La Performance Arno Calleja

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Dans ma maison il y a une chambre au fond du couloir, et dans cette chambre il y a un placard, et là j’ai posé un sac qui contient des vêtements de poupées, quand on l’ouvre. Cette chambre ce n’est pas ma chambre mais c’est une soi- disant chambre d’ami dans laquelle aucun ami ne dort jamais parce que c’est une chambre froide et noire et mal accueillante, sans lampe de chevet, et sans table de chevet d’ailleurs, un débarras plutôt, et pas un de ces débarras où l’on entrepose du linge à plier ou des papiers à trier, non, un débarras où l’on se débarrasse à proprement parler d’objets moches et cassés, encombrants et inutiles, et que l’on n’ose pas mettre aux ordures tout simplement. On ne jette pas, les gens n’osent pas jeter tout ce qui les encombre, les pèse, et qu’ils jugent inutile et laid parce que les gens ont peur de la séparation, de se séparer, je veux évidemment dire que les gens ont peur de la mort et que, pour se détourner de ce sentiment d’angoisse que suscite la mort, les gens entassent toute sorte d’objets et donc, moi-même, 7

description

Roman de la jubilation verbale, La performance juxtapose deux voix, celle d’un frère et d’une soeur, enfermés dans leur psyche comme dans une forteresse imprenable. Réfractaire à toute psychologie, tour à tour euphorique et paranoïaque, le livre procède par embardées et collisions, associations libres, et suit au plus près une pensée proliférante en train de se construire, avant toute censure. Imperturbables et didactiques, les deux personnages y exposent quelques vérités capitales sur : les marches glissantes du WTC le 11 septembre 2001, l’atterrissage feutré des OVNI en milieu periurbain, l’intensité sexuelle des cailloux, les détails d’une célèbre performance le 20 septembre 2009 à Marseille, l’influence des cours d’eau sur l’écoute de la radio dans la jeunesse française. A la fois leçon de choses, chanson de gestes, guide du routard et des égarés, La performance renouvelle de fond en comble, de haut en bas et dans la diagonale, la forme roman.

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Dans ma maison il y a une chambre au fond du couloir, etdans cette chambre il y a un placard, et là j’ai posé un sac quicontient des vêtements de poupées, quand on l’ouvre.

Cette chambre ce n’est pas ma chambre mais c’est une soi-disant chambre d’ami dans laquelle aucun ami ne dort jamaisparce que c’est une chambre froide et noire et malaccueillante, sans lampe de chevet, et sans table de chevetd’ailleurs, un débarras plutôt, et pas un de ces débarras oùl’on entrepose du linge à plier ou des papiers à trier, non, undébarras où l’on se débarrasse à proprement parler d’objetsmoches et cassés, encombrants et inutiles, et que l’on n’osepas mettre aux ordures tout simplement.

On ne jette pas, les gens n’osent pas jeter tout ce qui lesencombre, les pèse, et qu’ils jugent inutile et laid parce que lesgens ont peur de la séparation, de se séparer, je veuxévidemment dire que les gens ont peur de la mort et que, pourse détourner de ce sentiment d’angoisse que suscite la mort,les gens entassent toute sorte d’objets et donc, moi-même,

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poussée par cette même peur de la séparation qui estimmanquablement le signe de la peur de la mort, je gardais toutun tas d’objets dans cette chambre froide du fond du couloir,noire, qui est une chambre éminem ment angoissante, et quin’est plus depuis longtemps une chambre mais une pièce, unepièce d’objets remplie d’angoisse qui s’entassent, qui s’entassed’objets porteurs d’une charge, de mort, dont ce sac.

Ce sac de cuir dans le placard, rempli de vêtements depoupées, de poupées dont je ne garde aucun souvenir n’ayantjamais, enfant, joué avec ces poupées ni ne les ayant, jamais,habillées, je le tiens de ma mère qui, elle, enfant, donc, jouaitde ces poupées aux habits de dentelle, de velours, coususmain, des petites poupées de petite-bourgeoise, de valeur.

Ce sac de vêtement de poupées, dans le placard, l’autre jourje suis allée le chercher, je l’ai vidé, et j’ai déposé chaque robesur le lit de la chambre du fond du couloir, de la pièce, le liten était couvert, et le tapis au sol, aussi, et j’ai regardé.

Et j’ai pensé à ma fille, à ma fille qui aurait trente ans cetteannée, et j’ai pleuré, je me suis effondrée, je crois je me suiseffondrée un long moment sur le sol pathétique et glauqueet moche de cette chambre, dix minutes, de cette pièce, etpuis je me suis relevée, et j’étais très très lasse.

