srie dans des usines. Dans le premier des cas, une uvre dart qui joue son rle dusine de production. Dans le deuxime cas, une des plus grandes et plus importantes usines dEurope avec un rle artisanal et industriel. !L'un des lments qui caractrise la production de lusine est lide de srie . Cest pourquoi j'ai considr la srie comme un lment trs important dvelopper au sein des ateliers et rencontres qui invitent la production crative du public, partir de lexprience vcue aprs une visite lexposition, mais aussi une faon daborder le sujet pour tous les publics (voir premire instance du projet, vis pour tous les publics).

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  • !Dans un premier temps, pendant la visite accompagne de lexposition, un discours et une conversation qui invitent les visiteurs la rflexion devront tre mis en place. Pour arriver aider et guider cette rflexion personnelle de chaque visiteur, il est possible de travailler partir de deux lments pdagogiques : ! Des visuels avec lesquels le visiteur puisse trouver des rponses aux questionnements en rapport

    lhistoire de lart et la rfrence de luvre ou au rapport avec autres artistes et/ou aux tendances ou aux techniques artistiques. Et aussi, un rapport visuel avec la production de lusine, la Monnaie de Paris plus spcifiquement. !

    Des questions simples mais qui abordent le sujet de lexposition partir de diffrents lments, tels que la technique, le sujet, le propos, ce que luvre provoque, le message port dans loeuvre, les premiers ressentis du spectateur, etc. !

    A partir des questionnements et des lments de discussion, il est possible darriver gnrer des rponses pour tout le groupe sans avoir le besoin de donner un discours o le visiteur ne participe pas sa construction. Les questions et les images dappui sont une aide lappropriation des uvres de la part de chaque visiteur mais elles sont aussi le moteur de sa propre dcouverte. Une dcouverte base sur lchange et la production du sens actif dans la conversation. !Dans un deuxime temps (approche pour une visite active/atelier pour les enfants), aprs la visite de lexposition, une face crative o chacun puisse crer une histoire propre et personnelle partir du sujet de lexposition. !Pour la cration de lhistoire, un dispositif avec une technique danimation trs simple sera distribu. Un petit carnet de dessin avec quelques feuilles pour chaque enfant et des lments de dessin comme des crayons. Ceux-ci seront les lments suffisants pour dvelopper une animation qui proposera ce que chacun veut produire. La ralisation de lanimation se fera partir des dessins qui seront faits dans le carnet. Production dune usine, dun produit comme le chocolat ou de nimporte quel objet de son imaginaire sera l'objet dtre mis en mouvement partir des dessins rpts qui vont illustrer le mouvement. !A partir des dessins qui seront raliss dans un espace pdagogique aprs les visites, une numrisation de chaque animation sera faite pour garder et accumuler la production des lments, de la mme faon que lexposition produise des chocolats et que la Monnaie de Paris produise des pices. Chaque participant de latelier va produire aussi un mouvement de production anim, avec une srie faite partir des dessins. !

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  • La cration du dessin dans latelier doit tre ralise dune faon trs libre et dynamique pour ceux qui vont y participer. Ainsi, les participants vont pouvoir sexprimer dune faon qui va vers le dynamisme, vers la cration deux-mmes aussi, dune production et dune conception artistique. !Cette technique de dessin est trs connue pour animer les films de Disney et de diffrentes productions du genre. Elle est aussi utilise par les diffrents ralisateurs de BD qui se servent du mouvement pour raconter une histoire. Par exemple, la naissance dun enfant et ici dans le cas de notre cration dans latelier post visite, la cration dun objet de production industrielle. !Ici un exemple de diffrents dessins raliss par Disney en utilisant la technique :

    " !!!!!VI.IV Dmarche et dveloppement du projet : !!Aprs avoir complt la formation donne par lentreprise o nous avons appris lhistoire de la Monnaie de Paris, explique plus en dtails dans le point III. Monnaie dchange. Nous avons travaill sur la dmarche de projet avec le matre de stage, Anna MILONE et avec les deux autres personnes qui ont aussi t slectionnes par leurs projets pdagogiques. !

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  • Le projet prsent avait t initialement prvu pour tre ralis avec un public et une visite active/atelier pour les enfants mais puisque lexposition ntait pas destine un public mineur, le projet a t travaill avec un public adulte en situation de handicap. Ce public tait cibl daprs un partenariat entre la Monnaie de Paris et lAssociation Vivre Autrement . 2!Pendant la prparation des projets personnels, nous avons aussi reu une formation et des instructions prcises donnes par les autres internes en rapport au projet personnel de chacun. Nous devions chacun travailler notre projet personnel avec les deux autres personnes de lquipe en tant la personne en charge de la direction du projet pour dvelopper le travail en groupe avec laide des autres. En mme temps, jai travaill pour le dveloppement et la mise en place des deux autres projets des internes en tant assistante des projets. !La dmarche ralise avec lAssociation Vivre Autrement a commenc avant louverture de lexposition avec une premire rencontre avec Guy Letourneur, Chef de service de lassociation. Nous avons fait une premire prsentation du projet pdagogique et des conditions du partenariat. La premire runion a eu lieu la Monnaie de Paris suivie dune visite prive de lexposition ralise quelques jours avant louverture au public gnral. Une visite qui a servi prsenter au chef de service de lassociation: lespace, de faire la connaissance avec lartiste et de voir lexposition. Cette visite nous a permis aussi d'envisager ensemble les diffrentes contraintes pouvant tre rencontres lors de la visite qui devait se raliser ensuite avec les usagers de lassociation. !Notre deuxime rencontre a eu lieu dans les bureaux de lassociation avec toute lquipe pdagogique de la Monnaie de Paris et toute lquipe en charge des activits pour les usagers de lassociation. Lors de cette runion, mon projet pdagogique a t prsent, suivi des accords sur le planning et d'une discussion avec les accompagnateurs qui devaient tre toujours prsents lors des rencontres avec les personnes participant au projet. !Dans le partenariat, nous avons accord de raliser une visite guide et un atelier avec trois usagers de lassociation : des personnes avec un handicap psychique et leur accompagnateur. !Pour le dveloppement du projet nous nous sommes rencontrs la Monnaie de Paris pour la visite guide. Une visite qui sest droule dans de trs bonnes conditions. Les personnes ont beaucoup particip lchange verbal durant le parcours de lexposition. !Des prises de son ont t faites pendant la visite pour raliser un exercice de prise de conscience des sons rptitifs trouvs dans loeuvre. Des sons qui rappellent lusine et lide de la srie. Ide principale de cration pour le projet de dessin qui se raliserait dans un deuxime temps.

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    LAssociation Vivre Autrement est engage dans des actions daccompagnement social et 2professionnel en direction des personnes en situation de handicap. http://www.vivre-autrement.com/

  • Nous nous sommes dplacs dans un espace pdagogique de lexposition pour la ralisation de la deuxime tape du projet. Lors de cette deuxime rencontre, nous avons ralis les dessins en srie, inspirs du projet de McCarthy et aussi du projet industriel et artisanal de la Monnaie de Paris. !Les trois personnes ont ralis leurs propres interprtations dans des carnets de dessin. Latelier a t continuellement guid tant sur le ct pdagogique li avec lexposition que sur le ct technique de dessin. !A la fin de la ralisation du projet, un bilan a t ralis entre lquipe pdagogique de la Monnaie de Paris et lquipe de lassociation Vivre Autrement. Nous avons pu discuter des points forts et points faibles ainsi que des difficults rencontres pour travailler avec un public en situation de handicap psychique avec une exposition dun caractre aussi fort que celle de Paul McCarthy. !!!VII. Rapport avec d'autres stages : !!En rsum, cette partie montre le travail ralis durant dautres expriences en tant que stagiaire au sein d'autres institutions culturelles. Les expriences qui seront ici traites, sont des travaux aussi raliss en mdiation et en pdagogie culturelle. Ce sont des expriences qui ont t aussi importantes pour maider dfinir et traiter la question de la place de la mdiation dans lespace culturel, ainsi que de la pdagogie au service du social. !! Consulat de la Colombie en France : !Le consulat de Colombie en France mne des actions culturelles au sein de son espace Paris. Le programme qui est mis en place par le consul et son quipe culturelle, organise des rencontres culturelles avec des artistes colombiens rsidents en France. Le personnel du consulat est essentiellement de nationalit colombienne ou hispanophone. Ce qui facilite laccueil des usagers. !Aprs avoir t employe comme stagiaire, jai commenc un travail de mdiatrice culturelle et d'assistante de montage et dmontage dexpositions pour le programme culturel du consulat. Ce travail a t ralis en 2013 durant deux expositions diffrentes, chacune d'une dure d'environ deux mois. !Les vernissages de chaque exposition taient l'occasion aussi de rencontres culturelles pour les franais et les colombiens habitant en France. Les soires taient animes par la musique typique

