La 12e Coupe des Cent Châteaux, rencontre amicale organisée tous les deux ans par Touraine-Planeur, à Tours–Le Louroux, s’est achevée le 6 août après six jours de vol sur huit possibles. Compte rendu.

La météo s’est montrée compa-tissante ! Et pourtant il n’était pas facile de se glisser dans le

calendrier 2016 : l’Euro de football, Roland-Garros, le Tour de France,

les Cent Châteaux, les Jeux olym-piques… Quel enchaînement !La Coupe des Cent Châteaux est, tous les deux ans (donc les années paires) une rencontre originale imaginée il y a bien

longtemps par Luc Gaucher, puis por-tée par Christine Gaucher son épouse. Après leur déménagement du Louroux, l’hiver dernier, le club avait à cœur de se montrer digne d’eux. C’est chose faite.

La magie des Cent Châteaux

Compétition

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La magie des Cent Châteaux

Qui dit convivialité, dit blagues. Si si, le Caudron C-800

a tourné le Mont-Saint-Michel, mais il était mal orienté !

La photo est refusée. Le jury est implacable !

Chambord, bien sûr… Un grand classique, à quelque

80 kilomètres du Louroux.

37Septembre - Octobre 2016

Tourisme vélivoleLe règlement est très simple : une liste de… 160 châteaux (de la Loire, bien sûr) à photographier comme les points de virage du temps jadis, mais sous un angle imposé : le nez du planeur à l’est et l’aile gauche visible sur la photo. Plus ils sont loin, plus ils rapportent : de 0 à 50 km, dix points ; de 50 à 90 km, vingt points ; au-delà, trente points. On ne les photographie qu’une seule fois dans la semaine. Il faut donc prévoir les itinéraires, gar-der sous le coude les châteaux les plus proches pour les jours de météo difficile… Il faut anticiper ! On peut lire le règlement sur le site internet de Touraine-Planeur.À l’origine, il y avait évidemment cent châteaux sur la liste. Mais il y a une dizaine d’années, un équipage de Chartres mené par Rémy Oudin, en Duo-Discus, les avait presque tous photographiés avant la dernière épreuve et il fallut en rajouter en urgence ! Manquer de châteaux en France… un comble !Les concurrents sont libres de choisir leur secteur de vol, partir vers l’est ou l’ouest, le nord ou le sud. Première décision importante, l’aérologie en

effet peut être différente, pendant une même journée, sur la Sologne, le Berry, le Poitou ou l’Anjou.Ce n’est pas exactement une course de vitesse, mais il y a tout de même une ouverture de porte après les dé-collages, pour ne pas retarder le dé-but des treuillées « club ». Alors cela devient vite très tactique : il faut repé-rer les bons châteaux, dont la région fourmille et qui ne sont pas tous des vedettes internationales comme Che-nonceau, Chinon ou Chambord ; il faut voler de l’un à l’autre en lignes brisées continuelles ; il faut éviter de perdre 300 mètres d’un coup en se calant pour prendre la photo sous l’angle imposé, à l’heure où il est temps de rentrer… Et le soir, il faut rendre une liste de photos propre, correspondant à la séquence figurant sur la carte SD. Le jury est implacable ! Les principales causes de photos refusées ? Châteaux pris de beau-coup trop loin ou non identifiables, erreur de château, planeur pas si-tué dans le secteur des 45° de part et d’autre de l’objectif, mauvaise orientation du planeur, photo floue, voire photo… de la glissière du fe-nestron ! Tout ça est très difficile, honneur aux gagnants !

Klaus Scheulen, le vainqueur 2016, avait « ploté » à l’avance tous les châteaux ; en l’air, il surveillait sa trace sur l’écran et quelques secondes avant l’objectif, il incli-nait et déclenchait la photo. Cela a marché à tous les coups. Bonnes photos, bon secteur, bonne orien-tation. Très pro. Il n’avait plus qu’à s’occuper de vol à voile.Touraine-Planeur tient à ce que cette rencontre soit amicale avant tout. Non-prise de tête est la règle en ce concours. D’ailleurs, c’est le planeur qui est inscrit, pas l’équipage. Cela convient à trois catégories de parti-cipants. Ceux qui cherchent la gagne peuvent exprimer leur talent, comme Klaus Scheulen, en LS-4, ou les Hug père et fils, deuxièmes cette année. Les biplaces peuvent faire « tour-ner » des jeunes pilotes en formation campagne ou les amateurs de balade, comme le Marianne d’Amiens avec Kevin Hugot ou celui du Louroux avec Marius Berdi. D’autres cherchent une semaine de vols amusants dans le Jardin de la France, dans une bonne ambiance, un peu comme un rallye touristique. Tous sont satisfaits, et la plupart se prennent vite au jeu. C’est la magie des Cent Châteaux.

