TROPHÉE

Le « Trophée CPO Vittel du Taekwondo

français » distingue un (ou une) athlète

dont les performances et les qualités

morales (dans l’esprit du Hwarangdo)

ont été particulièrement remarquées

durant le trimestre écoulé.

Le choix est effectué par un jury composé

du président de la FFTDA

et de cadres techniques fédéraux.

Mon premier est la révélation des

championnats d’Europeseniors. Mon second

est une athlète discrèteet pleine de panache.Mon tout forme HajerMustapha, 20 ans,couronnée, à Bakou, en -46 kg, à l’Euro

seniors. Personne nel’attendait à un tel

niveau, même pas elle. Et pourtant, la petite

nana de St-Fons l’a fait.Elle nous a fait chanterla Marseillaise. Avec sa fraicheur et sontalent, la nouvelle

Tsarine de Bakou débuteune belle carrièreinternationale et

se prépare à décrocherde plus belles médailles.

Hajer Mustapha

Par Oury Sztantman et Pauline FILET

Son palmarès

40 Taekwondo Hwarangdo n° 60

A Bakou, tu es devenue cham-pionne d’Europe seniors. Cela faitquoi?Mon objectif de la saison a étéatteint. C’est un soulagementd’avoir gagné. Cette victoire est untremplin dans ma course aux pointspour les prochains grands prix.T’imaginais tu être la seule Fran-çaise auréolée d’or ?Non. Je suis passée le premier jouren imaginant que mes équipiersgagneraient d’autres médailles d’or.Il n’était pas question de revenir bre-douille, sans rien à croquer.Au premier tour, tu affrontais l’Is-raélienne Anna Mirkin. Peux-tunous parler de cette adversaire ? J’étais très impressionnée par sataille. Elle est gigantesque. Cepen-dant, je n’avais pas le choix. Je

devais mettre mon stress de coté etmultiplier les actions pour espérerla passer. Je devais constammentmaintenir la pression, la pousser àbout physiquement et la surprendreau visage. Cette stratégie a bienfonctionné puisque je la bat 16/4.Après cette victoire, comment as-tu abordé le quart de finale faceà la Chypriote Koutouki Kyriaki ? J’éprouvais de l’appréhension. Cetteadversaire est d’une souplesse redou-table. Avec le staff, nous avions bienétudié son jeu et élaboré les élé-ments tactiques pour la battre. Jesuis, quand même, restée méfiantecar son style est très imprévisible.Quelles étaient les consignes ?Je devais laisser passer ses premièresattaques, saisir des opportunités etrepartir, à mon tour, sur des

attaques. J’étais soulagée de gagnerce quart de finale. Cela m’a libéréedu stress. La médaille était assurée.Je n’avais plus besoin de meprendre la tête et pouvais tout don-ner sans arrière pensée.En demi-finale, la Croate t’a-t-elledonné du fil à retordre ?Effectivement, ce combat était diffi-cile et stratégique. La Croate effec-tue un Koro-cut en multi-temps trèssurprenant. Malgré tout, je suis res-tée focalisée sur ma stratégie, avecune seule idée en tête : me faireplaisir pour accéder à la finale.En finale, tu affrontes l’Ukrai-nienne, Romoldanova. Connais-tu cette adversaire ?Oui, je l’avais déjà rencontrée àl’open de Fujairah lors de la demi-finale. Le score avait été serré. Mais

l 5e JOJ 2010 l 1re Coupe du Monde francophone 2012 l

2e Champ. d’Europe juniors 2009l 1re Open de Bahreim 2014 l

2e Open de Fujairah 2014 l3e Open d’Allemagne, de Tunisie,

de Suisse 2014 l 1re Opend’Espagne 2013 l 3e TournoiInternational de Paris 2013 l