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  • colombienne et par la dgustation de plats de la gastronomie du pays. Un espace pour accueillir et permettre lopportunit d'change des cultures et de la dcouverte de la culture colombienne. !Pendant ce temps de travail, jai pu identifier diffrents types de public qui participaient ces expositions: !D'abord, les franais intresss par la rencontre avec la culture colombienne ; avec ces personnes, le travail de mdiation a t trs dynamique car presque tout le travail pdagogique devait tre orient autour du pays. C'est ainsi que nous constatons, combien la culture joue un rle trs important comme moyen de communication entre une culture et une autre. Mais aussi comment travers lart, nous pouvons apprendre connatre dautres cultures lointaines. !Puis les colombiens qui venaient au consulat soit pour un document administratif, soit pour visiter lexposition. !Avec les colombiens, le processus pdagogique dans lexposition tait trs diffrent de celui ralis avec le public franais. Le dialogue se centrait beaucoup plus sur le travail des colombiens en France et sur la faon par laquelle la culture franaise recevait et acceptait lart colombien que sur la culture colombienne en elle mme. Pour le public colombien, la question qui se posait, tait d'avantage sur lchange que sur la Colombie en elle-mme. !Lexprience vcue dans cet tablissement diplomatique a t trs marquante pour dmontrer combien il est important pour mon parcours, d'inclure la pdagogie et la mdiation dans mon chemin professionnel. A travers la pdagogie, nous pouvons raliser d'normes changements dans la conception culturelle dun pays un autre. La pdagogie et la mdiation sont une aide et un service permettant une meilleure comprhension dun art charg des symboles caractrisant une culture. Ce nest qu travers les processus de mdiation de loeuvre que sa comprhension pourra tre ralise. !! Muse Passager, Ile de France : !Le Muse Passager est un projet ralis par les Ateliers Frdric Laffy pour la Rgion de lle-de-France. En rponse dun appel projet, le muse Passager est mis en place pour la premire fois en 2014 et continuera son parcours pendant tous les ts jusqua 2017. Ce projet vise la dmocratisation de lart contemporain dans les diffrentes villes de la rgion. !Les villes visites pendant lt 2014 ont t : Saint-Denis, Evry, Mantes la Jolie et Val dEurope. !

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  • Pour la premire dition du muse, lexposition tait une slection trs varie d'artistes locaux, internationaux, connus et de nouveaux artistes. Tous ayant en commun lutilisation du numrique dans leur cration artistique. !Pendant les temps de mdiation, nous devions accueillir les diffrents publics qui pouvaient entrer librement et gratuitement dans le muse. Le muse sinstallait toujours devant la mairie de la ville pour garantir une bonne visibilit du dispositif architectural mobile qui restait durant deux semaines dans chaque ville. !Des ateliers taient proposs pour les enfants ainsi que des visites pouvant se faire par rservation avec diffrents groupes (des lyces, universits, associations, groupes de travail, etc.). !Le projet cherchait sinstaller dans des villes qui mme si elles sont situes proximit de Paris et de toutes ses possibilits daccs culturel, sont des villes o la culture est peu prsente. Pour de nombreux visiteurs, ctait leur premire visite dans un muse et pour d'autres, leur premire visite dans un muse dart contemporain. !Le travail pdagogique ralis lors de ce stage a t trs orient vers une pdagogie de dcouverte d'un muse ainsi que vers les diffrentes faons interactives de vivre lexprience dun muse ou une exprience culturelle. Un travail trs social mis en place par un grand groupe de mdiateurs pour raliser une mission o la pdagogie tait principalement base sur la russite de lexprience du visiteur. !!!VIII. Les expriences du stage la Monnaie de Paris : !!Ayant expriment le projet pdagogique et laction culturelle de la Monnaie de Paris, je vais pouvoir aborder les pratiques du stage partir de deux lments qui ont t importants et marquants pour mon exprience. !Le premier est le ressenti par rapport au stage, comment je me suis intgre la manire de travailler dans l'espace culturel de la Monnaie de Paris et les expriences vcues durant la priode du stage. !Le deuxime est la mise en relation des expriences et apprentissages obtenus pendant le temps de travail avec mon projet professionnel et ma formation. !

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  • Durant mon stage, javais espr avoir une libert de travail beaucoup plus importante par rapport mon projet personnel. Lors de lappel projet, durant les diffrents entretiens pour le poste, lide que proposait lentreprise tait fortement centre sur le dveloppement dun projet personnel au sein de lentreprise. Mon projet n'a pris malheureusement que quelques heures de mon travail dans la semaine et il na pas t une priorit pour le dpartement de pdagogie, celui-ci n'a pu tre aussi prsent que je l'aurais souhait dans mes horaires de travail. !Le stage a t fortement centr sur la mdiation en salle avec des visites guides pour des groupes ayant des rservations faites lavance, dont nous tions des guides privs. Je portais un grand intrt la mdiation mais aujourd'hui, aprs mes expriences dans ce domaine, j'ai chang davis. En effet, je me sens beaucoup plus intresse par le dveloppement de projets culturels et des outils de mdiation et de pdagogie que par la ralisation de longues heures de mdiation en salle. Des heures durant lesquelles, le projet personnel par lequel, javais t choisie na pas t pris en compte dans mon travail. !Malheureusement, le public assistant lexposition tait majoritairement un public trs ngatif face loeuvre. Nous avons pu sentir une grande dsapprobation du public pour Paul McCarthy, son exposition Chocolate Factory et le fait que la Monnaie de Paris ait programm cette exposition. Cependant, nous avons eu aussi des personnes trs intresses par lexposition mais qui ne reprsentaient jamais plus de 10 15% des visiteurs. 3!Les heures de mdiation passes avec les visiteurs qui ne comprenaient ou naimaient pas loeuvre, ont t des heures difficiles pour moi. Javais limpression de ne pas faire un travail pdagogique ou de mdiation mais plutt un travail de justification. Nous devions justifier le choix de la Monnaie de Paris pour programmer McCarthy ainsi que justifier les choix de gaspillage alimentaire fait par lartiste avec tous les chocolats qui se produisaient par jour en expliquant les raisons esthtiques de sa ralisation. !Ceci ma fait me poser de nombreuses questions par rapport la place et limportance de la mdiation ou du dveloppement des projets pdagogiques dans des espaces dexposition. Cest la premire fois quun public arrive me faire remettre en question limportance et la capacit que ce mtier peut apporter pour aider la comprhension de lart. !Ce grand questionnement et un recul par rapport mon travail durant le stage, mont amen raliser que je suis plus que jamais convaincue par limportance de la pdagogie et de la mdiation dans lart. Plus particulirement dans lart contemporain o des expositions provoquent des polmiques sociales aussi fortes que celles cres par Paul McCarthy. Mme si en dbutant le stage la Monnaie de Paris, jtais trs attire et trs respectueuse de loeuvre de lartiste, je dois

