La pauvreté et le manque de confort du logement vont de pair

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- 1 - DIRECTION GÉNÉRALE STATISTIQUE ET INFORMATION ÉCONOMIQUE COMMUNIQUÉ DE PRESSE 3 avril 2009 La pauvreté et le manque de confort du logement vont de pair Les chômeurs et les parents de familles monoparentales continuent de courir le plus grand risque de pauvreté Les derniers chiffres de la pauvreté ne montrent pas de rupture par rapport au passé et confirment qu’en Belgique, une personne sur sept est pauvre. Ce chiffre place la Belgique au milieu du peloton européen. Les personnes ayant un emploi sont nettement moins exposées à la pauvreté que les inactifs. Dans la perspective de la hausse actuelle du chômage, ces chiffres sont le point de comparaison qui permettra de mesurer l’impact de la crise sur la pauvreté. Nouvelles données sur le logement : les locataires sont moins bien logés que les propriétaires. Les personnes en risque de pauvreté ont un logement systématiquement moins confortable que les autres. Par exemple, plus d’un quart d’entre eux n’ont pas le chauffage central dans leur habitation. Pas de rupture dans l'évolution du risque de pauvreté L’enquête EU-SILC est l’enquête de référence de l’Union européenne pour assurer le suivi de la pauvreté et des conditions de vie. Le volet belge de cette enquête - organisé par la Direction générale Statistique et Information économique du SPF Economie - offre chaque année un regard unique sur la situation financière et les conditions de vie de plus de 6.000 ménages belges, soit près de 14.000 personnes. Ses résultats alimentent plusieurs instruments politiques belges et européens parmi lesquels le Plan d’Action national Inclusion Sociale et le Baromètre interfédéral de la pauvreté (www.mi-is.be). Ce dernier est actualisé sur base des derniers chiffres disponibles. Les résultats des dernières données validées par Eurostat - les données de l’enquête 2007 - ne présentent pas encore de réelle rupture par rapport aux vagues précédentes de l’enquête EU- SILC. Seul le seuil de pauvreté a légèrement augmenté. Pour une personne isolée, il s’élève désormais à €878 (€860 auparavant) et à €1.844 pour un ménage composé de deux adultes et deux enfants (€1.806 auparavant). A nouveau, le risque de pauvreté global pour l’ensemble du pays atteint 15% environ. La Belgique conserve ainsi sa place au milieu du peloton européen. La figure 1 en annexe nous montre une comparaison avec les autres pays européens. Au niveau des régions, la Flandre se stabilise à 11% tandis qu’en Wallonie, le taux de pauvreté atteint 19%. On retrouve également les groupes socio-économiques classiquement les plus exposés au risque de pauvreté : les retraités (20%) et les plus de 65 ans (23%) en général, les locataires (29%), les chômeurs (très nettement avec 34%), les personnes isolées (26%) et en particulier les parents de familles monoparentales (36%) présentent un risque de pauvreté supérieur à la moyenne. La figure 2 donne un aperçu de la répartition par groupes socio-économiques. Il faut maintenant attendre les résultats des enquêtes SILC 2008 et 2009. Les résultats ci-dessus montrent que le travail est le principal bouclier contre la pauvreté. À l’heure actuelle, il est cependant difficile d’estimer l’impact précis de la crise économique sur les chiffres futurs de la pauvreté.

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DIRECTION GÉNÉRALE STATISTIQUE ET INFORMATION ÉCONOMIQUE COMMUNIQUÉ DE PRESSE 3 avril 2009

La pauvreté et le manque de confort du logement von t de pair

Les chômeurs et les parents de familles monoparenta les continuent de courir le plus grand risque de pauvreté • Les derniers chiffres de la pauvreté ne montrent pas de rupture par rapport au

passé et confirment qu’en Belgique, une personne sur sept est pauvre. • Ce chiffre place la Belgique au milieu du peloton européen. • Les personnes ayant un emploi sont nettement moins exposées à la pauvreté que

les inactifs. Dans la perspective de la hausse actuelle du chômage, ces chiffres sont le point de comparaison qui permettra de mesurer l’impact de la crise sur la pauvreté.

• Nouvelles données sur le logement : les locataires sont moins bien logés que les propriétaires. Les personnes en risque de pauvreté ont un logement systématiquement moins confortable que les autres. Par exemple, plus d’un quart d’entre eux n’ont pas le chauffage central dans leur habitation.