1re Open de Belgique et d’Autriche2011 l Championne de France

seniors 2012, 2014 l 2e Champ.de France seniors 2011, 2013 lChampionne de France espoirs2014 l Championne de France

espoirs 2011 l Championne de France juniors 2010, 2011

La nouvelle de Bakou

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Sa carrière

41Taekwondo Hwarangdo n° 60

En 2001, Hajer a 7 anslorsqu’elle débute letaekwondo avec ses copines,

son frère et sa sœur. « Mes parentsnous ont emmenés au club deSaint-Fons. Ils voulaient que nouscanalisions notre énergie. »se souvient, avec plaisir, la jeunefille. « L’esprit de compétition, le challenge et la beauté de l’artmartial m’ont immédiatementséduite. » Sous la direction d’IdirBoumertit, Hajer fait ses gammeset présente de belles dispositions. « Mon premier souvenir decompétition remonte à 2006. Je gagne alors la Coupe de Franceminimes à Gerland. » Un premiertitre qui en appellera beaucoupd’autres. Hajer est douée et lesentraîneurs de l’équipe de Francel’ont bien remarquée. « En 2009, je suis retenue pour participer àl’Open d’Allemagne. À la rentréesuivante, j’intègre le pôle France àAix-en-Provence, sous la directionde Myriam Baverel et MehdiBensafi. » Hajer réalise alors son rêve d’enfance mais quitter sa famille, son club et ses amiesest difficile. « Il a fallu retrouverdes marques et des habitudes.Heureusement, nous étions bienentourées et avions des objectifssportifs précis. » Au pôle, laLyonnaise progresse et confirmeson talent lors du Tournoi dequalifications olympiques à Tijuana(Mexique) en 2010. Elle décroche le quota pour les premiers JOJ. Son parcours est sans faute. Les entraîneurs lui proposentnaturellement, en 2013, d’intégrerle pôle élite de l’INSEP. « Lesconditions d’entraînement sont bienmeilleures à l’INSEP. A Aix-en-Provence, c’est la vie en collectivitéqui était plus sympa. C’était pluspetit et nous étions toujoursensemble. » Heureusement, Hajersait pourquoi elle est là. « Monobjectif est de participer aux prochainsJO alors je m’entraîne dur et jecompte bien réaliser mon rêve. »

Super furyod’Hajer.

Lorsque l’arbitre annonce sa victoire, Hajer

est soulagée et heureuse.

Sa fiche1er Dan

❑Née le 17/06/1994 à Lyon❑ Club : Tkd St Fons❑ Elève BPJEPS APT❑Sa devise : « On ne naît pasvainqueur, on le devient. »

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Tsarine

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Du Tacau Tac

C e q u e p e n s e s o n e n t r a î n e u rIdir Boumertit

Si tu devais te définir en un mot ? Discrète Ta plus belle qualité ?GénéreuseTon plus gros défaut ?NerveuseCe que tu apprécies le plus ?La sincéritéCe que tu détestes ?L’hypocrisieLe plus grand champion ?Mohamed AliLe numéro un en Taekwondo ?Servet TazegulTa technique préférée ? Koro cut tolyoLe plus beau moment de sport ? La victoireSi tu avais fait un autre sport ? L’athlétisme D’autres passions ? Manger et sortir entrecopinesTon film préféré ? Colombiana du réalisateurOlivier MegatonUn chanteur préféré ? Aucun en particulier Des lectures ? Taekwondo hwarangdoTa boisson préférée ? Oasis tropical Ton plat préféré ? Tous les plats de ma maman