    19 Chiffre estim selon exprience vcu aprs des heures de mdiation en salle3

  • admettre que les heures de travail et lchange avec le public ont fortement chang ma vision de l'uvre. !Pendant la formation, nous avons appris normment de choses sur la Monnaie de Paris, ainsi que sur lartiste et sur les diffrentes techniques de pdagogie et de mdiation. Quand nous avons rencontr lartiste, nous avions t totalement refuss par lui qui ne voulait absolument pas de la mise en place dune action pdagogique pendant son exposition. C'est pour cette raison que nous avons eu normment de difficults techniques et de contact avec le public pendant le temps de mdiation en salle. !Ainsi, nous navons jamais pu tre identifis comme mdiateurs au travers de badges ou dun symbole qui nous rendaient identifiables pour le public. Ce dtail a cr d'normes difficults pour tre reprs et pour pouvoir malgr tout travailler plus dynamiquement avec les visiteurs sans passer pour tre nous mme des visiteurs. Nous avons aussi manqu dun espace pdagogique pour la ralisation de nos ateliers. Nous avons donc t amens nous dplacer chez les personnes avec qui nous devions travailler. !Concernant la mthodologie du matre de stage et aux problmes dj mentionns, je suis consciente que nous avions t la premire quipe participer de ce projet pdagogique dans lentreprisse dans ce nouvel espace ddi lart contemporain. Cette exprience peut peut-tre servir pour construire tous ensemble des bases de travail plus solides et mieux dfinies pour les prochains groupes de travail qui viendront pour les futures expositions. Ils pourront se servir des projets pdagogiques que nous avons institutionnaliss. !Pendant ce stage, jai pu rinvestir de nombreuses connaissances acquises pendant ma formation en mtiers des arts et de la culture ainsi que les expriences acquises dans mes formations antrieures et lors d'autres stages et projets professionnels. !Grce aux connaissances thoriques sur la culture en France, tudies et apprises durant ces deux dernires annes la Sorbonne, jai pu affronter des situations dune faon beaucoup plus professionnelle par rapport des vnements positifs et/ou ngatifs prsents pendant le stage. Par exemple, mes connaissances sur lactualit de la culture mont permis daider les visiteurs mieux comprendre comment on devait placer loeuvre de McCarthy et les vnements qui ont eu lieu en rapport son oeuvre. Mes connaissances en esthtique et en histoire de lart m'ont aussi beaucoup aide pour mon travail en tant que mdiatrice. !J'envisage mon projet professionnel par un travail bas sur lducation, la pdagogie et limplantation des techniques de la mdiation dans tous les champs artistiques en Colombie. Je suis venue en France pour complter ma formation et connatre la culture du pays. Grce la formation reue pendant la licence et le master, jai pu dcouvrir les politiques culturelles de la France et

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  • dautres pays dEurope. Ce qui va me permettre de retourner dans mon pays et de pouvoir dvelopper mes propres projets avec les publics. J'aimerais beaucoup travailler auprs du ministre de la culture en Colombie pour poursuivre mon parcours dans la pdagogie lie lart et la culture en crant ainsi une meilleure comprhension du sujet auprs du public. Travailler sur la formation dun futur jeune public et de futures personnes intresses par la culture, en me centrant sur un travail pdagogique pour les enfants ou sur des projets qui visent instaurer lducation artistique dans lducation nationale. !Les expriences et les apprentissages vcus et reus pendant le stage la Monnaie de Paris sont une approche relle de ce que je dsire raliser dans mon futur : cration de projets pdagogiques et renforcement de la mdiation dans les espaces ddis lart et la culture. !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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  • 2. Problmatique : !!La place de la pdagogie dans lespace culturel. Est la mdiation un outil de dmocratisation de la culture?

    !!I. Les moments clefs de la pdagogie culturelle Des vnements trs varis et disperss dans lhistoire, font ce que lon comprend aujourdhui en France comme de laction pdagogique dans la culture. Ce qui est important ici, ce nest pas lordre ni la construction dun texte historique pour voyager dans les dtails de la pdagogie. Ce qui va tre important pour nous, cest de remarquer certains vnements que nous allons prendre en compte comme des moments qui ont fait limportance de la pdagogie dans la culture, comme nous le retrouvons aujourdhui dans les institutions culturelles, les diffrents vnements culturels et au centre du Ministre de la culture et celui de lducation. Dabord, pour essayer de rpondre la question sur ce quest laction pdagogique dans la culture, pour ensuite pouvoir identifier des moments qui ont t importants dans lhistoire et la construction de la pdagogie dans la culture, nous allons nous intresser trs rapidement ce que lon entend par pdagogie et ce que lon entend par culture. Par pdagogie, nous entendions un ensemble de mthodes utilis pour duquer ou plus 4

    spcifiquement comme une pratique ducative dans un domaine dtermin . Cest--dire que la 5

    pdagogie est la pratique qui veut donner de lducation . Gabriel Compayr a dit que lducation 6

    elle-mme comprend trois parties, l'ducation physique, lducation intellectuelle, l'ducation morale, de distribuer en trois cours distincts les observations relatives ces diffrents sujets. Mais ces divisions et subdivisions prsenteraient de graves inconvnients. Elles tendraient sparer, isoler artificiellement des faits ou des ides qui, dans la ralit, ne se scindent pas. 7 Des diffrentes formes dducation qui cherchent duquer ltre dans des champs divers. Toutes

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    Pdagogie. Dictionnaire LAROUSSE 4

    Pdagogie. Dictionnaire LAROUSSE5

    Education. Dictionnaire LAROUSSE 6 Formation de quelqu'un dans tel ou tel domaine d'activit ; ensemble des connaissances intellectuelles, culturelles, morales acquises dans ce domaine par quelqu'un, par un groupe.

    Pdagogie (histoire de la) 7Institut Franais de lEducation Ldition lectronique

  • les formes dducation se runissent dans un mme propos que celui de former, mme dans des cas comme nous lavons vu dans la citation de Gabriel Compayr, des formes dducation qui touchent des points trs diffrents dans les personnes et qui ne sont pas forcment complets quand ils sont traits de faon individuelle. Dans lhistoire de la pdagogie ou lhistoire de lducation, nous trouvons des signes qui vont dchiffrer les faons dtre des socits. Lducation joue un rle trs important et marquant pour la consolidation du futur des personnes et des groupes de personnes. Nous trouvons dans ce paragraphe de Pdagogie (histoire de la) , une description trs profonde de 8

    comment lducation est importante dans la formation dune socit : L'ducation d'un peuple est la fois la consquence de tout ce qu'il croit et la source de tout ce quil sera. S'il en est ainsi, les systmes ou les pratiques dducation n'ont vritablement leur sens qu'tudis sur place, pour ainsi dire, dans leur succession relle, dans leur filiation travers les temps. Bien comprise, une histoire de l'ducation est, sous une forme rduite, une histoire de la pense ; elle peut remplacer avantageusement dans l'enseignement populaire l'histoire trop ardue de la philosophie et de la religion. Elle montre nettement comment la nature humaine s'est leve peu peu de l'instinct la rflexion, des conceptions troites et mesquines des conceptions plus larges, d'une dfinition incomplte de la vie et de la destine une ample comprhension de tous les besoins et de toutes les aspirations. Pour le terme culture, cela est beaucoup plus difficile et complexe de trouver des explications ou des significations qui se portent sur une mme dfinition. La culture sentend dans deux formes principales. La premire est la Culture qui veut dire ensemble des phnomnes matriels et idologiques qui caractrisent un groupe ethnique ou une nation, une civilisation, par opposition un autre groupe ou une autre nation ou Dans un groupe social, ensemble de signes caractristiques du comportement de quelqu'un (langage, gestes, vtements, etc.) qui le diffrencient de quelqu'un appartenant une autre couche sociale que lui . La deuxime, cest quand nous 9

    parlions de la culture en rfrence des manifestations artistiques. Par exemple, nous parlons de culture ou de consommation culturelle quand nous assistons une pice de thtre, quand nous visitons une exposition ou lorsque nous coutons un concert. Mais souvent ces deux termes ou dfinitions de la culture sont lis et dpendants lun lautre. Ce que nous sommes, dtermine ce que nous allons produire en tant quartistes. Cest--dire, la Culture dont nous sommes porteurs va donner toutes les caractristiques et les signes que nous donnons aux autres et ce que nous projetons au monde sur ce que nous sommes. Dans lart, nous trouvons les