Quelques malheureux ont dû consommer une vache en chocolat sur place.

Claire Graff, Kevin Hugot et Jérôme Jeanclos ont reçu leur prix des mains de la championne des secrétaires de club, Évelyne Druçy.

Gilles et Grégoire Hug,

deuxièmes, ont été

distancés par Klaus Scheulen.

Souvenir, souvenir… En 2002, une belle vache de Bertrand Morisseau devant le château de Chemery

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Compétition

Un Slingsby Capstan annoncé pour 2018Cette année les organisateurs ont inclus une classe bois et toile : même règlement, mais deux classements, deux vainqueurs. Il n’y avait que deux planeurs anciens cette année, pour débuter : un Ka-8 et un C-800. L’inscription du Caudron C-800 était symbolique, bien sûr, on savait bien que le tour des châteaux en local

serait vite fait ! Mais c’est le C-800 de Touraine-Planeur restauré par le jeune Cyril Pintat, qui le pilotait avec différents passagers, nostalgiques ou curieux. Le C-800 a quand même rem-porté une épreuve ! Il a photographié le même château que le K-8, mais le K-8 est allé aux vaches, ce qui divise les points par deux : le C-800, dix points, le K-8 cinq !Touraine-Planeur veut développer

l’inscription des oldtimers et compte sur toi, lecteur, pour diffuser l’infor-mation : en 2018, nous attendons des K-6, des 901, des Mésange, des Edelweiss, des Nord 2 000, que sais-je ?, de vieux Slingsby ! Un Capstan anglais s’est déjà annoncé.

Palmarès surpriseUne surprise attendait les concur-rents et le public à la soirée de clô-

La plus belle photo de l’édition 2016, le château du Rivau.

* Dresser la liste de 160 beaux châteaux du Jardin de la France.* Mettre 14 équipages de tous horizons, Anglais, Alle-

mands et de plusieurs régions françaises sur le terrain de Tours–Le Louroux.

* Mettre au frais dans la salle de briefing à 10 h 30 tous les matins.* Rappeler aux participants qu’un château ne se prend

qu’une seule fois en planeur et non en voiture ou à pied, nez à l’est et château au nord.

* Accompagner de points soigneusement calculés.* Agrémenter de quelques vaches champêtres.* Relever avec quelques châteaux surprises soigneu-

sement choisis.* Mettre en œuvre une batterie d’ordinateurs avec lecteurs mul-

ticartes pour lire 559 photos numériques.* Battre le rappel des bonnes volontés du club pour envoyer

en l’air les concurrents.* Assaisonner de quelques soirées variées et conviviales.* Ne pas trop arroser, éviter les températures trop élevées,

les cumulonimbus et les stratus bas.* Faire mariner pendant huit jours avec une météo variable

et capricieuse.* Servir avec des vins de Loire savamment choisis.

La recette du Louroux

39Septembre - Octobre 2016

ture. À la fin de la remise des prix – on commence par la fin du palma-rès –, au moment de citer les pre-miers, quinze dignitaires la Comman-derie du fromage de Sainte-Maure-de-Touraine, en grand apparat, sont sortis des coulisses où ils se tenaient à l’abri du regard des curieux.Klaus Scheulen, vainqueur en « plastique », Thomas Loibl et Fritz Reiffert qui partageaient le K-8, Lu-cette Gouzil, la trésorière du club, et le grand ordonnateur qui écrit ces lignes, ont été intronisés cheva-

liers. Avec profession de foi moye-nâgeuse, chansons, dégustation, et serment de toujours se mettre au service de ce magnifique fromage. Levez la main droite et dites « Je le jure ». Ce qui est un engagement fort plaisant ! À noter que le truc bizarre qui couronne la crosse des dignitaires est tout simplement une faisselle. Les nouveaux chevaliers ne s’y attendaient pas du tout !Le palmarès comprend aussi la coupe de la plus belle photo de châ-teau et la coupe des vaches. La plus

