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14/02/2013 2013-02-12-Terre-Neuvas2.doc 1 / 5 La pêche à Terre La pêche à Terre La pêche à Terre La pêche à Terre-Neuve. Neuve. Neuve. Neuve. Cinq siècles de terre-neuvas. par Lionel Martin, ancien capitaine de terre-neuvas. Lionel Martin, après une présentation du sujet et la projection d’un film de 1954, La Grande Pêche, tourné à bord du « Colonel Pleven », a répondu aux questions de l’auditoire. Ce compte-rendu présente une synthèse de l’exposé introductif et des réponses aux questions, complétée par des observations tirées du film et des documents pris sur Internet. Sommaire La pêche à Terre-Neuve. ............................................................................................................................................................ 1 I. Pourquoi est-on allé pêcher la morue ? : ........................................................................................................................... 1 II. Terre-Neuve, zone de pêche miraculeuse : .................................................................................................................. 2 A. Les « Grands Bancs » : ........................................................................................................................................... 2 B. Les deux types de pêche à la morue : ...................................................................................................................... 3 1. La pêche à la morue verte dite aussi « pêche errante » : ......................................................................................... 3 2. La pêche à la morue sèche : .................................................................................................................................... 4 III. La vie à bord des chalutiers : ....................................................................................................................................... 4 IV. La tempête : ................................................................................................................................................................. 5 V. La fin de la pêche :....................................................................................................................................................... 5 La morue est le nom communément utilisé pour désigner le cabillaud transformé par salage pour la conservation. I. Pourquoi est-on allé pêcher la morue ? : D’abord pour des raisons religieuses : au Moyen-âge et au début de la Renaissance, les règles de la religion catholique étaient fortement observées. Celles-ci imposaient 150 jours d’abstinence par an, 150 jours pendant lesquels on ne pouvait manger de viande. Or quel poisson était à la disposition des fidèles ? Si sur les côtes, on pouvait facilement se procurer du poisson frais, à l’intérieur du pays, on ne trouvait que du poisson de rivière peu abondant, ou du poisson salé comme du maquereau, du hareng, ou aussi de la morue que l’on allait pêcher en Islande. La morue, une fois séchée, pouvait se conserver très longtemps. La découverte d’une région où la pêche était d’une abondance extraordinaire, c’était là quelque chose de miraculeux, d’inespéré et l’on comprend que les armateurs du XVIème siècle, les bourgeois comme on disait alors, aient tenté cette aventure qui consistait à envoyer un navire à quelques milliers de kilomètres 1 . Au début, il n’y eut que quelques armements à partir de Normandie, de Bretagne, du Pays Basque, peut-être. Mais au bout d’une vingtaine d’années, les résultats ayant été excellents, ce fut réellement la ruée : plus de cinquante ports français, sans compter les ports étrangers, se lancèrent dans la grande aventure. 1 Cf : La fantastique épopée des terre-neuvas, L. Martin.

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La pêche à TerreLa pêche à TerreLa pêche à TerreLa pêche à Terre----Neuve.Neuve.Neuve.Neuve.

Cinq siècles de terre-neuvas.

par Lionel Martin, ancien capitaine de terre-neuvas. Lionel Martin, après une présentation du sujet et la projection d’un film de 1954, La Grande Pêche, tourné à bord du « Colonel Pleven », a répondu aux questions de l’auditoire. Ce compte-rendu présente une synthèse de l’exposé introductif et des réponses aux questions, complétée par des observations tirées du film et des documents pris sur Internet.

Sommaire La pêche à Terre-Neuve. ............................................................................................................................................................ 1 I. Pourquoi est-on allé pêcher la morue ? :........................................................................................................................... 1 II. Terre-Neuve, zone de pêche miraculeuse : .................................................................................................................. 2

A. Les « Grands Bancs » : ........................................................................................................................................... 2 B. Les deux types de pêche à la morue :...................................................................................................................... 3

1. La pêche à la morue verte dite aussi « pêche errante » : ......................................................................................... 3 2. La pêche à la morue sèche : .................................................................................................................................... 4

III. La vie à bord des chalutiers : ....................................................................................................................................... 4 IV. La tempête : ................................................................................................................................................................. 5 V. La fin de la pêche :....................................................................................................................................................... 5

La morue est le nom communément utilisé pour désigner le cabillaud transformé par salage pour la conservation.

I. Pourquoi est-on allé pêcher la morue ? :

D’abord pour des raisons religieuses : au Moyen-âge et au début de la Renaissance, les règles de la religion catholique étaient fortement observées. Celles-ci imposaient 150 jours d’abstinence par an, 150 jours pendant lesquels on ne pouvait manger de viande. Or quel poisson était à la disposition des fidèles ?