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    Pdagogie (histoire de la) 8Gabriel Compayr Institut Franais de lEducation Ldition lectronique

    Culture 9Dictionnaire LAROUSSE

  • charges de ce qui est appris de notre Culture. Ainsi, la Culture se nourrit avec les productions artistiques, cest--dire, les productions culturelles. La dfinition de culture est souvent identifie par lutilisation de la premire lettre en majuscule pour la culture dans le sens des connaissances personnelles et avec la premire lettre en minuscule pour faire la distinction de la culture dans le sens artistique du terme. Sans prendre en considration limportance de lducation, dite dune faon, ducation complte dans tous les champs acadmiques, est un constat qui socialement, lducation artistique a t et est souvent nglig. Si, ds la cration des universits mdivales, lenseignement des arts fait partie intgrante de la formation du clerc, partir du Sicle des Lumires, et jusqu une priode trs rcente, rien na t plus mpris en France dans lenseignement que lducation artistique .10 Pourtant, depuis la cration du ministre de la culture en France, des nombreuses actions ont t mises en place pour prendre en compte lducation artistique pour tous. Une prise de conscience de limportance de lducation artistique et culturelle lcole a mis en place le principe du tiers temps. Le principe du tiers temps pdagogique est un principe qui propose que 10% du temps dans les coles franaises, soient ddis lducation artistique. Le projet de linclusion culturelle mis en place par le ministre de la culture de 1971 1973, Jacques Duhamel, partait dun vritable projet qui envisageait linclusion de lducation artistique dans les coles de France pour aussi rapprocher les tablissements scolaires des institutions et des projets culturels. Avant la cration du FIC , le partenariat entre les deux secteurs, lducatif et le culturel, ne 11

    figuraient pas dans les papiers des ministres. Cest avec la naissance des Fonds dIntervention Culturelle en 1971 que lon a vu ce qui sera vraiment mis en place pendant les annes quatre-vingt comme un vritable partage de travail et des comptences entre lducation et la culture en France. Sous la direction de Jean-Claude Luc, est cr en 1977 une Mission daction culturelle du ministre de lEducation nationale. Cette mission donne aux lves la possibilit de participer fortement et activement, impulsant les projets entre lducation et la culture dans les rgions. Ce projet est aussi un exemple dactions menes dans les projets de dcentralisation culturelle . 12!

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    Dictionnaire des Politiques Culturelles de la France depuis 1959 Larousse. 10CNRS EDITIONS Education artistique et culturelle. Page 244

    Fonds dIntervention Culturelle 11

    Dcentralisation culturelle cre avec laction culturelle dans les rgions. Projet qui cherchait 12impulser la culture et le dveloppement local en France.

  • En 1982, avec le doublement des crdits du ministre de Jack Lang, se sont dvelopps plusieurs projets entre les deux ministres, le ministre de lEducation nationale et le ministre de la Culture. En ce moment, le partenariat entre les deux se solidarise et devient officiel passant dun projet exprimental pass un tat ou un cadre rglement. Entre ces projets mis en place, nous trouvons un moment o Jack Lang a lanc dimportants projets de mdiation culturelle. Cest partir de 1980 quon considre la mdiation culturelle comme un mtier et elle rentre dans les changements et les avances qui se faisaient dans la culture lpoque. En 1983 le partenariat sofficialise. Le secteur culturel et le secteur ducatif sorganisent dans lensemble des domaines culturels. Avant cette date, quelques domaines artistiques occupent une place plus importante dans lducation nationale, notamment la musique et les arts plastiques. Pour voir aussi le dveloppement dexpression lie laction culturelle ou lducation artistique, nous pouvons aussi voir : Lexpression ducation artistique est dusage relativement rcent. Lanimation en milieu scolaire est certes de longue date, une des composantes du secteur culturelle. Mais lducation artistique nest mentionne en tant que telle qu partir de 1986, dans le dcret du 23 juin crant la DDF (Dlgation au dveloppement et aux formations) qui se voit confier, entre autres missions, celle de faciliter lducation artistique et le rapprochement des professionnels de la culture avec le public, en particulier le public scolaire. 13 En 1998-1999, on comptera 2353 ateliers dans le secondaire (dont 1995 en collge), touchant au total 44000 lves. Il y a eu aussi lextension des formes dart enseigns. Avant on comptait que 14

    avec les arts plastiques et la musique pour aprs faire linclusion aussi le cinma, la danse et le thtre. Avec aussi une option en histoire de lart que sera inclue partir de 1993. Pour la ralisation de cette application culturelle et artistique dans lducation nationale, une formation des enseignants et des professionnels a aussi t mise en place pour le bon fonctionnement de tout le programme et le partenariat entre les deux ministres. Ce projet est vot sur le nom de la loi sur les enseignements artistiques de 1988. De cette faon elle assure le caractre obligatoire des enseignements artistiques qui contribuent lpanouissement des aptitudes individuelles et lgalit daccs la culture . Pendant le processus de cration, travail et amlioration des projets mens par le ministre de la culture via une ducation artistique et de la culture, nous avons pu trouver des faons dagir et de travailler la pdagogie. Malraux a donn un point de vue trs particulier au dveloppement

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    Institutions et vie culturelle 13Sous la direction de Guy Saez Chapitre : Lducation artistique et culturelle, page 65

    Dictionnaire des Politiques Culturelles14

  • pdagogique, mme si pendant son temps comme ministre de la culture il na pas port un fort intrt son dveloppement. Malraux a port plus dimportance sur les effets de lart plutt que sur sa forme ou sa nature. Il na pas dvelopp de grands projets en rapport avec la pdagogie dans la culture mais pendant quil tait ministre, la ralisation dautres projets trs importants apporte aujourdhui beaucoup aux processus lis la pdagogie qui sest construite. Ce sont les grands chantiers , cest--dire, entre autres, le Centre George Pompidou, La BNF et Le grand Louvre. A partir de la cration du ministre de la culture, la France a connu un grand dveloppement des politiques culturelles, de la diffusion de lart et de la prise de conscience sociale pour ce qui est de limportance et de la prsence culturelle dans laction pdagogique. Avant la cration du ministre de la culture en 1959, il existait dj des actions culturelles qui ntait pas des actions qui portaient particulirement vers une intention, ou des actions qui envisageaient limportance de donner lopportunit tous dtre proches et connaisseurs de lart et de la culture. Nous le trouvons de plus en plus aujourdhui, avec de nombreux programmes de pdagogie qui se mettent en place dans les institutions culturelles et les programmes de lenseignement artistique dans lducation nationale. !!!II. Les diffrentes formes de pdagogie dans lespace culturel !!Dans ce chapitre nous allons traiter les diffrents besoins techniques et les outils utiliss par les mdiateurs et les diffrents pdagogues dans l'espace culturel. !Dans un premier temps, les outils utiliss peuvent tre identiques et non relatifs la technique pdagogique. C'est le cas de certains outils pdagogiques comme le livret d'exposition. La pdagogie dveloppe par la communication se servira des mmes moyens qu'un mdiateur culturel ou qu'un matre de confrence. Ils les utiliseront pour essayer de transmettre un message au spectateur de la culture, chacun en conservant sa mthode ou son mode daction particulier. !La prsence de la pdagogie dans la culture est aujourdhui un outil d'aide la comprhension des oeuvres. C'est une faon de donner des informations supplmentaires aux diffrents publics pour quils puisent percevoir les oeuvres avec un contenu qui complte lexprience vcue. Le complment peut tre donn au pralable de lexprience vivre dans les cas o linformation ou laction pdagogique est mene avant la rencontre entre le public et loeuvre. !