Pas de rupture dans l'évolution du risque de pauvre té L’enquête EU-SILC est l’enquête de référence de l’Union européenne pour assurer le suivi de la pauvreté et des conditions de vie. Le volet belge de cette enquête - organisé par la Direction générale Statistique et Information économique du SPF Economie - offre chaque année un regard unique sur la situation financière et les conditions de vie de plus de 6.000 ménages belges, soit près de 14.000 personnes. Ses résultats alimentent plusieurs instruments politiques belges et européens parmi lesquels le Plan d’Action national Inclusion Sociale et le Baromètre interfédéral de la pauvreté (www.mi-is.be). Ce dernier est actualisé sur base des derniers chiffres disponibles. Les résultats des dernières données validées par Eurostat - les données de l’enquête 2007 - ne présentent pas encore de réelle rupture par rapport aux vagues précédentes de l’enquête EU-SILC. Seul le seuil de pauvreté a légèrement augmenté. Pour une personne isolée, il s’élève désormais à €878 (€860 auparavant) et à €1.844 pour un ménage composé de deux adultes et deux enfants (€1.806 auparavant). A nouveau, le risque de pauvreté global pour l’ensemble du pays atteint 15% environ. La Belgique conserve ainsi sa place au milieu du peloton européen. La figure 1 en annexe nous montre une comparaison avec les autres pays européens. Au niveau des régions, la Flandre se stabilise à 11% tandis qu’en Wallonie, le taux de pauvreté atteint 19%. On retrouve également les groupes socio-économiques classiquement les plus exposés au risque de pauvreté : les retraités (20%) et les plus de 65 ans (23%) en général, les locataires (29%), les chômeurs (très nettement avec 34%), les personnes isolées (26%) et en particulier les parents de familles monoparentales (36%) présentent un risque de pauvreté supérieur à la moyenne. La figure 2 donne un aperçu de la répartition par groupes socio-économiques. Il faut maintenant attendre les résultats des enquêtes SILC 2008 et 2009. Les résultats ci-dessus montrent que le travail est le principal bouclier contre la pauvreté. À l’heure actuelle, il est cependant difficile d’estimer l’impact précis de la crise économique sur les chiffres futurs de la pauvreté.

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Logement et pauvreté L’enquête EU-SILC est complétée chaque année par un module spécifique qui a pour but de mettre en lumière l’une des facettes de la pauvreté. Pour EU-SILC 2007, les questions supplémentaires de ce module ont trait au logement. Le lien qui peut être fait entre ces informations complémentaires et le contenu de l’enquête générale permet de très intéressantes comparaisons entre la situation de ceux qui sont considérés comme pauvres monétairement, tels qu’ils sont définis par les variables primaires de l’enquête et les conditions de vie de ceux qui ne sont pas en risque de pauvreté. Dans le tableau suivant, nous avons donc comparé les personnes qui vivent avec un revenu inférieur au seuil de pauvreté (878 euro par mois pour un isolé) avec la population totale sur base de différents critères relatifs au logement reflétant la privation matérielle et les conditions de vie des ménages. Comme le sujet du module complémentaire est le logement et que, nous l’avons déjà vu, les locataires ont un risque de pauvreté très supérieur aux propriétaires, nous avons étendu cette comparaison à la caractéristique propriétaire/locataire des ménages. Pourcentage de personnes qui font partie d'un ménage confronté au problème suivant:

Population totale

Population en risque de pauvreté

Population qui n’est pas en

risque de pauvreté

Locataires (y compris à un

prix inférieur à celui du marché)

Propriétaires (y compris

occupants à titre gratuit)

manque d'espace (appréciation subjective) 10,2% 21,6% 8,1% 23,3% 5,6%problèmes financiers pour chauffer suffisamment leur logement 14,6% 32,9% 11,3% 24,7% 11,1%pas le confort élémentaire (pas bain/douche ou pas toilettes ou pas eau chaude) 2,1% 5,4% 1,5% 4% 1,5%logement sombre, très peu de lumière du jour 8,6% 12,6% 7,9% 12,1% 7,4%Installation électrique en mauvais état 4,9% 11,6% 3,7% 12,3% 2,3%Conduites d’eau en mauvais état 3,1% 6,9% 2,4% 8% 1,4%Pas de chauffage central 14,1% 25,5% 12,1% 20,7% 11,8%Chaleur insuffisante en hiver 6% 14,9% 4,4% 14,9% 2,9%Fraîcheur insuffisante en été 14,3% 21,9% 12,9% 26,2% 10,1%Insatisfait ou très insatisfait de son logement 11,6% 22,6% 9,6% 19,9% 8,7%EU-SILC 2007: module sur le logement : comparaison de la population totale, de la population en risque de pauvreté et de la population des locataires/propriétaires Les pauvres démunis de confort Globalement, les logements des gens vivant sous le seuil de pauvreté sont systématiquement moins confortables que ceux des gens ne vivant pas dans la pauvreté. Ainsi, nous constatons par exemple que 21,6% des personnes en risque de pauvreté considèrent qu’elles sont confrontées à un manque de place dans leur logement, contre 10% de la population totale. Plus interpellant, plus d’un quart des pauvres (25,5%) ne disposent pas du chauffage central dans leur logement. Ils ne sont que 12% parmi les personnes vivant au-dessus du seuil de pauvreté. Les pauvres ont également trois fois plus de risques d’être confrontés à des problèmes financiers pour chauffer leur logement suffisamment, de ne pas disposer du confort élémentaire dans le logement, d’avoir une installation électrique en mauvais état et de ne pas pouvoir obtenir une chaleur suffisante en hiver pour vivre confortablement dans leur logement.