Si sur les côtes, on pouvait facilement se procurer du poisson frais, à l’intérieur du pays, on ne trouvait que du poisson de rivière peu abondant, ou du poisson salé comme du maquereau, du hareng, ou aussi de la morue que l’on allait pêcher en Islande. La morue, une fois séchée, pouvait se conserver très longtemps.

La découverte d’une région où la pêche était d’une abondance extraordinaire, c’était là quelque chose de miraculeux, d’inespéré et l’on comprend que les armateurs du XVIème siècle, les bourgeois comme on disait alors, aient tenté cette aventure qui consistait à envoyer un navire à quelques milliers de kilomètres1.

Au début, il n’y eut que quelques armements à partir de Normandie, de Bretagne, du Pays Basque, peut-être. Mais au bout d’une vingtaine d’années, les résultats ayant été excellents, ce fut réellement la ruée : plus de cinquante ports français, sans compter les ports étrangers, se lancèrent dans la grande aventure.

1 Cf : La fantastique épopée des terre-neuvas, L. Martin.

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II. Terre-Neuve, zone de pêche miraculeuse :

Il semblerait que l’île, située au nord-est du continent américain, ait vu arriver les Vikings vers 1004 ; les historiens n’arrivent pas à déterminer qui de Jean Cabot, Vénitien au service du roi d’Angleterre en 1497, ou du portugais Gaspard Cortereal en 1501, prit pied le premier sur l’île. Cabot déclarera à son retour : « Nous avons navigué sur une mer pleine de poissons que l’on prend non seulement au filet, mais avec des paniers dans lesquels on met une pierre pour qu’ils puissent plonger dans l’eau » ; preuve que déjà à cette époque, le poisson était très abondant.

Les conditions de mer extrêmement difficiles auxquelles devaient faire face les marins français à Terre-Neuve, leur demandaient des qualités extraordinaires, et ils étaient réputés comme étant les meilleurs du monde. Les Anglais en étaient à ce point convaincus qu’à plusieurs reprises, leurs navires de guerre ont capturé des équipages complets. Le 7 juin 1755, un an avant la guerre de sept ans, l’Amiral anglais Boscaven s’empara de plus de 300 navires de pêche et de commerce, et fit 6000 marins prisonniers. Les marins des navires terre-neuvas formaient les équipages des navires corsaires en temps de guerre ; sans les terre-neuvas, il n’y aurait pas eu de corsaires.

La pêche à la morue « sèche » se pratiquait autour de Terre-Neuve, de Saint-Pierre et

Miquelon, et la morue « verte » se pêchait sur les « Grands Bancs ».

A.A.A.A. Les «Les «Les «Les « Grands BancsGrands BancsGrands BancsGrands Bancs »»»» ::::

Les Grands Bancs sont un ensemble de plateaux sous-marins au sud-est de Terre-Neuve, au bord du plateau continental nord-américain. Leur superficie totale est de 282 500 km². Ils sont peu profonds (25 à 100 mètres, 200 mètres au maximum), et le courant du Labrador s'y mélange avec le Gulf Stream. Ces conditions créent la plus importante zone halieutique du monde.

Les courants marins sont soulevés le long des

talus du plateau continental ramenant à la surface les nutriments du fond de l'océan. Le phytoplancton peut ainsi se développer en grande quantité. Ce dernier sert de nourriture au zooplancton qui alimente ensuite la chaîne des animaux supérieurs. On retrouve en

Talus du plateau continental

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grandes quantités de nombreuses espèces de poissons dont l'aiglefin, le capelan, le flétan et surtout la morue de l'Atlantique, qui ont fait la réputation des Grands Bancs. En profondeur se trouvent toutes sortes de crustacés, comme le homard, et de mollusques comme les pétoncles.

On retrouve de grandes colonies d'oiseaux de mer, dont les fous de bassan, des puffins et des macareux qui s'y alimentent aux côtés de mammifères comme les phoques du Groenland, les dauphins et les baleines.

L'humidité qui s'évapore dans la masse d'air au-dessus de l'eau chaude du Gulf Stream se condense rapidement lorsqu'elle rencontre l'air froid qui se déplace avec le courant du Labrador. Les Grands Bancs sont donc une zone propice au brouillard et au passage de tempêtes, dont des ouragans en transformation extra tropicale.