belle photo de château est libre : pas de contrainte de secteur ni d’orien-tation du planeur. Elle doit quand même figurer dans la séquence de photos du jour !Cette année, l’organisation était un peu embêtée pour la coupe des vaches. Cinq planeurs y sont allés pendant la semaine, mais rien d’ex-ceptionnel : pas d’atterrissage à deux kilomètres du terrain, ou très loin au contraire, pas de dépannage qui se finit à 3 heures du matin parce qu’on s’est trompé de remorque et qu’il a fallu revenir chercher la bonne… non, que des vaches ordi-naires. Puisqu’il fallait bien partager la coupe à égalité, les pilotes se sont vus condamnés à croquer sur place une vache en chocolat !Nous avons dit que la Coupe des Cent Châteaux doit être avant tout conviviale. Trois soirées ont rassem-blé concurrents, accompagnateurs et membres du club : une très bonne paella, cuisinée en direct, la soirée de clôture, évidemment, et surtout la traditionnelle « soirée des régions » le premier samedi. Chaque équipe présente les spécialités de sa région ou de son pays à la gourmandise des autres. Cela permet de boire de bonnes bières, de manger du bon fro-mage (de Sainte-Maure-de-Touraine, naturellement) ou de découvrir d’an-glaises curiosités. Et de faire connais-sance avec les autres en écoutant le récit de la première journée des nou-veaux. Ceux qui participent pour la première fois sont surpris de s’aperce-voir à quel point ce n’est si facile que ça. Ils se sont déjà pris au jeu !

Jean-Marie PANNEAU, photos collection

de l’auteur

Les cinq nouveaux chevaliers dégustent le formage de Sainte-

Maure-de-Touraine avec un verre de Chinon !

Dans la famille Mannel (Aix-les-Chapelle), on vol de père en fils et de mère en fille.

Alexandre et Aline Chausse, et Bertrand Aymard, de Limoges, troisièmes.

Jean-Louis Petit et Philippe Blanc,

représentant l’ANEG de Chérence.

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Compétition

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Il y avait quatorze planeurs participants cette année. Un peu moins que les éditions précédentes. Rappe-lons que c’est le planeur qui est inscrit. Mais il faut tout de même donner le nom des équipages et honorer les vainqueurs !« Plastiques » :1er Klaus Scheulen (Aix-la-Chapelle), LS-4, 1 184 points2e Gilles et Grégoire Hug (Chérence), Janus c, 1 023 points3e Alexandre Chausse et Bertrand Aymard (Limoges), Janus b, 846 points4e et 5e ex-aequo Marius Berdi avec des élèves ou pas-sagers du Louroux, en Marianne, et Christine Roblot (Le Louroux), Pégase, 784 points6e Famille Mannel (Aix-la-Chapelle), ASK-21, 657 points7e Gérard Cornu (Le Louroux), Pégase, 608 points8e Jean-Louis Petit et Philippe Blanc (ANEG/Chérence),

Duo-Discus, 553 points9e - Kevin Hugot et Claire Graff et Jérôme Jeanclos (Amiens) 297 points10e Peter Craven (Lakes), DG-800 motorisé, 274 points11e Roger Coplay et John Burdett (Lakes), Janus cM, 213 points12e Théo Koppen (Le Louroux), ASW-19, 85 points Bois et toile :1er Thomas Loibl et Fritz Reiffert (Aix-la-Chapelle), K-8, 461 points2e Cyril Pintat, et divers passagers (Le Louroux), C-800, 15 pointsLes points sont comptés selon l’éloignement des châteaux photographiés et le handicap planeur fédéral. Un coeffi-cient réducteur de 0,8 est appliqué aux biplaces : il est plus facile de repérer l’objectif, de prendre la photo, de piloter et de naviguer à deux. Une vache ou le rallumage du moteur divisent les points par deux.

Coupe des Cent Châteaux 2016

Même le vieux C-800 refait à neuf n’a pas démérité lors de cette édition 2012 de la Coupe des Cent Châteaux.

41Septembre - Octobre 2016