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  • Les formes de pdagogie seront adaptes selon chaque type de public. Nanmoins, la base de 15

    laction pdagogique reste la mme : donner du sens lart et la culture travers des connaissances partages sur les uvres dart et sur les artistes qui les ont ralises pour aider leur comprhension. !Laction mene par la pdagogie sert de pont entre lartiste, loeuvre et le public. La personne qui la ralise doit jouer entre les trois parties pour crer des interactions et permettre un change. Pourtant, la pdagogie dans lespace ou laction culturelle nest pas la mme que celle des acadmies. Lide principale dans la culture est de ne pas changer la perception propre du spectateur mais plutt de lui donner les cls qui vont lui permettre de sapproprier lui-mme le message contenu dans loeuvre pour mieux la comprendre. Cela laisse le choix au spectateur d'aimer ou non une oeuvre en la connaissant mieux. !Le spectateur doit pouvoir vivre sa propre exprience devant loeuvre qui dialogue avec son vcu singulier pour lui permettre de comprendre la pice dune faon personnelle et unique. Ainsi, il forme et reoit un message qui lui sera donn daprs ses interprtations. Ces dernires vont srement tre affectes, changes et nourries par linformation quil doit recevoir, mais on essaye idalement de lui laisser un espace trs ouvert sa propre appropriation. En effet, on ne veut pas imposer une connaissance mais donner la place linterprtation de lart. Il ne faut pas prescrire ou dicter une seule ide prconue et fige sur un projet artistique, un artiste ou sur le message de lartiste travers son oeuvre. !Nous allons dcouvrir dans ce chapitre plusieurs lments qui interviennent dans ce processus entre le spectateur et loeuvre. Chacun joue un rle diffrent selon le type de public, le type doeuvre et les diffrents besoins autour luvre. En effet, les diffrents besoins peuvent venir de situations comme lentourage et le lieu o la pice sera prsente, par exemple, une zone loigne ou un quartier avec des problmes sociaux. !D'autres situations ou rles doivent tre pris en compte pour la ralisation de laction pdagogique comme le public vis et tous les lments de mdiation ou de communication adapts au besoin de chaque public qui seront raliss avant la rencontre des spectateurs avec luvre. !Pour mieux comprendre les diffrentes formes de pdagogies dans lespace culturel, vous trouverez ici une liste des diffrents moyens utiliss comme des objets pdagogiques. Les diffrents moyens ont parcouru les poques et volu selon les idologies lies la culture et laction culturelle. Ce nest pas le sujet de ce chapitre o nous nous concentrerons plutt sur la prsentation des outils, des techniques et des diffrents types d'objectifs travaills dans la pdagogie de la culture de nos jours et plus particulirement dans la mdiation culturelle.

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    Nous allons tudier les diffrents publics dans le chapitre suivant, Chapitre III Les diffrents 15publics et ladaptation du discours pdagogique

  • Au vu de la grande diffrence quil existe entre les lieux et les expressions culturelles, notre liste essaye de rsumer les manifestations et les processus dactions pdagogiques possibles les plus frquents de nos jours. ! Visite guide : Les visites guides peuvent tre ralises par des confrenciers et sapparentent

    alors plutt des discours autour de luvre et/ou lartiste. Elles peuvent aussi tre faites par des mdiateurs culturels et prennent une forme plus interactive entre le public, le discours, le mdiateur et loeuvre. Dans les deux cas, la visite cherche raliser un parcours dans une exposition, un espace non conventionnel dexposition, un thtre ou presque tous les lieux possibles de rencontre culturelle. !

    Outils de communication : Les outils de communication sont trs importants pour le processus vcus par les spectateurs avant la rencontre avec loeuvre. Ce sont les outils qui vont servir faire la publicit de la manifestation culturelle mais aussi faire une premire rencontre et une premire explication sur ce que sera la confrontation relle et directe entre la personne et luvre. !

    Ateliers : Les ateliers prennent des formes trs diffrentes selon le besoin ou le type de public qui dpendent de leur finalits et de leur buts. Par exemple, un atelier peut chercher faire connatre la technique artistique qu'utilise un artiste en particulier dans son travail. Il permet ainsi de mieux comprendre loeuvre travers la dcouverte de la dmarche de lartiste. Dans un autre temps, latelier peut permettre de crer un lien et une implication plus forte de la part du public avec la thmatique et les techniques ou les formes de cration des uvres. Un atelier peut se raliser pour toutes les formes artistiques possibles soit de lart de le spectacle, des arts visuels, littrature, cinma ou dautres. !

    Projets hors murs des institutions culturelles : Les projets hors murs des institutions culturelles ont un rle trs important dans la diffusion des oeuvres mais aussi dans le processus de dmocratisation de la culture. En effet, ils donnent lopportunit de faire connatre les oeuvres des personnes qui pour des raisons diffrentes ne se seraient pas rendues dans un thtre ou dans une salle dexposition. Ce type de projet est essentiel dans les processus de pdagogie pour la dmocratisation culturelle et la culture pour tous. Ils servent aussi rompre avec l'ide prconue et strotype de l'espace culturel comme temple impntrable. Ici, ce sont les oeuvres qui vont sortir de lespace institutionnel clos pour trouver leur public. !

    Mdiation : La mdiation culturelle se ralise dans plusieurs champs diffrents de la culture. Elle peut avoir lieu dans les muses, dans le spectacle vivant ou dans presque nimporte quelle manifestation artistique. Les outils de mdiation utiliss servent de ponts pour faire circuler le message entre le mdiateur, loeuvre et le public. Un outil peut tre un livret pdagogique, une photographie, un carnet de dessin, une application interactive ou tout autre support susceptible

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  • de crer linteraction dsire pour faire passer le message. Un mdiateur nest pas un confrencier mais une personne qui se rend disponible pour crer un change et un dialogue, afin que le spectateur puisse largir ses connaissances. Il y a tout dabord le problme de louverture, cest--dire comment nous faire passer do nous sommes, cest--dire en ce moment nulle part, jusqu lautre rive. Cest une simple affaire du pont, ni plus ni moins. Les gens rsolvent ce genre de problmes tous les jours. Ils les rsolvent et, les ayant rsolus, ils passent autre chose. Supposons que ce soit chose faite, quelle que soit la manire dont on sy est pris. Admettons que le pont est jet, quon la travers et quon peut cesser dy penser. Nous avons quitt le territoire o nous nous trouvions. Nous sommes de lautre ct, sur le territoire o nous voulons tre. 16!

    Confrences, dbats et rencontres : Les confrences, dbats et rencontres sont des outils pdagogiques qui se prsentent comme des procds plus formels et plus acadmiques qui permettent parfois moins dchanges entre le public et la personne qui donne linformation. L'intervenant peut tre soit lartiste en personne, soit un expert de son oeuvre ou de la thmatique traiter. Ces outils servent approfondir nos connaissances sur un sujet mais prennent place gnralement en dehors de lespace o loeuvre se trouve. De plus, c'est une exprience pdagogique qui se vit avant ou aprs la rencontre avec loeuvre, sauf pour les cas des visites dexposition accompagns dun confrencier. !

    Applications : Aujourdhui il existe plusieurs applications qui permettent un change et une interactivit avec loeuvre et linformation sur les oeuvres. Cela permet chacun davoir sur son tlphone portable ou sur une tablette, une application qui contient des jeux, des informations crites, des audio-guides, des images et une grande varit de possibilits dapprentissage partir de lchange avec son outil informatique. !

    Il faut penser aussi que quand nous parlons de l'ducation artistique et de l'inclusion de la culture dans lducation, il existe certaines confusions entre ce qu'est lenseignement dun art, cest--dire, lenseignement dune discipline artistique pour prparer les gens tre des futurs artistes, et le terme ducation artistique. !Marie-Christine Bordeaux, chercheur associe au Laboratoire Culture et communication de luniversit dAvignon, explique dans son essai Lducation artistique et culturelle : De 17

    lducation artistique rvlent davantage la sensibilisation aux domaines artistiques en temps et hors temps scolaire, lveil, la formation du got et de lesprit critique, la rencontre avec le processus de cration, le dveloppement des pratiques artistiques et lapprentissage de la

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    J-M. Coetzee, Elizabeth Costello, Points Seuil 16Page 7

    Institutions et vie culturelle Sous la direction de Guy Saez page 6517

  • pratique de spectateur. Il convient de diffrencier ces deux termes de lducation culturelle, relative la culture gnrale et aux lments de civilisation constitutifs des identits culturelles. Il faut prendre en compte que les outils changent toujours avec les nouvelles inventions, les technologies, les diffrents besoins du public et surtout avec le besoin que loeuvre mme va gnrer pour que chaque public puisse la comprendre et se l'approprier dune meilleure faon. Ainsi, quand nous parlons doutils pdagogiques et plus spcifiquement doutils de mdiation culturelle, nous ne parlons pas dune science exacte et nous ne pouvons pas prciser avec certitude lexistence de touts les formes de pdagogie et le nombre doutils dont elle se sert. !!!