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Et j’ai pris tous ces vêtements, ces petits vêtements de vingtcentimètres, et je les ai remis dans leur sac, et j’ai remis lesac dans son placard, et alors.

Alors j’ai compris pourquoi je gardais ce sac de vêtements,et je me suis retournée et j’ai regardé tous les objets de lapièce et je me suis rendu compte que tous les objets de cettepièce étaient des objets morts, je veux dire des objets ayantappartenu à des morts, ma mère, ma fille, et c’est étrange,mais je ne le savais pas avant de m’en rendre compte cejour-là.

Leurs objets ils étaient tous là et je découvrais cette piècedans laquelle je venais de m’effondrer. L’effondrement,quatre pattes sur le tapis, m’avait donné cette pièce, je veuxdire, m’avait donné son identité, d’une manière.

Alors je suis sortie de la pièce et dans le couloir j’ai pensé àquelque chose, qu’un jour aussi tous mes objets appartien -draient à une morte. À cet instant-là, j’ai vu tous mes objetssans moi, pour de vrai. J’avançais dans la maison, et je voyaisles livres la bouilloire le lit, tout, mon attirail, soudain perçusans moi. Là j’ai visualisé. Mes affaires tiendraient au fonddu couloir, dans la pièce, empilées.

Alors je me suis foudroyée. C’était le long de la colonne

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vertébrale, autour. D’un coup je me suis sentie violemmentlibre, de crever, aussi, et alors à voix haute, et là je ne saispas du tout pourquoi, j’ai dit je ne passerai pas à travers lesgouttes.

Des fois on dit des trucs extraordinaires. Clairement je mesuis entendue dire je ne passerai pas à travers les gouttes,dans le couloir. Alors je me suis sentie très libre par rapportà la mort, et en même temps cassée, j’ai commencé à boire.Rapidement j’ai vomi parce que l’alcool je ne suis jamaisarrivée. J’ai dormi. Le lendemain mon appartement je l’ai misen vente. J’ai pensé que même d’une morte, même d’une fillemorte, j’étais toujours une mère. Je me suis dit tu peux teprendre en soin, dans cinq ans tu as la retraite.

La nuit il y a l’angoisse mais je sais, de pratique, désormais,qu’elles ne durent pas plus d’un temps les angoisses. Trenteminutes c’est le standard. J’apprends à attendre. Je fais toutsans médicament. Le plus souvent je pense que, une bite àdisposition, ce serait le mieux, mais depuis hier je pense quetuer quelqu’un, dans sa vie au moins une fois, il n’y a rien deplus puissant.

Aussi depuis quelques jours je commence à écrire, dans uncahier. Ce qui me sort c’est des lettres à ma mère, ce qui estcomplètement débile, parce que c’est complètement trop

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tard. J’écris des lettres à ma mère parce que je ne peux pascomprendre comment toute cette histoire vient du ventre,vient d’une bite tournée dans un ventre, dans l’humus.

Est-ce que tu sais toi que les choses viennent parce qu’on lesa fouillées dans l’humus. Non. Et est-ce que tu sais d’où vientcette histoire de fouillage d’humus, de ventre de bite. Etpourquoi dans les familles il y a des cagibis. Et pourquoi tune vois pas ça, ce trajet, de vie, ce trajet constant, vraimentce trajet inéluctable qui fait que ta vie est prise dans une lignequi va d’un ventre à un cagibi, d’un ventre fouillé jusqu’à uncagibi, à côté de ta chambre, tu as sept ans, hein. Non.

Depuis que je t’écris, au moins, j’ai compris qu’on ne peutpas se fouiller soi-même le ventre, et que les cagibis sontremplis de babioles et de vieilleries, bonnes à jeter, sansindice. Que les poils c’est fait pour se caresser, et qu’il n’y apas de tombeau à double fond.

Aussi j’ai compris que tu ne peux pas appréhender, tu nepeux pas dessiner un être, de a à z, du ventre au cagibi, non,tu ne peux pas, et même quand tu écris, les lettres, tu nepeux pas tracer la genèse d’un être, ni même juste sonaction, ou d’un objet, la genèse et l’action d’un objet, non,même. Parce qu’on n’a pas accès à la complexité de l’humuset qu’on n’a pas accès au principe de distillation de l’humus,

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dans une ligne, de vie. Il y a une barrière, un interdit, qui estun interdit de lieu, et toi qui parles tu la sais cette barrière,cet impossible. Et cet impossible t’insupporte.