B.B.B.B. Les deux types de pêche à la morueLes deux types de pêche à la morueLes deux types de pêche à la morueLes deux types de pêche à la morue ::::

1.1.1.1. La pêche à la morue verte dite aussi « pêche errante » ::::

Elle se pratiquait au large sur les bancs. Les navires partaient pour une saison de pêche de 6 à 7 mois avec des équipages de 20 à 30 hommes. La technique de pêche évolua au fil du temps. Au début, les pécheurs tiraient des lignes le long du pont du navire, puis au début du XVIIIe siècle, ils tendirent des lignes à partir de chaloupes, remplacées vers 1873 par des doris, bateaux à fond plat plus manœuvrables et plus facilement empilables sur le pont. Une fois le bateau arrivé sur les bancs, les doris étaient mis à la mer avec deux hommes d'équipage et pêchaient toute la journée à la ligne dérivante ; les hameçons étaient la plupart du temps amorcés avec des bulots, qui étaient pêchés et décoquillés à l'arrivée sur les bancs. Une fois le produit de la pêche remonté à bord du terre-neuvier, le traitement de la morue était organisé et rapide, chaque tâche étant répartie : les « piqueurs » vidaient, « les décolleurs » lui coupaient la tête et les tripes, et les « trancheurs » fendaient la morue en deux et

lui enlevaient l'arête dorsale. Le poisson était ensuite envoyés en cale où les « saleurs » le salaient et l'empilaient. Le métier de terre-neuvas était un métier très éprouvant pour les hommes, travaillant à découvert sur le pont dans des conditions météo très difficiles, dans le froid et l'humidité. La mortalité et les pertes de navires étaient importantes en raison d'accidents à bord, des pertes de doris dans la brume, de tempêtes ou de rencontres avec des icebergs...

Après la guerre, la pêche évolua vers la pêche au chalut avec le remplacement des voiliers par des chalutiers à moteur. Le dernier voilier terre-neuvier, le René Guillon, s'arrêta en 1951. La fin des années 1960 vit l'arrivée des bateaux-usines avec une mécanisation de la préparation du poisson en cale.

Le doris : Il a été créé en Amérique et utilisé à l'origine pour faciliter le départ de plage puis pour la

pêche à la morue sur les bancs de Terre-Neuve jusqu'au début du XXe siècle. La pêche à Terre-Neuve utilisa durant des siècles le système des chaloupes, jusqu'à la guerre

de 1870. À cette époque les Américains avaient remplacé celle-ci par des "Waris", de forts doris à fond

plat, de 7 à 8 mètres, plus aptes à s'échouer sur le sable ou les galets.

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En 1872, les goélettes Saint-Pierraises se mirent à employer des doris, de 5 à 6 m, achetés aux Américains; en 1886, les Saint-Pierrais achetaient encore 1000 à 2000 doris aux Américains.

C'est vers 1877, que les navires de Fécamp, Granville et Saint-Malo, commencèrent à utiliser des doris américains pour la pêche sur le grand banc, avec salaison à bord. L'emploi du doris se généralisa et le doris fut adopté par tous les armateurs français, vers les années 1880-1885. D'où le terme également utilisé doris des

bancs. Leur conception permettait de les empiler pour les stocker sur le pont de la goélette menant la campagne.

Le chalut : C’est un grand filet en forme d’entonnoir (50 m de lond), se terminant par une pointe. Il est tiré par des câbles d'acier appelés « funes ». Il est fermé à son extrémité (le « cul du chalut ») par un cordage dit « raban de cul ». Un système combiné de panneaux, de chaînes (lest) et de lièges ou flotteurs permet de maintenir béante son ouverture (30 m) et d'en régler la forme et la profondeur. Un « coup de chalut » durait une heure ou deux.

À la remontée, on s’interroge d’abord sur l’état du chalut, puis sur la prise : 6 à 8 tonnes de poissons constituent une bonne prise.

2.2.2.2. La pêche à la morue sèche :

Elle se pratiquait le long des côtes de Terre-Neuve à l'abri des vents et des courants. Les navires partaient d'Europe avec une centaine d'hommes, et mouillaient dans un havre de la côte de

Terre-Neuve. Les marins construisaient à terre des installations sommaires pour stocker et préparer le poisson mais également y vivre. Ils partaient ensuite à la pêche en chaloupe et au filet, le poisson ramené a terre chaque soir était préparé, salé et laissé sécher à l'air sur les grèves d'où son nom. Séché ainsi, le poisson pouvait se conserver beaucoup plus longtemps et donc une fois de retour en France, être exporté, principalement vers le

bassin méditerranéen. Cette pêche était également moins éprouvante pour les hommes qui vivaient à terre entre les journées de pêche. Les Français, principalement les Bretons, occupaient la côte nord-est de Terre-Neuve : la côte française de Terre-Neuve ; les Basques, les Anglais et les Portugais se partageant le reste du littoral. Les droits de pêche français sur la côte de Terre-Neuve cessèrent en 1904.

III. La vie à bord des chalutiers :

Sur un chalutier de haute mer, coexistent plusieurs métiers ou fonctions. Il y a les pêcheurs bien sûr, mais aussi des techniciens (piqueurs, décolleurs, trancheurs, …), des mécaniciens, un cuisinier, un radio, un chirurgien (pour 30 pêcheurs), un patron et ses seconds.