    III. Les diffrents types de publics et ladaptation du discours pdagogique !Pour parler de lespace quoccupe la pdagogie dans la culture, il est important de saisir et didentifier les diffrents publics auxquels laction pdagogique doit sadresser. Quelque soit laction pdagogique, les nombreuses possibilits de rencontres varies avec le public doivent toujours tre prises en compte pour la ralisation dune action pdagogique adapte tout le monde. Les rencontres avec les artistes, quelles soient dans les thtres, les muses, les galeries, les festivals ou les espaces plus alternatifs ou publics, sont aussi une faon de faire dcouvrir les uvres au public dun point de vue diffrent, grce une approche plus directe avec les ralisateurs des uvres. L'interaction avec les artistes est aussi un moyen pour le public de se projeter davantage dans luvre et davoir un regard plus engag. Ces changes sont propices lappropriation du message port dans les uvres par le spectateur. La rencontre est aussi une forme de mdiation entre le public et luvre. Par exemple, imaginons une pice de thtre inspire de lhistoire dune ville. Une des bonnes faons de faire participer les habitants de la ville luvre, serait de raliser des ateliers de sensibilisation au thtre ou des lectures sur luvre pour impliquer les habitants dans la cration par la rfrence lhabitat urbain quils connaissent. Cela peut galement se dvelopper avec diffrentes actions pdagogiques selon les besoins du public et les enjeux de loeuvre, notamment en tenant en compte de diffrents facteurs comme lge des personnes auxquelles la pice sadresse, ou comme la situation socio-conomique de la ville. Dans certains cas, il est plus facile de dvelopper des activits avec les artistes dans le spectacle vivant. Les acteurs ou les metteurs en scne sont souvent prsents sur les lieux, et cela facilite la ralisation des actions pdagogiques sur place. Dans les arts visuels, il est plus rare de trouver l'artiste sur place pour diffrentes raisons. La principale raison tant que l'on considre gnralement que luvre peut vivre sans que la prsence de son ralisateur soit ncessaire, mais galement par manque de disponibilit des artistes contemporains.

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  • Dans le cas des arts visuels, des ateliers peuvent tre mens autour des techniques utilises par les artistes, ainsi que des confrences et des discussions autour du travail technique des uvres, ou du travail conceptuel. Les diffrents rencontres entre le public et loeuvre, qui visent rendre le public plus engag et impliqu dans la pice, doivent tre adaptes chaque type de public. Cest--dire quun atelier, par exemple de thtre, ne va pas traiter un sujet de la mme faon avec un public denfants quavec un public dadulte et/ou un public habitu au thtre. Le discours du pdagogue et des artistes doit pouvoir trouver un juste milieu entre le respect de lesprit de la pice, et le besoin dadaptation du discours propre chaque type de public. Chaque oeuvre dart, expression artistique ou action culturelle est particulire une uvre, est unique, et doit rvler les caractristiques par lesquelles luvre dart est uvre. Lintention dintgrer le public luvre et le processus pdagogique qui laccompagne pour adapter luvre aux publics conduit parfois une vulgarisation qui loigne luvre de son sens initial. Laction pdagogique doit sadapter au public tout en respectant lessence de loeuvre, ce qui permettra une meilleure compntration avec ce que les artistes ont voulu transmettre et linterprtation personnelle que chacun aura de loeuvre. La question des diffrents publics et des diffrentes actions qui peuvent tre mens durant la mdiation doit toujours viser un questionnement sur le processus de cration des artistes. Quand nous voquons les diffrents types de publics, nous ne faisons pas rfrence quaux catgories dites dinitis ou de non initis , et dvelopperons plus loin la distinction entre ces deux faons d'identifier ou d'appeler les publics. Au contraire, quand on voque les distinctions entre les publics, il faut aussi avoir lesprit quil existe une trs grande varit de publics qui ont chacun leur caractristiques propres. Les publics sont diffrents pour des raisons trs varies. A la base, chaque tre humain est unique et possde des besoins trs diffrents des autres. Nous sommes tous porteurs de Cultures diffrentes, ce qui ne signifie pas forcment que la pdagogie doive diviser les groupes cause des diffrences culturelles, mais cela peut tout de mme constituer un des facteurs catgorisants des types de public. Un des lments les plus difficiles grer en tant que mdiateur culturel ou pdagogue dans lart et la culture, est le travail avec un groupe indiffrenci, qui sera un groupe avec des connaissances trs varies et des catgories trs diffrentes. Nous pouvons parler de types de publics spcifiques, comme par exemple quand nous faisons rfrence des personnes avec qui nous ralisons des actions sociales. Un exemple de public

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  • spcifique serait un groupe de jeunes en rinsertion sociale. Autre type de public, le public handicap, avec qui le travail reoit un impact par le niveau ou le type dhandicap psychique ou physique. Par exemple, le travail ralis la Monnaie de Paris avec des interprtes du langage des signes est une ouverture et une possibilit daccder la culture pour des personnes avec un handicap physique, dans ce cas, spcifiquement un public sourd. On peut aussi faire des catgories de publics en fonction des ges. Le travail sera adapt si le public est un public enfant, adolescent, jeune, adulte ou senior Dans toutes les catgories possibles, il est important dinsister sur la diffrence du travail ralis auprs dun public individuel ou dun public en groupe. !Dans le cas de l'action culturelle sociale, ralise la plupart du temps auprs de populations en difficults conomiques ou gographiquement loignes, la question est de savoir si les manifestations artistiques sur lesquelles sappuient les actions culturelles pour ces publics sont comparables du point de vue qualitatif et mdiatique celles montres dans de grands lieux comme le Centre Pompidou Paris, l'Opra de Vienne ou le MoMa New York. La question de la qualit des reprsentations ou des actions pdagogiques qui sont menes autour des reprsentations artistiques, est peut tre aussi une question de dveloppement des politiques culturelles. En France, le dveloppement des politiques culturelles et l'ide de la culture pour tous se sont dvelopps avec beaucoup dactions depuis plusieurs des annes maintenant. C'est une force dans le sens o les reprsentations gratuites ou les actions qui vont vers des publics loigns sont de qualit, comme l'exemple du Muse Passager en Ile-de-France. Durant, l'exposition du muse passager 18

    dans des villes en le-de-France, diffrentes oeuvres dart contemporain sont montres, dans lide de donner au public une large ide de ce que lon est en train de raliser aujourdhui dans le monde de lart. De jeunes artistes exposent ct de grands artistes avec une reconnaissance internationale, tel que Bill Viola. !Les politiques culturelles qui travaillent pour l'inclusion des publics dans l'art et la culture travaillent dans l'ide d'une dmocratisation de la culture. Impliquer toutes les personnes, mme celles qui sont les plus loignes ou mme les moins instruites ou celles moins proches de l'art. Les mdiateurs culturels ainsi que tous les personnes travaillant dans la pdagogie de l'art et de la culture, travaillent pour construire un rve o l'art peut tre accessible tous. Tout le monde a le droit de le comprendre et de le connatre. Comme tous les tres humains sont diffrents, le discours doit avoir la capacit de s'adapter aux besoins de l'autre pour lui donner l'opportunit dtre mu, de comprendre, de rveiller un plaisir esthtique et de pouvoir lire les messages qui viennent travers les expressions artistiques. Mme si dautres thories ou d'autres ides de lapprciation de loeuvre