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Les locataires sont en général défavorisés en matiè re de logement La comparaison des locataires et des propriétaires montre également des disparités très fortes en matière de logement, les locataires étant systématiquement moins bien logés que les propriétaires. Ainsi, 20% des locataires se déclarent insatisfaits ou très insatisfaits de leur logement, contre moins de 9% des propriétaires. 23,3% des locataires se plaignent aussi du manque de place dans leur logement contre 5,6% des propriétaires. Ils sont également 15% à ne pas pouvoir obtenir une chaleur suffisante en hiver par leur appareil de chauffage ou l’isolation de leur maison, contre 3% seulement des propriétaires. Notons aussi que les locataires ont 5 fois plus de risques que les propriétaires de rencontrer dans leur logement des problèmes d’installation électrique défectueuse ou de conduites d’eau en mauvais état. Enfin, 4% des locataires ne disposent pas du confort élémentaire, c’est-à-dire que l’une au moins des commodités suivantes est absente de leur logement: l’eau courante chaude, une douche ou une baignoire et des toilettes à l’intérieur. ____________________________ RENSEIGNEMENTS COMPLEMENTAIRES Pour plus de renseignements, veuillez prendre contact avec le responsable communication, M. Freddy Verkruyssen (tél. 02/277.70.76, courriel [email protected]). MENTION DE LA SOURCE Mention de la source: SPF Économie – Direction générale Statistique et Information économique.

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Figures

Figure 1: taux de pauvreté des principaux Etats mem bres européens, de la Flandre et de la Wallonie

10%11% 11%

12% 12%13% 13%

14%15% 15%

16%17%

18% 18%19% 19%

20% 20% 20%

0%

5%

10%

15%

20%

25%

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Figure 2: taux de pauvreté selon les différents gro upes socio-économiques

15,2% 15,9%14,4%

23,0%

13,7%

4,4%

34,2%

24,6%

29,4%

10,3%

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

35%

40%

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Informations techniques

Quelques caractéristiques de l’enquête SILC en Belgique EU-SILC (Statistics on Income and Living Conditions) est un panel que l’on interroge chaque année sur les revenus et les conditions de vie et qui se compose à la fois de personnes déjà interrogées précédemment et de nouveaux répondants. Un des points forts de l’enquête EU-SILC est qu’elle n’est pas une enquête ad hoc distincte sur les principaux éléments des revenus des personnes interrogées mais qu'elle examine l'ensemble des revenus dans tous leurs détails (salaires et appointements sous tous leurs aspects, les allocations, les divers revenus, y compris les transferts entre ménages) et sur l’ensemble de l’année calendrier. Ce dernier aspect explique en partie le retard avec lequel les chiffres sont mis à disposition. Par exemple, les revenus de 2006 sont la référence pour l’enquête 2007. Le traitement a été effectué en 2008. Eurostat a autorisé la publication des chiffres pour la Belgique et les autres pays le mois dernier. La DGSIE a toutefois l’intention d’accélérer l'ensemble du processus.

Calcul du risque de pauvreté Le seuil de pauvreté équivaut à 60% de la médiane, à l’échelle individuelle, du revenu disponible. Cela correspond au calcul suivant : 60% de €17.567 par an équivaut pour une personne isolée à un seuil de €10.540 par an, soit €878 par mois. Pour obtenir le seuil de pauvreté des ménages, il ne suffit pas de multiplier ce chiffre par le nombre de membres du ménage. Partant du principe que les membres d’un ménage partagent les charges et les dépenses, un deuxième adulte dans un ménage se voit appliquer un facteur de 0,5 dans le calcul du seuil de pauvreté et les enfants (<14 ans) un facteur de seulement 0,3. Le seuil de pauvreté d’un ménage composé de deux adultes et de deux enfants se calcule donc en multipliant le seuil des personnes isolées par un facteur 2,1 (€10.540*2,1= €22.134 soit €1.845 par mois). Ce facteur de 2,1 s’obtient en attribuant un ‘poids’ de 1 au chef de famille, de 0,5 au deuxième adulte du ménage et de 0,3 à chacun des enfants.