Les mousses ont la vie la plus dure à bord. Au début on les acceptait à partir de 8 à 10 ans ;

avant la dernière guerre ils devaient avoir au moins 12 ans, puis 14 à 16 ans à la libération. Les mousses sont les premiers levés et les derniers couchés. Le travail du poisson est très

pénible : le corps penché, la tête au-dessus de la baille, les mains dans l’eau glacée durant 16 heures par jour (au XXe siècle). Un bon trancheur tranche environ 600 poissons à l’heure ; ce qui fait que le mousse devra laver autant de morues par heure de travail ! C’est à dire qu’en 12 heures, il en aura lavé 7 200 !

A la fin du travail, il devra aller à la cuisine chercher la gamelle de soupe pour l’équipage, puis retournera chercher le pain et la suite. Ce n’est qu’après qu’il aura le droit d’enlever son ciré et manger sa soupe s’il en reste.

Le mousse était souvent maltraité, humilié. Jusqu’au XIXe siècle, il arrivait que des mousses soient battus, parfois même jusqu’à la mort.

Lorsque la température descendait au-dessous de – 15°, on arrêtait la pêche, le poisson était complètement gelé !

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Le capitaine doit utiliser toute sa science, son expérience, les dictons parfois, pour trouver la morue et rester sur le banc. La morue se trouve dans des eaux autour de 4° à une profondeur de 110 m environ, selon la saison. Pour trouver les bancs de poissons, le capitaine est aidé par un sondeur.

A bord, on mange ce que l’on pêche, sauf de la morue, bien sûr.

Mais il n’y a pas de produits frais, salades, fruits.. Les repas se ressemblent ; on mange beaucoup de flétan.

Le premier service est réservé aux officiers, au chirurgien, au radio, etc.. Au deuxième service on sert une des trois bordées qui se relaient sur le pont.

Après le repas, le boulanger fait son pain, puis cuit quelques morceaux de poissons que les pêcheurs ont recueillis pour leur souper.

A bord, il y a aussi l’odeur ! Non seulement celle du poisson, mais, avant l’arrivée des grands

navires usines qui fabriquaient eux-même leur eau, l’équipage ne disposait que d’un seau pour 17 hommes : il valait mieux ne pas être le dernier ! L’eau embarquée servait d’abord à la cuisine, puis à la chaudière.

En général, il n’y avait pas trop d’accidents ; ils étaient alors souvent peu graves, et chacun se soignait avec ses propres médicaments. Les accidents graves étaient rares.

Mais les morts ou disparus en mer étaient nombreux surtout jusqu’à la fin de l’utilisation des doris. Il y aurait eu en tout 350 000 morts à Terre-Neuve, un certain jour, 70 doris ne sont jamais revenus ; on raconte que pendant les guerres napoléoniennes, il y avait plus de morts à Terre-Neuve que sur les champs de bataille.

Durant tous ces mois en mer, il faut gérer l’absence de la famille, l’ennui, ses angoisses et sa

solitude. La radio est le seul lien avec la France, relayée par les stations du Canada. Au début les

liaisons se faisaient en morse, avant l’arrivée du langage en clair. Le Santo André et deux autres bateaux ont mis un jour en panne, à proximité les uns des

autres pour échanger du courrier et fêter la rencontre. On attend souvent beaucoup d’une simple lettre, beaucoup plus qu’elle ne peut dire, mais on va l’emmener avec soi et la relire cent fois.

Il y a aussi les relations avec les autres bateaux, où on va essayer de deviner ce que les

concurrents ne vous disent pas, en cherchant à faire la meilleure pêche possible. Même en clair, à la radio, on emploiera un code pour communiquer secrètement avec l’armateur. Certains capitaines de petites unités refusaient de rejoindre le bateau du courrier, pour que les concurrents ne sachent rien de la quantité pêchée, surtout si elle était faible. L’équipage acceptait cette situation, car il était intéressé aux bénéfices.

Le 1/5 de la pêche était réservé à l’équipage : les saleurs recevaient 1,75 part, le cuisinier 2,25 etc… Le capitaine était payé par l’armateur.

IV. La tempête :

« Avant, c’était le printemps, on pêchait tranquillement »… Dans le gros temps, on ne pêche plus, on amarre tout, et l’équipage se met à l’abri, au repos.

Les chalutiers pouvaient résister à presque toutes les tempêtes, en prenant les vagues de face, ou de l’arrière.

V. La fin de la pêche :

En 1995, un moratoire canadien interdisait la pêche à Terre-Neuve pour régénérer l’espèce. Depuis, la population des morues ne s’est pas reformée, car les phoques sont de plus en plus

nombreux dans ces eaux, et se nourrissent en particulier de petits cabillauds. On vient de découvrir par ailleurs, que le plateau continental recèle d’importantes réserves de

pétrole…