    32 Voir une prsentation plus dtaill du Muse Passager dans la Partie 1, Rapport de Stage. 18

  • dart sont aussi possibles, comme la mtaphore utilise par Michle Protoyerides : On peut trs 19

    bien apprcier un jardin en tant renseign sur toutes les plantes qui loccupent, mais aussi dans la candeur gratuite dune promenade. Les deux plaisirs sont possibles, complmentaires. tre prsent pour le public en tant que dveloppeur des actions pdagogiques ou faire une mdiation entre l'oeuvre et le public c'est donner la possibilit aux personnes qui se trouvent devant l'oeuvre ou qui viennent d'tre en contact avec elle, de dcouvrir les diffrents tats d'esprit par lesquelles une personne peut hsiter entre le fait d'aimer ou de ne pas aimer une oeuvre. !Comment connatre demble la culture de lautre quand on est mdiateur et que lon doit essayer dadapter un discours selon la culture des diffrents spectateurs? Serge Saada dit que : La mdiation ne peut se mettre en oeuvre quen tenant en compte de la culture de lautre au sens le plus large, de ses habitudes culturelles, en les reconnaissant avant mme de prtendre lui amener une culture qui aurait plus de lgitimit quune autre. Toute mdiation doit contribuer ce que le spectateur puisse rattacher toute proposition artistique un monde qui est signifiant pour lui. Si 20

    lon part de son principe, nous serions en train de dire que le mdiateur doit exercer un jugement sur la personne selon la premire impression quelle aura delle. Or, une mdiation ou un processus de pdagogie ne doit pas tre mis en place pour essayer de juger la personne ou de la classer dans un milieu social, conomique ni culturel. La question qui se pose quand on tient compte des diffrents publics et de la capacit ou la volont de comprendre une oeuvre dart, est de savoir si les artistes doivent ou non penser au public et la comprhension du message port pas leurs oeuvres, quand ils sont en train de crer? Est-ce quil reste possible de rester dans le processus cratif, en tant quartiste quand on est limit penser ce que le public va pouvoir interprter? Cela reste un sujet dthique artistique ou thique dartiste sur lequel nous nallons pas nous arrter car cela reste une problmatique des crateurs et non une problmatique base sur les actions pdagogiques. !Nous allons revenir sur lide des publics et la diffrence des paroles portes sur une pice ou un endroit culturel selon si lon est un public habitu ou un public non habitu. Pour cela nous allons voir des commentaires faits par des personnes qui ont vcu des expriences diffrentes avec

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    Michle Protoyerides, mdiatrice et professeur dhistoire de lart19

    Et si on partageait la culture? Essai sur la mdiation et le potentiel du spectateur 20Serge Saada Page 83

  • lespace culturel, contenus dans le livre Et si on partageait la culture? Essai sur la mdiation culturelle et le potentiel du spectateur : 21

    Paroles dun habitu : Nous prenons du plaisir analyser la qualit d'un comdien, s'arrter sur la faon dont tel ou tel metteur en scne a trait la scne III de l'acte III de La Cerisaie de Tchekhov. Je suis sensible aux choix scnographiques, la dramaturgie qui est quand mme essentielle, l'occupation de l'espace, aux dplacements sur le plateau et la faon de grer le sens d'un texte. J'ai souvent lu les textes avant. Il m'arrive aussi d'aller seul au thtre, ce n'est pas un problme. Je ne m'y sens pas mal l'aise. De toute faon, rares sont les fois o je ne rencontre pas quelqu'un. Je suis souvent invit parce que je connais beaucoup d'artistes. Des acteurs, des danseurs, des clairagistes, des amis avec lesquels j'ai fait mes tudes ou d'autres amis rencontrs dans un ateliers ou un cours. Paroles d'un non habitu : Longtemps, j'ai vit d'aller aux spectacles. J'avais peur d'y aller seul, de m'y ennuyer. En fait, a ne m'a jamais manqu et je n'y pense mme pas. J'ai peur de me retrouver entour d'habitus qui ont l'air de tout connatre : les acteurs, le texte, le metteur en scne. J'touffe vite. Je me sens isol. Quand je suis dans une salle, je me demande parfois ce que je fais l et quoi a va me servir. Avec ma faon de m'habiller et ma faon d'tre, j'ai l'impression d'tre tout le temps observ. Existe-t-il une peur frquenter des espaces culturels parce que les personnes les conoivent comme des sanctuaires impntrables? Ils existent certes des empchements pour une certaine partie de la population qui se trouve culturellement isole cause d'une condition qui provenant de sa raison sociale et/ou conomique, ceci n'est pas une raison pour oublier ce public et pour ne pas le prendre en compte quand nous parlons de l'inclusion des diffrents publics dans les programmations culturelles et de la pdagogie culturelle. L'espace culturel ne devrait pas tre conu comme un sanctuaire impntrable mais plutt comme un espace qui invite une participation et une frquentation de tous. Est-ce-que la mdiation ou l'action pdagogique dans l'art et la culture sont une justification de l'oeuvre d'art? Jouent-elles un rle de justification sur le message de lartiste? Il y en a qui pensent que l'oeuvre dart ne doit pas se justifier. La question qui se pose autour de la mdiation et de toutes les actions culturelles est de comprendre si l'on est en train de travailler avec le contenu et l'oeuvre en elle-mme pour donner un discours et des moyens adapts chaque type de public pour qu'il puisse connatre l'oeuvre, et avoir un contact et un change autour du sujet de l'oeuvre, ou si nous

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    Et si on partageait la culture? Essaie sur la mdiation culturelle et le potentiel du spectateur 21Serge Saada Paroles d'un habitu. page 14, 15 Paroles dun non habitu. Page 11

  • sommes en train de justifier le choix esthtique de l'artiste ou simplement en train de justifier l'existence de luvre ? De la mme faon nous pourrions nous demander si le discours port sur l'oeuvre et dvelopp par les mdiateurs et l'action pdagogique est prsent parce que l'artiste n'a pas russi faire passer correctement le message son public? Cela est une question souvent pose par des spectateurs pour qui les messages reus pendant leur propre interaction avec loeuvre, ne sont pas forcment en cohrence avec le message reu de la part du mdiateur. Cest une problmatique souvent lie au type de spectateur et aussi au type doeuvre. Prenons lexemple de lexposition de Paul McCarthy la Monnaie de Paris. Chocolate Factory est une exposition trs contemporaine qui ne sadresse pas tous les publics. Elle sadresse un public qui possde la capacit de comprendre les symboles de luvre et de les dchiffrer. Un public qui nest pas fortement form pour comprendre et faire de lui-mme la lecture dune pice contemporaine, ne va pas tre captiv, tre attir demble par les caractristiques esthtiques de la pice car les critres de beaut ntaient pas une intention premire dans lexposition et dans le travail de lartiste. Pendant cette exposition, diffrents publics et des publics moins initis, ont aussi visit lexposition. Ils ont eu un accompagnement pdagogique et de mdiation tout au long de leur dcouverte. Cela a suscit plusieurs ractions dincomprhension. Des pices comme celles de Mc Carthy, mme quand les publics sont accompagns, ne produisent pas toujours la comprhension de la part des visiteurs moins initis au monde de lart et plus prcisment au monde de lart contemporain. L'ide d'avoir un public qui bnfice des privilges lis la loffre culturelle qui nest pense que dans le but de plaire au public initi soit une illusion construite par les mdias. Cette ide aide la construction de ce qu'on pense tre la culture officielle. Comme si la culture devait avoir une officialisation pour tre une vritable production artistique. Cest aussi la base de la construction d'une discrimination de la culture par son public. Mme si de plus en plus dinstitutions culturelles accordent de lattention aux tudes de publics pour pouvoir reconnatre, identifier et en suite travailler avec leur type spcifique de public, cela ne sert qu spculer sur les besoins et les attentes artistiques des publics. Dans les tudes des publics, les diffrences d'ge, de sexe, socio-conomiques, etc, sont pris en compte pour valuer les rsultats. Les mdias jouent aussi un rle de mdiation dans la mesure o ce sont eux qui informent et orientent les personnes non inities, qui ne sont pas ncessairement au fait de lactualit des expositions ou programmations des muses et thtres. Comme le dit Serge Saada dans son chapitre ddi la confusion du spectateur : "Comment le spectateur peut-il choisir un spectacle face l'tendue et la diversit de l'offre? Il ne lui reste souvent plus que les mdias pour se dterminer. Des mdias qui occupent de moins en moins l'espace critique qui pourrait remplir ce rle de mdiation."