On ne sait pas le principe qui fait durer un être, et qui l’arrête,on ne peut pas appréhender, dessiner la durée d’un être,dans sa plasticité, dans sa densité propre, on ne peutqu’imaginer. On ne peut que le touiller et le retouiller et luisinger une genèse, à l’aveuglette. Tout ça je le dis tel que çame vient mais tu le sais toi combien de temps elle a mis tamère pour te sortir et t’accoucher. Non.

Tu ne sais pas combien de temps on met pour, hop, bonjour,c’est toi, sortie, d’un ventre, d’un désir, d’un désir d’enfantqui nous a copulé pour s’en trouver grossie, gonflée, d’unenfant, à sortir, hein, à se le devoir sortir pour le laissergaloper devant, en face de soi, il vit, regarde, c’est toi, tu essortie et maintenant tu existes avec ton t-shirt, et tu mangesles légumes et tu cherches un travail, tu as dix neuf ans. Non.

Tu n’as jamais pu te représenter la scène de ta sortie, on nepeut pas, la voir, voir le temps, que ça dure, les gestes lescris le sang la fiente, on ne peut pas et surtout, que tout çavenait d’un désir, alors là on ne peut pas, le désir bizarred’être grosse d’un coup, via la fouille, via un bon gros coupde fouille, dans l’humus, le père lui file la semence, et d’un

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coup le désir est comblé, et du coup il retombe, ça on ne peutpas. Et elle grossira tout du long, et le gros ce sera toi, lagrosse, qui lui sortira, qui lui bouffera le sein, ça, c’estinsupportable. Sa peau c’était ton horizon, ton monde, et sapeau c’est l’odeur de ta mort maintenant, l’odeur de la limite,de la limite de ton désir. L’horizon de ton désir et de ta mort,ta mort qui est ta mère, maintenant, non on ne peut pas. Engénéral, les images qui nous montent sont irreprésentables,mais pour toi, insupportables.

Alors aujourd’hui tu écris à ta mère, et d’abord c’est deslignes. Mais après tu lui parles à ta mère et ta mère te parleaussi mais bien sûr, rien ne passe par là, jamais jamais,parce qu’entre fille et mère il y a cette cloison des familles,la bonne vieille chape, la chape au travers de laquelle unefille et une mère jamais ne pourront se parler, s’entendre,parce que ça ne peut pas passer. La charge de ce que le motdoit dire ne passe pas dans le mot, à ta mère, ne peut pas seporter de la fille à la mère, par le mot.

Et là c’est la bonne vieille atrocité des familles, et la bonnevieille atrocité des familles c’est la mère et la fille qui laportent, et elles la portent chacune pour elle, tanquéechacune en elle, d’où rien ne sort, rien ne passe.

Moi à ma mère je lui ai parlé et je lui ai dit, toujours, je lui ai

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dit arrête de faire ce travail parce que ce travail il va te tuer, etma mère m’écoutait mais bien sûr ma mère n’arrêtait pas sontravail, jamais elle ne l’arrêtait elle continuait, et pendant desmois et des mois je lui ai dit tu arrêtes ce travail jusqu’au jouroù j’ai arrêté de lui dire d’arrêter son travail et où je l’ai laissée,je l’ai laissé chercher sa mort, dans sa fatigue, par le travail,je l’ai laissé attendre sa mort et bien sûr sa mort est venue.

Ma mère s’est crashée sur l’autoroute, c’est comme çaqu’elle l’a trouvée, la mort, pendant une dépression, pendantune dépression un peu plus longue et un peu plus tenace queles précédentes, ma mère s’est crashée sur l’autoroute dansun pont, de béton, dans un accident de la route, un accidentde la route qui, bien sûr, un suicide. Un bon vieux suicideconsciencieusement camouflé en petit accident de la route,par ma mère, mais, mais je sais que ma mère, et ma sœuraussi le savaient, je sais que ma mère s’est consciencieu -sement appliquée à s’amalgamer à ce pont, de béton, surl’autoroute, le vingt-quatre juin deux mille, en rentrant le soirdu travail, à dix-neuf heures, au moment où ma sœur et moi,ensemble au même moment, parlions de la défaite de la viede ma mère, de la défaite qu’était la vie de notre mère qui seconcluait, donc, c’est marrant, à cette heure.