TROPHÉE

à Baku, la confrontation m’a paruplus facile. J’étais très concentréecar je savais qu’elle voulait sarevanche. Elle allait me mettre desbâtons dans les roues. J’étais prête.J’étais déterminée à ramener le titre.Impossible à départager à l’issuedes trois rounds, vous allez aupoint en or. Appréhendais-tu cemoment ?Non. A cet instant, je suis tellementdans le combat que je ne réalise pasqu’il s’agit du point en or. C’est àpeine si je prends les infos sur letableau électronique.Sur le podium, à quoi pensais-tu ?À ma famille, mon club, mes coachset mes partenaires d’entraine-ment… Ils ont tous contribué à mapréparation. Toutes mes annéesd’entrainement et de sacrifices ontfini par payer.Pour résumer cette journée, quela été le plus beau combat ?Mon quart de finale face à la redou-table Chypriote. Le combat a ététrès difficile mais j’avais assuré lamédaille. C’était un soulagement.Celui où tu as le plus souffert ?Ma demi-finale face à la Croate. L’en-gagement était maximal et la ren-contre était très physique. Elle ad’ailleurs laissé des traces.Dirais-tu, qu’à Bakou, unenouvelle Hajer a vu le jour ? Oui, j’ai passé un cap. Je vaisaborder les Grands Prix avecplus de confiance. C’est foule chemin parcouru. Audébut de l’année, je n’étaisrien et maintenant je suis clas-sée n° 12 au ranking olympiqueet 4e au classement mondial.Cette médaille d’or est-elledonc la preuve que tu peuxviser plus haut ?Oui. Elle me conforte dans monniveau et me permet d’aborder mesfuturs combats avec plus d’assurance.

niveau ?Pour réussir au haut-niveau, troischoses sont indispensables au quo-tidien : une hygiène de vie irrépro-chable, de la détermination et uninvestissement permanent.Quel genre de nana est HajerMustapha dans la vie ?Je suis calme et discrète. Mais enfonction du contexte, je peux aussimettre un peu de folie dans moncomportement.Quelles ont été les rencontres clésdans ta vie de sportive ?Il y a mon entraîneur de club, IdirBoumertit. Il m’a appris les bases, mesoutient en permanence. C’est unepersonne de valeur, sur qui, je peuxcompter malgré la distance. Au pôled’Aix-en-Provence, Mehdi Bensafi atenu le rôle d’entraineur et de grandfrère. Mes partenaires d’entraine-ment (Gwladys Epangue, YasminaAziez, Haby Niaré, Maeva Mellier,Magda Wiet Henin, Sana Akrimi,Vinciane Douet et Julie Lemasson)m’ont toujours motivée même dansles moments les difficiles. n

Que pensez-vous de la sportive? « Dès ses débuts,on sentait qu’Hajer avait du potentiel. Entre le clubet les pôles France (Aix-en Provence et l’INSEP),elle a fait fructifier sa marge de progression.Depuis 2009, elle est au rendez-vous. Elle a gagnéla qualification olympique pour les JOJ où elle finit5e. Elle a remporté la Coupe du Monde Francophone,plusieurs opens internationaux. Cette année, c’est sa consécration. Elle gagne les titresnationaux et le sacre européen. Elle cartonne. »Ses points forts? « Sa force de caractère et sapersévérance à vouloir gagner. En cas de défaite,

elle gamberge et finit par trouver les ressourcespour revivre. »Ses points faibles ? « Justement avant, ellegambergeait trop mais elle ne positivait pas. »Que penses-tu de la nana? « Elle profite de la vie et se construit un véritable double projet. Elle veutaccéder à un cursus qualifiant pour assurer son « après-carrière ». Elle est très attachée à sonclub. Elle vient mouiller le maillot dès que possibleet partager son expérience avec les jeunes. » Son petit défaut ? « Elle est têtue mais c’est aussiune de ses qualités. »

Qu’est ce qu’il te faut encore tra-vailler pour être plus performante?Je dois rester concentrée du débutà la fin du combat et travaillerencore ma technique.Quels sont tes meilleurs atouts ?Ma détermination et mon envie debien faire.Quelle est ton ambition sportive ?À court terme, je dois confirmermon statut, récupérer un maximumde points pour entrer dans les sixpremières et perfectionner montaekwondo. A long terme, ce sontles Jeux Olympiques.A quoi ressemble le quotidiend’une taekwondoïste de haut-

Yasmina Aziez, Hajer Mustapha, Kyliann Bonnet, les trois complices originaires de Rhône-Alpes.

Bonheur partagé avec son entraîneur Myriam Baverel et le médecin de l’équipe de France.

A Puebla, le titre de Championne du Monde,de sa copine Haby Niaré,faisait déjà rêver Hajer.

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