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  • Plusieurs questions se posent donc autour de toute la mixit des publics et des actions qui doivent tre menes pour pouvoir travailler avec tout le monde. Est-ce-que la personne qui ralise laction pdagogique doit sadapter au type de public quil rencontrera pour que le public puisse sintgrer son discours et le comprendre ? Loeuvre dart doit-elle tre toujours accompagne dune action pdagogique pour que les diffrents publics, y compris ceux qui sont moins initis, puissent apprcier ou comprendre la pice ? La pdagogie est-elle un outil qui sert lexpansion de lart pour tous, donc la dmocratisation de lart et de la culture ? !

    !IV. La pdagogie culturelle au service de la dmocratisation culturelle !!

    Dabord, nous allons nous intresser ce quest la dmocratie culturelle . Il est vrai que le concept 22

    de la dmocratie culturelle vient la base de la dmocratie , ils travaillent lun pour lautre. Les 23

    spcificits de la dmocratie culturelle rsident dans la manire dont la culture peut tre au service du social et de la citoyennet. Par exemple, comme le dit Jean-Louis Genard dans son crit pour 24

    lUniversit libre de Bruxelles, En associant culture et formation, la langue allemande suggre que les politiques culturelles doivent tre rflchies comme des politiques de formation dont lhorizon est videment dterminer, quil sagisse de lhomme cultiv, du citoyen responsable, de lindividu panoui cela si on prend lchelle des individus, mais aussi comme des politiques de dveloppement si on prend des chelles plus larges, par exemple celle dun territoire. Cette citation constate limportante de la prsence de la pdagogie et de lenseignement des arts et de la culture pour le dveloppement des socits. Dans son crit, Jean-Louis Genard traite des politiques culturelles et de la dmocratisation culturelle en Belgique. Beaucoup de ses rflexions sont bases sur les exemples des actions culturelles franaises ou sur des parallles avec la situation culturelle et de dmocratisation culturelle belge francophone.

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    Action politique mise en place aprs la Seconde Guerre Mondiale base sur le principe que, pour 22faire ses propres choix au sein de la dmocratie, un citoyen doit avoir une ducation et des connaissances, donc avoir accs la culture. Dictionnaire de la langue franaise, linternaute.

    L'idal dmocratique trouve son origine dans la Grce antique l'ge classique (ve et ive s. avant 23J.-C.). Il s'agit alors la fois d'une philosophie et d'une exprience politique. Les Grecs ont ainsi pos les premiers jalons de la la dmocratie politique directe, dans laquelle les citoyens prennent eux-mmes les dcisions concernant la cit (polis). Encyclopdie, LAROUSSE.

    Dmocratisation de la culture et/ou dmocratie culturelle? Comment repenser aujourdhui une 24politique de dmocratisation de la culture? Jean-Louis Genard Universit libre de Bruxelles

  • Nous pouvons considrer que la mdiation culturelle et les services de pdagogie mis en place dans les institutions ou dans les vnements culturels fonctionnent avec un propos artistique et culturel, mais aussi avec un propos sur la dmocratisation de lart et de la culture. De la sorte, nous pourrions penser que la dmocratisation se ralise aussi dans des pays ou dans des lieux o lon produit de lart mais qui n'ont pas forcement de politiques culturelles centralises et voues tre dmocratiques. Nanmoins le processus de la dmocratisation culturelle et artistique est aussi prsent dans ces endroits. On peut donc se demander si la dmocratisation de la culture doit tre institutionnalise pour tre ralise? Suite cette premire remarque, nous nous demandons si la culture a obligatoirement besoin dtre accompagne et soutenue par des processus de pdagogie pour impliquer et intresser les gens. Sont-ils ncessaires pour le dveloppement d'un sentiment de comprhension et dappartenance, ainsi que pour lappropriation de loeuvre et la formation d'un got pour ce que les personnes viennent de voir ou de vivre comme exprience artistique ? La question de la dmocratie culturelle pose des problmes lis lesthtique et la philosophie de lart et la culture. Il existe une multitude de thories philosophiques qui proposent diffrentes approches de loeuvre selon lorigine des gens. Par exemple, Pierre Bourdieu pensait que le got pour lart ou la possibilit dapprcier un objet esthtique dpend de lorigine socio-conomique de la personne. Cest--dire que les personnes sont dtermines selon leur niveau social et leur niveau dducation. On pourrait penser que cette thorie nie la capacit de la pdagogie culturelle et de laction culturelle crer une dmocratisation de la culture, une culture et un art pour tous. Cela voudrait dire que les personnes qui sont sensibles aux oeuvres dart et qui frquentent les espaces culturels sont plutt des individus habitus lart du fait de leur situation socio-conomique. Cette hypothse revient affirmer que lducation artistique et culturelle dans les coles est absolument ncessaire pour crer des personnes qui seront attires par la consommation des produits culturels. Lducation que ces individus ont reu lcole ou qui a t dispense par leurs familles fait qu'ils se sont intresss lart. Ils ont appris apprcier l'art et le got pour les expressions culturelles. Nous pouvons donc remettre en question le bon fonctionnement des projets mens par le ministre de la culture en France sur lducation artistique dans les coles (mentionns plus en dtails dans la partie I) et le bon fonctionnement de la pdagogie pour gnrer un intrt du public envers la culture. Dans un pays comme la France, lducation est publique, gratuite et accessible tous donc lducation artistique et culturelle aussi. En effet, on part du principe que dans toutes les coles tous les enfants ont le droit davoir une formation artistique et culturelle comprise dans leur parcours

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  • acadmique. Dans le cas comme celui de la France, il est peut-tre plus difficile de faire des statistiques dans les structures culturelles ou les vnements culturels par rapport au type de public. Il est compliqu de savoir si cest un public de personnes inities la culture par le biais de leurs familles ou par leur ducation l'cole ou alors si ces personnes ont un simple intrt et une curiosit personnelle pour l'art, raison de leur dplacement, de leur consommation et de leur connaissance de lobjet culturel. Dans dautres pays o lducation est prive et quune partie favorise de la population en a accs, il est plus facile de dduire et de savoir qui consomme des produits culturels. Dans une grande majorit des cas, il s'agit de personnes qui ont eu l'opportunit d'tre formes avec un accs la culture. C'est leur entourage socio-conomique qui a fait que ces personnes sont proches de l'art. On peut constater daprs les enqutes menes par le ministre de la culture, Pratiques culturelles des Franais que mme avec des efforts du ministre et des institutions culturelles pour largir 25

    les publics ceux-ci ne slargissent pas. Ils sont rests composs majoritairement de cadres professionnels intellectuels suprieurs, de professions intermdiaires et d'tudiants. Cela pourrait nous amener penser que les efforts faits de la part des politiques culturelles, des actions culturelles et de tous les acteurs de la culture pour l'largissement des publics par le biais de la construction dune dmocratisation culturelle sont vains. Ce travail ne gnre en retour pas beaucoup de rponses ou de solutions la problmatique de chercher des nouveaux publics et de donner tous un accs la culture. Nanmoins, nous voquions prcdemment que l'accessibilit n'a pas lieu juste en terme de gratuit mais aussi en terme pdagogique, de comprhension et d'acquisition d'un got pour lart et la culture. Nous parlions de laction culturelle mene partir de 1968 pour rduire la coupure entre culture populaire et culture dlite en France. Il a t dit que Lart ne se veut plus reprsentation du monde mais action sur le monde . Cette rflexion nous incite croire au rve de la 26

    dmocratisation de la culture. Un rve qui se construit et s'appuie sur des bases que sont le dveloppement de la pdagogi