Ma sœur qui, pareil, jamais n’a réussi à parler à sa mère,notre mère, et qui jamais n’a réussi à toucher quelque chose

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chez ma mère ni jamais n’a réussi à se faire sentir, en retour,en tant que fille, fille de sa mère, notre mère. Et d’ailleursjamais non plus ma sœur et moi n’avons pu nous parler, etencore moins au moment où notre mère s’était mise à mouriret où, en tant que grande sœur, je passais, par un tour plusou moins trouble et pervers, par un tour propre aux familles,je passais au rang de mère de ma sœur, mère de ma propresœur, en tant que grande sœur je me voyais habillée de laprésence de ma mère, au travers de laquelle, bien sûr, je netoucherai plus jamais ma sœur et me coupais d’elle, au motifde l’impossibilité de se parler, au motif de ne pouvoir fairepasser d’elle à moi quelque chose, de dit, de fille à fille.

D’autant plus que ma sœur, tu as commencé à t’enfermerau moment où notre mère s’est mise à mourir, tu t’es miseà ne plus sortir, à ne plus parler, alors écoute.

Tu ne sors plus, depuis des mois et des mois tu t’enfermesmais je continue à te parler, à essayer, de te dire que tu nepeux pas rester enfermée comme ça, à buter chaque jour latête dans le mur, chez toi, je veux dire, tu restes dans le murtu restes dans le mental et tu ne sors plus, dans la rue, dansle parc, tu restes à la névrose tu restes à ta belle chape denévrose bien ressassée, sans sortir, ni marcher, sansmarcher tu ne peux pas, la léthargie, et ressasser la bellenévrose qui s’habille de la mort de la mère, de notre mère,

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ça, c’est la bonne occasion, la bien bonne occasion de la mortde la mère tu t’en fais une justification, de ta névrose, dansl’enfermement. Mais un jour, ma sœur, un jour ça ne va plusaller comme ça très bien, car ce n’est plus possible, dansl’enfermement uniquement, parce qu’un jour, parce qu’écoute,un jour la mort sort.

Et la mort te sort en la présence d’un cancer, du sein, et dansce cancer tu vois la mort, c’est normal, mais là d’un coupc’est la tienne, ma sœur, et qui t’attend, et du coup toi aussitu sors, à la rencontre, rencontrer voir la mort.

Au début non tu ne sors pas, parce que tu n’arrives plus àbouger, parce que le cancer dans le sein c’est atroce. Maisça au début seulement, parce qu’ensuite tu sors tu fonces audevant, et tu fonces aussi sur ton téléphone, et tu appellesles coups de fil, et tu appelles tes amants, tous tes amis, lesanciens gens. Et tu recommences à boire et tu forniquesbeaucoup, je veux dire tu reforniques, un peu avec n’importequi d’ailleurs, hommes et femmes confondus. Ma sœur. Tonmédecin t’appelle et ton médecin te dit que le cancer avance,il avance vraiment bien, l’opération il est trop tard pour ypenser et toi tu fais les caves des Cotes du Rhône pour terecharger, en vin.

Le soir il y a l’angoisse, c’est sûr, la nuit les réveils sont

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nombreux, la nuit il y a l’angoisse, mais le jeu prend, malgrél’effroi, malgré la fatigue et la gueule d’alcool qui t’englue levisage, le jeu prend. Le jeu prend dans une furie des chosesdu sexe et des nuits tenues, jusqu’aux derniers gestes lematin, à tenir la fatigue, pendant la nuit, à retenir l’amant,aussi. Aussi un humour nouveau te vient, qu’on ne teconnaissait pas. Ma sœur. La mort la mort la mort, c’estdébile hein cette carotte de trouille au bout du nez. L’humouril vient de là, de la carotte de trouille qui te pend au bout dunez.

Et puis vient le jour où tu fais le voyage. Tu pars au Mexique.Et malgré le groupe d’amants et malgré la troupe d’amis tupars seule, tu pars seule au Mexique faire le voyage. Tubaisses un peu le régime d’alcool et tu marches des jours etdes jours, la frénésie. Tu achètes des chaussures bleues, deschaussures fortes pour aller aux cailloux, et tu marches.

À ce moment venu tu ne parles plus. Tu remarques alors quela marche beaucoup, que l’alcool moins, et que la parole plusdu tout, font tomber l’angoisse. Alors tu souris et les molletspompent la route, et tu avances.

Aussi tu poses la question. Comment, pourquoi l’angoissetombe dans la solitude qui avance aux cailloux traversant lescouleurs et la langue étrangère, espagnole, c’est la question

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